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Trente ans après le début du génocide des Tutsis au Rwanda, les autorités françaises avancent à petit pas vers une reconnaissance du rôle de Paris à l'époque et promettent des procès. Des dizaines et des dizaines de bourreaux ont trouvé refuge en France, dont Agathe Habyarimana, la veuve de l'ancien président rwandais, soupçonnée d'être impliquée dans le génocide de 1994. Entretien avec David Servenay, journaliste indépendant et auteur de plusieurs ouvrages et d'enquêtes sur le génocide des Tutsis. Il est coauteur avec Benoît Collombat de Au nom de la France. Guerres secrètes au Rwanda, aux éditions La Découverte.
« Trente ans après le génocide, le souvenir à tout prix, titre Aujourd'hui en France Dimanche. Trois décennies après, ajoute le journal, la mémoire des Rwandais est toujours à vif, brûlante, à l'échelle de la violence qui s'était alors déchaînée. Elle est aussi omniprésente, dans un pays où survivants et génocidaires cohabitent. [...] Les monuments commémoratifs, ajoute Aujourd'hui en France Dimanche, sont des rappels permanents de l'horreur vécue dans chaque recoin du pays. Il en existe environ 250, essaimés dans les bâtiments communaux, les stades, églises ou universités. » Se souvenir est indispensable.Audace, un jeune Rwandais témoigne : « La mémoire, même douloureuse, est une nécessité. C'est ce qui nous permet d'avancer, et de pardonner collectivement, là où on en serait incapables individuellement. On ne parle plus de tutsis ni de Hutus dans ce pays, mais de Rwandais. » La réconciliation a aussi « reposé sur la justice », rappelle dans la Tribune Dimanche, Audrey Azoulay, la directrice générale de l'Unesco, l'Organisation des Nations pour l'éducation, la science et la culture. Elle « participe ce week-end aux cérémonies de commémoration au Rwanda. [...] Le processus de réconciliation », dit-elle, a reposé notamment sur « les tribunaux communautaires, les gacaca et la justice internationale ».Mémoire et justice« De nombreux génocidaires se sont réfugiés en France, où une trentaine de dossiers sont en cours d'instruction, mais seules sept condamnations ont été prononcées », explique le Nouvel Obs, qui est allé à la rencontre d'Alain et Dafroza Gautier. « Depuis 25 ans, ils traquent les génocidaires. Alain, originaire d'Ardèche et Dafroza, née à Butare, dans une famille tutsie. Ce couple, qui a déposé trente-cinq plaintes, précise le Nouvel Obs, porte presque à lui seul, la charge de poursuivre les responsables du dernier génocide du XXe siècle, réfugiés en France. »Parmi eux, Agathe Habyarimana, la veuve du président assassiné le 6 avril 1994, « soupçonnée d'être la tête pensante du parti extrémiste hutu ayant appelé au génocide ». Pourtant, elle vit paisiblement en région parisienne. « L'asile ne lui a pas été octroyé, mais la France rejette les demandes d'extradition du Rwanda, nous dit le Nouvel Obs, "je pense qu'elle est protégée", estime Dafroza Gautier. Son époux ajoute : "Son procès risquerait de lever des lièvres sur le rôle de la France et le soutien qu'elle a apporté." L'an prochain, conclut l'hebdomadaire, doit avoir lieu le procès de la tuerie de l'église où la mère de Dafroza a été assassinée. Elle ira, dit-elle, "sans haine ni vengeance". »Les « esclaves sexuelles de Daech »« Cette horreur que l'on n'a pas voulu voir », s'exclame Kamel Daoud, l'écrivain franco-algérien auquel le Point a fait appel pour faire le récit de ces violences. « Ce n'est pourtant pas un secret, depuis l'avènement de l'organisation terroriste Daech, et la proclamation du califat, le monde dit "musulman savait". Et plus que jamais, ce qu'ont subi ces femmes ne peut être ignoré. À l'occasion d'un film tourné par Majid Hamid, un journaliste de la chaîne al-Arabiya, à Bagdad, des femmes, yézidies pour la plupart, qui ont été les esclaves sexuelles de Daech, témoignent à visage découvert. "Il m'a kidnappée, il m'a vendue, il m'a offerte, il m'a violée" racontent-elles à l'unisson. En France, regrette Kamel Daoud, les scoops d'al-Arabiya ont trouvé peu d'écho. La condition de la femme dans le monde musulman est difficile, sinon terrible, estime l'écrivain. C'est la femme qui paie les effondrements de régime, l'islamisme, les crises et le lien pathologique à la réalité. Les Yézidies qui racontent sont des femmes, mais quelque part, toutes les femmes sont des Yézidies. »Le sport malgré la guerreL'Express nous propose d'imaginer les Jeux olympiques, vus d'un pays, l'Ukraine, où la principale préoccupation est la guerre, et non pas le sport. Pourtant, malgré les bombes, de jeunes athlètes s'entraînent, dans l'espoir de venir à Paris l'été prochain. L'Express est allé à leur rencontre, à Kiev. On fait ainsi la connaissance d'Oleksiy Sereda, « jeune prodige du plongeon de 18 ans, en lice pour les JO 2024 ». Pour lui, explique l'Express, « rester concentré sur ses figures pendant tout un entraînement relève de l'exploit, alors que son pays subit depuis plus de deux ans l'invasion de l'armée russe. À chaque instant, un missile ou un drone ennemi peut exploser sur la capitale ». Mais pas question de laisser tomber. « Si je remporte une médaille olympique, je rendrai un grand service à mon pays, estime Oleksiy Sereda, parce que beaucoup de gens entendraient parler de l'Ukraine en bien. » Et il conclut : « Je veux prouver qu'un sportif peut gagner une médaille, même si son pays est en guerre. »
Après plus de 25 ans d’échanges tendus, suite à l’intervention française au Rwanda durant le génocide des Tutsis dans ce pays. Les relations entre les deux pays se sont nettement réchauffées ces dernières années, sous la présidence française d’Emmanuel Macron. En visite à Paris cette semaine pour le Sommet sur l’économie africaine, le président rwandais Paul Kagame s’est félicité de cette normalisation des relations entre les 2 pays lors d’une interview exclusive à RFI et France 24. Marc Perelman : Monsieur le président, vous avez salué un récent rapport d’un historien français comme étant « un pas important ». Le rapport Duclert commandé par le président français Emmanuel Macron conclut que « La France porte une responsabilité lourde et accablante » dans le génocide des Tutsis de 1994. Le président français devrait se rendre au Rwanda dans quelques jours. Est-ce un tournant dans vos relations ? Sommes-nous au bord d’une totale normalisation des relations entre la France et le Rwanda ? Paul Kagame : Pour commencer, comme nous l’avons déjà dit, je pense que c’est un grand pas en avant que nous saluons côté Rwanda et je pense qu’il en va de même pour beaucoup en France. Nous pouvons en effet établir les faits, faire ressortir la vérité par des personnes indépendantes, des commissions indépendantes puisqu’il y a le rapport Duclert qui est sorti, ainsi qu’une autre commission de notre côté, la commission Muse qui a livré son rapport. Il y a donc une convergence sur les faits, les preuves de ce qui s’est passé. Je pense que la France et le Rwanda ont ainsi la possibilité dès à présent, ont une bonne base sur laquelle nouer de bonnes relations comme cela aurait dû être le cas. Et ensuite, pour ce qui est du reste, nous pouvons laisser cela derrière nous, ne pas l’oublier, mais pardonner et aller de l’avant de la meilleure façon. Et je pense qu’effectivement, nous avançons très bien. Alexandra Brangeon : Monsieur le président, vous parlez d’avancée, de convergences de faits. Le rapport a conclu à la « responsabilité accablante » de la France, mais il n’a pas conclu à la complicité de la France. Etes-vous d’accord avec cette conclusion ? Je suis d’accord avec beaucoup de choses établies par les deux rapports. Un travail supplémentaire peut être réalisé, mais la chose la plus importante a été traitée. Lorsque vous parlez de la « responsabilité accablante », ça, c’est un terme très connoté, très chargé. Ce n’est pas à moi de dire : ‘c’est ce qu’ils auraient dû dire’ ou ‘les choses sont ainsi’. Mais je peux m’en accommoder et dire : prenons acte de ce qui a été établi, c’est-à-dire cette « responsabilité accablante ». A.B. : Vous dites que vous pouvez vous en accommoder, mais dans une interview de 2014, vous avez dit que la France n’était pas seulement complice, mais qu’elle avait participé de façon active au génocide. Qu’est-ce qui a changé depuis lors ? Pour moi, j’ai le droit d’avoir ma propre opinion. J’ai vécu cette situation. J’en faisais partie. Donc, j’ai dit ce que j’avais à dire. Je peux même croire ce que j’avais dit à l’époque, même maintenant. Mais nous parlons de commissions indépendantes qui se sont penchées sur cette situation et le fait, comme vous le dites, qu’elles ne se soient pas prononcées dans un sens ou dans un autre, c’est leur problème et pas le mien. M.P. : Les Etats-Unis, les Nations unies, la Belgique – ancien empire colonial –, se sont tous formellement excusés de ce qu’ils ont fait ou pas fait en 1994. Ce n’est pas le cas de la France. Souhaitez-vous que la France s’excuse comme un geste de bonne volonté pour bâtir cette nouvelle relation que vous décrivez ? Tout ce qui compte, c’est vraiment à la France de décider ce qu’il lui convient le mieux. La pire des choses, et je ne souhaiterais pas faire cela, c’est de demander à quiconque de présenter des excuses ou de faire ceci ou cela. Je m’en remets à eux de s’exprimer, que cela ressorte de façon honnête et franche. C’est au monde de juger, pas à moi. M. P. : Mais ce serait un geste important. Je comprends que vous n’allez pas le demander. Mais si cela devait se passer, vous le considéreriez comme important ? Je pense que oui. Dès lors que quelqu’un reconnaît qu’il y a un problème et agit en conséquence, c’est le meilleur résultat que je saluerais. M. P. : Comme vous auriez apprécié le fait qu’un ambassadeur français aille au Rwanda après des années sans que ce soit le cas ? Oui, tout à fait. Nous sommes dans un processus de normalisation. M. P. : Vous pensez que ce sera le cas bientôt ? Je le souhaite, mais c’est à la France d’en décider. M.P. : Il y a quelques mois, la France a arrêté Félicien Kabuga. Il était pour ainsi dire le financier du génocide. D’après vous, est-ce un signal qui montre que la France est enfin réellement prête à poursuivre les génocidaires sur son sol ? Je pense que c’est un bon début. On peut sans doute faire davantage. Donc, mon point de vue, c’est d’encourager, que les bonnes choses continuent à se produire dès lors que la France est disposée à le faire. Il y a encore un certain nombre de génocidaires présumés qui sont en France, dont les procès n’ont pas été traités comme ils auraient dû l’être. M.P. : Prenons un exemple, Agathe Habyarimana, veuve de l'ex-président rwandais [Juvenal Habyarimana] tué, a des ennuis judiciaires ici en France. Souhaiteriez-vous que la France l’expulse, l’extrade ? Ce serait bien sûr un geste très symbolique. C’est une situation qui pèse sur les relations depuis des années. Oui, je pense que la situation peut encore s’améliorer avec Agathe ou d’autres individus, ils sont nombreux ici. M.P. : Mais elle serait importante, n’est-ce pas ? Oui. Elle en fait partie. Elle est sur la liste, sur la très longue liste. Elle est tout en haut. Mais, c’est la France qui prendra la décision. Je ne vais surtout pas prodiguer de conseils. Je peux simplement leur demander et que cela soit fait officiellement par les canaux officiels. Mais, je ne cherche nullement à leur dire quoi faire. Je peux simplement émettre la demande. A.B. : Toujours à propos de justice et de responsabilité, le mois dernier, Denis Mukwege, prix Nobel de la paix congolaise, était à Paris. Il a demandé à la France d’aider à ce que justice soit faite contre les responsables des crimes commis à l’est de la RDC. Certains sont le fait de soldats de la région, de pays voisins, selon des experts des Nations unies. Seriez-vous d’accord pour que des officiers rwandais soient poursuivis pour des crimes commis en RDC suite au génocide ? Comme vous le savez peut-être, le rapport du projet Mapping a été extrêmement controversé. Et en réalité, il est hautement contesté par les gens que ce soit en RDC ou dans les pays voisins. Il a été très politisé. Mukwege devient un symbole, un outil de ces forces que l’on n’aperçoit pas et il reçoit le prix Nobel, donc on lui dit quoi dire. Et j’ajouterai qu’il y a d’autres rapports qui sont sortis qui contestent, qui disent tout à fait l’inverse. A.B. : Le contraire ? Qu’il n’y a pas eu de crimes dans la région ? Mais, il n’y a pas eu de crimes. A.B. : A l’est de la RDC ? Non, absolument pas, que ce soit par les personnes évoquées ou les pays cités. C’est, si vous voulez, la théorie du double génocide, qui est à l’œuvre ici. M.P. : Dans l’est de la RDC, la situation sécuritaire demeure très mauvaise. Certains disent qu’elle continue à se détériorer. Le gouvernement congolais a décrété un état de siège dans deux zones, Ituri et Nord-Kivu, pour 30 jours peut-être plus. Est-ce que c’est une bonne mesure, la soutenez-vous ? L’état d’urgence à mes yeux, c’était un peu comme si on disait ‘il y a un énorme problème ici, prenons des mesures qui vont nous donner une bonne base pour traiter les choses’. C’est pourquoi je dis que c’est une chose que de mettre en place d’état d’urgence. Pour ma part, je le ferai. Mais je suivrais cela aussi par des actions bien réfléchies et planifiées pour traiter les choses de façon concrète et de ne pas repasser sur les choses et d’avoir les mêmes problèmes au bout de cinq ans ou un problème encore plus grand. Mais, il y a aussi les forces des Nations unies. Et les Nations unies qui sont venues de l’extérieur et qui sont là depuis maintenant 24 ans. Mais, il y a toujours ces responsabilités du monde qui sont passées sous silence. Et personne ne dit : « Mais qu’avez-vous fait là pendant 24 ans, vous y êtes allés pour régler un problème, que s’est-il passé ? M.P. : C’est un échec ? Je pense que c’est un énorme échec, c’est peu dire. A.B. : A propos d’en faire plus, les relations entre votre pays et la RDC semblent s’être améliorées depuis l’élection du président Tshisekedi. Vous êtes d’accord pour renforcer la sécurité à la frontière entre les deux pays pour lutter contre les rebelles. Où en êtes-vous de ces discussions ? Envisagez-vous des opérations militaires conjointes ? Les discussions sont en cours, mais la chose la plus importante ici, c’est qu’au moins, il y a cette ambiance qui nous permet de dialoguer et qui faisait défaut auparavant. Et bien sûr, les gens qui travaillent ensemble trouvent une solution. A.B. : Mais des opérations militaires conjointes sont envisageables ? Oui, je pense que ce n’est pas à exclure. Mais cela dépend toujours de la situation au moment dit. Il faut que les deux parties discutent pour voir si cela peut marcher, quels sont les coûts d’une part, les bénéfices de l’autre, et qu’une décision peut être prise. Il faut que les gens soient souples. A.B. : Parce que, selon des experts des Nations unies, des militaires rwandais seraient déjà en train d’intervenir en RDC… Oui. Mais moi, je souhaite qu’ils aillent encore plus loin, que les Nations unies se posent la question : pourquoi le Rwanda devrait-il se rendre en RDC alors que ce sont eux les responsables de la situation ? M.P. : Cela signifie-t-il que vous reconnaissez qu’il y a des troupes rwandaises en RDC ? Non, non. Je ne reconnais pas ça du tout. C’est peut-être un échec. A.B. : Leur échec… En RDC… Un échec total. M.P. : Y a-t-il des troupes rwandaises en RDC en ce moment-même ? Non, si nous y étions, nous ne serions pas en échec. Ça, je peux vous assurer qu’on n’aurait pas échoué à régler le problème. A.B. : Pour en revenir aux affaires intérieures du Rwanda, Paul Rusesabagina, le héros du film Hôtel Rwanda, est en cours de jugement à Kigali. Il est sous le coup de 9 chefs d’accusation dont terrorisme et soutien à un groupe armé. Il dit n’avoir jamais encouragé la violence… Tout d’abord, il n’est pas seul dans ce procès. Il y a une vingtaine de prévenus qui comparaissent avec lui, accusés d’avoir commis ces crimes contre les Rwandais. Ils comparaissent tous au tribunal et certains d’entre eux, quelques-uns donnent des preuves accablantes contre lui. Donc, je ne vois pas pourquoi les gens font tout ce bruit. Il est devant le tribunal, il n’est pas caché quelque part, il est au tribunal comme beaucoup d’autres. A.B. : Vous dites, pourquoi tant de bruit autour de cette affaire ? C’est peut-être à cause de son arrestation. Il dit avoir été piégé pour revenir au Rwanda… Qui a-t-il de mal à piéger un criminel ? Lorsque vous le trouvez, qu’est-ce que vous en faites ? Vous le traduisez devant la justice, c’est acceptable, non ? M.P. : Les Etats-Unis, l’Union européenne et d’autres ont exprimé leur préoccupation au sujet de son procès. Sera-t-il équitable ? Ils suspectent que ce ne sera pas le cas en raison de la manière dont il a été piégé et ils ne pensent pas qu’il aura le droit à un procès équitable. J’imagine que cela vous préoccupe ? Bien sûr, moi, j’en appelle à un procès équitable de mon côté. Ce n’est pas le Royaume-Uni ou les Etats-Unis ou l’Union européenne. Non, je souhaite voir un procès équitable aussi. Pourquoi ? Le fait d’être équitable appartient à l’Europe, aux Etats-Unis ou à quelqu’un d’autre, et pas à nous. Pourquoi ? Oui, vous savez, c’est ainsi que les gens disent des choses insensées et finissent par être racistes. C’est comme si on disait, la seule façon d’être juste en Afrique ou au Rwanda, c’est que cela soit surveillé par l’Europe, les Etats-Unis ou un autre pays. Non, pas du tout. A.B. : C’est peut-être parce que votre régime est accusé par des think tank et des ONG de réduire les critiques au silence ? Je vais vous donner un autre exemple : le chanteur de gospel rwandais Kizito Mihigo, qui a critiqué votre régime, a été accusé d’incitation à la haine et est mort dans une cellule de police. Selon la version officielle, il s’est suicidé. Mais, ce n’est pas l‘avis d’ONG des droits de l’homme. Les préoccupations sont là, mais moi, je n’ai pas ces préoccupations. Tout est réglé par les enquêtes et le tribunal. A.B. : Vous accepteriez une enquête indépendante ? Indépendante de quoi ? C’est-à-dire que l’on doit sans cesse avoir une enquête indépendante pour des choses qui se sont produites ici à Paris en France ? A.B. : Pour conclure, vous êtes chef d’Etat depuis 21 ans. Les prochaines élections ont lieu dans trois ans. Serez-vous candidat ? Vous savez, surtout je souhaite que Dieu continue à m’accorder une bonne santé. Cela est sur un plan personnel. Maintenant, pour ce qui est de la politique, les Rwandais vont décider et je peux aussi prendre une décision personnelle. Et si les Rwandais disent : ‘non, nous souhaitons vous garder’, c’est important. Mais je peux aussi leur dire : ‘vous savez, je peux aller faire autre chose’.
Le dossier de Félicien Kabuga est examiné ce mercredi devant la Cour de cassation en France. Cet homme, âgé aujourd'hui de 84 ans, est considéré comme l’un des principaux responsables du génocide de 1994 au Rwanda. Début juin, la cour d’appel de Paris a ordonné qu’il soit remis à la justice internationale mais ses avocats ont saisi la Cour de cassation. Alain Gauthier, président Collectif des parties civiles pour le Rwanda, répond aux questions de RFI. RFI: Alain Gauthier, que faut-il attendre de la Cour de cassation ? Alain Gauthier : Dans le dossier Kabuga, la cour d’appel de Paris avait prononcé son extradition. Dans un premier temps peut-être à La Haye, puis à Arusha [Tanzanie] au TPIR [Tribunal pénal international pour le Rwanda], enfin au Mécanisme de suivi [Mécanisme international pour les tribunaux pénaux] qui devrait le juger. Donc, je pense que sans surprise, la décision d’extrader Kabuga devrait être prise. Etes-vous sûr que Félicien Kabuga sera jugé un jour ? Ça, c’est une autre question. Monsieur Kabuga est très âgé. Nous l’avons vu lors des auditions relativement éteint. Est-ce qu’il joue, est-ce qu’il feint un peu la fatigue ? Mais oui, le risque, c’est bien qu’il ne soit jamais jugé. La défense évoque donc son âge. Ce serait un homme malade. Et puis, il y a le Covid qui pourrait empêcher son transfert ? Oui, bien sûr. Tous ces arguments-là sont avancés par la défense. C’est la raison pour laquelle il sera d’abord extradé vers La Haye et, dès que ce sera possible, vers Arusha en Tanzanie. Organiser un procès, dans tous les cas, cela prend du temps ? Oui, organiser un procès, cela prend du temps. Avant de fermer ses portes, le TPIR avait pris des mesures pour entendre des témoins au cas où Kabuga serait arrêté. Donc, ces témoignages existent. Le TPIR, le Mécanisme de suivi va probablement gagner un peu de temps par rapport à ce recueil de témoignages, mais les procédures sont lourdes. Et puis, je pense que la défense usera de tous ses droits pour retarder le plus possible un éventuel procès. Comment a-t-il pu résider toutes ces années en France alors qu’il était recherché par Interpol. Est-ce qu’aujourd’hui, quatre mois après son arrestation, vous en savez plus ? Non, pas véritablement. C’est vrai qu’on a été surpris d’apprendre qu’il était en France depuis plusieurs années alors que tout le monde le croyait au Kenya ou ailleurs, en fuite. Donc, si un procès a lieu, peut-être que cela apportera des lumières sur cette présence en France et, en particulier, sur les soutiens dont il a pu bénéficier pour venir sur le territoire français, parce que c’est cela qui, pour nous, nous intéresse le plus. Vous avez de forts soupçons ? Forcément qu’on a des soupçons, parce que comment voulez-vous qu’un personnage de ce niveau-là, qui était recherché par les polices du monde entier ait pu échapper pendant des années à toute arrestation, c’est assez incompréhensible. Donc, c’est normal que nous cherchions à savoir comment il a pu arriver sur le territoire français. Qui sont aujourd’hui les trois principaux génocidaires que vous aimeriez voir arrêtés ? Ce qui nous intéresse au comité des parties civiles, c’est que ceux qui sont visés déjà par des plaintes en France soient jugés. Si vous voulez des noms, je vous en donne : il y a madame Agathe Habyarimana, la femme du président qui est mort dans l’attentat le 6 avril 1994 ; il y en a un autre contre lequel on a déposé plainte, un ancien ministre de la Justice, Stanislas Mbonampeka, on a déposé plainte en France ; mais il n’est plus en France, il habite en Belgique ; encore un, mais qui est visé par une plainte, c’est l’ancien chef d’état-major adjoint, Laurent Serubuga. Eux, ce sont des personnages importants et ce sont des personnes qui sont visées par des plaintes en France. Je crois que l’élément essentiel, à l’heure actuelle, c’est d’interroger la justice française pour qu’elle se hâte d’instruire et de juger des personnes qu’on poursuit en justice. J’ai écrit au nouveau ministre de la justice, comme je le fais chaque fois qu’un nouveau ministre est nommé il y a déjà plusieurs semaines. Je n’ai pas de réponse, mais la chose que nous demandons avec insistance, c’est que la justice française fasse diligence pour accélérer ces procédures pour que justice soit rendue aux victimes. De combien de dossiers parlez-vous ? Nous, nous avons déposé avec d’autres environ une trentaine de plaintes et le parquet s’est récemment saisi d’une douzaine d’autres dossiers. Donc, probablement qu’il y en a une quarantaine à l’instruction. Maintenant, nous avons beaucoup d’autres noms dans nos carnets, mais nous n’avons pas les moyens d’enquêter sur eux. Si déjà les 40 qui sont poursuivis étaient jugés, ce serait déjà bien. Est-ce que vous sentez que les choses sont en train de changer en ce moment ? Oui, il y a une volonté politique, certainement. Mais il ne suffit pas qu’au niveau de la présidence ou des affaires étrangères, on nous rabâche que toutes les personnes qui sont poursuivies doivent être jugées. Nous, nous jugeons sur les faits. Or, il se trouve qu’il n’y a pas eu de procès en France depuis 2018. On est déjà en 2020 et il n’y en aura pas. Le prochain procès est prévu au mois de février contre un milicien qui habite Rouen [l’ancien chauffeur d'hôtel franco-rwandais Claude Muhayimana, accusé de «complicité» de génocide]. Mais, si on a un procès tous les deux ou quatre ans, cela ne peut pas aller.
Last month Rwanda commemorated the 25th anniversary of the genocide. Unlike the recent outpouring of books marking hundredth anniversary of the end of the First World War, there was only a short flurry of newspaper and radio remembrances of the events of April and May of 1994. The number of book-length narratives was similarly small. Now Andrew Wallis has published a significant new survey of the origins and aftermath of the genocide. Stepp’d in Blood: Akazu and the Architects of the Rwandan Genocide Against the Tutsis (Zero Books, 2019), engages the deep roots of the genocide. Wallis argues that the decision to commit genocide emerged out of a political crisis. Their power and wealth threatened by the emergence of a multi-party political process and an RPF invasion, a small group of politicians, governmental officials and family members around Juvenal and Agathe Habyarimana resorted to massive violence in order to secure their positions. While the violence targeted Tutsis especially, it was essentially political in nature and in aims. Wallis is a journalist who has written about Rwanda for decades. He is intimately familiar with the country, its leaders and its history. Writing for a broad audience, Wallis brings a journalist’s eye and pen to his book. His prose is full of fascinating details, quotes and images. The many cartoons, in particular, make this book stand out. Kelly McFall is Professor of History and Director of the Honors Program at Newman University. He’s the author of four modules in the Reacting to the Past series, including The Needs of Others: Human Rights, International Organizations and Intervention in Rwanda, 1994. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices
Last month Rwanda commemorated the 25th anniversary of the genocide. Unlike the recent outpouring of books marking hundredth anniversary of the end of the First World War, there was only a short flurry of newspaper and radio remembrances of the events of April and May of 1994. The number of book-length narratives was similarly small. Now Andrew Wallis has published a significant new survey of the origins and aftermath of the genocide. Stepp’d in Blood: Akazu and the Architects of the Rwandan Genocide Against the Tutsis (Zero Books, 2019), engages the deep roots of the genocide. Wallis argues that the decision to commit genocide emerged out of a political crisis. Their power and wealth threatened by the emergence of a multi-party political process and an RPF invasion, a small group of politicians, governmental officials and family members around Juvenal and Agathe Habyarimana resorted to massive violence in order to secure their positions. While the violence targeted Tutsis especially, it was essentially political in nature and in aims. Wallis is a journalist who has written about Rwanda for decades. He is intimately familiar with the country, its leaders and its history. Writing for a broad audience, Wallis brings a journalist’s eye and pen to his book. His prose is full of fascinating details, quotes and images. The many cartoons, in particular, make this book stand out. Kelly McFall is Professor of History and Director of the Honors Program at Newman University. He’s the author of four modules in the Reacting to the Past series, including The Needs of Others: Human Rights, International Organizations and Intervention in Rwanda, 1994. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices
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