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"Faire de l'art, c'est vraiment un luxe. Mais c'est aussi une nécessité." Cette citation tirée de Création de richesse/Labour of Love résonne avec le travail de l'autrice québécoise Jenny Cartwright. Ce dimanche 13 octobre 2024 nous vous présentons deux de ses pièces sonores qui explorent les problématiques liées aux inégalités de genre. Cette création sonore a été finaliste dans la catégorie fiction & expérimental du NUMIX 2022. Réalisation : Jenny Cartwright, David Cherniak et Emmanuelle Jacques, d'après une œuvre originale d'Emmanuelle Jacques. Avec les voix de Claudia Bernal, Marilou Craft, Vanessa Landry, Michelle Lacombe, Anick Martel, Elkahna Talbi, Janet Torge et Sonja Zlatanova. Mixage : Thierry Gauthier. Visuel: Emmanuelle Jacques. Bienvenue aux dames est le deuxième volet du triptyque féministe initié par Jenny en 2019 avec Debouttes ! (meilleur balado catégorie histoire aux NUMIX 2020) et qu'elle a achevé en 2024 avec la longue série documentaire Nous sortirons de nos cuisines. Juin 1971. L'homme a marché sur la lune voilà presque deux ans, mais au Québec les femmes n'ont toujours pas le droit de mettre le pied dans une taverne. Une dizaine de femmes s'invitent à la Taverne Tremblay : elles réclament la fin de cet anachronisme, et qu'on leur serve à boire. "Pas que la bière soit si importante. Mais c'est plutôt le fait de porter une discrimination contre des personnes sur la base de leur sexe qui ne passait pas" raconte Martine Eloy, l'une des militantes derrière cette action méconnue. Parce que l'histoire des droits des femmes semble toujours écrite à l'encre invisible, Bienvenue aux dames s'appuie sur son témoignage pour raconter la trop longue histoire de la ségrégation dans les tavernes québécoises, et rassemble une vingtaine de comédiens et comédiennes dans un délirant exercice de reconstitution historique. Réalisation : Jenny Cartwright et David Cherniak Conception sonore : Thierry Gauthier Avec : Edith Brunette, Caro Caron, Audrey Desrosiers, Éloane Francoeur, Margo Ganassa, Diane Gagné, Nadine Guertin, Michel Giroux, Pierre Guimond, Marie-Pierre Grenier, Dan Lejeune, Jacques Rivard, Eric Saindon, Magali Saint-Vincent, Pascal Savard et Janet Torge. Mille mercis à La Famille Soucy et à Jano Bergeron qui nous ont très aimablement permis d'utiliser leur musique. Merci aussi à Benjamin J. Allard, Elie Bobotoni, Marie-Josée Ferron, Marie-Pierre Grenier, Nasir Tremblay, David Langlois, Anne Lardeux, Isabelle Larrivée, Marc-André Lefebvre, Véronique Lévesque-Pelletier, Marjolaine Péloquin, Esther Pilon, Francis St-Louis et Benoit Valiquette. Pour découvrir d'autres œuvres de Jenny Cartwright, rendez-vous sur son site et sur son Soundcloud. Nous terminons l'émission par une recommandation musicale de Jenny, le titre "Hey Boy" du groupe canadien Random Recipe feat. Sunny Moonshine, de l'album Distractions (2018). Paroles : Random Recipe et Sunny Moonshine. Musique : Random Recipe. Cette émission a été produite et réalisée par Claire Latxague.
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 412. Troubles, nos ombres un collectif dirigé par Jennifer Bélanger paru en 2023 aux éditions Triptyque dans la collection Queer. La colère ne se tarit pas dixit l'autrice. De l'élaboration de ce projet à l'été 2020, à son achèvement en 2022, Safia Nolin deviendra la bête noire des réseaux sociaux malgré son récit d'agressions subies de la part de Maripier Morin, la montée de la droite aux États-Unis et celles des conservatismes en général dans le monde, dès lors menace les droits fondamentaux des personnes minorisées. Les textes réunis ici par Jennifer Bélanger offre un espace sécuritaire à 11 artistes non seulement pour témoigner de l'urgence de dire les dangers qui guettent les personnes LGBTQ2IA+, mais également pour nous partager des récits de vie poignants. Qu'il s'agisse d'amitié, de rapports amoureux, de désirs, de colère, de résistance, Étienne Bergeron, Julie Bosman, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Martine Delvaux, Sandrine Galand, Maude Lafleur, Mael Maréchal, Roxane Nadeau, Mélanie O'Bomsawin et Justina Uribe se réunissent sous l'ombre lumineuse et créatrice de Jennifer Bélanger, qui est mon invité, ce soir, à Mission encre noire. Extrait: « Je m'appelle Roxane et j'ai 27 ans. 27 ans, c'est l'espérance de vie que la communauté trans s'attribue à cause d'une fausse statistique virale sur internet. J'ai, par le passé, cherché à en trouver l'origine, rencontrant différentes variations à chaque strate de mon excavation. Life expectancy of trans people is 27 years old. Life expectancy of trans women of color is 27 years old. Life expectancy of trans women who do sex work is 27 years old. Il se trouve que ce nombre vient d'un rapport de colloque citant l'approxima, soit l'estimation pessimiste d'une organisation d'Amérique latine à propos de l'âge moyen des femmes trans assassinées du secteur, souvent des travailleuses du sexe. Ce chiffre avait été généralisé à toutes les femmes trans des Américain.es qui y voyaient une occasion de mobilisation clé en main. Évidemment, une déconnexion avait été faite à partir de ce moment-là entre la réalité théorisée et celle, vécue, dans nos corps et devant nos yeux, coupant court à toute réponse organisée. Ce chiffre gonflé ne témoignait en rien des meurtres des femmes trans, d'où ils venaient et de ce qu'on ferait des prochains. Je m'appelle Roxanne et j'ai un âge de mort fantôme.» La Sainte Paix par André Marois paru en 2023 aux éditions Héliotrope. Jacqueline a 74 ans, elle a mal partout c'est bien normal à son âge. Tandis que Tylenol et Advil se disputent le rôle du meilleur ami, elle observe une fois encore sa voisine, Mad Madeleine, aux jumelles. Les deux femmes se contentent de salutations polies depuis le décès de leurs maris. Rien de bien particulier les a maintenu éloignées cela dit. Chacune profite de son petit coin de paradis de part et d'autres de la Mastigouche. À ceci près que, le jour où Madeleine franchit le Rubicon qui sépare les deux propriétés, pour annoncer son intention de vendre sa maison, la donne change de main. Il s'agit d'une véritable déclaration de guerre. Qui va-donc déranger le climat si paisible de l'endroit? Une famille de citadin, avec parasol, barbecue, haut parleurs, badminton, spa, motocross et je ne sais quoi encore, pourrait débarquer subitement comme un chien dans un jeu de quille. Il n'en est pas question. Jamais. C'est juré craché estime Jacqueline. Quitte à passer sur le corps des autres. À la manière d'un Polar de type constricteur, La sainte paix bâtit avec élégance une intrigue qui peu à peu s'enroule autour du cou de son/sa lecteur/lectrice pour ne jamais le lâcher. Un brin pervers, après tout, qui peut bien penser que le meurtre fasse parti des activités de villégiature de nos aînées, quelques éclats de rire, des titres de chapitres hilarants, voici une bonne occasion de faire diversion avec vos activités quotidiennes harassantes. Je reçois, ce soir, à Mission encre noire, André Marois. Extrait: « Jacqueline descend dans la cave et farfouille sur l'établi où sont en tassés les affaires de son défunt mari. Ghislain était maniaque des outils. Il adorait les essayer, les comparer, les choisir. Il passait des heures à la quincaillerie à discuter avec les préposés et n'achetait que les meilleurs instruments pour découper, serrer ou assembler...La plupart de ceux qui sont là n'ont pas servi plus qu'une fois. Mais il répétait qu'il faut être bien outillé pour bien travailler. Un bon ouvrier...La veuve tripote un marteau, des clés à tube, un lot de rabots qui n'ont pas été déballés...C'est un foutoir que Ghislain aurait détesté. Pour lui, chaque chose avait sa place, et il était capable de trouver en quelques secondes, les yeux fermés, la vis à bois dont il avait besoin pour réparer le barreau de la rampe de l'escalier. Depuis son décès, la section bricolage de la maison a pris des airs de capharnaüm. Un printemps, Ghislain s'est noyé dans un lac. Il était parti seul, en raquettes, pour une courte expédition. Le soleil brillait et la température flirtait avec le point de congélation, mais il connaissait les risques. Il était venu là avec Jacqueline à plusieurs reprises, alors que s'était-il passé ? Avait-il malgré tout tenté de traverser le lac dans sa longueur au lieu de le contourner en suivant la rive ? Tout ce qu'on sait, c'est que son corps flottait dans l'eau froide et qu'il lui manquait une raquette, qu'on n'a jamais retrouvée. Cette fois-là, sa femme, grippée, ne l'avait pas accompagné.»
Avec les artistes Kama La Mackerel et Gayance, on réalise que la route a parfois été longue pour tracer notre voie, et qu'on n'a plus envie de «toner down», nom du dernier EP de Gayance, "No Toning Down". Avec ces deux artistes ultra inspirantes, Marilou Craft et Judith ont aussi voulu aborder les questions de famille choisie, de rapports intergénérationnels, et de la responsabilité qui vient avec la visibilité. ..... Fèms magnifiques et dangereuses une traduction de Kama la Mackerel ZOM-FAM par Kama la Mackerel Le bulletin de cousins de Gayance En savoir plus sur Les Sorcières.
Avez-vous déjà considéré que le gaslighting pouvait être...bienveillant? Avec la conseillère dramaturgique Marilou Craft, l'autrice Olivia Tapiero, et la co-fondatrice de Never Was Average, Joanna Chevalier, alias Hanna Che, on se penche sur toute la complexité de ce phénomène. On parle aussi de fatigue militante, de self-care, des choses qu'on ne peut pas dire, et des expressions qu'on a peut-être trop dites.... ... Never Was Average: https://www.neverwasaverage.com/ https://www.instagram.com/neverwasaverage/ Marilou Garou: https://www.mariloucraft.com/ https://www.instagram.com/marilougarou/ Olivia Tapiero: https://www.leslibraires.ca/livres/rien-du-tout-olivia-tapiero-9782897127497.html https://www.instagram.com/__o__________________/ Joanna Chevalier/Hanna Che: https://www.instagram.com/byjoannache/ .... En savoir plus sur Les Sorcières à https://www.instagram.com/lecabaretdessorcieres/
Pour lancer la nouvelle saison, les autrices Marilou Craft et Rose-Aimée Automne T. Morin formulent des souhaits pour l'année à venir dans le monde de la culture; et Estelle Ndjandjo analyse le succès de la vague musicale venue d'Afrique du Sud.
Mission encre noire Tome 30 Chapitre 355. La révolution d'Agnès de Jean-Michel Fortier paru en 2021 aux éditions La Mèche. Émoi à Percé, un mystérieux cuirassé vient de mouillé l'ancre face au rocher, toutes ses tourelles et ses canons parés pour l'assaut. Il aura suffit que l'animatrice Patricia Denis, annonce l'évènement au téléjournal pour que la ville prenne un air grave. Il n'y a pas de panique, pas encore. Nous sommes à la fin des années 60, les gens se salue dans les rues, une veille dame en bigoudis sous son fichu promène son chien. À la pension Sergerie, Agnès et sa logeuse contemplent comme au théâtre cet étrange ballet. Elle, qui passe ses soirées, dans sa chambre orange, à fixer la mer, perdu dans ses rêveries, voit dans l'arrivée du navire de guerre et de son bataillon de femmes comme un message d'espoir. Défendu avec élégance par une plume rêveuse caractéristique du style de l'auteur, ce roman raffiné nous invite à une révolution pas comme les autres. Petit à petit le nuage du mystère s'estompe pour dévoiler un projet féministe aussi inouï que secret. Jean-Michel Fortier est invité à Mission encre noire. Extrait:« Agnès allume la télévision. Tout le monde se tait pendant que se disperse la neige de l'écran et qu'apparaît ce visage fin surmonté d'un front luisant, lui-même surmonté d'un chignon. Une voix s'élève, grave, mesurée, lénifiante: il est onze heure du soir et Patricia Denis s'empare des ondes. Elle va encore parler de nous, vous allez voir, elle va parler de nous, écoutez bien, vous verrez ! scande madame Sergerie, un ongle carminé entre les dents. Vous l'observez de profil, son agitation vous trouble. D'un geste discret, vous demandez à Harold si elle a vidé une bouteille avant votre arrivée. Il secoue la tête, il s'oublie et répond tout haut: non, à ce que je sache, elle a tété une tisane toute la soirée. Patricia Denis se tape le dessus de la tête comme pour replacer une barrette qu'elle n'a pas. Elle ne s'est pas interrompue, ne s'interrompt jamais, elle est un canal clair, une décharge; laissez l'information me traverser, semble-t-elle toujours souhaiter placidement. Les phrases coulent de sa bouche dans une musique de dictée. Les téléspectateurs se bercent, trouvent leur rythme, tantôt butant sur le dernier mot, tantôt espérant le prochain, si bien que chacun se replonge dans es jours de petite école, si bien que tous qu'ils soient, croient possible de voir Patricia Denis se lever de son fauteuil, étirer un bras, leur coller une étoile dorée au front. mais elle reste là, assise au fond de son studio, à Montréal, très loin de la pension de Madame Sergerie, à parler comme une française.» Pauvreté sous la direction de Stéphanie Roussel paru en 2021 aux éditions Triptyque. L'autrice ne s'attendait probablement pas à constater à quel point son entourage littéraire direct était composé de transfuge de classe. C'est quoi être pauvre ? Par la voix familière de sa mère, qui a élevé seule deux enfants: la pauvreté c'est dans la tête. On devine, depuis, que cette question a souvent taraudé l'esprit de la jeune autrice. Pourtant Stéphanie Roussel refuse de se laisser embarquer plus loin dans cette lecture fataliste des choses de la vie. Dans la préparation de ce livre, elle se hasarde à inviter une partie de ses proches à lui confier des textes. Puis, bien décidée à mettre fin au sort qui s'acharne, elle étend sa demande à un cercle élargi: As-tu déjà été pauvre ? Douze autrices et auteurs répondent oui. Marie-Célie Agnant, Jennifer Bélanger, Pascale Bérubé, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Jean-Guy Forget, Jonathan Lemire, Mariève Maréchale, Alex Noël, Emmanuelle Riendeau, Karine Rosso se joignent au projet. Mises à nu, ces voix s'exposent sous formes de poèmes, de récits et de nouvelles pour mieux déjouer l'expérience qui les a contraint.e.s au manque. Je reçois, Stéphanie Roussel à Mission encre noire. Extrait:« depuis que je suis petite, je vois des femmes pauvres, sans éducation, provenant de la classe ouvrière en faire plus avec leurs cheveux/elle doivent crêper, boucler, monter, gaufrer, alourdir de fixatif/j'entends ma mère me parler de ses cheveux, le fer à friser dans une main et un peigne à queue dans l'autre, me dire qu'ils sont trop plats, qu'ils n'ont pas assez de volume, qu'ils font dur, qu'elle a l'air d'une vraie folle et qu'elle n'est jamais, jamais satisfaite de sa tête/toutes ces femmes compensent par leurs cheveux ce qu'elles n'ont pas ailleurs ; l'épaisseur du porte-monnaie ou l'aisance à vivre. entre autres/la hauteur des talons est importante aussi, toutes ces choses ne dépendent pas de la présence physique de l'argent mais du désir d'être dans une féminité totale. les produits et les matériaux sont de mauvaise qualité mais l'effet est là ; elles sont présentes. prennent de la place. au-dessus de tout avec leurs cheveux et leurs talons même invisibles.»
Mission encre noire Tome 30 Chapitre 355. La révolution d'Agnès de Jean-Michel Fortier paru en 2021 aux éditions La Mèche. Émoi à Percé, un mystérieux cuirassé vient de mouillé l'ancre face au rocher, toutes ses tourelles et ses canons parés pour l'assaut. Il aura suffit que l'animatrice Patricia Denis, annonce l'évènement au téléjournal pour que la ville prenne un air grave. Il n'y a pas de panique, pas encore. Nous sommes à la fin des années 60, les gens se salue dans les rues, une veille dame en bigoudis sous son fichu promène son chien. À la pension Sergerie, Agnès et sa logeuse contemplent comme au théâtre cet étrange ballet. Elle, qui passe ses soirées, dans sa chambre orange, à fixer la mer, perdu dans ses rêveries, voit dans l'arrivée du navire de guerre et de son bataillon de femmes comme un message d'espoir. Défendu avec élégance par une plume rêveuse caractéristique du style de l'auteur, ce roman raffiné nous invite à une révolution pas comme les autres. Petit à petit le nuage du mystère s'estompe pour dévoiler un projet féministe aussi inouï que secret. Jean-Michel Fortier est invité à Mission encre noire. Extrait:« Agnès allume la télévision. Tout le monde se tait pendant que se disperse la neige de l'écran et qu'apparaît ce visage fin surmonté d'un front luisant, lui-même surmonté d'un chignon. Une voix s'élève, grave, mesurée, lénifiante: il est onze heure du soir et Patricia Denis s'empare des ondes. Elle va encore parler de nous, vous allez voir, elle va parler de nous, écoutez bien, vous verrez ! scande madame Sergerie, un ongle carminé entre les dents. Vous l'observez de profil, son agitation vous trouble. D'un geste discret, vous demandez à Harold si elle a vidé une bouteille avant votre arrivée. Il secoue la tête, il s'oublie et répond tout haut: non, à ce que je sache, elle a tété une tisane toute la soirée. Patricia Denis se tape le dessus de la tête comme pour replacer une barrette qu'elle n'a pas. Elle ne s'est pas interrompue, ne s'interrompt jamais, elle est un canal clair, une décharge; laissez l'information me traverser, semble-t-elle toujours souhaiter placidement. Les phrases coulent de sa bouche dans une musique de dictée. Les téléspectateurs se bercent, trouvent leur rythme, tantôt butant sur le dernier mot, tantôt espérant le prochain, si bien que chacun se replonge dans es jours de petite école, si bien que tous qu'ils soient, croient possible de voir Patricia Denis se lever de son fauteuil, étirer un bras, leur coller une étoile dorée au front. mais elle reste là, assise au fond de son studio, à Montréal, très loin de la pension de Madame Sergerie, à parler comme une française.» Pauvreté sous la direction de Stéphanie Roussel paru en 2021 aux éditions Triptyque. L'autrice ne s'attendait probablement pas à constater à quel point son entourage littéraire direct était composé de transfuge de classe. C'est quoi être pauvre ? Par la voix familière de sa mère, qui a élevé seule deux enfants: la pauvreté c'est dans la tête. On devine, depuis, que cette question a souvent taraudé l'esprit de la jeune autrice. Pourtant Stéphanie Roussel refuse de se laisser embarquer plus loin dans cette lecture fataliste des choses de la vie. Dans la préparation de ce livre, elle se hasarde à inviter une partie de ses proches à lui confier des textes. Puis, bien décidée à mettre fin au sort qui s'acharne, elle étend sa demande à un cercle élargi: As-tu déjà été pauvre ? Douze autrices et auteurs répondent oui. Marie-Célie Agnant, Jennifer Bélanger, Pascale Bérubé, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Jean-Guy Forget, Jonathan Lemire, Mariève Maréchale, Alex Noël, Emmanuelle Riendeau, Karine Rosso se joignent au projet. Mises à nu, ces voix s'exposent sous formes de poèmes, de récits et de nouvelles pour mieux déjouer l'expérience qui les a contraint.e.s au manque. Je reçois, Stéphanie Roussel à Mission encre noire. Extrait:« depuis que je suis petite, je vois des femmes pauvres, sans éducation, provenant de la classe ouvrière en faire plus avec leurs cheveux/elle doivent crêper, boucler, monter, gaufrer, alourdir de fixatif/j'entends ma mère me parler de ses cheveux, le fer à friser dans une main et un peigne à queue dans l'autre, me dire qu'ils sont trop plats, qu'ils n'ont pas assez de volume, qu'ils font dur, qu'elle a l'air d'une vraie folle et qu'elle n'est jamais, jamais satisfaite de sa tête/toutes ces femmes compensent par leurs cheveux ce qu'elles n'ont pas ailleurs ; l'épaisseur du porte-monnaie ou l'aisance à vivre. entre autres/la hauteur des talons est importante aussi, toutes ces choses ne dépendent pas de la présence physique de l'argent mais du désir d'être dans une féminité totale. les produits et les matériaux sont de mauvaise qualité mais l'effet est là ; elles sont présentes. prennent de la place. au-dessus de tout avec leurs cheveux et leurs talons même invisibles.»
Mission encre noire Tome 30 Chapitre 352. Se faire éclaté.e, expériences marginales et écritures de soi sous la direction de Nicholas Dawson, Pierre-Luc Landry et Karianne Trudeau Beaunoyer paru en 2021 aux éditions Nota Bene dans la collection Indiscipline. La nouvelle collection dirigée par Étienne Beaulieu se propose d'ouvrir de nouveaux champs d'investigation pour une pensée contemporaine des arts et des savoirs. Un collectif d'autrices et d'auteurs se réunit autour du thème: l'écriture de soi dans une position de marginalité. Marilou Craft, Nicholas Dawson, Fanie Demeule, Kevin Lambert, Pierre-Luc Landry, Stéphane Martelly, Alex Noël, Karine Rosso, Chloé Savoie-Bernard et Karianne Trudeau Beaunoyer posent les premiers jalons d'une réflexion stimulante et anticonformiste. Qu'est-ce que c'est être soi-même ? Comment incarner dans l'écriture la multiplicité des expériences humaines ? Comment saisir les différents aspects qui composent une histoire sans tomber dans le piège de l'appropriation ? Est-il possible d'exprimer une sexualité, une langue minoritaire, en dehors des canons du «régime politique» hétérosexuel dominant ? C'est à un numéro d'équilibriste inédit et passionnant que se livrent cette dizaine d'autrices et d'auteurs lâché.e.s en libertés dans les pages d'un essai essentiel, eu égard aux nouveaux enjeux des littératures qui enflamment aujourd'hui les débats d'actualités. À leur suite, je vous invite à entrer en résistance, de comprendre, de résister, de refuser en compagnie de Karianne Trudeau Beaunoyer et de Pierre-Luc Landry, ce soir, à Mission encre noire. Extrait:« J'essaie d'écrire avec tout le corps, autant de corps que d'abandons, que de cicatrices, que d'amours jamais advenues, que d'amitiés perdues. Autant de corps que d'insultes reçues ou entendues, que de violences pernicieuses. Autant de corps que de nuits blanchies par le désir ou la perte qui sont une seule et même chose, que de soirées à espérer, que d'étés à m'ennuyer. J'aurai ainsi plusieurs corps abandonnés à chaque tournant, à toutes les bifurcations, des mues qui empêchent la résilience: je n'ai pas de forme initiale à laquelle revenir après les altérations. (...) Combien de cellules du corps de ma mère dans mon corps à moi? Si je faisais l'anatomie de mes goûts: combien de ses goûts faits miens, de ses goûts faits mes dégoûts, faits ma révolte, faits mon arrogance, faits mon élan pour sortir de son ventre, me défaire de ses jupes?» Karianne Trudeau Beaunoyer, Autoportrait en arrêts sur images (2021, Nota Bene) La revue Moebius 167. «Une fourchette en équilibre dans tout ça», c'est thème plutôt ludique que nous propose le magazine Automne 2020 Bis, avec aux commandes Gabrielle Giasson-Dulude et Baron Marc-André Lévesque. La célèbre revue littéraire québécoise n'arrête pas de surprendre depuis 1977. Une fois encore, ce numéro foisonne de textes en prose et en vers, des essais, de courts récits, de l'image, du montage, de quoi stimuler votre imagination au moins jusqu'au prochain numéro! Maxime Brillon, Emmanuel Deraps, Stéphane Despatie, Audrey-Ann Gascon, Loriane Guay, Gabrielle-Ève Lane, Roxane Léouzon, Adrien Millet, Alessandra Naccarato traduite par Keltie Robertson, Camille Readman Prud'homme, Alexis Rodrigue-Lafleur, Florence Tétreault, Sayaka Araniva-Yanez et Madioula Kébé-Kamara jouent les acrobates, tentent de garder leur aplomb sur le bord d'une assiette incertaine. Éléonore Goldberg et Yara El-Ghadban achèvent leur résidence artistique après quatre numéros. Les rubriques habituelles sont également au rendez-vous, notons la lettre à une autrice, Hélène Bughin écrit à Pascale Bérubé. J'ai le plaisir d'accueillir, ce soir, à Mission encre noire, non pas deux, mais trois participantes de la revue Moebius 167, Madioula Kébé-Kamara, Yara El-Ghadban, et Hélène Bughin sont avec moi ce soir. Extrait:« Tout à coup, un tourbillon d'images. La ville de Québec par une journée glaciale de janvier 2017. Six hommes priant paisiblement à la mosquée, tués par un jeune homme imbu de haine. Vies détruites. Manifs, hommages et regrets. Puis le constat: les musulmans de Québec n'ont pas de cimetière où enterrer leurs aimés. Des reportages à la télé. Un terrain à Saint-Apollinaire, le tollé des habitants et un référendum: un cimetière, oui ; un cimetière musulman? Non ! Dans ma bouche, un goût amer. Même morts, vous ne voulez pas de nous ? Cette terre qui gèle en hiver sera-t-elle pour toujours hostile à mon corps méditerranéen ? Ne me laissera-t-elle jamais fondre en elle, lui donner un peu de ma chaleur ? Lui léguer ma poussière, et le sel de la mer ? Fertiliser son sol ? Nourrir les racines, me glisser dans la sève de ses érables ? Les musulmans de Québec ont enfin eu un cimetière en 2019, mais ce goût âcre ne m'a plus jamais quittée.» Yara El-Ghadban, Mourir en exil (2021, Moebius 167)
Le 10 juillet 2019 avait lieu le premier Cabaret des sorcières. Ce soir-là, le Rond-Point était plein à craquer, la foule débordait dans la rue, il faisait chaud et on était collées comme c'est vraiment pu possible de le faire aujourd'hui! Fallait être là, comme on dit. Eh bien, la magie, c'est qu'on avait enregistré cette soirée. On n'avait pas prévu diffuser cette première édition du Cabaret des sorcières, mais un an et demie plus tard, avec l'accord de toutes les participantes, le voici en exclusivité pour vos oreilles avides de propos différents. Avec des sorcières de choix pour cette première édition: Coco Belliveau, Catherine Éthier, Marilou Craft, Gabrielle Boulianne-Tremblay, Marie-Lise Chouinard et son théâtre du bas de la ville.nbsp;
Les représentations de Cléopâtre dans la culture. Une analyse de Marilou Craft; Classe de maître avec St. Vincent. Le compte rendu de Lydia Képinski; En route vers la Maison Blanche : Borat, nouvelle mission filmée. Une chronique de Julie Dufort.
Une discussion avec Martine St-Victor et Marilou Craft sur l'impact de A Raisin in the Sun; L'histoire du succès planétaire Jerusalema avec Anobla Aka; Une chronique de Jeanbart sur les réponses artistiques à la mort de George Floyd; Une entrevue avec Sael pour la sortie de son album Le pommier d'Ève; Une revisite d'une chanson de Nina Simone par Maky Lavender; Manuel Mathieu devient ministre de la Culture pour l'occasion.
Martine St-Victor et Jérémie McEwen se demandent comment le film « Do the right thing », de Spike Lee, peut servir de point de départ pour comprendre ce qui a changé au sujet du racisme en Amérique du Nord; Marilou Craft nous offre son billet « Silence, on respire »; Nicolas Ouellet nous aide à mieux comprendre cette réalité des œuvres musicales qui ouvrent une porte sur l'intériorité et le ressenti d'une personne racisée.
Pour passer à travers l'anxiété de la quarantaine, il me fait plaisir de donner accès au balado en primeur à tou(te)s les patron(e)s du Cabaret des sorcières. Comme chaque fois, en faisant le montage, je réécoute les prestations de chaque sorcière à tête reposée et je mesure la portée de ce qu'elles disent. Écoutez attentivement ce mois-ci la pression qu'on se met pour être «assez», la peur qu'ont suscité les attaques aléatoires de femmes, et ce que ça donne quand une femme rappe ;-)nbsp; Avec Coco Belliveau, Liliane Racette, Marilou Craft, Garihanna Jean-Louis et Catherine Éthier!
Vous arrive-t-il d’avoir l’impression que votre propre parole est retournée contre vous, malgré vous?C'est à cette question qu'on ne lui a jamais posée que répond Marilou Craft, après avoir répondu à celle lancée par Étienne Beaulieu : "La pensée est-elle obscène au Québec ?"Une performance enregistrée lors de la séance de clôture du Festival Résonance 2019, présenté par Magnéto et Centre Phi. Grand partenaire: Radio-Canada.Qu'avez-vous pensé du festival?Donnez-nous votre avis: http://bit.ly/sondage-festival-resonance"
Vous arrive-t-il d’avoir l’impression que votre propre parole est retournée contre vous, malgré vous?C'est à cette question qu'on ne lui a jamais posée que répond Marilou Craft, après avoir répondu à celle lancée par Étienne Beaulieu : "La pensée est-elle obscène au Québec ?"Une performance enregistrée lors de la séance de clôture du Festival Résonance 2019, présenté par Magnéto et Centre Phi. Grand partenaire: Radio-Canada.Qu'avez-vous pensé du festival?Donnez-nous votre avis: http://bit.ly/sondage-festival-resonance
Vous arrive-t-il d’avoir l’impression que votre propre parole est retournée contre vous, malgré vous?C'est à cette question qu'on ne lui a jamais posée que répond Marilou Craft, après avoir répondu à celle lancée par Étienne Beaulieu : "La pensée est-elle obscène au Québec ?"Une performance enregistrée lors de la séance de clôture du Festival Résonance 2019, présenté par Magnéto et Centre Phi. Grand partenaire: Radio-Canada.Qu'avez-vous pensé du festival?Donnez-nous votre avis: http://bit.ly/sondage-festival-resonance"
L'opéra rock Starmania, premiers soubresauts millénariaux? : Discussion ; Droit de réplique à l'Opéra de Hongrie par Marilou Craft ; Le roman On peut-tu rester amis? : Entrevue avec Marie-Ève Leclerc-Dion
Mission encre noire Tome 24 Chapitre 296. Aux premiers temps de l'Anthropocène d'Esther Laforce paru en 2018 aux éditions Leméac. Anthropocène: l'âge de l'homme, l'époque de l'histoire de la terre où l'impact des activités humaines a un effet durable sur l'écosystème. Émilie ressent la force destructrice de ce phénomène sur sa vie. Sa soeur se meurt d'un cancer et ne devrait pas y survivre. Archéologue, Elle s'effondre soudainement sur les fouilles de ruines en Grèce. La progression fulgurante de la maladie de Mélissa terrasse Émilie qui se réfugie dans l'écriture de lettres à sa soeur. Son passé et son présent deviennent, alors, un carnet d'observation de la fin de ce monde. Au-delà de ses envies d'enfant anéanties, de sa solitude, de ses amours avortés, du bruit du monde, elle garde un peu d'espoir. Il se garde un souffle mélodieux sur ce petit bijou de roman d'à peine cent pages. Dans un monde de chagrin, Esther Laforce, munie d'une plume délicate et d'une grande élégance, nous invite à danser sur le bord du volcan. Elle est notre invitée à Mission encre noire. Extrait: «Il y avait aussi une odeur. Elle n'avait rien d'animal. Enrobé d'effluves de Kérosène et d'essence, l'ammoniac émanait du lisier répandu dans la campagne alentour. La puanteur semblait suinter de partout. Mais tu sais ce qui m'a le plus frappée? Tout le long de la route, il y avait des cadavres de petits animaux morts. Des ratons laveurs, des porcs-épics, des marmottes, des mulots, des oiseaux, un renard même: sur environ trois kilomètres, j'ai vu toute une ménagerie sylvestre, des petits corps frappés, éventrés, était inodore, baignée par les miasmes des porcheries. Même le corps d'une moufette aplatie au centre de la route ne dégageait aucun relent particulier. J'ai quitté l'entrée de la porcherie, là où le sourire du cochon brûlait sous un soleil dont rien n'atténuait ni ne tamisait l'éclat. Aucun arbre n'avait été planté pour ombrager et agrémenter l'allée qui conduisait à des bureaux administratifs.» Une douce lueur de malveillance de Dan Chaon paru en 2018 aux éditions Albin Michel. Dustin Tillman est psychologue dans la banlieue de Cleveland, Ohio. Père de deux enfants, Aaron et Dennis, aux côtés de sa femme Jill, ils coulent une vie paisible. Une angoisse forte et diffuse le prends soudainement. le quadragénaire apprend la libération de son frère adoptif, Dusty, condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Les tests ADN sont formels, il est innocent. Un ancient flic, en arrêt maladie vient le consulter. Il enquête sur le supposé serial killer Jack Daniels, qui a pour habitude de noyer des jeunes étudiants capturés à la sortie des bars. Brusquement, sa vie personnelle se dégrade, Dustin est confronté à l'annonce du cancer de sa femme et de la dépendance aux drogues dures d'un de ses fils. Dan Chaon réussi avec talent à nous attirer vers les grands fonds de la psychologie humaine, à la limite de la folie. L'auteur a été élu parmi les meilleurs romans de l'année un peu partout aux États-Unis. Un roman obsédant ! Extrait: «Tu pénètres dans l'immeuble de Cleveland Heights à huit heures du matin, tu grimpes l'escalier de marbre des années vingt avec sa boule en cuivre, tu parcours les étroits couloirs avec leur rangée de portes fermées et seule celle de ton cabinet est ouverte et la musique s'échappe de la cascade d'intérieur et tu t'arrêtes sur le seuil. «Il y a quelqu'un?» demandes-tu? Et tu sens la franche hostilité de la pièce, qui refuse toute présence. Tu sais, biens ûr, que ce n'est qu'une illusion. L'esprit est trompé par toutes sortes de stimuli et le stress aggrave les choses. Mais la pièce te déteste. Tu le sens.» Le nouveau numéro de Moebius 159 est disponible en kiosque.«Cet animal m'a donné la vie», c'est le citation-thème tirée de Le feu de mon père de Michael Delisle paru chez Boréal en 2014. Sous la direction éclairée de Clara Dupuis-Morency et Gabrielle-Dulude, venez découvrir les formes variées et inédites que peut prendre l'animalité, bien ou mal placée, dans ce splendide laboratoire d'écriture. Vous pourrez y trouver des textes de Anne-Renée Caillé, Jean-Philippe Chabot, Marie-Hélène Constant, Marie-Ève Fleury, Kristina G. Landry, Catherine Lemieux, Catherine Morency, Camille Readman Prud'homme, Martin Tailly, Anne-Marie Alonzo, Marilou Craft et Simon Brousseau. Extrait: «Je suis à fendre/On tournera autour et tu seras patient/Pointu de douceurs/J'ai un homme dans le coeur une femme sur le dessus/C'est une laine qui embrasse et pique lentement.» Du 14 au 19 novembre 2018, c'est le temps du Salon du livre de Montréal qui bat son plein jusqu'à lundi. Il y en a pour tous les goûts. Mission encre noire vous propose une visite guidée de cette édition pour vous donner l'envie de visiter cette ville de papier, de maisons d'éditions et d'écrivain.e.s.
Mission encre noire Tome 24 Chapitre 296. Aux premiers temps de l'Anthropocène d'Esther Laforce paru en 2018 aux éditions Leméac. Anthropocène: l'âge de l'homme, l'époque de l'histoire de la terre où l'impact des activités humaines a un effet durable sur l'écosystème. Émilie ressent la force destructrice de ce phénomène sur sa vie. Sa soeur se meurt d'un cancer et ne devrait pas y survivre. Archéologue, Elle s'effondre soudainement sur les fouilles de ruines en Grèce. La progression fulgurante de la maladie de Mélissa terrasse Émilie qui se réfugie dans l'écriture de lettres à sa soeur. Son passé et son présent deviennent, alors, un carnet d'observation de la fin de ce monde. Au-delà de ses envies d'enfant anéanties, de sa solitude, de ses amours avortés, du bruit du monde, elle garde un peu d'espoir. Il se garde un souffle mélodieux sur ce petit bijou de roman d'à peine cent pages. Dans un monde de chagrin, Esther Laforce, munie d'une plume délicate et d'une grande élégance, nous invite à danser sur le bord du volcan. Elle est notre invitée à Mission encre noire. Extrait: «Il y avait aussi une odeur. Elle n'avait rien d'animal. Enrobé d'effluves de Kérosène et d'essence, l'ammoniac émanait du lisier répandu dans la campagne alentour. La puanteur semblait suinter de partout. Mais tu sais ce qui m'a le plus frappée? Tout le long de la route, il y avait des cadavres de petits animaux morts. Des ratons laveurs, des porcs-épics, des marmottes, des mulots, des oiseaux, un renard même: sur environ trois kilomètres, j'ai vu toute une ménagerie sylvestre, des petits corps frappés, éventrés, était inodore, baignée par les miasmes des porcheries. Même le corps d'une moufette aplatie au centre de la route ne dégageait aucun relent particulier. J'ai quitté l'entrée de la porcherie, là où le sourire du cochon brûlait sous un soleil dont rien n'atténuait ni ne tamisait l'éclat. Aucun arbre n'avait été planté pour ombrager et agrémenter l'allée qui conduisait à des bureaux administratifs.» Une douce lueur de malveillance de Dan Chaon paru en 2018 aux éditions Albin Michel. Dustin Tillman est psychologue dans la banlieue de Cleveland, Ohio. Père de deux enfants, Aaron et Dennis, aux côtés de sa femme Jill, ils coulent une vie paisible. Une angoisse forte et diffuse le prends soudainement. le quadragénaire apprend la libération de son frère adoptif, Dusty, condamné à perpétuité pour le meurtre de leurs parents et de deux proches. Les tests ADN sont formels, il est innocent. Un ancient flic, en arrêt maladie vient le consulter. Il enquête sur le supposé serial killer Jack Daniels, qui a pour habitude de noyer des jeunes étudiants capturés à la sortie des bars. Brusquement, sa vie personnelle se dégrade, Dustin est confronté à l'annonce du cancer de sa femme et de la dépendance aux drogues dures d'un de ses fils. Dan Chaon réussi avec talent à nous attirer vers les grands fonds de la psychologie humaine, à la limite de la folie. L'auteur a été élu parmi les meilleurs romans de l'année un peu partout aux États-Unis. Un roman obsédant ! Extrait: «Tu pénètres dans l'immeuble de Cleveland Heights à huit heures du matin, tu grimpes l'escalier de marbre des années vingt avec sa boule en cuivre, tu parcours les étroits couloirs avec leur rangée de portes fermées et seule celle de ton cabinet est ouverte et la musique s'échappe de la cascade d'intérieur et tu t'arrêtes sur le seuil. «Il y a quelqu'un?» demandes-tu? Et tu sens la franche hostilité de la pièce, qui refuse toute présence. Tu sais, biens ûr, que ce n'est qu'une illusion. L'esprit est trompé par toutes sortes de stimuli et le stress aggrave les choses. Mais la pièce te déteste. Tu le sens.» Le nouveau numéro de Moebius 159 est disponible en kiosque.«Cet animal m'a donné la vie», c'est le citation-thème tirée de Le feu de mon père de Michael Delisle paru chez Boréal en 2014. Sous la direction éclairée de Clara Dupuis-Morency et Gabrielle-Dulude, venez découvrir les formes variées et inédites que peut prendre l'animalité, bien ou mal placée, dans ce splendide laboratoire d'écriture. Vous pourrez y trouver des textes de Anne-Renée Caillé, Jean-Philippe Chabot, Marie-Hélène Constant, Marie-Ève Fleury, Kristina G. Landry, Catherine Lemieux, Catherine Morency, Camille Readman Prud'homme, Martin Tailly, Anne-Marie Alonzo, Marilou Craft et Simon Brousseau. Extrait: «Je suis à fendre/On tournera autour et tu seras patient/Pointu de douceurs/J'ai un homme dans le coeur une femme sur le dessus/C'est une laine qui embrasse et pique lentement.» Du 14 au 19 novembre 2018, c'est le temps du Salon du livre de Montréal qui bat son plein jusqu'à lundi. Il y en a pour tous les goûts. Mission encre noire vous propose une visite guidée de cette édition pour vous donner l'envie de visiter cette ville de papier, de maisons d'éditions et d'écrivain.e.s.
Le Refus global d'On dira ce qu'on voudra : Discussion avec Marilou Craft, Jérémie McEwen et Aseman Sabet ; La p'tite vite de Rebecca : La chanson Rebecca des Trois Accords ; La mise en marché de la mort : Chronique de Thimalay Sukhaseum
Entrevue avec Ivanie Aubin-Malo, danseuse contemporaine d'origine malécite ; La p'tite vite de Rebecca : Notre compte Instagram ; Michael B Jordan, nouveau Superman? : Chronique de Marilou Craft, dramaturge et auteure ; Parler pirate : Chronique de Jean-François Provençal, humoriste, membre des Appendices, chroniqueur à ALT
For the past two weeks, members of Quebec's Black community have raised awareness and mobilized against SLĀV. Protesters have described SLĀV as a "theatrical production based on African-American slave songs ... coordinated by a group of white people, performed by a cast of predominantly white people, and presented by the Festival International du Jazz de Montréal at Théatre du Nouveau Monde. We are alarmed by the dismissal and silencing of Black voices in the creation, development, staging, and promotion of the show SLĀV." (from Against the show SLĀV: http://bit.ly/2KJGreF) For insights into the racism inherent in SLĀV, we speak with MARILOU CRAFT, a Montreal-based writer and dramaturge who initially pointed out the problems with the production of SLĀV in December 2017 (original article: http://bit.ly/2Nthy5F). (Interview recorded and produced on July 5, 2018 by Jaggi Singh)
Aujourd’hui à l’émission: Prestation de Safia Nolin - Entrevue avec Jean-François Lisée, Chef du Parti québécois - Relations Canada et États-Unis: Discussion avec Jocelyn Coulon, Anne-Marie Dussault et Marc Laurendeau - Entrevue avec l'humoriste et comédien Gabriel D'Almeida Freitas - Entrevue avec Magalie et Eugénie Lépine-Blondeau, co-animatrices de Tricotées serrées - Entrevue et prestation de l'auteure-compositrice-interprète Safia Nolin - Entrevue avec l'humoriste, animateur et auteur Jay Du Temple - Le spectacle SLAV: Discussion avec Marilou Craft et Frédéric Pierre
Aujourd'hui à l'émission - Réhabiliter le mot migrant, avec la dramaturge Marilou Craft et l'auteur Guillaume Corbeil ; Plaidoyer pour la désobéissance, avec le comédien Steve Gagnon ; La pertinence des comédies musicales en 2018, avec la chroniqueuse et recherchiste Eugénie Lépine-Blondeau
Aujourd'hui à l'émission - Le film Grease, vu par les millénariaux Laïma A. Gérald, chroniqueuse à La route des 20, et Kevin Raphaël, humoriste, animateur à TVA Sports ; Nouvelle politique culturelle du Québec : Billet de la dramaturge Marilou Craft ; L'Afrique contemporaine vue par la photographe Ève Tagny