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Le travail sans baguette au diabolo recèle une grande diversité de figures. La mise en rotation du diabolo s’effectue par un roulement initial au sol, avant-bras écartés, ficelle nouée d’environ 2.5 m posée sur la tranche des mains tenues face à face à environ 30-40 cm. Lorsque le diabolo franchit au sol le plan des mains , celles-ci le décollent et dans un mouvement circulaire dans le sens des aiguilles d’une montre, lui impriment un mouvement de rotation en grand cercle autour des deux bras maintenus parallèles. En ajoutant un point de contact supplémentaire au fil (coude, épaule, nuque, buste etc…) on peut réaliser de multiples et spectaculaires figures autour du corps. Mais en saisissant aussi les 2 brins de fil dans chacune des mains devant soi, on peut reprendre toutes les routines classiques du diabolo comme si les baguettes fictives mesuraient seulement quelques cm.
La transmission, l’échange d’un seul bâton entre 2 élèves est un exercice fort apprécié car plaisant et assez gratifiant pour des jongleurs déjà un peu débrouillés. Selon le côté où l’élève réceptionneur se place, les 2 manipulateurs doivent coordonner leurs actions et notamment déterminer la baguette d’accueil placée alors plus haut en attente (droite ou gauche) et le moment où le lanceur s’éclipse laissant sa place à son partenaire. La transmission n’est pas toujours facile car l’oscillation du bâton doit être maintenue régulière dans un plan frontal mais le temps est contraint (celui qui correspond à une oscillation). Lors de l’échange, le lanceur peut essayer de donner un peu de temps au réceptionneur en soulevant légèrement le bâton mais celui-ci devient alors plus difficile à contrôler à la réception.
Quand ils maîtrisent bien l’équilibre sur la boule, les élèves sont sans cesse en recherche de nouvelles figures, difficultés techniques et périlleuses à présenter. Cet exemple est assez caractéristique du travail en cirque (et justement à cet égard sensiblement différent des codifications de virtuosité conçues en gymnastique) car la figure réalisée naît bien souvent d’une contrainte matérielle apparue au sein d’une composition collective (proximité du mur) ou encore d’un défi personnel que se pose un élève, d’une transposition de figures réalisées dans d’autres contextes.
La construction d’un équilibre précaire sur une surface qui roule sous les pieds est essentielle aux arts du cirque. Elle peut ainsi être recherchée dans les situations les plus diverses et variées (rouleau simple, bobines, bidons, bouteilles pleines, en lieu et place de rouleaux ; tabourets, bancs, valises…en lieu et place des planches, empilement de rouleaux, de planches…). Mais elle peut aussi faire l’objet d’une recherche de l’équilibre à plusieurs. Ces 2 élèves utilisent un seul rouleau long (carton de moquette) mais avec deux planches. De multiples autres alternatives sont envisageables au gré de l’imagination des élèves : très souvent les élèves travaillent à 2 face à face ou l’un derrière l’autre, pieds croisés sur un seul rolla. Ils réalisent aussi des équilibres en se portant (par exemple un assis sur les épaules de son partenaire) et même en combinant alors un jonglage, des échanges de balles de l’un à l’autre assis sur les épaules, en équilibre sur une planche unique.
Les bobines peuvent être aussi utilisées comme axe ou rouleau support de rolla bolla. Si les figures peuvent paraître spectaculaires, le maintien en équilibre est finalement assez simple car la mobilité de la bobine est bien moindre que celle d’un rolla. Par ailleurs l’écart important et possible des pieds sur la planche (ou le banc) augmente le polygone de sustentation et assure une bonne stabilité. La difficulté réside plutôt dans les techniques personnelles à élaborer pour monter et descendre de l’ensemble. Cette élève utilise différentes stratégies : pieds serrés à la verticale de l’axe, pieds au contraire largement écartés, maintien de la roue avant de la bobine pour compenser les oscillations.
Pour des élèves débrouillés sur la bobine (maitrise des déplacements avant, arrière, contrôle de l’arrêt et de la descente) le passage en équilibre sur deux bancs ou surfaces étroites parallèles et à bonne distance est aussi un exercice facile mais spectaculaire. Progressivement les élèves « corsent » la figure en jouant justement sur les paramètres hauteur et largeur des surfaces d’évolution.
Lorsque l’entraxe de la bobine et le gabarit des élèves le permettent, les élèves apprécient la réalisation de cette figure spectaculaire mais sans aucune difficulté. Le déplacement de la bobine étant particulièrement rectiligne et même difficile à modifier, le passage au-dessus d’un élève allongé au sol est aisé. Ce dernier doit toutefois bien veiller à se positionner le plus à plat possible, souvent bras étendus de chaque côté de la tête et visage tourné pour parfaitement estimer et prendre en compte la largeur et la hauteur de l’entraxe de la bobine. Les élèves aiment à pimenter l’exercice en le réalisant yeux bandés, en alignant au sol plusieurs élèves d’affilée ou en passant avec plusieurs bobines consécutives.
L’équilibre et le déplacement sur des bobines ou tourets de chantier permet d’appréhender l’initiation aux équilibres notamment sur la boule. La montée sur la bobine est aisée : elle est moins haute que la boule et le maintien de ses bords assure son immobilité. Contrairement à la boule, la bobine se déplace dans un seul sens : d’avant en arrière. Le principal apprentissage réside dans la compréhension par l’élève de l’inversion du mouvement. Pour avancer, il faut reculer avec les pieds et pour reculer, avancer. L’arrêt est parfois difficile à construire : il faut appuyer plus fortement avec les pieds dans le sens inverse de celui du déplacement initial. Quelque fois, lorsqu’il a pris de la vitesse, l’élève ne parvient pas à ralentir et arrêter sa bobine. Il faut donc très tôt apprendre à descendre en sautant délibérément vers l’avant avec les pieds maintenus en contact le plus tardivement possible sur le diamètre de l’axe à la fois pour réduire la hauteur de saut et ralentir la bobine. Le saut vers l’arrière est à proscrire car avec la vitesse, il peut entraîner une accélération violente de la bobine, un déséquilibre important vers l’arrière avec une chute sur le coccyx et les poignets.
L’élévation du fil à environ 1 m ouvre de nouvelles perspectives de travail sur, sous le fil, impossibles à réaliser lorsque ce dernier est tendu à quelques dizaines de cm du sol. Pour s’asseoir, l’élève choisit de s’accroupir sur son pied d’appel en laissant glisser sa jambe libre le long et sous le fil (avec les fils scolaires, il est possible de « tricher » quelque peu et de prendre un appui stabilisateur avec le mollet, le genou ou la cuisse en descendant…).Dès que possible, le fildefériste saisit devant lui le fil avec la main (lorsque l’élève travaille sans point d’appui manuel, il utilise la main opposée au pied) et compense, contrôle la descente par une forte traction sur ce dernier pour retenir-ralentir la descente du bassin sur le fil. Pour s’asseoir, il convient de se tourner légèrement de biais et de se positionner en amazone, fil en travers sous les 2 fesses (cela reste un peu douloureux !). A cet instant, il est aisé de libérer la jambe d’appui en la tendant parallèlement à la première à l’oblique avant : assis de biais sur le fil, bras écartés, l’équilibre est facile même s’il n’est pas confortable. Le retour à la station debout emprunte le chemin inverse. Il faut reposer le pied d’appui au plus près de soi sur le fil, genou très fléchi, saisir à nouveau le fil devant le pied à pleine main pour se tracter en basculant le buste vers l’avant et ainsi alléger le poids sur la jambe (et éviter de prendre appui avec l’autre pied sur la structure du fil !).
Traverser le fil en équilibre sur des planches maintenues horizontales par 2 partenaires en travers du fil est à la fois une figure originale et un éducatif intéressant pour progresser. La surface d’appui reste fort instable et oblige notamment un travail proprioceptif important dans le sens sagittal. La pose des pieds alternée est soumise à la rapidité des partenaires et contraint à un gainage rigoureux. La progression alternée et successive sur une seule planche affine la qualité de l’équilibre unipodal.
Les fildeféristes, funambules, danseurs de cordes… utilisent différentes techniques de déplacement souvent d’ailleurs très personnelles. Avec les élèves, une technique assez fiable consiste à demander une progression stabilisée tous les 2 temps sur son pied d’appui préférentiel à l’aide aussi des 3 autres segments libres (jambe et bras libres plus ou moins écartés). L’élève pose son pied d’appel sur le fil (le fil passe sur toute la longueur du pied environ de l’espace entre le gros orteil et le second jusque sous le talon) et stabilise son équilibre : gainage, regard horizontal, proprioception… Le passage sur le second appui s’effectue alors assez rapidement pour très vite revenir sur l’appui préférentiel et assurer le maintien sur le fil. Il est plus aisé de se gainer et projeter l’aplomb de son centre de gravité à la verticale d’un seul point d’appui sur le fil que de contrôler la position flottante de ce dernier oscillante entre les 2 pieds dans un sens sagittal mais aussi frontal.
Le travail sur le fil à plus grande hauteur bouleverse considérablement les repères, notamment affectifs, des élèves et il est important de le débuter assez tôt au risque de limiter durablement les progrès ultérieurs. A l’aide d’un point d’appui manuel, cette élève reconstruit en hauteur quelques savoir-faire au fil : équilibre sur un seul pied (le fil passe sous toute la longueur du pied : du gros orteil au talon) recherche de la stabilité par mobilisation de 3 segments libres (2 bras et une jambe), perception de la flexibilité du fil, de son renvoi, abaissement de son centre de gravité et stabilisation de l’équilibre par légère flexion du genou amortisseur, tentatives d’équilibre autonome avec un appui manuel réduit. L’orientation du regard et la tonicité de cette élève traduisent bien ici la difficulté de la tâche !