MERCREDI 11H Une émission proposée par les bénévoles et les salariées de la Cimade. Le rendez-vous hebdomadaire qui vous fait franchir les murs du Centre de rétention administrative de Bordeaux et vous invite à questionner les politiques migratoires.
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Ce mardi 19 décembre, le projet de loi asile immigration porté par le ministre Darmanin a finalement été adopté par l'assemblée nationale. 349 députés ont voté pour, mais il faut noter que 20 députés macronistes ont voté contre et 17 se sont abstenus. 5 députés du Modem ont aussi voté contre, 15 se sont abstenus. Tous les élus socialistes, écologistes et insoumis ont voté contre. A l'inverse, l'ensemble des députés du Rassemblement national et des Républicains ont voté pour. Le texte final, issu de la fameuse commission mixte paritaire, a été durci par rapport à sa première version. Il instaure une forme de préférence nationale : les personnes étrangères hors-Union européenne ne pourront pas toucher de prestations sociales avant un délai de 5 ans (s'ils ne travaillent pas), ou trente mois pour ceux qui travaillent (sauf pour les APL, accessibles après 3 mois). Seuls les étudiants pourront bénéficier de ces prestations sans délai. Sur la régularisation des sans-papiers, le texte donne aux préfets un pouvoir discrétionnaire de régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers dits en tension. Il s'agira d'un titre de séjour d'un an, délivré au cas par cas, à condition d'avoir résidé en France pendant au moins trois ans et exercé une activité salariée durant au moins 12 mois sur les 24 derniers. Le principe de quotas du nombre d'étrangers pour les 3 années à venir a été intégré, même s'il a de fortes chances d'être retoqué par le conseil constitutionnel. Autre mesure : la déchéance de nationalité pour les binationaux qui auraient été condamnés pour homicide volontaire contre toute personne dépositaire de l'autorité publique. En cas de condamnation pour crimes, toute naturalisation d'une personne étrangère née en France deviendra impossible. Le rétablissement du « délit de séjour irrégulier » était qualifié d'inutile par le camp présidentiel. Mais la mesure, assortie d'une peine d'amende sans emprisonnement, a été retenue. Les conditions du regroupement familial ont bien été durcies, comme l'avait voté le sénat. Du côté des très rares avancées : les mineurs étrangers ne pourront plus être placés en rétention, et la suppression de l'aide médicale d'état n'est pas dans le texte. En échange, le gouvernement a promis de réformer le dispositif en 2024. En revanche, le texte restreint l'accès au titre de séjour étranger malade : il ne pourra être accordé que s'il n'y a pas de traitement approprié dans le pays d'origine. Ce lundi 18 décembre, pour la journée internationale des migrants, les états généraux des migrations à Bordeaux organisaient une table ronde pour détailler les mesures de ce qui n'était encore qu'un projet de loi, et ses conséquences potentielles. Écouter les interventions de Khady Bâ (avocate), Catherine Gauthier (professeure de droit public), Marie Guibreteau (Médecins du monde), Jonathan Lutile (Maison des livreurs à vélo), Camille Planchenault (Sud Travail), Loïc Prud'homme (député LFI) : Écouter les questions et discussions avec la salle : Prise de son et montage : Gérard Clabé
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Au centre de rétention de Bordeaux, l'année s'est terminée comme elle a commencé. Un cluster Covid a éclaté juste avant Noël. Deux personnes enfermées depuis plusieurs semaines ont été testées positive à la Covid. Nul doute que la maladie a été contractée au sein du CRA. Plein, au sous-sol, avec une promiscuité forte et peu de possibilité de ventilation, on connait la suite : trois, puis quatre contaminations, sans parler du personnel policier qui a aussi été touché. Depuis trois ans que la Covid 19 est apparu, on ne compte plus le nombre de foyers épidémiques qui sont apparus dans les CRA. Jamais une priorité Mais une chose est sure : aucun protocole national n'a été mis en place depuis. Pour chaque CRA, et pour chacun des différents clusters au sein d'un même CRA, on n'applique jamais les mêmes mesures. Les considérations sanitaires ne sont jamais la priorité. Les deux premières personnes positives ont été transférées dans un autre CRA, à l'autre bout de la France, au CRA de Lyon… Loin de leurs familles et amis, ils sont restés isolés dans leurs chambres pendant 12 jours, sans voir personne, pas de médecin, pas d'associations. Aucun autre test n'a été réalisé. On est très loin des mesures sanitaires préconisées par le Ministère de la santé... L'un d'entre eux avait son audience de troisième prolongation devant le juge des libertés et de la détention. L'audience a eu lieu... mais par téléphone. Il n'a rien compris à ce que le juge lui disait et n'a pas pu se défendre donc. Après déjà deux mois d'enfermement, sa rétention sera prolongée 15 jours de plus. Les deux autres personnes qui ont contracté la Covid quelques jours plus tard au CRA de Bordeaux seront transférées, pour les isoler, au CRA de Hendaye. Mais ce CRA étant déjà plein, 3 personnes ont été transférées en échange au CRA de... Bordeaux, en plein cluster. Peu importe qu'on expose ces personnes à un risque important de transmission du virus. Face au Covid, un record d'absurdités Si les mesures qui avaient été mises en place lors de précédents clusters étaient déjà très problématiques, cette fois-ci, on bat des records d'absurdité. Aucun gel du CRA n'a été préconisé pour limiter la propagation du virus. Les entrées et les sorties ont continué comme si de rien n'était. Pas d'autres campagnes de tests n'ont eu lieu. Pas de tests, pas de nouveau cas. Plus de cluster finalement, on étouffe le problème. Après les 12 jours d'isolement, les deux personnes ont de nouveau été transférées au CRA de Bordeaux. Le CRA étant de nouveau plein, trois personnes ont été transférées à Hendaye pour faire de la place. Ces transferts de CRA à CRA stressent énormément les personnes retenues. Et pour cause : éloignement de leur famille, nouveaux co-retenus, fonctionnement du CRA très différent... Ce qui est clair, c'est qu'on n'hésite pas à priver les personnes étrangères de leurs droits et à mettre leur santé en péril pour répondre à une politique du tout enfermement. Musique diffusée Gaël Faye – Tôt le matin.
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Enfermement systématique et sans discernement, impacts de la pandémie, mépris des décisions de justice : encore une fois les constats sont graves. Nous allons rapidement aborder les principaux thèmes du rapport national avant de se focaliser surtout sur le CRA de Bordeaux et les pratiques des préfectures qui enferment ces personnes étrangères au sous-sol du commissariat de Mériadeck à Bordeaux. RETOUR SUR LES CONSTATS AU NIVEAU NATIONAL En 2021, le contexte sanitaire dégradé et l'allongement de la durée de rétention ont aggravé les tensions déjà quotidiennes dans les centres de rétention. En tout, ce sont plus de 40 000 personnes qui ont été privées de liberté et enfermées dans ces centres, dont un peu plus d'un tiers dans l'hexagone. C'est moins que les années plus “classiques” sans pandémie, mais ce chiffre reste extrêmement élevé quand on sait que les frontières de beaucoup de pays ont été, voire sont toujours, fermées. Conséquence inévitable : la durée de rétention s'est encore allongée. Et ce alors que, comme l'a rappelé la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté dans un courrier du 13 janvier 2022 : « Il est illusoire d'espérer respecter les règles de distanciation au sein de chambres collectives et de repas pris dans des salles communes ». Quiconque a déjà mis les pieds dans un CRA ne peut que le constater. Sur les 15 000 personnes enfermées dans l'hexagone, on compte quasi intégralement des hommes majeurs. Il n'en reste pas moins que 100 mineurs, garçons ou filles, ont été enfermé.es cette année après avoir été déclarés majeur.es par l'administration. Crainte d'être enfermé jusqu'à 3 mois, espaces sans aucune intimité, justice au rabais, prise en charge médicale (souvent) déplorable : ces conditions désastreuses cumulées dégradent chaque jour un peu plus l'état psychologique dans lequel se trouvent les personnes enfermées au CRA. Nos constats sont chaque année plus alarmants et 2021 n'échappe pas à la règle. L'an dernier, nous avons déploré de multiples tentatives de suicide et même trois décès dans les CRA de France. Abusif et disproportionné Ce constat d'un enfermement trop souvent abusif et disproportionné se traduit également dans le refus régulier de certaines préfectures d'exécuter les décisions des juridictions, notamment supranationales. C'est à dire que même quand la loi, qui est loin d'être favorable aux personnes enfermées dans ces CRA, permet une libération, les décisions ne sont pas toujours suivies d'effet. C'est ainsi que des personnes étrangères, parfois accompagnées d'enfants mineurs, ont été maintenues en rétention, voire expulsées, alors même que la Cour européenne des droits de l'homme avait ordonné leur libération ou la suspension de leur renvoi. L'impossibilité des personnes de se défendre correctement se constate aussi avec l'ouverture et/ou l'utilisation des locaux de rétention administrative. Un local de rétention administrative est un lieu d'enfermement temporaire, dont l'usage doit être limité selon la loi aux situations dans lesquelles, pour des raisons de temps ou de lieu, il est impossible d'enfermer la personne immédiatement dans un CRA. Dans les faits, ce n'est pas toujours ce qu'on observe. Et dans tous les cas, les conditions d'enfermement sont loin de se conformer au cadre prévu par la loi. Pourtant, le ministère a cherché en 2021 à multiplier les ouvertures des locaux de rétention administrative, tendance qui se confirme en 2022. Par ailleurs, la France représente plus d'un quart de toutes les mesures d'éloignement délivrées dans toute l'Union européenne mais un nombre d'expulsions bien moindre. Ce constat d'inefficacité, ajouté à toutes les critiques faites de ce système d'enfermement, nous pousse une fois de plus à dénoncer l'existence et le recours systématique à l'utilisation des CRA. LES CONSTATS A BORDEAUX A Bordeaux, comme ailleurs, la volonté d'enfermer à tout prix a bien résumé cette année 2021. 431 personnes ont été enfermées au centre de rétention en 2021. Pour vous donner un ordre d'idée ça a plus que doublé en 10 ans. La machine à enfermer tourne donc à plein régime. On est surtout revenu à un taux d'enfermement d'avant-covid alors même que les frontières de certains pays sont restées fermées une bonne partie de l'année 2021. C'était notamment le cas de l'Algérie. Malgré cela, nombreux ont été les algériens à être enfermés de manière illégale puisqu'il n'y avait pas de possibilité d'expulsion. Pour rappel la loi prévoit qu'une personne étrangère ne peut être placée en rétention administrative que pour le temps strictement nécessaire à son expulsion. Par conséquent, la durée moyenne de rétention s'est aussi allongée à Bordeaux : de 9 jours en 2020 elle est passée à 12 jours en 2021. D'ailleurs à Bordeaux, jusqu'en 2021, personne n'était resté 3 mois enfermé dans le sous-sol de l'hôtel de police, le maximum légal. Les conditions pour enfermer les personnes plus de deux mois étant très restrictives. Mais, en 2021, plusieurs personnes sont restées 3 mois, sans pour autant avoir été expulsées. Le constat est toujours le même : enfermer plus longtemps ne permet pas d'expulser plus comme veut le faire croire le gouvernement. La durée de la rétention s'allonge mais les conditions de rétention ne s'améliorent pas. Le centre de rétention de Bordeaux est particulièrement connu pour ses conditions indignes. Au sous-sol de l'hôtel de police, très exigu, avec une promiscuité fort, sans lumière naturelle... Ajouté à cela le stress provoqué par le risque d'une expulsion qui peut survenir à tout moment, le constat est sans appel : les actes désespérés se sont multipliés en 2021, parfois pour le pire. Le 25 mars 2021, un homme s'est donné la mort par surdose médicamenteuse au sein du centre de rétention après 17 jours d'enfermement. Le 15 décembre 2021, un monsieur s'est suicidé dans les geôles du tribunal de Bordeaux où il était enfermé pour avoir refusé de se soumettre à un test PCR. C'est dire jusqu'où va la volonté politique d'enfermer à tout prix. On enferme sans prendre en considération les situations des personnes enfermées, leurs situations familiales ou encore leur santé. Il faudrait expulser et peu importe les risques encourus pour la vie des personnes concernées : • En 2021, l'administration n'a pas hésité à expulser pour la seconde fois un ressortissant tchétchène qui avait pourtant été détenu arbitrairement par le régime de Kadyrov et torturé après sa première expulsion. • Un monsieur d'origine guinéenne qui avait un titre de séjour pour soins depuis 10 ans a également été expulsé alors qu'il était toujours très malade. Peu importe les risques pour sa vie que cette rupture de soin lui a fait encourir. La France l'a expulsé. Le gouvernement ne recule pas Comme je le disais, les priorités sont clairement affichées : celle d'expulser plus et pour cela enfermer plus. Malgré l'accumulation des évènements tragiques et les conséquences néfastes de l'enfermement sur les personnes, le gouvernement ne recule pas au contraire. En multipliant les places en rétention, de plus en plus de personnes seront confrontés à cette violence. Bordeaux et sa métropole ne font pas exception. A l'image du local de rétention administrative de Cenon qui a ouvert en septembre 2021 et qui peut enfermer jusqu'à 12 personnes y compris des familles. Un nouveau centre de rétention pouvant accueillir 140 personnes est prévu à Bordeaux. Il pourra enfermer des familles et donc des enfants. Nous en avons beaucoup entendu parler ces derniers temps. Pour les conflits autour du terrain. Initialement prévu à Pessac, aujourd'hui il devrait être construit à Mérignac. Mais au vu de tout ce que nous venons de vous dire le terrain où sera construit ce nouveau centre de rétention est-il réellement le seul centre des préoccupations ? Un collectif anti-CRA, dont la Cimade fait partie, se mobilise depuis plusieurs mois à Bordeaux. Nous appelons à ce que ce projet ne voit pas le jour, et de façon plus globale à la fermeture des centres de rétention et des locaux de rétention, car il s'agit d'un enfermement pour des raisons administratives. Rappelons le, on enferme des personnes parce qu'elles n'ont pas de papiers. Mais aussi parce qu'au regard de notre expérience et de notre expertise sur ces lieux d'enfermement nous constatons au quotidien des entraves aux droits des personnes, y compris aux droits les plus fondamentaux et à leur dignité.
"Les policiers, qui m'escortaient, avaient honte. Je le ressentais" Propos recueillis par les intervenantes de la Cimade dans le Centre de Rétention Administrative de Bordeaux. Pour informer sur les conditions de rétention, écoutez et partagez les podcasts d'A Travers les Murs.
Il me raconte sa vie en Guinée. C'est un doux, un calme. Son visage m'interpelle. Les menaces dont il fait l'objet là-bas, sans aucune aide de la police ; terrorisé, il décide de fuir. Il rêve : la France, pays des Droits de l'Homme, Terre Promise d'Asile. En le quittant, je réalise que je suis incapable de lui donner un âge. La semaine suivante, il demande à me revoir. C'est un homme d'une douceur étonnante dans ce contexte (30 ans ?). Il me raconte le passage de la Méditerranée : premier essai orchestré par les passeurs, ils embarquent de nuit, le bateau commence la traversée, quitte les eaux territoriales, on est perdu, le moteur a lâché, on appelle de 4 heures à 18 heures, on cherche comment faire pour que tout le monde ne meure pas, on se fait rattraper par les garde-côtes libyens, ils nous ramènent à Tripoli. Les yeux de Monsieur F ont pris la couleur du vide. Il me regarde et se tait. Je romps le silence : et alors ? - je regrette ma question aussitôt que je l'ai posée, mais ce n'est pas le problème (35 ans ?). Alors simplement il soulève son tee-shirt. Son torse est assorti à son visage, lacéré, boursouflé, plein de traces mal cicatrisées, il n'y a pas un tiers de chair saine. Je me mords les lèvres mais ce n'est toujours pas le problème. Les garde-côte nous amènent dans une maison comme ça, nous tous, les libyiens ils cherchent les Noirs comme on cherche de l'or ou de l'argent, ils te prennent et te mettent en prison, chaque jour à la même heure tu as rendez-vous avec la torture chacun son tour, tu appelles ta famille, ils te filment pour forcer tes parents à leur envoyer de l'argent, on est enfermé là-dedans et frappé, violé, brûlé tous les jours jusqu'à ce que la famille ait rassemblé une rançon, j'ai été frappé à la tête avec un bâton et un câble métallique, torturé pour de l'argent, ceux qui meurent pendant la torture on jette leur cadavre dehors, dans la rue, c'est que des Noirs, c'est normal. J'ai la gorge nouée – je me trompe encore de problème. (40 ans ?). Après deux mois de torture quotidienne, Monsieur F est jeté dehors à son tour, considéré comme mort par les geôliers. Il est encore (un peu) vivant, contacte son passeur qui le reprend en charge et l'intègre au convoi suivant. Ils embarquent, surtout des femmes et des enfants. Le bateau chavire, un navire de sauvetage arrive, tout le monde criait Bâteau, Bâteau, il repêche les passagers, j'avais bu beaucoup d'eau mais j'étais vivant, d'ailleurs Inch'Allah tout le monde a été sauvé, merci à ces sauveteurs-bénévoles, personne ne s'est noyé on a eu beaucoup de chance. Puis il y a la traversée de l'Italie, le passage des cols alpins, un de ses compagnons dévisse et se tue dans le ravin, on marche en tongs dans la neige, je ne connaissais pas la neige, on n'a que des tongs, je ne pouvais pas savoir en quittant la Guinée. Arrivé en Terre d'Asile, il en fait la demande, mais le pays des Droits de l'Homme ne veut pas de lui - il va grever le budget national - la Terre Promise est au sous-sol, j'ai beaucoup souffert dans ma vie et le pays que j'aimais va me renvoyer. Poignée de main devant la porte du parloir, je me retourne : « vous avez quel âge, Monsieur F ? » - 20 ans. Cette fois je pleure. écrit et publié dans le MiCRAcosme de mars 2020
M. Sellai est algérien, il vivait dans le sud de la Charente-Maritime avec sa femme et ses 3 enfants, travaillait dans le bâtiment, lorsqu'il a été arrêté et conduit au CRA de Bordeaux. Il fait parti des 10 grévistes de la faim parmi les 20 personnes retenues actuellement dans le sous-sol de l'hôtel de police de Mériadeck. Il raconte la dureté des conditions de rétentions, et les discriminations dont ils s'estiment victimes de la part d'une partie des agents de la police au frontière. Témoignage à écouter dans le podcast ci-dessus. nom de la photo
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En 2019, Christophe Castaner alors ministre de l'Intérieur annonçait la construction de 4 nouveaux : Mesnil-Amelot, Lyon, Orléans, et Bordeaux. A Bordeaux, le CRA est actuellement situé dans les sous-sols de l'hôtel de police de Mériadeck et dispose de 20 places. Soit l'un des plus petits CRA de France, sans espace pour les familles et les enfants. Pauline Racato, salariée de la Cimade (qui produit chaque semaine l'émission A travers les murs, connait bien ce CRA où elle intervient : "C'est des lieux où il y a beaucoup de promiscuité. C'est 5 chambres de 4, pas de lumière directe du jour. Un centre de rétention en soi c'est particulièrement violent, c'est l'univers carcéral pour des personnes dont le seul délit est d'être sans-papier. C'est le sens politique du centre de rétention qui est violent pour les personnes qui en sont victimes." Le nouveau, qui pourrait être construit autour de la sortie 13 de la rocade bordelaise, au niveau du quartier Monteil, à Pessac, aurait une capacité de 140 places, soit le nombre maximum autorisé par la loi. Depuis un mois, un collectif se constitue sur l'agglomération pour empêcher la construction de ce CRA. La Cimade en est signataire, mais aussi l'Union communiste libertaire dont Zack est membre : "Ce qu'on réclame avant tout c'est une politique d'accueil : le droit à la santé, le droit de pouvoir se déplacer librement. Le CRA c'est un enfermement, mais c'est aussi la façon systématique dont on accueille les étrangers. On a envie d'aller au-delà de l'opposition au CRA, et de parler de la question de l'accueil des migrants. Aujourd'hui on ne fait que les criminaliser, on les expulse, mais aucune des questions de fond n'est posée." Pauline alerte aussi sur de nouveaux lieux d'enfermement, créés suite à la pandémie de covid : Pendant l'épidémie de covid, "le gouvernement a dû réduire les jauges, et pour pouvoir continuer à enfermer des personnes, la préfecture de Gironde a créé des locaux de rétention temporaire, une dizaine entre 2020 et 2021. Les conditions d'accès aux droits et d'enfermement dans les centres de rétention ne sont pas idéales, mais dans les locaux de rétention c'est encore un cran en-dessous : il n'y a pas forcément d'association qui intervient, de présence médicale, de chiffres sur les personnes qui y passent..." Le collectif organise une réunion d'information conviviale le 7 mai prochain à partir de 12h, sur le lieu du projet (sortie 13, avenue du Bourgail, Pessac). Chacun.e est invité.e à amener son pique-nique ! Pour les contacter : anticra-mobilisation@riseup.net
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Transféré du CRA d'Hendaye au CRA de Bordeaux il y a quelques jours, Monsieur Ben Slimane vit son deuxième passage en rétention, interrompu par quatre mois de prison pour avoir refusé de se soumettre à un test PCR. Il a fait l'objet de deux condamnations pénales pour ce motif, seules et uniques condamnations dont il a fait l'objet en France. Entretien réalisé et produit par Baptiste Giraud. Musique : Hailu Mergia & Dahlak Band - Yene Abeda (My Flower)