Homo Gulliver - Voyage temporel à la rencontre de l'homme. Tous les 10 jours un article accompagné de sa version audio offrant un regard différent sur notre condition d'homme.
Emmanuel Macron déclarait au Collège des Bernardins l’année dernière qu’il fallait « réparer le lien entre l’Eglise et l’Etat ». Alors que l’entrée dans la modernité occidentale semblait avoir amorcé une séparation entre ces deux corps, dont la loi de 1905 a marqué le paroxysme, le religieux, que l’on pensait avoir relégué à la sphère privée, semble faire un retour fracassant dans l’environnement politique et étatique. L’homme moderne a-t-il réellement complété son changement de statut, de sujet de Dieu à sujet de l’Etat ?
Hello world ! Coder ou écrire ? Futurologues à vos prédictions. Devrons-nous demain pour survivre et ne pas devenir les nouveaux prolétaires du XXIème siècle connaître le code ? La question tambourine : enjeu politique, enjeu technologique, enjeu géopolitique… la liste pourrait être longue mais la tension est présente. Le code sera-t-il, oui ou non, la langue de demain ? Les nouveaux temples du digital que peuvent être les écoles comme 42 et consorts sont-elles les matrices de l’élite de demain ? Où il s’agirait alors de ne pas laisser filer la chance, et de former des millions de petits codeurs, doigts au clavier, prêts à envahir et dominer le monde. Le succès de L'école 42 fondée par Xavier Niel est à ce titre, éloquent. Après une première implantation en France, la deuxième école 42 a même été implantée au coeur de la Silicon Valley, en Californie. L’école 42 serait-elle une école de langue étrangère ?
« Nous sommes ce soir la troisième force politique en France (...) les français veulent que l’écologie aussi soit au coeur du jeu politique. », affirmait, le sourire aux lèvres, Yannick Jadot au QG d’Europe Écologie - Les Verts (EELV), le soir des résultats des élections européennes. Passé l’enthousiasme du résultat des « Verts » aux élections européennes de mai dernier, une question peut être posée : n’est-ce pas contre le « jeu politique », justement que les français ont voté en poursuivant le travail de sape des partis traditionnels et en permettant l’émergence d’un parti comme le sien ?
Le retour en grâce du jambon-beurre, les « cantines » et les « comptoirs » qui (re)poussent comme des champignons, et la très louable obsession du localisme…. Autant de signes d’une quête d’authenticité menée à l’ère de la métropolisation globalisante et standardisante. Paris est sûrement l’exemple paroxysmique d’une recherche de concret et d’authenticité face à une disneylandisation croissante provoquée par un tourisme de masse affranchi de toute forme de régulation. Mais après la standardisation de nos lieux et modes de vie, poussée par la globalisation économique puis culturelle, un retour en arrière est-il possible ?
Avec ses 15 millions de visiteurs annuels, le lieu touristique le plus visité de France n’est pas celui que l’on pourrait croire. Ce n’est pas la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe ou le musée du Louvre mais bien un parc d’attractions, Disneyland Paris. Chaque année, des millions de touristes venant des quatres coins de l’Europe et du monde se rendent dans ce célèbre parc d’attraction de l’entreprise américaine de divertissement. Et partout dans le monde de gigantesques parcs d’attractions fleurissent et drainent avec eux des clients en quête de sensations fortes. Tirant leur origine dans les fêtes foraines et autres jardins d’agréments très populaires tout au long de l’histoire, il semble que les parcs d’attractions modernes proposent un nouveau type de service à leurs clients : l’intensité.
Par Homo Gulliver “Une morale m’enjoint à être juste, à être digne, à être respectueux ; une éthique réclame que je sois justement, que je sois dignement, que je sois respectueusement ce que je suis.” Tristan Garcia, La Vie intense À nos yeux, ce principe doit s’appliquer à toutes organisations de nos jours. Le monde est devenu complexe et les défis se multiplient. Il ne s’agit alors pas de moraliser les organisations, mais de les rendre plus éthiques, tant dans leur fonctionnement que dans leur rapport à leurs employés. De plus, aujourd’hui, avec le déploiement du numérique, tout s’accélère. Le monde est en permanence connecté et ériger une frontière entre vie personnelle et professionnelle n’est pas chose aisée Il nous semble donc crucial de retrouver dans ce contexte une nouvelle forme de dé-connexion.
Impuissant, inapte, incapable, inefficace, inopérant, improductif, invalide. Qu’est-ce que ces termes peuvent-ils bien dire de nous ? Qui a déjà fréquenté la classe de CM2 se souvient vaguement que la fonction du préfixe « in » est de signaler une privation. Et en effet, si l’on ouvre le dictionnaire à la page consacrée, on peut lire que l’impuissance n’est rien d’autre que « ce qui n’a pas de puissance ». Pour comprendre l’impuissance donc, il faut se référer à la définition de la puissance, « capacité de transformer le cours des choses » et en déduire que l’on désigne par « impuissance » l’incapacité de transformer le cours des choses. Évidemment, cela paraît d’une affolante banalité. Mais si l’on y réfléchit, pourquoi n’est-ce pas l’inverse ? Pourquoi ne définit-on pas la puissance à partir de l’impuissance en lui ajoutant un préfixe privatif ? Pour une raison simple, c’est que la puissance est la règle, de même que l’aptitude, la capacité, l’efficacité, l’opérationnalité, la productivité, et la validité le sont au regard des premiers mots de ce texte. Ce choix n’a rien de démocratique : ces mots ne décrivent pas des situations majoritaires, mais bien des idéaux, à partir desquels sont créés des déficients : l’impuissance en premier chef.
Par Homo Gulliver 12 mars 1989, Tim Berners-Lee invente le web. Si cela peut sonner un petit peu grandiloquent, c’est comme ça que le world wide web, dans les locaux du CERN à Genève, est né. Aujourd’hui, 30 ans après, un état des lieux s’impose. Le web aura fait fantasmer, aura drainé les plus folles idées et véhiculé les plus grands espoirs. Mais de nos jours, c’est une vision en demi-teinte que l’on a : entre fin de la neutralité du net, prolifération des fakes news et de la désinformation, et modèle économique publicitaire critiqué, l’avenir est peut-être plus sombre qu’il n’y paraît.
Par Homo Gulliver Si la foi déplace des montagnes, la peur, elle, rassemble les foules. Ce début de XXIème siècle voit un curieux phénomène prendre de plus en plus d’ampleur : dans une société par ailleurs critiquée pour son individualisme exacerbé, les manifestations pour sauver la planète se font de plus en plus fréquentes. Phénomène curieux car on assiste à des manifestations où les protagonistes ne se mobilisent pas pour protester contre le gouvernement car leur pouvoir d’achat diminue par exemple, ni parce que le chômage augmente et qu’ils en sont directement victimes, mais dans l’idée de sauver la planète.
Je suis autonome. C'est grave Docteur ? - Par Homo Gulliver Le constat de l’individualisme n’est plus à faire. Rares sont les discours sur la contemporanéité qui échappent à ce poncif que nous ne connaissons que trop. L’autonomie, l’indépendance, le libéralisme sont présentés comme les fondements et fléaux d’une société - la nôtre (que l’on se plait à nommer par cette formule « nos sociétés occidentales individualistes » par paresse intellectuelle, par abus de langage, et fausse culpabilité postcoloniale) - que nous prétendons condamner et dans laquelle nous nous complaisons tant. Pourquoi, alors, s’intéresser, encore, toujours, à l’individualisme ? Qu’à-t-on à en dire de mieux que : l’égoïsme, c’est mal ? Apparemment pas grand-chose, à en croire le flot d’articles pathologiquement inodores qui circulent à ce sujet. Jusqu’à ce que… Pierre-Henri Castel, qui rend à la pensée ses lettres de noblesses
La nuit du 11 au 12 octobre 1492, La Pinta et La Niña, deux caravelles, ainsi que La Santa María, une caraque, abordent l’île de Guanahani dans les Caraïbes. Christophe Colomb et une centaine de marins débarquent alors sur ce qu’ils croient être le Japon. Raté ! Ils viennent de poser le pied sur ce que sera le nouveau monde : les Amériques. La découverte des Amériques pose symboliquement la première pierre de la finitude du monde. Cette étape fait entrer l’homme dans la modernité : petit à petit, l’homme prendra compte de sa puissance formidable, et dans la digne lignée de Christophe Colomb, explorera la Terre, puis l’espace, afin d’apporter la lumière de la connaissance et de la science, nouveau dieu sur le monde.
« C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière ». Voilà ce qu’on peut lire dans le livre de la Genèse de la Bible. Un extrait du bestseller mondial encore révélateur de la vision du travail qu’ont, ou qu’avaient, les sociétés occidentales : un devoir moral. La fourmi a toujours été mieux perçue que la cigale oisive ; même si dans le langage courant, le terme « oisiveté » a progressivement laissé sa place à l’appellation « loisirs », dont Joffre Dumazedier prophétisait l’avènement dans les années 1960. Alors que le temps de travail diminue, le sociologue fait le constat d’une « sous-estimation théorique du loisir » par les intellectuels de l’époque qui gardent cette notion à distance de leurs systèmes de pensée. Pourtant, un effet de ciseau s’est produit entre d’une part, l’importance accordée au travail et d’autre part, l’attention aux loisirs, la carotte qui nous pousse à travailler (de moins en moins). L’homme ne s’accomplit plus dans son travail, mais en-dehors. Mais cette « civilisation des loisirs » qu’annonçait Joffre Dumazedier a-t-elle vraiment eu lieu ?
Homo Gulliver Au quotidien, nous entendons les termes de « vitesse », « efficacité », « productivité », tous plus angoissants les uns que les autres. La qualité de notre vie semble être estimée par le métier que nous pratiquons, la productivité à rapidement faire les choses aux dépens de la qualité parfois. Ainsi, si vous allez vous promener dans un jardin, si vous restez simplement chez vous à penser, méditer, n’avez-vous pas le sentiment de ne servir à rien ? « Servir » comme si tout se mesurait à l’utilité mais qu’est-ce qu’être utile ? Si nous nous réduisons à des êtres devant effectuer les tâches qui nous sont confiées sans jamais accorder de l’importance à l’expérience de la pensée alors nous allons droit dans le mur.
Tout le monde sourit sur les photos de banques d’images ou sur les publicités des grands panneaux d’affichages, mais le parisien fait la gueule. Que ce soit dans un métro bondé, sur un périph bouché ou encore dans une queue, bloqué, il grimace, s'énerve et s’emporte facilement. Drôle de constat dans une société où le bonheur est omniprésent, dans un monde de sourires Colgate et de pensée positive. Tous les 10 jours en version écrite et audio !
Utopie cauchemardesque Par Homo Gulliver - 20 février 2019 C’est un fait, aujourd’hui, pour la première fois depuis la fin du second conflit mondial, une large majorité des parents sont inquiets pour l’avenir de leurs enfants et pensent que leur progéniture aura une vie plus ardue que la leur… le pessimisme est de mise.
Nouvel article ! Suite et fin de notre série traitant de l'impact de la technique sur notre temps. Qu'est-ce que le Temps ? Comment et pourquoi notre technique l'accélère et le modifie-t-elle ? "Aujourd’hui, c’est une nouvelle remise en question du temps qui s’opère. L’homme est entré dans ce que l’on appelle désormais l’économie de l’attention. L’offre est abondante et sans fin, une journée fait encore et toujours 24 heures, le nombre d’humains sur terre est limité. Faites le calcul, la ressource rare est devenue l’attention du consommateur."