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Dans Minuit à Paris, Inglourious Basterds ou Hugo Cabret, Paris est moins un lieu qu’une mémoire fantasmée du cinéma : si l’espace n’y est que surface, image déjà constituée, c’est pour mieux creuser la profondeur d’un temps perdu ou rêvé, et construire des fables nostalgiques sur les puissances du fi lm. Le détour par l’imaginaire permet à la fois de se consoler du réel et de réaffi rmer le cinéma comme invention du temps. Serge Chauvin Serge Chauvin est maître de conférences en littérature et cinéma américains à l’université de Nanterre. Ses travaux portent notamment sur les rapports entre cinéma et romanesque, et sur le cinéma classique, ses formes, ses fi gures, ses fêlures.
Petite histoire des relations – économiques, culturelles, de rivalité, voire… narcissiques – entre Paris et Hollywood en cinq séances. Cours introductif, illustré par des extraits de films, de Hélène Valmary, chargée de cours à l’université Paris 3 Sorbonne
Pourquoi Hollywood a-t-il investi, en près d’un siècle, tant de moyens pour enregistrer, ou plutôt fabriquer, du Paris par centaines de films ? Comme si ces deux capitales du cinéma étaient condamnées à esquisser ce pas de deux prolongé, ininterrompu, un fl irt irrépressible, afi n de mettre en scène un typically Paris de manière artifi cielle, spectaculaire, affi chée, parfois presque provocatrice. Il faut donc regarder de près le cliché hollywoodien de Paris : il renvoie moins à la ville elle-même qu’à une pulsion (désirante, culturelle, économique) projetée par sa fabrication. Autrement dit : Paris parle plus du désir américain que de la capitale française. C’est ainsi qu’on prendra le cliché à son propre piège, en révélateur cinématographique d’inconscient. Antoine de Baecque Historien, critique de cinéma et journaliste, Antoine de Baecque est l’auteur d’un grand nombre de livres consacrés au cinéma. Il est commissaire de l’exposition “Paris vu par Hollywood” qui se tiendra à l’Hôtel de Ville (du 25/09/2012 au 16/01/2013).
Par-delà certains clichés et stéréotypes (l’amour, la mode, le “bien vivre”), la représentation de Paris dans les films hollywoodiens a permis à certains grands cinéastes d’illustrer à son firmament une espèce bien spécifique du genre comique : la comédie dite “sophistiquée”. Si les films qui la composent se déroulent presque toujours sur le Vieux Continent – et le plus souvent à Paris –, elle est aussi le fait d’Européens transplantés à Hollywood très tôt dans leur carrière. En suivant à la trace les aventures parisiennes du Londonien Chaplin, du Berlinois Lubitsch et du Viennois Wilder, nous tâcherons de saisir à sa racine ce si délectable transfert culturel offert par le 7e art. (Marc Cerisuelo) Marc Cerisuelo est professeur à l’université d’Aix-Marseille. Il a consacré de nombreux articles et ouvrages au cinéma hollywoodien classique. Il vient de publier “Fondus enchaînés. Essais de poétique du cinéma” (Éd. du Seuil).
Si le New York de Broadway est la première capitale de la comédie musicale américaine, Paris en est la seconde. Le musical cinématographique a plus d’une fois situé ses intrigues entre les Champs-Élysées et la tour Eiffel, axe de brillance et d’élégance, mais surtout terra franca où Lubitsch s’autorise ce que les États-Unis n’autorisent pas, où Minnelli peut libérer son penchant artistique sans craindre qu’on l’accuse de pédanterie. Maurice Chevalier, puis Audrey Hepburn ou Leslie Caron seront les visages de cette France fantasmée où l’on verra également surgir Georges Guétary ou Danielle Darrieux. En somme, le Paris du musical, c’est, avant tout, l’un des exemples les plus achevés d’une géographie imaginaire. (Christian Viviani) Professeur à l’université de Caen, Christian Viviani est spécialiste du cinéma américain et de ses acteurs auxquels il a consacré de nombreux ouvrages. Il est aussi coordinateur et membre du comité de rédaction de la revue Positif.