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Au Soudan, il y a un mois, les Forces de soutien rapide (FSR) des paramilitaires en guerre contre l'armée soudanaise prenaient le camp de déplacés de Zamzam. À quelques kilomètres de la ville d'El Fasher, Zamzam était le plus important camp du Darfour, immense région de l'Ouest soudanais. Plus de 400 000 personnes y avaient trouvé refuge. Elles sont aujourd'hui éparpillées dans le désert. Selon l'ONU, la guerre au Soudan est la plus importante crise humanitaire du moment. Antoine Gérard est le coordinateur humanitaire adjoint des Nations unies pour le Darfour. Il revient d'une mission sur place et répond aux questions de Gaëlle Laleix. RFI : Vous revenez du Darfour. Est-ce que vous pouvez nous raconter ce que vous y avez vu ? Antoine Gérard : Effectivement, j'ai passé une quinzaine de jours dans le nord du Darfour, pas très loin d'un site qui est assez connu malheureusement, par les événements récents : le camp de Zamzam. Et la raison de notre mission, c'est que le camp est devenu une base militaire des Forces de soutien rapide (FSR) et beaucoup de gens 500 000 ou 600 000 personnes ont fui. On a essayé, puisqu'on était à 30 ou 40 kilomètres de Zamzam, d'y avoir accès. Malheureusement, pour des raisons de sécurité mais aussi de négociation, on n'a pas pu le faire. Et ce n'était pas que les Nations unies. On a discuté avec d'autres ONG internationales qui n'ont pas plus non plus avoir accès à Zamzam. Ce qu'on a entendu, c'est qu'il ne reste plus que 8 000, 10 000 personnes, des gens relativement vulnérables qui n'ont pas pu partir. Et aujourd'hui, l'assistance que l'on aurait pu mener est pour ainsi dire impossible, ce qui est dû à ces problèmes de sécurité et d'accès sur le camp de Zamzam. Et donc, on travaille en périphérie, essentiellement à Tawila qui est une ville qui n'était pas prête pour accueillir 200 000, 300 000 personnes sur une période de quinze jours, trois semaines.Où sont passés et que sont devenus les 500 000 déplacés de Zamzam, aujourd'hui ? Donc, certains sont à Tawila, d'autres ont préféré aller sur la ville d'el-Fasher qui est une ville où il y avait déjà à peu près 1,5 million de personnes. Et ces nouveaux déplacés dans la ville vivent dans la rue. D'après les témoignages que l'on a reçus des ONG nationales qui sont encore sur place, d'autres ont décidé d'aller au-delà de cette ville de Tawila et de prendre la route même de l'exil à travers l'ouest du Soudan, à travers le Darfour. Certains deviendront des réfugiés au Tchad, là où nous avons déjà à peu près 600 000 réfugiés, si ce n'est plus, dû à ce conflit qui perdure depuis deux ans.Comment se déplacent les gens. Combien de kilomètres y a-t-il entre Zamzam et le Tchad ? Quand on est au Darfour, on compte plutôt en moyens de locomotion plutôt que kilomètres. Parce que les kilomètres ça ne veut pas dire grand-chose parce que ça dépend de ce que vous avez comme moyen. Certaines familles, au début, avaient encore les moyens de pouvoir être sur des camions. Les camions, en fait de l'assistance humanitaire qui repartaient à vide, repartaient avec des familles. D'autres ont des ânes. Un voyage en camion, ça va prendre trois-quatre jours jusqu'à la frontière tchadienne. Mais avec des ânes, ça prendra deux ou trois semaines et d'autres sont à pied à côté des ânes. Donc, c'est un mois de voyage avec, pour nous, un dilemme : c'est-à-dire, comment apporter un soutien humanitaire à des personnes en déplacement ?Et ces routes sont-elles sûres ? Ce ne sont pas des routes sûres. C'est-à-dire que les gens qui sont sortis du camp de Zamzam sont partis la nuit. Ils ont essayé de fuir les combats, mais aussi pour certains et pour certaines, ils ont subi des violences, que ce soient des violences sexuelles ou d'autres. Il y a des recrutements forcés de jeunes garçons par les Forces de soutien rapide et du coup, il y a des stratégies qui sont mis en place pour essayer d'éviter de tomber dans les checkpoints de ces forces. Une des stratégies, c'était de déguiser les jeunes garçons en filles. Mais, maintenant, malheureusement, les forces ou ceux qui sont affiliés aux forces déshabillent les uns et les autres sur la route. On a eu des témoignages à Tawila qui sont assez dramatiques sur la façon dont les gens ont fui les combats, sont arrivés à Tawila ou plus à l'intérieur de Djebel Marra.Aujourd'hui, pour les acteurs humanitaires, quels sont les défis ? Ils sont nombreux. D'abord, répondre aussi rapidement à ce mouvement massif de population. Sur Tawila, de 250 000, 300 000 personnes, et sur d'autres localités, ce n'est pas évident d'avoir toutes les capacités. Il y a des problèmes de financement de ces ONG nationales et internationales. Ça se passe dans le contexte de diminution drastique de la part des Américains, mais également d'autres bailleurs de fonds, de leur contribution à l'assistance humanitaire. Et puis des questions de capacité. C'est-à-dire que les gens qui étaient là étaient sur des programmes un petit peu plus établis sur les déplacés qu'il y avait depuis deux ans ou d'autres depuis plus longtemps. Et subitement, il faut redoubler de capacité devant un nombre incroyable de personnes qui sont arrivées assez rapidement sur cette ville.À lire aussiSoudan: les FSR revendiquent la prise du camp de ZamZam au Darfour, «tuant de nombreux civils» À lire aussiSoudan: au moins 14 morts dans des frappes paramilitaires sur un camp de déplacés
En Côte d'Ivoire, Tidjane Thiam ne renonce pas. Deux semaines après sa radiation des listes électorales par un tribunal d'Abidjan, le président du PDCI, le principal parti de l'opposition ivoirienne, continue de croire en ses chances de pouvoir être candidat à la présidentielle d'octobre prochain. Mais quelle est sa stratégie ? Et que fera-t-il si ça ne marche pas ? Acceptera-t-il que le PDCI présente un autre candidat ? Ousmane Zina est professeur agrégé en sciences politiques à l'Université de Bouaké. En ligne de Côte d'Ivoire, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Alors, la justice ivoirienne se fonde sur le code de nationalité qui indique qu'on perd sa nationalité ivoirienne quand on acquiert une autre nationalité. Mais Tidjane Thiam réplique que cet article du code n'a jamais été appliqué et qu'à ce compte-là, la plupart des joueurs de l'équipe de football de Côte d'Ivoire ne pourraient pas jouer pour les Eléphants…Ousmane Zina : Bon, le fait qu'un texte existe, ou alors qu'une loi existe, ou une disposition existe et qu'elle n'ait jamais été appliquée, elle se trouve alors, cette disposition, dans une forme de silence. Est-ce que le silence de la disposition fait disparaître la disposition en soi ? Ça reste un débat juridique assez ouvert. La décision de justice, elle est là et on est obligé de l'observer en tant que tel.Depuis quelques jours, le PDCI parvient à mobiliser de plus en plus de partisans. Ils étaient plusieurs milliers samedi 3 mai dans les rues d'Abidjan. Une vingtaine de partis d'opposition appellent à un rassemblement le 31 mai. Est-ce que l'exclusion électorale de Tidjane Thiam ne va pas électriser le débat politique ?Oui, on n'est pas à la première expérience d'un jeu politique assez électrique en Côte d'Ivoire. Et je pense que la mobilisation qui est en train de se faire progressivement par le PDCI… Le PDCI est effectivement dans une disposition de combat, de combat politique. Maintenant, la question est de savoir quelle tournure pourrait prendre ce genre de tension. Et je pense que la Côte d'Ivoire n'a pas intérêt à basculer dans aucune forme de violence. L'appel à la violence ne serait pas le bienvenu dans ce contexte déjà fragile et ce contexte régional encore plus fragile.Autre stratégie de Tidjane Thiam, qui est en Europe depuis quelques semaines : pousser la communauté internationale, notamment la Cédéao et les pays européens, à prendre position en sa faveur. Qu'en pensez-vous ?Oui, je pense que c'est une stratégie diplomatique. Vous savez, on l'a vu dans le contexte ivoirien. Comment les accords politiques, les arrangements politiques, forgés à partir de relations avec la diplomatie africaine et la diplomatie internationale, ont pu changer de trajectoire… Et donc cela fait partie de la démarche d'un homme politique, qui a des ambitions présidentielles, de jouer sur ses réseaux, à la fois internes et internationaux, et d'espérer que la diplomatie, par ses actions, puisse faire bouger les lignes. Et l'idée ici, en passant par cette voie de la diplomatie africaine et internationale, l'idée, c'est de finalement trouver peut-être une solution politique à cette situation, à cette crise.« Le candidat du PDCI, en octobre prochain, ce sera moi ou personne », dit Tidjane Thiam. Comment analysez-vous cette stratégie ?Je pense que c'est dans la continuité de la démarche de Tidjane Thiam, qui est arrivé et qui a pris la tête du PDCI. Depuis qu'il a été désigné candidat du PDCI, il est dans cette démarche effectivement de conquête du pouvoir et donc je pense qu'il est dans cette démarche-là d'aller au bout. Et si éventuellement sa candidature n'est pas acceptée, la solution du seul plan qui existe va sûrement déboucher sur un boycott. Je pense que c'est cette impression que ça laisse présager.Si Tidjane Thiam ne peut pas y aller, si Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, Guillaume Soro ne peuvent pas y aller non plus, est-ce que la présidentielle dans six mois ne va pas perdre l'essentiel de sa légitimité ?On peut se poser effectivement cette question de la légitimité par rapport au poids des acteurs. Effectivement, la présence de ce type d'acteurs, notamment Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, donnerait en fait de la tonicité à cette élection présidentielle. Mais aller jusqu'à dire que leur absence délégitimerait cette présidentielle, je pense que le jeu démocratique compose avec ceux qui sont présents et ceux qui peuvent participer sur le plan juridique effectivement à des élections présidentielles.Du côté du parti au pouvoir RHDP, le président Alassane Ouattara ne dit toujours pas s'il va briguer ou non un quatrième mandat. Qu'est-ce qu'il va faire à votre avis ?(Rires) Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que le président Ouattara va faire. Ce que je sais, c'est que, en fin juin, il y aura un congrès et donc il garde le suspense. Il est, dans cette approche de l'horloge, la maîtrise du temps. Et puis l'effet surprise, on ne sait jamais. Est-ce qu'il y a un dauphin ? Pour l'heure, on ne peut pas penser à un dauphin qui émerge très clairement. On l'aurait su depuis plusieurs mois en arrière. On peut penser à quelques acteurs clés, des cadres qui ont des légitimités électorales par leur parcours. On peut imaginer effectivement ce scénario, mais désigner un dauphin à l'heure actuelle, je ne suis pas très sûr. Dans le contexte actuel, on ne voit pas poindre à l'horizon un acteur qui émerge.
Au Mali, ce jeudi est un 1er-Mai pas comme les autres, car depuis mardi, on sait que le régime militaire du général Assimi Goïta envisage publiquement de se maintenir au pouvoir sans élections pendant au moins 5 ans et qu'il projette de dissoudre tous les partis politiques. Comment vont réagir ces partis ? Et en ce 1er-Mai, vont-ils pouvoir compter sur la solidarité des grands syndicats du pays ? Le sociologue malien Mohamed Amara a publié Marchands d'angoisse, le Mali tel qu'il est et tel qu'il pourrait être, aux éditions Grandvaux. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Mohamed Amara, bonjour,Mohamed Amara : bonjour.La concertation nationale qui propose de dissoudre tous les partis politiques et qui recommande que le général Assimi Goïta soit nommé président pour cinq ans, est-ce que c'est un tournant ?Bien sûr que c'est un tournant. C'est une nouvelle épreuve pour le Mali de voir, après 30 ans de démocratie, qu'une autorité de transition décide de dissoudre les partis politiques d'une part, et d'autre part de proposer de nommer le président de transition en tant que président de la République. C'est une première dans l'histoire du Mali contemporain.Et vous pensez que beaucoup de Maliens vont faire le parallèle entre aujourd'hui et l'époque du régime militaire du général Moussa Traoré, de 1968 à 1991 ?Je pense que le parallèle est quasiment fait, du fait de tous les mouvements de résistance qui commencent à se mettre en branle, qui dénoncent ces recommandations et du fait de l'ensemble des partis politiques. J'espère qu'ils vont se mobiliser parce que, s'ils ne se mobilisent pas d'une façon ou d'une autre, ils participent à leur propre enterrement, ce qui n'est bon ni pour la démocratie malienne ni pour l'héritage de ce qui a été légué par les Modibo Keïta, par les Alpha Oumar Konaré et j'en passe. Donc, j'espère qu'ils vont se mobiliser pour dénoncer cette confiscation du pouvoir.Et c'est tout l'enjeu des mobilisations à venir, s'il y en a, ou des stratégies de rejet de cette dissolution des partis politiques, qui sont inscrits dans la Constitution. Même dans la Constitution qui a été votée en 2023, où on a dit que le multipartisme, comme les mandats du président, sont des points qui ne sont pas modifiables, ne sont pas révisables.À lire aussiMali: vers une pérennisation de la Transition sans électionsAlors aujourd'hui, c'est le 1er mai, donc le jour des syndicats dans le monde entier. Au Mali, on sait qu'ils ont joué un grand rôle, notamment lors de la révolution de 1991 qui a mis fin au régime militaire de Moussa Traoré. Mais à présent, est-ce qu'ils ont encore une influence sur le cours politique des choses au Mali ?Évidemment, les syndicats sont un rempart important contre les dérives autoritaires du régime, qu'il s'agisse d'un régime militaire ou démocratique. Et vous avez parfaitement raison que dans les années 1990, l'Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a été un des acteurs principaux de la lutte contre les dérives du régime dictatorial de Moussa Traoré. Et ce rôle-là, cette place-là, il me semble que les syndicats l'ont toujours.La seule différence entre les années 1990 et aujourd'hui, c'est que le responsable principal de la centrale syndicale UNTM est aujourd'hui le président du Conseil économique et social, une des institutions importantes de la République du Mali. Et ça, c'est une faiblesse, une fragilité aujourd'hui pour le monde syndical au Mali.Donc la double casquette de Yacouba Katilé, qui est à la fois le secrétaire général du syndicat majoritaire et le président du Conseil économique, social et culturel, brouille son image et affaiblit peut-être le poids de l'UNTM face au pouvoir politique ?Cela brouille son image et impacte effectivement la capacité de mobilisation du monde syndical pour tout mouvement de résistance, malheureusement. Toujours est-il que je crois à la force du monde syndical. Parce que rappelez-vous, par exemple, que le Syndicat national des banques, assurances, microfinance (Synabef), etc. a réussi à obtenir la libération de deux de ses membres de la banque Ecobank. C'était à la mi-avril. Et si demain, il y a une convergence des luttes, ça ne peut venir que des liens entre le monde syndical et le monde politique, comme ce qu'on a connu dans les années 1990.En Pologne, il y a 45 ans, c'est le syndicat Solidarnosc de Lech Wałęsa qui a lancé le mouvement de protestation contre le régime du général Jaruzelski. Dans le Mali d'aujourd'hui, est-ce que l'UNTM de Yacouba Katilé pourrait jouer un rôle similaire ou non ?Tout dépendra de comment les rapports de force évolueront. Effectivement, il y a le syndicat que vous rappelez, celui de Lech Wałęsa en Pologne dans les années 1980. Mais rappelez-vous déjà que, en 1990, l'UNTM à la Bourse du travail était aux premières loges et mobilisait. Et je pense que cela est possible aujourd'hui, au Mali, s'il y a un vrai conflit socio-politique qui s'ouvre entre le pouvoir actuel et les mouvements syndicaux, politiques et associatifs.Mohamed Amara, merci.À lire aussiAu Mali, les partis politiques craignent pour leur survie
Hadrien Clouet, député LFI de Haute-Garonne et vice-président de la Commission des Affaires sociales, répond aux questions de Thomas Schnell. Ensemble, ils reviennent sur la réaction de Bruno Retailleau après le meurtre dans une mosquée du Gard. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Il est devenu le visage et la voix de l'opposition à Recep Tayip Erdogan en Turquie : Özgür Özel est l'Européen de la semaine sur RFI. Cet ancien pharmacien mène le mouvement de protestation déclenché par l'arrestation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu le 19 mars dernier. Özgür Özel a repris le flambeau de l'opposition au président turc. C'est lui qui harangue les dizaines de milliers de manifestants dans les rues d'Istanbul depuis plus d'un mois. Pour Özgür Özel, cette lutte dépasse les questions politiques ; c'est la démocratie qui est en jeu. « La lutte ici n'est plus une lutte entre partis politiques », expliquait-il dans une interview à l'AFP le 9 avril dernier. « La démocratie et l'autocratie s'affronteront et seront soumises au vote. Si nous gagnons, la Turquie se transformera soudainement en une démocratie où l'État de droit, la liberté de la presse, la liberté d'expression, la séparation des pouvoirs et un Parlement fort existeront. »Un inconnu devenu incontournableQuand ce député est choisi pour diriger le CHP, le Parti républicain du peuple, en novembre 2023, son nom n'évoque pas grand-chose aux Turcs. Aujourd'hui, Özgür Özel est une personnalité politique incontournable. Il a achevé sa mue dans la crise avec Recep Tayyip Erdoğan. « C'est quelqu'un qui n'a cessé finalement de s'affirmer depuis qu'il a pris la tête du parti kémaliste et depuis finalement les débuts de sa carrière politique, il a su indiscutablement faire sa place », note Jean Marcou, titulaire de la chaire Méditerranée-Moyen-Orient à Sciences Po Grenoble. « Et aujourd'hui, d'une certaine manière, c'est la configuration des faits qui confirme cette position de Özgür Özel ». La transformation d'Özgür Özel a commencé en 2014 lors de l'accident minier de Soma qui a fait plus de 300 morts, pour Ahmet Insel, un ancien professeur d'économie à l'université de Galatasaray : « À ce moment-là, il était très mobilisé et il a organisé beaucoup de mobilisations sociales. Et peut-être à ce moment-là, on l'a vu apparaître comme une figure politique. »Candidat de substitution ? Est-ce qu'il pourrait devenir le prochain candidat de l'opposition à la présidentielle ? Inimaginable il y a encore quelques mois, l'hypothèse prend forme. Özgür Özel était censé jouer le rôle du numéro 2 aux côtés d'Ekrem Imamoglu. Mais la répression du pouvoir turc rebat les cartes. L'apparatchik est-il en train de devenir l'homme providentiel ? « Un candidat aux capacités supérieures à la moyenne, mais pas excellent qui serait investi à la place d'Imamoglu, avec l'accord d'Imamoglu, a beaucoup de chance parce que du coup, les électeurs vont voter pour Imamoglu », remarque l'économiste turc Ahmet Insel. « On découvre ses capacités de tribun alors qu'Erdoğan est désormais totalement dépendant des textes qui déroulent devant ses yeux dans les discours qu'il fait. Özel arrive parfaitement à tenir pendant des longs moments sans texte. » Mais plusieurs obstacles pourraient venir compliquer ses ambitions, rappelle le chercheur Jean Marcou : « Son élection a été contestée. Les autorités turques essayent actuellement de lancer une procédure pour faire nommer des administrateurs au parti en prétendant que son élection était illégitime. Effectivement, lui aussi pourrait connaître certains problèmes de ce côté-là. »Classe moyenneDiscret sur sa vie privée, Özgür Özel a 50 ans, il vient de province, de Manisa près d'Izmir. C'est un laïc, marié, père d'une fille et il a eu un vrai métier avant la politique, pharmacien. Voix rauque, souriant, c'est aussi un fan de foot, supporter du club de Fenerbahçe. Et un profil en phase avec la société turque.« Il a une image d'une famille de classe moyenne », précise Ahmet Insel. « Ni riche ni pauvre, donc il correspond un peu à l'image qu'aime avoir un peu les classes moyennes des grandes villes qui constituent maintenant le gros des troupes des électeurs puisque la Turquie est devenue la population turque n'est plus une population rurale, c'est une population à plus de 75% urbaine ». Özgür Özel est parvenu à canaliser la colère la population turque. Son principal défi maintenant est de faire vivre le mouvement dans la durée et malgré la répression du pouvoir.
Nouvel épisode de LCDS (La Critique Des Sorties ), notre format critique où l'on analyse une œuvre cinématographique ou sériel !Un thriller d'espionnage à 60 millions de dollars avec Rami Malek, c'est la proposition qui sort de l'ordinaire qui est à l'honneur aujourd'hui. Effectivement à l'air des franchises et grosses IP qui inondent le cinéma hollywoodien, les propositions à budget moyen ont presque toutes disparu. 20 Century Studios s'est lancé dans un projet assez attrayant sur le papier, accompagné d'un gros casting à l'image de Rami Malek, Laurence Fishburn et Jon Bernthal.Le film peut-il relancer une mode ? Acast: https://shows.acast.com/650efd10f66c690011960c1aSpotify: https://open.spotify.com/show/1UydxAKx8fGt2v8dHbPtLUApple Podcasts: https://podcasts.apple.com/us/podcast/la-nuit-des-sorties/id1709018669Deezer: https://www.deezer.com/fr/show/1000297301Youtube: https://www.youtube.com/@LaNuitDesSortiesTwitch: https://www.twitch.tv/lanuitdessortiesTwitter/X: https://x.com/LanuitdesortiesBlueSky: https://bsky.app/profile/lanuitdessorties.bsky.socialTiktok: https://www.tiktok.com/@la.nuit.des.sortiesD Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Fini le boulevard du Général-de-Gaulle à Dakar. Voici le boulevard Mamadou-Dia. Au Sénégal, les autorités débaptisent certaines rues portant des noms français. Pareil au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Mais comme le sujet est sensible, au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko confie cette nouvelle nomination des rues à un Conseil national de la mémoire et de la gestion du patrimoine historique. Michel Ben Arrous est géographe et chercheur associé aux universités de Genève et de Saint-Louis du Sénégal. Au micro de Christophe Boisbouvier, il analyse la stratégie du pouvoir sénégalais. RFI : Le boulevard Charles de Gaulle qui devient le boulevard Mamadou Dia, c'est tout un symbole, non ? Michel Ben Arrous : C'est un symbole, c'est une boucle qui se referme. Mamadou Dia, pour mémoire, c'était le président du Conseil à l'époque de l'indépendance du Sénégal, dans un pouvoir bicéphale avec Senghor. Et Mamadou Dia était déjà opposé à De Gaulle.Au Niger, il y a quelques mois, le nouveau régime a rebaptisé le boulevard Charles de Gaulle, boulevard Djibo Bakary, du nom du Mamadou Dia du Niger, celui qui avait appelé à voter « non » à Niamey en 1958… Oui, tout à fait. Donc, tout cet effort-là est fait au Niger, comme d'ailleurs dans les autres États de l'AES, au Burkina et au Mali.Est-ce que derrière tous ces changements de noms au Sénégal et dans les autres pays du Sahel, on peut parler d'une réappropriation de leur histoire par les habitants ? Oui, certains vont même jusqu'à parler de « décolonisation symbolique ». Mais sur la réappropriation de l'histoire, c'est tout à fait vrai. D'autant plus que c'est l'histoire des sociétés colonisées qui avait été occultée par cette toponymie coloniale, par ces pratiques de nomination commémorative toujours à la gloire de l'entreprise coloniale française. Donc les histoires locales avaient disparu, étaient devenues invisibles. Effectivement, elles reviennent en avant. Maintenant pour parler de « décolonisation », c'est peut-être un petit peu plus compliqué dans la mesure où le principe même de nommer des rues est une importation totalement coloniale. Et le principe de nommer des rues avec des ambitions idéologiques, une toponymie commémorative, ça aussi, c'est une importation coloniale qui tranche totalement avec les pratiques, on va dire anciennes, mais qui existent encore, de nommer des grottes, des arbres, même à Dakar.En 2022, quand il était maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko a débaptisé cinq avenues qui portaient des noms français en disant « En France, vous ne verrez jamais une rue Hitler ». Que pensez-vous de cette comparaison ? Je pense qu'elle appelle deux séries de remarques. La première, c'est qu'il utilise la toponymie comme un instrument de politique internationale. Ces renominations, elles ne s'adressent pas seulement aux ziguinchorois, à ses administrés, elles s'adressent aussi au public international qui peut l'écouter. Et elles sont en particulier un outil dans ses relations avec la France. L'autre série de remarques, c'est le sort qui a été réservé à ces renominations. Au départ, à l'époque coloniale en tout cas, c'était très simple, les noms venaient d'en haut, c'était l'administration coloniale, le gouverneur et un conseil administratif qui donnaient les noms. Sous Senghor, c'était encore plus concentré, c'était par décret présidentiel que les noms changeaient. Progressivement sous Abdou Diouf, puis surtout sous Abdoulaye Wade et ensuite Macky Sall, cette capacité de renommer a été dévolue aux collectivités locales. Donc a priori, Ousmane Sonko était tout à fait fondé quand il était maire de Ziguinchor à proposer des changements de noms de rues. Mais le gouverneur de l'époque, qui n'avait a priori aucune capacité d'intervention dans ce dossier, a voulu contester les noms qui ont été invalidés par la Cour suprême. Donc ça montre que les collectivités locales n'ont jamais été jusqu'à présent épargnées par les sollicitations du pouvoir politique. Et ce qui change et ce qui peut être apaisera ou clarifiera les compétences de chacun, c'est le projet de rebaptisation qui a été annoncé par le président actuel Bassirou Diomaye Faye en Conseil des ministres, en décembre dernier, et qui prévoit de créer une commission à laquelle participerait le Premier ministre, donc l'ancien maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, à laquelle participeraient aussi le ministre des Collectivités locales, le ministre de la Culture et le secrétaire d'État chargé du patrimoine historique, en collaboration avec les collectivités locales. Donc, il y a un équilibrage à trouver, qui peut être clarifiera les choses, qui apaisera peut-être ces questions de renominations.À Saint-Louis du Sénégal, il y a une statue du Général Faidherbe, le colonisateur français du Sénégal, qui a failli être déboulonnée en 2020 lors de la tempête politique provoquée par l'assassinat de George Floyd aux États-Unis. Et puis finalement, elle a résisté, elle est toujours là. Comment l'expliquez-vous ? Oui, certains voudraient la conserver comme symbole historique, d'autres voudraient l'enlever. On se focalise parfois sur l'inscription de la statue sur son socle, qui est évidemment intenable, qui dit « Au gouverneur Faidherbe, le Sénégal reconnaissant », ça je ne pense pas que ça va durer très longtemps. Mais on se retrouve à nouveau dans une symbolique où, pour faire place nette, si j'ose dire, les collectivités locales réemploient finalement des techniques qui sont d'importation coloniale. De la même manière que la nomination des rues, les statues commémoratives, ce n'est pas quelque chose qui a une longue existence en Afrique. Changer une statue pour une autre, c'est réemployer des techniques, des pratiques qui finalement sont peut-être l'héritage colonial le plus profond.À écouter aussiSénégal: «Les populations n'utilisent pas les noms coloniaux des rues»
Effectivement on s'est tout de suite senties chez nous grâce à l'accueil chaleureux que nous a réservé Sandrine Sarroche.Humoriste, chroniqueuse, comédienne et aussi chansonnière, oui oui tout ça à la fois ! Sandrine Sarroche manie l'humour avec élégance et mordant, elle décortique l'actualité et le quotidien avec un regard affûté et un sens du verbe qui fait mouche. Entre ses chroniques décapantes à la radio et à la télé, et son spectacle en ce moment à Paris et bientôt en tournée, Sandrine Sarroche n'a pas peur d'aborder les sujets qui piquent y compris la ménopause, qu'elle traite avec une autodérision salvatrice. Car pour elle, rien n'est tabou dès lors qu'on en rigole ! Alors bienvenue dans le salon de Sandrine Sarroche.Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Alors que le monde dans lequel nous vivons devient de plus en plus anxiogène, nous avons eu envie de prendre tout ça à contre-courant et de parler de ces plaisirs, parfois futiles, mais essentiels, qui rendent notre vie plus heureuse : boire un café au soleil ☀️, prendre un bain
Si vous voulez me soutenir pour continuer à développer ces podcasts qui me prennent beaucoup de temps et d'investissement personnel : https://fr.tipeee.com/horizon-podcast merci d'amour... . . Bonjour à tous Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Véronique, docteure en Histoire, pour un échange franchement fascinant sur un sujet peu connu mais mystérieux : la "mémoire des murs". Imaginez un instant que les lieux où nous vivons puissent conserver les énergies, émotions et événements passés, devenant ainsi des témoins silencieux de l'histoire. Comment est-il possible que nos maisons enregistrent ces mémoires, et en quoi cela peut-il influencer notre vie quotidienne ? Véronique va nous expliquer la différence entre la mémoire des murs et les maisons hantées, et nous parlera de ses expériences personnelles, notamment au château de Fougeret, un lieu chargé d'une mémoire particulièrement violente, où des phénomènes inexplicables comme des bruits de boulets ou la présence d'une petite fille décédée se manifestent. Et ce n'est pas tout vous allez voir... Nous verrons également comment choisir et purifier une habitation pour se protéger de ces énergies. Un échange riche et captivant que je vous invite à écouter dès à présent. J'adore l'authenticité de Véronique ainsi que son ouverture d'esprit! Effectivement, il y a des choses qu'on ne peut pas expliquer mais qui pourtant nous arrivent… Cet épisode est divisé en 2, la suite dans deux semaines ! Petit point en plus : j'avais initialement enregistré cet interview en mars 2024, ça commence à faire un bout de temps. Malheureusement, les ¾ de cet échange intéressant ont été effacés par un bug de l'application de podcast que j'utilisais, grande frustration. J'ai donc réenregistré la suite 8 mois plus tard avec une autre application mais qui ne fonctionne elle non plus pas bien et qui n'a pas enregistré la vidéo. Heureusement j'ai eu l'audio mais c'est pour cette raison que vous avez au début de la vidéo puis que de l'audio Bonne écoute . . //Show notes : -Livre de Véronique : Les murs ont-ils une mémoire ? (GUY TRÉDANIEL ÉDITEUR) -Mon instagram :@lena_champy
Dans la Divine comédie, Dante dit que sur la porte de l'enfer est inscrit : « Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. » Effectivement, ne pas avoir d'espérance est vivre un enfer. Or, notre jeunesse serait découragée, les populations de nos pays occidentaux seraient désespérées, en manque d'un souffle qui les porte. Je vous proposerai de relire dans le livre d'Ésaïe le chapitre 40 "Consolez, consolez mon peuple" : une vocation que Dieu nous adresse ? https://jecherchedieu.ch/temoignages/reenchanter-nos-vies-une-piste-esaie-40/
Notre Grand Invité Afrique aujourd'hui est Christophe Lutundula, président de la Commission des Affaires Étrangères du Sénat de la République démocratique du Congo. L'ancien ministre des Affaires étrangères du Congo-Kinshasa est de passage Paris, où il séjourne dans le cadre d'une mission de travail conduite par le président du Sénat français. Mercredi, il a été reçu par les sénateurs de la commission des Affaires Étrangères. Christophe Lutundula est interrogé par Esdras Ndikumana. RFI : Vous venez d'être auditionné par la commission des Affaires Étrangères du Sénat français. Quel message leur avez-vous adressé ? Christophe Lutundula : Notre message est simple. Il y a nécessité pour la communauté internationale de renforcer les sanctions contre le Rwanda et son président pour obtenir que la résolution 2773 du Conseil de sécurité, la demande unanime de la communauté internationale de cessez-le-feu, le retrait des troupes rwandaises de la RDC et de mise en œuvre du plan de démantèlement des FDLR, que tout cela soit appliqué, que ça devienne des réalités. La France est un pays membre permanent du Conseil de sécurité. La France est un pays qui participe au leadership de l'Union européenne et avec lesquels nous nous retrouvons au sein d'une communauté, la Francophonie. Donc c'est normal que nous puissions visiter nos collègues pour les sensibiliser afin que la France assume totalement ses responsabilités. Que le gouvernement français participe activement à cette démarche-là.Alors, vous êtes ici pour donner ce message, alors que le processus de Luanda que vous aviez entamé en tant que chef de la diplomatie congolaise vient de se conclure par un échec. Pourquoi selon vous ? Je ne pense pas que c'est un échec. Le président Lourenço a accompli sa mission. Je crois que tout le monde oublie rapidement la mission qui a été confiée par l'Union africaine. C'était de maintenir le dialogue entre le Rwanda et la RDC pour résoudre les conflits qui les opposent. Et aujourd'hui, le président de Lourenço, grâce à lui, on a obtenu des solutions acceptées par toutes les parties. Si le président Kagame n'avait pas refusé de venir en Angola le 15 décembre, on aurait signé, on serait passé maintenant à la phase d'exécution.À lire aussiEst de la RDC: l'Angola annonce abandonner sa médiation entre Kinshasa et KigaliJusqu'ici, en fait, on avait un médiateur, le chef de l'État angolais, un président très influent sur le continent africain, qui a finalement jeté l'éponge et qui va être remplacé cette fois par un panel de cinq anciens chefs d'État qui vont suivre une feuille de route qui a été concoctée par l'EAC et la SADEC. Est-ce que cela n'a pas rendu caduc ce qui avait été convenu avant ? Ce n'est pas un nouveau processus qui commence maintenant ?C'est ce qu'il faut éviter. Effectivement, le danger est réel, de recommencer. Et là, vraiment, on ne le souhaite pas, c'est une crainte qui est réelle. L'autre crainte, parce que ça fait quand même un peu trop de cuisiniers, je crois que c'est une première en Afrique, qu'on ait une médiation à cinq. Il faut craindre de la lenteur alors qu'il y a une urgence à la fois politique, sécuritaire et humanitaire.Je ne sais pas si vous avez constaté que, en fait, il n'y a plus de Nairobi à part. Il n'y a plus de Luanda à part. Il y a un processus qui est fusionné aujourd'hui. Il y a une nouvelle feuille de route qui parle de négociations directes entre le gouvernement congolais et l'AFC/M23, aujourd'hui, c'est comme ça qu'il s'appelle. Est-ce que le gouvernement congolais ne sera pas obligé de s'y plier ? La fusion n'est pas une bonne chose à mon avis. Luanda et Nairobi sont complémentaires, certes, mais sont distinctes. Donc, vous les fusionnez, première conséquence et qui est dangereuse : c'est que cela veut dire qu'on légitime les arguments du président Kagame qui a toujours dit « pas de problème, c'est un problème entre Congolais » et lui, il est dédouané. La deuxième conséquence, elle n'est pas des moindres, si ou tant qu'on n'a pas encore trouvé un compromis avec le M23. L'Armée rwandaise est fondée à rester en RDC alors que nous savons que le compromis avec le M23 ne peut passer que si le président Kagame avalise, c'est-à-dire que s'il contient les désidératas, le président Kagame notamment d'avoir un espace d'exploitation économique, un espace d'influence. C'est ça les conséquences qu'on ne peut pas minimiser.Et la question de la négociation directe entre le gouvernement et le M23, vous êtes pour ou contre ? C'est un problème qui ne se pose pas. Pour quelle raison ? Parce que, si on entreprend une opération pour humilier le président Tshisekedi, pour humilier le peuple congolais, certainement, je ne peux pas accepter.Comment est-ce que le gouvernement congolais, selon vous, pourrait contraindre le M23 à rendre les parties qu'il a conquises sans négocier ? Le M23 n'existe pas. C'est l'armée rwandaise, c'est une évidence qui ne se discute plus. Que le Rwanda sorte de la RDC parce qu'on nous dit que c'est un problème congolo-congolais et qu'on nous laisse résoudre nos problèmes !À écouter aussiEchec du sommet de Luanda: «On est une nouvelle fois dans l'impasse»
Dans une interview réalisée ce 25 avril à Libreville par RFI et France 24, le général Oligui Nguema, qui a renversé Ali Bongo le 30 août 2023 et qui est candidat à la présidentielle du 12 avril, affirme qu'il ne veut pas être porté par un parti ou un clan, mais par le peuple gabonais. Interrogé sur l'exclusion de plusieurs figures de l'opposition à cette élection, il répond que c'est la loi et qu'un général qui a fait le « coup de libération » du 30 août 2023 ne peut pas avoir peur d'un Ondo Ossa, d'un Maganga Moussavou ou d'un Jean-Rémy Yama. Suite au renversement d'Ali Bongo, il affirme que le procès de sa femme Sylvia et de son fils Noureddin aura lieu et sera équitable, au terme des deux ans d'enquête maximum que prévoit le Code pénal gabonais. Il ajoute que la justice a la preuve que Sylvia signait des documents officiels à la place d'Ali, car les enquêtes détiennent notamment un cachet. France 24 : Il y a 19 mois, à la tête de la garde présidentielle, vous avez renversé Ali Bongo. Vous avez promis aux Gabonais une nouvelle ère. Vous avez promis de remettre le pouvoir aux civils. Or, vous êtes candidat pour la prochaine élection présidentielle qui est prévue le 12 avril. Pourquoi ce revirement ? Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ? Brice Oligui Nguema : Ali Bongo Ondimba a été renversé effectivement le 30 août 2023. Et je l'ai dit dans mon discours à la nation lorsque j'ai prêté serment : nous allons organiser des élections libres, transparentes et apaisées en vue de rendre le pouvoir aux civils. Je ne suis pas resté figé dans mes bottes de militaire. Et vous parlez français aussi bien que moi. Cette phrase est différente que de dire : Je ne serai pas candidat. Ce sont deux phrases différentes. J'ai laissé l'ouverture au peuple. Le jour où le peuple a besoin de moi et qu'il m'appelle, je répondrai, comme ce fut le cas aujourd'hui, en respectant les règles de droit. J'ai renoncé à mon statut de militaire. Je concours en tant que civil. Et pour preuve, vous ne m'avez pas appelé général. Vous avez dit Brice Clotaire Oligui Nguema C'est dire que le titre de général a disparu. Je suis un civil, tout comme les autres.RFI : Alors, sur votre premier bilan, Monsieur le Président, puisque voilà 19 mois que vous êtes au pouvoir, il y a des avis partagés. C'est vrai, il y a des choses qui vont mieux : les frais de scolarité sont pris en charge, les pensions de retraite sont à nouveau versées. Mais 40 % des jeunes sont au chômage, la dette atteint 70 % du PIB, les coupures d'électricité se multiplient, notamment ici à Libreville. Est-ce que ces difficultés de la vie quotidienne ne risquent pas de ternir ce bilan ? Les difficultés de la vie quotidienne, nous les avons héritées du système déchu et aujourd'hui, nous faisons des efforts. Le chômage, comme vous l'avez dit, a baissé de 12 % parce que nous avons mis le pays en chantier. Effectivement, la dette, elle est là, elle existe. Ce n'est pas moi qui ai créé cette dette, je l'ai héritée, c'est le passif. Et en tant que chef, il faut assumer le passif des autres. C'est aussi ça la responsabilité d'un chef d'État. Oui, elle est là, mais nous arrivons à nous en sortir. Pour preuve, j'ai payé l'AFD, j'ai payé l'échéance de la Banque mondiale, le FMI, je ne dois pas. J'ai payé la Bad, j'ai payé la Bird, j'ai payé l'Afreximbank. Je vais aux élections et j'ai réglé mes échéances. C'est vrai que la dette est là et que la notation du Gabon a baissé. Mais c'est aussi en partie à cause de vos entreprises qui me payent en retard. Comment voulez-vous que je sois à l'heure dans mes échéances quand mes dividendes et mes impôts, mes revenus sont payés en retard ? Donc cette dégradation de la note, on doit tous se la partager et l'assumer.France 24 : Depuis le 30 août 2023, vous l'avez dit, vous avez refusé le terme de coup d'État, vous dites « coup de libération ». Vous avez aussi opté pour une transition courte. Ça devait être deux ans, ça va même être moins. Les élections vont avoir lieu en avril. C'est quand même très différent de ce qui se passe au Sahel. Je vois que vous souriez. Vous ne souhaitez pas qu'on vous compare aux putschistes du Sahel ? Putschistes, je dis que le mot est un peu trop fort. Ce n'est pas un terme que je vais employer pour mes collègues militaires. Ce n'est pas la peine à chaque fois de jeter la pierre sur les autres. Je vous le dis, ce sont mes frères d'armes. Nous ne sommes pas dans la rupture avec les grandes puissances. Pour preuve, les Français au Gabon, les autres, personne n'a été inquiété.RFI : Alors justement, dans les trois pays de l'Alliance des États du Sahel qui ont connu, eux aussi, un putsch, les militaires français ont été expulsés et la France est maintenant accusée de tous les maux et notamment de néocolonialisme. Est-ce que vous n'êtes pas tenté, vous aussi, Monsieur le Président, de suivre ce chemin qui pourrait plaire peut-être à une partie de votre opinion ? Je vous l'ai dit, je suis inclusif, je ne suis aucun chemin et aucun pays au monde ne s'est construit sans alliés, sans pays amis. Je travaille avec tout le monde. Je suivrai le chemin que me guide mon peuple. Je n'ai pas un chemin de rupture avec tout le monde. Non.RFI : Et avec la France ? Avec la France, nous entretenons de bonnes relations. Vous le savez. Vous l'avez vu. Des relations d'État à État. J'ai été invité en France à quatre reprises. Une visite officielle avec le président Macron, un tête-à-tête à l'Élysée, ce sont des relations entre hommes d'État. Et j'ai été invité aux Jeux olympiques. J'ai été invité au Sommet de la Francophonie. J'ai été invité à l'ouverture de Notre-Dame de Paris. Nous avons de très bonnes relations. Et la France est notre partenaire historique.France 24 : Mais en dehors des trois États du Sahel dont on a déjà parlé, si on mentionne le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Tchad, partout, les militaires français quittent l'Afrique, sauf ici au Gabon. Pourquoi cette exception gabonaise ? Et est-ce que vous pensez aussi qu'il faut que les militaires français partent à terme ? C'est vous qui le pensez.France 24 : Je vous pose la question. Les Français sont bienvenus ici. Les Russes, peut-être demain, s'ils veulent venir, seront peut-être aussi les bienvenus. Je vous l'ai dit, je suis inclusif, je ne chasse personne. Les Chinois sont bienvenus ici. Ils font des affaires ici. Toutes les communautés sont les bienvenues ici. Donc je ne fais pas de distinction. Pour ce qui est de la base française, nous avons mis en place une commission mixte entre la France et le Gabon pour essayer de trouver de meilleurs accords. Et on est parvenu à ce que le camp de Gaulle ne soit plus appelé camp de Gaulle. Nous allons trouver un nom gabonais pour rebaptiser le camp de Gaulle.France 24 : Vous avez une idée ? Peut-être un général. Pourquoi pas Boulingui [le général Nazaire Boulingui, 1918 -1984] ? Ils sont plusieurs. Et nous sommes tombés d'accord sur la réduction des effectifs. Nous allons quitter les 300 effectifs fantassins pour 150 effectifs instructeurs partagés entre la moitié de Français et l'autre moitié de Gabonais. Le camp ne sera plus un poste opérationnel avancé, mais un pôle de formation sous-régional. À l'intérieur, il y aura deux écoles, l'école d'administration et l'école de protection de l'environnement. Je pense que c'est le meilleur équilibre. Il n'y aura plus de blindés, de chars français ici à Libreville, mais il y aura des instructeurs. C'est le meilleur équilibre que nous avons trouvé ensemble. Nous ne sommes pas dans la rupture. Aucun pays au monde ne s'est développé seul.France 24 : Alors, vous avez parlé d'Ali Bongo. Aujourd'hui, il n'est ni poursuivi ni maltraité, visiblement. Son épouse Sylvia, son fils Noureddin, par contre, sont en prison depuis 18 mois, poursuivis pour des malversations financières. Un de leurs avocats affirme qu'ils sont détenus illégalement, et même torturés, il y a une plainte qui a été déposée en France. Un juge enquête sur ces faits parce que, je le rappelle, ils ont aussi la nationalité française. Votre réaction ? Au Gabon, nous sommes un pays respectueux des droits de l'Homme. Si on a réussi à faire un coup d'État sans effusion de sang, ce n'est pas deux individus qui seront torturés dans ce pays. J'en doute fort. La preuve, c'est que vous avez vos responsables à l'ambassade qui leur rendent visite en prison. Posez-leur la question. Il n'y a aucune marque de torture sur leurs corps. Et laissez la justice faire son travail, c'est tout. Il y a le temps de la justice.France 24 : Monsieur le Président, le problème, c'est que le temps s'étire. Ça fait 18 mois qu'ils sont en prison. Alors, est-ce qu'il va y avoir un procès ? Quand y aura-t-il un procès ? Ou est-ce que vous songez, éventuellement, après l'élection, peut-être à les libérer ? Je ne songe à rien faire. Il y a une justice qui fera son travail. Le procès aura lieu et il sera équitable je pense. Selon le code gabonais, pour des crimes, on peut aller jusqu'à deux ans d'enquête et les enquêtes se poursuivent.France 24 : On y est presque donc. Vous le dites.RFI : Dans une interview à Jeune Afrique, Ali Bongo a déclaré il y a quelques semaines : « Tout ce dont on accuse mon épouse, les détournements, les nominations à ma place… Tout cela est faux ! »Vous savez, c'est toujours facile pour un voleur de dire : « Je suis innocent ». Il y a des preuves dans le dossier chez le juge d'instruction. Laissez la justice faire son travail.RFI : Est-ce que vous avez des éléments concrets qui prouvent que madame Bongo signait des documents officiels à la place de son mari ? Je l'ai dit. Les juges ont des preuves. Qu'est-ce que vous n'arrivez pas à comprendre ?RFI : Et vous avez des preuves de ce que... Posez la question àAli Bongo Ondimba. Et je le sais pour l'avoir vu. Après son AVC, je m'excuse, son bras, il était paralysé. Et je l'ai vu. Il ne signait aucun document.RFI : Mais cela ne prouve pas que son épouse signait à sa place, Monsieur le Président. Je vous ai dit que la justice a des preuves. Après chaque Conseil des ministres, les parapheurs étaient transférés à son domicile. Donc vous comprenez qui signait à son domicile.France 24 : Son épouse ?C'est vous qui le dites.France 24 : C'est vous qui le suggérez. Non, non, c'est la justice. Et qui le sait ? Parce qu'il y a des preuves, qu'ils ont. C'est un cachet. Et merci.France 24 : Alors beaucoup de caciques de l'ancien régime, on vient de parler des deux personnes poursuivies, peu sont poursuivies d'ailleurs, mais beaucoup se sont ralliés à votre candidature. L'ancien parti au pouvoir, symbole de l'ère Bongo, le PDG, va aussi se rallier à vous. Alors qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent que finalement vous ne faites que perpétuer le système qui était en place ? Qu'en somme, vous faites du Bongo sans Bongo ? Je vais aux élections, j'ai mis une plateforme en place, Les Bâtisseurs, tout comme le président Macron l'avait fait, avec La République en Marche. Je n'ai pas de parti politique, je n'ai pas d'association parce que je ne veux pas être tenu par un parti politique ou par une quelconque association. Je veux être élu par le peuple gabonais. Je veux être porté par le peuple gabonais, pas par un groupe ou un clan.RFI : Alors pour cette présidentielle, il y a huit candidats. Mais les règles sont tellement restrictives qu'en dehors de l'ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze, aucun poids lourd ne peut se présenter contre vous. Du coup, on se demande si vous n'avez pas sciemment exclu le professeur Albert Ondo Ossa, qui est le vrai vainqueur d'août 2023, Pierre Claver Maganga Moussavou et le syndicaliste Jean-Rémy Yama, parce qu'ils pouvaient peut-être vous battre, ou au moins vous forcer à un deuxième tour ? Alors, au-delà de 70 ans, on ne peut plus être candidat. C'est le choix des Gabonais. Ce n'est pas mon choix. Je n'exclus personne. Avez-vous vu un général qui a peur de quelqu'un ? Quelqu'un qui fait un coup de libération et qui va avoir peur d'un Ondo Ossa, d'un Maganga Moussavou ou de quelqu'un d'autre ? C'est de la manipulation politique. Qu'on respecte pour une fois ce que les Gabonais veulent et ce que la Constitution a demandé ou exigé. Pour le cas de celui que vous avez aussi évoqué, Jean-Rémy Yama, l'inclusivité ne veut pas dire le non-respect des procédures. Ce pays doit changer et il va changer. En France, on ne respecte pas les lois ? Dites-moi.France 24 : On essaye. Les candidats ne respectent pas les lois ? Aux élections présidentielles, ils ne fournissent pas des dossiers ? Et pourquoi voulez-vous que ce soit en Afrique qu'on doive tout le temps accepter ces erreurs que nous voulons changer ?
Au Sénégal, le candidat d'opposition Bassirou Diomaye Faye remportait la présidentielle dès le premier tour avec 54 % des voix il y a un an jour pour jour. Un an plus tard, où en est la rupture promise par le parti Pastef et quels sont les principaux changements revendiqués par le président Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ? Ayib Daffé est le secrétaire général du parti, dont il est aussi député et chef du groupe parlementaire. En ligne de Dakar, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Ayib Daffé, quels sont, pour vous, les premiers changements tangibles que le Pastef a apportés au Sénégal ?Ayib Daffé : Les premiers changements tangibles sont d'abord dans la gouvernance. Conformément à son engagement, le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye a inscrit la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption comme une priorité de sa politique en transmettant une lettre aux fonctionnaires du pays, pour les exhorter à la ponctualité, au respect du bien public, à l'efficacité et au respect de la hiérarchie. Donc, sur ce plan-là également, il a eu à organiser des assises de la justice sur la modernisation et la réforme de la justice au Sénégal. Et par ailleurs, il a eu aussi à publier tous les rapports des corps de contrôle qui étaient transmis à son prédécesseur depuis près d'une dizaine d'années et qui n'étaient pas publiés, contrairement aux textes qui les encadrent. Il a eu également à faire un audit sur la gestion des finances publiques par son prédécesseur, notamment à la période entre 2019 et 2024. Et c'est cet audit qui a permis de révéler une situation très peu reluisante de nos comptes publics avec un déficit à 12% du PIB, alors que les chiffres qui étaient présentés parlent d'un déficit à 5%. Donc, une véritable catastrophe budgétaire, si on peut parler ainsi, et ça a permis d'avoir une situation réaliste. Donc, en très peu de temps, il a eu à concrétiser sa vision et à développer la stratégie de développement.À lire aussiSénégal: un an après l'élection de Bassirou Diomaye Faye, le pays est-il entré dans une nouvelle ère?Suite au dernier rapport de la Cour des comptes, vous dites que l'ancien président Macky Sall, qui vit actuellement au Maroc, va être convoqué par la justice sénégalaise, mais celui-ci, dans une interview à Jeune Afrique, réplique qu'il n'est responsable d'aucune falsification et que tout ceci est ridicule.Bon, je pense que la Cour des comptes est une institution. Donc, c'est la parole de Macky Sall contre celle de la Cour des comptes. Et la Cour des comptes, c'est la loi qui lui confère cette mission-là. Donc, je ne vois pas comment on peut remettre en cause un rapport de la Cour des comptes. Ce n'est pas sérieux, ce n'est pas crédible. Maintenant, il est dans son rôle d'homme politique de défendre son bilan, son mandat, mais la réalité est qu'il y a un désastre budgétaire, il y a un désastre financier. On parle vraiment d'une catastrophe sur le plan budgétaire. Parce que, par exemple, on nous a révélé qu'il y a plus de 2500 milliards de francs CFA qui ont été empruntés auprès des banques de la place, alors que l'Assemblée nationale n'a pas donné d'autorisation, l'Assemblée nationale n'a jamais été informée. Donc, cette dette cachée et beaucoup d'autres irrégularités sont aux antipodes de la bonne gouvernance. Sa responsabilité politique est effectivement engagée. Bon, maintenant, je n'ai pas entendu dire qu'il sera convoqué par la justice, parce que, comme vous le savez, la Constitution stipule que le président de la République ne peut être poursuivi que pour haute trahison et devant la Haute Cour de justice. Donc, cela n'est pas encore le cas. Et si cela devait l'être, ce serait conformément à la Constitution, aux lois et aux règlements du Sénégal.Oui, mais le porte-parole du gouvernement, Moustapha Ndjekk Sarré, a dit sur RFM qu'inévitablement, le président Macky Sall fera face à la justice ?Effectivement, il a eu à le dire, mais lorsqu'il le disait, il a eu à préciser que, quand il le disait, il ne s'agissait pas de la version du gouvernement, mais il parlait en tant qu'homme politique.À votre arrivée au pouvoir, Ayib Daffé, vous avez promis que les accords du Sénégal avec les compagnies qui doivent exploiter le gaz et le pétrole offshore seraient réévalués. Mais un an plus tard, toujours rien. Si jamais les contrats ne sont pas renégociés, est-ce que vous ne risquez pas de décevoir vos électeurs ?Je pense que le travail de renégociation des contrats, c'est un processus qui est entamé. Ce n'est pas un travail qui se fait du jour au lendemain. Et en accord avec les compagnies, il y a des négociations qui se déroulent et qui devraient aboutir bientôt à des résultats.Avec BP, British Petroleum ?C'est tous les contrats qui sont concernés, parce qu'il y a une revue des contrats qui est faite par le ministère de l'Énergie. Et maintenant, pour BP, le contrat concerne aussi bien le Sénégal que la Mauritanie. Et je pense que le Premier ministre, Ousmane Sonko, a eu à faire plusieurs voyages en Mauritanie, et le ministre de l'Énergie également. La Primature a mis en place un comité pour la renégociation de tous ces contrats stratégiques. Mais d'abord la revue et ensuite la renégociation.À lire aussiSénégal: qui est Bassirou Diomaye Faye, passé en un éclair de la prison à la présidence?
Rencontre avec l'égérie de l'édition 2025 Salon international de l'agriculture de Paris, son éleveur et ses fans. Les vaches sont les animaux les plus populaires de la ferme. « C'est elle, la star ?, demande ingénument une dame aux cheveux blancs. On nous a dit qu'il y avait une star ! ». Oui, la star est là, devant nous, devant des dizaines de visiteurs qui se pressent autour d'un enclos formé d'une double barrière en bois où trône Oupette, l'égérie du Salon de l'agriculture qui se termine ce dimanche 2 mars 2025 à Paris. « Effectivement, on est venu voir Oupette, parce qu'on en parle partout à la télé, confirme une jeune femme. On va toujours voir la star du salon, et cette année, c'est Oupette ! » « Oupette ? Ah oui, Oupette choupette !, sourit un père de famille en lisant le panneau accroché à une barrière. Il découvre alors le pois de la bête : 1 021 kilos. « Plus d'une tonne...Oh my god ! (Oh mon dieu !) », lâche-t-il.Mais pourquoi Oupette s'appelle Oupette ? La vache, décidément très précieuse, a refusé de répondre à nos questions. Alors, on s'est tourné vers son éleveur, Alexandre Humeau, agriculteur dans le département de la Vienne, où est née Oupette il y a six ans, dans le Limousin, la région qui a donné son nom à la limousine, cette race de vache célébrée pour sa viande : « Oupette, quand elle est née, avait déjà sa petite houppette sur la tête, raconte-t-il. Et du coup, c'est Oupette sans ''H'' car c'était l'année des ''O''. C'est un peu comme les chiens et les chats, il y a une lettre en fonction de l'année de naissance. »Selfies bovins« Clic-clac Kodak », comme aurait dit feu Jacques Chirac, ce président qui aimait tâter le cul des vaches. Les appareils photos crépitent autant que sur le tapis rouge du Festival de Cannes, et comme des paparazzi, les visiteurs jouent des coudes pour approcher au plus près du bovin. Et comme si on croisait Monica Bellucci, on tente un selfie, « parce que c'est la star du salon », affirme, sur le ton de l'évidence, une femme souriant à son téléphone.Le Salon de l'agriculture choisit chaque année une vache comme égérie. Une année, c'est une vache laitière (pour le lait). Et l'année suivante, une vache allaitante (pour la viande). C'est le cas d'Oupette, une vache généreuse à la robe de couleur roux brun. La limousine est la deuxième race bovine allaitante en France – il y en a plus d'un million. « Les organisateurs du Salon de l'agriculture se posaient la question pour savoir s'il fallait mettre un autre animal, explique Alexandre Humeau. Ils ont demandé aux visiteurs, et pour eux, l'animal du Salon vraiment emblématique, c'est la vache. Je pense que c'est parce que c'est un animal qui est imposant, un animal dont on peut se souvenir, de par sa puissance. Les gens sont attirés par la vache ! »La star se fait désirerEt la vache est si mignonne qu'on en oublierait que l'élevage bovin est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Une large partie est tout de même compensée par les prairies, des puits de carbone performants.Pour l'heure, Oupette, vachement à l'aise devant les objectifs, se fait désirer : elle s'est couchée dans la paille. Tant pis pour les photos. « Attends, tu vois pas la houppette !, s'inquiète une femme auprès de son amie. Non ? C'est bon ? Tu l'as eue ? » Mais soudain, la star se relève pour son public. Un murmure soulagé parcourt l'assistance massée autour d'Oupette. « Ouh ! Bravo ! On l'applaudit ! On a traversé tout le salon juste pour elle, merci ! », rigole un Parisien qui a grandi à la campagne, au milieu des vaches.Animal graciéDepuis 10 000 ans, les humains élèvent des bovins. Pour leur peau, leur viande, leur lait, leurs bouses aussi. « C'est vrai que dans une ferme, la vache a un rôle central, précise l'éleveur Alexandre Humeau. Elle mange de l'herbe, donc elle participe à entretenir les territoires. Le fumier est utilisé pour fertiliser les céréales, les cultures. Tout est consommé, tout est recyclé, donc c'est un très bon animal. »Un animal aussi très patient... Des heures et des heures de représentation pour la star du Salon, véritable animal de foire, qui a même sa doublure pour aller respirer de temps en temps. Le Salon de l'agriculture se termine avec une bonne nouvelle pour Oupette : elle échappera à l'abattoir. « Parce qu'elle est égérie du salon, c'est une vache qui va être graciée. Elle finira ses jours dans l'exploitation », annonce Alexandre Humeau. Une semaine de célébrité, c'est une promesse d'éternité.À voir aussiLe Salon de l'agriculture de Paris en images
Les acteurs du développement sont sous le choc, après la décision de Donald Trump de supprimer l'agence états-unienne USAID. Ce mercredi, les 529 banques publiques de développement que l'on compte dans le monde se retrouvent au Cap, en Afrique du Sud, à l'occasion du sommet « Finance en commun », que préside le Français Rémy Rioux, directeur général de l'AFD, l'Agence française de développement. « Oui, la décision américaine est un choc, mais c'est aussi le signe qu'il faut changer de politique », affirme Rémy Rioux. En ligne du Cap, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : ce mercredi, vous présidez au Cap, en Afrique du Sud, le sommet annuel de « Finances en commun » qui réunit les 529 banques publiques de développement du monde entier. Mais vous savez que l'aide au développement n'a pas toujours bonne presse. Comment rapprocher vos banques de développement des citoyens ? Rémi Rioux : Alors oui, je suis très honoré qu'on réunisse 2500 personnes aujourd'hui au Cap pendant trois jours. 350 invités de haut rang qui viennent intervenir et parler effectivement de la transformation en cours du monde du financement du développement. On a lancé cette initiative au cœur du COVID en 2020 et ça marche très très bien. L'idée est très simple en fait, c'est rassembler toutes les banques publiques de développement du monde. Effectivement, vous avez raison, il y en a plus de 500, ce n'est pas seulement l'AFD ou la Banque Mondiale, les banques internationales, c'est surtout aller chercher les banques nationales, celles qui font la transformation de leur propre pays. On est tous là parce que, oui, la France a une belle grande ambition internationale de coopération pour le climat, pour l'égalité entre les femmes et les hommes, pour la croissance verte. Et ça produit beaucoup de résultats. Ce sont des centaines et des centaines d'institutions financières qui font des prêts, des investissements, voilà tous ceux qui ne veulent pas laisser tomber la coopération internationale dans ce monde dangereux où nous sommes. Alors comme vous le dites, les temps sont durs, la suppression de l'USAID par Donald Trump, la nette diminution de l'aide publique de la France par François Bayrou est ce que c'est le signe que la solidarité internationale est en crise. Alors, je crois que tout le discours de l'aide, en fait, est maintenant en train de s'effacer. Je crois et c'est très précisément ce que nous faisons ici à FiCS, à « Finances en commun » que nous sommes en train de passer dans un discours d'investissement, d'investissement solidaire et durable. C'est le mot même du président de la République Emmanuel Macron depuis des années. Et ça veut dire quelque chose, évidemment, un investissement, ça veut dire qu'on croît dans les pays dans lesquels on intervient au point d'y investir. Et puis, investissement, ça veut dire qu'on en attend bien sûr un retour. Donc oui, vous avez raison. Je crois que ce qui se passe aux États-Unis d'Amérique, c'est un choc, évidemment, et c'est aussi un signe que tout ce monde du financement du développement est en train de se transformer, avec le changement du monde et les attentes de nos populations. Je crois que nous l'avons capté. Nous l'avons depuis cinq ans même, mis en forme, nous l'organisons avec ce sommet ici au Cap. Du côté des États-Unis, l'USAID représentait quelque 40% de l'aide au développement mondial. Alors du coup, est-ce que l'aide mondiale va diminuer de 40% ou est-ce que le vide va être comblé par notamment l'Union européenne et la Chine ? Non, je me permets de vous corriger, Christophe Boisbouvier, l'aide américaine, c'est 60 milliards. L'aide publique au développement total telle que déclarée à l'OCDE, c'était 225 milliards l'année dernière. Donc, voyez, on n'est pas du tout sur 40%, et il y avait en vérité entre les États-Unis et l'Europe une sorte de deal, c'est-à-dire les États-Unis faisaient 40%, mais des dépenses de défense et des dépenses humanitaires qui ne sont qu'une fraction de ce qu'on appelle l'aide au développement. Et les 40% que les Américains apportaient dans l'aide humanitaire mondiale, comment ce vide va-t-il être comblé alors ? Alors ça, c'est une question qu'il faut poser bien sûr aux gouvernements d'abord de tous les pays du monde. Donc, c'est d'ailleurs pour cela que nous sommes ici avec le G 20. Il est un petit peu tôt pour répondre, mais je tiens à dire quand même que la place de l'Europe, dans ce monde du financement du développement, c'est quelque chose dont nous devons être fiers. Du côté de la France, l'APD, l'aide publique au développement va baisser cette année de 15% à l'heure où les pays européens doivent doubler leur budget militaire, hein, pour faire face à la nouvelle alliance Trump-Poutine, est-ce que l'aide publique au développement ne risque pas de disparaître tout simplement d'ici à 2030 ? Il faut plus de moyens pour l'action internationale. Vous avez raison, c'est vrai, dans le domaine de la défense, la guerre est en Ukraine évidemment, mais il faut marcher sur ses deux jambes. Et je crois qu'il faut aussi garder une capacité significative pour se lier positivement avec nos partenaires, ceux qui veulent coopérer avec la France. Et les deux sont d'ailleurs liés puisque vous savez, l'AFD par exemple, à un mandat en Ukraine pour appuyer les municipalités ukrainiennes pour faire face aux disruptions qu'entraîne la guerre sur leurs territoires. Donc il ne faut pas opposer les 2. Puis sur les financements de la France, je vous renvoie simplement aux propos du Premier ministre François Bayrou qui, dans son discours de politique générale, a indiqué bien sûr que toutes les politiques publiques devraient contribuer au rétablissement des comptes publics, mais qu'il examinerait à partir de 2025, comment reprendre une trajectoire positive pour le financement du développement. À lire aussiLa France crée une commission d'évaluation de son aide publique au développement
Selon des chercheurs spécialisés dans la lutte contre la désinformation, une centaine de faux sites en langue allemande sont actifs depuis fin 2024, relayant des messages anti-immigration ou eurosceptiques, favorables à l'AfD, le parti allemand d'extrême droite. Dernier épisode de cette campagne coordonnée, la diffusion d'une vidéo mettant en scène des électeurs qui se plaignent de ne pas trouver le nom du candidat de l'AfD sur les bulletins du vote par correspondance. Une manœuvre informationnelle similaire à celle enregistrée avant la présidentielle aux États-Unis fin 2024. L'infox vise particulièrement le processus électoral en Saxe. Dans cette région, l'extrême droite a connu une forte poussée lors des dernières élections. L'infox prend la forme d'une vidéo rassemblant plusieurs faux témoignages de prétendus électeurs ou électrices qui s'étonnent de ne pas trouver le nom du représentant de l'AfD sur les bulletins de la circonscription de Leipzig, qu'ils viennent de recevoir par la poste. À l'image, on ne voit que leurs mains, et on les entend s'interroger sur l'ordre d'apparition des candidats et l'absence des têtes de listes de l'alternative pour l'Allemagne. Les commentaires évoquent : « une tentative destinée à faire perdre l'AfD et un sabotage du processus démocratique ».Un faux bulletin pour induire en erreur le public En faisant un arrêt sur image, on distingue bien un papier à en-tête sur lequel est inscrit « Stimmzetell » ce qui signifie « bulletin ». On peut aussi lire « Leipzig » et ensuite un peu plus bas, il y a des cases à remplir pour cocher la liste et le candidat de son choix. Effectivement sur la vidéo trompeuse, pas de trace de l'AfD, alors qu'on trouve les emplacements réservés à la CDU, les chrétiens démocrates ou le SPD les sociaux-démocrates par exemple.Une simple recherche sur le site de la mairie de cette ville permet de savoir exactement à quoi ressemble le bulletin de vote par correspondance de dimanche. On peut récupérer un fichier Pdf du modèle de bulletin. De toute évidence, il est différent du papier brandit par les pseudos électeurs mécontents. Sur ce bulletin officiel apparaît bien le nom du candidat de l'AfD tout en haut de la colonne. Un mode opératoire déjà connuCela rappelle une autre tentative de déstabilisation, survenue aux États-Unis il y a quelques mois : une vidéo qui laissait penser à tort à la destruction de bulletins par correspondance en Pennsylvanie. Depuis jeudi, une vidéo identique circule pour accréditer l'idée de fraudes, cette fois-ci en Allemagne, dans la région de Hambourg. Tous les regards convergent vers le réseau de Mark Dougan. Il aurait produit cette fausse information afin de saper la confiance des électeurs allemands. Précisément, la même méthode avait été employée à l'approche de l'élection américaine, nous l'avions détaillée ici au mois de novembre dernier.Mark Dougan et la désinformation russeMark Dougan est un influenceur américain, ancien Shérif de Floride exilée en Russie pour échapper à des poursuites dans son pays, mais c'est surtout un « troll » qui sert la propagande du Kremlin via les services de renseignements russes. Selon l'organisation américaine Newsguard et le média allemand Correctiv, on leur doit une campagne de désinformations basée sur de faux reportages diffusés avant les élections en Allemagne. Une série d'infox destinées à discréditer la classe politique de ce pays via des mises en scène outrancières dans desvidéos faisant souvent appel à des outils d'intelligence artificielle générative. Des contenus relayant des narratifs similaires ont également fait leur apparition sur des sites « miroirs » de médias allemands. D'anciens journaux en ligne dont l'identité a été usurpée pour faire croire à des articles authentiques.
Voici l’essentiel de l’épisode du 18 février pour l’émission La commission: Une autre panne du Réseau express métropolitain (REM) ce matin. Les problèmes répétés du REM ces derniers temps, exaspèrent la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, qui a convoqué d’urgence la direction de la Caisse de dépôt et son principal fournisseur, Alstom à 13h aujourd’hui. Hydro-Québec a confirmé, au début du mois de février, qu'elle allait de l'avant avec l'installation de son futur poste électrique sur un terrain de la BAnQ, situé dans le Quartier latin, à Montréal. Le fentanyl, cette drogue dévastatrice, continue de ravager les communautés canadiennes et américaines.Face à cette crise, Justin Trudeau a nommé Kevin Brosseau comme le tout premier «tsar canadien du fentanyl» le 11 février dernier. Avec la chute des ventes de Tesla sur la planète, Elon Musk a perdu 90 G$. Quels sont les impacts pour les concessionnaires Tesla du Québec?Voir https://www.cogecomedia.com/vie-privee pour notre politique de vie privée
Il est considéré comme l'un des paroliers les plus brillants du rap français. À 45 ans, Youssoupha revient avec Amour Suprême, son septième album. En 13 titres, il adresse quelques recommandations bienveillantes aux jeunes générations sans renier pour autant les combats qui l'ont forgé. RFI : Votre septième album, Amour suprême, vient de sortir. Que symbolise ce titre ? Youssoupha : Ce titre-là est empreint de spiritualité, d'amour, forcément. Envie d'ouverture, envie de partage. Une certaine forme d'élévation. En tout cas, tout ce qui est émotionnellement fort, émotionnellement engageant, une certaine forme de liberté aussi. Et j'ai trouvé cette tournure-là, parce qu'en fait, c'est spirituel. C'est quelque chose qui va sur mon rap, mais au-delà encore.Et justement, comment cela se traduit-il dans la musique ?C'est une certaine facilité à parler de soi, à aborder des thèmes personnels, mais qui touchent le plus grand nombre, en partant vraiment de son parcours à soi. De la remise en cause aussi, l'envie de bien faire, l'envie de faire mieux. D'ailleurs, il y a une chanson qui s'appelle « Faire mieux ». Et une certaine foi aussi. Important de parler de la foi : ce en quoi on croit, les ambitions, les désillusions, les espoirs aussi. C'est ça aussi l'amour suprême.La Côte d'Ivoire semble être un point central dans votre parcours récent, après des années d'absence. Votre retour au pays paraît plus qu'un simple voyage. Quel impact cette expérience a-t-elle eu sur vous et sur votre musique ? C'est une rupture de vie personnelle. Je ne savais pas quel impact ça allait avoir sur ma musique. Au départ, aller me réinstaller en Côte d'Ivoire, c'était surtout pour suivre mon épouse qui avait des projets là-bas. Elle voulait changer de vie, de cadre parce que juste avant, on était en France. Et puis petit à petit, effectivement, vivre au quotidien dans une réalité africaine qui m'a bercée quand j'étais petit -j'ai grandi à Kinshasa-, ça a petit à petit créé une humeur et un rythme de vie différents, des sonorités, un folklore aussi, qui sont en moi, mais qui n'étaient plus dans ma vie domestique. Et forcément, ça a créé une espèce de détachement qui m'a éloigné de l'environnement anxiogène dans lequel je pouvais évoluer parfois en France. Donc, ça a impacté ma musique par la suite.Vous avez grandi en France, mais la Côte d'Ivoire occupe une place importante dans votre identité. Comment jonglez-vous avec ces héritages ? En fait, j'ai un héritage africain d'une manière générale. C'est-à-dire qu'effectivement, je vis en Côte d'Ivoire, mais il y a aussi mes origines congolaises, et mes origines sénégalaises par ma mère. Et en fait, au début, je ne savais pas trop comment jongler pour dire la vérité, notamment dans mes années françaises. Parce qu'en fait, quand tu es en France, on te demande un peu de renier de là d'où tu viens, ou alors tu n'es pas français. Et pendant longtemps, ça m'a tenu de manière tendue. C'est-à-dire que je me disais : « Dans ce cas-là, je ne suis pas français parce que je ne veux pas renoncer à mes origines ». Et puis finalement, en repartant vivre en Afrique, en découvrant en plus la Côte d'Ivoire encore un peu plus fort et en entretenant toujours mon identité congolaise et ivoirienne, je me suis rendu compte que je pouvais aussi ajouter mon identité française qui était en fait réelle parce que j'ai passé des années et des années dans ce pays. Donc pour moi, les origines et les identités se complètent. Elles ne s'annulent pas, contrairement à ce qu'on a pu essayer de me faire croire ou de nous faire croire pendant des années. C'est un message aussi que je passe aux gens à qui on dit qu'il faut choisir entre certaines origines ou certaines identités. Non, les identités s'enrichissent entre elles. Elles se complètent et elles ne s'annulent, ni ne se soustraient.Et quel rôle pensez-vous que la musique joue aujourd'hui dans la construction de cette identité, à la fois en tant qu'artiste et en tant qu'individu ? Ma musique me sert de marqueur dans ma vie. Parce que souvent, quand je réécoute mes disques, après coup, je vois dans quelle humeur ou dans quelle situation émotionnelle, logistique même presque, je me trouvais à ce moment-là et j'ai la chance d'être musicien. Et comme beaucoup d'artistes, la musique sert d'exutoire, de thérapie et puis surtout de carnet de route. Ça permet aussi aux gens de savoir là où j'en suis. C'est pour ça que quand je croise des gens dans la rue, ils me disent : « Ah voilà, j'ai aimé ce disque qui était en hommage à votre père » (son père, le musicien congolais Tabu Ley Rochereau, ndlr). Ou alors : « J'ai appris que vous avez fait vos études ici », ou alors : « J'ai appris que vous étiez de tel pays », etc. C'est un marqueur dont je me sers. Je ne sais pas comment font les autres gens, mais en tout cas, moi, j'ai cette chance-là par rapport à la musique et notamment au rap qui est un style assez libre pour faire un marqueur de vie.Avec Amour suprême, Youssoupha, vous faites face à de nombreux sujets à la fois personnels et sociétaux, c'est bien ça ? Oui, exactement. Je parle de ce qui m'entoure et ce à quoi je suis sensible. C'est-à-dire qu'effectivement la description d'une certaine réalité politique et sociale africaine peut revenir. La situation sociale en France aussi m'inspire. En Europe. Je suis un rappeur. Et l'engagement du rap est quelque chose qui est toujours prégnant chez moi. Donc du coup, même la géopolitique, les rapports Nord-Sud, les rapports civilisationnels, ce sont des choses qui m'intéressent. J'ai une identité plurielle. Je suis musulman, ma femme est chrétienne. Autour de moi, j'ai des gens qui sont athées. Donc, la question de la religion revient beaucoup parce que moi, je suis quelqu'un de très croyant. Et donc, je m'interroge sur ça. Je remets ça en question et puis d'une manière plus simple, mais non moins complexe, je suis un mari, un papa, un frère. Et en fait, j'évoque aussi beaucoup ma famille et les remises en cause d'homme que je peux avoir et les manières de pouvoir s'améliorer et s'élever socialement et émotionnellement au quotidien.Vous l'avez dit, votre ADN c'est essentiellement le rap. Mais dans votre dernier disque, donc Amour suprême, enregistré entre Dakar, Bruxelles, Abidjan, Montréal et dans le studio futuriste de Brad Pitt à Miraval en France, vous mêlez à la fois des sons très contemporains et des références plus classiques. Pouvez-vous nous en parler ? Oui, j'aime bien le mélange des genres. Moi-même, comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai une identité assez plurielle et j'ai été élevé avec la rumba congolaise. Plus tard dans ma vie, en arrivant en France, je découvre la chanson française dont les textes me touchent particulièrement. Le rap arrive dans ma vie et ça, c'est un choc et ça bouleverse mon expression. J'aime la culture américaine, la soul music. J'ai découvert après l'afrobeat, le coupé-décalé. La musique gospel me touche beaucoup. Je suis très sensible à ça et en fait, j'aime faire un mélange de tout. Non pas qu'il soit indigeste, mais un mélange aligné, bien réparti, bien créé. Ma créativité, elle vient de là aussi. C'est-à-dire entre les textes forts du rap et une certaine forme de légèreté que peut apporter le gospel. Ou alors la musique africaine avec ses couleurs. J'aime le mélange des genres et je ne veux renoncer à rien. Et c'est pour ça que je mélange un peu mes sensibilités et ce qui m'entoure dans ma vie au quotidien.Vous avez souvent parlé justement de votre rapport complexe à la France où vous avez grandi. Est-ce qu'Amour suprême marque un tournant dans cette relation ou est-ce une forme de réconciliation, de confrontation ou autre chose ? C'est une forme de réconciliation. Elle est paradoxale parce que c'est une réconciliation qui existe, qui arrive au moment où justement je ne vis plus en France en permanence. Mais j'y reviens parce que je reste attaché à ce pays et j'y travaille beaucoup avec mes tournées, avec la gestion de mon label ou alors des artistes avec lesquels je peux collaborer. Et en fait, il y a une sorte d'apaisement où je vois que finalement, je n'étais pas obligé d'être en guerre avec la France. Mais en fait, ce sont plutôt des choses institutionnelles qui m'ont révolté et qui continuent à me révolter. Mais il y a une sorte d'apaisement et une sorte de joie, de découverte. On s'aime avec ce pays, on s'aime avec mes compatriotes. Mais en fait, on s'est toujours mal compris. Et parce qu'on ne s'est jamais parlé avec notre cœur, on ne s'est jamais parlé avec notre vécu, on s'est parlé toujours de ce qui nous oppose. Effectivement, il y a des clivages qui m'opposent par rapport à la situation en France, toujours. Et je continuerai toujours à dénoncer ça. Mais il y a des choses aussi qui me rattachent à ce pays et à sa culture.Et actuellement, qu'est-ce qui vous révolte à ce niveau-là ? Qu'est-ce qui vous choque ? Deux choses principalement : la situation politique où j'ai l'impression que, au niveau du gouvernement, au niveau de la présidence et même au niveau des prises de parole des députés et de l'instabilité de l'Assemblée nationale, il y a un décalage total avec la précarité et la vie anxiogène que traversent les Français. C'est vraiment très compliqué. Je viens d'une classe sociale populaire et je sais que la situation est vraiment très très complexe. Et en fait, le décalage de l'opportunisme politique me chagrine et me choque. Par ailleurs, il y a la montée et la libération de la parole d'extrême droite qui est extrêmement décomplexée. L'extrême droite en France, ça a toujours existé. Il existe une partie de la France qui a entretenu une certaine forme de racisme. Mais elle a elle n'a jamais été au pouvoir. En tout cas, il y a eu toujours une force d'opposition contre elle. Là, aujourd'hui, elle a droit de cité et elle est même acceptée. Parfois même, c'est elle qui met au carreau les autres paroles. Et ça, ça me révolte. On peut aussi citer la profusion médiatique qui de la même façon, normalise la parole d'extrême droite, fausse les sujets. C'est-à-dire que par exemple, on passe deux trois semaines à parler d'Aya Nakamura aux Jeux olympiques, du burkini, etc. Alors qu'en réalité, on s'en fout. Pourquoi nous fait-on croire qu'il y a une guerre civilisationnelle alors qu'en fait, le problème des gens, c'est la précarité du travail, le fait que les campagnes et la vie rurale soient exclues des débats réels, que la vie des banlieues est une vie qui est complexe, qui n'est pas intégrée à la communauté nationale, qu'il y a des choses culturelles en France qui sont belles et dont on ne parle pas assez. Pendant ce temps-là, on préfère nous parler de sujets accessoires, mais très excitants pour le buzz, pour les mauvaises raisons. Alors ça peut faire rire deux secondes, mais ça commence à durer, depuis des années, et ça rend la situation complexe. Ça, ça me navre et ça m'affecte par rapport aux Français.Est-ce qu'on peut dire que ce disque est aussi un exorcisme ? Est-ce que cet album représente une catharsis pour vous ? Quand je l'ai fait, ce n'était pas dans ce sens-là, mais effectivement, il m'a permis d'expulser pas mal de choses, de me faire du bien et je l'ai dit en début d'interview, de m'élever, (…) de m'alléger et de me sentir en hauteur, d'avoir une prise de vue des choses un peu plus reculée, un peu plus élevée, etc. Et en fait, ça s'est fait au fil de la conception du disque. Dans sa forme finale, même quand je le réécoute, je me dis : « J'ai pris un recul que je n'ai jamais eu l'occasion de prendre, j'ai pris une hauteur que je n'ai jamais eu l'occasion de prendre » et j'en suis fier et satisfait. Ça me fait du bien, même à moi personnellement.Donc vous avez cherché à libérer ou à guérir à travers ces treize nouveaux titres ? Oui, ça me soigne. Ça participe à me soigner, évoquer des choses qu'on a sur le cœur, de manière personnelle ou de manière publique. Ça m'a servi d'exutoire et j'ai l'impression que cet exutoire est partagé à cause des excellents retours que je reçois sur ce disque et la manière dont il touche les gens. Je pense que c'est parce que je pensais parler de moi et finalement, je parle de tout le monde.Vous parlez de l'amour comme une force centrale sur ce disque, notamment sur la chanson « Dieu est grande ». Ce titre mérite bien une explication…À la base, c'est une chanson que j'ai faite pour ma fille. J'avais fait une chanson pour mon fils auparavant qui s'appelait « Mon Roi ». Et comme j'ai une petite fille qui s'appelle Imany qui a neuf ans, je voulais lui faire une chanson. J'ai réalisé en commençant à l'écrire qu'effectivement, quand j'ai écrit « Mon Roi », c'est l'histoire d'un petit garçon. J'ai été un petit garçon, donc je raconte aussi un peu mon histoire. Être une petite fille, c'est autre chose, c'est d'autres combats. Ce sont des épreuves auxquelles les petits garçons ne feront pas face. Je voulais quelque chose de plus grand que juste un roi. Je ne voulais pas juste me contenter d'une reine. Et cette chanson a pris cette proportion-là, quand je trouve la parole qui finit le texte quand je lui dis : « Imany, ça signifie la foi ». Et je lui ai dit : « Et si on te demande ce que ta voix représente, réponds simplement que ‘Dieu est grande' ». C'est une manière de dire que dans le Grand tout, dans la force créatrice de ce monde, il n'y a pas que les garçons qui existent, les filles aussi font partie de ce Grand tout. C'est une place importante à prendre. Je pensais que ce titre allait être impactant. Et ça l'a été parce qu'il y a eu beaucoup d'hommes qui ont été un peu vexés, ou alors qui ont trouvé ça trop excessif. (…) Je vois bien que ça irrite certains. Et ça me plaît, ça, que ça irrite.« Dieu est grande » ! Comment a-t-il été perçu en France et en Afrique ? Alors pour être honnête, ça a été très bien accueilli comme titre. Au début, quand même, il y a eu de la stupeur. Les gens se disaient « Waouh ! » Le titre est à la fois grandiose, à la fois surprenant et peut-être il peut être blasphématoire. Mais l'écrasante majorité des gens, en écoutant le texte, ont très vite compris. Après, il y a eu des pisse-froid qui avaient tendance à dire que ça leur donnait le vertige. Mais très vite, l'amour et le message qui est dans le titre l'a emporté. Aujourd'hui, c'est un titre dont on me parle absolument partout et ça devient même l'un des titres majeurs de ma discographie. Et je n'attendais pas ça au bout du septième album. Donc, c'est une belle histoire.C'est votre côté féministe ? Moi je ne pense même pas que je suis féministe. Mais peut-être que j'ai un côté femme en moi. En tout cas, je voulais écrire une chanson juste pour ma petite fille. Et le fait que les femmes s'approprient ce titre-là, ça me flatte, mais c'est un titre qui appartient plus à Imany qu'à moi en vérité.Pour terminer, Youssoupha, Amour suprême est un album introspectif, mais il y a aussi un regard sur l'extérieur, sur la société et sur l'humanité. Qu'avez-vous envie de transmettre aux plus jeunes qui écoutent cet album ? Ce qui me vient spontanément, c'est d'arrêter d'être des complexés. Et je pense notamment à la jeunesse africaine parce que je viens de là. En tous cas de ne pas se laisser écraser par les complexes qu'on nous met dans la tête. Les choses qu'on peut accomplir ou ce qu'on est, c'est juste une question de perception et les autres peuvent avoir une perception différente de ce qu'on est ou ce qu'on veut devenir. Et nous, on doit notre ambition à nous-mêmes. Notre force d'identité doit toujours dépasser ça. Et puis l'autre chose, ça s'adresse à tout le monde, aux jeunes, aux moins jeunes, aux gens du monde entier : n'ayez pas peur. Je trouve que c'est un monde qui se construit beaucoup autour de la peur. La peur des gens, la peur des clivages, la peur de ce qu'on va réussir, ce qu'on ne va pas réussir, la peur de mourir, etc. Et en fait non, n'ayez pas peur. Il y a encore de la place pour faire des choses bien. N'ayez pas peur d'être quelqu'un de bien, n'ayez pas peur des gens intelligents ou prétendument intelligents, parce que souvent les gens intelligents aiment vous complexer ou nous complexer en disant : « Oui, mais vous n'avez rien compris ». Si vous avez très très bien compris ce que vous êtes en train de faire. Et là où vous voulez aller. Donc, soyez grand. Si vous ne pouvez pas faire de grandes choses, faites de petites choses avec grandeur, ça va aussi. Et voilà. N'ayez pas peur.Youssoupha Amour suprême (Believe) 2025
Il est considéré comme l'un des paroliers les plus brillants du rap français. À 45 ans, Youssoupha revient avec Amour Suprême, son septième album. En 13 titres, il adresse quelques recommandations bienveillantes aux jeunes générations sans renier pour autant les combats qui l'ont forgé. RFI : Votre septième album, Amour suprême, vient de sortir. Que symbolise ce titre ? Youssoupha : Ce titre-là est empreint de spiritualité, d'amour, forcément. Envie d'ouverture, envie de partage. Une certaine forme d'élévation. En tout cas, tout ce qui est émotionnellement fort, émotionnellement engageant, une certaine forme de liberté aussi. Et j'ai trouvé cette tournure-là, parce qu'en fait, c'est spirituel. C'est quelque chose qui va sur mon rap, mais au-delà encore.Et justement, comment cela se traduit-il dans la musique ?C'est une certaine facilité à parler de soi, à aborder des thèmes personnels, mais qui touchent le plus grand nombre, en partant vraiment de son parcours à soi. De la remise en cause aussi, l'envie de bien faire, l'envie de faire mieux. D'ailleurs, il y a une chanson qui s'appelle « Faire mieux ». Et une certaine foi aussi. Important de parler de la foi : ce en quoi on croit, les ambitions, les désillusions, les espoirs aussi. C'est ça aussi l'amour suprême.La Côte d'Ivoire semble être un point central dans votre parcours récent, après des années d'absence. Votre retour au pays paraît plus qu'un simple voyage. Quel impact cette expérience a-t-elle eu sur vous et sur votre musique ? C'est une rupture de vie personnelle. Je ne savais pas quel impact ça allait avoir sur ma musique. Au départ, aller me réinstaller en Côte d'Ivoire, c'était surtout pour suivre mon épouse qui avait des projets là-bas. Elle voulait changer de vie, de cadre parce que juste avant, on était en France. Et puis petit à petit, effectivement, vivre au quotidien dans une réalité africaine qui m'a bercée quand j'étais petit -j'ai grandi à Kinshasa-, ça a petit à petit créé une humeur et un rythme de vie différents, des sonorités, un folklore aussi, qui sont en moi, mais qui n'étaient plus dans ma vie domestique. Et forcément, ça a créé une espèce de détachement qui m'a éloigné de l'environnement anxiogène dans lequel je pouvais évoluer parfois en France. Donc, ça a impacté ma musique par la suite.Vous avez grandi en France, mais la Côte d'Ivoire occupe une place importante dans votre identité. Comment jonglez-vous avec ces héritages ? En fait, j'ai un héritage africain d'une manière générale. C'est-à-dire qu'effectivement, je vis en Côte d'Ivoire, mais il y a aussi mes origines congolaises, et mes origines sénégalaises par ma mère. Et en fait, au début, je ne savais pas trop comment jongler pour dire la vérité, notamment dans mes années françaises. Parce qu'en fait, quand tu es en France, on te demande un peu de renier de là d'où tu viens, ou alors tu n'es pas français. Et pendant longtemps, ça m'a tenu de manière tendue. C'est-à-dire que je me disais : « Dans ce cas-là, je ne suis pas français parce que je ne veux pas renoncer à mes origines ». Et puis finalement, en repartant vivre en Afrique, en découvrant en plus la Côte d'Ivoire encore un peu plus fort et en entretenant toujours mon identité congolaise et ivoirienne, je me suis rendu compte que je pouvais aussi ajouter mon identité française qui était en fait réelle parce que j'ai passé des années et des années dans ce pays. Donc pour moi, les origines et les identités se complètent. Elles ne s'annulent pas, contrairement à ce qu'on a pu essayer de me faire croire ou de nous faire croire pendant des années. C'est un message aussi que je passe aux gens à qui on dit qu'il faut choisir entre certaines origines ou certaines identités. Non, les identités s'enrichissent entre elles. Elles se complètent et elles ne s'annulent, ni ne se soustraient.Et quel rôle pensez-vous que la musique joue aujourd'hui dans la construction de cette identité, à la fois en tant qu'artiste et en tant qu'individu ? Ma musique me sert de marqueur dans ma vie. Parce que souvent, quand je réécoute mes disques, après coup, je vois dans quelle humeur ou dans quelle situation émotionnelle, logistique même presque, je me trouvais à ce moment-là et j'ai la chance d'être musicien. Et comme beaucoup d'artistes, la musique sert d'exutoire, de thérapie et puis surtout de carnet de route. Ça permet aussi aux gens de savoir là où j'en suis. C'est pour ça que quand je croise des gens dans la rue, ils me disent : « Ah voilà, j'ai aimé ce disque qui était en hommage à votre père » (son père, le musicien congolais Tabu Ley Rochereau, ndlr). Ou alors : « J'ai appris que vous avez fait vos études ici », ou alors : « J'ai appris que vous étiez de tel pays », etc. C'est un marqueur dont je me sers. Je ne sais pas comment font les autres gens, mais en tout cas, moi, j'ai cette chance-là par rapport à la musique et notamment au rap qui est un style assez libre pour faire un marqueur de vie.Avec Amour suprême, Youssoupha, vous faites face à de nombreux sujets à la fois personnels et sociétaux, c'est bien ça ? Oui, exactement. Je parle de ce qui m'entoure et ce à quoi je suis sensible. C'est-à-dire qu'effectivement la description d'une certaine réalité politique et sociale africaine peut revenir. La situation sociale en France aussi m'inspire. En Europe. Je suis un rappeur. Et l'engagement du rap est quelque chose qui est toujours prégnant chez moi. Donc du coup, même la géopolitique, les rapports Nord-Sud, les rapports civilisationnels, ce sont des choses qui m'intéressent. J'ai une identité plurielle. Je suis musulman, ma femme est chrétienne. Autour de moi, j'ai des gens qui sont athées. Donc, la question de la religion revient beaucoup parce que moi, je suis quelqu'un de très croyant. Et donc, je m'interroge sur ça. Je remets ça en question et puis d'une manière plus simple, mais non moins complexe, je suis un mari, un papa, un frère. Et en fait, j'évoque aussi beaucoup ma famille et les remises en cause d'homme que je peux avoir et les manières de pouvoir s'améliorer et s'élever socialement et émotionnellement au quotidien.Vous l'avez dit, votre ADN c'est essentiellement le rap. Mais dans votre dernier disque, donc Amour suprême, enregistré entre Dakar, Bruxelles, Abidjan, Montréal et dans le studio futuriste de Brad Pitt à Miraval en France, vous mêlez à la fois des sons très contemporains et des références plus classiques. Pouvez-vous nous en parler ? Oui, j'aime bien le mélange des genres. Moi-même, comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai une identité assez plurielle et j'ai été élevé avec la rumba congolaise. Plus tard dans ma vie, en arrivant en France, je découvre la chanson française dont les textes me touchent particulièrement. Le rap arrive dans ma vie et ça, c'est un choc et ça bouleverse mon expression. J'aime la culture américaine, la soul music. J'ai découvert après l'afrobeat, le coupé-décalé. La musique gospel me touche beaucoup. Je suis très sensible à ça et en fait, j'aime faire un mélange de tout. Non pas qu'il soit indigeste, mais un mélange aligné, bien réparti, bien créé. Ma créativité, elle vient de là aussi. C'est-à-dire entre les textes forts du rap et une certaine forme de légèreté que peut apporter le gospel. Ou alors la musique africaine avec ses couleurs. J'aime le mélange des genres et je ne veux renoncer à rien. Et c'est pour ça que je mélange un peu mes sensibilités et ce qui m'entoure dans ma vie au quotidien.Vous avez souvent parlé justement de votre rapport complexe à la France où vous avez grandi. Est-ce qu'Amour suprême marque un tournant dans cette relation ou est-ce une forme de réconciliation, de confrontation ou autre chose ? C'est une forme de réconciliation. Elle est paradoxale parce que c'est une réconciliation qui existe, qui arrive au moment où justement je ne vis plus en France en permanence. Mais j'y reviens parce que je reste attaché à ce pays et j'y travaille beaucoup avec mes tournées, avec la gestion de mon label ou alors des artistes avec lesquels je peux collaborer. Et en fait, il y a une sorte d'apaisement où je vois que finalement, je n'étais pas obligé d'être en guerre avec la France. Mais en fait, ce sont plutôt des choses institutionnelles qui m'ont révolté et qui continuent à me révolter. Mais il y a une sorte d'apaisement et une sorte de joie, de découverte. On s'aime avec ce pays, on s'aime avec mes compatriotes. Mais en fait, on s'est toujours mal compris. Et parce qu'on ne s'est jamais parlé avec notre cœur, on ne s'est jamais parlé avec notre vécu, on s'est parlé toujours de ce qui nous oppose. Effectivement, il y a des clivages qui m'opposent par rapport à la situation en France, toujours. Et je continuerai toujours à dénoncer ça. Mais il y a des choses aussi qui me rattachent à ce pays et à sa culture.Et actuellement, qu'est-ce qui vous révolte à ce niveau-là ? Qu'est-ce qui vous choque ? Deux choses principalement : la situation politique où j'ai l'impression que, au niveau du gouvernement, au niveau de la présidence et même au niveau des prises de parole des députés et de l'instabilité de l'Assemblée nationale, il y a un décalage total avec la précarité et la vie anxiogène que traversent les Français. C'est vraiment très compliqué. Je viens d'une classe sociale populaire et je sais que la situation est vraiment très très complexe. Et en fait, le décalage de l'opportunisme politique me chagrine et me choque. Par ailleurs, il y a la montée et la libération de la parole d'extrême droite qui est extrêmement décomplexée. L'extrême droite en France, ça a toujours existé. Il existe une partie de la France qui a entretenu une certaine forme de racisme. Mais elle a elle n'a jamais été au pouvoir. En tout cas, il y a eu toujours une force d'opposition contre elle. Là, aujourd'hui, elle a droit de cité et elle est même acceptée. Parfois même, c'est elle qui met au carreau les autres paroles. Et ça, ça me révolte. On peut aussi citer la profusion médiatique qui de la même façon, normalise la parole d'extrême droite, fausse les sujets. C'est-à-dire que par exemple, on passe deux trois semaines à parler d'Aya Nakamura aux Jeux olympiques, du burkini, etc. Alors qu'en réalité, on s'en fout. Pourquoi nous fait-on croire qu'il y a une guerre civilisationnelle alors qu'en fait, le problème des gens, c'est la précarité du travail, le fait que les campagnes et la vie rurale soient exclues des débats réels, que la vie des banlieues est une vie qui est complexe, qui n'est pas intégrée à la communauté nationale, qu'il y a des choses culturelles en France qui sont belles et dont on ne parle pas assez. Pendant ce temps-là, on préfère nous parler de sujets accessoires, mais très excitants pour le buzz, pour les mauvaises raisons. Alors ça peut faire rire deux secondes, mais ça commence à durer, depuis des années, et ça rend la situation complexe. Ça, ça me navre et ça m'affecte par rapport aux Français.Est-ce qu'on peut dire que ce disque est aussi un exorcisme ? Est-ce que cet album représente une catharsis pour vous ? Quand je l'ai fait, ce n'était pas dans ce sens-là, mais effectivement, il m'a permis d'expulser pas mal de choses, de me faire du bien et je l'ai dit en début d'interview, de m'élever, (…) de m'alléger et de me sentir en hauteur, d'avoir une prise de vue des choses un peu plus reculée, un peu plus élevée, etc. Et en fait, ça s'est fait au fil de la conception du disque. Dans sa forme finale, même quand je le réécoute, je me dis : « J'ai pris un recul que je n'ai jamais eu l'occasion de prendre, j'ai pris une hauteur que je n'ai jamais eu l'occasion de prendre » et j'en suis fier et satisfait. Ça me fait du bien, même à moi personnellement.Donc vous avez cherché à libérer ou à guérir à travers ces treize nouveaux titres ? Oui, ça me soigne. Ça participe à me soigner, évoquer des choses qu'on a sur le cœur, de manière personnelle ou de manière publique. Ça m'a servi d'exutoire et j'ai l'impression que cet exutoire est partagé à cause des excellents retours que je reçois sur ce disque et la manière dont il touche les gens. Je pense que c'est parce que je pensais parler de moi et finalement, je parle de tout le monde.Vous parlez de l'amour comme une force centrale sur ce disque, notamment sur la chanson « Dieu est grande ». Ce titre mérite bien une explication…À la base, c'est une chanson que j'ai faite pour ma fille. J'avais fait une chanson pour mon fils auparavant qui s'appelait « Mon Roi ». Et comme j'ai une petite fille qui s'appelle Imany qui a neuf ans, je voulais lui faire une chanson. J'ai réalisé en commençant à l'écrire qu'effectivement, quand j'ai écrit « Mon Roi », c'est l'histoire d'un petit garçon. J'ai été un petit garçon, donc je raconte aussi un peu mon histoire. Être une petite fille, c'est autre chose, c'est d'autres combats. Ce sont des épreuves auxquelles les petits garçons ne feront pas face. Je voulais quelque chose de plus grand que juste un roi. Je ne voulais pas juste me contenter d'une reine. Et cette chanson a pris cette proportion-là, quand je trouve la parole qui finit le texte quand je lui dis : « Imany, ça signifie la foi ». Et je lui ai dit : « Et si on te demande ce que ta voix représente, réponds simplement que ‘Dieu est grande' ». C'est une manière de dire que dans le Grand tout, dans la force créatrice de ce monde, il n'y a pas que les garçons qui existent, les filles aussi font partie de ce Grand tout. C'est une place importante à prendre. Je pensais que ce titre allait être impactant. Et ça l'a été parce qu'il y a eu beaucoup d'hommes qui ont été un peu vexés, ou alors qui ont trouvé ça trop excessif. (…) Je vois bien que ça irrite certains. Et ça me plaît, ça, que ça irrite.« Dieu est grande » ! Comment a-t-il été perçu en France et en Afrique ? Alors pour être honnête, ça a été très bien accueilli comme titre. Au début, quand même, il y a eu de la stupeur. Les gens se disaient « Waouh ! » Le titre est à la fois grandiose, à la fois surprenant et peut-être il peut être blasphématoire. Mais l'écrasante majorité des gens, en écoutant le texte, ont très vite compris. Après, il y a eu des pisse-froid qui avaient tendance à dire que ça leur donnait le vertige. Mais très vite, l'amour et le message qui est dans le titre l'a emporté. Aujourd'hui, c'est un titre dont on me parle absolument partout et ça devient même l'un des titres majeurs de ma discographie. Et je n'attendais pas ça au bout du septième album. Donc, c'est une belle histoire.C'est votre côté féministe ? Moi je ne pense même pas que je suis féministe. Mais peut-être que j'ai un côté femme en moi. En tout cas, je voulais écrire une chanson juste pour ma petite fille. Et le fait que les femmes s'approprient ce titre-là, ça me flatte, mais c'est un titre qui appartient plus à Imany qu'à moi en vérité.Pour terminer, Youssoupha, Amour suprême est un album introspectif, mais il y a aussi un regard sur l'extérieur, sur la société et sur l'humanité. Qu'avez-vous envie de transmettre aux plus jeunes qui écoutent cet album ? Ce qui me vient spontanément, c'est d'arrêter d'être des complexés. Et je pense notamment à la jeunesse africaine parce que je viens de là. En tous cas de ne pas se laisser écraser par les complexes qu'on nous met dans la tête. Les choses qu'on peut accomplir ou ce qu'on est, c'est juste une question de perception et les autres peuvent avoir une perception différente de ce qu'on est ou ce qu'on veut devenir. Et nous, on doit notre ambition à nous-mêmes. Notre force d'identité doit toujours dépasser ça. Et puis l'autre chose, ça s'adresse à tout le monde, aux jeunes, aux moins jeunes, aux gens du monde entier : n'ayez pas peur. Je trouve que c'est un monde qui se construit beaucoup autour de la peur. La peur des gens, la peur des clivages, la peur de ce qu'on va réussir, ce qu'on ne va pas réussir, la peur de mourir, etc. Et en fait non, n'ayez pas peur. Il y a encore de la place pour faire des choses bien. N'ayez pas peur d'être quelqu'un de bien, n'ayez pas peur des gens intelligents ou prétendument intelligents, parce que souvent les gens intelligents aiment vous complexer ou nous complexer en disant : « Oui, mais vous n'avez rien compris ». Si vous avez très très bien compris ce que vous êtes en train de faire. Et là où vous voulez aller. Donc, soyez grand. Si vous ne pouvez pas faire de grandes choses, faites de petites choses avec grandeur, ça va aussi. Et voilà. N'ayez pas peur.Youssoupha Amour suprême (Believe) 2025
Je sais bien que je vous ai laissés sur votre faim lundi. Effectivement, j'ai rencontré le journaliste Nabil Wakim qui tient le podcast Chaleur humaine. La podcasteuse rencontre le podcasteur. Tout a commencé parce que le 14 décembre 2024, Micaela et moi étions au Festival des idées Chaleur humaine qui se tenait au Théâtre de la Ville. Nous avions réservé nos places depuis bien un mois et nous étions impatientes de découvrir les invités du Festival. Le Festival avait pour thèmes des solutions pratiques pour lutter contre le changement climatique. La présentation annonçait des solutions réalistes et joyeuses et c'était vrai. Je vous laisserai les découvrir en ligne. Nous avons aussi adoré les intermèdes qui ont ponctué ce festival de trois heures : des dessins réalisés sous nos yeux grâce à un écran par l'aquarelliste Morgane Guerry, de la musique et des sketches hilarants et très beaux de la compagnie Zygomatic issus de leur spectacle Climax. À la fin, dans la mezzanine qui surplombe le hall du théâtre, nous avons pu échanger quelques mots avec Nabil Wakim. Micaela lui a parlé de sa formation et moi je lui ai demandé s'il interviendrait sur les ondes de One Thing In A French Day pour montrer comment nous abordions ces sujets en France. — Bien sûr, m'a-t-il répondu. Et voilà. Accompagnée d'Alistair pour la prise de son, j'ai réalisé cet entretien dans le studio de podcast du Monde, là où est enregistré Chaleur humaine. Frissons. www.onethinginafrenchday.com
« Nous nous en sortirons tout seuls », affirme le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, après la décision de son président, Mahamat Idriss Déby, de faire partir tous les militaires français du Tchad d'ici à la fin de ce mois de janvier. Comment le Tchad réagira-t-il si une nouvelle colonne rebelle attaque à partir de la Libye ou du Soudan ? Le Tchad envisage-t-il un partenariat stratégique avec un autre pays étranger ? Abderaman Koulamallah, à la fois chef de la diplomatie et porte-parole du gouvernement tchadien, répond sans détours aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Ce lundi à Paris, le président français Emmanuel Macron a dit que le départ des soldats français du continent africain était une initiative de lui-même et a ajouté : « Nous avons proposé aux chefs d'État africains de réorganiser notre présence militaire et, comme on est très poli, on leur a laissé la primauté de l'annonce ». Comment vous réagissez ?Abderaman Koulamallah : Bon, d'abord. Les propos dans leur ensemble sont désobligeants et carrément irrespectueux vis-à-vis des chefs d'Etat africains et de l'Afrique tout entière. Nous avons dit que ces propos étaient des propos méprisants vis-à-vis des dirigeants africains et que la France doit comprendre que le temps des colonies est terminé. Pour notre part, la décision du départ des troupes françaises du Tchad est une décision souveraine, qui n'a jamais été négociée avec qui que ce soit, ni avec les dirigeants français, ni avec le président Macron. C'est une décision que le président Mahamat Idriss Déby, le maréchal Mahamat Idriss Déby, a prise et qui est conforme à son programme politique : revisiter les accords de coopération militaire. Nous ne voulons plus de bases militaires sur notre territoire. C'est une décision politique, une décision de souveraineté et une décision pour notre indépendance.Alors vous dites que c'est une décision politique, mais c'est aussi une décision stratégique. À plusieurs reprises ces 20 dernières années, les militaires français, notamment les avions Mirage 2000, ont aidé le gouvernement tchadien à repousser les offensives rebelles. La dernière fois, c'était il y a juste six ans en 2019. Qu'est ce qui se passera en cas de nouvelle tentative d'incursion d'une colonne rebelle en provenance de Libye ou du Soudan ?Mais plus récemment, en 2021, l'armée tchadienne s'est battue toute seule contre les groupes terroristes, qui ont même porté atteinte à la vie de notre cher et bien aimé défunt maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno. Et c'est l'armée tchadienne, avec à sa tête le président de la République de l'époque lui-même, qui a repoussé et anéanti les colonnes rebelles. A ce moment, nous n'avons pas eu besoin de l'aide de la France. Nous avons pris cette décision que vous dites stratégique. Effectivement, c'est stratégique. Je peux vous affirmer que ça, c'est parce que nous avons pesé nos capacités de riposte, de vaincre tout ennemi qui s'aventurerait sur notre territoire. Nous n'avons besoin de personne, que cela soit dit une bonne fois pour toute.Vous n'avez plus besoin de l'appui aérien de la France ?On n'a besoin de l'appui de personne. Nous nous en sortirons tout seuls.Avec peut-être aussi de nouveaux amis sur la scène internationale ? On pense aux Émirats arabes unis qui peuvent éventuellement vous apporter un soutien stratégique ?Mais pourquoi voulez-vous qu'on décide de faire partir une puissance militaire étrangère et de faire les yeux doux à d'autres puissances ? Il n'y aura aucune autre base étrangère sur notre territoire.Dans son discours de lundi à Paris, Emmanuel Macron a dit aussi que la France avait eu raison d'intervenir militairement en Afrique contre le terrorisme en 2013, mais que les dirigeants africains avaient « oublié de dire merci ». Qu'est-ce que vous en pensez ?Mais ça, ce sont des propos qui sont extrêmement blessants, il ne faut pas réduire les relations entre la France et l'Afrique simplement à la lutte contre le terrorisme. Il y a des milliers de soldats africains qui sont morts pour la France et ces propos, comme le président Macron les a dits, sont vexants, humiliants et inacceptables pour les Tchadiens et pour tous les Africains. Nous avons aussi combattu auprès des Français et la France n'a pas toujours dit merci aux soldats africains qui sont morts sur son territoire.Historiquement, en janvier 2013, est-ce que l'intervention française au centre du Mali n'a pas sauvé Bamako qui était menacée par une colonne rebelle de jihadistes ?Vous interrogerez le ministre malien des Affaires étrangères sur cette question, je ne veux pas me prononcer sur cette question.Oui, mais en février 2013, les militaires français et tchadiens combattaient côte à côte dans le nord du Mali contre les jihadistes. A la tête du contingent tchadien, il y avait un certain général Mahamat Idriss Déby, qui est aujourd'hui le président de votre pays…C'est ce qui vous permet de dire que la France n'a pas été la seule puissance à se battre et à sauver, entre guillemets, le Mali. Il y a eu aussi des Africains et notamment des Tchadiens, notamment le président Mahamat Idriss Déby, qui se sont battus pour notre liberté collective.Donc vous ne dénoncez pas l'intervention militaire française au Mali en 2013 ?Je n'ai pas à me prononcer sur la présence militaire française au Mali. Je laisse aux Maliens le soin de savoir si cette présence militaire au Mali était bénéfique pour eux ou pas.À lire aussiPropos polémiques d'E. Macron sur l'Afrique: «Un président vexé car il estime avoir fait le maximum»
Première diffusion le 7 octobre 2019J'ai l'immense plaisir de recevoir Thierry Janssen, ancien chirurgien et désormais psychothérapeute, auteur et directeur de l'Ecole de la présence thérapeutique.C'est un entretien vibrant et plein d'espoir en la vie que je vous propose aujourd'hui. Un entretien où il est question de spiritualité et d'éveil de la conscience… Un entretien avec un homme d'une grande sagesse. Tellement sage qu'il accepte justement de ne pas l'être.Vous avez choisi ici la version longue de l'entretien, et vous avez raison : vous allez pouvoir laisser toutes ces paroles inspirantes vous embarquer…Avec Thierry, nous allons parler du jour où il a quitté brutalement son poste de chirurgien, d'une brève incursion dans le monde de la mode, d'une autre mode -celle du développement personnel- et de ses excès, de sa formation auprès d'une guérisseuse américaine, de comment il est devenu presque malgré lui psy, de son expérience mystique du silence intérieur, de l'acceptation qui n'est pas la résignation, de l'Ecole de la présence thérapeutique qu'il dirige à Bruxelles et d'amour bien sûr ! Notes sur l'épisode:- Le site de l'Ecole de la Présence Thérapeutique : https://edlpj.org/- La page Facebook de Thierry : www.facebook.com/thierry.janssen.98- Le livre de Thierry dont on parle dans l'entretien : Ecouter le silence à l'intérieur – Les éditions L'Iconoclaste- Son rituel bien-être : tenir un journal dans lequel noter chaque jour ses émotions- Son conseil lecture : « Après l'extase, la lessive » de Jack Kornfield RETRANSCRIPTION DE L'EPISODE AVEC THIERRY JANSSEN Quel bonheur de revenir ici, d'être là, derrière mon micro, et de vous avoir, vous, de l'autre côté. C'est donc parti pour une deuxième saison de ce podcast.00:01:34Et pour la lancer, je vous propose une rencontre avec un invité de marque. Pas seulement parce qu'il est connu, que vous avez peut-être lu certains de ses ouvrages ou assisté à l'une de ses conférences. Thierry Janssen est un invité de marque car il nous ouvre à la spiritualité avec la sagesse de celui qui sait qu'il n'est justement pas sage. Celui qui a un jour été chirurgien renommé. Il a découvert que la guérison passe aussi par le soin des émotions et de l'âme. Il a cheminé pour apprendre à s'écouter, à prendre le temps de se connecter à lui-même, quitte à se mettre en retrait lorsque c'était nécessaire. Et puis un jour, il a vécu une expérience mystique, celle du silence intérieur, comme il la raconte dans son dernier ouvrage.00:02:20Un moment de grâce, d'une puissance indescriptible pendant lequel il a goûté à l'amour pur, à l'universalité. Bienvenue dans la saison 2 de La Petite Voix. Bienvenue dans cet épisode très inspirant, vibrant, plein d'espoir en la vie. Avec Thierry, nous allons parler d'une fulgurance de conscience qui l'a décidé à quitter son job à l'hôpital de Bruxelles en quelques minutes, d'une enfance marquée par une grande sensibilité, de sa rencontre déterminante avec une guérisseuse américaine et de l'acceptation qui rend libre et créatif. Bonjour Thierry et bienvenue dans La Petite Voix. Bonjour. Je suis vraiment enchantée de vous recevoir et ravie d'ouvrir avec vous la deuxième saison de ce podcast. Ensemble, aujourd'hui, nous allons parler de votre cheminement initiatique que vous évoquez dans vos livres et en particulier le dernier qui est un très beau livre qui s'appelle Écoutez le silence à l'intérieur.00:03:20Il est paru l'an dernier aux éditions Iconoclast. Thierry, on ne vous présente plus. Vous êtes psychothérapeute et désormais fondateur de l'école de la présence thérapeutique à Bruxelles. Vous êtes également un auteur connu et reconnu. Déjà, huit livres, je crois, à votre actif sur des sujets qui sont liés au développement personnel. Mais c'est d'ailleurs un terme et même une mode dont vous vous méfiez, et on va avoir l'occasion d'y revenir dans notre entretien. Ce que je n'ai pas encore dit, c'est que vous avez également été médecin. Vous étiez même un chirurgien renommé jusqu'au jour où je crois que vous aviez environ 35 ans. Vous avez compris que vous ne vous étiez pas très bien. Vous n'épanouissiez plus dans ce rôle aussi prestigieux était-il.00:04:02Est-ce que vous pouvez revenir sur cette journée particulière et cette fulgurance de conscience, comme vous l'appelez ? Oui, c'était le 5 janvier 1998. Et je ne dirais pas que j'ai compris quelque chose ce jour-là. J'ai juste écouté. J'ai écouté d'abord une voix, très clairement, qui a résonné en moi et un ressenti très profond qui m'a dit que je ne pouvais plus rester là. En fait, j'ai écouté une voice qui m'a dit que je ne pouvais plus rester là. Pendant des années, j'avais consacré toute mon énergie à cette carrière médicale et chirurgicale. Et sans m'en rendre compte, je m'étais enfermé dans un système de fonctionnement très contraignant, très violent, quelque part. Et je n'avais jamais fait de travail sur moi, donc je n'avais pas non plus le recul pour comprendre tout ça.00:04:48Et je travaillais dans un hôpital universitaire à Bruxelles et j'ai décidé de le quitter tout en restant au sein de la même université pour prendre des fonctions avec de plus grandes responsabilités dans l'un des autres hôpitaux de cette université. Et le 5 janvier 1998, lorsque j'ai pris mes fonctions, je promets qu'une heure avant, je ne savais pas, même cinq minutes avant, je ne savais pas que j'allais arrêter mon métier, mais j'étais dans l'ascenseur avec la dame qui devenait ma secrétaire et elle me parlait, et j'avais l'impression qu'elle parlait une langue étrangère, je ne comprenais rien. Et je suis rentré dans mon nouveau bureau et j'ai vraiment entendu cette voix qui est ma voix, c'est comme quand je m'entends vous parler maintenant, et cette voix a dit « si tu vas mourir ».00:05:39Et j'ai écrit ma lettre de démission au doyen de la faculté de médecine. Et en fait, j'ai simplement dit « je ne suis pas la personne pour occuper le poste que je vous ai demandé d'occuper, je ne peux pas tricher avec moi, je ne peux pas tricher avec vous ». Et donc, je remets ma démission. Et puis, j'ai quitté le poste. Je suis allé à l'hôpital en remettant cette lettre à un des chefs de clinique du service. Quand je suis arrivé à la maison, déjà dans la voiture, j'ai eu un contact avec la personne avec qui je vivais et je lui ai dit « mais c'est de la folie, qu'est-ce que tu es en train de faire ? ».00:06:11Je lui ai dit « je ne sais pas, mais je sais ce que je ne ferai plus ». Et j'ai le sentiment qu'aujourd'hui, c'est comme si je renaissais ou que je naissais consciemment. À la radio, il y avait une chanson qui disait « ceci est le premier jour du reste de ta vie ». Et ça a vraiment fait sens. Et ça m'a plongé dans une sorte de sentiment d'euphorie qui a perduré pendant certainement 10 jours. Et puis, j'ai commencé à avoir très peur. Les questions sont revenues en fait. Mais ce n'étaient pas des questions. C'était que tout d'un coup, je étais face à un immense vide parce que toute ma vie avait été remplie par ce projet.00:06:52C'est un projet qui était né quand j'avais l'âge de 5 ans, le jour où ma mère m'a montré le chirurgien qui l'avait opéré. Et je suis dit « Moi, je vais faire ça ». D'accord. J'étais programmée, même si j'ai eu longtemps un doute parce que j'avais une passion qui est née pratiquement au même âge, vers 5-6 ans, une passion pour la civilisation de l'Égypte ancienne. Et longtemps, j'ai hésité entre m'orienter vers l'égyptologie ou vers la chirurgie. Et à 18 ans, je suis commencé la chirurgie parce que c'est un métier qui ne paraissait plus ouvert vers les autres. Et qui servait plus, quelque part, que simplement s'intéresser aux antiquités. Mais en même temps, c'était un piège parce que je ne voulais pas être médecin, je voulais être chirurgien. Ça m'a demandé énormément d'efforts, d'investissements.00:07:40Et je n'ai jamais réfléchi à tout ça. J'ai juste agi comme ça, sans doute pour réparer plein de choses, comme nous tous, on a des raisons très névrotiques de s'investir. Rires. J'ai mis beaucoup d'énergie pour réparer des blessures du passé. Mais en même temps, ce 5 janvier 1998, je crois que j'étais vraiment arrivé à la limite de ce que je pouvais m'imposer. Parce que finalement, je m'étais imposé beaucoup de choses. Beaucoup d'efforts, beaucoup de contraintes. Et très peu de plaisir, finalement. C'est ce que vous appeliez dans votre livre, vous faites référence à cette période comme ça, en disant Thierry, ambitieux et perfectionniste, c'est ça ? Oui. Oui. Parce que j'avais développé une personnalité assez rigide, perfectionniste, et donc aussi à cheval sur beaucoup de règles.00:08:30Comme nous tous, j'ai développé cette personnalité pour essayer de m'adapter, pour essayer de survivre et d'être aimé. C'était une façon de rentrer dans les rangs, de ne pas décevoir, d'être un bon petit garçon. Parce que très jeune, j'ai senti que je n'étais pas forcément différent des autres, mais qu'en tout cas, j'avais des particularités en moi qui n'étaient pas forcément acceptées par les autres. Et en particulier, une très grande sensibilité. Et donc, cette grande sensibilité m'a permis d'être à l'écoute, de sentir les autres, les autres sentaient que je les sentais. Enfant, les amis de mes parents venaient me parler de leurs problèmes de couple. Oui, mais je crois que ça arrive souvent. Je ne sais pas si ça arrive souvent, mais en tout cas, moi, c'était mon quotidien. Mais vraiment.00:09:12Et je pense que j'avais des avis très sages. Mais ça, je crois que ça arrive très souvent. La plupart des enfants ont cette grande sagesse au fond d'eux parce qu'ils ne sont pas dans l'analyse, justement. Ils ne sont pas dans l'essai de compréhension. Ils sont dans la perception immédiate des choses sans jugement. Et ils ont un avis plein de bon sens par rapport à ces choses. Et du coup, ça fait de moi une personne à l'écoute et au service et dans l'aide. Et donc, le métier de chirurgien. Et puis après, tout ce que j'ai fait, finalement, a tourné autour de ça. Combien d'années avez-vous été médecin et chirurgien ? Presque 13 ans. Presque 13 ans. D'accord. Donc, ce qui est intéressant dans votre parcours, vous avez eu cette première vie professionnelle où, en fait, vous étiez là pour soigner, on va dire, le corps.00:10:03Et puis, vous allez nous expliquer comment, après cette première expérience, vous avez décidé de soigner plutôt l'esprit à travers la psychologie. Qu'est-ce qui s'est passé dans votre parcours ? Je n'ai rien décidé du tout. Et je sais que ça peut paraître étrange d'entendre ça, mais c'est vraiment ce qui m'est arrivé et ce qui m'arrive encore aujourd'hui. C'est-à-dire que lorsque j'ai quitté la profession de chirurgien, j'ai juste écouté cette voix, j'ai juste écouté une immense tension en moi qui s'est relâchée automatiquement, immédiatement. Et j'ai senti que c'était juste. Il ne m'a pas fallu de courage, mais j'ai eu la bonne inspiration d'écouter. Alors après, votre question, c'est comment vous en êtes arrivé à, à retourner manifestement vers le soin, l'accompagnement des autres à travers la démarche du psychothérapeute ? Oui.00:10:53À nouveau, je n'ai pas décidé. À savoir que quand j'ai quitté le métier de chirurgien, il fallait que je vive, il fallait que je mange. J'ai entendu qu'il y avait un couturier italien, il s'appelle Giorgio Armani, qui cherchait un directeur pour sa marque Emporio en France. J'ai dit moi, je vais faire ça. Mais aujourd'hui, avec le recul, je me rends compte qu'il y avait, plusieurs choses dans ce poste. C'était d'abord l'aspect prestigieux. Je rachetais quelque chose que j'avais abandonné. Et aux yeux des autres, ça me rassurait de me dire : voilà, j'aurai quand même une carrière prestigieuse dans le monde de la mode. Il y avait ça. Il y avait Paris, qui était une façon de m'extraire de mon milieu bruxellois où on me condamnait.00:11:37Mes amis, qui étaient beaucoup, pour la plupart des médecins, étaient vraiment très violents à mon égard par rapport à cela. Oui, j'allais vous demander comment votre entourage a vécu, ce virage de chirurgien à directeur chez Armani ? Une violence incroyable, des jugements. Mais je peux comprendre, ça doit faire très peur, quelqu'un qui semble perdre l'honneur. Mais moi, au fond de moi, je savais que c'était juste. Et j'ai perdu beaucoup d'amis à ce moment-là. Mais voilà. Et j'ai envoyé ma lettre de motivation au président, au directeur général de Giorgio Armani à Milan. Et j'ai dit : 'Vous allez me prendre pour un fou, je dirigeais un service hospitalier, mais je pense que je suis la bonne personne pour occuper le poste chez Emporio Armani à Paris.' Et j'ai été engagé.00:12:28On m'a envoyé à Milan. Et là, on m'a remis vendeur. Et là, je me suis vu en train de mettre des épingles pour confectionner un ourlet, un pantalon. Et en me voyant mettre ces épingles, je me suis dit, Thierry, il y a deux mois, tu pratiquais la chirurgie, tu utilisais des aiguilles pour recoudre la peau des gens. Et ici, tu utilises des aiguilles pour mettre des ourlets. Et tout de suite, il y a une voix qui m'a, ma voix bien sûr, qui m'a dit, c'est ta dignité, Thierry. Tu travailles, tu avais besoin de travailler et tu fais quelque chose qui construit ton futur. Sois fière. Oui. Et il n'y a pas. Et c'est ce jour-là que j'ai vraiment compris que ce n'est pas ce qu'on fait qui compte dans la vie, c'est qui on est quand on fait quelque chose.00:13:11Et peu importe le métier que l'on a, même s'il est contrôlé. Il n'est pas considéré par certains comme pas intéressant ou dégradant. C'est qui on est comme personne pendant qu'on fait ce métier, quand on agit dans le monde. Vous en parlez beaucoup dans votre livre, c'est très fort, de cette différence entre ce que c'est qu'être et ce que c'est faire. Oui, oui. Exister vient de extarer, se poster à l'extérieur. C'est la posture que l'on a pour vivre dans le monde, en interaction, en relation avec les autres. Mais ça nous fait porter des masques, et ça nous fait jouer des rôles, et ça nous fait adopter tout un système de défense qui construit ce qu'on appelle une personnalité. Et cette personnalité, nous y sommes totalement identifiés parce que notre mental crée cette entité qu'on appelle « moi » et « ego » en latin.00:14:04Et en fait, on est souvent totalement identifiés à cette personnalité parce qu'on n'a que comme souci d'exister. Mais il y a une dimension plus profonde dans la vie qui n'est pas d'exister à travers ce qu'on fait, ce qu'on montre, ce qu'on dit, c'est d'être, tout simplement. Et le noyau de l'être, c'est pas le mental qui pense, qui bavarde, qui raconte une histoire, un autre sujet. Être, c'est simplement laisser la conscience s'éveiller en nous, cette conscience qui est pure présence et qui est pure acceptation de ce qui est, parce que la conscience ne pense pas. C'est pas le mental. Et du coup, je reviens sur votre cours, à ce moment-là, dans cet atelier en Italie, chez Armani, vous prenez conscience de cette différence entre ce que c'est qu'être et ce que c'est faire ?00:14:58À l'époque, ce que j'ai compris, c'est que Thierry, tu n'es pas ce que tu fais, tu es Thierry qui fait ça maintenant, mais tu peux faire plein de choses dans ta vie. Et ce que tu fais maintenant, tu dois en être fier, parce que c'est ce qui te permet d'avancer et de progresser. Dans ton existence. Et alors, combien de temps a duré ce métier dans la mode et chez Armani ? Disons qu'après, j'ai pris mes fonctions à Paris et j'ai occupé cette fonction pendant presque neuf mois. Et j'ai été licencié. Et ce qui est drôle, c'est qu'à l'époque, le directeur général d'Armani m'a dit : vous n'avez pas la culture de l'entreprise. Et il avait totalement raison.00:15:41Et surtout, je ne me laissais pas faire, parce que c'est quand même un monde où il y a beaucoup d'égo, beaucoup de blessures, beaucoup de rivalités, et tout ça sur un fond de nécessité de rentabilité, de performance et d'argent. Mais j'avais juste besoin de ça pour me rassurer, pour me prouver que je pouvais faire autre chose, ne pas être identifié qu'aux chirurgiens que j'avais été. Mais après, ça m'a aussi permis de recevoir une assez importante indemnité. Et je me suis dit, Thierry, maintenant, tu n'as plus d'excuses. Tu as besoin de temps pour comprendre ce qui t'arrive. Et j'ai dit, investis sur toi, parce que tu es le seul avec qui tu resteras jusqu'au bout. C'est peut-être la chose la plus intelligente que j'ai faite dans ma vie, réellement. C'était très sage.00:16:30Et puis, pendant une année, je suis resté à Paris. Et ça a été une année d'éveil, dans le sens où tous mes sens étaient ouverts. Je sentais le parfum des roses dans les jardins des Tuileries, mais à des mètres et des mètres de distance. Je voyais des choses que je n'avais jamais remarquées auparavant. J'étais tout ouvert au monde et très joyeux, même si une partie de moi vivait des peurs ou de l'inconfort par rapport au futur. Mais tout de suite, je revenais dans ce présent. Et je disais, non, non, c'est bien, c'est juste, je me sens bien. Et j'ai commencé à écrire un roman qui, en fait, était la résurgence de toutes mes passions d'adolescent et d'enfant. Égypte ancienne, notamment. J'ai envoyé ce texte à de nombreuses maisons d'édition.00:17:14Il y en a trois qui ont répondu en disant : il faut continuer à écrire, mais il faut laisser de la place à vos personnages. Je pourrais peut-être choisir le mode de l'essai. Et effectivement, deux ans plus tard, j'écrivais mon premier essai. Comme quoi, c'était des bons éditeurs. Donc, en fait, ce qui est étonnant, on vit quand même dans un monde où on court tout le temps. Je ne sais pas après quoi, mais en tout cas, on court. Et vous, vous avez réussi. À ce moment-là, à entendre que, justement, il fallait arrêter ce rythme-là et juste prendre ce temps pour vous sans nécessairement d'objectif ou quoi, mais juste vivre ce qu'il y avait à vivre à l'instant T.00:17:52Et vous savez, je crois que le fait d'avoir lâché tout cet investissement, ce métier, ça a libéré quelque chose d'enorme et je ne pouvais pas réfléchir. Et à l'époque, ce qui était juste, c'était de prendre ce temps. En fait, j'ai l'impression, quand on prononce cette phrase, ce moment sabbatique, je ne sais pas comment le qualifier autrement, vous avez créé cet espace-là pour la conscience. Oui, je n'ai rien créé du tout. C'est, c'est l'ego. C'est encore notre mental et notre personne, notre moi qui pense que c'est lui qui crée les choses. En fait, non. C'est justement parce que mon mental s'est calmé que la conscience a pu s'éveiller en moi. C'est la conscience qui est en nous tous. Mais que nous n'écoutons pas, que nous ne laissons pas s'éveiller, parce que notre mental prend trop de place dans ses identifications à notre petite personne.00:18:43Et c'est pour ça que la méditation est si puissante. Chaque fois qu'on calme le mental, donc on calme l'ego, la conscience peut s'éveiller. On parle beaucoup dans le développement personnel, etc., de lâcher prise. Très mal compris, parce que lâcher prise, c'est encore presque un acte. Je décide qu'il faut que je lâche. Non, non, non, non, non. Lâcher prise, c'est laisser être les choses comme elles sont et ne pas les contredire et les écouter. Parlons-en, puisque vous évoquez le développement spirituel. Je voulais faire cet aparté sur cette mode et ce que vous appelez vous parfois l'ego spirituel. Oui, parce que vous avez dit développement spirituel, mais je pense que vous vouliez dire développement personnel. Oui, absolument, pardon. Pour moi, c'est vraiment très, très important.00:19:28Parce que vous voyez, depuis le XIXe siècle, en Occident, on a tout un courant qui est né, qu'on appelle le courant d'abord de la psychanalyse et de la psychologie, qui s'est intéressé à la construction de la personnalité, à la construction du moi, et qui, du coup, a pu répondre à pas mal d'interrogations. Le problème, c'est que dans une culture comme la nôtre, où l'intellect, le mental, a été tant valorisé, cette psychologie a donné lieu à ce qu'on a appelé le mouvement du développement personnel, et même récupéré par le coaching pour en faire des personnes plus efficaces, plus performantes, notamment dans le travail. Tout ça n'est pas négatif, je ne critique pas. Mais par contre, j'essaie de regarder, de monter un petit peu au sommet de la montagne ou dans l'hélicoptère pour avoir une vision plus large.00:20:18Et comprendre que le développement personnel, il y a un grand piège là-derrière, c'est que ça devient un développement de l'ego. Et du coup, on voit des gens qui font plein de stages, qui font plein de démarches de développement personnel pour mieux se connaître, mais qui deviennent terriblement intransigeantes, qui deviennent terriblement tournées vers elles-mêmes, et qui finalement oublient que cette petite personne que nous sommes, elle fait partie d'un beaucoup plus grand ensemble, et que nous devrions mettre cette personne au service de plus grand qu'elle, ce plus grand que nous, qui est en nous. C'est l'essence de l'être, c'est la vie en nous, c'est conscience. Et cet esprit, l'esprit de la vie. Et du coup, là, nous ne rentrons plus dans le développement personnel, mais dans quelque chose de spirituel.00:21:06Et je crois qu'il n'y a pas de chemin de développement personnel qui va vraiment à son accomplissement sans s'intégrer dans une démarche d'approfondissement spirituel. Et de la même manière, il n'y a pas de développement, ou plutôt d'approfondissement spirituel, sans avoir un regard du côté du développement personnel. Donc, psychologie et spiritualité vont ensemble, et se nourrissent l'une l'autre, et sont le gardien-fou de l'une et de l'autre. En fait, ce que j'entends dans la pure conscience dont vous parlez, dans la spiritualité, il y a vraiment quelque chose d'universel qui nous dépasse ? Bon, ce sont des mots incompréhensibles quand on en fait l'expérience. C'est cette expérience du silence, justement, dont nous regardons le monde sans le juger, sans le commenter, juste en l'accueillant pour ce qu'il est.00:21:58Et cet accueil dans cet espace de pure conscience n'est possible que quand le cœur est ouvert. Comme je dis, ce sont des mots, mais quand on en fait l'expérience, ça devient vraiment une évidence. Du coup, je reviens sur votre parcours pour savoir comment vous avez cheminé jusqu'à cette pure conscience. Je crois qu'à un moment donné dans ce cheminement, vous avez suivi pendant quatre ans une formation aux États-Unis auprès d'une, je ne sais pas si le terme est bon, mais une guérisseuse américaine, c'est ça ? Oui, oui, c'est plus qu'une histoire, c'est un moment important. Donc, j'avais travaillé pour Armani à Paris et puis je restais vivre une année dans une forme de retraite où j'ai écrit un roman. Puis je me laissais être au monde. J'étais dans le présent absolu, c'était incroyable.00:22:47Et dans ce présent absolu, j'ai découvert un livre qui m'a bouleversé, qui s'appelait « Le pouvoir bénéfique des mains », écrit par une Américaine qui s'appelle Barbara Paulinan. Et cette femme avait été physicienne à la NASA et la façon dont elle écrivait me parlait énormément. Pourtant le sujet qu'elle abordait était totalement en dehors des sentiers battus du monde dit rationnel, puisqu'elle parlait de champs d'énergie. Mais le livre était tellement bien structuré et ce qu'elle disait résonnait tellement avec ce que j'avais ressenti depuis l'enfance que j'ai été vraiment bouleversée. Et j'ai commencé à rencontrer des gens, et notamment une femme qui me dit « Oh, moi, en vous voyant, je me dis que vous devriez aller dans l'école où va ma mère ». J'ai dit « Votre mère va dans quelle école ?00:23:35». Elle m'a dit « Votre mère va dans une école aux États-Unis créée par une physicienne de la NASA qui s'intéresse aux champs d'énergie et au chakra. » Et je venais de lire le livre. Cette information venait à moi, j'ignorais qu'il y avait cette école, et donc finalement je me suis retrouvée dans cette école. Et je peux dire une chose par rapport à ça, c'est que j'ai trouvé un endroit confrontant, parce que d'abord, la culture était un peu « New Age ». J'imagine que pour l'ancien chirurgien que vous étiez, évidemment, on vous emmenait dans un monde beaucoup moins cartésien et scientifique, du coup. Et en même temps, il était peut-être plus cartésien et plus scientifique que beaucoup de monde scientifique parce qu'il était basé sur l'expérience.00:24:15Et c'était vraiment les expériences qui nous permettaient de nous poser des questions et d'apporter des réponses. Là, dans cette école, où on était, en formation pour devenir des guérisseurs et non pas simplement des soigneurs, ils nous étaient demandés de faire l'expérience. C'était quatre ans, à raison d'une semaine toutes les cinq semaines, et là-bas, j'ai découvert que c'était un endroit où j'allais travailler sur moi, essayer de comprendre ma personnalité, mais pas que intellectuellement, j'allais la comprendre dans mon corps, dans l'énergie, la façon dont mon corps utilisait cette énergie. Donc c'était une école où il y avait de la danse, du yoga, du Qigong, des thérapies psychocorporelles, j'ai tapé sur des coussins, j'ai hurlé, j'ai pleuré. Je suis arrivé, je regardais les autres, j'ai dit « Mon Dieu, les pauvres, ils ont l'air bien mal en point.00:25:03» Mais deux mois plus tard, j'étais avec eux en train de pleurer parce que j'avais quitté mon masque de sérénité. Si je reviens à ce qu'on disait tout à l'heure, vous aviez appris à être et pas seulement à faire dans cette école. Exactement. Et cette école était très bien construite. TIC était utilisée, était très puissante, et du coup, on ne pouvait pas échapper à vraiment se regarder. Très souvent, dans la vie, on triche. Et là, c'était très difficile de tricher. Oui. Et ce qui est intéressant, c'est toute la dimension du corps que vous évoquez. On voit bien qu'en fait, le corps, c'est vraiment l'endroit où les émotions ne trichent pas et le mental peut se raconter ce qu'il veut. Le corps, lui, il est dans une vérité.00:25:47Vous savez, le corps, pour moi, c'est quelque chose de central depuis tout petit. Quand j'étais enfant, j'avais un corps déformé. Les autres enfants s'en moquaient beaucoup. Et j'avais cette grande sensibilité. J'ai été contraint à faire de la gymnastique médicale trois heures par jour, trois jours par semaine. C'était très contraignant. Et en fait, j'ai appris à aimer dans mon corps grâce à deux choses. Tout d'abord, la danse. J'ai commencé très jeune dans ma chambre. Et la deuxième chose, c'est la sexualité. J'ai eu une sexualité très jeune. Ça m'a permis d'habiter mon corps, d'avoir envie d'y rester, de se rendre compte que ce n'était pas qu'un lieu de souffrance, mais c'était aussi un lieu de plaisir. Et vous évoquiez l'émotion tout à l'heure.00:26:34En fait, l'émotion est un phénomène corporel. C'est un signal qui nous renseigne sur la qualité de nos expériences, qui nous dit ça c'est bon, ça c'est pas bon pour nous. Et donc, effectivement, tout ce travail fait à l'école de Barbara Brennan autour du corps et de l'énergie me parlait énormément. Je me suis rendu compte que ce n'était pas par hasard que j'avais choisi le métier de chirurgien parce que c'était vraiment un moyen d'être en contact avec le tangible. Et je crois qu'il n'y a pas de chemin spirituel valable, réel, tant qu'il n'est pas profondément incarné. Et c'est peut-être un grand travers de l'Occident qui a développé une spiritualité déconnectée du corps. Et du coup, une spiritualité très mentale, mais le mental, je l'ai dit, ce n'est pas l'esprit, ce n'est pas la conscience.00:27:27Donc, c'est une spiritualité qui n'est pas profondément accomplie. Et je sais que ça va heurter d'entendre ça, ça va heurter certaines personnes, mais vraiment, je les invite à réfléchir à ça. Parce que comment peut-on dire que nous avons développé une spiritualité et ne pas ressentir dans notre corps le mal-être et la souffrance que c'est de voir les autres dans la souffrance. Tant que nous n'avons pas ressenti la souffrance dans notre corps, nous ne pouvons pas être en empathie et en compassion pour l'autre. C'est très très important qu'on revienne à une spiritualité profondément incarnée. Et Lorient nous attire de ce point de vue-là. Il a privilégié la présence à l'expérience à travers l'expérience méditative, l'immersion dans la réalité telle qu'elle est, cette expérience mystique où le mental ne vient pas analyser mais simplement laisse sa conscience percevoir.00:28:23C'est très très important qu'on revienne à une spiritualité profondément incarnée. Je reviens à votre formation que vous avez suivie aux Etats-Unis auprès de cette guérisseuse. Après cela, vous revenez en Europe, peut-être en Belgique pour être psychothérapeute ? En fait, je suis à peine revenu à Bruxelles avant même de me rendre dans cette école aux Etats-Unis. Il y a des personnes qui avaient constaté un changement chez moi et me disaient : 'Tu ne veux pas parler à mon père ou à ma sœur ou à mon frère.' Un jour, il y a une dame qui m'a demandé de voir son mari qui était mourant. Il se trouve que cet accompagnement que j'ai eu auprès de lui a été quelque chose de fort, tant pour lui que pour moi et pour sa famille.00:29:20À partir de là, il y a une sorte de bouche à oreille qui s'est installée très rapidement au point où, en deux ou trois mois de temps, j'avais un temps plein d'occupation. Je ne voyais absolument pas cela comme une profession. Pour moi, demander de l'argent était quelque chose de très compliqué. Mettre une valeur sur mon temps et sur mon éventuelle compétence était très compliqué. Donc, je n'ai pas du tout demandé d'argent pour cette activité. À l'époque, mon compagnon, qui n'appréciait pas trop que je vienne à la maison avec toutes ces personnes, m'a loué une loge de concierge dans laquelle je me suis installé et j'ai commencé à voir les gens là dans une forme de consultation ; je ne me sentais pas du tout légitime pour en faire une profession.00:30:09C'est un jour, une dame qui me a tendu un billet de 50 euros à l'époque, c'était 2 000 francs belges, parce que tout cela c'était en 1999-2000 et elle me tend un billet de 2 000 francs belges. Je dis non, non, je ne peux pas accepter cela et elle me dit si, si, si, vous devez accepter cela parce que vous m'apprenez la prospérité de mon âme mais je vais vous apprendre la prospérité de votre portefeuille. Mais du coup, cela m'a posé un problème parce que je me suis dit mais voilà, dans une profession, j'ai commencé et comme je ne me sentais pas légitime, j'ai voulu écrire mon premier ouvrage, Le travail d'une vie, dans lequel je racontais simplement comment j'aborde notre personnalité et ce qu'il y avait au-delà, c'est-à-dire le fond de l'être.00:31:00Et ce livre a été accepté chez Robert Laffont. Oui, cela a créé une forme comme cela de dynamique positive. J'étais débordé de demandes de consultation et deux ans plus tard, j'ai décidé de mettre un terme à cette consultation pour quelques semaines voire quelques mois, parce que je voulais écrire un autre livre, que j'ai intitulé Vivre en paix. C'était suite à l'effondrement des tours du World Trade Center à New York en 2001. J'avais besoin d'écrire ce livre sur la paix, la paix en soi, la paix avec les autres, la paix dans le monde. La peur qui est le contraire de l'amour, enfin toute cette thématique-là et finalement le livre a été publié et je suis très heureux parce qu'encore aujourd'hui je reçois du courrier de lecteurs qui sont accompagnés, qui sont inspirés par ce livre qui est très simple mais qui est une façon d'entrer dans cette démarche.00:31:53Ce n'est que quatre ans plus tard que j'ai senti ce besoin d'écrire un livre qui venait réconcilier en moi le médecin puis ce thérapeute et j'avais besoin de faire ce pont et j'ai écrit La solution intérieure vers une nouvelle médecine du corps et de l'esprit. Est-ce qu'on peut faire une parenthèse là-dessus ? C'est très intéressant ce point-là que vous soulevez dans ce livre sur est-ce que vous, l'ancien chirurgien, vous comprenez pourquoi la médecine classique avec des guillemets a tant de difficultés à appréhender les approches plus alternatives ? Oui, parce que c'est l'intellect, le mental qui définit cette personne que nous sommes. Il est dans la peur et il a besoin de dominer, de comprendre pour dominer le monde et il est dans un paradigme finalement de combat ; toute une économie s'est mise en place là autour où finalement on a beaucoup d'intérêt à créer des moyens de réparer ou de pallier à des manques, mais où finalement on dépense très peu d'énergie à prévenir le problème.00:33:04Il y a toute une activité économique qui se développe. Les hôpitaux sont aujourd'hui gérés comme des usines, parce qu'il y a des intérêts économiques. Ce faisant, nous ne respectons pas la nature et notre propre nature. Nous sommes une émanation de la nature nous faisons partie de la nature nous sommes la nature. Chercher le bonheur en niant la nature, c'est nier nous-mêmes. Et on voit aujourd'hui le mode de vie que nous nous imposons pour avoir ce confort qui est finalement presque une anesthésie générale. C'est sûr que la vie est plus douce, mais en même temps nous sommes de plus en plus fragiles face à la difficulté et à la souffrance. Et donc, nous avons besoin de plus en plus de confort.00:33:45Pendant ce temps-là, de plus en plus, nous consommons ces moyens d'être dans le confort, mais nous n'écoutons pas qui nous sommes vraiment. Nous nous imposons des rythmes de vie au nom de ce confort qui sont absolument délirants. Quand vous voyez les gens dans le métro le matin fatigués parce qu'ils n'ont pas dormi assez. Parce qu'ils ont dû déposer les enfants à la crèche tôt le matin, et qu'ils ont encore une heure de trajet à faire avant d'arriver sur leur lieu de travail, un lieu de travail où il y aura une tension énorme et ils ne seront pas heureux. Et on s'impose ça, et on reprend le même chemin le soir, et on reprend ses enfants à la crèche, et on les laisse devant la télévision ou une tablette pendant qu'on réchauffe un plat qui est plein de pesticides et de substances dont il ne faudrait pas se couper dans leur alimentation.00:34:28Mais tout ça est délirant, et il ne faut pas s'étonner d'avoir de plus en plus de gens qui font des burn-out. Et ce burn-out est comme un appel de la vie en eux qui dit : 'Non, arrête'. Arrête de t'imposer tout ça et puis des gens qui ont des dépressions et puis malheureusement des gens qui ont des maladies physiques aussi comme le cancer, qui est clairement une conséquence de tout ce mode de vie. Et dans votre dernier livre, vous parlez beaucoup justement de cette idée d'aller peut-être finalement vers plus de dépouillement, plus de simplicité et vous posez la question : là où est le vrai progrès ? Est-ce que finalement le vrai progrès, c'est pas le silence ? Vous savez le vrai progrès, c'est l'approfondissement spirituel, c'est-à-dire le contact avec l'esprit, c'est-à-dire avec la conscience.00:35:12C'est de voir vraiment ce qui est, d'arrêter d'être aveuglé par nos croyances et que quand on a une crise en face de soi, on se pose les bonnes questions. C'est Einstein qui disait on ne peut pas résoudre un problème avec une façon de penser qui a créé le problème, et ça, c'est le vrai progrès. Mais tant que nous serons pris dans cette idée que nous sommes tout-puissants, que nous pouvons créer un monde et le façonner comme nous le voulons, et bien nous connaîtrons de plus en plus de tensions, De mal-être parce que nous serons de plus en plus déconnectés de notre propre nature et de la nature en général. Mais peut-être que c'est la nature justement qui va nous rappeler à l'ordre, c'est la nature qui va nous imposer sa loi.00:35:52Je crois que si l'espèce humaine ne le fait pas, elle disparaîtra. Mais ce ne sera pas la première espèce à disparaître de la surface de cette planète, et ce n'est pas grave en soi. Lorsque on réfléchit. Par contre, l'humanité a peut-être là une opportunité d'évolution, et cette évolution, personnellement, peut-être que certains vont trouver mon propos délirant. Mais je crois qu'elle ne peut se faire sans un approfondissement spirituel, et tous les êtres qui dans leur propre vie ont manifesté quelque chose de spectaculaire, vers plus d'apaisement, plus de simplicité effectivement, et plus de retour à l'essence et à l'essentiel. Ce sont les êtres qui ont vécu ce parcours de connexion à l'esprit en eux, c'est-à-dire la conscience, lorsque je parle de la conscience j'insiste que c'est la conscience et non ma conscience, c'est cette conscience paisible, silencieuse et qui accepte ce qui est tel que c'est.00:36:50En fait, il y a vraiment quelque chose d'universel, c'est-à-dire que à la fois ça ne nous appartient pas et en même temps ça nous appartient à tous, oui, et c'est la beauté du message de toutes les spiritualités. Je ne parle pas des religions qui sont des interprétations mentales de l'expérience spirituelle, et l'expérience spirituelle, elle naît de l'expérience mystique. L'expérience mystique, c'est un éblouissement, c'est un éveil de la conscience en nous qui voit la réalité qui l'embrasse pleinement. Cette ouverture, cette illumination se produit dans la vie de chacun, quelque part. Mais malheureusement, dans nos cultures, il n'est pas valorisé, il a même été considéré comme délirant. On a encore tendance à croire à pathologiser l'expérience mystique, alors que c'est une expérience qui est commune, naturelle pour l'être humain, et qui lui donne accès à un niveau de conscience qui est celui de la pure conscience.00:37:44Et ça, je pense que quand on a connu ça dans sa vie, ça donne non seulement une vraie lucidité sur le monde, Sur soi aussi, mais ça donne une grande paix. Est-ce que vous pouvez puisqu'on évoque les expériences mystiques ? Est-ce que vous pouvez me parler de cette expérience que vous partagez dans votre dernier livre sur le silence intérieur ? Comment, dans un contexte qui pourtant ne s'y prêtait a priori pas, vous avez rencontré ce silence intérieur ? Ah moi je croyais que j'avais déjà connu des vrais éveils de la conscience et je vous promets j'en suis le premier étonné. Et je ne l'ai pas recherché mais ça s'est produit en 2012. J'étais à mon bureau, en train de me préparer à travailler sur l'ordinateur parce qu'à l'époque j'écrivais une chronique pour Psychologie Magazine.00:38:39J'étais assis en face de l'ordinateur dans mon bureau. et tout d'un coup il y a eu un bruit de travaux dans la rue c'était notamment un marteau piqueur et tout de suite mon mental m'a dit ah mais je ne vais pas pouvoir écrire ma chronique parce que avec ce bruit là je ne vais pas pouvoir me concentrer et je me suis dit non Thierry il faut que tu calmes ce mental et le meilleur moyen que tu as pour le faire c'est de revenir à ta méditation j'étais en train d'essayer de calmer le mental par cette auto-régulation en constatant simplement les émotions, les sensations, les pensées qui surgissaient en moi et tout d'un coup, alors que j'entendais encore les bruits du marteau piqueur, j'entendais ce qu'il y avait au-delà, au-delà des bruits.00:39:24Au-delà des bruits, il n'y a que du silence. C'était énorme, parce que je l'ai vraiment entendu, mon corps l'a senti et j'ai vraiment à ce moment-là compris que le silence n'est pas l'absence de bruit, c'est l'espace dans lequel tous les bruits apparaissent et disparaissent. Que le silence ne peut pas être créé, parce que il est de toute éternité. Il était là avant que j'existe, il sera encore là après que j'ai fini d'exister. Le silence est tout simplement il est cette conscience et c'était énorme. Ça s'est répercuté dans mon corps par un sentiment d'ouverture de ma poitrine, enfin. Pas un sentiment, une sensation, une grande chaleur et une grande paix, c'est pas descriptible, parce que de toute façon ça vient d'un espace qui est au-delà des mots.00:40:08C'est vraiment la connexion avec l'énergie pure de la vie et l'énergie pure de la vie. C'est l'amour, c'est l'énergie qui fait tourner les planètes, les unes autour des autres. C'est l'énergie qui fait la cohésion de nos cellules dans notre corps. C'est l'énergie qui relie tout et ça ne m'a pas quitté, ça ne me quitte plus, même pendant ces moments difficiles où je voyais ma personnalité agitée avec ses conditionnements. Ses peurs, sa névrose, sa tendance parfois un peu dépressive, il y avait un endroit beaucoup plus profond que ça qui regardait ça. Est-ce que ça veut dire que cette expérience finalement, ce moment que vous nous décrivez avec les travaux, ce moment d'accès au silence à la pure conscience, ça dure finalement, certainement quoi, quelques secondes ?00:40:53Oui, je crois que ça a duré très très peu de secondes et en fait ça s'est achevé quand tout d'un coup, moi je vis une expérience pure, c'est trop drôle, j'en ai ri. Figurez-vous qu'il y a beaucoup de recherches scientifiques qui ont été faites sur cette expérience dite mystique. La science a bien montré qu'il y a des zones du cerveau qui sont désactivées, notamment les zones de la conscience, des limites de notre personne et de notre orientation dans l'espace et le temps. Donc, le mystique n'est pas un malade mental. Des études ont montré qu'il y a une grande partie de la population qui lui propose des mots pour décrire son expérience, qui dit mais moi j'ai fait cette expérience et je vois bien que avec le livre Écoutez le silence à l'intérieur où je parle de cela, beaucoup de gens me disent mais moi je connais ça, j'ai vécu ça, merci, ça me parle.00:41:49Je ne me sens pas seul. Je reviens justement à votre ouvrage, vous évoquez bien sûr cet amour universel dont nous avons parlé. Mais derrière cette notion, il y a aussi l'acceptation et l'observation, c'est un distinguo très clair sur le fait que accepter ce n'est pas se résigner. Et vous expliquez au contraire combien il y a une grande liberté à être dans cette conscience-là, oui, parce que effectivement beaucoup de gens se disent si j'accepte cette situation, alors je ne vais plus évoluer, je vais me résigner... mais non, pas se résigner ! La résignation est un des grands facteurs de dépression. Effectivement, il y a une grande liberté dans cette conscience de la vie, parce que on voit ce qui est, on l'accueille, on ne peut pas le nier.00:42:40Mais après, on a une responsabilité, c'est-à-dire une habilité à apporter des réponses. On peut faire quelque chose avec ce qui est et on redevient créateur dans cet espace de la conscience qui est en nous, qui est en chacun de nous. Il y a l'espace source de la création : est-ce que je continue à fonctionner comme j'ai toujours fonctionné ou est-ce que je mets quelque chose d'autre en place vu que j'ai constaté que ce que je faisais aboutissait à des impasses ou à des conséquences négatives ? Et quand on est relié à cette vie comme ça, pure en nous, il y a une émotion qui est là. Qui est la joie et cette joie n'est pas le contentement, elle ne dépend pas de quelque chose d'extérieur à nous.00:43:25Cette joie, je l'ai entendue, je l'ai sentie lorsque j'entendais le marteau piqueur et les silences qu'il y avait au-delà. Et le vrai lâcher prise, c'est juste dire : 'ok', je me laisse glisser dans ce qui est et je l'accepte pleinement, tout en sachant que je ne devrais pas me résigner. Car lorsque j'aurai accepté, quelque chose de joyeux en moi va se remettre en mouvement et je pourrai créer quelque chose à partir de ça. En fait, ce qui est formidable dans la manière dont vous présentez cette expérience là, c'est qu'on entend bien qu'il y a cet accès, cette plongée possible dans Le silence intérieur dans la pure conscience, mais ça ne vous sort pas de la réalité du quotidien. On entend qu'en fait, vous êtes aussi confronté, je ne sais pas, au stress d'un rendez-vous peut-être, de dénervement, quand c'est dans des embouteillages.00:44:23Pour autant, vous allez vous plonger, vous allez avoir accès à ce silence intérieur pour décanter. Est-ce que c'est comme ça que ça se passe ? Absolument, mais je reformulerai ça en disant que ce n'est pas que j'ai accès à ce silence, c'est que je laisse ce silence se révéler et qui est le 'je' qui laisse ce silence se révéler ? Eh bien, c'est ma petite personnalité avec ses modes de fonctionnement, ses conditionnements, ses a priori, ses discours tout fait et ses peurs. Bien sûr, d'accord donc ça, c'est chouette de vous l'entendre dire en fait. Vous n'êtes pas devenu un homme différent et complètement imperturbable aux aléas de la vie, petit ou grand. En réalité, vous les vivez de manière très humaine et je les vis non seulement de façon bien sûr humaine comme nous tous mais très intense parce que quand la conscience est là, eh bien, on peut pas tricher une émotion désagréable.00:45:23Elle est vraiment désagréable, mais elle se dissout, elle se dissout dans cet espace de conscience, dans cet espace d'accueil, mais c'est vrai. ce que vous dites parce que quelque part quand j'ai publié écouter le silence à l'intérieur où je raconte notamment un adultère que j'ai commis entre guillemets il y a des gens qui m'ont dit vous vous avec votre sagesse votre chemin vous en êtes encore là je dis mais oui surtout surtout je suis là je suis un être humain je suis vivant et je dois regarder qui je suis et essayer de faire quelque chose avec ça et essayer de faire le moins de mal possible à moi et aux autres mais en étant honnête avec moi et les autres et c'est tout un c'est00:46:03pour moi c'est la seule vraie spiritualité c'est d'être dans cette réalité là donc on voit Bien qu'on n'est pas à l'abri des aléas, vous parlez même dans votre livre de la nuit noire de l'âme que vous avez vécue, vous de manière vraiment très douloureuse, parce qu'en fait, après cette expérience extatique, en fait, vous avez appris à vos dépens que ce n'était pas un état d'éveil définitif, oui, oui, effectivement. Et ce qui s'est produit, c'est que, après la publication de Confidences d'un homme en quête de cohérence, en 2012, j'ai eu un passage à vide, mais ce livre était tellement authentique et tellement honnête que j'avais l'impression d'avoir tout dit, et ma personnalité était comme perdue, parce que comment elle Allait faire pour continuer à exister, maintenant que tout était dévoilé, déposé, et c'était comme une mort.00:46:58Pendant plusieurs semaines, j'étais vraiment pas bien. Fin d'année, tout d'un coup, il y a quelque chose qui s'est réveillé en moi, et je me suis dit : 'Mais dans le fond, Thierry, ça fait des années qu'on te demande de transmettre, et c'est peut-être temps de créer une forme d'enseignement.' Mais je savais que si je faisais ça, Ça serait une école, j'avais ce nom qui venait de l'école de la présence thérapeutique mais en attendant je ne me sentais pas très légitime pour rentrer dans un projet comme celui-là et je me suis dit peut-être que le moyen c'est de prendre une retraite et pas partir, pas aller en Égypte comme je faisais ou rester là où je vis, mais juste constater et voir si j'ai un espace intérieur suffisamment paisible et silencieux pour accueillir ce qui est.00:47:45Mais tout de suite j'ai voulu profiter de ce temps de retraite et de non activité professionnelle et en fait j'ai voulu profiter de ce temps pour écrire, pour écrire à propos de la fameuse expérience de ce silence, je n'arrivais pas à écrire je ne trouvais pas les mots en fait j'étais beaucoup plus identifié à l'auteur que je ne le croyais et le fait de ne pas pouvoir écrire c'est comme si je n'existais plus de nouveau et du coup je me suis un peu entêté et à un moment donné c'était tellement une souffrance que j'ai quand même passé plusieurs mois à aller à mon bureau je m'asseyais à la table de travail et je restais jusqu'au soir à ne rien faire et00:48:24j'avais un ami qui disait mais Thierry tu es en grande dépression et j'ai dit oui peut-être que tu me vois comme dépressif et moi je crois que la plupart des dépressions ce sont des nuits noires de l'âme et moi je vois bien mon ego ne veut pas lâcher je ne sais pas comment faire pour lâcher mais je sais que je vais lâcher à un moment donné ça a été peut-être l'expérience La plus forte qui m'a donné le plus de confiance en moi et en la vie, c'est extraordinaire. Vous étiez très observateur, vous le viviez évidemment profondément, d'ailleurs vous disiez : 'J'ai vu le diable.' Enfin, on sent quelque chose de terriblement douloureux, des vrais monstres avec des addictions, c'était vraiment douloureux.00:49:00Et du coup, il y avait quand même ce petit pas de côté qui vous sauve. La conscience était là parfois, je riais de moi. J'avais des gens bien intentionnés qui me disaient : 'Mais Thierry, pars en voyage' et en fait non, parce que je me disais : 'Si tu te distrais, tu vas partir dans autre chose.' Et il y a quelque chose à Traverser ici n'échappe pas à ça, et ça se faisait naturellement, sauf que ça a quand même duré plusieurs mois. Un matin, c'est incroyable : un matin, je me suis réveillé, j'ai dit : 'Je crois que c'est fini.' Je sentais de la joie en moi, je sentais que je retournais dans le monde. Puis, j'ai mis le site de l'école en ligne dans la semaine qui a suivi.00:49:48Donc, le projet du coup prenait forme, ah oui, il était là, en quelques heures. Alors, après, il y a eu la mise en ligne du site, et puis tous ces gens qui voulaient s'inscrire. Puis, l'école a commencé, quelques mois plus tard. Et alors, pardon, on va reparler de l'école dans quelques minutes, mais du Coup, c'est aussi à ce moment-là que vous avez écrit la version que moi j'ai sous les yeux là de ce livre. Écouter le silence à l'intérieur ça a pris encore une année mais une année où j'étais sage dans le sens où je ne suis pas obstiné à vouloir écrire, je me suis rendu compte que la première année que j'ai passé avec les élèves à l'école où je les invitais à plonger dans ce silence intérieur a été très bénéfique parce qu'elle m'a totally décomplexé elle m'a montré que c'était pas que pour moi que ça fonctionnait et ça m'a donné une forme de confiance, où j'ai arrêté de vouloir expliquer et je suis parti sur le ton du témoignage.00:50:50en tout cas je trouve que vous apportez un éclairage très intéressant sur la manière dont on peut traverser une crise de vie quelle qu'elle soit d'ailleurs mais on peut parfois avoir tendance à vouloir la fuir en partant en voyage en prenant des médicaments en se noyant dans le travail et vous ce que vous avez fait à ce moment là c'est au contraire vous y êtes allé complètement oui et c'est au contraire de ce que notre société propose on réussit à développer une économie sur la vente de moyens de ne pas se sentir avec des vagues ou avec un inconfort dans le corps du coup inévitablement on a tendance à aller vers ça c'est dommage De vouloir y échapper sans comprendre ce que ça vient nous dire, et c'est les bouddhistes qui disent ça si justement la douleur est inévitable, elle fait partie de la vie.00:51:43La douleur psychologique comme la douleur physique, mais la souffrance est évitable et elle l'est à condition qu'on ne s'identifie pas à sa douleur, mais qu'on la regarde. Et du coup on peut en sortir. Quand on embrasse la vie, quand on la prend comme elle est, après on peut faire quelque chose. On est vraiment pas dans la résignation, parce que la vie, la vie a sa logique et sa logique, c'est la vie. Oui, c'est toujours plus de vie. Donc ça veut dire qu'elle va toujours favoriser les êtres qui veulent être vivants ça va se faire à travers des rencontres des résonances avec des personnes qui vont nous reconnaître, Que nous allons reconnaître des synergies entre les énergies qui vont se réunir pour apporter plus de vie et on part dans une logique très positive.00:52:35Vous parliez de la créativité qui peut naître de la vie et du coup je voulais revenir sur sur ce que vous avez créé, vous qui êtes l'école de la présence thérapeutique. Est-ce que vous pouvez me rappeler un peu en quoi elle consiste et à qui elle s'adresse ? Alors je l'ai ouverte à Bruxelles parce que Bruxelles d'abord c'est la ville où je vis, où je n'ai plus tant voyagé et m'utiliser comme je l'avais déjà fait. Donc ça se passe à Bruxelles. Après l'idée, je vous dis : c'est pas quelque chose que j'ai réfléchi, c'est quelque chose qui a vraiment émergé en moi et en fait dans cette inspiration d'emblée. Il y avait Thierry, tu vas ouvrir une école mais elle sera d'abord adressée aux personnes qui sont dans la relation d'aide et de soins donc des médecins, des infirmières, des kinésithérapeutes, des ostéopathes.00:53:22des psychothérapeutes, des gens qui pratiquent alors des médecines beaucoup moins conventionnelles, comme par exemple le Reiki. Tous ces gens se retrouvent dans des classes de 20 à 25 personnes et ils découvrent d'abord que'ils avaient tous une intention commune, qui était d'aider. Mais leur personnalité parfois les empêche d'aller dans cette intention et qu'ils deviennent juste des prestataires de services ou de soins, et que ça finit par dénaturer l'acte même de la guérison et l'école de la présence thérapeutique. Car effectivement, elle s'adresse aux gens qui sont censés apporter un peu de guérison dans le monde. Le premier outil de la guérison, ce n'est pas le thérapeute. C'est sa présence, pas à un niveau très subtil, pas simplement à travers les mots ou à travers les gestes. C'est son champ d'énergie qui change quelque chose.00:54:10Au plus on va s'intéresser à ces sujets, là au plus on va comprendre que la nature n'est pas que dans la matière ou dans les mouvements. Elle est aussi dans la présence d'une intention qui est là, qui est palpable. Mais en attendant, l'école s'adresse essentiellement aux soignants, même si maintenant on commence à l'ouvrir à d'autres gens, parce qu'il y a tellement de gens qui veulent dans le secteur des affaires. De l'entreprise dans le secteur de l'éducation, mais moi j'ai commencé tout seul. Puis, la première année, on a eu tellement de demandes que j'ai accepté 60 personnes. 3 classes de 20, sachant qu'elles allaient rester pendant 3 ans, parce que et que chaque année j'aurais de nouvelles classes qui arriveraient, parce que d'emblée j'ai senti qu'il fallait aussi proposer quelque chose qui allait en profondeur.00:54:59C'était pas du tout une critique de ma part, mais il faut quand même se rendre compte qu'on propose aujourd'hui beaucoup de week-ends de développement personnel qui ont une fonction très bénéfique qui réveille les gens, qui ouvre des perspectives, qui met en mouvement... mais il faut aussi des lieux où on va en profondeur. Et donc d'emblée il y avait un axe dans l'école qui serait un programme de 3 ans et ça s'est imposé à moi que ça allait s'appeler l'initiation et accompagnement à la présence thérapeutique, et l'initiation, c'est important. Je sais que ce mot peut faire peur, parce qu'on dit, mais enfin c'est qu'on est dans quelle secte ? Dans toutes les cultures traditionnelles, le futur soignant il subit une initiation qui est faite de rituels...00:55:41Mais quand on regarde un petit peu comment ces rituels sont organisés d'une culture à l'autre, ils viennent tous réveiller la même chose, c'est à dire une collection avec notre nature profonde et un dépassement. De nos peurs pour aller au-delà de cette construction de l'ego et rentrer en contact avec cette Prajna, cette inspiration, cet esprit, cette conscience qui nous rend plus sages. On a des outils extraordinaires aujourd'hui, on a des gens hyper compétents. Très très bien formés, mais qu'est-ce qu'ils font-ils avec ce qu'ils ont appris ? Au service de quoi le mettent-ils donc ? L'école est bien sûr une école spirituelle. Je sais que ça peut faire bondir certaines personnes, mais en même temps je vois que ce mot est beaucoup moins gros aujourd'hui comme il l'était il y a 15-20 ans.00:56:27Alors que la spiritualité est un des fondements de notre humanité. Cette compréhension de l'esprit des êtres et des choses et nier ça c'est tellement dommage et ça revient beaucoup comme vous le dites. Il y a eu un mouvement ces dernières années très fort qui répond certainement à une forme de quête de sens. Vous savez, ça doit passer par une pédagogie. Il y a quelques années, je déjeunais avec John Kabat-Zinn, cet homme qui a fait ce travail remarquable d'introduire une manifestation sous sa forme de pleine conscience. Je lui disais : « Mais pourquoi lors d'une intervention que nous avions faite, lorsque-il avait répondu à une personne qui posait clairement une question par rapport à la spiritualité, pourquoi n'avait-il pas prononcé le mot spiritualité ?00:57:11» Il m'avait dit : « Non, mais tu sais, c'est un mot quand même un peu sulfureux et pas toujours bien compris. » Je lui disais : « Oui, mais alors c'est à nous de faire une pédagogie, expliquer ce que ça veut dire. » En fait, il m'avait dit : « Oui, mais c'est un travail pour la prochaine génération. » Il avait raison, c'est un travail pour la prochaine génération, tellement l'humain pour cette méditation de la pleine conscience. Mais je fais partie de la génération et vous le faites, c'est ça. Je ne serai pas le seul, je ne suis pas le seul, parce qu'il y aura de plus. En plus de gens qui parleront comme ça, puisque revenir à comprendre l'esprit des êtres et des choses est indispensable.00:57:47En fait, j'ai l'impression qu'on est en train de vivre un retour aux sources. D'ailleurs, vous l'évoquez quand vous parlez de la source, vous parlez des cultures ancestrales, aborigènes, etc. En fait, on revient à ce qu'eux ont pleinement vécu et vivent encore pleinement, oui, complètement, complètement. Eux ne sont pas déconnectés nous sommes singulièrement déconnectés et on nie même nos racines. On oublie nos ancêtres, on oublie d'où on vient. Et donc l'école de la présence thérapeutique elle avait cette volonté de proposer un parcours profond et à côté de ça aussi, quand même des ouvertures vers le grand public qui ne pouvait pas forcément aller tout de suite à cette profondeur à travers des ateliers d'éveil de reconnexion à la vie, des ateliers très joyeux, très festifs où on danse, on chante.00:58:38Mais on médite l'école aujourd'hui, elle accueille 75% de français qui viennent de tous les coins de France, elle accueille 15% de Belges, puis des gens qui viennent d'un peu partout. Il y en a qui viennent du Maroc, de la Réunion, enfin de pays où il y a la langue francophone et d'usage. C'est une très belle aventure et je suis très, très admiratif et touché, vraiment touché par le travail que font les élèves qui viennent dans cette école. Ils ont entre 21 ans, le plus jeune à 21 ans, c'est un étudiant messie, et des gens qui ont 70 ans et qui ont des carrières derrière eux, certains ont publié des livres, sont reconnus des psychanalystes, des psychiatres, des médecins.00:59:29Et je suis très, comme je disais, admiratif, touché de voir des êtres humains qui ont cet engagement, surtout la première année parce que la première année c'est soi avec soi, c'est redécouvrir le moi, l'ego et très souvent ils souffrent de découvrir tout ça en eux. On ne veut pas regarder tout ça et quand le cœur commence à s'ouvrir alors non seulement on peut voir chez soi, on commence à mieux voir chez l'autre. On n'est plus du tout dans le jugement et on rentre dans une démarche de vraie guérison. Et puis la deuxième année, c'est vraiment le rapport à l'autre. La troisième, c'est à ce qui est entre moi et l'autre, c'est-à-dire cet invisible qui n'est visible qu'à l'œil du cœur, disait Saint-Exupéry. Mais c'est tout ce que cette école propose donc voilà.01:00:08C'est une belle aventure, on ne sait pas où elle va mener. Aujourd'hui, je commence à être entouré ; j'essaye d'avoir un noyau autour duquel l'école peut continuer à grandir et à s'enrichir d'autres sensibilités, d'autres présences. C'est tout un travail et que je découvre moi-même dans la transmission à ces membres du noyau que j'appelle les pépins du noyau et enfin, une jolie petite équipe maintenant et puis ceux qui ne participent pas à l'école mais qui y ont passé trois ans et bien ils vont retourner dans leur vie avec quelque chose. Je dis toujours que ce n'est pas l'école qui leur a donné quelque chose, ils ont eu l'occasion de récupérer, de redécouvrir quelque chose qui était déjà au fond d'eux ; et avec cette chose-là, Très souvent, je constate qu'ils ont des projets très créatifs dans leurs univers respectifs, quel que soit le domaine du soin ou de leur intervention dans la société.01:01:02Ils créent des choses très belles. Qu'est-ce qu'on peut souhaiter pour cette école de la présence thérapeutique dans les prochaines années, Thierry ? Que moi, pour commencer, et que les personnes qui se joignent à ce projet ne soient pas un obstacle à son épanouissement. Le grand danger dans ce genre d'entreprise, c'est que le fondateur et les gens qui finissent par s'y raccrocher à ce projet utilisent le projet pour leurs ambitions personnelles, et que du coup, il l'empêche parfois de se développer. Ce travail de conscience se fait au quotidien, parce que sans ça, ce genre d'entreprise est voué à l'échec. Je ne dis pas que ça réussira, mais c'est ce que je souhaite pour cette école. Et pour vous, Thierry, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour les années à venir ?01:01:54Alors, je pourrais faire une sortie très dans la lignée de ce que je viens de dire d'être la bonne personne, mais c'est quelque chose de beaucoup plus personnel que on peut me souhaiter. C'est ce que j'ai vraiment besoin pour continuer à porter ce projet ou accompagner ce projet. C'est une oasis, c'est un endroit où je suis en totale confiance avec une personne et d'être nourri de ce partage, de ce sentiment de communiquer et d'être regardé avec bienveillance par l'autre. Donc voilà, il faut me souhaiter une vie personnelle, privée épanouie et pleine d'amour. Et bien je vous le souhaite. Je termine par quelques petites questions actuelles à notre entretien, puisque le podcast s'appelle La Petite Voix. Je suis obligée de vous poser la question : est-ce que vous êtes souvent connecté à votre propre petite voix ?01:02:46Oui, cette petite voix, je l'entends. Je suis souvent connecté à elle, mais je ne l'écoute pas toujours et alors je suis parfois encore très, très fort dans les argumentations pour ne pas l'écouter et je peux me raconter des histoires. Et je crois que on se raconte beaucoup d'histoires pour ne pas écouter la petite voix sage au fond de nous, de temps en temps. Quand je constate ça, j'essaye de calmer ce mental et alors s'installe un immense doute. La petite voix parfois se fait absente et c'est bon de rester dans ce doute parce que souvent alors ce que la petite voix voulait nous dire apparaît d'une autre manière. Mon autre question, je voulais savoir quel livre éclairait particulièrement votre chemin de vie, s'il y en a un ?01:03:40Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, je n'ai pas beaucoup lu. C'est suite à un rêve que j'ai fait je sais pas si je l'ai raconté dans notre long entretien. J'ai fait un rêve quand j'avais 17 ans. Parce que enfant, j'ai énormément lu. J'ai beaucoup lu de livres sur l'Antiquité, l'Égypte et tout ça aussi. Et puis je me suis intéressé au bouddhisme. Et surtout après la mort de mon cousin qui était aussi très, très proche et qui s'est tué dans un accident de moto à 8 ans. J'en avais 17, et après sa mort, j'ai commencé non seulement à lire encore davantage et beaucoup plus de philosophie de métaphysique, De spiritualité, ça a duré 2 ans. Puis un jour, j'ai fait un rêve. Dans le rêve, je marchais dans l'allée centrale d'une cathédrale
Contrairement aux engagements qu'avait pris Conakry, l'année 2024 ne marquera pas la fin de la transition en Guinée. Le glissement du calendrier de la transition au delà de la date butoire du 31 décembre est source d'inquiétudes et la plateforme des Forces Vives, qui regroupe l'opposition et des organisations de la société civile a déjà annoncé qu'elle ne reconnaîtrait plus les autorités de transition à compter de ce mardi...Trois ans après la prise de pouvoir par les militaires - le 5 septembre 2021 - quelle est le bilan de la transition à ce jour ? Éléments de réponse avec Alseny Sall, chargé de communication pour l'organisation guineenne de défense des droits de l'homme et du citoyen, l'OGDH. Il est l'invité de Liza Fabbian. RFI : Cette prolongation de la transition au-delà du 31 décembre 2024 en Guinée, qu'est-ce que ça vous inspire ?Alseny Sall : Écoutez, pour nous, ce n'est pas une surprise. La durée de la transition devait être fixée de commun accord entre les Forces vives de la nation et le CNRD. Et malheureusement, vous le savez, que le CNRD l'a établi lui-même avec la Cédéao. Donc, c'est un accord qui a été fait sur le dos du peuple de Guinée, sur le dos des Forces vives. D'ailleurs, en Guinée, on ne parle plus de « transition », on parle plutôt de « refondation ». Et tout ça en violation de la Charte de la transition qui a été élaboré et promulgué par le CNRD, sans concertation avec le peuple. Donc, si le CNRD lui-même ne respecte pas ses engagements, ce n'est pas une surprise dans la mesure où il n'y a jamais eu une volonté de dialoguer au niveau national pour trouver un consensus sur le calendrier de la transition.Malheureusement, cela place notre pays dans une situation incertaine à partir de janvier.Le Président Doumbouya, au lendemain de sa prise de pouvoir, avait indiqué que « la justice serait la boussole de la transition ». Effectivement, il y a eu un procès du massacre du stade du 28 septembre 2009, ce verdict est-il une promesse tenue selon vous ?Quand même, il faut le reconnaître, c'est la première fois dans l'histoire de toute l'Afrique, qu'une juridiction nationale africaine juge des hauts dignitaires de l'État pour des crimes contre l'humanité, et les condamne pour leurs responsabilités sur des crimes de masse. Donc pour nous, c'est un point très positif, ça crée un précédent très très positif. Même si aujourd'hui, nous avons l'impression que la junte qui a organisé ce procès, n'en tire par les leçons elle-même. La situation générale des droits de l'Homme contraste avec ce procès. On a commencé par une interdiction systématique du droit de manifestation, parce qu'il n'y avait pas la volonté de dialoguer. Et deuxièmement, on a commencé à censurer les médias. Et de la censure, on est allé jusqu'à fermer les médias qui étaient jugés critiques ou qui donnaient la parole aux voix dissidentes. Aujourd'hui, nous assistons à des nouvelles formes de violation de droits de l'Homme, des kidnappings et des détentions dans des lieux secrets qui sont contraires aux engagements du 5 septembre.Oui, on a vu ces derniers mois une multiplication des disparitions forcées, notamment celles des leaders du FNDC Foniké Menguè et Billo Bah, il y a bientôt 6 mois ou juste la semaine dernière, celle de Aliou Bah. Peut-on parler d'un tour de vis répressif en Guinée ?Pour nous aujourd'hui, il y a une volonté systématique de taire toutes les voix dissonantes. Aliou, qui a été arrêté en dernier, faisait partie des voix les plus critiques de la transition. Mais il le faisait dans le respect des règles et des principes républicains, et donc il a été arrêté de manière irrégulière et jusqu'ici il reste en détention prolongée en dépit des protestations que nous avons faites pour dénoncer cette situation. En plus de Aliou Bah, il y a aussi évidemment les cas Foniké Menguè. Il y a le cas Saadou Nimaga, il y a le cas Habib Marouane Camara, et la justice aujourd'hui, elle est absente. Par exemple, Foniké Menguè et Billo Bah ont été arrêtés par des hommes en uniforme, mais jusqu'à présent, la justice dit qu'elle ne sait pas où se trouvent ces personnes. Et celles qui dénoncent aujourd'hui cette situation sont aussi poursuivies ou harcelées ou même kidnappées. La justice doit travailler non seulement à empêcher les violations des droits de l'Homme, mais aussi veiller à la protection des droits de tous les citoyens.Il y a un mois, la Guinée a été endeuillée par une bousculade mortelle au sein du stade de Nzérékoré. Mais pour l'instant, il n'y a aucune communication officielle sur les avancées de l'enquête, comment l'expliquez-vous ?Cette bousculade est intervenue à l'occasion d'une propagande politique dans le cadre des préparatifs d'une candidature du chef de la junte au pouvoir. Mamadi Doumbouya nous avait promis de lutter contre le culte de la personnalité, mais son système est en train de l'ériger en mode de gouvernance. Malheureusement, cet incident de Nzérékoré s'est passé à l'occasion d'une finale d'un tournoi qui a été organisé en son nom. On parle de plus d'une centaine de morts quand même. Mais jusqu'ici, il n'a pas fait une déclaration par rapport à cette situation. Le ministre de la Justice, dans sa dernière sortie, a dit que la Guinée n'est pas le seul pays qui a connu ce genre de drame. Il n'y a pas de volonté politique de travailler pour que des enquêtes sérieuses soient menées pour situer les responsabilités par rapport à ces événements.Et tout ça dans un contexte économique particulier, notamment depuis l'explosion du dépôt d'hydrocarbures de Kaloum et l'arrêt de certaines activités minières en Guinée, comment évaluez-vous aujourd'hui la situation économique des Guinéens ?On nous parle de refondation, on nous parle de progrès, mais je pense que le panier de la ménagère n'a pas du tout évolué en Guinée. Aujourd'hui à Conakry, il y a une pénurie de carburant. Les gens ont du mal à se déplacer. Donc dans un contexte de précarité, tout ça augure d'un avenir bien incertain. Ça crée un sentiment de peur, un sentiment d'insécurité dans un contexte de troubles. Malheureusement, tout ça, ce n'est pas rassurant pour l'avenir de ce pays.À lire aussiEn Guinée, ce 31 décembre 2024 marque symboliquement la non-fin pourtant attendue de la transition
Au Mozambique, l'opposition manifeste sans relâche depuis plus de deux mois. Au Kenya, des milliers de manifestants ont contraint, il y a six mois, le gouvernement à reculer sur un projet de nouvelle taxe, sans aucune directive politique précise. Ces événements signalent-ils de nouvelles formes de mobilisation populaire en Afrique de l'Est ? Et dans ce contexte, les jeunes protestataires parviennent-ils à se libérer de la tutelle des partis politiques, qui les enferment souvent dans leur appartenance ethnique ? Marie-Emmanuelle Pommerolle, ancienne directrice de l'Institut français de recherches en Afrique à Nairobi et actuellement professeure à l'Université Paris 1, éclaire ces dynamiques sociales et politiques. RFI : Les émeutes de ces derniers jours au Mozambique, ainsi que les grandes manifestations de juin dernier au Kenya, sont-elles le signe d'une nouvelle mobilisation de la jeunesse dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est ?Marie-Emmanuelle Pommerolle : Effectivement, nous avons eu des épisodes très intenses de mobilisation au Kenya, liés à une loi fiscale, et là au Mozambique pour contester les résultats électoraux. Ce sont des événements déclencheurs différents, mais effectivement ce sont des jeunes qui réclament de participer davantage au débat politique.Au Kenya, il y a eu une alternance démocratique il y a un peu plus de deux ans, en septembre 2022. Pourtant, 20 mois plus tard, la jeunesse est descendue dans la rue. Pourquoi ?Principalement pour protester contre la loi de finances qui augmentait les taxes sur les biens de première nécessité comme le pain et l'huile. La jeunesse, étranglée par des problèmes tels que le chômage et l'inflation, a décidé qu'il était temps de contester ce type de politique fiscale. Une jeunesse qui a également décidé de descendre dans la rue pour dénoncer la trahison du nouveau président William Ruto, élu démocratiquement. Celui-ci a été élu sur un programme visant particulièrement les jeunes, leur promettant des aides pour s'assurer qu'ils trouvent de l'emploi. Et évidemment ça n'a pas été le cas, il a augmenté les impôts. Donc il y avait un sentiment de trahison parmi ceux qui avaient cru en ce président élu démocratiquement en 2022.Donc, ce sont les mêmes jeunes qui ont voté pour Ruto en 2022 et qui ont crié « Ruto must go » en 2024 ?Effectivement l'analyse des élections de 2022 mettaient bien en avant le fait que des jeunes de tout le pays, et pas seulement dans ses bastions électoraux habituels, avaient voté pour ce président. Il mettait en avant l'idée que le Kenya devait aider les « hustlers », il parlait même d'une « hustler nation », ce qu'on peut traduire par « les débrouillards ». Il voulait vraiment insister sur l'idée que les jeunes devaient créer leurs propres entreprises et que l'État allait les aider. Ce sont effectivement ces mêmes jeunes qui se sont retrouvés dans la rue en juin 2024. On trouvait bien sûr des jeunes très éduqués, le Kenya a une politique d'éducation qui est relativement efficace, mais aussi des jeunes moins favorisés venant des bidonvilles de Nairobi. Donc une jeunesse assez diversifiée qui s'est retrouvée dans la rue et qui dénonçait cette politique fiscale qui les étranglait, alors même qu'on leur avait promis de les aider.À lire aussiKenya: nouvelle journée de tensions à Nairobi, 48 heures après une manifestation violemment répriméeDu coup, William Ruto a renoncé à sa réforme fiscale. Dans l'histoire du Kenya, il y a déjà eu plusieurs épisodes insurrectionnels. Jusque-là, ils s'appuyaient souvent sur des clivages ethniques. Cette année, c'était la même chose ou pas ?Ce qui a fait l'originalité de ce mouvement, c'est que les jeunes revendiquaient être « partyless » et « tribeless », c'est-à-dire ne pas être attachés à un parti ou à une appartenance ethnique. Ils revendiquaient un cosmopolitisme qu'on observe dans les grandes villes et les villes moyennes du Kenya, où les jeunes de toutes les régions se retrouvent pour chercher du travail. Ce rejet des divisions ethniques habituelles se voyait dans l'ampleur des manifestations, qui ont eu lieu non seulement à Nairobi, mais aussi dans des bastions pro-gouvernementaux comme la Rift Valley. Ce mouvement exprimait une jeunesse unie, trahie par des élites qui confisquent le pouvoir.Est-ce que cette mobilisation a été portée par les réseaux sociaux ?Oui, notamment au Kenya, qui est un hub numérique en Afrique, les réseaux sociaux jouent un rôle fondamental dans la vie quotidienne, que ce soit pour payer via un mobile ou pour s'organiser. Ils ont permis de coordonner les manifestations, de diffuser les lieux de rassemblement, et d'animer des débats politiques, notamment sur WhatsApp et X. Les « Space X », par exemple, sont devenus des forums où des voix souvent marginalisées peuvent s'exprimer dans un cadre relativement horizontal et sécurisé.Donc, au Kenya, il y a une forte mobilisation en dehors des partis politiques, alors qu'au Mozambique, on peut parler d'un mouvement porté par les partis politiques ?Oui, tout à fait. L'originalité de la mobilisation au Kenya était cette extériorité par rapport aux partis politiques habituels. Au Mozambique, c'est une contestation post-électorale qui effectivement drainait des foules importantes, notamment la jeunesse. Mais on voit bien qu'elle le fait après avoir été incitée par le candidat de l'opposition qui lui-même n'est plus au Mozambique et qui appelle à manifester pacifiquement pour contester les résultats électoraux.Au Mozambique, c'est aussi une remise en cause du tout-puissant FRELIMO, le parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1975. Ces mobilisations remettent-elles en cause l'héritage des pères de l'indépendance ?Alors effectivement, au Mozambique, on trouve des traces de cette contestation des héros de l'indépendance, une statue de l'un des héros de l'indépendance a été déboulonnée récemment au Mozambique. Cette figure, qui avait joué un rôle crucial dans la libération, est également accusée de s'être enrichie grâce au pouvoir. Et effectivement, même au Kenya, même en Ouganda, on peut voir qu'il y a une forme de fatigue vis-à-vis de ces élites politiques qui sont les descendants directs de ceux qui ont effectivement gagné l'indépendance ou pris le pouvoir au nom de la révolution. C'est le cas en Ouganda, et le cas en Tanzanie. Au Kenya, les dirigeants se réclament encore régulièrement du combat Mau Mau. Et ce que montrent les jeunes protestataires, c'est que ces dirigeants ont pourtant trahi leur combat qui était celui d'une véritable indépendance, puisque l'un des registres aussi sur lequel jouent ces protestations, c'est de dénoncer la dépendance à l'extérieur. La dépendance à la Chine, la dépendance aux Occidentaux, un registre qu'on connaît bien en Afrique francophone, notamment vis-à-vis de la politique africaine française. Mais que l'on retrouve aussi, en Afrique de l'Est, avec l'idée que l'indépendance n'a pas été complètement achevée.Cette montée d'un sentiment anti-français en Afrique de l'Ouest trouve-t-elle un équivalent en Afrique de l'Est, avec une montée d'un sentiment anti-chinois ?L'histoire n'est pas équivalente, mais ce sentiment de dépendance vis-à-vis de l'extérieur et surtout de la dépendance des élites est également présent en Afrique de l'Est. Et ce registre commun de la souveraineté se retrouve également dans la jeunesse d'Afrique de l'Est.Les jeunes sont descendus dans la rue au Kenya, mais pas en Ouganda, ni en Tanzanie. Cela signifie-t-il qu'il y a moins de problèmes dans ces deux pays ?Alors les jeunes sont descendus dans la rue en Ouganda, suite au mouvement qui a eu lieu au Kenya au mois de juin. Il y a eu une forme d'imitation de ce qui se passait au Kenya, parce qu'évidemment les problèmes sont aussi nombreux, notamment sur les questions de corruption. Néanmoins, en Tanzanie comme en Ouganda, l'espace civique est très restreint. La moindre protestation donne lieu à des arrestations, à une répression très forte. L'espace public, du fait de cette histoire autoritaire, très prégnante encore en Tanzanie, en Ouganda, est moins susceptible de donner lieu à des mobilisations fortes que chez le voisin kényan.Et est-ce pour cela que le régime ougandais a fait capturer, il y a un mois au Kenya, le chef de l'opposition, Kizza Besigye, qui doit passer en cour martiale le 7 janvier prochain à Kampala ?C'est effectivement le signe que le pouvoir ougandais est très susceptible par rapport à la moindre opposition. C'est aussi le signe que le gouvernement kényan est très proche de ce pouvoir ougandais, jusqu'à lui laisser la liberté de venir enlever un opposant chez lui, au Kenya. C'est quelque chose qui est dénoncé fortement par les sociétés civiles ougandaise et kényane, qui voient une alliance de pouvoirs extrêmement autoritaires.À lire aussiManifestations au Mozambique: la répression a tué de nombreux enfants et arrêté des centaines d'autres
[PARTENAIRE] Et si, pour Noël, vous souffliez une idée lumineuse à vos proches
À Bangui, on le croit dans les prisons des mercenaires russes depuis neuf mois, ou mort. Le journaliste Ephrem Yalike a été pendant près de trois ans un rouage de la communication du groupe Wagner en Centrafrique, jusqu'à ce qu'il soit soupçonné de traitrise après la révélation d'une bavure commise par les mercenaires. Mais il a pu fuir le pays avec l'aide la plateforme des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF).Dans une enquête du consortium Forbidden stories à laquelle RFI est associée avec neuf autres médias, il raconte comment fonctionne le système de désinformation à Bangui, entre placement d'articles contenant des fausses informations et manifestations montées de toutes pièces.« Plongée dans la machine de désinformation russe en Centrafrique » est une enquête à retrouver sur RFI.fr et nos environnements numériques. RFI : De 2019 à 2022, vous avez été un des communicants des mercenaires russes qui opèrent en Centrafrique. Pourquoi avez vous décidé de quitter le pays, de raconter votre histoire et de lever le voile sur les opérations de communication qu'ils mènent dans votre pays?Ephrem Yalike : J'ai décidé de raconter ce que j'ai vécu et ce que moi aussi j'ai eu à faire, parce que je me suis rendu compte que les Russes en Centrafrique opèrent dans un mode où il n'y a pas le respect des droits humains. C'est pourquoi je me suis dit je ne peux pas rester silencieux, je dois dénoncer ce qui se passe dans mon pays pour que ça puisse aider et que les Centrafricains puissent comprendre réellement la présence russe en Centrafrique.À lire aussiDésinformation russe en Centrafrique: Ephrem Yalike, le repenti de l'OubanguiEt pour cela, vous avez dû quitter Bangui. Parce qu'aujourd'hui, pour un journaliste centrafricain, donner la réalité de la présence russe dans le pays, c'est impossible ?Aujourd'hui en Centrafrique, pour un journaliste centrafricain, dénoncer et dire la réalité de ce que les Russes font, c'est se mettre en danger. Parce que je peux vous dire, que toutes les actions des Russes échappent au contrôle du gouvernement. Dans leur mode opératoire, quand tu dénonces, tu deviens automatiquement leur cible. C'est pour cela que je me suis dit pour que pour être libre, dire ce que je pense, et ce que je faisais, il me fallait quitter le territoire.D'ailleurs, jusqu'à ce matin à Bangui, tout le monde pense que vous êtes soit en prison au camp de Roux, dans les geôles des Russes, soit mort ?Tout à fait. En ce moment dans la capitale, le doute plane sur ma situation. Mais, je ne suis pas en prison, je suis bel et bien hors du territoire.Quand vous avez été approché fin 2019 par les Russes à Bangui, vous avez tout de suite accepté. Pourquoi ?J'ai accepté tout de suite de collaborer avec les Russes, parce que, à cette époque, la République centrafricaine venait de sortir d'une crise. En tant que Centrafricain, il était de mon devoir de contribuer au retour de la paix dans mon pays. À cette époque, la République centrafricaine a été abandonnée par son ancien partenaire, lors du départ des forces Sangaris du pays. Et l'arrivée des Russes était considérée comme un ouf de soulagement pour tout le peuple centrafricain. Donc moi étant journaliste, contacté par les Russes pour collaborer avec eux, ça m'a fait plaisir de contribuer au retour de la paix dans mon pays.Pour soutenir les actions des Forces armées centrafricaines. Mais il y avait aussi une motivation financière. Vous ne le cachez pas.Tout à fait, cette action qui m'avait été demandée était de vulgariser les actions de neutralisation menées par les forces armées centrafricaines conjointement avec les Russes, ça ne me posait aucun problème. J'ai accepté. Et deuxièmement, il y avait cette oportunité financière qui pouvait me permettre de financer mes études. En étant journaliste en République centrafricaine, c'était difficile de joindre les deux bouts seulement avec le salaire mensuel du journaliste. Dans les journaux de la place, je n'atteignait pas 70 000 francs CFA, mais quand j'ai commencé à travailler avec les Russes, automatiquement j'ai gagné plus de 200 000 francs200 000 puis même 500 000 plus tard ?Tout à fait.L'homme qui vous a recruté et qui sera votre interlocuteur pendant toute votre collaboration, c'est Mikhaïl Prudnikov, que vous connaissiez comme « Michel » ou « Micha ». Il était toujours flanqué d'un interprète. Qui est il exactement à Bangui ? Quelle est sa mission en Centrafrique ?Lui, il me dit qu'il est responsable, directeur de la communication et des relations publiques de la mission russe en République centrafricaine. Donc, c'est toujours avec lui que je collabore. Selon ce qu'il me dit, il est chargé d'analyser la méthode de la communication de la mission en République centrafricaine et d'impacter sur les médias centrafricains pour parler positivement de la mission russe dans le pays. Et maintenant d'étudier comment faire à ce que le peuple centrafricain puisse avoir confiance aux Russes qui sont dans le pays.Mais en réalité, il fait beaucoup plus que ça ?En réalité, il fait beaucoup plus que ça, et à ma connaissance, il part dans d'autres pays africains pour faire la même chose qu'en République centrafricaine.Alors parmi les missions que « Micha » vous assigne, il y a faire des revues de presse de tout ce qui se dit sur la présence russe dans le pays, écrire des articles pour discréditer les voix critiques, mais aussi placer des sujets favorables dans des journaux contre rétribution. Concrètement, comment est ce que ça fonctionnait?Tout à fait. Il me donnait une thématique, il vérifiait si c'était conforme à ses exigences. Il m'indiquait ensuite certains médias dans lesquels je devais les publier. je leur donnais 10 000 francs à chaque fin du mois. Je tenais un tableau Excel que je lui donnais avec le nom du média, l'article publié, la date et la photo pour qu'il me donne l'argent, que je puisse rémunérer chacun de ces journalistes.La situation de la presse en Centrafrique est-elle et si précaire au point que cette pratique n'ait jamais posé de problème ?La situation de la presse en République centrafricaine, reste et demeure précaire. Donc cette situation n' gêné personne. Quand tu travailles, tu dois aussi vivre. Donc certains journalistes, même s'ils étaient contre, étaient contraints par le besoin d'argent de prendre et de publier ces articles.Autre mission, vous avez organisé des manifestations parfois contre la France, parfois contre les Etats-Unis, souvent contre l'ONU. Comment ça se passait exactement l'organisation de ces manifestations ?Parfois lui Micha m'appelait et me donnait une thématique pour la semaine. Il me disait : « Nous souhaitons que tu puisses organiser une marche pour dire que la population en a marre de la présence de la Minusca (mission de l'ONU) ». Je devais cibler un leader de la place, lui demander s'il avait la capacité de mobiliser 500 personnes pour une manifestation devant le siège de la Minusca à telle date, et il me disait que c'était possible. La veille, « Micha » et son équipe écrivaient des mots sur les cartons, sur les papiers, pour que les manifestants puissent les tenir et faire semblant que ces écrits étaient les leur, alors qu'en réalité ça venait de Michel. Par rapport au nombre des manifestants, je remettais l'enveloppe aux leaders. Je faisais cela dans la discrétion totale pour que personne ne soit au courant.Et chaque jeune qui venait recevait environ 2000 francs (3euros)Environ 2000 francs CFA.Une cible récurrente de ces manifestations, c'était la Minusca, la mission de l'ONU. Pourquoi ?Les Russes et la Minusca sont dans le pays à peu près pour un même objectif, aider le gouvernement à pacifier le pays. Donc du coup, les Russes veulent se faire passer aux yeux du peuple centrafricain comme les meilleurs, et pour cela, il faut qu'ils puissent discréditer les actions menées par l'ONU en République centrafricaine. C'est pourquoi toutes ces manifestations visent la MINUSCA.Les manifestations hostiles à la présidente de la Cour constitutionnelle, madame Darlan, en 2022, et pour le changement de Constitution en 2023, ce sont aussi les Russes qui étaient à la manœuvre ?Les manifestations concernant la destitution de madame Darlan, les manifestations pour la Constitution, tout ça, c'était la mais des Russes derrière. Il y a certaines manifestations qui sont organisées. Mais moi qui travaille avec eux, je ne suis pas au courant. Après, ils m'appellent, ils me donnent seulement des articles, des photos à publier.Ce n'est pas vous qui avez organisé celles là, mais vous avez la certitude que ce sont les Russes qui les ont organisées via d'autres canaux ?Oui.Et là arrive l'épisode de Bouar. On vous a demandé d'écrire que les mercenaires de Wagner sont venus en aide à des civils peuls blessés, alors que ce sont eux qui leur ont tiré dessus. Est ce que vous pouvez nous raconter cet épisode.À cette époque, un matin, Micha m'appelle et me dit « Il y a une urgence, nous devons partir à Bouar pour sauver certains peuls qui sont en difficulté ». J'ai dit OK. « Nous avons retrouvé deux peuls qui blessés à l'hôpital régional de la ville de Bouar ». Dans l'avion, Micha m'a dit qu'ils avaient été attaqués par les groupes armés, notamment les 3R. On arrive sur les lieux, il y a un interprète, la manière avec laquelle l'interprète leur demande de me parler et pour qu'il puisse m'interpréter, étant journaliste, je savais que c'était pas concrètement ce qu'ils étaient en train de lui dire et qu'il me transcrivait , donc je prenais note de tout ce qu'il me disait.Et quand on était dans l'avion avec lui, je lui ai dit « Michel, tu penses réellement que ce sont des 3R qui ont fait du mal à ce groupe ? Parce que je travaille avec toi, tu dois me dire la vérité pour me permettre de voir dans quel angle orienter pour que l'article puisse prendre du poids ». Il me regarde en me disant « ok, ce que je te dis, ça doit rester confidentiel entre nous. Certains de nos de nos confrères les ont attaqués. C'est après qu'on s'est rendu compte que c'étaient des innocents et nous sommes venus à leur secours pour les sauver. Donc tu dois tout faire pour que l'article soit positif à notre égard »Ils ont voulu prendre le contrôle du narratif. Le problème, c'est que la vérité est sortie quelques semaines plus tard dans un journal local et que vos patrons ont cru que vous les avez trahis et qu'ils vous ont menacé physiquement à ce moment là.Oui, un mois plus tard, la vraie information est sortie dans un journal de la place, et à ma grande surprise, un matin, j'ai reçu un appel : « je suis devant devant ta maison » alors que je ne lui ai jamais montré ma maison depuis qu'on collabore. Il m'a conduit quelque part, je ne savais même pas où on allait. Donc c'était derrière, à la sortie nord, route de Boali, on a dépassé PK 26. Il s'est arrêté et m'a dit « je vais te poser une seule question. Tu dois me dire ce qui t'a poussé à dire la vérité à ces journalistes qui ont dévoilé l'information ». A ce moment-là, il a déposé son arme à côté. Automatiquement, il a ramassé mon téléphone.Son interprète a commencé à fouiller pour voir avec qui j'avais été en contact. Il a fouillé. Il n'a rien trouvé. Il m'a menacé. « Tu dois l'avouer, ici, il y a personne ici. Tu sais ce qui peut t'arriver » J'ai dit « Michel, je ne peux pas dire ce que je n'ai pas fait ». Il a insisté, avec des menaces à l'appui, des intimidations de mort. Je lui ai dit « Si je l'avais fait, je te l'aurais dit. Je n'ai rien fait, je te l'ai dit ». J'étais apeuré. Mais comme je n'avais rien fait, je ,'ai pas avoué ce que je n'avais pas fait. Il a pris mon téléphone, il est parti. Il m'avait abandonné dans cette brousse. Cette information, je l'ai dite à personne parce qu'en me quittant, il m'a dit : « tout ce qui vient de se passer ici, mettons en tête que nos services secrets sont désormais derrière toi. Si on entend un seul instant que tu as été menacé, tu ne resteras pas vivant ».Effectivement, ils vous tiennent bien à l'œil, puisque deux ans plus tard, après une longue préparation, vous vous apprêtez à quitter le pays en février 2024 et au moment où vous allez partir de l'aéroport de Bangui, vous êtes retenu. Et là, vous comprenez que ce sont les Russes qui sont à la manœuvre et qui vous font retenir à l'aéroport dans un bureau de police.Tout à fait. À ma grande surprise, à mon départ, j'ai été retenu à l'aéroport, empêché de voyager par le commissaire qui n'arrivait pas à m'en donner la raison en plus. Il m'a dit : « Tu penses partir avec toutes les informations que tu détiens ». Je lui ai demandé : « quelles informations ? » « Tu vas voir avec les Russes ». Le commissaire de l'aéroport a été commissionné par les Russes pour m'empêcher de voyager à l'aéroport ce jour là.Donc le reste de votre famille a pu partir. Vous, vous vous êtes caché quelques jours, êtes parvenu à traverser l'Oubangui en pirogue et ensuite via le Congo, à gagner la France. Avec le recul, est ce que vous regrettez cette collaboration ? Est ce que vous regrettez vos actions ?Si je n'avais pas regretté cette collaboration, je n'aurais pas décidé de les dénoncer. J'ai regretté cette collaboration parce que moi, au départ, je croyais que c'était pour aider mon pays. Ils se présentent comme des partenaires venus aider à ce pour la paix, mais font autre chose, violentent, sont dans la désinformation, trompent l'opinion. C'est pas en faisant ça, qu'on va aider le peuple. Du coup, j'ai regretté l'action que moi-même j'ai posée en collaborant avec eux.Comment vous qualifieriez aujourd'hui la présence russe en Centrafrique?C'est une présence d'intérêts personnels, des intérêts des Wagner, des intérêts des Russes. Ils n'aident pas. Je parie ma tête que s'il était question d'arrêter la violence en Centrafrique, les Russes l'auraient fait depuis longtemps. Il font semblant pour que la crise perdure et que leur présence puisse s'élargir en République centrafricaine, pour qu'ils puissent mettre en œuvre tous les plans qu'ils ont en tête.C'est un pays sous emprise ?Selon moi, c'est un pays sous emprise des Russes, on le voit avec les actions menées par les Russes, l'exemple est simple : quand j'ai été empêché à l'aéroport de voyager, ça c'est une violation à ma liberté d'aller et de revenir. Mon avocat a contacté les autorités judiciaires et policières. Jusqu'alors, il n'y a eu aucune réponse parce que l'instruction vient des Russes. Rien ne peut se faire sans eux.Votre témoignage et les éléments factuels qui sont présentés dans l'enquête de Forbidden Story amèneront des attaques contre vous au pays. On vous appellera sûrement un traître ou un vendu. Que répondez vous à ceux qui douteraient de votre franchise ou de votre honnêteté ?C'était moi seul qui ai travaillé avec eux et quand je travaillais avec eux, je ne l'ai dit à personne. Et si aujourd'hui j'ai décidé de dénoncer, il en va de mon honnêteté et de ma dignité. Ceux qui pensent que j'ai été manipulé, que je suis un vendu, c'est leur point de vue. D'ailleurs, j'ai la conscience tranquille. Les vrais patriotes en Centrafrique m'ont encouragé. Tout ce qui se dira, me sera égal parce que je ne regrette rien.L'enquête est à lire ici : Plongée dans la machine de désinformation russe en Centrafrique
Après le Premier ministre et coordinateur de la campagne pour le « oui » au référendum constitutionnel prévu demain, samedi 16 novembre, RFI donne la parole à un tenant du « non », Albert Ondo Ossa, candidat lors de la dernière élection (élections générales gabonaises du 26 août 2023) qui continue de revendiquer sa victoire à ce scrutin rendu caduc par le coup d'État militaire de 2023. Ce professeur d'université, qui dénie le droit d'organiser un tel référendum au pouvoir de transition, appelle les Gabonais à lui faire barrage massivement. Il répond aux questions de Esdras Ndikumana. RFI : Pourquoi est-ce que vous vous opposez à ce projet de Constitution ?Albert Ondo Ossa : Alors, je ne veux pas faire du juridisme, il faut passer en revue les articles. Effectivement, je pense que l'homme politique que je suis repose son appréciation sur deux choses : l'esprit du texte d'une part, la procédure conduisant à son élaboration et à son adoption d'autre part. Alors, pour ce qui est de l'esprit, deux éléments sont importants à relever. Le président de la transition au Gabon manque de posture, de légitimité, de crédibilité. Il a besoin d'un texte susceptible de le crédibiliser, de le légitimer, de le légaliser. Un texte ne peut rendre légal ce qui est illégal, pas plus qu'il ne suffit pas à légitimer ce qui est illégitime, car nul ne peut se prévaloir de sa turpitude. Donc, à partir de ce moment-là, véritablement, la seule chose, c'est pouvoir dire non au référendum.L'une des dispositions qui fâchent dans son projet de Constitution, c'est la limitation de l'âge de 35 à 70 ans pour être candidat à l'élection présidentielle. Est-ce que vous vous sentez visé personnellement, vous, qui venez d'avoir justement 70 ans ?On se sent visé si on va dans leur logique, c'est-à-dire faire du juridisme. Non, je me sens pas du tout visé. Le problème, c'est que globalement, un référendum, c'est un vote qui permet à l'ensemble des citoyens d'approuver ou de rejeter une mesure proposée par le pouvoir exécutif. Dans ce genre d'opération, aucun calcul politicien n'est permis, aucune justification de bas-étage n'est plausible. Le choix à opérer est clair : ou on accepte le texte dans son intégralité ou on le rejette globalement. Et c'est en cela que toutes les arguties et autres gesticulations des partisans du « oui » sont superfétatoires, voire indécentes. Le choix est simplement facile et clair : ou la République ou la déchéance. Or, je suis un démocrate, je recommande au peuple gabonais de voter pour la République. Voilà. Et c'est clair.Je reviens encore sur cette question, quand même, c'est important. Par exemple, si le « oui » passe, la prochaine fois, vous ne pourrez pas vous présenter parce que vous aurez plus de 70 ans. Est-ce... Ça, c'est ce que vous dites, si le « oui » passe. Le « oui » ne passera pas ! Et dans le cas où il passe, le peuple gabonais qui m'a voté va se lever pour chasser les militaires, leur place est dans les casernes, pas effectivement dans la politique. Ça se passe partout ailleurs.Une des personnalités qui milite pour le « non » a estimé que ce projet allait mettre en place, je cite, « un homme fort et non des institutions fortes ». Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ou pas ?Un homme fort ou les institutions fortes, moi, je ne rentre pas dans ce débat-là. Ma position est claire : je ne rentre pas dans ce que fait le CTRI (Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions – Ndlr), pour ou contre ; et ma formule : ni allégeance, ni défiance. Donc, je ne me mêle pas de ce débat-là. Je parle de cela parce que j'ai été interpellé par le peuple gabonais qui m'a élu en me demandant ce que je leur recommande. C'est tout. Le reste ne m'intéresse pas. Ils sont dans le non-droit. Je ne veux pas avaliser ce qui est illégal, ce qui est illégitime, ce qui procède du non-droit et du déni de droit. Voilà.À lire aussiRéférendum constitutionnel au Gabon: «On clarifie les pouvoirs du président purement et simplement»Est-ce que pour vous ce régime hyper présidentialiste est la preuve de ce que vous dénoncez depuis le coup d'État, à savoir qu'il s'agit davantage d'une évolution du système que d'une rupture ?Vous allez dans les détails. Mon appréciation du texte, quelque chose qui est mal ficelé au départ est forcément mauvais. Le coup d'État est illégal, la révolution de palais illégale. Tout ce qu'ils font, c'est du non-droit et du déni de droit. Moi, je ne peux pas l'accepter. Donc, j'ai dit aux populations de refuser cela, c'est tout. Et m'amener à regarder tel ou tel article, c'est du juridisme. Je n'en suis pas là. Il faut que les militaires retournent dans les casernes. Ils l'ont déclaré, le moment est venu pour eux de rendre le pouvoir aux civils. C'est là le débat de fond, voilà l'enjeu. Et le peuple gabonais le comprend très bien aujourd'hui.Retourner dans les casernes, cela passe notamment par l'organisation d'un référendum. Certains appellent à voter « oui », d'autres appellent à voter « non ».Ah non. Ah non. Non, non. Organiser ? Si les militaires organisent un référendum, cela revient à légaliser l'illégalité. Seul quelqu'un qui est élu dans les conditions normales peut appeler le peuple gabonais à l'élection. Nul ne peut se prévaloir de sa turpitude. C'est inacceptable dans un pays normal, dont le Gabon, aspirant à être un pays normal, ne peut pas accepter qu'un militaire lance un genre de référendum pour légaliser sa forfaiture. Ça ne se comprend pas et ça ne s'accepte pas.La quasi-totalité de vos anciens alliés dans Alternance 2023 soutiennent aujourd'hui le « oui ». Quelle est votre réaction ?Oh moi, je les comprends tout à fait. Chacun est libre de faire ce qu'il pense. Ils étaient mes alliés du moment. Ils ne sont plus mes alliés aujourd'hui. Moi, je repose ma popularité, ma crédibilité sur le peuple gabonais. Ça n'a rien à voir. Et majoritairement, le peuple gabonais me soutient. Je n'ai pas de souci par rapport à cela.Au contraire, vous vous retrouvez aujourd'hui à combattre le texte avec d'anciens cadres du régime Bongo comme l'ex-Premier ministre Bibie By Nze ou l'ex-vice-président Maganga Moussavou, n'est-ce pas étonnant ça ?Rien n'est étonnant en politique. En politique, il y a la tactique, il y a la stratégie. Et en politique, effectivement, on peut avoir des alliés du moment. Pour le moment, ils prônent le « non ». Moi aussi, je prône le « non ». Peut-être pas pour les mêmes raisons. Moi, je dis que les militaires retournent dans les casernes, leur place est dans les casernes, ils n'ont rien à faire là où ils sont aujourd'hui et, en tout cas, il ne faut pas qu'on légalise effectivement ce qui est illégal. Donc maintenant, savoir qui dit non, qui dit oui, moi, je ne rentre pas dans ces choses-là. Je sais que le peuple gabonais va voter massivement « non » pour que les militaires retournent dans leurs casernes. Voilà.Beaucoup de ceux qui prennent le « non » parlent aujourd'hui d'un texte qui va faire renouer le Gabon avec le culte de la personnalité. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?Je ne suis pas là pour faire du juridisme. Je ne me lance pas là-dedans. Je m'en tiens à l'esprit et je m'en tiens à la procédure. On ne peut pas légaliser l'illégalité. Oligui Nguema est illégal. Non, je suis désolé. Ou on est un pays de droit ou on est un pays de non-droit et c'est là tout l'enjeu.Oligui Nguema, comme vous dites, est aujourd'hui reconnu par la communauté internationale comme président de transition.Un président de la transition, ce n'est pas un président de la République. L'enjeu, c'est d'avoir un président de la République qui, effectivement, dont l'action porte à conséquence, et personne ne le reconnaît comme président de la République, surtout la communauté internationale. C'est lui qui le dit. Il n'est reconnu nulle part en tant que tel, je suis désolé.Au-delà de la Constitution, vous avez gardé vos distances avec, justement, le président de transition Brice Oligui Nguema, qui s'est pourtant rapproché de vous au lendemain du coup d'État, pourquoi cela ?Mais je n'ai pas de problème personnel avec lui, n'allons pas dans les confusions. Je l'ai toujours dit, je n'ai pas de problème personnel avec lui. Il peut chercher à me voir, pas de problème. Je peux chercher à le voir, pas de problème. Donc, ce n'est pas parce qu'il est venu me voir, moi aussi, je suis parti à la présidence, j'ai même été invité à Oyem (ville dans le nord du Gabon – Ndlr) , mais ça ne porte pas conséquence. Nous sommes des citoyens gabonais, lui et moi, il n'y a pas de problème personnel entre nous, mais nous avons une différence d'options, je suis un démocrate, lui, il putschiste. On ne peut pas laisser un pays aux putschistes, voilà ma position.L'une de vos attaques qui a été relayée par la presse, c'est que vous avez soutenu qu'en un an Oligui Nguema a dépensé plus qu'Ali Bongo en 14 ans, comment est-ce possible ?Mais vous me demandez, je ne l'ai pas inventé, c'est le rapport du Fonds monétaire international, un rapport qui date du 30 avril. Je suis désolé. Et c'est ce rapport-là qui donne effectivement les chiffres, que je n'ai fait que commenter. Donc, comment est-ce possible ? Allez lui demander ! C'est lui qui dilapide les sous publics, c'est lui qui s'endette à ne plus en finir. Et le résultat, on l'a. Et il n'y a pas seulement le Fonds monétaire international, la Cemac vient d'attirer l'attention parce que le Gabon a eu une mise en demeure. Les entreprises gabonaises, les banques gabonaises sont mises en demeure. Elles doivent avoir une couverture de 100%. Ça, c'est la dernière en date, la Cemac. Donc, ce n'est pas moi. Toutes les instances sous-régionales sont là pour dire que le Gabon est le seul pays, dans la sous-région, qui ne respecte pas les critères de convergence, c'est-à-dire la surveillance multilatérale. Aucun critère. Ni les critères de premier ordre ni les critères de second ordre. Et ça, on n'a jamais vu ça. Oligui Nguema et son CTRI font courir un risque grave à notre pays. Voilà où j'en suis.Êtes-vous satisfait des conditions dans lesquelles s'est déroulée la campagne pour le référendum constitutionnel de samedi ?Je ne m'occupe pas de campagne, monsieur. Je n'en ai rien à cirer de la campagne. Je n'ai rien à faire de la campagne. Je me mets en dehors de ce qu'ils font, c'est du non-droit ! C'est une question de principe, c'est des positions de principe. Oligui Nguema et le CTRI, c'est des putschistes. Un putschiste ne peut pas organiser une élection. Je suis désolé, ce n'est pas sa fonction.Dans ces conditions, est-ce que vous pensez avoir réussi à convaincre les Gabonais de rejeter ce texte, samedi ?Eh bien, comment on le pense ? C'est la réalité des urnes qui dira si j'ai convaincu ou non. Est-ce que moi, je... je ne suis pas en train... je ne fais pas ce que fait Oligui. Il est dans tous les quartiers, il est partout, sa photo est partout. C'est les mêmes méthodes que le PDG. Pourtant, chaque fois que le PDG a fait ça, le PDG n'a jamais gagné une élection au Gabon. Voilà où nous en sommes. Il subira le même sort que ses mentors, les PDGistes, voilà.Monsieur Ondo Ossa, comment voyez-vous l'avenir du Gabon si le « oui » l'emporte ?Je répète, si le « oui », le « oui » ne peut pas l'emporter, donc ne m'amenez pas sur cette voie-là. Le « oui » ne peut pas l'emporter. Si Oligui traficote les résultats comme le PDG en a l'habitude, il subira le même sort qu'Ali Bongo, voilà ce que je dis.Vous dites à chaque fois que le pouvoir aujourd'hui est illégitime et que c'est vous le président élu. Est-ce que vous vous considérez aujourd'hui comme le président du Gabon ?Je ne me considère pas… Il y a eu un vote le 26 août, il y a eu des résultats qui ont été donnés. Oligui est destinataire des résultats par l'institution agréée dans les bonnes normes. Moi, j'ai les mêmes résultats, donc quelqu'un qui a été élu. Quelqu'un qui a été élu avec le score que j'ai eu, c'est quelqu'un qui est le président de la République. Il n'y en a pas deux. De l'autre côté, c'est un putschiste.Mais c'est lui qui est aux affaires.Ouattara n'est pas venu au pouvoir tout de suite. C'est des situations qui existent par ailleurs dans le monde, être élu et ne pas être au pouvoir. Et le peuple gabonais comprend très bien. Donc, je ne désespère pas. Je serai au pouvoir et Oligui, lui, il sera à la caserne. Voilà.
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Fin juillet 2024, la France reconnaissait la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Un changement de pied pour la diplomatie française dans la région. Paris avait jusque-là privilégié sa relation avec Alger plutôt qu'avec Rabat. Mais depuis cette annonce, les rapports entre la France et l'Algérie se sont considérablement dégradés. Abdelmadjid Tebboune a écarté l'idée, il y a huit jours, d'un prochain voyage en France. Annoncée depuis de longs mois, une visite du président algérien avait été repoussée à plusieurs reprises. Comment analyser cette nouvelle crise entre la France et l'Algérie ? Adlene Mohammedi, chercheur et enseignant en géopolitique, spécialiste notamment des relations franco-algériennes, est l'invité de Pierre Firtion. RFI : Adlene Mohammedi , la France a reconnu en juillet dernier la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ne craignez-vous pas une dégradation durable des relations entre Paris et Alger suite à ce revirement français ? Adlene Mohammedi : Effectivement, on voit déjà à l'œuvre cette dégradation dans les relations franco-algériennes puisqu'il y a eu un rappel de l'ambassadeur. Paradoxalement, je ne pense pas que la position française soit une vraie rupture dans l'histoire récente de la politique étrangère de la France vis-à-vis de cette région, puisque le soutien apporté par la France au Maroc sur le dossier du Sahara occidental était déjà là. On va dire qu'on sort un peu cette fois définitivement de l'ambiguïté. Mais effectivement, les dirigeants algériens l'ont mal pris et ça affecte les relations franco-algériennes.Il y a huit jours, Abdelmadjid Tebboune s'en est pris assez directement à la France, l'accusant notamment de génocide pendant la colonisation. Comment est-ce qu'on peut analyser ses propos ? Est-ce qu'on peut parler d'instrumentalisation de la mémoire ? On peut parler d'escalade dans les discours. Le problème des relations franco-algériennes, c'est que dans les deux pays, elles sont utilisées à des fins de politique intérieure. En France, on l'a très clairement vu et d'ailleurs y compris avec cette histoire de reconnaissance du plan marocain et de la souveraineté marocaine. C'est un clin d'œil évidemment à un camp politique en particulier, c'est-à-dire une certaine droite, voire une extrême droite. Et souvent, l'instrumentalisation des relations franco-algériennes en France vise à séduire l'extrême droite, il n'y a pas de doute là-dessus. En Algérie, on a un mouvement analogue, c'est flatter un petit peu certains instincts de l'opinion publique algérienne en montrant systématiquement du doigt la France. Et c'est commode malheureusement dans les deux pays, et ça se fait au détriment de relations diplomatiques normales.Mais au-delà des questions mémorielles, est-ce que le vrai sujet qui fâche, ce n'est pas l'accord franco-algérien de 1968, accord que Bruno Retailleau, le ministre français de l'Intérieur, a dit vouloir remettre en question ?Ça doit jouer un petit peu, bien sûr. Le problème de cet accord, en fait, c'est que c'est devenu le totem de l'extrême droite française. Certains électeurs, je pense, de bonne foi, sont persuadés que l'accord de 1968 donne une espèce de privilège aux ressortissants algériens en France. L'évolution du droit des étrangers ayant été ce qu'il a été ces dernières années, cet accord, en fait, a tendance le plus souvent à desservir les Algériens. Pour prendre un exemple tout simple, les étudiants algériens sont beaucoup moins bien lotis que d'autres étudiants étrangers en France. Par exemple, ils n'ont pas le droit à des cartes de séjour pluriannuelle comme d'autres, la carte talent, etc, le passeport talent, des choses comme ça, justement à cause de cet accord bilatéral. Donc, on sacralise cet accord bilatéral, on en fait une espèce d'instrument qui fait des Algériens une espèce de catégorie privilégiée, mais dans les faits, non. En fait, les étrangers algériens ne sont pas privilégiés en France, ça se saurait. Mais bien sûr, là encore, ça permet de flatter un certain électorat.La nouvelle position de la France sur le Sahara occidental a pu surprendre. Emmanuel Macron avait jusque-là beaucoup plus investi la relation avec Alger, en ouvrant notamment la question mémorielle…Effectivement, il y a quelques temps, on avait une vraie tension entre la France et le Maroc. On avait dans les médias marocains par exemple, une vraie propagande anti-française. Et puis là, on donne l'impression en fait de passer à une relation beaucoup plus douce et beaucoup plus fluide avec le Maroc, avec évidemment cet argument qui revient souvent, qui consiste à dire « de toutes les façons, avec les dirigeants algériens, on a tout essayé, autant maintenant privilégier la relation avec le Maroc ». Le problème, c'est que ça donne quand même l'impression de concevoir la diplomatie d'une manière assez particulière puisqu'on n'est pas obligé de choisir. La diplomatie américaine a de bonnes relations avec Alger et avec Rabat. La Russie a de bonnes relations avec l'Algérie et avec le Maroc. Il n'est pas besoin de choisir.Mais à partir du moment où on se positionne sur le Sahara occidental, on a vu le cas de l'Espagne par exemple…Non, non, bien sûr. Effectivement. Le fait de déclarer qu'on préfère le plan proposé par Rabat au détriment du processus onusien, c'est effectivement choisir le Maroc et déranger la diplomatie algérienne. Il n'y a pas de doute là-dessus. Pourquoi évoquer à un moment d'ailleurs où il n'y avait même pas de gouvernement, on était dans un gouvernement d'affaires courantes, pourquoi parler de ça ? On savait très bien que le risque allait être une crise diplomatique avec l'Algérie. Alors vous avez raison en fait d'un côté, parce que les deux pays, le Maroc et l'Algérie, ont tendance à faire du Sahara occidental une boussole dans leur diplomatie. Il n'empêche qu'on n'est pas obligé de choisir et il est toujours possible de faire des efforts pour avoir finalement de bonnes relations avec les deux et essayer même de faciliter le dialogue entre les deux. Parce que finalement, c'est dans l'intérêt de tout le monde.
En Côte d'Ivoire, qui a commandité le bombardement du camp militaire français de Bouaké, le 6 novembre 2004 ? Vingt ans après, le mystère demeure sur cette frappe qui a causé la mort de 10 personnes, dont 9 soldats français. En France comme en Côte d'Ivoire, les principaux protagonistes sont toujours vivants, mais c'est l'omerta. Aujourd'hui, le journaliste-enquêteur Thomas Hofnung émet tout de même une hypothèse. Chef du service international au journal La Croix, il publie ce mercredi, chez Fayard, Bouaké, le dernier cold case de la Françafrique. RFI : Thomas Hofnung, la thèse de l'avocat Jean Balan sur Bouaké, c'est qu'il s'agit d'une bavure franco-française, les Français auraient poussé le bombardier ivoirien à frapper le bâtiment, qui était censé être vide à ce moment-là, et cela aurait pu alors servir de prétexte aux Français, pour se débarrasser du régime de Laurent Gbagbo. Mais vous écrivez que vous n'y croyez pas. Pourquoi ?Thomas Hofnung : Parce que je crois au contraire que, à cette époque donc, en novembre 2004, la France s'interpose entre les rebelles de Guillaume Soro et le régime de Laurent Gbagbo, et la France est coincée entre les 2, elle prend des coups de tous les côtés. Et en novembre 2004, on voit qu'on a des renseignements qui expliquent que Laurent Gbagbo va probablement lancer une offensive. La France décide de laisser Gbagbo attaquer. C'est ce que j'appelle dans le livre le « feu orange » de la France. On sait qu'il y a des équipements, des munitions qui arrivent, qui sont d'ailleurs livrés par un marchand d'armes français, Robert Montoya. Et donc, à Paris, on pense au contraire que, pour sortir de la nasse, en quelque sorte, il faut laisser Gbagbo attaquer. On verra bien ce qu'il en ressort. Donc, je ne pense pas du tout que ça soit un coup franco-français qui ait mal tourné, qui était destiné à déposer, à renverser Laurent Gbagbo.Autre thèse sur ce bombardement, elle est défendue par certains officiers français comme le colonel de Revel. C'est celle de l'erreur de tir, les bombardiers ivoiriens traquaient frénétiquement les positions rebelles dans Bouaké, et l'un des Soukhoï aurait raté sa cible. Et là non plus, vous n'y croyez pas. Pourquoi ?Alors, je dois dire que j'y ai cru à un bon moment, jusqu'à ce que j'aille à Abidjan, pour essayer de rencontrer un certain nombre de protagonistes de l'époque et qui, je dois dire, se sont tous défilés quand j'ai essayé de les rencontrer. Ce qui a suscité chez moi une certaine forme de suspicion en me disant peut-être que, effectivement, ils avaient quelque chose à cacher, tous ces personnages. Et peut-être que ce qu'ils ont à cacher, c'est qu'ils ont fait une erreur. Pas une erreur de tir, mais une erreur de ciblage. C'est-à-dire qu'ils pensaient cibler les rebelles. Ils pensaient peut-être que les rebelles se cachaient dans le camp français. Ça a été dit par certains, notamment par l'ancien ambassadeur Jean-Marc Simon, d'ailleurs à votre micro au moment du procès. Et il me semble que c'est sans doute la thèse la plus vraisemblable. Ils ont peut-être cru vraiment qu'ils bombardaient les rebelles et peut-être des rebelles cachés par les Français.Alors si on retient l'hypothèse de cette erreur de ciblage, qui aurait pu donner cet ordre de frappe ? Est-ce que c'est au niveau de Laurent Gbagbo lui-même ?Je ne crois pas. Je pense que, pour en avoir parlé plusieurs fois avec l'ambassadeur de France de l'époque à Abidjan, il l'a redit lors du procès de 2021, il s'est rendu, il était dans le bureau de Laurent Gbagbo, je raconte cette scène dans mon livre, très peu de temps après le bombardement.Une heure après.Et il a vu alors un homme absolument défait, qui apprenait quasiment la nouvelle. Donc, je pense que ce n'est pas Laurent Gbagbo, je pense qu'il avait complètement sous-traité cette affaire aux militaires. Après, il reste à savoir à quel niveau. Est-ce que c'est un niveau très élevé ou pas ? Est-ce que c'est Kadet Bertin, qui était un des plus proches conseillers de Laurent Gbagbo et qui était très remonté contre les Français ? On ne peut pas exclure, je crois, que ce soit à un niveau subalterne. Peut-être à Yamoussoukro où était l'état-major de l'opération Dignité. Peut-être un officier qui a eu ce renseignement et qui s'est dit : « Ben, avec cette frappe, on va emporter la victoire, on va montrer que les Français sont complices des rebelles, et on en aura fini une bonne fois pour toutes et avec les rebelles et avec les Français. »Et vous évoquez le nom du colonel Patrice Ouei, qui commandait les opérations aériennes ivoiriennes à Yamoussoukro.Oui, il a un profil intéressant, Patrice Ouei, parce qu'il se trouve qu'il avait été officier commandant à Bouaké en 2002 et qu'il avait vécu en direct l'humiliation de septembre 2002, quand les loyalistes avaient dû fuir la ville devant les rebelles. En 2004, il avait donc une revanche à prendre.Et il a été condamné par la justice française il y a trois ans ?Il a été condamné par la justice française par contumace. Son avocat, curieusement, lors du procès à Paris, a fait savoir que son client, donc Patrice Ouei, était totalement hors de cause dans cette affaire, et qu'il était prêt à témoigner. J'ai essayé de le rencontrer à Abidjan et curieusement son avocat m'a dit qu'il avait perdu sa trace. Là aussi, je pense que peut-être, il n'avait pas spécialement envie de parler.Alors l'omerta… Il n'y a pas que les témoins qui ont des choses à dire. Il y a aussi les enregistrements de l'époque, notamment celui de la conversation entre le pilote biélorusse et le copilote ivoirien à l'intérieur du bombardier Soukhoï qui va frapper le camp militaire français. Et ce qui est incroyable, c'est que vous écrivez que cet enregistrement, eh bien, il existe, il est aux mains des autorités françaises, mais que celles-ci refusent de le livrer à la justice française ?Effectivement. Une enquête a démarré en France et les juges qui se sont succédé, il y en a eu 4, je crois que c'est la première, Brigitte Raynaud, qui avait demandé la déclassification de ces enregistrements et, en fait, on lui a opposé le secret défense. Donc ces enregistrements, j'avoue que je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas été versés dans le dossier et pourquoi on ne les a pas entendus lors du procès. Je pense qu'ils auraient pourtant éclairé de manière cruciale les débats. Je crois que les familles attendent toujours des réponses et le procès n'a rien résolu dans ce domaine.À lire aussiLe procès du bombardement de Bouaké en Côte d'Ivoire s'ouvre aux assises de Paris
Aujourd'hui, j'accueille Florence Servan-Schreiber, pour un épisode qui je l'espère, va vous faire kiffer !Avec ses livres “3 kifs par jour” ou “Power patate” et plein d'autres activités dont on va parler ensemble dans cet épisode, Florence a fait du bonheur son terrain d'expérimentation.A l'occasion de la Semaine de la Santé Mentale, nous allons voir de ce qui se cache derrière ces moments de bonheur. Parce que parfois, avant d'en arriver aux kiffs, il y a aussi des tempêtes à traverser. Nous allons découvrir son parcours entre son exil forcé en Californie à 19 ans, sa découverte de la psychologie transpersonnelle et son parcours en entreprise. Un parcours atypique qui n'a qu'un seul moteur : l'envie de défricher, de découvrir le nouveau - même en psychologie - et de le transmettre.Bienvenue dans un épisode à la fois lumineux, inspirant et intimiste.Aujourd'hui, avec Florence, nous allons parler de l'art de se faire un prénom, de ridologie (et ce n'est peut-être pas ce que vous pensez!) et de cultiver la fantaisie au quotidien.Quelques notes sur l'épisode :Le site de Florence : www.florenceservanschreiber.comLivre : “Mange Prie Aime” de Elizabeth GilbertRituel : méditer dès le réveil au litRETRANSCRIPTION DE L'EPISODE AVEC FLORENCE SERVAN-SCHREIBER00:02:14 Bonjour Florence, merci de me recevoir chez vous à Paris. Bonjour tout le monde. Merci d'être là dans La Petite Voix. J'ai souhaité vous rencontrer pour une occasion particulière, puisque c'est la semaine de la santé mentale, et il me sembla que vous étiez la parfaite interlocutrice pour en parler. Je vous explique un peu ma démarche. En fait, pour moi, vous avez deux casquettes qui sont intéressantes par rapport à ce sujet-là. C'est que d'un côté, vous avez une formation en psychologie transpersonnelle, en PNL, en psychologie positive, donc quelque chose pour moi. D'académique, mais en même temps, et c'est ce que j'aime chez vous, et c'est pour ça que je vous suis, c'est que vous avez une approche très décomplexante par rapport à ça. Plutôt fun, puisque vous êtes la mère des trois kiffes par jour, du power patate.00:02:56 Et donc, vous savez, nous amener ces sujets-là de santé mentale de manière assez fun. Donc voilà, voilà pourquoi je suis contente de vous recevoir aujourd'hui. Du coup, je suis obligée de commencer par cette question-là. Florence, c'était quoi votre dernier kiff ? Mon dernier kiff, quelque chose pour lequel je me souviens, j'ai ressenti beaucoup de choses, c'est la sortie d'une série qui s'appelle La Maison sur Apple TV+, qui a été produite par mon mari. Il y a des kiffes transitifs, c'est-à-dire que quelqu'un peut vivre quelque chose, et ça nous fait de l'effet, ça m'a fait beaucoup d'effet pour lui, pour tous ces gens qui ont travaillé là-dessus. J'aime la création, j'aime cet homme aussi, je vois la difficulté qu'il a traversée. J'éprouve beaucoup de gratitude parce que la série, le produit est magnifique, donc ça m'épathe.00:03:42 Ah, c'est beau. On va parler de vous, Florence, et de votre parcours. J'ai lu qu'à seulement 19 ans, vous avez eu envie de partir. Il y a deux choses intéressantes. Non seulement vous êtes partie en Californie, mais pour y faire des études de psychologie. Pourquoi ces deux choix-là ? Vous voulez la vérité ? S'il vous plaît, on est là entre nous. J'ai été exilée par mes parents. J'étais une adolescente bien trop turbulente et tourmentée, il n'en pouvait plus. Donc ils ont décidé de m'expédier en Californie. Je suis partie pour faire des études de cinéma, parce que ça, ça m'intéressait, ça avait l'air vivant, c'était un métier debout, c'était de l'image de la création. Et arrivée en Californie, je suis tombée sur et dans tout le mouvement du développement personnel, de la connaissance de soi, de ce vocabulaire qu'ont les Californiens pour décrire ce qui se passe à l'intérieur d'eux, décrire ce qui se passe autour d'eux.00:04:38 Et c'était en fait l'univers qui m'attendait. C'est-à-dire que c'est ça dont j'avais besoin probablement à titre personnel. J'ai trouvé ça fantastique, et étant une adolescente tourmentée, parce que c'est ce que j'étais, de me dire : 'Ah, mais en fait, ça peut s'arranger.' Et si seulement j'avais su ça plus tôt. Voilà, et c'est comme ça que j'ai changé complètement la direction de mes études, et que depuis, je me consacre à ça. Donc le départ était un peu forcé, mais finalement, c'était un cadeau que vos parents vous ont fait. Le départ était accidentel. Si on regarde, beaucoup de nos départs sont accidentels. Enfin, on tombe sur des gens, on croise des choses. Je suis persuadée que nous avons toutes et tous un radar, qui est notre radar, et qui va fonctionner où que l'on nous mette.00:05:26 Je suis obligée de revenir sur ce moment où vous me dites que vous étiez une adolescente tourmentée. Qu'est-ce qui tourmentait l'adolescente que vous étiez ? Absolument tout. La définition de moi-même, la séparation de mes parents, les exigences familiales, la difficulté à savoir ce que je voulais faire dans la vie, comment on se fait des petits copains, tout, je ne sais pas. L'adolescence ? La vie, les études, mon Dieu, les études. Vraiment, je n'aimais pas l'école. Passer son bac, ce n'est pas facile. C'est un moment vraiment de mue qui est plein de problèmes. Et vous soulignez aussi un point, vous le survolez, mais j'imagine que ça faisait partie des sujets. Vous venez d'une illustre famille. Et avec un nom très beau, mais peut-être parfois difficile à porter quand on est cette adolescente et qu'il faut prendre la relève de votre père, de vos oncles, de vos tantes.00:06:18 Vous savez, c'est comme si vous dites à un poisson « Mais comment tu fais pour nager dans l'eau ? » Le poisson, il vit dans l'eau. Mais si vous voulez savoir, en effet, dans une famille comme la mienne, l'enjeu est plutôt de maintenir son prénom. Donc, ça a des avantages et ça a des inconvénients. Bien sûr. Au collège, c'est horrible. C'est horrible quand tout le monde connaît votre nom parce qu'il y a tout le monde se moque de vous pour des raisons complètement extérieures à vous-même. Et puis ensuite, si je prends, comme j'ai depuis écrit des livres, c'est vrai que dans ma famille, c'est pas tant « Est-ce que tu vas écrire un livre ? » mais c'est « Sur quoi vas-tu écrire un livre ? ». C'est ça.00:06:57 Mais chez les cordonniers, ce sera les réparations de chaussures. Donc, il y a des avantages et des inconvénients, mais absolument comme dans toutes les familles, sauf que ça se voit un petit peu de l'extérieur. Il faut se faire un prénom, en fait, puisque le nom est déjà bien installé. Il ne faut rien, mais c'est le job possible. Donc, c'est ce que vous avez commencé à faire à 19 ans en Californie. Soudain, le fonctionnement de l'être humain, j'ai trouvé ça incroyable. J'ai trouvé passionnant de voir comment un enfant devient un adolescent, devient un adulte, comment on meurt. Parce que j'ai fait des études de psychologie transpersonnelle. Donc, on alliait de la spiritualité, avec la psychologie clinique. Donc, on traitait absolument de tous les sujets, de deuil, de la mort.00:07:45 Ce n'était vraiment pas très classique. Je ne me destinais pas non plus à être thérapeute, mais je suis intéressée, je reste profondément, profondément intéressée par nos mécanismes. Combien de temps ont duré ces études en Californie ? Ça dure quatre ans ? Non, vraiment, la chance a voulu que, en effet, je rencontre tout ça. Et puis, c'est un moment, c'est un endroit du monde qui m'inspire profondément. Nous y avons vécu en famille lorsque j'avais sept ans. Et je crois qu'il y a quelque chose. Donc, j'éprouve là-bas une liberté que je ne ressens pas ici. Et donc, quand je l'ai retrouvé en partant faire ces études, par ailleurs, il y avait aussi cet univers totalement contemporain de la psychologie. Et c'est ça qui m'a plu.00:08:30 J'ai une bêtise si je dis que c'est tout le mouvement Palo Alto qui vient de Californie ? Alors, Palo Alto, c'était plutôt dans les années 60. Mais en effet, vous parliez de Palo Alto, de PNL tout à l'heure. Je me suis formée à la PNL à Palo Alto en étant l'esclave d'une femme qui s'appelait Ginny Laborde et qui était formatrice en PNL, qui elle-même avait été formée par Grinder, John Grinder, qui était le fondateur, l'inventeur et Bandler, qui étaient les deux fondateurs de la PNL. Donc, oui, c'est géographiquement à Palo Alto. Mais l'école de Palo Alto, c'est quelque chose de très précis que j'ai plutôt appris à l'université. C'est vraiment comme un creuset là-bas. Et il y a encore, j'en reviens, j'y étais cet été, il y a encore cet esprit très particulier.00:09:19 C'est comme si on s'occupait de son âme, en fait. Donc, il y a quand même effectivement cette dimension très spirituelle à laquelle on est peu habitué en psychologie classique, j'ai envie de dire. Spirituelle et pragmatique. Joli mariage. Les Américains sont très pragmatiques. C'est pour ça qu'ils parlent beaucoup plus facilement de leurs mécaniques intérieures et de leurs émotions que nous ne savons le faire dans notre culture qui est très tenue, et j'appartiens à cette culture très tenue. Donc, quand je vais là-bas, ça me permet d'ouvrir des petits portillons qui font que l'air est plus chaud et que ça passe mieux. Il y a comme une partie de vous qui vit là-bas. C'est ce que j'entends, la manière dont vous l'abordez. Il y a absolument une partie de moi qui se définit là-bas.00:10:02 Tout à fait. De toute façon, je suis plein de gens à l'intérieur de moi. Mais la flow californienne, clairement, est très, très présente chez moi. Et là, malgré tout, je reviens à vos études. Au terme des quatre années d'études, vous avez votre diplôme en psychologie transpersonnelle. La PNL, c'est à la même époque, je crois ? Oui, parce que pendant mes études, je travaille pour Ginny Laborde. Donc, si on résume l'affaire, quand même, peu de ce dont je me sers dans ma vie professionnelle a été appris à l'école. C'est sur le terrain, c'est dans cette expérience avec Ginny Laborde que j'ai vraiment fait l'expérience de la PNL. Que j'ai fait l'expérience de la formation, que j'ai découvert ce plaisir énorme que j'ai à transmettre les choses et à manier des pédagogies.00:10:46 Personne ne m'a appris ça à l'école ou à l'université. Première question, pourquoi vous faites le choix de rentrer en France au bout des quatre années ? Parce que j'avais un petit copain à Paris. Ah, c'est une excellente raison. Donc, vous rentrez et là, vous ne faites pas le choix de vous lancer comme thérapeute. Pas du tout. Quand je rentre à Paris, la PNL n'existe quasiment pas et donc je commence par créer des premiers séminaires de PNL pour un institut de formation et puis, en fait, être thérapeute, pour moi, n'est pas du tout une valeur ajoutée que je peux apporter. Pour plein de raisons, je mémorise très, très mal les choses. Donc, l'idée de ne pas me souvenir du nom du chat ou de la sœur ou de la mère d'un patient, ça me terrifie avant même d'avoir commencé.00:11:34 Et l'autre chose, c'est que je sais maintenant que j'ai un trouble de l'attention assez manifeste et ça demande beaucoup d'attention et ça demande beaucoup de présence physique. C'est-à-dire que pour moi, il y a deux métiers qui sont vraiment géographiques. C'est tenir une boutique et être thérapeute. On est dans le même endroit et ça ne m'est pas accessible parce que j'ai trop la bougeotte. D'ailleurs, je trouve que ça vous définit bien cette notion de bougeotte parce que quand j'ai voulu préparer notre entretien, j'ai l'impression qu'il n'y a pas d'étiquette. On ne peut pas vous mettre d'étiquette. Donc, on le voit dans votre parcours. Vous faites ces études-là en psychologie, mais finalement, assez vite, vous allez être très présente dans le monde de l'entreprise. Alors, comme vous l'expliquez à travers de la transmission, de la PNL, etc.00:12:19 Mais vous êtes aussi beaucoup dans ce monde-là de l'entreprise. Je fais vraiment mes premières armes professionnelles en travaillant avec les auteurs d'un livre. Tout ça, c'était dans les années 80. Les années 80, c'était La Gagne, c'était Bernard Tapie, etc. Donc, c'est à ce moment-là que je suis rentrée en France. Je travaillais sur, je faisais de la formation à la qualité de service, c'est-à-dire que c'est vraiment le moment où Darty a développé son service après-vente. Enfin, toutes les marques commençaient à parler de ça. Et donc, nous faisions pareil, mes associés rentraient également des États-Unis. Donc, nous étions empreints de cette culture du client dont on s'occupe. Et c'était assez nouveau dans la fin des années 80. Et donc, j'ai fait ça et j'ai fait ça pendant une petite dizaine d'années.00:13:00 Donc, je connais très, très, très bien le monde de l'entreprise. Vous étiez heureuse dans ce monde de l'entreprise, justement. Oui, parce que j'enseignais un sujet qui était nouveau. Ce que je retrouve, cette image de la Californie, en fait, me va très bien parce que c'est le Far West. Et je n'aime que le Far West, c'est-à-dire que je n'aime que les idées qui ne sont pas encore complètement intégrées, parce que je les débusque, parce qu'elles m'intéressent, parce qu'elles me plaisent. Et comme je suis assez joyeux, les bons tuyaux, si j'ai découvert quelque chose, je vais vous dire. Mais est-ce que tu sais que et toute mon histoire, franchement, si je regarde maintenant, parce que maintenant, je peux regarder derrière, j'ai passé suffisamment de temps à vivre pour voir que c'est vraiment le moteur de tout ce que je fais.00:13:48 C'est... Et trois petits points... À ce moment-là, je vais vous raconter la dernière chose que j'ai apprise. Donc, je passe mon temps à aller apprendre des choses pour pouvoir vous dire, est-ce que tu sais que ? Et puis, et c'est comme ça que je partage ça. C'est ça, parce que du coup, il y a la notion d'innovation. Effectivement, que je m'étais noté à essayer de défricher, en fait, des nouveaux terrains. Mais derrière ça, vous avez ce besoin de transmettre, en fait. Une fois que j'ai découvert quelque chose, c'est en effet le premier réflexe qui me vient. Je ne sais pas si vous avez vu que dans un moment, dans ma vie professionnelle, j'ai été ridologue. Alors, ridologue, c'est non pas spécialiste des rides, mais spécialiste des rideaux.00:14:28 J'ai dû apprendre à faire des rideaux parce que je m'installais et que j'avais des fenêtres sans rideaux et qu'on n'arrivait pas à dormir. Donc, je suis allée apprendre à faire des rideaux. C'était dans un moment professionnel de burn-out total. C'est juste après cette période de qualité de service. Vous l'avez terminé sur un burn-out ? Je l'ai terminé sur un burn-out, un baby blues et un deuxième enfant. Ça commence à faire beaucoup, pour la même personne. C'était concomitant. C'était l'enfant de ma fille, qui est mon deuxième enfant. Je me suis rendu compte qu'elle était une fille, je ne savais pas quelle valeur féminine j'allais pouvoir lui transmettre. Donc, votre aîné était un garçon. Oui, c'était OK. La question, la question ne s'est pas posée. J'étais alors là, la naissance d'Arthur a rebattu énormément de cartes.00:15:18 J'en ai même fait un livre qui s'appelle Avant, je n'étais que moi parce qu'il n'y a pas plus grand séisme dans la définition de qui on est, de comment on fait. Il n'y a rien de plus grand que ça. Donc ça, c'est Arthur. Arthur a ouvert la voie. C'est comme le pisteur avec ses explosifs. Il fait exploser le truc. L'aventure se déclenche, mais je continue comme ça à travailler. Et puis, quand enceinte de Pénélope, quand même, mine de rien, la maternité d'Arthur a ébréché énormément de choses chez moi. Et c'est au moment où je suis enceinte de Pénélope que je commence à paniquer. Jusqu'à là, j'ai essayé de tenir le truc à peu près. Et surtout, vraiment avec cette histoire, il y a vraiment cette sorte de féminité, d'identité féminine qui était importante à ce moment-là.00:16:03 Pour moi, je travaillais avec des mecs dans cet univers de l'entreprise extrêmement masculin. Mes parents m'ont élevée de façon féministe. En me disant les garçons et les filles, c'est pareil. Et puis, quand même, avec mon Arthur et puis bientôt ma Pénélope. Non, les garçons et les filles, c'est pas pareil. Et je ne savais pas dire en quoi ce n'était pas pareil, mais je voyais bien que ce n'était pas pareil. Et j'avais besoin de comprendre. Enfin, je ne savais pas. Bref, de toute façon, je ne comprenais rien. J'étais au plus mal et j'étais au fond du seau. On appelle ça des burn-out, mais à cette époque-là, ça s'appelait encore une dépression. C'est ça. D'accord, une gentille dépression et que je soigne et donc que je soigne par des médicaments, par des thérapies, enfin par tout ce type de thérapie.00:16:42 Vous avez une psychothérapie très classique. Et à partir de là, c'est là qu'arrivent les rideaux. Puisque j'ai besoin de rideaux, j'apprends à faire des rideaux et je suis totalement emballée par ce que je viens d'apprendre, mais totalement. Et en fait, j'ai plein d'idées que je ne vois pas dans le commerce. En fait, des têtes de rideaux, des formes de rideaux, des compositions de rideaux. Assez rapidement, je deviens rideologue, c'est-à-dire que j'organise des ateliers chez moi où les gens viennent fabriquer leur paire de rideaux. Donc, on arrive le samedi matin, j'ai des rouleaux de tissu et j'avais une batterie comme ça de machine à coudre et on repartait le dimanche soir avec sa paire de rideaux. Et en fait, ce qu'on venait faire là, c'était ce truc, cette phrase que j'adore, que j'adore, que j'adore, qui est c'est moi qui l'ai fait.00:17:32 Et donc, sous couvert de faire un rideau, il y avait quelque chose, c'était un travail manuel, collectif, sympathique. On faisait ça ensemble. Et surtout, ça provoque de la fierté, ça provoque de la surprise. Ça, c'était en fait un atelier de développement personnel. Oui, voilà, j'allais y venir. Qui passait par un loisir créatif. C'est ça, la réideologie. Vous êtes sorti de cette dépression et de ce burn-out à l'époque. OK. Sauf que vous n'avez pas cru. Plus que ça, puisque vous êtes reparti en entreprise. Ah non, ça a duré. C'est quand même une affaire qui a duré six ans. Ah pardon, OK. Non, non, c'était une vraie, une vraie phase dans ma vie. Mais ce qui s'est passé pendant ce temps-là, c'est que tout ça m'a amené à 1999 où est arrivé Internet.00:18:21 Et pour quelqu'un comme moi, c'est irrésistible, évidemment. Et d'abord avoir d'ailleurs travaillé avec ces rideaux, de réfléchir en deux dimensions, etc., j'avais quand même besoin au bout de toutes ces années de retrouver un métier un peu plus intellectuel parce que j'avais complètement basculé dans un travail manuel. Et quand aujourd'hui je me dis j'avais une quête de ma féminité, ce n'était pas ma féminité que je cherchais tant que ma frivolité. Et j'avais besoin d'exprimer ma fantaisie dans mes histoires de qualité de service. Alors, c'est quand même moi qui arrivais, mais je me déguisais encore. J'avais des tailleurs. J'étais habillée comme on était habillé dans les années 80 pour aller dans les entreprises. J'avais besoin de libérer tout ça. Je vis dans un monde intérieur qui est extrêmement coloré et j'ai appris à le libérer.00:19:16 Chaque décennie m'a permis de libérer un peu plus encore ce monde intérieur. C'est beau, mais par contre, vous le dites, l'appel irrésistible de ce phénomène qui était génial à vivre à la fin des années 90, c'est Internet. C'était surtout ce qu'on peut faire avec Internet. Je suis néophile. Les nouveautés me plaisent. Je suis née dans les années 60. C'était une décennie de nouveautés absolues. La décennie où on a marché sur la Lune, on a été réveillé enfant. J'ai vu ce moment-là, donc je pense que c'est un fusée aussi. Donc, quand Internet est arrivé, je n'ai pas pu résister. Et puis, surtout, c'était un moment où on pouvait se déclarer absolument n'importe quoi. Et ça, c'est ma spécialité. Donc, quand on m'a demandé, parce que tout le monde voulait créer des sites Internet et personne n'a été formé puisque personne n'y avait travaillé.00:20:07 Donc, on m'a dit, on m'a demandé : est-ce que tu peux être rédactrice en chef d'un site Internet ? J'ai dit absolument. Je n'avais pas la moindre idée de ce que j'était en train de faire, mais les gens avec lesquels je travaillais non plus. Alors, c'est un site qui est né et puis qui est mort assez rapidement parce que c'était pas du tout au niveau. Mais c'était ce moment-là, c'était ce moment d'effervescence. C'était cette espèce de ruée vers l'aube. On prenait son seau et puis on partait, on faisait son trou. Et vraiment, voilà, il n'y avait pas de loi. Il n'y avait pas encore de spécialistes. Il y avait du culot, il y avait de la créativité. Il y avait des rencontres, il y avait de l'argent qui coulait à flot parce que tout le monde voulait prendre un bout de ça.00:20:47 Donc, si on croisait quelqu'un qui disait oui, moi, je veux bien essayer. Et vous étiez quoi ? Consultante ? Oui, on venait pour le contenu parce que ce que je sais faire, c'est raconter des histoires ou concevoir des expériences. Comme je n'étais pas technique, je ne savais pas développer. Ça, ce n'est pas la partie qui m'intéressait, donc c'est évidemment la partie visible, les maquettes. Quel aspect ça a ? Donc, j'ai totalement inventé de nouveau un peu de ça. Il y a quand même chez moi quelque chose de l'ordre de l'autodidacte. Comme je vous ai dit, je n'ai pas appris grand chose à l'école. Donc, ce que j'apprends, je suis en immersion permanente. J'ai trouvé le terme cet été en Californie. C'est du full body experience.00:21:30 C'est-à-dire que tout ce que je fais, tout ce que je cuisine, tout ce que je découvre, ce n'est pas tant ce que je lis, c'est ce que je fais, ce que je vis, là où je vais, etc. va me donner une information dont je vais me servir. Il y a vraiment cette notion d'action qui vous habite complètement. Et on l'entend dans votre parcours. Mais cette aventure du digital, elle va durer un petit moment, si je ne dis pas de bêtises. Mais oui, ça dure une bonne dizaine d'années. Puis, il se passe ce qui se passe à peu près toujours dans mes expériences professionnelles. C'est que un jour, les spécialistes arrivent. Et quand les spécialistes arrivent, il se passe deux choses. Mon système devient totalement obsolète parce que ça ne m'intéresse pas de me mettre à niveau.00:22:13 Je ne me mets pas à niveau d'un jeune diplômé d'HEC qui sort avec une spécialité en digital. Jamais de la vie. Mais non, oui, vous n'êtes pas du tout sur le même terrain. Oui, ils arrivent comme un troupeau galopant. Et Internet aussi a beaucoup évolué. Donc, il y a maintenant des codes et dans ces cas-là, ce n'est plus ma place. Je flaire quelque chose. Je n'ai pas flairé Internet. Tout le monde s'en est rendu compte. C'est comme si je flairais l'odeur du pain qui cuit avant qu'il soit complètement cuit. C'est ça. Et c'est ça qui me réveille. Et ça vous a porté pendant dix ans. Vous avez notamment été rédactrice en chef pour Psychologie Magazine. Alors, j'étais chargée des innovations, très exactement. Des innovations du digital de Psychologie Magazine.00:22:56 Il y avait une rédactrice en chef, il y avait une équipe en place. Mais moi, j'étais chargée de créer d'autres sites Internet et de réfléchir à comment utiliser l'interactivité, même à l'intérieur de ces sites, pour la connaissance de soi. Donc, dix années. On entend ce qui va faire que vous allez tourner cette page-là. Je l'ai tournée. Il faut savoir que les pages se tournent violemment. J'ai pris vraiment en pleine face le fait que je n'étais plus du tout au niveau, que les organisations étaient différentes, que ça ne m'intéressait pas, que je ne les intéressais pas. Enfin, c'était. Tout un mélange. La psychologie a été vendue à un grand groupe. Et j'ai dit à ce grand groupe : ce n'est pas la peine de me licencier immédiatement, parce que je ne veux pas faire d'Internet chez vous.00:23:36 Et là, je me suis posé la question du développement durable en me disant : peut-être je peux maintenant réfléchir à des choses plus collectives. Me voilà repartie en Californie pour apprendre le développement durable, puisqu'il y a des universités à San Francisco qui sont entièrement consacrées à ça. Pardon, je me permets de vous interrompre pour remettre dans le contexte. On est au début des années 2010, si je n'ai pas de bêtises. Non, c'est en 2005. Ah oui, donc on parlait très peu de ces sujets-là. Là encore, vous aviez senti le pain chaud. On commençait à parler du RSE, du RSE. On parlait un peu de l'obligation qu'auraient les entreprises à l'avenir. C'est ça, mais à l'époque, ça nous paraissait encore très lointain.00:24:15 Ah oui, non seulement c'était lointain, mais en tout cas, l'entreprise pour laquelle je travaillais n'en avait absolument rien à faire. C'est ça qui était génial. Donc, bref, je pars, je vais apprendre ça et je leur dis : Laissez-moi réfléchir à la responsabilité sociale et environnementale d'un groupe de presse, parce que c'est intéressant quand même. Et puis, alors là, ça a été le fiasco total pour plein de raisons. D'abord, aller travailler dans une très grosse boîte, c'était la première fois de ma vie et la seule. Ça, ça n'est pas mon équation ni mon biotope du tout. Ce n'était pas un endroit pour moi. Et puis surtout, ça ne les intéressait pas. Et en plus de ça, ça nous a mené jusqu'en 2008, où il y a eu une crise économique très importante.00:24:54 Et les premiers budgets, les premiers budgets qui sautent dans ces cas-là sont des budgets de publicité. Les groupes de presse vivent de la publicité. Donc, ils ont perdu 75% de leurs recettes en un trimestre. Donc, le développement durable, c'est peu de dire que ce n'était pas du tout leur délire. Au fond du tiroir, oui, bien sûr. Et donc, mon emploi me quitte. Donc, de nouveau, recrise, parce que me voilà au chômage. Et puis, à chaque fois, l'inconvénient de mon système de fonctionnement, c'est que pour m'emballer pour quelque chose, il faut d'abord que je rencontre quelque chose. Et oui, c'est ça. Et donc, il n'y a rien à se mettre sur le plan. Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? Il y a des plages de recherche et de désespoir. De dépression encore ?00:25:32 On se dit, je ne sais pas si c'est de la dépression, mais c'est énormément d'angoisse. C'est comme quand on attend de tomber amoureux. On ne sait pas, on ne peut pas savoir. Donc, on se dit, mais c'est quand ? C'est dans 35 ans ou c'est dans deux semaines ? Ou est-ce que c'est au coin de la rue ? On ne sait pas. Donc, ça me met comme ça dans des moments de recherche. Mais alors que je m'ennuyais ferme dans ce job précédent, où franchement, je faisais très peu de choses utiles, je m'étais inscrite au cours de psychologie positive. Donc, le premier cours qui était proposé en ligne par Tom Benchard, par l'intermédiaire de l'Université de Pennsylvanie. Donc, je faisais ça entre deux. Je faisais ça à mon bureau, ça ne se voyait pas.00:26:11 Et puis, tout à coup, n'étant plus tenue d'aller au bureau, j'ai eu plus de temps pour pouvoir m'y consacrer. Et je m'y suis engouffrée. C'était passionnant. C'était vivant. J'étais le sujet. C'était le sujet d'études, puisque les devoirs que nous avons à faire en psychologie positive, comme il ne s'agit pas d'une pathologie, de traiter quoi que ce soit comme pathologie, c'est simplement la vie à laquelle on s'adresse. Donc, nous étions nos propres cobayes. Et c'était les devoirs qui étaient exigés de nous. Je ne sais plus combien on était, 500, je crois, dans ce cours, dans le monde entier. Et c'est comme ça que j'ai rencontré tout ça. Et c'est à la suite de ça, toujours au chômage d'ailleurs, que j'ai eu envie de raconter.00:26:52 J'ai trouvé ça tellement chouette que j'ai eu envie de raconter ce que j'avais appris et ce que ça m'avait permis d'appliquer ou de comprendre. Et c'est comme ça que j'ai écrit 'Trois kiffes par jour'. Donc, là, en fait, quand vous l'écrivez, évidemment, vous n'imaginez pas la résonance que ça va avoir et la bascule que vous allez faire. D'autant que pendant ce temps-là, Hachette m'avait offert un bilan de compétences. Alors, j'ai passé des heures et des heures et des heures avec une dame. Et à la fin de tous les jours, de tous les bilans, d'avoir fait des listes, d'interroger des gens, etc. Elle me dit « Écoutez, Flan, ça va être un peu plus long avec vous. Il va falloir revenir ». Et donc, j'ai dit « Non, mais ça suffit maintenant ».00:27:35 Mais elle m'avait quand même dit, je l'ai retrouvé il n'y a pas très longtemps, ce bilan de compétences. Et elle avait dit quelque chose d'extraordinairement juste. Elle avait dit qu'il fallait que je trouve un sujet différent de ce que j'avais vécu jusqu'à présent pour le présenter à l'extérieur, et inventer les outils qui permettaient de le transmettre. Et quand j'ai lu cette phrase, je me suis dit « Ça ne veut rien dire. » J'avais l'impression de lire l'horoscope. C'était tellement abstrait. C'est quand même exactement ce que j'ai fait. Mais sauf que la réalité, rétrospectivement, c'est ça que je devais faire, et c'est ça que j'avais à faire, et c'est ça, en fait, que j'ai fait. Et que vous faites encore aujourd'hui.00:28:11 Donc, c'est là que vous avez écrit ce livre, 'Les trois kiffs par jour', qui a tout de suite été hyper intéressant. Alors, 'Trois kiffs par jour' paraît. J'arrive à la fin de mes deux ans de chômage. Et pendant ce temps-là, quand même, j'avais fait un peu de télévision. J'ai animé une première chronique dans une émission de cuisine. Parce que c'est un autre sujet qui m'intéresse. Aussi, très initié à tout ça par mon cousin David, serveur Schreiber, qui était psychiatre et donc atteint d'une tumeur au cerveau. Il a dû complètement réformer son mode de vie et son alimentation. Donc, nous avons tous modifié notre alimentation pour que David, tout simplement, puisse venir à la maison. David, pardon, je fais une parole.00:28:50 (En parenthèse, c'est lui qui a écrit « Guérir », donc, livre hyper connu, où justement, il nous a initiés aussi, à travers ce livre, à la méditation, etc. Je crois, le MDR aussi, si je ne dis pas de bêtises. Le MDR, la cohérence cardiaque. C'est ça. Et la psychologie positive. C'est là que j'ai lu, pour la première fois de ma vie, le terme « psychologie positive ». Je voulais faire juste cette parenthèse pour le resituer. Et donc, vous, évidemment, là, vous avez dit. Alors, comme j'étais vraiment, voilà, il fallait, comme je vous dis, je suis quelqu'un qui cherche, enfin, qui cherche.) Donc, il y a ce sujet-là de l'alimentation, à la fois santé et sexy, parce que c'est toujours pareil.00:29:27 Si on vous dit « il ne faut pas manger, il ne faut pas manger, il ne faut pas manger », c'est différent de dire « voilà, des recettes géniales ». J'avais, comme ça, tenu une chronique à la télévision, sur Cuisine TV. Par la suite, j'ai eu ma propre émission, qui s'appelait « Des recettes qui font du bien ». Et on a fait quatre saisons. Ça, c'était comme d'aller à la récré, quoi. J'avais un décor. On m'avait demandé ce que je voulais, comme cuisine. J'avais vraiment décrit mon décor idéal. Ils avaient créé le décor idéal. Du coup, l'intérieur de ma tête était devant moi. C'était génial. Et donc, en effet, on cuisinait. Alors, on me maquillait, on me coiffait. Enfin, j'ai adoré.00:30:03 Et donc, vraiment, j'arrive à la fin de cette période de chômage et de temps en temps, comme ça, des tournages d'émissions. Mais ce n'est pas de ça dont je vais vivre. Donc, je m'apprête à retourner à Pôle emploi. Sauf que « Trois kiffes par jour » commence à se vendre. Et « Trois kiffes par jour » commence à se vendre très vite. Et surtout, il y a eu comme ça, parce que ça s'appelait « Trois kiffes par jour », je crois, il y a eu une traction dans les médias. Et donc, je me suis retrouvée au Grand Journal de Canal+. Oui, c'était le grand rendez-vous de début de soirée. J'ai jamais eu aussi peur de ma vie. J'étais tellement stressée. J'étais très intimidée parce que c'est une émission que moi, je regardais avec ferveur.00:30:43 Donc, j'avais l'impression d'être dans la cour des grands. J'ai eu exactement 3 minutes 30 à l'antenne. Mais ça a été 3 minutes 30 formidables parce que d'abord, le sujet est passé. On a commencé, c'était Mouloud Achour qui était en face de moi et qui commence à faire des gestes comme s'il était en train de fumer un joint en disant » Moi aussi, je fume trois cigarettes par jour. Et il y avait à côté de moi Leïla Bekhti, qui est une actrice formidable. Et c'est elle qui l'a repris en lui disant « Mais non, c'est pas du tout ça. Je vais te dire un truc. J'ai eu mon frère au téléphone tout à l'heure et j'adore mon frère. Eh bien, c'est un cliché. Et quand je parle à mon frère, je ressens des choses formidables.00:31:20 » Elle l'a illustré parfaitement, c'est ça. Elle l'a expliqué avec ses mots. Et à partir de là, parce que c'est un peu organisé comme ça en France, les médias se suivent les uns les autres, le fait d'être passée à cette émission m'a ouvert les portes de tout un tas d'autres choses. Eh bien oui. Il y a eu comme ça du buzz autour du livre. Mais il faut reconnaître, c'était il y a presque 15 ans maintenant, le livre se vend toujours. Et le livre se vend toujours toutes les semaines. Donc, ce n'est pas que le buzz d'il y a 15 ans. C'était vraiment, c'est vraiment quelque chose. Je crois que le contenu du livre fait aussi partie de ces contenus qui sont accessibles, identifiables. On s'y reconnaît.00:31:56 Ces transitions de vie, parce que c'est quand même un livre qui raconte plein de transitions de vie, se présentent à n'importe quel moment dans la vie des uns, des autres, se représentent dans ma mienne. Une fois que « Trois kiffs par jour » est sorti, je commence à me demander de donner des conférences. Et ça, c'est un métier que j'avais complètement mis sous le tapis pendant 20 ans puisque c'était mon premier métier. En formation de PNL ? Oui, formation de PNL et à la qualité de service surtout. C'est ce que je faisais. Et j'ai retrouvé ce métier qui est ma vocation. C'est quand même celui-là. En résumant tout, c'est de venir raconter, de venir raconter, de venir raconter sous toutes les formes.00:32:37 Donc, depuis « Trois kiffs par jour », ça a été sous la forme, évidemment, de conférences. Ça, c'est vraiment ma vie professionnelle dans la journée. Je vais dans des entreprises et je donne des conférences. J'organise des choses dans des théâtres pour le grand public. Donc, quand j'ai une nouvelle conférence, j'en fais presque un spectacle. J'ai également créé un vrai spectacle qui s'est appelé « La fabrique à kiff ». Alors ça, vous étiez en scène. En scène, absolument. Ce n'était pas ça votre rêve d'enfant, d'ailleurs. Je n'ai pas lu ça. C'était l'un de mes rêves d'enfant. C'est Julie Androuz ? Oui, Julie Androuz, tout à fait. Pour la resituer, c'est Marie Poppins ou comment elle s'appelle ? C'est Maria dans « La mélodie du bonheur ». Maria dans « La mélodie du bonheur ».00:33:16 Donc là, quand vous faites « La fabrique à kiff », vous êtes sur scène auprès de deux amis, c'est ça ? Alors, deux femmes que j'ai rencontrées à cette occasion qui sont devenues des amies, qui étaient thérapeutes. Et on incarnait nos propres rôles. C'est-à-dire que j'étais Florence Servan-Schreiber, prof de bonheur, et elle était thérapeute. Et donc, on a écrit un spectacle hilarant. Évidemment, on s'est fait aider par des gens qui nous ont mis en scène, qui nous ont aidés dans l'écriture. C'était aussi de pénétrer un autre univers qui est celui du théâtre. On a tourné pendant trois ans avec ce spectacle incroyable où, le lundi soir, on allait jouer comme ça dans toute la France. Et puis, le reste de la semaine, on faisait notre métier comme d'habitude.00:33:56 Dites-moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que depuis « Les trois kiffes par jour », vous avez tiré ce fil-là de vulgariser le bonheur, de le rendre accessible simplement. Il n'y a pas ce côté un peu prise de tête qu'on peut parfois ressentir dans le développement perso. Ce que vous nous offrez, c'est la psychologie positive que vous nous rendez accessible à travers des outils simples. Là, on a pas mal parlé de cet exercice des « trois kiffes par jour », mais vous parlez aussi d'écriture, de cohérence cardiaque, etc. Est-ce que c'est ça, aujourd'hui, votre activité ? Mon activité, c'est de faire des choses, de ne parler que de sujets sérieux sans me prendre au sérieux. Oui, c'est ça. Donc, tout ce dont je vous parle est fondé, vient de quelque part.00:34:40 Ce dont je me rends compte aujourd'hui, c'est que les trois kiffes par jour est un autre fondement qui me permet d'appuyer des choses que je viens raconter. C'est mon expérience. C'est-à-dire qu'à mon âge, on ne peut plus faire l'économie de son expérience. Je ne peux pas raconter mon parcours comme une étudiante qui travaille depuis 10 ans ou depuis 20 ans. J'ai la totalité d'une vie derrière moi. Donc, c'est aussi la base de tous ces apprentissages. Donc, il y a vraiment cette notion de transmission qui va prendre plein de formes, que ce soit à travers vos livres, à travers les conférences que vous donnez, ce que vous faites sur scène. Je crois que vous avez aussi sur Internet des programmes. Il y a une académie en ligne.00:35:18 Donc, ça va être par l'écriture, par la parole, par du digital. Je viens vous raconter ce que je sais. Et en effet, l'écriture, par exemple, est un des sujets sur lesquels j'ai également travaillé. J'ai publié un livre qui s'appelle Écrire pour s'épanouir et kiffer. Après avoir été chercher toutes les recherches qui ont été faites sur le pouvoir de l'économie et de l'écriture sur notre psychisme et vie psychologique. Donc, à la fois les traumatismes en thérapie, mais aussi l'épanouissement, la créativité, la façon dont on peut vraiment se développer grâce à ça. Là, je vous écoute et je me dis vraiment, c'est super de parler avec vous pour cette semaine de la santé mentale parce que souvent, on résume la santé mentale au trauma. Et puis là, en fait, vous, vous reliez ça beaucoup à une clé d'épanouissement.00:36:08 En fait, on n'est pas obligé de parler du noir tout le temps et des choses négatives. On est obligé de parler du noir au contraire, on va cultiver avec vous, on cultive le positif. Le trauma sera là, quoi qu'il arrive. Alors il, il prend toute la place, il fait tout ce qu'il veut, c'est lui qui règne. Donc, si on veut le contrebalancer, en fait, il faut en prendre la décision, c'est-à-dire qu'on apprend énormément de choses sur le trauma. Ce que je sais, c'est qu'on peut aussi apprendre énormément de choses sur l'épanouissement. Et mon job à moi, c'est ça, puisque le trauma. Alors je ne sais pas si vous savez ça, mais je suis par ailleurs présidente de l'école qu'avait créée David qui s'appelle l'Institut français de l'EMDR.00:36:49 Et donc, nous formons chaque année des centaines de thérapeutes à l'EMDR. Et l'EMDR, c'est vraiment pour le traumatisme. Donc, je suis dans mon fort intérieur, dans la partie de moi qui aime aider, celle qui est au service. J'ai les deux extrémités de l'éventail, c'est-à-dire que le traumatisme est couvert par des gens. Moi, je ne pourrais pas vous enseigner ça parce que vraiment, ce sont des gens qui sont complètement confinés, qui font ça. Et de l'autre côté, je viens nous rappeler que malgré et en plus de notre main, il y a des choses que nous pouvons faire avec légèreté. Pour moi, une journée est une composition de moments. Ce n'est pas une journée. Il y a différents instants, il peut y avoir différentes couleurs, différents goûts, différentes saveurs dans la journée.00:37:32 Avant de passer aux questions rituelles, j'aimerais savoir ce que vous aimeriez dire à cette Florence qui a 19 ans, qui n'est pas hyper bien dans sa peau, si je comprends bien, qui est sur le point de s'envoler pour la Californie. La femme que vous êtes aujourd'hui. La seule chose que j'ai à lui dire, c'est ça va aller. Et quoi qu'il arrive, ça va aller. Et c'est vrai. Et c'est aller dans énormément de directions, vers le haut, vers le bas, vers la droite, vers la gauche. Mais ça va aller. Nos ressources sont incroyables et nous avons chacune et chacun notre façon de faire. Et ce dont on se rend compte vraiment, décennie après décennie, parce que là, maintenant, j'en ai plein dans les pattes des décennies, c'est qu'en tout cas, chez moi, chacune va être traitée d'une certaine façon et permet à l'autre de se consolider et de construire dessus et qu'on n'arrête jamais cette construction.00:38:27 Heureusement. C'est fatigant, mais c'est fantastique. C'est tout ça à la fois, c'est vrai. Allez, mais quelques questions rituelles pour terminer. J'aimerais savoir, vous, Florence, si vous êtes à l'écoute de votre petite voix au quotidien. Nous sommes sept. Ça fait du monde. À l'intérieur. À l'intérieur de moi. Donc, je suis sans arrêt en dialogue avec quelque chose qui est à l'intérieur de moi. Si vous faites référence à l'intuition, au fait d'avoir pris de mauvaises décisions, bien sûr, je prends de mauvaises décisions, malgré le fait que je n'écoute pas toujours. Il y a des choses que je me dis et puis il y a des choses que je ne me dis pas, très franchement, que je découvre en marchant. Mais oui, j'ai beaucoup, beaucoup de dialogue intérieur et je suis très, très sensible à cette partie-là.00:39:09 Et j'ai, j'ai, j'aimerais qu'elle prenne encore plus de place. J'aimerais qu'elle mène la danse, en fait. Ça me ferait des vacances. Je pense qu'on en est tous là, mais que le mental prend de la place. C'est ça. Est-ce qu'il y a un livre qui a particulièrement éclairé votre chemin de vie ? Quand j'ai lu Manche Première d'Elisabeth Gilbert, ça a ouvert quelque chose de très important pour la suite, qui était, elle écrivait ce livre à la première personne et c'est au moment où je m'attaquais à Trois Kifs par Jour, c'est quelqu'un qui m'a dit « Ah, mais tu as lu Manche Première et non ? » Donc, je l'ai acheté et j'ai découvert qu'en parlant à la première personne, je m'identifiais complètement à elle et ça m'a autorisée à écrire Trois Kifs par Jour comme ça.00:39:49 Et ça a complètement libéré quelque chose dans mon écriture depuis parce que c'est là que mon écriture, ce n'était pas le premier livre, mais c'est vraiment à partir de là que j'écris quasiment tous les jours. Je ne parle même plus au singulier, je parle au pluriel, c'est-à-dire c'est nous. Je considère que tout ce qui m'arrive, tout ce qui vous arrive, m'arrive aussi. Donc, ça nous arrive. Donc, ce livre-là a ouvert ça pour moi. Est-ce que vous avez un rituel bien-être quotidien ? Le matin au réveil, la première chose que nous faisons, Alex, Marie et moi, c'est que nous méditons. OK. Au lit, alors couché, pas du tout dans les positions zen, etc. Oui. Mais nous méditons au lit. OK, d'accord. Bon, et Florence, est-ce que vous êtes heureuse ?00:40:32 À cet instant précis, oui, mais je ne sais répondre que dans l'instant. Je suis vraiment comme les dorades, c'est-à-dire que je suis vraiment que je vois là où je suis. Je peux vous le dire là maintenant. Rien ne me dit que dans un quart d'heure, je ne serais pas effondrée par un blocage. Je ne sais pas, quelque chose qui se présente là. Je suis incapable de vous dire oui, je suis heureuse. Mais là, tout de suite, maintenant ? Là, tout de suite, oui. Chouette. Vous savez quoi, Florence ? Ça a été un vrai kiff pour moi, cet entretien. Donc, je vous remercie beaucoup. Je repars avec un grand sourire. Et moi aussi. Merci beaucoup.______________________________________Semaine de la Santé Mentale • Psychologie positive • 3 kifs par jour • PNL (Programmation Neuro-Linguistique) • épanouissement personnel • psychologie transpersonnelle______________________________________Vous aimerez cet épisode si vous aimez : Métamorphose, éveille ta conscience ! (Anne Ghesquière) • Le podcast de Pauline Laigneau • Comment tu fais (Laury Thilleman) • Psychologie Positive Et Hypersensibilité (Laurie Zed) • podcast Emotions................................................La petite voix est un podcast du label Lacmé Production.
Aujourd'hui, j'accueille Jacques Martel dans La petite voix.Peut-être que ce nom ne vous est pas inconnu. Vous avez peut-être déjà consulté Le Grand Dictionnaire des Malaises et des Maladies, ou entendu parler de sa célèbre technique des "bonhommes allumettes" pour couper les liens d'attachement.Ce Québécois, formateur, auteur, conférencier et bien plus encore, vous l'entendrez, a pourtant démarré son parcours comme ingénieur électricien pour s'accomplir dans le développement personnel et la spiritualité.Bienvenue dans un échange riche et passionnant, tellement que j'ai décidé de vous proposer cette conversation en deux parties.Dans cette deuxième partie, avec Jacques, nous allons parler du long travail - bien accompagné - qui l'a mené à écrire ses livres, de la notion d'attachement et de médiumnité… ou pas !Quelques notes sur cet épisode :le site internet de Jacques : https://jacquesmartel.com/la nouvelle et 3ème édition de son livre : Le Grand Dictionnaire des Maux et des MaladiesJacques sera dans le sud de la France pour des conférence fin février / début mars 2025 - A voir sur son site internetson conseil lecture : La vie des maitresRETRANSCRIPTION DE L'EPISODE 2/2 AVEC JACQUES MARTEL00:02:08Il y a quand même un morceau et pas des moindres qu'on a oublié dans ton parcours. Avant les ateliers, il y a eu cet ouvrage, le dictionnaire des maladies et des malaises. Ça a été comme la fondation de tout le travail qui est venu. Après ? Tu vois, quand j'étais en développement personnel, dans les débuts, les gens disaient « Ah, moi, quand j'ai un malaise ou une maladie, je vais dans un livre de Lis Bourbeau. » Ah, OK. Ou un autre disait « Mais moi, je vais plutôt dans le livre de Louise Hay. » Ah, bon, OK. « Je vais plutôt dans tel autre livre et tel autre livre. » Je me suis dit « Bon, moi, je vais sortir un livre. Il n'y aura pas besoin d'acheter quatre-cinq.00:02:46Ils vont en acheter juste un, ça va être le mien. Ils vont avoir leur réponse. » Alors, c'est là qu'en janvier, en janvier 91, j'ai commencé le manuscrit. Et pendant six des sept ans que le travail a duré, il s'appelait « Le dictionnaire de la médecine de l'âme ». Là, on parle de 97. Mes amis en haut m'ont dit « Oui, mais vois-tu un médecin qui aurait entre les mains un livre qui s'appelle « Le dictionnaire de la médecine de l'âme » ? » Ça fait qu'ils m'ont suggéré de mettre « Le grand dictionnaire des malaises et des maladies ». Ça passerait mieux. Plus accessible. Oui. Moins ésotérique. C'était ça le but, oui. OK. 98, donc ça fait 26 ans.00:03:23La conscience a changé à ce niveau-là. Sur YouTube, maintenant, il y a des gens qui font des expériences de mort imminente, des médiums, il y a toutes sortes de trucs. L'information, il y a toutes sortes de trucs qui existent maintenant. Vois-tu, là ? Tu as raison, mais de là à penser qu'un médecin, en tout cas, je te parle en France et de ce que je connais moi, que des médecins aient un livre sur leur table qui s'appellerait « La médecine de l'âme ». Il y a un peu de boulot, hein ? Non, il n'est pas sur la table, mais ils l'ont dans leur bureau. Dans le carbone bien caché. Oui, oui, mais non. Il y en a qui l'ont.00:03:54Et je suis content que les médecins utilisent ça, parce que, comme individu, des fois, la personne qu'on va voir, si on a une maladie, en premier temps, souvent, ça va être un médecin. Mais le médecin, on s'attendrait qu'il sache tout, mais il sait tout. Il risque d'étudier jusqu'à l'âge de 60 ans avant de commencer sa pratique. Ce sera trop tard après pour pratiquer. Voilà. Mais, tu sais, si une femme, par exemple, je ne sais pas moi, qui a une certaine maladie, je ne sais pas si on parle du cancer, du sein, c'est de s'en faire pour ses enfants ou ce qui représente ses enfants. Si la personne a ce type de maladie, mais si le médecin est capable de lui dire : « bien là, est-ce que vous en faites pour vos enfants ?00:04:35», tout ça, il faudrait remédier à ça ; vous pourriez aller voir quelqu'un pour vous aider, tout ça. Sinon, il peut donner les bons soins, les bons médicaments, ou s'il faut une chirurgie, faire la chirurgie, mais moi, ça ne me regarde pas, cela. Mais si le conflit n'est pas réglé, au bout de six mois, on peut vous donner, après une vérification. Ça se peut que le médecin dise, bien, madame, j'ai une mauvaise nouvelle, vous avez une récidive, parce que le conflit est toujours présent. Moi, là, un jour, quand je dis un jour, là, dans mon livre, « Le pouvoir de l'engagement », j'ai mis toutes les fois où j'ai dit un jour, puis c'est arrivé. Et là, je le dis un jour, je ferais des conférences à des médecins.00:05:08Je ne connais pas la médecine, c'est eux autres qui connaissent la médecine. Mais moi, là, chez les individus ou les compagnies, j'aide les gens à faire mieux dans ce qu'ils font déjà très bien. Puis, moi, quand je vais voir un médecin, je me la ferme sur mes trucs, mes trucs métaphysiques, parce que moi, ce n'est pas moi, moi, je n'ai pas appris la médecine. Je prends l'information qu'ils me donnent, merci. Si j'ai des prises de sang, tout ça, ils vont me dire, si, ça, le cholestérol, ça va, le glycémie, bon, c'est un peu haut, bon. Ensuite, oui, bon. Alors, je tiens compte de cela. Et c'est pour ça que moi, j'ai mes prises de sang aux trois mois au lieu des six mois, parce qu'étant donné que le stress, tout changement, même positif, c'est un stress, ça peut jouer sur la santé physique.00:05:50Je veux me rendre compte tout de suite, il y a eu des changements qui se sont faits dans mon corps physique. Ça me ferait très, très, très, très grand plaisir qu'il y ait de plus en plus, de plus en plus de médecins qui utilisent le livre Le Grand Dictionnaire des Malaises et des Maladies, parce qu'ils pourraient aider leurs clients. Ça n'empêche pas que la personne peut avoir besoin de médicaments. Ça n'empêche pas que la personne peut avoir besoin de traitements ou de chirurgie ou de quoi que ce soit. Mais est-ce que ça peut aider ? Pourquoi pas informer des gens ? Il y a un truc que j'ai envie de souligner, et c'est hyper important pour moi, et j'apprécie que tu insistes là-dessus dans ton discours.00:06:22Le dictionnaire, là, il n'est pas là pour remplacer la médecine, et tu n'es pas en train de rejeter l'approche conventionnelle. On est en train de dire que toi, tu ajoutes ce supplément d'âme, pour le coup, tu vois, pour revenir au nom régional. Et dans la nouvelle édition, maintenant, j'ai mis Le Grand Dictionnaire des Malaises et des Maladies en sous-titre Le Dictionnaire de la médecine de l'âme et des émotions. Tu lui as redonné. Oui, mais je ne l'ai pas mis en gros titre, parce que l'autre titre est connu depuis 25 ans. Puis, il y a une nouvelle édition qui vient de sortir, là, il y a quelques mois. Oui, depuis mars 2024. Deux fois plus d'énergie que la deuxième édition, 30 % plus d'informations, tous les textes ont été revisés, et tous les textes ont été revérifiés aussi, ce qui n'était pas le cas de la première à la deuxième édition.00:07:08Revérifiés par ? Par Lucie Bernier, surtout. C'est ta collaboratrice depuis 35 ans ? Disons qu'on se connaît depuis 35 ans. A commencé à travailler sur la première édition plutôt au niveau du français. Sur la deuxième édition, on a travaillé plus que 2 000 heures sur la deuxième édition, en 2007. Et là, on a travaillé pendant environ trois ans et demi à temps plein, presque. Moi, j'ai fait beaucoup de recherches dans la troisième édition. Par exemple, je ne sais pas moi, il y en avait dans la deuxième, mais par exemple, la maladie de Parkinson. Pourquoi c'est Parkinson ? Parkinson était soit médecin ou chimiste, je ne sais pas pourquoi, qui a découvert les symptômes qui ont rapport à la maladie telle ou telle. Je ne sais pas. Donc, ça a donné son nom à la maladie.00:07:53Tous ceux qui ont la maladie de Huntington, la maladie de, la maladie de, la maladie de, je suis tout allé chercher pourquoi on avait mis ce nom-là. Et souvent, merci à ces gens-là qui ont pu identifier la maladie. Parce que dans les cinq étapes pour parvenir à la guérison, qui est la connaissance, l'ouverture, le lâcher-prise, l'acceptation et l'action, la connaissance est importante. Alors, le fait de connaître la maladie, ça a permis par la suite aux médecins de développer soit des traitements, des médicaments, du traitement quelconque, que ce soit opération ou autre, je ne sais pas quoi. Cette connaissance-là a permis de faire avancer la médecine. Et moi, je trouvais ça important que les gens sachent la contribution de tous ces chimistes, biochimistes, médecins, spécialistes qui ont contribué au niveau médical.00:08:49Je t'écoute et je me dis, j'ai l'impression qu'on tisse comme un fil rouge par rapport à ton parcours, par rapport au dictionnaire qui est toujours de ramener le visible et l'invisible ensemble. On les réunit, ça fait du sens ensemble. Non, mais c'est bien que tu l'apportes parce que moi, depuis les premières heures que j'ai travaillé sur le grand dictionnaire des malaises et maladies, janvier 91, fin janvier 91, je savais que les maîtres ont décidé de prendre les malaises et maladies comme prétexte pour montrer à ce qui est invisible, les pensées, les sentiers, les sentiments et les émotions ont des répercussions physiques mesurables donc les malaises et les maladies. Si j'agis sur l'invisible, les pensées, les sentiments et les émotions, ça a des chances d'avoir des répercussions physiques positives, plus positives.00:09:35Donc, à la base, c'est comme si c'était un livre ésotérique. Moi, dans le travail que je faisais, j'avais toujours ça en tête. L'invisible manifeste le physique. Alors, toujours, toujours, toujours, toujours ça en tête. Oui, parce que, revenons-en à ce quels dictionnaire ? Dans le dictionnaire, vraiment, le principe, c'est l'ordre alphabétique, maladie, maladie, malaise, etc. Dans cette nouvelle édition, tu vas ajouter cette couche-là que tu évoques de « Qui est à l'origine de la découverte de ? » Et puis, toi, dans le texte du dictionnaire, tu as ajouté comme une couche énergétique, on peut le dire comme ça ? Ça te fait marrer quand je dis ça ? Pourquoi ? Vas-y. Je ne mets pas toujours le côté ésotérique de l'avant. Pour moi, c'est essentiellement un livre ésotérique. C'est surtout cette troisième édition.00:10:20Parce que tu sais, les gens peuvent le voir et mon but, ça n'a jamais été que ce soit subliminal. Sur chaque page, chacune des pages du Grand Dictionnaire des Malaises et Maladies, il y a un grand H avec un U sur toutes les pages. On en revient à ce son originel que tu évoquais tout à l'heure. Alors, c'est le son « You », c'est un mantra spirituel. Et ce mantra-là, les caractéristiques, c'est la protection, l'ouverture de Conscience et la guérison. Alors, c'est pour ça que c'est là. Donc, les gens qui utilisent cette édition, lorsque ils rouvrent le livre, c'est comme une lumière qui les éclaire davantage et qui permet plus facilement une prise de conscience. Je l'ouvre là. Ces explications par maladie, tu prends une explication très scientifique.00:11:04Enfin, c'est quoi cette maladie et tout. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il y a ce petit texte à la fin que tu nous encourage à lire très lentement, c'est ça ? C'est tout le texte. Et c'est là depuis 1998 et beaucoup de gens ne l'ont pas vu. Pour faire la technique de prononciation monosyllabique qui est une technique de guérison émotionnelle. C'est une technique de guérison émotionnelle qui est très efficace. Donc, on voit bien que le dictionnaire des malaises et des maladies va bien au-delà des mots physiques et puis il nous emmène sur un autre terrain de guérison. Oui, bien sûr. La première édition, tu as mis quasiment sept années à l'écrire. Sept ans, pas à temps plein nécessairement, mais sur une période de sept ans. Et la deuxième édition a commencé en 2001.00:11:48En 2001. Elle est sortie en 2007. Et la troisième édition, on l'a commencé il y a un peu plus que trois ans et demi maintenant. On l'a gardé secret. Il y avait une raison qu'on l'a gardé secret, c'est parce qu'on ne savait pas combien de temps ça prendrait. Non seulement pas créer de fausses attentes, mais pas avoir la pression que, on a dit que c'était au mois de juin, telle année que ça sortirait, il faut le sortir. Pas de pression. Non, on met le temps qu'il faut à tout ça si ça sortit au mois de mars. Est-ce qu'à l'époque où toi, tu fais ce livre, tu nous l'as dit un peu plus tôt, la partie canalisée, est-ce que tu imagines déjà la résonance que ça va avoir ?00:12:25Il est passé entre combien de mains, ce dictionnaire ? Tu as une idée ? On dit que c'est deux millions de lecteurs. À travers le monde, en plus ? Oui. Deux millions de lecteurs. Parce que si toi, tu vis en couple, puis tu as deux enfants, puis c'est des ados, donc tu as un livre, mais tu as quatre personnes. Je veux toujours être honnête envers les gens. Si les gens disent : il y a deux millions de livres vendus, si quelqu'un est autour de moi, je dis non. J'ai dit : il y a deux millions de lecteurs. Je veux être juste là. Je ne veux pas mettre des chiffres juste pour que ça ait l'air de ce que ça a l'air.00:12:59Tu vois, moi, par exemple, je l'ai découvert la première fois avec un ostéopathe qui l'a utilisé dans une séance avec moi. Donc, tu vois, je fais partie de ces lectrices indirectes. Et donc, en fait, c'est le livre qui, après, t'a ouvert les portes de ces ateliers et de ces tournées que tu as faites en Europe et principalement en France. Après, j'en ai écrit d'autres. Après, cela a été les cinq étapes pour parvenir à la guérison. C'est le complément théorique du Grand Dictionnaire des Malaises et Maladies. Les gens, ils devraient toujours acheter les deux livres en même temps. Parce que dans le Grand Dictionnaire des Malaises et Maladies, on parle des pensées, des sentiments, des émotions qui ont fait arriver le conflit qui a pu déclencher la maladie.00:13:35Mais on ne parle pas au niveau du stress, du surstress, comment ça fonctionne, comment le cerveau fonctionne. Ça, on le dit dans les cinq étapes pour parvenir à la guérison. On explique le fonctionnement de tout ça dans ce qui est dans le Dictionnaire, dans les cinq étapes pour parvenir à la guérison. C'est ça. C'est la suite logique, en fait. Oui, oui. Dans les cinq étapes pour parvenir à la guérison, je veux dire, ça prend au moins minimum quatre des cinq étapes pour avoir une guérison. Qu'on aille à Lourdes ou à Medjugorje ou je ne sais pas trop où. J'ai beau avoir Marie qui est à côté de moi, la Vierge Marie, dans son énergie, ou l'archange Gabriel ou quoi. Mais si je ne suis pas dans l'ouverture, si je ne suis pas dans l'acceptation, ça ne guérira pas.00:14:15Il y a des gens, quand ils vont dans ces endroits-là, il y a au moins quatre des cinq étapes qu'il faut qu'ils soient présents à l'intérieur d'eux autres pour que la guérison émotionnelle puisse se faire. Alors, est-ce qu'on peut les citer, ces cinq étapes ? Le connaissant, l'ouverture, le lâcher prise, l'acceptation et l'action. Et le plus important de toutes ces cinq étapes, c'est l'acceptation, parce que je ne peux rien changer que je n'ai pas accepté. Et accepter, ça ne veut pas dire que je suis d'accord. Accepter, ça veut dire que j'accepte que j'ai une prise de conscience à faire. Et c'est ça le but. Et c'est un secret. Ça passe au travers du cœur. C'est pour ça que à chaque fois qu'il y a le mot « acceptation » ou « accepte » dans le grand scénario de Maladie de Maladie ou dans d'autres livres, il y a toujours une flèche vers le bas avec un cœur.00:14:58Parce que j'accepte ma tête vers mon cœur. Et la guérison émotionnelle, ça fait beaucoup au niveau du cœur. Il y a beaucoup de techniques que j'enseigne que c'est des techniques d'acceptation qui se font au niveau du cœur. La boule de lumière, la technique du merci, plein de trucs comme ça. C'est des guérisons émotionnelles au niveau du cœur. Si je reviens sur ton parcours, après le dictionnaire et ses ateliers, toi tu as complété ces papiers juratifs comme ta boîte à outils de thérapeute. Et donc, il y a eu toutes ces approches, toutes ces techniques que tu as amenées, je pense notamment au bonhomme allumette, qui est hyper connu. Est-ce que tout ça est né au fur et à mesure, après le dictionnaire, au fur et à mesure de tes rencontres, comme si ça venait ainsi ?00:15:40Oui, c'est de l'information que je recevais. À un moment donné, je partais de chez moi et j'allais en ville, en auto. « Ah, tu vas faire un livre, un prochain livre, ça va s'appeler « Le pouvoir de l'engagement ». » « Ah bon, voilà, ça va être facile. » Je donne déjà un atelier qui s'appelle « Le pouvoir de l'engagement ». C'est sûr que les notes de cours pour un livre, ce n'est pas la même chose. « Ça va être facile, je vais jusqu'au point de départ. » C'était un des livres les plus difficiles que j'ai eu à écrire. Pour quelles raisons, alors? Ça parlait du mental, du fonctionnement du mental, de cela et de ça. Et quand c'est un livre, il faut toujours s'imaginer que le lecteur, il n'est pas physiquement avec la personne.00:16:21Il faut s'assurer que dans ce qu'il va lire, il va comprendre ce qui est marqué. Ça m'a demandé beaucoup, beaucoup à faire ce livre-là. Tu sais la différence quand tu dis, quand tu es en conférence avec les personnes qui sont là devant toi, tu arrives à capter l'énergie, tu vois potentiellement même les questions qu'elles peuvent se poser, les devancer. Effectivement, quand tu es seul derrière ta page blanche. Je les entends. Non, parce que des fois, je vais mettre des choses dans les livres. À un moment donné, dans les livres, le pouvoir des mots qui me libère. Il m'est venu une information, à savoir qu'à chaque fois que je dis une expression ou un mot qui est négatif, c'est de la magie noire que je fais sur moi.00:16:57Ça m'est venu, je dis, c'est trop fort ça. Là, ils m'ont dit, c'est de la magie noire, t'écris ça comme ça. J'ai dit, ok, ok, ok, ok. Donc, il risquait d'avoir des réactions. Mais bon, la réalité, c'est ça aussi. Est-ce qu'il y en a eu des réactions ? Non, pas nécessairement. Pas sur ça. C'est comme si j'entends les gens, la réaction qu'ils vont avoir, puis des fois, ils ne sont pas d'accord sur un truc que je mets. Je dis, ok, merci de l'info, mais moi, je le fais pour ceux qui sont d'accord ou que ça va les aider. Si vous autres, ça ne vous aide pas, c'est correct aussi. On en a parlé d'ailleurs sur le dictionnaire à la sortie, puis même parfois bien après. Il y a eu parfois quelques polémiques.00:17:37Les gens peuvent dire, c'est de la foutaise, tout ce qui est écrit. C'est correct, c'est de la foutaise. Qu'est-ce que ça veut que je fasse, moi? Il y a des gens qui lisent ça, puis il y a des guérisons émotionnelles. Il y a quand même des guérisons physiques. Qu'est-ce que tu veux? On a beau dire, c'est de la foutaise. Les gens ont le droit de dire ce qu'ils veulent. C'est ça, en fait. C'est ce qu'on se disait en off avant l'enregistrement, que toi, tu n'es pas là pour faire du prosélytisme. Alors, tant mieux si les gens prennent. Moi, je n'ai rien à prouver, puis je n'ai personne à sauver. Donc, à partir de là, Jacques, c'est un fou, c'est un crétin. Merci beaucoup. Jacques est génial, il est extraordinaire. Merci beaucoup.00:18:09C'est pareil. Et de toute façon, les gens, je l'explique dans le pouvoir des mots qui me libèrent, là, les gens, ils parlent toujours d'eux-mêmes même. Si quelqu'un me dit, tu es un crétin, tu es un imbécile, tu es un imposteur, disons que je sais à qui j'ai affaire. Parce qu'on parle toujours de soi-même. On parle toujours de soi-même. Si quelqu'un me dit, tu es génial, tu es extraordinaire, tu es un gars d'un grand cœur, je sais à qui j'ai affaire aussi. On ne peut pas exprimer quelque chose qu'on n'a pas en nous. Parce que si ce n'est pas en nous, c'est comme si ça n'existe pas. Si quelqu'un me traite d'imbécile, bien, c'est sa part d'imbécile en lui qui projette chez moi. Quelque chose que tu veux que je fasse ?00:18:48Les autres sont comme un miroir, quoi. Toujours. Quelqu'un peut me parler d'une partie de hockey qu'il joue, là, et les commentaires qu'il va faire et tout, et tout, et tout, et tout. Je vais savoir des choses de sa vie privée juste par les commentaires qu'il fait sur un sport, un soccer ou quoi que ce soit. Parce que je ne peux pas exprimer quelque chose que je n'ai pas à l'intérieur de moi. Je peux ne pas être d'accord avec quelqu'un comme actuellement aux États-Unis. Au moins, on se parle des élections avec Trump. On peut ne pas être d'accord avec un ou avec l'autre. Je ne suis pas d'accord, mais je ne suis pas d'accord. C'est tout. C'est un jugement, en fait. C'est ça que tu dis.00:19:22Parce qu'il y a des gens, là, au niveau psychologique, il y a des gens que si tu n'es pas contre quelque chose, ça veut dire que tu es pour. Il y en a qui pensent comme ça. Oui, il faut que ce soit blanc ou noir, mais tu ne peux pas être dans cette forme de nuance que tu es en train de souligner. Voilà. Je comprends ce qu'il veut. Le grand scénario de Malades et maladies, troisième édition, c'est la première fois de ma vie que je peux dire que mon degré de satisfaction sur un ouvrage est à 100 %. Ce n'était pas le cas avant ? Non, mais j'étais content. J'étais content, puis c'était merveilleux aussi.00:19:53Mais là, cette fondation-là qui est sur place, les énergies qui ont été mises là-dessus, les maîtres qui ont été mis là-dessus, qui ont aidé, les répercussions qu'il va y avoir par rapport à ça, les guérisons émotionnelles, les commentaires qu'ils vont se faire éventuellement là-dessus, c'est extraordinaire ce qui a pu sortir. C'est comme un aboutissement, tu dirais ? Oui, c'est de ça qu'on m'a informé, mes amis en haut. Tu es dans cette phase-là. Tu peux te retourner sur le chemin parcouru et savourer. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a rien après, qu'il n'y a pas encore du boulot, mais juste là, c'est... J'ai un degré de satisfaction à 100 % sur le livre. Mais maintenant, il va faire son chemin. Oui, ça ne t'appartient plus, en fait.00:20:32On dit souvent, dans le livre, c'est comme un bébé, puis tu l'offres au monde, et après, est-ce qu'il vient comme un enfant ? Oui, c'est ça. Ça ne t'appartient plus, mais c'est OK. Oui, je suis surpris des fois que, d'une certaine façon, jusqu'à quel point j'en suis détaché. Là, on est actuellement au mois d'août 2024. En novembre, décembre, je fais trois salons en France en 2024. Biarritz, Bordeaux et Montpellier. Alors, c'est sûr, je vais faire une conférence sur le grand scénario de Malaisie et maladie pour faire connaître. C'est la continuité, en fait. Oui, c'est ça, pour faire connaître. C'est ça, en fait, ton parcours, il a toujours été dans la transmission, en fait. La transmission. La transmission, d'ouverture de conscience. Et c'est quoi la suite et les projets pour toi ?00:21:14Ça dépend comment ça va se présenter. Mes amis m'ont montré, ils m'ont dit que peut-être qu'il y a des choses qui se développeraient beaucoup en Inde, mais je ne cours pas après ça. S'il y a quelque chose qui se présente, je vais rester ouvert parce que j'ai déjà eu l'information que je pouvais faire quelque chose. C'est intéressant ce que tu dis. Tu as reçu une info, celle-ci, l'Inde. Alors, la difficulté, c'est de ne pas le provoquer artificiellement ? Oui, la difficulté, ce n'est pas de difficulté. J'ai l'info. Si ça arrive, je ne serais pas surpris, c'est tout. Ça va être plus facile pour moi d'embarquer dedans. OK. Dans le projet. C'est comme en 1985, j'ai su deux mois avant que mon meilleur ami deviendrait en couple avec mon épouse.00:21:54Quand c'est arrivé, je ne suis pas surpris. Non, mais je ne suis pas surpris. Tu ne leur avais pas dit que tu avais reçu l'info ? Oui, bien, j'ai dit au garçon, qui était un genre donjouant, j'ai dit : 'Je t'interdis d'aller voir mon épouse, mais si elle vient vers toi, tu es libre de faire ce que tu veux.' Un soir, elle l'a appelée ; elle est revenue le lendemain matin. Tu l'avais vue juste. Alors, j'ai été non fonctionnelle pendant deux, trois mois. Moi qui aime bien contrôler ma vie, parce que j'avais de l'attachement et pour l'un et pour l'autre. Alors, on m'avait dit ce qui se passerait, mais on ne m'avait pas dit : 'moi, comment je le vivrais.' Alors, c'est parce que j'avais de l'attachement. Là, on parle de 1985.00:22:29Aujourd'hui, il m'arriverait quelque chose, je le règle entre 5 et 7 minutes. Comment alors ? Les émotions qui vont avec. Une des façons qu'on peut faire toujours, c'est avec la technique des bonhommes à l'humide, mais j'ai une autre technique qui ressemble à ça, qui permet de, on va chercher même des vies passées du début du temps jusqu'à aujourd'hui, et on fait la coupure énergétique avec la personne. J'ai vécu une expérience il y a quelques années, puis je n'avais jamais vécu ça de ma vie. Avec mon thérapeute, j'en ai parlé, j'ai dit, « Se peut-il que j'ai vécu un coup de foudre ? » Il a dit oui, exactement. Mais quand j'en ai parlé à la personne, à ce moment-là, la personne a dit non.00:23:04J'ai exprimé mes sentiments, la personne a dit non, mais son nom, il venait de la tête, il n'a pas du cœur. Je comprends. Est-ce que j'étais pour me battre avec cette personne-là? J'ai laissé aller. Alors, bon, j'ai fait la coupure énergétique, c'est après cinq minutes, c'est fini. C'était comme, bon, parce que la personne, j'avais évalué qu'elle avait 90 % des attentes quand je m'attendais envers quelqu'un. Oh! C'est beaucoup, là. C'est pas mal, hein? Ah oui, non, mais c'était rare, ce qui s'est passé. Puis cette personne-là avait été avertie que dans les mois qui s'en venaient, il y aurait quelqu'un, genre médium, qui se présenterait à elle et tout. Mais qu'importe. La personne est allée dans sa tête. Mais l'avantage, c'est que j'ai pu couper. Ça devenait un événement que j'avais vécu comme ça.00:23:46J'ai pu, oh, j'aurais été quelqu'un. Ça m'aurait bien plu. Non, non, non, on oublie ça. C'est passé. C'est passé, c'est passé, c'est tout. Pourquoi s'en faire ? Je rigole. Je ne sais pas si je rigole ou si je pleure en t'écoutant, parce qu'à la fois, j'entends, mon mental comprend tout, puis mon cœur fait, c'est rude. Et en même temps, j'ai envie, en t'écoutant, de me dire, en vrai, ça doit être accessible. Mais la technique des bonhommes à lumettes, elle vient de mes vies passées comme moi, une bouddhiste. Parce que qu'est-ce qui est important dans le bouddhisme ? Une des facettes les plus importantes, c'est le détachement. Qu'est-ce qui arrive avec la technique des petits bonhommes à lumettes ? Moi, j'enseigne le bouddhisme sans parler du bouddhisme. Détachement. Détachement, on ne coupe pas l'amour.00:24:31On coupe l'attachement qui provient d'une blessure émotionnelle. Donc, on coupe ça. C'est ça qu'on coupe. Alors, après, soit que ça remet plus d'amour dans la situation personnellement, soit que ça nous rapproche de la personne ou la personne s'éloigne normalement, un ou l'autre, mais ça se fait en harmonie. Donc, ça me permet de me recentrer et de ne pas mettre mon attention sur la blessure, parce que je deviens ce sur quoi je porte mon attention. Si je mets mon attention sur la blessure, dans mon énergie, je vais manifester cette énergie de blessure-là. Et on en revient à cette histoire des vibrations, qu'en fait, on vibre enfin, on va emmener ce qu'on vibre. L'attachement, ce n'est pas de l'amour. Quelqu'un, des fois, des parents me disent « Oui, mais c'est normal d'être attaché à nos enfants.00:25:18» Non, c'est normal de les aimer. Et si on a de l'attachement, on risque par rapport à nos enfants d'exercer une forme de contrôle consciemment ou inconsciemment. Et ça, ce n'est pas de l'amour. En tant que parent, il faut que je m'occupe de mes enfants, il faut que je m'occupe de leur donner une certaine éducation, les nourrir, une certaine sécurité. C'est OK, ça. Mais d'être attaché, non. De vouloir ce qu'il y a de mieux pour eux. – Oui, parce que dans l'attachement que tu évoques qu'on peut avoir avec nos enfants, cela signifie par exemple avoir des grandes attentes sur leur vie professionnelle, etc. On voit les dégâts que cela peut faire après.00:25:53– Oui, mais moi, si je suis médecin et que j'ai un garçon, c'est un garçon, je voulais qu'il devienne médecin. Mais lui, il veut être mécanicien. C'est ça qui lui fait plaisir. Mais il y en a qui sont devenus, en fait, la profession de leur père, mais pas parce que c'est ça qu'ils voulaient faire, mais parce que c'est leur père, c'est ça qu'ils voulaient. – Et cela les a rendus malheureux. – Après, ça va mal dans le couple, ensuite ça va mal, ça développe des maladies, ensuite ça va. – C'est simple, en fait, quand je t'écoute, j'ai l'impression que c'est super simple. – Oui, mais il faut être à l'écoute. 90 % de notre fonctionnement est régi par le subconscient.00:26:24Et j'attire ou je deviens ce que j'ai pas accepté en 0 et 12 ans. Des blessures que j'ai eues en 0 et 12 ans. Toute la programmation que j'ai au point de départ, il faut faire le ménage là-dedans. Plus je fais le ménage là-dedans, plus la situation devient claire pour moi. Quand je dis « moi », c'est chacun d'entre nous. Et des fois, c'est pas évident parce que je peux faire un certain travail sur moi et j'ai l'impression que ça n'a pas fonctionné. Je suis bouleversé quand tel événement arrive. Bon, fais que là, je suis un atelier, par exemple, un atelier de développement personnel et tout, et je travaille le souci émotif qui a rapport à ça et tout, je me dégage et tout.00:27:00Puis là, je me dis « ah, c'est un beau travail que j'ai fait ce week-end, voit-tu là ? ». Et puis là, il arrive l'événement, l'événement semblable en question et là, je suis encore bouleversé. Il me semblait que j'avais travaillé ça, il me semblait que c'était fini. Et là, à un moment donné, quand ça m'est arrivé, j'ai demandé à voir l'image. C'est comme un iceberg. Si, supposons que c'était un événement qui avait rapport au rejet, l'iceberg, c'est marqué « rejet », mais il y a juste une pointe qui dépasse. Alors, je fais un travail sur moi, je fais un travail sur moi, j'enlève une partie sur le dessus de l'iceberg, mais il en reste une autre partie, il remonte. Peut-être qu'avant que je fasse l'atelier, quand il arrivait une situation comme ça, de rejet, j'en avais pour quatre jours à Marmette.00:27:39Après l'atelier, j'en ai pour trois jours à Marmette. Et je travaille sur moi, je travaille sur moi, j'en ai pour une journée à Marmette. Je travaille encore sur moi, je travaille encore sur moi, mais j'en ai une heure pour une heure à Marmette. C'est parce que le morceau de l'îceberg est diminué à chaque fois. Mais ce qui est marqué sur l'îceberg, le rejet, je le vis tout le temps comme si c'était la première fois. Vois-tu, là ? Du moment que je fais quelque chose pour moi, j'en ai un bénéfice, mais des fois, c'est pas évident. Je le vois pas, le bénéfice que j'ai. Merci, parce que ça donne confiance. Parce que, tu sais, on a l'impression de tourner en rond, mais en fait pas.00:28:08Il y a une autre image que je mets dans un livre, c'est comme un verre, un verre transparent, mais qui est rempli de glaçons. Les glaçons, c'est peut-être les blessures que j'ai vécues émotivement. Quand je travaille sur moi, les glaçons du dessus, parce que je regarde sur le dessus, c'est plein de glaçons. Quand je travaille encore sur moi, je fais fondre quelques glaçons sur le dessus, je regarde le dessus du verre, c'est encore plein de glaçons sur le dessus du verre. Mais je me dis, mon esprit scientifique, il faut qu'il y ait un changement quelque part. Parce que j'ai fait quelque chose. Le changement, il est où? C'est que là, au fond de mon verre, à mesure que je fais des changements sur moi, il y a de moins en moins de glaçons dans le fond du verre.00:28:44Mais il y en a toujours autant sur le dessus. Ça représente quoi, le fond du verre? Ça représente ma voix intérieure. C'est de plus en plus clair à l'intérieur de moi, à mesure que je travaille sur moi. Même si je regarde en surface, et ça a l'air d'avoir autant de glaçons qu'avant. Il n'y en a pas autant dans le verre au complet, parce que les glaçons, ils flottent. Mais la quantité d'eau, l'eau augmente, et donc ça devient plus clair en moi, ce qui se passe. C'est ça, l'avantage du travail qu'on fait sur soi. Merci, ça fait du bien d'entendre ça, de se dire qu'en fait, on ne travaille jamais à perte, là où parfois, on pourrait avoir l'impression de ramer, ramer. C'est pour montrer aussi que c'est possible.00:29:21C'est possible de faire des changements. Je suis obligée de rebondir sur deux trucs que tu as dit. Le premier, tout à l'heure, tu évoquais une situation personnelle où tu avais eu besoin d'en parler à un thérapeute. Toi, tu continues à te faire accompagner au-delà de tes présences, invités. C'est visible. Pourquoi, mon Dieu? Je fais un très, très grand travail sur moi. Encore maintenant? Constamment, constamment. Quel type de thérapeute tu vas voir? Moi, depuis un an, j'avais un thérapeute qui était un voyant clairvoyant clairaudien. Il était clair de tout. Il y a toujours moyen d'expansionner sa conscience, de devenir plus équilibré. La conscience grandit. On n'a envie qu'à travailler au niveau cosmique, des choses comme ça. Ce n'est pas toujours conscient dans le physique, mais c'est un peu comme ça.00:30:05Dans l'énergie, ça se passe quand même. Ce que tu veux dire, et je trouve ça génial, c'est que le chemin n'est jamais terminé. Il n'y a pas comme une destination. On va toujours continuer à expanser. Les maîtres que j'ai pu rencontrer en Inde, c'est intéressant. Ils font un travail très intéressant sur eux, mais souvent, ça ne va pas plus haut que le mental. C'est déjà bien, très, très bien, le mental. C'est à ce niveau vibratoire- là, mais dans la charte des plans, au-delà du mental, il y a le plan de l'âme, il y a les montres pures de Dieu. Moi, je pense que je suis rendu au bout du bout. Je ne chercherai pas plus loin, parce que je suis rendu au bout.00:30:40Mais quand certains maîtres nous montrent qu'il y a quelque chose de plus loin, de plus grand, parce que mon objectif, c'est la réalisation de soi, la réalisation de Dieu, mais ça passe d'abord et avant tout par la réalisation de soi. Ensuite, la réalisation de Dieu. Ces gens-là, ils ont fait un bon bout de chemin, mais il en reste un bout à faire. Des fois, les gens ne savent pas qu'il y en a un bout à faire. C'est comme des gens qui ont des expériences hors du corps, tout ça, et surtout sur le plan astral, ils sont certains qu'ils sont rendus au ciel. Mais tant mieux, c'est sûr que c'est beaucoup plus lumineux, les couleurs sont beaucoup plus belles, c'est beaucoup plus agréable, tous les paysages et tout, c'est tellement beau sur le plan astral.00:31:20Mais il y a le plan causal, il y a le plan mental, il y a le plan d'Éric, il y a le plan de l'an, mais il y en a qui pensent qu'ils sont rendus au ciel. C'est une partie du cheminement. J'en parle, j'ai fait une vidéo, si tu l'en pensais, qui s'appelle « La réalisation de soi ». Je peux être réalisé dans ma conscience la grandeur d'une boule de golf, je peux être réalisé la grandeur d'un ballon de foot, je peux être réalisé la grandeur d'un édifice. Je suis toujours réalisé, mais je peux être de plus en plus, de plus en plus, de plus en plus réalisé, à un degré de plus en plus grand. C'est l'expansion que tu évoquais tout à l'heure. Voilà, c'est ça. Merci. Oui, c'est l'expansion.00:32:04Moi, je t'écoute, je me dis, mais pour moi, Jacques, en fait, il est médium. Tu nous parles de tes amis de là-haut qui viennent te parler, qui te soufflent pas mal de messages, qui te soufflent des idées de livres et tout ça, mais ce n'est pas comme ça que tu le vois, toi. J'ai appris beaucoup d'être en canalisation. Oui, en canalisation. Le chanling, c'est être en contact avec son moi supérieur ou un guide spirituel de haut niveau. Tandis que la médiumnité, ça peut vouloir dire aussi, être en contact avec une personne décidée ou des choses comme ça. Je ne fais pas ça. Si quelqu'un me demande, Jacques, qu'est-ce que tu vois pour moi dans six mois ? Peut-être que je ne verrai rien.00:32:43Je vais dire, trouve-toi un bon voyant, une bonne voyante, prends une consultation et il va peut-être t'aider plus que moi. Moi, je sais ce que j'ai besoin de savoir quand c'est utile de le savoir. Quand ce n'est pas utile de le savoir, des fois, il y a des gens autour de moi qui voient quelque chose que moi, je ne vois pas. Parce que c'est mieux que je ne le vois pas parce que j'aurais pris une décision qui n'était pas appropriée de le faire. Tu n'as pas besoin de cette info à l'instant T. Voilà. Alors, OK, tu n'es pas médium, mais tu es bien connecté. Oui, si les gens me demandent si je suis médium, je dis non, mais j'ai beaucoup d'intuition.00:33:15Tu sais, je rigole souvent parce que je me rends compte à quel point, et puis tu ne viens que confirmer ça, les thérapeutes que je rencontre grâce à la petite voix, ce que je comprends, c'est qu'au plus ils sont au contact des humains, de leur souffrance, au plus ils aiguisent comme un canal, mais, ils ont souvent beaucoup de mal à mettre ce mot-là de médiumnité, comme si c'était mal compris, tu l'as dit, tu vois, ce n'est pas de la vaillance, etc., mais parfois aussi mal perçu ou difficile à assumer. Moi, je me sens à l'aise de dire que j'ai beaucoup d'intuition. Ça fait des années, c'est comme ça. Mais si on me dit médium, je ne suis pas prêt à caisser et à mettre cette étiquette-là sur moi.00:33:53De toute façon, tu n'aimes pas les étiquettes. Non, ça ne colle pas sur moi. Eh bien, partons avec l'intuition, c'est pas mal. En conférence, à un moment donné, ma première conférence que j'ai faite devant un groupe de 500 personnes, 500 personnes au niveau spirituel en septembre 78, à un moment donné, en plein milieu de la conférence, la voix arrive encore et ça dit « Ce que tu dis, ce n'est pas ça qui est important. C'est ce qui se passe qui est important. Plus que ce que tu dis, tu pourrais rester le restant de la conférence en silence et ce qui est important continuera de passer. » Bon, j'ai arrêté de parler. Je me suis rempli de ma conférence, mais j'ai arrêté de parler.00:34:22Mais là, ça a duré juste quelques secondes. La voix a repris « Oui, mais les gens, ils s'attendent en face de toi à ce que tu leur dises quelque chose. » Là, j'ai continué, mais ça a paru que la salle c'est comme si j'avais eu un moment de réflexion. Alors, par après, j'ai su que ce n'était pas ce que je disais qui était important. Quoi que je ne dis pas n'importe quoi en conférence, mais ce n'est pas ça qui est important. C'était superficiel, en fait. Oui. J'évalue que ce que je dis, c'est 10 % de la conférence. Ce qui se passe dans la conférence, c'est l'autre 90 %.00:34:49Tu ne dirais pas que c'est ce qui se passe dans l'échange qu'on a depuis tout à l'heure, un peu? Bien sûr. Jacques, j'aime bien terminer mes entretiens avec quelques questions rituelles. La première me fait rire parce qu'elle est un peu ridicule, donc je vais te la formuler autrement. D'habitude, je demande à mes invités s'ils écoutent parfois leur petite voix. Là, on a la réponse. Ma question serait du coup plutôt, comment tu l'écoutes ? Comment tu te mets à l'écoute de cette petite voix ? C'est comme si je l'entends ou je la ressens. J'ai fait tellement de ménages sur moi que maintenant, quand une idée me vient, c'est rare que ça peut être pourvoyé par le mental. Ça fait que j'ai beaucoup plus de chances d'être à l'écoute.00:35:25Et tu n'as pas besoin de te mettre dans un état de trance ou quelque chose ? Oui, c'est ça. Tu es en train de faire de la cuisine, ça te vient. La connexion est ouverte tout le temps. Est-ce que tu as un rituel ? Tu vois, tu nous dis que cette connexion est tout le temps présente, mais est-ce que tu as un rituel quotidien qui t'aide à te recentrer ? Non. Il faut que ça arrive que je faisais des contemplations tous les jours, pendant certains jours. J'intégrais le corps énergétique de mon mentor spirituel à l'intérieur de moi. Est-ce qu'il y a un livre, en dehors de ceux que toi tu as écrits, un livre qui t'a profondément inspiré, éclairé sur ton chemin de vie ? Oui, oui. La vie des maîtres.00:36:07Je me suis retrouvé beaucoup là-dedans. La vie des maîtres. Ma toute dernière question, Jacques, très terrestre, mais est-ce que toi, Jacques, tu es heureux ? Je suis toujours à la recherche de ça pour plus de plénitude. J'ai vu le jour, on m'a montré l'image quand j'atteindrais ce point-là. On m'a montré l'image. Alors, à ce moment-là, tout ce que je vais avoir vécu auparavant, ça va être pratiquement effacé, ce ne sera plus important. Ça va être le point où je suis arrivé. OK, c'est ce à quoi tu aspires. C'est ça. Merci beaucoup, Jacques, pour ton temps, ta générosité, ta sagesse, enfin voilà, tout ce qu'on vient de partager. Merci beaucoup. C'est un plaisir. Une bonne continuation. Merci à tous ceux qui écouteront ces paroles. Ils peuvent percevoir aussi que je serai avec eux.00:36:59On était bien avec toi, là. Merci. ___________________________Développement personnel • spiritualité • thérapie alternative • santé mentale • jacques martel • bonhommes allumettes • thérapeute québecois • thérapie québec • thérapie alternative québec • médecine de l'âme • soin énergétique • attachement émotionnel • relations toxiques___________________________Vous aimerez cet épisode si vous aimez : podcast Intuition • Osez by Nico • Les Lueurs • Métamorphose • Sorcellerie blanche • Ces questions que tout le monde se pose................................................La petite voix est un podcast du label Lacmé Production.
Le 23 décembre 1588, le duc Henri de Guise était assassiné au château de Blois. L'assassinat a été commandé par le Roi de France, Henri III, qui le voyait comme une menace à son pouvoir. Effectivement, Henri de Guise, qui était le lieutenant général du royaume, avait convoqué une deuxième fois les États généraux en 1588. 500 députés étaient acquis à la cause du Duc qui comptait obtenir la déchéance du Roi de France.
Alors que vendredi 23 août marque un an que le cofondateur du groupe de mercenaires russes Wagner Evgueni Prigojine est mort, les activités militaires russes se poursuivent en Afrique. Depuis son décès dans le crash de son avion en Russie, les activités de Wagner en Afrique ont été reprises par l'État russe sous le nom d'Africa Corps. Qu'en est-il de l'évolution du groupe paramilitaire sur le continent depuis un an ? Dimitri Zufferey, membre du collectif All Eyes On Wagner, répond à Sidy Yansané. RFI : Dimitri Zufferey, Depuis la mort d'Evgueni Prigojine et la reprise en main des activités paramilitaires de Wagner par l'État russe, une nouvelle structure appelée Africa Corps a fait son apparition dans le Sahel. Qu'est-ce qui la distingue de Wagner ?Dimitri Zufferey : On pourrait utiliser la métaphore du réfrigérateur et du frigo. « Frigo » a été la marque qui est devenue le terme employé par tout le monde pour désigner un réfrigérateur. Aujourd'hui, Wagner est en quelque sorte un frigo puisque les paramilitaires russes sont tous désignés, peu importe où ils travaillent, sous l'appellation de Wagner, par la presse et même par les spécialistes. Dans le cas de African Initiative, c'est le secteur de la communication qui poursuit ses activités, notamment avec les fermes à trolls. Aujourd'hui, il est très difficile de déterminer à qui il appartient et qui le gère effectivement. On peut parler encore de la Fondation pour les valeurs nationales. Et tout ce secteur de propagande et d'influence qui reste très actif est très probablement piloté par les services de renseignement russes.Et de quelle manière l'appareil sécuritaire du Kremlin pilote l'entité Africa Corps ?La chaîne de commandement n'est pas si simple à comprendre. On a pu analyser et comprendre un peu ce qui se passe, notamment en prenant les photos de réunion officielle entre des Russes et des dirigeants africains du Mali, du Niger, du Burkina Faso par exemple. En regardant précisément quels sont les Russes qui sont présents, on arrive à déterminer quels sont les corps d'armée, quelles sont les unités, les services qui sont présents sur place et qui vont jouer un rôle. En l'occurrence, vous avez le général Averianov qui est un spécialiste des opérations spéciales et psychologiques, et les deux services principaux qui jouent un peu des coudes dans la région sont le SVR, le service de renseignement extérieur, et la GRU, le service des renseignements militaires.Wagner qui est également très présent en Libye depuis l'époque Prigogine, aux côtés du maréchal Khalifa Haftar, et il semblerait que le territoire libyen serve de base arrière à Wagner en Afrique.Effectivement, pour tout ce qui est de la Libye, il y a les bases aériennes du sud du pays comme Al Qaïm par exemple, qui sont toujours sous contrôle des forces du général Haftar. All Eyes On Wagner avait pu documenter en avril dernier l'arrivée notamment d'à peu près 1 800 paramilitaires russes dans cette région, avant d'être en partie dispatchés vers le Niger et le Mali. Comme Wagner est plus ou moins très proche de l'Africa Corps, on utilise aujourd'hui assez indistinctement les deux noms pour désigner des paramilitaires russes.Est ce qu'il y a un objectif militaire clair de l'État russe dans le Sahel ?Wagner et ses franchises dans la région du Sahel, et même partout où Wagner est déployé en Afrique, ma co-autrice Lou Osborne et moi avions évoqué dans notre livre Wagner, enquête au cœur du système Prigojine (Ed. du Faubourg) cette notion de « préservation de régime ». À savoir, tout faire pour apporter une certaine stabilité politique. Pour ce qui est de la lutte contre le djihadisme et les groupes armés et terroristes, il est difficile d'analyser puisqu'il y a très peu d'informations qui remontent depuis les chaînes des commandements et les communications entre l'état-major des forces armées maliennes, par exemple, et les « wagnériens ». On ne sait pas qu'elle est la stratégie exactement poursuivie, mais une volonté de préservation de régime, ça c'est sûr.Au début du mois, les renseignements militaires ukrainiens annonçaient que la défaite de Wagner dans la localité malienne de Tinzaouatène était le fruit d'une coopération avec les rebelles touareg du CSP. Y a-t-il un échange d'informations entre les rebelles et l'État ukrainien, voire même des forces ukrainiennes directement présentes au Mali ?Pour reprendre une métaphore, Vladimir Poutine avait dit à la suite d'un attentat en 1999 qu'il irait « buter les terroristes jusque dans les chiottes ». Les Ukrainiens semblent avoir repris ce même adage en allant traquer les wagnériens aux quatre coins de la planète. Et aujourd'hui, effectivement, la présence des Forces spéciales ukrainiennes au Soudan a pu être démontrée par le groupe de recherche Bellingcat. Mais pour ce qui est de la présence de Forces spéciales ukrainiennes dans le nord du Mali, cela semble peu clair et peu documenté. Ça semble très peu probable qu'il y ait vraiment eu des soldats de l'Ukraine présents sur le terrain malien. Ça ressemble plus à de la communication stratégique ou une opération d'influence, ou peut-être une tentative malheureuse de Kiev de vouloir s'attribuer quelque chose où elle n'aurait pas fait grand-chose.À lire aussiAfrica Corps, le groupe paramilitaire russe dans les pas de Wagner en Afrique?À lire aussiQuel avenir pour le groupe Wagner en Afrique après la mort d'Evgueni Prigojine?
Vendredi 16 août dernier, le Sénégal a franchi une étape historique en envoyant dans l'espace son tout premier satellite conçu et fabriqué par des ingénieurs sénégalais. Le microsatellite GAINDESAT-1A ou le Gaïndé – « lion » en wolof – a été lancé à bord de la fusée Falcon 9 de SpaceX depuis la base de Vandenberg, en Californie. L'objet spatial sera capable de recueillir des informations pour la gestion des ressources en eau au Sénégal. Professeur Gayane Faye est le coordonnateur du projet spatial sénégalais SenSat et répond aux questions de RFI. Tout d'abord, quelles sont les caractéristiques du satellite Gaïndé ?Pr Gayane Faye : Il y a plusieurs gammes. Le nôtre est un micro-satéllite qui pèse environ un kilo et qui est cubique avec des arêtes d'à peu près 10 cm. Donc c'est un satellite qui a une charge utile qui permet de faire deux missions : une mission pour la collecte d'informations et une mission pour l'imagerie, c'est d'ailleurs pour ça qu'on l'appelle GAINDESAT. L'acronyme signifie « Gestion automatisée et d'informations et de données environnementales ». Nous l'avons choisi car « Gaïndé » c'est aussi le lion, l'emblème du Sénégal.Et concrètement, quelles seront ses missions ?On a identifié deux missions principales. La première, c'est de la collecte d'informations. Pourquoi ? Parce que l'institut national - qui a en charge la collecte d'informations - a des stations à travers le Sénégal pour suivre les cours d'eau et les lacs au niveau national : les débits, les hauteurs d'eau et un certain nombre de paramètres. La première mission consistera à savoir, à chaque fois que le satellite passe au-dessus du Sénégal, d'aspirer les données qui ont été inscrites par les stations et les renvoyer à la station de contrôle à Dakar pour les mettre à disposition. Donc c'est un gain de temps, un gain d'énergie et un gain d'argent pour eux. La deuxième mission, c'est l'observation de la Terre. Ça va permettre d'avoir un certain nombre de données pour faire plusieurs applications autour de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche de la région côtière, du changement climatique, de la déforestation, des inondations, etc. En bref, il y a énormément d'applications dans le domaine de l'observation.Avec ce premier satellite, le Sénégal rejoint le club africain des États ayant lancé leur propre satellite, comme le Nigeria, l'Égypte ou encore récemment Djibouti. Dans ces pays, est-ce qu'on a pu y constater des résultats concrets ?Effectivement, dans certains pays, il y a des résultats. Par exemple, quand je prends le cas du Nigeria, ils ont une agence spatiale aujourd'hui où travaillent des milliers de personnes. Ils sont très en avance et parviennent à produire des effets sur la vie de la population. L'Afrique du Sud, pareil, l'Égypte également. Je prends le cas du Nigeria, qui travaille beaucoup sur l'utilisation des données de leur satellite pour l'agriculture, pour la gestion agricole. Donc ça c'est un cas pratique réel. J'ai des amis qui travaillent à l'Agence spatiale nigériane, la NASRDA, avec qui je discute beaucoup lors de rencontres dans les forums africains. Ils ont aujourd'hui une grande avance dans le domaine et ils parviennent à tirer profil spatial.L'intérêt pour le spatial en Afrique grandit. Il y a deux ans, l'Union africaine a même lancé un Forum annuel sur l'espace. Dr Faye, quel regard portez-vous sur la politique spatiale africaine, et surtout, que répondez-vous aux personnes qui estiment qu'il y a des projets plus urgents sur lesquels investir ?Le grand public ou la majeure partie des gens, quand vous parlez de spatial, ils pensent que c'est un luxe, ou bien que c'est juste une question géostratégique. Or le spatial est incontournable. C'est comme quand on parlait de l'informatique : aujourd'hui, c'est incontournable, on ne peut rien faire sans. Il y a une étude au niveau de l'Union africaine qui a été faite et qui montre que l'Afrique dépense énormément de milliards par an pour la question de produits de services spatiaux. Ça ne peut pas continuer. Donc le Sénégal a décidé d'entrer dans le spatial, mais pas n'importe comment ! Nous aurions pu nous contractualiser avec une organisation privée, leur donner une mission, ils fabriquent un satellite, ils lancent, et on l'exploite. Mais nous avons plutôt décider de miser sur nos propres ressources humaines. Parce que si vous voulez développer le spatial dans le pays, il faut avoir des ressources humaines capables de le porter. Et c'est pour ça que le Sénégal a misé sur ses ressources humaines et je pense que c'est la meilleure démarche.À lire aussiLe Sénégal lance son premier satellite en orbite
Les JO 2024, c'est fini. Ce lundi 12 août, l'heure est au bilan. Pour l'Afrique, il y a eu quelques déconvenues au triple saut et dans certaines courses de fond. Mais il y a eu une victoire historique dans les épreuves de sprint. La championne camerounaise Françoise Mbango est d'autant plus enthousiaste qu'elle a été elle-même médaille d'or olympique. C'était au triple-saut, à deux reprises, en 2004 et en 2008. Pendant ces deux semaines olympiques, vous avez pu l'entendre tous les jours comme consultante sur RFI. RFI : Quelle est la plus grande satisfaction pour l'Afrique au terme de ces Jeux olympiques ? Françoise Mbango : Inévitablement, la performance de Letsile Tebogo à 21 ans, qui offre à l'Afrique sa première médaille dans l'épreuve reine des 200m aux Jeux olympiques. On se souvient de Frankie Fredericks qui avait toujours fait de grandes prouesses au milieu des Américains au 100m, mais qui n'avait pas eu la possibilité d'accéder à la plus haute marche. Donc aujourd'hui, la médaille d'or de Letsile Tebogo au 200m est une victoire pour tout le continent africain.Est-ce qu'on salue le Botswana uniquement, ou est-ce qu'on salue aussi l'Afrique du Sud ?Bien sûr que l'on salue l'Afrique du Sud, puisque c'est le lieu où il a travaillé pour venir glaner cette médaille aujourd'hui.La grande reine du fond cette année, c'est une Kényane ?Effectivement, c'est une Kényane, Beatrice Chebet, qui a gagné le 5000 et le 10000m. On peut donc dire qu'elle est la reine des courses de fond. Bravo aussi à la Kényane Faith Kipyeong pour sa médaille d'or au 1500m.Quelles sont les satisfactions du côté des hommes pour les courses de fond ?Pour les courses des hommes, on va inévitablement saluer la performance du Marocain Soufiane el-Bakkali au 3000m steeple et, bien sûr, l'Ougandais Joshua Cheptegei au 10000m et l'Éthiopien Tamirat Tola au marathon.On remarque qu'au classement final des médailles, l'Éthiopie ne remporte qu'une seule médaille d'or, celle du marathonien Tamirat Tola. Est-ce que ce n'est pas une déception pour cette grande nation de la course de fond ?Quelque part, c'en est une, parce qu'ils nous ont habitué à gagner plus de médailles que ça. Mais aujourd'hui, les autres nations ont compris qu'il y a quelque chose qui se passe du côté du Kenya, où beaucoup aujourd'hui y vont pour s'entraîner. Mais les Éthiopiens devraient reprendre la main pour gagner encore plus de médailles, comme ils l'ont fait par le passé.En dehors de la course à pied, il y a bien sûr le triple saut et là, on attendait une médaille pour le Burkinabè Hugues Fabrice Zango. Vous êtes déçue ?Un tout petit peu. Dès le premier essai, moi, je l'ai vu tout de suite crispé sur ses appuis, sur ses hanches. Il n'a pas vraiment été relâché et n'a pas pu faire ce qu'il savait faire le mieux, se concentrer sur ses sauts.Et quand vous le verrez, qu'est-ce que vous lui direz ?Je lui dirai que ce qui lui a manqué à un moment donné dans la compétition, c'est de rester concentré sur ce qu'on sait faire de mieux et non vouloir faire des performances comme les autres. Ça l'a psychologiquement perturbé. Voilà pourquoi il a deux essais qui sont mordus. Il n'avait plus de repères.Au classement des médailles, le premier pays africain, c'est le Kenya qui arrive 17e avec quatre médailles d'or. Et le second, c'est l'Algérie qui arrive 39e avec deux médailles d'or. La gymnaste Kaylia Nemour est l'une de vos coups de cœur, quels sont les autres ?Le premier coup de cœur de ces Jeux olympiques, c'est le Cubain Mijaín Lopez, qui, pour sa cinquième participation aux Jeux olympiques, gagne sa cinquième médaille d'or à 41 ans dans l'épreuve de lutte. C'est vraiment extraordinaire. Autre coup de cœur, la performance de l'équipe de basket-ball du Soudan du Sud qui a marqué tous les esprits, ici aux Jeux olympiques. Comme quoi, on peut gagner sans avoir une médaille. Et je suis sûre que, dans les années à venir, c'est une équipe qui gagnera certainement une médaille aux Jeux olympiques. Et votre dernier coup de cœur, Françoise Mbango ?Le dernier, pour ne pas dire l'avant-dernier, c'est l'honneur qu'on a fait à toutes les figures emblématiques du sport français. On l'a vu à l'ouverture avec Marie-José Perec et Teddy Riner. Bien entendu, Léon Marchand, quatre médailles d'or pour un nageur à 22 ans en une olympiade, ça, c'est magnifique. Et Cyréna Samba-Mayela, qui a couru le 100m et a eu la seule médaille [française] en athlétisme aux Jeux olympiques. C'est sa façon de courir, sa détermination qui m'ont plu et ça m'a fait penser à Patricia Girard au JO de 1996. Ça a été vraiment un coup de cœur pour tout le Stade de France.Dans le 100m haies face à l'Américaine, favorite, elle n'a concédé qu'un 100e de seconde.Exactement. C'est une très belle médaille. Samba-Mayela, c'est une médaille d'argent qui vaut de l'or.Françoise Mbango, merci de nous avoir accompagnés pendant ces 15 jours de Jeux olympiques, est-ce que vous allez en garder un bon souvenir ?Un très très bon souvenir ! Déjà l'opportunité que m'a donnée RFI de pouvoir vivre ces Jeux, ces grands Jeux, et de pouvoir donc partager mon regard avec les auditeurs de RFI. Merci infiniment.À lire aussiCes athlètes qui ont marqué les JO 2024 à Paris
"Mieux veut être seul(e) que mal accompagné(e)" : En tant qu'introverties, ce proverbe s'applique à nous... la plupart du temps. Nous parlons ici des choses que nous préférons faire seule, et de celles que, pour des raisons personnelles ou pour le regard des autres
En Algérie, c'est dans un mois, jour pour jour, que la présidentielle aura lieu. Le chef de l'État sortant, Abdelmadjid Tebboune, affrontera deux autres candidats, Hassani Cherif du parti islamiste MSP, et Youcef Aouchiche du parti historique FFS. Est-ce qu'une alternance est possible, au moment où trois candidats recalés et 68 autres personnes viennent d'être arrêtés pour des accusations de trafic de parrainages de candidatures ? Akram Belkaïd est rédacteur en chef au Monde diplomatique et ancien chroniqueur au Quotidien d'Oran. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Lors de sa première candidature en décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune avait le soutien du chef d'état-major de l'époque, Ahmed Gaïd Salah, mais celui-ci est décédé. Est-ce que le président Tebboune a aujourd'hui le même soutien de la part du nouveau chef d'état-major Saïd Chengriha ?Akram Belkaïd : Au vu des événements de ces dernières années, on peut dire qu'effectivement, il y a une espèce de tandem qui s'est mis en place avec un président qui n'a pas souffert de contestations en interne et un chef d'état-major qui est tout aussi présent que son prédécesseur. Donc il suffit de regarder les informations en Algérie pour voir que l'activité du président de la République est bien couverte, mais que celle du chef d'état-major l'est tout autant. Donc, on a une espèce de tandem qui fonctionne plutôt bien et on n'a pas de signes de tension entre les deux partis.Quand Abdelmadjid Tebboune a été élu en 2019, l'Algérie était en plein bouillonnement politique, c'était le Hirak avec des milliers de personnes dans les rues tous les vendredis. Or, aujourd'hui, les Algériens semblent être retombés dans une profonde apathie. Comment expliquez-vous ce phénomène ?Oui, c'est la répression qui s'est mise en place. Beaucoup de gens sont en prison et le régime aujourd'hui, sa grande urgence, sa priorité, c'est d'empêcher que le Hirak ne renaisse. Et donc toute initiative, susceptible de créer de l'agitation ou de la contestation, est dûment combattue. Et c'est ce qui explique aussi cette apathie visible en Algérie.On vient d'apprendre que 71 personnes soupçonnées d'avoir trempé dans un trafic de parrainage de candidats ont été arrêtées sur décision du Parquet d'Alger. Parmi ces personnes, il y aurait trois candidats recalés pour la prochaine élection, notamment la femme d'affaires Saïda Neghza. Qu'en pensez-vous ?Là, on atteint un point totalement incroyable, je dirais. C'est-à-dire que même un processus de recherche de parrainages peut être entaché ou serait entaché par rapport à trois candidats qui, en plus, ne représentent presque qu'eux-mêmes. Donc c'est le genre d'épisodes qui, à mon avis, vont renforcer l'idée, dans l'esprit de nombreux Algériens, qu'il n'y a rien à gagner à aller s'aventurer dans le monde de la politique et de la contestation.D'où le risque d'une forte abstention le 7 septembre prochain ?Effectivement, l'abstention, c'est le point important. Ces derniers scrutins ont tout de même été marqués par une très, très, très forte abstention. Beaucoup d'Algériens sont très réticents à s'engager une nouvelle fois dans une contestation. Donc, la meilleure manière dans ce genre de situation, c'est de voter avec les pieds, de s'abstenir, de démontrer que ce n'est pas une raison pour aller offrir un plébiscite au candidat du pouvoir. Et donc le taux d'abstention sera un élément intéressant à analyser le soir du 7 septembre.Les deux seuls candidats autorisés à se présenter cette année face au président sortant, c'est Hassani Cherif du parti islamiste MSP, et Youcef Aouchiche du parti FFS, très implanté en Kabylie. Quelles sont leurs chances respectives ?À moins d'un séisme majeur dans la vie politique algérienne et dans les tréfonds du système, personne ne pense que ces deux personnes vont être élues. Soyons clairs là-dessus.Donc, vous avez deux personnalités qui représentent néanmoins des courants politiques importants dans la société. Hassani Cherif, c'est le Mouvement de la société pour la paix, c'est une certaine vision de l'islamisme, une certaine vision du nationalisme algérien aussi. Le Front des forces socialistes de Monsieur Aouchiche, ce n'est pas que la Kabylie, c'est aussi tout ce que l'Algérie peut compter comme esprit moderniste, laïc, plutôt engagé à gauche.Donc ce ne sont pas non plus des courants politiques marginaux. Et c'est d'ailleurs intéressant de voir que le régime a toléré ou a laissé faire et a accepté que ces deux courants puissent figurer.Donc ce ne sont pas simplement des cautions du régime ?On pourrait l'interpréter comme ça, mais je pense que ce serait être, je dirais, insultant à l'égard de ces deux hommes politiques, parce qu'ils représentent des mouvements politiques réels, et je pense qu'eux-mêmes ne sont absolument pas dupes du résultat à venir. Mais ce sont deux partis, le MSP et le FFS, qui ont estimé qu'il valait mieux être présents dans ce scrutin plutôt que de le boycotter. Parce que la vie politique algérienne est tellement compliquée quand vous êtes dans l'opposition, quand vous n'êtes pas dans le sérail, que le fait de pouvoir participer à une campagne électorale pour la présidentielle est une opportunité à ne pas gâcher.À lire aussiPrésidentielle en Algérie: «il n'y a pas d'alternative crédible» à Abdelmadjid Tebboune
durée : 00:04:13 - Les P'tits Bateaux - par : Camille Crosnier - Existe-t-il des contes avec des belles-mères gentilles ? Effectivement, comme se le demande Victoria, les belles-mères n'y sont pas toujours les plus bienveillantes. Bernadette Bricout, experte en contes de princesses et de belles-mères, répond. - invités : Bernadette BRICOUT - Bernadette Bricout : Professeure de littérature orale et chargée de mission "Cultures du Monde" de l'Université Paris Diderot - réalisé par : Stéphanie TEXIER
Les migrants sont deux fois plus nombreux à mourir dans le Sahara que dans la mer Méditerranée, selon des experts du Haut-commissariat aux réfugiés et de l'Organisation internationale pour les migrations, qui ont recueilli, ces trois dernières années, les témoignages de quelque 30 000 survivants de cette traversée du Sahara. Vincent Cochetel est l'envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée occidentale et centrale. En ligne de Genève, il décrit le calvaire que vivent les migrants, hommes et femmes, sur ces routes de la mort. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : D'après les témoignages que vous avez recueillis auprès des migrants, ce qu'ils craignent le plus, ce sont les violences physiques. Quel type de violence ?Vincent Cochetel : Des violences par des bandes criminelles qui essaient de dépouiller les migrants et les réfugiés de toute leur possession pendant ces voyages périlleux. Ça s'ajoute en plus à des contraintes de type travail forcé pour certains, exploitation sexuelle pour les femmes. Donc, c'est ce type de violence physique auquel on se réfère.Est-ce que les femmes migrantes qui traversent le Sahara peuvent échapper au viol ?Elles peuvent échapper au viol et elles développent entre elles des stratégies de protection, en voyageant à l'intérieur de groupes un peu plus larges. Mais là encore, malheureusement, une fois que ces gens-là arrivent en Afrique du Nord, on s'aperçoit que beaucoup ont déjà fait l'objet de sévices le long des routes.Alors qui sont les agresseurs de ces migrants, est-ce que ce sont les passeurs ou d'autres individus ?Il s'agit de bandes armées criminelles qui voient le caractère vulnérable de ces personnes et essayent d'en profiter, d'en profiter de toutes les manières possibles. Parfois, ces bandes criminelles sont liées aux passeurs et aux trafiquants, qui eux essayent de retenir dans des centres de détention informels les migrants et les réfugiés de façon à pouvoir extorquer de leurs familles un peu plus d'argent. Ça, ce sont les principaux acteurs de ces violences et de ces abus. Mais on a aussi des officiels qui sont des gardes-frontières, qui sont des gardiens de prison, qui sont des responsables des services des migrations, qui font subir aux migrants et aux réfugiés sur ces routes malheureusement des violations.Alors quand un migrant paye un passeur pour traverser le Sahara, il n'est pas du tout sûr que le passeur honore ce contrat ?Non, c'est rarement le cas. Beaucoup de passeurs aujourd'hui disent même aux migrants et aux réfugiés : « Partez maintenant, vous pourrez payer après, vous n'avez pas besoin d'avancer de l'argent ». On voit le développement un peu de ce type d'offre alléchante des passeurs. En réalité, très rapidement, les gens vont être soumis à un travail forcé de façon à rembourser leur dette. Et étape par étape, le coût va augmenter.Est-ce qu'il arrive que les migrants soient abandonnés au milieu du désert ?Effectivement, ou parce qu'ils sont malades, ou parce qu'il y a un problème avec le passeur, parfois même ces migrants et réfugiés, quand ils sont tombés du camion dans lequel ils étaient, ces passeurs ne vont pas les ramasser. Parfois, il y a un problème avec le camion et donc ,tout le monde est débarqué et les passeurs se sauvent, abandonnant les gens au milieu de nulle part.Dans votre rapport, vous écrivez que tous ceux qui ont traversé le Sahara peuvent nous parler de personnes qu'ils connaissent, qui sont mortes dans le désert…Oui, toutes les personnes qu'on interviewe ont vu au moins des cadavres dans le désert, et parfois, ils connaissent des gens qui ont commencé le voyage avec eux, qui sont décédés au cours de ce voyage-là. Ce qui nous laisse à penser qu'effectivement les morts le long des routes terrestres sont beaucoup plus importants que par les voies maritimes.Et vous allez jusqu'à penser qu'il y a deux fois plus de morts dans le Sahara que dans la mer Méditerranée ?C'est tout à fait ça. C'est sur la base des témoignages qu'on recueille. C'est un rapport qui est quand même fondé sur plus de 31 000 interviews avec des migrants et des réfugiés. Ça constitue une base solide de preuves pour étayer cette supposition.Alors longtemps, le couloir Niger-Libye a été bloqué par les autorités de Niamey, qui, avec le soutien de l'Union européenne, ont réprimé le trafic au niveau d'Agadez. Mais depuis que cet accord avec l'Union européenne a été dénoncé par la junte au pouvoir à Niamey, c'était en novembre dernier, est-ce que les migrants repassent très nombreux par ce couloir ?Ils repassent par ce couloir, mais pas simplement par ce couloir. Ils passent aussi vers l'Algérie dans les deux sens. Un petit peu moins du Tchad vers le Niger, mais effectivement les mouvements à travers le Niger pour aller en Libye ont repris.Et est-ce que les migrants qui traversent le Sahara sont de plus en plus nombreux chaque année depuis 2020 ?Oui, cette année, on voit une augmentation avec ce changement de législation au Niger, on voit beaucoup plus de mouvements vers le Niger. Mais effectivement, les crises, tant dans le Sahel, au Mali, au Burkina Faso, qu'au Soudan, sont vraiment des méga crises qui affectent des millions de personnes. Tous ne vont pas vers l'Afrique du Nord. On voit aussi des gens aller vers le golfe de Guinée. Mais il est certain que l'espace saharien restera un espace de passage pour les réfugiés et les migrants en quête de vie meilleure ou de sécurité.À lire aussiLa traversée du Sahara plus mortelle pour les migrants que celle de la Méditerranée, selon l'ONU
En RDC, la ville de Kanyabayonga, considérée comme un verrou stratégique contrôlant l'accès au grand nord dans l'est du pays, notamment à Butembo, la plus grande ville du Nord-Kivu dans la région, ou encore à Beni, dans l'Ituri, est tombée aux mains du M23 soutenu par le Rwanda, samedi 29 juin, la veille de la commémoration du 64e anniversaire de l'indépendance de la RDC. Quelles conséquences, de quelle marge de manœuvre dispose le président congolais ? Pierre Boisselet coordonne les recherches sur la violence au Congo pour l'Institut Ebuteli, basé à Kinshasa et partenaire du Groupe d'études sur le Congo, de l'université de New York, répond aux questions de Esdras Ndikumana. RFI : Pierre Boisselet, est-ce qu'on peut parler d'un coup dur politique et stratégique pour le président de la RDC, Félix Tshisekedi, à la veille de la commémoration de l'indépendance du pays ? Pierre Boisselet : Je relativiserai peut-être un tout petit peu l'importance stratégique de Kanyabayonga. C'est vrai que c'est un nœud de communication, mais en fait ces routes-là étaient déjà très largement contrôlées par le M23. Donc, en soi, la chute de Kanyabayonga n'a pas forcément un impact très important sur la capacité à communiquer entre Goma et les villes du Grand Nord que vous avez cité.Butembo et Beni... Et sur le plan politique, qu'en est-il ? C'est vrai que ça a une importance politique et symbolique très grande, notamment parce que, en fait, ça faisait plusieurs semaines que les Forces armées de la RDC (FARDC) et les groupes armés qui leur sont alliés, dits « Wazalendo », essayaient d'empêcher en fait le M23 de la prendre, et c'est vrai que cette ville, c'était un peu le verrou qui empêchait le M23 de pénétrer sur le territoire de Lubero. Et ça, c'est important, entre autres raisons, parce que le M23 précédemment, et notamment dans la crise de 2012, 2013, n'avait jamais pénétré dans ce territoire.À ce propos justement, la chute de Kanyabayonga, « c'est comme une digue qui lâche », selon les mots d'un analyste congolais, qui a parlé d'une série de villes qui sont tombées comme un château de cartes dans la foulée. Et c'est aussi votre impression ? Oui, il y a plusieurs localités qui sont tombées très vite après. On peut citer notamment Kayna et Kirumba. Effectivement, la progression du M23 après la chute de Kanyabayonga a été très rapide.Alors, les FARDC sont accusées par une partie de la population d'avoir fui sans combattre et notamment à Kirumba justement, la plus grande agglomération de la région. Comment peut-on l'expliquer ? Alors, effectivement, on a des informations qui nous viennent du front aussi, qui vont dans ce sens. C'est dû aux faiblesses des FARDC, qu'il y a un manque d'encadrement, de gouvernance, d'équipements et d'organisation assez largement, et ce sont des choses qu'on avait déjà vues par le passé dans cette crise du M23. Il faut peut-être ajouter aussi, pour être juste, que dans cette crise, les FARDC font non seulement face au M23, mais aussi à l'armée rwandaise et dont on sait qu'elle est extrêmement bien organisée et extrêmement bien équipée. Les experts de l'ONU affirment que l'armée rwandaise est aussi nombreuse, sinon plus, que les troupes du M23 en RDC actuellement.Le nouveau développement militaire survient après des mois d'accalmie dans la région. Vous l'avez évoqué à propos de renforts rwandais, de soldats rwandais qui se trouvent dans le Nord-Kivu. C'est ce qui explique ce qui se passe aujourd'hui ? Ces renforts, dont les experts ont parlé, datent d'il y a plusieurs mois, vraisemblablement. Donc, cette explication seule n'explique pas forcément pourquoi il y a eu cette percée au niveau de Kanyabayonga. Mais ce qui me frappe, c'est que d'une part, on l'a dit, c'est arrivé à la veille de la fête nationale congolaise. Et je note aussi que c'est arrivé quelques jours après l'annonce du Médiateur de cette crise, le président angolais Lourenço, qui avait annoncé que les présidents congolais Tshisekedi et rwandais Kagame devaient se rencontrer prochainement. La Première ministre de la RDC, Judith Suminwa, a tout de suite dit qu'il n'était pas question de négocier avec les agresseurs. Voilà, on peut se poser la question s'il ne s'agit pas de renforcer encore la pression au niveau militaire pour contraindre le gouvernement congolais à négocier.La Première ministre, Judith Suminwa, a réaffirmé le refus de la RDC de négocier avec le Rwanda. La montée en puissance promise par le gouvernement n'a pas donné de fruits jusqu'ici. Est-ce qu'on peut parler d'une véritable impasse ? D'un côté, le M23 et le Rwanda semblent compter sur leur supériorité militaire et jugent qu'ils sont en capacité de contraindre le gouvernement congolais à des concessions. Et de l'autre, le gouvernement congolais se veut intransigeant, ce qui d'ailleurs correspond à la volonté de nombreux Congolais. Et donc, ça explique que ces négociations soient sans cesse repoussées et que dans l'intervalle, le conflit continue.Félix Tshisekedi a annoncé lors de son discours à la Nation qu'il a donnée des instructions claires et fermes pour la sauvegarde de l'intégrité territoriale du pays. Quelle est sa marge de manœuvre réellement ? On ne sait pas vraiment quelles sont ses instructions, donc c'est assez difficile de les commenter. Mais, effectivement, on a le sentiment que sa marge de manœuvre est assez réduite. En fait, le gouvernement congolais a joué beaucoup de cartes jusqu'à présent. Il a considérablement augmenté le budget de sa défense, il a recruté des sociétés militaires privées, il a décidé de s'appuyer sur les groupes armés locaux « Wazalendo ». Il a aussi sollicité l'intervention de pays de la région... Tout ceci a déjà eu lieu d'une certaine manière, sans qu'on voie d'avancées décisives jusqu'à maintenant au profit de l'armée congolaise. Et donc c'est assez difficile de voir quelles sont les cartes qui lui restent encore à jouer aujourd'hui.
Bienvenue dans un nouvel épisode du Book Club ! Vous le savez, tous les mois, je pars à la recherche d'un livre à vous recommander. Et aujourd'hui, je vous ai trouvé une pépite. J'ai d'abord hésité à vous proposer ce livre parce que c'est un énorme pavé (il faut se le dire !) mais c'est un pavé absolument génial.Laissez-moi vous expliquer pourquoi.Le livre que j'ai choisi pour ce mois de juin 2024 est celui du psychologue américain, Daniel Kahneman, qui en français s'appelle : Système 1, système 2 : Les deux vitesses de la pensée et en anglais s'intitule Thinking fast and slow.Ce fameux Daniel Kahneman, qui est-il ?Il a gagné un prix Nobel d'économie et vous allez me dire, “c'est bizarre, c'est un psychologue et il gagne un prix Nobel d'économie ?”. Effectivement, il a travaillé pendant des années sur la psychologie et notamment la psychologie comportementale. Il s'est rendu compte qu'on avait énormément de biais cognitifs dont nous ne sommes pas conscients et qui vont influer considérablement nos décisions et notamment nos décisions économiques, en matière d'achat par exemple.Il a donc beaucoup travaillé sur ce sujet et a contribué à créer avec Amos Tversky, l'économie comportementale, ce qu'on appelle en anglais “behavioural economics”, qui est issue, en fait, de la psychologie. C'est vraiment un courant de pensée de psychologie qui est devenu applicable en économie, mais aussi dans la vie quotidienne et c'est ça qui est très intéressant dans ce livre ! Bref, ce livre est absolument passionnant : vous allez apprendre à reconnaître vos propres biais cognitifs, à maîtriser votre cerveau et faire les bons choix dans votre vie de tous les jours. N'hésitez pas à me partager vos ressentis sur les réseaux sociaux sur Instagram ou LinkedIn, je serais ravie d'échanger avec vous sur ce sujet ! Bonne lecture :) Notes et références du Book-ClubPour retrouver le livre : Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée de Daniel Kahneman(lien affilié Fnac)1. Faites vous coacher par moi !DEMIAN, un concentré de 10 ans d'expérience d'entrepreneur. Les formations DEMIAN vous apportent des outils et méthodes concrètes pour développer votre projet professionnel. Il s'agit d'un concentré maximal de valeur et d'expérience pour qu'en quelques heures vous gagniez l'équivalent d'années de travail. Découvrez DEMIAN !2. La NewsLa News du vendredi est une mini newsletter pour vous nourrir en plus du podcast. C'est une newsletter très courte, à lire en 5mn top chrono de ce qui m'a marqué dans les dernières semaines : livres à lire, réflexions, applis à télécharger, citations, films ou documentaires à voir etc. Pour la recevoir, il n'y a qu'à s'abonner à la newsletter sur mon site !3. Des conseils concrets sur ma chaîne YouTubeEnvie de lancer votre propre podcast ? De bénéficier de conseils sur quel matériel utiliser ? Ma nouvelle chaîne YouTube est faite pour vous !4.Contactez-moi ! Si le podcast vous plaît, le meilleur moyen de me le dire, ou de me faire vos feed-backs (et ce qui m'aide le plus à le faire connaître) c'est simplement de laisser un avis 5 étoiles ou un commentaire sur l'application iTunes. Ça m'aide vraiment, alors n'hésitez pas :)Pour me poser des questions ou suivre mes tribulations c'est par ici :Sur Instagram @paulinelaigneauSur LinkedIn @pauline LaigneauSur YouTube Pauline LaigneauVous pouvez consulter notre politique de confidentialité sur https://art19.com/privacy ainsi que la notice de confidentialité de la Californie sur https://art19.com/privacy#do-not-sell-my-info.
Vous saviez qu'une personne qui a une vision défaitiste de son propre potentiel risque de vivre plus d'échecs que celui qui s'attend à réussir. Effectivement, le sentiment de compétence influence votre motivation, votre confiance en vous et vos performances globales. Découvrez dans notre épisode #227 des outils et des techniques pour développer votre sentiment de compétence et transformer votre quotidien ! ********* Référence aux podcasts cités : #91 J'expérimente le flux , #81 Je pratique le woop, #186 je soigne mes stratégies d'évitement, #191 J'arrête d'éviter quand j'ai peur , #24 Je reconnais mes talents, #83 J'arrête de ruminer, #20 j'adopte la gratitude, #29 Je dépasse mes croyances, #141 Je ne peux pas plaire à tout le monde, #160 Je réussir à vaincre la honte, #52 Je pratique l'autorité bienveillante. ******** Pour vous inscrire à nos podcasts premium c'est par ici ********** Retrouvez le texte de l'épisode sur notre blog. Abonnez-vous sur Itunes pour recevoir les notifications et en nous laissant un avis, vous nous envoyez des bulles de bonheur ! Suivez notre actu sur FB @2minutesdebonheur et sur insta @2minutesdebonheur, vous profiterez gratuitement de pleins de trucs, d'astuces et de mises en pratique liés au podcast de la semaine. Inscrivez-vous à la newsletter, vous serez ainsi notifié de nos nouveaux épisodes et vous recevrez un bon de réduction de 5% sur notre site. Et surtout, partagez nos épisodes à tous ceux qui veulent prendre le temps d'être heureux !
Beaucoup de jeunes ou d'étudiants travaillent l'été ☀️ ou même pendant l'année scolaire pour financer leurs études, leurs projets personnels ou simplement leur vie quotidienne. Nous parlons de nos diverses expériences plus ou moins réussies en tant que serveuses, réceptionniste ou autres, avec beaucoup d'anecdotes amusantes et intéressantes sur les petits boulots d'étudiants en France. Interactive Transcript and Vocab Helper Support Easy French and get interactive transcripts, live vocabulary and bonus content for all our episodes: easyfrench.fm/membership Show Notes
Le 19 mai 2015, Mademoiselle Jade n'en revenait pas de la présence de Valéry Giscard d'Estaing au Festival de Cannes. Effectivement, ce dernier justifiait sa présence en prétendant que sa venue est une quête à la pépite culturelle. Tous les jours, retrouvez en podcast une archive des meilleures imitations de Laurent Gerra.
En mars 2016, une créatrice de mode était à l'origine d'une "cape hérisson", permettant de tenir à distance les importuns dans les transports en commun. De son côté, Karl Lagerfeld ne semblait absolument pas concerné par cette innovation. Effectivement, il ne met pas les pieds dans le métro à cause des odeurs "qui émanent de tous ces gens"... Tous les jours, retrouvez en podcast une archive des meilleures imitations de Laurent Gerra.
Julien: Bon bah le médecin m'a fait faire une radio de la main… Effectivement j'ai le doigt complètement cassé.Louise: Aïe aïe aïe, j'aimerais vraiment pas être à ta place… Tu dois tellement souffrir !Julien: C'est vrai que je ne passe pas un super moment à cause de la douleur… Mais bon ça me fera des souvenirs.Louise: Ouais mais j'aurais préféré en créer de plus sympa, genre partir en vacances à la mer. C'est plus amusant que les urgences. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.