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A en croire les séries télévisées, il suffirait de mettre une personne dans une machine IRM pour voir son cerveau fonctionner en temps réel. Mais que mesure réellement un examen d'IRM fonctionnel ? See acast.com/privacy for privacy and opt-out information.
Pour terminer cette première saison d'entretiens nous avons rencontré le neurologue David Bendetowicz. De la rêverie à l'"eureka" il nous éclaire sur ce qui fait de la créativité un processus tout aussi passionnant que complexe et qui ne fait que commencer à révéler ses rouages. David exerce à La Pitié-Salpêtrière ou il consacre son activité clinique au traitement de patients atteints de maladies neuro-dégénératives et désordres cognitifs et comportementaux. Il est coauteur d’études en neurosciences sur la créativité. Il a collaboré aux projets de recherche d'Emmanuelle Volle, neurologue et chercheuse dans le domaine de la créativité, au sein de l’équipe FRONTLAB de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, dirigée par Richard Levy et Bruno Dubois. Cette équipe s’est donné pour but de mieux comprendre le rôle et l’organisation du cortex préfrontal dans le contrôle, l’activation et l’inhibition des comportements volontaires dirigés et son effet modulateur sur la pensée créative. Il poursuit désormais sa formation dans la recherche en tant que doctorant au sein de l'équipe Neurochirurgie expérimentale de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, dirigée par Carine Karachi et Brian Lau. 4:30 Si les neurosciences, depuis les années 60, définissent simplement quelque chose de créatif comme étant utile + approprié (adapté au contexte), il est admis qu'il n'y a pas de création ex-nihilo mais plutôt une habileté plus ou moins forte de chacun à pouvoir faire des liens entre concepts notions, émotions prééxistants. Cette habilité à faire des liens se fait selon des processus contrôlés (de proche en proche - cf test des fluences verbales) ou des processus associatifs plus spontanés (idées originales, satisfaisantes, avec "effet de récompense"). 10:13 on parcourt avec David les différentes phases du processus créatif (qui ne s'enchaînent pas forcément toujours dans le même ordre) >> L'optimisation de la recherche qui est un état des lieux des données à disposition >> L'incubation dans la quelle il semble ne rien se passer mais pendant laquelle le processus se poursuit inconsciemment dans le cerveau >> La résolution - le moment où émerge une solution satisfaisante >> La vérification de la solution 12:39 On évoque plus en profondeur cette mystérieuse phase d'incubation. David nous explique qu'il existe un système qui est tout le temps actif dans le cerveau (et visible à l'IRM) et qu'on appelle le réseau par défaut. Et ce réseau est en lien avec les processus de rêverie (ou vagabondage mental / "mind wandering") et les processus associatifs inconscients. Et ce que David souligne c'est que nous ne sommes pas tous égaux vis-à-vis de la rêverie et que les parts de l'inné et de l'acquis dans cette aptitude sont difficiles à définir. 16:50 On se penche sur l'évolution de la créativité de l'enfance à l'âge adulte. A la fin de la vingtaine, notre cerveau fait une sorte de ménage dans ses connexions pour cristalliser nos notre façon de penser et d'associer les idées. Cet élagage a lieu dans le lobe frontal qui est le siège de nos fonctions exécutives. C'est le lobe frontal qui a la lourde responsabilité de nous faire faire les choix les plus appropriés dans notre vie de tous les jours, et d'inhiber les réponses préétablies pour nous permettre de nous adapter. Cet élagage indispensable à la structuration de la connaissance nous fait cependant perdre un peu de notre capacité à faire des associations lointaines. Et on le constate : Les plus experts d'un domaine ne sont pas forcément les plus créatifs dans ce domaine là car pour eux les choses sont simples, elles sont comme ça et leur capacité à faire des associations avec d'autres domaines est réduite. Au sein du lobe frontal il y a cependant un réseau de plusieurs régions (notamment une zone antérieure dans le lobe frontal) qui nous aide à rouvrir la porte à nos rêveries pour faire émerger des solutions innovantes. C'est Emmanuelle Volle qui avait entrepris, par méta-analyses, via l'étude de cas de lésions cérébrales, de cartographier les zones cérébrales impliquées ensemble en réseau dans les processus de créativité : "Un hub, comme une grand aéroport" 26:00 David nous décrit une autre étude réalisée sur les processus d'association d'idées, par évaluation de la "distance sémantique" entre des concepts. Les participants identifiés comme les plus créatifs par l'étude étaient ceux capable de trouver les liens entre les mots à première vue éloignés. Et dans cette étude, la zone du cerveau qui s'active est bien la même que celle identifiée par les méta-analyses. 29:36 Le "flow". Il y a une récompense cognitive via un bonus de dopamine à la recherche d'information. Et il est possible qu'il y ait aussi une récompense similaire dans le processus de création et d'innovation. 33:08 On a ensuite questionné David sur la créativité dans son travail de neurologue et de chercheur. Si les études de médecine en général n'invitent pas à la créativité mais plutôt à l'application de méthodes strictes il cite en revanche de nouvelles techniques d'apprentissage plus créatives. Il cite en exemple la sémiologie neurologique dont l'apprentissage peut être facilité par du mime (technique développée par Emmanuel et Constance Flamand-Roze). Dans l'exercice de son métier au quotidien la créativité est sollicitée cependant face à des diagnostics difficiles pour aller chercher une solution, et aussi lorsqu'il n'y a pas de médicament à proposer, pour trouver des moyens d'aider les patients. Il cite en exemple un atelier de "danse therapy" pour des patients parkinsoniens (qui subissent une baisse de dopamine justement) pour qui la stimulation de la créativité via la danse a eu un effet réellement épanouissant. 40:40 Pour cette seconde partie rituelle à la découverte des étoiles de notre invité, David joue avec nous le jeu du voyage dans l'infiniment grand et l'infiniment petit. Ensemble nous avons discuté de structures grandioses et de connexions entre les cerveaux, mais aussi d'échangeurs neuronaux, synapses tricolores et vaisseaux nanométriques comme ceux du dessin animé La Vie que David aime beaucoup. Si on lui parle d'une grève des neurones David répond "on est plus biologique, on redevient minéral". Et pour le feu d'artifice physiologique de l'"eureka", un bouquet final à l'unisson qui donnerait la solution, comme la dernière note d'une symphonie. 49:40 On a redemandé des exemples de patients dont une lésion cérébrale avait modifié la créativité (autre que celle de la légende urbaine du réveil de coma en parlant une autre langue!) et il nous a donné celui de Maurice Ravel et sa composition du Boléro concomitante de son atteinte au lobe temporal, qui provoque justement une tendance à la répétition. D'autres patients avec des lésions au lobe frontal ont semblé devenir plus créatifs en peinture mais aussi avec des formes très répétitives. Des premières audacieuses trépanations du néolithique jusqu'aux méta-analyses de données sur patients lésés la découverte du cerveau a parcouru un long chemin. Les zones où siègent les processus de la créativité se précisent mais il reste encore beaucoup à explorer pour comprendre comment ils fonctionnent en réseau. On a réalisé avec David que la structuration de notre connaissance s'était fait au détriment d'une partie de la créativité de notre enfance. Heureusement la créativité peut être favorisée par le vagabondage mental propice à l'incubation des idées. Pour David c'est le calme de la nuit qui est propice, probablement car la fatigue provoque un relâchement de certains processus de contrôle et ainsi favoriser la rêverie. Mais chacun peut trouver son heure pour rejoindre ses étoiles! Publications de David Bendetowicz : https://www.researchgate.net/profile/David_Bendetowicz Ecriture, production & réalisation : Marylène Ricci et Hélène Marois Montage : Titouan Dumesnil Générique : "Liberate", Immersive Music
Pour stopper une maladie, rien de plus efficace que de la détecter et de la traiter avant que les symptômes n'apparaissent. C'est l'objectif même des techniques de dépistage médical comme la radiographie, l'IRM et les tests sanguins. Mais un autre moyen, dont le potentiel pour l'analyse médicale est négligé, existe : votre haleine. Le technologue Julian Burschka livre ici les dernières avancées en matière d'analyse de l'haleine - le dépistage des composés organiques volatils dans votre expiration - et comment celle-ci pourrait être utilisée comme formidable outil pour détecter, prédire et, à terme, prévenir les maladies.
Le Professeur Puybasset nous parle de l'étude "Use of brain diffusion tensor imaging for the prediction of long-term neurological outcomes in patients after cardiac arrest: a multicentre, international, prospective, observational, cohort study" (doi: 10.1016/S1474-4422(18)30027-9), publiée en avril 2018 dans le Lancet Neurology. Articles en lien : Neurological prognostication of outcome in patients in coma after cardiac arrest (doi: 10.1016/S1474-4422(16)00015-6) Delayed awakening after cardiac arrest: prevalence and risk factors in the Parisian registry (doi: 10.1007/s00134-016-4349-9) Unexpected good recovery in a comatose post-cardiac arrest patient with poor prognostic features (doi: 10.1016/j.resuscitation.2013.02.011)
Pionnière de l'imagerie cérébrale, Nancy Kanwisher utilise l'IRM fonctionnelle pour visualiser l'activité dans certaines régions du cerveau (souvent le sien). Elle vient partager ce qu'elle et ses collègues en ont appris : le cerveau est constitué à la fois d'éléments très spécialisés et d'une « machinerie » à usage général. Elle a aussi compris qu'il nous reste énormément à apprendre sur le cerveau.
À la suite de la mauvaise chute d'un gymnaste, les radiographies ne montrent aucune fracture, mais l'IRM (imagerie à résonance magnétique) diagnostique une entorse du lisfranc, un ligament du dessus du pied Extrait de "un salto de trop" (série Galilée "Bien dans son corps") réalisation Catherine Goupil © CNDP/ La cinquième /MGEN 1997 - TDC n° 1034 Sciences et sport - avril 2012
Olivier Houdé, professeur à l'Institut de Psychologie et chercheur du Groupe d'imagerie neurofonctionnelle, rend compte des dernières découvertes sur le développement du cerveau et de l'intelligence et les modifications profondes qu'elles apportent à nos connaissances sur la psychologie de l'enfant. Aujourd'hui grâce à l'imagerie cérébrale on peut observer le fonctionnement du cerveau et ainsi essayer de comprendre ses rapports avec la cognition. On peut maintenant établir l'anatomie du cerveau, par l'IRM anatomique, mais aussi le « voir » travailler, c'est l'IRM fonctionnelle. Ces nouvelles technologies révolutionnent la psychologie qui tend de plus en plus à devenir une science dure. Jusqu'alors on concevait la construction de l'intelligence par paliers : l'intelligence venait, selon les théories de Jean Piaget, d'une intégration de l'environnement à l'organisme qui conduisait peu à peu le cerveau à des organisations plus complexes. Selon cette théorie, la notion de nombre apparaît vers 7 ans et le stade du raisonnement logique entre 12 et 16 ans. Les recherches actuelles montrent que le développement de l'intelligence n'est pas uniquement imputable à une dynamique d'assimilation et d'adaptation mais qu'un processus d'activation/inhibition participe à la construction de l'intelligence. Si l'on sait depuis longtemps que l'apprentissage d'habiletés passe par la pratique et l'automatisation de certaines tâches, avec l'imagerie on visualise ce qu'implique cette automatisation : lors de l'apprentissage d'un nouveau geste par exemple, c'est les parties frontales du cerveau que l'on voit fonctionner, ensuite plus la tâche est intégrée et automatisée, plus les régions cervicales sollicitées reculent vers les parties arrières du cerveau. Cette reconfiguration peut aussi être inversée lorsque l'apprentissage consiste à inhiber la perception pour accéder au raisonnement logique. En effet, le cerveau se laisse piéger par l'automatisme de la perception : ainsi un enfant à qui l'on présente deux rangées de peluches en nombre égal mais de longueurs différentes considèrera qu'il y a plus de peluches là où la rangée est la plus longue. Le problème est d'apprendre à inhiber la perception nombre=longueur. L'enfant corrigera ces automatismes avec l'expérience, par imitation ou par les instructions extérieures. Ce processus de reconfiguration s'observe même chez les cerveaux matures, ce qui montre l'extrême adaptation du cerveau à l'apprentissage. L'équipe d'Olivier Houdé a découvert que les bébés perçoivent les nombres avant l'émergence du langage : par leur surprise visuelle, les bébés montrent qu'ils détectent des erreurs de calculs simples, du type 1+1=3. La survenue du nombre est donc bien plus précoce que ne le pensait Jean Piaget qui ne l'envisageait que vers l'âge de sept ans ! Avec l'apparition du langage chez l'enfant, ce processus est perturbé et l'enfant de 2 ans se trompe là où le nourrisson ne fait pas d'erreurs ! L'explication ? La langue française ! Pour exprimer le nombre, elle utilise « un » et « des » mais c'est aussi avec « un » que l'on compte un, deux, trois... d'où une certaine confusion chez le jeune enfant . Cet échec montre que l'enfant entre dans une nouvelle phase d'apprentissage, qu'il acquiert un nouvel outil ! On est loin du modèle d'apprentissage en escalier, aujourd'hui on est plus dans dynamique d'évolution non linéaire, où les courbes évolutives se chevauchent, entrent en concurrence ou en synérgie. Il reste maintenant à appliquer ces découvertes scientifiques par exemple en y intéressant les pédagogues !