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Nous sommes en 1986. Danielle Mitterrand créé la Fondation France Libertés avec une volonté : défendre les droits humains et soutenir la résistance des peuples opprimés à travers le monde. Depuis, de l'Apartheid en Afrique du Sud au peuple kurde, du Tibet aux différents peuples autochtones, son engagement et ses prises de position ont fait […]
Watch it on YouTube: https://youtu.be/TbUxNr8W1f8 L'expérience municipaliste au Nord-Est syrien. Comment peut-elle influencer d'autres expériences municipalistes? Intervenants: Corinne Morel-Darleux Maya Abdelwahab Antoine Back Zoé Lorioux-Chevalier Modéré par: Jérémie Chomette Organisé dans le cadre du projet JASMINES avec le concours de la Ville de Grenoble, de la Ville de Lyon et de la Fondation France Libertés. ===== More info about #FearlessCities2021 at https://www.fearlesscities.com Follow us on https://twitter.com/BComuGlobal
Lutter contre toutes les injustices et défendre les libertés de chacun. Depuis 35 ans, la Fondation France Libertés-Danielle Mitterrand œuvre à la construction d'un monde plus solidaire. De la lutte contre l'apartheid au droit à l'eau pour tous, Danielle Mitterrand a été aux côtés des sans parole, des sans papier, des sans terre, pour refuser l'irréparable. Avec Jacqueline Madrelle, vice-présidente de la Fondation Danielle Mitterrand. "Une insoumise, une rebelle, qui a toujours résisté à toutes les injustices". C'est le portrait de Danielle Mitterrand que vous nous avez dressé la semaine dernière. Elle s'est engagée dans la lutte pour le droit des peuples. C'est une constante de ses combats. On a évoqué avec vous son action aux côtés des enfants d'Afrique du Sud. Mais il y a eu aussi le Cambodge, le Tibet ou encore le peuple kurde. "Pour le Tibet, je me rappelle que Danielle Mitterrand était venue à Bordeaux. A l'époque nous avions accueilli Gao Xingjian, un Chinois, qui n'était pas encore prix Nobel de littérature. On l'avait accueilli au Boulevard des Potes, le lieu de SOS racisme. C'est un peintre, un homme de théâtre. Il avait donné une pièce qui s'appelait "Dialoguer, interloquer". J'avoue que cette pièce était quelque peu hermétique. Et Danielle me dit, "décidemment, je ne comprendrai jamais rien aux Chinois". Elle a accueilli aussi souvent le Dalaï-lama, pour défendre tous ces peuples opprimés. Il y a eu aussi les Kurdes. C'est la "mère" des Kurdes. Quand il y avait eu le massacre d'Halabja (en 1988), on avait recueilli à l'époque des sommes très importantes qui étaient données par des mécènes, des grandes surfaces. On les a amené dans le bureau de Danielle au Trocadéro pour aider à la reconstruction des écoles au Kurdistan. Elle a aussi mis en lumière cette nécessaire lutte contre l'apartheid, avec les accords de Marly-le-Roi avec les responsables de l'ANC. On lui doit beaucoup de choses. Il y a eu le Chiapas, le Tibet, les Kurdes et toute l'Amérique du Sud. Danielle Mitterrand est souvent plus connue à l'étranger que dans son propre pays en France. C'est le paradoxe. Et elle en jouait." Le combat pour la reconnaissance du droit à l'eau Danielle Mitterrand disait vouloir organiser une alternative à la mondialisation capitaliste. Et elle l'a mise en pratique notamment sur sa défense du droit à l'eau pour tous. Comment ce combat est arrivé ? Pourquoi ce choix ? "L'eau pour tous, c'est parce qu'elle participait à beaucoup de forum mondiaux dans lesquels on dénonçait que l'eau ne devait pas être une marchandise. Comme elle a toujours dénoncé les ravages de la dictature économique et financière, l'eau en fait partie. C'est la première, à l'époque, qui a dénoncé avant tout le monde qu'il y avait une contradiction entre le statut économique de l'eau et son statut naturel. A partir de cette contradiction, elle a dit que l'eau ne pouvait pas être considérée comme une marchandise et devait échapper à tout statut économique. L'eau est comme l'air qu'on respire. Elle doit échapper à cette marchandise. D'où après l'élaboration de la charte des porteurs d'eau. La Fondation avait un statut consultatif au sein de l'ONU. Et elle a beaucoup bataillé pour qu'il y ait cette reconnaissance du droit à l'eau potable pour tous les peuples. C'est la Bolivie je crois qui, la première en 2010, a fait passer cette déclaration à l'ONU pour cette reconnaissance du droit à l'eau potable. Elle n'est pas encore acquise puisque la France ne l'a même pas mise dans sa Constitution. Il y a encore beaucoup de travail à faire. La Fondation s'est aussi beaucoup engagée, avec Emmanuel Poilane, sur la dénonciation des coupures d'eau avec l'application de la loi Brottes. Il y a beaucoup de choses de faites dans le domaine de l'eau. On le doit d'abord à l'engagement de sa présidente. Elle était venue à Bordeaux pour lancer ce mouvement des porteurs d'eau avec des sportifs de haut niveau. Et à chaque fois sa venue donnait lieu à des moments de gr...
Lutter contre toutes les injustices et défendre les libertés de chacun. Depuis 35 ans, la Fondation France Libertés-Danielle Mitterrand œuvre à la construction d'un monde plus solidaire. De la lutte contre l'apartheid au droit à l'eau pour tous, Danielle Mitterrand a été aux côtés des sans parole, des sans papier, des sans terre, pour refuser l'irréparable. Avec Jacqueline Madrelle, vice-présidente de la Fondation Danielle Mitterrand. "Une insoumise, une rebelle, qui a toujours résisté à toutes les injustices". C'est le portrait de Danielle Mitterrand que vous nous avez dressé la semaine dernière. Elle s'est engagée dans la lutte pour le droit des peuples. C'est une constante de ses combats. On a évoqué avec vous son action aux côtés des enfants d'Afrique du Sud. Mais il y a eu aussi le Cambodge, le Tibet ou encore le peuple kurde. "Pour le Tibet, je me rappelle que Danielle Mitterrand était venue à Bordeaux. A l'époque nous avions accueilli Gao Xingjian, un Chinois, qui n'était pas encore prix Nobel de littérature. On l'avait accueilli au Boulevard des Potes, le lieu de SOS racisme. C'est un peintre, un homme de théâtre. Il avait donné une pièce qui s'appelait "Dialoguer, interloquer". J'avoue que cette pièce était quelque peu hermétique. Et Danielle me dit, "décidemment, je ne comprendrai jamais rien aux Chinois". Elle a accueilli aussi souvent le Dalaï-lama, pour défendre tous ces peuples opprimés. Il y a eu aussi les Kurdes. C'est la "mère" des Kurdes. Quand il y avait eu le massacre d'Halabja (en 1988), on avait recueilli à l'époque des sommes très importantes qui étaient données par des mécènes, des grandes surfaces. On les a amené dans le bureau de Danielle au Trocadéro pour aider à la reconstruction des écoles au Kurdistan. Elle a aussi mis en lumière cette nécessaire lutte contre l'apartheid, avec les accords de Marly-le-Roi avec les responsables de l'ANC. On lui doit beaucoup de choses. Il y a eu le Chiapas, le Tibet, les Kurdes et toute l'Amérique du Sud. Danielle Mitterrand est souvent plus connue à l'étranger que dans son propre pays en France. C'est le paradoxe. Et elle en jouait." Le combat pour la reconnaissance du droit à l'eau Danielle Mitterrand disait vouloir organiser une alternative à la mondialisation capitaliste. Et elle l'a mise en pratique notamment sur sa défense du droit à l'eau pour tous. Comment ce combat est arrivé ? Pourquoi ce choix ? "L'eau pour tous, c'est parce qu'elle participait à beaucoup de forum mondiaux dans lesquels on dénonçait que l'eau ne devait pas être une marchandise. Comme elle a toujours dénoncé les ravages de la dictature économique et financière, l'eau en fait partie. C'est la première, à l'époque, qui a dénoncé avant tout le monde qu'il y avait une contradiction entre le statut économique de l'eau et son statut naturel. A partir de cette contradiction, elle a dit que l'eau ne pouvait pas être considérée comme une marchandise et devait échapper à tout statut économique. L'eau est comme l'air qu'on respire. Elle doit échapper à cette marchandise. D'où après l'élaboration de la charte des porteurs d'eau. La Fondation avait un statut consultatif au sein de l'ONU. Et elle a beaucoup bataillé pour qu'il y ait cette reconnaissance du droit à l'eau potable pour tous les peuples. C'est la Bolivie je crois qui, la première en 2010, a fait passer cette déclaration à l'ONU pour cette reconnaissance du droit à l'eau potable. Elle n'est pas encore acquise puisque la France ne l'a même pas mise dans sa Constitution. Il y a encore beaucoup de travail à faire. La Fondation s'est aussi beaucoup engagée, avec Emmanuel Poilane, sur la dénonciation des coupures d'eau avec l'application de la loi Brottes. Il y a beaucoup de choses de faites dans le domaine de l'eau. On le doit d'abord à l'engagement de sa présidente. Elle était venue à Bordeaux pour lancer ce mouvement des porteurs d'eau avec des sportifs de haut niveau. Et à chaque fois sa venue donnait lieu à des moments de gr...
Défendre les droits humains et les biens communs du vivant, construire un monde plus solidaire, ce sont les missions dévolues à la Fondation France Libertés il y a 35 ans par sa créatrice Danielle Mitterrand. En mars 1986, Danielle Mitterrand s'est lancé dans le combat contre toutes les souffrances des hommes pour construire un monde plus solidaire. Avec Jacqueline Madrelle, vice-présidente de la Fondation Danielle Mitterrand. Avec cette Fondation, Danielle Mitterrand disait vouloir être le maillon d'une alternative à la mondialisation capitaliste et à l'injustice. Qu'est-ce qui a motivé, il y a 35 ans, la création de cette Fondation ? "La création de cette Fondation est d'abord dû à la personnalité de Danielle Mitterrand qui a tout le temps été une insoumise, une rebelle, qui a toujours résisté à toutes les injustices, quelles qu'elles soient. Souvent elle disait, mais quel mobile nous pense à défendre des causes indéfendables, qui semblent perdues ? Elle disait, sans doute, c'est le refus de l'irréparable. Toute la motivation de la création de la Fondation se trouve dans le refus de l'irréparable. Elle ne pouvait pas supporter de voir des injustices et que ces injustices perdurent. Toute sa vie, elle n'a été qu'engagement et résistance. C'était un mode de vie pour elle. Il ne faut pas oublier qu'à 17 ans elle a obtenu la médaille de la Résistance. Je pense que c'est ce qui a forgé sa raison de vivre, sa façon de résister à toutes les injustices quelles qu'elles soient. Elle a toujours défendu tous ceux qui étaient sans, les sans-parole, les sans-papiers, les sans-terre. Elle a toujours été du côté des opprimés et des plus faibles. Elle ne supportait pas l'injustice. Elle n'aimait quand on disait d'elle, c'est une femme engagée. Non. Elle était engagement. C'était une philosophie de vie." La Fondation est née de la fusion de trois associations humanitaires, "L'association du 21 juin", "Cause commune" et "La France est avec vous". Et le choix s'est vite porté sur le nom de France Libertés. "C'est un beau label, c'est un beau nom France Libertés. Et libertés avec un S. Pour elle, la liberté n'était pas un concept. C'était défendre les libertés, tout ce qui fait la vie, les libertés dans notre vie. C'est ce qui était important pour elle. Ce n'était pas la liberté comme un concept philosophique. Il faut se rappeler le logo de la Fondation : le mélange du chêne, la force du chêne et la paix représentée par l'olivier." © France Libertés Un contre-pouvoir Comment elle s'adaptait entre son statut de femme du président et sa volonté, sa nécessité de s'engager, de porter des combats ? "Il y a eu des situations sans doute très délicates. Lors de petits déjeuners dans la rue de Bièvre, il y avait des discussions fort animées. C'était très compliqué. Elle a dû donner des sueurs froides au ministre des Affaires étrangères qui était Roland Dumas à l'époque. Je pense que c'était une forme de contre-pouvoir. Et François Mitterrand devait apprécier cette situation. Il disait que tout pouvoir devait susciter son contre-pouvoir. Avec sa Fondation, elle exerçait une sorte de contre-pouvoir. Elle faisait ouvrir les yeux à certains. Elle allait voir les vrais gens. Elle racontait comment parfois elle s'est un petit peu ennuyée quand elle devait tenir la conversation avec des femmes de présidents dans la diplomatie officielle. Elle préférait aller voir sur le terrain, déjouer les programmes qui étaient faits d'avance pour aller voir la réalité des choses. C'est à partir de cette réalité-là qu'elle pouvait aller dénoncer toutes les injustices. Je pense qu'elle a su utiliser cette position de "première dame", nom qu'elle n'aimait pas à juste titre, pour être active sur un autre terrain." Un lieu de dialogue Comment ses sont passés les premiers temps de la Fondation ? "La Fondation au début était au Trocadéro avec la vue sur l'esplanade qui s'appelle maintenant l'esplanade des Droits de l'Homme.
L’eau est un droit pour tous. Pourtant, aujourd’hui encore, plus de deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable. Et plus de quatre milliards ne bénéficient pas de réelles installations sanitaires. Il y a pourtant un défi mondial à relever, celui fixé par les Nations Unies d’assurer à ces milliards de personnes des services d’alimentation en eau et d’assainissement d’ici 2030. De quoi leur assurer une vie digne. Cet objectif concerne également la France. A l’occasion des élections municipales de 2020, 29 associations s’unissent à la campagne lancée par la Coalition eau et la Fondation France Libertés, "L’eau ne se mérite pas, c’est un droit". Avec Justine Richer, chargée du programme “Eau, bien commun” à la Fondation France Libertés On connaît les difficultés, voir l’impossibilité d’accéder à l’eau et à l’assainissement dans énormément de régions dans le monde. Ce qu’on sait moins, c’est qu’en France aussi, des millions de personnes connaissent ces carences. « En France métropolitaine on compte 1,4 millions de Français qui n’ont pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable gérés en toute sécurité. Ce sont des chiffres de l’OMS et de l’Unicef qui datent de 2019. Ce sont des chiffres dont on n’a pas forcément conscience. On entend toujours parler de la situation mondiale dans laquelle 40% de la population seront confrontés à des pénuries d’eau d’ici 2050. Mais on sait moins ce qui se passe en France, alors que 7,5 millions de personnes en métropole ne disposent pas de service d’assainissement géré en toute sécurité. La situation en Outre-mer est encore plus alarmante. Par exemple en Guyane, 35 000 personnes n’ont pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable. Ce ce sont plus de 4 700 personnes qui pratiquent la défécation en plein air. Et 16 000 personnes recueillent leur eau de boisson directement à partir de sources d’eau de surface. » A quoi est-ce dû ? « En France, les raisons de ces difficultés d’accès sont principalement dues à des raisons économiques et de précarité. Ce sont des estimations qui recouvrent aussi bien des personnes qui vivent dans la rue, que des personnes vivant dans des bidonvilles, dans des squats, dans leur voiture, des gens du voyage. Il y a évidemment les personnes vivant dans des camps de migrants et qui sont dépourvus de confort sanitaire de base. Et il y a ces personnes qui voient leur facture d’eau dépasser 3% du revenu du ménage. Ce sont principalement des personnes sans emploi, seules, des retraités également. On considère au niveau de l’OCDE qu’une facture d’eau qui dépasse 3% du revenu d’un ménage, ce n’est pas acceptable. » Quelle conséquences concrètes pour ces familles touchées par ce manque d’accès à l’eau ou à l’assainissement ? Une source d’angoisse au quotidien « Les familles qui sont touchées par ce manque d’accès à l’eau sont obligées de trouver des solutions intermédiaires, des plans B. Par exemple, elles vont devoir trouver des accès à l’eau beaucoup plus loin de chez elles. Cela va provoquer un manque d’hygiène et une source d’angoisse au quotidien qui perturbe la vie sociale. Il y a par exemple des enfants qui ne veulent plus aller à l’école parce qu’ils sont moqués. Dans des habitats précaires ou mal isolés, on a des cas de propagations de maladies, cela peut être très rapide. Cela concerne les populations les plus vulnérables. » A l’occasion des élections municipales, vous avez donc lancé ce Manifeste "L’eau ne se mérite pas, c’est un droit", à destination des élus locaux, actuels et futurs. Pourquoi les impliquer eux ? C’est à l’échelon le plus local que les solutions existent ? « On a lancé ce manifeste pour provoquer un engagement des élus et des futures élus, parce qu’ils ont un rôle à jouer pour la promotion de l’accès à l’eau et à l’assainissement en France dans leur commune. Il est proposé cinq engagements clés pour le droit à l’eau et à l’assainissement et pour surtout l’effect...
Il y a un peu plus d’un an, Jair Bolsonaro était élu président de la République du Brésil. C’était le 28 octobre 2018. Les Brésiliens portaient au pouvoir cet ancien militaire proche de l’extrême droite. Depuis, ils assistent à un profond bouleversement de leur pays, tant économique, sociétal, environnemental, ou encore sécuritaire. Muriel Pérez est photographe et auteure. Il y a un an, elle a passé plus d’un mois aux côtés de ces Brésiliens. Elle témoigne, dans un livre à paraitre prochainement, de l’ascension au pouvoir de Jair Bolsonaro et du ressenti de la population. Muriel Pérez, vous êtes une ancienne membre de la Fondation France Libertés. Vous avez beaucoup travaillé dans le développement international. "O Coiso, la chose" est un récit sur votre voyage au Brésil de l’an dernier. Vous connaissez bien le Brésil pour y avoir vécu plusieurs années. Avant de parler de cette élection qui a changé la vie des Brésiliens, d’’abord, quel souvenir, quelle impression gardez-vous de ces années passées là-bas ? « La première fois que j’y suis allée, c’était en 2012. Je suis arrivé à Rio, c’était l’époque vraiment dorée. On avait envie d’y aller, on avait envie d’y vivre. Tout était encore très lumineux là-bas. C’est vraiment une période très lumineuse que je garde en mémoire. C’était avant toute la période des Jeux olympiques et de la Coupe du Monde, et le début des grands mouvements sociaux qui s’opposaient à cela. Très lumineux, c’est le mot qui me vient. » Vous y êtes donc retournée l’année dernière à l’occasion d’un festival de cinéma. Qu’est-ce qui vous a marqué en y arrivant ? « J’y retourne depuis 2015. J’y passe trois mois dans l’année. Et à chaque fois je vois la situation changer. C’est toujours Rio qui m’impressionne le plus parce qu’il y a une augmentation de la violence qui est réelle, palpable. Même dans ma bulle des beaux quartiers de Rio, il y a des choses que je pouvais faire en 2012, il y a des rues dans lesquelles je pouvait marcher en 2012, dans lesquelles je ne peux plus marcher maintenant. Ce sont des choses tout à fait palpables. C’est ce qui est le plus marquant. L’Etat de Rio est un Etat qui est en faillite. C ‘est quelque chose qui est en train de s’effondrer. Ça évidement, ça m’a tout à fait marqué. » "Tout était devenu politique" « L’an dernier, j’ai passé un mois dans le Nordeste. C’était la période des élections. A ce moment-là tout était devenu politique. Il n’y avait pas une discussion qui ne retombait pas là-dessus. Tout le monde se positionnait. Même quand on passait à la caisse du supermarché, il y avait un échange là-dessus, pour qui on allait voter, qu’est-ce qui allait se passer. On montait dans un bus, on parlait avec le voisin. Tout était politique tout le temps et du coup tout très polarisé. C’était très impressionnant de voir à quel point on n’arrivait pas à penser à autre chose, à parler d’autre chose. » © Muriel Pérez Depuis l'élection, vous dites que les Brésiliens se sont retrouvés face à l’horreur qui se déploient de jour en jour. Quelle est-elle cette horreur ? « Moi j’y étais pendant toute cette période où il a constitué le gouvernement. On ne savait pas encore ce qu’il allait faire. Mais malgré ça, tous les jours on recevait des nouvelles. Par exemple le ministre de la Justice qu’il allait nommer, c’était le juge Moro qui a mis Lula en prison, ou son nouveau ministre de l’Environnement qui est un climatosceptique. Il a nommé pendant cette période-là une ministre de la famille qui est une pasteur évangélique. L’une des premières choses qu’il a fait c’est de supprimer le ministère de la Culture. Tous les jours il y avait une nouvelle pire que la veille qui arrivait et on se demandait quand est-ce que cela allait s’arrêter. C’était juste hallucinant. » "Ne pas se laisser faire" Face à cette horreur vous mettez en avant la résistance des Brésiliens et leur force créatrice. « Il y a sur place des mouvements qui se créent, des gens qui se solidarisent,
Quand la loi fait obstacle à ses intérêts économiques, il faut la contourner. C'est en substance ce que se sont dit les entreprises de l'eau. Elles tentent en ce moment de faire pression sur les élus locaux pour que les réductions de débit d'eau soient inscrites dans les avenants des contrats de délégation de service public. C'est la Fondation France Libertés qui a mis au jour ces pratiques. Comme nous l'avons vu la semaine dernière, les nouvelles clauses autoriseraient les réductions de débit, en infraction avec la loi. Pour justifier leurs exigences, les entreprises de l'eau mettent en avant le volet économique et le surcout engendré par l'interdiction des coupures. Les impayés auraient explosés depuis la loi. Info ou Intox ? Avec Emmanuel Poilane, le directeur de France Libertés « Intox. Les multinationales de l'eau mélangent deux informations différentes : les retards de paiement et les impayés. . Si vous ne payez pas la facture au moment où vous la recevez, c'est un retard de paiement. Il faut alors enclencher un processus de recouvrement pour savoir pourquoi la facture n'a pas été réglée. On ne parle d'impayé, de créance douteuse, qu'à partir du moment où s'est écoulée l'ensemble de la procédure de recouvrement. Parfois, pour déclarer une facture impayée, il faut attendre deux, trois ou quatre ans, une fois que l'ensemble des recours sont mis en oeuvre. Dans le service public de l'eau, il y a la possibilité de faire couvrir un certain nombre de factures par le fond social départemental pour l'eau. Les collectivités mettent également des procédures pour aider les familles les plus démunies à payer leur facture d'eau, via leurs services sociaux. En disant en raccourci que l'ensemble des factures en retard de paiement sont des impayés, les entreprises s'exonèrent de leur travail de recouvrement et du risque qui est calculé dans leur délégation de service public. Ils prennent le beurre, et rejettent les risques sur la collectivité. » Les maires des communes concernées ont donc interpelé France Libertés pour qu'elle leur vienne en aide. Les collectivités semblent assez mobilisées sur la question. La FNCCR (la Fédération nationale des collectivités locales concédantes et régie) prend la chose au sérieux... Quel est le rôle de cette fédération et que préconise-t-elle ? « Cette fédération travaille spécifiquement sur l'eau et l'énergie. Elle préconise aux élus de ne pas signer ces avenants. Aujourd'hui, il n'est pas possible pour les collectivités et les délégataires de savoir si les impayés vont exploser. Ces avenants arrivent beaucoup trop tôt. Au delà du fait que ces avenants demandent aux élus de pouvoir mettre en place des réductions de débits, tout ce qui est proposé sur les impayés n'a pas lieu d'être. C'est en cela que c'est une arnaque. Les entreprises n'ont pas encore la capacité de savoir quelle sera, in fine, le niveau réel des impayés. Les collectivités, et la FNCCR sont mobilisés. Ils disent aux élus : surtout ne faites rien. Il faut demander le maximum d'information aux multinationales pour savoir quel est le surcoût réel pour eux. Cela leur évitera de se retrouver avec des surfacturations contractuelles. A aucun moment les entreprises ne proposent des clauses de réversibilité si demain il y avait des baisses d'impayés. C'est donc uniquement dans l'ambition de faire plus d'argent. » Il y aurait donc urgence, selon France Libertés, à repasser la gestion du service public de l'eau en régie publique. « Dans le cas de la commune du nord de la France, dont on a parlé la semaine dernière, on voit que ces avenants sont construits par des services juridiques de Véolia, de la Saur et de Suez, qui sont puissants, centralisés sur Paris. Ces avenants sont mis en oeuvre par des délégués régionaux. En face d'eux, les élus locaux sont bien incapables de savoir si c'est bon ou pas pour la mise en oeuvre du service public de l'eau. Quand on a l'occasion de leur expliquer de quoi il retourne,
La gestion du service public de l'eau entre dans une nouvelle ère. Les délégataires s'étaient déjà faits remarqués avec les coupures et réductions de débit d'eau illégales, avec les conséquences juridiques que l'on sait. Aujourd'hui, les multinationales de l'eau tentent de nouvelles pratiques pour parvenir à leur fin et contourner la loi. Elles font pression sur les collectivités locales. Ces multinationales innovent. Selon la Fondation France Libertés, elles lancent une "arnaque à grande échelle" pour tromper les élus locaux. Avec Emmanuel Poilane, le directeur de France Libertés. « Les multinationales de l'eau, notamment Véolia, la Saur et Suez, ont la volonté de s'appuyer sur les modifications législatives, comme l'application de la loi Brottes contre les coupures d'eau, pour mettre en place des avenants visant à couvrir les soi-disant frais supplémentaires qu'entrainent cette loi. Et ils en profitent pour augmenter leurs profits sur le dos des élus. Ils pratiquent ces avenants sans rien expliquer, et en disant aux élus qu'ils n'ont pas le choix. » Dans ces avenants, des mentions autorisent les réductions de débit avec l'aval de la commune. « C'est la partie illégale qui nous fait bondir. On se bat depuis un an et demi pour faire valoir qu'une réduction de débit est la même chose qu'une coupure d'eau. On a été suivi par plusieurs tribunaux d'instance et par une cour d'appel le 12 septembre dernier à Limoges. Pour se couvrir, les multinationales essaient de faire signer des avenants en leur demandant l'autorisation de pratiquer des réductions de débit. Alors qu'elles savent pertinemment que c'est illégal. » Par ce biais, les multinationales se payent trois fois. France Libertés parle de "racket". « Dans l'avenant d'un contrat d'une ville du Pas-de-Calais, Véolia explique que l'ensemble des petits montants d'impayés seront pris en charge par la collectivité directement, sans préciser ni le montant de ces impayés, ni quel est le montant à mettre en oeuvre pour les recouvrer. La collectivité n'a aucun moyen de savoir comment les choses vont se passer. Dans un deuxième temps, Véolia explique que s'il y a un doublement des impayés, Véolia aura la main libre pour augmenter le tarif de l'eau. Véolia n'aura aucun intérêt à recouvrer les impayés, car s'ils doublent ils auront la possibilité d'augmenter le tarif de l'eau unilatéralement. Enfin, ils proposent de mettre en place un abonnement supplémentaire annuel de 8€ par abonné pour couvrir le montant de ces impayés. Donc ils se paient trois fois. » La Saur continue de pratiquer coupures et réductions de débits d'eau, en toute transparence. Elle a même prévenu le maire d'une petite commune du Calvados. « Le maire a reçu cette lettre avec une liste de 25 personnes qui vont être victime d'une réduction de débit dans la semaine du 17 octobre. Cela représente plus de 1% des abonnés de ce syndicat d'eau. Ce n'est pas anecdotique. Cela prouve que, pour la Saur, la pratique des réductions de débit est systématique malgré les condamnations qu'ils ont eu. Ils ne font même pas attention si cette pratique est autorisée par le règlement de service. Pour ce syndicat d'eau, les coupures étaient mentionnées, mais pas les réductions de débit. Heureusement, le syndicat d'eau fait passer une délibération pour modifier le règlement de service en interdisant les coupures et réductions de débits. » Nous verrons la semaine prochaine que les collectivités s'organisent face aux pratiques des multinationales et à leur communication très aiguisée. Pour aller plus loin : Illégalité et arnaque : comment les multinationales tentent de piéger nos élus Coupures et réductions de débit d'eau : témoignez https://youtu.be/b-cQ5CiZwvE
Le droit à l’eau pour tous est un combat quotidien partout sur la planète. Bien commun de l’Humanité, cette eau est menacée constamment et son accès rendu de plus en plus difficile pour beaucoup de personnes partout dans le monde. Ce combat pour l’eau est devenu au fil des ans l’axe central du travail de la Fondation France Libertés qui s’attache à défendre un accès pour tous à une eau de qualité. Avec Sara Lickel, chargée du suivi des projets « Eau et Extractivisme » à la Fondation France Libertés. France Libertés milite notamment pour inscrire le droit à l’eau potable et à l’assainissement dans toutes les Constitutions…. Mais la Fondation n’est pas que dans le travail législatif ou de sensibilisation. Elle est aussi dans l’action… France Libertés soutien de nombreux projets à travers la planète. « L’objectif de la Fondation France Libertés a toujours été de soutenir les initiatives au niveau local. Cela passe depuis quelques années par des appels à projets. En mars 2014, la Fondation a publié un appel sur le droit à l’eau face aux industries extractives pour lequel nous avons reçu de nombreuses propositions de la part d’organisations, partout dans le monde, qui travaillent au plus près des communautés. La sélection s’est faite à partir d’un ensemble de critères préétablis, comme par exemple la défense des droits humains et des biens communs du vivant, des valeurs que défend la Fondation. La qualité du projet et son impact environnemental ont également été pris en compte. Il s’agit de voir comment le projet répond, sur le long terme, à un problème qui est posé par la présence d’une industrie extractive et de son impact sur les populations locales et sur leur droit humain à l’eau. En 2014-2015, la Fondation a soutenu 9 projets. Elle en avait soutenu 10 en 2012-2013. » A l'issue de ces appels projets, la Fondation en a soutenu plusieurs, comme en Amérique Latine. « Un exemple intéressant est ce projet qui a été financé en Equateur. L’ONG équatorienne Acción Ecológica travaille depuis 30 ans sur les problématiques liées à la pollution causée par l’exploitation du pétrole en Equateur. On connait le cas de l’entreprise américaine Chevron qui a été condamnée pour les dégâts environnementaux qu’elle a causée. Mais Acción Ecológica a voulu mettre en lumière le fait que l’entreprise d’état PetroAmazonas, qui exploite du pétrole, n’est pas meilleure. © accion-ecologica Leur travail est vraiment intéressant. Ils ont réussi à créer une assemblée sociale permanente des communautés affectées de Pacayaku et Dureno, qui sont deux localités extrêmement concernées par la pollution de l’eau à cause du pétrole. Jusque là, les réclamations se faisaient au niveau individuel. Souvent les populations réclamaient des emplois auprès des entreprises. Acción Ecológica a travaillé en co-construction avec les populations locales. Ils on regroupé 25 communautés afin qu’elles puissent parler d’une seule voie au sein de cette assemblée, et qu’elles puissent réclamer leur droit humain à l’eau. L’entreprise a essayé au départ de diviser les communautés. Mais grâce au soutien de France Libertés, le pouvoir du citoyen est devenu plus fort. Ils ont gagné en crédibilité et prennent part au débat. Ils sont écoutés par les entreprises et les autorités locales. » Il n’y a pas qu’en Amérique Latine que France Libertés intervient. La Fondation est présente également en Asie, ou en Afrique. Des projets sont soutenus aussi dans les pays du Nord, comme aux Etats-Unis par exemple. « Le projet est radicalement différent mais a le même objectif. Il est mené avec le Community Environmental Legal Defense Fund (CELDF), le Fond de défense légal de l’environnement au niveau communautaire. Aux Etats-Unis, il y a un droit des entreprises à l’eau, mais il n’y a pas de droit humain à l’eau. L’Etat favorise le développement des projets extractifs plutôt que le droit à l’eau. Les membres du CELDF sont principalement des juristes.