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Développer les infrastructures dans les corridors sud de la RDC, notamment celui de Lobito et de Banana, le sujet était au centre des discussions lors du salon du développement des villes et des corridors, Expo Béton, qui réunissait une centaine d'acteurs des secteurs public et privé à Lubumbashi. Parmi les leviers importants de ces projets figurent les infrastructures routières. Mais la RDC peine à mobiliser les ressources pour financer leur réhabilitation. Sur le tracé du corridor de Lobito, se déplacer par la route de Kolwezi à la frontière avec l'Angola, est un parcours du combattant. « Pour parcourir les 440 km, ça peut prendre 15 à 20 jours, voire un mois !, témoigne Donat Tshimboj, transporteur des marchandises sur ce tronçon. Les camions se renversent avec leurs marchandises. La plupart des transporteurs ont décidé de retirer leurs camions de la circulation. »Cette situation n'est pas unique. La RDC a un réseau routier de 156 000 km dont près de 4 000 km seulement sont asphaltés. Le salon du développement des villes et des corridors à Lubumbashi a recommandé l'investissement dans ce domaine. « Nous avons entendu des appels urgents sur des partenariats publics-privés pour accélérer les investissements dans les infrastructures stratégiques », rappelle Jean Bamanisa, directeur d'Expo Béton.Déficit du Fonds national d'entretien routierMais du côté du secteur public, le Fonds national d'entretien routier (Foner), l'organisme chargé de la mobilisation des ressources financières, connaît un déficit criant. Ses recettes proviennent à 95% de la redevance sur la mise en consommation des produits pétroliers. Alors qu'il a besoin d'au moins 950 millions de dollars par an pour l'entretien des routes, le Foner ne mobilise que 156 millions de dollars à cause de la fraude. « Un premier niveau de fraude se manifeste lorsque certains produits n'arrivent dans les entrepôts, explique Pierre Bundoki, le directeur général du Foner. S'ils n'arrivent dans les entrepôts, on ne peut pas percevoir [la redevance]. Le deuxième niveau de la fraude, c'est au moment de la sortie des entrepôts, tout n'est pas renseigné. À titre illustratif, en 2024, le Foner devait percevoir 458 millions de dollars, il n'a encaissé que 164 millions de dollars. »À lire aussiRDC: trous énormes, boue... la route entre Goma et Masisi, un cauchemar pour les conducteursModèle tanzanien de financement ?Pour l'heure, la RDC reste le maillon faible de ces corridors faute de capitaux. Pour relever le défi, la Tanzanie a proposé à la RDC son modèle de mobilisation locale des ressources financières. « En Tanzanie, il y a eu les Samia Bonds, détaille Patient Mwenze, le directeur adjoint de la CRDB (Cooperative Rural Development Bank), une banque commerciale tanzanienne installée en RDC depuis 2023. C'est une levée des fonds qui a été faite, où la CRDB a permis à la population de souscrire à ses obligations. En l'espace de trois mois, ça a permis de lever 125 millions de dollars qui sont allés dans la construction des infrastructures. »La RDC espère qu'avec les partenaires privés, elle pourra exploiter tous les corridors sud.À lire aussiLes routes en Afrique: un frein au développement?
Pillages, spoliation d'entreprises, banques à l'arrêt. La guerre a paralysé les activités économiques de l'est de la RDC. Les entrepreneurs espèrent beaucoup des pourparlers en cours à Washington. Le Rwanda et la RDC se sont donnés jusqu'au vendredi 2 mai pour parvenir à un projet d'accord de paix. Près de 90 entreprises qu'il accompagne ont mis la clé sous la porte à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Jean-Paul Lokumu, consultant en entrepreneuriat, constate l'abattement et le sentiment d'abandon des patrons dans une région coupée du monde : « Lorsqu'il n'y a plus de liaisons aériennes, lorsque les banques ne fonctionnent plus, on ne peut même pas parler de climat des affaires pour le moment. »Appel aux financements, même sans les banquesJean-Paul Lokumu se fait le porte-voix des patrons des Kivu, qui espèrent une paix rapide. En attendant, ils demandent de l'aide : « Je fais appel aux ONG, aux structures de financement pour venir à notre rescousse. Même si les banques sont fermées, il y a la possibilité de travailler sur la résilience, de trouver une solution pour ces entrepreneurs. En tout cas, ils sont vraiment dans le besoin. » L'amélioration du climat des affaires, c'est un des crédos de l'exécutif congolais ces derniers mois. Lors d'un forum à Casablanca la semaine dernière, le ministre de l'Économie nationale, Daniel Mukoko Samba a invité les entrepreneurs étrangers à investir en RDC.Mi-avril, Thierry Katembwe, conseiller du président de la République Félix Tshisekedi, était, lui aussi, à Paris pour convaincre des entreprises françaises d'investir dans le pays. « La démarche est assez claire quand on sait que le pays va finir par être pacifié. On sait que tout est une question d'économie, tout est une question d'opportunités, insiste-t-il sous les ors de l'ambassade de RDC en France.Accor veut un hôtel à Goma« Aujourd'hui, on dit à tous ces investisseurs "Venez directement en RDC". On est en train de mettre en place une plateforme énorme pour que les différentes multinationales s'y retrouvent. On est très heureux aujourd'hui d'avoir des grosses boîtes françaises, les plus grosses boîtes américaines qui sont déjà engagées et donc on en veut encore plus ».Le Nord-Kivu intéresse toujours le groupe hôtelier français Accor qui a un projet d'hôtel Ibis Style à Goma. « Notre partenaire local a une parfaite lecture des dynamiques de développement que va connaître sa ville dans les années à venir. Il croit fortement à son potentiel et il faut se projeter, assure Réda Faceh, vice-président en charge du développement en Afrique centrale d'Accor. Il est clair qu'à l'instant T, c'est un peu compliqué, mais on est optimiste. La ville va connaître un dénouement heureux et c'est ce qu'on lui souhaite. On espère justement pouvoir développer très prochainement un hôtel, voire plusieurs à Goma, qui reste quand même une ville d'une taille assez importante ». La RDC cherche toujours à diversifier son économie. Mais c'est bien autour de ses précieux minerais critiques qu'un accord avec les États-Unis est en train d'être concoctéÀ lire aussiTrump, les 100 jours: les Grands Lacs et Donald Trump, diplomatie et business intimement liés À lire aussiRDC: début de l'évacuation de militaires et policiers congolais protégés par la Monusco à Goma
durée : 00:05:21 - Le Journal de l'éco - par : Anne-Laure Chouin - Parfois qualifié de "scandale géologique" pour l'abondance de ses ressources minérales, la République Démocratique du Congo cherche à renégocier les contrats qui ont surtout profité aux Chinois et à diversifier la nationalité de ses investisseurs en se tournant davantage vers les États-Unis.
Pour essayer de résoudre le conflit meurtrier dans l'est de la RDC, l'Union africaine va chercher aujourd'hui un médiateur qui vient d'un pays très éloigné du théâtre des opérations. Il s'agit de Faure Gnassingbé, le président du Togo. Pourquoi ce choix ? A-t-il plus de chances de réussir que son prédécesseur, l'Angolais Joao Lourenço ? Pour l'Institut Ebuteli, Pierre Boisselet est responsable des recherches sur les violences en République Démocratique du Congo. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : L'attaque des quartiers ouest de Goma le week-end dernier est-elle le signe que le M23 ne contrôle pas la totalité du territoire qu'il a conquis ces trois derniers mois dans l'est du Congo ? Pierre Boisselet : Oui, en tout cas, c'est certainement le signe que leM23 n'est pas totalement en mesure d'assurer la paix et la sécurité dans le territoire sous son contrôle. Alors les événements du week-end dernier sont probablement les plus spectaculaires qui ont eu lieu, au moins depuis que le M23 a pris les villes de Goma et Bukavu, au début de l'année… Mais il y en a eu d'autres. On pense notamment aux explosions qui ont eu lieu à Bukavu peu après la conquête de cette ville, en marge d'un meeting de Corneille Nangaa. Il y a aussi eu ces derniers jours des incursions de miliciens wazalendo aux abords de la localité de Kavumu, au Sud-Kivu, où l'on trouve le principal aéroport de cette province du Sud-Kivu. Donc, on voit que, à plusieurs endroits et à plusieurs moments, le M23 a montré que son contrôle de la situation n'était pas total.Il y a un mois, le M23 s'est emparé aussi de la ville de Walikale, sur la route de Kisangani. Et puis, quelques jours plus tard, le mouvement rebelle s'est retiré de cette position importante. Est-ce un retrait stratégique ou politique ? Alors, c'est probablement un peu des deux. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on a constaté que le M23 avait beaucoup de difficultés à maintenir ses lignes logistiques jusqu'à cette localité de Walikale qu'il venait de conquérir, notamment la route entre Masisi et Walikale n'était pas du tout sécurisée et les convois étaient à la merci d'attaques de harcèlement. Mais par ailleurs, ce retrait est aussi intervenu au moment où les discussions étaient relancées par le Qatar. Une des conséquences de la prise de Walikale, ça a été la fermeture de la mine d'Alphamin qui est contrôlée par des capitaux américains. Et donc voilà, le fait qu'il se soit retiré, ça a permis l'annonce au moins de la reprise de la production dans cette mine. Donc on peut imaginer qu'il y a pu aussi avoir des pressions politiques qui ont abouti à ce retrait.Et le retrait du M23 de Walikale a coïncidé avec la visite d'un émissaire américain à Kigali ?Tout à fait, Monsieur Boulos, qui d'ailleurs a lui-même annoncé la reprise des activités d'Alphamin dont je parlais à l'instant. Donc voilà, on peut imaginer qu'il y a eu un message de passé à cette occasion.Y a-t-il eu un deal entre messieurs Trump et Kagame ?Alors… Là, je ne saurais m'avancer jusque-là. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a eu des discussions. Alors en réalité, surtout entre le gouvernement congolais et le gouvernement américain sur l'accès aux immenses ressources minérales congolaises. Alors est-ce qu'il y a eu d'autres négociations parallèles ? Ça, je ne le sais pas.Du côté des médiations internationales, le Qatar a réussi un joli coup, c'était le 18 mars dernier, quand il a réuni les présidents Tshisekedi et Kagame à Doha. Mais est-ce que cela n'a pas été un succès sans lendemain ? Alors c'est peut-être un tout petit peu tôt pour l'affirmer, mais c'est vrai que ça n'a pas forcément embrayé avec un processus très convaincant, je dirais. On sait que, depuis ce 18 mars, il y a eu des délégations du M23 et du gouvernement congolais qui devaient se rencontrer à Doha pour poursuivre sur la lancée du sommet. Mais à ce stade, il y a vraiment peu d'écho. Il semblerait qu'il y ait assez peu d'avancées dans ces discussions qui ont donc suivi le sommet.Dernière surprise, c'était le week-end dernier : l'Union africaine a désigné le président togolais Faure Gnassingbé comme nouveau médiateur à la place de l'Angolais João Lourenço. Est-ce que João Lourenço se heurtait à la méfiance de Paul Kagame ? Ce qui n'est peut-être pas le cas du nouveau médiateur togolais ? Alors ce qui est certain, c'est que le Togo entretient de très bonnes relations avec le Rwanda. Ce qui était peut-être un peu moins le cas de João Lourenço. Donc ça, ça peut être un point positif.Faure Gnassingbé s'entend bien aussi avec Felix Tshisekedi ?Oui, il semblerait. Et donc, l'arrivée fracassante du Qatar dans cette médiation n'avait pas forcément été anticipée par l'Union africaine et l'a quelque peu marginalisée. Donc probablement qu'il s'agit aussi, au moins en partie, de replacer l'Union africaine dans cette médiation.En allant chercher un pays en Afrique de l'Ouest, très loin du théâtre des opérations ?Oui, notamment. Alors c'est vrai que, contrairement à João Lourenço d'ailleurs, le président togolais ne siège dans aucune de ces deux organisations que sont la SADEC et l'EAC, dont on connaît les tensions. Et donc ça pourrait lui donner un avantage en termes de neutralité. Mais peut-être que la difficulté, par contre, ça sera pour le président togolais d'arriver à convaincre les deux présidents d'arriver à un compromis. On ne voit pas forcément de quel moyen de pression, il dispose pour leur tordre le bras et y arriver.À lire aussiConflit dans l'est de la RDC: le président togolais désigné médiateur par l'Union africaine
durée : 00:05:30 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Le conseiller spécial de Donald Trump pour l'Afrique s'est rendu à Kinshasa pour discuter de la paix dans l'est de la RDC et "promouvoir les investissements du secteur privé américain". La RDC regorge de cobalt, coltan, lithium, tantale, des minerais rares essentiels aux technologies avancées.
durée : 00:06:00 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Le conseiller spécial de Donald Trump pour l'Afrique s'est rendu à Kinshasa pour discuter de la paix dans l'est de la RDC et "promouvoir les investissements du secteur privé américain". La RDC regorge de cobalt, coltan, lithium, tantale, des minerais rares essentiels aux technologies avancées.
Il y a deux mois, Goma, plus grande ville de l'est de la République démocratique du Congo, était prise par l'AFC/M23 soutenu par le Rwanda, après de violents affrontements qui s'étaient déroulés jusque dans le centre-ville de la capitale de la province du Nord-Kivu. Retour sur ces violences d'une grande ampleur (qui ont alors secoué la ville) et leurs conséquences jusqu'à ce jour, avec notre Grande invitée Afrique ce matin : Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge à Goma, est interrogée par Esdras Ndikumana. RFI : Vous êtes à Goma, une ville qui est passée sous contrôle de l'AFC/M23 depuis fin janvier. Est-ce que la situation humanitaire qui prévaut aujourd'hui est toujours aussi alarmante que lors de la prise de cette ville ?Myriam Favier : Fin janvier, à Goma et aux alentours, il y a eu une escalade de la violence, y compris en zone urbaine avec une utilisation d'artillerie en zone peuplée. Ça voulait dire, effectivement, beaucoup de blessés. Pas d'électricité pendant quasiment une semaine, donc pas d'eau car c'est directement lié. Des corps qui jonchaient le sol, tous les hôpitaux et les structures de santé en suroccupation. Donc, la situation humanitaire était terrible. Je pense que, aujourd'hui, la situation s'est stabilisée. Pour le CICR, ça veut dire que le point crucial en ce moment, c'est de répondre aux besoins essentiels des gens en réduisant les risques auxquels on fait face.Vous l'avez évoqué, ces affrontements ont fait de nombreuses victimes civiles. Combien en avez-vous recensé au CICR ? On a, avec la Croix-Rouge de la RDC, ramassé des corps, donné à ces corps une sépulture digne. C'étaient plus de 900 corps qui ont été enterrés par la Croix-Rouge et le CICR. Bien sûr, il y a d'autres victimes. Les victimes sont également les blessés. Nos structures de santé CICR étaient à plus de 400 % de suroccupation à un moment. Il y a eu plus de 1 900 patients soignés depuis le mois de janvier, c'est trois fois plus que ce qu'on a pu avoir sur les années précédentes. Par exemple, en 2022, il y avait environ 600 blessés de guerre.Que disent donc ces chiffres par rapport à l'intensité des combats ? On voit que ces chiffres démontrent des affrontements qui ont été très intenses et évidemment des conséquences humanitaires importantes sur la population, sur les femmes, sur les enfants. Il y a des blessures par balles, des blessures par engins explosifs, énormément de traumas crâniens qui ont été mentionnés. Quand il s'agit d'engins explosifs, ça veut dire des amputations multiples, que ce soit sur des adultes ou des enfants. Des enfants dont l'éducation est certainement ensuite suspendue pour qu'ils puissent se soigner. Donc, le CICR a par exemple réouvert trois maisons d'écoute dans le but de soutenir la population civile par rapport à l'utilisation d'artillerie et du trauma que les gens ont vécu en ville et dans les alentours.Certaines ONG ont dénoncé, l'arrestation de plus d'une centaine de blessés ou de gardes malades dans des hôpitaux à Goma. Qu'est-ce qui s'est passé réellement ? Quelle est la situation de ces gens ? Est-ce que vous savez où ils sont ? Ce qu'on peut dire, c'est que les autorités sont en mesure de rentrer dans les structures hospitalières. Elles doivent simplement respecter le droit international humanitaire et donc ne pas rentrer armées et respecter, en fait, l'avis médical du personnel, c'est-à-dire ne pas entraver le parcours de soins des patients présents dans les hôpitaux.Après la destruction des camps de déplacés à Goma, où sont allés les centaines de milliers de déplacés qui s'y trouvaient et est-ce qu'ils ont encore accès à l'aide ?Il y a effectivement beaucoup de personnes qui ont quitté les camps des déplacés qui étaient à Goma pour aller dans leurs zones d'origine, leurs zones de retour, que ce soit le territoire de Rutshuru ou celui du Masisi par exemple. Et les équipes tentent de faire des évaluations afin de mieux comprendre la situation, les besoins et de pouvoir répondre à ces besoins. Pour la plupart en fait, les gens retrouvent des maisons qu'ils doivent rénover, voire reconstruire. Ce sont souvent des maisons en planches, ce qui veut dire que le bois a parfois été utilisé par les gens qui étaient restés pour se chauffer et ont servi de brancards dans des situations d'urgence pour évacuer les blessés. Donc ça, c'est un premier point. Ensuite, les affrontements ont été parfois tellement intenses que ça a détruit les lignes d'électricité, ça a détruit le réseau d'eau et c'est important pour nous, CICR, actuellement, de se focaliser là-dessus et d'essayer de remettre en place ces besoins essentiels. Là, ce qu'on est déjà en train de faire à Sake, par exemple, qui est une ville d'environ 100 000 habitants.
durée : 00:22:31 - Cultures Monde - par : Mélanie Chalandon - Entre fin janvier et début février, le groupe armé M23 s'est emparé des villes de Goma et de Bukavu, à l'est de la République démocratique du Congo. La journaliste Margaux Solinas s'est rendue dans les régions du Nord et Sud-Kivu pour couvrir les conflits et leurs répercussions sur les populations. - réalisation : Vivian Lecuivre - invités : Margaux Solinas Journaliste indépendante, travaille notamment pour Le Figaro, Mediapart et Marianne
Au sommaire : Rencontre surprise et inédite ce mardi à Doha entre les deux présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame qui ne s'étaient pas revus depuis plus d'un an. Avec ce coup diplomatique, l'émirat du Qatar peut-il trouver une solution à la crise sécuritaire de l'est de la RDC ? Après deux mois de trêve, les bombardements ont repris cette semaine à Gaza. Pour quelles raisons l'accord avec le Hamas a-t-il été rompu par Israël ? Enfin une conversation « constructive » selon le président américain s'est tenue entre Donald Trump et son homologue Vladimir Poutine. Que se sont dit les deux hommes ? Le cessez-le-feu temporaire sur les infrastructures énergétiques est-il satisfaisant ?Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : - Jean-Paul Oro, correspondant à Paris du quotidien L'intelligent d'Abidjan, président de l'Union des journalistes ivoiriens en France- Ousseynou Nar Gueye, éditorialiste du périodique numérique sénégalais Tract Hebdo- Jean-Marie Kassamba, président de l'Union nationale de la presse du Congo et directeur général de la chaîne télévisée Télé 50.
Coup de théâtre au Qatar, où le Congolais Félix Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame se sont rencontrés secrètement hier. Les deux chefs d'État ont décidé de « poursuivre les discussions entamées hier pour établir les bases solides d'une paix durable », dit le communiqué final. Jusqu'à présent, on croyait que l'Angola faisait médiation entre les deux pays en guerre. Mais après la rencontre d'hier, tout est en train de changer. Trésor Kibangula est analyste politique l'Institut congolais de recherches sur la politique, la gouvernance et la violence. En ligne de Kinshasa, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Est-ce que vous êtes surpris par cette rencontre au Qatar ? Trésor Kibangula : Oui, comme tout le monde. C'était une grande surprise, en tout cas dans la forme, mais pas totalement dans le fond. Parce qu'on sait que Doha a longtemps voulu jouer un rôle dans la médiation entre la RDC et le Rwanda. On se souvient encore d'une tentative en 2023 déjà, mais jusqu'ici, Kinshasa s'y montrait toujours réticent, notamment parce que le Qatar est perçu par les autorités congolaises comme proche de Kigali, notamment avec des investissements au Rwanda et la construction d'un aéroport au Rwanda. Mais au regard des blocages dans les autres formes de médiation, je pense que cette rencontre offre quand même un progrès sur un point essentiel : elle permet aujourd'hui aux deux chefs d'État de se parler directement. Et c'est la première fois depuis des mois que Tshisekedi et Kagame se retrouvent face à face dans un cadre, où ils peuvent discuter sans intermédiaires régionaux.Il y a trois mois, une rencontre entre les deux présidents était déjà prévue, c'était à Luanda, mais à la dernière minute, Paul Kagame avait renoncé à y aller. Pourquoi ça a marché hier ? Plusieurs éléments ont évolué depuis décembre. Les contextes militaires et diplomatiques ont basculé. En décembre, Kinshasa refusait encore totalement l'idée de négocier avec le M23. Kigali, de son côté, a posé comme condition sine qua non des négociations directes entre le gouvernement congolais et les M23, ce que Tshisekedi refusait. Donc beaucoup de choses ont évolué. Les rapports de forces ont changé sur le terrain. Fin janvier, le M23 a pris le contrôle de Goma. Puis en février, Bukavu est tombé aussi. L'armée congolaise n'a pas réussi à reprendre l'initiative et, aujourd'hui, le M23 continue à consolider ses positions. Et sur le plan diplomatique, Kinshasa a finalement accepté l'idée de ce dialogue direct avec le M23. Et de l'autre côté, on voit aussi toutes ces sanctions qui tombent sur le Rwanda. Donc, je pense que, face à cette situation, les deux parties avaient finalement plus d'intérêt à parler aujourd'hui qu'en décembre.Dans le communiqué final d'hier soir, les deux chefs d'État insistent sur le processus conjoint, le processus fusionné, que l'organisation EAC des pays d'Afrique de l'Est et l'organisation SADEC des pays d'Afrique australe ont mis en place le mois dernier à Dar es Salam en faveur de la paix au Congo. Pourquoi cette attention particulière ? Je pense que l'initiative de Luanda n'avait pas vraiment réussi à avoir la confiance de Kigali. Elle était portée par l'Angola de manière plus ou moins isolée. Et aujourd'hui, Doha ne cherche pas à créer un énième format parallèle de médiation. Parce que, lorsqu'on lit les communiqués qataris, on voit très bien effectivement que ce sont les discussions sous l'égide de l'EAC et de la SADEC qui sont encouragées, ce qu'on appelle aujourd'hui les processus fusionnés. Je pense que ces choix peuvent s'expliquer par plusieurs facteurs parce que, un : il correspond aux préférences de Kigali qui a toujours misé sur ces processus fusionnés pour gérer la crise, parce que Kigali a une certaine influence sur l'EAC. Deuxième chose, c'est que ce choix de Doha de préférer les processus fusionnés permettent d'éviter un affrontement entre plusieurs initiatives concurrentes. Parce qu'on était un peu dans une cacophonie d'initiatives de médiation. Avec Doha, maintenant, on essaie de proposer une ligne et c'est le choix des processus fusionnés.Est-ce à dire que les premières négociations directes entre le gouvernement congolais et le M23 n'auront pas lieu à Luanda sous l'égide de l'Angola, mais quelque part ailleurs en Afrique, sous l'égide de ce processus fusionné entre l'EAC et la SADEC ?Ça devient vraiment très difficile d'envisager que la médiation angolaise puisse reprendre la main, à cause de ce déficit de confiance, surtout du côté du M23 et de Kigali. Mais comme les deux parties doivent se parler et qu'il y a eu un progrès avec la rencontre de Paul Kagame et de Félix Tshisekedi à Doha, on pense que le processus pourrait continuer, peut-être en marge des discussions EAC/SADEC qui se tiennent dans le cadre de ces processus fusionnés.À lire aussiTrésor Kibangula: «Doha a longtemps voulu jouer un rôle dans la médiation entre la RDC et le Rwanda»
En RD Congo, c'est une semaine de rendez-vous pour le dossier du conflit dans l'est du pays. Les ministres de la SADC et de l'EAC doivent se réunir lundi. Les autorités congolaises et le mouvement armé M23 sont, eux, invités pour des discussions mardi 18 mars à Luanda, en Angola. Entre-temps, le médiateur João Lourenço a appelé à un cessez-le-feu dans l'Est de la RDC.
Alors que la menace de l'interruption du financement de l'aide américaine plane en République démocratique du Congo (RDC), l'ONU s'inquiète du sort de milliers de Congolais recevant un traitement contre le VIH. « Une rupture de financement aura un impact direct sur la survie des personnes vivant avec le VIH », avertit dans un entretien avec ONU Info Susan Kasedde, la Directrice pays de l'ONUSIDA, le programme de l'ONU qui coordonne la lutte contre la pandémie de VIH/sida.La RDC compte aujourd'hui environ 520.000 personnes vivant avec le VIH, et l'épidémie continue de croitre.« Le pays a réussi à mettre sous traitement 440.000 personnes vivant avec le VIH, soit au moins 87% des personnes en besoin de traitement », signale Mme Kasedde, soulignant que la moitié est entièrement financée par PEPFAR, le programme de lutte contre le VIH/sida lancé par le Président américain George W. Bush en 2003.Selon elle, PEPFAR a joué un rôle pratiquement sans comparaison dans la réponse au VIH en RDC - du dépistage au traitement, en passant par la mise au point des laboratoires et de la chaine d'approvisionnement.L'annonce du gel du financement était complètement inattendu et a constitué un « choc total », explique Susan Kasedde.(Interview : Susan Kasedde, Directrice pays de l'ONUSIDA; propos recueillis par Cristina Silveiro)
L'artiste slameuse et écrivaine Do Nsoseme vient de publier son ouvrage “Ngambo ya Congo”. Présenté au public le 1er mars dernier, elle le présente également dans le podcast de la culture de ACTUALITE.CD. Elle est notre invitée.Ngambo, mot lingala, utilisé pour désigner en même temps le problème ou la charge ou encore la responsabilité ; Do ne laisse pas de côté un seul aspect de ce terme soigneusement choisi pour son livre. Elle touche ce qui ne va pas, non sans faire des propositions pour que les choses marchent mieux.Do Nsoseme s'affiche en patriote, traduisant en écrit son amour pour sa RDC, à travers des textes de poésie libre destinés à être slamés. Un concert est même déjà prévu pour présenter en musique cette combinaison de sensibilisation, interpellation, conscientisation, patriotisme, dénonciation et bien d'autres.L'écrivaine et slameuse Do Nsoseme Dora s'entretient avec Kuzamba Mbuangu. Vous pouvez le suivre ici.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
En RDC, l'opposant Jean-Marc Kabund sera candidat à la prochaine présidentielle. Il l'annonce aujourd'hui sur RFI, à l'occasion de sa première interview radio depuis sa sortie de prison, le 21 février dernier. Longtemps, Jean-Marc Kabund a été le bras droit de Félix Tshisekedi. Quand ce dernier est devenu chef d'État, il a même été le président par intérim du parti au pouvoir UDPS. Mais après la rupture de 2022, il a été jeté en prison. Aujourd'hui, est-il prêt à se réconcilier avec Félix Tshisekedi ? Visiblement, non. En ligne de Kinshasa, le président de l'Alliance pour le Changement répond à Christophe Boisbouvier. RFI : Le 21 février, vous avez été libéré. Le lendemain, le 22 février, Félix Tshisekedi lors d'une rencontre avec les parlementaires de son camp, a invité ses opposants à entrer dans un gouvernement d'union nationale. Est-ce que votre libération n'est donc pas un geste politique de sa part ?Jean-Marc Kabund : Je ne crois pas que ma libération puisse faire l'objet d'un marchandage politique. J'ai été victime de persécutions politiques, condamné à une peine de sept ans et j'ai passé 30 mois en prison. Cette injustice, je crois qu'elle ne pourra jamais être réparée. Il faut avouer qu'il y a une forte pression depuis que j'étais en prison, tant par la communauté internationale que par l'opinion publique interne du Congo. Je crois que Félix Tshisekedi faisant face à cette pression a dû lâcher du lest. Et j'estime que le gouvernement d'union nationale qu'il propose de mettre sur pied ne résoudra rien du tout.Est-ce que Félix Tshisekedi n'a pas lâché sur vous et sur deux autres prisonniers politiques, Mike Mukebayi et Seth Kikuni qui viennent d'être libérés afin de frapper les esprits et de montrer qu'il tendait la main vers l'opposition ?Je crois que cela était une obligation pour lui. Cela ne peut pas être considéré comme un cadeau que Félix Tshisekedi donne à l'opposition parce que moi comme les autres prisonniers, Mike Mukebayi et Seth Kikuni, étions incarcérés injustement. Et d'ailleurs, il y a encore des prisonniers politiques qui continuent de croupir en prison. Ici, je fais allusion à Jacky Ndala. Il y a un autre aspect auquel beaucoup de gens ne font pas attention, ce sont les généraux. Je vous dis ici que plusieurs généraux Katangais sont arrêtés injustement. Ils sont détenus dans des cachots, en prison, sans jugement. Cela fait des années. Ici, je veux parler du général Philémon Yav. Je veux parler du général Zelwa Katanga dit Djadidja. Ils sont nombreux. Le gouvernement Tshisekedi doit savoir que ma libération et la libération des deux autres ne suffisent pas.Qu'est-ce que vous en pensez de l'avancée du M23 dans l'est de votre pays ?L'avancée du M23 est inacceptable et tout le monde doit demander au Rwanda de retirer ses troupes pour que le Congo retrouve la paix.Depuis votre libération, vous avez reçu plusieurs visites à votre domicile, notamment celle de l'opposant Martin Fayulu. Est-ce que vous réfléchissez avec Martin Fayulu et d'autres opposants à une initiative commune ?Bien entendu ! C'est parce que le régime Tshisekedi, qui est un régime finissant, doit laisser la place dès 2028. La RDC a besoin des dirigeants honnêtes afin de pouvoir donner le changement tant attendu par notre peuple.Vous êtes en contact également avec l'ancien président Joseph Kabila ?Je crois que c'est un acteur politique important de notre pays. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas être en contact avec lui. D'ailleurs, je vais même plus loin. Si demain, j'avais l'occasion d'avoir le contact de Corneille Nangaa, je l'appellerais et je lui parlerais. Je lui dirais ce que je pense de ce qu'il est en train de faire. Je suis là pour parler à tout le monde.Et que diriez-vous justement à Corneille Nangaa, le patron du M23 ?Je lui dirais tout simplement que ce qu'il est en train de faire, on l'a déjà vécu dans ce pays avec Mzee Kabila. On connaît les conséquences. Il doit arrêter de verser le sang des Congolais et revenir vite. Il doit arrêter à travers un cessez-le-feu et le gouvernement, je crois, ne pourra pas s'y opposer dans sa position actuelle pour accepter d'intégrer le processus du dialogue pour une résolution pacifique de ce conflit.Si demain le pouvoir libère les généraux actuellement en prison et renonce à son projet de changement de constitution, est-ce que vous pourriez accepter d'entrer dans un gouvernement d'union nationale avec Alliance pour le changement ?Je dis déjà, d'entrée de jeu, que je ne suis ni demandeur, ni preneur de ce gouvernement. Le problème n'est pas seulement celui des arrestations. La gouvernance doit être basée sur un programme, sur une vision claire et je ne vois pas aujourd'hui Tshisekedi garantir cela.Est-ce que vous vous êtes parlé avec Félix Tshisekedi depuis le 21 février ?Non, non. Moi, je n'en ai pas l'intention, je ne trouve pas l'intérêt de lui parler. Mais si lui le désire, je ne lui fermerai pas la porte. Je lui dirai ce que je pense.Non, non. Moi, je n'en ai pas l'intention, je ne trouve pas l'intérêt de lui parler. Mais si lui le désire, je ne lui fermerai pas la porte. Je lui dirai ce que je pense.Est-ce que vous serez candidat en 2028 ?Bien sûr. Je crois qu'après avoir quitté le pouvoir pour ses convictions, je crois que nous avons suffisamment acquis d'expérience et de notoriété, ce qui pourra nous permettre de bien gouverner, de bien gérer ce pays au fait ! À lire aussiRDC: Tshisekedi réaffirme qu'il ne dialoguera pas avec le M23 et promet une refonte de l'armée et du gouvernement
La RDC, qui détient près de 70% des réserves mondiales de cobalt, a annoncé fin février 2025 la suspension de toutes les exportations pour une période de quatre mois. Objectif : créer une rareté sur le marché afin de voir les prix se relever. Car aujourd'hui, le marché international connaît un excédent de ce minerai stratégique dans la fabrication des batteries électriques, et les prix sont au plus bas niveau. Dans le contexte, la RDC a besoin d'affirmer sa souveraineté sur son minerai et d'assurer ses revenus. Depuis le début de l'année 2025, la tonne de cobalt se vend quatre fois moins cher qu'il y a trois ans. Elle se négocie à environ 21 000 dollars, alors qu'en 2022, elle valait plus de 80 000 dollars. La surproduction est pointée du doigt.Avec la décision de suspendre les exportations, Kinshasa compte peser de tout son poids afin de rétablir une certaine stabilité sur les marchés. « En principe, dans la surproduction, la RDC perd triplement. Premièrement, les réserves diminuent et on augmente les stocks en Chine. Deuxième chose : quand les prix baissent, la RDC perd sur la taxe de superprofit qui est payée sur la vente du cobalt. Et troisièmement, ce n'est pas du cobalt métal qui est exporté par tous ces Chinois ; ce sont des concentrés de cobalt. Ils vont chez eux, ils raffinent, ils produisent », détaille Franck Fwamba, responsable de la plateforme Ne touche pas à mon cobalt.La chute drastique du prix du cobalt frappe aussi de plein fouet le secteur artisanal. Les mineurs ont abandonné l'extraction de ce minerai, faute d'acheteurs. Chadrack Mukad, directeur de l'association Comprendre et agir dans les secteurs miniers (CASMIA), basée à Kolwezi, confie : « Même si le cobalt titraient à 2 ou 3%, les preneurs n'achètent que le cuivre, et le cobalt est pris comme ça, sans aucune valeur. Vous savez que les mineurs vendent un mélange de cuivre et de cobalt, mais on n'achète que le cuivre. »Des motivations géostratégiques ?Selon certains analystes, la décision de la RDC aurait aussi des motivations géostratégiques. Depuis des mois, les États-Unis, l'Europe et la Chine se disputent le contrôle des minerais du pays. En 2024, la production du groupe Chinois CMOC représentait 38% de la production mondiale du cobalt, soit 114 165 tonnes. Le géant Suisse Glencore n'a produit que 38 200 tonnes. Mais Jean-Pierre Okenda, expert analyste du secteur extractif de la RDC, se veut plus nuancé sur cet aspect :« À ma connaissance, il n'y a quasiment pas d'usines de raffinerie de cobalt aux États-Unis. Cela ne signifie pas qu'il faut ignorer le fait que les États-Unis et les Européens veulent sécuriser la chaîne d'approvisionnement des minéraux critiques notamment, mais je ne pense pas que la mesure actuelle entre dans cette compréhension-là des choses », estime-t-il. Selon Bloomberg, le Chinois CMOC a lancé un groupe de travail pour mener des discussions avec le gouvernement de la RDC.
D'après le site d'information congolais Actualité CD, qui s'appuie sur des sources locales, les rebelles de l'AFC/M23 se rapprochent de la ville d'Uvira dans le Sud-Kivu.Des colonnes de rebelles sont passées à Sange, sur la RN5, qui a connu des scènes de panique : « des habitants ont préféré se réfugier dans les montagnes après avoir constaté l'avancée des rebelles. Sange est à 35 kilomètres d'Uvira où des affrontements ont lieu entre des militaires congolais et les miliciens Wazalendo depuis avant-hier ».En effet, précise Actualité CD, les militaires congolais et les miliciens Wazalendo se sont repliés à Uvira face à l'avancée des rebelles du M23 et des combats ont éclaté entre eux. « À la base de ces altercations, les Wazalendo ne digèrent pas le départ de certaines troupes congolaises avec leur matériel de guerre vers Kalemie, dans le Tanganyika », plus au sud. Bilan de ces affrontements : au moins 17 morts hier et avant-hier.Dans le même temps, poursuit Actualité CD, « Uvira s'est vidée de la majorité de ses habitants. Ceux qui restent sont terrés dans leurs maisons. De nombreuses personnes se sont réfugiées au Burundi (voisin), tandis que d'autres ont pris la direction de Kalemie ou encore Moba, dans le Tanganyika. Hier mercredi, une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux montrant des centaines de militaires congolais dans une embarcation au port de Kalundu à Uvira à destination de Kalemie ».Le Burundi dans l'expectative…« Les défaites s'enchaînent pour l'armée congolaise », constate également Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC. « Hier, la rébellion a continué sa progression éclair vers le sud avec, en ligne de mire, la ville d'Uvira sur les bords du lac Tanganyika. L'offensive du M23 ne semble plus rencontrer de résistance de l'armée congolaise et de l'armée burundaise, censée la soutenir ».En effet, relève Afrikarabia, les soutiens des alliés de Kinshasa, Burundi, Afrique du Sud, Ouganda, semblent de plus en plus « incertains ».Pour ce qui est du Burundi, précise le site « sans appui suffisant des FARDC, les soldats burundais ont dû décrocher et abandonner la ville avant de se replier vers le sud. Après ce nouveau revers, l'armée burundaise a décidé de retirer une partie de ses troupes. Sur les 10 000 soldats burundais déployés en RDC, combien en reste-t-il aujourd'hui ? Difficile de le dire. Le Burundi est désormais dans l'attente d'un sursaut de Kinshasa et veut des assurances sur une nouvelle mise en place au sein du commandement des FARDC ».L'Afrique du Sud échaudée…Et puis, « même son de cloche chez un autre allié de Kinshasa : l'Afrique du Sud, pointe encore Afrikarabia. L'armée sud-africaine a perdu 14 soldats dans la prise de Goma et le président Cyril Ramaphosa est fortement chahuté en interne par son opposition sur son engagement militaire auprès de la RDC. L'Afrique du Sud a écrit au Ministère des Affaires étrangères congolais pour se plaindre de l'attitude des soldats congolais sur le champ de bataille. Pretoria a également conditionné le niveau de son assistance militaire à des changements importants au sein des FARDC. Félix Tshisekedi se doit donc de rassurer ses deux alliés pour obtenir un engagement militaire plus fort. Le souci, relève le site, c'est que le président congolais a déjà remanié plusieurs fois sa chaîne de commandement, sans résultat sur le terrain. La recherche d'un nouveau casting vire au casse-tête ».Le Tchad à la rescousse ?En attendant, Félix Tshisekedi continue de frapper « à toutes les portes », s'exclame Le Pays au Burkina. Le Pays qui croit savoir, qu'après le Burundi, l'Afrique du Sud et l'Ouganda, le président congolais demande maintenant l'assistance militaire du Tchad.Et le quotidien ouagalais de s'interroger : « ne gagnerait-il pas à descendre de son piédestal et à accepter enfin de dialoguer avec toutes les parties, y compris le M23 qu'il ne peut pas voir même en peinture ? C'est l'option que de nombreux médiateurs, de Nairobi à Dar es Salam, en passant par les hommes d'Eglise en RD Congo, ont proposée pour espérer sortir le pays de l'ornière ».
Depuis plusieurs semaines, la situation sécuritaire dans l'est de la République démocratique du Congo ne cesse de se détériorer. L'AFC/M23, groupe soutenu par l'armée rwandaise selon Kinshasa, a poursuivi son avancée jusqu'à Bukavu, malgré les initiatives diplomatiques en cours. Face à cette crise, l'Église catholique et les protestants congolais ont engagé des démarches pour favoriser un dialogue entre les différentes parties. Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), fait partie de la délégation (réunissant la Cenco et l'Église du Christ au Congo) revient sur cette initiative, et tire un premier bilan des rencontres qui ont été menées, avec Liza Fabbian. RFI : La semaine dernière à Goma, vous avez rencontré Corneille Nangaa, le coordinateur de l'AFC/M23. Après cette entrevue, ses troupes, appuyées par l'armée rwandaise, se sont emparées de Bukavu. Était-il utile de le rencontrer ?Mgr Donatien Nshole : Oui, nous estimons que c'était très utile de le rencontrer parce que, pour nous, la solution militaire n'en est pas une. L'idéal serait que les Congolais s'assoient autour d'une table et qu'ils trouvent un consensus national autour de leurs différends plutôt que de s'engager dans une voie qui fait autant de morts, et de pertes non seulement en vies humaines, mais aussi en termes de destruction des infrastructures nécessaires pour le développement du pays.Pouvez-vous nous en dire plus sur le bilan que vous avez pu tirer de l'échange que vous avez eu avec Corneille Nangaa ?Nous sommes allés le convaincre de la nécessité d'un dialogue et ils ont été ouverts à l'initiative. Ils ont promis d'envoyer leur cahier des charges assorti des conditions pour participer à ce dialogue. Pour nous, c'était déjà une ouverture. C'est la même démarche qu'on a faite auprès des autres acteurs sociaux – politiques du pays pour le même objectif. Évidemment, on aurait souhaité qu'on puisse arrêter les combats sur le terrain. Ça nous inquiète qu'on continue encore à se battre et que du côté de Kinshasa, il y ait encore aussi des voix qui parlent en termes de résistance, en termes militaires, ça, vraiment, ça nous décourage. Pour arriver à une solution pacifique comme nous la proposons, il faut des signaux de part et d'autre. Il faut vraiment un engagement formel et de la part du M23 et de la part de Kinshasa. Il ne faudrait pas que le M23 considère que ce qu'on leur demande, c'est pour laisser le temps à l'autre camp de s'organiser. Il ne faudrait pas que de l'autre côté de Kinshasa, on considère les négociations comme une faiblesse. Non. La guerre n'est vraiment pas une solution pour nous.Vous avez également rencontré dans la foulée le président rwandais Paul Kagame. Qu'avez-vous tiré de cette rencontre ? Pouvez-vous nous en dire plus ?D'abord, l'écoute. Il nous a écoutés. Il nous a donné suffisamment de temps. Il a encouragé l'initiative « pastorale », pour reprendre ses mots, là où les politiciens n'ont pas réussi à trouver une solution. Et il a promis son implication dans tout ce qui va dans le sens du dialogue, pour qu'on en finisse avec ce conflit. Nous allons proposer quelque chose tenant compte et de la réalité et des avis des uns des autres. C'est à ce moment-là qu'on verra les vraies intentions des uns et des autres.L'initiative que vous portez vous a également amené à rencontrer plusieurs figures de l'opposition politique congolaise, notamment Martin Fayulu, Moïse Katumbi ainsi que des émissaires de Joseph Kabila. Sont-ils tous favorables à un dialogue ou une rencontre qui intégrerait le AFC/M23.Ils sont tous favorables au dialogue, à certaines conditions. Nous sommes en train de recueillir justement les avis des uns des autres. Nous allons proposer quelque chose tenant compte de la réalité et des avis des uns et des autres. C'est à ce moment que l'on verra les vraies intentions des uns et des autres.Mais vous, votre souhait, c'est donc de pouvoir organiser une rencontre qui intégrerait l'AFC/M23 ?Absolument. Parce que c'est une partie du problème aussi. On ne peut pas le mettre de côté. Corneille Nangaa et les autres sont des Congolais. Ils ont pris les armes et doivent expliquer aux autres Congolais, pourquoi et ce qu'il faudrait faire pour trouver des solutions sans la guerre.Les représentants de la Cenco et de l'ECC ont aussi échangé avec William Ruto, le président du Kenya. Il est également président en exercice de la Communauté d'Afrique de l'Est. Comment votre initiative s'intègre-t-elle dans la dynamique sous-régionale ? Et comment s'articule-t-elle avec les processus de Luanda et de Nairobi ?C'était l'objet de la rencontre. Parce que, au niveau national, nous espérons, avec la bonne volonté des acteurs sociopolitiques, arriver à un consensus qui sera la voix du Congo par rapport à la gouvernance interne, mais aussi par rapport aux relations avec le voisin. Et pour cela, la dynamique nationale a besoin de l'appui de la sous-région. Donc concrètement, après le consensus qui sera dégagé, ce ne sera plus la voix du président Tshisekedi qui sera entendue, mais celle des Congolais unis. Ça aura déjà un autre poids. Et la communauté politique sous-régionale devra en tenir compte pour voir comment intégrer ça dans les pourparlers de la sous-région. L'idéal pour nous, c'est qu'on obtienne à la fin une conférence internationale pour la paix en RDC, dans les Grands Lacs.Quelle est la finalité que vous espérez atteindre ?La finalité, c'est, d'abord, que les armes cessent. La finalité, c'est que les congolais se mettent d'accord autour d'un pacte social pour la paix et le vivre-ensemble. La finalité, c'est que les Congolais se mettent d'accord sur la façon de vivre en paix avec le voisin en tenant compte des intérêts des uns et des autres. La finalité, c'est donner au pays la matrice de la gouvernance qui pourra garantir le bien-être de la population congolaise qui devra vivre dignement. C'est cela, notre plus grand souci en tant que pasteurs.
Le conflit dans l'Est de la RDC et la mainmise de la rébellion pro-rwandaise du M23 sur ses richesses minières était dans toutes les conversations lors de Mining Indaba, le sommet annuel consacré au secteur minier africain, du 9 au 12 février au Cap. Comme chaque année, la délégation congolaise était bien représentée au Cap. Le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, présent en personne, ainsi que la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, dans un message vidéo, ont pu dénoncer ce qu'ils qualifient de « pillage des ressources » dans l'Est de la RDC. Des accusations que rejette le président du Rwanda Paul Kagame, mais qui ont été bien documentées par les experts de l'ONU, ainsi que par Global Witness.« Il y a toujours eu un marché international pour ces minerais et toutes les personnes qui ont successivement eu le pouvoir dans la région ont contribué à ce problème, reconnaît Emily Stewart, membre de l'ONG. Ce n'est donc pas un phénomène qui aurait émergé avec le M23. Mais la façon dont ces minerais sont de plus en plus demandés a contribué à augmenter la présence de groupes comme le M23 dans la région. Seulement 10% du coltan certifié rwandais provient vraiment du Rwanda. Le reste vient de RDC. Il passe clandestinement de l'autre côté de la frontière et est ensuite certifié comme s'il venait d'une mine rwandaise. »Investisseurs exposésLe trafic, qui a pris de l'ampleur à partir de la mine de Rubaya, échappe donc aux outils de traçabilité mis en place jusqu'à présent. Une administration parallèle permet de vendre ce coltan, qui esquive les taxes publiques congolaises et se retrouve dans les téléphones et les ordinateurs du monde entier. Un circuit illégal qui interroge la responsabilité des investisseurs.« À mon avis, il est complètement naïf de penser qu'en tant qu'investisseurs, nous ne sommes pas exposés à des industries et des secteurs qui utilisent des minerais venant de différentes zones de guerre dans le monde, souligne Adam Matthews, qui supervise les placements du fonds de pension de l'Église d'Angleterre. En RDC, on observe l'escalade d'un conflit ouvert à Goma, avec certains minerais de la région qui rejoignent les chaines d'approvisionnement mondiales. On doit tous se pencher là-dessus. »« Dommageable pour l'image de la RDC »La crise dans l'Est congolais pourrait aussi avoir un impact sur l'attrait des investisseurs pour le secteur minier du pays, alors que la RDC avait déployé beaucoup d'efforts, ces dernières années, pour améliorer le climat des affaires. « Dire que ça n'a pas d'impact sur le moral des gens à Kinshasa, le moral des investisseurs, que ce n'est pas un frein aujourd'hui à l'ouverture de la RD Congo, serait faux, observe Henri Wazne, le directeur général de la SofiBanque. La vérité c'est que, certes, l'est du Congo est loin du Katanga, mais c'est le même pays, et c'est dommageable pour l'image de la RD Congo. »Les parlementaires européens ont, depuis, voté en faveur d'une résolution pour réclamer que l'Union européenne suspende l'accord sur les minerais, signé l'année dernière avec le Rwanda.
« Où s'arrêteront le M23 et le Rwanda ? » : question posée par le site d'information guinéen Ledjely. « La facilité avec laquelle les rebelles viennent de prendre le contrôle des deux principales régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en l'espace d'un mois seulement, doit inquiéter les autorités congolaises ».D'autant que« sur le plan diplomatique, personne ne répond, pointe Ledjely. Personne n'écoute vraiment les doléances de Félix Tshisekedi. À l'ONU, à la Communauté de l'Afrique de l'Est, à la Communauté de développement de l'Afrique australe et à l'Union africaine, on n'ose même pas citer le Rwanda comme agresseur. Seuls le Royaume-Uni et la France, après la chute de Bukavu le week-end dernier, ont eu le courage d'appeler nommément le pays de Kagame à se retirer des zones qu'il a contribué à conquérir. Mais en vain. (…) Dans ces conditions, conclut le site guinéen, il n'y a donc pas de véritable obstacle susceptible d'arrêter le M23, s'il décidait de conquérir Kinshasa ». « Condamnations tièdes… »La communauté internationale reste donc les bras croisés… C'est ce que dénonce avec force dans une tribune publiée par Le Monde Afrique le chercheur américain Jason Stearns, fondateur du Groupe d'étude sur le Congo.« Trois semaines se sont écoulées depuis la chute de Goma, sans autre réaction que des condamnations tièdes, s'insurge-t-il. Au sein de l'UE, où les décisions de suspension de l'aide nécessitent un consensus, quelques intérêts étroits ont bloqué l'action. Le Rwanda a déployé des troupes dans le nord du Mozambique, où elles ont repoussé les militants islamistes, protégeant ainsi un projet pétrolier de 20 milliards de dollars appartenant à TotalEnergies. Cela a rendu la France réticente à faire pression sur le Rwanda. Depuis le début de la crise en 2021, Élysée a joué un rôle-clé en soutenant la hausse du financement à Kigali, dénonce encore Jason Stearns. Aux États-Unis, poursuit-il, les postes les plus élevés concernant l'Afrique n'ont pas encore été pourvus, ce qui a ralenti l'action. Parmi les pays africains, le manque de leadership, associé à l'efficacité diplomatique de Kigali, a empêché toute mention explicite de la présence du Rwanda en RDC dans les déclarations officielles des organismes régionaux ».Résultat, soupire Jason Stearns : « quel est le pays étranger le plus populaire aujourd'hui ? La Russie, qui n'a pratiquement aucune présence politique ou économique dans le pays. La crise du M23 est un signe supplémentaire des changements géopolitiques dans le monde. La Chine, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Turquie sont en plein essor en Afrique, tandis que les États-Unis, qui semblent désormais déterminés à démanteler la plus grande organisation humanitaire au monde, et l'Europe se replient sur eux-mêmes, en proie au nativisme et au populisme ».« Dépoussiérer » le pouvoir…Autre tribune cette fois publiée par le site burkinabé WakatSéra. Elle est signée Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France. Pour lui, le dialogue reste la clé… Il se félicite de la démarche de paix engagée par les religieux congolais : « les Églises Catholique et Protestante doivent en extraire le meilleur, affirme-t-il, en équilibre dans “la part“ à accorder à toutes les parties. Pour nous, précipiter le départ de Félix Tshisekedi avant la fin de son deuxième mandat, en 2028, n'aurait aucun apport positif, poursuit-il. Bien au contraire. L'essentiel, c'est de dépoussiérer urgemment les rouages gangrénés de la bonne gouvernance, au travers d'une forme de gouvernement de transition et d'union nationale. D'une manière ou d'une autre, avec un Tshisekedi “régnant sans gouverner“. La formule est possible, assure encore Jean-Jules Lema Landu. Cela permettrait d'organiser les prochaines élections dans des conditions apaisées et de transparence. C'est tout ce dont le peuple congolais a besoin ».… et dialoguer avec le M23 ?Enfin, à lire également l'éditorial du New Times à Kigali, quotidien proche du pouvoir rwandais, qui estime que Kinshasa doit négocier avec le M23. « L'est de la RDC a besoin de solutions audacieuses et non conventionnelles, écrit le New Times. Le M23 pourrait bien être la pilule amère que Kinshasa doit avaler (…). Pour le bien de millions de personnes, il est temps d'envisager l'impensable. Kinshasa ne devrait pas considérer le M23 comme une menace, affirme encore le quotidien rwandais, mais comme une opportunité. Une opportunité d'écraser les milices. De ramener les réfugiés chez eux. De construire un avenir meilleur. La question est : auront-ils le courage d'essayer ? »
Après la chute de Goma, la capitale du Nord-Kivu, les rebelles du M23 et leurs alliés de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), soutenus par le Rwanda poursuivent leur progression dans l'est de la RDC. Avec ses invités, Eric Topona analyse les derniers développements militaires et diplomatiques. Le débat a été enregistré avant les derniers développements sur le terrain, notamment au Sud-Kivu.
« Dans la même journée (d'hier), deux images se sont étrangement télescopées, relate le site spécialisé sur la RDC Afrikarabia. Sur la première, le président Félix Tshisekedi rencontre les représentants des confessions musulmanes, orthodoxes, kimbanguistes et des églises du Réveil pour les intégrer au dialogue national prôné par les Églises chrétiennes. Quelques heures plus tard, une seconde image dévoile une autre rencontre, qui a surpris tout le monde, à plus de 2 500 kilomètres de Kinshasa. Autour de la table, on y voit les responsables de la Conférence épiscopale nationale du Congo, Monseigneur Fulgence Muteba, l'Abbé Donatien Nshole, celui de l'Église du Christ au Congo, le Révérend Éric Senga, face à Corneille Nangaa, le coordonnateur de l'AFC, la branche politique de la rébellion M23, condamné à mort par Kinshasa. Un télescopage d'images qui donne un sérieux coup d'accélérateur, pointe Afrikarabia, à l'initiative des deux confessions religieuses qui a pour objectif d'ouvrir les portes du dialogue et ramener la paix à l'Est. »Le « miracle » aura-t-il lieu ?Pour l'instant, pas d'avancées notables… Les religieux et l'AFC parlent de trouver une solution pacifique le plus tôt possible pour que la guerre s'arrête. Sans plus…En effet, rebondit L'Observateur Paalga à Ouagadougou, « reste à savoir si le miracle des religieux aura lieu. La question se pose d'autant plus qu'à peine arrivés à Goma, ils ont été désavoués par la majorité présidentielle qui dit ne les avoir pas mandatés ou investis de quelque manière que ce soit. N'oublions pas, précise le quotidien burkinabé, que Tshisekedi renâcle à discuter avec ceux qu'il considère comme des terroristes, car ce faisant, ce serait quelque part les reconnaître de fait. »Corneille Nangaa droit dans ses bottes…L'envoyé spécial du Monde Afrique a pu rencontrer Corneille Nangaa hier à Goma. Le chef de l'AFC ne donne guère l'impression de vouloir emprunter le chemin de la paix. « Félix Tshisekedi n'a jamais gagné l'élection (présidentielle), affirme l'ancien président de la Commission électorale congolaise. Si j'ai créé le monstre, je pense qu'il m'appartient de défaire le monstre. (…) Kinshasa nous a condamnés à mort, la communauté internationale nous a sanctionnés. Nous avons tout perdu et donc plus rien à perdre. » Je suis « un révolutionnaire constitutionnel », affirme encore Corneille Nangaa. « Concept fumeux, commente Le Monde Afrique, qui donnerait le droit légitime au recours à la violence sur la base de l'article 64 de la Constitution, selon lequel "tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d'individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation des dispositions de la présente Constitution". »… de même que Paul KagameAutre interview d'un autre protagoniste du conflit : Paul Kagame répond aux questions de Jeune Afrique. « Accusé de soutenir les rebelles du M23 qui se sont emparés de Goma, au risque d'un embrasement régional, le chef de l'État rwandais se défend, résume le site panafricain. Il renvoie la responsabilité de la crise à son homologue congolais, le président Félix Tshisekedi, et dit faire peu de cas des menaces de sanctions internationales. »Bref, rien de vraiment nouveau… Le président rwandais justifie toujours son soutien militaire au M23 par la présence persistante, selon lui, de groupes armés génocidaires sur le sol congolais.Paul Kagame renvoie donc la balle à Kinshasa et à Bujumbura… « Ce que nous avons entendu de la part des présidents du Burundi et de la RDC, ce ne sont que des menaces constantes à l'égard du Rwanda, affirme-t-il. Ce sont eux qui ont créé cette situation en cherchant la confrontation, en incitant à l'action et en évoquant le renversement du gouvernement rwandais. Ce sont eux, les dirigeants burundais et congolais, accuse encore Paul Kagame, qui cherchent à fomenter un conflit régional élargi basé sur les tribus, les groupes ethniques et toutes sortes d'autres facteurs qui relèvent d'une conception primitive de la politique. » On le voit, l'heure ne semble pas à la négociation… Bien au contraire. Hier, l'Agence France Presse, reprise par de nombreux médias dont Le Monde Afrique, indiquait que « le groupe armé M23 et les forces rwandaises ont effectué une nouvelle avancée dans l'est de la RDC. Dans le même temps, le Burundi, qui a déployé des soldats en appui à l'armée congolaise, a menacé le Rwanda de répondre en cas d'attaque. »
Alors qu'à Goma, de nombreux déplacés ont dû quitter leurs camps, le M23 poursuit son avancée dans le Sud-Kivu. Dans le même temps, les chefs religieux du pays poursuivent leurs consultations pour la paix. Ils ont déjà rencontré le président Felix Tshisekedi et l'opposant Martin Fayulu. Cette fois, ils se sont rendus à Goma pour rencontrer les leaders du M23 et de l'Alliance Fleuve Congo. Une démarche qui ne fait pas l'unanimité à Kinshasa.
Les armes se sont tues hier dimanche dans le Sud-Kivu après l'appel au cessez-le-feu lancé la veille lors du sommet conjoint de la Communauté de l'Afrique de l'est et la Communauté de développement de l'Afrique australe.Un sommet qui a abouti à un « service minimum » estime Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC. Il y a comme une impression de « déjà-vu » : « La résolution principale appelle à un “cessez-le-feu immédiat et inconditionnel“ et à la fin des hostilités. Le texte prévoit également la “sécurisation de la ville de Goma“ et la réouverture de l'aéroport et des voies d'approvisionnement de la capitale du Nord-Kivu. Des mesures prises devant l'urgence humanitaire de la situation à Goma ».Dos au mur…En fait, analyse Afrikarabia, « les résolutions de Dar es Salam posent plus de questions qu'elles n'apportent de réponses. Aucun élément n'est donné sur la manière dont le cessez-le-feu peut être imposé sachant qu'aucun d'entre eux n'a été respecté jusque-là. Personne n'explique qui sécurisera la ville de Goma, aujourd'hui entièrement occupée par le M23 et l'armée rwandaise : la Monusco, qui a brillé par son absence lors de la prise de Goma ? La SADC que le Rwanda considère désormais comme une force belligérante ? ».En tout cas, estime encore Afrikarabia, « Félix Tshisekedi est désormais dos au mur. (…) La question n'est plus de savoir si le président congolais va négocier avec le M23, il n'a plus le choix. La difficulté est de savoir ce qu'il peut encore négocier et avec qui ? Car pour mettre fin au conflit, il faudra, à la fois trouver un terrain d'entente avec Kigali, mais aussi avec le M23 et l'AFC, qui, même téléguidés par le voisin rwandais, possèdent une certaine autonomie d'action ».« Il en faudra plus pour faire taire les armes… »« RDC : Gesticulation et paralysie », renchérit La Libre Afrique, le site du quotidien belge La Libre Belgique consacré à l'actualité africaine.« Deux semaines après la chute de Goma, la grande ville de la province du Nord-Kivu, les sanctions se font attendre. Et les rebelles congolais continuent leur progression avec, cette fois, en ligne de mire, la ville de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu ».Dubitatif également, WakatSéra au Burkina Faso : « ce sommet extraordinaire conjoint SADC-EAC, n'a été qu'une rencontre supplémentaire, car il en faudra plus pour faire taire les armes, et le cas échéant, obtenir le retrait du M23 qui tient des positions solides ».Attention, prévient également Le Pays, « si les engagements pris à Dar es Salam, ne sont pas respectés, il faudra craindre pour la suite des évènements. Car, l'appétit venant en mangeant, le M23, fort de sa victoire militaire sur le terrain, promet, après la prise de Goma, de continuer sa progression vers Kinshasa. Quant au président Paul Kagamé, il ferait mieux d'arrêter de jouer les pyromanes au prétexte que son pays, en s'engageant aux côtés du M23, cherche à se défendre ». Nord-Mali : attaque meurtrièreÀ la Une également, cette attaque vendredi dans le Nord-Mali d'un convoi civil escorté par des militaires.« Le drame s'est déroulé près du village de Kobe, relate Afrik.com, à une trentaine de kilomètres de Gao. Le convoi, imposant, (qui se rendait sur un site d'orpaillage) rassemblait 22 minibus, 6 gros bus et 8 camions. Il bénéficiait d'une escorte militaire composée d'une dizaine de véhicules des FAMa, les Forces armées maliennes, et de membres du groupe Wagner. Mais cela n'a pas suffi à dissuader les attaquants qui ont surgi des deux côtés de la route et ouvert le feu sans sommation sur les civils et les militaires ».Le bilan reste incertain, souligne Afrik.com : « l'armée malienne évoque 25 morts, “terroristes“ et civils confondus, ainsi que 13 blessés, principalement des orpailleurs étrangers. Un responsable local contredit ces chiffres, attestant du transport d'au moins 56 corps à l'hôpital de Gao ».Commentaire du site panafricain :« un bilan, contesté donc entre l'armée et les sources hospitalières, un bilan qui illustre la fragilité sécuritaire persistante dans le nord du Mali et l'importance de la communication pour le gouvernement malien ».Justement la presse malienne, notamment le site Sahel Tribune, rapporte le communiqué victorieux de l'armée qui fait état d'une « riposte immédiate des FAMa. (…) Les opérations de ratissage toujours en cours ont permis de retrouver 19 corps de terroristes et 4 blessés et de récupérer plusieurs armes et matériels de guerre ».
La presse congolaise se fait largement l'écho de la situation dans le Nord-Kivu. « Goma rwandalisé », titre Le Maximum qui fait un état des lieux de la situation dans la capitale du Nord-Kivu. « À Goma », nous dit-on, « on se croirait revenu 30 ans en arrière, en 1994, à l'occasion du tristement célèbre génocide rwandais. Goma, investi par les troupes régulières rwandaises le 28 janvier, n'est pas loin d'un enfer ». Le Maximum raconte les 3 000 victimes de la prise de Goma, les morgues surchargées, et « les actes de sabotage gratuits », « même les établissements d'enseignement scolaires ne sont pas épargnés par les occupants rwandais », rapporte le journal. « Dans ces conditions », ajoute Le Maximum, « Goma s'est sensiblement vidée de ses habitants (…) même les déplacés de guerre se sont vus contraints de quitter les sites précaires qui les abritaient autour de la ville ».Menaces pour le BurundiDans le même temps, le voisin burundais s'inquiète. C'est ce que rapporte Africa Intelligence. « L'éventualité d'une offensive du M23 sur Bukavu préoccupe le Burundi qui dépend des devises et des ressources en provenance de RDC ». « L'armée burundaise », poursuit Africa Intelligence, « redoute une confrontation militaire avec le mouvement rebelle soutenu par le Rwanda, de même qu'avec les groupes armés opposés à l'administration Ndayishimiyé. » Et ce n'est pas tout. « Le pouvoir craint, en cas de combats dans le Sud-Kivu, un afflux de réfugiés à la frontière congolaise », ajoute Africa Intelligence. De son côté, Afrikarabia, site d'information spécialisé sur la RDC et l'Afrique Centrale, estime que « pour le régime du président du Burundi, les victoires du M23 et de son parrain rwandais, constituent une menace inquiétante ». « Evariste Ndayishimié, rappelle le site d'information, a même accusé le Rwanda de 'préparer quelque chose' contre le Burundi ». DiplomatieAfrikarabia s'intéresse aussi au sommet EAC-SADC prévu demain à Dar Es Salam. « Le communiqué », explique Afrikarabia, « précise que les deux présidents, Tshisekedi et Kagame, devraient être présents ». Alphonse Maindo, professeur en sciences politiques à l'université de Kisangani, ne croit toutefois pas à l'efficacité d'un tel sommet. Interrogé par Afrikarabia, il estime « que ce type de sommet est organisé pour l'apparat, et que les vraies décisions se prennent en dehors de ces forums, au téléphone ou lorsqu'ils se rencontrent en privé. » « Dans la situation actuelle », ajoute-t-il, « la blessure est encore trop fraîche pour que ce sommet puisse faire avancer les choses ».TémoignagesLa presse africaine évoque aussi l'appel lancé par le gouvernement congolais pour fournir des preuves à la CPI. C'est le vice-ministre de la justice, Me Samuel Mbemba, qui « a souligné hier, lors d'une conférence de presse, l'importance de mobiliser les victimes, les témoins, et les organisations, tant nationales qu'internationales, capables de fournir des éléments de preuve », à la Cour Pénale Internationale, relate 7 sur 7. Samuel Mbemba, nous dit-on, a également « évoqué l'ouverture d'un procès contre le Rwanda, devant la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, dont la première audience est prévue le 12 février ». Africanews évoque également, l'appel à témoin, sur la situation dans l'est de la République Démocratique du Congo. « La période concernée, part du 1er janvier 2022 jusqu'à ce jour, prenant en compte les violences de ces dernières semaines, principalement dans la ville de Goma. » La RDC qui, selon Africa News, s'apprête par ailleurs « à présenter une motion au Conseil des droits de l'homme des Nations unies dès ce vendredi à Genève en Suisse pour demander une enquête sur ce qu'elle appelle des "violations massives" des droits de l'homme à Goma.»
Le cessez-le-feu décrété par le M23 mardi n'aura guère duré… si tant est qu'il ait été effectif… Les rebelles poursuivent leur progression dans le Sud-Kivu. C'est ce rapportent l'Agence France Presse et plusieurs médias congolais qui s'appuient sur des sources locales.Ainsi, relate le site Actualité CD, « les rebelles du M23 ont conquis la cité de Nyabibwe, située dans le territoire de Kalehe, hier, après des combats intenses avec les FARDC, les Forces armées congolaises. (…) Nyabibwe se trouve à 28 kilomètres de Kalehe (le chef-lieu du territoire) sur la route nationale numéro 2 qui mène également à Bukavu (la capitale du Sud-Kivu distante de seulement 100 km). Avant-hier mardi, rapporte encore Actualité CD, la société civile de Kalehe avait alerté sur le renforcement des rebelles en hommes et en matériels dans les villages de Murambi et Kabugizi. Des renforts étaient venus de Goma. Des convois de véhicules avaient été aperçus par les populations. »« C'est bien la preuve que le cessez-le feu unilatéral qui avait été décrété était comme d'habitude un leurre », a réagi le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya. Réaction citée par Le Monde Afrique qui rappelle qu'une « demi-douzaine de cessez-le-feu et de trêves conclus entre les deux parties n'ont jamais été respectés dans ce conflit, qui dure depuis plus de trois ans. Des sources locales et militaires notaient, ces derniers jours, que l'armée congolaise comme le M23 et ses alliés rwandais étaient en train de se renforcer en troupes et en matériel dans la région. »Espoir de règlement diplomatique ?Parallèlement, note encore Le Monde Afrique, « les organisations régionales, des pays médiateurs comme l'Angola et le Kenya, les Nations unies, l'Union européenne et la communauté internationale tentent de trouver une issue diplomatique à cette crise, craignant un embrasement régional. Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, doivent participer, samedi à Dar es-Salaam, à un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté d'Afrique de l'Est et de la Communauté de développement de l'Afrique australe. »Le président congolais, qui jusqu'à présent a toujours refusé de négocier avec le M23, sera-t-il présent à ce sommet ? Pour Le Pays à Ouagadougou, « il faut espérer que les dirigeants rwandais et congolais qui ont été à la base de l'échec des précédents rendez-vous, pourront enfin accepter de s'asseoir autour d'une même table pour ensemble trouver des solutions. Mais ce sommet de tous les espoirs permettra-t-il d'aboutir à un accord de paix durable ? La question reste posée. En tout cas, l'heure n'est pas à l'optimisme, soupire Le Pays, tant les divisions, à la veille de ce sommet, ne manquent pas. Notamment entre le Rwanda et l'Afrique du Sud accusée par Kigali, de soutenir la RDC au lieu de demeurer dans son rôle de médiateur. »Les Eglises congolaises à la manœuvre…Enfin, il y a le rôle des Eglises congolaises… C'est ce que rapporte notamment Jeune Afrique : « les Églises catholiques et protestantes congolaises ont lancé un processus de réflexion pour trouver des solutions à la crise politique et militaire que traverse la RDC. Élaborées par des commissions d'experts, ces solutions pourraient ensuite être discutées lors d'un “forum pour le consensus national“, lequel pourrait inclure le M23 et Corneille Nangaa, le chef de l'Alliance Fleuve Congo. “Quand on veut régler un conflit, on fait des concessions“, résume Eric Nsenga, porte-parole de l'Église du Christ au Congo. »Commentaire de Jeune Afrique : « il est bien sûr prématuré de dire si le M23 voudra bien s'asseoir à la table des négociations et s'il y sera accepté. » Reste que« les hommes en soutanes, si souvent décriés par le pouvoir, prennent donc place au centre du jeu, constate le site panafricain, prêts à faire le grand écart entre opposition, rebelles et gouvernement. “Les uns et les autres doivent mettre de l'eau dans leur vin“, explique un catholique. “L'Église parle avec tout le monde“, soutient-il. Même avec les rebelles (…). »Toutefois, s'interroge WakatSéra, sur quelles bases pourraient s'appuyer ces pourparlers ? « Sur quoi négocier, face à des adversaires qui ne peuvent tenir un cessez-le-feu qu'ils ont décidé eux-mêmes, et semblent ne connaître que le langage des armes, avec pour objectif visible et indubitable, de conquérir autant d'espace qu'ils le peuvent ? »
C'est une caricature publiée sur le site d'information congolais Actualité CD : on y voit un journaliste brandissant un micro devant un parterre d'hommes politiques et de représentants de la société civile à Kinshasa. Le journaliste les interpelle : « leaders d'opinion ! Un petit commentaire sur la révision ou changement de la Constitution ? » Tous les officiels veulent répondre en s'arrachant le micro : « moi, moi, moi », crient-ils. Et puis question suivante : « un commentaire sur la guerre qui a atteint Goma ? ». Et là, plus personne… Les officiels sont partis en courant…Et en effet, c'est la retenue qui domine à Kinshasa face à l'avancée des rebelles du M23 dans le Kivu. Les termes sont choisis. Les médias congolais, à l'instar du site 7 sur 7, parlent d' « incursion rwandaise à Goma », ou encore de « guerre d'agression ».Il faut dire que la situation est délicate. Le risque d'une extension du conflit est bien présent. C'est ce que souligne notamment Le Pays à Ouagadougou : « après le secrétaire général des Nations unies ce week-end qui disait craindre un embrasement régional du conflit en cours dans le Kivu avec l'ouverture possible de nouveaux théâtres de confrontation, c'est au tour du président du Burundi d'affirmer que la propension à l'extension transfrontalière de cette guerre est particulièrement grande, du fait de la situation volatile et explosive enregistrée, la semaine dernière, dans les deux extrémités du Kivu ».En effet, résume Jeune Afrique, « le président burundais, Évariste Ndayishimiye, a dit redouter que le conflit en RDC déclenche une guerre régionale. “Si ça continue comme ça, a-t-il déclaré, la guerre risque de se généraliser dans la région“. »Que veulent Makenga et Nanga ?La guerre dans quel but ? Quels sont les objectifs du M23 ?Le Monde Afrique brosse un long portrait du chef militaire de la rébellion, Sultani Makenga. C'est un « Tutsi dont une partie de la famille est originaire de la province du Masisi. (…) Ce “général“ discret a fait ses armes à l'ombre du président rwandais Paul Kagame et pris part à toutes les insurrections qui secouent l'est de la RDC depuis trente ans ».Dans une de ses rares interviews il y a deux ans, il déclarait, relève Le Monde Afrique : « nous avons choisi ce chemin parce que tout le reste a échoué. Nous avons au sommet de l'État des irresponsables, des bandits, des gens qui croient que le pays leur appartient ».Et Le Monde Afrique de s'interroger : « est-il un va-t-en-guerre piloté par Kigali et Kampala ? Un stratège militaire qui a su jouer un rôle dans toutes les rébellions congolaises ? Un opposant politique animé par la protection de sa communauté ? Peut-être un peu de tout cela à la fois ».Le quotidien Aujourd'hui au Burkina s'intéresse, lui, à Corneille Nanga, le président de l'AFC, l'Alliance fleuve Congo, alliée au M23. « Personne n'aurait parié en 2015, lorsque Corneille Nanga, président de la CENI congolaise proclamait les résultats des élections générales qu'une dizaine d'années plus tard, il se transformerait en rebelle, pour fonder l'Alliance fleuve Congo ? On ne sait pas ce qui s'est passé entre lui et Félix Tshisekedi mais à l'évidence, une brouille devenue rancune tenace est née entre les deux hommes. En tout cas, allié au M23, Corneille Nanga ne fait pas mystère de vouloir faire tomber Félix Tshisekedi ».Kagame dans le sillage de Poutine ?Pour le chercheur Thierry Vircoulon, interrogé par Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC, « Paul Kagamé semble dans un moment poutinien… (…) Le but immédiat du M23 (piloté par Kigali) est de forcer le gouvernement congolais à négocier. Mais une négociation pour quoi ? Certainement pas pour que le M23 puisse réintégrer l'armée congolaise comme cela avait été le cas après la crise de 2008, affirme Thierry Vircoulon. Une négociation entre le gouvernement congolais et le M23 viserait à conférer à ce mouvement armé le contrôle territorial d'une partie du Nord-Kivu a minima. Cela permettrait, précise le chercheur, l'officialisation des gains territoriaux du M23 depuis 2022 et équivaudrait à une annexion officieuse par le Rwanda. Le Nord-Kivu (ou en tout cas une partie de cette province) deviendrait ainsi un Donbass rwandais ».Et, souligne encore Thierry Vircoulon, « le renversement de Félix Tshisekedi n'est pas exclu dans cette stratégie si celui-ci continue à s'opposer à cette volonté d'annexion. Pour ce faire, Kigali semble avoir ressorti des poubelles de l'histoire la vieille stratégie du paravent politique congolais : l'Alliance du Fleuve Congo est le nouvel avatar du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (le RCD qui avait pris les armes contre le président congolais Laurent-Désiré Kabila à la fin des années 90).
Lundi 27 février, la Maison Blanche a annoncé le gel de son aide publique américaine. Les Américains sont les plus gros contributeurs avec 40 milliards de dollars gérés par l'Agence américaine pour le développement (USAID), près de 70 milliards de dollars d'aide extérieure. Après l'Ukraine, le continent africain est le premier bénéficiaire de ces aides. Les pays anglophones sont les premiers récipiendaires (Éthiopie, Somalie, Nigeria…) mais les pays francophones pâtissent également de ce gel. La République démocratique du Congo est le premier pays francophone bénéficiaire de l'aide extérieur américaine. Ceci avec une aide avoisinant le milliard de dollars dont plus de la moitié est consacrée à l'aide humanitaire. Un soutien essentiel dans le contexte actuel, « surtout dans l'est du pays, avec cette catastrophe humanitaire que le pays traverse dans l'est du pays avec les réfugiés, ce sera très important. Le pays en aura absolument besoin », estime Jacques Mukena, spécialiste gouvernance et économie à l'Institut congolais Ebuteli.Si l'incertitude règne, pour le chercheur, les États-Unis pourraient négocier le maintien de ces aides. « Il y aura peut-être une obligation pour le pays de s'aligner un peu sur les intérêts stratégiques des États-Unis, projette-t-il. Ils pourraient exiger une réduction de l'influence chinoise, notamment sur le contrôle des minerais stratégiques comme le cobalt et le coltan. Les États-Unis pourraient demander à la RDC de tenter de réduire cette influence chinoise. »Sur le continent, les États de l'Alliance des États du Sahel (AES) – à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso – profitent également de l'aide américaine. 720 millions de dollars répartis entre les pays de l'alliance. Une somme moindre que d'autres États, mais stratégique. « C'est un gros coup dur, mais aussi un gros manque à gagner », analyse Ibrahim Adamou Louché, économiste indépendant nigérien. Ces pays rencontrent actuellement des difficultés à mobiliser des financements. Les financements internationaux se sont taris en raison des sanctions économiques et financières qui leur ont été infligées quelques mois auparavant. À cela s'ajoute des difficultés aussi à mobiliser des ressources internes, particulièrement les impôts en raison du contexte économique local qui est exsangue. Le fait qu'ils se voient priver de ces financements risque de compromettre de nombreux projets de développement. »Dans des États qui priorisent particulièrement les budgets de défense, l'aide américaine se tourne vers des secteurs moins dotés comme la santé ou l'agriculture. Ibrahim Adamou Louché prend l'exemple du Millennium challenge au Niger qui met l'accent sur le domaine agricole et qui accompagne le pays « pour exploiter son potentiel agricole grâce à la construction d'infrastructures d'adduction d'eau et pour favoriser par ricochet l'agriculture de contre saison ». C'est donc la pérennité des réalisations qui risquent d'être impactées et à la clé « des impacts sur la population qui sont censés sortir d'une certaine manière de la pauvreté ».En plus de ce gel, se pose la question du futur de l'African Growth and Opportunity Act (AGOA). Cet accord commercial qui permet à certains produits africains de rentrer sur le marché américain sans frais de douane, expire en septembre 2025.À lire aussiGel de l'aide internationale américaine: «les conséquences sont dramatiques, l'Afrique est en première ligne»
« Plus de 1000 blessés en six jours à Goma, les hôpitaux sont débordés », titre Actualité.cd, qui précise que la majorité des victimes sont des « civils touchés par des tirs de balles et des explosions d'artillerie lourde ». Le site d'information congolais a interrogé Bruno Lemarquis, le coordonnateur des Nations unies en RDC, selon lequel « le manque de médicaments, d'équipements et de personnel soignant met en péril la prise en charge des blessés et augmente le risque de pertes humaines ». « Les infrastructures médicales de Goma », poursuit Actualité.cd, « infrastructures déjà fragilisées par des années de conflit, peinent à absorber l'afflux de patients. Plusieurs hôpitaux signalent une pénurie de matériel chirurgical, d'antibiotiques et de sang, compliquant les interventions d'urgence ». De son côté, Objecti-infos.cd rend compte de la visite à Kinshasa du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, hier. « Le chef de l'État congolais, Felix Tshisekedi et le patron de la diplomatique française, ont fait le point sur la situation sécuritaire et humanitaire dans l'est du pays ». Il a également été question de l'attaque de l'ambassade de France à Kinshasa, par des manifestants, cette semaine. « Félix Tshisekedi a réitéré ses regrets, à la suite de ces incidents malheureux », précise Objectif-infos.cd.Intérêts nationauxDans la presse africaine également, la fin de la présence militaire française au Tchad. « Le retrait des bases militaires du Tchad », rappelle Le Journal du Tchad, a été ordonné « par le président tchadien, le maréchal Mahamat Idriss Déby Itno. Il a estimé que la présence militaire française, est devenue obsolète et il a dénoncé l'accord de défense liant les deux pays ». De son côté Tchadvision, parle d'un « tournant significatif dans la quête du Tchad pour une autonomie accrue. En renforçant ses forces militaires, tout en redéfinissant ses partenariats, le pays aspire à forger un avenir où ses intérêts nationaux priment ». « Se défaire des anciennes chaînes et des dépendances militaires », conclut Tchadvision, « est un défi immense, mais aussi une opportunité exceptionnelle pour bâtir une paix durable et une société plus résiliente ».Erreur ou zèleDirection le Burkina Faso, où la presse s'émeut d'un évènement survenu en France : l'expulsion d'une jeune élève burkinabé vers la Belgique, jeune élève que les gendarmes français sont venus arrêter au sein même de son école. « Reconduite à la frontière : la France ne doit pas tomber dans les « Trumperies », s'exclame Wakatsera, qui rappelle que la jeune fille « a été reconduite à la frontière belge, en compagnie de sa mère et de son petit frère, sans avoir eu le temps de prendre le moindre effet personnel ». « Ironie du sort », remarque Wakatsera, « c'est en plein cours de français, cette langue qui a la magie de rassembler tous ceux qui la pratiquent autour de fortes valeurs séculaires (…) que l'adolescente a connu cette mésaventure, qui pourrait bien la traumatiser à vie ». Une intervention, souligne le site d'information, qui a « suscité l'ire de personnes qui se sont rassemblées pour dénoncer cette interpellation à l'école ». La ministre française de l'Éducation « n'a d'ailleurs pas manqué de procéder à un rappel à l'ordre, qui mentionne que « les interventions des forces de police et de gendarmerie liées aux procédures d'éloignement sont strictement interdites dans le cadre scolaire ». Et Wakatsera de s'interroger : « Méconnaissance, erreur ou zèle des agents de la gendarmerie qui ont conduit cette opération dont a été victime la jeune collégienne ? Des investigations seront certainement menées pour déterminer l'origine de cette bavure, car s'en est une ! », martèle le site burkinabé.
En République démocratique du Congo (RDC), l'UNICEF indique avoir reçu des rapports signalant une hausse alarmante du nombre d'enfants séparés de leur famille ou non accompagnés, les exposant à un risque accru d'enlèvement, de recrutement forcé et de violences sexuelles.Selon l'agence onusienne, il s'agit d'allégations très sévères et très graves, qu'elle doit vérifier. Mais l'urgence est de savoir où sont ces enfants déplacés et dans quelles conditions ils vivent.Cette alerte intervient alors que les camps de déplacés se sont vidés extrêmement rapidement en raison de l'intensité des combats. Il y a beaucoup d'enfants qui ont été détachés de leurs familles ou de leurs proches, indique le Chef de la communication du Bureau régional de l'UNICEF en Afrique de l'Ouest et Centrale, Jean-Jacques Simon, dans un entretien accordé à Alpha Diallo, d'ONU Info Genève.Plus largement, l'UNICEF estime à près de 300.000 le nombre d'enfants qui ont un besoin urgent d'aide dans l'Est de la RDC, qu'il s'agisse d'eau potable, d'installations sanitaires adéquates, de médicaments, de vivres, mais aussi de traitements liés à la malnutrition sévère ainsi que de services de protection de l'enfant.
durée : 00:07:15 - L'invité de 6h20 - Invité de 6h20 sur France Inter, le journaliste et enseignant à Sciences Po Vincent Hugeux apporte son éclairage sur les origines et les objectifs du conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo.
durée : 00:15:00 - Journal de 8 h - La situation humanitaire se dégrade encore dans l'est de la République démocratique du Congo, où le sort de la ville de Goma semble scellé. Le groupe M23 contrôle de nombreux quartiers, reportage dans la région dans cette édition.
durée : 00:15:00 - Journal de 8 h - La situation humanitaire se dégrade encore dans l'est de la République démocratique du Congo, où le sort de la ville de Goma semble scellé. Le groupe M23 contrôle de nombreux quartiers, reportage dans la région dans cette édition.
Les activités d'aide alimentaire à Goma et dans ses environs ont été temporairement suspendues en raison de la recrudescence de la violence dans la région orientale de la République démocratique du Congo. Ces derniers développements interviennent alors qu'à Goma, les humanitaires s'inquiètent de la pénurie alimentaire et de la hausse des prix des denrées alimentaires.Ces violences aggravent donc la situation dans les trois provinces de l'Est, qui sont notamment à touchées depuis très longtemps par cette crise humanitaire, notamment les provinces du Nord et Sud-Kivu, en plus de la province de l'Ituri.Dans un entretien accordé à ONU Info, Charly Kasereka, porte-parole du PAM en RDC, témoigne d'une « catastrophe humanitaire qui n'est pas vraiment facile pour toutes ces familles ».(Interview : Charly Kasereka, porte-parole du PAM en RDC; propos recueillis par Alpha Diallo)
durée : 00:15:00 - Journal de 8 h - La situation humanitaire se dégrade encore dans l'est de la République démocratique du Congo, où le sort de la ville de Goma semble scellé. Le groupe M23 contrôle de nombreux quartiers, reportage dans la région dans cette édition.
Le Journal en français facile du mardi 28 janvier 2025, 17 h 00 à Paris.Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/BMWv.A
C'est à la Une d'Objectif-infos.cd avec ce titre : « les affrontements armés font des milliers de déplacés et mettent à mal les structures de santé (…) la situation dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu se détériore rapidement, en raison des affrontements armés qui opposent les FARDC aux rebelles du M23, soutenus par l'armée rwandaise ». La situation humanitaire est critique, donc, car « les affrontements ont provoqué un exode massif de la population », explique Objectif-infos, « de nombreuses localités ont été vidées de leurs habitants. Les déplacés, confrontés à un manque d'accès à l'eau potable, à la nourriture et aux soins, sont particulièrement vulnérables aux maladies ». Selon Médecins sans frontières, « plus de 270 blessés ont été soignés dans les hôpitaux de Minova et Numbi, en seulement deux semaines ».Nombreux déplacésUne situation humanitaire alarmante qui préoccupe également Afrik.com. « Près de 600 000 personnes sont actuellement déplacées dans les régions à l'ouest de Goma », précise Afrik.com, « sur la route menant à Sake, mais aussi au nord, dans d'autres camps qui peinent à accueillir un afflux croissant de réfugiés ». Selon Jeune Afrique, de nombreux déplacés « se dirigent désormais en direction du centre-ville de Goma ». Ce sont pour la plupart « des agriculteurs, qui ont abandonné leurs champs », précise Allafrica.com. Une habitante, commente l'aggravation de la situation dans la région. « Il n'y a pas que ceux qui sont dans les camps de déplacés qui souffrent », dit-elle, « certains d'entre nous à Goma souffrent plus que ceux qui sont dans les camps ». « Les écoles, dans la partie ouest de la ville, ont du mal à fonctionner », ajoute le site d'information, « en raison du danger que font peser les tirs d'armes lourdes. Face à cette situation, les écoles commencent à fermer, afin de protéger les enfants ». Dialogue au point mortAfrikarabia, de son côté s'interroge…« Qui peut arrêter le M23 ? » C'est la question que pose Afrikarabia, qui constate : « lorsque la diplomatie est en panne, ce sont souvent les armes qui prennent le relais ». « Après l'échec du processus de paix de Luanda entre Kinshasa et Kigali, et un dialogue de Nairobi au point mort entre les groupes armés et le gouvernement congolais, rien ne semble arrêter le M23 dans sa percée vers le Sud Kivu », estime Afrikarabia, qui cite une « source sécuritaire », selon laquelle « le M23 ne devrait pas s'aventurer à vouloir prendre les villes de Goma ou de Bukavu ». « Pour mettre la pression sur Kinshasa et pousser le gouvernement à négocier, le M23 peut s'en tenir à encercler et « asphyxier » Goma », ajoute Afrikarabia, « d'autant que la prise de la capitale du Nord-Kivu serait coûteuse en vies humaines avec la présence de centaines de milliers de réfugiés dans la zone ».Tshisekedi rentre à KinshasaLa situation dans la région n'est est pas moins préoccupante. Selon Jeune Afrique, Félix Tshisekedi a d'ailleurs « écourté » son séjour à Davos, en Suisse, où il assistait au Forum Economique Mondial. « Selon deux de ses collaborateurs », précise Jeune Afrique, « il devait atterrir hier en fin de journée à Kinshasa et réunir plusieurs de ses collaborateurs, afin de faire un point sur la situation dans l'est du pays ». Retour en RDC également pour Vital Kamerhe, le président de l'Assemblée nationale, « en mission au Vietnam », qui a confirmé à Jeune Afrique, qu'il écourtait son séjour pour revenir à Kinshasa. Enfin, les ressortissants américains se trouvant dans la région du Nord-Kivu, ont été alertés par leur ambassade », nous dit Jeune Afrique. « Ils ont été invités à « revoir leur plan de sécurité personnelle », « en cas de départ précipité ». L'ambassade des États-Unis expliquant toutefois « être limitée dans sa capacité à offrir une assistance consulaire », « en raison de la « dégradation » de la situation ».
« Que fait la communauté internationale ? Pourquoi elle ne sanctionne pas le régime rwandais qui est derrière les attaques meurtrières du M23 contre nos villes de l'Est du Congo ? ». C'est l'interrogation de plus en plus pressante du gouvernement congolais, après la percée ce mardi des rebelles du M23 sur la ville de Minova, à la frontière entre le Nord et le Sud-Kivu, à quelque 20 kilomètres de Goma. Patrick Muyaya est le ministre congolais de la Communication et des Médias. De passage à Paris, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : L'ennemi a fait une percée sur Bweremana au Nord-Kivu et sur Minova au Sud-Kivu, a annoncé l'armée congolaise ce mardi par communiqué. Est-ce que vous confirmez ? Patrick Muyaya : Oui, je confirme. L'armée a évidemment communiqué parce que c'est la dynamique de la guerre. Parfois vous perdez une bataille, parfois vous gagnez. Mais il y a une détermination claire que nos forces armées vont assurer la défense de l'intégrité territoriale et la protection de nos populations et que c'est une guerre que nous allons gagner. L'ennemi dont l'armée parle, aujourd'hui, c'est un ennemi qui est connu, c'est l'armée rwandaise. Ça ne vaut même plus la peine de parler du groupe terroriste M23 qui n'existe pas. C'est l'armée rwandaise qui opère. Référez-vous au dernier rapport du groupe d'experts des Nations unies qui parle à la fois des équipements utilisés, mais aussi du nombre de militaires envoyés sur le terrain. C'est illustratif justement de la volonté criminelle du président rwandais et cela doit cesser absolument.Donc, depuis ce mardi matin, la ville de Minova est occupée par votre ennemi ?Oui, évidemment. Et ce que l'on ne vous dit pas, c'est qu'il y a des massacres qui se font en même temps. Parce que à chaque fois qu'il y a une avancée des terroristes, le premier objectif, c'est de mettre la main sur les jeunes et de les mettre hors de portée de nuire. Vous savez que nous avons une dynamique de jeunes qu'on appelle les « wazalendo » qui contribuent à la défense de la patrie. Et chaque fois qu'il arrive, l'ennemi s'assure que tous les jeunes identifiés aveuglément puissent être mis hors de portée. Ça veut dire qu'il y a des assassinats, des massacres. Certains journalistes ont publié des images qui sont assez choquantes de la manière dont certains compatriotes ont été tués, parce qu'il y a une volonté de semer la terreur. Et c'est cette situation, d'ailleurs, qui devrait, de notre point de vue, être un élément déclencheur pour obtenir de la communauté internationale des mesures plus fermes et plus fortes.Aujourd'hui, nous avons vu évidemment les pays occidentaux condamner le Rwanda, dénoncer le Rwanda, mais ce n'est pas suffisant en termes d'actions pour nous assurer justement que ces aventures criminelles cessent parce qu'il y a trop de drames. Tout ceci se passe sous les yeux de la communauté internationale et c'est illustratif justement de la nécessité pour elle d'agir plus énergiquement dès lors que le processus de Luanda a été publiquement saboté par le président rwandais qui, sans gêne d'ailleurs, revendique les actes terroristes posés par les terroristes du M23. Et il y a une nécessité d'avoir une action plus énergique pour prévenir un conflit plus intense dans la région.Sur le plan politique, le processus de Luanda est au point mort depuis l'annulation de la rencontre du mois dernier entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Pourquoi dites-vous que Paul Kagame a saboté le processus ? Mais parce qu'il n'est pas venu pour ne pas consacrer la mort de son fils préféré, le M23, qui est un mouvement terroriste.Apparemment, il n'est pas venu parce qu'il voulait un dialogue direct entre la République démocratique du Congo et les rebelles du M23…Écoutez, ça, ce sont les subterfuges qu'ils ont sortis, la veille justement de la tenue du sommet. Le président de la République l'a déjà dit et redit, il n'est pas question pour nous de discuter avec le M23 qui en réalité n'existe pas, parce que l'agenda qu'ils ont, c'est l'agenda rwandais. Pourquoi on va discuter avec le pantin alors que nous avons « l'autorité morale » de toutes ces actions criminelles sur la table ? Et donc celui qui a choisi délibérément de saboter ce processus, de mettre le processus au point mort, il s'appelle Paul Kagame, et il est urgent que la communauté internationale puisse tirer des conséquences de la manière la plus ferme pour qu'il rentre sur la table et pour que le processus puisse aboutir.Alors, vous demandez des sanctions internationales contre le Rwanda, mais l'Union africaine, pour l'instant, refuse que les Nations unies inscrivent un débat sur ce sujet dans leur agenda 2025. Vous n'êtes pas déçu ? Ecoutez, pour tous ces pays qui estiment aujourd'hui que le Rwanda devrait être épargné des sanctions, ils devraient juste regarder la situation humanitaire. C'est évident qu'aujourd'hui il y a des millions des jeunes femmes et hommes qui sont déplacés dans leur propre pays du fait des agissements du président rwandais. Il y a des viols, des massacres qui se perpétuent en plein jour. Ces pays-là, je ne pense pas qu'ils veulent être complices de ces dégâts. Ne pas prendre des sanctions fortes en ce moment, c'est être complice de massacres qui sont commis dans l'est de la RDC.Et vous pensez qu'Emmanuel Macron ne va pas assez loin, lui non plus ? Il devrait aller plus loin, justement…C'est-à-dire ?Plus loin. Ça veut dire que la France aujourd'hui peut activer des sanctions plus fermes parce qu'on connait les rapports des Nations unies, ce sont des rapports qui sont publics et je pense qu'il y a sûrement des experts français. La France, qui généralement est derrière les plumes qui rédigent des résolutions au niveau du Conseil de sécurité, devrait tirer les conséquences au regard de la situation humanitaire et du côté belliqueux prouvé par le président rwandais. Et donc le président Macron est lui aussi tenu d'user de plus de fermeté vis-à-vis du Rwanda pour que la paix soit restaurée dans l'est de la RDC.À lire aussiConflit dans l'Est de la RDC: les combats se poursuivent au niveau de Sake
Les combats continuent de faire rage dans les régions du sud et du nord Kivu. « Les FARDC, les Forces armées de la République démocratique du Congo, affirment contenir "l'ennemi", précise Actualité CD, dans les zones de Lubero, Sake et Nyiragongo, tout en reconnaissant des "percées" à Bweremana (Nord-Kivu) et Minova (Sud-Kivu) ».En effet, poursuit le site congolais, « l'armée congolaise reconnaît que les rebelles du M23, appuyés par l'armée rwandaise, ont réussi à s'infiltrer dans Bweremana et à prendre le contrôle de la cité de Minova, une entité stratégique. (…) L'occupation de cette ville a provoqué une hausse des prix des produits de première nécessité et amplifié une crise humanitaire déjà critique, relève encore Actualité CD. Des milliers de déplacés, originaires de Masisi et de Rutshuru, ont fui à nouveau, s'ajoutant aux 700 000 personnes déjà enregistrées dans le groupement de Buzi ».D'après une source humanitaire citée par le site congolais, « la famine risque de toucher un grand nombre de personnes. Les familles de déplacés et celles d'accueil se dirigent désormais vers Goma dans des conditions précaires ».Statu quo…C'est désormais la guerre à outrance dans l'est de la RDC, pointe le site Afrikarabia. « En l'absence de toute perspective diplomatique et d'accord entre la RDC et le Rwanda après l'échec des pourparlers de Luanda, le M23 et les autorités congolaises ont décidé (en effet) de privilégier la solution militaire. Kinshasa refusant toute négociation directe avec le M23, et Kigali conditionnant désormais son retrait à un dialogue entre le gouvernement congolais et la rébellion, faisant par la même occasion voler en éclats un cessez-le-feu qui n'a jamais vraiment été respecté. Malgré les récents succès militaires des FARDC, le rapport de force ne s'est pas vraiment inversé sur le terrain, relève encore Afrikarabia. Sans un retrait des forces rwandaises qui, selon le dernier rapport de l'ONU, apportent un soutien militaire décisif en hommes et en armes sophistiquées, on ne voit pas comment l'armée congolaise peut venir à bout de la rébellion. Du côté du M23, on a également l'impression que les rebelles ne sont plus vraiment en mesure de conquérir de nouveaux territoires sans fragiliser les zones déjà sous son contrôle ».La bataille des communiquésEt cette guerre à outrance sur le terrain se double désormais d'une guerre des mots… C'est ce que relève Jeune Afrique. « Les gouvernements de Kinshasa et de Kigali s'affrontent aussi par médias interposés à mesure que le conflit s'intensifie. Les insultes fusent, de chaque côté de la frontière. Le langage a abandonné la diplomatie ».D'un côté, le président rwandais Paul Kagamé qui traite d'idiots les chefs militaires congolais. De l'autre, les autorités de Kinshasa qui qualifient le président rwandais d'élu de la terreur et qui le comparent à Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande sous Hitler…De plus, souligne Jeune Afrique, « la guerre de communication complique le travail des journalistes. « Il faut éviter de se fier uniquement aux deux camps, met en garde Claude Sengenya, vice-président de l'Union nationale de la presse congolaise à Butembo (dans l'Est). Quand les combattants du M23 prennent une localité par exemple, ils se précipitent sur une pancarte qui mentionne son nom pour tourner une vidéo et la diffuser. Mais quand on passe un coup de téléphone, on se rend compte qu'ils ont juste occupé un petit bout du village », relève-t-il. Et « l'armée congolaise n'est pas en reste, pointe encore Jeune Afrique. L'armée congolaise qui diffuse des images de soldats morts présentés comme rwandais pour signifier sa supériorité ».La guerre des réseauxBref, « chaque partie tente d'imposer son récit », aussi par le biais d'internet et des réseaux sociaux avec des influenceurs dans les deux camps.Récemment, relève le site panafricain, la chaine de télévision qatari Al Jazeera a été suspendue pour 90 jours par les autorités congolaises. Elle avait diffusé une interview du chef politique du M23, Bertrand Bisimwa. Une interview réalisée par Bojana Coulibaly, qui se présente comme chercheuse mais qui est accusée par Kinshasa d'être une influenceuse pro-rwandaise.D'ailleurs, précise Jeune Afrique, les autorités congolaises ont lancé « un avertissement aux médias qui seraient perçus comme complaisants à l'égard du M23. Les autorités congolaises qui durcissent leurs positions sur le front médiatique tout en assurant respecter la liberté de la presse ».
Joao Lourenço est en visite d'État à Paris, où il sera reçu ce jeudi matin par son homologue français Emmanuel Macron. Que vient faire le président angolais en France ? Il espère y trouver un soutien pour diversifier son économie, trop dépendante du pétrole. Mais il compte aussi renforcer son partenariat politique avec la France, au moment où sa médiation entre le Rwanda et le Congo-Kinshasa traverse un trou d'air. Explications de Didier Péclard, professeur de sciences politiques et d'études africaines à l'Université de Genève. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : L'enjeu de cette visite de Joao Lourenço, il est d'abord politique ou économique ? Didier Péclard : C'est un peu les deux, bien sûr, mais disons, sur le plan politique, ce qui est très important pourJoao Lourenço, c'est de continuer à se profiler comme un acteur important sur la scène africaine. L'Angola, depuis longtemps, cherche à être comme ça : cette puissance du milieu de l'Afrique avec le Nigeria au Nord et puis l'Afrique du Sud pour la partie australe. Et l'Angola, depuis la fin de la guerre civile en 2002, en fait, a fait beaucoup d'efforts pour se positionner comme un acteur important sur la scène africaine, ce qui sera encore renforcé cette année avec le fait que l'Angola prendra la présidence tournante de l'Union africaine. Alors justement, côté politique, Joao Lourenço a essuyé un échec le 15 décembre 2024 avec le refus du Rwandais Paul Kagame de se rendre à la conférence tripartite qui était prévue à Luanda avec le Congolais Félix Tshisekedi. Est-ce que Joao Lourenço ne va pas finir par se lasser d'essayer de faire la médiation entre le Congo et le Rwanda ? C'est possible effectivement, mais je crois qu'en même temps, c'est un enjeu très important pour l'Afrique. Et en tant que président de l'Union africaine, ce serait d'autant plus important d'arriver à obtenir un accord et, en même temps, je pense que d'obtenir un succès, ce serait vraiment quelque chose qui lui donnerait une stature internationale importante et qui lui permettrait aussi de s'extraire des difficultés politiques et économiques à l'intérieur du pays. Donc, je pense qu'il va continuer. C'est difficile, bien sûr, mais je pense plutôt qu'il continuera. Est-ce que Joao Lourenço a un intérêt politique ou économique interne pour l'Angola au fait qu'il y ait la paix entre le Congo et le Rwanda ? Pas directement, je pense, mais l'instabilité à l'est de la RDC peut avoir des effets négatifs sur un des projets phares actuels, qui est le fameux corridor de Lobito dont on a beaucoup entendu parler lors de la visite de Joe Biden récemment en Angola. Et là aussi, bien sûr, la stabilité est importante pour la poursuite de ce projet. Le corridor de Lobito est un enjeu économique très important pour le président angolais et Joe Biden, le président américain, l'a souligné lors de sa visite sur place le 2 décembre 2024. Est-ce à dire que l'Angola va s'éloigner de la Chine au profit d'une alliance avec les Occidentaux, comme les États-Unis et la France ? Bon, je crois que ça fait partie d'une stratégie de long terme, en fait, que des pays comme l'Angola poursuivent. Les régimes angolais sont passés maîtres dans l'art de jouer leurs alliances respectives, les unes contre les autres. Et je crois que le cas du corridor de Lobito s'inscrit tout à fait dans cette stratégie-là, c'est-à-dire que c'est d'abord un chemin de fer qui a été reconstruit grâce à des capitaux chinois et les entreprises chinoises dans les années 2000. Et, à la surprise de tout le monde, au moment où le gouvernement angolais a octroyé la concession pour l'exploitation de cette ligne pendant 30 ans, ce n'est pas un consortium chinois qui a remporté la mise, mais un consortium plutôt occidental. C'est un bon exemple, je crois, de la façon qu'a le régime angolais de s'allier alternativement ou de pencher alternativement, plutôt du côté occidental, plutôt du côté chinois, pour maintenir la pression sur ses différents alliés. Donc, si les États-Unis et l'Europe veulent faire de l'Angola un rempart contre l'influence de la Chine, ils se bercent d'illusion ? Oui, je crois. L'Angola reste le principal partenaire économique et financier de la Chine en Afrique subsaharienne. Il n'y a pas de raison de penser que ça va changer complètement. Simplement, cette idée qu'on a pu avoir que l'Angola ou le gouvernement angolais se livrait pieds et poings liés à la Chine est fausse. À l'heure où l'Afrique de l'Est est dominée par la présence chinoise, à l'heure où l'Afrique de l'Ouest est de plus en plus sous l'influence de la Russie, est-ce que l'Angola n'est pas l'une des dernières portes d'entrée en Afrique pour les Occidentaux ? C'est possible effectivement et je pense que Joao Lourenço a tout à fait saisi cela et va jouer cette carte. Mais tout en sachant bien que son propre intérêt ou l'intérêt du gouvernement angolais n'est pas de se mettre à dos ses partenaires chinois, bien au contraire. Il s'agit de continuer à avoir une bonne relation. D'ailleurs, la dette envers la Chine est colossale, donc ne serait-ce que pour cela, il est important aussi que les canaux de communication fonctionnent et que l'entente avec la Chine continue à être bonne. Lors de sa visite en Angola le mois dernier, le président américain Joe Biden a annoncé 600 millions de dollars supplémentaires pour construire le corridor de Lobito, est-ce que Donald Trump va poursuivre la même politique ? Il y a de fortes chances que ce soit le cas effectivement, parce que c'est un lieu important de la concurrence globale entre la Chine et les États-Unis. Donc, il y a fort à parier que cet investissement continuera effectivement et qu'en même temps la compétition continuera également. À lire aussiVisite de Joe Biden en Angola: le corridor de Lobito au centre des enjeuxÀ lire aussiEchec du sommet de Luanda: «On est une nouvelle fois dans l'impasse»
Pour attirer les investissements étrangers dans ses mines ou ses infrastructures, la RDC s'est lancée dans une opération séduction, via les zones économiques spéciales, mais aussi par des tables rondes et des sommets, à Paris, à Berlin, ou en Afrique du Sud. Il s'agit de rassurer les entreprises locales sur le climat économique du pays. De notre correspondante à Johannesburg,Pour convaincre les investisseurs étrangers, les représentants congolais participent à des dîners d'affaires, comme dans cet hôtel chic du quartier de Sandton, à Johannesburg. « Le Congo a à donner, et l'Afrique du Sud a, aussi, à donner, estime l'un des invités, Daniel Bumba, gouverneur de la ville de Kinshasa. À côté des épicentres de la guerre au Congo, dans l'ensemble du pays, il y a la vie, la nécessité d'investir, et les investissements sont probants, et sont porteurs de croissance et de retours. »Croissance de 500 % par an en RDCPour certaines entreprises sud-africaines, l'aventure congolaise est déjà une réussite. « Si on ne s'étaient pas lancés à l'extérieur de l'Afrique du Sud, et en particulier en RDC, nous n'aurions pas atteint le niveau qui est le nôtre aujourd'hui, souligne Claire Clark de Nucleus mining logistics, une société qui propose des services de transports aux mines, notamment autour de Lubumbashi. Depuis 5 ans, notre entreprise connaît une croissance de 500 % chaque année. C'est beaucoup de travail, mais c'est vraiment enthousiasmant. »Relais pour l'économie sud-africaineDu côté des politiciens sud-africains, on estime aussi que l'Afrique du Sud, forte d'une grande expertise minière, a tout intérêt à trouver des relais de dynamisme à l'étranger. « Il est très important que nos entreprises cherchent des opportunités dans différentes zones du continent pour que l'on puisse croître tous ensemble, juge David Makhura, cadre de l'ANC. Nous subissons, ici, une énorme pression : le chômage est très élevé, tout comme les niveaux d'inégalités et de pauvreté. L'immigration nous pose aussi problème. Or, si les économies de ces autres pays ne fonctionnent pas bien et n'offrent pas d'opportunités, il est naturel que leurs habitants migrent pour aller là où elles se trouvent. »À lire aussiL'Afrique du Sud toujours plongée dans le chômage de masseProblème de gouvernance à réglerCependant, il n'est pas toujours facile pour la RDC de convaincre les investisseurs sur la gouvernance, comme l'a montré l'échec de l'appel d'offres autour des blocs pétroliers. « L'économie du pays repose, pour beaucoup, sur son secteur minier, admet Aurélien Mali, de l'agence Moody's. On peut donc observer de fortes capacités à attirer des investisseurs. Mais la RDC est pour le moment incapable de vraiment tirer la part qui lui est due. Avec le renforcement des institutions, il y a des chances, dans le futur, que le peuple congolais puisse bénéficier d'un meilleur retour. »Le pays se trouve de plus toujours sur la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI) qui lutte contre le blanchiment d'argent, ce qui peut aussi rebuter les investisseurs.À lire aussiSud de la RDC: des agents de la Gécamines dénoncent l'exploitation d'un gisement prometteur par une coopérative
Depuis quelques jours, des affrontements ont lieu entre l'armée congolaise et les milices Wazalendo contre les rebelles du M23 sur divers points stratégiques dans le Nord-Kivu. Sous l'Arbre à palabres, Eric Topona et ses invités retracent les racines de ce conflit.
Dans l'est de la République démocratique du Congo, la stratégie de l'Ouganda n'est pas toujours facile à suivre. D'un côté, l'armée ougandaise soutient les Forces armées congolaises contre les rebelles jihadistes des ADF. Mais de l'autre, la même armée ougandaise est accusée de soutenir les rebelles du M23 contre les Forces armées congolaises. C'est pourquoi le chargé d'affaires ougandais à Kinshasa a été convoqué la semaine dernière par la ministre congolaise des Affaires étrangères. Pourquoi cet apparent double jeu ? Fred Bauma est le directeur exécutif de l'Institut congolais Ebuteli. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : La semaine dernière, la ministre congolaise des Affaires étrangères a convoqué le chargé d'affaires ougandais à Kinshasa. Pourquoi cette mise en demeure ?Fred Bauma : La convocation du chargé d'affaires ougandais intervient après que le fils du président Museveni, qui est aussi le commandant de forces armées ougandaises, a publié une série de tweets. Dans ceux-là, il a insinué la possibilité d'envoyer ses troupes, pour s'attaquer à la présence de tout mercenaire européen. Mais il faut le voir au-delà d'un seul tweet. Le chef de l'armée ougandaise s'est distingué par sa série de tweets, qu'il fait régulièrement, souvent en fin de semaine, et qui sont menaçants non seulement pour la RDC, mais également par le passé pour d'autres pays comme le Kenya ou, récemment, le Soudan.Ce général Muhoozi ; ce n'est pas n'importe qui, c'est à la fois le chef d'état-major de l'armée ougandaise et le fils aîné de Yoweri Museveni, le président ougandais. Est-ce que les tweets de cet individu sont à prendre au sérieux ?Alors ces tweets qu'il porte très ouvertement et qui représentent, je pense, son opinion ne sont pas tout le temps contredits par le gouvernement ougandais. Ils ne sont contredits que lorsqu'il y a des protestations comme celle du gouvernement congolais la dernière fois ou bien du gouvernement kényan. Donc, on ne peut pas ne pas le prendre au sérieux.Par ailleurs, ce général Muhoozi est proche du président rwandais Paul Kagame, qu'il appelle « mon oncle ». Il est d'ailleurs à l'origine de la réconciliation il y a trois ans entre Kampala et Kigali !Exactement. Il est proche de Paul Kagame. En tout cas, il proclame sa proximité avec le président rwandais. On le cite également parmi les personnalités ougandaises qui ont facilité la conquête de Bunagana par le M23. Mais également, je pense qu'il y a une question de succession qui se joue en Ouganda où le fils de Museveni se positionne de plus en plus comme un potentiel remplaçant de son père s'il n'y a pas d'opposition en interne.C'est au mois de juin dernier qu'un groupe d'experts de l'ONU a accusé l'Ouganda de soutenir les rebelles du M23. On connaissait le soutien du Rwanda à ces rebelles. On connaissait beaucoup moins le soutien de l'Ouganda. Comment se matérialise cette aide de l'Ouganda aux rebelles ?Selon les derniers rapports du groupe d'experts de l'ONU, l'Ouganda soutient le M23 de plusieurs manières. D'une part, l'Ouganda ou certaines personnes qui sont proches de Muhoozi soutiennent le M23, en lui facilitant les rencontres diplomatiques dans la région. Mais également, l'Ouganda offre un lieu de passage pour les responsables du M23 et de l'AFC qui veulent se rendre dans des rencontres dans la région. Et enfin, on parle même de certains officiers, notamment des renseignements militaires ougandais, qui ont parfois été dans des zones occupées par le M23. Mais ce soutien est fortement démenti du côté ougandais. Mais ça, ce n'est pas quelque chose de surprenant.Et est-ce que l'Ouganda offre des facilités aux rebelles congolais de l'AFC, de l'Alliance du fleuve Congo, de Corneille Nangaa ?Oui, je pense qu'en offrant au M23 un soutien, l'Ouganda offre forcément aussi à l'AFC puisque les deux groupes semblent être les deux bords d'une même médaille, mais également les membres de l'AFC qui arrivent dans les zones occupées par le M23 passent, pour certains, forcément par l'Ouganda.Alors, on a un petit peu de mal à comprendre ce qui se passe dans cette région du Congo puisque dans le Grand Nord-Kivu (…) dans la région de Butembo, l'Ouganda est allié aux Forces armées congolaises contre les rebelles djihadistes des ADF. Mais en même temps, un peu plus au sud, toujours dans cette province du Nord-Kivu, l'Ouganda est allié avec les rebelles du M23 contre les Forces armées congolaises. Pourquoi ce double jeu ?Alors, on peut effectivement parler de doubles jeux, mais je pense qu'il faut aussi le regarder d'un point de vue des intérêts ougandais. L'Ouganda est exactement en opération militaire avec la RDC, l'opération Shujaa contre les ADF dans le Grand Nord-Kivu, dans la région de Beni. Et au même moment, on le crédite de soutenir le M23. Il faudrait peut-être se demander si l'aide que l'Ouganda accorde au M23 ne constitue pas une façon pour l'Ouganda de se rassurer, d'avoir le contrôle sur un acteur qui pourrait s'étendre jusqu'au bord de ses frontières comme c'est déjà le cas aujourd'hui, mais également d'avoir probablement le regard sur les actions d'un pays, le Rwanda, avec lequel l'Ouganda entretient depuis plusieurs années des relations assez tendues. C'est une relation qui est basée sur beaucoup de suspicions et donc j'imagine que l'Ouganda voit un intérêt à pouvoir avoir un regard sur ce que fait son voisin en RDC.Donc, en soutenant le M23, l'Ouganda veut s'assurer que le Rwanda n'a pas le monopole de l'influence étrangère sur le Congo Kinshasa ?Je dirais pour le moment que l'Ouganda veut se rassurer d'avoir le contrôle d'une rébellion qui occupe une partie de sa frontière du côté congolais.Alors, on imagine que le président Tshisekedi est au courant de ce double jeu ougandais. Et pourtant, il y a deux mois, il s'est rendu en visite d'État en Ouganda auprès de son homologue Yoweri Museveni. Pourquoi une telle mansuétude ?Alors, en privé, [il y a] beaucoup d'officiels congolais qui critiquent les ambiguïtés et les contradictions de l'Ouganda. Mais on voit bien que la RDC n'a pas choisi de nommer l'Ouganda autant qu'elle le fait sur le Rwanda, malgré son rôle ambigu.Et peut-être la RDC ne veut-elle pas ouvrir un 2e front diplomatique à l'est de son territoire ?Évidemment, ça lui demanderait encore plus d'énergie. Il faut dire aussi qu'il y a une double dépendance. La RDC semble dépendre de cette opération Shujaa pour contenir à un certain degré les ADF. Donc c'est une opération qui est particulièrement populaire au sein de la communauté Nandé qui est une communauté puissante et au sein de certains leaders de cette communauté. Également, l'Ouganda bénéficie largement de l'économie informelle et de l'économie illicite de cette région de la RDC. Donc il y a des intérêts de part et d'autre pour ne pas casser toute la relation.Et Yoweri Museveni a intérêt à ménager son voisin Félix Tshisekedi ?Absolument. Museveni a tout intérêt à ménager ses voisins. Mais je pense qu'il a aussi intérêt, au moins, à contenir les actions de son fils s'il le peut. Sinon, ça risque de mettre à mal pas mal de relations que l'Ouganda entretient avec la RDC, mais aussi avec d'autres pays de la région.Les militaires ougandais sont dans la région de Butembo. Les rebelles du M23 sont en direction de la localité de Lubero. Or, il n'y a que quelques dizaines de kilomètres entre Butembo et Lubero. Est-ce qu'il ne faut pas craindre dans les semaines qui viennent un face-à-face entre les militaires ougandais et les rebelles du M23 ?C'est une possibilité, évidemment, ça rappellerait des épisodes sombres. On se rappelle du massacre de Kisangani au début des années 2000.Plus de 700 civils congolais tués à Kisangani, en juin 2000, lors de la bataille entre Ougandais et Rwandais !Exactement. Il y a des risques, si on se retrouve dans la même situation, que ça crée de nouvelles personnes tuées. Mais au même moment, j'ai l'impression que le gouvernement congolais espère que l'Ouganda pourrait jouer une sorte de barrière à cette progression du M23. Tout cela, évidemment, est à regarder. Est-ce qu'on tend vers le progrès du M23 vers le territoire de Lubero, à l'approche de la ville de Beni ? Est-ce que ça va nous replonger dans un autre niveau de conflit régional ? Il faut espérer que ça n'arrive pas, mais il faudrait agir en amont pour qu'on n'en arrive pas là.
En RDC, près de 7 millions de personnes sont toujours déplacées internes en raison des différents conflits. La situation dans l'est du pays est particulièrement critique, notamment dans le Nord-Kivu, une zone où sévit depuis plus de deux ans le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda voisin. Dans les camps, les conditions de vie sont infrahumaines, répètent régulièrement les autorités et les acteurs humanitaires. C'est aussi la position d'Emmanuel Lampaert. Il est le directeur pays de Médecin sans frontières en RDC, et il revient tout juste d'une mission dans l'est. Il s'est confié à notre correspondante, Paulina Zidi. À lire aussiRDC: l'inquiétude de Médecins sans frontières face au mpox dans la TshopoÀ lire aussiRDC: la situation sécuritaire à l'est du pays est de plus en plus inquiétante, alerte MSF
« La réunion tripartite prévue à Luanda entre les présidents congolais Félix Tshisekedi, rwandais Paul Kagame et angolais João Lourenço n'a pas eu lieu hier dimanche », constate le site congolais 7 sur 7. « D'après la présidence congolaise, l'annulation de cette rencontre a été causée, pointe 7 sur 7, par le refus de la délégation rwandaise de prendre part à la réunion ».En effet, précise Beto, autre site congolais, « Kigali a subitement conditionné sa présence, et par conséquent la signature d'un éventuel accord, à l'ouverture d'un dialogue direct entre Kinshasa et le groupe armé M23. Une exigence jugée inacceptable par Kinshasa, qui y voit une manœuvre délibérée pour torpiller le processus de paix de Luanda ».Pour sa part, le New Times à Kigali justifie l'absence de Paul Kagame par les « menaces de changement de régime proférées par les responsables congolais contre le Rwanda et la présence continue dans l'est de la RDC des FDLR, milice fondée par les restes des auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsis ».Méfiance réciproqueBref, on en est toujours au même point dans ce conflit qui ravage l'est du Congo depuis plus de 25 ans… « L'échec de cette rencontre illustre le climat de méfiance profonde qui règne entre les deux parties, relève Afrik.com. Kigali exige des garanties fermes sur l'ouverture d'un dialogue avec le groupe rebelle M23. De son côté, Kinshasa insiste sur le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et l'arrêt du soutien aux rebelles. Ces désaccords rendent tout compromis difficilement envisageable. (…) Avec l'annulation de ce sommet, les perspectives de paix dans l'est de la RDC s'assombrissent. Les habitants de cette région, victimes d'affrontements incessants, espéraient des avancées concrètes pour mettre fin à leur calvaire ». C'est donc raté…« L'échec de Luanda donne l'impression que les points d'achoppement entre le Congo et le Rwanda n'ont pas évolué, pointe pour sa part le site spécialisé sur la RDC, Afrikarabia. Kigali considère toujours la crise du M23 comme un problème congolo-congolais, à l'inverse de Kinshasa qui pense que sans le Rwanda, le M23 est une coquille militaire vide. Le Rwanda défend l'idée que le nœud du conflit se trouve justement entre le M23, qui défend la communauté rwandophone, et les autorités congolaises. Pour Kinshasa, le refus de négocier avec la rébellion est directement lié aux multiples échecs du passé et aux nombreuses intégrations ratées de rebelles au sein de l'armée régulière qui ont systématiquement donné lieu à la création de nouvelles rébellions ».Des centaines de milliers de déplacésEt pendant ce temps, la guerre se poursuit, donc, avec son cortège de souffrances pour les populations civiles. Témoin, ce reportage à lire dans Le Monde Afrique sur les centaines de milliers de personnes déplacées qui sont venues se réfugier aux environs de Goma, dans la province du Nord-Kivu, pour se retrouver dans des camps où règnent l'insécurité et la misère.« L'ouest de Goma est le réceptacle des malheureux fuyant les plateaux et vallées du Masisi et de Walikale, au-delà du versant occidental du volcan Nyiragongo, rapporte l'envoyé spécial du Monde Afrique. Les sites ont pour nom Buhimba, Mulengo, Rusayo, Luchaga, Rego… Partout le même spectacle, une mer de bâches blanches. Combien sont-ils, ces hordes de déplacés ? Au moins 600 000, selon une évaluation effectuée à partir de photos aériennes par plusieurs ONG. Plus d'un million, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Nul ne sait précisément, mais trop ».Au moins 600 000 personnes, donc, qui ont besoin de nourriture et de protection… « Dans le camp de Lwashi, par exemple, pointe Le Monde Afrique, c'est le Programme alimentaire mondial qui nourrit les gens. En partie. Débordée, l'agence onusienne subvient aux besoins de base de la moitié des ménages seulement. Les autres tentent de survivre ».Il y a aussi le problème de l'eau potable : au bord du lac Kivu, MSF a installé « 8 pompes qui tournent 24 heures sur 24, reliées à 24 cuves de 10 000 litres dispatchées dans des camions-citernes ou dans le réseau de tuyaux courant sur une dizaine de kilomètres ». Mais cela ne suffit pas…Enfin, l'insécurité permanente, relève encore Le Monde Afrique… Exemple : « les femmes ont demandé qu'il n'y ait pas d'ampoules autour du bâtiment des latrines pour ne pas être vues la nuit. Les chiffres de violences sexuelles, principale forme de violence parmi les déplacés, sont en effet effrayants. Selon une étude MSF, plus de 10 % des femmes adultes, dans les camps de déplacés, ont déclaré avoir été violées ».
À quelques jours du premier anniversaire de son second mandat, le président congolais a prononcé hier soir devant les deux chambres réunies en Congrès le traditionnel discours annuel sur l'état de la nation. L'occasion pour lui de faire le bilan de son action à la tête de l'État et de préciser ses intentions quant à une possible réforme institutionnelle. Un sujet brûlant…« Dans une proposition susceptible d'attiser les débats, relate le site congolais Actualités CD, Félix Tshisekedi a affirmé qu'il “était peut-être temps d'engager une réflexion nationale sur une réforme constitutionnelle, afin d'éliminer les failles qui ralentissent le fonctionnement de notre appareil étatique“. Il a toutefois précisé que cette initiative visait exclusivement à lancer un dialogue sincère entre les citoyens congolais pour construire un cadre institutionnel mieux adapté aux réalités du pays. (…) Cet appel du président intervient dans un contexte marqué par un débat houleux sur la révision ou le changement de la Constitution congolaise, relève Actualités CD. Si l'initiative est perçue par ses partisans comme une nécessité pour moderniser l'appareil d'État, l'opposition y voit une manœuvre visant à prolonger le mandat présidentiel au-delà des limites actuelles. »En clair, lui permettre de briguer un troisième mandat…Divisions ?Résultat, pointe le site congolais Beto : « l'Union Sacrée de la Nation, coalition politique menée par le Président Félix Tshisekedi, pourrait connaître des turbulences majeures dans les prochains mois. (…) Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Modeste Bahati, candidats potentiels à la succession, hésitent à s'aligner totalement sur le chef de l'État. En face, seuls l'UDPS et Sama Lukonde soutiennent sans réserve le Président. Une division qui pourrait redéfinir le paysage politique congolais. »Contagion ?En tout cas, cette manie de vouloir tripatouiller la constitution est habituelle en Afrique… C'est du moins ce qu'estime WakatSéra au Burkina : « pourquoi, hélas, un troisième mandat, à l'africaine ? Là est tout l'enjeu de la problématique. L'explication va dans plusieurs sens, pointe le site ouagalais : appât du gain, soif inassouvie d'honneur et de puissance, narcissisme inqualifiable, mais dangereux… C'est dans cette obstination que le guinéen Alpha Condé a été poussé jusqu'au bout de l'opprobre, chassé du pouvoir par un coup d'Etat. Rattrapé par l'heure de vérité, le Sénégalais Macky Sall l'a échappé belle, après avoir cherché, sans succès, à faire tourner son peuple en bourrique. »Et WakatSéra de conclure : « la liste n'est pas exhaustive. »Progression ?Reste que Félix Tshisekedi, dans son discours, ne s'est pas attardé sur cette question… C'est ce que relève Jeune Afrique pour qui le président congolais « est apparu étonnement modéré » sur cette possible révision de la constitution. « On était loin du ton quasi martial adopté en octobre à Kisangani, puis à Lubumbashi, Kipushi, Kalemie ou encore Isiro, quand le président avait vertement critiqué une Constitution, avait-il dit, “rédigée à l'étranger par des étrangers“ ou encore qui obligerait, dans son article 217, les Congolais à abandonner une part de leur souveraineté à des États voisins. »En fait, pointe le site panafricain, « dans son discours qui aura duré près de deux heures, Félix Tshisekedi a préféré s'attarder sur des questions économiques et sociales, dressant un bilan positif des premières années de sa présidence. Baisse du prix des produits pétroliers et des produits de base, gratuité des soins de maternité pour 1,3 million de personnes, relance de la mine de zinc de Kipushi… Il a salué des “progrès notables“ et des “avancées concrètes“. »Circonspection ?Le Nouvel Observateur à Kinshasa n'est guère convaincu… « À analyser les propos du président de la République, on serait tenté de croire que ceux qui ont rédigé ce discours ne connaissent pas les réalités du pays. Comment peut-on parler des réserves en banque dès lors que beaucoup d'agents de l'Etat notamment les enseignants ne sont pas payés, certains depuis 10 ans d'autres plus ? Comment l'entourage du chef de l'Etat peut-il faire croire que le cadre macroéconomique est stabilisé alors que le roi dollar ne fait que grimper, avoisinant 3.000 FC pour 1 dollar ? (…) En définitive, peste encore le bi-hebdomadaire congolais, c'étaient les mêmes redites que le peuple congolais a suivies hier. Il n'y a rien eu de neuf sous le soleil. C'est du déjà entendu et rien n'assure que demain sera meilleur qu'hier. »
Il s'agit d'une mystérieuse épidémie « mortelle », précise Afrik.com, « la maladie est caractérisée par de la fièvre, de la toux et des maux de tête. Elle a déjà causé plusieurs dizaines de décès, principalement chez les enfants ». C'est dans la province du Kwango que l'alerte a été donnée, plus précisément dans la région de Panzi, « une région enclavée proche de la frontière angolaise » ajoute Média Afrique News, qui cite un infirmier selon lequel « les enfants sont les premières victimes, car leur état nutritionnel est souvent très dégradé ». « Ici », ajoute cet infirmier, « les épidémies ne sont pas nouvelles, mais cette maladie frappe très rapidement ». Afrik.com souligne que « les populations locales souffrent d'un manque d'accès aux soins de santé, à l'eau potable et à une alimentation équilibrée, ce qui affaiblit considérablement les systèmes immunitaires et rend la population plus vulnérable aux maladies ». « Pour les habitants du Kwango, le temps presse », remarque Média Afrique News, « sans un soutien rapide, cette maladie inconnue pourrait continuer à décimer des familles entières ».Critique envers les militairesAu Niger, la presse s'interroge sur l'arrestation de Moussa Tchangari. « Figure de la société civile, Moussa Tchangari se trouve en garde à vue, au Service Central de Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité Transfrontalière organisée »explique Actu Niger, « les charges retenues contre lui incluent des accusations graves : apologie du terrorisme, atteinte à la sûreté de l'État et association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme ». L'association AEC Alternative Espaces Citoyens, dont Moussa Tchangari est le secrétaire général, « dénonce des actes rétrogrades d'enlèvement, de séquestration et de traitements cruels, inhumains et dégradants ». AEC « demande la libération immédiate et inconditionnelle de Moussa Tchangari ». De son côté,Mouryya Niger rappelle que cet acteur de la société civile, a toujours été « critique envers les décisions militaires nigériennes depuis l'avènement de celles-ci au pouvoir ». « Il est connu pour son engagement en faveur de la démocratie et des droits de l'homme », ajoute L'événement Niger. « Il a toujours manifesté son opposition à tous les coups d'État survenus dans le pays ».Réconciliation nationale Au Mali, c'est la libération de onze leaders politiques qui fait la Une de l'actualité. « Une libération historique », nous dit Bamada.net qui parle aussi d'un « tournant significatif dans la vie politique du Mali ». « Les onze leaders politiques étaient incarcérés depuis le mois de juin ». Selon Bamada.net, la décision de les libérer a été prise « dans le cadre d'un effort global de détente et de réconciliation nationale ». Pour rappel, ajoute Bamada.net, « les onze leaders politiques, étaient accusés de s'opposer à l'exercice de l'autorité légitime » et de « tenter de troubler l'ordre public ». « C'est une nouvelle étape pour la réconciliation nationale », estime encore Bamada.net, « Elle envoie un message fort de volonté de dialogue et de réconciliation ». « Cette libération », précise Maliweb, « a été rendue possible grâce à la médiation du président de la commission de rédaction de l'avant-projet de Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale, Ousmane Issoufi Maïga, également ancien Premier ministre ». Stabilité politiqueLe Ghana s'apprête à voter. Election présidentielle, demain. « Un duel au sommet, entre l'actuel vice-président et un ancien chef de l'État », titre Enjeux Africains. « Contraint par la constitution à passer la main après deux mandats consécutifs, l'actuel chef de l'État Nana Akufi-Addo, ne peut plus se présenter. C'est Mahamudu Bawmia, 61 ans, son vice-président depuis 2017, (…) qui portera les couleurs du parti de l'éléphant, l'emblème du Nouveau Parti Démocratique ». Face à lui, plusieurs candidats, dont John Dramani Mahama, « l'un des politiciens les plus expérimentés du pays », « un ex-président sur le retour », précise Enjeux Africains, qui ne s'inquiète pas pour l'avenir, rappelant que le Ghana est « souvent considéré comme un modèle de stabilité politique dans une région secouée par les coups d'état et l'insécurité ».
La visite de trois jours du président français, Emmanuel Macron, au royaume chérifien, s'achève ce mercredi 30 octobre 2024. Pour L'Opinion, on assiste à un « nouveau chapitre franco-marocain »: la relation entre les deux pays « n'a jamais paru aussi franche, aussi sincère, mais surtout aussi prometteuse qu'elle ne l'est aujourd'hui ». Emmanuel Macron « récolte aujourd'hui, poursuit l'édito, les fruits de sa position claire et sans ambages sur la marocanité du Sahara ». En effet, mardi 29 octobre 2024, le chef d'État français a réaffirmé la « souveraineté » du royaume sur le Sahara occidental, territoire disputé. Les médias marocains développent aussi les différents partenariats signés entre Paris et Rabat. « Veolia construira à Rabat la plus grande station de dessalement d'eau de mer en Afrique », s'exclame par exemple Telquel. La signature de partenariats économiques n'ont pas échappé au journal Le Pays, au Burkina Faso. « Le Maroc est la première destination des investisseurs français en Afrique », rappelle l'édito, qui commente « comme quoi, seuls les intérêts guident les pas ». Des contrats « d'autant plus importants », grince Le Pays, « qu'après avoir perdu le Sahel [...], ce qui a créé un manque à gagner pour certaines entreprises française, la France ne peut pas se permettre le luxe de perdre un partenaire comme le Maroc ». En Guinée, la junte dissout et suspend la moitié des formations politiquesPour Aujourd'hui au Faso, c'est la « fin du pagailleux multipartisme et le début de Doumbouya-le-démocrate ». Le site voit, dans ces dissolutions, « une œuvre de salubrité politique ». « Que ce soit en Guinée, au Burkina ou ailleurs, a-t-on besoin de 200 programmes politiques pour développer un pays ? » conclut l'édito. Au contraire, pour Wakat Sera, la décision de Doumbouya est « la continuation de sa marche résolue vers la confiscation du pouvoir ». « Les Guinéens », regrette le site, « assistent, impuissant[s], à la disparition progressive de l'espace d'expression, [...], à l'absence de la liberté tout court ».Au Sénégal, la presse raconte la campagne des législatives anticipées « Pastef poursuit sa caravane à l'intérieur du pays », écrit le quotidien 24 Heures, dans laquelle se trouve le Premier ministre, Ousmane Sonko, vêtu d'orange sur les photos, avec son éternelle casquette.Jeune Afrique, de son côté, analyse « comment Ousmane Sonko et Pastef ont révolutionné le financement en politique ». Le journal rappelle que le parti fait payer le public pour venir à ses meetings. Une stratégie « étonnante, dans un pays où les militants n'y assistent que s'ils y sont financièrement incités », note l'article. Lors d'un meeting de levée de fonds à Dakar, le 19 octobre, le parti au pouvoir dit avoir levé, « en quatre heures », « près de 500 millions de francs CFA ». Jeune Afrique démontre que le Pastef a toujours eu recours aux « cagnottes en ligne », pour financer des élections législatives ou présidentielles, souvent grâce à la diaspora sénégalaise. Un « marketing politique savamment orchestré », analyse le mensuel. « Pastef tient à montrer à ses adversaires qu'il jouit d'une bonne popularité au sein de l'opinion, et qu'il y est solidement enraciné ». Ali-Foreman, la plus célèbre série de crochets de l'HistoireUne combinaison de crochet, puis un direct du droit de Mohammed Ali entrés dans la légende. Il y a 50 ans, le 30 octobre 1974 à Kinshasa, le boxeur américain battait son compatriote George Foreman lors du « combat du siècle ». Un événement que beaucoup aimeraient revivre, dans la capitale de RDC. « Kinshasa attend de pouvoir fêter dignement cet anniversaire sur fond de rivalités entre promoteurs », raconte Jeune Afrique. La RDC espère organiser, en 2025, le « Fight for Peace » et ainsi « alerter l'opinion internationale sur la guerre en cours dans l'est ». Plusieurs boxeurs ont déjà fait part de leur envie d'être sur le ring à Kinshasa, comme l'Américain Anthony Joshua ou le congolais Martin Bakole ... mais ce projet reste pour l'instant « un combat de gros sous et de réseau politique », conclut Jeune Afrique. À lire aussiBoxe: George Foreman-Mohamed Ali, retour sur un combat de légende
Au sommaire de Radio Foot internationale ce mercredi à 16h10-21h10 T.U. : - Suite des éliminatoires CAN 2025. ; - La course pour le Mondial 2026 en Amérique du Sud : Leo Messi en pleine forme ; - Ligue des Nations, l'Espagne souveraine ! - Suite des éliminatoires CAN 20258 qualifiés, 8 éliminés, des nations proches du but, d'autre au bord du précipice. La RDC n'a pas traîné, et les Léopards n'ont toujours pas pris de but ! Côté sénégalais, Sadio Mané a permis d'obtenir le billet sénégalais pour le Maroc à Lilongwe. Autre cador qui ne perd pas de temps, l'Égypte ! Des Pharaons avec une défense de fer, qui sortent vainqueurs de la double confrontation avec les Mourabitounes. Sans faute aussi pour l'Angola. - La Guinée de Michel Dussuyer s'est remise à l'endroit ! Serhou Guirassy redoutablement efficace face aux Antilopes Walya ! - Groupe F : les Black Stars pâlissent ! Les quadruples vainqueurs du tournoi, battus par le Soudan, désormais à 3 points des Crocodiles, mieux placé pour obtenir le 2è sésame. Le Ghana va-t-il rater le rendez-vous pour la 1ère fois depuis 20 ans ?- La course pour le Mondial 2026 en Amérique du Sud : Leo Messi en pleine formeTriplé et passes décisives pour une Pulga retrouvée et devant son public. L'Argentine a éparpillé la Bolivie 6-0 au Monumental ! - 112 buts pour le natif de Rosario, désormais à 21 buts derrière Cristiano Ronaldo avec le Portugal. - L'Uruguay piétine, encore un nul, cette fois-ci face à l'Équateur. Y a-t-il un souci avec Bielsa ? - Le Brésil souffle ! La Seleção au coude à coude avec la Celeste. 6 buts en 2 rencontres qui font du bien. Des Auriverdes enfin lancés ?- Ligue des Nations, l'Espagne souveraine !La Roja ira elle aussi en ¼. Les tenants du trophée et récents Champions d'Europe se débrouillent très bien sans Yamal, Rodri et Williams ! Capitaine Morata, souvent ciblé par les médias espagnols, a assuré et inscrit le but du break face à la Serbie. Score final 3-0. Un nouveau succès, qui arrêtera la « Selección ? »Avec Annie Gasnier aujourd'hui, Dominique Baillif, Frank Simon et Chérif Ghemmour. Technique/réalisation : Diego Tenorio. -- Pierre Guérin.
Au sommaire de Radio Foot internationale ce mercredi à 16h10-21h10 T.U. : - Suite des éliminatoires CAN 2025. ; - La course pour le Mondial 2026 en Amérique du Sud : Leo Messi en pleine forme ; - Ligue des Nations, l'Espagne souveraine ! - Suite des éliminatoires CAN 20258 qualifiés, 8 éliminés, des nations proches du but, d'autre au bord du précipice. La RDC n'a pas traîné, et les Léopards n'ont toujours pas pris de but ! Côté sénégalais, Sadio Mané a permis d'obtenir le billet sénégalais pour le Maroc à Lilongwe. Autre cador qui ne perd pas de temps, l'Égypte ! Des Pharaons avec une défense de fer, qui sortent vainqueurs de la double confrontation avec les Mourabitounes. Sans faute aussi pour l'Angola. - La Guinée de Michel Dussuyer s'est remise à l'endroit ! Serhou Guirassy redoutablement efficace face aux Antilopes Walya ! - Groupe F : les Black Stars pâlissent ! Les quadruples vainqueurs du tournoi, battus par le Soudan, désormais à 3 points des Crocodiles, mieux placé pour obtenir le 2è sésame. Le Ghana va-t-il rater le rendez-vous pour la 1ère fois depuis 20 ans ?- La course pour le Mondial 2026 en Amérique du Sud : Leo Messi en pleine formeTriplé et passes décisives pour une Pulga retrouvée et devant son public. L'Argentine a éparpillé la Bolivie 6-0 au Monumental ! - 112 buts pour le natif de Rosario, désormais à 21 buts derrière Cristiano Ronaldo avec le Portugal. - L'Uruguay piétine, encore un nul, cette fois-ci face à l'Équateur. Y a-t-il un souci avec Bielsa ? - Le Brésil souffle ! La Seleção au coude à coude avec la Celeste. 6 buts en 2 rencontres qui font du bien. Des Auriverdes enfin lancés ?- Ligue des Nations, l'Espagne souveraine !La Roja ira elle aussi en ¼. Les tenants du trophée et récents Champions d'Europe se débrouillent très bien sans Yamal, Rodri et Williams ! Capitaine Morata, souvent ciblé par les médias espagnols, a assuré et inscrit le but du break face à la Serbie. Score final 3-0. Un nouveau succès, qui arrêtera la « Selección ? »Avec Annie Gasnier aujourd'hui, Dominique Baillif, Frank Simon et Chérif Ghemmour. Technique/réalisation : Diego Tenorio. -- Pierre Guérin.