Une découverte de l'aventure des écritures, du hiéroglyphe à l'alphabet, des supports de l'écrit et de l'histoire du livre depuis les manuscrits jusqu'au livre numérique en passant par toutes les formes de l'imprimé. Des fiches synthétiques richement illustrées retracent les temps forts de cette ave…
Bibliothèque nationale de France
Les plus anciens vestiges de l'écriture chinoise (on les date à partir du XIVe siècle avant notre ère) témoignent de la relation originelle entre la divination et l'écriture : le devin apposait des tisons incandescents sur la face interne d'un plastron de tortue, puis interprétait les craquelures produites par la chaleur sur la face externe ; il consignait ensuite le résultat de sa divination sur la carapace, à proximité des craquelures. Il utilisait pour cela un système pictographique cohérent, même si les graphies n'en étaient pas encore stabilisées. À partir du XIIe siècle avant notre ère, des inscriptions fondues dans le bronze des vases rituels permettent de suivre l'évolution de l'écriture. À la fin du IIIe siècle avant notre ère, l'empereur Qin Shihuang (221-210), dans sa volonté d'unification de la Chine, demande à son ministre Li Si de mettre un terme à la prolifération anarchique des caractères. Li Si établit une liste de 3 000 caractères dont il fixe la forme. Le nombre de caractères toutefois ne va cesser d'augmenter, il dépasse aujourd'hui 50 000 signes, dont 3 à 6 000 d'usage courant ; cette tendance à la prolifération, répondant à un enrichissement permanent du lexique, est rendue possible par la nature même des caractères. Elle explique la grande pérennité de cette écriture. C'est l'écriture qui confère sa permanence à la civilisation chinoise, c'est elle qui assure durant plus de trois millénaires l'unité d'un territoire aussi vaste qu'un continent. C'est elle qui permet la transmission de génération en génération des trésors du savoir et de la pensée et garde vivante l'empreinte des gestes des ancêtres.
Objet d'un long et difficile apprentissage, l'art calligraphique est aussi tenu dans la tradition chinoise comme un art spirituel, une méthode de perfectionnement de soi. Au delà du geste, le mouvement du calligraphe tout entier tend vers l'équilibre de l'esprit. Dès la fin des Han, l'écriture chinoise a suscité de la part des lettrés une démarche esthétique originale en raison de la valeur accordée au signe et de la capacité qu'on lui reconnaît de figurer l'ordre caché des choses. La tradition la fait naître avec Zhang Zhi (vers 150) qui, transgressant les règles du simple bien écrire et s'affranchissant du souci de lisibilité, invente la cursive. La calligraphie s'érige alors peu à peu en art, détournant l'écriture de sa fonction première pour privilégier une subtile recherche plastique. Sous la dynastie des Tang (618-907) s'établit un lien entre l'art calligraphique et la peinture et quelques siècles plus tard, sous les Yuan (1279-1368), avec la poésie. Toute écriture quel que soit son style relève de la calligraphie. L'art des maîtres calligraphes des époques anciennes ne nous est connu que par des copies réalisées au pinceau ou des estampages montés en albums utilisés comme modèles. Avec l'extension de l'usage du stylo, au XXe siècle , les rapports étroits qui existaient entre la pratique de l'écriture et celle de la calligraphie se sont rompus. Désormais, écriture courante et écriture artistique au pinceau constituent deux domaines distincts. Objet d'un long et difficile apprentissage, l'art calligraphique est aussi tenu dans la tradition chinoise comme un art spirituel, une méthode de perfectionnement de soi. Au delà du geste, le mouvement du calligraphe tout entier tend vers l'équilibre de l'esprit, la justesse du tracé devient harmonie avec l'univers.
À travers les récits de chevalerie de la légende arthurienne, un nouveau genre littéraire est en train de naître : le roman. L'univers chevaleresque mis en scène dans la légende arthurienne relève d'une "chevalerie de littérature" : la Bretagne y est une terre de fiction, de merveilles et d'enchantement, et l'occupation principale du roi Arthur est d'écouter les récits que lui rapportent ses chevaliers. À travers ces récits, ces éclats, ces prouesses, c'est aussi un nouveau genre littéraire qui est en train de naître : le roman, associant avec une liberté nouvelle la chevalerie à l'artifice, une chevalerie très codifiée avec ses valeurs et ses lieux emblématiques.
L'amour, l'errance, le merveilleux, la folie, le sang et les batailles…sont autant d'éléments de la quête du chevalier qui font de lui un héros de légende qui continue de faire rêver. On imagine le chevalier tout habillé de son armure fer, assis sur son noble destrier et partant à l'assaut d'étranges châteaux, armé de son épée et de sa lance. Il fait alors la rencontre d'étranges personnages qui le mettent à l'épreuve, au fond des forêts… Il combat aussi lors des tournois, devant des Dames qui ont le regard empli d'amour. Il s'assoit encore à la Table ronde du grand roi Arthur, le roi qui porte la célèbre épée Excalibur. Le chevalier, c'est aussi un homme qui relève d'un ensemble de codes, de valeurs engagées dans l'aventure de la quête héroïque, ponctuée d'épreuves, couronnée de prouesses. L'amour, l'errance, le merveilleux, la folie, le sang et les batailles… sont autant d'éléments de sa quête qui font de lui un archétype du héros occidental, un héros de légende qui continue de faire rêver.
Présenté comme le roi des Bretons par les historiens de la première moitié du XIIe siècle, Arthur est surtout un mythe littéraire, celui d'un roi conquérant capable de vaincre l'empereur de Rome et d'imposer la foi chrétienne à l'Angleterre. Un récit inscrit dans l'univers romanesque avec Chrétien de Troyes, sans cesse recréé par le cinéma et la littérature, où se côtoient histoire et imaginaire, guerre et enchantement, amour et quête chevaleresque. La naissance d'Arthur, orchestrée par Merlin, entourée de mystère, se révèle propice au développement de l'imaginaire. Fils du roi légendaire Uterpendragon et d'Ygerne, épouse du duc de Cornouailles, vassal du roi, remis entre les mains de Merlin qui le fait élever comme un chevalier auprès du seigneur Antor, il vit dans l'anonymat, ignorant lui-même son identité. Comme beaucoup de grands héros, Arthur naît à lui-même lors d'une épiphanie héroïque : il retire l'épée du roc, et avec l'exploit tombe le voile de l'identité : la légende peut alors commencer. Arthur sera célébré par les populations et ses exploits fourniront matière aux récits de conteurs. Chantée par les bardes gallois dès le VIIe siècle, inscrite dans l'univers romanesque avec Chrétien de Troyes, sans cesse recréée par le cinéma et la littérature, véhiculant des valeurs de courage, de prouesse et de loyauté, la légende arthurienne n'a cessé de susciter réinterprétations et transformations. Autant de récits où se côtoient histoire et imaginaire, guerre et enchantement, amour et quête chevaleresque. Autant d'images qui peuplent la mémoire des hommes : le Graal, l'épée d'Arthur, la lance qui saigne, le retour du roi Arthur…
Il est proposé de faire découvrir aux élèves les structures et les formes du récit dans la bande dessinée à travers un parcours pédagogique en six étapes et sept documents. À la suite de ce parcours, les élèves peuvent concevoir des scénarios à partir de situations littéraires ou historiques.
L'univers de l'enfant est peuplé de personnages imaginaires, doubles de lui-même, qui l'entraînent dans un monde merveilleux, ou le font voyager par des chemins semés d'obstacles. Sages ou fous, appliqués ou rebelles, héros victimes ou anarchistes en rupture de ban, tendres, abandonnés ou intrépides sans concession, désireux d'intégration ou poètes d'une langue imaginative et joueuse, c'est dans un très large spectre d'attitudes que se déploie la fresque des personnages de la littérature de jeunesse. À chaque génération ses favoris ? Pas toujours… Nombreux sont ceux qui enjambent les époques, remis au goût du jour par l'illustration et souvent adaptés en bande dessinée, film ou dessin animé. Le héros passe alors devant son auteur : on connaît Robinson, mais quel enfant lit encore Daniel Defoe ? Et Mark Twain, Kipling, Lewis Carroll, J.-M. Barrie, Hector Malot ?… Robinson, Tom Sawyer, Mowgli, Alice, Peter Pan, Rémi sont devenus des archétypes et n'en finissent plus d'engendrer des avatars.
L'histoire du livre de jeunesse est liée à l'histoire de l'éducation et à l'évolution des connaissances sur le développement de l'enfant. Déjà au XVIe siècle, Érasme, dans son traité sur l'éducation, recommandait l'utilisation pédagogique de l'image. Éduquer en distrayant était aussi l'objectif de Perrault qui destinait ses Contes de ma Mère l'Oye (1697) à « instruire les enfants ». Un siècle plus tard, Fénelon célèbre dans son Télémaque les valeurs enfantines et adolescentes. J.-J. Rousseau, avec l'Émile, entérine cette nouvelle vision de l'enfant, chargée d'affectivité. Au XIXe siècle, les lois réformant l'enseignement donnent un coup de fouet à l'édition jeunesse. Des éditeurs comme Hachette ou Hetzel lancent des collections pour les 3-6 ans, avec des images à leur hauteur et un langage simplifié. Ce nouveau regard sur le petit enfant va se nourrir au cours du XXe siècle des recherches sur le développement de l'enfant..
Une fiche pédagogique téléchargerable en PDF sur le thème de l'album. Aujourd'hui, et de façon grandissante depuis la fin des années 1960, l'album pour enfants est devenu un champ de création littéraire et artistique d'une extraordinaire richesse où auteurs, dessinateurs, peintres, graphistes exercent leurs talents, réinventant sans cesse les associations de l'image et du texte. La fiche propose une histoire de l'album en quelques dates marquant des temps forts d'innovation.
Les nombreux ouvrages médiévaux consacrés aux animaux dérivent du Physiologus. Ce texte grec du IIe siècle, associant des citations de la Bible à des descriptions d'animaux, a créé une typologie chrétienne à partir de la juxtaposition d'une image zoologique et d'un emblème christique. Les bestiaires ont pour objectif l'édification du chrétien. Ils sont destinés à servir de support à la prédication et permettent d'interpréter les représentations sculptées de l'art roman. Repris en quelque sorte dans des compilations encyclopédiques, les bestiaires vont s'enrichir de l'apport de naturalistes comme Aristote redécouvert au XIIIe siècle, mais conserveront une tonalité très religieuse. La traduction en français élargira leur diffusion à l'aristocratie laïque. Un autre type d'ouvrages met en scène des animaux, mais pour projeter sur eux les qualités et les défauts des hommes et élaborer une critique de la société et du pouvoir, en énonçant ou en sous-entendant une morale. Ce sont les fables et les satires, de tradition ancienne ; ainsi le Roman de Renart ou le Roman de Fauvel. La littérature sur les animaux prend un tournant au xive siècle avec l'apparition des livres de chasse, qui répondent à la curiosité de l'homme pour les bêtes qu'il chasse. Les descriptions alimentées par l'observation et l'expérience sont précises et réalistes, et des conseils techniques sont prodigués. Enfin, les calendriers des livres de prières, essentiellement XVe-début XVIe siècle, sont remplis d'animaux de la vie quotidienne rurale, illustrant les travaux des mois à la campagne.
La fiche présente la longue histoire du livre, marquée par trois révolutions décisives, du rouleau de papyrus au codex de parchemin, du codex manuscrit au livre imprimé, du livre imprimé aux supports numériques. Qu'est-ce qu'un livre ? Peut-il encore se définir autour du projet de transmettre un texte et d'en garantir la disponibilité sur la longue durée ? Doit-on lui reconnaître un pouvoir singulier de mise en ordre du monde ? Le livre est-il toujours un vecteur privilégié de savoir, de connaissance, de culture, un instrument sans équivalent d'apprentissage ? La fiche propose plusieurs approches du livre. On ne cesse aujourd'hui d' annoncer la mort du livre, fatalement concurrencé par les nouveaux media. Il est vrai que l'une de ses fonctions principales depuis l'Antiquité, à savoir la diffusion des textes, est aujourd'hui avantageusement assurée par les supports numériques. Pourtant, les importantes révolutions qui jalonnent l'histoire du livre plaident en faveur de son infinie capacité d'adaptation. Quoi qu'il en soit, le livre a contribué si largement à notre organisation des savoirs, à notre classement des connaissances qu'il a produit des modalités d'apprentissage et d'enseignement qui continuent de façonner notre imaginaire culturel. L'essor des nouveaux supports numériques interroge ces héritages et cette interrogation trouve un écho particulier au sein des débats en cours sur l'avenir de l'école…
Étrange bibliothèque que celle retrouvée à Qumrân. Neuf cents rouleaux (et sans doute davantage) retrouvés dans des grottes, certains roulés dans des jarres. Ils représentent un panorama éblouissant, partiellement inconnu jusque lors de la littérature juive du Ier siècle. La coexistence entre les Juifs et les autres habitants de l'Empire romain – les citoyens des cités grecques, les troupes romaines, les populations locales que les Juifs rencontrent dans les marchés, gymnases, bains ou théâtres – n'est pas aisée au cours du ier siècle. Les attitudes de rejet se multiplient de part et d'autre.
Le recueil biblique tel qu'il nous est parvenu n'a conservé que des morceaux choisis d'un très vaste corpus dont nous avons pu mesurer l'ampleur grâce aux découvertes de Qumran. C'est au terme d'un processus de choix et de rejet que s'est constitué le texte officiel ou "canon". Ce choix s'est effectué sur plusieurs siècles. Le texte du Pentateuque s'est fixé en premier autour de la période de l'Exil au VIe siècle avant notre ère. Les livres des Prophètes ont été fixés vers le IIe siècle. Le canon fut définitivement clos à la fin du Ier siècle de notre ère au terme de longues discussions sur le caractère inspiré des livres. De nombreuses aventures jalonnent l'histoire de la transmission des textes, de leur naissance à leur réception en passant par leur fixation, leur vraisemblable altération, leur possible disparition ou leurs innombrables réécritures ! Dans la longue histoire du texte biblique, dont les premiers rudiments semblent remonter au début du Xe siècle avant notre ère, la découverte de Qumrân nous rapproche de plus de treize siècles de la naissance présumée de ces textes. Avant la découverte de Qumrân, en effet, les plus anciens exemplaires de la Bible hébraïque conservés remontaient au Xe siècle… de notre ère. Antérieurs aux fixations canoniques qui vont marquer les premiers siècles de notre ère, les documents retrouvés à Qumrân attestent d'un foisonnement de textes : la Bible encore en devenir s'y révèle achevée mais non déjà figée, laissant deviner à travers ses variantes différentes familles de transmission des textes hébreux engouffrées dans l'aventure de la traduction et de la diversité des langues. Ils nous signifient de manière éclatante que le texte « original » est bien un mirage puisque, au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'origine présumée, l'importance des variantes ne cesse d'augmenter.
Les restes de quelque 900 manuscrits ont été retrouvés dans onze grottes, sous la forme de centaines de milliers de fragments… De nombreuses questions président à l'extraordinaire saga de la découverte des manuscrits de la mer Morte, saga aux enjeux multiples qui depuis près de soixante ans suscite débats et questionnements sans cesse renouvelés à mesure que la recherche avance…Car cette découverte considérée comme la plus importante découverte archéologique du XXe siècle n'en finit pas d'interroger les fondements du judaïsme et du christianisme.
Dans l'histoire de l'égyptologie, Prisse d'Avennes apparaît comme une figure à part : touche-à-tout aux multiples talents, à la fois ingénieur, architecte, archéologue, ethnologue, égyptologue, peintre et dessinateur, il semble inclassable à tel point que son nom aujourd'hui, hormis le papyrus qui lui est attaché, est injustement tombé dans l'oubli. Il faut croire que la multiplicité même de ses dons a nui à la postérité de ce dilettante de génie, trop ignoré des livres d'histoire. Pourtant, les spécialistes actuels lui reconnaissent, par l'apport de ses ouvrages et travaux, un rôle important dans l'égyptologie de son temps. Il rapporta aussi quelques trésors inestimables, dont une chambre funéraire du temple de Karnak, désormais visible au Louvre, et le papyrus qui porte son nom, qualifié de « plus vieux livre du monde », dont la BnF est l'heureuse dépositaire. Mais avant tout, ce qui se dégage de ce personnage hors du commun, c'est l'image d'un vrai aventurier à la curiosité insatiable et au caractère bien trempé, tel qu'on pouvait en croiser au début du XIXe siècle. L'orientalisme tant à la mode et l'égyptologie naissante voyaient alors fleurir des vocations de savants et d'artistes voyageurs ; ceux-là même qui contribuèrent à enrichir considérablement par leurs oeuvres et celles qu'ils rapportèrent la connaissance d'une culture oubliée.La fiche présente également, parmi les trésors que Prisse rapporte d'Égypte en 1844, le papyrus Prisse, un rouleau de papyrus de plus de sept mètres de long datant d'environ 1800 avant J.-C. Ce papyrus est l'un des plus anciens manuscrits littéraires complets de l'Égypte ancienne, sinon de l'humanité, d'où l'appellation de "plus vieux livre du monde" !
La réorganisation des institutions engagée par Charlemagne donne une place essentielle à l'écrit : l'empereur gouverne en émettant des capitulaires, diffusés dans tout le pays par ses envoyés (les missi dominici) qui en surveillent l'application ; la restructuration de l'enseignement passe par la révision des textes sacrés et la redécouverte de textes anciens. Les livres se multiplient et participent à l'épanouissement de la création artistique. Charlemagne et ses successeurs passent commande de manuscrits de luxe, qui viendront enrichir leurs trésors et ceux des églises. Dirigés par de grands personnages érudits venant de toute l'Europe, ces lieux de production de manuscrits — monastères, cathédrales, ou palais — vont constituer des foyers intellectuels et artistiques, développant leur esthétique propre, tout en s'influençant les uns les autres. Les oeuvres circulent d'un centre à l'autre, diffusant la culture carolingienne, fondement de la culture du Moyen Âge et de la civilisation européenne.
La Renaissance culturelle carolingienne. La réorganisation des institutions engagée par Charlemagne donne une place essentielle à l'écrit : l'empereur gouverne en émettant des capitulaires, diffusés dans tout le pays par ses envoyés (les missi dominici) qui en surveillent l'application ; la restructuration de l'enseignement passe par la révision des textes sacrés et la redécouverte de textes anciens. Les livres se multiplient et participent à l'épanouissement de la création artistique. Charlemagne et ses successeurs passent commande de manuscrits de luxe, qui viendront enrichir leurs trésors et ceux des églises. Dirigés par de grands personnages érudits venant de toute l'Europe, ces lieux de production de manuscrits — monastères, cathédrales, ou palais — vont constituer des foyers intellectuels et artistiques, développant leur esthétique propre, tout en s'influençant les uns les autres. Les oeuvres circulent d'un centre à l'autre, diffusant la culture carolingienne, fondement de la culture du Moyen Âge et de la civilisation européenne.
Que l'image se déploie, se grave ou se peigne dans la pierre des cathédrales ou dans les pages du livre, les images du Moyen Âge participent d'un monde et d'un imaginaire qui nous sont devenus étrangers, appartenant à une culture dont chaque parcelle est imprégnée de christianisme. Au fil des pages, elles créent un discours qui synthétise, enrichit, contredit ou complète le discours du texte. Les derniers siècles du Moyen Âge, du XIe au XVe siècle, sont tout irrigués par un profond goût de l'image. C, qui s'exprime à travers un langage symbolique dont la logique échappe à nos critères, nourri par un lien étroit avec le texte. Les images relèvent d'une codification, elles doivent être déchiffrées. Destinées, comme le répètent Thomas d'Aquin, à instruire, remémorer et émouvoir, elles permettent aussi de s'évader dans l'imaginaire tant religieux que profane, de créer une ouverture vers le rêve ou de mettre en évidence, par la raillerie et la dérision, le désordre du monde. Leur modernité surprenante repose sur des mises en page inédites, sur de nouveaux procédés techniques destinés à rendre le mouvement, l'action, la pensée d'un personnage, tout un art du récit qui préfigure lointainement celui de la bande dessinée.
La maison d'édition de Gaston Gallimard est le «prolongement» de la célèbre Nouvelle Revue française, dominée par André Gide. A travers l'itinéraire d'une des plus prestigieuses maisons d'édition françaises, on peut parcourir un siècle d'histoire intellectuelle.
Le chemin de l'auteur aux lecteurs. Composé dans la solitude de la chambre ou dans le bruit de la ville, dans un inconfort souvent teinté d'angoisse, le manuscrit est maintenant achevé. Sans rencontre avec le public des lecteurs, il ne peut devenir livre, et son histoire est souvent celle d'un affrontement... Arrivé dans une maison d'édition souvent par la poste, sorte d'« ouvroir de littérature potentielle », il tire son destin d'une série de rencontres : avec un éditeur porteur d'une sensibilité et d'une intuition singulières, avec une collection susceptible de l'accueillir, puis avec des lecteurs dont les horizons d'attente demeurent imprévisibles. Audace de l'écrivain, pari de l'éditeur, plaisir ou dégoût des lecteurs, couronnement ou destruction médiatique, autant d'éléments qui font passer le texte d'une expérience individuelle à une entreprise collective. Le livre est lu, l'écrivain est vu, et la vie littéraire française se déploie, entre popularité et élitisme, entre scandales et succès de librairie, entre prix et mépris.
Une fiche téléchargerable en PDF sur le processus d'édition. Solitaire dans l'écriture, l'écrivain ne peut l'être dans le voyage de son texte vers les lecteurs, qu'il n'a la chance d'atteindre qu'à travers d'incontournables intermédiaires qui varient selon les époques : scribe, copiste, libraire, éditeur… Sans eux, le texte ne peut accéder à l'existence publique. Son trajet vers les lecteurs fluctue au fil du temps, répercute le passage du livre manuscrit au livre imprimé, prend en compte la naissance des différents métiers du livre et s'harmonise avec la mise en place progressive de la notion d'auteur, garante d'une unité entre un objet matériel, le livre, une oeuvre immatérielle définie comme singulière, et le nom propre garant du texte. Engagée aujourd'hui dans la révolution numérique, confrontée à des enjeux économiques forts, la chaîne de production du livre voit ses métiers très largement recomposés : fonction de l'éditeur, statut de l'écrivain. La forme même du livre en est bouleversée.
Glossaire pour se repérer dans le monde du livre ancien
Le livre de Jean de Mandeville est probablement le récit de voyage le plus lu et le plus copié. À la fin du XIVe siècle, le livre de Jean de Mandeville est probablement le récit de voyage le plus lu et le plus copié – plus de 250 manuscrits médiévaux en sont conservés. Il dépasse peut-être en notoriété le livre de Marco Polo tout en étant très proche, tant dans le style que dans la narration de certains épisodes. Le livre de Mandeville figure en bonne place dans la librairie de Charles V, dans un exemplaire copié en 1371 par un des copistes préférés du roi, Raoulet d'Orléans.
La fiche propose diverses approches de l'univers du livre : Qu'est-ce qu'un livre ? Peut-il encore se définir autour du projet de transmettre un texte et d'en garantir la disponibilité sur la longue durée ? Doit-on lui reconnaître un pouvoir singulier de mise en ordre du monde ? Le livre est-il toujours un vecteur privilégié de savoir, de connaissance, de culture, un instrument sans équivalent d'apprentissage ? On ne cesse aujourd'hui d' annoncer la mort du livre, fatalement concurrencé par les nouveaux media. Il est vrai que l'une de ses fonctions principales depuis l'Antiquité, à savoir la diffusion des textes, est aujourd'hui avantageusement assurée par les supports numériques. Pourtant, les importantes révolutions qui jalonnent l'histoire du livre plaident en faveur de son infinie capacité d'adaptation. Quoi qu'il en soit, le livre a contribué si largement à notre organisation des savoirs, à notre classement des connaissances qu'il a produit des modalités d'apprentissage et d'enseignement qui continuent de façonner notre imaginaire culturel. L'essor des nouveaux supports numériques interroge ces héritages et cette interrogation trouve un écho particulier au sein des débats en cours sur l'avenir de l'école…
C'est à travers le prisme de la bibliothèque particulière du roi Charles V (1364-1380), premier roi lettré de la tradition française, qu'est proposée l'approche de la diversité du livre médiéval et que sont suggérées quelques étapes de son évolution Des évangéliaires carolingiens aux romans de chevalerie enluminés du XIVe siècle, vaste est le chemin parcouru et innombrables les formes et les usages du livre tout au long du Moyen Âge : lié d'abord à une culture princière, il s'ouvre peu à peu à des publics plus larges, aristocratique, bourgeois, savant. Les conditions de sa fabrication se modifient elles aussi puisqu'aux scriptoria monastiques se substituent à partir du xiie siècle des ateliers laïques évoluant dans la mouvance des universités en plein essor, et puisque autour des xive et xve siècles la pratique émergente du mécénat donne naissance à des commandes de manuscrits somptueusement décorés. Peu à peu la place du texte biblique diminue au profit des oeuvres de l'Antiquité grecque et romaine redécouvertes, d'encyclopédies, de récits de voyages, de gloses universitaires ou de romans courtois… C'est à travers le prisme d'une bibliothèque particulière, celle du roi Charles V (1364-1380), premier roi lettré de la tradition française, qu'est ici proposée l'approche de cette diversité du livre médiéval et que sont suggérées quelques étapes de son évolution : un voyage donc dans la librairie du roi située à l'intérieur du château du Louvre dans la tour de la Fauconnerie, où les collections héritées de saint Louis voisinent, signe des temps nouveaux, avec les nouvelles productions fraîchement traduites du latin au français à la demande du roi lui-même. Conservés pour certains d'entre eux à la BnF, ces manuscrits attestent de la nouvelle place du livre dans les sphères du pouvoir à la fin du Moyen Âge : livres, miroirs du Prince et instruments du Bon Gouvernement…