Personnalités du cinéma, de la science, des arts, de la littérature, du spectacle, retrouvez un choix d'entretiens avec des hommes et des femmes enregistrés hier et en résonance avec aujourd'hui. Les Grandes Voix propose une mise en forme des "grands entretiens" d’archives radio de la RTS. Fichiers…
Lors de cet entretien enregistré en 1974, Pierre Perret a 40 ans et le succès, il connaît. Les gens dans la rue le reconnaissent et lui lancent des "Salut Pierrot !". S’il a toujours été attiré par le spectacle, porté par le public, il se décrit avant tout comme un créateur solitaire, remuant des mots à la pelle pour trouver des pépites. Pour lui, une chanson doit raconter une histoire mais aussi déranger, dénoncer la bêtise humaine, tout en ayant l’air de rigoler. Et derrière l’humour et l’ironie se cache toujours chez lui une infinie tendresse. Heureux sur scène, il confie pourtant au micro de Jacques Bofford que oui, il pourrait abandonner la chanson pour se consacrer davantage à l’écriture. Sollicité de toutes parts, Pierre Perret souhaite prendre un peu de recul, pour rester lui-même et surtout ne pas se prendre au sérieux. Archive: En questions / Jacques Bofford / 04.10.1974 Présentation : Joëlle Albrecht-Glaisen Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Si Albert Cohen est considéré comme un écrivain suisse, nationalité qu’il obtient en 1919, on ne saurait dire qu’il s’inscrit dans la tradition littéraire helvétique. Né à Corfou de parents juifs ensuite émigrés à Marseille, Albert rejoint Genève en 1914 et y passera toute sa vie, développant son œuvre littéraire en marge de son activité au Bureau International du Travail. Ses romans "Solal", "Mangeclous", aux personnages picaresques, son récit autobiographique "Le livre de ma mère", sont salués par la critique, mais n’ont que peu de succès en librairie. Il lui faudra attendre le célèbre "Belle du Seigneur" pour atteindre une vraie consécration publique. Dans cet échange avec Benjamin Romieux en 1954, il parle avec une pudeur étonnante de son "Livre de ma mère", une mère qu'il n'ose guère évoquer au micro alors qu'il admet qu'il a bien écrit ce livre pour qu'il soit lu. Archive: Benjamin Romieux / 09.07.1954 Présentation : Blaise Dupasquier Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Chanteuse interprète, comme elle tient à le dire, Juliette Gréco est là pour qu’on entende les mots des autres et les musiciens qui sont derrière elle. A cette époque elle a déjà 25 ans de carrière, et se livre et se dérobe très finement au micro de Jacques Bofford. Elle parle de la vieillesse qui n’est rien, de la mort qui ne lui fait pas peur, du trac qui lui est toujours terrible, de sa tendresse et de sa violence, de ses engagements aussi, on est dans l’après mai 68, et puis encore et surtout du public, qui est son vrai souci. Un entretien malicieux de pudeur et d’intelligence. Archive: En questions / Jacques Bofford / 29.09.1973 Présentation : Alain Freudiger Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Auteur marocain écrivant en français, Driss Chraïbi fait sensation en publiant en 1954 "Le Passé simple", roman largement autobiographique qui raconte la révolte d’un jeune marocain contre les archaïsmes de la société patriarcale. Ce roman lui vaudra la vindicte de nombreuses autorités politiques et religieuses au Maroc. Or, l’année suivante, émigré en France, Driss Chraïbi publie "Les Boucs", qui décrit la condition des immigrés maghrébins dans une France raciste et post-colonialiste. Et c’est au tour de la vieille France de crier au scandale ! Ces deux entretiens avec Evelyne Schlumberger montrent bien comment l’auteur a réussi en temps record à se mettre tout le monde à dos des deux côtés de la Méditerranée. Archive: Evelyne Schlumberger / 20.11.1954 / 14.09.1955 Présentation : Blaise Dupasquier Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Née à La Chaux-de-Fonds en 1949, Anne-Lise Grobéty a 19 ans lorsque paraît son premier roman "Pour mourir en février". Son écriture, à la fois sensible et grave, séduit toute une génération et la propulse sur la scène littéraire romande. Certains lecteurs l’identifient à son personnage principal et elle s’en défend une nouvelle fois lors de cette rencontre avec Jacques Bofford en 1975. Elle a alors 25 ans, une petite fille de six semaines et son deuxième roman "Zéro positif" vient de paraître. C’est l’occasion pour elle de revenir sur son parcours et d’évoquer son emploi du temps, partagé entre écriture, vie de famille et politique. En résulte un entretien d’une grande sincérité, sur la place des femmes dans la société, la maternité, et surtout sur l’écriture qui répond à un besoin et qui l’emporte par vagues successives. Voici le portrait d’une femme enthousiaste, libre et indépendante. Archive: En questions /Jacques Bofford / 12.09.1975 Présentation : Joëlle Albrecht-Glaisen Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Avec son immense franchise, Michel Soutter évoque ses premiers métiers, la réalisation de film qui est selon lui plus proche d’un poids lourd que d’une Formule 1, l’importance de trouver de la place pour la tendresse, dans le cinéma comme dans la vie. Là il est un cinéaste en pleine maturité qui réalise des films depuis vingt ans, et s’essaie à d’autres ambiances et d’autres tonalités avec son nouveau film "Signé Renart". Il passe aussi un coup de téléphone d’une grande amitié avec Albert Jurgenson, le monteur de son film "Repérages", et évoque à nouveau ce film réalisé 10 ans auparavant. Archive: Le petit déjeuner / Patrick Ferla / 05.06.1986 Présentation : Alain Freudiger Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Frédéric Dard est surtout connu pour avoir été le père des aventures du fameux commissaire San-Antonio. Dans une langue se réclamant à la fois de Céline et de Rabelais, nourrie à la fois par l’argot et une foule de néologismes d’une inventivité sidérante, les 175 romans signés San-Antonio connaissent dès 1949 un succès foudroyant. En 1978, il publie "Y a-t-il un Français dans la salle ?" sous la signature de San-Antonio, alors que le célèbre commissaire n’y apparaît pas. Mais la langue, l’outrance des mots et des situations romanesques sont bien du San-Antonio, parfois à la limite du supportable. On apprendra au cours de cet entretien avec Patrick Ferla en 1980 que Frédéric Dard considérait que ce livre était sans doute le plus personnel qu’il ait écrit, et le plus risqué aussi. Archive: Patrick Ferla / 11.01.1980 Présentation : Blaise Dupasquier Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Au centre de son travail figurent bien sûr ses machines, dont le mouvement et l’instabilité l’intéressent autant que le bruit et la poésie qui s’en dégagent. Dans cet entretien enregistré le 7 mai 1980, Jean Tinguely évoque son enfance à Bâle, son parcours et ses sources d’inspiration. Et parmi les oeuvres qui ont marqué sa trajectoire, il cite sa machine éphémère "Hommage to New York" créée vingt ans plus tôt. Tout y est, le mouvement, l’absurdité et l’ironie d’une oeuvre d’art qui s'autodétruit. Passionné par la fusion homme-machine, il décrit aussi son projet de sculpture pour la ville de Fribourg, en hommage au pilote de course Jo Siffert. Ce sera "un bassin d’eau, une flèche qui tourne à toute vitesse, en fonction de la résistance de l’air ou de la pluie". Archive: En questions / Jacques Bofford / 07.05.1980 Présentation : Joëlle Albrecht-Glaisen Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Les westerns de Sergio Leone sont pour lui des films très personnels qui touchent au mythe et à la chanson de geste. Il revient sur le métier du cinéma, qu’il faut apprendre, et dans lequel on se donne des règles. Il parle aussi de l’Amérique, qu’il a choisie pour ses films parce qu’il pense qu’elle nous représente et englobe le monde entier. Il évoque le succès, qui est important seulement parce qu’il offre de la liberté. Et puis il dit qu’il a maintenant envie de faire autre chose que du western, et parle de son prochain film en préparation, "Il était une fois en Amérique". Au micro de Jacques Bofford en 1974, le grand Sergio Leone revient sur son approche du cinéma. Archive: En questions / Jacques Bofford / 07.01.1974 Présentation : Alain Freudiger Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
En 1974, une jeune femme de 24 ans, de retour d’un voyage initiatique qui l’aura menée en Asie et dans le Maghreb publie "L’Antivoyage", qui sera salué par la critique, applaudi par le public, et provoquera même l’admiration de Malraux. Ce récit de voyage aux accents rimbaldiens, loin d’être une simple description des paysages et des cultures traversés, est à la fois une introspection et une découverte du monde, qui fera rêver des milliers d’adolescents. Nombreuses et nombreux furent celles et ceux qui lui emboîtèrent le pas pour de tels voyages sans grands moyens, avec l’improvisation et l’aventure comme seuls guides. En 1975, au micro d’un Jacques Bofford, elle raconte ce que fut l’aventure qui présida à l’écriture de son livre, et l’on comprend mieux alors le pourquoi de ce titre énigmatique "L'Antivoyage". Archive: En questions / Jacques Bofford / 10.11.1975 Présentation : Blaise Dupasquier Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Pionnier dans la défense de l’environnement, Paul-Emile Victor alertait déjà en 1974 sur les risques et les actions possibles à mener pour chacun de nous. Mais au micro de Jacques Bofford, il revient aussi sur 40 ans d’une carrière d’aventurier, dans son sens positif. Exploration du Groenland et des calottes polaires, ethnographie, il est conscient d’avoir réalisé son rêve d’enfant. L’aventure d’ailleurs n’a pas disparu selon lui, elle a seulement changé de timbre. Mais il appelle aussi à une prise de conscience sur ce que sa génération lègue de menaces sur la terre. Archive: En questions / Jacques Bofford / 26.11.1974 Présentation : Alain Freudiger Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Réalisateur et scénariste de bandes dessinées, Jodorowsky est un personnage haut en couleur. En 1984, Jacques Bofford le reçoit dans l’émission "Profil" pour parler de son livre intitulé "Le paradis des perroquets". Ce roman, qui a reçu le grand prix de l’humour noir, sert de point de départ pour aborder toutes sortes de sujets : ses souvenirs d’enfance au Chili où se situe l’action, le tarot qu’il enseigne et intègre dans ses oeuvres, le surréalisme qu’il a délaissé pour créer le groupe Panique ou encore le fantastique qu’il considère comme le langage de l’inconscient. Et c’est à l’humoriste Jean-Charles Simon que revient le mot de la fin : "plus c’est fou, plus c’est incompréhensible plus c’est du Jodorowsy". Archive: Profil / Jacques Bofford / 01.11.1984 Présentation : Joëlle Albrecht-Glaisen Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Le podcast "Les Grandes Voix" vous propose une réédition de grands entretiens radiophoniques de la RTS. Vous y retrouverez chaque semaine une personnalité du cinéma, de la science, des arts, de la littérature, du spectacle... Dans le premier épisode diffusé le 12 juillet, vous pourrez écouter un entretien de 1984 avec Alejandro Jodorovsky. Cette série audio est disponible sur le site des archives de la RTS, ainsi que sur les principales plateformes de podcasts. Abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode !