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Si la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, est née en Turquie à la fin des années 1970, c'est au Kurdistan irakien voisin qu'elle a installé ses quartiers généraux. Les combats s'y sont déportés et même concentrés : depuis 2022, l'armée turque mène une opération militaire d'envergure dans la vallée d'Amedi en Irak, véritable occupation du territoire où les populations civiles sont prises au piège. L'officialisation, le 12 mai, de la dissolution du groupe insurgé kurde qui mettrait un terme à plus de 40 ans de lutte armée, suscite les espoirs d'un retour à la vie normale, même si beaucoup craignent que la présence militaire turque se prolonge. De notre envoyé spécial de retour d'Amedi,Deux jours après l'annonce par le Parti des travailleurs du Kurdistan de sa volonté à s'engager dans un processus de paix avec la Turquie, le calme règne dans le petit village de Guharzé, au Kurdistan irakien. Shayda, 19 ans, nous ouvre les portes de son jardin. Une sérénité qui contraste avec la violence de ces derniers mois : « Le 27 octobre dernier, nous étions tous en train de dîner, il n'y avait pas particulièrement de combats ce soir-là, alors, nous ne nous y attentions pas, quand soudain, il y a eu un immense fracas, nous sommes sortis précipitamment de la maison, nous ne pouvions rien voir avec la fumée et la poussière dans nos yeux. »Le père de Shayda nous emmène au fond du jardin, il désigne un cratère creusé à une dizaine de mètres de la bâtisse : « Une rocket tirée par un drone est tombée juste là. Regardez, ici, le plafond s'est effondré, les murs sont fissurés, toutes les fenêtres ont été soufflées vers l'intérieur de la maison. Nous avons vidé quatre brouettes de fragments de la bombe… »La bombe qui s'est écrasée sur le jardin de Shayda et son père a été larguée par un drone turc. Malgré la rumeur de la paix, leur ronronnement discret est incessant dans le ciel de Guharzé. Sur une pente rocailleuse à la sortie du village, nous retrouvons son chef, Ahmed, il fait paître ses 200 chèvres dans un enclos bien trop étroit : « Si l'on s'éloigne du village, on risque d'être pris pour cible. Ou les drones vont se mettre à nous tourner autour dans le ciel, ils vont nous forcer à rentrer avec nos chèvres. C'est pour ça qu'on ne quitte pas le village. On se fait tirer dessus. Avant, nous vivions plus haut dans la montagne, nous avions des vignes, des arbres fruitiers, nos fermes. Mais nous ne pouvons plus y accéder, l'armée turque occupe ces terres. »À lire aussiTurquie : le Parti des travailleurs kurdes (PKK) annonce sa dissolution après plus de 40 ans de lutte arméeDans sa lutte contre la guérilla du PKK, repliée dans un réseau de tunnels et dont les déplacements sont invisibles, depuis six ans, la Turquie a renforcé son emprise sur le territoire. Pour en prendre la mesure, nous rejoignons le village de Sergélé, situé à 20 kilomètres de la frontière. Agriculteur à la retraite, Rochavi nous invite à le suivre sur son toit : « Vous voyez, de ce côté, il y a les bases de la Turquie, toute la montagne de Matin, c'est désormais la Turquie… »À moins de cinq cents mètres, nous pouvons discerner les sacs de sables qui protègent une installation militaire posée sur un promontoire rocheux. Il y en aurait plus de 136 disséminées au Kurdistan irakien : « Nous sommes tous extrêmement soulagés que le PKK ait pris cette décision de se dissoudre, ils auraient dû la prendre il y a plus de dix ans. Si ce processus de paix est un succès et que le PKK abandonne les armes, nous pourrons retrouver nos montagnes, nos animaux, nos fermes… »Pour cela, les soldats turcs doivent quitter le Kurdistan. Les mains crispées autour de sa tasse de thé, Rochavi est habité par les doutes : « Je ne suis pas sûr que la Turquie s'en ira aussi facilement. La terre du Kurdistan, c'est de l'or. Et les Turcs ont jeté leur dévolu dessus et ont coupé tous les arbres de la région, des arbres fruitiers parfois centenaires, et ils les ont emportés en Turquie. Mais si le PKK n'existe plus, ça doit s'arrêter. »Les bruissements de la paix sont sur toutes les lèvres dans cette vallée où les civils vivent sur un fil et les bombardements ont certes diminué ces derniers jours, mais n'ont pas cessé pour autant, alors que la démobilisation du PKK est attendue ces prochains mois. À lire aussiPKK: histoire d'une lutte armée dont la fin annoncée peut recomposer le Moyen-Orient
Si la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, est née en Turquie à la fin des années 1970, c'est au Kurdistan irakien voisin qu'elle a installé ses quartiers généraux. Les combats s'y sont déportés et même concentrés : depuis 2022, l'armée turque mène une opération militaire d'envergure dans la vallée d'Amedi en Irak, véritable occupation du territoire où les populations civiles sont prises au piège. L'officialisation, le lundi 12 mai, de la dissolution du groupe insurgé kurde qui mettrait un terme à plus de 40 ans de lutte armée, suscite les espoirs d'un retour à la vie normale, même si beaucoup craignent que la présence militaire turque se prolonge malgré la fin annoncée du PKK. De notre envoyé spécial de retour d'Amedi,Deux jours après l'annonce par le Parti des travailleurs du Kurdistan de sa volonté à s'engager dans un processus de paix avec la Turquie, le calme règne dans le petit village de Guharzé, au Kurdistan irakien. Shayda, 19 ans, nous ouvre les portes de son jardin. Une sérénité qui contraste avec la violence de ces derniers mois : « Le 27 octobre dernier, nous étions tous en train de dîner, il n'y avait pas particulièrement de combats ce soir-là, alors, nous ne nous y attentions pas, quand soudain, il y a eu un immense fracas, nous sommes sortis précipitamment de la maison, nous ne pouvions rien voir avec la fumée et la poussière dans nos yeux. »Le père de Shayda nous emmène au fond du jardin, il désigne un cratère creusé à une dizaine de mètres de la bâtisse : « Une rocket tirée par un drone est tombée juste là. Regardez, ici, le plafond s'est effondré, les murs sont fissurés, toutes les fenêtres ont été soufflées vers l'intérieur de la maison. Nous avons vidé quatre brouettes de fragments de la bombe… »La bombe qui s'est écrasée sur le jardin de Shayda et son père a été larguée par un drone turc. Malgré la rumeur de la paix, leur ronronnement discret est incessant dans le ciel de Guharzé. Sur une pente rocailleuse à la sortie du village, nous retrouvons son chef, Ahmed, il fait paître ses 200 chèvres dans un enclos bien trop étroit : « Si l'on s'éloigne du village, on risque d'être pris pour cible. Ou les drones vont se mettre à nous tourner autour dans le ciel, ils vont nous forcer à rentrer avec nos chèvres. C'est pour ça qu'on ne quitte pas le village. On se fait tirer dessus. Avant, nous vivions plus haut dans la montagne, nous avions des vignes, des arbres fruitiers, nos fermes. Mais nous ne pouvons plus y accéder, l'armée turque occupe ces terres. »À lire aussiTurquie : le Parti des travailleurs kurdes (PKK) annonce sa dissolution après plus de 40 ans de lutte arméeDans sa lutte contre la guérilla du PKK, repliée dans un réseau de tunnels et dont les déplacements sont invisibles, depuis six ans, la Turquie a renforcé son emprise sur le territoire. Pour en prendre la mesure, nous rejoignons le village de Sergélé, situé à 20 kilomètres de la frontière. Agriculteur à la retraite, Rochavi nous invite à le suivre sur son toit : « Vous voyez, de ce côté, il y a les bases de la Turquie, toute la montagne de Matin, c'est désormais la Turquie… »À moins de cinq cents mètres, nous pouvons discerner les sacs de sables qui protègent une installation militaire posée sur un promontoire rocheux. Il y en aurait plus de 136 disséminées au Kurdistan irakien : « Nous sommes tous extrêmement soulagés que le PKK ait pris cette décision de se dissoudre, ils auraient dû la prendre il y a plus de dix ans. Si ce processus de paix est un succès et que le PKK abandonne les armes, nous pourrons retrouver nos montagnes, nos animaux, nos fermes… »Pour cela, les soldats turcs doivent quitter le Kurdistan. Les mains crispées autour de sa tasse de thé, Rochavi est habité par les doutes : « Je ne suis pas sûr que la Turquie s'en ira aussi facilement. La terre du Kurdistan, c'est de l'or. Et les Turcs ont jeté leur dévolu dessus et ont coupé tous les arbres de la région, des arbres fruitiers parfois centenaires, et ils les ont emportés en Turquie. Mais si le PKK n'existe plus, ça doit s'arrêter. »Les bruissements de la paix sont sur toutes les lèvres dans cette vallée où les civils vivent sur un fil et les bombardements ont certes diminué ces derniers jours, mais n'ont pas cessé pour autant, alors que la démobilisation du PKK est attendue ces prochains mois. À lire aussiPKK: histoire d'une lutte armée dont la fin annoncée peut recomposer le Moyen-Orient
Le Parti des travailleurs du Kurdistan a annoncé ce lundi 12 mai sa dissolution et la fin de la lutte armée qui durait depuis plus de quarante ans. Cette décision intervient après plusieurs mois de tractations et d'annonces, tant de la part de la Turquie que du camp kurde. Le 27 février, le leader historique du parti, Abdullah Öcalan, avait appelé le PKK à se dissoudre et à déposer les armes. Le mouvement kurde avait ensuite annoncé un cessez-le-feu avec l'État turc le 1er mars, dans un conflit qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. Les conséquences concrètes et politiques de cette annonce avec l'invitée de RFI Dorothée Schmid, docteure en sciences politiques, responsable du programme Turquie/Moyen-Orient de l'Ifri.
Plus de cinq ans après la chute du groupe État islamique (EI), la question du retour des familles des jihadistes étrangers dans leurs pays n'est toujours pas réglée. De nombreuses femmes radicalisées et leurs enfants se trouvent toujours en Syrie sans pouvoir revenir dans leur pays d'origine faute de cadre juridique. Certains sont pris en charge dans le camp d'Orkesh, un centre créé par l'administration autonome kurde dans le nord de la Syrie il y a trois ans. Ce centre de réhabilitation qui peut accueillir 150 personnes propose trois programmes éducatifs, récréatifs et alimentaires destinés à changer la mentalité de ces jeunes étrangers qui ont grandi au sein de familles aux idées religieuses extrémistes. De notre envoyé spécial à Orkesh,Dans le camp d'Orkesh, en Syrie, 145 jeunes de 13 nationalités étrangères vivent confinés autour d'une petite cour où ils se retrouvent pour pratiquer des sports simples, des salles de classe et leurs chambres collectives. Dans l'une de ces chambres, le Français Ilyes, 22 ans, s'adonne à sa passion pour le dessin, une opportunité qui lui est offerte par sa présence dans le camp. Une activité qui lui permet aussi de s'évader en griffonnant dans son cahier ses rêves d'une vie plus « normale ». Après trois ans dans le centre de déradicalisation, séparé de sa mère et de ses deux grands frères, eux incarcérés au camp de Roj, l'espoir d'un retour en France s'éloigne de plus en plus.« Le rapatriement, c'est juste un rêve. À chaque fois, lorsque je réfléchis au moment où je serai libre, en France, je me l'imagine. Mais c'est uniquement de l'imagination, cela ne va pas devenir réel. Au début, quand je suis venu ici, je pensais vraiment que j'allais aller en France. J'ai attendu, j'ai attendu, je vois le temps qui passe et jusqu'à présent, je suis toujours là », confie le jeune homme.Hamza, lui, est arrivé en Syrie à l'âge de trois ans avec sa mère, bien avant la proclamation du groupe EI. Le natif de Toulouse raconte comment, en 2018, il a vu celle qui l'a élevée épouser un combattant de l'EI avant de mourir lors d'un combat. Le jeune homme, orphelin de mère, tente alors, à l'âge de 16 ans, de gagner la France par ses propres moyens en rejoignant l'ambassade de France en Turquie. Avant d'être grièvement blessé par une mine et d'être arrêté par les forces kurdes. Depuis, il est interné au centre de réhabilitation, une prison à ses yeux. « C'est un "centre", entre guillemets. Mais nous, qui sommes dedans, nous savons ce qui se passe. Ce n'est pas un centre. Quel centre ferme la porte à 11 heures. Quel centre dans lequel tu manges des trucs bidons. Moi, je suis en Syrie. Tant que je ne rentre pas dans mon pays, je ne veux rien », raconte-t-il.Un responsable de l'administration du centre d'Orkesh, qui a choisi de rester anonyme, considère les jeunes et les enfants présents comme des victimes, n'ayant commis aucune faute. Si ce n'est d'avoir été emmenés par leurs parents d'une vie sécurisée vers un environnement marqué par l'extrémisme. « À l'arrivée des enfants, nous rencontrons de grosses difficultés pour interagir avec eux, mais avec le temps, nos liens s'améliorent et il y a une réponse positive au programme de réadaptation. Cependant, la difficulté principale réside dans la question du retour dans leurs pays d'origine », explique-t-il. Malgré tout ce travail, l'administration du camp espère qu'un jour les pays d'origine des enfants accepteront de les rapatrier après leur passage par ces programmes de réhabilitation.À lire aussiSyrie: dans le camp d'Orkesh, les enfants de combattants étrangers de l'EI rêvent de liberté
Plus de cinq ans après la chute du groupe État islamique (EI), la question du retour des familles des jihadistes étrangers dans leurs pays n'est toujours pas réglée. De nombreuses femmes radicalisées et leurs enfants se trouvent toujours en Syrie sans pouvoir revenir dans leur pays d'origine faute de cadre juridique. Certains sont pris en charge dans le camp d'Orkesh, un centre créé par l'administration autonome kurde dans le nord de la Syrie il y a trois ans. Ce centre de réhabilitation qui peut accueillir 150 personnes propose trois programmes éducatifs, récréatifs et alimentaires destinés à changer la mentalité de ces jeunes étrangers qui ont grandi au sein de familles aux idées religieuses extrémistes. De notre envoyé spécial à Orkesh,Dans le camp d'Orkesh, en Syrie, 145 jeunes de 13 nationalités étrangères vivent confinés autour d'une petite cour où ils se retrouvent pour pratiquer des sports simples, des salles de classe et leurs chambres collectives. Dans l'une de ces chambres, le Français Ilyes, 22 ans, s'adonne à sa passion pour le dessin, une opportunité qui lui est offerte par sa présence dans le camp. Une activité qui lui permet aussi de s'évader en griffonnant dans son cahier ses rêves d'une vie plus « normale ». Après trois ans dans le centre de déradicalisation, séparé de sa mère et de ses deux grands frères, eux incarcérés au camp de Roj, l'espoir d'un retour en France s'éloigne de plus en plus.« Le rapatriement, c'est juste un rêve. À chaque fois, lorsque je réfléchis au moment où je serai libre, en France, je me l'imagine. Mais c'est uniquement de l'imagination, cela ne va pas devenir réel. Au début, quand je suis venu ici, je pensais vraiment que j'allais aller en France. J'ai attendu, j'ai attendu, je vois le temps qui passe et jusqu'à présent, je suis toujours là », confie le jeune homme.Hamza, lui, est arrivé en Syrie à l'âge de trois ans avec sa mère, bien avant la proclamation du groupe EI. Le natif de Toulouse raconte comment, en 2018, il a vu celle qui l'a élevée épouser un combattant de l'EI avant de mourir lors d'un combat. Le jeune homme, orphelin de mère, tente alors, à l'âge de 16 ans, de gagner la France par ses propres moyens en rejoignant l'ambassade de France en Turquie. Avant d'être grièvement blessé par une mine et d'être arrêté par les forces kurdes. Depuis, il est interné au centre de réhabilitation, une prison à ses yeux. « C'est un "centre", entre guillemets. Mais nous, qui sommes dedans, nous savons ce qui se passe. Ce n'est pas un centre. Quel centre ferme la porte à 11 heures. Quel centre dans lequel tu manges des trucs bidons. Moi, je suis en Syrie. Tant que je ne rentre pas dans mon pays, je ne veux rien », raconte-t-il.Un responsable de l'administration du centre d'Orkesh, qui a choisi de rester anonyme, considère les jeunes et les enfants présents comme des victimes, n'ayant commis aucune faute. Si ce n'est d'avoir été emmenés par leurs parents d'une vie sécurisée vers un environnement marqué par l'extrémisme. « À l'arrivée des enfants, nous rencontrons de grosses difficultés pour interagir avec eux, mais avec le temps, nos liens s'améliorent et il y a une réponse positive au programme de réadaptation. Cependant, la difficulté principale réside dans la question du retour dans leurs pays d'origine », explique-t-il. Malgré tout ce travail, l'administration du camp espère qu'un jour les pays d'origine des enfants accepteront de les rapatrier après leur passage par ces programmes de réhabilitation.À lire aussiSyrie: dans le camp d'Orkesh, les enfants de combattants étrangers de l'EI rêvent de liberté
Les fêtes de l'Aïd avaient ramené le calme, mais cette contestation inédite depuis dix ans a repris dans les universités d'Istanbul, d'Ankara et ailleurs. Le correspondant du Washington Post dresse le bilan de ces dernières semaines. « Maintenant, la question pour l'opposition est de savoir comment transformer l'élan dans ces rues en un capital politique suffisant pour mobiliser des électeurs », prévient le journal. La prochaine élection présidentielle en Turquie en mai 2028 n'est pas tout de suite, mais les adversaires de Recep Tayyip Erdoğan ont du boulot. « Leurs rangs sont divisés entre factions pro-kurdes, centristes, de gauche et nationalistes, qui s'opposent depuis longtemps », indique le Washington Post.Le parti du maire d'Istanbul devant celui d'Erdoğan dans les sondages« Le parti du maire d'Istanbul, centriste et laïque, veut construire une alliance durable », remarque le Washington Post. Un récent sondage l'enorgueillit de 37 %, devant le parti islamiste d'Erdoğan, qui a chuté à 30 %. La question clé, selon le journal américain, « est de savoir ce que fera le parti pro-kurde. L'arrestation du maire d'Istanbul le mois dernier est intervenue trois semaines seulement après qu'Abdullah Öcalan, chef embastillé du PKK, a demandé à son mouvement de déposer les armes après une insurrection de plusieurs décennies ».« Le parti pro-kurde est désormais confronté à un dilemme », remarque le Washington Post. Car « s'il soutient fermement le reste de l'opposition, il risque de faire dérailler le processus de paix ». Le tout alors que les bombardements se poursuivent sur les bases du PKK retranchées en Irak et que les Kurdes de Syrie affiliés au PKK maintiennent une paix fragile avec le nouveau pouvoir de Damas.Covid-19, Chine et Maison BlancheAux États-Unis, la Maison Blanche remplace son site web consacré au Covid-19 par une démonstration complotiste accusant la Chine d'être responsable de la pandémie. Le site gouvernemental Covid.gov, qui fournit habituellement des informations sur le virus et qui permet aux gens de commander des tests, redirige désormais vers une page web appelée « lab leak » (soit « fuite de laboratoire ») : deux mots avec une figurine Trump au milieu.Le New York Times décrit « la nouvelle page est illustrée par une image satellite de Wuhan, en Chine, ville où le Covid-19 a commencé à se répandre. (...). Mis en exergue : l'Institut de virologie de Wuhan, laboratoire spécialisé dans les coronavirus qui a participé à des projets de recherche que certains scientifiques considéraient comme dangereux ».« Mais la page web ne tient pas compte des lacunes de cette théorie »décriée de toutes parts - par la Chine, par la communauté scientifique, et par la CIA. « Le virus s'est plutôt propagé des animaux aux humains sur un marché illégal, rappelle le New York Times. La purge de cet ancien site web Covid reflète une pratique plus large de l'administration Trump, consistant à mettre au placard les sites web sur la santé qui ne s'alignent pas sur la vision de la Maison Blanche. Y compris ceux liés au changement climatique et aux personnes LGBT. »Les derniers hommes du présidentLe journal français Libération tire le portrait des derniers proches du chef d'État français, décrit comme « isolé ». Autour de lui resterait « moins d'une vingtaine » de collaborateurs « engagés le plus souvent à sa communication, à sa protection. ». « Eux ne sont pas de ces nombreux déçus, essorés, perdus dans l'usure du pouvoir, décrit Libé. Ils sont restés par conviction, parfois par calcul, par obligation. »De la dissolution ratée de l'an dernier à l'élection de Donald Trump, l'article décrit l'intimité des dernières années de pouvoir d'Emmanuel Macron.
Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 11 avril 2025.Avec cette semaine :François Bujon de l'Estang, ambassadeur de France.Matthias Fekl, avocat et ancien ministre de l'Intérieur.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique en ligne Blick.L'ÉTAT DU COMMERCE INTERNATIONALDonald Trump a lancé le 2 avril une charge commerciale massive sous la forme d'une augmentation des droits de douane si lourde qu'elle sonne comme une déclaration de guerre commerciale contre des concurrents, mais aussi contre des alliés traditionnels de Washington. Le président américain a annoncé 46% de hausse pour le Vietnam, 34% pour la Chine, 24% pour le Japon, 20% pour l'Union européenne, mais aussi 50% pour le Lesotho, 47% pour Madagascar, 37% pour le Botswana et rien pour la Russie, la Corée du Nord, la Biélorussie … Tandis que l'Union européenne se préparait à négocier, Pékin a riposté vite et fort, les tarifs douaniers sur les importations américaines passantde 34% à 84%. Bloomberg décrivait alors l'escalade en cours entre la Chine et les Etats-Unis - qui représentent 40% de l'économie mondiale à eux deux - comme une « guerre nucléaire commerciale"».Coup de théâtre mercredi soir : Donald Trump a annoncé la suspension des droits de douane pour 90 jours, laissant cependant un taux minimum uniforme de 10%. Une pause qui ne s'applique pas à la Chine taxée à 125%, ennemie principale des Etats-Unis qui a osé répliquer à Washington. Donald Trump justifie la pause « par la volonté de plus de 75 pays de négocier. »Concrètement, durant cette période, qui a pris effet « immédiatement » après son annonce, l'ensemble des pays du globe sont désormais soumis à des droits de douane ajustés à 10%.Selon l'Insee, le commerce mondial devrait reculer de 4 points. En Europe, l'Allemagne ou l'Italie, dont 10% des exportations vont vers les États-Unis (respectivement 3,3 et 4,2% de leur PIB), devraient être plus touchées que la France et l'Espagne (moins de 7,5% de leurs exportations et moins de 2% du PIB). Mais, rappelle l'ancien commissaire européen au Commerce et ex-directeur général de l'Organisation mondiale du commerce - OMC, Pascal Lamy « les Etats-Unis représentent 13% des importations mondiales, donc 87% du commerce international n'a aucune raison de se laisser contaminer par cette folie »Visée depuis mi-mars par des droits de douane américains de 25% sur l'acier et l'aluminium, l'Union européenne, après que le président américain a fait machine arrière, a suspendu pour 90 jours les mesures de rétorsion approuvées par les États membre et qui prévoient une hausse de 25% sur l'acier et l'aluminium, les amandes, le jus d'orange, la volaille, le soja, le tabac et les yachts… Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau asalué un « début de retour à la raison économique », alors que la Bourse de New York s'est envolée à l'annonce de cette pause. Toutefois, l'incertitude et la confusion se répandent dans les cercles industriels et chez les distributeurs américains comme européens, tandis que les marchés ne savent plus à quel saint se vouer.LA TURQUIE À L'HEURE DES RÉGIMES AUTORITAIRESAu pouvoir depuis 22 ans, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a fait incarcérer le 23 mars, une des rares personnes qui étaient en mesure de le battre dans les urnes : le social-démocrate et atatürkiste revendiqué Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul depuis 2019, qui devait être, le même jour, désigné comme candidat à la prochaine présidentielle du Parti républicain du peuple. En l'attaquant avec l'arme la plus redoutable dont il dispose − la justice −, sous couvert de multiples accusations, dont celle de « corruption », et en réprimant les imposantes manifestations de protestation organisées dans tout le pays, l'homme fort de la Turquie achève ce qu'il a commencé il y a une bonne dizaine d'années : le détricotage systématique de l'État de droit et des contre-pouvoirs. Cette régression de la démocratie a été marquée dès 2013 par la répression des manifestations anti-Erdoğan du parc de Gezi à Taksim, suivie d'une dérive autoritaire. Puis, deux ans plus tard, par la fin brutale et sanglante des négociations de paix avec les Kurdes et l'incarcération d'élus et de figures politiques comme le populaire Selahattin Demirtaş. S'y sont ajoutées aussi les répercussions du coup d'Etat raté de 2016 et les purges gigantesques au sein des institutions publiques des membres de la confrérie du prédicateur Fethullah Gülen ; avec qui le président s'était pourtant allié pendant des décennies. Il y a eu ensuite l'adoption de lois liberticides, la destitution de maires et les arrestations de plus en plus nombreuses d'intellectuels, d'artistes, de journalistes de gauche ou proches de l'opposition libérale. De tout temps, le chef de l'État est apparu prêt à faire un pas de plus pour garder le pouvoir. Jamais, toutefois, il n'était allé aussi loin qu'aujourd'hui.Dans la foulée de l'arrestation du maire d'Istanbul, la livre turque a plongé à son niveau le plus bas face au billet vert et l'indice de la Bourse d'Istanbul a chuté de près de 7%, déclenchant une suspension temporaire. Le Quai d'Orsay a fait part de sa « profonde préoccupation » tandis que Berlin a dénoncé « un grave revers pour la démocratie ». L'autoritarisme croissant d'Erdoğan embarrasse particulièrement les Européens au moment où la Turquie, de par sa puissance militaire, se pose en alliée incontournable pour renforcer le pilier européen de l'OTAN, face au rapprochement entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Située à la croisée de l'Europe, de l'Asie et du Moyen-Orient, et point de passage stratégique vers la mer Noire (via le détroit du Bosphore), elle se sait indispensable sur de nombreux dossiers : la guerre en Ukraine, où Ankara a su dès le début ménager à la fois Kyiv, en lui livrant des drones, et Moscou, en contournant les sanctions ; la Syrie de l'après-Bachar, où elle entend user de son influence auprès des nouvelles autorités. Sans oublier son industrie d'armement en plein boom, à laquelle s'intéressent déjà certaines capitales européennes pour contrer l'expansionnisme de Poutine. De quoi faire dire au secrétaire général de l'OTAN qu'il serait temps que Bruxelles et Ankara coopèrent plus étroitement sur la question sécuritaire.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frDistribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
durée : 00:58:31 - Le Grand Reportage - par : Catherine Petillon - En février dernier, Abdullah Öcalan, le fondateur du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), la guérilla kurde, lançait un appel à déposer les armes. Que pensent les Kurdes de Diyarbakir de cet appel à la paix après plus de 40 ans de guerre et des dizaines de milliers de morts ? - réalisation : Annie Brault
En Syrie, la chute de Bachar el-Assad n'a pas mis fin aux massacres et aux arrestations arbitraires. Cela fait maintenant quatre mois que la dictature est tombée. La reconstruction, l'unité du pays sont mises à mal, plombées par ces massacres, en mars 2025, visant la communauté alaouite ainsi que par les tensions avec les Kurdes. Quatre mois après, où en est cette reconstruction ? Les autorités de transition en font-elles assez ? Les espoirs d'une Syrie démocratique sont-ils douchés ? Avec Michel Duclos, conseiller spécial à l'Institut Montaigne, ancien ambassadeur de France en Syrie, auteur des livres Diplomatie française (Alpha essai) et La longue nuit syrienne (paru aux éditions de L'Observatoire en 2019 et réédité dans la collection Alpha essai en 2022).
Turquie et Gabon au sommaire du Grand reportage du supplément du samedi. Dans la première partie, le Gabon aux urnes pour l'élection présidentielle le samedi 12 avril 2025. En deuxième partie, direction la Turquie, pour le reportage de Céline Pierre-Magnani, nous revenons sur la déclaration historique du chef charismatique du PKK, la guérilla kurde, Abdullah Öcalan a annoncé la fin de la lutte armée. Gabon : le Général Oligui Nguéma, entre rupture et continuité de l'ère BongoLes Gabonais sont appelés aux urnes le 12 avril 2025. Pour une élection présidentielle marquant la sortie de la transition, mise en place après le renversement du président Ali Bongo par les militaires le 30 août 2023. Son chef, le général Brice Clotaire Oligui Nguema sera candidat face à sept autres postulants pour poursuivre ce qu'il appelle la « restauration » du pays.Pour cela, il n'hésite pas à se placer dans les pas d'Omar Bongo dans sa pratique du pouvoir, en premier lieu dans la province dont les 2 hommes sont originaires : le Haut-Ogooué, dans l'est du pays. Un Grand reportage de François Mazet qui s'entretient avec Jacques Allix. Turquie : la dissolution du PKK : la route est encore longue Nous revenons sur la déclaration historique du chef charismatique du PKK, la guérilla kurde, Abdullah Öcalan a annoncé la fin de la lutte armée.Un Grand reportage de Céline Pierre-Magnani qui s'entretient avec Jacques Allix.
Chaque année, les soutiens du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se réunissent au printemps pour fêter le Nouvel An kurde dans les montagnes du Kurdistan irakien, où la guérilla s'est réfugiée. Alors qu'un processus de paix est en cours entre le mouvement kurde insurgé et l'État turc, les familles des combattants ont profité de l'occasion pour prendre des nouvelles de leurs proches engagés au sein du PKK. Elles espèrent que le processus de paix leur permettra de retrouver la vie civile. De notre correspondant à Qandil,L'espace d'une nuit de danse, de musique et de discours, les partisans du PKK se réunissent pour célébrer Norouz, le Nouvel An kurde. Une fois par an, la guérilla leur ouvre ses portes dans son bastion des montagnes de Qandil, au nord de l'Irak. Pour les familles des insurgés, c'est aussi l'occasion d'un discret pèlerinage, à l'image de Shaya, dont la fille est morte au combat en 2006 : « Je suis venue fêter Norouz à Qandil pour sentir le parfum de ma fille, Zilan, et de tous ses camarades qui sont morts pour la liberté des Kurdes. »Protégée par des cimes escarpées qui s'élèvent à plus de 3 000 mètres, la plaine de Qandil est une forteresse naturelle. C'est ici que le PKK a installé ses quartiers généraux dans les années 1990, ainsi que les académies militaires et politiques au sein desquelles les aspirants combattants se forment à la guérilla. « Qandil est un endroit très spécial et on sait que nos enfants sont tous passés par ici, au cœur de la révolution. Zilan a vécu presque un an à Qandil. Ces arbres qui nous entourent nous rappellent nos enfants. Ils ont poussé sous leurs pieds et ont été arrosés par leur sang », poursuit Shaya.Espoir de retrouver des prochesDe nombreux combattants du PKK sont tombés à Qandil, constamment bombardé par les drones de la Turquie. Leurs portraits juvéniles sont exposés aux regards le long de la route qui serpente dans la montagne et devant lesquelles des familles viennent se recueillir. D'autres sont à la recherche d'informations : « La plupart des mamans viennent à Qandil pour Norouz avec l'espoir d'apercevoir leurs enfants. Or, c'est possible qu'ils soient déjà morts, mais qu'elles ne le sachent pas encore. »En marge des festivités, des femmes le visage recouvert d'un voile blanc arrêtent un homme à l'allure d'officier et font défiler des photos sur leurs téléphones. Trois enfants d'Amina sont déjà morts dans les rangs du PKK et deux de ses filles sont toujours mobilisées. La maman est inquiète : « Je n'ai pas de nouvelles de mes filles. Je ne les ai pas vues ici, je ne sais pas où elles sont. J'espère qu'elles sont vivantes. »Les règles du PKK sont particulièrement strictes et les contacts avec les familles prohibés. À l'abri dans sa tente battue par la pluie, Fatima a eu plus de chance et peut se réjouir : « Cette année, je suis venue à Qandil pour la première fois. Ça fait près de 20 ans que je n'avais pas vus certains membres de ma famille. J'ai une fille ainsi que deux oncles qui se battent ici, dans les montagnes. J'ai pu voir les voir aujourd'hui, c'était formidable de pouvoir leur parler, ils m'ont tellement manqué. Je leur souhaite d'être libres bientôt. »Sur la scène principale, les discours politiques s'enchaînent. Cette année, le Nouvel An kurde s'inscrit sous le signe des négociations de paix engagées entre la guérilla du PKK et la Turquie : « Je souhaite que les prisonniers soient libérés et que nous puissions rentrer chez nous parce que nous sommes des réfugiés ici au Kurdistan irakien. »C'est dans l'exil que les enfants de Fatima ont emprunté les sentiers de la guérilla, et c'est ici, dans les montagnes de Qandil, que seront discutés ces prochains mois les détails du processus de paix par les chefs du PKK.
Chaque année, les soutiens du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se réunissent au printemps pour fêter le Nouvel An kurde dans les montagnes du Kurdistan irakien, où la guérilla s'est réfugiée. Alors qu'un processus de paix est en cours entre le mouvement kurde insurgé et l'État turc, les familles des combattants ont profité de l'occasion pour prendre des nouvelles de leurs proches engagés au sein du PKK. Elles espèrent que le processus de paix leur permettra de retrouver la vie civile. De notre correspondant à Qandil,L'espace d'une nuit de danse, de musique et de discours, les partisans du PKK se réunissent pour célébrer Norouz, le Nouvel An kurde. Une fois par an, la guérilla leur ouvre ses portes dans son bastion des montagnes de Qandil, au nord de l'Irak. Pour les familles des insurgés, c'est aussi l'occasion d'un discret pèlerinage, à l'image de Shaya, dont la fille est morte au combat en 2006 : « Je suis venue fêter Norouz à Qandil pour sentir le parfum de ma fille, Zilan, et de tous ses camarades qui sont morts pour la liberté des Kurdes. »Protégée par des cimes escarpées qui s'élèvent à plus de 3 000 mètres, la plaine de Qandil est une forteresse naturelle. C'est ici que le PKK a installé ses quartiers généraux dans les années 1990, ainsi que les académies militaires et politiques au sein desquelles les aspirants combattants se forment à la guérilla. « Qandil est un endroit très spécial et on sait que nos enfants sont tous passés par ici, au cœur de la révolution. Zilan a vécu presque un an à Qandil. Ces arbres qui nous entourent nous rappellent nos enfants. Ils ont poussé sous leurs pieds et ont été arrosés par leur sang », poursuit Shaya.Espoir de retrouver des prochesDe nombreux combattants du PKK sont tombés à Qandil, constamment bombardé par les drones de la Turquie. Leurs portraits juvéniles sont exposés aux regards le long de la route qui serpente dans la montagne et devant lesquelles des familles viennent se recueillir. D'autres sont à la recherche d'informations : « La plupart des mamans viennent à Qandil pour Norouz avec l'espoir d'apercevoir leurs enfants. Or, c'est possible qu'ils soient déjà morts, mais qu'elles ne le sachent pas encore. »En marge des festivités, des femmes le visage recouvert d'un voile blanc arrêtent un homme à l'allure d'officier et font défiler des photos sur leurs téléphones. Trois enfants d'Amina sont déjà morts dans les rangs du PKK et deux de ses filles sont toujours mobilisées. La maman est inquiète : « Je n'ai pas de nouvelles de mes filles. Je ne les ai pas vues ici, je ne sais pas où elles sont. J'espère qu'elles sont vivantes. »Les règles du PKK sont particulièrement strictes et les contacts avec les familles prohibés. À l'abri dans sa tente battue par la pluie, Fatima a eu plus de chance et peut se réjouir : « Cette année, je suis venue à Qandil pour la première fois. Ça fait près de 20 ans que je n'avais pas vus certains membres de ma famille. J'ai une fille ainsi que deux oncles qui se battent ici, dans les montagnes. J'ai pu voir les voir aujourd'hui, c'était formidable de pouvoir leur parler, ils m'ont tellement manqué. Je leur souhaite d'être libres bientôt. »Sur la scène principale, les discours politiques s'enchaînent. Cette année, le Nouvel An kurde s'inscrit sous le signe des négociations de paix engagées entre la guérilla du PKK et la Turquie : « Je souhaite que les prisonniers soient libérés et que nous puissions rentrer chez nous parce que nous sommes des réfugiés ici au Kurdistan irakien. »C'est dans l'exil que les enfants de Fatima ont emprunté les sentiers de la guérilla, et c'est ici, dans les montagnes de Qandil, que seront discutés ces prochains mois les détails du processus de paix par les chefs du PKK.
Je suis antispéciste et je soutiens les luttes kurdes. Ces deux combats sont importants pour moi mais je les ai toujours pensés de manière distincte. Un jour, je me rends à un événement de soutien pour l'association et le sanctuaire 269 libération animale. Un documentaire sur les kurdes y est diffusé. J'interroge alors Tiphaine Lagarde, co-fondatrice de 269LA, sur la raison de ce choix documentaire. Elle m'explique que le confédéralisme démocratique, tel qu'il a été pensé par Abdullah Öcalan et mis en oeuvre dans le Nord-Est de la Syrie (Rojava), est pour elle une source d'inspiration pour penser une société multi-espèces où animaux et humains pourraient cohabiter pacifiquement. Les combats kurdes peuvent-ils inspirer d'autres mouvements progressistes ? C'est la réflexion que nous souhaitons partager avec vous dans cet épisode.
Dans le supplément de ce dimanche, en première partie, direction l'Irak où il y a 37 ans, plus de 180 000 Kurdes ont été assassinés par l'armée de Saddam Hussein. En deuxième partie, direction le Pakistan, où la tendance est de posséder des fauves domestiques et, plus couramment, au sein de familles aisées. Génocide d'Anfal : le deuil impossible des Kurdes irakiensIl y a 37 ans, en Irak, l'armée de Saddam Hussein lance une rafle contre les Kurdes du nord du pays, c'est l'opération Anfal. En quelques semaines, la population de villages entiers est décimée, 180 000 Kurdes sont alors assassinés. Après des années d'attente, la Cour suprême irakienne a reconnu le caractère génocidaire de cette campagne meurtrière, ce qui ouvre la voie à un travail de fouille et de mémoire. Et c'est ce que nous allons illustrer aujourd'hui.En janvier 2025, en effet, un charnier a été exhumé dans le désert du sud du pays, révélant les restes de 153 femmes et enfants kurdes. Pour les rescapés d'Anfal, cette découverte ravive l'espoir de retrouver les corps de leurs proches.Un Grand reportage de Lucas Lazo qui s'entretient avec Sébastien Farcis.Lions et tigres de compagnie, une obsession pakistanaiseAu Pakistan, avoir un lion ou un tigre domestique à l'instar d'un chat ou d'un chien est de plus en plus tendance. Riches hommes d'affaires, industriels, propriétaires terriens ou trafiquants, ont leur zoo personnel. Sur les réseaux sociaux, pour des influenceurs, s'exhiber avec un félin sauvage est un symbole de puissance chic et choc. Les gros félins domestiqués seraient des centaines au Pakistan. Les organisations de défense de la cause animale dénoncent les mauvais traitements, les autorités laissent faire, la loi est permissive.Un Grand reportage de Shahzaib Wahlah, Sonia Ghezali (avec la collaboration de Talha Saeed) qui s'entretient avec Sébastien Farcis.
Mes chers camarades, bien le bonjour !Un sujet dont on parle beaucoup en ce moment, c'est les Kurdes avec le cas du PKK. Mais en vrai, le sujet est hyper complexe, et je vais essayer de vous résumer ça pour que vous ayez les tenants et aboutissants de la situation !Bonne écoute !➤ Merci à Adnan Çelik, anthropologue et Maître de conférences de l' EHESS au Centre d'Études Turques, Ottomanes, Balkaniques et Centrasiatiques (CETOBaC) pour sa relecture !
durée : 00:04:46 - Les Cartes en mouvement - par : Delphine Papin - Cette semaine, Delphine Papin, journaliste du Monde, nous parle des Kurdes de Syrie suite à l'accord du 10 mars 2025 entre le Président par intérim Ahmed Al-Charra et le chef des Forces Démocratiques Syriennes, Mazloum Abdi.
Les experts et journalistes de RFI répondent à vos questions sur l'accord passé entre les autorités syriennes et la communauté kurde et les taxes douanières américaines contre le Canada. Soudan du Sud : le pays est-il au bord de la guerre civile ? Au Soudan du Sud, les tensions sont au plus haut niveau entre le président et son vice-président. Qu'est-ce qui a provoqué ces tensions ? L'accord de paix de 2018 peut-il être remis en cause ? Avec Florence Miettaux, correspondante de RFI à Juba. Syrie : accord historique entre les autorités et les forces kurdes En Syrie, un accord a été trouvé entre les nouvelles autorités et la communauté kurde du nord-est du pays. Quel rôle exact joueront les institutions autonomes kurdes dans le nouvel État syrien ? Quel intérêt le régime syrien tire-t-il de cette intégration ? Cet accord signifie-t-il la fin des opérations turques sur le territoire ?Avec Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen. Etats-Unis/Canada : revirement de Donald Trump sur les taxes douanières Après avoir à nouveau menacé le Canada de doubler les taxes douanières, de 25% à 50%, le président américain a finalement renoncé à ces sanctions quelques heures après. Pourquoi Donald Trump fait-il volte-face ? Le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, avait promis une riposte. Sur quels aspects économiques et commerciales pourrait-il contre-attaquer ?Avec Pierre-Alexandre Beylier, professeur à l'université Grenoble Alpes, spécialiste en civilisation nord-américaine. Et en fin d'émission, la chronique « Un oeil sur les réseaux » de Jessica Taieb. Au programme, les réactions des internautes maliens face à l'augmentation des taxes de téléphonie.
Il y a 37 ans, en Irak, l'armée de Saddam Hussein lance une rafle contre les Kurdes du nord du pays, c'est l'opération Anfal. En quelques semaines, la population de villages entiers est décimée, 180 000 Kurdes sont alors assassinés. Après des années d'attente, la Cour suprême irakienne a reconnu le caractère génocidaire de cette campagne meurtrière, ce qui ouvre la voie à un travail de fouille et de mémoire. Et c'est ce que nous allons illustrer aujourd'hui. En janvier 2025, en effet, un charnier a été exhumé dans le désert du sud du pays, révélant les restes de 153 femmes et enfants kurdes. Pour les rescapés d'Anfal, cette découverte ravive l'espoir de retrouver les corps de leurs proches.« Génocide d'Anfal : le deuil impossible des Kurdes irakiens », un Grand reportage de Lucas Lazo.
À la suite de l'appel « historique » fin février d'Abdullah Ocalan, le fondateur de la guérilla du Parti des travailleurs du Kurdistan, la Turquie et le groupe armé kurde s'engagent dans un processus de paix incertain, le second dans l'histoire de ce conflit qui dure depuis 40 ans. Si les combattants du PKK sont retranchés dans les montagnes du Kurdistan irakien, c'est en Irak également, dans le camp de Makhmour, que se sont réfugiés près de 8 000 civils, sympathisants de la guérilla et fuyant les persécutions en Turquie au mitan des années 1990. De notre envoyé spécial de retour de Makhmour,À Makhmour, où de nombreux jeunes ont rejoint le PKK, les mères des combattants espèrent que cette paix pourra faire revenir leurs enfants. Dans ce camp battu par les vents du désert irakien, la résistance à la Turquie rythme la vie des réfugiés kurdes et être mère, c'est se préparer à voir un jour partir ses enfants sur les sentiers de la guérilla. « Je me souviens bien quand il m'a annoncé son départ, se rappelle Saria, soixante ans, le visage creusé par les rides, incapable d'oublier le jour où son fils s'en est allé. Il m'a dit : "Maman, je vais rejoindre la résistance". Une maman n'oublie jamais un tel moment. J'avais une montre. Je la lui ai donnée. Je lui ai dit de la garder… C'était trop dur, mais j'étais obligée d'accepter son choix. » Le camp de Makhmour, qui compte 8 000 habitants, a donné plus de 500 de ses enfants à la cause kurde. Le dernier est mort au mois de février 2025 au cours de combats au Kurdistan irakien entre le PKK et la Turquie. Leur mémoire est célébrée dans la maison des martyrs, une pièce étouffante où les murs sont placardés de portraits. « C'est mon fils, Dyar, indique Saria, en désignant la photographie d'un homme aux traits juvéniles, ciblé par une frappe turque il y a deux ans. Personne ne souhaite apprendre la mort de ses enfants. Mais parfois, il faut accepter ce sacrifice. Le mal que nous fait la Turquie est intolérable. En tant que mamans kurdes, nous sommes obligées d'accepter que nos enfants puissent mourir pour la liberté des Kurdes. »Le deuxième fils de Saria, Baroz, a suivi les pas de son grand frère dans les montagnes du Kurdistan. Alors pour cette mère, le processus de paix fragile qui s'amorce entre la Turquie et la guérilla kurde suscite le vain espoir de voir rentrer son garçon : « Qui ne souhaiterait pas revoir son enfant ?, s'exclame-t-elle. Ocalan a appelé à la paix et je souhaite que ce processus réussisse, mais nous ne pouvons pas faire confiance à la Turquie. J'aimerais que Baroz puisse revenir, mais sans la liberté des Kurdes, ce sera trop difficile pour lui de rentrer… »À lire aussiTurquie: le chef kurde Abdullah Öcalan appelle à la dissolution du PKK« Le PKK, c'est devenu notre identité »Les enfants de Makhmour sont tous nés dans l'exil, en Irak, après que leurs parents ont abandonné leurs villages ravagés par l'armée turque dans les années 1990. Le soir, au coin du feu, ils discutent de politique… « L'appel à désarmer et dissoudre le PKK, ça ne m'a pas vraiment plu : le PKK, c'est devenu notre identité, alors c'est difficile à accepter, confie Dilan, 25 ans. Même si je pense qu'Ocalan a annoncé ça dans l'intérêt des Kurdes. »Le matin même, le camp de Makhmour était survolé par les drones turcs, de quoi susciter la méfiance de ces jeunes sympathisants du PKK : « Est-ce que la Turquie va répondre à l'appel d'Ocalan ? Le PKK a fait le premier pas, mais la Turquie souhaite-t-elle la paix ?, interroge Dilan. Parce que ça n'a pas toujours été le cas, nous attendons leur réaction. »Pour l'heure et en dépit d'un cessez-le-feu, le bruit des armes résonne toujours au Kurdistan irakien. Tous les mercredis, les mamans de Makhmour rendent hommage aux disparus en espérant que cette paix puisse aboutir et leur rendre leurs enfants. À écouter dans Grand reportageGénocide d'Anfal : le deuil impossible des Kurdes irakiens
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, le dialogue entre les Kurdes syriens et le gouvernement de transition semblait mal engagé. Et pourtant, lundi soir, ils se sont mis d'accord. La présidence syrienne, qui cherche à unifier un pays divisé par treize ans de guerre civile, a annoncé un accord pour « intégrer » au sein de l'Etat toutes les institutions civiles et militaires relevant de l'administration autonome kurde, située dans le nord-est de la Syrie.Signé par le président par intérim, Ahmed Al-Charaa, et le chef des Forces démocratiques syriennes, dominées par les Kurdes, Mazloum Abdi, cet accord intervient alors que la Syrie a connu ces derniers jours ses pires violences depuis la chute de l'ancien président, en décembre.Que contient cet accord historique ? Quel avenir Ahmed Al-Chaara réserve-t-il aux Kurdes installés dans le nord-est de la Syrie ? Et comment la minorité kurde avait-elle réussi à obtenir son autonomie dans ce territoire ? Dans cet épisode du podcast « L'Heure du Monde », Ghazal Golshiri, journaliste au service International du Monde et envoyée spéciale dans le Rojava, répond à toutes ces questions.Un épisode de Garance Muñoz. Réalisation : Quentin Tenaud. Présentation et rédaction en chef : Claire Leys. Dans cet épisode : extraits de discours d'Ahmed Al-Charaa, le 25 février 2025 ; d'une archive INA du 14 avril 1991 ; d'une archive de France 3 du 22 janvier 2015.Cet épisode a été publié le 12 mars 2025.---Pour soutenir "L'Heure du Monde" et notre rédaction, abonnez-vous sur abopodcast.lemonde.fr Hébergé par Audion. Visitez https://www.audion.fm/fr/privacy-policy pour plus d'informations.
Les experts et journalistes de RFI répondent à vos questions sur l'opposant ougandais Kizza Besigye, les tensions entre Zelensky et Trump sur les terres rares ukrainiennes et la reprise des recherches sur la disparition du vol MH370. Turquie : le PKK annonce une trêve après 40 ans de lutte armée En réponse à l'appel du chef historique kurde, le PKK a annoncé un cessez-le-feu avec la Turquie, mais sans parler de désarmement ou de dissolution. L'appel d'Abdullah Öcalan peut-il finir par être entendu ? Peut-il voir sa peine être allégée ? Est-ce le signe d'un apaisement entre les kurdes et la Turquie après plusieurs années de conflit ?Avec Anne Andlauer, correspondante de RFI à Ankara. Ouganda : l'opposant Kizza Besigye jugé par une cour civile À la suite de pressions nationales et internationales, l'opposant ougandais, d'abord jugé devant un tribunal militaire, a finalement comparu devant un tribunal civil. Son transfert devant la cour civile augmente-t-il ses chances de libération ? Qu'est-ce que cela change dans le cours de son procès ?Avec Christina Okello, journaliste au service Afrique de RFI. Guerre en Ukraine : pas d'accord signé sur les terres rares ukrainiennes À la suite d'un échange tendu entre les présidents Zelensky et Trump, aucun accord n'a été conclu concernant les minerais ukrainiens. Pourquoi les deux partis n'arrivent-ils pas à se mettre d'accord à ce sujet ? Pourquoi les États-Unis souhaitent-ils absolument accéder aux terres rares ukrainiennes ?Avec Emmanuel Hache, adjoint scientifique à IFP Énergies nouvelles et directeur de recherche à l'IRIS. Malaysia Airlines : pourquoi les recherches reprennent onze ans après sa disparition ? Onze ans après la disparition du vol MH370, des recherches ont repris dans l'océan Indien pour retrouver des potentiels débris du Boeing 777 de Malaysia Airlines. Pourquoi reprendre les recherches tant d'années après le drame ? Comment vont-elles s'organiser ? Avec Gilles Diharce, contrôleur aérien et auteur du livre Le mystère du vol MH370 (éditions JPO).
Abdullah Öcalan, fondateur du PKK, a lancé un appel historique à déposer les armes et dissoudre l'organisation, un geste comparé à celui de l'IRA ou de l'ETA. En prison depuis 26 ans, Öcalan reste une figure centrale du mouvement kurde. Bien que la presse ne révèle pas les détails des négociations avec les autorités turques, cet appel pourrait avoir des répercussions au-delà de la Turquie, notamment en Syrie et en Irak, où les Kurdes sont également engagés dans des luttes pour l'autonomie. Toutefois, les précédentes tentatives de paix ont échoué, et l'avenir de cette initiative reste incertain. Merci pour votre écoute N'hésistez pas à vous abonner également aux podcasts des séquences phares de Matin Première: L'Invité Politique : https://audmns.com/LNCogwPL'édito politique « Les Coulisses du Pouvoir » : https://audmns.com/vXWPcqxL'humour de Matin Première : https://audmns.com/tbdbwoQRetrouvez tous les contenus de la RTBF sur notre plateforme Auvio.be Retrouvez également notre offre info ci-dessous : Le Monde en Direct : https://audmns.com/TkxEWMELes Clés : https://audmns.com/DvbCVrHLe Tournant : https://audmns.com/moqIRoC5 Minutes pour Comprendre : https://audmns.com/dHiHssrEt si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à nous donner des étoiles ou des commentaires, cela nous aide à le faire connaître plus largement.
La France va-t-elle être contrainte de rapatrier Adrien Guihal ? La cour administrative d'appel a été saisie mercredi par l'avocat de ce vétéran du djihad français. Il est aujourd'hui entre les mains des Kurdes. Mais sa mère exige son rapatriement. Si la justice lui donne raison, que se passerait-il pour Adrien Guihal ?
La France va-t-elle être contrainte de rapatrier Adrien Guihal ? La cour administrative d'appel a été saisie mercredi par l'avocat de ce vétéran du djihad français. Il est aujourd'hui entre les mains des Kurdes. Mais sa mère exige son rapatriement. Si la justice lui donne raison, que se passerait-il pour Adrien Guihal ?
Au Kurdistan irakien, le gel du financement de l'aide au développement étatsunienne (USAID) décrétée par Donald Trump a entraîné l'interruption de la plupart des programmes humanitaires. Dans une région qui accueille toujours des centaines de milliers de déplacés, les ONG sont sidérées. De notre envoyé spécial au camp de Sharia,Dans les couloirs du centre psychosocial du camp de Sharia, les rires des enfants ont disparu. La suspension de l'aide humanitaire américaine a porté un coup fatal à ce sanctuaire pour les milliers de familles de la minorité Yézidie, victimes des persécutions de l'État islamique et qui vivent depuis 10 ans dans ce camp du Kurdistan irakien.Huwayda, la directrice des lieux, nous ouvre ses portes : « La situation est très triste honnêtement… Regardez le centre, c'est vide. D'habitude, nous avions beaucoup de gens qui venaient visiter le centre, demander du soutien. Mais depuis la suspension des financements, nous n'avons plus grand monde qui travaille. »Les bureaux sont désertés : sur 81 salariés, l'ONG jésuite qui gère le centre depuis 2014 a rompu du jour au lendemain la moitié des contrats. À l'étage, Ikram travaille pour cinq et s'inquiète de l'avenir d'une communauté à laquelle ce programme offrait un soutien encore trop rare en Irak : « Maintenant, sur ma liste d'attente, j'ai plus de 400 personnes qui ont besoin d'un suivi psychologique, de traitements psychiatriques, alerte-t-il. Si nous les laissons comme ça, ils penseront que nous les abandonnons et que nous n'avons rien fait pour eux. Peut-être que la confiance sera détruite. »À lire aussiIrak: dix ans après, les Yézidis toujours marqués par le génocide perpétré par l'État islamique« Ils ont dit que tout pourrait s'arrêter d'un coup, c'était un choc »Pour Zéré, déplacée depuis dix ans avec ses enfants, les visites au centre sont toujours un soulagement avant de regagner sa tente. Prise au dépourvu, elle confesse son angoisse à l'annonce de la nouvelle : « Les psychologues nous ont préparés pour nous dire que nous ne pourrions peut-être pas continuer au-delà de 90 jours. Ils ont même dit que tout pourrait s'arrêter d'un coup. J'ai d'abord pleuré, je n'arrivais plus à manger, c'était un choc. Je crains pour mon futur… »Dans l'intimité d'une salle de consultation, une maman accompagnée de sa petite fille revient sur les traumatismes qui la hantent et qu'elle essaye d'apaiser avec les équipes du centre : « Je revis les massacres que Daech nous a fait subir. Les décapitations, les tortures, je vois encore tout ça, témoigne-t-elle. Ici même, j'ai essayé de me pendre dix fois. J'ai failli réussir. Mon cou devenait bleu. J'ai encore les marques. Honnêtement, c'est grâce à ce centre que je suis encore en vie aujourd'hui. »L'ONG jésuite, financée aux trois quarts par les États-Unis, a choisi d'interrompre la plupart de ses programmes de manière à maintenir tant bien que mal les soins pour les personnes les plus fragiles, comme cette femme : « C'est tellement difficile pour nous. J'espère qu'on ne nous coupera pas l'accès à nos médicaments, qu'on nous laissera les prendre. »Mais faute de financements durables, le centre pourrait bien fermer définitivement.À lire aussiPour les Kurdes syriens réfugiés au Kurdistan irakien, l'impossible retour?
La Turquie est-elle proche de tourner la page de quarante ans de guerre contre le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan ? Le gouvernement et le MHP ont initié, il y a quatre mois, un processus de négociations dont le but est d'amener le PKK à désarmer et à s'autodissoudre. Turquie / PKK Recep Tayyip Erdogan et, surtout, son allié au pouvoir, le MHP ultranationaliste, ont ouvert les négociations il y a quatre mois.Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK, pourrait appeler son organisation à abandonner les armes dans quelques jours. Le 15 marque en effet le 26ème anniversaire de son arrestation. Mais la paix a-t-elle le même sens pour tous ? Pour le pouvoir, il s'agit de promouvoir une Turquie plus forte au plan régional car débarrassée de son principal problème sécuritaire. Mais pour beaucoup de Kurdes, se pose toujours la question de leurs droits, d'une Turquie plus démocratique, d'une citoyenneté vraiment égale entre Turcs et Kurdes. L'espoir est-il possible et à quelles conditions ? Reportage, Anne Andlauer. Kemi Badenoch Au Royaume-Uni, le parti d'extrême droite Reform UK est arrivé en tête des intentions de vote pour la première fois depuis les dernières élections dans un sondage Yougov du 3 février 2025. Juste un point devant les travaillistes au pouvoir et 4 derrière les conservateurs. Le parti Tory, laminé aux législatives de juillet 2024, peine à se refaire une santé. Cela fait 100 jours que Kemi Badenoch en a pris la direction. Grande admiratrice de Margaret Thatcher la ‘dame de fer', la quatrième femme à diriger la droite et première issue de l'immigration, Kemi Badenoch a du mal à convaincre. Portrait signé Marie Billon. La chronique musique de Vincent Théval Viestesana, la tarentelle revisitée de l'Italienne Maria Mazzotta. Expo : «Sous les yeux de tous : Bénin, Nigeria»En Suisse depuis 2023, 7 musées (principalement dans le canton de Bâle, à l'avant-garde sur le sujet) s'interrogent sur la provenance de leurs collections en vue de la restitution de certaines œuvres. Propriétaire d'une vingtaine de bronzes du royaume du Bénin, le Musée des cultures de Bâle partage son questionnement avec le public au travers d'une exposition atypique. Reportage, Wyloën Munhoz-Boilot.
La Turquie est-elle proche de tourner la page de quarante ans de guerre contre le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan ? Le gouvernement et le MHP ont initié, il y a quatre mois, un processus de négociations dont le but est d'amener le PKK à désarmer et à s'autodissoudre. Turquie / PKK Recep Tayyip Erdogan et, surtout, son allié au pouvoir, le MHP ultranationaliste, ont ouvert les négociations il y a quatre mois.Abdullah Öcalan, le chef emprisonné du PKK, pourrait appeler son organisation à abandonner les armes dans quelques jours. Le 15 marque en effet le 26ème anniversaire de son arrestation. Mais la paix a-t-elle le même sens pour tous ? Pour le pouvoir, il s'agit de promouvoir une Turquie plus forte au plan régional car débarrassée de son principal problème sécuritaire. Mais pour beaucoup de Kurdes, se pose toujours la question de leurs droits, d'une Turquie plus démocratique, d'une citoyenneté vraiment égale entre Turcs et Kurdes. L'espoir est-il possible et à quelles conditions ? Reportage, Anne Andlauer. Kemi Badenoch Au Royaume-Uni, le parti d'extrême droite Reform UK est arrivé en tête des intentions de vote pour la première fois depuis les dernières élections dans un sondage Yougov du 3 février 2025. Juste un point devant les travaillistes au pouvoir et 4 derrière les conservateurs. Le parti Tory, laminé aux législatives de juillet 2024, peine à se refaire une santé. Cela fait 100 jours que Kemi Badenoch en a pris la direction. Grande admiratrice de Margaret Thatcher la ‘dame de fer', la quatrième femme à diriger la droite et première issue de l'immigration, Kemi Badenoch a du mal à convaincre. Portrait signé Marie Billon. La chronique musique de Vincent Théval Viestesana, la tarentelle revisitée de l'Italienne Maria Mazzotta. Expo : «Sous les yeux de tous : Bénin, Nigeria»En Suisse depuis 2023, 7 musées (principalement dans le canton de Bâle, à l'avant-garde sur le sujet) s'interrogent sur la provenance de leurs collections en vue de la restitution de certaines œuvres. Propriétaire d'une vingtaine de bronzes du royaume du Bénin, le Musée des cultures de Bâle partage son questionnement avec le public au travers d'une exposition atypique. Reportage, Wyloën Munhoz-Boilot.
Dans le supplément de ce samedi, direction la Syrie, qui a connu depuis le mois de décembre dernier la chute de Bachar al-Assad. Il était à la tête du pays depuis des décennies... En seconde partie, direction le Venezuela, avec une école de musique de prestige qui produit des étoiles. Mais des affaires d'abus sexuels sont rendues publiques... Syrie : après la chute de Bachar al-Assad, la difficile unification du pays Des décennies de dictature en Syrie, treize années de guerre et moins d'une semaine pour faire tomber le régime de Bachar al-Assad. Le 8 décembre 2024, les combattants d'Hayat Tahrir al-Sham prenaient le pouvoir à Damas. Celui qui a conduit la rébellion sous le nom de Abou al-Joulani, Ahmed al-Charaa, vient d'être nommé président par intérim. Il multiplie les initiatives pour rétablir le dialogue au sein de la société syrienne.Un défi de taille, tant les communautés, Druzes, Alaouites, Kurdes, Sunnites, et factions armées, sont nombreuses.Dans le pays, les poches de contestations subsistent. Et une guerre, celle qui oppose les factions pro-turques aux combattants kurdes.Un Grand reportage de Manon Chapelain qui s'entretient avec Jacques Allix. El Sistema, la glorieuse école de musique du Venezuela, entre mythe et réalité Le Système National d'Orchestre, connu tout simplement comme Le Système au Venezuela, est un programme d'enseignement de la musique à travers la pratique orchestrale. Un programme qui fêtera ses 50 ans l'an prochain (2026). Un projet tentaculaire, avec plus de 400 écoles à travers tout le pays et qui a produit des étoiles de la musique classique dans le monde.On retrouve des élèves du Système aux quatre coins de la planète : dans la Philharmonie de Los Angeles, celle du Luxembourg, dans les orchestres symphoniques de Berlin ou de Lille. Le plus connu d'entre eux : Gustavo Dudamel, directeur musical de l'Opéra de Paris jusqu'en 2023.Un projet mille fois encensé par la presse, et supporté par les organisations internationales pour son impact social, l'enseignement de la musique dans des zones défavorisées. Mais le Système a ses parts d'ombre, qui, malgré avoir été révélées, n'ont pas fait réagir à la hauteur de leur gravité. Des abus sexuels de la part de professeurs sur leurs élèves ont été rendus publics, mais il semblerait que les autorités n'aient pas pris la mesure de la gravité de la situation.Un Grand reportage de Alice Campaignolle qui s'entretient avec Jacques Allix.
Des décennies de dictature en Syrie, treize années de guerre et moins d'une semaine pour faire tomber le régime de Bachar al-Assad Le 8 décembre 2024, les combattants d'Hayat Tahrir al-Sham prenaient le pouvoir à Damas. Celui qui a conduit la rébellion sous le nom de Abou al-Joulani, Ahmed al-Charaa, vient d'être nommé président par intérim. Il multiplie les initiatives pour rétablir le dialogue au sein de la société syrienne. Un défi de taille, tant les communautés, Druzes, Alaouites, Kurdes, Sunnites, et factions armées, sont nombreuses.Dans le pays, les poches de contestations subsistent. Et une guerre, celle qui oppose les factions pro-turques aux combattants kurdes.
Le retour chez eux est-il possible pour les Kurdes de Syrie réfugiés au Kurdistan irakien voisin ? Ils sont 300 000 à y vivre depuis plus de dix ans, dans des camps pour la plupart. Soulagés par la chute du régime de Bachar el-Assad, ces réfugiés sont néanmoins inquiets de la place qui sera faite aux Kurdes dans une Syrie en gestation. Tandis que des tractations politiques intenses ont lieu pour définir les contours que pourrait y prendre l'autonomie kurde. Ayaz, 29 ans, fait défiler les pages d'un album qu'il garde précieusement au fond d'une armoire. « Ce sont nos photos de famille. Ces albums sont les souvenirs qui nous restent de la Syrie et que nous avons pu emporter avec nous. C'est la seule chose qui nous relie à la Syrie. Avec la guerre, il y avait deux options : devenir un meurtrier ou bien se faire tuer. J'ai pris la meilleure décision ou en tout cas la plus sûre, celle de quitter la Syrie. »Son exode le conduit de l'autre côté de la frontière, dans le camp de réfugiés de Kawergosk, au Kurdistan irakien. Dix ans ont passé et les tentes de plastique ont laissé place à des maisons de parpaings. Si les 1 800 familles kurdes syriennes qui vivent là ont célébré la chute du régime de Bachar el-Assad le 8 décembre dernier, aucune ne s'est empressée de prendre le chemin du retour. « Bien sûr que je vais rentrer, nous n'allons pas rester ici. Mais pour l'instant, la situation est trop mauvaise en Syrie, explique Ayaz. Je ne veux y retourner que si l'on construit un État civil et décentralisé, qui protège les droits de toutes les communautés syriennes, c'est-à-dire des Kurdes et de toutes les autres minorités. Il faut une protection constitutionnelle de nos droits, qui ne soit pas seulement des mots, mais qui se traduisent par des faits. »Ces attentes sont largement partagées par ces réfugiés. Mais pour les faire entendre aux nouvelles autorités à Damas, les factions politiques kurdes doivent afficher un front uni. Or, les habitants du camp ne se sentent pas représentés par les milices au pouvoir au Kurdistan syrien, réputées proches du Parti des travailleurs du Kurdistan, en guerre contre la Turquie.Accoudé à son échoppe de vêtements, Alan-Walid a justement quitté la Syrie à 14 ans, de peur d'être enrôlé contre son gré. « Dans les régions kurdes de Syrie, le parti politique en charge opère un recrutement forcé. Mais nous ne souhaitons pas nous battre pour un parti politique ou une idéologie. Nous souhaitons nous battre pour les Kurdes. Si les parties parviennent à s'unir, alors nous rentrerons nous battre pour la cause kurde, pour le Rojava », clame-t-il.Depuis plusieurs jours, les promesses de discussions vont bon train entre ces milices qui administrent le Kurdistan syrien et l'opposition, principalement exilée, en Irak. Cependant, pour cette jeune femme croisée dans l'allée principale du camp, ces négociations ne suffiront pas à la faire rentrer chez elle. « Si nous retournons en Syrie, nous n'aurons plus rien. Nous finirons à la rue. Ici, au moins, nous possédons une maison, nous vivons au jour le jour. Je sais qu'il faudrait encore dix ans à la Syrie pour se reconstruire et revenir à la situation antérieure à la guerre. Et peut-être que ça n'arrivera jamais », soupire-t-elle.Au-delà de ces tractations politiques fragiles, les bombardements turcs et les combats entre les forces kurdes syriennes et les mercenaires soutenus par la Turquie se poursuivent. La situation sécuritaire reste trop instable pour permettre aux réfugiés de Kawergosk d'envisager un retour.À lire aussiSyrie: les civils pris en étau par les affrontements entre les forces kurdes et les pro-turcs
En Syrie, les 13 années de conflit ont entraîné un effondrement des infrastructures électriques. Depuis le début de la guerre civile, l'approvisionnement en électricité est tombé à moins de 25% du niveau d'avant-guerre. Les coupures de courant sont fréquentes, et la majorité de la population ne vit qu'avec deux heures d'électricité par jour. Rétablir le courant est l'une des priorités du nouveau gouvernement de Damas. La lumière vacille, tremble puis s'éteint. Sous l'unique ampoule, ils sont une quinzaine, réunis autour d'un poêle, installés dans le salon de la famille Alomr. L'aînée, Fatima, explique qu'ils n'ont plus d'électricité après 21 heures, malgré le panneau solaire installé sur le toit. Quatre ans d'économies ont été nécessaires pour se l'acheter, mais l'électricité ainsi générée n'est pas suffisante pour avoir du courant toute la journée.« Étudier et faire la lessive sont les deux choses les plus compliquées, estime Fatima. Les coupures de courant sont constantes ici. C'est aussi très difficile d'avoir de l'eau, car l'électricité n'est pas assez puissante pour faire fonctionner la pompe. »Une fois l'obscurité, chacun sort de sa poche un briquet, au bout duquel une petite lumière est intégrée. Ce sera l'unique source de lumière dont ils disposeront ce soir. « Nous l'utilisons uniquement pour que la famille puisse se réunir et se voir avec un éclairage adéquat. Nous sommes habitués. C'est comme ça depuis 2014, ou 2015, depuis le début de la guerre ici », selon la jeune femme.Dans ce quartier, le plus pauvre d'Alep, toutes les familles sont concernées. Karm Al Jazmati, c'est son nom, a longtemps été le théâtre de violents combats entre les rebelles et l'armée de Bachar el-Assad. La centrale électrique d'Alep, l'une des plus grandes de Syrie, a été endommagée, et seules deux turbines sur cinq fonctionnent désormais. « À cause des bombardements. La station a été bombardée », explique Emad Abo Ali, le manager du complexe.Sur ses parois, des impacts de shrapnels rappellent la guerre civile récente. Cette centrale a été tenue par le groupe État islamique entre 2013 et 2016 avant d'être reprise par le régime. « La station a été complètement vandalisée puis sabotée par les deux camps. L'État islamique l'a d'abord saboté en partant. Ensuite, le régime a recommencé en arrivant. Regardez les transformateurs, regardez l'état de cette station ! Tout a été volé, le cuivre, les câbles, tout », se désole le manager.L'objectif du nouveau gouvernement de Damas est de faire passer la production d'électricité de 1 200 à 7 000 mégawatts. La compagnie nationale d'électricité a annoncé début janvier que le Qatar et la Turquie allaient envoyer deux navires pour produire de l'électricité. « Notre principal objectif aujourd'hui est que la situation s'améliore, afin que l'électricité soit disponible non plus deux heures, mais huit par jour, indique Mahmoud El-Ahmad, directeur général de la compagnie dans la région d'Alep. La deuxième étape consistera à réhabiliter les centrales électriques afin d'augmenter la quantité d'énergie disponible. »Longtemps, les sanctions imposées au régime de Bachar el-Assad ont compliqué l'importation de pétrole. Pour que le courant reparte, le nouveau pouvoir en réclame la levée. D'après Mahmoud El-Ahmad, de premiers accords sont en cours de négociation : « Le gaz sera acheminé par un gazoduc appelé gazoduc euro-arabe, qui traversera la Jordanie. Le carburant sera, lui, acheminé par voie maritime depuis des pays pétroliers. »Pour l'heure, les plus importants champs pétroliers et gaziers du pays sont situés dans la région autonome kurde. Ils échappent ainsi au contrôle du pouvoir central. L'électricité, vitale pour la reconstruction du pays après 13 années de guerre, sera un enjeu décisif des négociations avec les Kurdes dans les prochaines semaines.À lire aussiSyrie: les habitants d'Idleb à nouveau libres de voyager et revoir les familles, «un rêve de retourner sur la route»
Dans le nord de la Syrie, les combats continuent entre les forces armées kurdes et les factions pro-turques de l'Armée nationale syrienne. L'objectif : récupérer la totalité de la poche kurde, contrôlée par les forces démocratiques syriennes. En début de semaine, Ankara, qui accuse les forces démocratiques syriennes d'avoir des liens avec les séparatistes armés kurdes sur son sol, a menacé de lancer une opération militaire. De notre envoyée spéciale à Manbij,Des soldats s'entassent à l'arrière d'une Toyota transformée en canon anti-aérien. La carrosserie est recouverte de poussière, les visages sont concentrés, les fusils AK-47 chargés. Ces combattants de l'Armée nationale syrienne quittent Manbij, dans le nord de la Syrie, pour lancer l'assaut quelques kilomètres plus à l'est, en direction du barrage de Tichrine. C'est là que les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes tiennent leurs positions. Abou Jumaa, chef de faction, lance les dernières instructions à ses hommes : « Nous ne sommes pas d'ici, nous sommes d'Azaz, mais il est de notre devoir de libérer chaque centimètre carré de la Syrie ! Hier, nous avons libéré environ cinq villages, et y avons établi des positions. D'ici à quelques jours, nous parviendrons à traverser l'Euphrate et à pénétrer dans la zone kurde ! »Dans le ciel, des avions de reconnaissance font des allers-retours. Un soldat lève les yeux, s'amuse à compter les traces blanches. À qui appartiennent-ils ? « Certainement pas aux Turcs », avance Khalil Al-Wakaf, un chef de faction. Le dos tourné, des soldats moins gradés affirmeront l'inverse. À Manbij, l'intervention de la Turquie est visible dès l'arrivée. Des drapeaux turcs sont peints sur le béton des check-points.« Ça ne veut rien dire. C'est parce que nous avons dans nos rangs des combattants syriens d'origine turkmènes. Ils brandissent des drapeaux turcs, car ils aiment la Turquie. Mais c'est tout, cela ne veut rien dire de plus », appuie-t-il.À lire aussiSyrie: combats mortels entre forces kurdes et milices pro-turques, un accord trouvé entre les FDS et DamasDes tunnels sous-marins jusqu'au barrage de TishrineKhalil Al-Wakaf insiste surtout pour nous faire visiter les kilomètres de tunnels creusés par les combattants kurdes ces dernières années : « Il y a une ville entière sous la ville. Venez, regardez ! » Dans un hall d'entrée, le soldat ouvre une trappe, nous fait descendre à l'intérieur. Un trou béant, et à perte de vue, des dédales de sous-terrain.« La ville entière est truffée de tunnels. Nous n'avons pas eu le temps de tous les fouiller. Nous avons placé des gardes à chaque sortie, car vous savez, ces tunnels vont jusqu'au barrage de Tishreen, où se déroulent les combats. Les ennemis pourraient y entrer et venir jusqu'ici », précise Khalil Al-Wakaf.Sur des pierres, en kurde, ont été gravés les noms des rues où débouchent ces tunnels. Dans les murs creusés des cavités, des kilos de TNT y avaient été dissimulés. « Montre-lui la vidéo ! », clame un homme. Sur son téléphone, Khalil Al-Wakaf nous montre : des sacs entiers d'explosifs, fabriqués à la main.À lire aussiSyrie: à Abu Qilqil, les civils fuient les combats entre factions pro-turques et forces kurdesLes civils rêvent d'une paix À la sortie du tunnel, des habitants sont regroupés. Inquiets, ils craignent que les combats qui se tiennent sur le barrage de Tishreen ne reviennent jusqu'à Manbij. Mohammad, un berger du village, confie : « La situation est très instable, il y a encore des batailles et des affrontements partout. Nous avons peur. »Sur la route du village, quelques ambulances reviennent du front. Elles roulent à toute vitesse en direction de l'hôpital de Dar al Shift. « Il y a aussi eu des victimes civiles. Manbij est déjà une zone de front, une zone de guerre. Ces victimes sont arrivées jusqu'à cet hôpital et nous avons pu les prendre en charge. Ils ont été blessés car il y a eu deux attentats à la voiture piégée. Deux attentats... », lâche Taïsir Ahmed, le directeur.Depuis l'hôpital, on entend le son des bombes et des tirs. Ici, les civils ne rêvent que d'une chose : que cessent ces bruits sourd. Et que s'installe enfin la paix.À lire aussiLes Kurdes du nord-ouest syrien, perpétuels déplacés, presque oubliés
La revue de presse internationale - Les correspondants d'Europe 1
Direction Istanbul où Mathilde Wardat nous rapporte les déclarations du ministre turc des Affaires étrangères. Ce dernier exhorte la France à rapatrier et juger les djihadistes français retenus en Syrie par les forces kurdes, alliées de la France dans la lutte contre Daesh. Un sujet sensible qui illustre les tensions entre la Turquie et les Kurdes, considérés comme terroristes par Ankara.Ensuite, c'est à Beyrouth qu'Inès Gilles nous emmène. Les médias libanais se concentrent sur l'élection du nouveau président, Joseph Aoun. Un événement porteur d'espoir pour la population après plus de deux ans sans président. Mais son élection soulève des interrogations, notamment concernant ses relations avec le puissant mouvement chiite Hezbollah.Enfin, nous terminons notre tour du monde à Tokyo avec Bernard Delattre. La Une de la presse japonaise est dominée par l'Exposition universelle d'Osaka, qui ouvrira ses portes dans seulement trois mois. Mais les préparatifs accusent du retard et peinent à susciter l'engouement du public japonais, ce qui fait craindre un fiasco pour le Japon.Notre équipe a utilisé un outil d'Intelligence artificielle via les technologies d'Audiomeans© pour accompagner la création de ce contenu écrit.
Direction Istanbul où Mathilde Wardat nous rapporte les déclarations du ministre turc des Affaires étrangères. Ce dernier exhorte la France à rapatrier et juger les djihadistes français retenus en Syrie par les forces kurdes, alliées de la France dans la lutte contre Daesh. Un sujet sensible qui illustre les tensions entre la Turquie et les Kurdes, considérés comme terroristes par Ankara.Ensuite, c'est à Beyrouth qu'Inès Gilles nous emmène. Les médias libanais se concentrent sur l'élection du nouveau président, Joseph Aoun. Un événement porteur d'espoir pour la population après plus de deux ans sans président. Mais son élection soulève des interrogations, notamment concernant ses relations avec le puissant mouvement chiite Hezbollah.Enfin, nous terminons notre tour du monde à Tokyo avec Bernard Delattre. La Une de la presse japonaise est dominée par l'Exposition universelle d'Osaka, qui ouvrira ses portes dans seulement trois mois. Mais les préparatifs accusent du retard et peinent à susciter l'engouement du public japonais, ce qui fait craindre un fiasco pour le Japon.Notre équipe a utilisé un outil d'Intelligence artificielle via les technologies d'Audiomeans© pour accompagner la création de ce contenu écrit.
Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-end nous emmène en Syrie, un peu plus d'un mois après le changement de régime, où une guerre déjà fait rage dans le nord du pays. Une coalition de forces jihadistes soutenue par la Turquie s'est élancée dès la fin novembre à l'assaut des régions contrôlées par les Kurdes. 100 000 personnes fuient sur les routes. Notre correspondante les a suivis ville après ville. En deuxième partie, le cap sur la Géorgie, petit pays, grands enjeux géopolitiques. La Russie avance ses pions, les pro-européens y résistent ou choisissent l'exil. Les Kurdes du nord-ouest syrien, perpétuels déplacés, presque oubliésPlus d'un demi-siècle de dynastie Assad en Syrie a pris fin le 8 décembre dernier. De père en fils, de Hafez à Bachar, les Syriens ont vécu dans la peur de ce régime. Voire la terreur. Fin novembre, les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Sham, partis de leur fief du nord-ouest, commencent à grignoter le terrain ville par ville. Jusqu'à la capitale. Bachar el-Assad fui en catimini en Russie.Depuis, toute la Syrie et le monde s'interrogent sur le nouveau régime islamiste qui essaie de faire bonne figure, mené par Ahmed al-Charaa, qui a préféré faire oublier son nom de guerre Abou al-Joulani. Mais, dans le nord, une guerre est déjà en cours. Une coalition de forces jihadistes soutenues par la Turquie a également lancé une offensive fin novembre. Elle vise les régions contrôlées par les Kurdes au nord d'Alep. Conséquence : plus de 100 000 personnes se sont jetées sur les routes, fuyant vers la région autonome sous contrôle kurde. Cette même population avait déjà connu un sort similaire il y a six ans. De ville en ville, nous avons suivi cet exode toujours en cours.Un Grand reportage de Marie-Charlotte Roupie qui s'entretient avec Jacques Allix.Géorgie: la démocratie ou l'exilLa Géorgie dans le Caucase a vécu une fin d'année 2024 très mouvementée. Législatives contestées en octobre, désignation d'un président – Kavelachvili, tout aussi rejeté par l'opposition pro-européenne –, et l'ombre de Moscou qui plane avec, notamment, cette annonce du gouvernement du parti Rêve géorgien en fin d'année du report du processus d'adhésion à l'Union européenne. De quoi confirmer l'hémorragie des forces vives de ce pays de 3,7 millions d'habitants.Selon les Nations unies, des centaines de milliers de Géorgiens vivent à l'étranger. Après l'espoir d'un avenir européen, les vagues d'instabilité politique et géopolitique, les conditions économiques précaires, le peu d'avenir professionnel pour les nouvelles générations ont encouragé cet exil, principalement vers l'Europe de l'Ouest, les États-Unis, le Canada et la Turquie. C'est, en fait, depuis 2017 que le Rêve géorgien durcit le ton, multiplie les atteintes aux libertés individuelles, aux droits des minorités et sème le trouble. Les manifestants montent en pression au nom d'une bataille finale. Et, après avoir hésité, un grand nombre de Géorgiens choisissent d'émigrer.Un Grand reportage de Arnaud Contreras qui s'entretient avec Jacques Allix.
Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur le départ de Didier Deschamps de son poste d'entraineur de l'équipe de France, les propos polémiques d'Emmanuel Macron tenus devant les ambassadeurs de France, les combats au nord de la Syrie entre factions armées soutenues par la Turquie et Kurdes et sur la situation sécuritaire dans le territoire de Masisi à l'est de la RDC. Football : Didier Deschamps quitte ses fonctionsAprès 12 ans en fonction, Didier Deschamps a officialisé son départ de l'équipe de France à l'issue de la Coupe du monde 2026. Pouvait-on s'attendre à son départ ? Pourquoi reste-t-il jusqu'en 2026 ? Zinédine Zidane est-il intéressé par le poste ? Avec Antoine Grognet, journaliste au service des sports de RFI Afrique : pourquoi les propos d'Emmanuel Macron ne passent pas ?Devant les ambassadeurs de France, le président de la République a déclaré que la fin des partenariats militaires était un choix de Paris, des propos contredits par le Sénégal et le Tchad. Pourquoi une telle divergence dans l'interprétation des faits ? Le départ des troupes françaises est-il réellement le résultat de négociations ? Avec Pierre Firtion, journaliste au service Afrique de RFISyrie : pourquoi la Turquie combat les Kurdes ?Des affrontements ont lieu dans le nord de la Syrie entre les factions armées soutenues par la Turquie et les forces kurdes syriennes. Quelles sont les raisons de ces combats ? Pourquoi le conflit s'est-il intensifié depuis la chute de Bachar el-Assad ?Avec Oriane Verdier, journaliste au service international de RFIRDC : la cité de Masisi-centre sous le contrôle du M23On a appris qu'hier l'armée avait repris le contrôle de la cité de Masisi-centre, agglomération stratégique située à quelques dizaines de kilomètres de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Est-ce que c'est dû au récent remaniement de l'armée du président Tshisekedi ? Plusieurs milliers de personnes ont déjà fui vers des localités voisines. Comment seront-elles prises en charge ? Avec Henry-Pacifique Mayala, coordinateur du baromètre sécuritaire du Kivu, un projet du Groupe d'études sur le Congo et de Human Rights Watch qui cartographie les violences armées dans l'est de la RDC
Plus d'un demi-siècle de dynastie Assad en Syrie a pris fin le 8 décembre dernier. De père en fils, de Hafez à Bachar, les Syriens ont vécu dans la peur de ce régime. Voire la terreur. Fin novembre, les islamistes radicaux de Hayat Tahrir al-Sham, partis de leur fief du nord-ouest, commencent à grignoter le terrain ville par ville. Jusqu'à la capitale. Bachar el-Assad fui en catimini en Russie. Depuis, toute la Syrie et le monde s'interrogent sur le nouveau régime islamiste qui essaie de faire bonne figure, mené par Ahmed al-Charaa, qui a préféré faire oublier son nom de guerre Abou al-Joulani. Mais, dans le nord, une guerre est déjà en cours. Une coalition de forces jihadistes soutenues par la Turquie a également lancé une offensive fin novembre. Elle vise les régions contrôlées par les Kurdes au nord d'Alep. Conséquence : plus de 100 000 personnes se sont jetées sur les routes, fuyant vers la région autonome sous contrôle kurde. Cette même population avait déjà connu un sort similaire il y a six ans. De ville en ville, nous avons suivi cet exode toujours en cours.« Les Kurdes du nord-ouest syrien, perpétuels déplacés, presque oubliés », un grand reportage de Marie-Charlotte Roupie.
durée : 00:22:48 - Cultures Monde - par : Julie Gacon, Margaux Leridon - Si une liesse collective semble s'être emparée de Damas depuis quelques semaines, au nord de la Syrie, le cauchemar se prolonge pour les Kurdes. Ces derniers sont contraints de fuir pour se protéger de milices soutenues par la Turquie, qui profitent du vide laissé par la chute du régime baasiste. - réalisation : Vivian Lecuivre - invités : Lucas Lazo Journaliste au Kurdistan irakien et syrien
(00:00:29) En 2025, ça va sentir les années 90 (00:13:09) Vers une catastrophe humanitaire pour les Kurdes de Syrie
durée : 00:03:15 - Géopolitique - Des échanges de propos positifs entre le chef emprisonné du Parti des travailleurs kurdes (PKK) et le pouvoir turc, tout comme l'effondrement du régime syrien, changent la donne pour les Kurdes dispersés au Moyen-Orient. Avec la crainte, une fois de plus, d'être les perdants de l'histoire.
durée : 00:03:15 - Géopolitique - Des échanges de propos positifs entre le chef emprisonné du Parti des travailleurs kurdes (PKK) et le pouvoir turc, tout comme l'effondrement du régime syrien, changent la donne pour les Kurdes dispersés au Moyen-Orient. Avec la crainte, une fois de plus, d'être les perdants de l'histoire.
durée : 00:11:48 - Les Enjeux internationaux - par : Jean Leymarie - À 75 ans, c'est l'ennemi public numéro un en Turquie, un héros pour bien des Kurdes à travers le monde entier, un rival politique pour beaucoup. Un homme avec qui compter, en tout cas. Est-il l'homme clé pour négocier avec le PKK ? - réalisation : Colin Gruel - invités : Adel Bakawan Directeur du Centre Français de Recherche sur l'Irak, chercheur associé au Programme Turquie/Moyen-Orient de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), membre de l'Institut de Recherche et d'Études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO)
Dans le Nord-Est syrien, la ville de Tabqa est devenue la porte d'entrée des réfugiés qui ont fui il y a 20 jours l'offensive des forces pro-turques contre les zones contrôlées par les forces kurdes au nord d'Alep, en parallèle de l'offensive menée par les HTS vers Damas. Le stade de la ville accueille un camp de déplacés. Ces familles sont toutes parties des cantons de Shahba et Tel Rifaat, au nord d'Alep, mais en arrivant, des milliers de personnes manquaient à l'appel. À présent, elles cherchent leurs proches disparus. De notre envoyé spécial à Tabqa,Tout au bout du terrain battu par les vents où s'est installé le camp de déplacés de Tabqa, la tente de Shinaz est désespérément vide. Quand ils ont fui le canton de Shahba au nord d'Alep, en Syrie, avec son mari et ses enfants, ils étaient cinq. À l'arrivée, ses deux fils avaient disparu. « Nous avons fui avec le convoi et quand on s'est arrêté pour se reposer, on a vu que mon fils manquait, témoigne Shinaz. Il dormait sur le toit de la voiture, sur les matelas, et il est apparemment tombé et s'est perdu. Mon second fils, lui, nous suivait à moto et il a disparu. On ne sait pas s'il a été capturé, ou s'il a juste disparu. Il avait 20 ans. »Son mari a fait le tour de tous les hôpitaux d'Alep, sans résultat. Le cas de Shinaz n'est pas isolé. Dans le bâtiment qui sert de salle de repos, Asman est plongée dans ses pensées. Son fils Mohammed, 18 ans, travaillait dans une clinique militaire lorsque les forces pro-turques ont attaqué. « Au moment où nous avons fui, nous n'avons pas pu attendre parce qu'on nous disait qu'ils tuaient des gens. J'ai essayé d'appeler Mohammed pour qu'il parte avec nous, mais il n'y avait plus de réseau, une larme coule sur la joue d'Asman. Je pensais qu'il avait peut-être fui avec son commandant ou avec le personnel médical. » La veille, elle a eu des nouvelles par l'un des collègues de son fils qui étaient avec lui, ce jour-là. « À l'issue de tirs croisés, cet homme a été blessé, mon fils a été arrêté. Il n'a pas été blessé, mais il a été attrapé. J'ai demandé où il a été emmené, il m'a répondu : “Je ne sais pas” ».À lire aussi Syrie : à Kobané, l'inquiétude de la population kurde qui craint une reprise des combats« Plus de 350 personnes ont été kidnappées »À l'extérieur, un jeune homme s'avance. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrerait son oncle entre deux hommes armés. « Ils l'ont forcé à porter l'uniforme, alors qu'il était en vêtements civils, et ils l'ont filmé, se désole le jeune homme. Il a été torturé et battu pour dire qu'il était des forces kurdes, pour qu'ils puissent le livrer aux services de renseignement turcs. »Ces témoignages, bien que difficiles à vérifier, se répètent dans tout le Nord-Est syrien. Ibrahim Cheikh, directeur du Comité pour les droits humains de Shahba et Afrin, aide à collecter des informations. « Depuis que nous sommes arrivés, nous avons reçu des documents rassemblés par les gens et nous avons enregistré les noms. Nous sommes assez certains que plus de 350 personnes ont été kidnappées, mais au total, il manque plus de 3 000 personnes. »Les familles attendent des réponses et craignent le pire. Mais parfois, le miracle a lieu. Rashid avait perdu sa famille sur la route et vivait à Raqqa, il l'a finalement retrouvé ici la veille. « Mon frère, Mohammed, quand je suis arrivé à Tabqa, j'ai pu le retrouver dans sa tente, avec ma sœur, mon père, ma mère, se réjouit-il. Grâce à Dieu, nous nous sommes retrouvés. »À lire aussi Syrie : à Kobané, la situation précaire des Kurdes poussés à fuir face à l'avancée des forces de l'ANS
Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur le missile « Ruta » en Ukraine, les offensives turques contre les Kurdes en Syrie et l'opération « Zéro Kuluna » en RDC. Ballon d'Or africain : peut-on s'attendre à une surprise ? Parmi les cinq finalistes du Ballon d'Or africain 2024, l'attaquant de l'Atalanta Bergame, Ademola Lookman, se distingue comme le favori grâce à une saison remarquable en club et en sélection. Toutefois, un autre joueur pourrait-il créer la surprise ? La liste finale suscite aussi des interrogations, notamment sur l'absence de Mohamed Salah, auteur d'une saison impressionnante à Liverpool, mais écarté de la sélection finale par la CAF. Comment expliquer cette absence ?Avec Victor Missistrano, journaliste au service de sports de RFI.Guerre en Ukraine : le missile « Ruta » peut-il changer la donne sur le front ?Le président Volodymyr Zelensky a annoncé que des essais concluants avaient été menés sur un missile de fabrication ukrainienne conçu pour frapper le territoire russe. Que sait-on des capacités exactes de ce missile, baptisé « Ruta » ? Pourrait-il avantager Kiev dans la guerre menée contre la Russie ?Avec Franck Alexandre, journaliste spécialiste des questions de défense à RFI.Syrie : les Kurdes dans le viseur turcDepuis la chute de Bachar el-Assad, Ankara multiplie et intensifie les attaques contre les Kurdes installés dans le nord-est de la Syrie. Comment expliquer ces offensives turques ? Comment les rebelles de Hayat Tahrir al-Cham réagissent à cette situation ?Avec Anne Andlauer, correspondante de RFI à Ankara.RDC : près de 800 membres de gangs arrêtés dans la capitaleLancées au début du mois de décembre à Kinshasa, les opérations « Zéro Kuluna » et « Ndobo » ont déjà permis l'arrestation de plusieurs centaines de membres de gangs. Connait-on les contours de ces opérations ? Comment les forces de l'ordre ont-elles pu démanteler un tel réseau ?Avec Trésor Kibangula, analyste politique à Ebuteli, l'Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence.
La ville kurde de Kobané, dans le nord de la Syrie, place forte des combattants des Forces démocratiques syriennes, vit dans la crainte depuis le début de l'offensive des factions armées soutenues par la Turquie. Un cessez-le-feu, négocié sous l'égide des États-Unis, a gelé le front depuis ce mercredi 11 décembre mais il a pris fin ce dimanche 15 décembre. Les habitants de Kobané craignent une reprise des combats alors qu'ils subissent déjà les conséquences de la dernière offensive des forces de l'ANS, le rassemblement de groupes rebelles soutenus par la Turquie. À lire aussiSyrie: à Kobané, la situation précaire des Kurdes poussés à fuir face à l'avancée des forces de l'ANS
Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 15 décembre 2024.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, essayiste.David Djaïz, entrepreneur et essayiste.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Richard Werly, correspondant à Paris du quotidien helvétique Blick.LE NOUVEAU GOUVERNEMENT ET NOS INSTITUTIONSSix mois après la dissolution de l'Assemblée nationale, la France, plongée dans une incertitude politique sans précédent, se trouve divisée en trois blocs. Pour l'historien Marc Lazare, nous nous trouvons dans « une crise politique claire et nette, […] mais pas une crise institutionnelle, « de régime », comme nous l'avons vécue en 1958 ».La chute du gouvernement Barnier début décembre après une motion de censure votée à la fois par le Nouveau Front Populaire et par le Rassemblement National, a abouti à la nomination comme Premier ministre de François Bayrou, qui ne faisait pas mystère de sa conviction que son tour était venu d'occuper l'hôtel Matignon … Le chef de l'État, après avoir d'abord proposé par téléphone au président du MoDem la deuxième place du nouveau gouvernement l'a reçu et a cédé devant la possibilité d'un blocage et d'une rupture avec son principal allié.Le centriste préconise un gouvernement « large et central », avec des « réformistes, de gauche, du centre et de droite, républicains, hors extrêmes ». Il pourrait bénéficier, du moins dans un premier temps, de la bienveillance de Marine Le Pen, qu'il a toujours traitée comme représentante d'un mouvement concourant à l'expression du suffrage, jusqu'à lui donner son parrainage pour la présidentielle de 2022, ou à prendre sa défense lors du procès des assistants du Front National (et du Rassemblement National) au Parlement européen.Si de la gauche au RN, tout le monde loue sa capacité au « compromis », François Bayrou n'a qu'un groupe parlementaire plus restreint que celui de Michel Barnier (36 députés Modem contre 47 Les Républicains), un « socle commun » pas plus large (et même moindre si les LR se retirent), des Français qui ne veulent pas de lui (seuls 4% souhaitaient un Premier ministre issu du camp présidentiel) et un procès en appel prévu courant 2025 dans l'affaire des emplois fictifs au Parlement européen.La France insoumise a promis une nouvelle motion de censure immédiate, le Parti socialiste déclare rester dans l'opposition, le Rassemblement National affirme qu'il n'y aura « pas de censure a priori » et Les Républicains réclament des « garanties » pour rester au gouvernement. Selon le récent sondage Ipsos sur les fractures françaises 86 % des Français n'ont pas confiance dans les partis politiques.Alors que sa cote de popularité a chuté, Emmanuel Macron s'apprête à perdre son parti, Renaissance, au profit de Gabriel Attal. Si le Premier ministre qu'il vient de nommer tombe à nouveau, c'est lui qui se retrouvera en première ligne, seul. SYRIE : UNE CRISE PARTOUT EXPLIQUÉE, MAIS JAMAIS PRÉVUE.Tous les services de renseignement ont été pris par surprise par la rapidité de l'effondrement, en douze jours seulement, de la dictature syrienne au pouvoir depuis 1970. Bachar el-Assad et sa famille se trouvent désormais à Moscou où ils ont obtenu l'asile politique auprès des autorités russes. En 2015, c'est l'appui militaire de l'armée russe qui, face aux forces islamistes, avait permis à Damas de reprendre progressivement le contrôle d'une grande partie du pays. Cette année, malgré quelques interventions aériennes pour bombarder des rebelles dans le nord-ouest du pays, l'armée russe n'a presque pas agi pour sauver le régime de Damas.Pour Téhéran, la chute d'Assad marque également un revers majeur : depuis la guerre civile, le pouvoir iranien avait dépêché sans relâche ses conseillers militaires et factions armées pour soutenir le pouvoir syrien, tandis que la Syrie jouait un rôle de relais décisif pour l'approvisionnement en armes du Hezbollah libanais, financé par l'Iran. En quatorze mois, depuis le 7 octobre 2023, l'Iran a perdu son « corridor d'influence » allant de Téhéran à Beyrouth, en passant par l'Irak, la Syrie et le sud d'Israël. Ne lui reste que les Houthis du Yémen.Bien que voisine de la Syrie, la Turquie ne s'attendait pas non plus à la chute aussi rapide du président syrien. Partageant avec la Syrie plus de 900 kilomètres de frontière, la Turquie est devenue en 13 ans une terre d'asile pour 4 millions de réfugiés syriens et une partie de son opposition, comme l'Armée nationale syrienne. Entraînée par des conseillers militaires turcs durant les 10 dernières années, elle s'est jointe au Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) pour faire tomber le régime syrien. Une occasion pour le président Erdogan de sécuriser sa frontière, de renvoyer le plus possible de réfugiés syriens chez eux et de neutraliser des factions kurdes syriennes, dominées par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK turc), ainsi que les milices de Daesh présentes dans le désert syrien.Peu après l'annonce de la chute de Bachar Al Assad, le 8 décembre, l'armée israélienne s'est emparée sans résistance du versant syrien du Golan, une montagne située à cheval entre Israël, le sud de la Syrie et le Liban, ainsi que de la zone démilitarisée qui fait tampon avec la Syrie.Au nord du pays, 900 soldats américains se trouvent toujours stationnés depuis la guerre contre l'État Islamique (EI). Ils y protègent notamment les Kurdes. Durant l'été 2024, les Nations-unies et le commandement central des Etats-Unis avaient alerté sur la montée en puissance de l'EI depuis les attaques du 7 octobre 2023 contre Israël, avec un niveau de violence jamais vu depuis la chute du « califat » en 2019. Les Etats-Unis et leurs alliés veulent empêcher que la prise de Damas par les rebelles de HTC renforce l'EI. L'ombre du jihadisme plane encore sur la Syrie et le risque existe que les Syriens aient échangé la proie pour l'ombre …Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.fr
La restauration de Notre-Dame de Paris, suite à l'incendie de 2019, suscite une vive controverse. Ce qui aurait dû être une fidèle reconstruction de son style gothique se transforme en une modernisation imposée. Les vitraux abstraits et l'intégration de matériaux modernes dans la flèche brisent l'harmonie historique et spirituelle de ce monument. Ces choix divisent les Français, provoquant un sentiment d'indignation chez les défenseurs du patrimoine. Emmanuel Macron utilise ce chantier comme outil de communication, qualifiant la restauration de "miracle français". Pourtant, les décisions sont prises sans consultation populaire, révélant un mépris des élites technocratiques pour l'attachement profond des citoyens à leur patrimoine. Notre-Dame risque de perdre son authenticité pour devenir un symbole vidé de son essence, au service d'une modernité désincarnée. Cette fracture entre modernisation et préservation illustre une lutte idéologique majeure. Si cette voie continue, Notre-Dame pourrait bien cesser d'incarner l'histoire et la spiritualité pour devenir un simple outil de propagande. Les choix faits aujourd'hui détermineront si ce monument restera un sanctuaire intemporel ou une coquille moderne déconnectée de ses racines. Dans un tout autre thème, la Syrie, ravagée par plus de dix ans de guerre civile, est devenue le théâtre des rivalités entre grandes puissances. Moscou soutient le régime syrien pour affirmer son influence face aux États-Unis, mais cet engagement coûteux fragilise ses ressources. Israël, de son côté, multiplie les frappes contre l'Iran en Syrie, alimentant les tensions régionales. Les États-Unis, sous prétexte de combattre Daech, visent surtout à affaiblir la Russie et l'Iran, tout en empêchant la stabilisation du pays. La Turquie, quant à elle, mène un double jeu, soutenant des factions islamistes tout en combattant les Kurdes, ce qui aggrave le chaos et provoque une crise migratoire massive en Europe. La Syrie illustre un monde multipolaire marqué par des rivalités stratégiques et énergétiques, plongeant la région dans une instabilité permanente. Quels enjeux cachés se jouent encore dans l'ombre ? Claude Janvier, Ludovic Malot et Maître Di Vizio, Nicolas Stoquer et Raphaël Besliu vous attendent nombreux en direct sur GPTV La matinale. Pour contacter Ludovic Malot sur Telegram: LudovicMalot
durée : 02:30:20 - Les Matins - par : Guillaume Erner, Isabelle de Gaulmyn - . - réalisation : Félicie Faugère
durée : 00:20:05 - Journal de 18h - Les troupes gouvernementales se sont retirées vendredi des secteurs de la province orientale de Deir Ezzor qu'elles contrôlaient, alors que les forces dirigées par les Kurdes avançaient vers ces dernières, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
Depuis le 2 décembre, l'Arabie saoudite accueille la COP16 tournée vers la lutte contre la désertification. Un phénomène bien réel pour l'Irak voisine, où 39 % du territoire est concerné par cette dégradation des terres accélérée par la déforestation. C'est au Kurdistan, dans le nord du pays, que les forêts irakiennes résistent encore, malgré les conflits qui contribuent à leur disparition. À Slemani, au Kurdistan, une équipe d'ingénieurs agricoles se mobilise tant bien que mal pour endiguer le phénomène et replanter la région. De notre envoyé spécial de retour de Slemani, La pépinière de Sarchinar est un écrin de verdure en bordure de la ville de Slemani, au Kurdistan irakien. Une jardinière, le dos courbé sur la terre froide, sème des graines de chênes, qui pousseront d'une trentaine de centimètres avant d'être replantés dans les montagnes du Kurdistan. « Les glands sont collectés dans les forêts où l'on trouve les chênes les plus anciens. Nous les apportons ici à la pépinière, explique-t-elle, au bout d'un an, ils sont prêts pour être à nouveau distribués dans les zones sauvages. La semaine dernière, 10 à 15 000 chênes sont retournés dans les bois, c'est la meilleure période pour replanter ces arbres. »Rawa est l'ingénieur agronome en charge de cet espace de dix hectares fondé en 1948. Son objectif : replanter un million et demi de chênes, la principale espèce endémique du Kurdistan. « Nous mobilisons tous nos efforts pour endiguer la désertification. Vous savez, l'Irak est en première ligne face à ce phénomène et si nos forêts disparaissent, le désert s'étendra. »À lire aussi Au Kurdistan irakien, les peshmergas s'alarment d'une autonomie kurde en péril « Les confits sont la cause principale de la déforestation »Des forêts qui sont les victimes collatérales des tensions politiques régionales, nous précise Rawa : « Les confits sont la cause principale de la déforestation, plus particulièrement dans les zones frontalières, avec l'Iran et la Turquie. Lorsqu'ils bombardent nos montagnes, ils déclenchent des incendies qui accélèrent la destruction de nos forêts. »Le Kurdistan héberge 90 % des forêts irakiennes. Mais depuis les années 1970, un arbre sur deux a disparu. Le conflit qui oppose la Turquie à la guérilla du PKK retranchée dans les montagnes kurdes d'Irak a redoublé d'intensité cet été, comme en témoigne Salim, contraint d'abandonner son village à cause de la guerre : « Les Turcs pilonnent aveuglément les forêts, particulièrement lorsque la végétation est très sèche et que les incendies se déclenchent facilement. Cet été, j'ai participé à l'extinction d'un immense incendie, des arbres de plus de 300 ans ont brûlé. »Des propos corroborés par Kameran Osman, le directeur d'une ONG qui recense les bombardements de la Turquie dans la région et dénonce également une stratégie intentionnelle de la terre brûlée : « Au cours de cette opération militaire, les soldats turcs sont descendus de leurs bases militaires et ont mis le feu aux herbes, aux parcelles agricoles, mais également aux arbres avec leurs briquets, de manière à vider de leurs populations les zones frontalières et les déplacer pour faire de la zone un champ de bataille. »Cette situation sécuritaire rend particulièrement délicates les initiatives de reforestation, à l'image de la petite pépinière de Sarchinar. Et à l'heure de la COP en Arabie saoudite, les mains vertes de Slemani regrettent l'absence de vision stratégique des autorités kurdes pour s'attaquer sérieusement aux causes de la déforestation.À lire aussiCOP16 désertification à Riyad : pourquoi est-elle si mal nommée ?