Chirac : une histoire française

Replongez dans la carrière de Jacques Chirac dans cette création sonore inédite rassemblant le meilleur des archives d’Europe 1.

En 2009, Jacques Chirac accordait sa toute dernière interview radio à Europe 1. Il avait alors passé en revue son bilan, ses relations avec Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand mais aussi ses aventures de jeune homme qui rêvait de faire carrière dans la marine. Un entretien autour d’un "gin tonic" mené par Jean-Pierre Elkabbach. 

Jacques Chirac était un homme qui n’avait pas grand chose à voir avec l’image qu’il renvoyait et qu’il a donné de lui. "Derrière les têtes de veau et les packs de Corona, son goût pour l’ethnologie et les civilisations anciennes. Derrière le claqueur de bises et peloteur de culs de vaches, sa curiosité pour les langues disparues et les civilisations oubliées. Derrière le glouton, le délicat". Le journaliste Marc Messier dresse un portrait tout à fait personnel de Jacques Chirac, sans doute le plus secret de nos présidents de la République.

Les historiens consigneront, les Français se souviendront. En 1967, alors que le général de Gaulle est à l'Elysée et Georges Pompidou à Matignon, Jacques Chirac entre pour la première fois dans un gouvernement. Il a 35 ans et il devient secrétaire d'Etat à l'emploi. Dans une France qui compte 190.000 chômeur il créé l'ANPE. Mais ce n'était que le début d'un carrière politique de 40 ans se souvient le journaliste Marc Messier dans un récit en forme de bilan. 

A quelques mois d’intervalle, entre l’automne 2005 et le printemps 2006, Jacques Chirac va affronter coup sur coup deux crises, deux mouvements de colère venus de la rue : les émeutes dans les banlieues et la mobilisation contre le CPE, le contrat première embauche. Comment a-t-il surmonté ces crises ? Quel a été l’impact sur son quinquennat ? Ecoutez Olivier Duhamel vous raconter ces deux épisodes de la Vème République. 

L’ancien président de la République n’a été condamné qu’une seule fois, à 2 ans de prison avec sursis, dans l’affaire la plus emblématique, celle des emplois fictifs de la Mairie de Paris. Pour résumer, "un système de clientélisme à l’ancienne"... ou une "organisation imparfait", comme la présentera le Parquet. Mais d’autres proches de Jacques Chirac ont payé le prix fort des "affaires" : Michel Roussin et évidemment Alain Juppé.

Après sa réélection en 2002 face à Jean-Marie Le Pen, le radical-socialiste qu’il a toujours été l’emporte sur le réformateur. Jacques Chirac assouplit les 35 heures et engage un programme de baisse de l'impôt sur le revenu mais recule en rase campagne sur la libéralisation du marché du travail en déclarant caduque le "contrat première embauche" tout juste voté par le parlement. Nicolas Barré, éditorialiste économique d'Europe 1, revient sur cette période de la Vème République quand le "chiraquisme" s'est mué en immobilisme. 

"Notre maison brûle et nous regardons ailleurs", la formule griffonnée sur un coin de table dans l’avion qui emmenait le président de la République au Sommet de la terre de Johannesburg en 2002 a fait date. Mais signe-t-elle pour autant l’engagement écolo de Jacques Chirac ? Il a beau être sensible aux arguments de Nicolas Hulot et Nathalie Kosciusko-Morizet au point d'introduire la protection de l’environnement dans la constitution, Jacques Chirac est aussi "Monsieur voiture" à Paris et un fervent défenseur du nucléaire. C’est à lui qu’on doit la construction de l’EPR de Flamanville et la reprise des essais nucléaire en 1995. 

De l’ex-Yougoslavie, à la reprise des essais nucléaires, en passant évidemment par son "non" face à la guerre en Irak, Vincent Hervouët revient sur la politique internationale de l’ancien président de la République. Entre grands discours et coups d’éclats comme quand il "se rebelle à Jérusalem et qu’il remonte furibard dans sa limousine blindée". Mais que reste-t-il de cet héritage ? "A la fin, seule compte la puissance", rappelle l’éditorialiste.

"Chirac, c’est la France pleine de bonnes volontés, pleine de fierté aussi. Il introduit la notion de nation intégrée. Mais il ne fait rien !" Dans cet épisode Yves Michaud, historien, philosophe et auteur de "Chirac, la parole et l’impuissance", revient en détail sur cette personnalité à part de la politique française, si semblable à ses concitoyens dans l’art du "y a qu’à-faut qu’on".

C'est là sa vraie, sa seule passion sportive. Jacques Chirac était féru de Sumo, de ces passions qui font vous font programmer des voyages officiels au Japon en fonction des dates des plus grands tournois et vous font collectionner des cassettes vidéo de combats à l’Elysée. Virginie Phulpin, éditorialiste sport à Europe 1, revient sur l'amour de l'ancien chef de l'Etat pour cette discipline et explique comment elle l'a guidée pour accomplir son destin politique, cet autre sport de combat.

Jacques Chirac fan de musique ? En 1987, il reçoit Madonna à la mairie de Paris, raconte Jean-Philippe Balasse. Une rencontre qualifiée par l'ancien président de "chic et sympa".

"L'agriculture, c’est la vie !" En 2011, Jacques Chirac, déjà affaibli, visitait en "super-star" la plus grande ferme de France. Ce sera la dernière fois. Réécoutez le reportage de Jérôme Chapuis. 

Un baiser sur le front de Fabien Barthez, des noms de joueurs légèrement écorchés, un maillot floqué du numéro 23 fièrement porté… Jacques Chirac fait partie de la mémoire collective du sport et son image reste associée à la Coupe du monde de football 1998. "C'est le premier président à avoir instauré le rituel de l'accueil des champions à l'Elysée", se souvient sur Europe 1 Philippe Tournon, ancien chef de presse de l'équipe de France de football. 

L’enfance et la guerre, ses amours et ses voyages : découvrez la première partie du récit de Christophe Hondelatte sur la vie de Jacques Chirac jusqu’à ses fiançailles avec Bernadette et son entrée à l’ENA.

La guerre d’Algérie est une expérience qui va changer la vie de Jacques Chirac. Dans la deuxième partie de son récit, Christophe Hondelatte décrit son envie d’embrasser la carrière militaire puis l’appel de l’ENA.

En 1974, Jacques Chirac accède finalement à Matignon. Dans la troisième partie de son récit, Christophe Hondelatte décrit comment la relation avec Valéry Giscard d'Estaing va vite tourner à l’affrontement.

Line Renaud, son garde du corps et l’ancien chef des cuisines de l’Elysée, Jean-Pierre Elkabbach et Catherine Nay : tous ont accepté de raconter au micro d’Europe 1 un Jacques Chirac intime, méconnu du grand public. Un homme politique en campagne qui devait plonger ses mains dans l’eau froide après avoir serré lui-même trop de mains. Un amateur d’art éclairé capable de reconnaître au premier coup d’œil une oeuvre d’une valeur inestimable. Un interlocuteur qui pouvait faire cauchemarder les journalistes. Un étourdi, aussi, qui oubliait le lait sur le feu chaque matin. Europe 1 a compilé leurs meilleurs souvenirs, ceux qui racontent en creux un autre Jacques Chirac.

Voir de très nombreux Français patienter, y compris à la nuit tombée, pour rendre un dernier hommage à Jacques Chirac n’a pas surpris Alain Juppé, son ancien Premier ministre et proche parmi les proches. "J'ai partagé cette émotion, très profonde et très large, [qui a rassemblé] toutes les générations, tous les milieux", a-t-il confié sur Europe 1 en rappelant certaines grandes réformes votées sous la présidence Chirac mais en insistant aussi sur sa personnalité,  "son humanité profonde" qui s’est révélée au fil des années.

C’est en l'église Saint-Sulpice qu’a été organisée la cérémonie d’hommage solennel à Jacques Chirac. Mais l’ancien président de la République a eu des relations parfois distendues avec la religion. A la différence de son épouse Bernadette, très pieuse, qui se confiait sur le sujet en 2009 au micro d’Europe 1, à l’occasion d’une visite du pape Benoît XVI en France. "Mon mari a aussi été élevé dans la religion catholique mais quand nous nous sommes mariés il n’était pas confirmé. Ça a fait un peu scandale dans ma famille... Mais on a réparé ça très vite avant le mariage...", confiait-elle dans un sourire.

"C'est la dernière fois qu'on vivra une telle émotion pour un président de la République décédé". Pour Jean François Copé, c'est une page d'histoire qui se tourne avec les obsèques de l'ancien chef d'Etat. Dans cet épisode, le maire de Meaux, ancien ministre et porte-parole sous la présidence de Jacques Chirac revient sur l'héritage laissé par Jacques Chirac. 

Emmanuel Macron, Valérie Giscard d'Estaing et Nicolas Sarkozy mais aussi Jean-Pierre Elkabbach, Marc-Olivier Fogiel et Stéphane Bern… Dans la voix de Nicolas Canteloup, les grands noms de la politique et des médias s'associent pour rendre un hommage tendre et piquant à l'ancien président de la République.

Pendant 30 ans, Yves Lecoq a été la voix de Jacques Chirac dans "Les Guignols de l’info". Au micro d’Europe 1, l'imitateur lui a rendu un hommage appuyé. C’est "la fin d’une période faste pour l’humour". Yves Lecoq raconte n’avoir subi aucune pression pendant toutes les années où Jacques Chirac était au pouvoir, même quand il le peignait en "Super-menteur". "Pour moi, il ne disparaît pas. On continue à me le demander. Et je continuerai à le faire".

"Y a-t-il encore un espace disponible dans Paris à offrir à une personnalité aussi flamboyante que Monsieur Chirac?". La question se pose alors que plusieurs voix ont proposé de concrétiser l'hommage à l'ancien président de la République, et ancien maire de Paris de 1977 à 1995, en baptisant une avenue, une place, un lieu à son nom. Et pourquoi pas juste devant l'Hôtel de ville où il a passé plus de 18 ans précisément ? Seule certitude, la Ville de Paris a décidé d'aller vite, plus vite que les 5 ans réglementaires.