Patrimoine et Histoire du livre pour enfant

Faisant suite au dossier « 1965-1975, la mutation d'un paysage ? », numéro 244, et à celui du numéro 262 « L'Envol des années 1980 », voici le troisième volet de notre parcours dans l'histoire récente de l'édition pour la jeunesse en France.

Avec « L'Histoire surprenante de cinq moineaux », le Dr Candèze donnait au Magasin d'Education et de Récréation, l'année même de la mort de Hetzel, un récit tout à fait dans le goût de cette gaieté parisiennetant prisée par l'éditeur.

Dans l'histoire de la littérature de jeunesse au XIXe siècle, Julie Delafaye-Bréhier apparaît comme un des tout premiers grands auteurs pour les enfants. S'attachant plus particulièrement aux Enfants de la Providence, Francis Marcoin étudie les motifs, personnages et situations qui caractérisent cette oeuvre, soulignant tout à la fois leur origine et leur postérité. Il montre aussi comment s'y déploie, dans un genre alors naissant,le jeu de la composition romanesque.

Poursuivant son exploration de la littérature de jeunesse du XIXe siècle, Francis Marcoin présente ici le roman que Madame Guizot publia en 1821 et montre comment s'y entrecroisent récit d'aventures et intentions éducatives.

Professeur, historien, journaliste, Alfred Assolant mêle dans ses romans aventure et fantaisie, sur fond d'histoire et d'actualité. A travers le récit des tribulations du capitaine Corcoran, Francis Marcoin nous invite à découvrir un aspect du roman d'aventures du XIXe siècle.

On peut dire qu'il existe une sorte de coterie, un club d'initiés, dont les membres se reconnaissent à la lueur qu'allume dans leur regard le seul nom de Jean-Paul Choppart. Ces privilégiés ne demandant qu'à se retrouver plus nombreux.

Les "Lectures anachroniques" de Francis Marcoin propose de revenir sur un ouvrage quelque peu "oublié" du patrimoine du livre pour enfants, Ici, Les "Exilés de la Terre" d'André Laurie, publié en 1888

Hector Malot reste aujourd'hui l'auteur d'un seul livre, qui est en même temps, comme les livres uniques des écoles, une somme, non pas des savoirs mais des émotions et des apprentissages d'un orphelin livré au hasard de la route. Sans famille efface donc Romain Kalbris, devenu introuvable en librairie, sans doute parce qu'on croit avoir affaire simplement à l'esquisse d'un chef d'oeuvre. L'auteur avour cependant un faible pour ce roman plus bref, plus alerte, et d'une légèreté qui n'exclut ni l'abondance des péripéties ni l'honnêteté sourcilleuse du propos.

Hector Malot reste aujourd'hui l'auteur d'un seul livre, qui est en même temps, comme les livres uniques des écoles, une somme, non pas des savoirs mais des émotions et des apprentissages d'un orphelin livré au hasard de la route. Sans famille efface donc Romain Kalbris, devenu introuvable en librairie, sans doute parce qu'on croit avoir affaire simplement à l'esquisse d'un chef d'oeuvre. L'auteur avour cependant un faible pour ce roman plus bref, plus alerte, et d'une légèreté qui n'exclut ni l'abondance des péripéties ni l'honnêteté sourcilleuse du propos.

Dans la prestigieuse Bibliothèque Rouge et Or des années cinquante, une bande insolite de gamins au langage argotique, lancés dans une chasse au trésor : un petit chef d'oeuvre de poésie populaire.

Publié dans la Bibliothèque Rose, « La maison roulante » a enchanté des générations de jeunes lecteurs. En évoquant un de ces livres « un peu oubliés », Francis Marcoin décèle dans ce récit un refus de l'aventure réelle au profit de la seule aventure possible, celle du romanesque.

Dossier paru dans le n° 241 de la Revue des Livres pour enfants, consacré aux héros de littérature de jeunesse

Notre dossier offre quelques zooms sur les points forts de l'édition pour la jeunesse dans les années 1980: constitution d'un catalogue d'albums très créatifs à L'École des loisirs, proposition d'une offre de littérature exigeante pour les adolescents, légitimation du roman policier – y compris pour les enfants – lancement chez Gallimard Jeunesse d'une série de collections documentaires très innovantes, explosion de la presse pour les enfants et les jeunes, qui se décline désormais pour tous les âges et centres d'intérêt, irruption et généralisation du format poche pour les romans. Un dossier éclairé par les témoignages de professionnels de l'édition ou de la librairie – l'ALSJ (Association des Libraires Spécialisés Jeunesse) est née elle aussi en 1981 – qui se sont engagés avec passion dans leur métier. Des témoignages qui permettent de resituer « l'esprit » de cette époque, marquée aussi par le travail sur le terrain de nombreux militants associatifs.

Quand le lecteur découvre un livre neuf, celui-ci a déjà une longue histoire : depuis l'idée initiale qui a conduit à sa création jusqu'à la table du libraire, il a parcouru toute une série d'étapes où sont intervenues successivement différentes professions, chacune avec ses méthodes, ses objectifs, son savoir-faire. Ce sont ces multiples métiers en amont de la « chaîne du livre » que nous proposons ici d'observer, dans le but de satisfaire un besoin d'information ou tout simplement une curiosité pour les « coulisses » de la vie du livre, mais aussi avec la conviction que tout acheteur, lecteur, médiateur - professionnel ou particulier - est concerné, même (et peut-être d'autant plus !) s'il a le sentiment qu'il est difficile d'y voir clair, d'avoir des repères et de comprendre les enjeux des mouvements qui agitent l'édition.

Un dossier monographique qui se penche – pour la première fois dans notre revue – sur le destin exceptionnel d'un personnage, un héros mythique de la bande dessinée franco-belge, Spirou. Né en 1938, il poursuit, aujourd'hui encore, dans sa maison mère, Dupuis, son existence aventureuse, pour le plus grand plaisir de tous : 450 000 lecteurs achètent encore Le Journal de Spirou ! Quelles sont les bonnes fées qui ont présidé à sa naissance ? Comment expliquer son éternelle jouvence, son succès jamais démenti au fil des générations (il aura bientôt 75 ans) ? Comment la maison Dupuis réussit-elle à préserver une série culte comme celle-ci tout en diversifiant ses supports et ses déclinaisons ? Nous avons interrogé cet éditeur et plusieurs grands spécialistes qui apportent ici leur éclairage sur les étapes marquantes de l'histoire du personnage – avec sa bande d'amis fidèles et d'ennemis publics –, sur les thématiques qui traversent l'ensemble de l'œuvre et sur ce que l'on pourrait appeler « l'esprit Spirou ».

Histoire, oubli, pardon, fidélité et vérité, devoir de mémoire, travail de mémoire, conscience collective, repères pour le temps présent et la construction de l'avenir : autant de questions largement débattues aujourd'hui et dont chacun peut mesurer l'importance. Elles sont particulièrement cruciales pour ceux qui assurent auprès des enfants et des jeunes une fonction d'éducation et de médiation, dans la relation personnelle ou sur le plan professionnel, car elles impliquent d'être envisagées plus intensément encore à travers la question de la transmission, en termes de contenus, de démarches et d'enjeux. Le dossier que nous proposons est donc centré sur cette question de la transmission. Il comporte à la fois un éclairage sur les mécanismes psychologiques à l'œuvre dans la transmission de la mémoire familiale et ses implications au niveau de la mémoire collective et différents exemples de démarches : pédagogue, conteur, bibliothécaire, écrivain témoignent tour à tour de leur engagement comme passeurs de mémoire et médiateurs de la parole, tandis qu'un point est proposé sur les ressources que peut offrir la littérature de jeunesse. Une approche nécessairement partielle mais qui, souhaitons- le, trouvera un écho dans les réflexions et les expériences de chacun.

Nous avons souhaité donner un aperçu des multiples et foisonnantes ressources qu'offre la petite édition, ainsi que des démarches d'accompagnement qu'elle stimule, pour des découvertes et des enthousiasmes partagés entre adultes et enfants. D'où les différentes approches proposées successivement au fil des articles : après une invitation générale à découvrir la richesse de ce domaine, une série de portraits s'attarde sur quelques figures singulières de ses acteurs, puis différents témoignages (libraire, bibliothécaires) évoquent « ce qu'on peut en faire » et donnent des pistes de recherche.

La vitalité et la créativité actuelles du livre pour enfants offrent en permanence l'occasion de découvertes et d'enthousiasmes. Encore est-il bon parfois, pour mieux apprécier ces nouveautés, de prendre quelque recul par rapport aux tourbillons d'une production pléthorique, de regarder les œuvres contemporaines dans une perspective élargie : cet élargissement du regard sur les textes et les images adressés aux enfants fait prendre conscience non seulement de l'originalité des créateurs d'aujourd'hui, mais aussi de ce qu'ils doivent à ceux qui les ont précédés. Il s'agit aussi, si l'on considère que la littérature de jeunesse est un art à part entière, d'affirmer que ses chefs-d'œuvre constituent un patrimoine et qu'à ce titre ils méritent d'être transmis, partagés d'une génération à l'autre. C'est pourquoi, en choisissant de consacrer le dossier de ce numéro aux « classiques » du livre de jeunesse, nous avons souhaité approfondir un certain nombre de questions à commencer par la plus difficile peut-être : qu'est-ce qu'un classique du Livre pour enfants ? A quoi le reconnaît-on ? Qu'est-ce qui permet à une œuvre de durer, de toucher encore aujourd'hui, vingt, trente ou même cinquante ans après sa création ? Comment une culture commune à plusieurs générations peut-elle s'élaborer et quel sens a le partage.

Mai 68 a-t-il ouvert dans notre édition pour la jeunesse une phase de rupture radicale avec ce qui précédait ? La réponse est à nuancer. Les remises en question esthétiques et idéologiques quant à la conception des livres, à leurs conditions de production et au statut même de l'enfant dans la famille et dans la société se sont nourries des audaces de certains grands précurseurs, français et étrangers. Le vent du renouveau soufflait en effet déjà en Italie ou dans les pays anglo-saxons. En France on pouvait également déceler des frémissements annonciateurs dans la ré-orientation par certains grands éditeurs de leur catalogue. Il n'en reste pas moins que les années 65-75 ont été foisonnantes : émergence de nouveaux talents et de nouveaux types de livres dans le domaine de l'album et du documentaire, création de nouvelles maisons d'édition sous la forme de petites structures alternatives... Cette décennie a vu naître aussi L'École des loisirs et Gallimard Jeunesse, deux éditeurs majeurs aujourd'hui, qui ont marqué ce paysage de leur empreinte singulière. Leurs directeurs en témoignent.

Dossier paru dans le n° 186 de la Revue des Livres pour enfants, consacré à l'aventure éditoriale du Père Castor. Si les histoires et les images des livres du Père Castor, nées dans les années 30, 40 ou 50, rassemblent aujourd'hui les petits et les grands, les enfants qui les découvrent ou les adultes qui s'en souviennent, c'est qu'elles ont gardé tout leur pouvoir d'émerveillement, leur force d'éveil au monde, tout le charme de la « poésie du réel ». Et cela ne tient pas du miracle ! Bien plutôt de la cohérence d'un projetéditorial fondé tout à la fois sur l'ambition éducative, l'audace des choix artistiques et l'exploration des ressources du livre. C'est parce que ce projet a marqué d'une forte empreinte l'histoire du livre pour enfants, parce qu'il s'est avéré fécondant pour l'ensemble de la littérature de jeunesse, que nous avons souhaité lui consacrer ce numéro de la Revue.

Dossier paru dans les n° 131-132 de la Revue des Livres pour enfants, consacré à la Comtesse de Ségur.