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Pillages, spoliation d'entreprises, banques à l'arrêt. La guerre a paralysé les activités économiques de l'est de la RDC. Les entrepreneurs espèrent beaucoup des pourparlers en cours à Washington. Le Rwanda et la RDC se sont donnés jusqu'au vendredi 2 mai pour parvenir à un projet d'accord de paix. Près de 90 entreprises qu'il accompagne ont mis la clé sous la porte à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Jean-Paul Lokumu, consultant en entrepreneuriat, constate l'abattement et le sentiment d'abandon des patrons dans une région coupée du monde : « Lorsqu'il n'y a plus de liaisons aériennes, lorsque les banques ne fonctionnent plus, on ne peut même pas parler de climat des affaires pour le moment. »Appel aux financements, même sans les banquesJean-Paul Lokumu se fait le porte-voix des patrons des Kivu, qui espèrent une paix rapide. En attendant, ils demandent de l'aide : « Je fais appel aux ONG, aux structures de financement pour venir à notre rescousse. Même si les banques sont fermées, il y a la possibilité de travailler sur la résilience, de trouver une solution pour ces entrepreneurs. En tout cas, ils sont vraiment dans le besoin. » L'amélioration du climat des affaires, c'est un des crédos de l'exécutif congolais ces derniers mois. Lors d'un forum à Casablanca la semaine dernière, le ministre de l'Économie nationale, Daniel Mukoko Samba a invité les entrepreneurs étrangers à investir en RDC.Mi-avril, Thierry Katembwe, conseiller du président de la République Félix Tshisekedi, était, lui aussi, à Paris pour convaincre des entreprises françaises d'investir dans le pays. « La démarche est assez claire quand on sait que le pays va finir par être pacifié. On sait que tout est une question d'économie, tout est une question d'opportunités, insiste-t-il sous les ors de l'ambassade de RDC en France.Accor veut un hôtel à Goma« Aujourd'hui, on dit à tous ces investisseurs "Venez directement en RDC". On est en train de mettre en place une plateforme énorme pour que les différentes multinationales s'y retrouvent. On est très heureux aujourd'hui d'avoir des grosses boîtes françaises, les plus grosses boîtes américaines qui sont déjà engagées et donc on en veut encore plus ».Le Nord-Kivu intéresse toujours le groupe hôtelier français Accor qui a un projet d'hôtel Ibis Style à Goma. « Notre partenaire local a une parfaite lecture des dynamiques de développement que va connaître sa ville dans les années à venir. Il croit fortement à son potentiel et il faut se projeter, assure Réda Faceh, vice-président en charge du développement en Afrique centrale d'Accor. Il est clair qu'à l'instant T, c'est un peu compliqué, mais on est optimiste. La ville va connaître un dénouement heureux et c'est ce qu'on lui souhaite. On espère justement pouvoir développer très prochainement un hôtel, voire plusieurs à Goma, qui reste quand même une ville d'une taille assez importante ». La RDC cherche toujours à diversifier son économie. Mais c'est bien autour de ses précieux minerais critiques qu'un accord avec les États-Unis est en train d'être concoctéÀ lire aussiTrump, les 100 jours: les Grands Lacs et Donald Trump, diplomatie et business intimement liés À lire aussiRDC: début de l'évacuation de militaires et policiers congolais protégés par la Monusco à Goma
Le conseiller principal de Donald Trump pour l'Afrique, Massad Boulos, a fait le point sur sa récente tournée sur le continent qui l'a conduit en RDC, au Rwanda, en Ouganda et au Kenya. Lors d'une conférence de presse, il a notamment réitérer la position américaine sur le conflit qui déchire l'est congolais et évoquer les discussions sur un accord minier entre Kinshasa et Washington.
Près de 25 millions de deux roues motorisés circulent en Afrique dont 30 000 motos électriques. Un marché à 90 % entre les mains d'un acteur : Spiro. L'entreprise s'est développée à partir du Togo et du Bénin et elle vend désormais au Kenya, en Ouganda, au Rwanda et au Nigeria. Les deux dernières années ont été consacrées à améliorer les modèles de motos électriques et leur prix, explique Kaushik Burman, le PDG de Spiro. « Si vous voulez réussir dans ce domaine, vous devez vraiment proposer des produits abordables et des produits robustes, parce qu'en Afrique, les terrains sont très difficiles. Le Rwanda a des pentes raides, de 18 degrés. L'Ouganda a des routes cahoteuses. Il faut donc des motos de très grande qualité, mais à un prix abordable, moins cher qu'une moto à essence. Aujourd'hui, nous y sommes parvenus », assure-t-il.600 stations d'échange de batteriesDans ce modèle économique, le client n'achète que la moto. La batterie, Spiro l'échange dès qu'elle est à plat et l'entreprise est donc devenue un fournisseur d'énergie. « Nous avons dépassé les 17,5 millions d'échanges de batteries aujourd'hui. Cela montre à quel point nous avons progressé au cours des 20 derniers mois, se félicite Kaushik Burman. Nous avons environ 600 stations d'échange de batteries actives. »Ce maillage met fin à l'anxiété sur l'autonomie de la moto électrique, pour un coût inférieur au carburant d'une moto thermique, reconnaît Yao Amedokpo. Mais selon ce spécialiste des mobilités urbaines et électriques à l'École des ponts et chaussées (ENPC), la maintenance est encore un problème. « Quand vous prenez l'exemple de Lomé, il n'y a qu'un seul centre de maintenance de motos qui se situe en périphérie de la ville et quand les conducteurs de motos ont des pannes en ville, parfois, il faut appeler ce centre-là pour chercher un moyen de transporter la moto et aller jusqu'au centre, et comme c'est le seul centre, il y a un temps d'immobilisation qui est assez long », explique-t-il.À lire aussiAu Togo, Spiro veut révolutionner la mobilité électriqueAméliorer la maintenanceAutre réserve du chercheur, le modèle industriel crée encore peu d'emplois en Afrique. « Pour l'instant, je n'y vois pas beaucoup de valeur ajoutée. Ce sont toujours des motos en caisse qui arrivent et qui sont assemblés par les concessionnaires à Lomé ou à Cotonou. On ne voit pas vraiment comment cela pourrait dynamiser le tissu industriel », affirme le spécialiste.Créer plus d'emploisSpiro attend des incitations publiques pour fabriquer davantage en Afrique. L'entreprise assemble déjà des pièces plus sophistiquées au Kenya, comme les moteurs et les contrôleurs des motos. Elle compte implanter dans les mois prochains des usines au Nigeria, au Rwanda et en Ouganda. Pour doper encore ses ventes, elle a choisi Davido comme ambassadeur et le partenariat avec l'artiste pourrait se renforcer.À lire aussiCôte d'Ivoire: à Bouaké, les motos électriques convainquent de plus en plus [2/3]
Le président burundais Evariste Ndayishimiye a accusé son homologue rwandais Paul Kagame d'avoir "un plan pour attaquer" son pays, des propos que Kigali a aussitôt dénoncés et jugés "regrettables". Kigali soutient le groupe armé M23, qui s'est emparé avec l'appui de soldats rwandais de vastes régions de l'est du Congo au cours des derniers mois, notamment le long des frontières avec le Rwanda et le Burundi.
Coup de théâtre au Qatar, où le Congolais Félix Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame se sont rencontrés secrètement hier. Les deux chefs d'État ont décidé de « poursuivre les discussions entamées hier pour établir les bases solides d'une paix durable », dit le communiqué final. Jusqu'à présent, on croyait que l'Angola faisait médiation entre les deux pays en guerre. Mais après la rencontre d'hier, tout est en train de changer. Trésor Kibangula est analyste politique l'Institut congolais de recherches sur la politique, la gouvernance et la violence. En ligne de Kinshasa, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Est-ce que vous êtes surpris par cette rencontre au Qatar ? Trésor Kibangula : Oui, comme tout le monde. C'était une grande surprise, en tout cas dans la forme, mais pas totalement dans le fond. Parce qu'on sait que Doha a longtemps voulu jouer un rôle dans la médiation entre la RDC et le Rwanda. On se souvient encore d'une tentative en 2023 déjà, mais jusqu'ici, Kinshasa s'y montrait toujours réticent, notamment parce que le Qatar est perçu par les autorités congolaises comme proche de Kigali, notamment avec des investissements au Rwanda et la construction d'un aéroport au Rwanda. Mais au regard des blocages dans les autres formes de médiation, je pense que cette rencontre offre quand même un progrès sur un point essentiel : elle permet aujourd'hui aux deux chefs d'État de se parler directement. Et c'est la première fois depuis des mois que Tshisekedi et Kagame se retrouvent face à face dans un cadre, où ils peuvent discuter sans intermédiaires régionaux.Il y a trois mois, une rencontre entre les deux présidents était déjà prévue, c'était à Luanda, mais à la dernière minute, Paul Kagame avait renoncé à y aller. Pourquoi ça a marché hier ? Plusieurs éléments ont évolué depuis décembre. Les contextes militaires et diplomatiques ont basculé. En décembre, Kinshasa refusait encore totalement l'idée de négocier avec le M23. Kigali, de son côté, a posé comme condition sine qua non des négociations directes entre le gouvernement congolais et les M23, ce que Tshisekedi refusait. Donc beaucoup de choses ont évolué. Les rapports de forces ont changé sur le terrain. Fin janvier, le M23 a pris le contrôle de Goma. Puis en février, Bukavu est tombé aussi. L'armée congolaise n'a pas réussi à reprendre l'initiative et, aujourd'hui, le M23 continue à consolider ses positions. Et sur le plan diplomatique, Kinshasa a finalement accepté l'idée de ce dialogue direct avec le M23. Et de l'autre côté, on voit aussi toutes ces sanctions qui tombent sur le Rwanda. Donc, je pense que, face à cette situation, les deux parties avaient finalement plus d'intérêt à parler aujourd'hui qu'en décembre.Dans le communiqué final d'hier soir, les deux chefs d'État insistent sur le processus conjoint, le processus fusionné, que l'organisation EAC des pays d'Afrique de l'Est et l'organisation SADEC des pays d'Afrique australe ont mis en place le mois dernier à Dar es Salam en faveur de la paix au Congo. Pourquoi cette attention particulière ? Je pense que l'initiative de Luanda n'avait pas vraiment réussi à avoir la confiance de Kigali. Elle était portée par l'Angola de manière plus ou moins isolée. Et aujourd'hui, Doha ne cherche pas à créer un énième format parallèle de médiation. Parce que, lorsqu'on lit les communiqués qataris, on voit très bien effectivement que ce sont les discussions sous l'égide de l'EAC et de la SADEC qui sont encouragées, ce qu'on appelle aujourd'hui les processus fusionnés. Je pense que ces choix peuvent s'expliquer par plusieurs facteurs parce que, un : il correspond aux préférences de Kigali qui a toujours misé sur ces processus fusionnés pour gérer la crise, parce que Kigali a une certaine influence sur l'EAC. Deuxième chose, c'est que ce choix de Doha de préférer les processus fusionnés permettent d'éviter un affrontement entre plusieurs initiatives concurrentes. Parce qu'on était un peu dans une cacophonie d'initiatives de médiation. Avec Doha, maintenant, on essaie de proposer une ligne et c'est le choix des processus fusionnés.Est-ce à dire que les premières négociations directes entre le gouvernement congolais et le M23 n'auront pas lieu à Luanda sous l'égide de l'Angola, mais quelque part ailleurs en Afrique, sous l'égide de ce processus fusionné entre l'EAC et la SADEC ?Ça devient vraiment très difficile d'envisager que la médiation angolaise puisse reprendre la main, à cause de ce déficit de confiance, surtout du côté du M23 et de Kigali. Mais comme les deux parties doivent se parler et qu'il y a eu un progrès avec la rencontre de Paul Kagame et de Félix Tshisekedi à Doha, on pense que le processus pourrait continuer, peut-être en marge des discussions EAC/SADEC qui se tiennent dans le cadre de ces processus fusionnés.À lire aussiTrésor Kibangula: «Doha a longtemps voulu jouer un rôle dans la médiation entre la RDC et le Rwanda»
Attaque massive de l'armée israélienne contre Gaza et rupture de la trêve. Attaque des Houtis contre un porte-avions américain. Le Rwanda expulse tous les diplomates belges et rompt ses relations diplomatiques. Discussion internationale avec Loïc Tassé, spécialiste en politique internationale.Pour de l'information concernant l'utilisation de vos données personnelles - https://omnystudio.com/policies/listener/fr
Le Journal en français facile du lundi 17 mars 2025, 17 h 00 à Paris. Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/BVIl.A
Décès d'Émilie Dequenne : les hommages pleuvent Kremlin : Trump et Poutine vont se parler Rwanda : Rupture de la relation diplomatique avec la Belgique Gouvernement bruxellois : ça n'avance pas vite Merci pour votre écoute Entrez sans Frapper c'est également en direct tous les jours de la semaine de 16h à 17h30 sur www.rtbf.be/lapremiere Retrouvez l'ensemble des épisodes et les émission en version intégrale (avec la musique donc) de Entrez sans Frapper sur notre plateforme Auvio.be : https://auvio.rtbf.be/emission/8521 Abonnez-vous également à la partie "Bagarre dans la discothèque" en suivant ce lien: https://audmns.com/HSfAmLDEt si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à nous donner des étoiles ou des commentaires, cela nous aide à le faire connaître plus largement. Vous pourriez également apprécier ces autres podcasts issus de notre large catalogue: Le voyage du Stradivarius Feuermann : https://audmns.com/rxPHqEENoir Jaune Rouge - Belgian Crime Story : https://feeds.audiomeans.fr/feed/6e3f3e0e-6d9e-4da7-99d5-f8c0833912c5.xmlLes Petits Papiers : https://audmns.com/tHQpfAm Des rencontres inspirantes avec des artistes de tous horizons. Galaxie BD: https://audmns.com/nyJXESu Notre podcast hebdomadaire autour du 9ème art.Nom: Van Hamme, Profession: Scénariste : https://audmns.com/ZAoAJZF Notre série à propos du créateur de XII et Thorgal. Franquin par Franquin : https://audmns.com/NjMxxMg Ecoutez la voix du créateur de Gaston (et de tant d'autres...) Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Le Journal en français facile du mardi 25 février 2025, 17 h 00 à Paris. Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/BRcv.A
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné pour la première fois le Rwanda pour son soutien au M23, exigeant son retrait immédiat de la RD Congo. Le groupe armé poursuit son avancée rapide dans l'est du pays, face à une armée congolaise en déroute et un exode massif de la population. Des troupes ougandaises ont été déployées à Lubero mais leur rôle reste incertain, alors que le M23 continue de progresser sans réelle résistance.
Washington a décidé d'imposer des sanctions financières contre James Kabarebe, ancien ministre rwandais de la Défense, accusé de soutenir militairement la rébellion du M23 en RD Congo. L'Union européenne convoque l'ambassadeur du Rwanda, et sur le front les rebelles du M23 soutenus par l'armée rwandaise poursuivent leur avancée rapide dans l'Est de la RD Congo.
« Où s'arrêteront le M23 et le Rwanda ? » : question posée par le site d'information guinéen Ledjely. « La facilité avec laquelle les rebelles viennent de prendre le contrôle des deux principales régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en l'espace d'un mois seulement, doit inquiéter les autorités congolaises ».D'autant que« sur le plan diplomatique, personne ne répond, pointe Ledjely. Personne n'écoute vraiment les doléances de Félix Tshisekedi. À l'ONU, à la Communauté de l'Afrique de l'Est, à la Communauté de développement de l'Afrique australe et à l'Union africaine, on n'ose même pas citer le Rwanda comme agresseur. Seuls le Royaume-Uni et la France, après la chute de Bukavu le week-end dernier, ont eu le courage d'appeler nommément le pays de Kagame à se retirer des zones qu'il a contribué à conquérir. Mais en vain. (…) Dans ces conditions, conclut le site guinéen, il n'y a donc pas de véritable obstacle susceptible d'arrêter le M23, s'il décidait de conquérir Kinshasa ». « Condamnations tièdes… »La communauté internationale reste donc les bras croisés… C'est ce que dénonce avec force dans une tribune publiée par Le Monde Afrique le chercheur américain Jason Stearns, fondateur du Groupe d'étude sur le Congo.« Trois semaines se sont écoulées depuis la chute de Goma, sans autre réaction que des condamnations tièdes, s'insurge-t-il. Au sein de l'UE, où les décisions de suspension de l'aide nécessitent un consensus, quelques intérêts étroits ont bloqué l'action. Le Rwanda a déployé des troupes dans le nord du Mozambique, où elles ont repoussé les militants islamistes, protégeant ainsi un projet pétrolier de 20 milliards de dollars appartenant à TotalEnergies. Cela a rendu la France réticente à faire pression sur le Rwanda. Depuis le début de la crise en 2021, Élysée a joué un rôle-clé en soutenant la hausse du financement à Kigali, dénonce encore Jason Stearns. Aux États-Unis, poursuit-il, les postes les plus élevés concernant l'Afrique n'ont pas encore été pourvus, ce qui a ralenti l'action. Parmi les pays africains, le manque de leadership, associé à l'efficacité diplomatique de Kigali, a empêché toute mention explicite de la présence du Rwanda en RDC dans les déclarations officielles des organismes régionaux ».Résultat, soupire Jason Stearns : « quel est le pays étranger le plus populaire aujourd'hui ? La Russie, qui n'a pratiquement aucune présence politique ou économique dans le pays. La crise du M23 est un signe supplémentaire des changements géopolitiques dans le monde. La Chine, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Turquie sont en plein essor en Afrique, tandis que les États-Unis, qui semblent désormais déterminés à démanteler la plus grande organisation humanitaire au monde, et l'Europe se replient sur eux-mêmes, en proie au nativisme et au populisme ».« Dépoussiérer » le pouvoir…Autre tribune cette fois publiée par le site burkinabé WakatSéra. Elle est signée Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France. Pour lui, le dialogue reste la clé… Il se félicite de la démarche de paix engagée par les religieux congolais : « les Églises Catholique et Protestante doivent en extraire le meilleur, affirme-t-il, en équilibre dans “la part“ à accorder à toutes les parties. Pour nous, précipiter le départ de Félix Tshisekedi avant la fin de son deuxième mandat, en 2028, n'aurait aucun apport positif, poursuit-il. Bien au contraire. L'essentiel, c'est de dépoussiérer urgemment les rouages gangrénés de la bonne gouvernance, au travers d'une forme de gouvernement de transition et d'union nationale. D'une manière ou d'une autre, avec un Tshisekedi “régnant sans gouverner“. La formule est possible, assure encore Jean-Jules Lema Landu. Cela permettrait d'organiser les prochaines élections dans des conditions apaisées et de transparence. C'est tout ce dont le peuple congolais a besoin ».… et dialoguer avec le M23 ?Enfin, à lire également l'éditorial du New Times à Kigali, quotidien proche du pouvoir rwandais, qui estime que Kinshasa doit négocier avec le M23. « L'est de la RDC a besoin de solutions audacieuses et non conventionnelles, écrit le New Times. Le M23 pourrait bien être la pilule amère que Kinshasa doit avaler (…). Pour le bien de millions de personnes, il est temps d'envisager l'impensable. Kinshasa ne devrait pas considérer le M23 comme une menace, affirme encore le quotidien rwandais, mais comme une opportunité. Une opportunité d'écraser les milices. De ramener les réfugiés chez eux. De construire un avenir meilleur. La question est : auront-ils le courage d'essayer ? »
« Où s'arrêteront le M23 et le Rwanda ? » : question posée par le site d'information guinéen Ledjely. « La facilité avec laquelle les rebelles viennent de prendre le contrôle des deux principales régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en l'espace d'un mois seulement, doit inquiéter les autorités congolaises ».D'autant que« sur le plan diplomatique, personne ne répond, pointe Ledjely. Personne n'écoute vraiment les doléances de Félix Tshisekedi. À l'ONU, à la Communauté de l'Afrique de l'Est, à la Communauté de développement de l'Afrique australe et à l'Union africaine, on n'ose même pas citer le Rwanda comme agresseur. Seuls le Royaume-Uni et la France, après la chute de Bukavu le week-end dernier, ont eu le courage d'appeler nommément le pays de Kagame à se retirer des zones qu'il a contribué à conquérir. Mais en vain. (…) Dans ces conditions, conclut le site guinéen, il n'y a donc pas de véritable obstacle susceptible d'arrêter le M23, s'il décidait de conquérir Kinshasa ». « Condamnations tièdes… »La communauté internationale reste donc les bras croisés… C'est ce que dénonce avec force dans une tribune publiée par Le Monde Afrique le chercheur américain Jason Stearns, fondateur du Groupe d'étude sur le Congo.« Trois semaines se sont écoulées depuis la chute de Goma, sans autre réaction que des condamnations tièdes, s'insurge-t-il. Au sein de l'UE, où les décisions de suspension de l'aide nécessitent un consensus, quelques intérêts étroits ont bloqué l'action. Le Rwanda a déployé des troupes dans le nord du Mozambique, où elles ont repoussé les militants islamistes, protégeant ainsi un projet pétrolier de 20 milliards de dollars appartenant à TotalEnergies. Cela a rendu la France réticente à faire pression sur le Rwanda. Depuis le début de la crise en 2021, Élysée a joué un rôle-clé en soutenant la hausse du financement à Kigali, dénonce encore Jason Stearns. Aux États-Unis, poursuit-il, les postes les plus élevés concernant l'Afrique n'ont pas encore été pourvus, ce qui a ralenti l'action. Parmi les pays africains, le manque de leadership, associé à l'efficacité diplomatique de Kigali, a empêché toute mention explicite de la présence du Rwanda en RDC dans les déclarations officielles des organismes régionaux ».Résultat, soupire Jason Stearns : « quel est le pays étranger le plus populaire aujourd'hui ? La Russie, qui n'a pratiquement aucune présence politique ou économique dans le pays. La crise du M23 est un signe supplémentaire des changements géopolitiques dans le monde. La Chine, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Turquie sont en plein essor en Afrique, tandis que les États-Unis, qui semblent désormais déterminés à démanteler la plus grande organisation humanitaire au monde, et l'Europe se replient sur eux-mêmes, en proie au nativisme et au populisme ».« Dépoussiérer » le pouvoir…Autre tribune cette fois publiée par le site burkinabé WakatSéra. Elle est signée Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France. Pour lui, le dialogue reste la clé… Il se félicite de la démarche de paix engagée par les religieux congolais : « les Églises Catholique et Protestante doivent en extraire le meilleur, affirme-t-il, en équilibre dans “la part“ à accorder à toutes les parties. Pour nous, précipiter le départ de Félix Tshisekedi avant la fin de son deuxième mandat, en 2028, n'aurait aucun apport positif, poursuit-il. Bien au contraire. L'essentiel, c'est de dépoussiérer urgemment les rouages gangrénés de la bonne gouvernance, au travers d'une forme de gouvernement de transition et d'union nationale. D'une manière ou d'une autre, avec un Tshisekedi “régnant sans gouverner“. La formule est possible, assure encore Jean-Jules Lema Landu. Cela permettrait d'organiser les prochaines élections dans des conditions apaisées et de transparence. C'est tout ce dont le peuple congolais a besoin ».… et dialoguer avec le M23 ?Enfin, à lire également l'éditorial du New Times à Kigali, quotidien proche du pouvoir rwandais, qui estime que Kinshasa doit négocier avec le M23. « L'est de la RDC a besoin de solutions audacieuses et non conventionnelles, écrit le New Times. Le M23 pourrait bien être la pilule amère que Kinshasa doit avaler (…). Pour le bien de millions de personnes, il est temps d'envisager l'impensable. Kinshasa ne devrait pas considérer le M23 comme une menace, affirme encore le quotidien rwandais, mais comme une opportunité. Une opportunité d'écraser les milices. De ramener les réfugiés chez eux. De construire un avenir meilleur. La question est : auront-ils le courage d'essayer ? »
Le Journal en français facile du lundi 17 février 2025, 17 h 00 à Paris. Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/BQ83.A
L'Union africaine à la croisée des chemins. Alors que s'ouvre le 38e sommet des chefs d'État, l'organisation est de plus en plus critiquée pour son impuissance face aux conflits et crises qui se multiplient sur le continent. Comment expliquer sa faiblesse, et relever ces défis ? Pour en parler, Liesl Louw-Vaudran, chercheuse à l'International Crisis Group (ICG) et spécialiste de l'UA. RFI : Lors de son premier discours d'adieu, mercredi, Moussa Faki Mahamat a invité les chefs d'État de l'Union africaine à se ressaisir. Il s'est montré inquiet pour la survie de l'organisation. Est-ce que le rêve d'une institution panafricaine forte est menacé aujourd'hui ?Liesl Louw-Vaudran : C'est vrai que nous voyons, ces dernières années, des États qui ne voient franchement pas l'intérêt de l'Union africaine pour eux, même pour les processus de paix. Donc, ce sont des organisations régionales qui, pour la plupart, gèrent les conflits dans leur région. Nous avons six États suspendus de l'Union africaine à cause des coups d'État. Il y en a peut-être un ou deux qui vont éventuellement revenir. Mais surtout, les États de l'AES, maintenant, sont isolés et nous voyons que le dialogue entre l'Union africaine et ses États ne sont pas vraiment entamés. Donc, je pense que l'Union africaine de son côté n'a pas montré vraiment son efficacité. Comment expliquer cet affaissement ? On peut critiquer Moussa Faki Mahamat et son staff de ne pas avoir été vraiment en avance, par exemple sur le conflit du Soudan, c'est le conflit avec l'impact humanitaire le plus grave au monde, mais on n'en parle pas. Au minimum, on aurait voulu voir l'Union africaine mettre l'accent sur ces graves conflits dans toutes les réunions, à l'ONU, dans les réunions internationales. Mais aussi, bien sûr, nous sommes dans un contexte international où le multilatéralisme est en crise, donc ce n'est pas totalement la faute de l'Union africaine, mais d'autres facteurs internationaux. À lire aussiUnion africaine : Moussa Faki Mahamat se retire sur un bilan en demi-teinteEst-ce que l'élection de Donald Trump aux États-Unis rend l'Union africaine encore plus seule face à tous ces défis ? C'est vrai que c'est très inquiétant parce que c'est un peu imprévisible. On ne sait pas quel va être l'impact, par exemple, sur la force de l'Union africaine en Somalie qui dépend beaucoup des financements de l'ONU, et les États-Unis sont un grand financement du budget des opérations de paix de l'ONU. Ça peut avoir un impact, mais ça ne va pas vraiment avoir un impact direct sur l'Union africaine en tant qu'organisation. Au cœur de ce sommet, il y a bien sûr le conflit dans l'est de la RDC, avec un risque de déflagration régionale. Le Conseil paix et sécurité a entériné, hier, la fusion des processus de Luanda et Nairobi. Est-ce que c'est une bonne idée ? C'est une bonne idée s'il n'y a pas trop d'initiatives parallèles, trop de médiateurs, et l'inquiétude, c'est un peu que le processus de Luanda ne disparaisse parce que l'EAC, à un moment donné, voulait un peu que le processus de Nairobi soit le seul processus, donc convaincre la RDC de dialogue avec le M23. Mais nous pensons aussi, c'est aussi important, c'est le processus de Luanda, parce que c'est le dialogue entre la RDC et le Rwanda, qui aujourd'hui le Rwanda soutient le M23. À lire aussiEst de la RDC : une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'UA «électrique»Mercredi, le Rwanda a échoué à obtenir le poste au sein du Conseil paix et sécurité que le pays briguait. Le Rwanda est arrivé troisième, derrière l'Éthiopie et la Somalie. Est-ce qu'il faut y voir une forme de sanction de la part des États membres ? C'est possible. C'est vrai que le Congo RDC est toujours membre pour deux ans, donc si le Rwanda s'était joint au Conseil de paix et de sécurité, ça aurait été une opportunité pour le Rwanda d'éventuellement bloquer d'autres initiatives du Conseil de paix et de sécurité. Le Rwanda, depuis beaucoup d'années, est très influent, ici, à l'Union africaine, surtout le président Paul Kagame, qui gérait les réformes de l'Union africaine. Et donc, on peut voir ça, éventuellement, comme un manque de poids et d'influence. Mais il faut aussi se rendre compte que c'est un jeu, parfois, des États, donc les autres membres peuvent par exemple soutenir un candidat pour un commissaire, on échange un vote au CPS. Donc, on ne peut pas toujours déduire que, par exemple, un pays a perdu de l'influence parce qu'il a pu gagner ailleurs, mais quand même, je pense que le Rwanda ne devrait pas être content de ne pas avoir été élu.
Dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), les combats ont repris hier dans le Sud-Kivu après plusieurs jours d'accalmie. La communauté internationale a toujours du mal à faire entendre sa voix et à faire stopper les hostilités. Comment y parvenir ? Dans ce dossier, la France a-t-elle raison de continuer à discuter avec les deux pays ou doit-elle s'aligner sur la position congolaise ? Autant de questions posées à François Hollande, l'ancien président socialiste, aujourd'hui député. RFI : Quel regard portez-vous sur la situation dans l'est de la RDC ? François Hollande : Je porte un regard à la fois attristé, et d'une certaine façon, révolté. Car c'est un conflit qui est tout à fait grave dans ses conséquences, avec des vies humaines, des civils, aussi des forces congolaises qui sont attaquées. Et c'est aussi sans réaction de la part de la communauté internationale au niveau qui serait nécessaire. Car nous voyons bien que, aujourd'hui, même si le Secrétaire général des Nations unies a pris position, même s'il y a eu des déclarations de tel ou tel gouvernement, ce n'est pas à la hauteur de l'agression dont la République démocratique du Congo est la victime de la part du Rwanda, pour parler tout à fait clairement. Car derrière le M23, c'est le Rwanda qui est en cause.Que devrait faire alors la communauté internationale selon vous ? Faire pression sur le Rwanda beaucoup plus fortement. Le Rwanda bénéficie d'une certaine faveur. Il y a le passé qui compte. Nous savons très bien ce qui s'est produit avec le génocide et nous savons très bien combien la personnalité aussi d[u président rwandais Paul] Kagame peut avoir comme importance dans l'ensemble des pays africains. Mais il n'empêche, là, il y a une agression qui est démontrée, qui est avouée de la part du Rwanda sur le soutien qu'il apporte à ce mouvement rebelle, qui n'est en fait, même si je ne nie pas son existence, mais qui n'est en fait que la face immergée de ce qu'est l'influence du Rwanda.Et donc de voir un pays comme la République démocratique du Congo depuis des années, mais cette fois-ci avec une intensité plus grande, être finalement envahi, ses ressources naturelles confisquées, des villes qui sont occupées, c'est un manquement très grave au droit international. Et c'est d'ailleurs assez conforme à ce qui se produit dans le monde aujourd'hui. On voit ce qui se passe en Ukraine, on voit un certain nombre de pays qui ne respectent plus les règles de la communauté internationale. Eh bien, nous en sommes là aussi en République démocratique du Congo avec une forme d'invasion de son territoire.La France fait-elle suffisamment entendre sa voix dans ce dossier selon vous ? Elle l'a fait. Le gouvernement s'est exprimé, mais, je ne pense pas à un niveau suffisant. Le président de la République doit, sur ce sujet, dans un contexte que nous connaissons, celui du manquement aux règles de droit international, avec déjà ce qui se passe au Soudan, qui est suffisamment préoccupant, avec des conséquences que ça peut avoir, y compris en termes humanitaires et en termes aussi de migrations.Là, sur la République démocratique du Congo, grand pays francophone avec lequel nous sommes liés, nous devons absolument défendre non pas un régime, non pas un président en l'occurrence, mais nous devons défendre des principes. Le principe, c'est l'intangibilité des frontières, c'est le refus de la guerre qui est utilisée pour prendre des ressources naturelles et c'est le refus aussi de toute négociation d'envergure. Puisque chaque fois qu'il y a des rendez-vous, ils sont reportés, annulés ou en tout cas, ils n'ont pas d'effet. Donc, l'initiative qu'il faut prendre, c'est de faire une pression très forte sur le Rwanda et d'exiger le retrait des forces qui sont présentes en République démocratique du Congo.Est-ce que la politique d'équilibriste ou la position d'équilibriste, pourrait-on dire, d'Emmanuel Macron est la voie à suivre ? Ou est-ce qu'il faudrait que la France s'aligne plus sur la position congolaise et mette en place des sanctions à l'égard de Kigali ? La France ne peut pas prendre seule des sanctions, elle doit le faire dans le cadre européen, c'est là qu'elles seront les plus efficaces. Et donc la France doit maintenant s'orienter vers cette voie si le Rwanda n'entend pas raison, s'il y a encore des forces militaires qui progressent dans l'est, ce qui est le cas. Car ça ne s'arrêtera pas forcément à Goma, donc avec un risque d'une progression de ses forces, il faut qu'il y ait un coup d'arrêt qui soit porté.
La République démocratique du Congo vit une poussée de fièvre qui fait craindre une guerre régionale en Afrique centrale. Sur place, un groupe armé, le M23, s'est emparé de la ville de Goma à l'est, avec le soutien de troupes du Rwanda. Depuis le début de cette offensive, près de 3.000 personnes ont été tuées, selon l'ONU. Et un demi-million ont été déplacées. Selon le président de la RDC Félix Tshisekedi le Rwanda veut piller les ressources naturelles de la région et en particulier un minerai essentiel pour vos téléphones et ordinateurs portables : le coltan, qui a longtemps une réputation sulfureuse de minerai de sang… qui sert à financer des guerres. Le Rwanda nie en bloc et affirme vouloir avant tout se défendre de la milice des FDLR, les Forces démocratiques de libération du Rwanda. Au passage, la RDC accuse aussi les occidentaux, et même la compagnie Apple, d'être complices de cette agression. Mais qu'en est-il réellement ? Comme vous allez le voir, la réponse est un peu plus complexe, et nuancée. Pour en parler Sur le Fil a invité le directeur adjoint du bureau de l'AFP à Nairobi, Eric Randolph, qui a suivi de près ce sujet et deux experts, Oluwole Ojewale de l'Institut d'études de sécurité à Dakar er Guillaume De Brier, chercheur à l'International Peace Information Service. Réalisation : Michaëla Cancela-KiefferSur le Fil est le podcast quotidien de l'AFP. Vous avez des commentaires ? Ecrivez-nous à podcast@afp.com. Si vous aimez, abonnez-vous, parlez de nous autour de vous et laissez-nous plein d'étoiles sur votre plateforme de podcasts préférée pour mieux faire connaître notre programme Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur sur l'accès aux réseaux sociaux en RDC, des migrants vendus à la Libye et un gaz toxique dans l'eau du robinet en France. Football : les clubs européens sont appelés à rompre leur partenariat avec le Rwanda Thérèse Kayikwamba Wagner, la ministre des Affaires étrangères de la RDC, demande au PSG, à Arsenal et au Bayern Munich de mettre fin à leur partenariat avec le Rwanda. En quoi consiste ce "sponsoring" et quelles seraient les conséquences d'une éventuelle rupture ? La pétition lancée par un supporter du PSG peut-elle faire plier le club pour qu'il ne renouvelle pas ce partenariat sportif ?Avec François Mazet, journaliste au service Afrique de RFI. RDC : l'accès à certains réseaux sociaux est restreint Depuis samedi, les habitants de Goma, Lubumbashi, Bukavu ou encore Kinshasa ne parviennent plus à se connecter à TikTok et X. Pourquoi avoir restreint l'accès à ces réseaux particulièrement, et pas aux autres comme Facebook ou WhatsApp ?Avec Paul Lorgerie, journaliste au service Afrique de RFI. Tunisie : des migrants expulsés et vendus à la Libye Un rapport présenté au Parlement européen accuse l'Etat tunisien d'avoir vendu des migrants à des milices armées en Libye. Sait-on qui organise ce trafic ? Les intérêts sont-ils exclusivement économiques ?Avec Lilia Blaise, correspondante de RFI à Tunis. France : un gaz toxique contamine des réseaux d'eau potable 140 000 kilomètres de canalisations d'eau potable en PVC seraient exposés à un gaz cancérogène. Quels sont les risques pour la santé ? Quelles solutions peuvent être adoptées pour réduire ou éliminer la contamination ?Avec Gaspard Lemaire, chercheur en sciences politiques à l'université d'Angers et enseignant en droit de l'environnement à Sciences-Po.
Au début de l'année 2000, le New York Times parlait de “guerre mondiale africaine” en évoquant le conflit en République démocratique du Congo. Six pays avaient alors leurs armées au sein du pays qui était dirigé par Laurent-Désiré Kabila, chacun jouant sa partition au prétexte de l'intérêt national ou du panafricanisme. Un quart de siècle plus tard, la guerre du Congo, ou plus sûrement la guerre au Congo, qui ne s'est jamais éteinte, redevient chaude avec la prise de Goma par un M23 derrière lequel l'ombre de l'armée rwandaise est de plus en plus évidente. Pendant ce temps, Kinshasa, la capitale, s'échauffe et des manifestants s'en prennent à certains intérêts étrangers, notamment à l'ambassade de France. Et la bataille de communication a repris entre les pouvoirs de Kinshasa et Kigali. Comme par le passé, et comme ses prédécesseurs, Félix Tshisekedi pointe du doigt le Rwanda. De son côté, Paul Kagame ne se contente pas d'invectiver son homologue congolais, il s'en prend à Cyril Ramaphosa, le président sud-africain, ce dernier ayant demandé aux troupes de son pays de quitter Goma. Rwanda, Afrique du Sud, Burundi, Kenya, Union africaine mais également France, États-Unis, Chine… Plus que jamais, la guerre en RDC n'est pas seulement congolaise, avec au cœur des enjeux les riches minerais d'un des pays les plus stratégiques du monde. Qui sont les acteurs du chaos et quelles sont leurs lignes de fracture ? ▶ Soutenez Le Média :
durée : 00:03:24 - Géopolitique - Le Rwanda est pointé du doigt pour l'avancée des rebelles du M23 dans l'est de la RDC et la prise de la capitale régionale, Goma. Mais la communauté internationale est impuissante à empêcher l'extension du conflit dans cette région riche en minerais stratégiques.
durée : 00:03:24 - Géopolitique - Le Rwanda est pointé du doigt pour l'avancée des rebelles du M23 dans l'est de la RDC et la prise de la capitale régionale, Goma. Mais la communauté internationale est impuissante à empêcher l'extension du conflit dans cette région riche en minerais stratégiques.
durée : 00:12:47 - Les Enjeux internationaux - par : Guillaume Erner - Depuis dimanche, en République Démocratique du Congo, la ville de Goma est devenue le théâtre de violents affrontements entre les forces armées congolaises et le M23, une milice armée soutenue selon l'ONU par le Rwanda. - réalisation : Félicie Faugère - invités : Sonia Rolley Journaliste,ancienne correspondante de RFI en République Démocratique du Congo
Rencontre avec Thierry Piel.
Capsules audio, à retrouver dans l'exposition pédagogique de Géopolis sur le Rwanda. Photo : CC BY-NC-SA 2.0, Colette Braekman par Internaz
Capsules audio, à retrouver dans l'exposition pédagogique de Géopolis sur le Rwanda. Photo : CC BY-NC-SA 2.0, Colette Braekman par Internaz
La ville de Goma, à l'est de la RDC, est en plein chaos. Des rebelles du mouvement M23 et des soldats de l'armée rwandaise seraient arrivés dimanche soir dans la plus grande ville du Nord Kivu. La conquête de la ville semble inéluctable, une étape de plus dans les violences qui secouent cette région depuis plusieurs années. Colette Braeckman est grand reporter au pôle international. Avec elle, on va faire le point sur la situation et réexpliquer comment on en est arrivé là.
Dans l'est de la République démocratique du Congo, la stratégie de l'Ouganda n'est pas toujours facile à suivre. D'un côté, l'armée ougandaise soutient les Forces armées congolaises contre les rebelles jihadistes des ADF. Mais de l'autre, la même armée ougandaise est accusée de soutenir les rebelles du M23 contre les Forces armées congolaises. C'est pourquoi le chargé d'affaires ougandais à Kinshasa a été convoqué la semaine dernière par la ministre congolaise des Affaires étrangères. Pourquoi cet apparent double jeu ? Fred Bauma est le directeur exécutif de l'Institut congolais Ebuteli. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : La semaine dernière, la ministre congolaise des Affaires étrangères a convoqué le chargé d'affaires ougandais à Kinshasa. Pourquoi cette mise en demeure ?Fred Bauma : La convocation du chargé d'affaires ougandais intervient après que le fils du président Museveni, qui est aussi le commandant de forces armées ougandaises, a publié une série de tweets. Dans ceux-là, il a insinué la possibilité d'envoyer ses troupes, pour s'attaquer à la présence de tout mercenaire européen. Mais il faut le voir au-delà d'un seul tweet. Le chef de l'armée ougandaise s'est distingué par sa série de tweets, qu'il fait régulièrement, souvent en fin de semaine, et qui sont menaçants non seulement pour la RDC, mais également par le passé pour d'autres pays comme le Kenya ou, récemment, le Soudan.Ce général Muhoozi ; ce n'est pas n'importe qui, c'est à la fois le chef d'état-major de l'armée ougandaise et le fils aîné de Yoweri Museveni, le président ougandais. Est-ce que les tweets de cet individu sont à prendre au sérieux ?Alors ces tweets qu'il porte très ouvertement et qui représentent, je pense, son opinion ne sont pas tout le temps contredits par le gouvernement ougandais. Ils ne sont contredits que lorsqu'il y a des protestations comme celle du gouvernement congolais la dernière fois ou bien du gouvernement kényan. Donc, on ne peut pas ne pas le prendre au sérieux.Par ailleurs, ce général Muhoozi est proche du président rwandais Paul Kagame, qu'il appelle « mon oncle ». Il est d'ailleurs à l'origine de la réconciliation il y a trois ans entre Kampala et Kigali !Exactement. Il est proche de Paul Kagame. En tout cas, il proclame sa proximité avec le président rwandais. On le cite également parmi les personnalités ougandaises qui ont facilité la conquête de Bunagana par le M23. Mais également, je pense qu'il y a une question de succession qui se joue en Ouganda où le fils de Museveni se positionne de plus en plus comme un potentiel remplaçant de son père s'il n'y a pas d'opposition en interne.C'est au mois de juin dernier qu'un groupe d'experts de l'ONU a accusé l'Ouganda de soutenir les rebelles du M23. On connaissait le soutien du Rwanda à ces rebelles. On connaissait beaucoup moins le soutien de l'Ouganda. Comment se matérialise cette aide de l'Ouganda aux rebelles ?Selon les derniers rapports du groupe d'experts de l'ONU, l'Ouganda soutient le M23 de plusieurs manières. D'une part, l'Ouganda ou certaines personnes qui sont proches de Muhoozi soutiennent le M23, en lui facilitant les rencontres diplomatiques dans la région. Mais également, l'Ouganda offre un lieu de passage pour les responsables du M23 et de l'AFC qui veulent se rendre dans des rencontres dans la région. Et enfin, on parle même de certains officiers, notamment des renseignements militaires ougandais, qui ont parfois été dans des zones occupées par le M23. Mais ce soutien est fortement démenti du côté ougandais. Mais ça, ce n'est pas quelque chose de surprenant.Et est-ce que l'Ouganda offre des facilités aux rebelles congolais de l'AFC, de l'Alliance du fleuve Congo, de Corneille Nangaa ?Oui, je pense qu'en offrant au M23 un soutien, l'Ouganda offre forcément aussi à l'AFC puisque les deux groupes semblent être les deux bords d'une même médaille, mais également les membres de l'AFC qui arrivent dans les zones occupées par le M23 passent, pour certains, forcément par l'Ouganda.Alors, on a un petit peu de mal à comprendre ce qui se passe dans cette région du Congo puisque dans le Grand Nord-Kivu (…) dans la région de Butembo, l'Ouganda est allié aux Forces armées congolaises contre les rebelles djihadistes des ADF. Mais en même temps, un peu plus au sud, toujours dans cette province du Nord-Kivu, l'Ouganda est allié avec les rebelles du M23 contre les Forces armées congolaises. Pourquoi ce double jeu ?Alors, on peut effectivement parler de doubles jeux, mais je pense qu'il faut aussi le regarder d'un point de vue des intérêts ougandais. L'Ouganda est exactement en opération militaire avec la RDC, l'opération Shujaa contre les ADF dans le Grand Nord-Kivu, dans la région de Beni. Et au même moment, on le crédite de soutenir le M23. Il faudrait peut-être se demander si l'aide que l'Ouganda accorde au M23 ne constitue pas une façon pour l'Ouganda de se rassurer, d'avoir le contrôle sur un acteur qui pourrait s'étendre jusqu'au bord de ses frontières comme c'est déjà le cas aujourd'hui, mais également d'avoir probablement le regard sur les actions d'un pays, le Rwanda, avec lequel l'Ouganda entretient depuis plusieurs années des relations assez tendues. C'est une relation qui est basée sur beaucoup de suspicions et donc j'imagine que l'Ouganda voit un intérêt à pouvoir avoir un regard sur ce que fait son voisin en RDC.Donc, en soutenant le M23, l'Ouganda veut s'assurer que le Rwanda n'a pas le monopole de l'influence étrangère sur le Congo Kinshasa ?Je dirais pour le moment que l'Ouganda veut se rassurer d'avoir le contrôle d'une rébellion qui occupe une partie de sa frontière du côté congolais.Alors, on imagine que le président Tshisekedi est au courant de ce double jeu ougandais. Et pourtant, il y a deux mois, il s'est rendu en visite d'État en Ouganda auprès de son homologue Yoweri Museveni. Pourquoi une telle mansuétude ?Alors, en privé, [il y a] beaucoup d'officiels congolais qui critiquent les ambiguïtés et les contradictions de l'Ouganda. Mais on voit bien que la RDC n'a pas choisi de nommer l'Ouganda autant qu'elle le fait sur le Rwanda, malgré son rôle ambigu.Et peut-être la RDC ne veut-elle pas ouvrir un 2e front diplomatique à l'est de son territoire ?Évidemment, ça lui demanderait encore plus d'énergie. Il faut dire aussi qu'il y a une double dépendance. La RDC semble dépendre de cette opération Shujaa pour contenir à un certain degré les ADF. Donc c'est une opération qui est particulièrement populaire au sein de la communauté Nandé qui est une communauté puissante et au sein de certains leaders de cette communauté. Également, l'Ouganda bénéficie largement de l'économie informelle et de l'économie illicite de cette région de la RDC. Donc il y a des intérêts de part et d'autre pour ne pas casser toute la relation.Et Yoweri Museveni a intérêt à ménager son voisin Félix Tshisekedi ?Absolument. Museveni a tout intérêt à ménager ses voisins. Mais je pense qu'il a aussi intérêt, au moins, à contenir les actions de son fils s'il le peut. Sinon, ça risque de mettre à mal pas mal de relations que l'Ouganda entretient avec la RDC, mais aussi avec d'autres pays de la région.Les militaires ougandais sont dans la région de Butembo. Les rebelles du M23 sont en direction de la localité de Lubero. Or, il n'y a que quelques dizaines de kilomètres entre Butembo et Lubero. Est-ce qu'il ne faut pas craindre dans les semaines qui viennent un face-à-face entre les militaires ougandais et les rebelles du M23 ?C'est une possibilité, évidemment, ça rappellerait des épisodes sombres. On se rappelle du massacre de Kisangani au début des années 2000.Plus de 700 civils congolais tués à Kisangani, en juin 2000, lors de la bataille entre Ougandais et Rwandais !Exactement. Il y a des risques, si on se retrouve dans la même situation, que ça crée de nouvelles personnes tuées. Mais au même moment, j'ai l'impression que le gouvernement congolais espère que l'Ouganda pourrait jouer une sorte de barrière à cette progression du M23. Tout cela, évidemment, est à regarder. Est-ce qu'on tend vers le progrès du M23 vers le territoire de Lubero, à l'approche de la ville de Beni ? Est-ce que ça va nous replonger dans un autre niveau de conflit régional ? Il faut espérer que ça n'arrive pas, mais il faudrait agir en amont pour qu'on n'en arrive pas là.
« La réunion tripartite prévue à Luanda entre les présidents congolais Félix Tshisekedi, rwandais Paul Kagame et angolais João Lourenço n'a pas eu lieu hier dimanche », constate le site congolais 7 sur 7. « D'après la présidence congolaise, l'annulation de cette rencontre a été causée, pointe 7 sur 7, par le refus de la délégation rwandaise de prendre part à la réunion ».En effet, précise Beto, autre site congolais, « Kigali a subitement conditionné sa présence, et par conséquent la signature d'un éventuel accord, à l'ouverture d'un dialogue direct entre Kinshasa et le groupe armé M23. Une exigence jugée inacceptable par Kinshasa, qui y voit une manœuvre délibérée pour torpiller le processus de paix de Luanda ».Pour sa part, le New Times à Kigali justifie l'absence de Paul Kagame par les « menaces de changement de régime proférées par les responsables congolais contre le Rwanda et la présence continue dans l'est de la RDC des FDLR, milice fondée par les restes des auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsis ».Méfiance réciproqueBref, on en est toujours au même point dans ce conflit qui ravage l'est du Congo depuis plus de 25 ans… « L'échec de cette rencontre illustre le climat de méfiance profonde qui règne entre les deux parties, relève Afrik.com. Kigali exige des garanties fermes sur l'ouverture d'un dialogue avec le groupe rebelle M23. De son côté, Kinshasa insiste sur le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et l'arrêt du soutien aux rebelles. Ces désaccords rendent tout compromis difficilement envisageable. (…) Avec l'annulation de ce sommet, les perspectives de paix dans l'est de la RDC s'assombrissent. Les habitants de cette région, victimes d'affrontements incessants, espéraient des avancées concrètes pour mettre fin à leur calvaire ». C'est donc raté…« L'échec de Luanda donne l'impression que les points d'achoppement entre le Congo et le Rwanda n'ont pas évolué, pointe pour sa part le site spécialisé sur la RDC, Afrikarabia. Kigali considère toujours la crise du M23 comme un problème congolo-congolais, à l'inverse de Kinshasa qui pense que sans le Rwanda, le M23 est une coquille militaire vide. Le Rwanda défend l'idée que le nœud du conflit se trouve justement entre le M23, qui défend la communauté rwandophone, et les autorités congolaises. Pour Kinshasa, le refus de négocier avec la rébellion est directement lié aux multiples échecs du passé et aux nombreuses intégrations ratées de rebelles au sein de l'armée régulière qui ont systématiquement donné lieu à la création de nouvelles rébellions ».Des centaines de milliers de déplacésEt pendant ce temps, la guerre se poursuit, donc, avec son cortège de souffrances pour les populations civiles. Témoin, ce reportage à lire dans Le Monde Afrique sur les centaines de milliers de personnes déplacées qui sont venues se réfugier aux environs de Goma, dans la province du Nord-Kivu, pour se retrouver dans des camps où règnent l'insécurité et la misère.« L'ouest de Goma est le réceptacle des malheureux fuyant les plateaux et vallées du Masisi et de Walikale, au-delà du versant occidental du volcan Nyiragongo, rapporte l'envoyé spécial du Monde Afrique. Les sites ont pour nom Buhimba, Mulengo, Rusayo, Luchaga, Rego… Partout le même spectacle, une mer de bâches blanches. Combien sont-ils, ces hordes de déplacés ? Au moins 600 000, selon une évaluation effectuée à partir de photos aériennes par plusieurs ONG. Plus d'un million, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Nul ne sait précisément, mais trop ».Au moins 600 000 personnes, donc, qui ont besoin de nourriture et de protection… « Dans le camp de Lwashi, par exemple, pointe Le Monde Afrique, c'est le Programme alimentaire mondial qui nourrit les gens. En partie. Débordée, l'agence onusienne subvient aux besoins de base de la moitié des ménages seulement. Les autres tentent de survivre ».Il y a aussi le problème de l'eau potable : au bord du lac Kivu, MSF a installé « 8 pompes qui tournent 24 heures sur 24, reliées à 24 cuves de 10 000 litres dispatchées dans des camions-citernes ou dans le réseau de tuyaux courant sur une dizaine de kilomètres ». Mais cela ne suffit pas…Enfin, l'insécurité permanente, relève encore Le Monde Afrique… Exemple : « les femmes ont demandé qu'il n'y ait pas d'ampoules autour du bâtiment des latrines pour ne pas être vues la nuit. Les chiffres de violences sexuelles, principale forme de violence parmi les déplacés, sont en effet effrayants. Selon une étude MSF, plus de 10 % des femmes adultes, dans les camps de déplacés, ont déclaré avoir été violées ».
Il y a 30 ans, le Conseil de sécurité des Nations unies créait le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Depuis, 62 ministres, officiers et miliciens ont été condamnés par ce Tribunal pour leur participation dans le génocide des Tutsis. Le TPIR a marqué l'histoire en prononçant le premier jugement international pour génocide. Il a fermé ses portes en 2015, mais l'ONU a mis sur pied un mécanisme chargé de boucler les derniers dossiers.
Les autorités rwandaises commettent de graves atteintes aux droits humains dans les centres de détention, notamment en torturant des détenus, a alerté mardi l'ONG Human Rights Watch, dénonçant l'impunité dont bénéficient les responsables. Le Rwanda, dirigé de facto d'une main de fer depuis trois décennies par Paul Kagame, est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d'expression, les critiques et l'opposition politique.
Reprise des pourparlers entre la RDC et le Rwanda en Angola : l'objectif affiché par les chancelleries est de parvenir à un plan de paix pour l'est de la RDC, minée par des conflits armés depuis plusieurs années.
« Le Rwanda est arrivé dans ma vie par la télévision, que nous regardions religieusement à l'heure du dîner. Chez nous, la sensibilité du spectateur était avalée comme une bouchée de silence. Ce qui finissait par m'infliger de terribles maux de ventre. »
Pour défendre sa souveraineté, la RDC s'est engagée dans une bataille judicaire contre le Rwanda devant la Cour de justice des États d'Afrique de l'Est. Le gouvernement fait également pression sur la CPI afin que des enquêtes soient ouvertes. Que vous inspirent ces initiatives ? La justice permettra-t-elle une issue au conflit ?
L'Histoire est au cœur de cette ultime émission. Le Rwanda d'hier et d'aujourd'hui avec les acteurs majeurs du pays, mais aussi de Rwandais de la diaspora, tel que Mighty Popo, artiste canado-rwandais. De retour au Rwanda, après avoir vécu 30 ans au Canada, il crée en 2014 une école de musique et « Kigali Up », un festival de musiques pour les jeunes artistes du pays. (Rediffusion) Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons :Danny Vumbi - Ni dangerBwiza feat Mico The Best - WibeshyaCorneille - Tout va bienGaël Faye - Petit paysInki - Entre nousIsh Kevin - No capMighty Popo - RwastaGabito Guitar et Bushali - AkaninjaRetrouvez notre playlist sur Deezer.
L'Histoire est au cœur de cette ultime émission. Le Rwanda d'hier et d'aujourd'hui avec les acteurs majeurs du pays, mais aussi de Rwandais de la diaspora, tel que Mighty Popo, artiste canado-rwandais. De retour au Rwanda, après avoir vécu 30 ans au Canada, il crée en 2014 une école de musique et « Kigali Up », un festival de musiques pour les jeunes artistes du pays. (Rediffusion) Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons :Danny Vumbi - Ni dangerBwiza feat Mico The Best - WibeshyaCorneille - Tout va bienGaël Faye - Petit paysInki - Entre nousIsh Kevin - No capMighty Popo - RwastaGabito Guitar et Bushali - AkaninjaRetrouvez notre playlist sur Deezer.
Les gouvernements congolais et rwandais se sont accordés pour un cessez-le-feu dans l'est de la RDC. C'est ce qu'a annoncé mardi la présidence angolaise, médiatrice dans ce dossier, après une rencontre à Luanda entre les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la RDC. Ce cessez-le-feu doit débuter ce dimanche 4 aout à minuit. Il interviendra à l'expiration de la trêve humanitaire obtenue par les États-Unis. Son application sera contrôlée par un mécanisme ad hoc qui existe déjà, mais qui doit être renforcé. Alors, ce cessez-le-feu peut-il être respecté ? Question posée à Onesphore Sematumba, analyste grands lacs à l'International Crisis Group. RFI : Onesphore Sematumba, dans le conflit qui oppose l'armée congolaise à la rébellion du M23, un cessez-le-feu doit prendre effet ce dimanche 4 aout à minuit. Selon vous, peut-il être respecté ? Le passé ne pousse pas forcément à l'optimisme...Onesphore Sematumba : En effet, le passé ne pousse pas vraiment à l'optimisme. D'abord parce que ce n'est pas le premier cessez-le-feu qui est négocié. Pour la petite histoire, le cessez-le-feu va commencer le 4 août 2024, c'est-à-dire le lendemain de la fin d'une trêve qui a été négociée par les États-Unis et qui n'a pas été respectée non plus, donc je ne pense pas que cette fois-ci soit la bonne.Pour quelles autres raisons doutez-vous du respect de ce cessez-le-feu ?J'ai plusieurs doutes. D'abord en voyant le compte-rendu, je pense qu'il laisse des brèches pour l'éventuelle violation de ce cessez-le-feu, j'ai parcouru le communiqué. Par exemple, nulle part il n'est fait mention du M23, et donc le communiqué reste assez évasif. On parle de parties du conflit qui doivent cesser les combats, mais on ne nomme pas les entités qui sont, de fait, sur le terrain militaire. Cela fait qu'il y a un risque, par exemple, que le M23 refuse de s'intégrer dans un cessez-le-feu, dont il ne fait pas partie. Et de l'autre côté, on sait aussi que plusieurs fois, du côté du gouvernement de Kinshasa, il y a eu violation du cessez-le-feu, mais que l'armée a communiqué en disant que c'étaient les patriotes Wazalendo, ces jeunes des groupes armés, qui guerroyaient contre M23 et non pas l'armée. Donc, de part et d'autre, on a des sortes de brèches qui pourraient faire que le cessez-le-feu soit violé, tout en ayant l'air d'être respecté.Qu'est-ce qui va différencier, concrètement, ce cessez-le-feu de la trêve humanitaire actuellement en cours ?J'aimerais bien le savoir, parce que cette trêve - négociée par les Américains et qui va se terminer ce samedi 3 aout 2024 - était essentiellement humanitaire. La particularité de ce cessez-le-feu, c'est qu'il n'est pas limité dans le temps, et donc il est supposé être le point de départ d'un processus plus long de désescalade, comme ils disent... Mais encore une fois, ça, c'est à voir.L'annonce de ce cessez-le-feu est tout de même une avancée. À quoi est-elle due, selon vous ? À la pression internationale, voire à l'arrivée de deux nouveaux ministres des Affaires étrangères à Kinshasa et à Kigali ?Plutôt la première option. Je pense que les États-Unis ont vraiment poussé l'Angola et les différents États - notamment la RDC et le Rwanda - à s'engager vers cette solution à long terme pour une solution durable, parce que tout le monde est conscient que la solution durable ne sera que politique. C'est plutôt cela qui, je pense, a fait bouger les lignes. Je ne pense pas que les ministres eux-mêmes puissent influer sur ce genre de politique. Ça se décide un cran plus haut.Est-ce que chacune des parties a intérêt à un cessez-le-feu ?Ça dépend des parties dont nous parlons. Est-ce que le M23 a intérêt, aujourd'hui, à s'inscrire dans une logique de cessez-le-feu, quand son leadership est en train d'être condamné à mort à Kinshasa ? C'est quelque chose qui me semble invraisemblable. Tout comme Kinshasa, qui voit que la guerre a traversé le sud de la province du Nord-Kivu et s'achemine vers Butembo. Aussi, Kinshasa sait que les Congolais rêvent de leur première victoire militaire, de renverser le rapport de force militairement, avant de s'engager dans toutes les négociations. Donc, Kinshasa non plus ne devrait pas être confortable d'y aller en position de faiblesse. Mais évidemment, la réalité politique, la réalité diplomatique est que les deux belligérants principaux - je veux dire les deux capitales - doivent avoir réalisé qu'il n'y aura pas de victoire militaire. Finalement, le plus tôt ils se seront rendus à la table des négociations, en passant par un cessez-le-feu sincère, le mieux ce sera. À lire aussiM23 en RDC: la présidence angolaise annonce un accord de cessez-le-feu entre Kinshasa et le Rwanda
A voté! Le Rwanda s'est rendu aux urnes pour les législatives et la présidentielle, avec un quatrième mandat à la clé pour le président Paul Kagame.
Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient également à vos questions sur la prorogation du mandat des députés au Cameroun, sur la prestation des Bleus à l'Euro 2024 et sur le soutien de l'Ouganda au M23. Cameroun : le mandat des députés prolongé de 12 moisLes autorités camerounaises ont décidé de prolonger le mandat des députés et des conseillers municipaux. Comment le pouvoir justifie-t-il cette mesure ? Cette prolongation est-elle un frein à la candidature d'opposants à l'élection présidentielle qui ont besoin d'être parrainés par des élus ? Avec Amélie Tulet, journaliste au service Afrique de RFI.Migrations : le partenariat Royaume uni - Rwanda abandonné Le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer a annoncé l'annulation du projet visant à expulser vers Kigali les demandeurs d'asile arrivés illégalement sur le territoire britannique. Comment le nouveau gouvernement compte-t-il lutter contre l'immigration illégale ? Avec Marlène Panara, journaliste à Infomigrants, site d'information sur les migrations vers l'Europe.Euro 2024 : les Bleus vivement critiqués pour leur prestation L'équipe de France a perdu en demi-finale contre l'Espagne après un Euro en demi-teinte. Pourquoi le sélectionneur Didier Deschamps a-t-il décidé de poursuivre une stratégie très défensive ? Son avenir à la tête des Bleus est-il compromis ? Avec Antoine Grognet, envoyé spécial pour l'Euro 2024.RDC : l'Ouganda pointé du doigt pour son soutien au M23 Le rapport des experts de l'ONU a documenté le rôle de Kampala dans son soutien aux rebelles du M23. Quels en sont les éléments ? Cette allégation risque-t-elle de nuire aux relations entre la RDC et l'Ouganda d'autant que les deux pays collaborent militairement dans leur lutte contre les ADF Nalu, un autre groupe armé ? Avec Henry-Pacifique Mayala, coordinateur du baromètre sécuritaire du Kivu, un projet du Groupe d'études sur le Congo et de Human Rights Watch qui cartographie les violences armées dans l'est de la RDC.
durée : 00:03:24 - Le monde à 18h50 - par : Franck MATHEVON - Au Royaume-Uni, les travaillistes avaient promis qu'en cas de victoire aux législatives, il ne serait plus question d'expulser les demandeurs d'asile vers le Rwanda. Un projet porté depuis deux ans par les conservateurs. Pour le Rwanda, une certitude, l'argent déjà versé ne sera pas remboursé.
Les journalistes et experts de RFI répondent également aux questions des auditeurs sur le bilan de la visite de Brice Oligui Nguema en France, sur les déplacements du président sénégalais au Mali et au Burkina Faso et sur l'enquête « Rwanda classified ». Gabon-France : bilan de la visite du général OliguiLe président gabonais de la transition a été reçu la semaine dernière par Emmanuel Macron pour sa première visite officielle en France. Que recherchait Brice Oligui Nguema en se rendant à Paris ? De quelle manière les relations entre les deux pays se sont-elles renforcées ? Avec François Mazet, journaliste au service Afrique de RFI.Afrique du Sud : Ramaphosa sur un siège éjectable ? Au pouvoir depuis 30 ans, l'ANC a perdu sa majorité absolue. La nouvelle Assemblée est chargée d'élire le nouveau président au cours du mois de juin 2024. Après ce revers historique, Cyril Ramaphosa peut-il rester au pouvoir ? Avec Alexandra Brangeon, journaliste au service Afrique de RFI.Sénégal : Diomaye Faye pourra-t-il réconcilier l'AES et la Cédéao ? Pour la première fois depuis son élection, le président sénégalais s'est rendu au Mali et au Burkina Faso pour rencontrer les chefs des deux juntes. Il souhaite travailler à la réintégration de ces pays au sein de la Cédéao. Quelle stratégie compte-t-il déployer ? Avec Léa-Lisa Westerhoff, correspondante de RFI à Dakar.« Rwanda classified » : comment Kigali réprime les voix discordantes ? Une enquête du collectif Forbidden Stories met en lumière la répression du régime rwandais contre les opposants et les journalistes dans le pays et à l'étranger. Comment a été menée cette enquête ? Quelle pourrait être la suite ? Le Rwanda a-t-il réagi ? Avec Laurent Richard, fondateur de l'organisation Forbidden stories.
Il s'agit d'une vaste enquête journalistique qui a mobilisé 50 journalistes de 17 médias, dont Le Monde Afrique, dans 11 pays. Une enquête coordonnée par le collectif Forbidden Stories, avec comme point de départ la mort suspecte du journaliste John Williams Ntwali à Kigali en janvier 2023. Une enquête qui révèle la mécanique répressive mise en œuvre par le Rwanda, y compris hors de ses frontières, loin de l'image de pays modèle promue à l'étranger. Ou comment le Rwanda entretient son image en Occident, en se payant les services d'experts en relations publiques aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais aussi en ciblant opposants, dissidents ou encore journalistes à l'aide du logiciel Pegasus… « Un logiciel espion ultrasophistiqué pour téléphone commercialisé par la société israélienne NSO Group. Si les autorités de Kigali ont, par le passé, nié se servir de ce mouchard, l'enquête menée par Forbidden Stories a pu établir qu'il avait été déployé contre les dissidents du régime. »Le régime rwandais qui présente une double face… D'un côté, « le Rwanda, pointe Le Monde Afrique, a su se rendre indispensable aux missions des Nations unies en Afrique », mais de l'autre, « le Rwanda joue un rôle-clé dans la guerre qui sévit dans l'est de la République démocratique du Congo, en soutenant activement un mouvement rebelle, le M23, au prix de morts, de centaines de milliers de déplacés et d'une des plus graves crises humanitaires au monde. »Un Rwanda métamorphosé, mais à quel prix ?Par ailleurs, constate encore l'enquête Rwanda Classified, le pays a connu un développement économique sans précédent dans la région. « Le Rwanda, pourtant enclavé, enregistre le plus fort taux de croissance de tous les pays de la Communauté d'Afrique de l'Est », pointe Le Monde Afrique. Et « s'il fascine autant, c'est aussi parce qu'un homme incarne ce changement : Paul Kagame, libérateur du pays en 1994, lorsqu'à la tête d'une rébellion il a vaincu les forces armées du gouvernement génocidaire, et dirigeant singulier depuis, avec ses faux airs de moine-soldat. Le chef de l'État a métamorphosé son pays, que le génocide de 1994 avait laissé exsangue. Mais à quel prix ? Entre répression, surveillance et influence, c'est pour une présidentielle jouée d'avance, où les opposants sont écartés, que les Rwandais iront voter le 15 juillet. » Et Paul Kagame devrait rester à la tête du pays, son quatrième mandat trente ans après le génocide de 1994.Burkina Faso : le cas Zoungrana…À la une également : le sort mystérieux du lieutenant-colonel Zoungrana… « Bien qu'affaibli par sa longue détention, l'enfant terrible de l'armée burkinabè continue (apparemment) de susciter la crainte, relève Jeune Afrique. Avant-hier, dans la matinée, l'officier a été enlevé par des hommes armés alors qu'il venait de quitter la villa de Ouaga 2000 où il était détenu par la justice militaire. Quelques instants plus tôt, des représentants du tribunal militaire étaient venus imposer sa remise en liberté provisoire, conformément à l'arrêt rendu le 22 mai par la chambre de contrôle de l'instruction, laquelle était jusqu'alors bloquée par les autorités. Il n'aura finalement été libéré que quelques minutes avant d'être kidnappé. »« Poursuivi pour des faits présumés de “tentative de déstabilisation“, rappelle le quotidien burkinabé Aujourd'hui, le lieutenant-colonel Zoungrana, avait été interpellé une première fois en janvier 2022, sous le règne de Roch Marc Christian Kaboré. Il sera libéré dix mois plus tard, après le deuxième coup de force qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir avant d'être de nouveau arrêté pour une “nouvelle tentative de déstabilisation“. (…) En attendant d'avoir plus de détails sur son enlèvement, on se demande, s'exclame Aujourd'hui, ce qui est reproché exactement au lieutenant-colonel Zoungrana ? Pourquoi, depuis 2022, son nom est-il toujours associé à des tentatives de déstabilisation ? S'agit-il d'accusations fondées ? Si oui, pourquoi ne le juge-t-on pas ? Pour l'heure, ces questions demeurent sans réponses et laissent libre cours à toutes les supputations. »Sénégal : règlement de comptes ?Enfin, au Sénégal, le nouveau pouvoir continue d'éplucher les comptes du précédent… « Sonko traque les 45 milliards », titre en première page WalfQuotidien. Il s'agit d'un contrat d'armement de 45 milliards, donc, « impliquant, précise le journal, les anciens ministres Abdou Karim Sall, Abdoulaye Daouda Diallo et l'homme d'affaires nigérien “Petit Boubé“. (…) L'État veut voir clair dans cette commande en armement pour les personnels des Eaux et Forêts et les agents des parcs nationaux. » Une commande qui pourrait cacher un blanchiment de capitaux…
Les journalistes et experts de RFI répondent également aux questions des auditeurs sur les élections européennes. Royaume-Uni : les demandeurs d'asile bientôt expulsés vers le Rwanda ? Le Parlement britannique a adopté le projet de loi controversé de renvoyer vers le Rwanda certaines personnes arrivées illégalement sur le territoire. À charge pour Kigali d'examiner leurs demandes d'asile. Le gouvernement britannique a annoncé que les premiers vols auront lieu dès le mois de juillet 2024. Avec Caroline Renaux, journaliste au service Web de RFI et Leslie Carretero, journaliste à Infomigrants. Élections européennes : le parti d'Emmanuel Macron en chute dans les sondages Selon les différents sondages, Renaissance, le parti d'Emmanuel Macron est largement devancé par le Rassemblement National et rattrapé par le parti socialiste. Comment expliquer les faibles intentions de vote en faveur du parti présidentiel ? Quelle stratégie Renaissance compte-t-il mettre en place pour améliorer ce score ? Avec Charlotte Urien-Tomaka, journaliste au service politique de RFI.
À l'agenda de la visite officielle du président congolais Félix Tshisekedi en France, ces 29 et 30 avril, il y a deux points essentiels : la fin de la guerre à l'Est et le développement économique. Sur le premier point, l'ambassadeur de la République démocratique du Congo (RDC) à Paris, Emile Ngoy Kasongo, ne cache pas, au micro de RFI, qu'il espère que le président français demandera des sanctions contre le Rwanda. Sur le second point, le diplomate congolais attend beaucoup du forum économique franco-congolais organisé ce 30 avril à Bercy, à Paris, avec le patronat français (Medef). RFI : Qu'est-ce que vous attendez de cette visite officielle du chef de l'État congolais à Paris ?Émile Ngoy Kasongo : D'abord une relance à la fois de la coopération et également des questions des diplomaties majeures entre le gouvernement français et celui de la République démocratique du Congo dans un contexte marqué, comme vous le savez, par la situation difficile, la situation de guerre, d'instabilité, d'insécurité, à l'est de la RDC.Il y a un an, on se souvient, le président Macron, c'était à Kinshasa, a eu des mots assez durs contre votre pays. « Depuis 1994, a-t-il dit, vous n'avez pas été capable de restaurer la souveraineté de votre pays, ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative, c'est une réalité et il ne faut pas chercher de coupables à l'extérieur… »Oui, et ses propos avaient fâché l'opinion congolaise. Mais il faut dire qu'il faut savoir passer l'éponge dans la mesure où il y a eu immédiatement une réaction aussi musclée de notre président, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi qui avait répondu, et nous pensons que c'est tout ça aussi qui fait une belle histoire, une belle histoire qu'il y a entre la France et la RDC.En effet, Félix Tshisekedi avait répondu lors de cette visite du président français à Kinshasa : « Regardez nous autrement, en nous respectant et pas toujours avec un regard paternaliste et pas toujours avec l'idée de savoir ce qu'il faut pour nous »…Oui, bien sûr. La RDC revendique sa maturité dans tous les domaines : politique, diplomatique et sa prise en charge existentielle.Alors tout ça, c'était au sujet évidemment de la situation militaire dans l'est de votre pays. Qu'est-ce que vous reprochez aujourd'hui aux pays occidentaux, et notamment à la France ?Le silence coupable de la communauté internationale, parce que la cause majeure, ce n'est pas une guerre des religions et une guerre d'idéologies, une guerre de valeurs, mais c'est une guerre de pillage des ressources naturelles.Alors vous parlez de pillage et il y a quelques jours, vous avez mis en demeure la société Apple parce que vous l'accusez d'utiliser des minerais provenant des mines congolaises exploitées illégalement par le Rwanda…Oui, c'est ce que nous appelons les minerais de sang. Des minerais de sang, des minerais de la fraude. Et pour ça, je pense que nous avons ici aussi en ligne de mire également l'accord que vous connaissez, le protocole d'accord d'entente entre l'Union européenne et le Rwanda et pour lequel nous réclamons jusqu'aujourd'hui qu'il puisse y avoir traçabilité et transparence. Une chaîne de valeur ne doit pas partir du milieu, elle doit partir dès l'origine, c'est-à-dire dès la production. On ne peut pas démarrer une chaîne de valeur essentiellement au point d'approvisionnement, mais il faut qu'on regarde aussi le point de la production.La société Apple répond qu'à sa connaissance, il n'y a pas de minerais exploités illégalement. Elle se réfère à la certification iTSCi selon laquelle il n'y aurait pas de contrebande au bénéfice du Rwanda…Reste à vérifier tout cela. Mais pour notre part, nous considérons que le Rwanda, jusqu'à preuve du contraire, ne dispose pas d'une cartographie minière prouvant réellement que ces minerais ont été exploités au Rwanda.Cette mise en demeure devant la justice française, quelques jours avant l'arrivée du président Tshisekedi en France, ce n'est pas une coïncidence ?Bien entendu, puisque déjà vous vous souviendrez, il y a eu des milliers de jeunes Congolais ici en France, en Belgique, à Londres et même aux États-Unis qui sont allés faire les sittings devant les enseignes de cette multinationale pour dénoncer justement la pratique en la matière qui favorise justement l'exploitation illégale de ce type de minerais stratégiques.Qu'est-ce que le président Tshisekedi attend du président Macron ? Est-ce que vous demandez des sanctions internationales contre le Rwanda ?Il est évident que la Société des Nations aujourd'hui est organisée sur base du droit international. Lorsque le droit international est violé, qu'est-ce qu'on fait ? Avec la Russie, comparaison n'est pas raison, mais on regarde parfois entre intellectuels. J'étais à la Sorbonne dans une conférence, les étudiants en relations internationales ont constaté que la situation de la RDC était pratiquement parallèle à la situation entre la Russie et l'Ukraine. C'est une violation, une agression…Et vous venez d'ailleurs d'autoriser l'Ukraine à installer une ambassade à Kinshasa…Nous sommes un pays indépendant, démocratique et souverain. Nous avons des relations diversifiées dans le monde et c'est le propre de tous les pays. Et donc, nous sommes en droit de demander des sanctions, parce que lorsqu'il y a eu violation du droit international, il n'y a pas autre chose. Lorsque la Russie est entrée en Ukraine, on a entendu par ci par là d'abord la condamnation, la demande de retrait, on ne s'est pas arrêté là, et on a exigé au terme des sanctions. Des sanctions, pourquoi ? Parce que l'intégrité territoriale, la souveraineté, l'indépendance de chaque État dans le monde est régie par des règles de droit international.Donc vous voudriez que le président français prononce le mot sanctions contre le Rwanda ?Je pense que ce serait faire justice, ce serait aussi prendre date dans l'histoire.La semaine dernière, les présidents français Emmanuel Macron et rwandais Paul Kagame se sont parlé au téléphone et selon l'Élysée, Emmanuel Macron en a profité pour insister sur la nécessité de respecter l'intégrité territoriale de votre pays. Qu'est-ce que cela vous inspire ?Nous pensons qu'il faut... On est des humains, on est des hommes, et il y a aujourd'hui la France qui se parlent avec l'Allemagne : tout est oublié parce qu'ils ont su se parler, ils sont arrivés à se parler, mais pour se parler, il faut le faire dans les règles du droit, de la justice. Il faut que finalement, en fin de compte, qu'on ait des réparations également.Emmanuel Macron a également parlé récemment avec le président angolais Joao Lourenço, est-ce qu'on peut imaginer que le président français fasse médiation entre vos deux pays, le Congo et le Rwanda ?La France a les atouts et la France devrait utiliser ces atouts-là.La grosse journée, ce sera avec le déjeuner de travail entre Messieurs Macron et Tshisekedi et ensuite le forum économique à Bercy. Ce forum avec notamment le patronat français avec le Medef, qu'est-ce que vous en attendez ?Nous attendons beaucoup. Nous pensons que la RDC aujourd'hui, avec son potentiel, est en phase de diversification de son économie. Je prends seulement le secteur agroalimentaire où la France est super champion du monde.Pourquoi l'agroalimentaire ? Parce que vous êtes très loin de l'autosuffisance alimentaire ?Très loin de l'autosuffisance alimentaire. Notre autosuffisance alimentaire aujourd'hui est couverte par 60 % en importations. Alors, comme vous l'avez dit, nous avons des terres arables, plus de quatre 4 millions d'hectares de terres arables.Donc, vous avez un potentiel…Nous avons un potentiel majeur, mais il faut maintenant le mettre en jachère, et pour cela, nous avons besoin aussi de l'expérience de ceux qui ont maîtrisé ces secteurs. Vous savez, pour le chef de l'État aujourd'hui, la RDC a fonctionné très longtemps en comptant sur les minerais et il faut maintenant que les sols prennent la revanche sur les sous-sols. Ça, c'est le leitmotiv du président de la République Félix Antoine Tshisekedi.
Au Royaume-Uni, après une interminable bataille politique et juridique, le Parlement a adopté le très controversé projet de loi qui permet d'expulser vers le Rwanda les demandeurs d'asile entrés illégalement sur son sol. Que vous inspire cette décision ? Quelles peuvent être les conséquences ?
durée : 00:15:16 - Journal de 8 h - Les parlementaires britanniques ont approuvé durant la nuit de lundi à mardi la mesure, censée faire baisser la pression migratoire.
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Après le lancement des 30 ans du génocide contre les Tutsi dimanche à Kigali, la capitale, le pays entre dans une semaine de deuil. Une étape importante pour des millions de Rwandais, qui entament 100 jours de commémorations déclenchés par le président Paul Kagamé, qui a allumé la flamme du souvenir en compagnie de nombreux chefs d'Etats, venus rendre hommage aux victimes.
Vincent Duclert a été le président de la Commission des historiens sur le Rwanda, désigné par le président Emmanuel Macron en avril 2019, pour faire la lumière sur la responsabilité de la France à cette époque. Pour ce spécialiste de l'histoire des génocides, seule la recherche de la vérité permet aux peuples de se parler et de refermer des passés douloureux.
durée : 00:03:15 - Géopolitique - par : Pierre Haski - La guerre dure depuis des décennies dans l'est de la République démocratique du Congo, avec des hauts et des bas. L'offensive d'un groupe armé soutenu par le Rwanda menace de dégénérer en guerre régionale, que l'Afrique tente d'empêcher. Une guerre oubliée alors que le monde regarde ailleurs.