Guantanamo, enfants soldats, esclavage moderne, réfugiés, droits économiques sociaux et culturels, peine de mort, impunité, liberté d’expression… La chronique de Véronique Gaymard passe chaque samedi un sujet de l’actualité internationale au crible des droits de l’Homme. Avec des témoins et des exp…
De plus en plus de personnes se déplacent dans le monde pour trouver refuge ailleurs. Le nombre de migrants ne cesse de croitre et dans ces traversées par la mer ou par la terre, de nombreuses familles sont séparées, certains se perdent en route, d’autres meurent. Comment savoir où se trouvent ses proches ? Comment savoir ce qu’ils sont devenus ? Le CICR, le Comité International de la Croix Rouge, a lancé un outil, « Trace the face » , « localiser le visage », un système de mise en relation des migrants avec leurs proches grâce à la mise en ligne sécurisée de leurs photos. Martin Schuepp, directeur régional Europe du CICR, explique cet outil pour localiser les migrants disparus.
La guerre au Yémen, qui dure depuis 2015, a fait des dizaines de milliers de morts et plus de trois millions de déplacés dans le pays. Cette guerre oppose les Houthis soutenus par l'Iran, qui contrôlent la capitale, Sanaa, et le gouvernement replié dans le sud à Aden, appuyé par la coalition menée principalement par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Lors de leurs interventions pour combattre la présence d'al-Qaïda dans la péninsule arabique, les Émirats ont construit des prisons secrètes à Aden, où toute personne suspectée de liens avec une organisation terroriste était enfermée, torturée et parfois disparaissait. La Yéménite Huda Al-Sarari a contribué à mettre en lumière ces sites secrets, au péril de sa vie et de celle de ses enfants. Le prix Martin-Ennals des droits de l'homme lui a été attribué cette année pour ce travail d'enquête, un prix qu'elle a pu recevoir à Genève le 24 février. Portrait de Huda Al-Sarari, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes. L'agence de presse Associated Press publie fin 2016 une première enquête sur ces dix-huit lieux secrets de détention gérés par les Émirats arabes unis près d'Aden. Une enquête basée sur les témoignages de membres des familles de ces détenus, ou de détenus eux-mêmes qui ont réussi à sortir de ces lieux de détention, des témoignages qu'avait recueillis l'avocate yéménite de 42 ans, Huda Al-Sarari. « Depuis que les Émirats arabes unis ont été chargés de la sécurité dans le sud du Yémen, après avoir libéré cette région des Houthis, ils ont créé de nombreuses milices. J'ai commencé à suivre la trace de ces milices, pour comprendre pourquoi ils détenaient ces gens. C'est là que j'ai compris qu'il y avait un réseau de prisons secrètes, sans aucune existence légale. On a obtenu des informations selon lesquelles les détenus dans ces installations avaient été brutalement torturés. Il fallait que je fasse entendre leurs voix à travers mon enquête. J'y suis parvenue grâce à Associated Press puis aux ONG Human Rights Watch et Amnesty International. Ces organisations ont pu soutenir le travail de documentation que je faisais sur ces prisons. » Détentions arbitraires de plus de 18 000 personnes, dont de très jeunes hommes, tortures, mauvais traitements, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, voilà ce qu'a pu rapporter Huda Al-Sarari, sur au moins dix-huit sites de détention secrets. Ce qu'elle a dénoncé lui a valu rapidement des menaces. « Après les articles sur l'existence de ces prisons secrètes, et une interview que j'ai donnée à un média, j'ai commencé à recevoir des menaces de mort et j'ai subi une campagne de diffamation sur les réseaux sociaux. Et puis il y a eu cet événement au cours duquel mon fils s'est fait tirer dessus en avril 2019, il est mort des suites de ses blessures un mois plus tard. J'ai ensuite reçu de nouvelles menaces, contre mon autre fils, si je n'arrêtais pas mes activités. » Huda Al-Sarari demande que les procureurs yéménites puissent enquêter, elle veut aussi que les alliés de la coalition fassent pression sur les Émirats. « Les Émirats arabes unis s'appuient sur leur relation particulière avec les administrations américaine et européenne pour défier le reste du monde et violer les droits de l'homme au Yémen ! Notre message s'adresse à l'opinion publique, particulièrement aux États-Unis et à l'Europe pour que les gens fassent pression sur leurs gouvernements et demandent aux Émirats d'arrêter de violer les droits de l'homme au Yémen. » Son travail d'enquête est d'autant plus difficile qu'elle est une femme dans une société où la pression est encore plus forte. « Oui, en tant que femme, c'est très difficile. Le Yémen est une société très patriarcale, du coup les gens ne s'attendent pas à ce qu'une femme soit une avocate suffisamment forte. Les mots et les insultes qu'on a utilisés contre moi ont affecté ma relation avec ma famille qui avait peur, et s'inquiétait pour moi. Les menaces contre mes enfants, ça m'a fait réfléchir : est-ce que je dois continuer mon combat pour les droits de l'homme ou pas ? Si je fais une pause dans mon travail, c'est juste pour respirer un peu. Mais il faut que je continue à travailler avec les mères des détenus, elles ont été très courageuses, elles me donnent beaucoup d'énergie et d'espoir. » Le prix Martin-Ennals pour les droits de l'homme qu'Huda Al-Sarari a obtenu à Genève pourrait beaucoup l'aider. « Ce prix va me donner une certaine protection, cela va me permettre de continuer mon travail, c'est très important car j'ai subi de nombreuses menaces au cours de mes enquêtes. Je voudrais surtout développer les activités de mon ONG Défense pour les droits et libertés et mon travail auprès de l'association des mères de détenus. » Huda Al-Sarari a rencontré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors de la session du Conseil des droits de l'homme qui se poursuit cette semaine à Genève. Pour des raisons de sécurité, aucune date n'a été communiquée sur le retour de Huda Al-Sarari à Aden.
Dans l'est de l'Ukraine, le conflit dans la région du Donbass entre les troupes ukrainiennes et les forces séparatistes pro russes et russes dure depuis 2014. Ce conflit qui a causé la mort de quelque 13 000 personnes s'est considérablement réduit avec les accords de cessez-le-feu signés à Minsk en juillet 2019. Mais ces accords de désengagement restent fragiles. On assiste à une guerre de basse intensité avec des accrochages sporadiques et de fortes inquiétudes pour les populations civiles. De part et d'autre de la ligne de front, plusieurs retraits ont été opérés, avec la création de zones démilitarisées. Mais ces zones font peser de nouvelles menaces en terme de sécurité. Les armes ne sont pas silencieuses dans le Donbass. En témoigne le rapport que vient de publier l'ONG Vostok SOS avec le soutien de la DRA et du ministère allemand des Affaires étrangères. Pour dresser cet état des lieux sur le désengagement des forces armées dans le Donbass, une équipe s'est rendue sur place en décembre dernier. Ioulia Shukan, maitresse de conférence à l'université de Nanterre y a participé. C'est dans ces zones où se joue une guerre de tranchées de basse intensité, que des organisations comme le CICR, le comité international de la Croix Rouge continuent de venir en aide aux populations qui sont restées malgré le conflit qui dure depuis cinq ans. Martin Schuepp, directeur du CICR pour l'Europe et l'Asie Centrale s'inquiète de la proximité des lignes de front avec les quartiers d'habitations, car les combats peuvent reprendre à tout moment.
« Vers une mort en silence », c'est le titre d'un rapport alarmant d'Ensemble contre la Peine de Mort et de son partenaire congolais Culture pour la Paix et la Justice, sur la situation des condamnés à mort en République démocratique du Congo. Car les quelque 510 condamnés à mort recensés sont détenus dans des conditions désastreuses, pointe le document, et de nouvelles condamnations continuent à être prononcées dans les tribunaux. L'abolition n'est pas encore à l'ordre du jour en RDC. Pourtant le pays a ratifié le statut de Rome de la Cour Pénale Internationale dont la peine maximale est la prison à vie. L'avocat Liévin Ngondji de l'ONG « Culture pour la Paix et la Justice » qui a dirigé ce rapport, l'a présenté en décembre à Kinshasa, mais n'a eu aucune réaction. Il est venu le présenter en France et espère que cela fera réagir dans son pays.
La Méditerranée est devenue un cimetière avec près de 20 000 personnes disparues depuis 2015. À bord d'embarcations de fortune, de nombreux migrants continuent de tenter leur chance, notamment entre l'Afrique du Nord et l'Italie. C'est dans ces eaux que navigue principalement le bateau d'Open Arms. Depuis 2015, Oscar Camps le fondateur de cette organisation à but non lucratif, s'est consacré au sauvetage de vies humaines en mer. En quatre ans, l'ONG a secouru plus de 60 000 hommes, femmes et enfants sur le point de se noyer. ► Pour en savoir plus
Au Vietnam, les défenseurs des droits de l’homme sont régulièrement menacés, voire emprisonnés. Tran Thi Nga a subi arrestation et mauvais traitements dans sa chair. Militante pour les droits des travailleuses migrantes, pour la liberté d’expression, contre l’accaparement des terres, ou contre la catastrophe environnementale de l’aciérie de Formose qui avait déversé ses produits toxiques dans la mer, elle avait été arrêtée en 2017 lors d’un coup de filet contre des blogueurs. Condamnée à 9 ans de prison pour propagande contre le gouvernement, Tran Thi Nga a subi l’éloignement, les mauvais traitements. Finalement libérée le 10 janvier dernier sur pression internationale, elle a été exilée de force avec sa famille aux États-Unis. L’Association des chrétiens contre la torture lui a octroyé son prix Engel-Dutertre et le lui a remis à distance la semaine dernière.
L’universitaire Tashpolat Tiyip est-il menacé de mort en Chine, où une vague de répression frappe les quelques 11 millions d’Ouïghours du Xinjiang ? Plus d’un million d'entre eux seraient détenus dans des camps de rééducation. Leur seul tort : être ouïghour, une minorité turcophone de confession musulmane qui vit dans l’extrême ouest du pays. Connu pour ses travaux scientifiques sur l’environnement, Tashpolat Tiyip avait noué une étroite collaboration avec l’université française de la Sorbonne.
Au Rwanda, 25 ans après le génocide des Tutsi qui a fait plus d'un million de morts, des femmes continuent de se mobiliser pour venir en aide aux victimes. De nombreuses associations ont vu le jour depuis 1994, dans un pays dévasté, où entre 250 et 500 000 femmes ont été victimes de viols. Godelieve Mukasarasi a fondé l'organisation SEVOTA, pour aider les veuves et les orphelins du génocide à se réinsérer dans une société où le viol est tabou. Et elle accueille désormais aussi les enfants nés du génocide qui aujourd'hui ont 25 ans et deviennent à leur tour parents. Pour aller plus loin : Le portrait de Godelieve Mukasarasi est aussi à retrouver sur le site La voix des femmes autochtones
Le Guatemala a désormais un nouveau président. Alejandro Giammattei a pris ses fonctions mardi 14 janvier, après son élection de juin dernier. Il succède à Jimmy Morales, embourbé dans des affaires de corruption et de liens familiaux avec le crime organisé et le trafic de drogue. Le nouveau président aura de nombreux défis à relever : le Guatemala est l'un des pays les plus pauvres d'Amérique centrale, gangréné par la corruption, le narcotrafic et la violence, beaucoup de Guatémaltèques quittent le pays pour tenter leur chance aux États-Unis qui ferme pourtant ses portes. L'origine de la violence au Guatemala remonte à la guerre qui a ravagé le pays surtout dans les années 1980, et à l'absence de réponse de la part de l'État. Véronique Gaymard a rencontré une femme autochtone de l'ethnie Maya Mam qui lui a livré son témoignage. ► À lire aussi : Droits de l’homme: les pays où la situation s’améliore
Cela fait exactement 18 ans que la prison de Guantanamo sur la base américaine à Cuba a été ouverte. Encore aujourd’hui, une quarantaine de détenus croupissent sans jugement, certains sont pourtant déclarés « libérables ». 780 hommes y ont été enfermés depuis 2002, la plupart ont été libérés avant l’arrivée de Donald Trump. C’est le cas de Lakhdar Boumediene, un Algérien qui vivait en Bosnie. Il a fait partie des six Algériens de Bosnie envoyés à Guantanamo soupçonnés de fomenter un attentat contre l’ambassade américaine, ce qu’il a toujours nié. Il a été reconnu innocent par les militaires américains. Et pourtant, il est resté enfermé pendant 7 ans et demi. Son nom reste lié à la décision de la Cour suprême américaine, « Boumediene contre Bush », qui a tranché en faveur du droit de tous les détenus de Guantanamo à avoir accès à la justice fédérale. Libéré en mai 2009, il est arrivé en France à la faveur d’un accord avec l’administration Obama qui souhaitait fermer le camp. 10 ans après, Lakhdar Boumediene vit toujours en France, mais il n’a pas oublié l’enfer de Guantanamo. Il livre son témoignage à Véronique Gaymard. Nous nous étions rencontrés il y a plus de 10 ans, en mai 2009, dans un petit hôtel de la banlieue parisienne. Lakhdar Boumediene était très amaigri, après plus de deux ans de grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention. Sa femme et ses deux filles l'avaient tout juste rejoint. 10 ans plus tard, sa famille s'est agrandie. Lakhdar Boumediene vit toujours en France, il n'a rien oublié de son cauchemar de sept ans et demi à Guantanamo. ►À lire aussi : Lakhdar Boumediene : « Maintenant je me sens vraiment un être humain » Lakhdar Boumediene : Je suis arrivé en France le 15 mai 2009, cela fait donc plus de dix ans que je vis en France. Je suis marié, j’ai cinq enfants, et je suis grand-père. J'ai atterri à Guantanamo au début du mois de février 2002, depuis la Bosnie, après un long voyage, les yeux bandés, des bouchons dans les oreilles. Nous avons effectué des escales dans des bases aériennes américaines, jusqu’à Guantanamo. RFI : Vous vous souvenez du moment où vous avez ouvert les yeux à Guantanamo ? Bien sûr ! Quand les soldats m’ont enlevé la cagoule, j’étais dans une cage, comme un animal. Pendant quatre à sept jours, j’avais des vertiges, des douleurs partout, car j’étais resté menotté, les yeux bandés, les oreilles bouchées. Et tout à coup, je me suis retrouvé dans une cage, avec le soleil, l’humidité, il faisait chaud, il y avait des insectes, j’ai même vu des serpents, des scorpions sur un matelas très fin. Il y avait deux seaux, un avec de l’eau sale pour boire, et un autre pour faire ses besoins. Parmi les détenus que j’ai vus dans ce bloc, la plupart étaient blessés : un sans pied, l’autre sans jambes ou sans bras… Quand vous êtes arrivé, on vous a attribué un matricule : Mon nom, Lakhdar Boumediene, a disparu. J’étais un numéro pendant sept ans et demi, comme un objet : j’étais le numéro 10 005. Tout le monde m’appelait 10 005, jusqu’à mon départ de Guantanamo le 15 mai 2009. Les seules personnes qui m’appelaient par mon vrai nom, c’étaient mes avocats que j’ai pu voir à partir de 2004. Vous avez subi des tortures, privations sensorielles, enfermement… La torture a commencé dès mon départ de Sarajevo, pieds et mains menottés. Et c’était pire quand je suis arrivé, en me retrouvant dans une cage, comme un animal, sous le soleil, sans abri pour la pluie qui nous tombait sur le corps. Puis en 2003, j’ai subi un programme d’interrogatoires très dur. J’étais à l’isolement dans une cellule totalement métallique : plafond, sol, murs, lit, tout était en métal. Les toilettes, ce n’était qu’un trou. La climatisation était poussée à fond, ce n’était pas pour nous rafraîchir, c’était un moyen de torture. On me laissait en short, j’avais très très froid. Je ne pouvais pas dormir. Les séances d’interrogatoire se déroulaient la journée, le soir, la nuit, pour m’empêcher de dormir. ►À lire aussi : Prison américaine de Guantanamo, 18 années d'un trou noir juridique continu Que vous reprochaient les Américains ? Le jour de mon arrestation, lorsque j’étais en Bosnie, on m’a accusé de faire partie d’un groupe qui fomentait un attentat contre les ambassades américaine et britannique à Sarajevo. Personne ne m’a jamais rien dit à ce sujet à Guantanamo. Je demandais toujours : « Pourquoi ne me posez-vous aucune question à ce sujet » ? À partir de 2004, un inspecteur m’a enfin dit : « Nous n’avons rien contre vous. » En revanche, il voulait que je donne des noms et que je raconte que deux détenus étaient membres de groupes terroristes, d’al-Qaïda. Il me disait : « Dites n’importe quoi, car sans votre témoignage, nous ne pouvons rien contre eux. » J’ai refusé de dire n’importe quoi, de mentir. En 2008, vos avocats réussissent à faire reconnaître par la Cour Suprême une décision qui permet aux détenus de Guantanamo d’avoir accès à la justice fédérale pour faire valoir leurs droits (décision « Boumediene contre Bush »), cela a représenté un grand changement pour vous : Au départ, j’avais peur que mon nom soit associé à une plainte qui remontait à la Cour suprême. Finalement, j’ai accepté, et fin 2008, la bonne nouvelle de la Cour Suprême est tombée. Vous êtes finalement libéré en mai 2009, et lorsque nous nous rencontrons pour une interview à votre arrivée en France, il y a 10 ans, vous me dites : « Je souhaite désormais vivre en paix avec ma famille et oublier ce cauchemar. » Mais vous n’avez pas oublié, Lakhdar Boumediene ? J’ai essayé plusieurs fois. J’ai réussi à trouver un travail après cinq années en France. Je voulais construire une nouvelle vie. Mais la vérité, c’est que nous sommes en 2020 et que je n’arrive pas à oublier. J’ai très peur, surtout quand je vois des images de guerre. Lorsque je regarde les informations à la télévision, j’ai peur. Il reste encore le stress, je n’arrive pas à oublier. Vous avez subi des tortures, des privations, l’enfermement pendant sept ans et demi. Vous avez des séquelles ? Cela vous empêche de vivre normalement ? Parfois quand je reste seul dans ma chambre, je me fais des films, j’imagine que si je sors, le lendemain, les Américains vont me kidnapper. Parce que je n’arrive pas à oublier. La seule question dont j’attendais la réponse à Guantanamo pendant sept ans et demi, c’était : « Pourquoi je suis ici ? » Personne ne m’a répondu. C’est pour ça que je fais encore des cauchemars, que je stresse lorsque je vois des films avec des scènes de prison. Je n’arrive pas à oublier. Et vous avez aussi peur de voyager à l’étranger, mais peur de quoi ? J’aimerais bien voyager avec ma femme et mes enfants. Je travaille, j’ai un bon salaire, je suis en contrat à durée indéterminée maintenant, j’ai un passeport algérien, j’ai désormais une carte de séjour de 10 ans en France. J’ai donc tous les papiers nécessaires pour pouvoir voyager. Mais il y a encore quelque chose qui me bloque. Si je sors de France, je suis peut-être fiché ailleurs. Peut-être que les Américains ont inscrit mon nom et celui de tous les anciens détenus de Guantanamo dans les aéroports du monde entier. J’ai peur d’être renvoyé à Guantanamo, ou dans une prison secrète. J’ai très envie de voyager, mais j’ai peur. Cela fait 10 ans que je ne suis pas sorti de France. Vous avez aussi peur qu’on oublie ce qui s’est passé à Guantanamo. Vous avez d’ailleurs co-écrit un livre à ce sujet ? J’ai co-écrit un livre en 2017 [Witnesses of the Unseen : Seven Years in Guantanamo], c’était mon témoignage. En 2008, avant que je sorte, le président Barack Obama a pris la décision de fermer la prison de Guantanamo. Malheureusement, la prison est toujours ouverte. C’est pour cela que j’ai peur qu’un jour, peut-être demain, on me kidnappe et qu’on me renvoie à nouveau là-bas. J’espère un jour voir cette prison de torture enfin fermée. Vous souhaiteriez obtenir des réparations pour les années d’enfermement ? Bien sûr. Je suis innocent. Je suis resté sept ans et demi, dont deux ans et demi en grève de la faim, avec beaucoup de souffrances. Lorsque je suis enfin sorti, les Américains n’ont même pas prononcé le mot : « pardon ». Même pas d’excuses ! Je souhaiterais des indemnités, j’ai tout de même passé sept ans et demi à Guantanamo pour rien ! Ils ne sont pas allés me chercher en Afghanistan, j’étais à mon bureau à Sarajevo où je travaillais pour le Croissant Rouge. Et tout à coup, je me suis retrouvé dans une cage en métal comme un animal dans un zoo. Qu’est-ce que vous attendez maintenant ? J’aimerais pouvoir voyager comme tout le monde. Un être humain qui oublie Guantanamo, qui oublie le stress. J’aimerais voyager et entendre le mot : « excuses ». Un pardon, des Américains.
La réfugiée syrienne Sarah Mardini, 23 ans, et le jeune Germano-Irlandais Sean Binder, 24 ans, venaient en aide aux demandeurs d'asile sur l'île de Lesbos, au sein de l'ONG grecque ERCI (Emergency Response Center International). Arrêtés fin août 2018, ils sont accusés d'espionnage, de trafic d’êtres humains et d'appartenance à une organisation criminelle. Après plus de trois mois de détention préventive, ils ont été remis en liberté sous caution. Aujourd'hui, en attente de leur procès, ils risquent 15 ans de prison.
La guerre continue en Syrie. Dans le viseur des troupes de Bachar el-Assad : la province d’Idleb, dans le nord-ouest du pays. Dans cette enclave, près de 4 millions de civils sont pris en étau entre l’armée syrienne et des groupes jihadistes. Ces dernières semaines, les bombardements du régime et de son allié russe se sont intensifiés, provoquant la mort de plus d’une centaine de civils en quelques jours. La plupart des organisations internationales ont déserté le terrain. Restent, seules, des ONG qui travaillent avec des Syriens. C’est le cas de l’Organisation de secours et de soins médicaux, l’UOSSM, qui dispense des formations en médecine d’urgence. Dans cette guerre sans front, des médecins continuent d’exercer leur métier au péril de leur vie. Le docteur Jubran Durbas est l’un d’entre eux.
Au Liban, la contestation contre le pouvoir en place dure depuis le 17 octobre. Les manifestants réclament le départ d’une classe politique jugée corrompue et incompétente alors que le pays traverse une grave crise économique et financière. Les Libanais se mobilisent, quel que soit leur âge, classe sociale ou confession. Beaucoup de femmes sont descendues dans la rue pour réclamer des droits, dans un système qu’elles estiment discriminatoire. Murielle Paradon a rencontré à Beyrouth, Joumana Haddad, journaliste, écrivaine et militante pour les droits des femmes.
Le syndicat palestinien des journalistes avait dénoncé « une journée noire pour le journalisme palestinien ». Fin octobre, une cour de Ramallah avait ordonné la fermeture de 59 sites d’information et pages sur les réseaux sociaux. Pour le procureur, il y avait une atteinte à la sécurité des institutions, ces sites diffusant des contenus nuisant à l’Autorité palestinienne et à ses dirigeants. Une procédure judiciaire afin d’obtenir l’annulation de cette décision est en cours. Mais pour une majorité de Palestiniens, la liberté d’expression est de plus en plus restreinte.
C’est l’une des ONG de défense des droits de l’homme les plus respectées de Russie. Fondée dans les années 1990, « Pour les droits de l’homme » a été dissoute le mois dernier par la justice russe. Motif invoqué : le non-respect de la loi sur les agents de l’étranger. Rencontre à Moscou avec Lev Ponomarev, le dirigeant de cette ONG et l’un des plus anciens militants des droits de l’homme en Russie.
Le Honduras est l’un des pays d’Amérique latine les plus violents avec plus de 3 000 homicides depuis le début de l’année pour une population de 9 millions d’habitants. Dans ce contexte, les femmes et les hommes LGBT (lesbiennes, gay, bi ou transsexuels) sont particulièrement ciblés, victimes de menaces, souvent de viols et de coups. Des agressions qui restent la plupart du temps impunies. Beaucoup fuient le pays et tentent de se rendre aux États-Unis mais aussi en Europe pour demander l’asile. Esdra Sosa est elle-même lesbienne, elle se bat au sein de l’association Arcoiris, arc-en-ciel, au Honduras pour le respect des droits LGBT. Elle était de passage à Paris en novembre pour tirer la sonnette d’alarme. Beaucoup fuient le pays et tentent de se rendre aux États-Unis mais aussi en Europe pour demander l’asile. Esdra Sosa est elle-même lesbienne. Elle se bat au sein de l’association Arcoiris, Arc-en-ciel, au Honduras pour le respect des droits LGBT. Engagée auprès de l'association Arcoiris depuis plus de douze ans, elle était de passage à Paris en novembre pour tirer la sonnette d’alarme. Depuis 2008, le nombre d’assassinats de personnes LGBT a beaucoup augmenté, nous explique t-elle. « Au 15 novembre de cette année, nous avons déjà comptabilisé plus de 326 personnes LGBT assassinées sans qu’aucun de ces crimes n’ait été résolu, en toute impunité. La situation est encore plus grave qu’avant, avec encore plus d’impunité et moins de résultats et d’enquêtes, et une augmentation des assassinats de personnes LGBT. »
« The Blacklist », « la liste noire », c’est le nom de l’accablant recueil d’éléments rassemblés par l’ONG Pro-Justice que dirige Wael Sawah. Il s'agit d'une « liste noire » qui recense les violations des droits de l'homme commises par les plus hauts responsables du régime syrien, pour tenter de rendre justice. Rencontre avec Wael Sawah, militant syrien qui vit en exil, qui travaille à la collecte d’informations sur les exactions commises dans son pays depuis 2011. Wael Sawah feuillette The Blacklist : plus de 450 pages de texte, de dates et de photos pour documenter des violations des droits de l’Homme commises par le régime de Bachar el-Assad. Le dirigeant syrien est le premier des 93 individus mentionnés dans le recueil, mais la collecte minutieuse menée par Wael Sawah et son ONG Pro Justice épingle aussi des noms beaucoup moins connus. « Saqr Rostom est un colonel. Avant la Révolution personne n’avait jamais entendu parler de lui. En 2011, il a mis sur pied les "Comités populaires", c’est-à-dire l’embryon des milices qui allaient ensuite se rendre responsables du meurtre de milliers de personnes en Syrie. Il est personnellement responsable de plusieurs massacres. Par exemple en février 2012 dans la ville de Jubbar, la Garde Républicaine et les forces de Défense nationale ont rassemblé les civils de sexe masculin (y compris les adolescents et les personnes âgées) dans deux écoles. Sous le commandement de Rostom lui-même, l’un de ses co-officiers a ordonné à ses hommes d’ouvrir le feu sur les civils dans la cour de l’école : plus de 150 personnes ont été tuées. » La plupart des individus recensés dans le recueil sont des militaires syriens. « The Blacklist », « la liste noire » a été établie à partir de plusieurs sources : témoignages, bases de données, ou travail d’autres organisations militantes syriennes explique Wael Sawah. « La plus value de cet ouvrage, c’est que si vous vous intéressez à un criminel en particulier ou à un crime en particulier commis en Syrie, vous n’avez pas à consulter douze ou 20 ou 30 sources différentes ou autant de site-internet ou de livres: au même endroit vous trouvez toutes les informations disponibles. » Wael Sawah passé une dizaine d’années dans les prisons de Hafez el-Assad, le père de Bachar el-Assad. Puis il a dû fuir la Syrie en 2012 alors que le pays s’enfonçait dans la guerre civile. Wael Sawah est aujourd’hui exilé aux Etats-Unis.Avec son ONG Pro Justice, il suit de près tous les efforts entrepris pour tenter de juger les auteurs présumés de graves violations des droits humains en Syrie. Des plaintes ont été déposées ces dernières années en France, en Allemagne, en Espagne ou encore en Suède, mais rien ne dit qu’elles aboutiront un jour. Quant à la justice internationale, aujourd’hui elle ne peut se saisir des dossiers syriens regrette Wael Sawah.« Nous parlons d’un très grand nombre de victimes et d’un très grand nombre de criminels. Et pour que la justice passe, il faut une volonté politique car comme vous le savez, aucun dossier ne peut se retrouver devant la Cour Pénale Internationale sans l’accord du Conseil de Sécurité de l’ONU. Et avec les vétos principalement de la Russie mais aussi de la Chine, aucune affaire ne peut être transmise à la Cour Pénale Internationale. » Cela n’empêche pas Wael Sawah et Pro Justice de poursuivre leur travail. Après avoir avoir dressé cette « liste noire » qui concerne les violations des droits humains commises par le régime de Damas, l’ONG veut s’intéresser au milieu des affaires en Syrie et à sa contribution aux actions du régime. Enfin le troisième volet devra documenter les crimes commis au nom de l’opposition syrienne.
Donner un nom aux victimes de la Méditerranée, c’est le sous titre du livre de Cristina Cattaneo, « Naufragés sans visages », et c'est la tâche immense que s’est fixée cette médecin légiste italienne, qui se bat depuis six ans pour que les migrants noyés soient identifiés. Ce travail de longue haleine a débuté avec le naufrage du 3 octobre 2013 à Lampedusa, qui avait provoqué un électrochoc en Europe.
La Syrienne Rouba Mhaissen a reçu début novembre le prix Rafto des droits de l'homme pour son engagement en faveur des droits des réfugiés et des migrants syriens, qui sont plus d'un million et demi au Liban. Un prix décerné par la fondation norvégienne Rafto à la directrice de l'organisation Sawa for Development and Aid (ensemble pour le développement et l'aide), qui tente d'améliorer leur quotidien : droit à l'éducation, droit à la mobilité... Mais le combat de Rouba Mhaissen devient difficile alors que de plus en plus de Libanais font pression pour que les réfugiés syriens soient renvoyés chez eux. Une situation qui se tend, alors que les Libanais manifestent depuis plus de trois semaines contre la corruption et le système confessionnel figé de leur gouvernement.
Au Mexique, un des pays les plus meurtris par les crimes contre les journalistes, 12 journalistes ont été assassinés depuis le début de l’année. Mago Torres a publié une enquête intitulée Le pays des 2 000 fosses, sur la violence au Mexique, qui lui a valu cette année le prix du journalisme Breach-Valdez. Miroslava Breach a été tuée en mars 2017 dans l'État de Chihuahua. Elle enquêtait sur ce qu'on appelle « la narcopolitique », elle avait révélé des liens entre des politiques locaux et des trafiquants de drogue. Quelques mois plus tard, le 15 mai 2017, un autre journaliste d'investigation, Javier Valdez, était assassiné en pleine rue à Culiacan, où sévit le Cartel de Sinaloa. Mago Torres a confié à notre confrère Braulio Moro de la rédaction Amérique latine de RFI ce que ce prix signifiait pour elle.
La recherche des disparus après un conflit armé s’accompagne de douleur, de silence et encore de peur, bien des années après la fin des conflits. C’est ce qu’il se passe au Pérou, où le conflit entre l’armée et le groupe communiste du Sentier Lumineux a fait entre 1980 et 1999 quelque 70 000 morts et plus de 15 000 disparus. À travers trois personnages, trois sensibilités différentes, le documentaire La Búsqueda (la recherche) de Daniel Lagares et Mariano Agudo nous entraîne dans le parcours d’une Indienne dont le village a été massacré, d’un fils de paysan engagé très jeune dans le Sentier Lumineux puis capturé par l’armée et enfin du fils d’un couple d’idéologues du Sentier Lumineux, qui s’est sacrifié pour sa cause. Chacun cherche ses disparus. Rencontre avec Daniel Lagares au festival du film latinoaméricain de Biarritz début octobre où La Busqueda a remporté le prix du public documentaire.
Pablo Lopez Alavez, défenseur de l’environnement de l’État de Oaxaca, est incarcéré depuis neuf ans. Officiellement, il est accusé de tentative d’homicide contre sept personnes et d’homicide qualifié sur deux autres personnes. Mais le cas de Pablo Lopez Alavez est emblématique.
Ce jeudi 10 octobre marquait la Journée mondiale contre la peine de mort. À ce jour, les deux tiers des pays dans le monde ont aboli la peine capitale, mais 55 pays continuent encore à la pratiquer. En tête des pays qui exécutent le plus figurent en 2018 la Chine, l’Iran, l’Arabie saoudite, le Vietnam et l’Irak. Les chiffres ont beaucoup baissé au Pakistan, mais le système judiciaire continue de prononcer des condamnations à mort, faisant de ce pays un des records en nombre de personnes dans les couloirs de la mort : il n’y a pratiquement pas de procès équitables, pas d’enquête de police approfondie, et la torture y est systématique pour extorquer des aveux. Entretien avec Kamran Arif, avocat et vice-président de la commission des droits de l’homme du Pakistan. Le Pakistan avait mis en place un moratoire sur les exécutions entre 2008 et 2014. Le pays avait suspendu toutes les exécutions, mais continuait à prononcer des condamnations à mort. L'attaque terroriste contre une école fin 2014 a sonné le glas de ce moratoire. Entre 2014 et 2019, plus de 1 800 personnes ont été condamnées à mort, et 520 ont été exécutées. Un chiffre gigantesque. RFI : En 2015 au Pakistan, il y a eu 333 exécutions, 89 l'année suivante, et depuis on observe une baisse constante, comment expliquez-vous cette tendance ? Kamran Arif : Le gouvernement à l'époque voulait montrer sa fermeté, à cause du nombre de morts dans ces attaques terroristes. Donc, il y a eu un pic dans le nombre d'exécutions. Et puis ce nombre s'est réduit graduellement. C'est aussi le résultat des pressions des organisations internationales. Ce chiffre est tombé à 14 exécutions en 2018, mais 347 condamnations à mort ont tout de même été prononcées. Il y a encore beaucoup à faire pour lever les barrières dans l'imaginaire des Pakistanais ? Nous sommes une société qui passe par des moments difficiles, avec beaucoup d'attaques terroristes, donc tout le monde veut se montrer ferme. Il y a eu tellement de violence, tellement de gens ont été tués, dans des milliers d'attaques terroristes, donc il n'y a pas de sympathie pour la vie de ceux qui les commettent. La sacralité de la vie s'est considérablement réduite. Les gens qui sont condamnés à mort sont considérés comme des criminels, même s'ils sont en fait innocents. Et puis il n'y a pas vraiment de débat, on a encore beaucoup de travail à faire. Mais la raison principale pour laquelle ce sera difficile d'abolir la peine capitale, c'est parce qu'elle est inscrite dans l'imaginaire populaire et qu'elle est considérée comme une sanction religieuse. Au Pakistan, la loi islamique domine. 32 infractions sont encore passibles de la peine de mort. Cela va du meurtre, au viol, au trafic de drogue, aux relations sexuelles hors mariage ou encore au blasphème. C'est une situation qui a empiré ces dernières années avec des manifestations et des lynchages par la foule ? Il y a 10 ou 15 ans, lorsque quelqu'un était accusé de blasphème, au moins ses avocats essayaient de faire sortir la personne de prison sous caution en attendant le procès. Mais aujourd'hui, elles sont très peu à le faire, car au moins lorsqu'elles sont en prison, elles sont en sécurité, même s'il faut les maintenir dans des cellules sous haute protection. Ça devient aujourd'hui très difficile de les défendre même lorsque les allégations de blasphème sont fausses. En plus de la corruption au sein de l'appareil judiciaire et policier, le véritable fléau contre lequel vous vous battez Kamran Arif, c'est l'utilisation systématique de la torture, pourtant interdite officiellement ? Dans les dossiers des enquêtes de police, on ne trouve pratiquement aucune preuve scientifique collectée. Il n'y a pratiquement pas d'utilisation de la police scientifique sur les scènes de crimes, sur les accusés, pas d'utilisation d'ADN, la police se base sur des déclarations orales. Et le plus facile pour qu'un accusé soit condamné, c'est d'obtenir ses aveux. La torture est très répandue. On ne peut pas avoir un système pénal correct et un procès équitable si la torture est généralisée. Je dirais qu'au Pakistan, la torture est en fait le principal système d'enquête. Kamran Arif a participé au dernier rapport avec la FIDH sur les enfants condamnés à mort, beaucoup n'ont jamais bénéficié de tests osseux ou de preuves scientifiques pouvant prouver qu'ils étaient mineurs au moment des faits. Et puis les pauvres et les marginalisés sont aussi les premières victimes du système judiciaire et de façon disproportionnée condamnés à mort dans le pays : ils n'ont pas les moyens de payer un bon avocat, qui peut leur éviter la torture et donc leur éviter de signer des aveux sous la contrainte.
Le 14 mars 2018, au Brésil, la conseillère municipale de Rio de Janeiro Marielle Franco était assassinée dans sa voiture, avec son chauffeur Anderson Gomes. Tous deux ont été criblés de balles. L’homicide de la jeune afro-brésilienne, homosexuelle, a eu un retentissement international. Il y a six mois, deux policiers soupçonnés d’être impliqués dans le meurtre de la députée ont été arrêtés. Sa famille attend aujourd’hui de connaître l’identité des commanditaires. Achim Lippold a rencontré la mère de Marielle Franco, Marinete da Silva, qui était de passage à Paris.