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En Tunisie, la marche pour Gaza initiée par un collectif de Tunisiens depuis lundi 9 juin est bloquée en Libye suite à la décision des autorités libyennes de l'Est. Alors que beaucoup ne souhaitent pas faire marche arrière, cette initiative a montré la force d'une mobilisation maghrébine en faveur des Palestiniens. Retour sur cette odyssée avec notre correspondante à Tunis. Samedi 14 juin, alors que la caravane Soumoud était encore bloquée à Syrte dans l'Est libyen, des centaines de Tunisiens se sont réunis au centre-ville de Tunis pour soutenir le convoi. Haykel Mahfoudhi, un journaliste indépendant, a fait la route avec la caravane jusqu'à Ras Jedir, le poste frontalier tuniso-libyen. « C'était vraiment incroyable le soutien que nous avons eu, la solidarité, tout au long des villes tunisiennes que nous avons parcourues. On sent que le mouvement de la marche pour Gaza a beaucoup fédéré. » Après les refoulements et expulsions au Caire de participants à la marche internationale, Raouf Farrah chercheur algérien basé en Tunisie, a dû renoncer à rejoindre la marche par voie aérienne. Présent lundi au lancement du convoi, il relève son importance sur le plan maghrébin, près de 700 Algériens se sont joints à l'initiative tunisienne : « Je pense qu'en tant que Maghrébin, nous sentons cette responsabilité à la fois morale et politique de dire "Assez au génocide, assez aux violences génocidaires contre les Palestiniens, au silence et à la complicité des autorités et des gouvernements, des institutions internationales face à un crime qui devrait être arrêté" ». À lire aussiLa caravane et la marche en solidarité avec Gaza stoppées en Libye et en Égypte Après avoir été accueilli à bras ouverts à Zawiya et Misrata en Libye, la caravane, dont la page Facebook cumule plus de 200 000 abonnés, s'est retrouvée bloquée à Syrte, côté Est libyen, depuis jeudi. Sans réseau et avec très peu de connexion, les participants n'ont pu poster que de rares informations et mises à jour sporadiques, disant être en négociations avec les autorités libyennes, selon Haykel Mahfoudhi : « On a eu vent de plusieurs personnes du convoi qui ont été arrêtées. On est encore en train de mettre à jour les informations que nous avons eues au fur et à mesure. C'est très difficile de joindre la caravane actuellement et on ne sait pas trop ce qu'ils vont pouvoir faire. » Dimanche 15 juin, les porte-paroles du convoi insistaient encore dans une vidéo pour rester en Libye et ne pas faire marche arrière. L'objectif final : passer en Égypte pour ensuite rejoindre la marche et aller à Rafah, mais avec les restrictions égyptiennes imposées aux autres participants, l'espoir d'arriver à bon port, reste fragile. À lire aussiMarche de solidarité avec Gaza: de nombreux militants pro-palestiniens interpellés au Caire en Égypte
En Tunisie, le mouton de l'Aïd a atteint des sommes astronomiques cette année, même si l'État a fixé le prix à moins de 22 dinars le kilo dans les points de vente règlementés. Mais malgré la crise économique, beaucoup de Tunisiens ne veulent pas se passer de cette tradition du sacrifice. D'autres se tournent vers l'achat de la viande au kilo, moins coûteuse. Dans un point de vente informel en bord de route de la banlieue de Tunis, les clients se pressaient hier pour acheter le mouton. L'acheter la veille est une technique pour s'assurer que les prix ont baissé, liquidation des stocks oblige, mais cette année ce n'est pas le cas. « Je suis venu avec l'intention d'acheter et là franchement les prix, c'est n'importe quoi, s'agace Wassim, 30 ans, employé dans un centre d'appel. Ça fait deux semaines que je vais d'un endroit à un autre et les moutons sont tous hors de prix. En plus, ici, ce n'est pas un endroit officiel pour acheter, ce sont juste quelques personnes qui se sont mises en bord de route pour vendre et on a l'impression qu'ils donnent des prix au pif. »Pas le budgetLes prix varient entre 800 et 2 000 dinars par bête, soit entre 230 et 590 euros. Leur prix en Tunisie a connu une augmentation de près de 90 euros par rapport à l'année passée. « Honnêtement, je ne sais pas ce que je vais faire, hésite Monia Ben Moussa, retraitée. L'un m'a dit 1 000 dinars, l'autre 2 000, je n'ai pas le budget. En plus, ils n'ont pas l'air très en forme ces moutons. Je pense que je vais essayer d'en trouver ailleurs. »Certains dénoncent les arnaques comme le fait de gaver le mouton avec du pain salé pour augmenter son poids au moment de la vente, d'autres ont donné un acompte et le vendeur a disparu avec le mouton. « Son collègue m'a assuré qu'il allait me rembourser, mais du coup, je ne sais pas si je vais trouver un mouton comme il faut avant l'Aïd, s'impatiente Rajaa, mère de deux enfants. Je pensais avoir fait une affaire avec celui-là, mais non. Chaque année, c'est le même problème, les prix augmentent donc on se tourne vers les moins chers et, parfois, ce n'est pas toujours très réglo. C'est notre lot quotidien pour nous qui avons des revenus modestes. »À lire aussiLe prix des bêtes affole les Tunisiens à quelques jours de l'Aïd el-KébirVente à la coupeDu côté des bouchers, c'est le rush de la dernière heure. Le jour de l'Aïd, beaucoup sont mobilisés pour l'égorgement du mouton, mais la veille, ils vendent la viande à une clientèle de plus en plus nombreuse. « C'est encore plus visible cette année, observe Walid Tabelsi, qui enchaîne les coupes de viande… Regardez la file d'attente rien qu'aujourd'hui… Les gens achètent entre un et trois kilos de viande faute de pouvoir acheter un mouton. »Marges faibles selon les bouchersAdel un autre boucher se résigne à cette augmentation des prix qui l'affecte aussi et n'est pas près selon lui de s'arrêter. « Même nous, en tant que boucher, on fait très difficilement une marge sur la vente au kilo. À peine de quoi maintenir la boutique et s'acheter des cigarettes ».La flambée des prix a créé une forme de boycott, selon la Chambre nationale des bouchers. Au 31 mai, un client sur cinquante était reparti sans acheter de mouton.À lire aussiEn Afrique, d'où viennent les moutons sacrifiés de la Tabaski?
Dans un pays où les transports en commun font souvent défaut, deux Tunisiens ont lancé, il y a quatre ans, la start-up Pixii Motors pour développer un scooter électrique intelligent. Leur objectif : désengorger les villes grâce à l'intelligence artificielle embarquée et promouvoir un mode de transport écologique. De notre correspondante à Tunis,Dans la technopole d'El Ghazela à Tunis, Anis Fekih, l'un des cofondateurs de Pixii Motors, met les dernières touches à son prototype de scooter intelligent, le Shadow. « C'est une moto électrique. On n'a rien réinventé. La roue existe déjà, mais ce qu'on a un peu poussé, c'est la partie technique. Ce que vous voyez ici, c'est un cockpit avec toutes les données : la météo du jour, l'autonomie, l'état de la batterie, et tout ça ». Scooter rechargeable sur prise 220 VPas du tout issus du monde de la moto, Anis et ses cofondateurs, alors salariés d'entreprise, voulaient surtout créer un moyen de transport adapté aux besoins urbains actuels en Tunisie, où les bornes de recharge électriques sont encore rares. « On s'est dit qu'aujourd'hui, dans les grandes villes, la majorité des habitants habitent dans des appartements, donc il y a un vrai souci de recharge. On a donc créé le scooter sur la base d'une batterie amovible, et deuxièmement, une batterie qui peut se recharger comme n'importe quel téléphone, avec une prise 220 volts classique, rechargeable en trois heures », explique Anis Fekih.De l'IA pour plus de sécuritéAvec un premier capital de 7 000 euros, obtenu grâce à un concours de pitchs organisé par l'accélérateur tunisien RedStart, ils conçoivent pendant trois ans ce scooter, deux fois moins lourd qu'un modèle à essence. Proposé à un prix compétitif, environ 2 400 euros, il concurrence les autres marques grâce à ses options technologiques avancées. « On a intégré un chatbot qui peut assister le conducteur pour effectuer certaines tâches, anticiper des besoins ou fournir du support en cas de panne. On a aussi intégré un système anticollision, un système de détection d'angle mort... donc on a beaucoup misé sur la sécurité ».Au début de l'année, la start-up a sécurisé une levée de fonds de 530 000 euros et finalise les détails pour obtenir une certification et s'aligner sur les régulations européennes. L'objectif : viser le marché tunisien, mais aussi international.Les scooters électriques, l'imparfaite solution à la pollution de l'air en Inde
durée : 00:05:54 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Près de 2 000 Tunisiens ont manifesté jeudi à Tunis, à l'occasion de la fête des Travailleurs, contre la politique du président Kaïs Saïed et pour demander la libération de personnalités politiques emprisonnées.
En Tunisie, après l'entrée en vigueur d'une loi réglementant davantage l'usage des chèques début février, leur usage a considérablement chuté. Moins 94 % selon les chiffres de la Banque Centrale alors qu'ils représentaient 53 % des échanges en 2024. Cette nouvelle loi a de fait un impact sur l'économie. Les chèques étaient, pour la plupart des commerçants, entrepreneurs et particuliers, un moyen de garantie et non de paiement, pour faire face à un manque de trésorerie ou de liquidité récurrent. Hedi Sefi, 57 ans, entrepreneur en bâtiment, supervise son chantier en banlieue de Tunis. Beaucoup de ses autres chantiers sont à l'arrêt à cause de la nouvelle loi sur les chèques entrée en vigueur en Tunisie début février. « J'avais vraiment l'habitude de travailler avec l'ancien système, car ni les propriétaires de la maison que je construis, ni moi, ni mes fournisseurs n'avions assez de liquidité pour tout payer d'un coup, explique-t-il. Donc, c'était un système de confiance où chacun donnait des chèques comme garantie ou caution et cela nous permettait d'avancer dans le chantier. Mais là avec le nouveau système, il faut de l'espèce tout de suite sinon ce n'est pas possible et du coup ça impacte tout le monde. »Avec la nouvelle loi, Hedi peut encore demander un chéquier, mais il sera plafonné selon sa solvabilité, avec des chèques ayant une date d'expiration et un QR code pour assurer leur traçabilité. « J'ai fait une demande à ma banque, et ça n'a pas abouti, tout simplement parce que je n'ai pas assez d'argent sur mon compte, comme la majorité des Tunisiens », constate-t-il, résigné.Pour les victimes de ces sanctions comme Abdelkrim, la nouvelle loi est un soulagement. « Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis content de cette loi, parce qu'avant, vous aviez des gens qui traitaient leur carnet de chèques comme un moyen de crédit et qui les distribuaient partout pour payer, sans avoir l'argent derrière quand le chèque était encaissé », détaille ce menuisier dans l'aluminium qui parle en connaissance de cause. « J'en ai fait partie, je suis d'ailleurs interdit de chéquier depuis des années et ça m'a bien gâché la vie », regrette-t-il.À lire aussiTunisie: leurs petites entreprises ne sortent pas de la crise« Est-ce qu'on a trouvé un financement qui donne la sécurité au créancier et au débiteur ? »Ce nouveau système a été instauré pour lutter contre le phénomène des chèques sans provision, puni de lourdes peines de prison, mais très répandu en Tunisie. La Fédération des artisans et des petites et moyennes entreprises défend aussi la loi, car beaucoup d'entrepreneurs ont fait faillite à cause de chèques sans provision. « Là, j'ai devant moi tous les chèques qui me sont revenus impayés. En tout, j'ai plus de 100 000 dinars qui ne m'ont pas été payés, vous vous rendez compte de ce que ça fait à une entreprise ? », interroge Mohsen Bourchada, trésorier de l'association et également directeur d'une entreprise de cosmétiques.Pour Louai Chebbi, de l'ONG Alert qui traite de corruption et de problèmes économiques, même si la nouvelle loi vient pallier un vrai problème, les Tunisiens manquent d'alternative actuellement pour remplacer l'ancien système. « Le problème du chèque n'était pas un problème de moyen de paiement, mais un problème de financement, estime-t-il. Est-ce qu'on a trouvé un financement moderne, est-ce qu'on a trouvé un financement qui donne la sécurité au créancier et au débiteur ? Non, aujourd'hui, il n'y a pas de solution moderne qui puisse faciliter les échanges des Tunisiens entre eux dans l'économie. » Beaucoup de Tunisiens ont encore du mal à s'adapter au nouveau processus. Le taux d'adhésion à la nouvelle plateforme Tunichèque n'a pas dépassé pour le moment les 4,7 % parmi les comptes éligibles.À lire aussiEn Tunisie, des podcasts pour sensibiliser aux questions économiques
En Tunisie, lors de la fête de l'Aïd, la tradition veut que les parents offrent de nouveaux vêtements aux enfants pour célébrer cette fête religieuse et familiale. Depuis le début de l'année, le prix du textile sur le marché local a augmenté de 9,7% et malgré une prolongation des soldes d'hiver en vue de l'Aïd, beaucoup de Tunisiens ont boudé les grands magasins. La débrouille et la seconde main l'emportent souvent. Dans le centre de Tunis, quelques jours avant l'Aïd, Khadija Maleej mère d'une jeune fille de 10 ans, arpente le marché des fripes pour trouver la perle rare, une tenue complète pour son adolescente. « Nous sommes à la fripe de Hay El Hadra à Tunis qui est connue pour être bien achalandée, décrit-elle, vous voyez, il y a pleins d'étals de vêtements. Moi je viens pour acheter les vêtements de l'Aïd pour ma fille, mais aussi des tapis, descentes de lit, du linge de maison et je viens ici car les prix sont beaucoup moins élevés »Les fripes, une alternative indispensableAvec un salaire moyen, son budget est d'environ 200 dinars pour sa fille, soit 60 euros, mais cette somme couvre à peine le prix d'un vêtement neuf dans les grands magasins. « Surtout avec l'augmentation actuelle, moi ça m'arrange vraiment de venir ici aussi pour trouver des marques, poursuit Khadija Maleej, j'ai fait un tour dans les grandes surfaces, 200 dinars, ça couvre à peine le prix d'un pantalon alors qu'à la fripe, je peux prendre plusieurs pièces pour le même prix ».Et la recherche s'annonce fructueuse pour elle et sa fille. Elles ont trouvé un sac, ne reste plus que la tenue. « Moi, je viens aussi pour lui trouver de nouveaux vêtements pour l'école car les fripes saisissent l'occasion de la période de l'Aïd pour sortir aussi un nouvel arrivage en fonction de la saison ».« Vous pouvez trouver du luxe ici »Pour ceux qui ne veulent pas passer trop de temps à chercher, les dépôts vente pullulent à Tunis ces dernières années.َ À Babytroc, l'un des premiers à ouvrir il y a dix ans, la fondatrice Olfa Barkelli gère une grande affluence avant l'Aïd : « Au début, ça m'a surpris de voir que les gens achetaient de la seconde main parce qu'on est habitués à ce que les gens achètent du neuf, mais en fait d'année en année, je voyais que les gens affluaient pour ça. C'est notre mois de travail, voilà ».La clientèle est aussi à la recherche de marques étrangères ou importées, souvent introuvables en boutique. « Vous pouvez trouver du luxe ici. On peut trouver du Dior et du Dolce Gabbana, ici. On peut trouver ça à petits prix ».Si cette année, le début du mois a été difficile avec la nouvelle loi sur les chèques qui ne permet plus de faire crédit, la boutique ne désemplit pas à la veille de l'AïdÀ lire aussiLes vêtements de travail tunisiens à la conquête de nouveaux marchés
Une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) est une mesure administrative prononcée par le préfet, imposant à un étranger en situation irrégulière de quitter la France dans un délai défini. Plusieurs motifs peuvent justifier son application, conformément au Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA).1. Séjour irrégulierL'OQTF est souvent prise lorsque l'étranger est en situation irrégulière sur le territoire français. Cela concerne :Les personnes entrées sans visa ou sans titre de séjour valide. Les demandeurs d'asile déboutés. Les étrangers dont le titre de séjour a expiré et n'a pas été renouvelé. Si un étranger demande un titre de séjour et que l'administration rejette sa demande, une OQTF peut être prononcée. Cela peut être motivé par l'absence de justificatifs suffisants (ressources, motifs de séjour, etc.) ou par une menace à l'ordre public.3. Comportement constituant une menace à l'ordre publicUn étranger peut être visé par une OQTF si son comportement est jugé dangereux pour la société. Cela concerne les personnes condamnées pour des délits graves ou impliquées dans des actes de terrorisme.4. Emploi sans autorisationUn étranger qui travaille sans autorisation (sans titre de séjour permettant l'exercice d'une activité professionnelle) peut être expulsé via une OQTF.5. Fraude ou fausse déclarationSi un étranger obtient un titre de séjour par fraude (faux documents, fausses déclarations, mariage blanc, etc.), l'administration peut annuler son titre et prononcer une OQTF.7. Expulsion pour atteinte aux intérêts fondamentaux de l'ÉtatEn cas de menace grave à la sécurité nationale, une expulsion immédiate peut être décidée.L'OQTF peut être avec délai (30 jours) ou sans délai (exécution immédiate) en cas de menace grave. L'étranger peut contester cette décision devant le tribunal administratif dans un délai restreint (48 heures à 30 jours selon les cas).En France, le taux d'exécution des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) est historiquement faible. Selon les données disponibles jusqu'à 2022, ce taux a fluctué autour de 12,5 % en moyenne sur les quinze dernières années, avec des variations notables :2007 : 3,9 %2012 : 22,4 %Depuis 2020 : stabilisation en dessous de 7 % Plus précisément, en 2022, le taux d'exécution des OQTF était de 6,8 %, soit 9 078 mesures exécutées sur les 134 280 prononcées. Ce taux a légèrement augmenté de 0,8 point par rapport à 2021, mais reste inférieur aux niveaux observés avant la crise sanitaire de 2020 .Concernant les nationalités des personnes sous OQTF, les données de 2022 indiquent que les ressortissants du Maghreb représentent une proportion significative :Algériens : 44 % des personnes sous OQTF Marocains et Tunisiens : ensemble, ils constituent une part notable des OQTF prononcées Ces chiffres mettent en lumière les défis auxquels la France est confrontée en matière d'exécution des OQTF, notamment en raison de la coopération variable des pays d'origine pour la délivrance des laissez-passer consulaires nécessaires au retour de leurs ressortissants .Il est important de noter que ces statistiques peuvent varier d'une année à l'autre et sont influencées par divers facteurs, tels que les relations diplomatiques, les politiques migratoires en vigueur et les situations géopolitiques des pays concernés. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
En Tunisie, le mausolée de Saïda Manoubia, une sainte ayant vécu à Tunis au XIIᵉ siècle, attire de nombreux Tunisiens. Sa proximité avec l'hôpital Razi, un hôpital psychiatrique, en fait un lieu d'accueil et un refuge pour tous. Même si peu de Tunisiens connaissent l'histoire de cette sainte, révolutionnaire pour son époque, son aura et les rituels qui l'entourent la démarquent dans le monde du soufisme, à grande majorité masculine. De notre correspondante à Tunis,Chaque dimanche, le mausolée de Saïda Manoubia à la Manouba, en banlieue ouest de Tunis, prend vie. Les rituels et les chants autour de la sainte font partie du culte. Ses fidèles, de tous âges et issus de toutes les classes sociales, en majorité des femmes, viennent assister au spectacle. « Je viens chaque mois, pour me recueillir, mais aussi pour me défouler, confie Ahlem, 30 ans. Les chants et la danse m'apaisent beaucoup. »D'autres viennent pour demander à la sainte sa bénédiction et se recueillir sur sa tombe, comme Latifa, 65 ans : « On vient depuis qu'on est enfant ici, c'est une tradition ancienne. Il n'y a pas que des gens de la capitale, il y a aussi des gens qui viennent d'autres régions. Là, on met du henné sur nos mains, cela va avec le rituel, décrit-elle. C'est pour célébrer la sainte et aussi souhaiter la réussite aux jeunes femmes qui vont se marier. Les fidèles de Saïda Manoubia, les plus aisés, font ainsi don de nourriture et d'argent pour les plus pauvres qui viennent s'y recueillir. »À écouter dans Religions du mondeLe patrimoine spirituel féminin de l'islam« Saïda Manoubia représente l'exception au féminin »En Tunisie, la religion majoritaire est l'islam et le soufisme, un courant mystique, fait partie de la culture depuis des siècles. Plus d'un millier de mausolées existe dans le pays, mais rares sont ceux dédiés à des saintes. Saïda Manoubia est l'une des plus connues, car son hagiographie a été écrite par un imam avant d'être traduite par l'historienne Nelly Amri. « Saïda Manoubia représente l'exception au féminin, parce que c'est une fille qui s'est rebellée contre son environnement, on parle du Moyen Âge, qui n'a pas voulu se marier », indique Rym Lajmi, enseignante à l'université de la Manouba, qui a écrit plusieurs articles sur la sainteD'après son histoire, Saïda Manoubia aurait ainsi suivi des cours de jurisprudence islamique chez des disciples masculins et aurait même prié à la mosquée Zitouna, un acte révolutionnaire dans le monde musulman du 12ᵉ siècle. Son parcours, inédit pour une femme à l'époque, alimente beaucoup de légendes. « C'est une sainte qui tenait toujours une canne avec laquelle elle frappait le sol, pour représenter le pouvoir, poursuit Rym Lajmi, et qui commandait les hommes sur la terre et les esprits également. »Le mausolée a été incendié, comme une trentaine d'autres, après la révolution de 2011, par des extrémistes religieux. Aujourd'hui restauré, il reste un refuge pour tous et surtout les plus marginalisés sur le plan social.À lire aussiTunisie: archives des prisonniers nord-africains de la Première Guerre mondiale
En Tunisie, sous le protectorat français, des milliers de soldats ont été conscrits pour rejoindre les rangs des tirailleurs africains. Pourtant, peu d'archives subsistent aujourd'hui sur l'engagement des Tunisiens dans la Grande Guerre (1914-1918). Grâce à une collaboration tuniso-allemande entre le Lautarchiv de l'Université Humboldt et la phonothèque du Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes de Tunisie, l'Allemagne vient de restituer au pays 445 archives sonores de soldats tunisiens faits prisonniers pendant le conflit. Un chant pour exprimer la dureté de l'exil et de la guerre a été enregistré il y a plus d'un siècle pendant la Première Guerre mondiale. Une des premières traces sonores des tirailleurs tunisiens engagés dans le conflit de 1914-1918, comme l'explique Mounir Hentati, conseiller culturel et ancien directeur du Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes. Il a découvert par hasard ces archives dans les années 2000, lors d'une visite à Berlin pour une conférence au musée ethnographique.« Un jour, j'étais un peu fatigué, je suis allé à la bibliothèque. Vraiment, ça s'est passé comme ça. Je demande s'il y a des enregistrements concernant la Tunisie et voilà, c'était le déclic. Je découvre un véritable trésor, et je me suis consacré à l'étude de ces documents et à leur écoute ».À lire aussiPatrimoine africain: la Belgique s'apprête à se doter d'une loi pour la restitutionAprès 25 ans, les archives sont enfin rapatriées à Tunis« Dans le cadre d'une révision de leur politique sur l'héritage colonial, de plus en plus de chercheurs et de voix en Allemagne ont appelé à libérer ces archives, à redonner vie à ces voix et à les resocialiser en quelque sorte ». Le soldat Sadok Ben Rachid était détenu dans un camp de près de 4 000 prisonniers au sud de Berlin, lorsque des Allemands ont décidé de mener des expériences ethnographiques en enregistrant ces tirailleurs venus d'Afrique du Nord et subsaharienne dans leur quotidien, à l'aide de gramophones et de cylindres phonographiques. « Certains étaient à la fois poètes et musiciens, et ils ont mis des paroles sur d'anciennes mélodies pour faire passer des messages. D'autres prisonniers ont été sollicités pour réciter du Coran ou chanter une mélodie de leur région d'origine. C'est un matériau très varié. Pour moi, c'est très émouvant, car cela relève de l'archéologie sonore ».Ce projet financé par la German Lost Art Foundation marque ainsi le début d'un travail de mémoire en Tunisie, mais pas seulement puisque 111 des enregistrements remis à la Tunisie sont ceux de tirailleurs originaires de toute l'Afrique du Nord.À lire aussiRestitution du patrimoine africain: «Il faut des accords bilatéraux de coopération culturelle»
En Tunisie, quatorze ans après la chute du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali, l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis reste encore un symbole pour beaucoup de Tunisiens. Si la date de l'anniversaire de la révolution tunisienne n'est plus officiellement le 14 janvier, jour du départ de Ben Ali, ce jour reste ancré dans les mémoires, quatorze ans plus tard, de ceux qui l'ont vécu de près. De notre correspondante en Tunisie,Dans le café Bonaparte, à quelques mètres de l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis en Tunisie, Romdhane Drissi, 69 ans, s'affaire derrière le comptoir. Ce cafetier a toujours travaillé à proximité de l'avenue Bourguiba depuis quarante ans. Le 14 janvier 2011, il était vendeur de costumes pour hommes dans une boutique de l'avenue :« Je me souviens du dernier discours de Ben Ali à la télé, celui qui a précédé sa chute. C'était vraiment un mauvais discours. Et ensuite, le lendemain, je suis allé au travail, j'ai ouvert la boutique et j'ai tout vu. Les manifestants qui affluaient, ceux qui ont crié devant le ministère de l'Intérieur. C'était vraiment un grand jour pour moi, même si je n'en comprenais pas l'ampleur. »Aujourd'hui, Romdhane fait partie des déçus de la révolution et ne célébrera pas le 14 janvier. « Comme beaucoup de Tunisiens, je n'aime pas trop me remémorer la révolution, et j'espère qu'on n'en fera pas une autre. La situation économique ne s'est pas du tout améliorée après la révolution », souligne-t-il.À lire aussiTunisie: une révolution confisquée?La librairie El Kitab résiste à sa manièreD'autres restent fidèles à la mémoire de la date du 14 janvier comme Salma Jabbes, la propriétaire de la librairie El Kitab, symbole culturel de l'avenue Habib-Bourguiba :« Tous nos libraires venaient tous les jours. Certains venaient à pied, certains se débrouillaient, mais venaient quand même. On a tenu bon parce que pour nous, c'était très important d'être présents, d'être là pour les manifestants. Très souvent, on ouvrait les portes pour faire rentrer les manifestants qui passaient rien que pour les faire ressortir par les portes de derrière. »Quelques jours après la chute du dictateur, la librairie met en vitrine tous les livres interdits à l'époque de Ben Ali. Un engagement qu'elle assume jusqu'à aujourd'hui :« Le contrôle sur les livres, sur la presse, sur les médias de manière générale, se fait de manière un peu insidieuse, où on essaye d'obliger les gens à faire de l'autocensure. Or, nous, depuis toujours, depuis la création de la librairie – c'était ma mère à l'époque qui avait démarré –, on n'a jamais voulu céder à ces pressions. »Et dans la vitrine, la liberté d'expression est présente avec le livre d'un collectif de chercheurs, intitulé Le Pouvoir d'un seul. Ce mardi 14 janvier, si des manifestations d'opposants politiques sont prévues, la librairie restera ouverte, comme chaque année.À lire aussiTunisie, 10 ans après la révolution, «beaucoup d'échecs, mais aussi beaucoup d'espoir» (Alaa Talbi)
En Tunisie, les cartes de la pauvreté et du tourisme se superposent en négatif. Plus on s'éloigne des régions littorales et du tourisme balnéaire, plus les indicateurs de développement dégringolent. Face à ce constat, une association tunisienne, Museum Lab – essentiellement financée par des fonds européens – tente de mieux faire connaître le patrimoine culturel et le potentiel touristique du nord-ouest de la Tunisie. Dans les ruelles de Testour, à 80 km au sud-ouest de Tunis, grenades, fromages et crêpes locales font la joie des visiteurs du week-end. Étrangers et Tunisiens sont venus explorer la fameuse Via Bagrada, du nom latin de la vallée de la Medjerda.L'association Museum Lab vient de lancer une application recensant les sites, les activités ou encore les tables d'hôtes et les hébergements de la région. Parmi les haltes qu'elle veut rendre incontournables : le site archéologique de Thignica. « C'est un nom lybique ou néo-punique qui a été latinisé », explique sur place le guide, Mohamed Halouani. Il s'agit de 50 hectares de ruines, en partie ensevelies et à découvrir. « Il n'y a même pas une pancarte pour expliquer, déplore un touriste. La visite est aussitôt interrompue par le gardien du site qui met quelques minutes à reconnaître l'autorisation du guide.Formations en médiation culturelleRattrapés par la bureaucratie tunisienne jusque sur un site antique, les organisateurs veulent pourtant continuer de croire dans le désenclavement de la région. « Ces cinq dernières années, on a formé des jeunes en médiation culturelle qui auront ainsi un outil générateur de revenus, souligne Safa Chérif, la directrice du projet Via Bagrada chez Museum Lab. Sur les trois dernières années, à El Kef, on est parvenus à former plus de 70 bénéficiaires de ce genre de formations. »Alors que Testour est la capitale de la grenade en Tunisie, qu'on appelle « romana » en arabe, Lamia Chékir Thabet, expert mandaté par l'Onudi pour accompagner le développement de projets créateurs d'emplois sur le terrain, œuvre à faire du fruit une des vitrines de la région. « Les acteurs et les opérateurs dans la région travaillaient pendant la saison, entre septembre et novembre, et après plus rien du tout et on s'est dit que c'était dommage que ce produit-phare de la région ne devienne pas un véritable moteur de développement économique. On a donc réuni tous ces acteurs et créé le concept : "Romana tour à Testour". »Circuit à vélo, en kayak, expositions, sites archéologiques, routes des fromages ou de l'huile d'olive, des projets se multiplient et confluent tous vers un même objectif : sortir d'un tourisme encore centré principalement sur une offre balnéaire, dans un pays qui a attiré 9 millions de touristes l'an dernier.
Avec ses 3 000 ans d'Histoire, la Tunisie est considérée comme un site archéologique à ciel ouvert. La découverte de nombreux trésors, de pièces de monnaie et autres artefacts antiques lors de fouilles archéologiques au XXᵉ siècle a toujours alimenté les mythes et légendes urbaines sur d'autres trésors présents sur le territoire. Les archéologues et écrivains tentent de lutter contre ces intox qui créent parfois une frénésie dans la recherche illégale de trésors. De notre correspondante à Tunis, Nous sommes en 1983, la Tunisie est la star de l'émission française de Jacques Antoine, La chasse au trésor. 40 ans plus tard, pour certains Tunisiens, chasser les trésors n'est pas un jeu, mais une addiction. Chaque année, les autorités saisissent plusieurs centaines de pièces archéologiques, artefacts, céramiques, tessons, résultats de fouilles illégales, au grand dam des archéologues. « Ce n'est pas spécifique à la Tunisie, c'est un peu partout, même en France, les gens, dans leur petit village, sont en train de faire des trous pour essayer de trouver des trésors, met en avant l'archéologue Aicha Ben Abed. Ce n'est pas vrai, on ne trouve pas des trésors comme ça. Premièrement, c'est vraiment exceptionnel, c'est dans des contextes très précis. »La trouvaille de trois grands trésors spectaculaires, faits d'or et de statues antiques, a rythmé le 20ᵉ siècle : le trésor marin antique de Mahdia découvert en 1909 par des pêcheurs d'éponges, puis celui de Rougga, datant de l'époque byzantine et découvert en 1972, et enfin le trésor romain de Chemtou exhumé en 1993. « Finalement, pour un archéologue, c'est bien de faire une telle trouvaille, mais surtout de préciser, de savoir d'où ça vient, quelle est la chronologie, pourquoi c'est là, poursuit Aicha Ben Abed. C'est ça en fait le questionnement historique et l'importance d'une telle trouvaille. »À lire aussiLa Tunisie, le petit paradis des archéologues« Dans les récits de nos grands-mères, il y a presque toujours des trésors cachés »Dans son livre Cinq histoires de trésors, l'écrivain Samir Marzouki s'est inspiré non pas de faits divers de chercheurs d'or illégaux, mais plutôt des histoires de son enfance : « Dans les récits de nos grands-mères, il y a presque toujours des trésors, des trésors cachés, etc., et je pense que cela travaille pas mal l'imaginaire des gens et donc certains y croient. »Dans ses récits, Samir Marzouki rappelle que le plus important dans la recherche du trésor reste l'apprentissage autour de la quête : la persévérance, le travail d'équipe, au-delà de l'appât du butin. Des atouts que mettait aussi en valeur l'émission de Jacques Antoine, le trésor tunisien de cette édition était, à l'époque, une rose des sables.À lire aussiChasse au trésor: l'énigme de la «Chouette d'or» vraisemblablement résolue 31 ans après
En Tunisie, la franchise est un moyen d'investir et de développer l'entrepreneuriat des jeunes qui ont fait des études supérieures et qui détiennent un capital. Des marques tunisiennes développent l'écosystème dans les secteurs de la restauration rapide, de l'esthétique, du commerce textile ou de la fintech. Dans un pays où le taux de chômage des jeunes entre 18 et 35 ans atteint 40%, la franchise représente une opportunité de création d'emploi et d'investissement. De notre correspondante à Tunis,Dans le lobby feutré d'un grand hôtel de Tunis, Rim Ayari enchaîne les rendez-vous. Après avoir œuvré pendant quinze ans à la venue de marques internationales en Tunisie, elle a créé en 2021 une plateforme Wefranchiz, dédiée à la mise en relation entre les franchiseurs et les franchisés. « Depuis la pandémie, les jeunes ont envie de changer leur mode de vie. Ils ne sont plus tentés par des emplois sédentaires dans des bureaux. Ils ont envie de se mettre à l'entrepreneuriat et la franchise les séduit dans le sens où c'est de l'entrepreneuriat encadré par une marque reconnue, avec une expérience sur le marché. »Opportunité pour la diasporaRim cible des jeunes qui ont un capital entre 20 000 et 300 000 dinars ou éligibles à un prêt, ainsi que les Tunisiens de la diaspora : près de deux millions vivent à l'étranger. « Pour ces Tunisiens qui sont installés à l'étranger et qui veulent rapatrier de l'argent en Tunisie, mais qui ne savent pas comment le faire, la franchise est une très bonne opportunité », avance-t-elle.Dans une agence de transfert d'argent, Wafacash, Ahmed Khalil Noomen discute de la meilleure orientation du panneau signalétique pour mettre en valeur son agence, ouverte en mai dernier.« Tous les mois, ça va de mieux en mieux, se félicite-t-il. Vu que l'on travaille à la commission, on observe une consolidation des revenus au fur et à mesure ».AccompagnementÀ 35 ans, cet ancien steward a voulu se reconvertir et investir dans le secteur financier. Grâce au soutien de l'épargne de ses parents, il s'est orienté vers les filiales du groupe marocain Attijariwafa Bank, implanté en Tunisie. Pour lui, l'accompagnement était le plus important. « Depuis la création, depuis le premier entretien avec l'équipe Wafacash, j'ai senti qu'il y avait une certaine confiance entre nous et qu'il y a une assistance durable, apprécie-t-il. Le projet a été expliqué par l'équipe, qui voit bien d'ici à cinq à dix ans les bienfaits et les avantages du projet ».Si la franchise n'est pas la solution miracle au problème du chômage en Tunisie, elle pourrait permettre de créer entre 15 000 et 20 000 emplois indirects ou directs grâce aux nombreux points de vente locaux de marques tunisiennes et à l'ouverture de centres commerciaux dans plusieurs régions intérieures du pays.À lire aussiAvant l'élection, l'économie tunisienne au bord du gouffre
La Tunisie revient en force sur le marché du textile professionnel, pourtant dominé par les pays asiatiques. En déroute depuis quelques années, le secteur tunisien est de nouveau en croissance grâce à une montée en gamme et à sa proximité géographique avec l'Europe. En présentant ses différentes collections, Amor Mlika, directeur de quatre usines de production de vêtements de travail et de protection vers Nabeul, sur la côte est du pays, est conquérant : « Ce que vous avez devant vos yeux, c'est un uniforme pour la police anglaise. Un autre pour la garde nationale espagnole. Nous fournissons la police en Allemagne. J'espère qu'on aura l'occasion d'attaquer le marché français ».Réactivité et proximitéLa concurrence chinoise, plus compétitive au niveau des prix, a longtemps sapé les exportations tunisiennes. Mais la proximité géographique de la Tunisie avec l'Union européenne a permis de renverser la tendance. Les clients veulent désormais un approvisionnement proche et efficace.« Pas mal de fournisseurs asiatiques, principalement pour les tenues de lutte contre le feu, ramènent chez eux des tissus européens, font les confections et exportent à nouveau vers l'Europe, explique Amor Mlika, alors que chez nous, il y a moins de stocks, moins de pression sur la liquidité, plus de réactivité et une proximité pour l'assistance technique et l'accompagnement. Donc, tout ça, c'est des atouts qu'on a su mettre en valeur et nous nous sommes adaptés au contexte actuel. »Les certifications environnementales sont désormais une condition sine qua non pour exporter en Europe. Les professionnels tunisiens se sont mis au niveau et sont montés en gamme.À lire aussiAvant l'élection, l'économie tunisienne au bord du gouffreDes champs pétroliers libyens aux mines camerounaisesLa conquête de nouveaux marchés a débuté suite à la pandémie de Covid-19 après une refonte importante du secteur. « On a décidé d'aller vers le premium, vers une qualité textile technique. Donc, ce n'est plus le basique pantalon quatre poches que personne maintenant n'ose porter. Là, on se rapproche plutôt du fashion, de tout ce qui est stylé et ça devient plutôt du prêt-à-porter pour le travail. Ce n'est plus du vêtement de travail simple », explique Tarek Ben Haj Ali, PDG du groupe Workman et vice-président de la Fédération tunisienne du textile et de l'habillement.« Nous avons par exemple cette innovation : ce jean est un jean 100% imprimé, donc c'est un jean qui consomme 98% moins d'eau qu'un jean classique », montre Tarek Ben Haj Ali.Le « prêt-à-porter au travail » tunisien séduit aussi en Afrique. Les contrats affluent, assure le PDG du groupe Workman : « On vient de signer avec le gouvernement libyen pour habiller les dix entreprises pétrolières étatiques libyennes par exemple. Elles totalisent à peu près 80 000 personnes. On travaille aussi au Cameroun, avec les mines de diamants. Il y a pas mal de confrères qui travaillent et qui viennent de certifier des combinaisons pour le nucléaire, par exemple ».Un secteur en croissance qui lorgne également vers la Russie. Même si la Chine et le Bangladesh restent les premiers fournisseurs de l'Union européenne.
durée : 00:02:29 - Les Échos d'ailleurs - Comment engloutir deux tonnes de pistaches en un clin d'œil ? Sire, le rat de La Fontaine avait été de bon conseil. Attendez la visite surprise du président et mettez la moitié de la récolte sous la dent. Voilà comment débute la fable qu'Amira Ghenim, écrivaine tunisienne, nous narre aujourd'hui.
Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur les Transformateurs prêts à aller aux législatives, la victoire de Kaïs Saïed et le cobalt congolais. Proche-Orient : que sait-on des livraisons d'armes à Israël ? « Honte à eux », a déclaré Benyamin Netanyahu après les propos d'Emmanuel Macron en faveur de l'arrêt des livraisons d'armes utilisées par l'armée israélienne à Gaza. À quel point l'État hébreu dépend-il des importations militaires pour ses opérations ? Avec Franck Alexandre, journaliste spécialiste des questions de défense à RFI. Tchad : les Transformateurs iront aux législatives Lors de leur convention, les Transformateurs de l'opposant Succès Masra ont annoncé qu'ils ne boycotteront pas les élections législatives du 29 décembre 2024 mais en fixant des conditions. Comment expliquer cette décision alors que l'ancien Premier ministre ne reconnaît toujours pas sa défaite à la présidentielle de mai dernier ? Avec Carol Valade, correspondant de RFI à N'Djamena. Tunisie : Kaïs Saïed réélu à une majorité écrasante Le président Kaïs Saïed a été réélu avec 90,7% des voix, mais avec le taux de participation le plus faible depuis la présidentielle de 2011. 71,2% de Tunisiens se sont abstenus. Comment expliquer cette forte abstention ? Pourquoi l'opposition reste-t-elle silencieuse ? Pourquoi Kaïs Saïed continue-t-il d'être aussi populaire malgré sa politique répressive ?Avec Amira Souilem, correspondante de RFI à Tunis. RDC : le cobalt congolais dans le viseur des États-Unis Le département du Travail des États-Unis a inscrit le cobalt congolais sur la liste des biens potentiellement produits par le travail forcé ou le travail des enfants. Quelles peuvent être les conséquences économiques de cette décision pour la RDC ? Les autorités prennent-elles des mesures pour améliorer l'exploitation du cobalt ?Avec Albert Malukisa, directeur du pilier gouvernance à Ebuteli (l'Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence).
Kais Saïed réélu président avec un peu plus de 90% des voix… Un résultat préliminaire annoncé hier par l'Instance supérieure indépendante pour les élections.« La Tunisie a voté, constate le quotidien La Presse à Tunis. Les Tunisiens se sont exprimés avec un taux de participation provisoire de l'ordre de 28%, jugé respectable. Au-delà de l'importance de ce scrutin par le biais duquel s'est confirmé le renouvellement de confiance des Tunisiens au Président Kaïs Saïed, reconduit pour un second mandat. Et après les recours et la proclamation des résultats définitifs, les choses sérieuses commenceront enfin », pointe La Presse. Et le quotidien tunisien d'énumérer les chantiers qui attendent Kaïs Saïed : « comment créer des emplois ? Comment augmenter le pouvoir d'achat ? Comment améliorer la qualité des services publics, pour qu'ils soient réellement au service des citoyens ? Comment éliminer la pauvreté et protéger les plus vulnérables ? Comment lutter contre le réchauffement climatique ? Comment garantir une transition numérique réussie ? Comment mieux former les Tunisiens ? Et comment anticiper l'avenir ? »Mise au pas…Cette présidentielle était « jouée d'avance », pointe pour sa part Le Monde Afrique : « depuis son “coup de force“ en juillet 2021, (il s'était arrogé les pleins pouvoirs) Kaïs Saïed a démantelé progressivement certaines des structures démocratiques de l'Etat mises en place après la révolution de janvier 2011. Il a notamment modifié la structure du Conseil supérieur de la magistrature qui chapeaute le pouvoir judiciaire mais aussi celle de l'instance électorale, dont il nomme directement certains membres. » Par ailleurs, relève encore Le Monde Afrique, « pour la première fois depuis 2011, les observateurs de l'Union européenne n'ont pas été admis à suivre le déroulé du vote. Dans certains bureaux, seuls des représentants de la commission électorale russe, de l'Organisation de coopération islamique et de quelques autres organisations accréditées par les autorités étaient présents. »Mieux que Tebboune !Ce score fleuve de plus de 90% « a laissé sans voix ses opposants, relève Le Point Afrique – dont plusieurs centaines sont en prison – et confirmé le tournant algérien que prend la Tunisie sous la férule de Kaïs Saïed. 90,7 % c'est 6 points de plus qu'Abdelmadjid Tebboune, présent réélu en Algérie le 7 septembre. » Désormais, constate encore Le Point Afrique, « quel que soit le degré de contestations des résultats, Kaïs Saïed a les mains libres pour accomplir son destin messianique : rendre aux pauvres les biens des riches. Mélange de Kadhafi des années 1970, de Chavez, de vertus coraniques, son ADN n'est pas simple à saisir. La première question sera d'observer s'il met en place une politique de répression de large ampleur. »Comment va Paul Biya ?A la Une également, des interrogations sur l'état de santé de Paul Biya…« Comme à New York, lors de l'Assemblée générale des Nations unies, Paul Biya était une nouvelle fois aux abonnés absents lors du sommet de l'Organisation internationale de la francophonie, qui s'est tenu en France, constate Jeune Afrique. Il en est de même, en ce moment, pour le rassemblement de Hambourg en Allemagne sur le développement durable, où le président camerounais était aussi annoncé et est finalement représenté par son Premier ministre, Joseph Dion Ngute. »Le site panafricain précise : « depuis qu'il est revenu de Chine, après avoir assisté au Forum sur la coopération sino-africaine, début septembre à Pékin, Paul Biya serait gêné par des ennuis de santé, dont la gravité demeure inconnue en l'absence de toute communication officielle. Il se trouverait toujours, à Genève, sous l'étroite surveillance de ses médecins, de sa sécurité rapprochée et de sa famille (…). Depuis plusieurs semaines, des rumeurs ont envahi la toile camerounaise, constate encore Jeune Afrique, en particulier depuis que l'avion présidentiel a effectué le 24 septembre un vol de Genève à l'aéroport de Paris-Le Bourget, dans la banlieue de la capitale française. Aussitôt, des lanceurs d'alerte ont indiqué que Paul Biya avait dû être hospitalisé en urgence en France, ce que plusieurs sources, proches de la présidence, ont ensuite contredit. »En tout cas, « plusieurs mouvements d'opposition et des organisations de la diaspora affirment vouloir poursuivre leur mobilisation en Europe afin de lever le voile sur son état de santé. Reste à savoir, conclut le site panafricain, si ces actions feront réagir Paul Biya et son entourage, passés maîtres dans l'art de la discrétion. »
Vincent Hervouët analyse les résultats de l'élection présidentielle en Tunisie. Le président Kaïs Saïed a été réélu avec un score soviétique, proche de celui de l'Algérie, dans un scrutin marqué par une faible participation et le musellement de l'opposition. Malgré sa rhétorique anti-corruption et anti-complot, Kaïs Saïed a progressivement instauré un régime autoritaire, dissolvant les instances démocratiques et emprisonnant les voix critiques. Ce nouveau mandat n'apporte pas de réponses aux problèmes économiques et sociaux qui rongent le pays, poussant de nombreux Tunisiens, notamment les jeunes, à envisager l'émigration.Paradoxalement, l'Europe a choisi de coopérer avec ce régime pour endiguer les flux migratoires, fermant les yeux sur la dérive autoritaire et les violations des droits humains. Cet épisode met en lumière les dynamiques complexes qui façonnent les relations entre la Tunisie et l'Union européenne, dans un contexte de crise politique et sociale.Notre équipe a utilisé un outil d'Intelligence artificielle via les technologies d'Audiomeans© pour accompagner la création de ce contenu écrit.
Kais Saïed réélu président avec un peu plus de 90% des voix… Un résultat préliminaire annoncé hier par l'Instance supérieure indépendante pour les élections.« La Tunisie a voté, constate le quotidien La Presse à Tunis. Les Tunisiens se sont exprimés avec un taux de participation provisoire de l'ordre de 28%, jugé respectable. Au-delà de l'importance de ce scrutin par le biais duquel s'est confirmé le renouvellement de confiance des Tunisiens au Président Kaïs Saïed, reconduit pour un second mandat. Et après les recours et la proclamation des résultats définitifs, les choses sérieuses commenceront enfin », pointe La Presse. Et le quotidien tunisien d'énumérer les chantiers qui attendent Kaïs Saïed : « comment créer des emplois ? Comment augmenter le pouvoir d'achat ? Comment améliorer la qualité des services publics, pour qu'ils soient réellement au service des citoyens ? Comment éliminer la pauvreté et protéger les plus vulnérables ? Comment lutter contre le réchauffement climatique ? Comment garantir une transition numérique réussie ? Comment mieux former les Tunisiens ? Et comment anticiper l'avenir ? »Mise au pas…Cette présidentielle était « jouée d'avance », pointe pour sa part Le Monde Afrique : « depuis son “coup de force“ en juillet 2021, (il s'était arrogé les pleins pouvoirs) Kaïs Saïed a démantelé progressivement certaines des structures démocratiques de l'Etat mises en place après la révolution de janvier 2011. Il a notamment modifié la structure du Conseil supérieur de la magistrature qui chapeaute le pouvoir judiciaire mais aussi celle de l'instance électorale, dont il nomme directement certains membres. » Par ailleurs, relève encore Le Monde Afrique, « pour la première fois depuis 2011, les observateurs de l'Union européenne n'ont pas été admis à suivre le déroulé du vote. Dans certains bureaux, seuls des représentants de la commission électorale russe, de l'Organisation de coopération islamique et de quelques autres organisations accréditées par les autorités étaient présents. »Mieux que Tebboune !Ce score fleuve de plus de 90% « a laissé sans voix ses opposants, relève Le Point Afrique – dont plusieurs centaines sont en prison – et confirmé le tournant algérien que prend la Tunisie sous la férule de Kaïs Saïed. 90,7 % c'est 6 points de plus qu'Abdelmadjid Tebboune, présent réélu en Algérie le 7 septembre. » Désormais, constate encore Le Point Afrique, « quel que soit le degré de contestations des résultats, Kaïs Saïed a les mains libres pour accomplir son destin messianique : rendre aux pauvres les biens des riches. Mélange de Kadhafi des années 1970, de Chavez, de vertus coraniques, son ADN n'est pas simple à saisir. La première question sera d'observer s'il met en place une politique de répression de large ampleur. »Comment va Paul Biya ?A la Une également, des interrogations sur l'état de santé de Paul Biya…« Comme à New York, lors de l'Assemblée générale des Nations unies, Paul Biya était une nouvelle fois aux abonnés absents lors du sommet de l'Organisation internationale de la francophonie, qui s'est tenu en France, constate Jeune Afrique. Il en est de même, en ce moment, pour le rassemblement de Hambourg en Allemagne sur le développement durable, où le président camerounais était aussi annoncé et est finalement représenté par son Premier ministre, Joseph Dion Ngute. »Le site panafricain précise : « depuis qu'il est revenu de Chine, après avoir assisté au Forum sur la coopération sino-africaine, début septembre à Pékin, Paul Biya serait gêné par des ennuis de santé, dont la gravité demeure inconnue en l'absence de toute communication officielle. Il se trouverait toujours, à Genève, sous l'étroite surveillance de ses médecins, de sa sécurité rapprochée et de sa famille (…). Depuis plusieurs semaines, des rumeurs ont envahi la toile camerounaise, constate encore Jeune Afrique, en particulier depuis que l'avion présidentiel a effectué le 24 septembre un vol de Genève à l'aéroport de Paris-Le Bourget, dans la banlieue de la capitale française. Aussitôt, des lanceurs d'alerte ont indiqué que Paul Biya avait dû être hospitalisé en urgence en France, ce que plusieurs sources, proches de la présidence, ont ensuite contredit. »En tout cas, « plusieurs mouvements d'opposition et des organisations de la diaspora affirment vouloir poursuivre leur mobilisation en Europe afin de lever le voile sur son état de santé. Reste à savoir, conclut le site panafricain, si ces actions feront réagir Paul Biya et son entourage, passés maîtres dans l'art de la discrétion. »
En Tunisie, près de dix millions de Tunisiens étaient appelés à voter ce dimanche pour la présidentielle. Kaïs Saïed président sortant, est donné vainqueur avec 89% des voix, selon un sondage à la sortie des urnes. Autre enjeu-clé de cette élection, le taux de participation, qui s'élève à 27,7% - beaucoup moins qu'en 2019, où il était de 45%.
Croissance en berne, chômage qui ne baisse pas et balance commerciale dans le rouge, l'économie tunisienne est en souffrance avant une élection présidentielle organisée dans un contexte tendu. La dette tunisienne est colossale - environ 80% du PIB. C'est difficilement soutenable surtout pour un pays qui est très dépendant de l'extérieur. Tunis peine à régler ses importations, ce qui provoque une paralysie de sa production et des pénuries à répétition de blé, riz, farine par exemple.Le pays s'appuie essentiellement sur les prêts et les plans de sauvetage. « C'est une économie de prédation, une économie de rente, une économie sans production qui vit sur les financements extérieurs. Cette économie-là ne peut plus survivre aux changements internationaux », explique Majid Bouden avocat de nationalité française et tunisienne.À lire aussiEn Tunisie, la colère des pêcheurs et des transporteursJeunesse désabuséeUne économie à l'arrêt qui a poussé des milliers de tunisiens à manifester notamment pour dénoncer le jeu trouble du président Kaïs Saïed. D'un côté, il répète refuser de se soumettre aux « diktats étrangers ». D'un autre son gouvernement construit le budget de l'État chaque année en fonction des aides et des prêts venus de l'étranger - Arabie Saoudite, Union européenne par exemple - et des institutions financières internationales.Au final, le plan de 1,9 milliard de dollars négocié avec le Fonds monétaire international (FMI) est gelé. La population inquiète pour l'avenir économique du pays. Un des signaux, c'est cette jeunesse tunisienne qui cherche à partir à l'étranger. Sept jeunes tunisiens sur dix souhaitent émigrer selon une enquête du réseau de recherche Arab Barometer publié en août. Et les raisons sont principalement économiques.Le chômage des jeunes explose - près de 40% au premier trimestre de cette année. Aucune amélioration n'est constatée ou attendue à court ou moyen terme. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 18 000 Tunisiens sont arrivés en Europe l'année dernière.À lire aussiJournée internationale de la jeunesse: en Tunisie, les jeunes toujours plus désabusés Des start-ups innovantes et performantesS'il y avait un motif d'espoir, il pourrait justement venir de la jeunesse. Des jeunes à la tête de start-ups innovantes, dans l'intelligence artificielle entre autres. Et qui s'invitent dans les marchés mondiaux. La Tunisie est le pays africain qui a le plus investi en France pour 2023 avec dix-neuf projets et 361 emplois créés. Un entreprenariat qui pourrait s'imposer dans une économie nationale cadenassée par le pouvoir selon Majid Bouden : « Les jeunes font leur travail depuis la Tunisie mais ont leurs revenus à l'extérieur. Ils rapatrient cet argent en Tunisie. Ce modèle-là, à un moment donné, va être plus fort que le carcan qu'instaure la gouvernance tunisienne ».Les recettes en devises générées par les Tunisiens résidant à l'étranger permettraient d'engranger plus de 10 milliards de dinars cette année. En augmentation constante depuis 2011. Ces Tunisiens expatriés n'envoient pas plus d'argent au pays, ils sont simplement plus nombreux à être partis, près d'un demi million en 13 ans.
Près de dix millions de Tunisiens sont appelés aux urnes dimanche pour ne présidentielle qui paraît jouée d'avance, selon les experts, en faveur du président sortant Kaïs Saïed, accusé de dérive autoritaire par ses opposants et la société civile. Pas de meetings électoraux, ni de débats ou de posters dans les rues... Bien loin de l'engouement, il y a cinq ans, autour de cet expert de la Constitution à la réputation de probité. Edition spéciale du Journal de l'Afrique avec notre invité Hatem Nafti, essayiste, auteur de "Notre ami Kaïs Saïed, essai sur la démocrature tunisienne".
Pour Bernard Cazeneuve, “ne pas rassembler la famille de la gauche de gouvernement, c'est renoncer à en faire une force crédible d'alternance et donc optimiser le risque de victoire du RN ", donc c'est grave, il faut travailler ensemble. C'est le cas pour Karim Bouamrane et Michaël Delafosse, maire de Montpellier, qui arrivent à s'opposer à une forme de tendance politiquement correcte de la gauche. Selon Ruth Elkrief, c'est une description d'une gauche sociale-démocrate sans complexe, détachée de Jean-Luc Mélenchon. On parle moins, dans le conflit en cours entre Israël et l'Iran, du poids économique de l'Iran dans le secteur du pétrole. Ce jeudi 3 octobre, le baril de pétrole est monté à plus de 4 %. Pour Pascal Perri, l'Iran est riche en pétrole et en gaz, mais marqué à la culotte par les États-Unis. “Son rôle sur le marché est, à ce stade, encore un rôle marginal", ajouta-t-il. Ce dimanche 6 octobre, les Tunisiens sont invités à voter. C'est l'un des pays aimés, ami, historiquement de la métropole, qui a vu naître l'un des plus grands dirigeants du monde arabe, mais qui est en train de virer à l'autocratie. Pour Abnousse Shalmani, le pays est en pleine régression. “Kais Saied, le nouveau président, c'est le redit de Ben Ali, en pire”, disait-elle. Du lundi au vendredi, à partir de 18h, David Pujadas apporte toute son expertise pour analyser l'actualité du jour avec pédagogie.
En Tunisie, le taux de chômage stagne à 16%, l'inflation est à 9,3%. À cela s'ajoute la persistance de la précarité dans de nombreux secteurs non régulés. Malgré une volonté affichée par le président de lutter contre la petite corruption, les intermédiaires ou la spéculation, beaucoup de corps de métiers y sont encore exposés. À l'approche des élections, les Tunisiens n'hésitent pas à faire part de leurs difficultés, mais préfèrent rester anonyme. De notre correspondante à Tunis,À Radès, en banlieue sud de Tunis, les pêcheurs vendent leur poisson directement sur place, mais Hassan Saïd, l'un d'entre eux, explique que normalement, il devrait avoir une petite boutique pour écouler sa pêche. « Moi, je passe parfois quatorze heures en mer et quand je rentre au port, je dois vendre mon poisson sur un emplacement miteux que l'on nous a attribué. Les gens viennent s'y saouler, donc évidemment qu'aucun client ne vient », se désole ce pêcheur. « Du coup, à qui je dois vendre ? Des intermédiaires, car il n'y a personne d'autre pour acheter », assure-t-il.Pour Boubaker, son collègue, c'est une angoisse permanente que d'être dépendant de ces intermédiaires. « Eux, ils s'en foutent de la loi, dénonce-t-il. Ils revendent notre poisson le double et nous arnaquent. Je suis pêcheur, je ne devrais pas avoir à angoisser et à me demander à qui et à combien je vais brader ma marchandise en rentrant de la mer. »Problèmes administratifsÀ quelques mètres, Kais Chebli vend son poisson dans un cabanon. Lui a d'autres problèmes. La longueur de son bateau a été mal enregistrée auprès de l'administration. Techniquement, il n'a plus le droit d'aller en mer, car son autorisation de pêche n'a pas été renouvelée à cause de cette erreur. Depuis deux ans, il n'arrive pas à régler le problème.« Moi, par exemple, je ne peux pas aller en eaux profondes, parce que si je me fais contrôler, et vu que je n'ai plus d'autorisation, c'est normal que les garde-côtes me questionnent et me demandent de rentrer au port », détaille-t-il. Ce genre de blocage administratif arrive souvent dans le pays, Kaïs espère que le président va changer les choses s'il est réélu. « Je sais que lui s'intéresse aux problèmes des citoyens des plus défavorisés. Il faut le laisser travailler », plaide-t-il.La corruption au quotidienLes transporteurs comptent de nombreux désabusés de la politique. Stationnés sur un terrain à Bhar Lazreg en banlieue nord de Tunis, ils disent n'avoir que des problèmes dans leur métier, comme Mohamed, transporteur depuis une vingtaine d'années. « Les problèmes commencent dès que l'on prend la route avec la petite corruption de la police. Le billet que l'on doit glisser par-ci et par là comme droit de passage. C'est sans arrêt », se plaint-il.Tous refusent de parler de l'élection présidentielle. Pour eux, leur métier manque tellement de régulation et d'encadrement qu'aucune solution n'est possible si ce n'est la débrouillardise au quotidien.
En Tunisie, le président Kaïs Saïed n'aura que deux adversaires à l'élection du dimanche 6 octobre prochain, où il va briguer un second mandat. Tous les autres candidats ont été éliminés. Et parmi les deux candidats rescapés, l'un est en prison. Pourquoi les Tunisiens, qui ont renversé leur dictateur en 2011, ne protestent pas contre la vague d'arrestations qui s'abat sur les opposants, les avocats et les journalistes ? Vincent Geisser est chercheur au CNRS. À Aix-en-Provence, il dirige l'Institut de recherches et d'études sur les mondes arabes et musulmans (Iremam). RFI : Il n'y a que deux candidats face à Kaïs Saïed, dont un en prison. Est-ce que le scrutin de dimanche prochain est joué d'avance ?Vincent Geisser : Oui, on peut dire que c'est joué d'avance dans la mesure où le président ne s'inscrit pas dans un plébiscite, mais plutôt dans une manifestation de l'autoritarisme présidentiel, de sa conception très personnelle, très présidentialiste du pouvoir, même pas vraiment dans une tentative de vitrine électorale pour légitimer le régime, ce que faisait Ben Ali.Il y a encore un mois, personne ou presque ne connaissait le député Ayachi Zammel, un chef d'entreprise de 47 ans qui a créé le petit parti libéral Azimoun. Mais maintenant que ce candidat est en prison, beaucoup de Tunisiens ont envie de voter pour lui. Est-ce qu'il pourrait créer la surprise ? Est-ce qu'il pourrait devenir une sorte de Bassirou Diomaye Faye [le nouveau président sénégalais] à la tunisienne ? Créer une surprise, oui, peut-être par sa publicisation, du fait qu'il devienne un peu, excusez-moi du terme, une sorte de « martyr électoral », c'est-à-dire qu'il est le nom qui ressort le plus, alors que vous le dites très bien, il était totalement inconnu. Parce qu'il y avait quand même trois challengers qui ont été interdits, qui eux étaient au contraire des figures extrêmement connues du spectre politique tunisien à l'époque de Ben Ali, mais surtout au moment de la démocratisation. Donc, Ayachi Zammel est devenu le symbole d'une sorte de « résistance électorale » à Kaïs Saïed, mais résistance entre guillemets... Donc il n'y aura pas de surprise. Monsieur Kaïs Saïed contrôle totalement le scrutin. Est-ce qu'on sera dans du 90% ? Dans du 80% ? En tout cas, il n'y aura pas de surprise électorale, mais plutôt un unanimisme présidentiel. Du moins, c'est ce que représente le président : l'idée qu'il est en communion avec le peuple, que les élections ne servent à rien. Car, il faut-il le dire : Kaïs Saïed passe son temps à dévaloriser le principe de la démocratie parlementaire. Il n'y croit pas et ces élections sont une étape supplémentaire dans ce qu'il appelle « l'entreprise de redressement » de la Tunisie face à une classe politique qu'il considère corrompue.Plus de 70 figures de l'opposition sont en prison, plusieurs journalistes aussi, comme Mourad Zeghidi, et également la célèbre avocate Sonia Dahmani. Elle a été arrêtée dans les locaux de la Maison de l'avocat pendant un direct de nos confrères de France 24. Pourquoi les Tunisiens qui ont fait la révolution de 2011 laissent faire cette vague de répression ?Il y a un premier aspect, c'est que les Tunisiens avaient une sorte de ras-le-bol et même de colère à l'égard des symboles de la démocratie tunisienne. Ils considèrent que ces démocrates, qui ont émergé après 2011, les ont trahis. Donc, ils ont adhéré. C'est pour cela que beaucoup de Tunisiens ont soutenu le coup d'État de Kaïs Saïed de 2021. Pour rappel, le 25 juillet 2021, Kaïs Saïed s'approprie la totalité des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Et la grande surprise, c'est que beaucoup de gens approuvent, y compris le syndicat – qui maintenant est en opposition à Kaïs Saïed – de l'Union générale du travail de Tunisie, l'UGTT. Et donc, de ce point de vue-là, pourquoi les Tunisiens ne s'opposent pas tant à ce qui se passe aujourd'hui ? C'est parce qu'ils ne croient pas en l'opposition et aux démocrates qui ont siégé entre 2011 et 2021. Ça, c'est le premier phénomène. Le deuxième phénomène, qui est peut-être plus récent et qui s'étend sur ces six derniers mois ou cette dernière année, c'est que se réinstalle progressivement en Tunisie un climat de peur, d'autocensure, pour ne pas dire même de surveillance. Et les Tunisiens recommencent à avoir peur. On pensait que ça serait un acquis de la révolution. On pensait qu'au moins, ce climat de peur qu'avait connu la Tunisie sous la dictature de Ben Ali ne reviendrait pas. Or, on s'aperçoit que les Tunisiens ont encore plus peur et sont encore plus prudents qu'à l'époque de Ben Ali. Surtout qu'il y a un très fort complotisme, un très fort conspirationnisme. Tous les discours du président accusent ou désignent chaque jour un complot de l'étranger. Toute personne qui a des contacts avec des journalistes étrangers, des ONG étrangères est soupçonnée de faire une conspiration contre le président. Je dirais que les Tunisiens sont résignés. On ne sait pas s'ils soutiennent encore massivement le président Kaïs Saïed, mais en tout cas, les citoyens tunisiens sont marqués par un sentiment de résignation générale.En Algérie, Abdelmadjid Tebboune vient d'être réélu il y a un mois avec le soutien de l'armée. Assistons-nous au même phénomène aujourd'hui en Tunisie avec Kaïs Saïed ?Les Tunisiens, ou certains observateurs - étrangers ou tunisiens -, ont même une formule : ils parlent d' « algérianisation » de la scène politique tunisienne. Cela désigne deux aspects : d'abord, le rapprochement très fort de la Tunisie et de l'Algérie. L'Algérie devient le grand frère de la Tunisie, alors que la Tunisie était très équilibrée dans ses relations avec les autres pays arabes – aujourd'hui, c'est vraiment un rapprochement tuniso-algérien ou algéro-tunisien qui est très marqué ; et puis la deuxième chose, c'est la ressemblance des deux processus...... avec le même soutien de l'armée tunisienne, comme Abdelmadjid Tebboune a le soutien de l'armée algérienne ?Le 25 juillet 2021, après le coup d'État, il est clair que la grande majorité des officiers de l'armée tunisienne ont soutenuKaïs Saïed, mais avec un contrat : remettre le pays au travail et remettre de l'ordre dans le pays. L'armée adhérait au récit de Kaïs Saïed qui était de dire que les démocrates étaient corrompus, avaient désorganisé la Tunisie et entretenaient le désordre. Sauf qu'aujourd'hui, les promesses de Kaïs Saïed en termes de retour à l'ordre n'ont pas été tenues. Au contraire, la Tunisie est fragile sur le plan économique, sur le plan social, elle est montrée du doigt par beaucoup d'ONG internationales... Et là, il y a une interrogation sur le positionnement de l'armée. On pensait que l'armée, ce contrat n'ayant pas été tenu, réagirait et notamment allait désavouer Kaïs Saïed. Ce n'est pas le cas pour l'instant, mais on ne peut pas dire non plus qu'elle l'approuve. Elle aurait probablement souhaité que ces élections se déroulent de manière plus transparente, peut-être pas démocratiquement, mais de manière plus raisonnable, avec un semblant de vitrine démocratique électorale. Ce n'est pas le pas. Donc, je ne dirais pas qu'on est tout à fait dans la même position que l'Algérie. D'abord parce que l'armée tunisienne n'est pas aussi forte que l'armée algérienne, elle n'a jamais contrôlé le pouvoir comme ça s'est fait en Algérie pendant plus de 50 ans. Le seul point commun, c'est qu'effectivement, elle a soutenu le coup d'État et qu'elle a soutenu Kaïs Saïed jusqu'à aujourd'hui. Mais point d'interrogation dans l'armée : il semblerait que certaines voix commencent à se demander s'il pourra faire l'affaire pour maintenir l'ordre dans le pays. Le souci de l'armée tunisienne, c'est l'ordre. Et si Kaïs Saïed, par ses discours conspirationnistes et complotistes, venait à menacer cet ordre, et surtout, venait à avoir une si mauvaise image, y compris vis-à-vis de ses partenaires étrangers, l'armée prendrait une décision. Mais nous n'en sommes pas là.À lire aussiPrésidentielle en Tunisie: à Bizerte, des partisans en campagne pour un chef de l'État peu sur le terrain
C'est le titre, pour le moins incisif, du Point Afrique, alors qu'on s'apprête à voter en Algérie et en Tunisie pour la présidentielle.« Samedi, les Algériens voteront. Le 6 octobre prochain, les Tunisiens feront de même, relève le journal. L'Algérie ? Un peu plus de 45 millions d'habitants, un territoire vaste comme quatre fois la France, des finances dopées aux hydrocarbures, près de 69 milliards de dollars de réserves de change, 3e PIB d'Afrique. Sur son flanc droit, la Tunisie, 965 kilomètres de frontières communes, 11,8 millions d'habitants, quasiment pas d'hydrocarbures, un territoire quatorze fois plus petit que l'Algérie, 8 milliards de réserves de changes ».Pas de contestation !Voilà pour le tableau économique. Et sur le plan politique, c'est le même constat pour les deux pays, note Le Point Afrique : « les élections présidentielles en Algérie et en Tunisie ont le même objectif : conforter le statu quo autoritaire et le même climat répressif des opposants. (…) Tout a été mis en œuvre pour que le président sortant – l'un s'appuyant sur l'armée (en Algérie), l'autre sur la police et la garde présidentielle (en Tunisie) – soit réélu sans l'ombre d'une contestation. La plupart des candidats à l'élection ont été recalés, le "système" n'en retenant que deux pour affronter celui qui doit être réélu. Les journalistes exerçant leur esprit critique ont été placés en détention provisoire afin de calmer d'éventuelles ardeurs. La mise en scène électorale a été soignée mais la peinture sèche avec peine, relève encore Le Point Afrique. L'Algérien Abdelmadjid Tebboune affrontera un candidat socialiste et un candidat islamiste quand le Tunisien Kaïs Saïed doit affronter deux inconnus, dont le seul fait de gloire est de l'avoir soutenu. (…) Aucun débat télévisé n'est prévu ».Un scrutin verrouillé en Tunisie…« Kaïs bétonne son chemin pour rester au palais de Carthage », constate en écho Aujourd'hui au Burkina Faso. « Kaïs Saïed a arrêté les règles du jeu, dont il maîtrise complètement la mécanique. Le seul candidat qui pouvait lui opposer un challenge (…) figure parmi les 3 recalés. (…) C'est donc une présidentielle sur laquelle le sortant a apposé un gros verrou, dont lui seul possède la clef. (…) En réalité, depuis juillet 2021, avec la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du parlement, Kaïs Saïed avait mis déjà sa candidature sur orbite, sur le chemin d'une victoire sans coup férir ».… et en AlgérieLe journal en ligne Le Matin d'Algérie, l'un des rares médias critiques du pays, ne mâche pas ses mots… « L'heure est grave, s'exclame-t-il. Au bout de 5 ans au pouvoir, le président Tebboune a liquidé l'espoir naissant du Hirak et défait moralement les Algériens. Avec ce bilan, soutenu par son clan, il s'emploie à rester à la tête de l'Algérie. L'homme est d'une incompétence sans fond, poursuit Le Matin d'Algérie. Et pourtant il est aux affaires depuis décembre 2019 et s'apprête à 79 ans à rempiler pour 5 ans. (…) Malgré les urgences nombreuses et criantes, le chef de l'État continue de parler d'un second mandat, comme si le premier ne lui avait pas suffi pour plonger le pays dans le coma. (…) Jamais, fustige encore le journal, l'Algérie n'a connu autant d'émigration, de fuite à l'étranger par tous les moyens. Le défaitisme ronge la matière grise les potentiels créateurs de richesses. En la matière, Tebboune aura réussi l'échec ».Le site d'information algérien TSA reste, lui, pour le moins mesuré… « Contrairement à tous les scrutins présidentiels passés, les questions politiques et idéologiques ont été très peu présentes, constate-t-il, pendant les deux premières semaines de la campagne de cette présidentielle 2024 ».Le poids économique…Enfin on revient au Point Afrique qui note qu'« économiquement, la rhétorique autoritaire algérienne a les moyens de calmer les frustrations nationales. (…) Depuis le début de la campagne, le candidat Tebboune multiplie les promesses (création de 450 000 emplois d'ici à 2026, augmentation de l'allocation chômage de 15 000 à 20 000 dinars algériens, augmentation du salaire des fonctionnaires, création de 4 millions de logements sociaux…) ».En revanche, « à Tunis, aucune marge de manœuvre, aucun dinar pour proposer l'esquisse d'un espoir pour une jeunesse qui, massivement, souhaite quitter le pays ».
C'est le titre, pour le moins incisif, du Point Afrique, alors qu'on s'apprête à voter en Algérie et en Tunisie pour la présidentielle.« Samedi, les Algériens voteront. Le 6 octobre prochain, les Tunisiens feront de même, relève le journal. L'Algérie ? Un peu plus de 45 millions d'habitants, un territoire vaste comme quatre fois la France, des finances dopées aux hydrocarbures, près de 69 milliards de dollars de réserves de change, 3e PIB d'Afrique. Sur son flanc droit, la Tunisie, 965 kilomètres de frontières communes, 11,8 millions d'habitants, quasiment pas d'hydrocarbures, un territoire quatorze fois plus petit que l'Algérie, 8 milliards de réserves de changes ».Pas de contestation !Voilà pour le tableau économique. Et sur le plan politique, c'est le même constat pour les deux pays, note Le Point Afrique : « les élections présidentielles en Algérie et en Tunisie ont le même objectif : conforter le statu quo autoritaire et le même climat répressif des opposants. (…) Tout a été mis en œuvre pour que le président sortant – l'un s'appuyant sur l'armée (en Algérie), l'autre sur la police et la garde présidentielle (en Tunisie) – soit réélu sans l'ombre d'une contestation. La plupart des candidats à l'élection ont été recalés, le "système" n'en retenant que deux pour affronter celui qui doit être réélu. Les journalistes exerçant leur esprit critique ont été placés en détention provisoire afin de calmer d'éventuelles ardeurs. La mise en scène électorale a été soignée mais la peinture sèche avec peine, relève encore Le Point Afrique. L'Algérien Abdelmadjid Tebboune affrontera un candidat socialiste et un candidat islamiste quand le Tunisien Kaïs Saïed doit affronter deux inconnus, dont le seul fait de gloire est de l'avoir soutenu. (…) Aucun débat télévisé n'est prévu ».Un scrutin verrouillé en Tunisie…« Kaïs bétonne son chemin pour rester au palais de Carthage », constate en écho Aujourd'hui au Burkina Faso. « Kaïs Saïed a arrêté les règles du jeu, dont il maîtrise complètement la mécanique. Le seul candidat qui pouvait lui opposer un challenge (…) figure parmi les 3 recalés. (…) C'est donc une présidentielle sur laquelle le sortant a apposé un gros verrou, dont lui seul possède la clef. (…) En réalité, depuis juillet 2021, avec la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature et du parlement, Kaïs Saïed avait mis déjà sa candidature sur orbite, sur le chemin d'une victoire sans coup férir ».… et en AlgérieLe journal en ligne Le Matin d'Algérie, l'un des rares médias critiques du pays, ne mâche pas ses mots… « L'heure est grave, s'exclame-t-il. Au bout de 5 ans au pouvoir, le président Tebboune a liquidé l'espoir naissant du Hirak et défait moralement les Algériens. Avec ce bilan, soutenu par son clan, il s'emploie à rester à la tête de l'Algérie. L'homme est d'une incompétence sans fond, poursuit Le Matin d'Algérie. Et pourtant il est aux affaires depuis décembre 2019 et s'apprête à 79 ans à rempiler pour 5 ans. (…) Malgré les urgences nombreuses et criantes, le chef de l'État continue de parler d'un second mandat, comme si le premier ne lui avait pas suffi pour plonger le pays dans le coma. (…) Jamais, fustige encore le journal, l'Algérie n'a connu autant d'émigration, de fuite à l'étranger par tous les moyens. Le défaitisme ronge la matière grise les potentiels créateurs de richesses. En la matière, Tebboune aura réussi l'échec ».Le site d'information algérien TSA reste, lui, pour le moins mesuré… « Contrairement à tous les scrutins présidentiels passés, les questions politiques et idéologiques ont été très peu présentes, constate-t-il, pendant les deux premières semaines de la campagne de cette présidentielle 2024 ».Le poids économique…Enfin on revient au Point Afrique qui note qu'« économiquement, la rhétorique autoritaire algérienne a les moyens de calmer les frustrations nationales. (…) Depuis le début de la campagne, le candidat Tebboune multiplie les promesses (création de 450 000 emplois d'ici à 2026, augmentation de l'allocation chômage de 15 000 à 20 000 dinars algériens, augmentation du salaire des fonctionnaires, création de 4 millions de logements sociaux…) ».En revanche, « à Tunis, aucune marge de manœuvre, aucun dinar pour proposer l'esquisse d'un espoir pour une jeunesse qui, massivement, souhaite quitter le pays ».
Conférence consacrée aux investissements africains en Tunisie, le FITA, a rassemblé 2 000 personnes venues de 65 pays à Tunis. Automobile, BTP, électronique, nouvelles technologies, textile, les secteurs représentés étaient nombreux. L'occasion pour la Tunisie de tenter de se positionner comme hub en Afrique mais aussi de tenter de faire oublier les violences contre les ressortissants d'Afrique de l'ouest et centrale qui continuent d'émailler l'actualité en Tunisie. Par Amira Souilem, correspondante à Tunis,« Akwaba de la Côte d'Ivoire !... Zélé du Cameroun ! ». L'édition 2024 du FITA s'est ouverte dans pas moins de cinq langues africaines. La Tunisie redouble d'efforts pour mettre à l'aise ses hôtes africains cette année. Redorer aussi son image après les violences qui ont pris pour cible les Subsahariens dans le pays.« Les Tunisiens sont de plus en plus intéressés par le continent », juge l'organisatrice de l'événement, Nadia Yaich. Expert-comptable, elle reconnaît tout de même que l'économie a pâti du contexte politique. Les partenaires africains évoquent avec elle les déportations d'immigrés subsahariens dans le désert. Mais elle reste optimiste. « Il faut que nous trouvions des solutions. Nous sommes un pays accueillant et nous travaillons avec plusieurs présidences. Nous avons des relations historiques, diplomatiques, que l'on veut aujourd'hui mixer avec l'économie. »Au stand de la Société nationale immobilière de Tunisie, Dora Aloui Bellagha, directrice commerciale, compte sur cette rencontre pour faire fructifier son expérience sur le reste du continent, face au concurrent égyptien. « On a construit plus de 180 000 logements sur tout le territoire tunisien. C'est pour cela qu'on envisage de commencer par l'Afrique noire parce que c'est là qu'ils envisagent de créer des logements sociaux avec des prix minimisés. »Engouement pour la Côte d'IvoirePays où les Tunisiens s'en sortent bien et pour lequel l'engouement ne se dément pas, la Côte d'Ivoire accueille 10 000 Tunisiens et 250 entreprises de ce pays d'Afrique du Nord. « Les Tunisiens en Côte d'Ivoire investissent dans le bâtiment, dans les grands travaux, détaille Patrick M'Bengue, le responsable de la Chambre de Commerce et d'industrie Tunisie-Côte d'Ivoire. Beaucoup de cohortes d'entreprises tunisiennes investissent dans le domaine du numérique - les nouveaux métiers - dans l'énergie… ». Cacao, noix de cajou, fruits… Les Ivoiriens comptent de leur côté sur des débouchés commerciaux en Tunisie.Un grand potentiel d'investissements entre pays africains malheureusement freiné, soulignent les participants du FITA, par les lourdeurs administratives et les difficultés d'accès aux prêts.
L'Aïd al-Adha ou Aïd el-Kébir est célébré ce week-end par les musulmans. L'un des rites qui l'accompagne est le sacrifice du bétail, dont les morceaux sont ensuite offerts aux plus pauvres. Mais en Égypte, pays qui compte la plus importante communauté musulmane du monde arabe, respecter le rituel s'annonce délicat pour certains. La crise économique frappe durement la population et le prix de la viande s'est envolé ces dernières années. De notre correspondante au Caire,Les animaux sont rassemblés en troupeaux sous des toits de tôle, à l'abri du soleil harassant. Vachettes et moutons sont à la vente partout dans les rues du quartier populaire d'Ain Shams. « En tant qu'Égyptiens musulmans, nous nous retrouvons tous ensemble, et ceux qui peuvent se le permettre achètent un animal et le sacrifient le matin après la prière, et ils vont ensuite l'offrir aux pauvres » explique Farida, mère de famille.Impossible d'acheter un animal vivant pour elle. Face à la flambée des prix, elle se contente d'acheter de la viande à la découpe. Dans une petite échoppe de produits vendus au rabais par le ministère de l'Alimentation, Farida poursuit : « Bien sûr, quand j'achetais quatre kilos de viande l'an dernier, j'en achète deux ou trois maintenant. Mais ici, on a accès grâce au gouvernement à de la viande aux prix les plus bas, on les trouve dans les petites échoppes comme celle-ci. Pour les gens qui n'ont pas les moyens d'aller chez le boucher, ils ont des prix bien inférieurs à ceux du marché. »45 degrés au thermomètre335 livres le kilo de viande égyptienne proposée par le ministère de l'Alimentation, un prix imbattable, mais des morceaux de qualité moindre. Et les bouchers professionnels bradent aussi les produits le temps de la fête religieuse. C'est choix qu'a fait Mohamed, boucher très connu dans le quartier : « Ici, en Égypte, on peut encore trouver de la viande bon marché, la viande ici est aujourd'hui à 360 livres, d'habitude, elle est à 420, on l'a baissée de 60 livres. »À lire aussiLe prix des bêtes affole les Tunisiens à quelques jours de l'Aïd el-KébirEt ça fonctionne... Les 45 degrés affichés au thermomètre ne découragent pas les clients. Et Mohamed tranche, à la chaîne, des dizaines de pieds de mouton. En ces temps de fête, il refuse la morosité : « Le temps de l'Aïd, on est tous heureux, c'est la plus importante des fêtes. Il y a des gens qui aident, les gens pauvres, et les gens qui arrivent de Palestine, de Gaza, il y a des moutons qu'on partage. »« Les gens ne sont pas très heureux »Mais un de ses confrères, installé à une centaine de mètres de là, reconnaît l'impact de la crise économique : « Différent à cause des prix, par exemple ? Bien sûr, le nombre de ventes diminue… Par exemple, ceux qui achetaient une vache vont acheter un mouton, ceux qui achetaient un mouton, vont acheter un morceau de viande. »Omar fait partie des très nombreux consommateurs qui diminuent leurs achats cette année. Et son cœur n'est pas totalement à la fête : « C'est une émotion étrange, un mélange de joie et de déprime, joie pour la fête et tristesse à cause de la crise économique. De manière générale, les gens ne sont pas très heureux. »Les compromis financiers sont quotidiens pour les deux tiers des Égyptiens qui vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté. Et ils sont plus douloureux encore à l'heure des fêtes religieuses.À lire aussiAïd el-Ahda, Tabaski: une fête religieuse et familiale en Afrique
Alors que la fête de l'Aïd-el-Kébir – qui commémore l'épreuve d'Abraham auquel, dans la tradition musulmane, Dieu avait demandé de sacrifier son fils Ismaël avant de le remplacer par un bélier – est prévue pour la mi-juin prochaine, les Tunisiens se demandent s'ils vont pouvoir s'offrir une bête cette année. Les prix des moutons – animal qui a la préférence des Tunisiens pour le sacrifice – s'envolent cette année encore. Ils peuvent atteindre les 1 500 dinars – soit environ 440 euros – soit trois fois plus que le SMIC (salaire minimum) actuel en Tunisie. Un brin nostalgique, Amine Ouali, associé à son grand-frère, présente les rescapés de son élevage. « On a décidé de tout arrêter. On avait deux élevages de 250 brebis chacun, mais on a décidé d'arrêter parce que ce n'était plus intéressant, regrette-t-il. Une ferme sans animaux ça n'a pas de goût franchement, c'est un peu vide. »En cause, le prix des fourrages – en partie importés comme le tourteau de soja – qui a explosé, explique-t-il. « Maintenant, je pense que la plupart des éleveurs sortent pâturer dehors. Ils n'arrivent plus à acheter. C'est trop cher. La botte de foin à 20 dinars, l'année dernière, elle est arrivée à 30 dinars, c'est énorme », décrit l'éleveur.Trente dinars, soit près de neuf euros. De quoi grever la marge des éleveurs et les obliger, dit-il, à augmenter leurs prix. C'est ce que soutient Malek Rhaiem. Alors que le gouvernement réfléchit à importer des bêtes pour avoir plus d'animaux et donc faire baisser les prix, il accuse le coup. « C'est grave, on n'a pas su améliorer, sauvegarder notre race. Nous, on choisit toujours la facilité, déplore-t-il. Vraiment, ce n'est pas une politique d'avenir. Si on fait un business plan, on le fait à sept ans, dix ans. »À écouter aussiAppel sur actualité: [Vos réactions] Vos témoignages sur la TabaskiNe pas alourdir ses dettesLe prix élevé des bêtes a poussé Lotfi Riahi, président d'une association de défense du consommateur tunisien, à devoir trancher. Faut-il oui ou non sacrifier une bête au vu des prix galopants ? L'association a été rencontrée des religieux dont le Mufti de la République et ils ont pris position. « La position de l'islam là-dessus est la suivante, rapporte-t-il. Le sacrifice ne doit être fait que par les personnes qui en ont les moyens. Il y a beaucoup de Tunisiens qui ne savent pas ça et qui s'endettent par exemple pour acheter leur mouton. »Or, selon lui, ce n'est pas une solution. « En prenant un crédit pour acheter un mouton, le Tunisien va alourdir encore plus ses charges économiques. S'il n'a pas les moyens, il n'a pas à sacrifier de bête », assure-t-il. Un appel à la sagesse difficilement audible en Tunisie où l'achat d'un mouton – au-delà de la prescription religieuse – est aussi perçu comme un moment festif.À lire aussiAïd el-Ahda, Tabaski: une fête religieuse et familiale en Afrique
Les avocats se sont réunis ce jeudi 16 mai devant le Palais de justice de Tunis, pour une « mobilisation massive », annonce Webdo Tunisie, sous une photo montrant des centaines de personnes manifestant, avec parfois le poing levé. « Les avocats ont notamment manifesté contre les agressions qui les ciblent sur fond d'assaut contre la Maison de l'Avocat après l'arrestation de Sonia Dahmani et Mehdi Zagrouba », précise le site d'information. Réalités Online publie également plusieurs photos, parlant de son côté de milliers de personnes manifestant devant le Palais de justice. « En réaction à la récente série d'arrestations ciblant les avocats en Tunisie, des milliers d'entre eux vêtus de leur robe ont organisé un sit-in devant le Palais de justice à Tunis », précise Realités Online.Rien de tel dans les journaux et les sites d'information plus conciliants avec le pouvoir. Le journal la Presse annonce ainsi que le chef de l'État Kaïs Saïed a reçu la ministre de la Justice, Leila Jaffal. Kaïs Saïed, selon lequel« il n'y a pas d'escalade avec les avocats ». Mais, ajoute le président tunisien : « Nul n'est au-dessus de la loi. Il a également déclaré, précise La Presse, « que ce qui s'est passé ces derniers jours n'est pas du tout lié au corps des avocats mais plutôt à ceux qui ont osé insulter leur patrie dans les médias et même l'humilier. » Faisant référence aux arrestations survenues dans les locaux de La Maison de l'Avocat, le président tunisien a également affirmé, nous dit La Presse, que « la Maison de l'avocat est située sur le sol tunisien et n'est soumise à aucun régime non territorial pour que quelqu'un s'y refugie et déclare qu'il a été pris d'assaut ». De son côté, Tunisie Numérique publie également la photo du chef de l'État tunisien, à son bureau, recevant la ministre de la Justice. Tunisie numérique reprend aussi les propos du chef de l'État qui a critiqué ceux qui, de l'intérieur, dénigrent leur propre pays et bénéficient parfois de la protection de forces extérieures. Reprenant ainsi, sans vraiment le dire, l'accusation classique « d'ingérence étrangère », dans les affaires intérieures d'un pays en proie à une crise interne.Sénégal : Ousmane Sonko et la présence militaire françaiseOusmane Sonko a fait plusieurs déclarations remarquées, à l'occasion de sa rencontre à Dakar avec Jean-Luc Mélenchon, le chef de La France insoumise, la gauche radicale française. Dakar Actu raconte ainsi que le premier ministre et président du Pastef, a soulevé « la question des bases militaires françaises au Sénégal. Quelles sont les raisons pour lesquelles la France multiplie ses bases militaires au Sénégal. Pourquoi cette faveur ? s'interroge le président du parti Pastef qui réitère la volonté du Sénégal de disposer de lui-même ses bases militaires ». Cependant, poursuit Dakar Actu, « Ousmane Sonko rappelle que cela ne remet aucunement, en cause les accords de défense que le Sénégal partage avec les autres pays avec qui il a signé des conventions ».« Le Sénégal revendique son indépendance stratégique », titre de son côté Sénéplus au-dessus d'une photo montrant l'épaule d'un militaire portant un écusson bleu blanc rouge, marqué « France ». « Soixante ans après les indépendances africaines, la question de la présence militaire étrangère reste un enjeu majeur pour de nombreux pays du continent, à l'instar du Sénégal. Comme l'a souligné Ousmane Sonko, cette présence soulève "des interrogations légitimes" sur la souveraineté et l'autonomie stratégique des États postcoloniaux. »Enfin, Sénéweb se fait l'écho d'une autre déclaration d'Ousmane Sonko, accusant le gouvernement français de ne pas avoir dénoncé ce qui se passait au Sénégal, durant, dit-il, « toute la période de persécution extrêmement violente contre tout un mouvement politique, ayant entraîné et causé la mort de plus d'une soixantaine de personnes, des milliers de blessés, plus de 1000 détenus politiques ». Le président français Emmanuel Macron, est lui, accusé « d'avoir reçu son homologue sénégalais (Macky Sall), au pire moment de la répression. »
Dans une Tunisie en proie à la crise économique, un lycéen de 18 ans est parvenu à créer sa propre fabrique de baskets, dans la médina de Tunis. Le fonctionnement de son entreprise est encore artisanal, mais Mouheb Weslati a des rêves plein la tête. De notre correspondante à Tunis,Un rouleau de tissu sous la main, Mouheb Weslati a des airs de grand adolescent. « C'est ici que je m'approvisionne, explique-t-il en s'enfonçant dans le dédale de la médina. Je viens ici tous les matins dès 7 heures. Je regarde les commandes que j'ai reçues sur Messenger et en fonction de cela, je fais mes achats. Puis je vais en cours. »Entrepreneur et lycéen à la fois, Mouheb était prédestiné à se lancer dans les affaires. « Je suis dans ce quartier depuis que je suis tout petit, raconte-t-il. Mon père avait un atelier de chaussures qu'il a dû fermer. Comme j'ai appris le métier, j'ai eu envie de me lancer. J'ai travaillé l'été, j'ai mis de l'argent de côté, et voilà… »Créer la plus grande marque de baskets de TunisieL'atelier est situé dans une ancienne auberge qui tombe en ruines. Mais la fabrique n'en a pas moins sorti, selon Mouheb, 2 400 paires de chaussures pendant le ramadan. Un mois à l'issue duquel les Tunisiens ont l'habitude de s'acheter une tenue neuve pour l'Aïd.Vendues aux alentours de 40 dinars, soit environ 12 euros, les baskets de Mouheb lui permettent de faire vivre six personnes. Et il a de grandes ambitions. « Plusieurs de mes amis du quartier ont quitté la Tunisie pour l'Europe, observe-t-il. Moi, ça ne m'intéresse pas. Quitter mon chez moi pour me trouver sous un pont, ça n'a pas de sens. J'ai un rêve et je vais tout faire pour le réaliser. Je veux lancer la plus grande marque de baskets en Tunisie. »À écouter aussiTunisie: comment rendre l'artisanat plus profitable pour les femmes« L'histoire m'a poussé à le soutenir »Ce talent allié à un culot tout en douceur n'est pas passé inaperçu dans les ruelles de la médina. Lotfi Hamadi est à la tête d'une maison d'hôtes de luxe et il vient de passer une première commande d'une dizaine de paires, pour les employés de son établissement.« L'idée de soutenir un jeune artisan-entrepreneur de la médina me plaît, explique-t-il. Moi qui viens tous les jours à la médina et qui passe devant toutes ces boutiques de baskets, je ne savais pas qu'il y en avait un qui en produisait sur place. Je pensais que tout venait de Chine. Quand j'ai découvert, par hasard, qu'il y avait un atelier et que derrière, il y avait un gamin… Au-delà du produit, l'histoire m'a poussé à le soutenir absolument. »Avec les bénéfices des premières commandes, Mouheb a prévu de mettre aux normes son petit atelier de la médina. Il cherche toujours un nom à sa marque.À écouter aussiTunisie: les artisans bijoutiers qui travaillent le corail menacés de disparition
100 jours avant les J.O de Paris, je vous propose de revivre les Jeux Olympiques de 1964, l'année où les nations africaines souveraines font une entrée massive dans la compétition. Tandis que la star éthiopienne du marathon Abebe Bikila décroche sa deuxième médaille d'or après un premier exploit aux jeux de Rome quatre ans plus tôt, d'autres athlètes africains montent sur le podium. Ghanéen, Kenyan, Tunisiens, tous ramènent des médailles dans leur pays fraîchement indépendant. Quels sont les athlètes qui incarnent cette histoire longue de la décolonisation, comment l'Afrique se fait-elle une place dans le concert des nations et pourquoi les Jeux sont-ils devenus un espace de revendications politiques pour les causes anticoloniale et antiraciste, autant de questions posées à nos invités Pascal Charitas et Sylvère-Henry Cissé, aux sons des archives de RFI et de l'INA.- Sylvère-Henry Cissé, auteur, conférencier, journaliste presse, télévision et radio, intervenant sur de nombreux sujets autour du sport depuis 1998. Il anime tous les samedis, du 6 avril au 21 septembre 2024 à 11h30 TU, l'émission l'Afrique en Jeux sur RFI- Pascal Charitas, maître de conférences à l'UFR STAPS de l'Université Paris Nanterre, auteur d'une thèse de Sciences du sport intitulée L'Afrique au mouvement olympique : enjeux et stratégies de l'influence de la France dans l'internationalisation du sport africain (1944-1966), soutenu en 2010 à l'Université Paris-Sud.À lire : Le catalogue de l'exposition Olympisme, une histoire du monde, aux Éditions de la Martinière, dirigé par Pascal Blanchard, avec notamment des contributions de Pascal Charitas et Sylvère-Henry Cissé. Olympisme, une histoire du monde - Éditions de La Martinière (editionsdelamartiniere.fr) Une Histoire mondiale de l'Olympisme, aux éditions Altande, dirigé par Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Daphné Bolz, Yvan Gastaut, Sandrine Lemaire et Stéphane Mourlane Une histoire mondiale de l'olympisme (atlande.eu).À voir : L'Exposition Olympisme une histoire du monde au Palais de la Porte Dorée, du 26 avril au 8 septembre 2024. Olympisme, une histoire du monde | Tout le Palais (palais-portedoree.fr)
Elle fut l'un des lieux de culte catholiques les plus prestigieux d'Afrique. La cathédrale de Carthage – édifiée à la fin du XIXe siècle à l'emplacement même où le roi Louis IX, dit Saint-Louis, aurait rendu l'âme – est ouverte au public tous les soirs de ramadan. Un mois sacré où les Tunisiens aiment sortir après la rupture du jeûne. De notre correspondante à Tunis,Il est 21 heures, les premiers visiteurs arrivent tout doucement, presque timidement. Érigée sur la colline de Byrsa, à Carthage, la cathédrale fait partie du paysage urbain des Tunisois, mais peu sont ceux qui y avaient déjà mis les pieds.Haïfa, expert-comptable de 39 ans, a sauté le pas avec ses deux petits garçons : « Les enfants me demandent toujours "mais c'est quoi ce grand palais là-bas ?" Moi-même, je n'avais pas d'idée approfondie de la question et de l'histoire du lieu. Alors, je leur ai dit : "allons-y, c'est l'occasion !" »Des travaux de réhabilitationUn palais, avec ses 174 colonnes, son dôme bleu et ses dorures, la cathédrale de Carthage est à la fois imposante et apaisante.« En fait, le charme de la cathédrale me prend, m'envahit toujours. Pendant la journée, mais surtout pendant les soirées, c'est le calme absolu », s'émerveille Salma Guenounou, étudiante en architecture en cinquième année. Une ambiance un peu mystique la nuit, « surtout quand il n'y a pas beaucoup de visiteurs. Tu as l'opportunité d'errer, de te promener, d'apprendre un peu plus toujours, c'est génial », ajoute-t-elle.C'est ici même que Saint-Louis aurait rendu son dernier souffle. Ici même qu'histoires de Tunisie et de France se mêlent, une fois encore. Emin Turki est l'un des architectes qui supervisent les travaux de réhabilitation. Ravalement de façade, reprise des vitraux, renforcement de la coupole, mais surtout, permettre aux Tunisiens de renouer avec un pan de leur passé.« Le patrimoine – ou ce qu'on appelle le patrimoine colonial – n'a pas été reconnu en tant que patrimoine jusqu'à il y a quelques années. Quelque part, la révolution a permis de retrouver ce lien avec l'histoire récente de la Tunisie, explique Emin Turki. C'est une partie de nous, c'est une partie de notre histoire, au même titre que le patrimoine carthaginois, romain, arabo-musulman. Toutes les civilisations qui ont traversé ce pays. »Ouverte aux visiteurs jusqu'en juin, la cathédrale de Carthage va ensuite se refaire une beauté. Une grande réouverture, en même temps que le musée de Carthage, est prévue pour 2027.À lire aussiTunisie: Tabarka et Aïn Draham, destinations privilégiées de l'écotourisme
En Tunisie, inflation et pénuries rythment le quotidien des habitants depuis des mois. C'est dans ce contexte que l'association locale Alert sensibilise les Tunisiens aux questions économiques, en diffusant notamment des podcasts hebdomadaires à destination du public. Financement des médias, prix de l'huile d'olive ou encore économie de rente sont des sujets traités. Sur le réseau social TikTok, certaines vidéos engrangent jusqu'à plusieurs centaines de milliers de vues. De notre correspondante à Tunis,En cette froide soirée de ramadan, une dizaine d'amis – de jeunes trentenaires pour la plupart — se retrouve dans les rues de Carthage, en banlieue de Tunis.« Toutes les semaines, on se retrouve après le travail le lundi pour tourner un podcast qui est diffusé sur toutes les plateformes le dimanche matin », explique Louai Chebbi. Diplômé en droit à Paris, il est revenu au pays pour enseigner. Il chapeaute aussi l'association Alert.« Trois, deux, un, action ! », décompte l'un des membres. Ces podcasts durent parfois jusqu'à près de deux heures. Alors que les difficultés que traverse la Tunisie — comme l'inflation, l'endettement, les pénuries — sont souvent expliquées par les autorités comme étant les conséquences de complots visant l'État tunisien, Alert veut contrer le discours officiel, chiffres et démonstrations à l'appui.Des contenus accessibles qui donnent des clés« On a remarqué que les "think tank" qui travaillent normalement avec l'écriture de longs rapports qui font 80, 90 pages, parfois 150 pages, mais ne trouvent pas un public large, un public de profanes », constate le président de l'organisation. Face à ce constat, Alert a voulu faire quelque chose de concret : « On a travaillé des vidéos, avec du contenu accessible, avec un langage, un vocabulaire tunisien qui donne les clefs à ces personnes pour déverrouiller les questions qui semblent un peu trop techniques. »Et les sujets économiques ne sont jamais vraiment décorrélés des questions politiques. « L'économie, c'est la politique, bien évidemment. Notre travail, c'est de dire : "On fait de la politique en parlant d'économie et on fait de l'économie en parlant de politique" », souligne Louai Chebbi.À écouter aussiTunisie : face à la crise, le secteur informel exploseAu programme aujourd'hui dans le podcast tourné ce jour-là, le statut des professions libérales en Tunisie. Pas de présentateur attitré. Le plus compétent des membres du collectif conduit les débats. Mehdi Jemaa, expert-comptable et membre d'Alert, tient la barre pour cette émission. À 27 ans, expert-comptable dans un cabinet, ce projet est très stimulant pour lui : « Honnêtement, moi personnellement, j'y trouve du sens. C'est une quête de sens. J'ai un rôle quelque part et j'arrive à avoir un impact, et ça honnêtement, c'est mon moteur. »Aujourd'hui, l'organisation fonctionne essentiellement sur l'implication et la générosité de ses membres. Pour garantir la liberté de ton et l'indépendance d'Alert, Mehdi Jemaa encourage les auditeurs à mettre la main à la poche pour assurer la pérennité du programme.
Situés entre la montagne et la mer, Tabarka, Aïn Draham et leurs environs regorgent de circuits de randonnée, d'artisanat, et d'une faune et flore encore préservée. Peu connus dans les circuits des agences touristiques pour les étrangers, les initiatives de promotion de ce tourisme vivent surtout grâce au tourisme local, un retour vers la nature et les savoir-faire traditionnels souvent recherché par les vacanciers tunisiens. De notre correspondante à Tunis,C'est à l'entrée du fort génois de Tabarka, une bâtisse du XVIe siècle surplombant la Méditerranée, que nous rencontrons Rania Mechergui, native de la région et randonneuse insatiable. « C'est une attraction importante de la ville de Tabarka, il y a tout le monde qui vient ici pour découvrir cette île et entendre l'histoire des Génois qui ont vécu sur cette terre », explique Rania Mechergui.Mais le fort n'est qu'une étape des circuits que proposent Rania avec son agence d'écotourisme, Dar El Ain, qu'elle a fondée en 2017.« Tabarka, depuis les années 1960, c'était toujours la destination de tourisme culturel, le jazz, la beauté de la ville, mais on n'a jamais pensé à la Tabarka de l'intérieur, les zones rurales de Tabarka, la Kroumirie en général », dit Rania Mechergui. « Il y a à l'intérieur des forêts, une population qui a un savoir-faire très, très important, qui a une cuisine très diversifiée, mais on n'a jamais pensé à valoriser tout ça à travers le tourisme », ajoute-t-elle.Comme d'autres régions, les autorités se sont plutôt focalisées sur l'attractivité de la mer et des hôtels sur la côte pour drainer le tourisme de masse. Mais aujourd'hui, Rania s'adresse à une autre clientèle avec des circuits de randonnées et de rencontres chez les artisans, elle travaille avec une communauté d'une quarantaine de personnes entre les femmes cuisinières et les artisans.« Il y a une gamme de clientèle tunisienne qui cherche ce genre d'expérience, qui cherche à découvrir le pays, qui cherche à faire découvrir à leurs enfants la nature et les bonnes pratiques dans la nature », insiste-t-elle.À lire aussiLa Tunisie s'éloigne du tourisme de masse pour plus de petites maisons d'hôtes localesÉcologie et patrimoine culinaireUn tourisme focalisé aussi sur l'écologie et le patrimoine culinaire. À Aïn Draham, dans une maison de campagne au fond d'un sentier, le cabanon de Casa Del Fromagio est rempli à craquer de Tunisiens qui viennent découvrir des fromages affinés.Haykel Abidi a lancé ce projet après plusieurs années passées en Europe, où il a découvert l'importance du tourisme autour des produits de terroir. « Je fais autour de ce produit un produit écotouristique, un produit durable, un produit qui sort de l'ordinaire, dans une ambiance campagnarde à Aïn Draham, à 650 mètres d'altitude, la neige, le froid », indique Haykel Abidi.À écouter aussiEn Tunisie, le tourisme reprend des couleursIl s'est fait connaître grâce au bouche-à-oreille et aux réseaux sociaux. Pour Zeineb, 39 ans, une cliente de la capitale, ce genre d'initiative devrait être plus valorisée. « Moi, j'adore ! Je goûte les nouveaux fromages à chaque fois et on vient à Tabarka chaque année avec ma famille. Pour moi, c'est vraiment le genre de tourisme qu'il faut plus, la nature, le plein air », confie la cliente.Nouveauté dans le pays, l'écotourisme manque encore de cadre législatif clair. Il gagne à être encouragé. Les indicateurs touristiques dans le gouvernorat de Jendouba, où se trouvent Tabarka et Aïn Draham, sont en hausse ces dernières années, à la fois grâce à l'afflux des vacanciers algériens, mais aussi du regain d'intérêt des Tunisiens pour ces régions.
C'est au 32bis, un espace dédié à la recherche, à la création qu'est exposé le travail d'Adama Sylla. Au delà du talent de cet artiste de 90 ans qui connait une notoriété sur le tard, les organisateurs de l'évènement y voient une façon de célébrer l'Afrique et de rappeler aux Tunisiens qu'en plus d'être arabes, ils sont aussi africains. À lire aussi«La Mécanique poétique d'Adama Sylla», photographies d'une époque au Sénégal
En Tunisie, 1 313 personnes parties des côtes tunisiennes ont disparu ou sont morts en mer Méditerranée en 2023, selon les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux. Un nombre record. Depuis le début de l'année, les départs de bateaux se multiplient et les familles de disparus restent dans le doute quant au sort de leurs proches qui n'atteignent pas les côtes européennes. Rencontre avec des familles d'une quarantaine de Tunisiens qui ont disparu depuis la mi-janvier. Reportage de notre envoyée spéciale à El Hencha,Depuis début 2024, l'Organisation internationale pour les migrations a décompté 124 disparitions en mer. Dans la ville d'El Hencha, les portraits des disparus en mer sont encore affichés sur une pancarte au rond-point, un mois après leur disparition. Le 10 janvier dernier, près d'une quarantaine de personnes âgées de 12 à 40 ans sont parties vers l'Italie dans une embarcation de fortune. Leurs familles n'ont plus de nouvelles depuis... Comme Meftah Jalloul, 64 ans, poissonnier et père de Mohamed, âgé de 17 ans et son seul fils : « Ce n'était pas sa première tentative, il avait déjà essayé deux fois et à chaque fois, je l'en empêchais. Il avait arrêté l'école et s'occupait d'un troupeau de moutons. Cette fois-ci, je l'ai aidé à partir, je lui ai donné 1 000 dinars, mais il ne m'a pas prévenu de quand est-ce qu'il allait prendre la mer ».Mohamed est parti pendant la nuit, avec une météo incertaine. Lui et les autres ont pris le risque de prendre la mer malgré le mauvais temps, en espérant ainsi ne pas se faire remarquer par les garde-côtes. Depuis, son père ne sait pas s'il a fait naufrage, car il n'a plus de contact : « Le seul espoir, c'est qu'ils aient dérivé vers la Libye. Nous avons des gens de notre entourage qui vont partir sur place, voir s'ils sont dans des prisons libyennes. Vu que j'ai travaillé là-bas, je sais leur dire où aller, c'est notre seule option ».Les familles livrées à elle-mêmesLes familles se sentent abandonnées par les autorités. Le tribunal de Sfax a ouvert une enquête, mais les recherches de corps en mer n'ont rien donné. Fathi Ben Farhat, professeur de Taekwondo de 48 ans, espère aussi que son neveu de 17 ans, Malek, se trouve en Libye : « On se retrouve dans des situations où c'est à nous d'enquêter parce que nous n'avons aucune information. Les députés, le gouverneur, la municipalité, nous appellent, nous les familles, pour avoir des informations sur les recherches, ils n'appellent pas la police. C'est pour vous dire à quel point on est seuls et livrés à nous-même. »Alors que les familles d'El Hencha attendent toujours des informations sur leurs proches, le 12 février dernier, la Garde nationale a annoncé que 17 personnes ont également été portées disparues dans la zone de Bizerte, au nord de la Tunisie. Comme à El Hencha, leurs familles se mobilisent, face à l'impossibilité du deuil, faute d'avoir trouvé les corps.À écouter aussiNaufrages en Méditerranée: les migrants face à une Europe forteresse
Tout juste sur les routes qu'elle fait déjà beaucoup jaser. En Tunisie, la société Bako commence à commercialiser un utilitaire et une voiture à énergie solaire. Avec leur design moderne et leur prix attractif qui débute à moins de 4000 euros, ces véhicules solaires et électriques retiennent l'attention des automobilistes tunisiens dont le pouvoir d'achat est de plus en plus grevé par l'inflation. De notre correspondante à Tunis,À l'aide d'une communication énergique sur les réseaux sociaux, le fabricant Bako Motors a commencé à se rapidement faire un nom en Tunisie. Depuis le département qualité, de larges baies vitrées s'ouvrent sur la ligne d'assemblage de Bako. Des ouvriers s'affairent pour réaliser l'opération du « mariage » – c'est-à-dire l'intégration de la carrosserie avec le châssis.Un véhicule sort chaque jour de cette usine de la banlieue de Tunis. Des tricycles essentiellement à usage commercial ou rural, mais aussi, depuis peu, une voiture. « Tous les véhicules que vous voyez là sont vendus, indique Boubaker Siala, le PDG de Bako Motors. La stratégie de Bako Motors, c'est d'avoir les avances et après trois mois, on livre. C'est pour travailler à flux tendu. On ne stocke pas. »Hybride solaire et électriqueLe chef d'entreprise est un ancien du secteur automobile en Allemagne. Lui qui a aussi travaillé dans le solaire en Tunisie a décidé de faire fusionner ses deux vies antérieures. « C'est un rêve qui a commencé il y a deux ans, avec des slides de power point, avec des papiers, avec des idées, avec deux personnes et maintenant avec 47 personnes ! », se réjouit-il.Avec des modèles accessibles à partir de 3 500 euros, le véhicule a de quoi séduire les Tunisiens alors que leur pays traverse une crise économique sévère. Et c'est Ahmed Oueslati, le directeur commercial qui propose un tour en Bako. La voiture solaire démarre malgré la météo pluvieuse. « Le solaire, il charge la batterie. Et le moteur consomme directement depuis la batterie », décrit Ahmed Oueslati. Et une fois lancée, la petite automobile hybride peut monter jusqu'à 45 km/h.Après avoir levé 1,7 million d'euros, Bako Motors affiche de grandes ambitions : après Tunis, l'entreprise a prévu d'ouvrir des usines en Arabie saoudite, Égypte et Nigeria.À lire aussiUne voiture solaire iranienne construite par des étudiants
Les têtes d'affiche de Denise Époté de TV5 Monde, comme chaque dimanche sur RFI, avec Victorien Willaume. Au menu : Brandon Wanguep, ingénieur camerounais en mécanique des matériaux et fondateur de l'application FindMe et les Tunisiens Karim Beguir & Zohra Slim qui ont fondé InstaDeep, une entreprise spécialisée dans l'intelligence artificielle.
En Tunisie, la ville de Sfax, à l'est du pays, a connu une semaine de violences après la mort d'un Tunisien le 3 juillet dans une altercation avec des migrants subsahariens. Des centaines de migrants ont été chassés de leurs domiciles, d'autres raflés dans la rue et emmenés dans des zones frontalières désertiques avec la Libye et l'Algérie, livrés à eux-mêmes. Cette situation alarmante sur le plan humanitaire est le résultat d'un problème de gestion de la crise migratoire que connaît Sfax depuis des mois. La ville est la plaque tournante de nombreux départs irréguliers vers l'Italie, mais le déferlement de haine envers les migrants n'est pas nouveau. En février dernier, suite à des propos polémiques du président de la République sur la migration irrégulière, la ville avait déjà connu des agressions racistes et des expulsions de domiciles. Loïc Oyono est un entrepreneur camerounais et directeur adjoint d'African Business Leader, une association tunisienne qui milite pour l'insertion économique des migrants. Il répond à Lilia Blaise, envoyée spéciale à Sfax. RFI : Vous vivez depuis neuf ans en Tunisie, vous avez une carte de séjour. Mais avec les violences à l'égard des migrants dans la ville, vous êtes aussi très affecté par ce qu'il se passe. Pouvez-vous m'expliquer comment en est-on arrivé à une telle situation à Sfax ?Loïc Oyono : Il faut questionner l'arrivée de ces migrants en Tunisie, qui arrivent de deux manières. Premièrement, il y a ceux qui viennent de manière légale. Pourquoi ? Parce que bon nombre d'entre eux sortent d'Afrique de l'Ouest, les pays d'Afrique de l'Ouest ont de très bonnes relations diplomatiques avec la Tunisie, donc bénéficient du free visa. Mais une fois arrivés sur place, il n'y a aucune possibilité pour eux de se régulariser. La deuxième vague, ce sont ceux qui viennent par les frontières libyennes ou algériennes. Étant donné que la Tunisie n'a aucune politique pour régulariser les personnes arrivées sur le sol tunisien de manière illégale, ils sont là, ils errent. Beaucoup avaient quand même des logements, c'est-à-dire qu'ils arrivaient à habiter quelque part – certes, dans des endroits un peu reculés de la Tunisie, des quartiers dits populaires – dans ces quartiers qui étaient un choix préférentiel pour eux. Pourquoi ? Parce que, premièrement, les loyers y sont relativement peu coûteux et deuxièmement, il n'y a pas besoin de contrats de location. Et donc, arrivés sur place, ils doivent cohabiter avec cette autre population de ces quartiers, les Tunisiens, qui également subissent la crise économique du pays. D'une certaine manière, cette population les prend pour bouc émissaire. Et voilà où nous en sommes arrivés, on a commencé par les expulsions des logements. Et lorsqu'il y a expulsion, forcément, il y aura la vue de plusieurs migrants dans les rues, ce qui peut être effrayant, d'une certaine manière, pour la population tunisienne.Il y a eu également des violences en représailles, après la mort d'un Tunisien le 3 juillet suite à une altercation avec trois migrants. Mais cela faisait déjà deux semaines qu'il y avait des tensions à Sfax. Comment agissez-vous au sein de votre association face à de tels problèmes ?Premièrement, après le discours polémique du président de la République tunisienne en février dernier sur la migration, nous avons constaté beaucoup de désordre au niveau de la ville de Sfax, beaucoup de violences. Nous avons vu qu'il y avait des agressions et personne ne sortait, surtout dans les endroits reculés. Et donc, avec notre association et d'autres associations, nous nous sommes mis en consortium et chaque soir, nous allions donner des petits paniers de première nécessité, que ce soit sanitaire ou alimentaire, pour aider ces personnes qui avaient même la crainte de sortir. Ça, c'est ce qu'il s'est passé avant. Maintenant, avec ce qui recommence, je ne vais pas vous mentir, en tant qu'acteur de la société civile ici en Tunisie, nous nous sentons impuissants par rapport à ce qu'il se passe. Au final, qu'est-ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'il y a à faire ? On sait qu'il y aura un temps d'accalmie d'ici à quelques jours, mais on a l'impression que d'ici à quelques mois, ça recommencera.Une accalmie précaire, comme vous le dites, on a vu des migrants être escortés hors de leur domicile par la police, sous les cris de « Dégage » des habitants. Aujourd'hui, des centaines d'entre eux sont obligés de vivre dans la rue, sans compter ceux qui ont été transportés de force vers les frontières libyenne et algérienne, et livrés à leur sort. Comment en est-on arrivés là ?De notre côté, au niveau de l'association, nous avons eu également des signalements de ces cas, c'est-à-dire des personnes qui font des vidéos étant à la frontière, comme quoi ils y auraient été déposés. Franchement, nous ne comprenons pas le mutisme des organisations non gouvernementales actuellement. Est-ce que ce sont des plans politiques qui sont en train de se jouer ? Franchement, il s'agit de vies humaines. Ces personnes qui sont dehors sont des personnes qui meurent dans la rue, parce qu'elles n'ont pas de quoi manger, elles ne travaillent plus. Sans compter que la justice suit son cours. Il y a eu des interpellations, donc on ne comprend pas pourquoi il y a ce chaos et cette vendetta, cette chasse aux Noirs en Tunisie, chaque soir. Et ce n'est pas que ça, parce qu'elle touche tout le monde, sans distinction de statut-encore que le statut légal ou pas dans un pays ne définit pas l'être humain, mais elle touche bien tout le monde. Il y a des étudiants qui actuellement sont en période d'examen, qui n'arrivent pas à sortir, et qui ont des craintes pour aller composer. Il y a ceux, également, qui sont en projet de fin d'études. Imaginez le trouble psychologique d'être dans un pays où on vient chez vous le soir, on casse tout. Tout ce que l'on demande, c'est justement un appel à la paix, et cela doit être fait par le gouvernement à sa population, et cela doit être fait régionalement, par les radios régionales, et c'est ainsi que les choses avanceront.Pour finir sur une note plus positive, est-ce qu'aujourd'hui un migrant subsaharien qui vient en Tunisie a une chance de travailler et de rester dans le pays, s'il le souhaite ?La Tunisie n'a aucun plan pour régulariser les personnes qui sont arrivées sur le sol tunisien de manière irrégulière, ça c'est le premier volet, et c'est un gros problème. Cela veut dire qu'elle ouvre une plaie qui, pour moi, ne se refermera pas tant que ce problème ne sera pas résolu. Maintenant, on peut parler d'entrepreneuriat. C'est dans ce volet que notre association s'inscrit : l'insertion socio-économique des migrants. J'en suis un exemple : je suis un entrepreneur sur le sol tunisien qui a des revenus grâce à son entreprise et qui vit de son activité, d'une certaine manière. Donc, avec notre association, nous avons le projet Kufanya, avec lequel nous avons accompagné 105 entrepreneurs migrants, parmi lesquels il y en a 30 qui ont mis sur pied des produits commercialisables sur le sol tunisien, trois cohortes. Nous avons quinze femmes migrantes en situation de vulnérabilité que nous avons aidées à créer des activités génératrices de revenus. C'est pour dire que c'est possible en Tunisie, mais la seule voie que l'on voit actuellement, c'est l'entrepreneuriat, et même cette voie, reste semée de beaucoup d'embûches.
durée : 00:04:15 - Le monde d'après - par : Jean Marc FOUR - Les élections législatives en Tunisie, avant-hier, ont été marquées par une abstention record. Comme si 12 ans après le printemps arabe, les Tunisiens ne croyaient plus à la démocratie. Cette désillusion est inquiétante.
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“Omar m'a tuer”. Qui n'a pas déjà entendu ces mots ? Ces dix lettres de sang, écrites avec les doigts… seul indice d'une scène de crime mystérieuse. La phrase désigne un homme : Omar Raddad, un jeune jardinier marocain, unique suspect de cette affaire. Pour la justice, il est le meurtrier de Ghislaine Marchal… Dans cette nouvelle saison de Home(icides), Caroline Nogueras revient sur l'affaire Omar Raddad. Depuis 30 ans, l'accusé se bat pour prouver son innocence. Il réclame l'acquittement… en vain. En octobre 2022, la deuxième requête en révision du procès a, encore une fois, été rejetée. Dans le dernier épisode, Caroline Nogueras reçoit Roger-Marc Moreau ancien détective privé et aujourd'hui criminaliste pour parler des nouveaux éléments de l'enquête. Une violente arrestation Mardi 25 juin 1991, Toulon, à 120 kilomètres de Mougins. C'est une ville de bord de mer, réputée pour son joli port et sa douceur de vivre, qui accueille depuis une dizaine d'années de nombreux immigrés méditerranéens. Des hautes barres d'immeubles ont poussé dans la ville pour loger tous les nouveaux arrivants. Des résidences sans réel charme où cohabitent Marocains, Algériens, Tunisiens et Sénégalais. C'est dans l'une d'entre elle que vit Omar Raddad avec sa femme et ses deux jeunes garçons ainsi que sa belle-famille. Découvrez la saison précédente en intégralité : L'affaire Méchinaud ou les disparus de Noël Un podcast Bababam Originals Ecrit par Capucine Lebot et raconté par Caroline Nogueras Réalisé par Jean-Gabriel Rassat En partenariat avec upday. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices
durée : 00:41:17 - Un jour dans le monde - 89% de Tunisiens se sont abstenus de voter au premier tour des élections législatives. Un véritable désaveu pour le président Kaïs Saïed, révélant la lassitude de ce pays qui avait ouvert la voie des révolutions arabes en 2011.
durée : 00:41:17 - Un jour dans le monde - 89% de Tunisiens se sont abstenus de voter au premier tour des élections législatives. Un véritable désaveu pour le président Kaïs Saïed, révélant la lassitude de ce pays qui avait ouvert la voie des révolutions arabes en 2011.
durée : 00:10:03 - Journal de 18h - Les Tunisiens, ont été très très peu au rendez-vous pour les élections législatives de ce samedi. Des élections boycottées par les principaux partis politiques, qui pointent du doigt le Président Saied.
Une Coupe du monde qui a bien débuté. Au lendemain de la victoire de l'équipe de France face au Danemark et à trois jours du match des Bleus contre la Tunisie, Martin Mosnier et Maxime Dupuis analysent ce dimanche le début de compétition des Bleus, déjà qualifiés pour les huitièmes de finale. Ils se projettent, aussi et surtout, sur cette rencontre face aux Tunisiens. Nos journalistes vous présentent le onze qu'ils souhaiteraient respectivement voir aligné par Didier Deschamps pour ce "match des coiffeurs" (4:13). Voici leurs envies, pas leurs prédictions. Les chances de victoire finale de l'équipe de France sont débattues dans le deuxième sujet de ce podcast (12:44). Est-ce organisés ainsi, avec un Antoine Griezmann dans l'entrejeu, que les Bleus peuvent faire le doublé ?Dans la troisième séquence de l'émission, Maxime Dupuis et Martin Mosnier se penchent sur le cas de Kylian Mbappé (19:12). L'omnipotent. Avec les bons et les mauvais côtés de sa prépondérance. Bonne écoute. Réalisation : Simon Farvacque | Graphisme : Quentin GuichardTous les podcasts d'Eurosport sont à retrouver ici. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Depuis janvier, l'Autriche a enregistré 96 000 demandes d'asile, selon le chancelier autrichien. Un chiffre qui a plus que doublé par rapport à l'an passé et qui dépasse déjà celui de l'année 2015. Pour faire face à cette affluence, les candidats à l'asile, lorsqu'ils arrivent, sont envoyés dans des « zones d'attente », installées partout dans le pays. De notre correspondante à Vienne, De larges préfabriqués blancs, entourés de barrières, se dressent le long d'une route passante. C'est là que vivent 300 candidats à l'asile, le temps d'effectuer les premières démarches pour leur demande. Ce qui, vu la forte affluence actuellement, peut prendre jusqu'à 10 jours. « Les conditions de vies sont difficiles ici », explique ce Syrien, qui préfère rester anonyme. « Il n'y a pas suffisamment de nourriture distribuée, les gens ont encore faim après, alors ils vont s'acheter eux-mêmes à manger, quand ils ont de l'argent. Il y a des douches, mais souvent plus d'eau chaude. Tout cela rend la vie difficile. » Les Afghans et les Syriens sont actuellement les deux nationalités les plus représentées parmi ceux qui déposent une demande d'asile. Suivent les Indiens et les Tunisiens, arrivés depuis la Serbie, pays dans lequel ils ont pu entrer sans visa ces derniers mois. C'est aussi le parcours qu'a fait Bouké Bouké Junior, depuis son Burundi natal, où sont restés sa femme et ses deux enfants. « On ne vient pas ici pour mendier ou faire n'importe quoi », assure Bouké Bouké Junior. La famille envoie quelqu'un pour leur donner quelque chose. On veut vivre dans les meilleures conditions, on veut du travail. Le travail est quelque chose de vital pour l'homme. Je veux gagner [de l'argent] de mes propres mains. » Un manque de places dans les structures d'accueil À quelques mètres de là, un hôtel reconverti en centre d'accueil héberge une vingtaine de Syriens qui, eux, attendent une réponse à leur demande d'asile. La plupart vivent ici depuis plusieurs mois, sans pouvoir faire grand-chose. « Ça fait cinq mois que je suis là », explique ce Syrien que nous appellerons Salim. « Dans ce village éloigné de tout, je ne peux pas prendre de cours d'allemand ni faire de bénévolat. Je suis allé à Pôle emploi pour demander du travail, mais ils m'ont dit que tant que je n'avais pas de décision concernant ma demande d'asile, ils ne pouvaient pas m'en proposer. Ce n'est pas une vie de seulement dormir et manger. » Partout dans le pays, les places dans les structures d'accueil manquent. Le gouvernement autrichien a donc décidé, comme en 2015, d'installer sur tout le territoire des tentes en guise d'hébergement temporaire. Un choix critiqué par les associations qui pointent le fait que nombre de ces demandeurs d'asile ne restent pas en Autriche, mais gagnent d'autres pays européens, comme l'explique Lukas Gahleitner, de l'ONG Asylkoordination. « Actuellement, seules 20 000 personnes environ sont en procédure d'asile en Autriche et, à ce titre pris, en charge par l'État. Cela ne devrait donc pas poser problème à un pays de 9 millions d'habitants, qui est l'un des plus riches du monde. » À côté de ces 20 000 demandeurs d'asile, l'Autriche prend actuellement en charge 56 000 Ukrainiens, dont un cinquième vivent dans des centres d'accueil dépendants de l'État autrichien.
Une nouvelle loi électorale, présentée jeudi 15 septembre par le président de la Tunisie Kaïs Saïed, réduit le rôle des partis politiques au Parlement. Selon le texte, les Tunisiens éliraient leurs députés individuellement et non plus en votant pour une liste présentée par un parti politique, un changement qui affaiblira l'influence des formations politiques.