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En RDC, l'opposant Martin Fayulu ne réclame plus le départ du pouvoir de Félix Tshisekedi et se dit même d'accord pour faire équipe avec lui à certaines conditions. À la présidentielle de 2018, il avait crié au hold-up électoral après la victoire officielle de Félix Tshisekedi. Mais aujourd'hui, il change de stratégie. Le 1er mai dernier, avec les autres opposants Joseph Kabila, Moïse Katumbi et Delly Sesanga, Martin Fayulu a signé une déclaration commune en faveur d'un dialogue national pour résoudre la guerre dans l'est du pays. De passage à Paris, le président du parti de l'Engagement pour la citoyenneté et le développement (Ecidé) et de la plate-forme Lamuka répond à Christophe Boisbouvier. RFI : Les ministres des Affaires étrangères du Congo et du Rwanda doivent finaliser d'ici à deux semaines un projet d'accord de paix. Puis, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame doivent se retrouver le mois prochain dans le bureau de Donald Trump à la Maison Blanche pour signer la paix. Est-ce que votre déclaration commune, ce n'est pas une façon de dire « ne nous oubliez pas, nous aussi, on existe ? »Martin Fayulu : Non, notre déclaration, c'est de dire qu'avant de signer cet accord, il faut que les Congolais se parlent et trouvent des solutions à la crise qui sévit au Congo. Tout accord, toute discussion tendant à aider le Congo à avoir la paix et la sécurité, nous sommes d'accord. Mais nous disons qu'on ne peut pas signer un accord sans que les Congolais se mettent ensemble dans ce que nous appelons la cohésion nationale.Mais si jamais les pourparlers avancent à Washington, si jamais il y a cet accord de paix le mois prochain à la Maison Blanche, qu'est-ce que vous allez faire ?Nous pensons que c'est quelque chose qui ne marchera pas. Tant que la plaie n'est pas soignée de fond en comble, on ne pourra pas avoir la paix. Et c'est pour cela que nous disons que nous ne sommes pas contre Washington. Nous ne sommes pas contre Doha, nous ne sommes pas contre l'Union africaine. Mais les solutions aux problèmes du Congo doivent d'abord venir du Congo.Alors, ce qui frappe dans votre déclaration commune du 1ᵉʳ mai, c'est de vous voir signer, Martin Fayulu, un document avec votre pire ennemi, Joseph Kabila, que vous accusez de vous avoir volé la victoire en 2018. Pourquoi cette volte-face ?Je l'ai accusé d'avoir fabriqué les résultats et d'avoir proclamé Tshisekedi parce qu'ils ont signé ce qu'on a appelé un compromis à l'africaine. Mais ce n'est pas mon ennemi. Moi, je n'ai pas d'ennemi. Et moi, j'ai signé avec Kabila comme demain je pourrais signer avec Tshisekedi pour sauver le Congo.Donc, ce que vous appelez le grand hold-up électoral de 2018, vous oubliez tout, vous pardonnez, c'est terminé ?Mais vous savez, on ne peut pas oublier. Ça existe. Mais maintenant, qu'est-ce que vous voulez que je continue à ressasser ça à longueur de journée, d'année en année ? Non, je dis que c'est une expérience. C'est pour cela que j'ai proposé cette réunion de vérité, réconciliation et cohésion nationale. On ne peut pas oublier ce qui s'est passé. Mais sur la base de ce qui s'est passé, nous pouvons construire l'avenir en toute sérénité.Dans votre déclaration commune, vous parlez de la guerre à l'est de votre pays, sans jamais citer le Rwanda. Pourquoi refusez-vous de nommer un pays que toute la communauté internationale désigne comme le principal soutien militaire des rebelles du M23 ?Oui, on ne le cite pas simplement parce que ce n'est pas l'objectif poursuivi. Cette déclaration avait pour objectif de dire aux amis de Washington et de Doha : « ce que vous faites, c'est bien, mais s'il vous plaît, faites attention, il y a des préalables ».Mais vous ne citez pas le Rwanda parce que Joseph Kabila a mis son veto ?Non, non, on n'a pas pensé à ça. On n'a pas pensé à citer un pays et nous savons ce que le Rwanda veut dans notre pays. On sait que le Rwanda veut les richesses du Congo et exploiter les ressources. Ça, on le dit et on le répétera.Depuis quelques semaines, le président Tshisekedi appelle l'opposition à rentrer dans un gouvernement d'union nationale. À quelles conditions pourriez-vous accepter un tel gouvernement ?On ne peut pas répondre à cette préoccupation de Félix Tshisekedi, parce que nous pensons que d'abord, il faut que les Congolais se mettent autour d'une table, autour des évêques catholiques et des pasteurs protestants, pour d'abord aller dans le fond sur les causes profondes de notre crise. Donc, on ne met pas la charrue avant les bœufs.Et si demain, il y a un dialogue national, et s'il aboutit... Est-ce que vous seriez prêts à faire équipe avec le président Tshisekedi ?Je suis Congolais, il est Congolais. J'accepterai les résolutions qui sortiront de ce dialogue parce que j'y contribuerai.Alors comme vous, les évêques de la CENCO et les pasteurs de l'ECC appellent à ce dialogue national, mais ils disent aussi vouloir respecter le mandat du président Tshisekedi jusqu'à la fin de celui-ci, c'est-à-dire jusqu'en 2028. Est-ce que vous êtes d'accord avec eux ou pas ?Écoutez, de fait, il est là ! Est-ce qu'il faudrait aller poser la condition qu'il doit partir avant de commencer la réunion ? Je ne pense pas. Je pense qu'il faut avoir des élections saines, crédibles en 2028. Il peut continuer à gérer le pouvoir.À lire aussiConflit dans l'est de la RDC: un avant-projet d'accord de paix attendu ce vendredi à Washington
Après six ans de silence, Joseph Kabila revient sur la scène médiatique congolaise. Il y a eu cette tribune publiée il y a 10 jours par le Sunday Times en Afrique du Sud et hier, l'ancien président a accordé une interview à la presse namibienne, dont un extrait a été diffusé sur les réseaux sociaux. Extrait repris par le site d'information congolais 7 sur 7. Le voici : « notre intention est d'être très disponible pour servir notre pays et de continuer à servir notre peuple. »Au sujet de la guerre dans l'Est, rapporte encore 7 sur 7, « Joseph Kabila s'est montré favorable au départ de toutes les armées étrangères qui sont présentes en République démocratique du Congo. Pour lui, ça serait déjà un premier pas vers la solution. »Revenir dans le jeu politique…Pour Le Point Afrique, ce « retour médiatique n'a rien d'anodin. Selon ses proches, il s'inscrit dans une stratégie plus large : Kabila veut reprendre pied dans le jeu politique congolais et relancer son parti, le PPRD, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie. Sur le terrain, les tensions avec Félix Tshisekedi n'ont cessé de s'intensifier. La coalition FCC-CACH, issue de leur accord, a volé en éclats, laissant place à une défiance mutuelle. En 2023, Kabila avait même interdit à ses partisans de briguer un mandat sous l'administration Tshisekedi, signe d'une rupture assumée. »Récemment, poursuit Le Point Afrique, « dans sa tribune publiée dans la presse sud-africaine, Kabila se pose en observateur critique du régime actuel : “l'implosion est imminente, affirme-t-il. Si le problème congolais n'est pas traité en profondeur, la crise persistera bien au-delà du conflit avec le Rwanda“. Un message qui, pour certains, ressemble moins à une analyse qu'à un avertissement. (…) Selon Ferdinand Kambere, secrétaire permanent du PPRD, toujours dans les colonnes du Point Afrique, Kabila cherche avant tout à rappeler à l'opinion nationale et internationale que la situation actuelle est le résultat de l'échec du pouvoir en place, notamment dans la gestion de l'intégrité territoriale et de la sécurité du pays. »Des critiques à peine voilées en direction de Félix Tshisekedi.Fausse route pour Tshisekedi ?Le site d'information Afrik.com, sur un autre plan, n'épargne pas non plus le président congolais.« Depuis plusieurs mois, l'Est de la RDC est en proie à une offensive militaire menée par le mouvement rebelle du M23, soutenu par le Rwanda. Cette guerre fait rage, tandis que le gouvernement de Félix Tshisekedi semble détourner son attention d'une menace grandissante pour se concentrer sur des problèmes internes qui semblent moins urgents », affirme Afrik.com. Afrik.com qui évoque la récente condamnation à mort de 55 soldats de l'armée congolaise à Butembo dans le Nord-Kivu, accusés de lâcheté devant l'ennemi. Commentaire du site panafricain : « plutôt que de renforcer ses troupes ou de rechercher des solutions diplomatiques, Tshisekedi semble préférer se concentrer sur des purges internes, punissant des soldats qui fuient la guerre plutôt que de renforcer les capacités de son armée face à une menace de plus en plus pressante. » Et « au-delà des problèmes militaires, poursuit Afrik.com, le gouvernement congolais semble mener une série de tentatives de contrôle sur des acteurs politiques et religieux, dans un contexte de tensions internes croissantes. »Poil à gratter…Référence à l'audition le week-end dernier par les autorités congolaises d'Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire général du PPRD, puis du secrétaire général de la CENCO, la Conférence épiscopale nationale du Congo, Monseigneur Donatien N'Shole.Commentaire de L'Observateur Paalga à Ouagadougou : « si l'interrogatoire de Ramazani Shadary (très proche de Kabila), peut se comprendre dans une certaine mesure, plus problématique est celle du secrétaire général de la CENCO. En réalité, Tshisekedi ne pardonne pas à la CENCO, qui a entrepris avec les pasteurs évangéliques une mission de bons offices qui les avait conduits à Goma, à Kigali et en Belgique, appelant à un dialogue entre toutes les parties, notamment entre le pouvoir congolais et la rébellion du M23, au grand dam des autorités congolaises qui ne veulent pas en entendre parler et avaient tout de suite désavoué ladite mission. »Et L'Observateur Paalga de rappeler que « l'Église catholique a toujours été le poil à gratter des dirigeants, tous régimes confondus, depuis le temps de Mobutu. Les prélats n'ayant jamais manqué la moindre occasion de mettre les hommes politiques devant leurs responsabilités. »
Après six ans de silence, Joseph Kabila revient sur la scène médiatique congolaise. Il y a eu cette tribune publiée il y a 10 jours par le Sunday Times en Afrique du Sud et hier, l'ancien président a accordé une interview à la presse namibienne, dont un extrait a été diffusé sur les réseaux sociaux. Extrait repris par le site d'information congolais 7 sur 7. Le voici : « notre intention est d'être très disponible pour servir notre pays et de continuer à servir notre peuple. »Au sujet de la guerre dans l'Est, rapporte encore 7 sur 7, « Joseph Kabila s'est montré favorable au départ de toutes les armées étrangères qui sont présentes en République démocratique du Congo. Pour lui, ça serait déjà un premier pas vers la solution. »Revenir dans le jeu politique…Pour Le Point Afrique, ce « retour médiatique n'a rien d'anodin. Selon ses proches, il s'inscrit dans une stratégie plus large : Kabila veut reprendre pied dans le jeu politique congolais et relancer son parti, le PPRD, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie. Sur le terrain, les tensions avec Félix Tshisekedi n'ont cessé de s'intensifier. La coalition FCC-CACH, issue de leur accord, a volé en éclats, laissant place à une défiance mutuelle. En 2023, Kabila avait même interdit à ses partisans de briguer un mandat sous l'administration Tshisekedi, signe d'une rupture assumée. »Récemment, poursuit Le Point Afrique, « dans sa tribune publiée dans la presse sud-africaine, Kabila se pose en observateur critique du régime actuel : “l'implosion est imminente, affirme-t-il. Si le problème congolais n'est pas traité en profondeur, la crise persistera bien au-delà du conflit avec le Rwanda“. Un message qui, pour certains, ressemble moins à une analyse qu'à un avertissement. (…) Selon Ferdinand Kambere, secrétaire permanent du PPRD, toujours dans les colonnes du Point Afrique, Kabila cherche avant tout à rappeler à l'opinion nationale et internationale que la situation actuelle est le résultat de l'échec du pouvoir en place, notamment dans la gestion de l'intégrité territoriale et de la sécurité du pays. »Des critiques à peine voilées en direction de Félix Tshisekedi.Fausse route pour Tshisekedi ?Le site d'information Afrik.com, sur un autre plan, n'épargne pas non plus le président congolais.« Depuis plusieurs mois, l'Est de la RDC est en proie à une offensive militaire menée par le mouvement rebelle du M23, soutenu par le Rwanda. Cette guerre fait rage, tandis que le gouvernement de Félix Tshisekedi semble détourner son attention d'une menace grandissante pour se concentrer sur des problèmes internes qui semblent moins urgents », affirme Afrik.com. Afrik.com qui évoque la récente condamnation à mort de 55 soldats de l'armée congolaise à Butembo dans le Nord-Kivu, accusés de lâcheté devant l'ennemi. Commentaire du site panafricain : « plutôt que de renforcer ses troupes ou de rechercher des solutions diplomatiques, Tshisekedi semble préférer se concentrer sur des purges internes, punissant des soldats qui fuient la guerre plutôt que de renforcer les capacités de son armée face à une menace de plus en plus pressante. » Et « au-delà des problèmes militaires, poursuit Afrik.com, le gouvernement congolais semble mener une série de tentatives de contrôle sur des acteurs politiques et religieux, dans un contexte de tensions internes croissantes. »Poil à gratter…Référence à l'audition le week-end dernier par les autorités congolaises d'Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire général du PPRD, puis du secrétaire général de la CENCO, la Conférence épiscopale nationale du Congo, Monseigneur Donatien N'Shole.Commentaire de L'Observateur Paalga à Ouagadougou : « si l'interrogatoire de Ramazani Shadary (très proche de Kabila), peut se comprendre dans une certaine mesure, plus problématique est celle du secrétaire général de la CENCO. En réalité, Tshisekedi ne pardonne pas à la CENCO, qui a entrepris avec les pasteurs évangéliques une mission de bons offices qui les avait conduits à Goma, à Kigali et en Belgique, appelant à un dialogue entre toutes les parties, notamment entre le pouvoir congolais et la rébellion du M23, au grand dam des autorités congolaises qui ne veulent pas en entendre parler et avaient tout de suite désavoué ladite mission. »Et L'Observateur Paalga de rappeler que « l'Église catholique a toujours été le poil à gratter des dirigeants, tous régimes confondus, depuis le temps de Mobutu. Les prélats n'ayant jamais manqué la moindre occasion de mettre les hommes politiques devant leurs responsabilités. »
Depuis plusieurs semaines, la situation sécuritaire dans l'est de la République démocratique du Congo ne cesse de se détériorer. L'AFC/M23, groupe soutenu par l'armée rwandaise selon Kinshasa, a poursuivi son avancée jusqu'à Bukavu, malgré les initiatives diplomatiques en cours. Face à cette crise, l'Église catholique et les protestants congolais ont engagé des démarches pour favoriser un dialogue entre les différentes parties. Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), fait partie de la délégation (réunissant la Cenco et l'Église du Christ au Congo) revient sur cette initiative, et tire un premier bilan des rencontres qui ont été menées, avec Liza Fabbian. RFI : La semaine dernière à Goma, vous avez rencontré Corneille Nangaa, le coordinateur de l'AFC/M23. Après cette entrevue, ses troupes, appuyées par l'armée rwandaise, se sont emparées de Bukavu. Était-il utile de le rencontrer ?Mgr Donatien Nshole : Oui, nous estimons que c'était très utile de le rencontrer parce que, pour nous, la solution militaire n'en est pas une. L'idéal serait que les Congolais s'assoient autour d'une table et qu'ils trouvent un consensus national autour de leurs différends plutôt que de s'engager dans une voie qui fait autant de morts, et de pertes non seulement en vies humaines, mais aussi en termes de destruction des infrastructures nécessaires pour le développement du pays.Pouvez-vous nous en dire plus sur le bilan que vous avez pu tirer de l'échange que vous avez eu avec Corneille Nangaa ?Nous sommes allés le convaincre de la nécessité d'un dialogue et ils ont été ouverts à l'initiative. Ils ont promis d'envoyer leur cahier des charges assorti des conditions pour participer à ce dialogue. Pour nous, c'était déjà une ouverture. C'est la même démarche qu'on a faite auprès des autres acteurs sociaux – politiques du pays pour le même objectif. Évidemment, on aurait souhaité qu'on puisse arrêter les combats sur le terrain. Ça nous inquiète qu'on continue encore à se battre et que du côté de Kinshasa, il y ait encore aussi des voix qui parlent en termes de résistance, en termes militaires, ça, vraiment, ça nous décourage. Pour arriver à une solution pacifique comme nous la proposons, il faut des signaux de part et d'autre. Il faut vraiment un engagement formel et de la part du M23 et de la part de Kinshasa. Il ne faudrait pas que le M23 considère que ce qu'on leur demande, c'est pour laisser le temps à l'autre camp de s'organiser. Il ne faudrait pas que de l'autre côté de Kinshasa, on considère les négociations comme une faiblesse. Non. La guerre n'est vraiment pas une solution pour nous.Vous avez également rencontré dans la foulée le président rwandais Paul Kagame. Qu'avez-vous tiré de cette rencontre ? Pouvez-vous nous en dire plus ?D'abord, l'écoute. Il nous a écoutés. Il nous a donné suffisamment de temps. Il a encouragé l'initiative « pastorale », pour reprendre ses mots, là où les politiciens n'ont pas réussi à trouver une solution. Et il a promis son implication dans tout ce qui va dans le sens du dialogue, pour qu'on en finisse avec ce conflit. Nous allons proposer quelque chose tenant compte et de la réalité et des avis des uns des autres. C'est à ce moment-là qu'on verra les vraies intentions des uns et des autres.L'initiative que vous portez vous a également amené à rencontrer plusieurs figures de l'opposition politique congolaise, notamment Martin Fayulu, Moïse Katumbi ainsi que des émissaires de Joseph Kabila. Sont-ils tous favorables à un dialogue ou une rencontre qui intégrerait le AFC/M23.Ils sont tous favorables au dialogue, à certaines conditions. Nous sommes en train de recueillir justement les avis des uns des autres. Nous allons proposer quelque chose tenant compte de la réalité et des avis des uns et des autres. C'est à ce moment que l'on verra les vraies intentions des uns et des autres.Mais vous, votre souhait, c'est donc de pouvoir organiser une rencontre qui intégrerait l'AFC/M23 ?Absolument. Parce que c'est une partie du problème aussi. On ne peut pas le mettre de côté. Corneille Nangaa et les autres sont des Congolais. Ils ont pris les armes et doivent expliquer aux autres Congolais, pourquoi et ce qu'il faudrait faire pour trouver des solutions sans la guerre.Les représentants de la Cenco et de l'ECC ont aussi échangé avec William Ruto, le président du Kenya. Il est également président en exercice de la Communauté d'Afrique de l'Est. Comment votre initiative s'intègre-t-elle dans la dynamique sous-régionale ? Et comment s'articule-t-elle avec les processus de Luanda et de Nairobi ?C'était l'objet de la rencontre. Parce que, au niveau national, nous espérons, avec la bonne volonté des acteurs sociopolitiques, arriver à un consensus qui sera la voix du Congo par rapport à la gouvernance interne, mais aussi par rapport aux relations avec le voisin. Et pour cela, la dynamique nationale a besoin de l'appui de la sous-région. Donc concrètement, après le consensus qui sera dégagé, ce ne sera plus la voix du président Tshisekedi qui sera entendue, mais celle des Congolais unis. Ça aura déjà un autre poids. Et la communauté politique sous-régionale devra en tenir compte pour voir comment intégrer ça dans les pourparlers de la sous-région. L'idéal pour nous, c'est qu'on obtienne à la fin une conférence internationale pour la paix en RDC, dans les Grands Lacs.Quelle est la finalité que vous espérez atteindre ?La finalité, c'est, d'abord, que les armes cessent. La finalité, c'est que les congolais se mettent d'accord autour d'un pacte social pour la paix et le vivre-ensemble. La finalité, c'est que les Congolais se mettent d'accord sur la façon de vivre en paix avec le voisin en tenant compte des intérêts des uns et des autres. La finalité, c'est donner au pays la matrice de la gouvernance qui pourra garantir le bien-être de la population congolaise qui devra vivre dignement. C'est cela, notre plus grand souci en tant que pasteurs.
En République démocratique du Congo (RDC), le torchon brûle entre le pouvoir politique et l'Église catholique. Il y a dix jours, on a appris que le cardinal archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, était menacé de poursuites judiciaires pour « propos séditieux » de nature à décourager les militaires qui combattent dans l'est du pays. Mgr Ambongo passera-t-il un jour en procès ? L'historien congolais Isidore Ndaywel est l'un de ses proches. Il est aussi le coordinateur national du puissant Comité laïc de coordination. RFI : Des menaces de poursuites judiciaires contre le numéro un de l'Église catholique au Congo [Fridolin Ambongo], est-ce que ce n'est pas une première dans l'histoire de ce pays ? Isidore Ndaywel : C'est vrai qu'il existe une lettre du procureur général de la Cour de cassation au procureur de la Cour d'appel de Matete, l'instruisant à ouvrir une action pénale à l'endroit du cardinal, mais ceci demeure une lettre d'intention.Dans une interview au Figaro, le Président Tshisekedi lui reproche d'avoir dit récemment que le Congo armait les miliciens hutu FDLR, et de s'être fait ainsi le « propagandiste du Rwanda ». Il faut préciser que le cardinal Fridolin Ambongo, son discours est de dire que la conférence épiscopale du Congo, la CENCO, condamne la rébellion, condamne les violences de l'est. Récemment encore, les évêques de la CENCO viennent de le faire pour ce qui s'est passé à Mugunga, près de Goma. Mais le cardinal a voulu dire, je crois, qu'il y a aussi des turpitudes qui relèvent de nous-mêmes. Je pense que c'est là où, effectivement, une telle déclaration n'est pas pour plaire au pouvoir, au président de la République. Donc effectivement, nous sommes en présence d'une situation conflictuelle. Mais il ne faut pas non plus qu'on exagère lorsqu'il y a des couacs à certains moments, surtout qu'il y a eu encore récemment un accord-cadre entre le Saint-Siège et l'État congolais.En décembre dernier, le cardinal avait qualifié la présidentielle de « gigantesque désordre organisé ». Est-ce que la crispation actuelle entre le pouvoir et l'Église catholique ne date pas de ce moment-là ?Disons que, globalement, nous savons que l'Église au Congo constitue une force tranquille. Mais une force de gauche qui, à plusieurs moments de notre histoire, rappelle à l'État le bien-fondé d'un certain nombre de principes de gestion. S'agissant des élections, oui, bien sûr. On savait depuis le départ que les élections allaient aboutir à énormément de difficultés, en commençant d'abord par la carte d'électeur qui n'était pas visible pour la plupart des citoyens. Donc voilà, il y a eu des problèmes réels à propos des élections. Pourquoi dites-vous que l'Église est une force de gauche ? Pourquoi pas une force de droite ? Je dis que c'est une force de gauche dans la mesure où cette force se trouve au ras du sol, auprès du petit peuple, de la réalité du quotidien. Et peut-on dire que l'Église est, au Congo, une sorte de contre-pouvoir ? Absolument, l'Église est une sorte de contre-pouvoir. Mais l'Église s'en tient aux institutions légales du pays. Et sur ce point-là, l'Église reste dans son rang. Nous n'avons pas eu au Congo la situation qu'on a eue au Congo-Brazzaville, où il y a eu un prélat [l'abbé Fulbert Youlou] qui est devenu le chef de l'État, ou en Centrafrique, où nous avons vu le père Barthélémy Boganda devenir un homme politique. Non, le Congo n'a jamais eu cette situation depuis le cardinal Malula, jusqu'à maintenant, avec Fridolin Ambongo.Depuis la présidentielle de décembre, les opposants Moïse Katumbi et Martin Fayulu sont beaucoup moins audibles. Est-ce que l'Église catholique n'est pas en train d'occuper le terrain de l'opposition face à Félix Tshisekedi et de prendre le leadership de cette opposition ? L'Église ne fait pas de la politique directement. L'Église s'occupe des problèmes essentiellement de type socio-économique. En ce qui concerne les questions frontales de la politique, normalement, c'est l'opposition et ça ne relève pas de l'Église. On sait que Monseigneur Fridolin Ambongo fait partie du « C9 », le Conseil des cardinaux les plus proches du pape, depuis quatre ans. Est-ce qu'aujourd'hui ce début de procédure judiciaire contre le cardinal, ce n'est pas le signe que Félix Tshisekedi n'est pas dans un moment d'apaisement avec le Vatican et avec votre Église ?Je ne pense pas, je voudrais quand même rappeler que, lorsque Fridolin Ambongo a été fait cardinal, le président Tshisekedi a fait le déplacement de Rome. Donc, vous ne pensez pas que Monseigneur Fridolin Ambongo passera un jour en procès ? À mon avis, non. Je constate que, depuis qu'il y a eu cette lettre, elle demeure une lettre. On n'a pas été au-delà d'une lettre.À lire aussiRDC: l'enquête judiciaire qui vise le cardinal Fridolin Ambongo suivie de près au Vatican
Après un scrutin où rien ne s'est déroulé exactement comme prévu, chacun voit midi à sa porte : l'opposition veut rejouer le vote alors que les observateurs, pointe Jeune Afrique, voient « le verre à moitié plein » et « tentent de relativiser l'impact des nombreux dysfonctionnements constatés lors des opérations de vote ».Des dysfonctionnements assez importants pour que le vote se poursuive lundi 25 décembre, cinq jours après la date prévue du scrutin. Mais là encore, les autorités choisissent d'y voir du positif, puisque, comme le raconte Actualite.cd, « pour Denis Kadima, président de la Céni, le vote au-delà du calendrier électoral permet à tout Congolais de voter », ce qui explique que les opérations « se poursuivr[ont] jusqu'à ce que toutes les circonscriptions électorales aient voté ». Le même Denis Kadima qui, apprend-on un peu plus loin, dans Actualite.cd toujours, « a (…) salué l'esprit démocratique du peuple congolais » et a appelé ce dernier à « ne pas céder aux manipulations ».À lire aussiÉlections en RDC: dans l'attente des résultats, un climat de contestation s'installe dans l'oppositionL'opposition mécontenteUne contestation « peu surprenante » selon Jeune Afrique de l'opposition qui, tance Objectif Infos, « ne jure que par l'annulation du scrutin ». Moïse Katumbi, principal candidat d'opposition, a ainsi rejoint Denis Mukwege ou Martin Fayulu, lui qui, au départ, « revendiquait la victoire en dépit des irrégularités constatées » rappelle Jeune Afrique. Quant à la Commission électorale, elle n'est pas épargnée : on apprend ainsi, dans les colonnes d'Objectif Infos toujours, que la Lucha, mouvement d'opposition, « appelle (…) à la démission du président de la Céni Denis Kadima », qu'elle aimerait par ailleurs voir traduit en justice pour « amateurisme, incompétence et entrave au processus électoral ».Pourtant, les diverses missions d'observation déployées sur tout le territoire sont beaucoup plus mesurées : toutes « confirment les dysfonctionnements » mais « paraissent déterminées à relativiser leurs conséquences sur la crédibilité des résultats », entre la mission de l'Union africaine qui « estime que les élections se sont terminées sur une note positive », les observateurs de l'Afrique australe qui saluent une atmosphère « calme et paisible », et certaines missions religieuses qui jugent que « les irrégularités constatées le jour du vote ne sont pas de nature à ''affecter la poursuite des autres étapes liées aux opérations'' ».Quant à la mission d'observation menée par la Cenco et l'Église du Christ au Congo, elle « refuse à ce stade de se prononcer ». Une prudence de mise… vu l'influence de ces deux organisations.À lire aussiRDC: le président de la Céni répond aux déclarations de l'archevêque de Kinshasa sur les électionsSénégal: en vue des élections, Ousmane Sonko contourne l'administrationLe chef du Pastef, leader de l'opposition, toujours derrière les barreaux, a fait déposer lundi 25 décembre sa candidature à la présidentielle auprès du Conseil constitutionnel. Une façon de contourner les obstacles rencontrés auprès des autorités – l'impossibilité, notamment, d'obtenir les fiches de parrainage requises. « Une étape cruciale » et surtout « un acte audacieux », estime Senego, intervenu à la dernière minute, puisque ce mardi 26 décembre 2023 marque le dernier jour pour déposer son dossier. Bref, l'histoire, qui dure depuis des mois, va « de rebondissement en rebondissement », soupire Wakat Séra, ce dernier événement en date représentant, en « ce lundi [25 décembre 2023] de Noël, (…) un cadeau pour les partisans de l'opposant ».À lire aussiSénégal/Présidentielle: Ousmane Sonko a déposé son dossier de candidature au Conseil constitutionnelUn geste qui soulève de nombreuses questionsD'abord parce qu'on ne sait pas exactement comment ce dossier a pu être déposé, les proches d'Ousamne Sonko « refusant de divulguer [qui] a effectué cette démarche, gardée depuis dimanche [24 décembre 2023] dernier ». Une discrétion « délibérée », croit savoir Senego, « pour détourner l'attention de l'administration centrale », que le camp Sonko accuse d'obstruction.Et puis, il y a les questions d'ordre juridique, que rappelle Wakat Séra : « Quelle sera la portée de ce dribble magistral (…) ? Le Conseil constitutionnel est-il en droit de recevoir un dossier qui n'a pas obtenu l'aval de l'administration ? » Et, dans la mesure où la justice doit encore se prononcer au sujet de la radiation d'Ousmane Sonko des listes électorales, « qu'en sera-t-il de cet autre blocage ? »Bref, malgré cette étape, « le chemin (…) est encore bien long pour Ousmane Sonko », conclut Wakat Séra. Alors que les élections, elles, approchent : ce sera le 25 février 2024.À lire aussiÉlection présidentielle au Sénégal: les dossiers de candidatures réceptionnés aussi à Noël
Après un scrutin où rien ne s'est déroulé exactement comme prévu, chacun voit midi à sa porte : l'opposition veut rejouer le vote alors que les observateurs, pointe Jeune Afrique, voient « le verre à moitié plein » et « tentent de relativiser l'impact des nombreux dysfonctionnements constatés lors des opérations de vote ».Des dysfonctionnements assez importants pour que le vote se poursuive lundi 25 décembre, cinq jours après la date prévue du scrutin. Mais là encore, les autorités choisissent d'y voir du positif, puisque, comme le raconte Actualite.cd, « pour Denis Kadima, président de la Céni, le vote au-delà du calendrier électoral permet à tout Congolais de voter », ce qui explique que les opérations « se poursuivr[ont] jusqu'à ce que toutes les circonscriptions électorales aient voté ». Le même Denis Kadima qui, apprend-on un peu plus loin, dans Actualite.cd toujours, « a (…) salué l'esprit démocratique du peuple congolais » et a appelé ce dernier à « ne pas céder aux manipulations ».À lire aussiÉlections en RDC: dans l'attente des résultats, un climat de contestation s'installe dans l'oppositionL'opposition mécontenteUne contestation « peu surprenante » selon Jeune Afrique de l'opposition qui, tance Objectif Infos, « ne jure que par l'annulation du scrutin ». Moïse Katumbi, principal candidat d'opposition, a ainsi rejoint Denis Mukwege ou Martin Fayulu, lui qui, au départ, « revendiquait la victoire en dépit des irrégularités constatées » rappelle Jeune Afrique. Quant à la Commission électorale, elle n'est pas épargnée : on apprend ainsi, dans les colonnes d'Objectif Infos toujours, que la Lucha, mouvement d'opposition, « appelle (…) à la démission du président de la Céni Denis Kadima », qu'elle aimerait par ailleurs voir traduit en justice pour « amateurisme, incompétence et entrave au processus électoral ».Pourtant, les diverses missions d'observation déployées sur tout le territoire sont beaucoup plus mesurées : toutes « confirment les dysfonctionnements » mais « paraissent déterminées à relativiser leurs conséquences sur la crédibilité des résultats », entre la mission de l'Union africaine qui « estime que les élections se sont terminées sur une note positive », les observateurs de l'Afrique australe qui saluent une atmosphère « calme et paisible », et certaines missions religieuses qui jugent que « les irrégularités constatées le jour du vote ne sont pas de nature à ''affecter la poursuite des autres étapes liées aux opérations'' ».Quant à la mission d'observation menée par la Cenco et l'Église du Christ au Congo, elle « refuse à ce stade de se prononcer ». Une prudence de mise… vu l'influence de ces deux organisations.À lire aussiRDC: le président de la Céni répond aux déclarations de l'archevêque de Kinshasa sur les électionsSénégal: en vue des élections, Ousmane Sonko contourne l'administrationLe chef du Pastef, leader de l'opposition, toujours derrière les barreaux, a fait déposer lundi 25 décembre sa candidature à la présidentielle auprès du Conseil constitutionnel. Une façon de contourner les obstacles rencontrés auprès des autorités – l'impossibilité, notamment, d'obtenir les fiches de parrainage requises. « Une étape cruciale » et surtout « un acte audacieux », estime Senego, intervenu à la dernière minute, puisque ce mardi 26 décembre 2023 marque le dernier jour pour déposer son dossier. Bref, l'histoire, qui dure depuis des mois, va « de rebondissement en rebondissement », soupire Wakat Séra, ce dernier événement en date représentant, en « ce lundi [25 décembre 2023] de Noël, (…) un cadeau pour les partisans de l'opposant ».À lire aussiSénégal/Présidentielle: Ousmane Sonko a déposé son dossier de candidature au Conseil constitutionnelUn geste qui soulève de nombreuses questionsD'abord parce qu'on ne sait pas exactement comment ce dossier a pu être déposé, les proches d'Ousamne Sonko « refusant de divulguer [qui] a effectué cette démarche, gardée depuis dimanche [24 décembre 2023] dernier ». Une discrétion « délibérée », croit savoir Senego, « pour détourner l'attention de l'administration centrale », que le camp Sonko accuse d'obstruction.Et puis, il y a les questions d'ordre juridique, que rappelle Wakat Séra : « Quelle sera la portée de ce dribble magistral (…) ? Le Conseil constitutionnel est-il en droit de recevoir un dossier qui n'a pas obtenu l'aval de l'administration ? » Et, dans la mesure où la justice doit encore se prononcer au sujet de la radiation d'Ousmane Sonko des listes électorales, « qu'en sera-t-il de cet autre blocage ? »Bref, malgré cette étape, « le chemin (…) est encore bien long pour Ousmane Sonko », conclut Wakat Séra. Alors que les élections, elles, approchent : ce sera le 25 février 2024.À lire aussiÉlection présidentielle au Sénégal: les dossiers de candidatures réceptionnés aussi à Noël
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Tous les jours, les journalistes et correspondants de RFI ainsi que des spécialistes répondent à vos questions sur l'actualité. Côte d'Ivoire : les raisons de l'alliance FPI-RHDP. Par Bineta Diagne, journaliste au service international de RFI. Bénin : que sait-on de l'accident routier meurtrier ? Par Jean-Luc Aplogan, correspondant de RFI à Cotonou. Israel - Palestine : comment expliquer les récentes tensions ? Par Sami Boukhelifa, correspondant de RFI à Jérusalem. Le pape en RDC : vers une amélioration des relations entre le président Tshisekedi et la CENCO ? Par Trésor Kibangula, analyste politique à Ebuteli, Institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence. * Par téléphone : de France : 09 693 693 70 de l'étranger : 33 9 693 693 70 * Par WhatsApp : +33 6 89 28 53 64 N'OUBLIEZ PAS DE NOUS COMMUNIQUER VOTRE NUMÉRO DE TÉLÉPHONE (avec l'indicatif pays). Pour nous suivre : * Facebook : Rfi appels sur l'actualité * Twitter : @AppelsActu
Lamuka en sit-in à la CENCO: « la politisation de la CENI est du genre à préparer le lit de la fraude et tuer la démocratie dans notre pays » Les jeunes de Lamuka/Fayulu-Muzito sont en sit-in ce mardi au siège de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO). Ils viennent demander aux confessions religieuses de ne pas envoyer leurs délégués à la CENI. Les chefs religieux se sont donnés rendez-vous pour examiner toutes les candidatures reçues. Le programme prévoir un travail préalable par les membres du secrétariat technique. Une liste restreinte sera ensuite soumise à la plénière composée des chefs religieux. Ces derniers passeront au vote si le consensus n'est pas trouvé. Les jeunes de Lamuka ne l'entendent pas de cette oreille. « Ils marchent sur le cadavre de la loi. La constitution est claire: la CENI doit être indépendante. Elle ne doit pas souffrir des influences politiques. Tout ce qui doit être fait à la CENI doit l'être par les personnes neutres et apolitiques. Aujourd'hui, les membres de l'union sacrée et l'opposition qu'ils se sont fabriquées, c'est la continuité de Kabila », dit un militant à ACTUALITE.CD Serge Welo, cadre de Lamuka ajoute: « Nous demandons à la CENCO de ne pas envoyer ses membres à la CENI. Il y a la fraude là-bas. On pensait qu'avec le départ de Kabila les crimes vont s'arrêter. Nous sommes mobilisés pour demander à la CENCO ne cautionne pas la forfaiture ». Vous pouvez écouter l'entièreté de cet entretien ici.
Les obsèques du cardinal Monsengwo auront lieu à la cathédrale de Kinshasa. Mais il faut d'abord que sa dépouille soit rapatriée, car le prélat congolais est décédé dimanche en France. Quelle empreinte va-t-il laisser ? Quel héritage va défendre son successeur, le cardinal Ambongo ? L'historien Isidore Ndaywel, qui enseigne à l'Université de Kinshasa, dirige le Comité laïc de coordination (CLC) et vient de publier chez L'Harmattan Le Congo dans l'ouragan de l'histoire, un ouvrage préfacé par le cardinal Monsengwo, dont il était très proche, est l'invité de RFI. RFI : La dernière passe d'armes entre Laurent Monsengwo et le pouvoir politique, c'est à la fin du régime de Joseph Kabila, avec les grandes marches des chrétiens fin 2017-début 2018. Le cardinal Laurent Monsengwo a-t-il joué un rôle particulier à ce moment-là ? Isidore Ndaywel : Il a joué un rôle extrêmement important, bien que discret. J'ai vécu cette période de manière assez particulière. Le Comité laïc de coordination, qui a eu à mener ces actions, avait au moins eu ses assises juridiques et canoniques par l'archevêque de Kinshasa, c'est-à-dire par Laurent Monsengwo. Et à partir de là, il y avait donc une légitimité pour mener ces actions, qui [autrement] auraient pu être traitées d'action purement sauvages, incontrôlées, alors que cela se faisait dans le cadre vraiment de la reconnaissance de l'Eglise catholique. Et ça, c'est Laurent Monsengwo qui a assuré cela. Et le 2 janvier 2018, en conférence de presse, le cardinal Laurent Monsengwo a cette formule : « Il est temps que les médiocres dégagent. ». Peut-on dire qu'à ce moment-là, il est le numéro un de l'opposition au régime de Joseph Kabila ? C'est-à-dire que Laurent Monsengwo a toujours eu des expressions devenues populaires sur le plan politique. On ne peut pas dire qu'il était vraiment au premier plan de l'opposition, mais en tous les cas, ensemble avec la Conférence épiscopale (Cenco), la position avait été prise qu'il n'était pas question qu'on puisse mettre en cause la Constitution en instaurant un passage en force du président en place pour avoir un troisième mandat. ► À lire aussi : Violences en RDC: le cardinal Laurent Monsengwo monte au créneau Et le ton monte avec le pouvoir puisque le ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende, traite Laurent Monsengwo d'« apôtre de l'insulte » Oui. C'est de bonne guerre. Monsengwo, je dois dire aussi, on ne le dit pas suffisamment, c'est un personnage qui a beaucoup souffert, parce que déjà, pendant la conférence nationale, il a été plusieurs fois insulté. Et donc, il était en quelque sorte déjà immunisé contre ce genre d'éléments. Et lorsque cela intervient à nouveau en 2017-2018, je pense que cela passait au-dessus de sa tête, il ne s'arrêtait pas à cela. Quel est le mot qui le caractériserait le mieux ? Obstiné ? Courageux ? Têtu ? Courageux, homme de conviction. Lorsqu'il avait pris une option, c'était difficile qu'il change d'avis. L'alternance politique de janvier 2019, est-ce le résultat de cette action de l'Eglise catholique, de votre Comité laïc de coordination (CLC) et de Laurent Monsengwo ? Très modestement, je dirais qu'il y a eu une contribution extrêmement importante et ferme pour que cela le soit. Maintenant, il y a eu également toute la conjoncture internationale qui a aussi joué en faveur de ce changement. Est-ce que Laurent Monsengwo aurait pu aller en prison ? Tout à fait. Cela aurait pu arriver. Mais probablement qu'aucun homme politique n'aurait osé prendre une telle décision. Nous sommes dans un pays très christianisé et cela aurait été difficile. Le président Mobutu en son temps, avait décidé d'envoyer le cardinal Malula à Rome en confisquant sa résidence, en en faisant une maison du parti. On a vu quand même que, quelques mois après, il a dû faire marche arrière parce qu'il y avait des neuvaines organisées dans les églises dans l'ensemble du pays. Et donc, cette action était vraiment impopulaire au point qu'il a dû changer d'avis. Succéder à un homme de la trempe de Laurent Monsengwo, n'est-ce pas une tâche difficile pour un homme comme le cardinal archevêque Fridolin Ambongo ? Le défi est réel. Mais pour le cardinal Fridolin Ambongo, déjà actuellement, on voit par ses prises de position qu'il se situe dans la filiation directe de Monsengwo et de Malula. A l'heure où certains députés congolais veulent obliger tous les candidats à la future présidentielle d'être de père et de mère congolais, à l'heure où ils veulent réduire les chances d'être éligible, quel aurait été le message de Laurent Monsengwo, quel peut être le message de l'église catholique ? Le message, qui aurait été celui de Laurent Monsengwo, est celui déjà exprimé par son successeur, le cardinal Fridolin Ambongo, qui a déclaré à Lubumbashi qu'il fallait que le pays n'aille pas dans cette voie, que c'est une voie extrêmement dangereuse. Et le pays ne pourrait pas s'y engager, parce que la « congolité », on a vu déjà les effets de ce concept en Côte d'Ivoire, et le Congo est essentiellement une société pluriculturelle, c'est contre le progrès que d'arriver à énoncer une idée comme celle-là. ► À lire aussi : RDC: répression meurtrière de la marche du Comité laïc de coordination
« Historique. Inédit. Du jamais vu, s'exclame le site d'information congolais Cas-Info. Les superlatifs se sont succédé dès l’annonce du verdict (samedi) : Vital Kamerhe, puissant numéro deux du régime de Félix Tshisekedi, a été condamné à 20 ans de travaux forcés. Le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe l’a reconnu, avec deux autres co-accusés, coupable de détournement de fonds publics destinés aux travaux du programme d’urgence du Chef de l’État et de corruption. Une première en République Démocratique du Congo, un pays où, depuis les années Mobutu, puiser dans les caisses de l’État était un véritable sport national. Mais après l’euphorie qui a gagné les 80 millions de Congolais tout au long des six audiences, fatales, de la prison de Makala, l’heure est aux interrogations », pointe Cas-Infos. Ainsi, pour la Conférence épiscopale nationale du Congo, la CENCO, influente organisation des évêques catholiques congolais, « il faut encore observer pour voir si la condamnation de Vital Kamerhe est quelque chose qui a été fait pour régler un problème politique ou si c’est vraiment une nouvelle dynamique. » Deux poids deux mesures ? L’Eglise catholique n’est pas la seule à émettre des réserves sur ce verdict, relève encore Cas-Info. « Le fait que Vital Kamerhe soit le seul à faire les frais de la nouvelle doctrine de l’État de droit prônée par Félix Tshisekedi suscite de nombreuses questions. C’est le cas de Sindika Dokolo qui souligne un traitement de 'deux poids deux mesures'. Le président du mouvement citoyen Les Congolais Debout, proche de l’opposant Moïse Katumbi, pointe en effet 'la passivité de l'actuel pouvoir' face aux animateurs de l’ancien pouvoir. » En effet, commente Cas-Info, « le président Félix Tshisekedi n’a que très peu de marges de manœuvre pour entreprendre une opération de nettoyage dans les casseroles de son prédécesseur et ses proches. C’est pourtant à ce niveau que la 'République des juges', comme la surnomment déjà ses détracteurs, sera vraiment évaluée. Sachant que sous le régime précédent, les dossiers susceptibles d’intéresser la curiosité des magistrats ne manquent pas. » Et les années Kabila ? Afrikarabia, site d'information spécialisé sur la RDC, est sur la même ligne : « ce procès laisse comme un goût d’inachevé, affirme Afrikarabia. Les audiences ont été souvent décousues, les procédures expéditives, l’accusation approximative et la défense laborieuse. Le président du réseau panafricain de lutte contre la corruption UNIS, Jean-Jacques Lumumba, estime que 'd’autres acteurs clés de l’affaire doivent être poursuivis' et il s’étonne que la banque privée qui a autorisé 'des décaissements colossaux en liquide au mépris de la législation en vigueur', ne soit pas davantage inquiétée. L’ONG Human Rights Watch, rappelle de son côté, pointe encore Afrikarabia, que 'le détournement de fonds publics au Congo n’est pas l’affaire d’une seule figure politique. Les autres personnalités impliquées dans la corruption devraient aussi faire l’objet d’une enquête, quelle que soit leur fonction ou leur couleur politique'. Allusion, commente Afrikarabia, aux 16 années de mégestion de Joseph Kabila, que la justice semble pour l’instant ignorer. » Félix Tshisekedi sur orbite pour la présidentielle de 2023 Et puis « d’un point de vue politique, relève cette fois Ledjely en Guinée, il y a un bénéfice concret que le président congolais tire de tout cela. Il s’agit de l’éviction de fait de Vital Kamerhe de l’espace de compétition politique de la RD Congo. (…) Cela fait un adversaire de moins pour le président de la République en prévision des élections présidentielles de 2023. En effet, Félix Tshisekedi se trouve libéré des engagements liés à l’accord que son parti avait conclu avec l’UNC de Vital Kamerhe en 2018 à Nairobi. Accord en vertu duquel il était prévu que l’ex-chef de cabinet de la présidence congolaise soit le candidat de la coalition au pouvoir à ces futures élections présidentielles. Le chef de l’État s’en tire donc à bon compte. » Bref, conclut L'Observateur Paalga au Burkina Faso, « avec l’arrestation et la condamnation de Vital Kamerhe, le président Tshisekedi donne un coup de pied dans la fourmilière des prédateurs des biens publics en RDC, et en même temps, il se débarrasse d’un allié devenu encombrant. C’est ce qui s’appelle faire d’une pierre deux coups. »
L’Église catholique a-t-elle à intervenir dans le domaine politique? À cette question, on peut donner trois réponses.
Au sommaire : République démocratique du Congo C'est un long processus qui aura tenu en haleine la République démocratique du Congo depuis plus de deux ans. Félix Tshisekedi a été proclamé nouveau président du pays et il est déjà contesté. La Conférence des évêques estime notamment que ses observations ne correspondent pas aux résultats officiels. Pourquoi la Cenco a-t-elle décidé de ne pas publier ses propres chiffres ? Le scrutin est-il crédible ? Comment réagissent les Congolais ? Gabon La tentative de putsch au Gabon a été qualifiée d'étrange. Si l'action menée par quelques soldats n'a pas encore livré ses secrets, sert-elle de révélateur du malaise qui touche le Gabon ? Le président Ali Bongo, victime d'un accident vasculaire cérébral le 24 octobre 2018, est en convalescence pour une durée indéterminée au Maroc. Son absence a-t-elle ravivé la lutte des clans au sein du pouvoir ? États-Unis « shutdown » Donald Trump s'accroche à son mur. Dans son discours à la nation, le président américain a agité le spectre de la peur en criminalisant les migrants. Peut-on parler de crise humanitaire et sécuritaire grandissante à la frontière avec le Mexique ? Que s'y passe-t-il exactement ? Donald Trump a également accusé les démocrates d'être responsables du « shutdown » qui paralyse partiellement les administrations fédérales. France, gilets jaunes Comment sortir de l'impasse ? Les gilets jaunes continuent à manifester en ce début d'année en France. Une rage antisystème qui s'exprime parfois violemment. Comment faire revenir cette colère, tournée contre le politique, dans des rails démocratiques ? Le grand débat national promis par Emmanuel Macron suffira-t-il à calmer les esprits ? Invités : Agnès Rotivel, rédactrice en chef adjointe au quotidien français « La Croix » ; Pierre Boisselet, journaliste à l'hebdomadaire « Jeune Afrique » ; Nicolas Willems, responsable éditorial monde pour la RTBF ; Colette Braeckman, responsable de l'actualité africaine au quotidien belge « Le Soir » (depuis Bruxelles). Présentation : Silvia Garcia.
La procureure de la CPI Fatou Bensouda a achevé sa visite en RDC ce jeudi 3 mai 2018. En 48 heures, elle a rencontré le chef de l'Etat, les autorités judiciaires, la majorité, l'opposition, la société civile et la Cenco, la conférence épiscopale. Elle dit être venue pour évaluer la coopération entre la RDC et la CPI et évaluer si le Congo fait tout ce qui est en son devoir en interne pour juger les crimes les plus graves relevant du statut de Rome. Beaucoup, dans l'opposition et la société civile espéraient que la CPI annoncerait l'ouverture de nouvelles enquêtes. Finalement, il n'en est rien. On écoute Fatou Bensouda.
Une interview avec Cyrille Ebotoko, le Chargé du Programme Éducation Civique et Élections de la Commission Episcopale Justice et Paix (CEJP), un organe au sein de la CENCO qui fait l’observation du processus d’enrôlement des électeurs. Jason et Cyrille parlent du progrès réalisé par le CENI jusque-là et les obstacles auxquels cette institution fait face.
Jean Kenge parle avec l'Abbé Santedi sur la CENI, le dialogue politique, et le processus électorale en RD Congo.