Capitale de la Corée du Sud – et l’une des plus grandes mégalopoles du monde avec près de 20 millions d’habitants représentant 50 % de la population coréenne ! –, Séoul concentre toutes les énergies, "vampirise" tous les récits possibles et s’inscrit, fort logiquement, comme le cadre privilégié du c…
En quelques décennies, la représentation de la femme coréenne est passée de l’obscur objet de désir à celui d’idéal féminin absolu… du moins sur le grand écran. Mais qu’en est-il de sa perception dans la réalité ? L’évolution de la condition féminine coréenne vue à travers le prisme de 80 ans de cinéma coréen.
Radicale et polémique, l’œuvre d’Im Sang-soo est habitée par un principe d’hystérie, un chaos qui dérègle récits et personnages. Remuant l’intime et le politique, ses films font le portrait d’un pays guetté par ses fantômes historiques et la confusion des sens. Un peu comme si Pedro Almodóvar avait rencontré Nagisa Oshima dans une rue de Séoul.
Depuis la renaissance des années 90, le mélodrame, genre historique du cinéma coréen, résiste à l’état de symptôme. Romances effondrées sur elles-mêmes, plaies ouvertes et effusions de larmes traversent les films d’une intensité émotionnelle, qui demeure la seule unité de mesure d’une production jamais vraiment sortie de ce foyer mélodramatique.
La ville de Séoul apparait comme le lieu privilégié du cinéma sud-coréen. Mais que pouvons-nous comprendre de cette ville à partir du cinéma ? Empruntant la forme d’une promenade dans les films qui déplient ses rues et ses quartiers, nous tenterons de comprendre à quoi rêve cette ville.
La « nouvelle vague » des années 2000 représente une société rajeunie et ouverte sur le monde mais aussi critique envers un « Korean Dream » tapageur. L’œuvre de Bong Joon-ho est à cet égard exemplaire. Dans Memories of Murder, The Host et Mother, il traque les monstres qui prospèrent sur l’amnésie des années de dictature, la corruption et un capitalisme destructeur.
Entre hier et aujourd’hui, entre Sweet Dream (1936), Fisherman’s Fire (1939) et la ville vue par Hong Sang-soo (à pied, en taxi, dans un bar) ou par Bong Joon-ho (The Host), Séoul s’est non seulement transformée, mais le cinéma s’est plu à lui faire jouer différents rôles, révélateurs de ses mutations au fil de son histoire. De quelle manière le cinéma coréen a fait de Séoul un acteur aux multiples visages ? Ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, Charles Tesson est maître de conférences à Paris 3. Délégué général de la Semaine de la critique depuis 2011, il fut l’un des artisans de l’introduction du cinéma coréen en France dans les années 1990.
Claire Denis se dit « percutée et chavirée » par les films du Coréen, leur violence qui affleure, ni enjolivée, ni séduisante. La cinéaste de L’Intrus, tourné en partie en Corée, et le critique Charles Tesson, l’un des plus fins connaisseurs du cinéma coréen, partagent leur goût pour le cinéma de Hong Sang-soo.
Ils ne sont pas si nombreux les cinéastes dont nous dirions aujourd’hui qu’ils construisent au sens le plus fort du terme "une oeuvre". Hong Sang-soo est de ceux-là, qui, entre variations et répétitions de quelques motifs redisposés d’un film à l’autre, interroge autant les limites d’une géographie intime qu’il ne cesse d’en révéler les inépuisables tonalités. Jérôme Baron est directeur artistique et délégué général du Festival des 3 Continents à Nantes, consacré aux cinématographies d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Il est également professeur d’histoire du cinéma et d’esthétique en prépa cinéma (Ciné-sup).