Les Coulisses de la création

Follow Les Coulisses de la création
Share on
Copy link to clipboard

Les Coulisses de la création est un podcast proposé par RFI Musique et la Fabrique Culturelle (Sacem). Une situation, une émotion, un son, un voyage… tout peut déclencher l'envie d'écrire une chanson, de composer une mélodie. Et d'une simple idée à une œuvre musicale, les chemins sont divers et vari…

Rfi - Laurent Coulon


    • Feb 7, 2020 LATEST EPISODE
    • infrequent NEW EPISODES
    • 29m AVG DURATION
    • 2 EPISODES


    Search for episodes from Les Coulisses de la création with a specific topic:

    Latest episodes from Les Coulisses de la création

    Les coulisses de la création - Entre électro, chanson et danse, la fureur de Suzane

    Play Episode Listen Later Feb 7, 2020 32:10


    Depuis un an, Suzane nous surprend, nous épate, nous enthousiasme grâce à son projet artistique qui allie chant et danse, musique électro et chanson à textes. Cette jeune artiste française a sorti un premier album très attendu ce 24 janvier 2020, intitulé Toï Toï. Avant de commencer Suzane, nous voudrions vous montrer une photo et vous demander ce qu’elle vous inspire... Ah ! (sourire) C’est une photo de Bruce Lee, pour son film La Fureur du Dragon. Effectivement, c’est un film que j’ai beaucoup regardé avec mon père, qui est fan d’arts martiaux. Et ce Bruce Lee est revenu plus tard quand j’ai voulu faire cette combi que je porte chaque jour sur scène. Je me suis beaucoup inspirée de Bruce Lee car j’avais envie d’une combi de combat, pour entrer dans l’arène, pour rentrer sur scène. Comment est né justement le personnage de Suzane ? Océane est votre véritable prénom… donc est-ce que le pseudo permet de se créer un véritable personnage ? Je pense que le pseudo m’a permis de trouver un peu plus de liberté. Quand je suis Océane, je me juge beaucoup, sur mes écritures, sur beaucoup de choses… En étant “quelqu’un d’autre”, je me permets beaucoup plus de choses. Donc j’ai l’impression de me sentir encore plus moi-même en étant Suzane. C’est un peu le but de ce pseudo. Ce pseudo correspond à quelque chose de particulier ? Bien sûr ! C’est le prénom de mon arrière-grand-mère. Je lui ai piqué car j’ai toujours trouvé ce prénom extrêmement joli, avec ce “z” en plein milieu, qui sort de nulle part… Je trouve que c’est un prénom qui a beaucoup de caractère, et c’est une figure féminine qui m’a beaucoup marquée. Donc j’avais aussi un peu envie de lui rendre hommage en lui prenant son prénom. Vous l’avez un peu connue ? Parlez-nous un peu d’elle... Je l’ai connue assez peu… quand elle est partie, je devais avoir six ou sept ans. Mais je l’ai assez connue pour ce que ça me marque. Votre première expression artistique a été la danse et non la chanson, en fréquentant le conservatoire d’Avignon de cinq à dix-sept ans. Du coup c’est par le classique que vous commencez la musique… J’ai commencé la danse un petit peu par hasard à cinq ans. J’étais d’abord dans un petit village à côté d’Avignon. Ma mère accompagnait ma sœur le mercredi après-midi mais elle n’avait pas de nounou pour moi ce jour-là donc j’y suis allée avec elles et, alors que ma sœur a détesté la danse classique, moi, j’en suis tombée folle amoureuse. Ensuite, à sept ans, j’ai demandé à ma mère d’entrer dans cette grosse école qu'était le Conservatoire, pour y trouver des techniques encore plus poussées. Ces dix années au Conservatoire ont été très intenses. Je dansais tous les jours de 13h à 19h, sauf le dimanche. J’étais en danse-études. “Derrière ton bar en bois, sauf pendant les heures creuses, tu rêves de l’Olympia, d’exister devant la foule curieuse”... Ça a été dur d’en arriver là Suzane ? Vous pensiez qu’on ne croyait pas en vous ? Quand j’ai écrit ces paroles, j’étais serveuse dans un restaurant du 20e, un restau de quartier. Et je me revois le matin arriver, mettre la salle en place, préparer les tables, et rêver de cet Olympia. Il s’est passé tellement de choses entre temps. Je ne pensais pas que tout ça allait arriver, ce sont des paroles un peu prémonitoires. C’est incroyable qu’une chanson puisse prendre vie, et changer la mienne. Vous pensez qu’il y avait peu de raisons que l’on croie en vous au départ ? Oh oui, en effet, il y avait peu de raisons ! J’ai toujours été habituée à dire que je voulais monter sur scène. Les gens savaient que je faisais de la danse etc… mais c’est vrai qu’arrivée à seize ans, quand on vous demande ce que vous voulez faire plus tard (et cette question arrive très tôt !), moi je savais, mais on me disait que ce n’était pas possible, que c’était un métier basé sur du fantasme et qu’il fallait que je choisisse quelque chose de réel. Or, je ne comprenais pas puisque j’avais toujours travaillé pour ça au Conservatoire ! Et un jour on me dit que tout ça, ce n’est pas possible ! Donc oui, il y avait de l'inquiétude de la part des adultes autour de moi à cette époque. Ensuite, ils ont compris que de toute manière, mon rêve était devenu complètement vital, on m’a donc laissé faire car je suis beaucoup trop têtue ! Et quelle place occupait la musique ? La musique m’a nourri. J’ai commencé à danser sur de la musique classique à la base. Puis ensuite sur de la chanson française. J’ai découvert les grands du texte, de la voix. J’écoutais beaucoup Piaf, Barbara, Brel quand j’étais au Conservatoire entre deux cours pour couper un peu. Je me suis alors prise d’amour pour les mots, pour les voix, et j’ai découvert un nouveau moyen d’expression qui plus tard est devenu essentiel. Lorsque l’on lit vos interviews, on voit que deux artistes reviennent souvent comme deux références importantes pour vous : Stromae et Chris… Ce sont de très belles références d’artistes très singuliers qui ont su casser les codes. Ce sont des gens qui ont inspiré la nouvelle génération. Christine est une artiste pluridisciplinaire… Il y a quelques années, on disait d’un artiste qu’il était chanteur ou danseur ou autre, bref, il y avait forcément une case. Or, aujourd’hui, la pluridisciplinarité arrive sur scène grâce à des gens comme ça. Ça m’a permis de m’imposer avec mon bagage, le chant, la danse, l’écriture, etc. Tout est lié, et c’est ce genre d'artiste qui m’a permis d’en arriver là aujourd’hui. Donc oui, de très belles références… Après, j’espère qu’on pourra dire un jour “ça c’est du Stromae, ça c’est du Chris, et ça c’est du Suzane” ! Quelle est la première chanson que vous avez écrite ? Dans la foule, ça parle d'une fille un peu perdue, et je ne l’ai jamais sorti. Mais la toute première que j’ai sorti est L’Insatisfait. Là, je me suis dit, celle-là, je vais la sortir. Quelle est l’origine de cette chanson ? J’étais donc serveuse et je servais un monsieur. Il avait l’air très insatisfait. Il renvoyait ses plats, etc. J’ai fait tout ce que je pouvais pour essayer de comprendre, je ne savais plus quoi faire. Je suis allée chercher ce sentiment en moi, l’insatisfaction. C’est quelque chose que l’on ressent tous finalement. Et je vois bien qu'à chaque concert, les gens se reconnaissent facilement dans ce texte… Vous vous dites “conteuse d’histoire”... C’est une écriture du quotidien, une écriture réaliste que vous proposez... Oui, j’apprécie beaucoup les textes de Fréhel ou Piaf. Je leur rends hommage. C’est le quotidien qui m’inspire, qui me nourrit, et bien sûr les personnages qui font ce quotidien. J’aime bien essayer de décrire l’univers dans lequel j’évolue, en tant que citoyenne aussi. Vous sortez un premier album, intitulé Toï Toï. En allemand cela veut dire “bon courage” ou “bonne chance”. Pourquoi ce titre ? Ce titre est plus une sorte de grigri en fait. La première fois que je suis montée sur scène on m’a dit “toï toï” et je ne comprenais pas trop ce que ça voulait dire à la base. Et c’est vrai que c’est un mot qui ne m’a jamais quitté, notamment cette année où j’ai eu la chance de faire beaucoup de scènes. J’ai eu de grands tracs et ce toï toï m’a beaucoup accompagné sur scène. Donc oui, bonne chance quoi ! J’ai envie de souhaiter bonne chance à ces quatorze chansons, qu’elles puissent voyager ! Justement, ces chansons… Comment les avez-vous écrites ? Vous nous avez parlé de vos inspirations… Parlons de votre processus créatif. Au départ, c’était sur un carnet d’additions ? Oui, ça commençait très souvent comme ça oui ! “Vite vite un carnet d’additions entre le faux filet et le cabillaud !”. Je notais vite des phrases, puis je récupérais tout ça chez moi. Pour écrire, je commence très souvent le texte avant la musique. J’ai besoin d’assez de temps pour écrire. J’ai besoin de voir le film, qu’il soit vraiment clair. Et ensuite je peux commencer à écrire. Quand j’écris une chanson, je suis dans un truc où je regarde tout. J’ai l’impression d’un accouchement, ça peut même être violent. Parfois des émotions peuvent remuer. C’est un processus où toute ma vie rentre en compte. Bref c’est tout un truc. Et la musique vient broder ensuite. Elle s’ajoute subtilement. Mon but est de mettre le texte en avant, même si la musique est évidemment primordiale car elle arrive pour appuyer les mots. Je pense que sur cet album, c’est plutôt bien réussi. Ensuite je vois mon ami Valentin Marceau en studio. C’est mon réalisateur et j’aime travailler avec lui car il est très talentueux et autant capable de bosser avec moi qu’avec Michel Sardou ou d’autres... C’est quelqu'un qui comprend vraiment l’ADN des artistes. On a poussé ces chansons jusqu’au bout avec Valentin. Donc c’est plutôt un processus solitaire au départ… Ah oui complètement. Je suis très seule au départ, j’aime beaucoup ça d’ailleurs. Ensuite je m’ouvre petit à petit pour le bien de la chanson. J’aime beaucoup fonctionner comme ça. Vous avez même fait une chanson sur vous-même qui porte votre nom de scène, “Suzane”. Pourtant, ce n’est pas vraiment un égotrip… Non parce que je ne voulais pas que ça le soit. Je voulais que cette chanson parle au plus de gens possible. Je pense ne pas être la seule à avoir des rêves. On en a tous. Je voulais rappeler aux gens que parfois, il ne faut pas trop écouter ses proches car ils sont toxiques car ils s’inquiètent. Ce sont les premiers à nous dire de faire gaffe, et c’est pas méchant. Je voulais dire qu’il fallait oublier tout ça, et que quand on a l'impression que pour soi, c’est ce chemin et pas un autre, eh bien il faut le suivre. Au travers des textes que vous écrivez, il y a beaucoup de sujets actuels, comme le harcèlement sexuel, l’homosexualité, l’écologie, l'addiction aux nouvelles technologies… Il y a des messages que vous souhaitez faire passer… Comment allez-vous chercher toute cette inspiration ? Je pense que dans ma vie de citoyenne, il y a des choses qui me parlent plus que d’autre. Et comme dirait Julien Clerc, une chanson peut être utile aussi. Je pense que la musique est une grande arme. Elle peut soulever des questions, avec de l’humour ou pas, sans donner de leçons. Avec une écriture plus frontale. Je suis touchée par ces thèmes depuis quelques années. J’essaie de décrire ce monde dans lequel je vis. C’est un moyen de me défendre que de parler de ça. On entend que vous êtes une artiste concernée, voire engagée… Que pensez-vous de cet engagement de l’artiste ? Quand l’artiste est engagé, c’est que déjà, l’humain l’est à la base, je crois. On n’est pas tous des artistes engagés, et heureusement. Il faut de tout. Des chansons d’amour, des chansons engagées. Moi je pense que oui, je suis comme ça… Du coup je m’arrête sur ce genre de thèmes. Le mot “concernée” est très juste. Je ne vais pas faire une manif à chaque fois car malheureusement je n’ai pas le temps, mais j’ai envie de m’exprimer par l’art et par la musique. C’est ma manière à moi de montrer mon engagement. Dans “Il est où le SAV ?”, on est clairement entre la chanson et l’électro… Comment êtes-vous arrivée à cette osmose ? Pour moi ce contraste est une évidence. J’ai tellement écouté de chanson française en étant jeune, ensuite je suis arrivée à l’électro vers dix-sept ans après le Conservatoire. Je suis sortie un peu en clubs à ce moment-là, où j’ai découvert Daft Punk, Vitalic, Justice... J’ai trouvé ça très puissant et ça ne m’a jamais lâché. Une vraie claque. Au moment où je commençais à faire de la musique, ça m’a paru évident d’intégrer tout ça. Voilà, c’est tout cela qui fait aujourd’hui mon ADN. Votre projet artistique mêle donc danse et musique. Comment fait-on vivre tout ça quand on est seule en scène, et qu’on est l’artiste la plus programmée en festivals en 2019 ? Depuis ma première scène au Forum de Vauréal en 2018, je vis de vraies rencontres avec le public. Donc je ne suis pas vraiment seule ! Avec mon déclencheur Akaï Mini je balance les sons quand je veux, c’est une extrême liberté pour moi sur scène. C’est tellement différent de l’époque de danse classique avec mon petit chignon bien aligné, le même rouge à lèvres, etc. Il fallait même que je dise à ma mère “alors je suis celle devant à droite” (rires) donc là sur scène je suis passée du tout au tout. Et c’est vrai que de ne pas avoir une chorégraphie à respecter, je me sens bien comme ça. Je danse, je peux improviser, il n’y a rien d’arrêté. Vous êtes plutôt du genre “traqueuse” avant de monter sur scène ? Oh oui je le suis. Mais en même temps, c’est le trac qui me fait monter sur scène. C’est une adrénaline mais ça peut aussi être un peu paralysant. Il faut faire attention mais c’est vrai que cette année j’ai eu la chance de n’avoir que du bon trac, et ce toï toï qui m’accompagne pour monter sur scène. J’essaie à chaque fois d’avoir un petit rituel en m’échauffant le corps ou la voix. Je suis assez exigeante sur scène, je pense que ça vient de la danse classique. Alors voilà, j’essaie vraiment de me préparer car je pense que la scène, ça se mérite. Je fais donc tout à fond pour la mériter. Vous avez aussi fait une mini tournée en Chine l’an dernier…. Quel sentiment en avez-vous gardé ? Au début je me suis dit “mais pourquoi mon tourneur m’envoie en Chine ?”. Je me disais qu’ils ne comprendraient pas ma langue et qu’ils s’en ficheraient. Au contraire, j’ai été super bien accueillie. Pas comme Madonna mais quand même ! Ça a été très enrichissant car c’est là où j’ai écrit Il est où le SAV ? car j’ai été particulièrement choquée par la pollution à Shanghai, il y avait un smog permanent et dense partout, on rentrait à l'hôtel et on se mouchait noir ! Je me suis dit qu’un jour le monde serait comme ça... Ça a été très intense, je ne regrette pas d’être partie en Chine et j’espère y retourner. Quel est votre rêve aujourd’hui Suzane ? J’en ai encore beaucoup. Mais il y en a un qui va se réaliser le 1er décembre 2020, je l’ai su il y a quelques jours et je le partage avec vous : mon premier Olympia aura lieu à cette date. Je trouve ça fou. Je me revois encore en train d’écrire ces paroles sur ce fantasme dans ce restaurant. J’en rêvais et là je vois marqué “Suzane à l’Olympia le 1er décembre”. Mon rêve est que j’espère ne jamais perdre ce truc d’être impressionnée par ce qui m’arrive. De ce que la musique amène dans une vie.   Propos recueillis par Valérie Passelègue et Laurent Coulon, pour RFI et La Fabrique Culturelle.

    Les coulisses de la création - Thylacine en mode « road trip »

    Play Episode Listen Later Apr 30, 2019 26:08


    Thylacine est un compositeur français de musique électronique. À même pas 30 ans, il vient de sortir son deuxième album, Roads, Vol.1. Rencontre. En partenariat avec La Fabrique Culturelle. Avant de commencer Thylacine, juste une photo que j’aimerais vous montrer. Qu’est-ce qu’elle vous inspire ?Ah…! (sourire) Oui, c’est le début, le commencement. C’est un thylacine, mais l’animal cette fois-ci. En fait j’ai choisi ce nom il y a maintenant six ans. Je ne voulais pas que mon projet s’appelle William Rezé. Je voulais que ce soit un peu plus large que juste ma personne et je n’avais pas envie non plus de créer un nom qui ne veuille rien dire. Il s’avère que j’étais en études de biologie, je suis tombé sur ce mot par hasard et je l’ai trouvé beau. Il m’évoquait quelque chose de nouveau. Cela ne me rappelait pas un animal, mais j’ai eu envie de donner une deuxième vie à cet animal disparu, chassé par l’homme. Sa deuxième vie n’a donc rien à voir, elle est culturelle, musicale ! Je voulais continuer de faire vivre ce mot, cet animal, qui a une belle histoire. Le thylacine est un animal entre le loup et le kangourou. Et justement, le kangourou, c’est un peu votre démarche aussi puisque vous sautez d’un continent à l’autre, d’un univers à l’autre… Comment cela a commencé pour vous ?J’ai commencé tôt. Par le saxophone et le solfège vers cinq ou six ans. Je suis passé par le conservatoire, j’ai fait du jazz, dans des groupes en jouant du saxo et de la basse aussi. Je suis venu aux musiques électroniques plus tard finalement. J’étais aux Beaux-Arts à l’époque, et j’ai eu envie de créer quelque chose qui me ressemble, quelque chose dont je sois vraiment fier et dont je maîtrise tous les aspects. Il s’avère que, comme je ne suis pas chanteur et que je n’avais pas d’orchestre sous la main, la musique électronique a été la façon de faire la plus simple. Un clavier, un logiciel, et j’ai commencé à composer. Les Beaux-Arts ont été importants dans votre démarche artistique, ça vous a aidé ?Oui, ça a un peu été le déclenchement de tout. Ce sont les Beaux-Arts qui m’ont appris à mener à bien un projet de A à Z. De le rendre compréhensible, d’en maîtriser tous les aspects : le rapport à l’image, la façon dont je vais jouer en concert, la façon dont je vais présenter les morceaux, les albums, les pochettes… C’est une école qui te pousse dans tes retranchements et t’aide à savoir ce que tu as vraiment envie de faire, de ta vie, de tes mains. C’est là que vous rencontrez Camille Després, avec qui vous enregistrez votre premier EP ?Exactement oui. C’étaient quelques titres, on n’était pas encore vraiment sur un album mais effectivement c’étaient les premières recherches, les premiers featurings. On était tous les deux aux Beaux-Arts et cela nous a semblé évident de travailler ensemble sur ces quelques morceaux. Quand on commence à faire un morceau, dans quel contexte on le fait ? Quel est le premier déclencheur ?Au départ, c’est intuitif. On a très envie de composer et on y va comme ça. Ensuite je me suis rendu compte que je composais des choses plus intéressantes quand j’étais en mouvement. Quand j’étais en voyage, dans différents lieux. Dès que je restais dans un appartement pendant assez longtemps, je n’arrivais plus à composer ! J’avais l’impression d’avoir utilisé le lieu, et que je n’avais plus rien à raconter. De là est partie l’idée de composer en voyageant. C’est de là qu’est venue cette soif de voyages ? Elle vous aide à trouver l’inspiration ?Oui c’est vraiment une nécessité, je le vois vraiment comme ça. Il faut se poser la question de savoir pourquoi, un jour, ça marche et pourquoi on a beau travailler une semaine sans que rien ne sorte, avec une musique ennuyante… Alors je me suis rendu compte que dans le train entre deux concerts, avec le paysage, des gens nouveaux autour de toi, un environnement en évolution permanente, ça m’inspirait. Je me suis dit : "on va prendre le train le plus long du monde et on va voir ce qu’il va en ressortir musicalement". Et c’est là que nait l’album Transsiberian en 2015…Exactement. J’ai pris toutes mes machines, j’ai pris le Transsibérien et j’ai fait plein d’arrêts un peu partout, qui ont été décisifs puisque c’est là aussi que j’ai enregistré beaucoup de voix, en faisant des rencontres. Les morceaux découlent aussi de ces rencontres très fortes qui sont inspirantes. Quand je remontais dans le train, j’avais énormément de choses à raconter. Cette nécessité de créer arrive à ce moment-là, plutôt que d’être chez soi et de se dire "bon allez je vais faire de la musique" ! Quand on vit des choses très fortes comme ça, ces voyages, on a envie de les raconter. C’est important pour moi. Le choix du Transsibérien, de ce voyage en particulier… Y avait-il une raison précise ? Je pouvais partir pendant vraiment longtemps, avec une semaine de train sans en sortir du tout ou presque, c’est assez costaud ! Et il y avait aussi le fait que c’étaient des endroits que je ne connaissais absolument pas. Je partais vierge d’idées sur la Russie, sur la Sibérie. J’aimais bien cette idée-là. Et en plus, le fait que des auteurs comme Blaise Cendrars aient écrit sur le spleen du Transsibérien, c’était aussi l’idée de réinterpréter ça de manière totalement actuelle avec la musique électronique. Faire un clin d’œil musical avec cette inspiration du Transsibérien. Votre démarche de création musicale est-elle aussi influencée par la littérature, vos lectures ?Très honnêtement je prends assez peu le temps de lire. Mais j’aime beaucoup la génèse de l’inspiration… C’est quoi l’inspiration ? J’essaie d’apporter ma réponse avec les musiques électroniques… J’ai besoin de me couper un peu de tout, de découvrir des choses, de ne pas avoir de routine. Plus je vis des choses fortes, plus j’ai des choses fortes à raconter. Votre nouvel album, Roads Vol. 1, est un voyage sonore en Argentine… Pourquoi l’Argentine ?J’avais envie d’un truc un peu fou… Avoir mon propre studio que je pourrais emmener partout, qui marche à l’énergie solaire ! Du coup, j’ai passé cinq mois à travailler sur tout ça, à travailler avec un acousticien pour avoir un studio parfait, qui fait maison, avec cuisine, douche et lit, pour pouvoir vivre dedans. J’ai alors commencé à chercher des lieux. L’Argentine est arrivée un petit peu par hasard, grâce au musicien Gustavo Santaolalla, qui fait pas mal de musiques de film. Je l’ai réellement apprécié et j’ai commencé à découvrir l’immensité de l’Argentine, le rapport du pays avec la route… Je n’avais jamais mis les pieds en Amérique du Sud, et là, je me suis rendu compte qu’il y avait un petit peu tout. J’ai pris un cargo qui m’a transporté avec ma caravane-studio, et je suis arrivé à Buenos Aires. Vous y avez tourné le clip de Purmamarca, qui recèle des images magnifiques. Pouvez-vous nous en parler ?C’est plein d’images que j’ai faites moi-même ou provenant de réalisateurs. Elles représentent plusieurs arrêts que j’ai pu faire en Argentine, et notamment ce petit village, Purmamarca où je suis resté quelques jours. J’y ai acheté des instruments, j’y ai rencontré des gens, fait des enregistrements dans la caravane en invitant les musiciens que j’ai pu y rencontrer. Ils étaient surpris en rentrant dans la caravane ! En découvrant cette sorte de vaisseau spatial dédié à la création et à la musique. Ce sont des rencontres géniales, tout le monde était ravi. Mon but est de rencontrer des gens, de découvrir leur musique, de nouer des choses. J’essaie de trouver des inspirations dans la musique qu’ils écoutent et dans la musique qu’ils font, dans les discussions. On voit dans votre clip que vous tentez de créer des liens en mettant la main à la pâte, en partageant certaines des tâches. Cela fait partie de votre implication dans cette vie qui n’est pas la vôtre ? Oui, quand je me plonge dans un voyage comme ça, j’ai envie d’aller jusqu’au bout. Je suis par exemple resté après dans un autre village, Santa Barbara, paumé au beau milieu de la Cordillère des Andes, sans électricité, avec l’eau de la rivière. Des relations se sont créées, je leur ai donné des médicaments pour leur bébé, ils n’avaient pas de voiture alors je les emmenais dans certains endroits, voilà… et une vraie relation forte s’est créée et au fur et à mesure, je les aidais à aller couper du bois, on faisait la cuisine ensemble, on mangeait ensemble. C’était quelque chose d’assez génial pour moi. Ce n’était pas du tout une rencontre musicale mais on vivait ensemble en autonomie et c’était très fort. On allait pêcher à la main, chasser les condors en pleine montagne. C’était très inspirant. Cela m’intéresse de rencontrer des gens qui ont une vie très différente de la mienne. Et cela participe à votre processus créatif…C’est hyper inspirant. Fort en émotion. Des moments comme ça, on a envie de les partager. Et pour moi, les partager, ça veut dire la partager en musique avec tout le monde. Vous composez une électro très soft, un peu planante. Comment se fait cette alchimie entre ce que vous ressentez, vos rencontres et ce rendu qui épouse l’environnement dans lequel vous vous trouvez ?Je n’en ai pas vraiment la recette. Parfois, ce sont des enregistrements, que ce soit des voix ou des bruits qui m’entourent qui sont le point de départ d’un morceau. Parfois ce sont juste des émotions, et justement, j’adore voir comme un lieu où je suis va pouvoir se retrouver dans ma musique. Cela me fascine ! Voilà pourquoi j’ai envie qu’il s’appelle Roads Vol.1, car j’ai envie de l’emmener vers un volume 2 et un endroit totalement différent, afin de voir comme l’environnement différent engendrera une musique totalement différente. Dans cet album comme dans le précédent, on peut entendre un certain nombre d’instruments, des voix, des bruitages. Est-ce que la musique électronique a besoin de ces sons organiques ?Pour moi oui. Je fais de la musique électronique parce que j’adore composer, et que c’est une musique qui permet de composer de manière très facile tout en cassant beaucoup de barrières. Je me permets de mélanger beaucoup de choses dans ma musique : un peu de jazz, un peu de classique, parfois des musiques du monde ou des musiques plus acoustiques. C’est vrai que j’aime bien ce mélange-là. J’ai utilisé beaucoup d’instruments comme des guitares, des percussions, ou d’autres instruments que je collectais au gré de mon voyage. J’ai aussi renoué avec le saxophone sur quelques morceaux. J’aime bien l’énergie de la musique électronique et lâcher des sons synthétiques, et les mêler à des sons plus fins, qui ont une histoire, et qui sont plus acoustiques. Vous venez d’Angers. Quelles sont les influences musicales que vous avez pu avoir ? J’ai lu que Paul Kalkbrenner ou Modeselektor, la scène berlinoise, vous avaient pas mal inspiré. En quoi ces artistes ont pu vous influencer ?J’écoute beaucoup de musiques différentes. Steve Reich, Philip Glass ont été presque des points de départ pour moi dans la musique répétitive. Les musiques de films aussi…Plein de choses différentes. Je n’aime pas être influencé parce tout ce qui marche, tout ce qui est à la mode. J’essaie de me couper un petit peu de tout. J’aime pouvoir me perdre et faire ce qui me plait sans trop me poser de questions. Justement, vous avez composé des musiques de films. C’est un travail différent. Comment cela peut être inspirant pour vous ?Eh bien je ne trouve pas cela si différent. Une histoire, c’est un voyage, quelque part ! Alors oui j’en suis un peu plus détaché, car l’histoire est déjà écrite, mais mon but à moi est d’interpréter cette histoire, cette narration, avec de la musique. C’est un exercice que j’aime beaucoup car ça permet de libérer de certaines contraintes refrains/couplets qu’on a sur un album. On peut casser un peu tout ça… Et c’est à moi de l’interpréter en musique. Tous les réalisateurs ne travaillent pas la musique de film de la même manière, comment cela s’est passé lorsqu’ils ont fait appel à vous ?Ils m’ont plus ou moins laissé carte blanche. Je regardais le film, je composais et on en parlait après. D’abord il faut que ça sorte, et après on en discute. Et là à chaque fois, ça sortait, et tout le monde était content. C’était top. Bon, et alors donc, un Roads Vol.2 est déjà en préparation ?Oui quand j’ai construit cette caravane, c’était presque un projet de vie, de création. Ce n’était pas uniquement pour cet album, j’avais envie de pouvoir emmener cette caravane-studio partout, quand je veux. Je ne sais pas encore où je me rendrai exactement ni quand, mais j’espère bientôt, pour pouvoir continuer cette série de voyage avec ce studio. C’est ce qui m’excite tout simplement, et c’est comme ça que je suis le plus créatif. Aucune idée d’un prochain lieu ? Le thylacine vient de Tasmanie, alors pourquoi pas là-bas ?Je ne vous le dirai pas pour l’instant ! (sourire). J’attends d’être sûr de pouvoir le faire… Oui ce serait intéressant d’aller là-bas, mais on n’est pas forcément obligé d’aller très loin, pourquoi pas aussi dans des coins reculés en France. D’ici-là, beaucoup de concerts sont prévus dans les mois qui viennent…Beaucoup de concerts oui. Le but est aussi de partager ma musique. J’aime créer et designer une grosse scénographie qui permet de visualiser ce voyage. Partager scéniquement est un excellent moment. Reprendre la route pour ça est un vrai plaisir.

    Claim Les Coulisses de la création

    In order to claim this podcast we'll send an email to with a verification link. Simply click the link and you will be able to edit tags, request a refresh, and other features to take control of your podcast page!

    Claim Cancel