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« L'(a)temporalité de la mètis : échos à Clorinde Balbi » Avec Robert Séguin, Marie-Pierre Giacalone et Eloïse Huppé-Gignac — Dans cet épisode, placé sous la figure tutélaire de Clorinde Balbi, personnage de Zola incarnant la ruse par excellence, trois chercheuses présentent différentes incarnations de la mètis à travers le temps. Dans une capsule sur la pratique photographique de la comtesse de Castiglione, Robert Séguin explore les rapports que la ruse et l'image auto-constituée de soi entretiennent. De son côté, Éloïse Huppé-Gignac explore le parcours de la politicienne Rachida Dati et s'interroge sur la ruse comme outil d'ascension sociale. Marie-Pierre Giacalone, quant à elle, dans une réflexion sur Le ravissement de Lol. V. Stein parsemée d'échanges, observe la ruse des femmes comme moyen d'émancipation. — Étudiante à la maîtrise en Littératures de langue française avec option en études sur les femmes et le genre depuis janvier 2023 à l'Université McGill, Marie-Pierre Giacalone peaufine ses recherches dans l'objectif d'entamer la rédaction de son mémoire en avril 2024. Son sujet porte sur l'œuvre de Chloé Savoie-Bernard et ses intérêts s'arrêtent principalement sur l'héritage féminin et patriarcal, les études féministes, la filiation, et enfin sur la constitution d'une temporalité et d'une génération symbolique pour les femmes. Robert Séguin étudie à la maîtrise en création littéraire à l'Université du Québec à Montréal. Iel s'intéresse à la fiction théorique et à la théorique fiction. Éloïse Huppé-Gignac est une étudiante à la maîtrise en études littéraires à l'Université du Québec à Montréal, profil recherche, avec une concentration en études féministes. Elle a également effectué son baccalauréat en études littéraires avec une concentration en études féministes à l'UQAM ainsi que, préalablement, un certificat en géologie appliquée. Elle s'intéresse principalement à la culture populaire, à la littérature québécoise contemporaine, aux mythes et aux représentations de la monstruosité féminine dans la littérature. — Les Rusées est un projet de balado réalisé à l'automne 2023 dans le cadre du séminaire de cycles supérieurs « Ruse et femmes à mètis dans le roman de 1854 à 1930 », sous le direction de Véronique Cnockaert (avec la collaboration d'Émilie Bauduin). Postproduction et montage : Sarah Grenier-Millette
Dans cet épisode bilingue, la poète Chloé Savoie-Bernard et l'étudiante Michelle Lin échangent sur le poème «beauté formol», qui aborde l'avortement. C'est aussi un des poèmes les plus récités par les étudiant·e·s aux Voix de la poésie. / In this bilingual episode, the poet Chloé Savoie-Bernard and the student Michelle Lin talks about the poem "beauté formol" witch addresses abortion. It is also one of the most recited poems by students at Poetry In Voices. "beauté formol" is part of Chloé Savoie-Bernard‘s first collection, Royaume scotch tape, published by l'Hexagone in 2015. / «beauté formol» fait parti du premier recueil de Chloé Savoie-Bernard, Royaume scotch tape, paru aux éditons de l'Hexagone en 2015.
À l'ombre du phare encore enneigé de Signal nocturne, la femme de lettres Chloé Savoie-Bernard rencontre pour la première fois le réalisateur et animateur, Julien Morissette. Fille d'une mère acadienne et d'un père haïtien, Chloé remonte ses origines et témoigne de son rapport passionnel avec les différentes facettes de la littérature. À la fois écrivaine, universitaire, traductrice et éditrice, elle raconte qu'écrire est un geste politique. Ayant vécu sa dernière décennie à un rythme effréné, Chloé affirme aujourd'hui être en quête de lenteur. La comédienne Florence Blain Mbaye nous lit de magnifiques extraits du dernier recueil de poésie de Chloé, «Sainte-Chloé de l'amour».
Trois gens de lettres, Kevin Lambert, Chloé Savoie-Bernard et David Bélanger expliquent ce qu'ils ont gardé dans leur art de la grève étudiante québécoise de 2012; l'auteur Daniel Thibault fait un exercice d'empathie envers les camionneurs du « convoi pour la liberté »; un hommage est rendu à l'auteure Mona Latif-Ghattas, disparue en décembre 2021; Marc Coiteux et Nicolas Tittley parlent du livre Bowie, l'enchanteur : Portrait d'une icône sous ses masques; Donald Cuccioletta fait le compte-rendu de sa lecture d'un livre autobiographique du journaliste Carl Bernstein.
Lors de cette rencontre entre Dimitri Nasrallah, écrivain, traducteur, éditeur et professeur de création littéraire et Chloé Savoie-Bernard, autrice, éditrice, critique et stagiaire postdoctorale en recherche-création, il est question des enjeux pour les étudiants·es et les enseignants·es dans les programmes de création, du mentorat et de l'alliance, de l'industrie de l'édition et du travail culturel et politique de l'écriture.
Avec Calamine, Chloé Savoie-Bernard, Cathy Ramirez, Emna Achour et Manon Massé... à la flûte à bec! Un enregistrement du Cabaret des Sorcières animé par Judith Lussier, réalisé au Lion d'Or le 2 novembre 2021. Liens Instagram : @calamine_mtl @chloesavoiebernard @tchtchgyal @emnaachour @manonmasseofficiel Cette captation a été rendue possible grâce au Conseil des arts et des lettres du Québec. .... En savoir plus sur Les Sorcières.
Le désir est parfois si fort qu'il prend le pas sur la raison. Comment peut-il devenir un moteur de changement, d'engagement? Voilà les réflexions au cœur de cette table ronde autour d'auteur·rice·s dont le feu d'allumage des livres est le désir et ses effets sur nos actions. Puisqu'il y a bien des façons d'aborder le désir en littérature, des voix diverses discuteront du sujet avec l'autrice Claudia Larochelle à l'animation: la poète Chloé Savoie-Bernard, le thérapeute Nicolas Lévesque et la criminologue Maria Mourani.Avec:Chloé Savoie-Bernard, Auteur·riceMaria Mourani, Auteur·riceNicolas Lévesque, Auteur·riceClaudia Larochelle, Animateur⋅riceLivres:Machine Jihad. Du désir à l'engagement: 10 jeunes lèvent le voileSainte Chloé de l'amourPtoma. Un psy en chute libreLe Site Web du #SalonDuLivreDeMontreal : https://www.salondulivredemontreal.com/
Juste avant qu'il ne parte pour une séance de dédicaces au Salon du livre de Montréal, Michel Tremblay se joint à nous pour nous parler de son nouveau roman, Offrandes musicales; Nous profitons du lancement du 44e Salon du livre de Montréal pour réunir à notre micro trois plumes aux styles singuliers. Patrick Senécal, Chloé Savoie-Bernard et Chris Bergeron réfléchissent en chœur à l'état du monde [en crise] et mesurent la responsabilité qui leur incombe en tant qu'écrivain et écrivaines.
Samuel Archibald a vu pour nous la nouvelle série d'horreur Sermons de minuit; Antoine Charbonneau-Demers et Chloé Savoie-Bernard nous font découvrir quatre plumes queers.
Sur S4, E8 de Les Ficelles, le podcast féministe sur Occupation Double, Amélie Faubert et Solène Paré reçoivent femmes des lettres Chloé Savoie-Bernard pour discuter du contentement en amour, de bad bromance et d'intimidation sociale.Disponible tous les mercredi sur votre application podcast préférée et sur Pivot, le voix gauchiste de Quebec, a https://pivot.quebec/baladodiffusions/les-ficelles/
Sur S4, E8 de Les Ficelles, le podcast féministe sur Occupation Double, Amélie Faubert et Solène Paré reçoivent femmes des lettres Chloé Savoie-Bernard pour discuter du contentement en amour, de bad bromance et d'intimidation sociale. Disponible tous les mercredi sur votre application podcast préférée et sur Pivot, le voix gauchiste de Quebec, a https://pivot.quebec/baladodiffusions/les-ficelles/
Cette semaine, les Ficelles reçoivent Chloé Savoie-Bernard et elles discutent du contentement en amour, de bad bromance et d'intimidation sociale.
Très jeune, Chloé Savoie-Bernard rêvait de devenir une sainte. L'autrice, traductrice et éditrice fait un clin d'œil à ses souvenirs mystiques et à son passé religieux en publiant Sainte Chloé de l'amour; À l'occasion de la sortie du documentaire The Velvet Underground, de Todd Haynes, Marc Coiteux et Nicolas Tittley mettent en lumière la vie extraordinaire de Nico, chanteuse culte et symbole de la contre-culture des années 60.
Chloé Savoie-Bernard et Ryoa Chung discutent de comment la série The Chair reflète les débats qui animent le monde universitaire, et Camille Toffoli récite une lettre d'amour au karaoké.
Mission encre noire Tome 30 Chapitre 352. Se faire éclaté.e, expériences marginales et écritures de soi sous la direction de Nicholas Dawson, Pierre-Luc Landry et Karianne Trudeau Beaunoyer paru en 2021 aux éditions Nota Bene dans la collection Indiscipline. La nouvelle collection dirigée par Étienne Beaulieu se propose d'ouvrir de nouveaux champs d'investigation pour une pensée contemporaine des arts et des savoirs. Un collectif d'autrices et d'auteurs se réunit autour du thème: l'écriture de soi dans une position de marginalité. Marilou Craft, Nicholas Dawson, Fanie Demeule, Kevin Lambert, Pierre-Luc Landry, Stéphane Martelly, Alex Noël, Karine Rosso, Chloé Savoie-Bernard et Karianne Trudeau Beaunoyer posent les premiers jalons d'une réflexion stimulante et anticonformiste. Qu'est-ce que c'est être soi-même ? Comment incarner dans l'écriture la multiplicité des expériences humaines ? Comment saisir les différents aspects qui composent une histoire sans tomber dans le piège de l'appropriation ? Est-il possible d'exprimer une sexualité, une langue minoritaire, en dehors des canons du «régime politique» hétérosexuel dominant ? C'est à un numéro d'équilibriste inédit et passionnant que se livrent cette dizaine d'autrices et d'auteurs lâché.e.s en libertés dans les pages d'un essai essentiel, eu égard aux nouveaux enjeux des littératures qui enflamment aujourd'hui les débats d'actualités. À leur suite, je vous invite à entrer en résistance, de comprendre, de résister, de refuser en compagnie de Karianne Trudeau Beaunoyer et de Pierre-Luc Landry, ce soir, à Mission encre noire. Extrait:« J'essaie d'écrire avec tout le corps, autant de corps que d'abandons, que de cicatrices, que d'amours jamais advenues, que d'amitiés perdues. Autant de corps que d'insultes reçues ou entendues, que de violences pernicieuses. Autant de corps que de nuits blanchies par le désir ou la perte qui sont une seule et même chose, que de soirées à espérer, que d'étés à m'ennuyer. J'aurai ainsi plusieurs corps abandonnés à chaque tournant, à toutes les bifurcations, des mues qui empêchent la résilience: je n'ai pas de forme initiale à laquelle revenir après les altérations. (...) Combien de cellules du corps de ma mère dans mon corps à moi? Si je faisais l'anatomie de mes goûts: combien de ses goûts faits miens, de ses goûts faits mes dégoûts, faits ma révolte, faits mon arrogance, faits mon élan pour sortir de son ventre, me défaire de ses jupes?» Karianne Trudeau Beaunoyer, Autoportrait en arrêts sur images (2021, Nota Bene) La revue Moebius 167. «Une fourchette en équilibre dans tout ça», c'est thème plutôt ludique que nous propose le magazine Automne 2020 Bis, avec aux commandes Gabrielle Giasson-Dulude et Baron Marc-André Lévesque. La célèbre revue littéraire québécoise n'arrête pas de surprendre depuis 1977. Une fois encore, ce numéro foisonne de textes en prose et en vers, des essais, de courts récits, de l'image, du montage, de quoi stimuler votre imagination au moins jusqu'au prochain numéro! Maxime Brillon, Emmanuel Deraps, Stéphane Despatie, Audrey-Ann Gascon, Loriane Guay, Gabrielle-Ève Lane, Roxane Léouzon, Adrien Millet, Alessandra Naccarato traduite par Keltie Robertson, Camille Readman Prud'homme, Alexis Rodrigue-Lafleur, Florence Tétreault, Sayaka Araniva-Yanez et Madioula Kébé-Kamara jouent les acrobates, tentent de garder leur aplomb sur le bord d'une assiette incertaine. Éléonore Goldberg et Yara El-Ghadban achèvent leur résidence artistique après quatre numéros. Les rubriques habituelles sont également au rendez-vous, notons la lettre à une autrice, Hélène Bughin écrit à Pascale Bérubé. J'ai le plaisir d'accueillir, ce soir, à Mission encre noire, non pas deux, mais trois participantes de la revue Moebius 167, Madioula Kébé-Kamara, Yara El-Ghadban, et Hélène Bughin sont avec moi ce soir. Extrait:« Tout à coup, un tourbillon d'images. La ville de Québec par une journée glaciale de janvier 2017. Six hommes priant paisiblement à la mosquée, tués par un jeune homme imbu de haine. Vies détruites. Manifs, hommages et regrets. Puis le constat: les musulmans de Québec n'ont pas de cimetière où enterrer leurs aimés. Des reportages à la télé. Un terrain à Saint-Apollinaire, le tollé des habitants et un référendum: un cimetière, oui ; un cimetière musulman? Non ! Dans ma bouche, un goût amer. Même morts, vous ne voulez pas de nous ? Cette terre qui gèle en hiver sera-t-elle pour toujours hostile à mon corps méditerranéen ? Ne me laissera-t-elle jamais fondre en elle, lui donner un peu de ma chaleur ? Lui léguer ma poussière, et le sel de la mer ? Fertiliser son sol ? Nourrir les racines, me glisser dans la sève de ses érables ? Les musulmans de Québec ont enfin eu un cimetière en 2019, mais ce goût âcre ne m'a plus jamais quittée.» Yara El-Ghadban, Mourir en exil (2021, Moebius 167)
Mission encre noire Tome 30 Chapitre 352. Se faire éclaté.e, expériences marginales et écritures de soi sous la direction de Nicholas Dawson, Pierre-Luc Landry et Karianne Trudeau Beaunoyer paru en 2021 aux éditions Nota Bene dans la collection Indiscipline. La nouvelle collection dirigée par Étienne Beaulieu se propose d'ouvrir de nouveaux champs d'investigation pour une pensée contemporaine des arts et des savoirs. Un collectif d'autrices et d'auteurs se réunit autour du thème: l'écriture de soi dans une position de marginalité. Marilou Craft, Nicholas Dawson, Fanie Demeule, Kevin Lambert, Pierre-Luc Landry, Stéphane Martelly, Alex Noël, Karine Rosso, Chloé Savoie-Bernard et Karianne Trudeau Beaunoyer posent les premiers jalons d'une réflexion stimulante et anticonformiste. Qu'est-ce que c'est être soi-même ? Comment incarner dans l'écriture la multiplicité des expériences humaines ? Comment saisir les différents aspects qui composent une histoire sans tomber dans le piège de l'appropriation ? Est-il possible d'exprimer une sexualité, une langue minoritaire, en dehors des canons du «régime politique» hétérosexuel dominant ? C'est à un numéro d'équilibriste inédit et passionnant que se livrent cette dizaine d'autrices et d'auteurs lâché.e.s en libertés dans les pages d'un essai essentiel, eu égard aux nouveaux enjeux des littératures qui enflamment aujourd'hui les débats d'actualités. À leur suite, je vous invite à entrer en résistance, de comprendre, de résister, de refuser en compagnie de Karianne Trudeau Beaunoyer et de Pierre-Luc Landry, ce soir, à Mission encre noire. Extrait:« J'essaie d'écrire avec tout le corps, autant de corps que d'abandons, que de cicatrices, que d'amours jamais advenues, que d'amitiés perdues. Autant de corps que d'insultes reçues ou entendues, que de violences pernicieuses. Autant de corps que de nuits blanchies par le désir ou la perte qui sont une seule et même chose, que de soirées à espérer, que d'étés à m'ennuyer. J'aurai ainsi plusieurs corps abandonnés à chaque tournant, à toutes les bifurcations, des mues qui empêchent la résilience: je n'ai pas de forme initiale à laquelle revenir après les altérations. (...) Combien de cellules du corps de ma mère dans mon corps à moi? Si je faisais l'anatomie de mes goûts: combien de ses goûts faits miens, de ses goûts faits mes dégoûts, faits ma révolte, faits mon arrogance, faits mon élan pour sortir de son ventre, me défaire de ses jupes?» Karianne Trudeau Beaunoyer, Autoportrait en arrêts sur images (2021, Nota Bene) La revue Moebius 167. «Une fourchette en équilibre dans tout ça», c'est thème plutôt ludique que nous propose le magazine Automne 2020 Bis, avec aux commandes Gabrielle Giasson-Dulude et Baron Marc-André Lévesque. La célèbre revue littéraire québécoise n'arrête pas de surprendre depuis 1977. Une fois encore, ce numéro foisonne de textes en prose et en vers, des essais, de courts récits, de l'image, du montage, de quoi stimuler votre imagination au moins jusqu'au prochain numéro! Maxime Brillon, Emmanuel Deraps, Stéphane Despatie, Audrey-Ann Gascon, Loriane Guay, Gabrielle-Ève Lane, Roxane Léouzon, Adrien Millet, Alessandra Naccarato traduite par Keltie Robertson, Camille Readman Prud'homme, Alexis Rodrigue-Lafleur, Florence Tétreault, Sayaka Araniva-Yanez et Madioula Kébé-Kamara jouent les acrobates, tentent de garder leur aplomb sur le bord d'une assiette incertaine. Éléonore Goldberg et Yara El-Ghadban achèvent leur résidence artistique après quatre numéros. Les rubriques habituelles sont également au rendez-vous, notons la lettre à une autrice, Hélène Bughin écrit à Pascale Bérubé. J'ai le plaisir d'accueillir, ce soir, à Mission encre noire, non pas deux, mais trois participantes de la revue Moebius 167, Madioula Kébé-Kamara, Yara El-Ghadban, et Hélène Bughin sont avec moi ce soir. Extrait:« Tout à coup, un tourbillon d'images. La ville de Québec par une journée glaciale de janvier 2017. Six hommes priant paisiblement à la mosquée, tués par un jeune homme imbu de haine. Vies détruites. Manifs, hommages et regrets. Puis le constat: les musulmans de Québec n'ont pas de cimetière où enterrer leurs aimés. Des reportages à la télé. Un terrain à Saint-Apollinaire, le tollé des habitants et un référendum: un cimetière, oui ; un cimetière musulman? Non ! Dans ma bouche, un goût amer. Même morts, vous ne voulez pas de nous ? Cette terre qui gèle en hiver sera-t-elle pour toujours hostile à mon corps méditerranéen ? Ne me laissera-t-elle jamais fondre en elle, lui donner un peu de ma chaleur ? Lui léguer ma poussière, et le sel de la mer ? Fertiliser son sol ? Nourrir les racines, me glisser dans la sève de ses érables ? Les musulmans de Québec ont enfin eu un cimetière en 2019, mais ce goût âcre ne m'a plus jamais quittée.» Yara El-Ghadban, Mourir en exil (2021, Moebius 167)
Pour cette toute première émission, diffusée sur les ondes de CIBL 101.5 le 14 janvier 2020, Maxime Labrecque reçoit deux invitées qui discutent de leurs plaisirs coupables. Alice Michaud-Lapointe s'intéresse au film Bring it On (2000) de Peyton Reed, où "on danse le lien social" et Chloé Savoie-Bernard, qui vit ses plaisirs coupables dans l'exultation, discute de la série télé The Vampire Diaries. De manière décomplexée, ces oeuvres sont analysées sous tous leurs angles, même les plus incongrus !
Mission encre noire Tome 27 Chapitre 317. L'actualité de Catherine Lemieux est chargée en cette rentrée littéraire. Nous profitons de la parution simultanée de La consumation paru en 2019 aux éditions Nota Bene et de Super-héroïnes de Barbi Markovic paru aux éditions Triptyque en 2019, traduit de l'allemand par l'autrice, pour revenir sur Une affection rare, son premier roman paru en 2018 aux éditions Triptyque. La consumation est une essai captivant qui vous invite à célébrer l'exubérance, l'esprit de dépense en littérature. Catherine Lemieux se dit contaminée par ce feu de l'esprit qui s'écoule, déborde, dont le retour de flamme serait dévastateur. L'étude de ce phénomène à travers des textes chez Bachmann, Plath et Duras va vous exhorter à « apprendre à pousser plus loin, pour contracter un appétit inavouable et passablement cruel, pour révéler le manque, le gargouillement des tripes à la source de l'aventure de la connaissance.» Super-héroïnes de Barbi Markovic est un roman piquant, grinçant. Trois adeptes de la sorcellerie sont en révolte contre les abus de leur société d'accueil. Elles se réunissent dans un café malfamé de Vienne pour pratiquer la foudre et l'extermination. Les trois héroïnes immigrantes, non content de vouloir faire le bien, se sentent rejetées, et doivent composer avec les aléas de la vie quotidienne. Superhéroïnes est un roman drôle, une fiction urbaine, voire dystopique qui se délecte à jeter des sorts à cette damnée société de consommation. Une affection rare paru plus tôt dans l'année, est une histoire d"amitié hors norme, la rencontre d'Anna et Sarah, à Québec, début des années 2000. La musique de Joy Division, des Smiths, des Cure leur sert de bannière pour affronter lutter contre les discours conformistes et l'hypocrisie de l'époque. La première souffre d'une rare affection aux poumons ; la seconde, est une trapéziste qui aimerait avoir le courage de se laisser tomber. Laissez-vous porter par une histoire où l'amitié est une ivresse contagieuse qui flirte avec le sentiment amoureux et la passion. De passage au Québec, Catherine Lemieux est notre invité à Mission encre noire. Extrait: « Un court instant je crois entendre mes algues couiner. Mais non, silence. Sarah ne me regarde plus entre deux pirouettes. Mission accomplie. Elle existe comme si je n'existais pas. Je la regarde avec un peu plus d'attention. Un jour, peut-être, je ne la reconnaîtrai plus. Elle sera d'un autre sang. Ne me rappellera plus rien ni personne. Je serai au plus près de sa nuit. Mon coeur en battra plus fort. Comme au bord de la mer. Je ne veux pas savoir ce que pense Sarah. Je veux écouter le bruit des vagues dans sa carcasse qui grince.» Zodiaque / Collectif paru en 2019 aux éditions La Mèche. Voici un recueil de nouvelles signé par douze autrices, douze signes astrologiques, douze fictions plus une: Mélopée B. Montminy (Gémeaux), Marjolaine Beauchamp (Cancer), Zéa Beaulieu-April (Bélier), Pascale Bérubé (Lion), MP boivert (Vierge), Clara Dupuis-Morency (Verseau), Nadia Essadiqui aka La Bronze (Scorpion), Catherine Mavrikakis (Capricorne), Anne Martine Parent (Poissons), Chloé Savoie-Bernard (Taureau) et Maude Veilleux (Sagittaire) et Ariane Lessard (Balance) sont les signatures qui guident nos futurs voyages astraux. Le collectif vous propose de vous emparer d'un langage qui parfois attire ou révulse. Condamné à vie pour quétainerie, la pseudo science, malgré ses connotations commerciales, ésotérique, voire ringarde, parle de nous, de vous, de toi. Il s'établit une relation intime aux signes, à la trajectoire changeante, qui néanmoins donne naissance à un récit. Comme par magie, il est fort probable, qu'au bout de votre lecture, chacun.e, trouve chaussure à son pied, dans ce formidable jeu de constellations. Ce projet est né de la boule de cristal de Sébastien Dulude et d'Ariane Lessard, deux voix qui nous viennent du clan des Balance, quelque part entre 180 degré et 210 degré compté sur le cercle des signes du zodiaque. Dotée d'humour, d'espièglerie et, qui sait, de magie, Ariane Lessard est notre invité, ce soir, à Mission encre noire. Extrait: « Au début de ma vingtaine, j'étais insouciante et téméraire. Ma voiture ressemblait à un dépotoir. Je roulais un pied sorti par la fenetre. Je dormais dans le coffre entre mes cours. Je me maquillais à quatre-vingts kilomètres à l'heure. Sagittaire ascendant Lion. Cheveux dans le vent. Je n'ai jamais trouvé le bonheur en dehors d'une voiture.» Maude Veilleux (Sagittaire), Véhicule cheveux longs.
Mission encre noire Tome 26 Chapitre 312. La Pomme et l'Étoile d'Étienne Beaulieu paru en 2019 aux éditions Varia. Alors que l'auteur médite sur la plage, en face de Provincetown, à Eastham Nord, il trace mentalement dans le sable une comédie automatiste que la mer vient balayer. Il songe à Paul-Émile Borduas et à sa peinture venu de nulle part, à l'étrangeté de la matière. Ou bien envisage-t-il sa maison de Sherbrooke, si proche en terme de distance, qui le relie plus volontiers au besoin d'enracinement d'un Ozias Leduc. Lui, qui avoue y avoir installé du bois de grange décoratif, sa manière d'établir, à la façon du peintre du Mont-Saint-Hilaire, un lieu d'enracinement. La pomme C'est Ozias Leduc. L'étoile, Paul-Émile Borduas. Ces deux peintres vont servir de carburant colérique, suite à son divorce, à l'écriture de cet essai littéraire sans pareil, qui poursuit l'objectif de «mettre des mots justes sur ce que vous ressentez depuis l'enfance sans trop y penser.» Le livre que vous tenez dans les mains va vous parler d'amour fou, de femmes, d'art et du Québec, vous faire traverser deux mondes, et faire naître un écrivain sous vos yeux ébahis. Pour René Girard, il y a trois personnes en amour comme en littérature, vous, le livre et l'auteur, Étienne Beaulieu est notre invité ce soir à Mission encre noire. Extrait: « Borduas semble avoir été fasciné par la puissance annonciatrice des départs. Une toile peinte au début des années 1930, La jeune fille au bouquet ou le départ, montre avec nostalgie cet engouement pour le moment sentimental et déchirant des adieux. Il peut s'agir bien sûr du départ de la France, que Borduas quitte alors avec beaucoup de regrets semble-t-il. Est-ce la fameuse Lulu que l'on voit apparaître dans le Journal que tient Borduas pendant son séjour d'un an en France ? Mais on peut voir dans cette étrange figure de jeune femme au regard perdu dans un bouquet de fleurs un départ plus fondamental, de nature ontologique: le départ vers une autre aventure que celle du réel.» Moebius 161 est en librairie ! La citation-thème est une phrase choisie de l'Amèr ou le chapitre effrité de Nicole Brossard paru chez Typo en 2013: « La matière s'est, de tout temps, mise à bouger seule.» Ce numéro se veut exclusivement féminin, à part la présence de Marc-André Baron associé à Chloé Savoie-Bernard pour la direction littéraire. Nonobstant le somptueux objet livre mis en forme et en couleur par Julie Delporte, artiste en résidence, à découvrir, vous y trouverez des textes inédits de Lucile de Pesloüan, écrivaine en résidence, Mélodie Bujold, Marie-Hélène Constant, Mégane Desrosiers, Caroline Guindon, Mimi Haddam, Patricia Houle, Mélanie Landreville, Valérie Lefebvre-Faucher, Nancy Rivest, Sanna, Brigitte Vaillancourt, ainsi que Laurance Ouellet Tremblay dans la rubrique « Penser la création » et Daria Colonna qui écrit à la poète Emmanuelle Riendeau. Extrait: « Je guette le bruit des gens qui tombent/acquiesce et redescends/traverse la route du dehors/mon terrain arrête ici/la maison a le toit défoncé/la neige entrée par la bouche/sous la langue/le silence.» Marie-Hélène Constant, Les arbres d'ornement. Fracking de François Roux paru en 2019 aux éditions Albin Michel. Si ce roman se déroule en Amérique du nord, plus précisément dans les vastes plaines du Dakota, le couteau qui se plante en terre et qui intoxique les champs et les cours d'eau nous concerne toutes et tous. Fracking: Fracturation hydraulique qui permet de forer à la verticale puis à l'horizontale un puits d'acier, pour capturer les hydrocarbures emprisonnés en profondeur dans les pores de formations schisteuses, en provoquant une fissuration de la roche par une série d'explosions et libérer le pétrole qui s'écoule. Dans l'Amérique de Donald Trump, c'est toute une communauté locale du Dakota qui va devoir s'entre-déchirer, autour des ambitions extractrices de la compagnie pétrolière Global Ressource et des mouvements contestataires de Standing Rock. Au-dessus des nappes d'hydrocarbures flottent un parfum de désastre annoncé. C'est la débandade d'un rêve américain qui se liquéfie sous nos yeux. Dans le soleil couchant des vastes prairies du Dakota, aucun troupeau ni l'ombre d'un cow-boys couvrent l'horizon, seule demeure la silhouette mortifère du nouvel eldorado de l'or noir, des puits de pétrole. Extrait: « Avec le fracking, le rêve éternel d'indépendance énergétique de l'Amérique allait enfin se réaliser. Les prévisions les moins optimistes tablaient sur douze millions de barils de pétrole par jour en 2020 - soit pratiquement deux fois plus qu'en 2006 - qui ferait des États-Unis le premier pays producteur au monde, loin devant l'Arabie saoudite. Au-delà des retombées économiques, les plus radicaux - et il y en avait quelques-uns dans le comté - y voyaient une revanche politico-stratégique sur ces États du Golfe qui, non contents d'imposer leurs vues au gouvernement le plus puissant de la planète, nourrissaient en leur sein d'effroyables terroristes dont l'imagination macabre paraissait n'avoir aucune limite.»
Mission encre noire Tome 26 Chapitre 312. La Pomme et l'Étoile d'Étienne Beaulieu paru en 2019 aux éditions Varia. Alors que l'auteur médite sur la plage, en face de Provincetown, à Eastham Nord, il trace mentalement dans le sable une comédie automatiste que la mer vient balayer. Il songe à Paul-Émile Borduas et à sa peinture venu de nulle part, à l'étrangeté de la matière. Ou bien envisage-t-il sa maison de Sherbrooke, si proche en terme de distance, qui le relie plus volontiers au besoin d'enracinement d'un Ozias Leduc. Lui, qui avoue y avoir installé du bois de grange décoratif, sa manière d'établir, à la façon du peintre du Mont-Saint-Hilaire, un lieu d'enracinement. La pomme C'est Ozias Leduc. L'étoile, Paul-Émile Borduas. Ces deux peintres vont servir de carburant colérique, suite à son divorce, à l'écriture de cet essai littéraire sans pareil, qui poursuit l'objectif de «mettre des mots justes sur ce que vous ressentez depuis l'enfance sans trop y penser.» Le livre que vous tenez dans les mains va vous parler d'amour fou, de femmes, d'art et du Québec, vous faire traverser deux mondes, et faire naître un écrivain sous vos yeux ébahis. Pour René Girard, il y a trois personnes en amour comme en littérature, vous, le livre et l'auteur, Étienne Beaulieu est notre invité ce soir à Mission encre noire. Extrait: « Borduas semble avoir été fasciné par la puissance annonciatrice des départs. Une toile peinte au début des années 1930, La jeune fille au bouquet ou le départ, montre avec nostalgie cet engouement pour le moment sentimental et déchirant des adieux. Il peut s'agir bien sûr du départ de la France, que Borduas quitte alors avec beaucoup de regrets semble-t-il. Est-ce la fameuse Lulu que l'on voit apparaître dans le Journal que tient Borduas pendant son séjour d'un an en France ? Mais on peut voir dans cette étrange figure de jeune femme au regard perdu dans un bouquet de fleurs un départ plus fondamental, de nature ontologique: le départ vers une autre aventure que celle du réel.» Moebius 161 est en librairie ! La citation-thème est une phrase choisie de l'Amèr ou le chapitre effrité de Nicole Brossard paru chez Typo en 2013: « La matière s'est, de tout temps, mise à bouger seule.» Ce numéro se veut exclusivement féminin, à part la présence de Marc-André Baron associé à Chloé Savoie-Bernard pour la direction littéraire. Nonobstant le somptueux objet livre mis en forme et en couleur par Julie Delporte, artiste en résidence, à découvrir, vous y trouverez des textes inédits de Lucile de Pesloüan, écrivaine en résidence, Mélodie Bujold, Marie-Hélène Constant, Mégane Desrosiers, Caroline Guindon, Mimi Haddam, Patricia Houle, Mélanie Landreville, Valérie Lefebvre-Faucher, Nancy Rivest, Sanna, Brigitte Vaillancourt, ainsi que Laurance Ouellet Tremblay dans la rubrique « Penser la création » et Daria Colonna qui écrit à la poète Emmanuelle Riendeau. Extrait: « Je guette le bruit des gens qui tombent/acquiesce et redescends/traverse la route du dehors/mon terrain arrête ici/la maison a le toit défoncé/la neige entrée par la bouche/sous la langue/le silence.» Marie-Hélène Constant, Les arbres d'ornement. Fracking de François Roux paru en 2019 aux éditions Albin Michel. Si ce roman se déroule en Amérique du nord, plus précisément dans les vastes plaines du Dakota, le couteau qui se plante en terre et qui intoxique les champs et les cours d'eau nous concerne toutes et tous. Fracking: Fracturation hydraulique qui permet de forer à la verticale puis à l'horizontale un puits d'acier, pour capturer les hydrocarbures emprisonnés en profondeur dans les pores de formations schisteuses, en provoquant une fissuration de la roche par une série d'explosions et libérer le pétrole qui s'écoule. Dans l'Amérique de Donald Trump, c'est toute une communauté locale du Dakota qui va devoir s'entre-déchirer, autour des ambitions extractrices de la compagnie pétrolière Global Ressource et des mouvements contestataires de Standing Rock. Au-dessus des nappes d'hydrocarbures flottent un parfum de désastre annoncé. C'est la débandade d'un rêve américain qui se liquéfie sous nos yeux. Dans le soleil couchant des vastes prairies du Dakota, aucun troupeau ni l'ombre d'un cow-boys couvrent l'horizon, seule demeure la silhouette mortifère du nouvel eldorado de l'or noir, des puits de pétrole. Extrait: « Avec le fracking, le rêve éternel d'indépendance énergétique de l'Amérique allait enfin se réaliser. Les prévisions les moins optimistes tablaient sur douze millions de barils de pétrole par jour en 2020 - soit pratiquement deux fois plus qu'en 2006 - qui ferait des États-Unis le premier pays producteur au monde, loin devant l'Arabie saoudite. Au-delà des retombées économiques, les plus radicaux - et il y en avait quelques-uns dans le comté - y voyaient une revanche politico-stratégique sur ces États du Golfe qui, non contents d'imposer leurs vues au gouvernement le plus puissant de la planète, nourrissaient en leur sein d'effroyables terroristes dont l'imagination macabre paraissait n'avoir aucune limite.»
Mission encre noire Tome 25 Chapitre 307. La minotaure de Mariève Maréchale paru en 2019 aux éditions Triptyque dans la collection Queer. La narratrice de ce roman note tout, de cette violence qui la suit depuis son enfance, des blessures dans sa tête que ses yeux ne savent pas guérir. Elle écrit à cette amie, Maude, décédée, seule au Pérou, d'un AVC. Elle lui parle, elle nous parle, car le bruit du monde ne s'en va pas. Il lui est difficile d'échapper à son bonhomme sept heures, cet homme blanc et pauvre qui s'en prend aux femmes, aux noires, aux arabes, aux gens fancy qui ne votent pas libéral, aux fifs parce qu'il est le centre du monde. Alors, la Minotaure sera son ombre, son véritable reflet. Son échappée-bête court furieusement dans son corps, gronde de souffrance et de plaisir. La Minotaure est un astre de papier lancé à pleine vitesse dans votre ciel de lecture. Un premier récit détonnant, une perle noire qui diffracte le discours éclairé de son autrice Mariève Maréchale. Elle est notre invité à Mission encre noire. Extrait:«Cette adresse à toi m'est nécessaire pour réussir à traverser des espaces et des temps violents sans me perdre, sans m'étioler. J'ai si peur de disparaître si je reste seule. Il faut que je te dise qu'il existe une histoire d'abandons et de mensonges qui se passe de génération en génération et qui s'arrête soudainement dans la force de tempérament de mes soeurs et dans ma force d'écriture. Nous avons arrêté un siècle. Nous avons dit non. Nous avons tout fait éclater et cela sans même nous entendre. Comprends-tu, Maude?» Des femmes savantes de Chloé Savoie-Bernard paru en 2018 aux éditions Alias Poche. Il faudrait pouvoir quitter la littérature, fermer les livres, un instant seulement nous dit l'autrice. Pour ne pas finir suicidée comme Nelly et Sylvia, pour apprendre à vivre, puissante et légère comme ces filles de cégep aux ongles vernis. Pour se laisser creuser par le désir qui élance, pour jouer à tester les limites. Pour Laissez son amant devenir le témoin de sa peau troué qui ne retient rien et surtout pas l'amour. Pour gagner sa vie, comme on la perd, nue, avec ou sans maquillage, à s'étourdir, à la merci des ordres de l'oeil inquisiteur du photographe. Oui, je, tu, elle, en ont assez de feindre. Les nouvelles de ce recueil sont un petit bouillon de poulet sans le gras, qui, petit à petit, compilent des morceaux de chair et d'âmes éparpillés dans la violence, le rejet et le silence coupable. Chloé Savoie-Bernard est d'abord une fille de Montréal et indéniablement rejeton du Mile End, elle est notre invitée à Mission encre noire. Extrait:«J'ai souvent eu l'impression de n'avoir qu'à me pencher pour cueillir celui dont j'ai envie, Ne m'as-tu pas dit, maman, que tout le monde aime les jolies filles, ainsi black blanc beur peu importe, j'ai vérifié plus souvent qu'à mon tour la véracité de ta théorie, et presque jamais ne m'as-t-on refusé une baise. N'avais-tu pas prévu, maman, que le mélange de ta fragile beauté et de la robustesse typique des corps du mauvais versant de l'île d'Hispaniola me fabriquerait un physique aux proportions de film porno qui me condamnerait à être soit nunuche soit salope ; à cette loterie déficitaire, j'ai préféré être une catin, les corps comme le mien ne peuvent pas vraiment se payer le luxe d'une personnalité.»
Mission encre noire Tome 25 Chapitre 307. La minotaure de Mariève Maréchale paru en 2019 aux éditions Triptyque dans la collection Queer. La narratrice de ce roman note tout, de cette violence qui la suit depuis son enfance, des blessures dans sa tête que ses yeux ne savent pas guérir. Elle écrit à cette amie, Maude, décédée, seule au Pérou, d'un AVC. Elle lui parle, elle nous parle, car le bruit du monde ne s'en va pas. Il lui est difficile d'échapper à son bonhomme sept heures, cet homme blanc et pauvre qui s'en prend aux femmes, aux noires, aux arabes, aux gens fancy qui ne votent pas libéral, aux fifs parce qu'il est le centre du monde. Alors, la Minotaure sera son ombre, son véritable reflet. Son échappée-bête court furieusement dans son corps, gronde de souffrance et de plaisir. La Minotaure est un astre de papier lancé à pleine vitesse dans votre ciel de lecture. Un premier récit détonnant, une perle noire qui diffracte le discours éclairé de son autrice Mariève Maréchale. Elle est notre invité à Mission encre noire. Extrait:«Cette adresse à toi m'est nécessaire pour réussir à traverser des espaces et des temps violents sans me perdre, sans m'étioler. J'ai si peur de disparaître si je reste seule. Il faut que je te dise qu'il existe une histoire d'abandons et de mensonges qui se passe de génération en génération et qui s'arrête soudainement dans la force de tempérament de mes soeurs et dans ma force d'écriture. Nous avons arrêté un siècle. Nous avons dit non. Nous avons tout fait éclater et cela sans même nous entendre. Comprends-tu, Maude?» Des femmes savantes de Chloé Savoie-Bernard paru en 2018 aux éditions Alias Poche. Il faudrait pouvoir quitter la littérature, fermer les livres, un instant seulement nous dit l'autrice. Pour ne pas finir suicidée comme Nelly et Sylvia, pour apprendre à vivre, puissante et légère comme ces filles de cégep aux ongles vernis. Pour se laisser creuser par le désir qui élance, pour jouer à tester les limites. Pour Laissez son amant devenir le témoin de sa peau troué qui ne retient rien et surtout pas l'amour. Pour gagner sa vie, comme on la perd, nue, avec ou sans maquillage, à s'étourdir, à la merci des ordres de l'oeil inquisiteur du photographe. Oui, je, tu, elle, en ont assez de feindre. Les nouvelles de ce recueil sont un petit bouillon de poulet sans le gras, qui, petit à petit, compilent des morceaux de chair et d'âmes éparpillés dans la violence, le rejet et le silence coupable. Chloé Savoie-Bernard est d'abord une fille de Montréal et indéniablement rejeton du Mile End, elle est notre invitée à Mission encre noire. Extrait:«J'ai souvent eu l'impression de n'avoir qu'à me pencher pour cueillir celui dont j'ai envie, Ne m'as-tu pas dit, maman, que tout le monde aime les jolies filles, ainsi black blanc beur peu importe, j'ai vérifié plus souvent qu'à mon tour la véracité de ta théorie, et presque jamais ne m'as-t-on refusé une baise. N'avais-tu pas prévu, maman, que le mélange de ta fragile beauté et de la robustesse typique des corps du mauvais versant de l'île d'Hispaniola me fabriquerait un physique aux proportions de film porno qui me condamnerait à être soit nunuche soit salope ; à cette loterie déficitaire, j'ai préféré être une catin, les corps comme le mien ne peuvent pas vraiment se payer le luxe d'une personnalité.»
Mission encre noire Tome 24 Chapitre 290 Birdie de Tracey Lindberg traduit par Catherine Ego paru en 2018 aux éditions Boréal. Le premier roman de L'autrice a atteint la finale du concours Canada reads en 2016, voici enfin sa traduction. La voix de Bernice Meetoos traverse la page avec force. Héroïne, malgré elle, Bernice quitte son Alberta natale pour Gibson en Colombie Britannique. Une lente dérive, pour fuir les remous tumultueux d'un passé marqué par de nombreux abus. Munie de sa valise galeuse, d'un sac et d'un tube de carton, elle s'installe au Paradis des pâtisseries de Lola. Elle tombe dans un comas profond. Tracey Lindberg qui est professeure de droit à l'université Athabasca en Alberta, use habilement de la tradition orale des contes et du pouvoir rédempteur des songes sur l'esprit. L'autrice vous met la langue Cri des montagnes rocheuses en bouche pour enrichir son propos. Vous devriez vous perdre dans les sinuosités inédites des contes et des fables pour mieux nourrir l'arbre de vie, Pimatisewin, agissant comme le poul de la communauté. Dans ce magnifique livre, il est, tout comme Bernice, dans un triste état. Grâce à la force des femmes de sa vie, de sa famille, qui vont la soigner, Bernice dit Birdie: la petite chouette qui fonce droit dans l'oeil de l'homme, entame un nouveau voyage. Tracey Lindberg trace un sentier pour relier les silences de Bernice à notre regard de lectrice/teur. Alors comme son ElleOiseau et tous les autres animaux venus entourer le petit arbre, écoutez son appel. J'existe, nous existons, voici notre langue, voici notre musique, voici mon histoire. Elle vous concerne aussi. Extrait:« Son premier Blanc, c'était au secondaire. Phil Filmore. Elle l'a cherché sur Facebook l'année dernière et l'a trouvé: un chauve au teint blême qu'elle n'aurait pas reconnu en le croisant dans la rue. Il était comme tous les moniawak qui sortent avec des Indiennes, du moins tous ceux qu'elle a connus: marginal, un peu à part, fasciné par l'exotisme, mais insistant sans cesse sur ce qu,elle et lui avaient en commun. Il était aussi excessivement doux. Tellement passif que son souvenir s,est gravé pour toujours dans la mémoire de Freda. Il exprimait son affection seulement quand elle le voulait bien, osait un geste spontané seulement quand elle l'ignorait.» Les spectres de la terre brisée de S.Craig Zahler paru en 2018 traduit par Janique Jouin-de Laurens aux éditions Gallmeister. Romancier et scénariste, l'auteur, qui est également fan de métal, dépoussière le genre western. Déjà croisé, ici, avec Une assemblée de chacals (Gallmeister), nous retrouvons le désert aride mexicain, l'été 1902. Les soeurs Plugford, Dolores et Yvette, ont été enlevées et violées par des membres d'une sombre confrérie, avec à leur tête, l'implacable Gris. Elles demeurent désormais à la merci des clients qui paient pour leurs services. Victimes, à leur corps défendant d'une dette de jeu, elles sont détenues dans une forteresse aztèque nommée Catacumbas. Le père, John Lawrence Plugford, ancien chef de gang, rassemble une furieuse horde sauvage et se lance à leur poursuite. Les soeurs auront leur mot à dire. Scotch et tequila, les lignes qui suivent vous brûlent la gorge, les spectres du titre jonchent les pages mieux que n'importe quelle série de zombies. Enjouée et colérique, la plume de S.Craig Zahler se manie du six coups aussi facilement que des dialogues grotesques et crus qui ne dénoteraient pas chez Erskine Caldwell ou Quentin Tarentino. Le monde de la famille Plugford vole en éclat. Cette traque impitoyable révèle un monde incorrigiblement violent, et que, la rédemption a un prix. Moralisateur ! avez-vous dit ? Le western revisité par S.Craig Zahler vous plante ses griffes de loup-garou et s'approche de l'horreur moderne. Extrait:« Les gentlemen approchaient d'un carré rouge orangé qui tranchait sur le reste des ruines gris ocre et, peu après, Nathaniel vit que la décoloration provenait des briques modernes et du mortier utilisés pour sceller la vaste entrée d'origine de la ziggourat. Au milieu de la zone rénovée se trouvait une unique porte en fer. Tous les gentlemen discutaient filles, jeu, alcool et feuilles de tabac, hormis le gringo qui n'était capable de rien d'autre que fixer l'entrée en métal, dont dix pas de plus révélèrent qu'elle était couverte de rangées de gros clous en acier saillants. Nathaniel était habité de sérieux doutes quant aux chances des Plugford - même avec l'aide de leur autochtone entraîné et du tireur impitoyable - de pouvoir sauver leurs parentes captives d'un tel endroit. Les Hopis et les prisonniers de la guerre hispano-américaine incarcérés à Alcatraz semblaient aussi faciles à atteindre qu'une personne enfermée à l'intérieur de Catacumbas.» Désinhibée de Emmanuelle Riendeau paru en 2018 aux éditions de l'Écrou. Born to be vulgaire, Emmanuelle Riendeau est une voix singulière et puissante de la poésie québécoise. L'autrice mixe Drake, Simone de Beauvoir et Miley Cyrus dans le texte. Maximum fun et derniers crachats, il serait facile de prendre au premier degré cette langue sauvage et indomptée. Outrageusement biographique, on y parle de sang froid, des femmes en marge, de baise, de dope, de boisson, de vomi, de tristesse, de solitude, de désamour et d'écriture, rappelant l'éructation d'autres Filles-missiles. Emmanuelle Riendeau pète des verres, altière et met ses tripes sur la table. Âpres et percutants, ses textes sont un chiffon rouge agité à la face des esprits tièdes aux mains baladeuses. Posture arrogante ou pas, l'autrice s'installe dans le paysage et ça fait du bien. Que la fureur soit sous les pancartes électorales ! I.N.D.I.S.P.E.N.S.A.B.L.E Extrait:« Shut'em all/vomir dangereusement/je vous attends à la sortie/de la librairie/un ouvre-bouteille/en guise d'argument.» Moebius 158 Un numéro très réussi est déjà en kiosque. La citation thème est tirée de Personne de Gwenaelle Aubry paru en 2009 aux éditions Mercure de France: «Filles, soeurs et complices de ceux qui vont pieds nus à l'envers de la vie». Le magazine réunit une diversité de textes autour de la résistance et de la révolte à des assignations que depuis toujours on attribue aux unes et aux autres. Ces femmes et complices évoluent à l'envers des pouvoirs, à l'envers des codes et préfèrent les enjeux de l'entre-deux, comme une danse qui interroge l'autre et l'inclut. On règle ses comptes et on désobéit. Dirigé par Chloé Savoie Bernard et Karianne Trudeau Beaunoyer, je vous recommande la lecture du nouveau Moebius, pour la richesse de tous ces textes, mais également, par choix personnel, celui, splendide, signé par Julie Delporte, dans sa Lettre à Patti O' Green. Extrait:« C'est d'ici que je regarde la catastrophe. Je compte les oiseaux qu'il nous reste. J'envoie des dessins à des poètes et des poèmes dans l'univers pour exister encore un peu. Sébastien B. Gagnon écrit qu'il connaît «des mots simples pour convaincre les oiseaux qu'ils pourront revenir.»» Julie Delporte, Lettre à Pattie O'Green, Moebius 158
Mission encre noire Tome 24 Chapitre 290 Birdie de Tracey Lindberg traduit par Catherine Ego paru en 2018 aux éditions Boréal. Le premier roman de L'autrice a atteint la finale du concours Canada reads en 2016, voici enfin sa traduction. La voix de Bernice Meetoos traverse la page avec force. Héroïne, malgré elle, Bernice quitte son Alberta natale pour Gibson en Colombie Britannique. Une lente dérive, pour fuir les remous tumultueux d'un passé marqué par de nombreux abus. Munie de sa valise galeuse, d'un sac et d'un tube de carton, elle s'installe au Paradis des pâtisseries de Lola. Elle tombe dans un comas profond. Tracey Lindberg qui est professeure de droit à l'université Athabasca en Alberta, use habilement de la tradition orale des contes et du pouvoir rédempteur des songes sur l'esprit. L'autrice vous met la langue Cri des montagnes rocheuses en bouche pour enrichir son propos. Vous devriez vous perdre dans les sinuosités inédites des contes et des fables pour mieux nourrir l'arbre de vie, Pimatisewin, agissant comme le poul de la communauté. Dans ce magnifique livre, il est, tout comme Bernice, dans un triste état. Grâce à la force des femmes de sa vie, de sa famille, qui vont la soigner, Bernice dit Birdie: la petite chouette qui fonce droit dans l'oeil de l'homme, entame un nouveau voyage. Tracey Lindberg trace un sentier pour relier les silences de Bernice à notre regard de lectrice/teur. Alors comme son ElleOiseau et tous les autres animaux venus entourer le petit arbre, écoutez son appel. J'existe, nous existons, voici notre langue, voici notre musique, voici mon histoire. Elle vous concerne aussi. Extrait:« Son premier Blanc, c'était au secondaire. Phil Filmore. Elle l'a cherché sur Facebook l'année dernière et l'a trouvé: un chauve au teint blême qu'elle n'aurait pas reconnu en le croisant dans la rue. Il était comme tous les moniawak qui sortent avec des Indiennes, du moins tous ceux qu'elle a connus: marginal, un peu à part, fasciné par l'exotisme, mais insistant sans cesse sur ce qu,elle et lui avaient en commun. Il était aussi excessivement doux. Tellement passif que son souvenir s,est gravé pour toujours dans la mémoire de Freda. Il exprimait son affection seulement quand elle le voulait bien, osait un geste spontané seulement quand elle l'ignorait.» Les spectres de la terre brisée de S.Craig Zahler paru en 2018 traduit par Janique Jouin-de Laurens aux éditions Gallmeister. Romancier et scénariste, l'auteur, qui est également fan de métal, dépoussière le genre western. Déjà croisé, ici, avec Une assemblée de chacals (Gallmeister), nous retrouvons le désert aride mexicain, l'été 1902. Les soeurs Plugford, Dolores et Yvette, ont été enlevées et violées par des membres d'une sombre confrérie, avec à leur tête, l'implacable Gris. Elles demeurent désormais à la merci des clients qui paient pour leurs services. Victimes, à leur corps défendant d'une dette de jeu, elles sont détenues dans une forteresse aztèque nommée Catacumbas. Le père, John Lawrence Plugford, ancien chef de gang, rassemble une furieuse horde sauvage et se lance à leur poursuite. Les soeurs auront leur mot à dire. Scotch et tequila, les lignes qui suivent vous brûlent la gorge, les spectres du titre jonchent les pages mieux que n'importe quelle série de zombies. Enjouée et colérique, la plume de S.Craig Zahler se manie du six coups aussi facilement que des dialogues grotesques et crus qui ne dénoteraient pas chez Erskine Caldwell ou Quentin Tarentino. Le monde de la famille Plugford vole en éclat. Cette traque impitoyable révèle un monde incorrigiblement violent, et que, la rédemption a un prix. Moralisateur ! avez-vous dit ? Le western revisité par S.Craig Zahler vous plante ses griffes de loup-garou et s'approche de l'horreur moderne. Extrait:« Les gentlemen approchaient d'un carré rouge orangé qui tranchait sur le reste des ruines gris ocre et, peu après, Nathaniel vit que la décoloration provenait des briques modernes et du mortier utilisés pour sceller la vaste entrée d'origine de la ziggourat. Au milieu de la zone rénovée se trouvait une unique porte en fer. Tous les gentlemen discutaient filles, jeu, alcool et feuilles de tabac, hormis le gringo qui n'était capable de rien d'autre que fixer l'entrée en métal, dont dix pas de plus révélèrent qu'elle était couverte de rangées de gros clous en acier saillants. Nathaniel était habité de sérieux doutes quant aux chances des Plugford - même avec l'aide de leur autochtone entraîné et du tireur impitoyable - de pouvoir sauver leurs parentes captives d'un tel endroit. Les Hopis et les prisonniers de la guerre hispano-américaine incarcérés à Alcatraz semblaient aussi faciles à atteindre qu'une personne enfermée à l'intérieur de Catacumbas.» Désinhibée de Emmanuelle Riendeau paru en 2018 aux éditions de l'Écrou. Born to be vulgaire, Emmanuelle Riendeau est une voix singulière et puissante de la poésie québécoise. L'autrice mixe Drake, Simone de Beauvoir et Miley Cyrus dans le texte. Maximum fun et derniers crachats, il serait facile de prendre au premier degré cette langue sauvage et indomptée. Outrageusement biographique, on y parle de sang froid, des femmes en marge, de baise, de dope, de boisson, de vomi, de tristesse, de solitude, de désamour et d'écriture, rappelant l'éructation d'autres Filles-missiles. Emmanuelle Riendeau pète des verres, altière et met ses tripes sur la table. Âpres et percutants, ses textes sont un chiffon rouge agité à la face des esprits tièdes aux mains baladeuses. Posture arrogante ou pas, l'autrice s'installe dans le paysage et ça fait du bien. Que la fureur soit sous les pancartes électorales ! I.N.D.I.S.P.E.N.S.A.B.L.E Extrait:« Shut'em all/vomir dangereusement/je vous attends à la sortie/de la librairie/un ouvre-bouteille/en guise d'argument.» Moebius 158 Un numéro très réussi est déjà en kiosque. La citation thème est tirée de Personne de Gwenaelle Aubry paru en 2009 aux éditions Mercure de France: «Filles, soeurs et complices de ceux qui vont pieds nus à l'envers de la vie». Le magazine réunit une diversité de textes autour de la résistance et de la révolte à des assignations que depuis toujours on attribue aux unes et aux autres. Ces femmes et complices évoluent à l'envers des pouvoirs, à l'envers des codes et préfèrent les enjeux de l'entre-deux, comme une danse qui interroge l'autre et l'inclut. On règle ses comptes et on désobéit. Dirigé par Chloé Savoie Bernard et Karianne Trudeau Beaunoyer, je vous recommande la lecture du nouveau Moebius, pour la richesse de tous ces textes, mais également, par choix personnel, celui, splendide, signé par Julie Delporte, dans sa Lettre à Patti O' Green. Extrait:« C'est d'ici que je regarde la catastrophe. Je compte les oiseaux qu'il nous reste. J'envoie des dessins à des poètes et des poèmes dans l'univers pour exister encore un peu. Sébastien B. Gagnon écrit qu'il connaît «des mots simples pour convaincre les oiseaux qu'ils pourront revenir.»» Julie Delporte, Lettre à Pattie O'Green, Moebius 158
Mission encre noire Tome 22 Chapitre 282. Corps sous la direction de Chloé Savoie-Bernard paru en 2018 aux éditions Triptyque. Vous le regardez un peu chaque jour, vous le palpez, vous l'aimez ou le détestez, or nos peaux, nos muscles, nos nerfs, vous demeurent un mystère. Le corps est examiné sous toutes ses coutures dans ce recueil qui rassemble des grands noms de la littérature québécoise contemporaine. Chloé Savoie-Bernard se demande comment faire en sorte que ces corps qui nous habitent ou qui habitent ce recueil nous ressemblent ? Comment réclamer un regard sur soi et les autres qui en veut davantage que le simple constat biologique ou l'appel à la séduction ? On se laisse porter par les plumes talentueuses qui captent des moments d'habitation du corps, les à-côtés, le souvenir, les regrets, la souffrance, l'amertume, l'espoir, la concupiscence, la perte, la colère tumultueuse ou apaisée des amours défuntes. Chloé Savoie-Bernard est de passage à Mission encre noire pour en parler. Extraits: «Anticiper, prévoir le pire au premier signe d'étrangeté ou de changement corporel me rapproche de ceux qui cherchent à contrôler l'incontrôlable, qui refusent d'être pris au dépourvu par les aléas de la vie. On trouve des noms pour décrire ces gens: «pessimistes», «angoissés», «paranoïaques», «Hypocondriaques». Je pense à eux et me dis que ces mots qu'on leur accole ne sont que des écrans qui masquent ce qui se cache derrière les paniques et les questions incessantes: une envie impérieuse, douloureuse, de se voir un peu mieux, de renverser l'enveloppe de chair et de sang afin de vérifier qu'on y est en sécurité. En d'autres mots, un besoin de s'assurer qu'on dépérit à un rythme normal, en toute connaissance de cause, et pas selon des termes qui ne sont pas les nôtres.» Les biffins de Marc Villard paru en 2018 aux éditions Joelle Losfeld. Il fait froid sur Paname, l'humidité et le brouillard envahissent le soir les quais de Seine. Cécile arpente les rues de la capitale avec le Samu social. Elle s'occupe des sans-abris, des démunis, des gens qui vivent en marge. Tout son temps y passe, elle connaît son monde, tous ces vieux soldats de la rue, en particuliers ceux qui ont connu son père, le saxophoniste surnommé Bird. De guerre lasse, fatiguée, elle rejoint une autre association qui s'occupe des biffins, ces vendeurs en tout genre qui vivotent du côté de Saint-Ouen, au-delà du périphérique. La mort subite d'un SDF va bousculer l'équilibre fragile de son quotidien. Marc Villard humanise la rue crasseuse et plonge un regard noir et d'un réalisme stupéfiant sur la rue parisienne. Extrait: «À peine entrée dans le logement, je me rends compte que j'ai le temps de dormir. Le briefing du coordinateur ne commence qu'à 20 h 30. Je retire mes croquenots et me glisse sous la couette. Saint-Michel. Les caméras de surveillance captent les marches insensées que certains commencent dès l'aube dans les couloirs de correspondance. Le but est simple, échapper au froid et ne pas se faire choper par les flics du métro. Mais je sais à quoi ils pensent. Ils veulent dormir, désespérément, qu'on leur foute la paix pour qu'ils puissent dormir et oublier toute la dureté du quotidien, la survie permanente et la quête effrénée de trucs à bouffer ou à boire.» Animal Boy de Karim Madani paru en 2018 aux éditions Serpents à plumes. 13 novembre 2015. Paris. Le concert des Eagles of Death Metal vient de commencer. Alex croise quatre types qui portent de grosses doudounes à l'entrée. Toxico, il traîne aux abords de la salle de spectacle du Bataclan à la recherche de son prochain fix. Tout va très vite, les scènes de cauchemars gore se succèdent. Une jeune femme d'à peine 25 ans se retrouve dans ses bras. Elle a une large plaie au cou. Elle décède quelques instants plus tard, alors que la police et les infirmiers interviennent. Alex, junkie en manque devient malgré lui un survivant et compte bien profiter de la situation. Premier roman à s'emparer des événements de cette nuit tragique, Animal boy, titre tiré d'un album des Ramones, est un roman furieusement punk, à la vision décalquée et décapante de la jeunesse marginale parisienne. Karim Madani élabore un style d'écriture inventif, aussi énergique et déjanté que ses personnages. La violence initiale de l'attentat du Bataclan propage son onde de choc jusqu'au dénouement: No Future. Extrait: «La nuit est longue comme les jambes d'un mannequin slovaque cocaïné. Alex est transporté d'urgence à l'Hôtel-Dieu, avec tous les autres blessés et estropiés. Une infirmière lui refile du rab de codéine et les néons, les murs blancs aveuglants et l'odeur écoeurante des couloirs aseptisés lui semblent soudain moins agressifs. les flics et les pompiers cavalent dans les corridors borgnes. Alex est allongé sur un de ces lits roulants aux roues grinçantes, juste à côté d'un jeune gonze qui s'est pris une balle dans l'estomac et qui attend que les blocs opératoires se libèrent. Sauf que cette saloperie de balle n'attend pas. Elle glisse le long de la paroi intestinale. Le gonze tourne la tête vers Alex. Les brancards ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Le gonze ressemble à Andy Warhol, mais en plus enveloppé. Il a encore ses lunettes à grosse monture sur le nez, détail qui semble incroyable à Alex. Il essaie de dire un truc à Alex. Mais de sa bouche aux lèvres fines ne sortent que borborygmes sanglants. Il fixe Alex de ses yeux vitreux.» Agenda: 14 mai The Melvins au Théatre Corona à Montréal.
Mission encre noire Tome 22 Chapitre 282. Corps sous la direction de Chloé Savoie-Bernard paru en 2018 aux éditions Triptyque. Vous le regardez un peu chaque jour, vous le palpez, vous l'aimez ou le détestez, or nos peaux, nos muscles, nos nerfs, vous demeurent un mystère. Le corps est examiné sous toutes ses coutures dans ce recueil qui rassemble des grands noms de la littérature québécoise contemporaine. Chloé Savoie-Bernard se demande comment faire en sorte que ces corps qui nous habitent ou qui habitent ce recueil nous ressemblent ? Comment réclamer un regard sur soi et les autres qui en veut davantage que le simple constat biologique ou l'appel à la séduction ? On se laisse porter par les plumes talentueuses qui captent des moments d'habitation du corps, les à-côtés, le souvenir, les regrets, la souffrance, l'amertume, l'espoir, la concupiscence, la perte, la colère tumultueuse ou apaisée des amours défuntes. Chloé Savoie-Bernard est de passage à Mission encre noire pour en parler. Extraits: «Anticiper, prévoir le pire au premier signe d'étrangeté ou de changement corporel me rapproche de ceux qui cherchent à contrôler l'incontrôlable, qui refusent d'être pris au dépourvu par les aléas de la vie. On trouve des noms pour décrire ces gens: «pessimistes», «angoissés», «paranoïaques», «Hypocondriaques». Je pense à eux et me dis que ces mots qu'on leur accole ne sont que des écrans qui masquent ce qui se cache derrière les paniques et les questions incessantes: une envie impérieuse, douloureuse, de se voir un peu mieux, de renverser l'enveloppe de chair et de sang afin de vérifier qu'on y est en sécurité. En d'autres mots, un besoin de s'assurer qu'on dépérit à un rythme normal, en toute connaissance de cause, et pas selon des termes qui ne sont pas les nôtres.» Les biffins de Marc Villard paru en 2018 aux éditions Joelle Losfeld. Il fait froid sur Paname, l'humidité et le brouillard envahissent le soir les quais de Seine. Cécile arpente les rues de la capitale avec le Samu social. Elle s'occupe des sans-abris, des démunis, des gens qui vivent en marge. Tout son temps y passe, elle connaît son monde, tous ces vieux soldats de la rue, en particuliers ceux qui ont connu son père, le saxophoniste surnommé Bird. De guerre lasse, fatiguée, elle rejoint une autre association qui s'occupe des biffins, ces vendeurs en tout genre qui vivotent du côté de Saint-Ouen, au-delà du périphérique. La mort subite d'un SDF va bousculer l'équilibre fragile de son quotidien. Marc Villard humanise la rue crasseuse et plonge un regard noir et d'un réalisme stupéfiant sur la rue parisienne. Extrait: «À peine entrée dans le logement, je me rends compte que j'ai le temps de dormir. Le briefing du coordinateur ne commence qu'à 20 h 30. Je retire mes croquenots et me glisse sous la couette. Saint-Michel. Les caméras de surveillance captent les marches insensées que certains commencent dès l'aube dans les couloirs de correspondance. Le but est simple, échapper au froid et ne pas se faire choper par les flics du métro. Mais je sais à quoi ils pensent. Ils veulent dormir, désespérément, qu'on leur foute la paix pour qu'ils puissent dormir et oublier toute la dureté du quotidien, la survie permanente et la quête effrénée de trucs à bouffer ou à boire.» Animal Boy de Karim Madani paru en 2018 aux éditions Serpents à plumes. 13 novembre 2015. Paris. Le concert des Eagles of Death Metal vient de commencer. Alex croise quatre types qui portent de grosses doudounes à l'entrée. Toxico, il traîne aux abords de la salle de spectacle du Bataclan à la recherche de son prochain fix. Tout va très vite, les scènes de cauchemars gore se succèdent. Une jeune femme d'à peine 25 ans se retrouve dans ses bras. Elle a une large plaie au cou. Elle décède quelques instants plus tard, alors que la police et les infirmiers interviennent. Alex, junkie en manque devient malgré lui un survivant et compte bien profiter de la situation. Premier roman à s'emparer des événements de cette nuit tragique, Animal boy, titre tiré d'un album des Ramones, est un roman furieusement punk, à la vision décalquée et décapante de la jeunesse marginale parisienne. Karim Madani élabore un style d'écriture inventif, aussi énergique et déjanté que ses personnages. La violence initiale de l'attentat du Bataclan propage son onde de choc jusqu'au dénouement: No Future. Extrait: «La nuit est longue comme les jambes d'un mannequin slovaque cocaïné. Alex est transporté d'urgence à l'Hôtel-Dieu, avec tous les autres blessés et estropiés. Une infirmière lui refile du rab de codéine et les néons, les murs blancs aveuglants et l'odeur écoeurante des couloirs aseptisés lui semblent soudain moins agressifs. les flics et les pompiers cavalent dans les corridors borgnes. Alex est allongé sur un de ces lits roulants aux roues grinçantes, juste à côté d'un jeune gonze qui s'est pris une balle dans l'estomac et qui attend que les blocs opératoires se libèrent. Sauf que cette saloperie de balle n'attend pas. Elle glisse le long de la paroi intestinale. Le gonze tourne la tête vers Alex. Les brancards ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Le gonze ressemble à Andy Warhol, mais en plus enveloppé. Il a encore ses lunettes à grosse monture sur le nez, détail qui semble incroyable à Alex. Il essaie de dire un truc à Alex. Mais de sa bouche aux lèvres fines ne sortent que borborygmes sanglants. Il fixe Alex de ses yeux vitreux.» Agenda: 14 mai The Melvins au Théatre Corona à Montréal.
Mission encre noire Tome 21 Chapitre 259 C'est la rentrée pour Mission encre noire, nous sommes très heureux de vous retrouver pour une nouvelle saison de découvertes littéraires ! Au coeur du mois d'août dernier le festival Orientalys accueillait la troisième édition du Salon du livre de la diaspora arabe et berbère. Salah Beddiari, fort du succès accompli, décide d'organiser une levée de fonds via les internets pour péreniser le projet. Nous saisissons l'occasion d'inviter, ce mardi, Salah el Khalfa Beddiari, en tant qu'organisateur et écrivain, et un autre membre du collectif organisateur, la poétesse d'origine syrienne, Soheir Fouzat. Vous serez étonné de découvrir l'urgence de faire de ce salon un rendez-vous prospère et annuel. https://www.generosity.com/fundraising/salon-du-livre-de-la-diaspora-montreal-quebec Moebius 154 est arrivé dans les kiosques ! «Mais l'ennui nous prend parfois par surprise, comme une mélancolie, le retour de cet antique amour du réel», ce thème est tiré d'une phrase du livre Ce que dit l'écorce de Nicolas Lesvesque et Catherine Mavrikakis paru en 2014 chez Nota Bene. Subversion, inventivité, savoir faire et bien d'autres qualités vous attendent dans ce nouveau numéro. Sous la direction de Jean-Philippe Michaud et Chloé Savoie-Bernard, de jeunes auteur-e-s et d'autres plus confirmé-e-s relèvent le défi proposé. Moebius un magazine qui vous décapsule dès la première page ! Vous en doutez? Essayez-le ! Moebius, le magazine pour celles et ceux qui n'ont pas peur d'avoir froid aux yeux !
Mission encre noire Tome 21 Chapitre 259 C'est la rentrée pour Mission encre noire, nous sommes très heureux de vous retrouver pour une nouvelle saison de découvertes littéraires ! Au coeur du mois d'août dernier le festival Orientalys accueillait la troisième édition du Salon du livre de la diaspora arabe et berbère. Salah Beddiari, fort du succès accompli, décide d'organiser une levée de fonds via les internets pour péreniser le projet. Nous saisissons l'occasion d'inviter, ce mardi, Salah el Khalfa Beddiari, en tant qu'organisateur et écrivain, et un autre membre du collectif organisateur, la poétesse d'origine syrienne, Soheir Fouzat. Vous serez étonné de découvrir l'urgence de faire de ce salon un rendez-vous prospère et annuel. https://www.generosity.com/fundraising/salon-du-livre-de-la-diaspora-montreal-quebec Moebius 154 est arrivé dans les kiosques ! «Mais l'ennui nous prend parfois par surprise, comme une mélancolie, le retour de cet antique amour du réel», ce thème est tiré d'une phrase du livre Ce que dit l'écorce de Nicolas Lesvesque et Catherine Mavrikakis paru en 2014 chez Nota Bene. Subversion, inventivité, savoir faire et bien d'autres qualités vous attendent dans ce nouveau numéro. Sous la direction de Jean-Philippe Michaud et Chloé Savoie-Bernard, de jeunes auteur-e-s et d'autres plus confirmé-e-s relèvent le défi proposé. Moebius un magazine qui vous décapsule dès la première page ! Vous en doutez? Essayez-le ! Moebius, le magazine pour celles et ceux qui n'ont pas peur d'avoir froid aux yeux !
Mission encre noire Tome 19 Chapitre 238 Je vous souhaite une belle année de lectures et de découvertes en tout genre en 2017. Chloé Savoie Bernard publie Des femmes savantes en 2016 aux éditions triptyque. Un recueil de plusieurs nouvelles et autant de portraits de femmes, qui savent beaucoup de choses sur elles, et sur l'autre, celui qui les blesse, celui qui les asservit. Des récits de peau, par la peau, de dessous la peau alors que l'amour fait mal, et que dans ce vide existentiel qui habite les grandes villes telle que Montréal, on veut vivre, plus que survivre. Ces femmes ont bien appris la leçon, elle la connaisse. Habitées par les sons et les langues de Montréal ces nouvelles dévoilent une écriture féministe qui ausculte avec un talent incisif jusqu'à l'écoeurement ce qui nous sépare de l'autre. Extrait:«Lorsque tu es apparu, je me suis incarnée dans tout ce que je pressentais de moi mais n'avais pu circonscrire, je savais que j'étais cette fille-là d'une manière floue et informe avant de te connaître, mais en t'aimant j'ai laissé tomber plusieurs mues et j'ai surgi dans toute ma splendeur, vulnérable, scarifiée, tu m'as prise et placée au coeur de ma douleur.» Une mort en vaut la peine de Donald Ray Pollock paru en 2016 aux éditions Albin Michel. Déjà porté par le succès retentissant de son précédent ouvrage: Le diable tout le temps, Donal Ray Pollock renoue avec le roman épique, sauvage et grotesque. Nous sommes en 1917, l'armée américaine embarque pour l'Europe. Les frères Jewett profite de la mort de leur père dévot, pour rompre avec la misère en braquant des banques. À l'heure du journalisme à sensation naissant, ils deviennent rapidement les hommes à abattre pour tout un coin de pays. Donald Ray Pollock retourne une fois plus sur ses terres, si connu, pour un roman bien dans la tradition de la littérature du sud. Grotesque, absurde parfois, l'univers de ces hommes et de ces femmes est sauvage. Comment survivre à une amérique moderne qui nait dans le chaos ? Une mort en vaut la peine est une oeuvre vibrante et tragique qui vous laissera sans voix. Extrait:«Il était plus de minuit lorsqu'ils quittèrent la cabane pour s'engager dans la pinède en direction de la propriété de Tardweller. Ils avaient décidé d'abandonner derrière eux la plupart de leurs affaires et de n'emporter, en plus des deux livres ou encore de leurs couvertures, que le vieux fusil Pearl, ainsi que son rasoir et les deux machettes. Une demi-lune d'un jaune cireux leur éclairait le chemin. Une fois parvenus à l'orée du jardin, ils s'immobilisèrent dans un boqueteau pour guetter d'éventuels signes de vie en provenance de la demeure plongée dans le noir. À l'exception du chant des grillons et du gargouillis de leurs intestins, le silence était absolu. «J'ai jamais rien volé de ma vie», geignit Cob d'un air malheureux.» Born to run de Bruce Springsteen paru chez Albin Michel en 2016. Bruce Frederick Joseph Springsteen est né en septembre 1949 à Long Branch (New Jersey). Je ne sais pas pour vous, pour ma part j'ai toujours eu une relation ambigu avec le personnage. Champion des grands stades, il est aussi l'interprète des albums Nebraska, de Darkness on the edge ot town (Badlands) et de Born to run. Entre récits intimes et confessions, Bruce Springsteen se livre à l'exercice de l'autobiographie avec le style direct qu'on lui connaît dans ses chansons. Un livre pour tout ceux et celles qui se demandent encore comment cela se fabrique une rock star, surtout quand il se pose encore lui-même la question. Extrait:«Dans ma vie de jeune musicien, une vie de bohème que m'imposaient les circonstances, il n'y avait, comme je l'ai dit, ni drogue ni alcool. Un de mes anciens colocataires, un guitariste, mettrait un terme à sa déchéance en se tirant une balle dans la tête ; après une courte existence passée à intégrer des susbstances chimiques, il avait gâché son talent et fini clodo. J'avais trop vu de gens mentalement délabrés, à la ramasse, et qui ne reviendraient jamais à une vie normale. Alors m'empoisonner l'organisme avec des saloperies, même pas en rêve. J'avais besoin de contrôler ce qui se passait, j'avais besoin de ces limites qui avaient déjà tendance à trop facilement s'estomper. J'avais peur de moi, de ce que je risquais de m'infliger, de faire ou de ce qui risquait de m'arriver.» Revue Liberté #314 Hiver 2017 est en kiosque ! Dossier: Prendre la littérature au sérieux
Mission encre noire Tome 19 Chapitre 238 Je vous souhaite une belle année de lectures et de découvertes en tout genre en 2017. Chloé Savoie Bernard publie Des femmes savantes en 2016 aux éditions triptyque. Un recueil de plusieurs nouvelles et autant de portraits de femmes, qui savent beaucoup de choses sur elles, et sur l'autre, celui qui les blesse, celui qui les asservit. Des récits de peau, par la peau, de dessous la peau alors que l'amour fait mal, et que dans ce vide existentiel qui habite les grandes villes telle que Montréal, on veut vivre, plus que survivre. Ces femmes ont bien appris la leçon, elle la connaisse. Habitées par les sons et les langues de Montréal ces nouvelles dévoilent une écriture féministe qui ausculte avec un talent incisif jusqu'à l'écoeurement ce qui nous sépare de l'autre. Extrait:«Lorsque tu es apparu, je me suis incarnée dans tout ce que je pressentais de moi mais n'avais pu circonscrire, je savais que j'étais cette fille-là d'une manière floue et informe avant de te connaître, mais en t'aimant j'ai laissé tomber plusieurs mues et j'ai surgi dans toute ma splendeur, vulnérable, scarifiée, tu m'as prise et placée au coeur de ma douleur.» Une mort en vaut la peine de Donald Ray Pollock paru en 2016 aux éditions Albin Michel. Déjà porté par le succès retentissant de son précédent ouvrage: Le diable tout le temps, Donal Ray Pollock renoue avec le roman épique, sauvage et grotesque. Nous sommes en 1917, l'armée américaine embarque pour l'Europe. Les frères Jewett profite de la mort de leur père dévot, pour rompre avec la misère en braquant des banques. À l'heure du journalisme à sensation naissant, ils deviennent rapidement les hommes à abattre pour tout un coin de pays. Donald Ray Pollock retourne une fois plus sur ses terres, si connu, pour un roman bien dans la tradition de la littérature du sud. Grotesque, absurde parfois, l'univers de ces hommes et de ces femmes est sauvage. Comment survivre à une amérique moderne qui nait dans le chaos ? Une mort en vaut la peine est une oeuvre vibrante et tragique qui vous laissera sans voix. Extrait:«Il était plus de minuit lorsqu'ils quittèrent la cabane pour s'engager dans la pinède en direction de la propriété de Tardweller. Ils avaient décidé d'abandonner derrière eux la plupart de leurs affaires et de n'emporter, en plus des deux livres ou encore de leurs couvertures, que le vieux fusil Pearl, ainsi que son rasoir et les deux machettes. Une demi-lune d'un jaune cireux leur éclairait le chemin. Une fois parvenus à l'orée du jardin, ils s'immobilisèrent dans un boqueteau pour guetter d'éventuels signes de vie en provenance de la demeure plongée dans le noir. À l'exception du chant des grillons et du gargouillis de leurs intestins, le silence était absolu. «J'ai jamais rien volé de ma vie», geignit Cob d'un air malheureux.» Born to run de Bruce Springsteen paru chez Albin Michel en 2016. Bruce Frederick Joseph Springsteen est né en septembre 1949 à Long Branch (New Jersey). Je ne sais pas pour vous, pour ma part j'ai toujours eu une relation ambigu avec le personnage. Champion des grands stades, il est aussi l'interprète des albums Nebraska, de Darkness on the edge ot town (Badlands) et de Born to run. Entre récits intimes et confessions, Bruce Springsteen se livre à l'exercice de l'autobiographie avec le style direct qu'on lui connaît dans ses chansons. Un livre pour tout ceux et celles qui se demandent encore comment cela se fabrique une rock star, surtout quand il se pose encore lui-même la question. Extrait:«Dans ma vie de jeune musicien, une vie de bohème que m'imposaient les circonstances, il n'y avait, comme je l'ai dit, ni drogue ni alcool. Un de mes anciens colocataires, un guitariste, mettrait un terme à sa déchéance en se tirant une balle dans la tête ; après une courte existence passée à intégrer des susbstances chimiques, il avait gâché son talent et fini clodo. J'avais trop vu de gens mentalement délabrés, à la ramasse, et qui ne reviendraient jamais à une vie normale. Alors m'empoisonner l'organisme avec des saloperies, même pas en rêve. J'avais besoin de contrôler ce qui se passait, j'avais besoin de ces limites qui avaient déjà tendance à trop facilement s'estomper. J'avais peur de moi, de ce que je risquais de m'infliger, de faire ou de ce qui risquait de m'arriver.» Revue Liberté #314 Hiver 2017 est en kiosque ! Dossier: Prendre la littérature au sérieux
Mission encre noire Tome 19 Chapitre 238 Je vous souhaite une belle année de lectures et de découvertes en tout genre en 2017. Chloé Savoie Bernard publie Des femmes savantes en 2016 aux éditions triptyque. Un recueil de plusieurs nouvelles et autant de portraits de femmes, qui savent beaucoup de choses sur elles, et sur l'autre, celui qui les blesse, celui qui les asservit. Des récits de peau, par la peau, de dessous la peau alors que l'amour fait mal, et que dans ce vide existentiel qui habite les grandes villes telle que Montréal, on veut vivre, plus que survivre. Ces femmes ont bien appris la leçon, elle la connaisse. Habitées par les sons et les langues de Montréal ces nouvelles dévoilent une écriture féministe qui ausculte avec un talent incisif jusqu'à l'écoeurement ce qui nous sépare de l'autre. Extrait:«Lorsque tu es apparu, je me suis incarnée dans tout ce que je pressentais de moi mais n'avais pu circonscrire, je savais que j'étais cette fille-là d'une manière floue et informe avant de te connaître, mais en t'aimant j'ai laissé tomber plusieurs mues et j'ai surgi dans toute ma splendeur, vulnérable, scarifiée, tu m'as prise et placée au coeur de ma douleur.» Une mort en vaut la peine de Donald Ray Pollock paru en 2016 aux éditions Albin Michel. Déjà porté par le succès retentissant de son précédent ouvrage: Le diable tout le temps, Donal Ray Pollock renoue avec le roman épique, sauvage et grotesque. Nous sommes en 1917, l'armée américaine embarque pour l'Europe. Les frères Jewett profite de la mort de leur père dévot, pour rompre avec la misère en braquant des banques. À l'heure du journalisme à sensation naissant, ils deviennent rapidement les hommes à abattre pour tout un coin de pays. Donald Ray Pollock retourne une fois plus sur ses terres, si connu, pour un roman bien dans la tradition de la littérature du sud. Grotesque, absurde parfois, l'univers de ces hommes et de ces femmes est sauvage. Comment survivre à une amérique moderne qui nait dans le chaos ? Une mort en vaut la peine est une oeuvre vibrante et tragique qui vous laissera sans voix. Extrait:«Il était plus de minuit lorsqu'ils quittèrent la cabane pour s'engager dans la pinède en direction de la propriété de Tardweller. Ils avaient décidé d'abandonner derrière eux la plupart de leurs affaires et de n'emporter, en plus des deux livres ou encore de leurs couvertures, que le vieux fusil Pearl, ainsi que son rasoir et les deux machettes. Une demi-lune d'un jaune cireux leur éclairait le chemin. Une fois parvenus à l'orée du jardin, ils s'immobilisèrent dans un boqueteau pour guetter d'éventuels signes de vie en provenance de la demeure plongée dans le noir. À l'exception du chant des grillons et du gargouillis de leurs intestins, le silence était absolu. «J'ai jamais rien volé de ma vie», geignit Cob d'un air malheureux.» Born to run de Bruce Springsteen paru chez Albin Michel en 2016. Bruce Frederick Joseph Springsteen est né en septembre 1949 à Long Branch (New Jersey). Je ne sais pas pour vous, pour ma part j'ai toujours eu une relation ambigu avec le personnage. Champion des grands stades, il est aussi l'interprète des albums Nebraska, de Darkness on the edge ot town (Badlands) et de Born to run. Entre récits intimes et confessions, Bruce Springsteen se livre à l'exercice de l'autobiographie avec le style direct qu'on lui connaît dans ses chansons. Un livre pour tout ceux et celles qui se demandent encore comment cela se fabrique une rock star, surtout quand il se pose encore lui-même la question. Extrait:«Dans ma vie de jeune musicien, une vie de bohème que m'imposaient les circonstances, il n'y avait, comme je l'ai dit, ni drogue ni alcool. Un de mes anciens colocataires, un guitariste, mettrait un terme à sa déchéance en se tirant une balle dans la tête ; après une courte existence passée à intégrer des susbstances chimiques, il avait gâché son talent et fini clodo. J'avais trop vu de gens mentalement délabrés, à la ramasse, et qui ne reviendraient jamais à une vie normale. Alors m'empoisonner l'organisme avec des saloperies, même pas en rêve. J'avais besoin de contrôler ce qui se passait, j'avais besoin de ces limites qui avaient déjà tendance à trop facilement s'estomper. J'avais peur de moi, de ce que je risquais de m'infliger, de faire ou de ce qui risquait de m'arriver.» Revue Liberté #314 Hiver 2017 est en kiosque ! Dossier: Prendre la littérature au sérieux