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C'est à la Une du le Journal de Kinshasa, qui parle prudemment d'une « percée vers la stabilité ». « Salué comme une avancée décisive, cet accord vise à mettre fin à plus de trente ans de conflit armé dans l'est de la République démocratique du Congo, tout en réaffirmant la souveraineté du pays », souligne le quotidien congolais. Actualité.cd joue aussi la carte de la prudence, estimant ainsi : « passer des mots aux actes, c'est sur le terrain que tout se jouera ». Le site d'information congolais énumère les difficultés : « Le groupe FDLR n'est pas partie prenante de l'accord et devra être neutralisé (…) le M23 maintient ses positions dans plusieurs agglomérations. Un accord parallèle en discussion à Doha avec ce mouvement n'a pas encore été finalisé. La réussite de ce processus dépendra de sa mise en œuvre concrète sur le terrain », estime donc Actualité.cd. Objectif-infos.cd insiste de son côté sur le prix à payer, en quelque sorte. « Donald Trump », nous dit-on, « affirme que les États-Unis obtiendront une grande partie des droits miniers du Congo ». Les États-Unis à la manœuvre En France, la presse commente aussi la conclusion de cet accord. Et là encore, la prudence est de mise. L'hebdomadaire le Point parle d'un « accord de la dernière chance », alors que le Monde évoque « un accord de paix sous la pression américaine ». « Un merveilleux traité », annonçait même Donald Trump il y a quelques temps. Mais le quotidien français est sceptique : « les guerres dans l'est de la RDC ayant entraîné, autant d'accords de paix, incitent à la prudence ». « Néanmoins », reconnaît le Monde, « le forcing diplomatique américain de ces derniers mois aura permis d'aboutir à ce premier résultat (…) Washington a avancé là où s'étaient enlisées les initiatives de l'Union Africaine et des organisations régionales ». Combien de morts ? À lire également dans la presse internationale ce matin, un article du journal israélien Haaretz sur le nombre de victimes à Gaza. Le chiffre qui circule actuellement est d'environ 55 000 morts côté palestinien, chiffre donné par le ministère palestinien de la Santé. Mais ce bilan pourrait être bien plus élevé, selon le quotidien d'opposition, qui avance le chiffre de « 100 000 morts. « La faim, la maladie et les tirs israéliens sur les centres de distribution alimentaire ont fait de la guerre dans la bande de Gaza, l'une des plus sanglantes du XXIème siècle », estime Haaretz lequel fustige « les porte-parole, journalistes et influenceurs israéliens qui rejettent avec une répulsion irréfléchie les données du ministère palestinien de la Santé, les qualifiant d'exagérées ». Pour avancer le chiffre de 100 000 morts, Haaretz s'appuie sur des études réalisées par des chercheurs, comme celle du professeur Michael Spagat, économiste au Holloway College de l'Université de Londres, qui, avec le Dr Khalil Shikaki, professeur de sciences politiques palestinien, estimait déjà en janvier dernier « que plus de 75 000 personnes étaient mortes de mort violente à Gaza depuis le début de la guerre ». Cette étude met aussi en évidence une « surmortalité due à la faim, au froid et aux maladies impossibles à soigner en raison de la destruction du système de santé ». Nettoyage ethnique Et les chercheurs fournissent aussi d'autres évaluations. Evaluations qui concordent avec celle du ministère palestinien de la Santé, selon lesquelles « 56% des personnes tuées étaient soit des enfants de moins de 18 ans, soit des femmes ». Soit « plus du double de la proportion que presque tous les conflits récents » en Syrie, en Irak ou au Soudan. Le professeur Spagat, qui a donc réalisé ces calculs, ne se prononce toutefois pas sur la notion de « génocide ». Mais dit-il, « le scénario le plus "favorable", est que ce qui se passe à Gaza est un "nettoyage ethnique" ».
Après bientôt 30 ans de conflit, le Rwanda et la RDC doivent signer ce soir à Washington un accord historique de paix sous l'égide des États-Unis. La RDC cherche à obtenir le soutien des États-Unis contre les groupes rebelles en échange d'un accès à ses abondantes ressources minérales. L'est du pays, riche en ressources naturelles et frontalier du Rwanda, est en proie à des violences depuis plus de 30 ans. Le président congolais avait évoqué en avril un accord minier avec le conseiller spécial de Donald Trump pour l'Afrique, en visite alors à Kinshasa, Massad Boulos. Décryptage de Thierry Vircoulon, chercheur associé à l'Observatoire de l'Afrique centrale et orientale à l'IFRI.
Le gouvernement congolais a décidé de maintenir le blocage des exportations de cobalt brut, un métal stratégique pour les batteries. Objectif : peser sur les prix et favoriser la transformation locale. Une stratégie risquée face à une industrie mondiale en pleine mutation.
La République démocratique du Congo, numéro 1 mondial de la production de cobalt, minerai qui entre dans la composition des batteries de voitures, a reconduit pour trois mois son interdiction d'exportation. Mais la filière a déjà les yeux rivés sur la suite, et spécule sur les modalités de la reprise, tant le cobalt congolais est incontournable. La RDC s'est donnée jusqu'au 21 septembre pour décider, mais pourrait communiquer avant ce délai. La question, c'est évidemment de savoir jusqu'à quand le pays peut tenir : le cobalt est une ressource minière capitale pour les finances de l'État congolais et le manque de redevances sur le cobalt va finir par se faire sentir. Les stocks nationaux se sont accumulés ces quatre derniers mois, et devraient encore grossir, mais personne ne sait si la RDC cherche à assécher totalement le marché avant d'ouvrir à nouveau les vannes ou si elle attend seulement que les cours aient atteint un niveau jugé satisfaisant. Un quota d'exportation demain ? Officiellement, toutes les portes restent ouvertes. La RDC pourrait donc encore prolonger l'interdiction d'exporter, mais ce n'est pas l'hypothèse privilégiée. Ce qui semble le plus probable pour les analystes, c'est une reprise des exportations, de manière progressive, faute de quoi le marché risquerait d'être inondé de cobalt, ce qui serait catastrophique pour les prix. L'instauration d'un quota de production ne semble pas faisable, le cobalt étant produit au même rythme que le cuivre auquel il est associé dans les mines de RDC. Le quota d'exportation pourrait être une solution, mais il posera le défi de contrôler de manière stricte ce qui sort du pays, ce qui « peut s'avérer coûteux et inefficace », pointe Jack Bedder de Project Blue. De l'avis de Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media, la seule solution durable, c'est d'arriver à un marché équilibré, avec une offre stable, et une demande forte. Pour l'instant, aucun de ces critères n'est rempli. Des industriels découragés ? L'impossibilité d'importer du cobalt congolais et la remontée des prix pourraient laisser penser que les industriels cherchent à se détourner du cobalt. Mais à court terme, le contexte actuel ne devrait pas peser sur la demande. Le cobalt représente en effet moins de 5% du coût d'une batterie classique, donc une hausse du prix n'aura pas d'impact significatif sur les coûts de production, résume Thomas Matthews, analyste en matériaux pour batteries, chez CRU Group. Les alternatives de batteries sans cobalt ont par ailleurs commencé à se développer avant même que la RDC n'interdise l'exportation de son minerai. L'exemple, c'est la technologie LFP (phosphate fer lithium) largement développée dans le secteur de l'automobile électrique en Chine. L'autre facteur qui ne plaide pas pour un changement radical, c'est que l'essentiel de la production de cobalt repose sur des contrats à long terme, explique Thomas Matthews. Sans compter, ajoute l'expert de CRU Group, que certains fabricants de batteries comme CATL ont des intérêts dans des mines de cobalt : le premier fabricant mondial de batteries, détient des parts dans CMOC, le plus grand minier du secteur, ainsi qu'une participation directe dans KFM, la plus grande mine de cobalt au monde, située en RDC. À lire aussiLa demande de cobalt en hausse de 11% en 2025
Comment mettre fin à l'offre excédentaire en cobalt, et redresser les prix ? La République démocratique du Congo a choisi, en février, d'interdire les exportations pour quatre mois. Elle vient tout juste de renouveler la mesure pour trois mois. Ces restrictions ont eu un effet sur les prix, mais il n'est pas encore suffisant aux yeux de Kinshasa. Les prix ont rapidement augmenté en février lorsque les exportations se sont arrêtées, mais ils se sont stabilisés dès mi-mars, probablement dans l'attente des suites qui seraient données par les autorités congolaises. Assez vite, le cobalt a augmenté de plus de 60 % par rapport à son plus bas niveau de février, mais sur un an, l'augmentation n'est finalement que de 20 %. Le nouveau délai de trois mois annoncé a relancé la dynamique sur les marchés asiatiques. Le prix de plusieurs produits dérivés du cobalt a immédiatement augmenté. Mais il s'agirait plus d'une réaction spéculative que d'achats réels. Les prix hors de Chine sont restés relativement stables, avec peu de transactions physiques. Le signe, selon Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media, que de nombreux acteurs avaient peut-être déjà anticipé la prolongation et constitué des stocks à l'avance. La RDC produit les trois quarts du cobalt mondial et espère continuer avec son poids à peser sur les prix dans les prochains mois. Kinshasa n'a cependant pas fait mention officiellement du niveau de prix qui serait jugé acceptable pour permettre une reprise des exportations. Des stocks mondiaux finalement pas si bas L'Autorité congolaise de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) a décidé de reconduire sa mesure en raison du « niveau des stocks toujours élevé sur le marché ». En tout début d'année, les stocks, hors RDC, étaient estimés à environ quatre mois de consommation. La situation devrait être, en théorie, critique aujourd'hui. Mais elle ne l'est visiblement pas encore. Une des raisons, explique Jack Bedder du cabinet Project Blue, c'est qu'une partie du cobalt congolais a continué à être acheminé en Chine après le 22 février : 51 000 tonnes seraient arrivées dans le pays pour le seul mois de mars, selon les douanes chinoises. De janvier à mai, la Chine aurait même importé autant d'hydroxyde de cobalt qu'une année normale, selon un négociant, ce qui pose, pour l'expert d'Argus Media, la question de l'application de la mesure congolaise. À l'expiration du délai de trois mois, le 21 septembre, les stocks devraient avoir atteint un niveau très bas si rien ne change, selon Project Blue. Surtout que ce qui sortirait éventuellement après cette date mettrait encore 90 jours pour arriver en Chine. En RDC, les stocks s'accumulent Le cobalt est un sous-produit du cuivre, et la montée en puissance de la mine de Kisanfu a fait gonfler mécaniquement les stocks intérieurs de cobalt. Des estimations d'Argus Media font état de stocks qui auraient atteint 70 000 tonnes près des mines du géant chinois CMOC. Les exportations devront donc tôt ou tard reprendre, c'est une certitude : « Un cobalt cher qui ne se vend pas ne profite à personne, ni aux miniers, ni à la République Démocratique du Congo, ni aux négociants », commente un analyste. À lire aussiRDC: prolongation de la suspension de l'exportation du cobalt
La presse congolaise en fait ses gros titres : « Accord de paix RDC Rwanda : un pas décisif vers la stabilité », titre le Journal de Kinshasa, qui parle d'une « étape majeure » et résume les grandes lignes de l'accord trouvé mercredi à Washington, notamment « le respect mutuel de l'intégrité territoriale, l'interdiction totale des hostilités », ou encore « le désarmement et le désengagement des groupes armés non-étatiques ». De son côté, Le Maximum parle d'un « pré-accord », « arraché par Washington », estimant que « cet accord global a été obtenu grâce à la pugnacité de la médiation américaine ». « Pour l'oncle Sam », poursuit le Maximum, « il n'y a plus place désormais pour les tergiversations habituelles dans les négociations devant aboutir à la pacification de la région des Grands Lacs, perturbée de manière incessante par l'activisme militaro- économique du régime de Paul Kagamé ». La presse rwandaise évoque également ce « projet d'accord de paix », c'est le cas du New Times, qui précise que « le texte de l'accord, devrait être signé par les ministres des deux pays le 27 juin ». Et maintenant l'Iran ! Le coup de gueule de Pierre Sané, dans Sénéplus. Un texte de l'ancien haut fonctionnaire de l'ONU et secrétaire général d'Amnesty International, intitulé : « Bombarder une intention ». Pierre Sané évoque l'histoire récente et interroge : « N‘avaient-ils pas évoqué « les armes de destruction massive en Irak, malgré les dénégations de Saddam Hussein, appuyés par les rapports des inspecteurs des Nations Unies (…) une fois qu'ils ont détruit l'Irak et n'ont rien trouvé, ils ont insisté sur « l'intention » que Saddam Hussein aurait eue de s'en procurer ». « Je passe sur la Libye, la Syrie, l'Afghanistan, la Côte d'Ivoire, mensonges puis matraquages médiatiques » poursuit Pierre Sané, qui s'exclame « Et maintenant, l'Iran ! ». « Depuis 30 ans », dit-il, « Benyamin Netanyahu répète que l'Iran est à 15 jours de produire sa bombe et qu'Israël a le droit de se défendre « préemptivement », en déclenchant une intervention outrageusement illégale, soutenue par un Occident en total effondrement moral ». Pierre Sané qui conclut ainsi : « Nous savons que tout ce qui se construit sur le mensonge ne peut pas durer. L'empire du mensonge est en train de s'écrouler (…) Pendant ce temps, l'extermination systématique du peuple palestinien se poursuit avec une ferveur toute coloniale et une cruauté assumée ». Travel ban On reste au Sénégal avec l'affaire des visas américains refusés à plusieurs basketteuses sénégalaises. Les basketteuses devaient rejoindre plusieurs de leurs collègues, déjà arrivées aux États-Unis, pour un stage d'entraînement avant l'Afrobasket, qui aura lieu en Côte d'Ivoire du 25 juillet au 3 août . Comment interpréter cette décision ? Babacar N'diaye, le président de la Fédération Sénégalaise de Basket explique sobrement, dans Sénégal 7 : « l'Ambassade des États-Unis n'a accepté que les renouvellements de visa, les nouvelles demandes ont été rejetées, dont celles de cinq joueuses qui sont actuellement à Dakar ». Une affaire prise très au sérieux en haut lieu, puisque c'est le premier ministre Ousmane Sonko, lui-même, qui « a annoncé l'annulation du stage de préparation de l'équipe féminine aux États-Unis ». « Ce stage sera désormais organisé à Dakar, dans un cadre souverain et propice à la performance de nos athlètes » déclare ainsi Ousmane Sonko. Propos repris par Sénégo, qui salut « une déclaration ferme et engagée ». De son côté, Jeune Afrique évoque « la vague annoncée du "travel ban" américain et estime que « le Sénégal semble avoir déjà expérimenté la nervosité administrative américaine dans le secteur du sport (…) Jeune Afrique rappelle que le « travel ban » de Donald Trump, impliquerait « les ressortissants de 25 pays africains qui pourraient être interdits de voyage aux États-Unis ». 25 pays, dont le Sénégal.
La presse congolaise en fait ses gros titres : « Accord de paix RDC Rwanda : un pas décisif vers la stabilité », titre le Journal de Kinshasa, qui parle d'une « étape majeure » et résume les grandes lignes de l'accord trouvé mercredi à Washington, notamment « le respect mutuel de l'intégrité territoriale, l'interdiction totale des hostilités », ou encore « le désarmement et le désengagement des groupes armés non-étatiques ». De son côté, Le Maximum parle d'un « pré-accord », « arraché par Washington », estimant que « cet accord global a été obtenu grâce à la pugnacité de la médiation américaine ». « Pour l'oncle Sam », poursuit le Maximum, « il n'y a plus place désormais pour les tergiversations habituelles dans les négociations devant aboutir à la pacification de la région des Grands Lacs, perturbée de manière incessante par l'activisme militaro- économique du régime de Paul Kagamé ». La presse rwandaise évoque également ce « projet d'accord de paix », c'est le cas du New Times, qui précise que « le texte de l'accord, devrait être signé par les ministres des deux pays le 27 juin ». Et maintenant l'Iran ! Le coup de gueule de Pierre Sané, dans Sénéplus. Un texte de l'ancien haut fonctionnaire de l'ONU et secrétaire général d'Amnesty International, intitulé : « Bombarder une intention ». Pierre Sané évoque l'histoire récente et interroge : « N‘avaient-ils pas évoqué « les armes de destruction massive en Irak, malgré les dénégations de Saddam Hussein, appuyés par les rapports des inspecteurs des Nations Unies (…) une fois qu'ils ont détruit l'Irak et n'ont rien trouvé, ils ont insisté sur « l'intention » que Saddam Hussein aurait eue de s'en procurer ». « Je passe sur la Libye, la Syrie, l'Afghanistan, la Côte d'Ivoire, mensonges puis matraquages médiatiques » poursuit Pierre Sané, qui s'exclame « Et maintenant, l'Iran ! ». « Depuis 30 ans », dit-il, « Benyamin Netanyahu répète que l'Iran est à 15 jours de produire sa bombe et qu'Israël a le droit de se défendre « préemptivement », en déclenchant une intervention outrageusement illégale, soutenue par un Occident en total effondrement moral ». Pierre Sané qui conclut ainsi : « Nous savons que tout ce qui se construit sur le mensonge ne peut pas durer. L'empire du mensonge est en train de s'écrouler (…) Pendant ce temps, l'extermination systématique du peuple palestinien se poursuit avec une ferveur toute coloniale et une cruauté assumée ». Travel ban On reste au Sénégal avec l'affaire des visas américains refusés à plusieurs basketteuses sénégalaises. Les basketteuses devaient rejoindre plusieurs de leurs collègues, déjà arrivées aux États-Unis, pour un stage d'entraînement avant l'Afrobasket, qui aura lieu en Côte d'Ivoire du 25 juillet au 3 août . Comment interpréter cette décision ? Babacar N'diaye, le président de la Fédération Sénégalaise de Basket explique sobrement, dans Sénégal 7 : « l'Ambassade des États-Unis n'a accepté que les renouvellements de visa, les nouvelles demandes ont été rejetées, dont celles de cinq joueuses qui sont actuellement à Dakar ». Une affaire prise très au sérieux en haut lieu, puisque c'est le premier ministre Ousmane Sonko, lui-même, qui « a annoncé l'annulation du stage de préparation de l'équipe féminine aux États-Unis ». « Ce stage sera désormais organisé à Dakar, dans un cadre souverain et propice à la performance de nos athlètes » déclare ainsi Ousmane Sonko. Propos repris par Sénégo, qui salut « une déclaration ferme et engagée ». De son côté, Jeune Afrique évoque « la vague annoncée du "travel ban" américain et estime que « le Sénégal semble avoir déjà expérimenté la nervosité administrative américaine dans le secteur du sport (…) Jeune Afrique rappelle que le « travel ban » de Donald Trump, impliquerait « les ressortissants de 25 pays africains qui pourraient être interdits de voyage aux États-Unis ». 25 pays, dont le Sénégal.
Aujourd'hui, premier épisode de notre série tournée dans le territoire de Mahagi, une région rurale dans l'est de la RDC, à la frontière avec l'Ouganda. Au milieu de ces montagnes, sur les rives du lac Albert, coule la rivière Kakoye. Ce cours d'eau sépare la chefferie de Mokombo en deux : la rive ouest, perturbée par la présence de groupes armés, et la paisible rive est, n'ayant jamais connu d'attaque de groupe armé. De notre envoyée spéciale dans la chefferie de Mokambo, Devant la rivière Kakoye qui est une rivière qui se jette dans le lac Albert en contrebas. Aujourd'hui, c'est jour de marché, il y a de l'agitation. Les motos traversent très lourdement, chargés de produits vivriers comme des boissons, des légumes, du poisson. « Je suis en train de livrer le chargement, ce sont des boissons sucrées. Je n'ai pas l'habitude de traverser parce qu'il y a de mauvaises nouvelles qui nous arrivent de l'autre côté », raconte Uiroto Mongwi Jacquesan, conducteur de taxi-moto. En amont de la rivière, côté est, se trouve une multitude de villages densément peuplés. Ici, pas de groupes armés. Même les rares policiers n'ont pas d'armes. Les habitants se sentent protégés grâce, disent-ils, à Kakoye. Des pouvoirs attribués à cette rivière que les habitants préfèrent garder secret et que l'un des chefs de groupement de la zone, Louis Le Kodjo, détaille brièvement : « La rivière est infranchissable. Ces groupes armés, ils ont peur. S'ils songent à venir avec la guerre, la rivière devient infranchissable. Cela gonfle ou cela peut changer la couleur aussi. De ce côté de cette rivière, il n'y a jamais eu d'attaque. Nous sommes tranquilles depuis 2019. » Beaucoup fuient les attaques de la Codeco qui sévit du côté ouest de la rivière, rappelle Grégoire Tumi, le coordinateur local de la société civile de la chefferie de Mocambo, séparée en deux par la rivière Kakwa : « On constate, vers l'ouest de la chefferie, l'absence de l'autorité de l'État. Parce qu'on constate que les autorités locales, comme les chefs de villages, les chefs des groupements, ne vivent pas dans leur milieu. Même la police s'est aussi déplacée. Compte tenu des attaques répétitives, la population s'est déplacée pour vivre à l'est. » Au total, 19 camps officiels et six informels sont dans la zone, habités par des dizaines de milliers déplacés. À lire aussiConflit dans l'est de la RDC: les experts congolais et rwandais s'entendent sur un accord préliminaire de paix
À Nice, dans le sud de la France, ils sont 95 pays – dont la France – à avoir lancé un appel pour limiter la production de plastique et donc la pollution des mers. C'était cette semaine, lors de la troisième Conférence des Nations unies sur l'océan, qui s'achève ce vendredi 13 juin. Comment mieux protéger nos mers, qui recouvrent 70% de la surface du globe ? À l'heure du bilan, Ève Bazaiba Masudi se confie à RFI. Elle est ministre d'État et ministre de l'Environnement et du Développement durable en République démocratique du Congo. La cheffe de la délégation congolaise à Nice répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Qu'est-ce que vous retenez de cette troisième conférence de l'ONU sur l'océan ? Ève Bazaiba Masudi : Mais c'est vraiment une initiative très importante parce que ça nous permet de mobiliser davantage les soutiens politiques de très haut niveau en faveurs des initiatives africaines et surtout de susciter un élan de développement et d'accélérer les investissements sur les infrastructures portuaires, c'est ce qui nous manquait, et de renforcer la gouvernance océanique. Et en ce qui concerne la République démocratique du Congo, nous avons présenté le fait que la montée des eaux de la mer, par exemple où les pays insulaires sont en danger, c'est une conséquence logique du réchauffement de la planète. Donc, on ne peut pas dissocier la conservation, la protection des forêts et la gestion durable, donc, de nos mers. Et dans cette optique-là de partenariat gagnant-gagnant, la République démocratique du Congo, tout en étant victime de la situation dont elle n'est pas responsable, apporte une solution. Les forêts, les ressources en eau, les minerais critiques ou stratégiques et, de l'autre côté, les autres pays qui vont venir en partenariat avec nous vont apporter leurs fonds, leurs transferts de technologie, voilà un partenariat gagnant-gagnant qui va sauver l'humanité. Donc, il faut une coopération scientifique et des transferts de technologie ? Tout à fait, parce que les populations seront obligées de changer leurs habitudes. Nous qui sommes à la fois un pays forestier et un pays qui a accès à la mer, nous devons changer nos habitudes dans la conservation des forêts, dans la gestion durable des océans. Par exemple, la lutte contre la pollution plastique ; par exemple, la protection des mangroves ; par exemple, arrêter l'agriculture itinérante sur brulis, ne plus utiliser à outrance le bois comme énergie... Et ça demande des moyens, ça demande des fonds, parce que protéger la RDC, c'est sauver l'humanité. La RDC ne peut pas être un pays qui fait face à des conflits, par exemple, pour nous distraire. À l'est du pays, vous avez vu, il y a des vautours qui viennent pour l'exploitation illégale et illicite de nos ressources minières. Nous avons besoin de la paix et d'une paix durable. Ève Bazaiba Masudi, vous avez parlé de la pollution plastique. Alors, l'un des moments forts de cette conférence de Nice a été l'annonce que 95 pays soutenaient le projet d'adopter un traité ambitieux pour réduire la production de plastique et donc la pollution des mers. Qu'en est-il de la République démocratique du Congo ? Est ce qu'elle fait partie de ces 95 pays ? Nous soutenons ce traité tout en disant que c'est un processus. On n'est pas là pour les stopper directement, ces plastiques, nous allons y aller progressivement. C'est l'approche de la République démocratique du Congo. Il n'y a pas que des bouteilles en plastique, il y a plusieurs sortes de plastique, y compris des pneumatiques, n'est-ce pas ? En passant même par les jouets des enfants et autres ustensiles de cuisine, etc. La récupération, la transformation, le recyclage, et cetera, c'est comme ça que nous sommes dans ces processus dans notre pays. Est-ce que la RDC est dans les 95 ou pas ? Nous sommes dans les 95 pays, nous sommes dans ce processus-là. Nous l'avons commencé. Bientôt, il y aura les négociations qui vont continuer à Genève. Nous sommes là, nous faisons partie de cela. Le problème, madame la ministre, c'est que le plastique, il est fait à partir du pétrole et que beaucoup de pays pétroliers comme la Russie, l'Iran, l'Arabie saoudite sont opposés à cette limitation de la production de plastique. Vous savez, eux aussi, vivent le revers de la main de tous les procédés polluants qu'ils sont en train d'utiliser. Tout ce que nous allons faire, c'est la conscientisation. Parce que si nous ne prenons pas garde, nous risquons de vivre l'hécatombe, y compris dans ces pays-là. Alors, nous devons y aller étape par étape, leur demander par exemple d'appuyer le processus de récupération de ces plastiques, le processus des déchets et, étape par étape, lorsque nous allons stopper la consommation, lorsqu'il y aura plus de demande, l'offre ne viendra plus. Oui, mais ce que disent beaucoup, c'est qu'il ne suffit pas de gérer les déchets plastiques, il faut aussi réduire la production des plastiques. C'est ce que je dis, l'offre et la demande. Lorsque nous n'aurons plus de besoins de plastique, ils ne vont plus avoir l'intérêt à produire. Oui, c'est ça, il faut remplacer le plastique par autre chose ? Oui, par les matières biodégradables au niveau des emballages déjà, nous allons mettre des barrières sur la consommation des plastiques. Nous qui sommes des importateurs, nous allons arriver jusqu'à la limitation, donc, de l'entrée des plastiques dans notre pays, en commençant d'abord par exiger des plastiques recyclés localement. Je pense que la demande va diminuer, il n'y aura plus d'intérêt de fabrication, donc l'offre va s'arrêter de soi-même.
Pour cette deuxième émission enregistrée en marge du cinquième congrès mondial consacré à la drépanocytose, qui se tient à Abuja cette semaine, Priorité Santé propose un coup de projecteur sur les initiatives et programmes mis en œuvre en République Démocratique du Congo. La RDC est, après le Nigeria, le deuxième pays le plus touché par la maladie génétique de l'hémoglobine à l'échelle du continent africain. Depuis 2012, la fondation Pierre Fabre s'est engagée auprès des soignants, de la société civile et des autorités locales impliqués dans la lutte, pour améliorer dépistage et prise en charge des patients. Et nous donnons la parole à ces différents acteurs, pour évaluer les progrès et les défis à relever pour améliorer les conditions de vie des personnes drépanocytaires, et en particulier des enfants, en RDC. Cette émission est réalisée avec le soutien de la Fondation Pierre Fabre. Nancy Madingo, infirmière du programme PAFOVED/CEFA-MONKOLE et au Centre de recherche IRB-one health dédiée à la drépanocytose Pr Léon Tshilolo, pédiatre hématologue, ancien médecin directeur du Centre hospitalier Monkole de Kinshasa, directeur de l'Institut de Recherche Biomédicale 1-Health, associé au CEFA-Monkole, président du REDAC (Réseau d'Étude de la Drépanocytose en Afrique Centrale) et Co-Chair de Sickle In Africa Consortium et Co-Chair du Veme Global SCD Meeting Dr Patricia Fotto, médecin de santé publique et directrice du Programme national de lutte contre la drépanocytose, en RDC Christophe Przybylski, directeur scientifique de la Fondation Pierre Fabre. Découvrez le programme de formation gratuit sur la drépanocytose : e-drépanocytose. Programmation musicale : ► Inoss'B – Bango kaka te► Adekunle Gold – Sinner.
Pour cette deuxième émission enregistrée en marge du cinquième congrès mondial consacré à la drépanocytose, qui se tient à Abuja cette semaine, Priorité Santé propose un coup de projecteur sur les initiatives et programmes mis en œuvre en République Démocratique du Congo. La RDC est, après le Nigeria, le deuxième pays le plus touché par la maladie génétique de l'hémoglobine à l'échelle du continent africain. Depuis 2012, la fondation Pierre Fabre s'est engagée auprès des soignants, de la société civile et des autorités locales impliqués dans la lutte, pour améliorer dépistage et prise en charge des patients. Et nous donnons la parole à ces différents acteurs, pour évaluer les progrès et les défis à relever pour améliorer les conditions de vie des personnes drépanocytaires, et en particulier des enfants, en RDC. Cette émission est réalisée avec le soutien de la Fondation Pierre Fabre. Nancy Madingo, infirmière du programme PAFOVED/CEFA-MONKOLE et au Centre de recherche IRB-one health dédiée à la drépanocytose Pr Léon Tshilolo, pédiatre hématologue, ancien médecin directeur du Centre hospitalier Monkole de Kinshasa, directeur de l'Institut de Recherche Biomédicale 1-Health, associé au CEFA-Monkole, président du REDAC (Réseau d'Étude de la Drépanocytose en Afrique Centrale) et Co-Chair de Sickle In Africa Consortium et Co-Chair du Veme Global SCD Meeting Dr Patricia Fotto, médecin de santé publique et directrice du Programme national de lutte contre la drépanocytose, en RDC Christophe Przybylski, directeur scientifique de la Fondation Pierre Fabre. Découvrez le programme de formation gratuit sur la drépanocytose : e-drépanocytose. Programmation musicale : ► Inoss'B – Bango kaka te► Adekunle Gold – Sinner.
Le marché du cobalt est toujours secoué par la décision de la République démocratique du Congo, prise fin février, de ne plus exporter son minerai pendant quatre mois. Le pays produisant les deux tiers du cobalt mondial, l'annonce a donc fait l'effet d'un séisme dans le secteur. La filière est maintenant dans l'attente de ce que décidera la RDC d'ici à la fin du mois de juin. La décision de Kinshasa a permis de faire remonter les prix, c'était son but. Mais elle a aussi asséché le marché, dont les stocks de métal disponibles à l'extérieur du pays n'étaient que de quatre mois de consommation, début janvier 2025, selon l'Institut du Cobalt, qui regroupe les industriels de la filière. Les usines de raffinage, qui souffraient des prix bas, manquent maintenant d'approvisionnement en matière première. Le marché a été si bousculé, que l'Institut du cobalt, détaille, dans un rapport publié fin mai, quatre scénarios, en fonction de ce que Kinshasa pourrait décider.Quatre scénarios pour les marchésLes volumes qui sortiront de République démocratique du Congo (RDC), dans les prochains mois, seront déterminants pour savoir si le marché restera excédentaire. Selon les hypothèses, le trop-plein de cobalt pourrait durer jusqu'en 2030 au moins, ou au contraire laisser place à un déficit dès 2027. Qui dit déficit, dit, en général, remontée des cours. Le positionnement de la RDC aura aussi un impact sur la consommation : les difficultés d'approvisionnement sur le long terme pourraient « détruire la demande », comme on dit dans le jargon, et conforter les technologies qui se passent de cobalt comme celle des batteries LFP (lithium fer phosphate).Une demande record, en hausseSelon les derniers chiffres publiés par l'Institut du Cobalt, la demande n'a jamais été si forte qu'en 2024, avec une consommation de plus de 200 000 tonnes qui pourrait doubler d'ici à la fin de la décennie, selon les prévisions de Benchmark.Le secteur le plus gourmand est celui de l'automobile : à l'horizon 2030, près de 60% du cobalt pourrait être absorbé par la fabrication de batteries. Les prévisions restent difficiles et sont « plus pessimistes qu'auparavant », selon l'Institut du Cobalt, car elles sont mises à mal par la situation économique mondiale et par la politique de l'administration Trump moins favorable à la généralisation des véhicules électriques. Parmi les pays producteurs qui profiteront de demande, il y a la RDC au premier chef, mais aussi l'Indonésie dont la part de marché ne cesse d'augmenter. La RDC qui représentait jusqu'à ce qu'elle gèle ses exportations 76% de l'offre mondiale, devrait voir sa part baisser à 65% en 2030 pendant que l'Indonésie devrait, à cet horizon, voir la sienne grimper pour atteindre 22% du cobalt mondial.À lire aussiLa RDC suspend les exportations de cobalt pour voir remonter les prix
Un jour après la tenue à Kampala en Ouganda d'un sommet des chefs d'États du Mécanisme de suivi de l'accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, qui a vu Yoweri Museveni prendre la tête de cette initiative, retour sur le bilan d'un énième mécanisme instauré pour tenter de ramener la paix dans l'Est du Congo, en proie à l'instabilité depuis des décennies. Un empilement qui peut semer la confusion auprès des populations victimes, selon Christoph Vogel. Il est le grand invité Afrique de Esdras Ndikumana. RFI : Nous sommes au lendemain d'un sommet des chefs d'État du mécanisme de suivi de L'accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région. Certaines voix critiques parlent d'un énième mécanisme qui n'est pratiquement d'aucune utilité. Qu'en pensez-vous ? Christoph Vogel : L'accord-cadre, ça fait longtemps qu'il a été créé. C'est un accord qui est sur le papier pas mauvais parce que justement, il est assez détaillé, il est assez compréhensif. Par contre, le souci avec cet accord se pose beaucoup plus sur le point de l'implémentation, parce qu'il y a de nombreuses provisions de cet accord qui n'ont pas été implémentées.Mais concrètement, est-ce qu'il y a certains éléments qui étaient prévus, qui ont été mis en œuvre ? Il y a pas mal d'aspects qui ont été mis en œuvre de manière embryonnaire, notamment lorsque cet accord était encore frais et jeune. Et c'est aujourd'hui que cet accord revient sur la table, mais il est accompagné aujourd'hui aussi de nombreuses autres initiatives de paix. Ce qui peut créer une friction, évidemment, entre des processus qui ont lieu en parallèle.Depuis la reprise de la guerre à l'est de la RDC en 2022, les initiatives de paix se succèdent, d'abord africaine avec le processus de Nairobi et celui de Luanda. Puis ces deux processus ont fusionné. Deux nouveaux processus sont apparus avec Doha et Washington, qui semblent plus prometteurs. Comment l'expliquez-vous ? C'est assez compliqué parce qu'évidemment, on ne sait pas tout de ce qui se dit derrière les coulisses. Ce qu'on sait, c'est que pour le cas de Doha, le Qatar a été derrière les coulisses, assez impliqué, aussi dans une optique de la politique étrangère qatarie pour le cadre des efforts américains. Évidemment, c'est fortement lié à cette envie du nouveau gouvernement américain de revendiquer sa place en tant que puissance globale qui cherche à maintenir ses intérêts dans différentes parties du monde, inclus la région des Grands Lacs.Est-ce que vous pensez que l'implication de la première puissance mondiale avec Trump, cette fois-ci, ça peut être la bonne ? Alors, c'est un couteau à double tranchant. D'un côté, le poids et la puissance américaine peut évidemment se traduire dans une force capable de rassembler les différentes parties au conflit actuel. De l'autre côté, il y a aussi certains observateurs qui se demandent justement quels sont les intérêts stratégiques américains qui vont au-delà de cette volonté de juste essayer de contribuer à une voie pour la paix.Depuis des décennies, on constate que lorsqu'une initiative ne marche pas dans la recherche de la paix à l'est de la RDC, la réponse est apparemment de créer une autre initiative tout en gardant la première. Est-ce que tout cela ne conduit pas à une certaine confusion et une certaine cacophonie ? Évidemment, cette pléthore d'initiatives et de tentatives qui se succèdent et qui d'ailleurs coexistent peut créer justement cette image de confusion. Il faut voir que si, par exemple, une initiative particulière n'aboutit pas, évidemment, dans ce cas-là, ça serait bien d'un côté de fusionner et harmoniser ces processus ou formellement mettre fin à certaines initiatives pour permettre plus de place à des processus alternatifs et ainsi, de diminuer ce sentiment de confusion qui peut évidemment être créé parmi les populations concernées. Entre temps, il y a une nouvelle donne qui vient d'apparaître à l'est de la RDC, l'ancien président Joseph Kabila. Est-ce que son entrée en jeu au grand jour est de nature à changer la nature du conflit auquel on assiste ? Alors, évidemment, le président Kabila, qui a été à la tête de la RDC pendant 17 ans, reste une figure de poids sur la scène politique, non seulement en RDC, mais aussi à travers toute la région. Et c'est ainsi que son entrée dans le jeu visible et tangible suite à quand même aussi plusieurs mois de rumeurs qui ont déjà un peu annoncé cela depuis peut être un élément qui réorganise certains processus et certaines coalitions entre les autres acteurs. Par contre, en l'absence d'une déclaration à Goma, ce n'est pas encore tout à fait clair, ni de savoir à quel niveau cela va changer les différentes initiatives qui sont déjà en cours, ni non plus comment sera le positionnement final du président Kabila ?À lire aussiEst de la RDC: «Faites taire les armes», lance le chef de l'ONU
C'était vendredi soir, au lendemain de la levée de son immunité parlementaire, Joseph Kabila, ex-président de la RDC et sénateur à vie, rompt le silence. « Presque six ans après son départ du pouvoir, relate Le Point Afrique, il prend la parole dans une allocution télévisée de quarante-cinq minutes diffusée sur Internet. (…) Le ton est grave, le message frontal. L'ancien président accuse ouvertement le régime de Félix Tshisekedi d'avoir transformé le Parlement, "temple de la démocratie", en simple "chambre d'enregistrement de la volonté d'un seul homme". Le visage figé, mais le verbe acéré, Kabila, désormais âgé de 53 ans, se pose en victime d'un pouvoir qu'il estime autoritaire et revanchard ».« "Ivresse du pouvoir", "cynisme" et "tyrannie" : Joseph Kabila charge Félix Tshisekedi, pointe Jeune Afrique. (…) En filigrane, le raïs, qui n'est plus rentré en RDC depuis janvier 2024, tente de se poser en homme providentiel, sans pour autant expliciter le rôle qu'il pourrait jouer dans le cadre d'une sortie de crise ».Qui est de retour ?En effet que veut vraiment Kabila ? Pour Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC, « l'ancien président laisse peu de doutes sur sa volonté de revenir jouer un rôle de premier plan dans la crise congolaise. Mais lequel ? (…) Dans sa conclusion, Joseph Kabila affirme que dans la crise congolaise, "chacun doit jouer sa partition", et s'engage à jouer la sienne ».Mais quelle partition ?, s'interroge encore Afrikarabia. « Est-ce celle de l'ancien militaire qui "a juré de défendre la patrie jusqu'au sacrifice suprême", ou celle de l'ancien chef de l'État qui veut "restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d'un véritable État de droit". Qui est de retour ? L'ancien chef de guerre ou bien le démocrate qu'il se revendique ? Seul l'avenir nous dira quel costume Joseph Kabila aura finalement choisi de revêtir ».Difficile de sonder les intentions de l'ex-président congolais, relève également Afrik.com : « en appelant à un "pacte citoyen" pour "tirer le pays du gouffre", Joseph Kabila tente de se repositionner en homme d'État soucieux de l'intérêt général. Mais cette main tendue apparaît aussi comme un défi au pouvoir en place, une manière de contourner les institutions qu'il juge "illégitimes" et de s'adresser directement au peuple. La RDC entre ainsi dans une situation extrêmement délicate, soupire Afrik.com : un ancien président mis en accusation, un climat sécuritaire délétère, une opposition fragmentée mais en éveil, et une population de plus en plus méfiante face à ses élites. L'avenir politique de Joseph Kabila, comme celui de la RDC, est suspendu aux décisions des prochains jours. Mais une chose est sûre, conclut le site panafricain : en brisant le silence, l'ancien président a rouvert une page que le pouvoir espérait avoir définitivement tournée ».« Quel culot ! »La presse ouest-africaine ne ménage pas ses critiques à l'endroit de l'ancien président…« C'est l'hôpital qui se fout de la charité », s'exclame Le Pays au Burkina Faso. « S'il y a un dirigeant dont le nom reste associé aux pratiques autoritaires, à la répression, à la personnalisation du pouvoir et qui a incarné les verrouillages institutionnels et les violences étatiques qui ont marqué deux décennies de règne sans partage, c'est bien Joseph Kabila lui-même ».Et Le Pays de s'interroger : « par quelle étrange alchimie ou amnésie politique ose-t-il donc aujourd'hui s'ériger en chantre des libertés individuelles et collectives, alors qu'il avait réduit tous les espaces démocratiques et laissé s'enkyster les conflits dans le Nord et le Sud Kivu ? ».« Non à l'imposture de Joseph Kabila », renchérit Ledjely en Guinée. « Quel culot ! (…) Joseph Kabila ne peut en aucun cas faire partie de la solution. Il incarne, à bien des égards, le cœur même du problème de la RDC ». Et« il revient désormais au peuple congolais de barrer la route à cette imposture, estime le site d'information guinéen. De dire non à cette tentative cynique de manipulation. Car Joseph Kabila incarne l'un des visages du mal qui ronge le pays depuis l'indépendance. Le Congo souffre de l'irresponsabilité chronique de ses élites, qui n'ont jamais considéré le pays et ses habitants autrement que comme des variables d'échange au service de leurs intérêts ».
C'était vendredi soir, au lendemain de la levée de son immunité parlementaire, Joseph Kabila, ex-président de la RDC et sénateur à vie, rompt le silence. « Presque six ans après son départ du pouvoir, relate Le Point Afrique, il prend la parole dans une allocution télévisée de quarante-cinq minutes diffusée sur Internet. (…) Le ton est grave, le message frontal. L'ancien président accuse ouvertement le régime de Félix Tshisekedi d'avoir transformé le Parlement, "temple de la démocratie", en simple "chambre d'enregistrement de la volonté d'un seul homme". Le visage figé, mais le verbe acéré, Kabila, désormais âgé de 53 ans, se pose en victime d'un pouvoir qu'il estime autoritaire et revanchard ».« "Ivresse du pouvoir", "cynisme" et "tyrannie" : Joseph Kabila charge Félix Tshisekedi, pointe Jeune Afrique. (…) En filigrane, le raïs, qui n'est plus rentré en RDC depuis janvier 2024, tente de se poser en homme providentiel, sans pour autant expliciter le rôle qu'il pourrait jouer dans le cadre d'une sortie de crise ».Qui est de retour ?En effet que veut vraiment Kabila ? Pour Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC, « l'ancien président laisse peu de doutes sur sa volonté de revenir jouer un rôle de premier plan dans la crise congolaise. Mais lequel ? (…) Dans sa conclusion, Joseph Kabila affirme que dans la crise congolaise, "chacun doit jouer sa partition", et s'engage à jouer la sienne ».Mais quelle partition ?, s'interroge encore Afrikarabia. « Est-ce celle de l'ancien militaire qui "a juré de défendre la patrie jusqu'au sacrifice suprême", ou celle de l'ancien chef de l'État qui veut "restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d'un véritable État de droit". Qui est de retour ? L'ancien chef de guerre ou bien le démocrate qu'il se revendique ? Seul l'avenir nous dira quel costume Joseph Kabila aura finalement choisi de revêtir ».Difficile de sonder les intentions de l'ex-président congolais, relève également Afrik.com : « en appelant à un "pacte citoyen" pour "tirer le pays du gouffre", Joseph Kabila tente de se repositionner en homme d'État soucieux de l'intérêt général. Mais cette main tendue apparaît aussi comme un défi au pouvoir en place, une manière de contourner les institutions qu'il juge "illégitimes" et de s'adresser directement au peuple. La RDC entre ainsi dans une situation extrêmement délicate, soupire Afrik.com : un ancien président mis en accusation, un climat sécuritaire délétère, une opposition fragmentée mais en éveil, et une population de plus en plus méfiante face à ses élites. L'avenir politique de Joseph Kabila, comme celui de la RDC, est suspendu aux décisions des prochains jours. Mais une chose est sûre, conclut le site panafricain : en brisant le silence, l'ancien président a rouvert une page que le pouvoir espérait avoir définitivement tournée ».« Quel culot ! »La presse ouest-africaine ne ménage pas ses critiques à l'endroit de l'ancien président…« C'est l'hôpital qui se fout de la charité », s'exclame Le Pays au Burkina Faso. « S'il y a un dirigeant dont le nom reste associé aux pratiques autoritaires, à la répression, à la personnalisation du pouvoir et qui a incarné les verrouillages institutionnels et les violences étatiques qui ont marqué deux décennies de règne sans partage, c'est bien Joseph Kabila lui-même ».Et Le Pays de s'interroger : « par quelle étrange alchimie ou amnésie politique ose-t-il donc aujourd'hui s'ériger en chantre des libertés individuelles et collectives, alors qu'il avait réduit tous les espaces démocratiques et laissé s'enkyster les conflits dans le Nord et le Sud Kivu ? ».« Non à l'imposture de Joseph Kabila », renchérit Ledjely en Guinée. « Quel culot ! (…) Joseph Kabila ne peut en aucun cas faire partie de la solution. Il incarne, à bien des égards, le cœur même du problème de la RDC ». Et« il revient désormais au peuple congolais de barrer la route à cette imposture, estime le site d'information guinéen. De dire non à cette tentative cynique de manipulation. Car Joseph Kabila incarne l'un des visages du mal qui ronge le pays depuis l'indépendance. Le Congo souffre de l'irresponsabilité chronique de ses élites, qui n'ont jamais considéré le pays et ses habitants autrement que comme des variables d'échange au service de leurs intérêts ».
Développer les infrastructures dans les corridors sud de la RDC, notamment celui de Lobito et de Banana, le sujet était au centre des discussions lors du salon du développement des villes et des corridors, Expo Béton, qui réunissait une centaine d'acteurs des secteurs public et privé à Lubumbashi. Parmi les leviers importants de ces projets figurent les infrastructures routières. Mais la RDC peine à mobiliser les ressources pour financer leur réhabilitation. Sur le tracé du corridor de Lobito, se déplacer par la route de Kolwezi à la frontière avec l'Angola, est un parcours du combattant. « Pour parcourir les 440 km, ça peut prendre 15 à 20 jours, voire un mois !, témoigne Donat Tshimboj, transporteur des marchandises sur ce tronçon. Les camions se renversent avec leurs marchandises. La plupart des transporteurs ont décidé de retirer leurs camions de la circulation. »Cette situation n'est pas unique. La RDC a un réseau routier de 156 000 km dont près de 4 000 km seulement sont asphaltés. Le salon du développement des villes et des corridors à Lubumbashi a recommandé l'investissement dans ce domaine. « Nous avons entendu des appels urgents sur des partenariats publics-privés pour accélérer les investissements dans les infrastructures stratégiques », rappelle Jean Bamanisa, directeur d'Expo Béton.Déficit du Fonds national d'entretien routierMais du côté du secteur public, le Fonds national d'entretien routier (Foner), l'organisme chargé de la mobilisation des ressources financières, connaît un déficit criant. Ses recettes proviennent à 95% de la redevance sur la mise en consommation des produits pétroliers. Alors qu'il a besoin d'au moins 950 millions de dollars par an pour l'entretien des routes, le Foner ne mobilise que 156 millions de dollars à cause de la fraude. « Un premier niveau de fraude se manifeste lorsque certains produits n'arrivent dans les entrepôts, explique Pierre Bundoki, le directeur général du Foner. S'ils n'arrivent dans les entrepôts, on ne peut pas percevoir [la redevance]. Le deuxième niveau de la fraude, c'est au moment de la sortie des entrepôts, tout n'est pas renseigné. À titre illustratif, en 2024, le Foner devait percevoir 458 millions de dollars, il n'a encaissé que 164 millions de dollars. »À lire aussiRDC: trous énormes, boue... la route entre Goma et Masisi, un cauchemar pour les conducteursModèle tanzanien de financement ?Pour l'heure, la RDC reste le maillon faible de ces corridors faute de capitaux. Pour relever le défi, la Tanzanie a proposé à la RDC son modèle de mobilisation locale des ressources financières. « En Tanzanie, il y a eu les Samia Bonds, détaille Patient Mwenze, le directeur adjoint de la CRDB (Cooperative Rural Development Bank), une banque commerciale tanzanienne installée en RDC depuis 2023. C'est une levée des fonds qui a été faite, où la CRDB a permis à la population de souscrire à ses obligations. En l'espace de trois mois, ça a permis de lever 125 millions de dollars qui sont allés dans la construction des infrastructures. »La RDC espère qu'avec les partenaires privés, elle pourra exploiter tous les corridors sud.À lire aussiLes routes en Afrique: un frein au développement?
Pillages, spoliation d'entreprises, banques à l'arrêt. La guerre a paralysé les activités économiques de l'est de la RDC. Les entrepreneurs espèrent beaucoup des pourparlers en cours à Washington. Le Rwanda et la RDC se sont donnés jusqu'au vendredi 2 mai pour parvenir à un projet d'accord de paix. Près de 90 entreprises qu'il accompagne ont mis la clé sous la porte à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Jean-Paul Lokumu, consultant en entrepreneuriat, constate l'abattement et le sentiment d'abandon des patrons dans une région coupée du monde : « Lorsqu'il n'y a plus de liaisons aériennes, lorsque les banques ne fonctionnent plus, on ne peut même pas parler de climat des affaires pour le moment. »Appel aux financements, même sans les banquesJean-Paul Lokumu se fait le porte-voix des patrons des Kivu, qui espèrent une paix rapide. En attendant, ils demandent de l'aide : « Je fais appel aux ONG, aux structures de financement pour venir à notre rescousse. Même si les banques sont fermées, il y a la possibilité de travailler sur la résilience, de trouver une solution pour ces entrepreneurs. En tout cas, ils sont vraiment dans le besoin. » L'amélioration du climat des affaires, c'est un des crédos de l'exécutif congolais ces derniers mois. Lors d'un forum à Casablanca la semaine dernière, le ministre de l'Économie nationale, Daniel Mukoko Samba a invité les entrepreneurs étrangers à investir en RDC.Mi-avril, Thierry Katembwe, conseiller du président de la République Félix Tshisekedi, était, lui aussi, à Paris pour convaincre des entreprises françaises d'investir dans le pays. « La démarche est assez claire quand on sait que le pays va finir par être pacifié. On sait que tout est une question d'économie, tout est une question d'opportunités, insiste-t-il sous les ors de l'ambassade de RDC en France.Accor veut un hôtel à Goma« Aujourd'hui, on dit à tous ces investisseurs "Venez directement en RDC". On est en train de mettre en place une plateforme énorme pour que les différentes multinationales s'y retrouvent. On est très heureux aujourd'hui d'avoir des grosses boîtes françaises, les plus grosses boîtes américaines qui sont déjà engagées et donc on en veut encore plus ».Le Nord-Kivu intéresse toujours le groupe hôtelier français Accor qui a un projet d'hôtel Ibis Style à Goma. « Notre partenaire local a une parfaite lecture des dynamiques de développement que va connaître sa ville dans les années à venir. Il croit fortement à son potentiel et il faut se projeter, assure Réda Faceh, vice-président en charge du développement en Afrique centrale d'Accor. Il est clair qu'à l'instant T, c'est un peu compliqué, mais on est optimiste. La ville va connaître un dénouement heureux et c'est ce qu'on lui souhaite. On espère justement pouvoir développer très prochainement un hôtel, voire plusieurs à Goma, qui reste quand même une ville d'une taille assez importante ». La RDC cherche toujours à diversifier son économie. Mais c'est bien autour de ses précieux minerais critiques qu'un accord avec les États-Unis est en train d'être concoctéÀ lire aussiTrump, les 100 jours: les Grands Lacs et Donald Trump, diplomatie et business intimement liés À lire aussiRDC: début de l'évacuation de militaires et policiers congolais protégés par la Monusco à Goma
durée : 00:05:21 - Le Journal de l'éco - par : Anne-Laure Chouin - Parfois qualifié de "scandale géologique" pour l'abondance de ses ressources minérales, la République Démocratique du Congo cherche à renégocier les contrats qui ont surtout profité aux Chinois et à diversifier la nationalité de ses investisseurs en se tournant davantage vers les États-Unis.
Pour essayer de résoudre le conflit meurtrier dans l'est de la RDC, l'Union africaine va chercher aujourd'hui un médiateur qui vient d'un pays très éloigné du théâtre des opérations. Il s'agit de Faure Gnassingbé, le président du Togo. Pourquoi ce choix ? A-t-il plus de chances de réussir que son prédécesseur, l'Angolais Joao Lourenço ? Pour l'Institut Ebuteli, Pierre Boisselet est responsable des recherches sur les violences en République Démocratique du Congo. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : L'attaque des quartiers ouest de Goma le week-end dernier est-elle le signe que le M23 ne contrôle pas la totalité du territoire qu'il a conquis ces trois derniers mois dans l'est du Congo ? Pierre Boisselet : Oui, en tout cas, c'est certainement le signe que leM23 n'est pas totalement en mesure d'assurer la paix et la sécurité dans le territoire sous son contrôle. Alors les événements du week-end dernier sont probablement les plus spectaculaires qui ont eu lieu, au moins depuis que le M23 a pris les villes de Goma et Bukavu, au début de l'année… Mais il y en a eu d'autres. On pense notamment aux explosions qui ont eu lieu à Bukavu peu après la conquête de cette ville, en marge d'un meeting de Corneille Nangaa. Il y a aussi eu ces derniers jours des incursions de miliciens wazalendo aux abords de la localité de Kavumu, au Sud-Kivu, où l'on trouve le principal aéroport de cette province du Sud-Kivu. Donc, on voit que, à plusieurs endroits et à plusieurs moments, le M23 a montré que son contrôle de la situation n'était pas total.Il y a un mois, le M23 s'est emparé aussi de la ville de Walikale, sur la route de Kisangani. Et puis, quelques jours plus tard, le mouvement rebelle s'est retiré de cette position importante. Est-ce un retrait stratégique ou politique ? Alors, c'est probablement un peu des deux. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on a constaté que le M23 avait beaucoup de difficultés à maintenir ses lignes logistiques jusqu'à cette localité de Walikale qu'il venait de conquérir, notamment la route entre Masisi et Walikale n'était pas du tout sécurisée et les convois étaient à la merci d'attaques de harcèlement. Mais par ailleurs, ce retrait est aussi intervenu au moment où les discussions étaient relancées par le Qatar. Une des conséquences de la prise de Walikale, ça a été la fermeture de la mine d'Alphamin qui est contrôlée par des capitaux américains. Et donc voilà, le fait qu'il se soit retiré, ça a permis l'annonce au moins de la reprise de la production dans cette mine. Donc on peut imaginer qu'il y a pu aussi avoir des pressions politiques qui ont abouti à ce retrait.Et le retrait du M23 de Walikale a coïncidé avec la visite d'un émissaire américain à Kigali ?Tout à fait, Monsieur Boulos, qui d'ailleurs a lui-même annoncé la reprise des activités d'Alphamin dont je parlais à l'instant. Donc voilà, on peut imaginer qu'il y a eu un message de passé à cette occasion.Y a-t-il eu un deal entre messieurs Trump et Kagame ?Alors… Là, je ne saurais m'avancer jusque-là. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a eu des discussions. Alors en réalité, surtout entre le gouvernement congolais et le gouvernement américain sur l'accès aux immenses ressources minérales congolaises. Alors est-ce qu'il y a eu d'autres négociations parallèles ? Ça, je ne le sais pas.Du côté des médiations internationales, le Qatar a réussi un joli coup, c'était le 18 mars dernier, quand il a réuni les présidents Tshisekedi et Kagame à Doha. Mais est-ce que cela n'a pas été un succès sans lendemain ? Alors c'est peut-être un tout petit peu tôt pour l'affirmer, mais c'est vrai que ça n'a pas forcément embrayé avec un processus très convaincant, je dirais. On sait que, depuis ce 18 mars, il y a eu des délégations du M23 et du gouvernement congolais qui devaient se rencontrer à Doha pour poursuivre sur la lancée du sommet. Mais à ce stade, il y a vraiment peu d'écho. Il semblerait qu'il y ait assez peu d'avancées dans ces discussions qui ont donc suivi le sommet.Dernière surprise, c'était le week-end dernier : l'Union africaine a désigné le président togolais Faure Gnassingbé comme nouveau médiateur à la place de l'Angolais João Lourenço. Est-ce que João Lourenço se heurtait à la méfiance de Paul Kagame ? Ce qui n'est peut-être pas le cas du nouveau médiateur togolais ? Alors ce qui est certain, c'est que le Togo entretient de très bonnes relations avec le Rwanda. Ce qui était peut-être un peu moins le cas de João Lourenço. Donc ça, ça peut être un point positif.Faure Gnassingbé s'entend bien aussi avec Felix Tshisekedi ?Oui, il semblerait. Et donc, l'arrivée fracassante du Qatar dans cette médiation n'avait pas forcément été anticipée par l'Union africaine et l'a quelque peu marginalisée. Donc probablement qu'il s'agit aussi, au moins en partie, de replacer l'Union africaine dans cette médiation.En allant chercher un pays en Afrique de l'Ouest, très loin du théâtre des opérations ?Oui, notamment. Alors c'est vrai que, contrairement à João Lourenço d'ailleurs, le président togolais ne siège dans aucune de ces deux organisations que sont la SADEC et l'EAC, dont on connaît les tensions. Et donc ça pourrait lui donner un avantage en termes de neutralité. Mais peut-être que la difficulté, par contre, ça sera pour le président togolais d'arriver à convaincre les deux présidents d'arriver à un compromis. On ne voit pas forcément de quel moyen de pression, il dispose pour leur tordre le bras et y arriver.À lire aussiConflit dans l'est de la RDC: le président togolais désigné médiateur par l'Union africaine
durée : 00:05:30 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Le conseiller spécial de Donald Trump pour l'Afrique s'est rendu à Kinshasa pour discuter de la paix dans l'est de la RDC et "promouvoir les investissements du secteur privé américain". La RDC regorge de cobalt, coltan, lithium, tantale, des minerais rares essentiels aux technologies avancées.
durée : 00:06:00 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Le conseiller spécial de Donald Trump pour l'Afrique s'est rendu à Kinshasa pour discuter de la paix dans l'est de la RDC et "promouvoir les investissements du secteur privé américain". La RDC regorge de cobalt, coltan, lithium, tantale, des minerais rares essentiels aux technologies avancées.
Il y a deux mois, Goma, plus grande ville de l'est de la République démocratique du Congo, était prise par l'AFC/M23 soutenu par le Rwanda, après de violents affrontements qui s'étaient déroulés jusque dans le centre-ville de la capitale de la province du Nord-Kivu. Retour sur ces violences d'une grande ampleur (qui ont alors secoué la ville) et leurs conséquences jusqu'à ce jour, avec notre Grande invitée Afrique ce matin : Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge à Goma, est interrogée par Esdras Ndikumana. RFI : Vous êtes à Goma, une ville qui est passée sous contrôle de l'AFC/M23 depuis fin janvier. Est-ce que la situation humanitaire qui prévaut aujourd'hui est toujours aussi alarmante que lors de la prise de cette ville ?Myriam Favier : Fin janvier, à Goma et aux alentours, il y a eu une escalade de la violence, y compris en zone urbaine avec une utilisation d'artillerie en zone peuplée. Ça voulait dire, effectivement, beaucoup de blessés. Pas d'électricité pendant quasiment une semaine, donc pas d'eau car c'est directement lié. Des corps qui jonchaient le sol, tous les hôpitaux et les structures de santé en suroccupation. Donc, la situation humanitaire était terrible. Je pense que, aujourd'hui, la situation s'est stabilisée. Pour le CICR, ça veut dire que le point crucial en ce moment, c'est de répondre aux besoins essentiels des gens en réduisant les risques auxquels on fait face.Vous l'avez évoqué, ces affrontements ont fait de nombreuses victimes civiles. Combien en avez-vous recensé au CICR ? On a, avec la Croix-Rouge de la RDC, ramassé des corps, donné à ces corps une sépulture digne. C'étaient plus de 900 corps qui ont été enterrés par la Croix-Rouge et le CICR. Bien sûr, il y a d'autres victimes. Les victimes sont également les blessés. Nos structures de santé CICR étaient à plus de 400 % de suroccupation à un moment. Il y a eu plus de 1 900 patients soignés depuis le mois de janvier, c'est trois fois plus que ce qu'on a pu avoir sur les années précédentes. Par exemple, en 2022, il y avait environ 600 blessés de guerre.Que disent donc ces chiffres par rapport à l'intensité des combats ? On voit que ces chiffres démontrent des affrontements qui ont été très intenses et évidemment des conséquences humanitaires importantes sur la population, sur les femmes, sur les enfants. Il y a des blessures par balles, des blessures par engins explosifs, énormément de traumas crâniens qui ont été mentionnés. Quand il s'agit d'engins explosifs, ça veut dire des amputations multiples, que ce soit sur des adultes ou des enfants. Des enfants dont l'éducation est certainement ensuite suspendue pour qu'ils puissent se soigner. Donc, le CICR a par exemple réouvert trois maisons d'écoute dans le but de soutenir la population civile par rapport à l'utilisation d'artillerie et du trauma que les gens ont vécu en ville et dans les alentours.Certaines ONG ont dénoncé, l'arrestation de plus d'une centaine de blessés ou de gardes malades dans des hôpitaux à Goma. Qu'est-ce qui s'est passé réellement ? Quelle est la situation de ces gens ? Est-ce que vous savez où ils sont ? Ce qu'on peut dire, c'est que les autorités sont en mesure de rentrer dans les structures hospitalières. Elles doivent simplement respecter le droit international humanitaire et donc ne pas rentrer armées et respecter, en fait, l'avis médical du personnel, c'est-à-dire ne pas entraver le parcours de soins des patients présents dans les hôpitaux.Après la destruction des camps de déplacés à Goma, où sont allés les centaines de milliers de déplacés qui s'y trouvaient et est-ce qu'ils ont encore accès à l'aide ?Il y a effectivement beaucoup de personnes qui ont quitté les camps des déplacés qui étaient à Goma pour aller dans leurs zones d'origine, leurs zones de retour, que ce soit le territoire de Rutshuru ou celui du Masisi par exemple. Et les équipes tentent de faire des évaluations afin de mieux comprendre la situation, les besoins et de pouvoir répondre à ces besoins. Pour la plupart en fait, les gens retrouvent des maisons qu'ils doivent rénover, voire reconstruire. Ce sont souvent des maisons en planches, ce qui veut dire que le bois a parfois été utilisé par les gens qui étaient restés pour se chauffer et ont servi de brancards dans des situations d'urgence pour évacuer les blessés. Donc ça, c'est un premier point. Ensuite, les affrontements ont été parfois tellement intenses que ça a détruit les lignes d'électricité, ça a détruit le réseau d'eau et c'est important pour nous, CICR, actuellement, de se focaliser là-dessus et d'essayer de remettre en place ces besoins essentiels. Là, ce qu'on est déjà en train de faire à Sake, par exemple, qui est une ville d'environ 100 000 habitants.
durée : 00:22:31 - Cultures Monde - par : Mélanie Chalandon - Entre fin janvier et début février, le groupe armé M23 s'est emparé des villes de Goma et de Bukavu, à l'est de la République démocratique du Congo. La journaliste Margaux Solinas s'est rendue dans les régions du Nord et Sud-Kivu pour couvrir les conflits et leurs répercussions sur les populations. - réalisation : Vivian Lecuivre - invités : Margaux Solinas Journaliste indépendante, travaille notamment pour Le Figaro, Mediapart et Marianne
Au sommaire : Rencontre surprise et inédite ce mardi à Doha entre les deux présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame qui ne s'étaient pas revus depuis plus d'un an. Avec ce coup diplomatique, l'émirat du Qatar peut-il trouver une solution à la crise sécuritaire de l'est de la RDC ? Après deux mois de trêve, les bombardements ont repris cette semaine à Gaza. Pour quelles raisons l'accord avec le Hamas a-t-il été rompu par Israël ? Enfin une conversation « constructive » selon le président américain s'est tenue entre Donald Trump et son homologue Vladimir Poutine. Que se sont dit les deux hommes ? Le cessez-le-feu temporaire sur les infrastructures énergétiques est-il satisfaisant ?Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : - Jean-Paul Oro, correspondant à Paris du quotidien L'intelligent d'Abidjan, président de l'Union des journalistes ivoiriens en France- Ousseynou Nar Gueye, éditorialiste du périodique numérique sénégalais Tract Hebdo- Jean-Marie Kassamba, président de l'Union nationale de la presse du Congo et directeur général de la chaîne télévisée Télé 50.
Coup de théâtre au Qatar, où le Congolais Félix Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame se sont rencontrés secrètement hier. Les deux chefs d'État ont décidé de « poursuivre les discussions entamées hier pour établir les bases solides d'une paix durable », dit le communiqué final. Jusqu'à présent, on croyait que l'Angola faisait médiation entre les deux pays en guerre. Mais après la rencontre d'hier, tout est en train de changer. Trésor Kibangula est analyste politique l'Institut congolais de recherches sur la politique, la gouvernance et la violence. En ligne de Kinshasa, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Est-ce que vous êtes surpris par cette rencontre au Qatar ? Trésor Kibangula : Oui, comme tout le monde. C'était une grande surprise, en tout cas dans la forme, mais pas totalement dans le fond. Parce qu'on sait que Doha a longtemps voulu jouer un rôle dans la médiation entre la RDC et le Rwanda. On se souvient encore d'une tentative en 2023 déjà, mais jusqu'ici, Kinshasa s'y montrait toujours réticent, notamment parce que le Qatar est perçu par les autorités congolaises comme proche de Kigali, notamment avec des investissements au Rwanda et la construction d'un aéroport au Rwanda. Mais au regard des blocages dans les autres formes de médiation, je pense que cette rencontre offre quand même un progrès sur un point essentiel : elle permet aujourd'hui aux deux chefs d'État de se parler directement. Et c'est la première fois depuis des mois que Tshisekedi et Kagame se retrouvent face à face dans un cadre, où ils peuvent discuter sans intermédiaires régionaux.Il y a trois mois, une rencontre entre les deux présidents était déjà prévue, c'était à Luanda, mais à la dernière minute, Paul Kagame avait renoncé à y aller. Pourquoi ça a marché hier ? Plusieurs éléments ont évolué depuis décembre. Les contextes militaires et diplomatiques ont basculé. En décembre, Kinshasa refusait encore totalement l'idée de négocier avec le M23. Kigali, de son côté, a posé comme condition sine qua non des négociations directes entre le gouvernement congolais et les M23, ce que Tshisekedi refusait. Donc beaucoup de choses ont évolué. Les rapports de forces ont changé sur le terrain. Fin janvier, le M23 a pris le contrôle de Goma. Puis en février, Bukavu est tombé aussi. L'armée congolaise n'a pas réussi à reprendre l'initiative et, aujourd'hui, le M23 continue à consolider ses positions. Et sur le plan diplomatique, Kinshasa a finalement accepté l'idée de ce dialogue direct avec le M23. Et de l'autre côté, on voit aussi toutes ces sanctions qui tombent sur le Rwanda. Donc, je pense que, face à cette situation, les deux parties avaient finalement plus d'intérêt à parler aujourd'hui qu'en décembre.Dans le communiqué final d'hier soir, les deux chefs d'État insistent sur le processus conjoint, le processus fusionné, que l'organisation EAC des pays d'Afrique de l'Est et l'organisation SADEC des pays d'Afrique australe ont mis en place le mois dernier à Dar es Salam en faveur de la paix au Congo. Pourquoi cette attention particulière ? Je pense que l'initiative de Luanda n'avait pas vraiment réussi à avoir la confiance de Kigali. Elle était portée par l'Angola de manière plus ou moins isolée. Et aujourd'hui, Doha ne cherche pas à créer un énième format parallèle de médiation. Parce que, lorsqu'on lit les communiqués qataris, on voit très bien effectivement que ce sont les discussions sous l'égide de l'EAC et de la SADEC qui sont encouragées, ce qu'on appelle aujourd'hui les processus fusionnés. Je pense que ces choix peuvent s'expliquer par plusieurs facteurs parce que, un : il correspond aux préférences de Kigali qui a toujours misé sur ces processus fusionnés pour gérer la crise, parce que Kigali a une certaine influence sur l'EAC. Deuxième chose, c'est que ce choix de Doha de préférer les processus fusionnés permettent d'éviter un affrontement entre plusieurs initiatives concurrentes. Parce qu'on était un peu dans une cacophonie d'initiatives de médiation. Avec Doha, maintenant, on essaie de proposer une ligne et c'est le choix des processus fusionnés.Est-ce à dire que les premières négociations directes entre le gouvernement congolais et le M23 n'auront pas lieu à Luanda sous l'égide de l'Angola, mais quelque part ailleurs en Afrique, sous l'égide de ce processus fusionné entre l'EAC et la SADEC ?Ça devient vraiment très difficile d'envisager que la médiation angolaise puisse reprendre la main, à cause de ce déficit de confiance, surtout du côté du M23 et de Kigali. Mais comme les deux parties doivent se parler et qu'il y a eu un progrès avec la rencontre de Paul Kagame et de Félix Tshisekedi à Doha, on pense que le processus pourrait continuer, peut-être en marge des discussions EAC/SADEC qui se tiennent dans le cadre de ces processus fusionnés.À lire aussiTrésor Kibangula: «Doha a longtemps voulu jouer un rôle dans la médiation entre la RDC et le Rwanda»
En RD Congo, c'est une semaine de rendez-vous pour le dossier du conflit dans l'est du pays. Les ministres de la SADC et de l'EAC doivent se réunir lundi. Les autorités congolaises et le mouvement armé M23 sont, eux, invités pour des discussions mardi 18 mars à Luanda, en Angola. Entre-temps, le médiateur João Lourenço a appelé à un cessez-le-feu dans l'Est de la RDC.
Alors que la menace de l'interruption du financement de l'aide américaine plane en République démocratique du Congo (RDC), l'ONU s'inquiète du sort de milliers de Congolais recevant un traitement contre le VIH. « Une rupture de financement aura un impact direct sur la survie des personnes vivant avec le VIH », avertit dans un entretien avec ONU Info Susan Kasedde, la Directrice pays de l'ONUSIDA, le programme de l'ONU qui coordonne la lutte contre la pandémie de VIH/sida.La RDC compte aujourd'hui environ 520.000 personnes vivant avec le VIH, et l'épidémie continue de croitre.« Le pays a réussi à mettre sous traitement 440.000 personnes vivant avec le VIH, soit au moins 87% des personnes en besoin de traitement », signale Mme Kasedde, soulignant que la moitié est entièrement financée par PEPFAR, le programme de lutte contre le VIH/sida lancé par le Président américain George W. Bush en 2003.Selon elle, PEPFAR a joué un rôle pratiquement sans comparaison dans la réponse au VIH en RDC - du dépistage au traitement, en passant par la mise au point des laboratoires et de la chaine d'approvisionnement.L'annonce du gel du financement était complètement inattendu et a constitué un « choc total », explique Susan Kasedde.(Interview : Susan Kasedde, Directrice pays de l'ONUSIDA; propos recueillis par Cristina Silveiro)
En RDC, l'opposant Jean-Marc Kabund sera candidat à la prochaine présidentielle. Il l'annonce aujourd'hui sur RFI, à l'occasion de sa première interview radio depuis sa sortie de prison, le 21 février dernier. Longtemps, Jean-Marc Kabund a été le bras droit de Félix Tshisekedi. Quand ce dernier est devenu chef d'État, il a même été le président par intérim du parti au pouvoir UDPS. Mais après la rupture de 2022, il a été jeté en prison. Aujourd'hui, est-il prêt à se réconcilier avec Félix Tshisekedi ? Visiblement, non. En ligne de Kinshasa, le président de l'Alliance pour le Changement répond à Christophe Boisbouvier. RFI : Le 21 février, vous avez été libéré. Le lendemain, le 22 février, Félix Tshisekedi lors d'une rencontre avec les parlementaires de son camp, a invité ses opposants à entrer dans un gouvernement d'union nationale. Est-ce que votre libération n'est donc pas un geste politique de sa part ?Jean-Marc Kabund : Je ne crois pas que ma libération puisse faire l'objet d'un marchandage politique. J'ai été victime de persécutions politiques, condamné à une peine de sept ans et j'ai passé 30 mois en prison. Cette injustice, je crois qu'elle ne pourra jamais être réparée. Il faut avouer qu'il y a une forte pression depuis que j'étais en prison, tant par la communauté internationale que par l'opinion publique interne du Congo. Je crois que Félix Tshisekedi faisant face à cette pression a dû lâcher du lest. Et j'estime que le gouvernement d'union nationale qu'il propose de mettre sur pied ne résoudra rien du tout.Est-ce que Félix Tshisekedi n'a pas lâché sur vous et sur deux autres prisonniers politiques, Mike Mukebayi et Seth Kikuni qui viennent d'être libérés afin de frapper les esprits et de montrer qu'il tendait la main vers l'opposition ?Je crois que cela était une obligation pour lui. Cela ne peut pas être considéré comme un cadeau que Félix Tshisekedi donne à l'opposition parce que moi comme les autres prisonniers, Mike Mukebayi et Seth Kikuni, étions incarcérés injustement. Et d'ailleurs, il y a encore des prisonniers politiques qui continuent de croupir en prison. Ici, je fais allusion à Jacky Ndala. Il y a un autre aspect auquel beaucoup de gens ne font pas attention, ce sont les généraux. Je vous dis ici que plusieurs généraux Katangais sont arrêtés injustement. Ils sont détenus dans des cachots, en prison, sans jugement. Cela fait des années. Ici, je veux parler du général Philémon Yav. Je veux parler du général Zelwa Katanga dit Djadidja. Ils sont nombreux. Le gouvernement Tshisekedi doit savoir que ma libération et la libération des deux autres ne suffisent pas.Qu'est-ce que vous en pensez de l'avancée du M23 dans l'est de votre pays ?L'avancée du M23 est inacceptable et tout le monde doit demander au Rwanda de retirer ses troupes pour que le Congo retrouve la paix.Depuis votre libération, vous avez reçu plusieurs visites à votre domicile, notamment celle de l'opposant Martin Fayulu. Est-ce que vous réfléchissez avec Martin Fayulu et d'autres opposants à une initiative commune ?Bien entendu ! C'est parce que le régime Tshisekedi, qui est un régime finissant, doit laisser la place dès 2028. La RDC a besoin des dirigeants honnêtes afin de pouvoir donner le changement tant attendu par notre peuple.Vous êtes en contact également avec l'ancien président Joseph Kabila ?Je crois que c'est un acteur politique important de notre pays. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas être en contact avec lui. D'ailleurs, je vais même plus loin. Si demain, j'avais l'occasion d'avoir le contact de Corneille Nangaa, je l'appellerais et je lui parlerais. Je lui dirais ce que je pense de ce qu'il est en train de faire. Je suis là pour parler à tout le monde.Et que diriez-vous justement à Corneille Nangaa, le patron du M23 ?Je lui dirais tout simplement que ce qu'il est en train de faire, on l'a déjà vécu dans ce pays avec Mzee Kabila. On connaît les conséquences. Il doit arrêter de verser le sang des Congolais et revenir vite. Il doit arrêter à travers un cessez-le-feu et le gouvernement, je crois, ne pourra pas s'y opposer dans sa position actuelle pour accepter d'intégrer le processus du dialogue pour une résolution pacifique de ce conflit.Si demain le pouvoir libère les généraux actuellement en prison et renonce à son projet de changement de constitution, est-ce que vous pourriez accepter d'entrer dans un gouvernement d'union nationale avec Alliance pour le changement ?Je dis déjà, d'entrée de jeu, que je ne suis ni demandeur, ni preneur de ce gouvernement. Le problème n'est pas seulement celui des arrestations. La gouvernance doit être basée sur un programme, sur une vision claire et je ne vois pas aujourd'hui Tshisekedi garantir cela.Est-ce que vous vous êtes parlé avec Félix Tshisekedi depuis le 21 février ?Non, non. Moi, je n'en ai pas l'intention, je ne trouve pas l'intérêt de lui parler. Mais si lui le désire, je ne lui fermerai pas la porte. Je lui dirai ce que je pense.Non, non. Moi, je n'en ai pas l'intention, je ne trouve pas l'intérêt de lui parler. Mais si lui le désire, je ne lui fermerai pas la porte. Je lui dirai ce que je pense.Est-ce que vous serez candidat en 2028 ?Bien sûr. Je crois qu'après avoir quitté le pouvoir pour ses convictions, je crois que nous avons suffisamment acquis d'expérience et de notoriété, ce qui pourra nous permettre de bien gouverner, de bien gérer ce pays au fait ! À lire aussiRDC: Tshisekedi réaffirme qu'il ne dialoguera pas avec le M23 et promet une refonte de l'armée et du gouvernement
D'après le site d'information congolais Actualité CD, qui s'appuie sur des sources locales, les rebelles de l'AFC/M23 se rapprochent de la ville d'Uvira dans le Sud-Kivu.Des colonnes de rebelles sont passées à Sange, sur la RN5, qui a connu des scènes de panique : « des habitants ont préféré se réfugier dans les montagnes après avoir constaté l'avancée des rebelles. Sange est à 35 kilomètres d'Uvira où des affrontements ont lieu entre des militaires congolais et les miliciens Wazalendo depuis avant-hier ».En effet, précise Actualité CD, les militaires congolais et les miliciens Wazalendo se sont repliés à Uvira face à l'avancée des rebelles du M23 et des combats ont éclaté entre eux. « À la base de ces altercations, les Wazalendo ne digèrent pas le départ de certaines troupes congolaises avec leur matériel de guerre vers Kalemie, dans le Tanganyika », plus au sud. Bilan de ces affrontements : au moins 17 morts hier et avant-hier.Dans le même temps, poursuit Actualité CD, « Uvira s'est vidée de la majorité de ses habitants. Ceux qui restent sont terrés dans leurs maisons. De nombreuses personnes se sont réfugiées au Burundi (voisin), tandis que d'autres ont pris la direction de Kalemie ou encore Moba, dans le Tanganyika. Hier mercredi, une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux montrant des centaines de militaires congolais dans une embarcation au port de Kalundu à Uvira à destination de Kalemie ».Le Burundi dans l'expectative…« Les défaites s'enchaînent pour l'armée congolaise », constate également Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC. « Hier, la rébellion a continué sa progression éclair vers le sud avec, en ligne de mire, la ville d'Uvira sur les bords du lac Tanganyika. L'offensive du M23 ne semble plus rencontrer de résistance de l'armée congolaise et de l'armée burundaise, censée la soutenir ».En effet, relève Afrikarabia, les soutiens des alliés de Kinshasa, Burundi, Afrique du Sud, Ouganda, semblent de plus en plus « incertains ».Pour ce qui est du Burundi, précise le site « sans appui suffisant des FARDC, les soldats burundais ont dû décrocher et abandonner la ville avant de se replier vers le sud. Après ce nouveau revers, l'armée burundaise a décidé de retirer une partie de ses troupes. Sur les 10 000 soldats burundais déployés en RDC, combien en reste-t-il aujourd'hui ? Difficile de le dire. Le Burundi est désormais dans l'attente d'un sursaut de Kinshasa et veut des assurances sur une nouvelle mise en place au sein du commandement des FARDC ».L'Afrique du Sud échaudée…Et puis, « même son de cloche chez un autre allié de Kinshasa : l'Afrique du Sud, pointe encore Afrikarabia. L'armée sud-africaine a perdu 14 soldats dans la prise de Goma et le président Cyril Ramaphosa est fortement chahuté en interne par son opposition sur son engagement militaire auprès de la RDC. L'Afrique du Sud a écrit au Ministère des Affaires étrangères congolais pour se plaindre de l'attitude des soldats congolais sur le champ de bataille. Pretoria a également conditionné le niveau de son assistance militaire à des changements importants au sein des FARDC. Félix Tshisekedi se doit donc de rassurer ses deux alliés pour obtenir un engagement militaire plus fort. Le souci, relève le site, c'est que le président congolais a déjà remanié plusieurs fois sa chaîne de commandement, sans résultat sur le terrain. La recherche d'un nouveau casting vire au casse-tête ».Le Tchad à la rescousse ?En attendant, Félix Tshisekedi continue de frapper « à toutes les portes », s'exclame Le Pays au Burkina. Le Pays qui croit savoir, qu'après le Burundi, l'Afrique du Sud et l'Ouganda, le président congolais demande maintenant l'assistance militaire du Tchad.Et le quotidien ouagalais de s'interroger : « ne gagnerait-il pas à descendre de son piédestal et à accepter enfin de dialoguer avec toutes les parties, y compris le M23 qu'il ne peut pas voir même en peinture ? C'est l'option que de nombreux médiateurs, de Nairobi à Dar es Salam, en passant par les hommes d'Eglise en RD Congo, ont proposée pour espérer sortir le pays de l'ornière ».
Depuis plusieurs semaines, la situation sécuritaire dans l'est de la République démocratique du Congo ne cesse de se détériorer. L'AFC/M23, groupe soutenu par l'armée rwandaise selon Kinshasa, a poursuivi son avancée jusqu'à Bukavu, malgré les initiatives diplomatiques en cours. Face à cette crise, l'Église catholique et les protestants congolais ont engagé des démarches pour favoriser un dialogue entre les différentes parties. Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), fait partie de la délégation (réunissant la Cenco et l'Église du Christ au Congo) revient sur cette initiative, et tire un premier bilan des rencontres qui ont été menées, avec Liza Fabbian. RFI : La semaine dernière à Goma, vous avez rencontré Corneille Nangaa, le coordinateur de l'AFC/M23. Après cette entrevue, ses troupes, appuyées par l'armée rwandaise, se sont emparées de Bukavu. Était-il utile de le rencontrer ?Mgr Donatien Nshole : Oui, nous estimons que c'était très utile de le rencontrer parce que, pour nous, la solution militaire n'en est pas une. L'idéal serait que les Congolais s'assoient autour d'une table et qu'ils trouvent un consensus national autour de leurs différends plutôt que de s'engager dans une voie qui fait autant de morts, et de pertes non seulement en vies humaines, mais aussi en termes de destruction des infrastructures nécessaires pour le développement du pays.Pouvez-vous nous en dire plus sur le bilan que vous avez pu tirer de l'échange que vous avez eu avec Corneille Nangaa ?Nous sommes allés le convaincre de la nécessité d'un dialogue et ils ont été ouverts à l'initiative. Ils ont promis d'envoyer leur cahier des charges assorti des conditions pour participer à ce dialogue. Pour nous, c'était déjà une ouverture. C'est la même démarche qu'on a faite auprès des autres acteurs sociaux – politiques du pays pour le même objectif. Évidemment, on aurait souhaité qu'on puisse arrêter les combats sur le terrain. Ça nous inquiète qu'on continue encore à se battre et que du côté de Kinshasa, il y ait encore aussi des voix qui parlent en termes de résistance, en termes militaires, ça, vraiment, ça nous décourage. Pour arriver à une solution pacifique comme nous la proposons, il faut des signaux de part et d'autre. Il faut vraiment un engagement formel et de la part du M23 et de la part de Kinshasa. Il ne faudrait pas que le M23 considère que ce qu'on leur demande, c'est pour laisser le temps à l'autre camp de s'organiser. Il ne faudrait pas que de l'autre côté de Kinshasa, on considère les négociations comme une faiblesse. Non. La guerre n'est vraiment pas une solution pour nous.Vous avez également rencontré dans la foulée le président rwandais Paul Kagame. Qu'avez-vous tiré de cette rencontre ? Pouvez-vous nous en dire plus ?D'abord, l'écoute. Il nous a écoutés. Il nous a donné suffisamment de temps. Il a encouragé l'initiative « pastorale », pour reprendre ses mots, là où les politiciens n'ont pas réussi à trouver une solution. Et il a promis son implication dans tout ce qui va dans le sens du dialogue, pour qu'on en finisse avec ce conflit. Nous allons proposer quelque chose tenant compte et de la réalité et des avis des uns des autres. C'est à ce moment-là qu'on verra les vraies intentions des uns et des autres.L'initiative que vous portez vous a également amené à rencontrer plusieurs figures de l'opposition politique congolaise, notamment Martin Fayulu, Moïse Katumbi ainsi que des émissaires de Joseph Kabila. Sont-ils tous favorables à un dialogue ou une rencontre qui intégrerait le AFC/M23.Ils sont tous favorables au dialogue, à certaines conditions. Nous sommes en train de recueillir justement les avis des uns des autres. Nous allons proposer quelque chose tenant compte de la réalité et des avis des uns et des autres. C'est à ce moment que l'on verra les vraies intentions des uns et des autres.Mais vous, votre souhait, c'est donc de pouvoir organiser une rencontre qui intégrerait l'AFC/M23 ?Absolument. Parce que c'est une partie du problème aussi. On ne peut pas le mettre de côté. Corneille Nangaa et les autres sont des Congolais. Ils ont pris les armes et doivent expliquer aux autres Congolais, pourquoi et ce qu'il faudrait faire pour trouver des solutions sans la guerre.Les représentants de la Cenco et de l'ECC ont aussi échangé avec William Ruto, le président du Kenya. Il est également président en exercice de la Communauté d'Afrique de l'Est. Comment votre initiative s'intègre-t-elle dans la dynamique sous-régionale ? Et comment s'articule-t-elle avec les processus de Luanda et de Nairobi ?C'était l'objet de la rencontre. Parce que, au niveau national, nous espérons, avec la bonne volonté des acteurs sociopolitiques, arriver à un consensus qui sera la voix du Congo par rapport à la gouvernance interne, mais aussi par rapport aux relations avec le voisin. Et pour cela, la dynamique nationale a besoin de l'appui de la sous-région. Donc concrètement, après le consensus qui sera dégagé, ce ne sera plus la voix du président Tshisekedi qui sera entendue, mais celle des Congolais unis. Ça aura déjà un autre poids. Et la communauté politique sous-régionale devra en tenir compte pour voir comment intégrer ça dans les pourparlers de la sous-région. L'idéal pour nous, c'est qu'on obtienne à la fin une conférence internationale pour la paix en RDC, dans les Grands Lacs.Quelle est la finalité que vous espérez atteindre ?La finalité, c'est, d'abord, que les armes cessent. La finalité, c'est que les congolais se mettent d'accord autour d'un pacte social pour la paix et le vivre-ensemble. La finalité, c'est que les Congolais se mettent d'accord sur la façon de vivre en paix avec le voisin en tenant compte des intérêts des uns et des autres. La finalité, c'est donner au pays la matrice de la gouvernance qui pourra garantir le bien-être de la population congolaise qui devra vivre dignement. C'est cela, notre plus grand souci en tant que pasteurs.
« Où s'arrêteront le M23 et le Rwanda ? » : question posée par le site d'information guinéen Ledjely. « La facilité avec laquelle les rebelles viennent de prendre le contrôle des deux principales régions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en l'espace d'un mois seulement, doit inquiéter les autorités congolaises ».D'autant que« sur le plan diplomatique, personne ne répond, pointe Ledjely. Personne n'écoute vraiment les doléances de Félix Tshisekedi. À l'ONU, à la Communauté de l'Afrique de l'Est, à la Communauté de développement de l'Afrique australe et à l'Union africaine, on n'ose même pas citer le Rwanda comme agresseur. Seuls le Royaume-Uni et la France, après la chute de Bukavu le week-end dernier, ont eu le courage d'appeler nommément le pays de Kagame à se retirer des zones qu'il a contribué à conquérir. Mais en vain. (…) Dans ces conditions, conclut le site guinéen, il n'y a donc pas de véritable obstacle susceptible d'arrêter le M23, s'il décidait de conquérir Kinshasa ». « Condamnations tièdes… »La communauté internationale reste donc les bras croisés… C'est ce que dénonce avec force dans une tribune publiée par Le Monde Afrique le chercheur américain Jason Stearns, fondateur du Groupe d'étude sur le Congo.« Trois semaines se sont écoulées depuis la chute de Goma, sans autre réaction que des condamnations tièdes, s'insurge-t-il. Au sein de l'UE, où les décisions de suspension de l'aide nécessitent un consensus, quelques intérêts étroits ont bloqué l'action. Le Rwanda a déployé des troupes dans le nord du Mozambique, où elles ont repoussé les militants islamistes, protégeant ainsi un projet pétrolier de 20 milliards de dollars appartenant à TotalEnergies. Cela a rendu la France réticente à faire pression sur le Rwanda. Depuis le début de la crise en 2021, Élysée a joué un rôle-clé en soutenant la hausse du financement à Kigali, dénonce encore Jason Stearns. Aux États-Unis, poursuit-il, les postes les plus élevés concernant l'Afrique n'ont pas encore été pourvus, ce qui a ralenti l'action. Parmi les pays africains, le manque de leadership, associé à l'efficacité diplomatique de Kigali, a empêché toute mention explicite de la présence du Rwanda en RDC dans les déclarations officielles des organismes régionaux ».Résultat, soupire Jason Stearns : « quel est le pays étranger le plus populaire aujourd'hui ? La Russie, qui n'a pratiquement aucune présence politique ou économique dans le pays. La crise du M23 est un signe supplémentaire des changements géopolitiques dans le monde. La Chine, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Turquie sont en plein essor en Afrique, tandis que les États-Unis, qui semblent désormais déterminés à démanteler la plus grande organisation humanitaire au monde, et l'Europe se replient sur eux-mêmes, en proie au nativisme et au populisme ».« Dépoussiérer » le pouvoir…Autre tribune cette fois publiée par le site burkinabé WakatSéra. Elle est signée Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France. Pour lui, le dialogue reste la clé… Il se félicite de la démarche de paix engagée par les religieux congolais : « les Églises Catholique et Protestante doivent en extraire le meilleur, affirme-t-il, en équilibre dans “la part“ à accorder à toutes les parties. Pour nous, précipiter le départ de Félix Tshisekedi avant la fin de son deuxième mandat, en 2028, n'aurait aucun apport positif, poursuit-il. Bien au contraire. L'essentiel, c'est de dépoussiérer urgemment les rouages gangrénés de la bonne gouvernance, au travers d'une forme de gouvernement de transition et d'union nationale. D'une manière ou d'une autre, avec un Tshisekedi “régnant sans gouverner“. La formule est possible, assure encore Jean-Jules Lema Landu. Cela permettrait d'organiser les prochaines élections dans des conditions apaisées et de transparence. C'est tout ce dont le peuple congolais a besoin ».… et dialoguer avec le M23 ?Enfin, à lire également l'éditorial du New Times à Kigali, quotidien proche du pouvoir rwandais, qui estime que Kinshasa doit négocier avec le M23. « L'est de la RDC a besoin de solutions audacieuses et non conventionnelles, écrit le New Times. Le M23 pourrait bien être la pilule amère que Kinshasa doit avaler (…). Pour le bien de millions de personnes, il est temps d'envisager l'impensable. Kinshasa ne devrait pas considérer le M23 comme une menace, affirme encore le quotidien rwandais, mais comme une opportunité. Une opportunité d'écraser les milices. De ramener les réfugiés chez eux. De construire un avenir meilleur. La question est : auront-ils le courage d'essayer ? »
Après la chute de Goma, la capitale du Nord-Kivu, les rebelles du M23 et leurs alliés de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), soutenus par le Rwanda poursuivent leur progression dans l'est de la RDC. Avec ses invités, Eric Topona analyse les derniers développements militaires et diplomatiques. Le débat a été enregistré avant les derniers développements sur le terrain, notamment au Sud-Kivu.
« Dans la même journée (d'hier), deux images se sont étrangement télescopées, relate le site spécialisé sur la RDC Afrikarabia. Sur la première, le président Félix Tshisekedi rencontre les représentants des confessions musulmanes, orthodoxes, kimbanguistes et des églises du Réveil pour les intégrer au dialogue national prôné par les Églises chrétiennes. Quelques heures plus tard, une seconde image dévoile une autre rencontre, qui a surpris tout le monde, à plus de 2 500 kilomètres de Kinshasa. Autour de la table, on y voit les responsables de la Conférence épiscopale nationale du Congo, Monseigneur Fulgence Muteba, l'Abbé Donatien Nshole, celui de l'Église du Christ au Congo, le Révérend Éric Senga, face à Corneille Nangaa, le coordonnateur de l'AFC, la branche politique de la rébellion M23, condamné à mort par Kinshasa. Un télescopage d'images qui donne un sérieux coup d'accélérateur, pointe Afrikarabia, à l'initiative des deux confessions religieuses qui a pour objectif d'ouvrir les portes du dialogue et ramener la paix à l'Est. »Le « miracle » aura-t-il lieu ?Pour l'instant, pas d'avancées notables… Les religieux et l'AFC parlent de trouver une solution pacifique le plus tôt possible pour que la guerre s'arrête. Sans plus…En effet, rebondit L'Observateur Paalga à Ouagadougou, « reste à savoir si le miracle des religieux aura lieu. La question se pose d'autant plus qu'à peine arrivés à Goma, ils ont été désavoués par la majorité présidentielle qui dit ne les avoir pas mandatés ou investis de quelque manière que ce soit. N'oublions pas, précise le quotidien burkinabé, que Tshisekedi renâcle à discuter avec ceux qu'il considère comme des terroristes, car ce faisant, ce serait quelque part les reconnaître de fait. »Corneille Nangaa droit dans ses bottes…L'envoyé spécial du Monde Afrique a pu rencontrer Corneille Nangaa hier à Goma. Le chef de l'AFC ne donne guère l'impression de vouloir emprunter le chemin de la paix. « Félix Tshisekedi n'a jamais gagné l'élection (présidentielle), affirme l'ancien président de la Commission électorale congolaise. Si j'ai créé le monstre, je pense qu'il m'appartient de défaire le monstre. (…) Kinshasa nous a condamnés à mort, la communauté internationale nous a sanctionnés. Nous avons tout perdu et donc plus rien à perdre. » Je suis « un révolutionnaire constitutionnel », affirme encore Corneille Nangaa. « Concept fumeux, commente Le Monde Afrique, qui donnerait le droit légitime au recours à la violence sur la base de l'article 64 de la Constitution, selon lequel "tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d'individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l'exerce en violation des dispositions de la présente Constitution". »… de même que Paul KagameAutre interview d'un autre protagoniste du conflit : Paul Kagame répond aux questions de Jeune Afrique. « Accusé de soutenir les rebelles du M23 qui se sont emparés de Goma, au risque d'un embrasement régional, le chef de l'État rwandais se défend, résume le site panafricain. Il renvoie la responsabilité de la crise à son homologue congolais, le président Félix Tshisekedi, et dit faire peu de cas des menaces de sanctions internationales. »Bref, rien de vraiment nouveau… Le président rwandais justifie toujours son soutien militaire au M23 par la présence persistante, selon lui, de groupes armés génocidaires sur le sol congolais.Paul Kagame renvoie donc la balle à Kinshasa et à Bujumbura… « Ce que nous avons entendu de la part des présidents du Burundi et de la RDC, ce ne sont que des menaces constantes à l'égard du Rwanda, affirme-t-il. Ce sont eux qui ont créé cette situation en cherchant la confrontation, en incitant à l'action et en évoquant le renversement du gouvernement rwandais. Ce sont eux, les dirigeants burundais et congolais, accuse encore Paul Kagame, qui cherchent à fomenter un conflit régional élargi basé sur les tribus, les groupes ethniques et toutes sortes d'autres facteurs qui relèvent d'une conception primitive de la politique. » On le voit, l'heure ne semble pas à la négociation… Bien au contraire. Hier, l'Agence France Presse, reprise par de nombreux médias dont Le Monde Afrique, indiquait que « le groupe armé M23 et les forces rwandaises ont effectué une nouvelle avancée dans l'est de la RDC. Dans le même temps, le Burundi, qui a déployé des soldats en appui à l'armée congolaise, a menacé le Rwanda de répondre en cas d'attaque. »
Alors qu'à Goma, de nombreux déplacés ont dû quitter leurs camps, le M23 poursuit son avancée dans le Sud-Kivu. Dans le même temps, les chefs religieux du pays poursuivent leurs consultations pour la paix. Ils ont déjà rencontré le président Felix Tshisekedi et l'opposant Martin Fayulu. Cette fois, ils se sont rendus à Goma pour rencontrer les leaders du M23 et de l'Alliance Fleuve Congo. Une démarche qui ne fait pas l'unanimité à Kinshasa.
Les armes se sont tues hier dimanche dans le Sud-Kivu après l'appel au cessez-le-feu lancé la veille lors du sommet conjoint de la Communauté de l'Afrique de l'est et la Communauté de développement de l'Afrique australe.Un sommet qui a abouti à un « service minimum » estime Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC. Il y a comme une impression de « déjà-vu » : « La résolution principale appelle à un “cessez-le-feu immédiat et inconditionnel“ et à la fin des hostilités. Le texte prévoit également la “sécurisation de la ville de Goma“ et la réouverture de l'aéroport et des voies d'approvisionnement de la capitale du Nord-Kivu. Des mesures prises devant l'urgence humanitaire de la situation à Goma ».Dos au mur…En fait, analyse Afrikarabia, « les résolutions de Dar es Salam posent plus de questions qu'elles n'apportent de réponses. Aucun élément n'est donné sur la manière dont le cessez-le-feu peut être imposé sachant qu'aucun d'entre eux n'a été respecté jusque-là. Personne n'explique qui sécurisera la ville de Goma, aujourd'hui entièrement occupée par le M23 et l'armée rwandaise : la Monusco, qui a brillé par son absence lors de la prise de Goma ? La SADC que le Rwanda considère désormais comme une force belligérante ? ».En tout cas, estime encore Afrikarabia, « Félix Tshisekedi est désormais dos au mur. (…) La question n'est plus de savoir si le président congolais va négocier avec le M23, il n'a plus le choix. La difficulté est de savoir ce qu'il peut encore négocier et avec qui ? Car pour mettre fin au conflit, il faudra, à la fois trouver un terrain d'entente avec Kigali, mais aussi avec le M23 et l'AFC, qui, même téléguidés par le voisin rwandais, possèdent une certaine autonomie d'action ».« Il en faudra plus pour faire taire les armes… »« RDC : Gesticulation et paralysie », renchérit La Libre Afrique, le site du quotidien belge La Libre Belgique consacré à l'actualité africaine.« Deux semaines après la chute de Goma, la grande ville de la province du Nord-Kivu, les sanctions se font attendre. Et les rebelles congolais continuent leur progression avec, cette fois, en ligne de mire, la ville de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu ».Dubitatif également, WakatSéra au Burkina Faso : « ce sommet extraordinaire conjoint SADC-EAC, n'a été qu'une rencontre supplémentaire, car il en faudra plus pour faire taire les armes, et le cas échéant, obtenir le retrait du M23 qui tient des positions solides ».Attention, prévient également Le Pays, « si les engagements pris à Dar es Salam, ne sont pas respectés, il faudra craindre pour la suite des évènements. Car, l'appétit venant en mangeant, le M23, fort de sa victoire militaire sur le terrain, promet, après la prise de Goma, de continuer sa progression vers Kinshasa. Quant au président Paul Kagamé, il ferait mieux d'arrêter de jouer les pyromanes au prétexte que son pays, en s'engageant aux côtés du M23, cherche à se défendre ». Nord-Mali : attaque meurtrièreÀ la Une également, cette attaque vendredi dans le Nord-Mali d'un convoi civil escorté par des militaires.« Le drame s'est déroulé près du village de Kobe, relate Afrik.com, à une trentaine de kilomètres de Gao. Le convoi, imposant, (qui se rendait sur un site d'orpaillage) rassemblait 22 minibus, 6 gros bus et 8 camions. Il bénéficiait d'une escorte militaire composée d'une dizaine de véhicules des FAMa, les Forces armées maliennes, et de membres du groupe Wagner. Mais cela n'a pas suffi à dissuader les attaquants qui ont surgi des deux côtés de la route et ouvert le feu sans sommation sur les civils et les militaires ».Le bilan reste incertain, souligne Afrik.com : « l'armée malienne évoque 25 morts, “terroristes“ et civils confondus, ainsi que 13 blessés, principalement des orpailleurs étrangers. Un responsable local contredit ces chiffres, attestant du transport d'au moins 56 corps à l'hôpital de Gao ».Commentaire du site panafricain :« un bilan, contesté donc entre l'armée et les sources hospitalières, un bilan qui illustre la fragilité sécuritaire persistante dans le nord du Mali et l'importance de la communication pour le gouvernement malien ».Justement la presse malienne, notamment le site Sahel Tribune, rapporte le communiqué victorieux de l'armée qui fait état d'une « riposte immédiate des FAMa. (…) Les opérations de ratissage toujours en cours ont permis de retrouver 19 corps de terroristes et 4 blessés et de récupérer plusieurs armes et matériels de guerre ».
La presse congolaise se fait largement l'écho de la situation dans le Nord-Kivu. « Goma rwandalisé », titre Le Maximum qui fait un état des lieux de la situation dans la capitale du Nord-Kivu. « À Goma », nous dit-on, « on se croirait revenu 30 ans en arrière, en 1994, à l'occasion du tristement célèbre génocide rwandais. Goma, investi par les troupes régulières rwandaises le 28 janvier, n'est pas loin d'un enfer ». Le Maximum raconte les 3 000 victimes de la prise de Goma, les morgues surchargées, et « les actes de sabotage gratuits », « même les établissements d'enseignement scolaires ne sont pas épargnés par les occupants rwandais », rapporte le journal. « Dans ces conditions », ajoute Le Maximum, « Goma s'est sensiblement vidée de ses habitants (…) même les déplacés de guerre se sont vus contraints de quitter les sites précaires qui les abritaient autour de la ville ».Menaces pour le BurundiDans le même temps, le voisin burundais s'inquiète. C'est ce que rapporte Africa Intelligence. « L'éventualité d'une offensive du M23 sur Bukavu préoccupe le Burundi qui dépend des devises et des ressources en provenance de RDC ». « L'armée burundaise », poursuit Africa Intelligence, « redoute une confrontation militaire avec le mouvement rebelle soutenu par le Rwanda, de même qu'avec les groupes armés opposés à l'administration Ndayishimiyé. » Et ce n'est pas tout. « Le pouvoir craint, en cas de combats dans le Sud-Kivu, un afflux de réfugiés à la frontière congolaise », ajoute Africa Intelligence. De son côté, Afrikarabia, site d'information spécialisé sur la RDC et l'Afrique Centrale, estime que « pour le régime du président du Burundi, les victoires du M23 et de son parrain rwandais, constituent une menace inquiétante ». « Evariste Ndayishimié, rappelle le site d'information, a même accusé le Rwanda de 'préparer quelque chose' contre le Burundi ». DiplomatieAfrikarabia s'intéresse aussi au sommet EAC-SADC prévu demain à Dar Es Salam. « Le communiqué », explique Afrikarabia, « précise que les deux présidents, Tshisekedi et Kagame, devraient être présents ». Alphonse Maindo, professeur en sciences politiques à l'université de Kisangani, ne croit toutefois pas à l'efficacité d'un tel sommet. Interrogé par Afrikarabia, il estime « que ce type de sommet est organisé pour l'apparat, et que les vraies décisions se prennent en dehors de ces forums, au téléphone ou lorsqu'ils se rencontrent en privé. » « Dans la situation actuelle », ajoute-t-il, « la blessure est encore trop fraîche pour que ce sommet puisse faire avancer les choses ».TémoignagesLa presse africaine évoque aussi l'appel lancé par le gouvernement congolais pour fournir des preuves à la CPI. C'est le vice-ministre de la justice, Me Samuel Mbemba, qui « a souligné hier, lors d'une conférence de presse, l'importance de mobiliser les victimes, les témoins, et les organisations, tant nationales qu'internationales, capables de fournir des éléments de preuve », à la Cour Pénale Internationale, relate 7 sur 7. Samuel Mbemba, nous dit-on, a également « évoqué l'ouverture d'un procès contre le Rwanda, devant la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, dont la première audience est prévue le 12 février ». Africanews évoque également, l'appel à témoin, sur la situation dans l'est de la République Démocratique du Congo. « La période concernée, part du 1er janvier 2022 jusqu'à ce jour, prenant en compte les violences de ces dernières semaines, principalement dans la ville de Goma. » La RDC qui, selon Africa News, s'apprête par ailleurs « à présenter une motion au Conseil des droits de l'homme des Nations unies dès ce vendredi à Genève en Suisse pour demander une enquête sur ce qu'elle appelle des "violations massives" des droits de l'homme à Goma.»
Le cessez-le-feu décrété par le M23 mardi n'aura guère duré… si tant est qu'il ait été effectif… Les rebelles poursuivent leur progression dans le Sud-Kivu. C'est ce rapportent l'Agence France Presse et plusieurs médias congolais qui s'appuient sur des sources locales.Ainsi, relate le site Actualité CD, « les rebelles du M23 ont conquis la cité de Nyabibwe, située dans le territoire de Kalehe, hier, après des combats intenses avec les FARDC, les Forces armées congolaises. (…) Nyabibwe se trouve à 28 kilomètres de Kalehe (le chef-lieu du territoire) sur la route nationale numéro 2 qui mène également à Bukavu (la capitale du Sud-Kivu distante de seulement 100 km). Avant-hier mardi, rapporte encore Actualité CD, la société civile de Kalehe avait alerté sur le renforcement des rebelles en hommes et en matériels dans les villages de Murambi et Kabugizi. Des renforts étaient venus de Goma. Des convois de véhicules avaient été aperçus par les populations. »« C'est bien la preuve que le cessez-le feu unilatéral qui avait été décrété était comme d'habitude un leurre », a réagi le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya. Réaction citée par Le Monde Afrique qui rappelle qu'une « demi-douzaine de cessez-le-feu et de trêves conclus entre les deux parties n'ont jamais été respectés dans ce conflit, qui dure depuis plus de trois ans. Des sources locales et militaires notaient, ces derniers jours, que l'armée congolaise comme le M23 et ses alliés rwandais étaient en train de se renforcer en troupes et en matériel dans la région. »Espoir de règlement diplomatique ?Parallèlement, note encore Le Monde Afrique, « les organisations régionales, des pays médiateurs comme l'Angola et le Kenya, les Nations unies, l'Union européenne et la communauté internationale tentent de trouver une issue diplomatique à cette crise, craignant un embrasement régional. Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, doivent participer, samedi à Dar es-Salaam, à un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté d'Afrique de l'Est et de la Communauté de développement de l'Afrique australe. »Le président congolais, qui jusqu'à présent a toujours refusé de négocier avec le M23, sera-t-il présent à ce sommet ? Pour Le Pays à Ouagadougou, « il faut espérer que les dirigeants rwandais et congolais qui ont été à la base de l'échec des précédents rendez-vous, pourront enfin accepter de s'asseoir autour d'une même table pour ensemble trouver des solutions. Mais ce sommet de tous les espoirs permettra-t-il d'aboutir à un accord de paix durable ? La question reste posée. En tout cas, l'heure n'est pas à l'optimisme, soupire Le Pays, tant les divisions, à la veille de ce sommet, ne manquent pas. Notamment entre le Rwanda et l'Afrique du Sud accusée par Kigali, de soutenir la RDC au lieu de demeurer dans son rôle de médiateur. »Les Eglises congolaises à la manœuvre…Enfin, il y a le rôle des Eglises congolaises… C'est ce que rapporte notamment Jeune Afrique : « les Églises catholiques et protestantes congolaises ont lancé un processus de réflexion pour trouver des solutions à la crise politique et militaire que traverse la RDC. Élaborées par des commissions d'experts, ces solutions pourraient ensuite être discutées lors d'un “forum pour le consensus national“, lequel pourrait inclure le M23 et Corneille Nangaa, le chef de l'Alliance Fleuve Congo. “Quand on veut régler un conflit, on fait des concessions“, résume Eric Nsenga, porte-parole de l'Église du Christ au Congo. »Commentaire de Jeune Afrique : « il est bien sûr prématuré de dire si le M23 voudra bien s'asseoir à la table des négociations et s'il y sera accepté. » Reste que« les hommes en soutanes, si souvent décriés par le pouvoir, prennent donc place au centre du jeu, constate le site panafricain, prêts à faire le grand écart entre opposition, rebelles et gouvernement. “Les uns et les autres doivent mettre de l'eau dans leur vin“, explique un catholique. “L'Église parle avec tout le monde“, soutient-il. Même avec les rebelles (…). »Toutefois, s'interroge WakatSéra, sur quelles bases pourraient s'appuyer ces pourparlers ? « Sur quoi négocier, face à des adversaires qui ne peuvent tenir un cessez-le-feu qu'ils ont décidé eux-mêmes, et semblent ne connaître que le langage des armes, avec pour objectif visible et indubitable, de conquérir autant d'espace qu'ils le peuvent ? »
C'est une caricature publiée sur le site d'information congolais Actualité CD : on y voit un journaliste brandissant un micro devant un parterre d'hommes politiques et de représentants de la société civile à Kinshasa. Le journaliste les interpelle : « leaders d'opinion ! Un petit commentaire sur la révision ou changement de la Constitution ? » Tous les officiels veulent répondre en s'arrachant le micro : « moi, moi, moi », crient-ils. Et puis question suivante : « un commentaire sur la guerre qui a atteint Goma ? ». Et là, plus personne… Les officiels sont partis en courant…Et en effet, c'est la retenue qui domine à Kinshasa face à l'avancée des rebelles du M23 dans le Kivu. Les termes sont choisis. Les médias congolais, à l'instar du site 7 sur 7, parlent d' « incursion rwandaise à Goma », ou encore de « guerre d'agression ».Il faut dire que la situation est délicate. Le risque d'une extension du conflit est bien présent. C'est ce que souligne notamment Le Pays à Ouagadougou : « après le secrétaire général des Nations unies ce week-end qui disait craindre un embrasement régional du conflit en cours dans le Kivu avec l'ouverture possible de nouveaux théâtres de confrontation, c'est au tour du président du Burundi d'affirmer que la propension à l'extension transfrontalière de cette guerre est particulièrement grande, du fait de la situation volatile et explosive enregistrée, la semaine dernière, dans les deux extrémités du Kivu ».En effet, résume Jeune Afrique, « le président burundais, Évariste Ndayishimiye, a dit redouter que le conflit en RDC déclenche une guerre régionale. “Si ça continue comme ça, a-t-il déclaré, la guerre risque de se généraliser dans la région“. »Que veulent Makenga et Nanga ?La guerre dans quel but ? Quels sont les objectifs du M23 ?Le Monde Afrique brosse un long portrait du chef militaire de la rébellion, Sultani Makenga. C'est un « Tutsi dont une partie de la famille est originaire de la province du Masisi. (…) Ce “général“ discret a fait ses armes à l'ombre du président rwandais Paul Kagame et pris part à toutes les insurrections qui secouent l'est de la RDC depuis trente ans ».Dans une de ses rares interviews il y a deux ans, il déclarait, relève Le Monde Afrique : « nous avons choisi ce chemin parce que tout le reste a échoué. Nous avons au sommet de l'État des irresponsables, des bandits, des gens qui croient que le pays leur appartient ».Et Le Monde Afrique de s'interroger : « est-il un va-t-en-guerre piloté par Kigali et Kampala ? Un stratège militaire qui a su jouer un rôle dans toutes les rébellions congolaises ? Un opposant politique animé par la protection de sa communauté ? Peut-être un peu de tout cela à la fois ».Le quotidien Aujourd'hui au Burkina s'intéresse, lui, à Corneille Nanga, le président de l'AFC, l'Alliance fleuve Congo, alliée au M23. « Personne n'aurait parié en 2015, lorsque Corneille Nanga, président de la CENI congolaise proclamait les résultats des élections générales qu'une dizaine d'années plus tard, il se transformerait en rebelle, pour fonder l'Alliance fleuve Congo ? On ne sait pas ce qui s'est passé entre lui et Félix Tshisekedi mais à l'évidence, une brouille devenue rancune tenace est née entre les deux hommes. En tout cas, allié au M23, Corneille Nanga ne fait pas mystère de vouloir faire tomber Félix Tshisekedi ».Kagame dans le sillage de Poutine ?Pour le chercheur Thierry Vircoulon, interrogé par Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC, « Paul Kagamé semble dans un moment poutinien… (…) Le but immédiat du M23 (piloté par Kigali) est de forcer le gouvernement congolais à négocier. Mais une négociation pour quoi ? Certainement pas pour que le M23 puisse réintégrer l'armée congolaise comme cela avait été le cas après la crise de 2008, affirme Thierry Vircoulon. Une négociation entre le gouvernement congolais et le M23 viserait à conférer à ce mouvement armé le contrôle territorial d'une partie du Nord-Kivu a minima. Cela permettrait, précise le chercheur, l'officialisation des gains territoriaux du M23 depuis 2022 et équivaudrait à une annexion officieuse par le Rwanda. Le Nord-Kivu (ou en tout cas une partie de cette province) deviendrait ainsi un Donbass rwandais ».Et, souligne encore Thierry Vircoulon, « le renversement de Félix Tshisekedi n'est pas exclu dans cette stratégie si celui-ci continue à s'opposer à cette volonté d'annexion. Pour ce faire, Kigali semble avoir ressorti des poubelles de l'histoire la vieille stratégie du paravent politique congolais : l'Alliance du Fleuve Congo est le nouvel avatar du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (le RCD qui avait pris les armes contre le président congolais Laurent-Désiré Kabila à la fin des années 90).
« Plus de 1000 blessés en six jours à Goma, les hôpitaux sont débordés », titre Actualité.cd, qui précise que la majorité des victimes sont des « civils touchés par des tirs de balles et des explosions d'artillerie lourde ». Le site d'information congolais a interrogé Bruno Lemarquis, le coordonnateur des Nations unies en RDC, selon lequel « le manque de médicaments, d'équipements et de personnel soignant met en péril la prise en charge des blessés et augmente le risque de pertes humaines ». « Les infrastructures médicales de Goma », poursuit Actualité.cd, « infrastructures déjà fragilisées par des années de conflit, peinent à absorber l'afflux de patients. Plusieurs hôpitaux signalent une pénurie de matériel chirurgical, d'antibiotiques et de sang, compliquant les interventions d'urgence ». De son côté, Objecti-infos.cd rend compte de la visite à Kinshasa du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, hier. « Le chef de l'État congolais, Felix Tshisekedi et le patron de la diplomatique française, ont fait le point sur la situation sécuritaire et humanitaire dans l'est du pays ». Il a également été question de l'attaque de l'ambassade de France à Kinshasa, par des manifestants, cette semaine. « Félix Tshisekedi a réitéré ses regrets, à la suite de ces incidents malheureux », précise Objectif-infos.cd.Intérêts nationauxDans la presse africaine également, la fin de la présence militaire française au Tchad. « Le retrait des bases militaires du Tchad », rappelle Le Journal du Tchad, a été ordonné « par le président tchadien, le maréchal Mahamat Idriss Déby Itno. Il a estimé que la présence militaire française, est devenue obsolète et il a dénoncé l'accord de défense liant les deux pays ». De son côté Tchadvision, parle d'un « tournant significatif dans la quête du Tchad pour une autonomie accrue. En renforçant ses forces militaires, tout en redéfinissant ses partenariats, le pays aspire à forger un avenir où ses intérêts nationaux priment ». « Se défaire des anciennes chaînes et des dépendances militaires », conclut Tchadvision, « est un défi immense, mais aussi une opportunité exceptionnelle pour bâtir une paix durable et une société plus résiliente ».Erreur ou zèleDirection le Burkina Faso, où la presse s'émeut d'un évènement survenu en France : l'expulsion d'une jeune élève burkinabé vers la Belgique, jeune élève que les gendarmes français sont venus arrêter au sein même de son école. « Reconduite à la frontière : la France ne doit pas tomber dans les « Trumperies », s'exclame Wakatsera, qui rappelle que la jeune fille « a été reconduite à la frontière belge, en compagnie de sa mère et de son petit frère, sans avoir eu le temps de prendre le moindre effet personnel ». « Ironie du sort », remarque Wakatsera, « c'est en plein cours de français, cette langue qui a la magie de rassembler tous ceux qui la pratiquent autour de fortes valeurs séculaires (…) que l'adolescente a connu cette mésaventure, qui pourrait bien la traumatiser à vie ». Une intervention, souligne le site d'information, qui a « suscité l'ire de personnes qui se sont rassemblées pour dénoncer cette interpellation à l'école ». La ministre française de l'Éducation « n'a d'ailleurs pas manqué de procéder à un rappel à l'ordre, qui mentionne que « les interventions des forces de police et de gendarmerie liées aux procédures d'éloignement sont strictement interdites dans le cadre scolaire ». Et Wakatsera de s'interroger : « Méconnaissance, erreur ou zèle des agents de la gendarmerie qui ont conduit cette opération dont a été victime la jeune collégienne ? Des investigations seront certainement menées pour déterminer l'origine de cette bavure, car s'en est une ! », martèle le site burkinabé.
En République démocratique du Congo (RDC), l'UNICEF indique avoir reçu des rapports signalant une hausse alarmante du nombre d'enfants séparés de leur famille ou non accompagnés, les exposant à un risque accru d'enlèvement, de recrutement forcé et de violences sexuelles.Selon l'agence onusienne, il s'agit d'allégations très sévères et très graves, qu'elle doit vérifier. Mais l'urgence est de savoir où sont ces enfants déplacés et dans quelles conditions ils vivent.Cette alerte intervient alors que les camps de déplacés se sont vidés extrêmement rapidement en raison de l'intensité des combats. Il y a beaucoup d'enfants qui ont été détachés de leurs familles ou de leurs proches, indique le Chef de la communication du Bureau régional de l'UNICEF en Afrique de l'Ouest et Centrale, Jean-Jacques Simon, dans un entretien accordé à Alpha Diallo, d'ONU Info Genève.Plus largement, l'UNICEF estime à près de 300.000 le nombre d'enfants qui ont un besoin urgent d'aide dans l'Est de la RDC, qu'il s'agisse d'eau potable, d'installations sanitaires adéquates, de médicaments, de vivres, mais aussi de traitements liés à la malnutrition sévère ainsi que de services de protection de l'enfant.
durée : 00:07:15 - L'invité de 6h20 - Invité de 6h20 sur France Inter, le journaliste et enseignant à Sciences Po Vincent Hugeux apporte son éclairage sur les origines et les objectifs du conflit dans l'Est de la République démocratique du Congo.
durée : 00:15:00 - Journal de 8 h - La situation humanitaire se dégrade encore dans l'est de la République démocratique du Congo, où le sort de la ville de Goma semble scellé. Le groupe M23 contrôle de nombreux quartiers, reportage dans la région dans cette édition.
durée : 00:15:00 - Journal de 8 h - La situation humanitaire se dégrade encore dans l'est de la République démocratique du Congo, où le sort de la ville de Goma semble scellé. Le groupe M23 contrôle de nombreux quartiers, reportage dans la région dans cette édition.
Les activités d'aide alimentaire à Goma et dans ses environs ont été temporairement suspendues en raison de la recrudescence de la violence dans la région orientale de la République démocratique du Congo. Ces derniers développements interviennent alors qu'à Goma, les humanitaires s'inquiètent de la pénurie alimentaire et de la hausse des prix des denrées alimentaires.Ces violences aggravent donc la situation dans les trois provinces de l'Est, qui sont notamment à touchées depuis très longtemps par cette crise humanitaire, notamment les provinces du Nord et Sud-Kivu, en plus de la province de l'Ituri.Dans un entretien accordé à ONU Info, Charly Kasereka, porte-parole du PAM en RDC, témoigne d'une « catastrophe humanitaire qui n'est pas vraiment facile pour toutes ces familles ».(Interview : Charly Kasereka, porte-parole du PAM en RDC; propos recueillis par Alpha Diallo)
durée : 00:15:00 - Journal de 8 h - La situation humanitaire se dégrade encore dans l'est de la République démocratique du Congo, où le sort de la ville de Goma semble scellé. Le groupe M23 contrôle de nombreux quartiers, reportage dans la région dans cette édition.
Le Journal en français facile du mardi 28 janvier 2025, 17 h 00 à Paris.Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/BMWv.A
C'est à la Une d'Objectif-infos.cd avec ce titre : « les affrontements armés font des milliers de déplacés et mettent à mal les structures de santé (…) la situation dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu se détériore rapidement, en raison des affrontements armés qui opposent les FARDC aux rebelles du M23, soutenus par l'armée rwandaise ». La situation humanitaire est critique, donc, car « les affrontements ont provoqué un exode massif de la population », explique Objectif-infos, « de nombreuses localités ont été vidées de leurs habitants. Les déplacés, confrontés à un manque d'accès à l'eau potable, à la nourriture et aux soins, sont particulièrement vulnérables aux maladies ». Selon Médecins sans frontières, « plus de 270 blessés ont été soignés dans les hôpitaux de Minova et Numbi, en seulement deux semaines ».Nombreux déplacésUne situation humanitaire alarmante qui préoccupe également Afrik.com. « Près de 600 000 personnes sont actuellement déplacées dans les régions à l'ouest de Goma », précise Afrik.com, « sur la route menant à Sake, mais aussi au nord, dans d'autres camps qui peinent à accueillir un afflux croissant de réfugiés ». Selon Jeune Afrique, de nombreux déplacés « se dirigent désormais en direction du centre-ville de Goma ». Ce sont pour la plupart « des agriculteurs, qui ont abandonné leurs champs », précise Allafrica.com. Une habitante, commente l'aggravation de la situation dans la région. « Il n'y a pas que ceux qui sont dans les camps de déplacés qui souffrent », dit-elle, « certains d'entre nous à Goma souffrent plus que ceux qui sont dans les camps ». « Les écoles, dans la partie ouest de la ville, ont du mal à fonctionner », ajoute le site d'information, « en raison du danger que font peser les tirs d'armes lourdes. Face à cette situation, les écoles commencent à fermer, afin de protéger les enfants ». Dialogue au point mortAfrikarabia, de son côté s'interroge…« Qui peut arrêter le M23 ? » C'est la question que pose Afrikarabia, qui constate : « lorsque la diplomatie est en panne, ce sont souvent les armes qui prennent le relais ». « Après l'échec du processus de paix de Luanda entre Kinshasa et Kigali, et un dialogue de Nairobi au point mort entre les groupes armés et le gouvernement congolais, rien ne semble arrêter le M23 dans sa percée vers le Sud Kivu », estime Afrikarabia, qui cite une « source sécuritaire », selon laquelle « le M23 ne devrait pas s'aventurer à vouloir prendre les villes de Goma ou de Bukavu ». « Pour mettre la pression sur Kinshasa et pousser le gouvernement à négocier, le M23 peut s'en tenir à encercler et « asphyxier » Goma », ajoute Afrikarabia, « d'autant que la prise de la capitale du Nord-Kivu serait coûteuse en vies humaines avec la présence de centaines de milliers de réfugiés dans la zone ».Tshisekedi rentre à KinshasaLa situation dans la région n'est est pas moins préoccupante. Selon Jeune Afrique, Félix Tshisekedi a d'ailleurs « écourté » son séjour à Davos, en Suisse, où il assistait au Forum Economique Mondial. « Selon deux de ses collaborateurs », précise Jeune Afrique, « il devait atterrir hier en fin de journée à Kinshasa et réunir plusieurs de ses collaborateurs, afin de faire un point sur la situation dans l'est du pays ». Retour en RDC également pour Vital Kamerhe, le président de l'Assemblée nationale, « en mission au Vietnam », qui a confirmé à Jeune Afrique, qu'il écourtait son séjour pour revenir à Kinshasa. Enfin, les ressortissants américains se trouvant dans la région du Nord-Kivu, ont été alertés par leur ambassade », nous dit Jeune Afrique. « Ils ont été invités à « revoir leur plan de sécurité personnelle », « en cas de départ précipité ». L'ambassade des États-Unis expliquant toutefois « être limitée dans sa capacité à offrir une assistance consulaire », « en raison de la « dégradation » de la situation ».
« Que fait la communauté internationale ? Pourquoi elle ne sanctionne pas le régime rwandais qui est derrière les attaques meurtrières du M23 contre nos villes de l'Est du Congo ? ». C'est l'interrogation de plus en plus pressante du gouvernement congolais, après la percée ce mardi des rebelles du M23 sur la ville de Minova, à la frontière entre le Nord et le Sud-Kivu, à quelque 20 kilomètres de Goma. Patrick Muyaya est le ministre congolais de la Communication et des Médias. De passage à Paris, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : L'ennemi a fait une percée sur Bweremana au Nord-Kivu et sur Minova au Sud-Kivu, a annoncé l'armée congolaise ce mardi par communiqué. Est-ce que vous confirmez ? Patrick Muyaya : Oui, je confirme. L'armée a évidemment communiqué parce que c'est la dynamique de la guerre. Parfois vous perdez une bataille, parfois vous gagnez. Mais il y a une détermination claire que nos forces armées vont assurer la défense de l'intégrité territoriale et la protection de nos populations et que c'est une guerre que nous allons gagner. L'ennemi dont l'armée parle, aujourd'hui, c'est un ennemi qui est connu, c'est l'armée rwandaise. Ça ne vaut même plus la peine de parler du groupe terroriste M23 qui n'existe pas. C'est l'armée rwandaise qui opère. Référez-vous au dernier rapport du groupe d'experts des Nations unies qui parle à la fois des équipements utilisés, mais aussi du nombre de militaires envoyés sur le terrain. C'est illustratif justement de la volonté criminelle du président rwandais et cela doit cesser absolument.Donc, depuis ce mardi matin, la ville de Minova est occupée par votre ennemi ?Oui, évidemment. Et ce que l'on ne vous dit pas, c'est qu'il y a des massacres qui se font en même temps. Parce que à chaque fois qu'il y a une avancée des terroristes, le premier objectif, c'est de mettre la main sur les jeunes et de les mettre hors de portée de nuire. Vous savez que nous avons une dynamique de jeunes qu'on appelle les « wazalendo » qui contribuent à la défense de la patrie. Et chaque fois qu'il arrive, l'ennemi s'assure que tous les jeunes identifiés aveuglément puissent être mis hors de portée. Ça veut dire qu'il y a des assassinats, des massacres. Certains journalistes ont publié des images qui sont assez choquantes de la manière dont certains compatriotes ont été tués, parce qu'il y a une volonté de semer la terreur. Et c'est cette situation, d'ailleurs, qui devrait, de notre point de vue, être un élément déclencheur pour obtenir de la communauté internationale des mesures plus fermes et plus fortes.Aujourd'hui, nous avons vu évidemment les pays occidentaux condamner le Rwanda, dénoncer le Rwanda, mais ce n'est pas suffisant en termes d'actions pour nous assurer justement que ces aventures criminelles cessent parce qu'il y a trop de drames. Tout ceci se passe sous les yeux de la communauté internationale et c'est illustratif justement de la nécessité pour elle d'agir plus énergiquement dès lors que le processus de Luanda a été publiquement saboté par le président rwandais qui, sans gêne d'ailleurs, revendique les actes terroristes posés par les terroristes du M23. Et il y a une nécessité d'avoir une action plus énergique pour prévenir un conflit plus intense dans la région.Sur le plan politique, le processus de Luanda est au point mort depuis l'annulation de la rencontre du mois dernier entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Pourquoi dites-vous que Paul Kagame a saboté le processus ? Mais parce qu'il n'est pas venu pour ne pas consacrer la mort de son fils préféré, le M23, qui est un mouvement terroriste.Apparemment, il n'est pas venu parce qu'il voulait un dialogue direct entre la République démocratique du Congo et les rebelles du M23…Écoutez, ça, ce sont les subterfuges qu'ils ont sortis, la veille justement de la tenue du sommet. Le président de la République l'a déjà dit et redit, il n'est pas question pour nous de discuter avec le M23 qui en réalité n'existe pas, parce que l'agenda qu'ils ont, c'est l'agenda rwandais. Pourquoi on va discuter avec le pantin alors que nous avons « l'autorité morale » de toutes ces actions criminelles sur la table ? Et donc celui qui a choisi délibérément de saboter ce processus, de mettre le processus au point mort, il s'appelle Paul Kagame, et il est urgent que la communauté internationale puisse tirer des conséquences de la manière la plus ferme pour qu'il rentre sur la table et pour que le processus puisse aboutir.Alors, vous demandez des sanctions internationales contre le Rwanda, mais l'Union africaine, pour l'instant, refuse que les Nations unies inscrivent un débat sur ce sujet dans leur agenda 2025. Vous n'êtes pas déçu ? Ecoutez, pour tous ces pays qui estiment aujourd'hui que le Rwanda devrait être épargné des sanctions, ils devraient juste regarder la situation humanitaire. C'est évident qu'aujourd'hui il y a des millions des jeunes femmes et hommes qui sont déplacés dans leur propre pays du fait des agissements du président rwandais. Il y a des viols, des massacres qui se perpétuent en plein jour. Ces pays-là, je ne pense pas qu'ils veulent être complices de ces dégâts. Ne pas prendre des sanctions fortes en ce moment, c'est être complice de massacres qui sont commis dans l'est de la RDC.Et vous pensez qu'Emmanuel Macron ne va pas assez loin, lui non plus ? Il devrait aller plus loin, justement…C'est-à-dire ?Plus loin. Ça veut dire que la France aujourd'hui peut activer des sanctions plus fermes parce qu'on connait les rapports des Nations unies, ce sont des rapports qui sont publics et je pense qu'il y a sûrement des experts français. La France, qui généralement est derrière les plumes qui rédigent des résolutions au niveau du Conseil de sécurité, devrait tirer les conséquences au regard de la situation humanitaire et du côté belliqueux prouvé par le président rwandais. Et donc le président Macron est lui aussi tenu d'user de plus de fermeté vis-à-vis du Rwanda pour que la paix soit restaurée dans l'est de la RDC.À lire aussiConflit dans l'Est de la RDC: les combats se poursuivent au niveau de Sake
Les combats continuent de faire rage dans les régions du sud et du nord Kivu. « Les FARDC, les Forces armées de la République démocratique du Congo, affirment contenir "l'ennemi", précise Actualité CD, dans les zones de Lubero, Sake et Nyiragongo, tout en reconnaissant des "percées" à Bweremana (Nord-Kivu) et Minova (Sud-Kivu) ».En effet, poursuit le site congolais, « l'armée congolaise reconnaît que les rebelles du M23, appuyés par l'armée rwandaise, ont réussi à s'infiltrer dans Bweremana et à prendre le contrôle de la cité de Minova, une entité stratégique. (…) L'occupation de cette ville a provoqué une hausse des prix des produits de première nécessité et amplifié une crise humanitaire déjà critique, relève encore Actualité CD. Des milliers de déplacés, originaires de Masisi et de Rutshuru, ont fui à nouveau, s'ajoutant aux 700 000 personnes déjà enregistrées dans le groupement de Buzi ».D'après une source humanitaire citée par le site congolais, « la famine risque de toucher un grand nombre de personnes. Les familles de déplacés et celles d'accueil se dirigent désormais vers Goma dans des conditions précaires ».Statu quo…C'est désormais la guerre à outrance dans l'est de la RDC, pointe le site Afrikarabia. « En l'absence de toute perspective diplomatique et d'accord entre la RDC et le Rwanda après l'échec des pourparlers de Luanda, le M23 et les autorités congolaises ont décidé (en effet) de privilégier la solution militaire. Kinshasa refusant toute négociation directe avec le M23, et Kigali conditionnant désormais son retrait à un dialogue entre le gouvernement congolais et la rébellion, faisant par la même occasion voler en éclats un cessez-le-feu qui n'a jamais vraiment été respecté. Malgré les récents succès militaires des FARDC, le rapport de force ne s'est pas vraiment inversé sur le terrain, relève encore Afrikarabia. Sans un retrait des forces rwandaises qui, selon le dernier rapport de l'ONU, apportent un soutien militaire décisif en hommes et en armes sophistiquées, on ne voit pas comment l'armée congolaise peut venir à bout de la rébellion. Du côté du M23, on a également l'impression que les rebelles ne sont plus vraiment en mesure de conquérir de nouveaux territoires sans fragiliser les zones déjà sous son contrôle ».La bataille des communiquésEt cette guerre à outrance sur le terrain se double désormais d'une guerre des mots… C'est ce que relève Jeune Afrique. « Les gouvernements de Kinshasa et de Kigali s'affrontent aussi par médias interposés à mesure que le conflit s'intensifie. Les insultes fusent, de chaque côté de la frontière. Le langage a abandonné la diplomatie ».D'un côté, le président rwandais Paul Kagamé qui traite d'idiots les chefs militaires congolais. De l'autre, les autorités de Kinshasa qui qualifient le président rwandais d'élu de la terreur et qui le comparent à Joseph Goebbels, le ministre de la Propagande sous Hitler…De plus, souligne Jeune Afrique, « la guerre de communication complique le travail des journalistes. « Il faut éviter de se fier uniquement aux deux camps, met en garde Claude Sengenya, vice-président de l'Union nationale de la presse congolaise à Butembo (dans l'Est). Quand les combattants du M23 prennent une localité par exemple, ils se précipitent sur une pancarte qui mentionne son nom pour tourner une vidéo et la diffuser. Mais quand on passe un coup de téléphone, on se rend compte qu'ils ont juste occupé un petit bout du village », relève-t-il. Et « l'armée congolaise n'est pas en reste, pointe encore Jeune Afrique. L'armée congolaise qui diffuse des images de soldats morts présentés comme rwandais pour signifier sa supériorité ».La guerre des réseauxBref, « chaque partie tente d'imposer son récit », aussi par le biais d'internet et des réseaux sociaux avec des influenceurs dans les deux camps.Récemment, relève le site panafricain, la chaine de télévision qatari Al Jazeera a été suspendue pour 90 jours par les autorités congolaises. Elle avait diffusé une interview du chef politique du M23, Bertrand Bisimwa. Une interview réalisée par Bojana Coulibaly, qui se présente comme chercheuse mais qui est accusée par Kinshasa d'être une influenceuse pro-rwandaise.D'ailleurs, précise Jeune Afrique, les autorités congolaises ont lancé « un avertissement aux médias qui seraient perçus comme complaisants à l'égard du M23. Les autorités congolaises qui durcissent leurs positions sur le front médiatique tout en assurant respecter la liberté de la presse ».
Joao Lourenço est en visite d'État à Paris, où il sera reçu ce jeudi matin par son homologue français Emmanuel Macron. Que vient faire le président angolais en France ? Il espère y trouver un soutien pour diversifier son économie, trop dépendante du pétrole. Mais il compte aussi renforcer son partenariat politique avec la France, au moment où sa médiation entre le Rwanda et le Congo-Kinshasa traverse un trou d'air. Explications de Didier Péclard, professeur de sciences politiques et d'études africaines à l'Université de Genève. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : L'enjeu de cette visite de Joao Lourenço, il est d'abord politique ou économique ? Didier Péclard : C'est un peu les deux, bien sûr, mais disons, sur le plan politique, ce qui est très important pourJoao Lourenço, c'est de continuer à se profiler comme un acteur important sur la scène africaine. L'Angola, depuis longtemps, cherche à être comme ça : cette puissance du milieu de l'Afrique avec le Nigeria au Nord et puis l'Afrique du Sud pour la partie australe. Et l'Angola, depuis la fin de la guerre civile en 2002, en fait, a fait beaucoup d'efforts pour se positionner comme un acteur important sur la scène africaine, ce qui sera encore renforcé cette année avec le fait que l'Angola prendra la présidence tournante de l'Union africaine. Alors justement, côté politique, Joao Lourenço a essuyé un échec le 15 décembre 2024 avec le refus du Rwandais Paul Kagame de se rendre à la conférence tripartite qui était prévue à Luanda avec le Congolais Félix Tshisekedi. Est-ce que Joao Lourenço ne va pas finir par se lasser d'essayer de faire la médiation entre le Congo et le Rwanda ? C'est possible effectivement, mais je crois qu'en même temps, c'est un enjeu très important pour l'Afrique. Et en tant que président de l'Union africaine, ce serait d'autant plus important d'arriver à obtenir un accord et, en même temps, je pense que d'obtenir un succès, ce serait vraiment quelque chose qui lui donnerait une stature internationale importante et qui lui permettrait aussi de s'extraire des difficultés politiques et économiques à l'intérieur du pays. Donc, je pense qu'il va continuer. C'est difficile, bien sûr, mais je pense plutôt qu'il continuera. Est-ce que Joao Lourenço a un intérêt politique ou économique interne pour l'Angola au fait qu'il y ait la paix entre le Congo et le Rwanda ? Pas directement, je pense, mais l'instabilité à l'est de la RDC peut avoir des effets négatifs sur un des projets phares actuels, qui est le fameux corridor de Lobito dont on a beaucoup entendu parler lors de la visite de Joe Biden récemment en Angola. Et là aussi, bien sûr, la stabilité est importante pour la poursuite de ce projet. Le corridor de Lobito est un enjeu économique très important pour le président angolais et Joe Biden, le président américain, l'a souligné lors de sa visite sur place le 2 décembre 2024. Est-ce à dire que l'Angola va s'éloigner de la Chine au profit d'une alliance avec les Occidentaux, comme les États-Unis et la France ? Bon, je crois que ça fait partie d'une stratégie de long terme, en fait, que des pays comme l'Angola poursuivent. Les régimes angolais sont passés maîtres dans l'art de jouer leurs alliances respectives, les unes contre les autres. Et je crois que le cas du corridor de Lobito s'inscrit tout à fait dans cette stratégie-là, c'est-à-dire que c'est d'abord un chemin de fer qui a été reconstruit grâce à des capitaux chinois et les entreprises chinoises dans les années 2000. Et, à la surprise de tout le monde, au moment où le gouvernement angolais a octroyé la concession pour l'exploitation de cette ligne pendant 30 ans, ce n'est pas un consortium chinois qui a remporté la mise, mais un consortium plutôt occidental. C'est un bon exemple, je crois, de la façon qu'a le régime angolais de s'allier alternativement ou de pencher alternativement, plutôt du côté occidental, plutôt du côté chinois, pour maintenir la pression sur ses différents alliés. Donc, si les États-Unis et l'Europe veulent faire de l'Angola un rempart contre l'influence de la Chine, ils se bercent d'illusion ? Oui, je crois. L'Angola reste le principal partenaire économique et financier de la Chine en Afrique subsaharienne. Il n'y a pas de raison de penser que ça va changer complètement. Simplement, cette idée qu'on a pu avoir que l'Angola ou le gouvernement angolais se livrait pieds et poings liés à la Chine est fausse. À l'heure où l'Afrique de l'Est est dominée par la présence chinoise, à l'heure où l'Afrique de l'Ouest est de plus en plus sous l'influence de la Russie, est-ce que l'Angola n'est pas l'une des dernières portes d'entrée en Afrique pour les Occidentaux ? C'est possible effectivement et je pense que Joao Lourenço a tout à fait saisi cela et va jouer cette carte. Mais tout en sachant bien que son propre intérêt ou l'intérêt du gouvernement angolais n'est pas de se mettre à dos ses partenaires chinois, bien au contraire. Il s'agit de continuer à avoir une bonne relation. D'ailleurs, la dette envers la Chine est colossale, donc ne serait-ce que pour cela, il est important aussi que les canaux de communication fonctionnent et que l'entente avec la Chine continue à être bonne. Lors de sa visite en Angola le mois dernier, le président américain Joe Biden a annoncé 600 millions de dollars supplémentaires pour construire le corridor de Lobito, est-ce que Donald Trump va poursuivre la même politique ? Il y a de fortes chances que ce soit le cas effectivement, parce que c'est un lieu important de la concurrence globale entre la Chine et les États-Unis. Donc, il y a fort à parier que cet investissement continuera effectivement et qu'en même temps la compétition continuera également. À lire aussiVisite de Joe Biden en Angola: le corridor de Lobito au centre des enjeuxÀ lire aussiEchec du sommet de Luanda: «On est une nouvelle fois dans l'impasse»