Les tragiques événements de janvier puis du 13 novembre 2015 n’ont pas seulement bouleversé des millions de gens, en France et dans le monde : ils ont aussi rappelé – et remis en question – les valeurs fondatrices de la République, héritées des Lumières et inscrites au fronton des écoles.
Par-delà son image consensuelle de conte de Noël, La vie est belle trahit chez Capra une noirceur croissante. Si le pire n’est pas toujours sûr, il demeure un possible, à regarder en face. Et l’exaltation d’un idéal de fraternité y relève d’un effort volontariste pour surmonter une vision du réel foncièrement pessimiste et sacrificielle.
En conclusion de ce cycle de conférences, nous nous interrogerons sur le décalage entre la force des principes affirmés par la devise républicaine et leur très imparfaite application. Comment rendre plus juste cette devise ? Comment tendre vers les idéaux que constituent ces trois principes ?
DEVISE, subst. fém. 1. L’or de la banque d’Espagne, disparu en 1936 entre Madrid et Odessa. 2. « Libérer et fédérer » : formule de la famille Martin, par laquelle la Résistance revient dans une station-service. 3. Petits rébus d’images et de sons. Consacrée à Film socialisme de Jean-Luc Godard, cette leçon proposera quelques hypothèses sur les circulations et les croisements contemporains des devises.
L’affirmation du principe d’égalité contraste de plus en plus, dans notre République, avec la réalité d’inégalités sociales et économiques croissantes. C’est à se demander si, en dépit de l’adhésion régulièrement réitérée à ce principe général, une grande majorité de citoyens ne préfèrent pas l’inégalité. Comment sinon expliquer certains comportements individuels en totale contradiction avec le principe républicain ?
« J’ai pris Liberté, Égalité, Fraternité au pied de la lettre dans le milieu du cinéma », déclarait Alain Cavalier après la sortie de Pater. Comment le cinéaste cherche-t-il à convertir cette devise, par les moyens propres du cinéma, en éthique artistique ?Comment s’actualise-t-elle dans le processus même d’un film brouillant sciemment les frontières entre documentaire et fiction ? Au-delà du discours manifeste de Pater, c’est sa forme inédite, aussi ludique que retorse, dont la dimension politique sera interrogée
Parmi toutes les libertés, la liberté d’expression est sans conteste l’une des plus fondamentales et parfois l’une des plus fragiles. Elle peut être menacée par une judiciarisation croissante de l’espace public, mais aussi par des phénomènes de concentration économique susceptibles d’instaurer des mécanismes de censure ou d’autocensure assez redoutables.
Comment comprendre qu’en 1938, alors même que les films étaient jugés à l’aune des positions politiques de leurs auteurs, La Grande Illusion ait été salué, de l’extrême gauche à la droite extrême, comme une réussite majeure ? Immense succès populaire, le film de Jean Renoir répondait aux espoirs et aux craintes des spectateurs d’alors.
Renié par son réalisateur parce qu’il n’avait pu exercer un contrôle complet sur ce "film de commande", Spartacus fut pourtant l’oeuvre du jeune Kubrick comme du producteuracteur Kirk Douglas, qui domina le projet. Cette épopée à thèse sur la liberté, l’oppression et le pouvoir, ébranla définitivement la Liste noire et sonde aussi bien le genre que l’Histoire américaine. Comme elle rassemble écoles d’acteurs et registres conflictuels en un jeu de paradoxes créatif.
D’autres principes que ceux de liberté, égalité, fraternité guident la République, à commencer peut-être par celui de laïcité, inscrit dans la constitution. Conviendrait-il de le rajouter aux trois termes de la devise ? Certains le souhaitent là où d’autres, plus nombreux sans doute, n’y voient pas d’intérêt. Mais que signifie en 2016 la laïcité ? S’agit-il de la même chose qu’en 1905 au moment où la IIIe République adoptait la Loi de séparation des églises et de l’État ? Elle semble avoir changé de signification au cours des dernières années avec une spectaculaire réappropriation par une partie de la droite, voire de l’extrême-droite. Comment analyser ces changements historiques récents ?
Aux polémiques déclenchées par The Birth of a Nation, aux assauts de la censure contre la liberté d’expression, aux déchaînements de haine de la guerre européenne, Griffith oppose un seul nom : Intolerance, comme fil directeur d’une histoire universelle depuis l’Amérique de 1916. Mais derrière ce nom irradie une grande complexité des formes, à travers lesquelles on fera miroiter les concepts de « Liberté, Égalité, Fraternité… ? ».
Liberté, Égalité, Fraternité : que signifie aujourd’hui la devise républicaine ? Au-delà des principes réaffirmés, comment trouve-t-elle à se traduire dans la réalité sociale de la France de ce début de XXIe siècle ? Comment les acteurs politiques choisissent-ils de s’en saisir ou non ? En quoi peut-elle guider l’élaboration de droits nouveaux ? Autant de questions à débattre en compagnie de Marc Crépon.
Les Choristes, Bienvenue chez les Ch’tis, Intouchables, Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?, La Famille Bélier… À défaut d’intéresser la critique et l’histoire des formes cinématographiques, les derniers grands succès du cinéma populaire français constituent-ils, au moins, de bons thermomètres de la France d’aujourd’hui ? Ou bien des écrans de substitutions à une certaine réalité politique et sociale ?