C’est au travers de traces non écrites que se reconstruit aujourd’hui la culture gauloise dans ses aspects les plus contemporains. De la croyance en la réincarnation à l’abstraction artistique, des outils sophistiqués qu’ils nous ont légués à leurs codes d’honneur, en passant par leur goût immodéré…
Cité des sciences - Palais de la découverte
Dans les années 1970, la photographie aérienne révélait des empreintes caractéristiques qui signent au sol la présence d’anciennes fermes gauloises. Trente ans plus tard, près d’un millier de ces sites a été fouillé sous l’impulsion et le développement de l’archéologie préventive. Au IIIe siècle avant notre ère, de nombreux sites sont créés sur le territoire de la Gaule. Les forêts cèdent la place aux habitats et les parcelles gagnées sur les milieux naturels deviennent des pâtures ou des champs. Rapidement la Gaule se couvre de fermes, de hameaux, d’agglomérations puis de villes. C’est parce que les constructions gauloises sont profondément ancrées dans le sol ou constituent encore d’imposantes élévations qu’elles ont durablement marqué le paysage. À la campagne, la plus petite des fermes ou le plus grand domaine sont délimités par un enclos bordé de fossés. À la ville, des fortifications de pierre armées de bois se déploient sur des centaines de mètres et s’élèvent sur plusieurs mètres de hauteur. Ces remparts ceinturent des surfaces d’une centaine d’hectares et abritent différents quartiers délimités par des axes de circulation. Ces îlots sont définis au préalable pour répondre à des fonctions précises : artisanales, commerciales, résidentielles – selon les classes sociales – ou encore espaces cultuels. L’organisation structurée de ces différentes formes d’habitats et les réseaux viaires qui les unissent témoignent d’une société hiérarchisée. Conférence de François Malrain, archéologue à l’Inrap, spécialiste du monde rural
La religion et la religiosité des Gaulois sont longtemps demeurées objets de mystère et de fantasme. En l’absence de méthode d’étude scientifique, jusqu’au XXe siècle, les historiens se sont fondés sur quelques textes antiques (La Guerre des Gaules de César, un passage de l’Histoire Naturelle de Pline et un autre de La Pharsale du poète Lucain) pour imaginer cette religion, plus qu’ils n’ont cherché à la reconstituer. Du Moyen Âge à la Révolution Française, les Gaulois ont eu mauvaise presse ; on les considérait comme des barbares et on leur préférait les Francs. Leurs rites et leurs croyances étaient donc censés refléter l’absence de civilisation qu’on leur reprochait. On a pensé jusque dans les années 1960, qu’ils ne possédaient pas de lieu de culte propre, qu’ils procédaient à des sacrifices d’humains ou d’animaux sauvages en pleine forêt, que leurs dieux n’étaient que des forces naturelles personnifiées. La découverte du premier sanctuaire gaulois à Gournay-sur-Aronde a bouleversé cette vision misérabiliste de la religiosité des habitants de la Gaule. Elle a invité les historiens à reprendre la lecture de la littérature antique avec une autre grille d’analyse et à interroger des auteurs, longtemps oubliés, notamment Diodore de Sicile et Strabon. Ces deux sciences, l’archéologie et la philologie ont depuis quarante ans fait accomplir des progrès considérables à la connaissance de la spiritualité gauloise. Conférence de Jean-Louis Brunaux, archéologue, directeur de recherche au CNRS, laboratoire d'Archéologie de l'École normale supérieure (ENS)
Le cadre de vie, l'environnement social, la vie urbaine au temps des Gaulois. Conférence de Matthieu Poux, archéologue, professeur d'archéologie romaine et gallo-romaine à l'université Lumière Lyon II
La guerre chez les Gaulois porte en elle une dimension religieuse, elle confère au guerrier une position presque sacrée. Luttes entre tribus, guerres de conquête, vol de bétail, d’or ou d’esclaves, mercenariat, tout leur est prétexte à en découdre. Mais que savons-nous de ces guerriers ? Les écrits des auteurs grecs et romains en dressent des tableaux ambigus : tantôt fascinés, parfois méprisants. Une approche plus objective de ces hommes nous est offerte par le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre. Les restes de plus de 500 guerriers morts dans plusieurs batailles ont été disposés dans ce lieu cultuel probablement dédié à la guerre. Leur nombre permet une approche démographique, morphologique et pathologique et surtout, de mettre en évidence les traces des combats et du traitement des corps à des fins rituelles. Conférence de Jannick Ricard, chercheur associé au CNRS, médecin légiste, praticien au CHU d’Amiens, anthropologue de la fouille du sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre