Grand Témoin donne la parole à des chrétiens célèbres pour leur engagement ou leur combat au service de l'Évangile. Cette émission met également en valeur des croyants de l'ombre, méconnus du grand public et dont le témoignage mérite d'être diffusé et transmis.
Christian Reille vit en Algérie depuis 1970. Ce jésuite issu d'une famille bourgeoise où l'on exprimait peu ses sentiments a été séduit par la chaleur et la convivialité du peuple algérien.
"Lorsque à la fin de ma vie j'ai vu le parcours que j'avais fait, d'où j'étais parti et où j'étais arrivé, les transformations profondes qui ont eu lieu en moi, le nouveau regard sur les choses, sur les gens, une approche intérieure de chacun... Je me suis dis que ça vaut la peine d'écrire cette vie qui est partie d'un refus radical vraiment de beaucoup de choses dans la société." En 1970, le Père Christian Reille a réalisé son vœu le plus cher : rejoindre la communauté de frères jésuites installée à Constantine. Il avait 37 ans, l'Algérie devenait sa seconde patrie et les Algériens, son peuple d'adoption. Une expérience qu'il raconte dans son autobiographie, "Un jésuite en terre d'Islam" (éd. Lessius). "Cet amour et cette convivialité font partie essentiellement du visage de Dieu qui m'habite" une soif de simplicité Né en 1933 dans une famille aisée, Christian Reille a souffert d'une forme de distance entretenue dans le rapport à l'autre. Cette façon d'exprimer assez peu ses sentiments, au début il ne s'en rendait pas compte. "J'étais un enfant heureux", dit-il. Mais ce qu'il a découvert en fréquentant d'autres milieux par exemple à l'occasion de son service militaire, n'est autre que la "convivialité". Un découverte qui a créé en lui "un manque", là où avec les siens on ne manifestait pas de tendresse. On se respectait, on avait de l'affection les uns pour les autres, mais toujours cette retenue. "Je voulais être comme les autres et pas au-dessus des autres." Dans les années 40 le jeune Christian Reille a souffert d'être le fils du directeur de l'usine, baron qui plus est, et qui faisait qu'on l'appelait "le baronnet". "Ça a laissé une blessure, une gêne." Celle de se sentir appartenir à une élite, un milieu privilégié. On a beau être fier de ce que l'on est, lui n'attachait pas "beaucoup d'intérêt" au une certaine forme de prestige. Au service militaire, alors qu'il était déjà séminariste, Christian Reille a apprécié cette liberté de pouvoir dire ce que l'on pense. "Des relations proches, sympathiques", où on l'a accepté tel qu'il était et non pas pour le nom qu'il portait. La convivialité, un visage de Dieu Quand à 19 ans, il est entré au seminaire c'était pour obéir à "un désir de donner sa vie". Et cela ne l'a jamais quitté, pas plus que cette conviction fortement ancrée que "la vie devait avoir un sens." Ce qui n'a pas empêché le jeune prêtre de vivre des moments de doute, dont certains très profonds. C'était vers mai 68, et beaucoup de prêtres ont alors quitté le sacerdoce. Pourquoi pas lui ? "Je n'acceptais pas de m'être trompé, répond-il en riant, je ne pouvais pas supposer que la vie que j'avais choisie n'aie pas de sens." Et aussi, chez les jésuites, Christian Reille a retrouvé cette convivalité découverte pendant son service militaire. Une certaine idée de la vie chrétienne. "Dieu au départ était le bien mais n'était pas forcément l'amour ; aujourd'hui cet amour et cette convivialité font partie essentiellement du visage de Dieu qui m'habite." Entretien réalisé en décembre 2017
Michel Farin est devenu jésuite en 1961, avant d'être ordonné en 1968. Passionné de cinéma et convaincu de l'importance d'atteindre les gens par la télévision, il a pendant 35 ans travaillé à l'émission de télévision dominicale Le jour du Seigneur, pour laquelle il a réalisé de nombreux documentaires, tels Résistance et Pardon ou Le pouvoir et les larmes. Il est aussi l'auteur de plusieurs livres.
Donner le goût de Dieu et aiguiser le désir d'aller ouvrir la Bible, tel est le patient et beau travail du jésuite Michel Farin. Quand l'image sert la parole pour ouvrir les cœurs...
Les poètes ont la grâce de nous livrer le monde réel dans son infinie épaisseur : un monde aux multiples facettes, polyphonique, coloré. Ils savent aller sonder l’envers du monde, au-delà de la surface lissée des apparences, loin des définitions arrêtées. Contrairement à l’image numérique qui aplatit le réel, grâce à sa sensibilité de chair, le regard poétique nous donne à regarder autrement la vie des hommes. Le poète Pascal Riou fait partie de ces écrivains dont l'œuvre vous convie au cœur des éléments du monde. Il a publié "D'âge en âge" (éd. Revue Conférence) Le Parcours de Pascal Riou Agrégé de lettres modernes, enseignant à l'université catholique de Lyon (UCLy), Pascal Riou a publié une dizaine de recueils au éditions Cheyne, où il fut, aux côtés de Marc Leymarios, le créateur et directeur de la collection "D’une voix l’autre", dévolue à la poésie étrangère contemporaine. Depuis 20 ans, Pascal Riou participe aux activités de la revue littéraire Conférence et des éditions du même nom. C'est chez cet éditeur qu'il publie dorénavant ses ouvrages. Il y publie également des traductions du poète américain William S. Merwin, dont "Au miroir de la montagne" en collaboration avec Jean Market. L'œuvre de Pascal Riou est traduite en anglais (Nancy Hoffman), en italien (Fabio Pusterla), en grec (Thanassis Hatzopoulos) et en lituanien (Tomas Taskaukas). Qu'est-ce que l'acte poétique en 2019 ? L'acte poétique est selon lui devenu "un acte presque invisible". "Si beaucoup de personnes écrivent régulièrement de la poésie, très peu en lisent." Pascal Riou constate "une distorson entre le désir de poésie et la minceur de son existence publique". "La poésie est ce qui cherche le réel." Contrairement à ce que l'on croit, le poète ne cherche pas à s'évader dans l'imaginaire, selon Pascal Riou : "la poésie fait l'épreuve de la dissipation des illusions et tient à affronter ce que Rimbaud appelait la réalité rugueuse". La poésie à l'heure de l'omniprésence des écrans Écrans : "je crains une illusion mortifère", confie cet enseignant. Selon lui, "il y a deux sortes d'images". D'une part "cette saturation dans laquelle nous vivons aujourd'hui et qui est une sorte de pseudo rencontre du réel". D'autre part, "il y a cette image que nous connaissons depuis toujours : la poésie est pleine d'images, de ces transferts que sont les images de mots, ce que l'on appelle des métaphores." Émission diffusée en février 2019
C'est dans les rues de Manille, que le Père Matthieu Dauchez exerce son ministère de prêtre. Il s'occupe de l'association ANAK-Tnk qui a fêté ses vingt ans en 2018. Témoignage.
C'est dans les rues de Manille, que le Père Matthieu Dauchez exerce son ministère de prêtre. Il s'occupe de l'association ANAK-Tnk, qui vient en aide aux enfants pauvres de la capitale des Philippines, association qui fête cette année ses 20 ans. Le Père Dauchez a raconté son aventure humaine et spirituelle dans plusieurs livres. En 2015, il était sur RCF pour témoigner de son parcours à l'occasion de la sortie de son ouvrage, "Plus fort que les Ténèbres" (éd. Artège, 2015). "Qu'un enfant puisse ne pas être aimé ça me paraît être le plus grand scandale" De Versailles aux rues de Manille Un jour, des amis séminaristes, souhaitant le provoquer, lui ont dit qu'avec ses origines versaillaises il serait bien incapable de partir en mission. Les prenant au mot, Matthieu Dauchez décide de les suivre jusqu'à Manille et d'accompagner le jésuite Jean-François Thomas dans la fondation de ce qui s'appellera ANAK-Tnk. "Anak" qui signifie "enfant" en tagalog et les trois lettres "TNK" sont les initiales de la fondation connue à Manille sous le nom de "Tulay Ng Kabataan", qui signifie "Un pont pour les enfants". En 1998, le jeune séminariste entame donc un séjour de deux ans aux Philippines, deux ans qui vont changer sa vie. Et révéler ce qu'il appelle à la suite de mère Teresa, "un appel dans l'appel". Lui qui sait qu'il veut devenir prêtre ne se doutait pas que ce serait pour être au service des enfants des rues, des bidonvilles et de la décharge. "J'ai compris que je voulais donner ma vie pour ça." Donner sa vie pour l'amour qui manque aux plus pauvres. "J'ai compris que la plus grande misère n'était pas d'abord une misère matérielle mais cet amour qui n'était pas donné à ces enfants, dont ils manquaient tant." "Une misère qui vous donne des claques" La première fois qu'il a mis les pieds à Manille, il a été "extrêmement surpris, déstabilisé" par cette grande pauvreté dans laquelle vit 70% de la population. "Vous arrivez dans un pays qui a une misère qui nous donne des claques." La peur ? Elle lui vient quand il regarde en arrière et constate tout le chemin parcouru. Et en se disant que "si Dieu n'était pas à ses côtés", il ne serait "pas là aujourd'hui". Il se souvient de la première nuit qu'il a passée dans la rue avec les éducateurs, pour aller à la rencontre d'enfants âgés de 7 à 8 ans drogués ou dormant dans les ordures. Très loin du Versailles où il a grandi ! "J'ai toujours été d'une certaine façon très marqué par l'amour que doivent donner des parents, ayant eu la chance d'avoir des parents très aimants, et qu'un enfant puisse ne pas être aimé ça me paraît être le plus grand scandale." Où se situe la vraie richesse Après son premier séjour à Manille, il lui a fallu rentrer en France, pour poursuivre ses études au séminaire. Et surtout discerner. "Il a fallu trois ans pour discerner, être accompagné, comprendre comment se donner totalement à cette vie-là." Le Père Dauchez a été ordonné diacre en 2003 puis prêtre en 2004 pour le diocèse de Manille. Lui qui se voyait très bien en curé de paroisse dans les Yvelines s'est découvert "pris aux tripes" et appelé bien loin de là, aux périphéries, comme le dit le pape François. Cette formidable et terrible aventure humaine et spirituelle auprès des pauvres de Manielle, il l'aborde en "témoin privilégié". "Les plus belles leçons je les reçoit des familles des bidonvilles, des familles de la décharge." Témoignage qu'il s'efforce de transmettre dans ses livres. "Le pape François nous incite à être sans cesse à l'écoute de ces plus pauvres et je m'aperçois qu'effectivement la vraie richesse elle se situe dans les ordures de Manille." Émission enregistrée en décembre 2015
Danseur... en soutane. Le Père Franck Legros a fait le buzz en 2016, lors des JMJ de Cracovie en Pologne : sur des vidéos on le voyait danser vêtu de sa soutane. Dans son livre "Ton amour me fait danser de joie" (éd. L'Emmanuel), cet ancien danseur professionnel devenu prêtre de l'Église catholique (pour le diocèse d'Évreux) explique comment il conjugue sa vocation de prêtre et son amour pour la danse. Il livre aussi son regard sur l'Église, alors que l'institution traverse une crise profonde. Lui qui a vécu 18 années en paroisse assure que l'on peut être prêtre aujourd'hui et heureux : c'est d'ailleurs le sous-titre de son ouvrage, "témoignage d'un prêtre libre et heureux". "Danser c'est être pleinement en vie dans son âme et dans son corps" Un prêtre heureux dans une Église en crise Dans le contexte de crise que traverse l'Église catholique, marquée par les affaires de pédophilie, les prêtres font face à un climat de suspicion. Franck Legros se dit malgré tout heureux, par choix. "J'ai choisi d'être heureux, dit-il, parfois je pose des choix et je dialogue avec mon évêque pour rester heureux, je pense qu'un prêtre doit être heureux et joyeux pour porter du fruit." Pour pouvoir aussi se tenir à l'écoute du "peuple de Dieu", de son "espérance" et de ses "douleurs". Dans son livre, Franck Legros partage ses convictions sur ce qui doit changer dans l'Église. "Lâcher des structures paroissiales" mais surtout ne pas avoir peur se poser des questions de fond. "Je crois que l'Église doit se reposer les questions fondamentales : qu'est-ce qu'une communauté chrétienne? Quel est son objectif ? Qu'est-ce qu'un prêtre ? Quelle est l'identité profonde du prêtre ?" S'il se dit "rempli d'espérance", c'est que le Père Legros a "une conviction profonde" : il faut "repartir de la contemplation du Christ", du message de l'Évangile. Se convertir, se dépouiller, "on se prend le péché en pleine face on est obligé d'être humble, d'être pauvre mais on ne peut l'accepter que si on regarde Jésus... On est pauvres : quelque part on est plus libres". Le goût de Dieu et de la danse "D'où ça vient ? J'avais le goût de le Dieu, le goût de le chercher dans la prière." Issu d'une famille "catholique non pratiquante", Franck Legros n'allait pas à la messe mais était inscrit au catéchisme. "Pour moi la prière c'était le lieu de la rencontre avec Jésus, c'était enraciné en moi... Je crois que ça vient de la Vierge Marie." À part le jour où il a entendu ses frères expliquer pourquoi ils n'avaient plus la foi, Franck Legros n'a jamais perdu ce qu'il appelle "le goût de Dieu". "Je n'ai plus jamais plus douté de Dieu : je sais qu'il est là je sais qu'il est la vie." À 14 ou 15 ans, Franck Legros nourrissait déjà l'espoir d'être prêtre... et danseur. "C'étaient mes deux deux grandes passions, la danse et Dieu." Le goût de la danse, c'est un peu comme celui de la prière : ses origines sont "un mystère". "Je crois qu'au fond c'est le goût de la vie, confie-t-il, danser c'est être pleinement en vie dans son âme et dans son corps." Le déclic : devenir prêtre À 17 ans, il part seul en Allemagne pour l'opéra de Düsseldorf, puis il reçoit la médaille d'or du Conservatoire national de Rouen et intègre le Jeune Ballet de France à Paris. "J'aimais danser, j'aimais être sur scène, j'aimais l'entraînement : après, la découverte du monde entre danseurs c'était pas toujours la joie." De répétitions en spectacles, au cours de ses voyages, Dieu continue d'être présent. Même "éloigné de l'institution Église", Franck Legros garde sa bible avec lui. Toujours cette "quête intérieure qui ne me laissait pas tranquille". Un soir, de retour d'une répétition difficile il est pris par un questionnement : qu'est-ce que le bonheur ? Qu'est-ce que réussir sa vie ? "Surtout, je me suis vu sur mon lit de mort, j'avais 18 ans, je me parlais en me disant : qu'est-ce qui fera que je pourrai dire 'j'ai réussi ma vie' ? Ça brûlait dans mes entrailles, il y avait quelque chose, c'était très net, seul Dieu pouvait être le bonheur de ma vie". Une fois devenu prêtre, la danse reste une passion : "Il y a quelque chose de l'ordre de l'éternité et la danse ça fait partie de la vie avec Dieu donc ça ne s'éteindra pas." Émission d'archive enregistrée en novembre 2018
Le service qu'il dirige est l'un des plus importants de la Conférence des évêques de France. Le P. Vincent Breynaert, directeur de la pastorale des jeunes, témoigne de son parcours de foi.
Émission d'archive diffusée en mai 2019
Apiculteur dans Drôme, Sébastien Dumont est habité par une vie spirituelle intense, marquée par la non-violence. Et qui rejoint la dimension d'écologie intégrale prônée par le pape François.
"La non-violence, c'est une manière de faire qui découle d'une manière d'être", disait Aldo Capitini. Une phrase qui séduit fortement Sébastien Dumont. Apiculteur dans Drôme, il est habité par une vie spirituelle intense, marquée par la non-violence. Et qui rejoint la dimension d’écologie intégrale prônée par le pape François. Rencontre. La non-violence, un chemin spirituel Originaire de la Sarthe, Sébastien Dumont a reçu une éducation religieuse marquée notamment par l'évocation du roi Josias, dans la Bible, et "le scandale de la mort du juste". Quelques années plus tard, en 1991, il a subi une agression à Nantes : cet événement a fait écho à l'histoire du roi Josias qui l'avait fortement marqué enfant. "La confrontation avec la violence alors qu'on a rien fait, le scandale de la violence injuste, ça a suscité en moi une haine extrêmement forte, que je ne pouvais pas maîtriser." Sébastien Dumont a "entamé un chemin existentiel" habité par la question : "Comment répondre à la violence et au mal ? Comment je fais pour vivre avec ces questions-là ?" Il s'est plongés dans les textes de Martin Luther King et de Lanza del Vasto. "Ça m'a donné une compréhension sur les violences qui habitent notre monde, et la non-violence comme une réponse essentielle au message chrétien." Une reconversion professionnelle Habité d'une intense soif spirituelle, attiré par la prêtrise, Sébastien Dumont s'est senti toutefois appelé au mariage et à une vie dans le monde. "Quand j'ai commencé à travailler, pour moi il était important de chercher un travail non-violent économiquement." Devenu ingénieur dans un bureau d'étude, il a ressenti une aspiration "à une unité de vie plus forte", à donner plus de place au corps et à la contemplation. D'apiculteur amateur, il est devenu peu à peu professionnel. Parents de sept enfants, de huit mois à 17 ans, Lucile et Sébastien Dumont se sont installés dans la Drôme, à Châteauneuf-de-Galaure. Ils ont créé Les ruchers de saint Ambroise, il y a une dizaine d’années. Lui s'occupe de leurs 260 ruches et commercialise son miel. Il n'avait pas d'origines paysannes mais il était "proche culturellement" de ses grands-parents au "mode de vie simple, avec un grand potager, des animaux à élever pour l'autosuffisance..." Les abeilles et la non-violence "Dans la question du travail il y a un enjeu hyper fort et qui rejoint la question écologique : c'est qu'en fait par le travail, explique-t-il, on va à la rencontre de la création, de la nature, de la matière." Les abeilles lui enseignent la non-violence en l'invitant à "rendre grâce" pour la création et sa beauté. "Contempler les abeilles, c'est extrêmement beau !" L'apiculture lui enseigne "que même si vous travaillez ce n'est qu'une coopération" et cela "relativise l'importance du travail". Reconnaître qu'il y a quelque chose "de l'ordre de l'alliance avec l'animal", qui est "donnée". Émission d'archive diffusée en février 2018
"La Bible dans une main, le journal dans l'autre", selon les mots de Karl Barth. Antoine Nouis est l'une des personnalités protestantes de premier plan en France. Il est connu pour ses nombreux ouvrages, dont "Lettre à ma belle-fille catholique pour lui expliquer le protestantisme" (éd. Labor et fides, 2016). Des ouvrages qui témoignent de sa volonté de rendre accessible la foi chrétienne et d'expliquer le protestantisme au plus grand nombre. Enfant, "comme tout minoritaire", il a connu ce sentiment "d'être un peu différent" - seul protestant de sa classe, il n'allait pas aux retraites proposées pour les catholiques. Mais au lieu d'y trouver le goût du repli sur soi, il a développé le goût de l'engagement. Avec un certain sens de la pédagogie. Durant six années, Antoine Nouis a dirigé l'hebdomadaire protestant Réforme, dont il reste le conseiller théologique. "Je n'envisage pas mon ministère en dehors de la référence à mon épouse" Vocation pasteur "Le cœur de la vocation du pasteur c'est la prédication, c'est la recherche, l'interprétation, c'est comment dire l'Évangile aujourd'hui." Pasteur, cela suppose une solide culture théologique, explique-t-il. À ce sujet, il "alerte son Église sur le niveau de l'exigence universitaire" qui aurait "tendance à s'affaiblir". Pasteur, Antoine Nouis a choisi de le devenir quand il était étudiant, quand peu à peu la théologie a pris plus de place que l'économie dans son cursus. Et ce grâce au scoutisme, notamment, là où il a réellement découvert la foi chrétienne, lui qui est né à Paris dans une famille cévenole peu pratiquante. C'est aussi le scoutisme qui lui a enseigné "le sens du service". une vie à transmettre l'Évangile Dans son itinéraire, la vocation de pasteur et le mariage étaient "parfaitement liés". Le pastorat comme le mariage, deux décisions qui ont été prises "en même temps et qui allaient ensemble". "Je n'envisage pas mon ministère en dehors de la référence à mon épouse", dit-il. Antoine Nouis a été envoyé en mission à Dijon, Valence, Paris et Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). C'est d'aileurs à Valence qu'il a entrepris de rédiger avec les fidèles "Un catéchisme protestant" (éd. Olivétan, 2010), un ouvrage de référence qui a certainement contribué à faire que les protestants cessent de se définir uniquement contre les catholiques. "Ce qui est en train de changer..." Émission d'archive diffusée en mars 2017
"Qu'as tu que tu n'aies reçu ?" Pour Antoine Nouis, la grâce de Dieu est à accueillir au quotidien. Protestant, œcuménique, il met sa plume au service de l'annonce de l'Evangile.
Pour Bruno Cadoré, maître de l'ordre dominicain, tout chrétien est appelé à rentrer en conversation avec chaque visage. Ami du Christ, il peut alors réparer, avec Lui, l'envers du monde...
Avant d'être élu prieur des dominicains de France, le frère Michel Lachenaud a passé 35 ans au Cameroun. Une tranche de vie qui l'a ouvert à l'universalité.
Émission d'archive diffusée en 2017
En découvrant la spiritualité de Marguerite Porete, une mystique du XIVe siècle, Charlotte Jousseaume a appris à reconsidérer le féminin sous un angle spirituel.
Rencontre avec une femme de cœur, une femme touchée par la grâce de l’émerveillement. Charlotte Jousseaume est écrivain et anime des ateliers d'écriture. Elle désire transmettre le fait que la vie humaine et spirituelle s’incarne dans la chair et qu’à trop vouloir tout "mentaliser" on en oublie le corps. Dans son livre, "Et le miroir brûla - Portrait conté de Marguerite Porete" (éd. Cerf) elle met ses mots dans ceux de la mystique. Une femme qui aura su incarner cette union étroite du corps, de l'âme et de l'esprit. Une spiritualité profondément féminine. Si "on parle depuis plusieurs années du féminin de l'être", si "les hommes prennent conscience de leur féminité", "on parle moins des femmes qui redécouvrent en elles cette puissance du féminin et du maternel" L'Itinéraire spirituel de Charlotte Jousseaume "Par trois fois, Dieu a frappé à ma porte." À l'âge de huit ans, Charlotte Jousseaume a "compris qu'il n'y avait pas qu'un seul Dieu", mais "plusieurs traditions spirituelles". Alors qu'elle se tenait devant l'église de Varengeville-sur-Mer, elle a entendu une femme dire qu'elle était juive et qu'elle n'entrerait pas dans cette église par respect pour les siens. "Dans le geste de cette femme il y avait un profond respect et quelque chose d'un Dieu qui se révélait à moi sous le visage d'une multitude de chemins, de visages et de prières." Plus tard, lors de sa profession de foi, "faite en toute vérité et en grande profondeur", Charlotte Jousseaume, qui a grandi "dans une famille où on ne parlait pas de Dieu", a "dit au Christ : vu l'histoire de ma famille, je suis éloignée de toi mais un jour je reviendrai vers toi". Ce qui a effectivemment eu lieu quelque années plus tard, alors qu'elle était âgée d'une vingtaine d'années, diplômée de Sciences Po et habitée par le désir de devenir écrivain. "J'ai compris que ce que je recherchais dans l'écriture était partagé par les chercheurs de Dieu." L'appel à entrer dans une église et à assister à la messe s'est fait de plus en plus pressant. Un jour elle est entrée dans l'église Saint-Gervais à Paris. "Je ne sais pas ce qui m'a guidée dans cette église plutôt qu'une autre, j'étais libre d'entrer et de sortir, de me laisser réapprivoiser par le Christ." Une expérience mystique à 18 ans Quand elle avait 18 ans, Charlotte Jousseaume a failli mourir. Victime d'un empoisonnement médicamenteux, elle est chez une amie quand elle est prise de tremblements. "Elle m'a prise dans ses bras, j'ai senti la paix qui était dans son cœur et une très très grande paix m'envahir." Ce fut une nuit de grande souffrance mais aussi une expérience mystique forte. "Je savais que j'allais mourir, je l'avais compris, mais je n'avais pas peur parce que je savais que j'étais en vie, j'avais découvert à l'intérieur de moi-même, au-delà de moi-même et au-delà de la souffrance qui s'était emparée de mon cœur, un espace d'où jaillissait un immense amour." Sans la nommer alors, Charlotte Jousseaume a découvert "une source d'amour" et compris qu'elle était "aimée". Rencontre avec Marguerite Porete Après plusieurs ouvrages - "Quatuor mystique" (2017) ou "Le silence est ma joie" (éd. Albin Michel, 2010) - Charlotte Jousseaume consacre un "portrait conté" à Marguerite Porete. Femme mystique brûlée vive en place de Grève le 1er juin 1310, qui "a vécu ce que nous appelons aujourd'hui le lâcher-prise et l'intelligence du cœur". Sa spiritualité est celle de "l'entendement d'amour", qu'elle distingue de "l'entendement de raison" : avec Marguerite Porete, "il ne s'agit pas d'être dans un 'il faut être vertueux' mais de s'abandonner à l'amour". Et, en aimant, devenir vertueux. Une spiritualité profondément féminine. On est à une époque où on questionne et on redécouvre le sens du masculin et du féminin. Pour Charlotte Jousseaume, si "on parle depuis plusieurs années du féminin de l'être", si "les hommes prennent conscience de leur féminité", "on parle moins des femmes qui redécouvrent en elles cette puissance du féminin et du maternel". Marguerite Porete, cette femme profondément libre, nous donne l'exemple d'une union étroite entre le corps, l'âme, l'esprit. Émission d'archive diffusée en 2018
"Lorsque à la fin de ma vie j'ai vu le parcours que j'avais fait, d'où j'étais parti et où j'étais arrivé, les transformations profondes qui ont eu lieu en moi, le nouveau regard sur les choses, sur les gens, une approche intérieure de chacun... Je me suis dis que ça vaut la peine d'écrire cette vie qui est partie d'un refus radical vraiment de beaucoup de choses dans la société." En 1970, le Père Christian Reille a réalisé son vœu le plus cher : rejoindre la communauté de frères jésuites installée à Constantine. Il avait 37 ans, l'Algérie devenait sa seconde patrie et les Algériens, son peuple d'adoption. Une expérience qu'il raconte dans son autobiographie, "Un jésuite en terre d'Islam" (éd. Lessius). "Cet amour et cette convivialité font partie essentiellement du visage de Dieu qui m'habite" une soif de simplicité Né en 1933 dans une famille aisée, Christian Reille a souffert d'une forme de distance entretenue dans le rapport à l'autre. Cette façon d'exprimer assez peu ses sentiments, au début il ne s'en rendait pas compte. "J'étais un enfant heureux", dit-il. Mais ce qu'il a découvert en fréquentant d'autres milieux par exemple à l'occasion de son service militaire, n'est autre que la "convivialité". Un découverte qui a créé en lui "un manque", là où avec les siens on ne manifestait pas de tendresse. On se respectait, on avait de l'affection les uns pour les autres, mais toujours cette retenue. "Je voulais être comme les autres et pas au-dessus des autres." Dans les années 40 le jeune Christian Reille a souffert d'être le fils du directeur de l'usine, baron qui plus est, et qui faisait qu'on l'appelait "le baronnet". "Ça a laissé une blessure, une gêne." Celle de se sentir appartenir à une élite, un milieu privilégié. On a beau être fier de ce que l'on est, lui n'attachait pas "beaucoup d'intérêt" au une certaine forme de prestige. Au service militaire, alors qu'il était déjà séminariste, Christian Reille a apprécié cette liberté de pouvoir dire ce que l'on pense. "Des relations proches, sympathiques", où on l'a accepté tel qu'il était et non pas pour le nom qu'il portait. La convivialité, un visage de Dieu Quand à 19 ans, il est entré au seminaire c'était pour obéir à "un désir de donner sa vie". Et cela ne l'a jamais quitté, pas plus que cette conviction fortement ancrée que "la vie devait avoir un sens." Ce qui n'a pas empêché le jeune prêtre de vivre des moments de doute, dont certains très profonds. C'était vers mai 68, et beaucoup de prêtres ont alors quitté le sacerdoce. Pourquoi pas lui ? "Je n'acceptais pas de m'être trompé, répond-il en riant, je ne pouvais pas supposer que la vie que j'avais choisie n'aie pas de sens." Et aussi, chez les jésuites, Christian Reille a retrouvé cette convivalité découverte pendant son service militaire. Une certaine idée de la vie chrétienne. "Dieu au départ était le bien mais n'était pas forcément l'amour ; aujourd'hui cet amour et cette convivialité font partie essentiellement du visage de Dieu qui m'habite." Entretien réalisé en décembre 2017
Une traversée de la France à pied, jusqu'à Assise, ville-phare du dialogue interreligieux. En 2014, Isabelle Eliat-Serck a choisi de partir sans argent, dans la plus grande simplicité du pèlerin. Et de demander l'hospitalité à des musulmans. Une démarche de vulnérabilité choisie qu'elle raconte dans son livre "De mosquées en églises" (éd. Fidélité). "S'épanouir l'un l'autre dans nos religions respectives" L'accueil et l'ouverture aux autres Elle a vécu en Haïti, au Rwanda, ou encore en Syrie. En matière de voyages et de rencontres interreligieuses, Isabelle Eliat-Serck, catholique convaincue, n'en est pas à ses débuts. "On se sent amenés à s'approcher du monde arabe, musulman, de la langue arabe, de la culture arabe." Avec son mari, professeur de religion dans une école publique, ils accueillent dans leur maison de Louvain-la-Neuve en Belgique, des réfugiés syriens musulmans. "On peut s'épanouir l'un l'autre dans nos religions respectives quand on vit cet accueil." Avec les jeunes qu'ils hébergent une "proximité spirituelle" s'est peu à peu dessinée. Et puis un jours, Isabelle s'est dit: "Moi qui accueille des musulmans je voudrais être accueillie par des musulmans!" Et la voilà partie sur les routes de France et d'Italie. "Ce n'est pas parce qu'on prie avec des musulmans qu'on devient musulman" vers assise, "Le djihad du cœur" "Le langage du cœur est universel et dans chaque religion il y a des mots pour ça." Au cours de son périple où elle est allée frapper à la porte des mosquées, notamment, un musulman lui a dit qu'elle faisait "le djihad du cœur". Une expression qu'il l'a émue. Si Isabelle Eliat-Serck a choisi Assise pour destination ce n'est pas par hasard. La cité du Poverello est celle qu'a choisi Jean-Paul II pour y établir des rencontres interreligieuses d'envergure mondiale. Dans cet esprit, elle agit à son échelle, celle de la rencontre individuelle. "Depuis quelques années ont voit que dans nos sociétés il y a un regard qui est fermé, il y a quelque chose qui doit s'ouvrir entre nous." ÉCOUTER ► Histoire du dialogue interreligieux Une spiritualité du lien Isabelle et Bruno Eliat-Serck s’impliquent depuis des années dans la communication non-violente - leur ouvrage, "Oser la relation" a été réédité en 2011. Et aussi dans le dialogue Interreligieux. Un jour, un prêtre leur a dit: "Ce n'est pas parce qu'on prie avec des musulmans qu'on devient musulman." Depuis, elle prie tous les vendredis avec les femmes musulmanes du quartier. "Au début je n'étais pas trop sûre de moi, témoigne-t-elle, et puis ça devient naturel et c'est magnifique!" Elle ne vient pas là pour se convertir ou convertir. Mais pour développer "une spiritualité du lien". En prenant appui sur la vie du Christ. "Si on regarde la vie de Jésus il n'a pas arrêté d'ouvrir des liens, de créer des ponts, justement à l'égard des personnes stigmatisées ou blessées."
Bernard Marie Geffroy raconte l‘expérience de libération intérieure qu'a été sa conversion. Sa vie qui était faite de ruptures et de dépendance affective s'est unifiée et a trouvé un sens.
Samuel Grzybowski 23 ans, est un militant associatif impliqué dans les questions du vivre ensemble et de la cohésion sociale. Sensible depuis longtemps aux questions interreligieuses, il fonde en 2009 un groupe "Coexister" avec des jeunes juifs, chrétiens, musulmans, agnotisques et athés. Ensemble, ils organisent une collecte de sang pour la paix alors que des tensions très vives ont lieu en France consécutives à l'importation du conflit israélo-palestinien. De juillet 2013 à avril 2014, il est parti avec l'InterFaith Tour pour un voyage autour de la planète à la recherche d'initiatives interreligieuses, avec des camarades de différentes religions, dans plus de 40 pays. En mars 2015 le mouvement Coexiter est primé par la présidence de la République en obtenant le label du programme "La France s'engage". Coexister est présent dans 30 villes en France avec 2.000 adhérents, 600 bénévoles, 35 volontaires en service civique et 7 salariés. Entretien réalisé en septembre 2015
Samuel Grzybowski est un jeune homme engagé. Il a fondé l'association Coexister. Il souhaite promouvoir une coexistence active entre les religions. Il répond à Béatrice Soltner.
Émission d'archive diffusée en septembre 2018
Il a été le modérateur général de la communauté de l'Emmanuel pendant neuf ans. Laurent Landete témoigne de sa foi, y compris dans l'épreuve, et de la présence de Dieu dans sa vie.
"La Bible dans une main, le journal dans l'autre", selon les mots de Karl Barth. Antoine Nouis est l'une des personnalités protestantes de premier plan en France. Il est connu pour ses nombreux ouvrages, dont "Lettre à ma belle-fille catholique pour lui expliquer le protestantisme" (éd. Labor et fides, 2016). Des ouvrages qui témoignent de sa volonté de rendre accessible la foi chrétienne et d'expliquer le protestantisme au plus grand nombre. Enfant, "comme tout minoritaire", il a connu ce sentiment "d'être un peu différent" - seul protestant de sa classe, il n'allait pas aux retraites proposées pour les catholiques. Mais au lieu d'y trouver le goût du repli sur soi, il a développé le goût de l'engagement. Avec un certain sens de la pédagogie. Durant six années Antoine Nouis a dirigé l'hebdomadaire protestant Réforme, dont il reste le conseiller théologique. "Je n'envisage pas mon ministère en dehors de la référence à mon épouse" Vocation pasteur "Le cœur de la vocation du pasteur c'est la prédication, c'est la recherche, l'interprétation, c'est comment dire l'Évangile aujourd'hui." Pasteur, cela suppose une solide culture théologique, explique-t-il. À ce sujet, il "alerte son Église sur le niveau de l'exigence universitaire" qui aurait "tendance à s'affaiblir". Pasteur, Antoine Nouis a choisi de le devenir quand il était étudiant, quand peu à peu la théologie a pris plus de place que l'économie dans son cursus. Et ce grâce au scoutisme, notamment, là où il a réellement découvert la foi chrétienne, lui qui est né à Paris dans une famille cévenole peu pratiquante. C'est aussi le scoutisme qui lui a enseigné "le sens du service". une vie à transmettre l'Évangile Dans son itinéraire, la vocation de pasteur et le mariage étaient "parfaitement liés". Le pastorat comme le mariage, deux décisions qui ont été prises "en même temps et qui allaient ensemble". "Je n'envisage pas mon ministère en dehors de la référence à mon épouse", dit-il. Antoine Nouis a été envoyé en mission à Dijon, Valence, Paris et Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). C'est d'aileurs à Valence qu'il a entrepris de rédiger avec les fidèles "Un catéchisme protestant" (éd. Olivétan, 2010), un ouvrage de référence qui a certainement contribué à faire que les protestants cessent de se définir uniquement contre les catholiques. "Ce qui est en train de changer..." Émission d'archive diffusée en mars 2017
Parce qu'il a encouragé les paysans du Brésil à vivre une expérience de foi, de libération, au contact de l'Évangile, Dom Xavier de Maupeou a été taxé de communiste. Il raconte son histoire.
C'est le témoignage d’un homme de 80 ans qui a passé sa vie auprès des plus démunis du Brésil. Dom Xavier de Maupeou était un tout jeune prêtre ordonné pour le diocèse du Mans quand il est parti en Amérique latine en 1962. Aujourd'hui retraité, l'évêque émérite du diocèse de Viana vit toujours dans l'archidiocèse métropolitain de São Luís do Maranhão, qui correspond à la région apostolique du "Nord-Est V" (selon la Conférence nationale des évêques du Brésil). Malgré la maladie de Parkinson qui l'atteint, il a publié "Un Français évêque au Brésil questionne son Église" (éd. Karthala, 2017). Et continue à vivre sa vocation d’homme et de prêtre. "J'ai découvert le choix prioritaire des pauvres et en même temps la grandeur de Dieu" de la Jeunesse ouvrière des quartiers pauvres... Son expérience en Algérie lui a avait inspiré l'idée d'une vie de mission hors de France. Entré au séminaire en 1957, Xavier de Maupeou est ordonné en 1962. Quelques mois après, il est envoyé comme prêtre fidei donum au Brésil. Un monde qui lui était inconnu "mais tellement plein de vie, tellement grand, tellement accueillant" que tout de suite il a ressenti "de l'amour pour ce pays". Sa mission : évangéliser la jeunesse ouvrière et lancer une Action catholique ouvrière (ACO) dans les quartiers populaires dans l'État du Maranhão. Il se souvient des baraques en bois sur pilotis où vivaient les populations ouvrières, au-dessus des terres marécageuses et polluées. Des quartiers où l'Église n'allait pas. "J'ai commencé à découvrir combien l'Église était loin des préoccupations des gens." Les habitudes du clergé d'alors se résumaient à une pastorale traditionnelle, confesser et dire la messe. Une Église confinée qui lui a fait prendre conscience de la nécessité d'aller à la rencontre des populations. ... aux paysans sans terre Ce que Xavier de Maupeou a découvert au Brésil, à partir de 1968 environ, c'est un système d'évangélisation nommé le desobriga, pour "se désobliger". En d'autres termes : s'acquitter auprès du prêtre en lui versant de l'argent pour les sacrements qu'il venait célébrer de communauté en communauté, à la saison sèche. Aux yeux du Français cela était "insupportable". Avec un autre prêtre, il a entrepris de préparer la prédication avec les paysans. Dans le but de les "aider à réfléchir sur l'Évangile, pour qu'ils puissent forger leur foi, qu'ils aient une foi adulte". Ce qu'on lui a reproché par la suite. "Que les gens prennent conscience, réfléchissent, commencent à dialoguer, aient des réponses, c'était considéré comme une révolte contre le pouvoir établi. Donc on me traitait de communiste." Mgr Xavier de Maupeou a fait partie de la grande aventure des communautés ecclésiales de base (CEB) qui ont fleuri au sein du peuple des paysans brésiliens, un peuple opprimé dont il a partagé les combats. Pour ces populations souvent spoliées de leur terre, l’Évangile est apparu véritablement comme une bonne nouvelle de libération et de justice. C’est pour cette raison que Mgr Xavier de Maupéou devenu évêque de Viana (dans l'État du Maranhão.) Il a été le coordinateur de la Commission pastorale de la terre (CPT) et dans l'État de Maranhão. Xavier de maupeou ou "le choix prioritaire des pauvres" Pour comprendre l'homme de foi qu'est Xavier de Maupeou il faut revenir à ses origines. Ses racines, c'est la Bretagne, la Vendée, et "un milieu profondément catholique". Élevé dans le respect et la crainte de Dieu, Xavier de Maupeou est un catholique de l'Ouest de la France, né à Saumur en 1935 et qui a passé toute sa jeunesse à Nantes. Sa famille lui a appris la nécessité du partage et la préoccupation pour les pauvres. Puis il y eut plus tard la découverte de l'islam qui l'a profondément marquée. Il la doit à son affectation au 4e régiment de Spahis à cheval. Chef de peloton, il avait sous ses ordres des Tunisiens ou des Algériens. À leur contact s'est posée pour lui la question radicale de sa foi et de son identité chrétienne : "Je suis chrétien, qu'est-ce que ça veut dire être chrétien ?" En Algérie, il a aussi rencontré "le monde des pauvres", comme il le nomme. "J'ai découvert le choix prioritaire des pauvres et en même temps la grandeur de Dieu." Émission d'archive diffusée en juin 2017
Rena et Romain de Chateauvieux font de l'évangélisation en Amérique latine. En se mettant au service de l'Église ils ont fait le choix de la simplicité de vie et de la disponibilité.
Avec leur quatre enfants - bientôt cinq, ils vivent une vie de famille dans les quartiers les plus défavorisés des villes où ils sont envoyés. Réna et Romain de Chateauvieux sont mariés depuis juillet 2006. Elle est brésilienne et lui français. Issus de milieux que tout oppose, ils ont pourtant fait l'un et l'autre l'expérience d'une conversion radicale au Christ, avant de se rencontrer. Aujourd'hui ils parcourent l'Amérique latine pour annoncer l'Évangile. En janvier 2016, le couple a effectué une "tournée missionnaire" à bord de son "Holybus": de Paris à Londres en passant par Genève ou Lyon. Ils y ont multiplié les rencontres et les témoignages pour parler de leur projet "mission Tepeyac". "On a découvert la joie profonde du don" La mission, une vocation Pour eux, la mission est une vocation à temps plein, même mariés, même parents. Après leur mariage ils sont partis vivre pendant deux ans aux États-Unis. Installés dans un mobile-home au cœur d’un ghetto peuplé d’immigrés clandestins d’Amérique latine, ils ont découvert la réalité des migrants. À la suite de cette expérience de volontaires pour Fidesco, Réna et Romain de Chateauvieux ont été envoyés par la Conférence épiscopale du Brésil, qui les soutient dans leur "mission Tepeyac". Pendant plusieurs années ils parcourent l'Amérique latine à bord d'un bus et partent à la rencontre des plus pauvres. À travers les personnes qu'elle côtoie, Réna, de son vrai nom Renaildes, retrouve un peu de ce qu'elle a vécu étant jeune. "Je suis née à Salvador de Bahia dans un bidonville marqué par une grande pauvreté, le trafic de drogue, la violence, la prostitution", raconte-t-elle. Il a suffit d'une lecture de la Passion du Christ, vers ses 16 ans, pour que s'opère en elle un changement radical. Elle qui n'avait pas reçu d'éducation religieuse a fait la rencontre d'un Dieu "qui [lui] révélait son amour". Elle confie: "Il était clair que ma vie ne pouvait pas être pareille et que moi aussi je devais montrer mon amour pour lui". Misericordia, une œuvre catholique de développement Qu'est-ce qui pousse un jeune couple à faire ce choix de vie radical au service de l'annonce de l'Évangile? Ils auraient pu opter pour une vie confortable. "Quand on a pris la décision de se marier on voulait orienter notre vie de famille pour les pauvres et pour l'Église", disent-ils. Romain, qui a fait des études d'architecture en France, s'est engagé dans une voie totalement inattendue pour lui. Il dit avoir fait une "véritable conversion aux côtés des petits et des pauvres en découvrant leur richesse, qui est la vie main dans la main avec le bon Dieu". Romain et Réna de Chateauvieux ont fondé en 2013, Misericordia, une œuvre catholique de développement qui accueille des jeunes célibataires ou des couples en Volontariat de solidarité internationale (VSI). Émission enregistrée en janvier 2016
"La non-violence, c'est une manière de faire qui découle d'une manière d'être", disait Aldo Capitini. Une phrase qui séduit fortement Sébastien Dumont. Apiculteur dans Drôme, il est habité par une vie spirituelle intense, marquée par la non-violence. Et qui rejoint la dimension d’écologie intégrale prônée par le pape François. Rencontre. La non-violence, un chemin spirituel Originaire de la Sarthe, Sébastien Dumont a reçu une éducation religieuse marquée notamment par l'évocation du roi Josias, dans la Bible, et "le scandale de la mort du juste". Quelques années plus tard, en 1991, il a subi une agression à Nantes : cet événement a fait écho à l'histoire du roi Josias qui l'avait fortement marqué enfant. "La confrontation avec la violence alors qu'on a rien fait, le scandale de la violence injuste, ça a suscité en moi une haine extrêmement forte, que je ne pouvais pas maîtriser." Sébastien Dumont a "entamé un chemin existentiel" habité par la question : "Comment répondre à la violence et au mal ? Comment je fais pour vivre avec ces questions-là ?" Il s'est plongés dans les textes de Martin Luther King et de Lanza del Vasto. "Ça m'a donné une compréhension sur les violences qui habitent notre monde, et la non-violence comme une réponse essentielle au message chrétien." Une reconversion professionnelle Habité d'une intense soif spirituelle, attiré par la prêtrise, Sébastien Dumont s'est senti toutefois appelé au mariage et à une vie dans le monde. "Quand j'ai commencé à travailler, pour moi il était important de chercher un travail non-violent économiquement." Devenu ingénieur dans un bureau d'étude, il a ressenti une aspiration "à une unité de vie plus forte", à donner plus de place au corps et à la contemplation. D'apiculteur amateur, il est devenu peu à peu professionnel. Parents de sept enfants, de huit mois à 17 ans, Lucile et Sébastien Dumont se sont installés dans la Drôme, à Châteauneuf-de-Galaure. Ils ont créé Les ruchers de saint Ambroise, il y a une dizaine d’années. Lui s'occupe de leurs 260 ruches et commercialise son miel. Il n'avait pas d'origines paysannes mais il était "proche culturellement" de ses grands-parents au "mode de vie simple, avec un grand potager, des animaux à élever pour l'autosuffisance..." Les abeilles et la non-violence "Dans la question du travail il y a un enjeu hyper fort et qui rejoint la question écologique : c'est qu'en fait par le travail, explique-t-il, on va à la rencontre de la création, de la nature, de la matière." Les abeilles lui enseignent la non-violence en l'invitant à "rendre grâce" pour la création et sa beauté. "Contempler les abeilles, c'est extrêmement beau !" L'apiculture lui enseigne "que même si vous travaillez ce n'est qu'une coopération" et cela "relativise l'importance du travail". Reconnaître qu'il y a quelque chose "de l'ordre de l'alliance avec l'animal", qui est "donnée". Émission d'archive diffusée en février 2018
Après une rencontre personnelle avec le Christ en 2007, Michel Cool vivait une paix intérieure inédite. Elle a été ébranlée par la peur qui s'est immiscée en lui avec les attentats de 2015.
ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS : LES REDIFFUSIONS DE RCF - Dans le contexte d'épidémie de coronavirus, les équipes RCF se mobilisent pour vous informer, vous accompagner et permettre à tous de rester en communion par la prière. Durant cette période, RCF vous propose de réentendre des émissions pour vous évader et vous aérer. > En savoir plus En 2007, Michel Cool a fait une expérience intérieure qui a bouleversé sa vie. Il l'a d'ailleurs racontée dans son livre "Conversion au silence" (éd. Salvator, 2011). Depuis, il y a eu les attentats en 2015 qui ont plongé notre pays dans la peur de l'autre. Lui pensait être "protégé" depuis sa rencontre avec le Christ a cédé un temps au repli sur soi et à la méfiance. Jusqu'à une prise de conscience. Il a écrit "De quoi avons-nous peur ?" (éd. Salvator) pour dire combien la peur est "l'ennemie numéro un de la foi". Après cette expérience spirituelle radicale, profonde, Michel Cool pensait "être prémuni, protégé, immunisé" "Il y a 10 ans, j'ai fait la rencontre de ma vie" Le 25 janvier 2007, à l'abbaye Notre-Dame de Scourmont, en Belgique, Michel Cool décide de faire une promenade avant de prendre la route pour rentrer chez lui. Au détour d'un chemin, le journaliste est "pris d'une crise de larmes phénoménale". Il ne se souvient pas combien de temps ça a duré, probablement longtemps. "C'était à la fois violent et doux." Et juste après un sentiment de "libération, de joie, d'insouciance de l'âme". "Je suis là, je t'aime, tu n'es pas seul" : ce sont les mots qu'il a "entendus résonner dans [son] cœur, des mots simples suggérés par le silence de la présence". Il lui faudra du temps pour ensuite comprendre cette expérience. "Trois ans d'approfondissement, de décryptage, de prise de distance par rapport aux événements." Dans sa "Conversion au silence" il décrit "une ardente obligation de témoigner". Il confie aussi que depuis, il ressent "un impérieux devoir de relire régulièrement sa vie" et de fréquenter les Écritures, de méditer la parole de Dieu. ÉCOUTER ► La fragilité d'où naît la rencontre La fragilité qui ouvre à la rencontre Une expérience spirituelle vécue après un licenciement suivi de peu par la mort de son père - avec cette "impression d'être amputé d'une part de sa vie"... Il y a eu aussi l'expérience de la maladie, "le coup de grâce" comme il l'appelle. Lui qui était plutôt en bonne santé s'est trouvé à l'hôpital pour des problèmes cardiaques. Des épreuves qui obligent à être plus vrai, plus humble. "Je n'étais pas seul, mais il y avait en moi une grande solitude, une grande détresse, un grand désert intérieur." Mais aussi "la fragilité prédispose à vivre de vraies rencontres gratuites..." "Cette conversion au silence m'a fait entrer dans une autre dimension de la foi qui pour moi est à présent, et je l'espère jusqu'au terme de ma vie terrestre, une histoire d'amour." Michel Cool était déjà chrétien, baptisé, engagé dans l'Église. Enfant, il avait même une "très grande sentimentalité religieuse", décrit-il. Journaliste pour La Vie ou Pèlerin, il avait beau être "en prise directe avec la vie de l'Église et les communautés croyantes", il vivait "un christianisme tiède". Il confie : "Je n'avais pas fait la rencontre personnelle qui fait que ça change tout dans votre vie, qui fait que le Christ est une personne." ÉCOUTER ► "Vivre pleinement face à la peur" - 20 ans après, le message des frères de Tibhirine La peur, l'ennemie Après cette expérience spirituelle radicale, profonde, Michel Cool pensait "être prémuni, protégé, immunisé". Comme si la foi était comme un rempart contre les "intempéries de l'histoire". Évidemment il n'en est rien. "Je dirais peut-être même d'avoir fait l'expérience d'être extrêmement vulnérable depuis que j'ai été visité par le silence de la présence, comme je dis souvent." Aussi quand la France a connu une vague d'attentats terroristes, comme beaucoup, lui aussi a cédé à la peur. Au point d'éviter un voisin tunisien avec qui il discutait volontiers auparavant. "Ce qui m'a surpris justement c'est que moi qui étais quelqu'un de bienveillant, curieux des autres, aimant la relation, d'un seul coup j'évitais de renconter certaines personnes parce qu'elles ne croyaient pas comme moi..." C'est cela dont il parle dans son dernier livre : comment lui qui avait été à l'initiative de rencontres interreligieuses a pu en arriver là. Comment la peur l'avait incité à agir "en incohérence totale" par rapport à tous ses engagements précédents. Et à l'encontre de ce qu'il avait reçu sur ce petit sentier des Ardennes. "Je suis en train de renier celui qui m'a dit ça", s'est-il dit. "J'ai compris que la peur était l'ennemie numéro un de la foi." entretien réalisé en mai 2018
ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS : LES REDIFFUSIONS DE RCF - Dans le contexte d'épidémie de coronavirus, les équipes RCF se mobilisent pour vous informer, vous accompagner et permettre à tous de rester en communion par la prière. Durant cette période de confinement, RCF vous propose de réentendre des émissions pour vous évader et vous aérer. > En savoir plus Vous l’avez sûrement entendu ces dernières années car il a été très sollicité par les médias sur les grandes questions de société. Tugdual Derville poursuit son combat en faveur du respect de la dignité humaine. Délégué général d’Alliance Vita, co-initiateur du Courant pour une écologie humaine (CEH), cet homme jovial de 55 ans ne craint pas de prendre la parole pour dénoncer les discours "bien pensants". Fin de vie, handicap, diagnostic prénatal, procréation médicalement assisté (PMA)... pour Tugdual Derville, la façon dont l’homme contemporain manipule le vivant n’est pas sans conséquences. En tant qu’homme mais aussi en tant que chrétien il ne ménage pas ses forces pour redire l’éminente dignité de chaque être humain. Marié, père de six enfants, Tugdual Derville est aussi le fondateur de l'association À bras ouverts, qui propose à des séjours à des jeunes personnes handicapées. Émission d'archive diffusée en décembre 2017
C'est dans les rues de Manille, que le Père Matthieu Dauchez exerce son ministère de prêtre. Il s'occupe de l'association ANAK-Tnk, qui vient en aide aux enfants pauvres de la capitale des Philippines, association qui fête cette année ses 20 ans. Le Père Dauchez a raconté son aventure humaine et spirituelle dans plusieurs livres. En 2015, il était sur RCF pour témoigner de son parcours à l'occasion de la sortie de son ouvrage, "Plus fort que les Ténèbres" (éd. Artège, 2015). "Qu'un enfant puisse ne pas être aimé ça me paraît être le plus grand scandale" De Versailles aux rues de Manille Un jour, des amis séminaristes, souhaitant le provoquer, lui ont dit qu'avec ses origines versaillaises il serait bien incapable de partir en mission. Les prenant au mot, Matthieu Dauchez décide de les suivre jusqu'à Manille et d'accompagner le jésuite Jean-François Thomas dans la fondation de ce qui s'appellera ANAK-Tnk. "Anak" qui signifie "enfant" en tagalog et les trois lettres "TNK" sont les initiales de la fondation connue à Manille sous le nom de "Tulay Ng Kabataan", qui signifie "Un pont pour les enfants". En 1998, le jeune séminariste entame donc un séjour de deux ans aux Philippines, deux ans qui vont changer sa vie. Et révéler ce qu'il appelle à la suite de mère Teresa, "un appel dans l'appel". Lui qui sait qu'il veut devenir prêtre ne se doutait pas que ce serait pour être au service des enfants des rues, des bidonvilles et de la décharge. "J'ai compris que je voulais donner ma vie pour ça." Donner sa vie pour l'amour qui manque aux plus pauvres. "J'ai compris que la plus grande misère n'était pas d'abord une misère matérielle mais cet amour qui n'était pas donné à ces enfants, dont ils manquaient tant." "Une misère qui vous donne des claques" La première fois qu'il a mis les pieds à Manille, il a été "extrêmement surpris, déstabilisé" par cette grande pauvreté dans laquelle vit 70% de la population. "Vous arrivez dans un pays qui a une misère qui nous donne des claques." La peur ? Elle lui vient quand il regarde en arrière et constate tout le chemin parcouru. Et en se disant que "si Dieu n'était pas à ses côtés", il ne serait "pas là aujourd'hui". Il se souvient de la première nuit qu'il a passée dans la rue avec les éducateurs, pour aller à la rencontre d'enfants âgés de 7 à 8 ans drogués ou dormant dans les ordures. Très loin du Versailles où il a grandi ! "J'ai toujours été d'une certaine façon très marqué par l'amour que doivent donner des parents, ayant eu la chance d'avoir des parents très aimants, et qu'un enfant puisse ne pas être aimé ça me paraît être le plus grand scandale." ÉCOUTER ► "Aller vers les périphéries", comprendre la spiritualité du pape François Où se situe la vraie richesse Après son premier séjour à Manille, il lui a fallu rentrer en France, pour poursuivre ses études au séminaire. Et surtout discerner. "Il a fallu trois ans pour discerner, être accompagné, comprendre comment se donner totalement à cette vie-là." Le Père Dauchez a été ordonné diacre en 2003 puis prêtre en 2004 pour le diocèse de Manille. Lui qui se voyait très bien en curé de paroisse dans les Yvelines s'est découvert "pris aux tripes" et appelé bien loin de là, aux périphéries, comme le dit le pape François. Cette formidable et terrible aventure humaine et spirituelle auprès des pauvres de Manielle, il l'aborde en "témoin privilégié". "Les plus belles leçons je les reçoit des familles des bidonvilles, des familles de la décharge." Témoignage qu'il s'efforce de transmettre dans ses livres. "Le pape François nous incite à être sans cesse à l'écoute de ces plus pauvres et je m'aperçois qu'effectivement la vraie richesse elle se situe dans les ordures de Manille." Émission enregistrée en décembre 2015
"Et si Dieu était laïc ?!" Dans son spectacle Marie-Christine Bernard raconte comment Dieu est fatigué de la religion. La théologienne monte sur scène pour porter un texte rafraîchissant...
Quand on est théologienne, monter seule sur scène et interpréter un one woman show consacré à Dieu, il faut le faire ! Cette expérience originale et créative c’est l’aventure dans laquelle s’est lançée Marie-Christine Bernard. Son spectacle "Et si Dieu était laïc ?" est l’aboutissement d’un projet un peu fou qu'elle avait en tête depuis quelques années. Théologienne, coach, écrivain, conférencière, Marie-Christine Bernard met ses talents au service de l’humain et se passionne pour la rencontre de l’autre. Une femme passionnée de Dieu, aussi, qui souhaite dépoussiérer la foi. Émission diffusée en janvier 2018
"La vérité est pour moi davantage une question qu'une réponse." Pour Mgr Claude Rault, ancien évêque du Sahara, tout croyant est un nomade à la recherche du visage de Dieu...
"La violence ne s’enracine ni dans la Bible, ni dans le Coran, ni dans aucune écriture, elle s’enracine dans le cœur de l’homme." Ces paroles d’apaisement, Mgr Claude Rault n'a cessé de les prononcer, que ce soit en Europe, ou bien aux quatres coins du Sahara, le diocèse un peu particulier dont il avait la charge. De 2004 à 2017 en effet, il était évêque de Laghouat en Algérie, un diocèse immense qui s’étale dans le Sahara. Celui que l’on appelle "l’évêque du désert" est un homme de dialogue et d’apaisement. Son aspiration à la fraternité universelle, il la doit bien entendu à Charles de Foucauld, dont il ne cesse de marcher sur les traces. Mais peut être aussi à sa famille, lui, le fils de paysan normand devenu Père blanc dans les années 60. Émission d'archive diffusée en novembre 2016
Émission d'archive diffusée en mai 2019
Animé par sa foi chrétienne, le neuropédiatre Alain de Broca souhaite apporter sa pierre à la construction d'une société qui donne toute sa place à l'homme. Témoignage.
Neuropédiatre, Alain de Broca dirige l'Équipe ressource régionale de soins palliatifs pédiatriques (ERRSPP) du CHU d'Amiens. Philosophe, auteur de nombreux ouvrages, il interroge les changements qui se profilent dans le champ de la bioéthique et de la médecine de demain. Mandaté par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), Alain de Broca a organisé en 2018 des dizaines de débats dans le cadre de la future révision de la loi. Animé par sa foi chrétienne, ce membre de la Mission de France, souhaite apporter sa pierre à la construction d'une société qui donne toute sa place à l'homme. Émission d'archive enregistrée en mars 2019
Émission d'archive diffusée en septembre 2018
Danseur... en soutane. Le Père Franck Legros a fait le buzz en 2016, lors des JMJ de Cracovie en Pologne : sur des vidéos on le voyait danser vêtu de sa soutane. Dans son livre "Ton amour me fait danser de joie" (éd. L'Emmanuel), cet ancien danseur professionnel devenu prêtre de l'Église catholique (pour le diocèse d'Évreux) explique comment il conjugue sa vocation de prêtre et son amour pour la danse. Il livre aussi son regard sur l'Église, alors que l'institution traverse une crise profonde. Lui qui a vécu 18 années en paroisse assure que l'on peut être prêtre aujourd'hui et heureux : c'est d'ailleurs le sous-titre de son ouvrage, "témoignage d'un prêtre libre et heureux". "Danser c'est être pleinement en vie dans son âme et dans son corps" Un prêtre heureux dans une Église en crise Dans le contexte de crise que traverse l'Église catholique, marquée par les affaires de pédophilie, les prêtres font face à un climat de suspicion. Franck Legros se dit malgré tout heureux, par choix. "J'ai choisi d'être heureux, dit-il, parfois je pose des choix et je dialogue avec mon évêque pour rester heureux, je pense qu'un prêtre doit être heureux et joyeux pour porter du fruit." Pour pouvoir aussi se tenir à l'écoute du "peuple de Dieu", de son "espérance" et de ses "douleurs". Dans son livre, Franck Legros partage ses convictions sur ce qui doit changer dans l'Église. "Lâcher des structures paroissiales" mais surtout ne pas avoir peur se poser des questions de fond. "Je crois que l'Église doit se reposer les questions fondamentales : qu'est-ce qu'une communauté chrétienne? Quel est son objectif ? Qu'est-ce qu'un prêtre ? Quelle est l'identité profonde du prêtre ?" S'il se dit "rempli d'espérance", c'est que le Père Legros a "une conviction profonde" : il faut "repartir de la contemplation du Christ", du message de l'Évangile. Se convertir, se dépouiller, "on se prend le péché en pleine face on est obligé d'être humble, d'être pauvre mais on ne peut l'accepter que si on regarde Jésus... On est pauvres : quelque part on est plus libres". Le goût de Dieu et de la danse "D'où ça vient ? J'avais le goût de le Dieu, le goût de le chercher dans la prière." Issu d'une famille "catholique non pratiquante", Franck Legros n'allait pas à la messe mais était inscrit au catéchisme. "Pour moi la prière c'était le lieu de la rencontre avec Jésus, c'était enraciné en moi... Je crois que ça vient de la Vierge Marie." À part le jour où il a entendu ses frères expliquer pourquoi ils n'avaient plus la foi, Franck Legros n'a jamais perdu ce qu'il appelle "le goût de Dieu". "Je n'ai plus jamais plus douté de Dieu : je sais qu'il est là je sais qu'il est la vie." À 14 ou 15 ans, Franck Legros nourrissait déjà l'espoir d'être prêtre... et danseur. "C'étaient mes deux deux grandes passions, la danse et Dieu." Le goût de la danse, c'est un peu comme celui de la prière : ses origines sont "un mystère". "Je crois qu'au fond c'est le goût de la vie, confie-t-il, danser c'est être pleinement en vie dans son âme et dans son corps." Le déclic : devenir prêtre À 17 ans, il part seul en Allemagne pour l'opéra de Düsseldorf, puis il reçoit la médaille d'or du Conservatoire national de Rouen et intègre le Jeune Ballet de France à Paris. "J'aimais danser, j'aimais être sur scène, j'aimais l'entraînement : après, la découverte du monde entre danseurs c'était pas toujours la joie." De répétitions en spectacles, au cours de ses voyages, Dieu continue d'être présent. Même "éloigné de l'institution Église", Franck Legros garde sa bible avec lui. Toujours cette "quête intérieure qui ne me laissait pas tranquille". Un soir, de retour d'une répétition difficile il est pris par un questionnement : qu'est-ce que le bonheur ? Qu'est-ce que réussir sa vie ? "Surtout, je me suis vu sur mon lit de mort, j'avais 18 ans, je me parlais en me disant : qu'est-ce qui fera que je pourrai dire 'j'ai réussi ma vie' ? Ça brûlait dans mes entrailles, il y avait quelque chose, c'était très net, seul Dieu pouvait être le bonheur de ma vie". Une fois devenu prêtre, la danse reste une passion : "Il y a quelque chose de l'ordre de l'éternité et la danse ça fait partie de la vie avec Dieu donc ça ne s'éteindra pas." Émission d'archive enregistrée en novembre 2018
Michel Farin est devenu jésuite en 1961, avant d'être ordonné en 1968. Passionné de cinéma et convaincu de l'importance d'atteindre les gens par la télévision, il a pendant 35 ans travaillé à l'émission de télévision dominicale Le jour du Seigneur, pour laquelle il a réalisé de nombreux documentaires, tels Résistance et Pardon ou Le pouvoir et les larmes. Il est aussi l'auteur de plusieurs livres.
Le père Riffard a été jugé en 2014 pour avoir hébergé des demandeurs d'asile dans son église. Car pour lui, vivre l'Evangile, c'est répondre aux besoins fondamentaux de toute personne.