Incertaine, ambivalente, instable. Une nuance mouvante, qui peut, d’un seul élan, symboliser l’aube, l’enfance, le ciel, l’amour, mais aussi la peur, l’au-delà, les artifices et le numérique.
"Contrairement à une idée reçue, la nuit n’est pas noire. Le bleu du ciel s’y dégrade en une multitude de nuances sombres, que nous déclinerons au fil d’autant de films – du teintage des films muets aux effets savants du numérique". Jacques Aumont
"Dans les années 50, Douglas Sirk ouvre le mélodrame aux éclats d’une palette flamboyante, où le bleu apporte sa note lyrique ou funèbre, familière ou inquiétante. Tout ce que le ciel permet, Écrit sur du vent, Le Temps d’aimer et le temps de mourir, Mirage de la vie en constituent les exemples majeurs". Jean-Loup Bourget
L’univers chromatique d’Enki Bilal impose le bleu comme une évidence. Comme il le dit lui-même, le bleu est la couleur qui (ré)équilibre le chaos des autres couleurs. C’est aussi une ouverture. À partir d’extraits de Bunker Palace Hôtel, Tykho Moon et Immortel (ad vitam), le cinéaste dessinateur dialogue avec Annie Mollard-Desfour et Gilles Ciment autour de la symbolique du bleu dans son oeuvre.
Si David Lynch est un coloriste nullement sectaire, le bleu a chez lui un statut particulier. Il relève de l’irradiation, par le biais de fétiches radioactifs (du biennommé Blue Velvet à la boîte de Pandore de Mulholland Drive), de rayonnements fulgurants (séquence du Silencio dans Mulholland Drive) ou miroitants (fantastique ouverture de Twin Peaks, Fire Walk with Me).
Si le bleu est la couleur préférée des Européens aujourd’hui, loin devant le vert et le rouge, il n’a pas toujours été plébiscité. À l’aide d’illustrations et d’extraits de films, Michel Pastoureau revient sur la longue histoire du bleu dans les sociétés européennes, depuis les pratiques sociales (lexiques, teintures, vêtements, emblèmes) jusqu’au monde des symboles, en passant par la création artistique et littéraire.