Juriste historien, Dario Mantovani est né en 1961 à Milan (Italie). Sa formation en lycée classique a préludé aux études de droit. Il a parcouru dans différentes universités italiennes (Trente, Parme) une carrière de chercheur et d’enseignant, avant de devenir professeur de droit romain à l’universi…
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Paul Veyne au Collège de France : Paul Veyne « inaugure » une nouvelle histoirePaul Cournarieuniversité Bordeaux MontaignePascal Montlahucuniversité Paris CitéPaul Veyne au Collège de France : Une rencontre organisée par Dario Mantovani, Vinciane Pirenne-Delforge et John Scheid.Au milieu des années 70, l'intitulé des chaires du Collège de France n'avait plus forcément le caractère générique et répétitif des appellations anciennes. Il fallait dès lors une certaine audace pour annoncer une « Histoire de Rome », ce dont Paul Veyne, élu en 1975, ne manquait assurément pas. Ne lui faisait pas non plus défaut la curiosité à large spectre qui l'a fait s'intéresser à presque tous les champs du savoir sur l'antiquité gréco-romaine, en les fécondant des méthodes des sciences sociales.Ce savant original, qui n'a jamais voulu faire école, n'aimait guère les hommages et ce n'est pas dans ce sens convenu que s'inscrira la journée du 10 décembre 2024. Il s'agira plutôt d'évoquer les circonstances de son élection, les dossiers qu'il a mobilisés dans ses cours et séminaires au Collège de France, la manière dont il s'inscrivait dans l'institution et le travail qu'il y a mené pendant près d'un quart de siècle (1976-1999).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Paul Veyne au Collège de France : Une idée de Paul VeyneAndrea GiardinaScuola Normale di Pisa - Accademia dei LinceiPaul Veyne au Collège de France : Une rencontre organisée par Dario Mantovani, Vinciane Pirenne-Delforge et John Scheid.Au milieu des années 70, l'intitulé des chaires du Collège de France n'avait plus forcément le caractère générique et répétitif des appellations anciennes. Il fallait dès lors une certaine audace pour annoncer une « Histoire de Rome », ce dont Paul Veyne, élu en 1975, ne manquait assurément pas. Ne lui faisait pas non plus défaut la curiosité à large spectre qui l'a fait s'intéresser à presque tous les champs du savoir sur l'antiquité gréco-romaine, en les fécondant des méthodes des sciences sociales.Ce savant original, qui n'a jamais voulu faire école, n'aimait guère les hommages et ce n'est pas dans ce sens convenu que s'inscrira la journée du 10 décembre 2024. Il s'agira plutôt d'évoquer les circonstances de son élection, les dossiers qu'il a mobilisés dans ses cours et séminaires au Collège de France, la manière dont il s'inscrivait dans l'institution et le travail qu'il y a mené pendant près d'un quart de siècle (1976-1999).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Paul Veyne au Collège de France : L'histoire ne s'écrit pas comme un roman vrai. L'élection de Paul Veyne à la chaire d'Histoire de Rome d'après les archives du Collège de FranceDario MantovaniProfesseur du Collège de FrancePaul Veyne au Collège de France : Une rencontre organisée par Dario Mantovani, Vinciane Pirenne-Delforge et John Scheid.Au milieu des années 70, l'intitulé des chaires du Collège de France n'avait plus forcément le caractère générique et répétitif des appellations anciennes. Il fallait dès lors une certaine audace pour annoncer une « Histoire de Rome », ce dont Paul Veyne, élu en 1975, ne manquait assurément pas. Ne lui faisait pas non plus défaut la curiosité à large spectre qui l'a fait s'intéresser à presque tous les champs du savoir sur l'antiquité gréco-romaine, en les fécondant des méthodes des sciences sociales.Ce savant original, qui n'a jamais voulu faire école, n'aimait guère les hommages et ce n'est pas dans ce sens convenu que s'inscrira la journée du 10 décembre 2024. Il s'agira plutôt d'évoquer les circonstances de son élection, les dossiers qu'il a mobilisés dans ses cours et séminaires au Collège de France, la manière dont il s'inscrivait dans l'institution et le travail qu'il y a mené pendant près d'un quart de siècle (1976-1999).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Paul Veyne au Collège de France : Paul Veyne et les images : échos d'un bureau partagé au Collège de FranceVinciane Pirenne-DelforgeProfesseur du Collège de FranceFrançoise FrontisiCollège de FrancePaul Veyne au Collège de France : Une rencontre organisée par Dario Mantovani, Vinciane Pirenne-Delforge et John Scheid.Au milieu des années 70, l'intitulé des chaires du Collège de France n'avait plus forcément le caractère générique et répétitif des appellations anciennes. Il fallait dès lors une certaine audace pour annoncer une « Histoire de Rome », ce dont Paul Veyne, élu en 1975, ne manquait assurément pas. Ne lui faisait pas non plus défaut la curiosité à large spectre qui l'a fait s'intéresser à presque tous les champs du savoir sur l'antiquité gréco-romaine, en les fécondant des méthodes des sciences sociales.Ce savant original, qui n'a jamais voulu faire école, n'aimait guère les hommages et ce n'est pas dans ce sens convenu que s'inscrira la journée du 10 décembre 2024. Il s'agira plutôt d'évoquer les circonstances de son élection, les dossiers qu'il a mobilisés dans ses cours et séminaires au Collège de France, la manière dont il s'inscrivait dans l'institution et le travail qu'il y a mené pendant près d'un quart de siècle (1976-1999).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Paul Veyne au Collège de France : Un collègue savant, attentif et réservé. Témoignage sur Paul Veyne au Collège de FranceJohn ScheidProfesseur du Collège de FrancePaul Veyne au Collège de France : Une rencontre organisée par Dario Mantovani, Vinciane Pirenne-Delforge et John Scheid.Au milieu des années 70, l'intitulé des chaires du Collège de France n'avait plus forcément le caractère générique et répétitif des appellations anciennes. Il fallait dès lors une certaine audace pour annoncer une « Histoire de Rome », ce dont Paul Veyne, élu en 1975, ne manquait assurément pas. Ne lui faisait pas non plus défaut la curiosité à large spectre qui l'a fait s'intéresser à presque tous les champs du savoir sur l'antiquité gréco-romaine, en les fécondant des méthodes des sciences sociales.Ce savant original, qui n'a jamais voulu faire école, n'aimait guère les hommages et ce n'est pas dans ce sens convenu que s'inscrira la journée du 10 décembre 2024. Il s'agira plutôt d'évoquer les circonstances de son élection, les dossiers qu'il a mobilisés dans ses cours et séminaires au Collège de France, la manière dont il s'inscrivait dans l'institution et le travail qu'il y a mené pendant près d'un quart de siècle (1976-1999).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Paul Veyne au Collège de France : IntroductionThomas RömerProfesseur et administrateur du Collège de FrancePaul Veyne au Collège de France : Une rencontre organisée par Dario Mantovani, Vinciane Pirenne-Delforge et John Scheid.Au milieu des années 70, l'intitulé des chaires du Collège de France n'avait plus forcément le caractère générique et répétitif des appellations anciennes. Il fallait dès lors une certaine audace pour annoncer une « Histoire de Rome », ce dont Paul Veyne, élu en 1975, ne manquait assurément pas. Ne lui faisait pas non plus défaut la curiosité à large spectre qui l'a fait s'intéresser à presque tous les champs du savoir sur l'antiquité gréco-romaine, en les fécondant des méthodes des sciences sociales.Ce savant original, qui n'a jamais voulu faire école, n'aimait guère les hommages et ce n'est pas dans ce sens convenu que s'inscrira la journée du 10 décembre 2024. Il s'agira plutôt d'évoquer les circonstances de son élection, les dossiers qu'il a mobilisés dans ses cours et séminaires au Collège de France, la manière dont il s'inscrivait dans l'institution et le travail qu'il y a mené pendant près d'un quart de siècle (1976-1999).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine11 - Les métaphores sont sans finRésuméLes métaphores sont omniprésentes, non seulement dans les textes littéraires, mais aussi dans le langage courant et même dans les langages techniques, dont celui du droit. Elles sont en ce sens sans fin, et multiples aussi les angles sous lesquels on peut les étudier. Pour ce dernier cours de l'année, nous présenterons un bilan de notre exploration des métaphores corporelles, qui ne pourra qu'être provisoire. Nous utiliserons comme jalons les différentes fonctions que les métaphores jouent dans les textes des juristes romains. Dans ce parcours à rebours dans la galerie des métaphores, qu'elles aient été déjà commentées dans les séances précédentes ou ici pour la première fois, un passage de Cicéron (De oratore 3.155-161) nous servira de guide. Et, avec Cicéron, nous poserons aussi cette question : pourquoi les métaphores nous attirent-elles, même lorsqu'elles ne sont pas nécessaires ?
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine10 - Juristes au bord des métaphores. Créativité et contraintes du langage juridiqueRésuméDans les textes des juristes romains, nous rencontrons de nombreuses métaphores. Mais étaient-ils conscients de les employer ? Le cours abordera cette question, fondamentale du point de vue de la méthode, en cherchant dans les textes eux-mêmes les signes de l'attitude des juristes. Les indices de leur familiarité avec les métaphores ne manquent pas : les juristes avertissent souvent le lecteur qu'ils sont sur le point d'en introduire une (par quaedam ou quodammodo, « presque », « en quelque sorte »). Deux exemples sont particulièrement illustratifs : la définition du rivage et celle des degrés de parenté. Nous suivrons les différentes définitions du rivage maritime (litus), en observant le refroidissement progressif de leur registre métaphorique (Cicéron, Topiques, 32 ; Cicéron, La nature des dieux, 2.100 ; Iavolenus, D. 50, 16, 112 ; Celse, D. 50, 16, 96). La définition des degrés de parenté proposée par Paul (D. 38, 10, 10) montre, en revanche, la capacité du juriste à exploiter le caractère métaphorique d'un terme désormais lexicalisé (les « gradus » étant à l'origine les marches d'un escalier) pour le rattacher, sans faire semblant, au droit des Douze Tables, c'est-à-dire pour le ramener dans le champ du droit. Constater la conscience que les juristes avaient des métaphores nous invite à considérer que, d'une part, ils ont tendu à garder un style sobre et que, d'autre part, dans les étroites marges de manœuvre que leur laissaient les conventions stylistiques de la prose technique, ils ont profité des métaphores et de leur capacité connotative pour donner de la cohérence à leur argumentation et au système juridique lui-même.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine08 - Mouvements : des volontés qui se rencontrent et des droits qui bougentRésuméLes juristes, comme tout un chacun, philosophe ou homme de la rue, étaient conscients du dualisme constitutif de l'homme, unité du corps et de l'âme (mieux encore, du corpus, de l'animus, la composante rationnelle de l'intériorité, et de l'anima, la composante sensorielle). Ils ont utilisé ce dualisme dans divers contextes, la « corruption » de l'esclave, la vente d'esclaves sur le marché et surtout dans la configuration de la possession. Dans tous ces cas, la donnée anthropologique est déconstruite et remontée selon les besoins du droit, qui se saisit de l'extériorité et de l'intériorité de l'être humain par le langage, notamment par les métaphores. Quand l'homme entre dans le droit, il en sort transformé.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine08 - Mouvements : des volontés qui se rencontrent et des droits qui bougentRésuméDonner corps aux idées et les faire bouger dans l'espace est un moyen efficace de représenter et manier des abstractions. Certaines métaphores spatiales et ontologiques sont entrées dans l'usage du langage juridique à tel point qu'elles ne sont plus perçues comme telles. C'est le cas du mot conventio, que le juriste Ulpien explique (Digeste 2.14.1.3) en réactivant le sens originel du verbe convenire, qui signifie se réunir en un lieu en étant partis d'endroits différents. D'où l'utilisation métaphorique de conventio pour signifier la rencontre des volontés des parties contractantes. La même métaphore, spatiale et ontologique (selon les catégories de la linguistique cognitive), est reprise dans les articles 1101 et 1113 du Code civil, relatifs à la définition du contrat. De même qu'Ulpien met en lumière la valeur métaphorique de conventio, lire Ulpien nous permet de saisir la matrice de la définition moderne.Dans d'autres cas la trame métaphorique du langage juridique est plus cachée, plus profonde, plus fondamentale encore. C'est le cas de l'idée du transfert des droits, selon laquelle les droits sont des objets (ou même des personnes) qui se déplacent, passant d'une main à l'autre et emportant avec eux leur physionomie. La lecture d'un autre texte d'Ulpien (Digeste 41.1.20.1) redonne vie à cette sorte de théâtre des droits. Nous retrouvons enfin les mots d'Ulpien en sous-texte d'une page d'Emmanuel Kant : le destin des métaphores est d'en engendrer d'autres, et celui du droit romain de produire des idées, souvent à notre insu.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaineS'en prendre au corps du débiteur, des Douze Tables à saint AmbroiseRésuméLes Douze Tables, au Ve siècle av. J.-C., réglementaient une procédure appelée manus iniectio (mainmise) : le créancier était autorisé à emmener le débiteur insolvable chez lui et à le garder enchaîné. En l'absence de paiement, le débiteur pouvait être vendu à l'étranger comme esclave, ou son corps découpé en morceaux. La cruauté de la procédure conduisit les Romains eux-mêmes à tenter de la rationaliser, comme le montre le débat (probablement imaginaire) entre le philosophe Favorinus et le juriste Africanus, à l'époque d'Hadrien, rapporté par Aulu-Gelle (Nuits attiques 20.1). Les préteurs ont également conçu la procédure civile d'exécution selon les règles des Douze Tables : l'emprisonnement du débiteur insolvable était encore, à l'époque classique, une possibilité pour le créancier, qui utilisait son corps pour faire pression sur lui et ses familiers et amis, sans pour autant aller jusqu'à la vente comme esclave ou la mise en morceaux du cadavre. La pratique des représailles sur le corps du débiteur a néanmoins survécu jusqu'à la fin de l'Antiquité. Saint Ambroise la mentionne dans son commentaire du Livre de Tobie (10) : des créanciers arrivaient jusqu'à empêcher – illégalement – l'enterrement du débiteur mort afin de faire pression sur les héritiers. L'empereur Justin (Codex Iustinianus 9.19.6) en témoigne également. L'homélie d'Ambroise n'est quand même pas à prendre au pied de la lettre : elle révèle un sous-texte riche en métaphores juridiques et suggère qu'il était un lecteur averti des textes de droit romain et sans doute des Douze Tables.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine06 - Perdre la tête pour le droit : la capitis deminutioRésuméRésuméUne expression juridique a frappé l'imagination au cours des siècles : capitis deminutio. Le sens est assez clair : comme l'expliquent Gaius, puis Justinien (Institutes 1.16), il s'agit du changement de statut d'un individu, affectant sa liberté et/ou sa citoyenneté, ou sa position potestative au sein de la famille. Mais si cette explication élimine les aspérités et répond au besoin d'un langage rationnel et contrôlé, que signifiait capitis deminutio à l'origine ? Caput était-il compris métonymiquement et métaphoriquement comme la condition juridique ou bien s'agissait-il d'une image de la mort par décapitation, ou encore d'autre chose ? Le cours portera aussi sur les traces que la capitis deminutio a laissé dans le droit moderne.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine05 - Les membres d'un navire, entre droit et poésieRésuméIl existe de nombreuses façons de définir un objet, en l'occurrence un navire. Ce cours explore les démarches d'un déclamateur latin (Cicéron, De l'invention, 2.153), d'un juriste (Alfénus, Digeste, 21.2.44), d'un érudit (Aulu-Gelle, Nuits attiques, 10.25.5), du graveur d'un sesterce de Néron (RIC 178 ; BnF). Au centre d'un faisceau d'images et de métaphores, suivre le langage d'Alfénus permet de découvrir qu'un poète lui a sans doute emprunté sa métaphore des « membres » d'un navire (Ovide, Métamorphoses, 14.539 sqq.) ; à son tour, le juriste s'est peut-être approprié un diminutif – parva navicula – qu'il avait entendu dans sa jeunesse dans un discours de Cicéron (Après son retour de l'exil, au peuple Romain 19-20). À travers ces liens, la pensée juridique se révèle ancrée dans la culture et la société qui l'entourent.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine04 - Sommes-nous les mêmes que la semaine dernière ? Le corps comme outil d'argumentation juridiqueRésuméPour aborder un problème juridique, il faut d'abord des concepts pour le rendre maniable, puis le résoudre à la lumière des critères de valeur jugés préférables. Le juriste P. Alfenus Varus, consul en 39 av. J.-C. et personnalité de la scène politique et culturelle romaine, doit déterminer si le fait de changer quelques juges dans un jury modifie l'identité du jury et du procès (Digeste, 5.1.76). Une question d'identité dans le temps, donc. Comment la traiter ? Alfénus utilise la notion de corps développée par la philosophie grecque, qui les distingue selon qu'ils sont unitaires (comme une pierre), composés d'éléments cohérents (comme un navire) ou d'éléments séparés, mais conceptuellement considérés comme un seul corps (comme un peuple). Derrière cette question se cachent de profonds dilemmes philosophiques, notamment celui représenté par le navire de Thésée ou, plus troublant encore, celui concernant l'identité dans le temps de chacun d'entre nous. Pouvons-nous être considérés comme les mêmes qu'il y a une semaine, malgré le changement incessant de notre constitution physique ? L'idée du corps sert donc non seulement pour produire des métaphores permettant de nommer des concepts, mais aussi comme outil d'argumentation.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine03 - Le corps et son contraire, les choses incorporelles. La voix, la famille sont-elles des corps ?Résumé« C'est au langage, et au langage seul, que les entités fictives doivent leur existence, leur impossible et néanmoins indispensable existence ». On peut compléter ce propos de Jeremy Bentham, père de l'utilitarisme, en précisant que le langage, pour poursuivre ce but, se sert des métaphores et du corps. Le latin corpus dérive probablement du proto-indo-européen *ḱrp-os-, *ḱrp- Sa signification première est en fait le corps humain, du point de vue de son anatomie et de son aspect extérieur, par opposition à l'esprit. Mais de façon extensive, corpus en est venu à désigner le corps des animaux autres que l'homme, et aussi tous les êtres vivants organisés, puis tout objet matériel, quel qu'il soit. La polysémie du terme « corps » était telle que les anciens ont tenté de le définir, en le testant sur un cas précis, celui de la voix. La voix est-elle un corps ou bien est-elle un incorporel, se demande Aulu-Gelle (5.15). La discussion autour de la voix nous aide à prendre conscience du fait que le corps constitue l'image incontournable aussi pour dire son contraire. « Incorporel » n'est autre chose que le concept symétriquement inverse du corps. On ne peut penser une entité, réelle ou imaginaire, que si on lui donne ou on lui refuse un corps. Les juristes ont-ils aussi utilisé la catégorie des choses incorporelles. Gaius, notamment, en fait la (sous-)composante d'une triade qui se veut exhaustive de toute la matière juridique, personae, res, actiones. Cette démarche trace une ligne précise, de la métaphore à des notions abstraites. La pensée juridique tend d'abord à construire ses concepts à l'aide d'images corporelles (la notion d'obligation appartient à ce genre). Ensuite, dans une étape ultérieure, cette idée est transférée dans la catégorie des choses incorporelles. Cette oscillation permanente entre abstrait et concret peut prendre aussi une autre direction. C'est le cas lorsqu'un ensemble d'individus est conçu à son tour comme un seul corps. Le juriste Ulpien (D. 50.16.195.1-2, 4) cherche ainsi à définir les multiples significations du mot famille (familia) à l'aide de la notion de corps, mais aussi de sang et de mémoire. Les métaphores ne sont pas neutres : en tant que porteuses des idées provenant d'un domaine différent, elles ne s'en dépouillent jamais complètement et appellent d'autres métaphores.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine02 - Voir à travers les corps : métaphores corporelles et métaphores incarnéesRésuméAprès les métaphores, protagonistes de la première séance, c'est le corps qui va faire son entrée sur scène lors de ce cours. Le corps agit au moins de deux façons différentes en tant que matrice de métaphores et d'autres tropes. De nombreuses métaphores surgissent du fait que notre esprit est habitué à concevoir le monde à partir de notre condition d'êtres pourvus d'un corps. On parle à ce propos de métaphores « incarnées », motivées par des expériences sensori-motrices que nous avons tous vécues. D'autres métaphores – qu'on qualifie de « corporelles » – puisent en revanche dans un imaginaire issu d'une représentation mentale du corps, le nôtre et surtout celui d'autrui. Pour mieux comprendre à la fois ces types de métaphores et la pensée des juristes qui s'en servent pour parler du droit, on abordera notamment un texte du juriste Paul, actif au premier tiers du IIIe siècle après J.-C. (Digeste, 48, 20, 7). Il traite d'une question ardue, à savoir le sort de l'héritage d'une personne condamnée à mort ou, en tout cas, à une peine entraînant la confiscation de ses biens, si le condamné a des descendants. Les enfants doivent-ils perdre le patrimoine de leur parent ou doivent-ils le recevoir en héritage ? Intérêt public à la punition et intérêt privé à la transmission du patrimoine entrent ici en conflit. Le juriste parvient à une solution grâce à un discours riche en métaphores et autres tropes, qui non seulement rendent le langage très vivant, mais constituent un élément sur lequel s'appuie le raisonnement pour parvenir à une solution équitable.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Le corps du droit, « Corpus Iuris ». Imaginer le droit par les métaphores corporelles dans la littérature juridique romaine01 - Dire autre chose pour dire le droit. Introduction aux métaphores comme outil de pensée dans la Rome antiqueRésuméLa métaphore est le transport d'un mot de sa signification propre à une autre signification. Par elle, on exprime une idée au moyen d'un terme qui normalement en désigne une autre.Il s'agit parfois d'une façon de rendre le discours plus élégant. D'autres fois, cela répond à une nécessité, parce qu'on manque de mots pour décrire de façon assez claire ce dont on veut parler.Les sciences sont riches en métaphores et, plus largement, de tropes. Cela vaut aussi pour le droit, alors qu'on s'attendrait au contraire pour cette langue de précision. Mais le droit n'existe pas à l'état naturel : c'est une technique développée par les sociétés humaines pour réduire les conflits. Et justement, comme la plupart des figures juridiques n'existent pas à l'état naturel, pour les rendre plus compréhensibles, il faut les rapprocher de ce qui constitue déjà notre expérience, notamment le corps et ses parties. C'est une façon d'insérer l'indicible dans un cadre familier et, par ce biais, de l'appréhender.C'est pourquoi souvent on parle d'autre chose pour parler de droit, en recourant à des métaphores et à d'autres tropes, comme lorsque les juristes romains disent « L'esclave ayant été manumis ne perd pas sa tête, parce qu'il n'avait pas de tête ». Un propos apparemment bizarre, mais qui avait une signification précise dans la langue juridique.Quintilien, maître de l'art du discours, notait que nous avons tous recours à des métaphores, sans en être toujours conscients. C'est à ce même résultat que la linguistique cognitiviste est parvenue ces dernières décennies, notamment avec le livre fondateur de Lakoff et Johnson. Les métaphores – nous expliquent-ils – sont dans la vie quotidienne. Ce qui fait tout leur intérêt est que souvent, sous une métaphore, on devine un concept plus profond, voire une façon de concevoir le monde : par exemple, considérer le temps comme de l'argent ou un procès comme une bataille ou une loi comme pourvue de volonté. C'est en suivant cette voie, qui considère la métaphore corporelle comme un détecteur de modèles culturels, que le cours tentera de pénétrer la mentalité des juristes romains, de remonter à l'origine du droit, et au fond aussi de réfléchir à notre propre façon de penser la justice. Ce premier cours introduira le cadre méthodologique.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : ConclusionsIntervenants :Dario Mantovani, Professeur du Collège de FranceA. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Un projet récent de revue et ses perspectives : History of Classical ScholarshipIntervenants :Lorenzo Calvelli (Univ. Ca' Foscari, Venise)Federico Santangelo (Newcastle University)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? :Histoire et philologie : des Quaderni di storia à Philologie et libertéIntervenants :Luciano Canfora (Univ. de Bari)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? :Réception de l'Antiquité et histoire de la philologie classique : AnabasesIntervenants :Clément Bur (Univ. Toulouse II – Jean-Jaurès)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? :Humanités numériques et philologie récente et contemporaineIntervenants :Matthieu Cassin (CNRS, IRHTirht)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? :La tradition française dans la Revue de philologieIntervenants :Philippe Moreau (Univ. Paris Est – Créteil)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Une nouvelle encyclopédie en ligne sur la philologie grecque et latine ancienneIntervenants :Franco Montanari (Univ. Gênes)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : L'édition et l'histoire de la philologie des textes chrétiensIntervenants :Stéphane Gioanni (Univ. Lumière – Lyon 2, HISOMA)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Le public des traductions : stratégies de la Pléiade et de folio GallimardIntervenants :Philippe Heuzé (Univ. Sorbonne Nouvelle – Paris III)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Éditer, commenter et traduire : la CUF et l'éclairage de l'histoire de la philologie- Pour la série latineIntervenants :John Scheid, Professeur du Collège de FranceA. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Éditer, commenter et traduire : la CUF et l'éclairage de l'histoire de la philologie - Pour la série grecqueIntervenants :Jacques Jouanna (Membre de l'Institut)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Évolution et convergences des méthodes philologiques : la Revue d'histoire des textesIntervenants :Jérémy Delmulle (CNRS, IRHT)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Le rôle de la BnF et des bibliothèques : accès, utilisation, évolution du public spécialisé et de la conservationIntervenants :Christian Förstel (BnF – Département des manuscrits)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Parcours de la recherche au prisme de l'Année philologiqueIntervenants :Charles Guérin (Sorbonne Université)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : Les histoires de la philologie classiqueIntervenants :Stefania Montecalvo (Univ. de Foggia)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2023-2024Colloque - Voies et voix de la philologie classique. Éditer les textes anciens : comment et pour quel public ? : OuvertureIntervenants :Thomas Römer, Professeur et administrateur du Collège de FranceDario Mantovani, Professeur du Collège de FranceFrançois Bougard (CNRS, Directeur IRHT)Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD)A. Voies de la philologie classiqueCe premier volet entend analyser succinctement les manières de narrer la longue histoire de la transmission des textes antiques et d'évoquer ses figures marquantes, mais aussi ses périodisations, ses concepts, ses modèles.B. Voix de la philologie classiqueCe second volet donnera la parole à plusieurs représentants de l'édition des œuvres classiques et des études d'histoire de la philologie classique ; aux uns, il sera demandé de se pencher sur les tendances actuelles de l'art d'éditer, traduire et commenter les textes anciens ; aux autres, de retracer le parcours de plusieurs revues éclairant l'histoire de ce domaine scientifique.Organisateurs : Dario Mantovani (Collège de France), Luigi-Alberto Sanchi (CNRS, IHD) et François Bougard (CNRS, IRHT).
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-2023Conférence - James Q. Whitman : Des maîtres d'esclaves aux seigneurs de terres : la transformation du droit de la propriété en OccidentComprendre une transformation radicale et ses conséquencesL'une des propositions les plus célèbres des sciences sociales occidentales est associée à Karl Marx. Selon Marx, le monde occidental a connu une profonde transition socio-économique après le déclin et la chute de l'Empire romain, passant de l'esclavage antique au féodalisme médiéval. Alors que les économies de l'ancien monde étaient fondées sur la propriété des êtres humains, les économies du Moyen Âge ont été fondées sur la seigneurie féodale de la terre. Marx n'était pas le seul à penser ainsi. De nombreux penseurs ont proposé leurs propres versions de la même affirmation, parmi lesquels des personnalités telles que Max Weber et Marc Bloch.Cette interprétation classique du cours de l'histoire socio-économique occidentale est presque universellement rejetée aujourd'hui. Les chercheurs modernes ont démontré que les histoires socio-économiques des penseurs classiques étaient erronées. Les sociétés du monde antique n'avaient pas d'économies esclavagistes du type de celles imaginées par Marx ou Weber. Les chercheurs ne sont pas non plus disposés à qualifier le Moyen Âge de « féodal » comme le faisaient les penseurs classiques du passé. La grande hypothèse du passage de l'esclavage au féodalisme, aux yeux des chercheurs contemporains, a été fondamentalement réfutée.Pourtant, en examinant les sources juridiques, nous découvrons de nombreux signes de changement qui rappellent les idées de Marx, Weber et Bloch. La Rome classique n'avait pas une économie marxiste de l'esclavage. Mais la formule paradigmatique pour revendiquer des droits de propriété était Je déclare que cet homme est à moi. Le droit romain, plus largement, était riche d'un langage et d'un symbolisme qui appartenaient à ce qu'Orlando Patterson appelle « l'idiome du pouvoir » de la relation maître / esclave. Le « féodalisme » ne s'est peut-être pas abattu sur l'Europe après la chute de l'Empire romain d'Occident. Mais le droit postclassique est indubitablement marqué par une orientation vers la propriété foncière, qui reste l'exemple paradigmatique de la propriété dans la plupart des cultures juridiques modernes. Les interprétations classiques de l'histoire occidentale sont-elles vraiment dénuées de vérité ?Ces conférences soutiennent qu'il y a effectivement du vrai dans les interprétations classiques. L'Occident a réellement été façonné par le passage de la propriété des êtres humains à la propriété de la terre. Mais Marx et ses nombreux successeurs ont eu tort de penser que cette transformation appartenait à l'histoire économique. La grande transformation n'était pas une transformation des modes de production. C'était une transformation de l'imagination juridique. C'était une transformation dans la manière dont le droit occidental a résolu le profond mystère de ce que signifie être propriétaire.Les conférences ont pour but de donner un sens à cette transformation. Elles commencent dans l'Antiquité, en analysant l'« idiome du pouvoir » des relations maître / esclave dans le droit romain antique. Ils se tournent ensuite vers le passage postclassique à une orientation vers la propriété de la terre. Les débuts de ce changement peuvent être datés de l'Antiquité tardive. Mais le processus de changement dans l'imaginaire juridique a été extraordinairement lent, n'atteignant son apogée qu'à la fin des XVIIIe et XIXe siècles, qui ont vu la disparition définitive de la propriété légitime des êtres humains. La fin de l'esclavage légal ne peut être comprise que dans le contexte de cette histoire immensément longue de changement de l'imagination juridique. Pour donner un sens à ce qui s'est passé, les conférences soutiennent que nous devons considérer non seulement l'histoire du droit, mais aussi l'histoire de la religion.James Q. Whitman est professeur invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Dario Mantovani.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202311 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : « La nature n'a pas fait du soleil le bien de quelqu'un ». Épilogue
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-2023Conférence - James Q. Whitman : Des maîtres d'esclaves aux seigneurs de terres : la transformation du droit de la propriété en OccidentÀ travers Marx et Weber, au-delà de Marx et WeberL'une des propositions les plus célèbres des sciences sociales occidentales est associée à Karl Marx. Selon Marx, le monde occidental a connu une profonde transition socio-économique après le déclin et la chute de l'Empire romain, passant de l'esclavage antique au féodalisme médiéval. Alors que les économies de l'ancien monde étaient fondées sur la propriété des êtres humains, les économies du Moyen Âge ont été fondées sur la seigneurie féodale de la terre. Marx n'était pas le seul à penser ainsi. De nombreux penseurs ont proposé leurs propres versions de la même affirmation, parmi lesquels des personnalités telles que Max Weber et Marc Bloch.Cette interprétation classique du cours de l'histoire socio-économique occidentale est presque universellement rejetée aujourd'hui. Les chercheurs modernes ont démontré que les histoires socio-économiques des penseurs classiques étaient erronées. Les sociétés du monde antique n'avaient pas d'économies esclavagistes du type de celles imaginées par Marx ou Weber. Les chercheurs ne sont pas non plus disposés à qualifier le Moyen Âge de « féodal » comme le faisaient les penseurs classiques du passé. La grande hypothèse du passage de l'esclavage au féodalisme, aux yeux des chercheurs contemporains, a été fondamentalement réfutée.Pourtant, en examinant les sources juridiques, nous découvrons de nombreux signes de changement qui rappellent les idées de Marx, Weber et Bloch. La Rome classique n'avait pas une économie marxiste de l'esclavage. Mais la formule paradigmatique pour revendiquer des droits de propriété était Je déclare que cet homme est à moi. Le droit romain, plus largement, était riche d'un langage et d'un symbolisme qui appartenaient à ce qu'Orlando Patterson appelle « l'idiome du pouvoir » de la relation maître / esclave. Le « féodalisme » ne s'est peut-être pas abattu sur l'Europe après la chute de l'Empire romain d'Occident. Mais le droit postclassique est indubitablement marqué par une orientation vers la propriété foncière, qui reste l'exemple paradigmatique de la propriété dans la plupart des cultures juridiques modernes. Les interprétations classiques de l'histoire occidentale sont-elles vraiment dénuées de vérité ?Ces conférences soutiennent qu'il y a effectivement du vrai dans les interprétations classiques. L'Occident a réellement été façonné par le passage de la propriété des êtres humains à la propriété de la terre. Mais Marx et ses nombreux successeurs ont eu tort de penser que cette transformation appartenait à l'histoire économique. La grande transformation n'était pas une transformation des modes de production. C'était une transformation de l'imagination juridique. C'était une transformation dans la manière dont le droit occidental a résolu le profond mystère de ce que signifie être propriétaire.Les conférences ont pour but de donner un sens à cette transformation. Elles commencent dans l'Antiquité, en analysant l'« idiome du pouvoir » des relations maître / esclave dans le droit romain antique. Ils se tournent ensuite vers le passage postclassique à une orientation vers la propriété de la terre. Les débuts de ce changement peuvent être datés de l'Antiquité tardive. Mais le processus de changement dans l'imaginaire juridique a été extraordinairement lent, n'atteignant son apogée qu'à la fin des XVIIIe et XIXe siècles, qui ont vu la disparition définitive de la propriété légitime des êtres humains. La fin de l'esclavage légal ne peut être comprise que dans le contexte de cette histoire immensément longue de changement de l'imagination juridique. Pour donner un sens à ce qui s'est passé, les conférences soutiennent que nous devons considérer non seulement l'histoire du droit, mais aussi l'histoire de la religion.James Q. Whitman est professeur invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Dario Mantovani.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202310 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : « L'équité est le retour à la loi naturelle, dans le silence, l'opposition ou l'obscurité des lois positives ».Le droit de nature comme discours.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-2023Conférence - James Q. Whitman : Des maîtres d'esclaves aux seigneurs de terres : la transformation du droit de la propriété en OccidentDes maîtres d'esclaves aux seigneurs de terres : une transformation en droit occidentalL'une des propositions les plus célèbres des sciences sociales occidentales est associée à Karl Marx. Selon Marx, le monde occidental a connu une profonde transition socio-économique après le déclin et la chute de l'Empire romain, passant de l'esclavage antique au féodalisme médiéval. Alors que les économies de l'ancien monde étaient fondées sur la propriété des êtres humains, les économies du Moyen Âge ont été fondées sur la seigneurie féodale de la terre. Marx n'était pas le seul à penser ainsi. De nombreux penseurs ont proposé leurs propres versions de la même affirmation, parmi lesquels des personnalités telles que Max Weber et Marc Bloch.Cette interprétation classique du cours de l'histoire socio-économique occidentale est presque universellement rejetée aujourd'hui. Les chercheurs modernes ont démontré que les histoires socio-économiques des penseurs classiques étaient erronées. Les sociétés du monde antique n'avaient pas d'économies esclavagistes du type de celles imaginées par Marx ou Weber. Les chercheurs ne sont pas non plus disposés à qualifier le Moyen Âge de « féodal » comme le faisaient les penseurs classiques du passé. La grande hypothèse du passage de l'esclavage au féodalisme, aux yeux des chercheurs contemporains, a été fondamentalement réfutée.Pourtant, en examinant les sources juridiques, nous découvrons de nombreux signes de changement qui rappellent les idées de Marx, Weber et Bloch. La Rome classique n'avait pas une économie marxiste de l'esclavage. Mais la formule paradigmatique pour revendiquer des droits de propriété était Je déclare que cet homme est à moi. Le droit romain, plus largement, était riche d'un langage et d'un symbolisme qui appartenaient à ce qu'Orlando Patterson appelle « l'idiome du pouvoir » de la relation maître / esclave. Le « féodalisme » ne s'est peut-être pas abattu sur l'Europe après la chute de l'Empire romain d'Occident. Mais le droit postclassique est indubitablement marqué par une orientation vers la propriété foncière, qui reste l'exemple paradigmatique de la propriété dans la plupart des cultures juridiques modernes. Les interprétations classiques de l'histoire occidentale sont-elles vraiment dénuées de vérité ?Ces conférences soutiennent qu'il y a effectivement du vrai dans les interprétations classiques. L'Occident a réellement été façonné par le passage de la propriété des êtres humains à la propriété de la terre. Mais Marx et ses nombreux successeurs ont eu tort de penser que cette transformation appartenait à l'histoire économique. La grande transformation n'était pas une transformation des modes de production. C'était une transformation de l'imagination juridique. C'était une transformation dans la manière dont le droit occidental a résolu le profond mystère de ce que signifie être propriétaire.Les conférences ont pour but de donner un sens à cette transformation. Elles commencent dans l'Antiquité, en analysant l'« idiome du pouvoir » des relations maître / esclave dans le droit romain antique. Ils se tournent ensuite vers le passage postclassique à une orientation vers la propriété de la terre. Les débuts de ce changement peuvent être datés de l'Antiquité tardive. Mais le processus de changement dans l'imaginaire juridique a été extraordinairement lent, n'atteignant son apogée qu'à la fin des XVIIIe et XIXe siècles, qui ont vu la disparition définitive de la propriété légitime des êtres humains. La fin de l'esclavage légal ne peut être comprise que dans le contexte de cette histoire immensément longue de changement de l'imagination juridique. Pour donner un sens à ce qui s'est passé, les conférences soutiennent que nous devons considérer non seulement l'histoire du droit, mais aussi l'histoire de la religion.James Q. Whitman est professeur invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Dario Mantovani.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202309 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : « Nous sommes un fardeau pour le monde, alors que la Nature n'est plus capable de nous soutenir ». Regards romains sur l'environnement, entre savoirs pratiques, morale
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-2023Conférence - James Q. Whitman : Des maîtres d'esclaves aux seigneurs de terres : la transformation du droit de la propriété en OccidentPosséder des hommes, posséder des terres : deux modes primitifs de l'imagination juridiqueL'une des propositions les plus célèbres des sciences sociales occidentales est associée à Karl Marx. Selon Marx, le monde occidental a connu une profonde transition socio-économique après le déclin et la chute de l'Empire romain, passant de l'esclavage antique au féodalisme médiéval. Alors que les économies de l'ancien monde étaient fondées sur la propriété des êtres humains, les économies du Moyen Âge ont été fondées sur la seigneurie féodale de la terre. Marx n'était pas le seul à penser ainsi. De nombreux penseurs ont proposé leurs propres versions de la même affirmation, parmi lesquels des personnalités telles que Max Weber et Marc Bloch.Cette interprétation classique du cours de l'histoire socio-économique occidentale est presque universellement rejetée aujourd'hui. Les chercheurs modernes ont démontré que les histoires socio-économiques des penseurs classiques étaient erronées. Les sociétés du monde antique n'avaient pas d'économies esclavagistes du type de celles imaginées par Marx ou Weber. Les chercheurs ne sont pas non plus disposés à qualifier le Moyen Âge de « féodal » comme le faisaient les penseurs classiques du passé. La grande hypothèse du passage de l'esclavage au féodalisme, aux yeux des chercheurs contemporains, a été fondamentalement réfutée.Pourtant, en examinant les sources juridiques, nous découvrons de nombreux signes de changement qui rappellent les idées de Marx, Weber et Bloch. La Rome classique n'avait pas une économie marxiste de l'esclavage. Mais la formule paradigmatique pour revendiquer des droits de propriété était Je déclare que cet homme est à moi. Le droit romain, plus largement, était riche d'un langage et d'un symbolisme qui appartenaient à ce qu'Orlando Patterson appelle « l'idiome du pouvoir » de la relation maître / esclave. Le « féodalisme » ne s'est peut-être pas abattu sur l'Europe après la chute de l'Empire romain d'Occident. Mais le droit postclassique est indubitablement marqué par une orientation vers la propriété foncière, qui reste l'exemple paradigmatique de la propriété dans la plupart des cultures juridiques modernes. Les interprétations classiques de l'histoire occidentale sont-elles vraiment dénuées de vérité ?Ces conférences soutiennent qu'il y a effectivement du vrai dans les interprétations classiques. L'Occident a réellement été façonné par le passage de la propriété des êtres humains à la propriété de la terre. Mais Marx et ses nombreux successeurs ont eu tort de penser que cette transformation appartenait à l'histoire économique. La grande transformation n'était pas une transformation des modes de production. C'était une transformation de l'imagination juridique. C'était une transformation dans la manière dont le droit occidental a résolu le profond mystère de ce que signifie être propriétaire.Les conférences ont pour but de donner un sens à cette transformation. Elles commencent dans l'Antiquité, en analysant l'« idiome du pouvoir » des relations maître / esclave dans le droit romain antique. Ils se tournent ensuite vers le passage postclassique à une orientation vers la propriété de la terre. Les débuts de ce changement peuvent être datés de l'Antiquité tardive. Mais le processus de changement dans l'imaginaire juridique a été extraordinairement lent, n'atteignant son apogée qu'à la fin des XVIIIe et XIXe siècles, qui ont vu la disparition définitive de la propriété légitime des êtres humains. La fin de l'esclavage légal ne peut être comprise que dans le contexte de cette histoire immensément longue de changement de l'imagination juridique. Pour donner un sens à ce qui s'est passé, les conférences soutiennent que nous devons considérer non seulement l'histoire du droit, mais aussi l'histoire de la religion.James Q. Whitman est professeur invité par l'assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Dario Mantovani.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202308 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : Lucrèce et un contrat naturel qui n'en est pas unPour établir une relation plus saine avec le monde qui nous entoure et dont nous faisons partie, les hommes devraient-ils passer un contrat avec les animaux et l'ensemble de l'écosystème ? C'est le "contrat naturel" proposé par Michel Serres, dans le cadre d'un mouvement plus général qui prône la personnification des objets naturels et la reconnaissance qu'ils sont titulaires de droits, notamment le droit à l'existence. Presque indépendamment, de nombreux chercheurs, surtout américains, ont cru trouver une préfiguration et une confirmation de ce type de contrat ("the animal contract") dans un passage du poème De la Nature de Lucrèce (5.855-877). L'analyse des vers du poète épicurien du Ier siècle avant J.-C. montre cependant qu'il avait à l'esprit un autre modèle, celui de la tutelle (tutela), similaire à celui de la tutelle des mineurs incapables de se défendre (et de la législation sur la protection des animaux) . Une définition que le juriste Servius Sulpicius Rufus donne de la tutela et qui trouve un écho dans la poésie lucrétienne permet de mieux cerner les contours juridiques les enjeux pratiques de la question.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202307 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne :« … aussi longtemps que dure l'intention de revenir ». Abeilles, colombes et cerfs : des animaux à la lisière du droitAprès avoir étudié les deux catégories fondamentales des animaux domestiques et des animaux sauvages, le cours portera sur des catégories intermédiaires. Nous nous intéresserons notamment à un étrange groupe d'animaux qui ont l'habitude d'aller et de revenir, dans un va-et-vient entre nature et culture, entre liberté et propriété, qui, comme toute zone grise, met en question les catégories trop rigides, mais en même temps contribue à les valider.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202306 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : Classer les animaux pour mieux se les approprier. Jalons pour une « zoologie juridique » romainePourquoi le Code rural de 2010 précise-t-il que les volailles et autres animaux de basse-cour restent notre propriété même si nous les avons perdus de vue ? C'est un legs implicite du droit romain, qui distingue les animaux dont nous conservons la propriété une fois pour toutes et les animaux sur lesquels notre contrôle ne s'exerce que tant que nous en conservons la maîtrise physique, ne serait-ce que par notre regard. Pour parvenir à ce résultat, une taxonomie articulée des animaux apparaît dans les textes des juristes romains. Elle distingue d'abord les animaux sauvages et les animaux domestiqués, puis procède à d'autres distinctions dont le cours montrera la richesse et les nuances. Dans cette taxonomie, les critères zoologiques, morphologiques et éthologiques, coexistent avec des considérations économiques, attentives à mesurer le rôle de chaque animal dans l'économie romaine. C'est une classification par laquelle les juristes jettent leur filet conceptuel sur le règne animal. Mais c'est aussi une voie féconde, et peu explorée, pour appréhender la mentalité des Romains face au vivant et pour en repérer les traces jusqu'à nous.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202305 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : « Les bêtes étant dépourvues d'entendement, ne peuvent pas avoir intention de nuire »Quelles sont les conséquences juridiques d'un dommage causé par une bête à une chose ou à un homme ou à une autre bête qui appartient à quelqu'un ? Qui est responsable de ce dommage en droit romain ? Surtout, quelle conception des animaux transparaît de ce régime juridique ? Le cours répondra à ces questions à travers les réflexions du juriste Ulpien. Nous en tirerons la conclusion que les juristes romains accordaient aux animaux (domestiques), tout en leur niant l'entendement, la possibilité de s'écarter du comportement naturel typique de leur espèce. L'éthologie, pour ainsi dire, est tout de même mise au service de la résolution d'un conflit d'intérêts entre propriétaires.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202304 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : « Nous sommes appelés d'un seul nom naturel, c'est-à-dire hommes ». Liberté et esclavage entre nature et droitLes juristes romains – en particulier Florentin et Ulpien – proposent une définition de la liberté qui se situe entre nature et droit. Leurs définitions ont influencé la conception moderne des droits de l'homme. Mais pour les juristes romains, reconnaître qu'il existe une liberté par nature revient à créer un espace où le rôle des esclaves peut être pris en compte sans modifier leur soumission « contre nature » au pouvoir d'autrui.La catégorie de « persona » permet aux juristes d'envisager les êtres humains de manière très variée, sans les enfermer dans une condition unique. L'homme devient ainsi un rôle, comme les acteurs romains qui portaient un masque, et en portant le masque devenaient le personnage qu'ils interprétaient. Le signe que la condition des hommes, d'abord unique, se diversifie ensuite et se segmente, est constitué par la multiplication des noms, qui servent à distinguer, à ségréguer. « Et alors que nous sommes appelés d'un seul nom naturel, c'est-à-dire hommes, selon le droit des gens il vint à en exister trois sortes : les libres, leur contraire les esclaves et un troisième genre, les affranchis ». Nommer c'est donc instituer.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202303 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : « Le droit naturel est celui que la nature a enseigné à tous les animaux ». Les racines romaines de l'anthropocentrisme juridiqueSur la toile de fond de la conception romaine de la « natura », et notamment du De natura deorum de Cicéron, le cours proposera une interprétation d'un texte célèbre, puissant et énigmatique, d'Ulpien (D. 1.1.3-4 et D. 1.1.6). Trois catégories de droit y sont distinguées : le droit naturel, le droit des gens et le droit civil. Ce texte est à la base de l'élaboration moderne du jusnaturalisme. S'il peut donner parfois l'impression de placer les hommes et les autres animaux dans un même écosystème juridique, il exprime en réalité la centralité des hommes en tant qu'êtres doués de raison.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202302 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : La nature de la « natura » : la vision romaine d'une nature intérieureLa nature aujourd'hui est souvent comprise comme environnement, ensemble physique externe qui entoure les hommes. Pour les anciens, la physis / natura était une force vivifiante immanente ; selon une définition d'Aristote, « un principe et une cause de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement ». Le spectacle harmonieux du vivant et des corps célestes était le lieu où les philosophes voyaient cette natura, en tant que puissance immanente. Mais cette nature produit des effets différents selon les êtres. C'est seulement aux humains et aux dieux qu'elle apporte aussi la raison, ce qui implique une échelle du vivant et la conception que le monde est au service des hommes (et des dieux).Selon la réception romaine de l'idée de physis, notamment dans le sillage de la doctrine stoïcienne, la natura est donc aussi à la base de l'éthique. D'où, enfin, la configuration anthropocentrique aussi du droit.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2022-202301 - Droit de nature, nature sans droits. Les implicites romains de la pensée moderne : Les mules de Rome et les chevaux de l'Uttarakhand. Que peut l'histoire du droit pour repenser notre rapport à la Nature ?Ce premier cours nous conduit des pentes de l'Himalaya, entre Inde et Népal, de nos jours, au Clivus Capitolinus qui mène au Capitole de la Rome antique au Ier siècle av. J.-C. Des époques et des lieux différents, mais avec des problèmes similaires : des chevaux et des mules tirant des charrettes chargées de marchandises et de passagers, qui soulèvent des préoccupations de santé pour les animaux et aussi pour les humains. Le droit est mobilisé dans les deux cas – la Haute Cour de l'Uttarahkhand et le juriste Alfenus Varus – mais avec des solutions très différentes. Rien d'étonnant, car, dans l'Inde contemporaine et la Rome de Jules César, les idéologies et les valeurs sont dissemblables. Si hier les aspects patrimoniaux étaient surtout pris en considération, aujourd'hui on va même jusqu'à attribuer une personnalité juridique à l'ensemble du règne animal afin de mieux le protéger. Au-delà des faits similaires, et au-delà des solutions différentes, un point crucial unit cependant les deux affaires, c'est-à-dire les catégories juridiques utilisées pour les résoudre, notamment la notion de personnalité juridique, qui remonte à la persona du droit romain. On arrive donc au cœur du cours de cette année, que cette première séance veut introduire. L'histoire du droit permet de comprendre si la persistance de catégories qui nous viennent de l'antiquité romaine et de notre tradition peut aider ou au contraire entraver la transition juridique en cours, censée accompagner la transition vers un rapport au monde plus équilibré.
Dario Mantovani Droit, culture et société de la Rome antique Collège de France Année 2021-2022 Du bon usage de la richesse. Le droit comme économie morale à Rome Les Anciens avaient une idée de l'économie différente de la nôtre : elle faisait partie de la philosophie, notamment de l'éthique. Elle était l'art du « bon usage des richesses » : « bon », car l'économie, en tant qu'administration des biens du foyer, dans leur dimension à la fois humaine et matérielle, avait un objectif précis, le bien-vivre au sens moral. Les moyens d'acquisition des richesses – le commerce, les échanges, les contrats – devaient eux aussi être « beaux et justes ». C'est pourquoi le droit romain, qui posait les règles valables dans ce domaine, peut être lu comme une technique du bon et du juste pour acquérir et gérer un patrimoine. Ainsi, par rapport à nos conceptions, la relation entre droit et économie s'inverse. Aujourd'hui, on tend souvent à analyser le droit par le biais de la science économique, pour le mettre à son service, dans un but d'efficience. Dans un monde comme celui de l'Empire romain, qui ne connaissait pas de science économique au sens contemporain, c'était le droit qui fournissait les critères d'action et de choix ; ce que la justice, en tant que valeur morale et sociale, visait, tenait la place actuelle de la maximisation du profit. Les cours, à travers une histoire des mentalités, des institutions, des modes de vie anciens, analyseront la société romaine grâce aux savoirs qu'elle a développés pour se penser.
Dario Mantovani Droit, culture et société de la Rome antique Collège de France Année 2021-2022 Du bon usage de la richesse. Le droit comme économie morale à Rome Les Anciens avaient une idée de l'économie différente de la nôtre : elle faisait partie de la philosophie, notamment de l'éthique. Elle était l'art du « bon usage des richesses » : « bon », car l'économie, en tant qu'administration des biens du foyer, dans leur dimension à la fois humaine et matérielle, avait un objectif précis, le bien-vivre au sens moral. Les moyens d'acquisition des richesses – le commerce, les échanges, les contrats – devaient eux aussi être « beaux et justes ». C'est pourquoi le droit romain, qui posait les règles valables dans ce domaine, peut être lu comme une technique du bon et du juste pour acquérir et gérer un patrimoine. Ainsi, par rapport à nos conceptions, la relation entre droit et économie s'inverse. Aujourd'hui, on tend souvent à analyser le droit par le biais de la science économique, pour le mettre à son service, dans un but d'efficience. Dans un monde comme celui de l'Empire romain, qui ne connaissait pas de science économique au sens contemporain, c'était le droit qui fournissait les critères d'action et de choix ; ce que la justice, en tant que valeur morale et sociale, visait, tenait la place actuelle de la maximisation du profit. Les cours, à travers une histoire des mentalités, des institutions, des modes de vie anciens, analyseront la société romaine grâce aux savoirs qu'elle a développés pour se penser.
Dario MantovaniDroit, culture et société de la Rome antiqueCollège de FranceAnnée 2021-2022Du bon usage de la richesse. Le droit comme économie morale à RomeLes Anciens avaient une idée de l'économie différente de la nôtre : elle faisait partie de la philosophie, notamment de l'éthique. Elle était l'art du « bon usage des richesses » : « bon », car l'économie, en tant qu'administration des biens du foyer, dans leur dimension à la fois humaine et matérielle, avait un objectif précis, le bien-vivre au sens moral.Les moyens d'acquisition des richesses – le commerce, les échanges, les contrats – devaient eux aussi être « beaux et justes ». C'est pourquoi le droit romain, qui posait les règles valables dans ce domaine, peut être lu comme une technique du bon et du juste pour acquérir et gérer un patrimoine.Ainsi, par rapport à nos conceptions, la relation entre droit et économie s'inverse. Aujourd'hui, on tend souvent à analyser le droit par le biais de la science économique, pour le mettre à son service, dans un but d'efficience. Dans un monde comme celui de l'Empire romain, qui ne connaissait pas de science économique au sens contemporain, c'était le droit qui fournissait les critères d'action et de choix ; ce que la justice, en tant que valeur morale et sociale, visait, tenait la place actuelle de la maximisation du profit.Les cours, à travers une histoire des mentalités, des institutions, des modes de vie anciens, analyseront la société romaine grâce aux savoirs qu'elle a développés pour se penser.