Le Centre international de criminologie comparée (CICC) est un regroupement de chercheurs québécois , canadiens et internationaux travaillant sur les phénomènes criminels, leur contrôle et les différentes modalités d'intervention déployées par les institutions publiques, privées et communautaires po…
We examine ongoing police reform initiatives in Armenia. Through implicit comparisons with Russia and Georgia, we assess what reforms are feasible in similar electoral authoritarian regimes. Using documentary sources, ethnographic observation, and key-informant interviews, we examine four major areas of reform: anti-corruption measures in the highway police, modernization of police recruitment and training, the policing of protest, and treatment of victims and witnesses in criminal investigations. Unlike Georgia’s sweeping reforms and Russia’s cosmetic ones, Armenia’s reforms can fairly be characterized as modest. We explain this variation in outcomes through differences across the cases concerning intra-elite relations, levels of corruption and street crime, and international linkages. Armenia’s experience demonstrates that at least some forms of police reform can occur in electoral authoritarian regimes. We close by considering the long-term viability of modest reforms that fail to create a significant pro-reform mobilization among citizens, as well as the proper role of international partners in promoting police reform in non-democratic regimes.
Mareile Kaufmann is a senior researcher at the Peace Research Institute Oslo. She holds a PhD in Criminology from Hamburg University. Neighboring disciplines such as critical security studies and cultural sciences equally shape her research agenda, which focuses on the meeting point between societal security and security technologies.
Entre 2011 et 2013, Ouisa Kies a mené une étude sur les processus de radicalisation en prison dans cinq établissements français. Dans la littérature, la radicalisation est considérée comme l’articulation entre idéologie extrémiste et une action violente plus ou moins organisée. L’une peut aller sans l’autre, mais la radicalisation est la combinaison des deux sous une forme induisant la violence en acte comme ingrédient essentiel. À travers une présentation de cette étude et l’exemple de plusieurs pays, Ouisa Kies reviendra sur le nouveau paradigme du phénomène de radicalisation et proposera une réflexion sur le processus de « dé-radicalisation » qui lui est associé. Enfin, la sociologue abordera la recherche-action, en cours depuis janvier 2015, portant sur la radicalisation religieuse islamiste en prison et plus particulièrement sur la réactualisation de l’outil de détection. Ce projet a pour objectif la mise en place d’un programme de prise en charge des détenus dits « radicalisés ».
Pour beaucoup d’observateurs et d’intervenants politiques, les massacres perpétrés à Paris en novembre 2015 furent une barbarie. « Barbarie » est en réalité un terme trop facile, qui déporte les causes des massacres et le monde des tueurs ailleurs, dans l’au-delà de la civilisation. Nous formulerons des observations rigoureusement inverses et montreront qu’en réalité c’est une fraction de la jeunesse de chez nous, de la jeunesse européenne, qui s’est exportée vers cet ailleurs pour participer au chaos et l’accroître. Si barbarie il y a, elle est donc celle de l’Europe qui n’a pu maîtriser une partie des siens. L’objet de la conférence est également de montrer la géographie des lieux des massacres, exactement situés sur les lignes de front des conflits sociaux de Paris, notamment de ceux impliquant les migrants nord-africains. L’histoire et la géographie sociales de Paris expliquent novembre 2015.
Dr. Robert D. Hoge is Professor Emeritus of Psychology and Distinguished Research Professor at Carleton University in Ottawa. His teaching, research, and consulting activities are in the areas of child and adolescent psychology, forensic psychology, and psychological assessment.
Chercheur au CICC et professeur adjoint à l'École de criminologie de l'Université de Montréal, Jean Bérard nous parle de l'ouvrage qu'il a coordonné : Prisons, quel avenir? Presses Universitaires de France, La Vie des Idées, 2016, 109 pages.
In its most basic formulation, security means safety. Yet the world upon (and within) which we act can no longer absorb our pursuits of safety. Our carbon-based societies may have achieved unprecedented levels of health and development, but the unintended consequences are dire. Our dynamic and volatile world demands that we challenge our understandings of ourselves, of the environment, and of security. This talk will explore these themes and take up the task of re-imagining security disciplines for the Anthropocene - the age of the human.
As far as we can tell, Canada, today has an imprisonment rate only slightly higher than it was when the Harper government took control in 2006, notwithstanding the fact that during the Harper decade, at least 42 separate crime bills were passed by Parliament, most of which contained sections that would appear to have had the goal of increasing the level of punishment directed at those convicted of offences. What is it that “protected” Canada from a more punitive turn? Why is it that a government that prided itself as being “tough on crime” did not apparently succeed in increasing imprisonment dramatically?
Le constat d’infraction électronique : entre gestion documentaire et cyberjustice
Titre complet : Intervenir dans un contexte où la violence envers un intervenant est possible : comment moduler sa peur? Cette étude phénoménologique tente de comprendre et décrire l’expérience des intervenants d’un hôpital psychiatrique lorsque ceux-ci ont été victimes d’un acte de violence grave de la part d’un patient, ainsi que les impacts engendrés sur la relation d’aide, puis sur les services offerts.
Le mois d’octobre 2015 marquera le quinzième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000) sur « les femmes, la paix, et la sécurité » par le Conseil de Sécurité de l’ONU. À cette occasion, le Secrétaire-général s’adressera aux membres du Conseil pour dresser un état des lieux de la mise en oeuvre de la résolution et proposer un certain nombre de mesures destinées à en accroître son effectivité sur le terrain. Dans un tel contexte, notre intervention envisage de revenir sur la formation et les effets équivoques d’un champ transnational des femmes, de la paix et de la sécurité.
Les recherches se consacrant spécifiquement aux représentations et au vécu de la sexualité des personnes incarcérées sont rares en Belgique. Or, la sexualité concerne non seulement l’individu incarcéré dans ses relations multidimensionnelles avec l’environnement extérieur, mais englobe aussi son histoire de vie, ses expériences et ses conceptions personnelles à l’égard de la sexualité. L’objectif principal de notre conférence sera de rendre compte d’un questionnement des détenus de 10 prisons francophones belges sur les conséquences de la privation de la sexualité, d’évaluer la persistance du désir sexuel en prison et des modes d’adaptation de cette population (pratiques sexuelles de substitution, solitaires ou avec d’autres détenus, viols, visites intimes, etc.). Les principaux résultats obtenus aux différentes étapes de notre cheminement empirique traceront ensuite les trajectoires d’adaptation des discours et des pratiques de la sexualité soumises aux contraintes carcérales.
Pour fonctionner, le trafic local de drogue (essentiellement du cannabis) a besoin d’être sécurisé contre le travail policier, les vols de marchandise ou bien pour l’organisation de l’approvisionnement. Si la prévention des interpellations policières s’opère en ayant recours à des salariés (guetteurs) ainsi qu’en s’appuyant sur la complicité volontaire d’une frange des habitants, l’évitement du travail judiciaire implique lui de contrôler la parole. La prévention des vols de marchandise (par la concurrence ou des consommateurs locaux) nécessite par ailleurs des mesures de dissuasion. Le contrôle de la population, ainsi que des intervenants institutionnels locaux, le contrôle de leur parole et parfois de leurs déplacements, sont autant d'enjeux qui justifient, aux yeux des trafiquants, d’exercer un pouvoir contraignant sur leur territoire d'action. La recherche de terrain doit nécessairement s’y confronter, ce qui passe par une stratégie réfléchie, ce qui implique d’avoir du temps mais également de s'inscrire dans une négociation explicite ou tacite. C'est l’objet de cette conférence.
Alice Jaspart vient de publier un ouvrage intitulé « Aux rythmes de l’enfermement. Enquête ethnographique en institution pour jeunes délinquants » (Editions Bruylant). Le temps d’une conférence, elle nous propose d’entrer dans l’enfermement des jeunes tel qu’elle l’a observé dans trois institutions spécialisées en Belgique francophone en s’intéressant aux registres humoristiques qui se partagent (ou départagent) dans le quotidien institutionnel. Après avoir tenté d’apprivoiser scientifiquement cet objet, il s’agira de discuter de l’humour comme révélateur des rapports possibles entre les jeunes et les intervenants dans l’enfermement en oscillant entre cohésion et exclusion, rapprochement et distanciation, détente et tension, rencontre et humiliation…
LES ENTREVUES DU CICC : Si les termes de «terrorisme» et de «radicalisation» reviennent souvent dans les médias ces derniers temps, force est de constater que leur usage ne traduit pas souvent la complexité de ces phénomènes. Que signifie la radicalisation ? Que dit la recherche scientifique à ce sujet ? Est-elle un phénomène nouveau ? Comment un individu lambda peut-il se radicaliser ? Internet est-il un facteur de radicalisation ? Pour répondre à ces questions et d’autres, nous avons interrogé Benjamin Ducol, chercheur postdoctoral au CICC, spécialiste des questions de terrorisme et de radicalisation et membre du Réseau canadien de recherche sur le terrorisme, la sécurité et la société (TSAS)
Summary : ‘Network’ is a concept that is used in relation to either a method or unit of analysis. Social network analysis is increasingly being employed to enhance our understanding of the internal dynamics of ‘dark’ networks. As a form of organization, a network refers to a particular logic of coordination or governance. Organizational networks are increasing in number and in importance across the security field as security agencies or nodes recognize the need to work together to achieve individual and shared goals. Network forms of organization have two basic sets of properties: ‘structural’ and ‘relational’. Structural properties include the design, size, level of goal consensus and internal coordination of network activities. Relational properties include the many factors shaping relationships between security nodes at the interpersonal and inter-organizational levels, including occupational culture and trust. The current literature on security networks or nodal governance mostly focuses on the properties of public, private and hybrid security nodes, rather than the precise ways in which security nodes are networked. We still do not know enough about how networks form and function or the effects of working in and through networks for many important outcomes. This paper addresses these questions while calling particular attention to the relational properties of security networks.
Titre complet : Le Programme de Renforcement des Familles: résultats préliminaires d’une approche qui s’appuie sur des soupers entre familles du quartier
Titre complet : Les défis d’une intervention efficace et concertée auprès d’enfants victimes d’agression sexuelle. Résumé de la conférence : L’agression sexuelle pendant l’enfance est associée à de nombreuses conséquences. L’intervention précoce auprès des enfants vise à minimiser l’impact de ce type de victimisation sur l’ensemble de leur développement. De nombreux défis peuvent se présenter dans la trajectoire de services des enfants, à partir du dévoilement jusqu’à la fin de l’intervention. Ces défis sont notamment en lien avec la diversité des profils d’adaptation, les implications interdisciplinaires et judiciaires de cette forme de victimisation et la complexité de cette problématique parfois systémique et intergénérationnelle. Cette communication présentera des résultats de recherche sur les conséquences de l’agression sexuelle, sur l’efficacité d’interventions et sur l’impact des implications judiciaires. Les résultats seront discutés en termes d’orientations pour des recherches en cours et futures.
Résumé de la conférence : Aux États-Unis et au Royaume-Uni, une croissance dans la population carcérale se manifeste malgré une baisse importante dans les taux de criminalité. Au Canada, le taux d'incarcération demeure relativement stable malgré la baisse du taux de criminalité. Certaines études suggèrent que les attitudes du public peuvent, en partie, expliquer cette tendance punitive. Dans le cadre de cette conférence, je traiterai des stéréotypes criminels et de mon application d'un cadre théorique développé en psychologie sociale pour mieux comprendre les réponses du public face aux criminels. Le Stéréotype Content Model a été développé au cours des 15 dernières années afin d'identifier les facteurs socio-structurels (par ex., la compétition pour les ressources et le statut social) qui influencent les perceptions de groupes sociaux, ainsi que des réponses cognitives, affectives et comportementales que ces stéréotypes engendrent. Je résumerai quelques études dans lesquelles j'applique ce modèle théorique dans le but d'approfondir nos connaissances sur les stéréotypes criminels et les attitudes punitives adoptées par le public.
Titre complet : Le « jihad 2.0 » ? : Discours, mythes et réalité(s) autour du rôle des espaces numériques dans les trajectoires jihadistes contemporaines. Résumé de la conférence : Au cours des dernières années, la militance jihadiste et ses incarnations violentes sont devenues, à juste titre ou non, des objets de préoccupation majeure pour les États européens comme pour les États-Unis et le Canada. Face à une évolution extrêmement rapide des phénomènes liés à l’islamisme radical se pose la question d’une compréhension redéfinie de ses dynamiques contemporaines. Au centre de l’attention, le cyberespace est régulièrement pointé du doigt comme un élément crucial de cette nouvelle équation. « Jihad 2.0 » pour les uns, « cyber-jihad » pour les autres. Alors que les discours journalistiques ou pseudo-savants tendent à faire de l’Internet un espace fécond de mobilisation pour les mouvements militants extrémistes tels que le mouvement jihadiste, ces affirmations ne font encore que trop rarement l’objet d’une contre-vérification empirique. Le Web peut-il constituer un vecteur suffisant pour expliquer les trajectoires d’engagement dans l’action clandestine extrémiste ? Notre communication visera à interroger les discours, les mythes et les réalités autour du rôle des espaces numériques en matière d’engagement dans la militance jihadiste. Elle permettra d’apporter des éléments de compréhension sur ce que les « devenirs biographiques » des militants jihadistes puisent aujourd’hui dans les méandres des communautés en ligne et des imaginaires du cyberespace.
Résumé de la conférence : Les troubles de comportement (par ex., agression, défiance) chez les enfants sont associés à d’importantes conséquences individuelles et sociales. L’insensibilité émotionnelle (par ex., manque d’empathie, faible sentiment de culpabilité) permet de différencier un groupe d’enfants présentant des troubles de comportement particulièrement précoces et graves. L’accumulation d’études à l’égard d’un sous-groupe d’enfants présentant des troubles de comportement et d’insensibilité émotionnelle a mené à son inclusion en tant que sous-type au sein de la catégorie du trouble des conduites dans la 5e édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (American Psychiatric Association, 2013). Cette communication présentera des résultats de recherche sur le développement de l’insensibilité émotionnelle en lien avec les troubles de comportement chez les enfants, de même que des stratégies d’intervention et de prévention adaptées à ce profil comportemental.
Résumé de la conférence : La dénonciation régulière des « affaires » laisse croire que les élites économiques et politiques ne sont pas à l'abri des mises en cause. Pourtant les déviances et délinquances des élites ne sont pas considérées comme aussi graves que les autres types de délinquances, tant par la population que par les acteurs de la réaction sociale. Une des originalités de cet objet est de poser des questions qui ne sont jamais soulevées quand on aborde d'autres types d'atteintes aux biens et aux personnes. Suffit-il d'une norme pénale pour identifier un acte transgressif? S'il y a des abus, leurs auteurs sont-ils réellement mal intentionnés? Quelle est la sanction adéquate à ces comportements? Où place-t-on le curseur entre les déviances acceptables et celles qu'il faut réprouver pour assurer la stabilité d'une organisation sociale?
Résumé de la conférence : La question de la judiciarisation des populations marginalisées n’est plus à démontrer. L’utilisation du droit pour contrôler, surveiller et punir ces populations a cependant connu de grands changements dans les dernières décennies. Ainsi, au-delà des stratégies habituelles associées à la mise en œuvre des politiques criminelles, les populations marginalisées font l’objet de plus en plus de contrôle en regard des politiques pénales, ou dans le cadre des conditions de remise en liberté émises avant ou après un procès criminel. L’objectif de cette communication est de présenter les stratégies spatiales de surveillance des populations marginalisées à partir de l’analyse de dossiers de personnes ayant été accusées à la Cour municipale. Centrées sur les infractions généralement associées aux populations itinérantes, aux travailleu(R)SES du sexe et aux manifestants, ces résultats permettront de constater à quel point la punition s’inscrit dans le processus même judiciaire, mais aussi à quel point les infractions relatives aux bris de condition, permettent au système de maintenir sous contrôle, une part importante de ces populations marginalisées et montrer comment ces pratiques de contrôle participent au profilage des populations marginalisées.
Résumé de la conférence : Plusieurs auteurs ont souligné qu’Internet a fait augmenter la disponibilité des contenus, mais a aussi amélioré la rapidité du cycle allant de la production à la distribution de pornographie juvénile (Taylor, 2001; Wortley et Smallbone, 2006). Toutefois, on en sait encore très peu sur les consommateurs de pornographie juvénile et sur le parcours qui les amène à consommer ce type de matériel. Afin d'étudier l'évolution des images dans le temps, la méthode de l’analyse informatique judiciaire (computer forensics) fut utilisée pour suivre les habitudes de consommation de personnes arrêtées en possession de pédopornographie. À la lumière de ces résultats, plusieurs aspects comme la variation des préférences sexuelles, l’apprentissage technique et la sociabilité en ligne seront discutés. Des pistes de réflexion sur l’univers virtuel des consommateurs de pornographie juvénile seront proposées en guise de conclusion.
Résumé de la conférence : Le conférencier présentera le Laboratoire de cyberjustice de Montréal, une infrastructure de recherche unique au monde où sont étudiées les incidences des technologies de l’information sur le processus judiciaire et où sont développées une série d’applications logicielles visant à accroître l’accès à la justice. Seront ensuite abordées les problématiques liées à la sécurité de ces nouveaux environnements technologique judiciaires tant sur la vie privée des justiciables que sur l’efficacité du processus dans son ensemble.
Résumé de la conférence : Cette communication examine comment une logique sécuritaire de gestion des risques imprègne les politiques et les pratiques visant à discipliner les flux migratoires liés aux mariages transfrontaliers au Royaume-Uni. Cette logique s'appuie sur ce que nous appellerons ici des technologies de l'amour. Celles-ci constituent une interface de médiation importante entre la sexualité, l'identité, la citoyenneté, les institutions et territoire. Elles permettent non seulement la régulation et la création d’espaces et territoires nationaux comme européens, mais elles font également du corps des migrants une frontière en elle-même que les autorités surveillent et tentent de réguler.
Summary : Although crime, public safety and anti-social behaviour in Belgium to a great extent relate to the powers of the federal government, local communities and authorities have the possibility to deal with these issues in a rather autonomous way. In this seminar I will discuss the local governance of safety by critically analysing the system of administrative sanctions which delegates legislative and executive power to the community level. In doing so, I will pay attention to the precarious position of three specific categories in these systems, i.e. minors and youth, panhandlers and ‘potential’ drug users. This analysis will start off with and draw a parallel to broader social and political trends, which criminologists describe as the shift from a ‘post-crime’ to a ‘pre-crime’ society where pre-emptive logics, mechanisms of exclusion and the criminalization of behaviour tend to prevail.
Marie-Eve Sylvestre est vice-doyenne à la recherche et aux communications à l'Université d'Ottawa et professeure agrégée à la Section de droit civil. Elle enseigne le droit pénal, le droit des peines et la théorie du droit dans une perspective critique et multidisciplinaire.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a été constituée en 1976 par la Charte des droits et libertés de la personne. Son nom et sa mission actuelle proviennent de la fusion, en 1995, de la Commission des droits de la personne et de la Commission de protection des droits de la jeunesse.
L’Observatoire sur les profilages est une coalition des milieux universitaire, communautaire et institutionnel qui se concentre plus spécifiquement sur les profilages social, racial et politique. L’OSP sert principalement à documenter la situation de chacun des profilages, favoriser une mise en commun entre eux et contribuer aux luttes menées contre les pratiques discriminatoires. Il regroupe différents départements de plusieurs universités (droit, socio, travail social, science politique, etc.), des organismes (RAPSIM, Centre de recherche-action sur les relations raciales-CRARR, Ligue des droits et libertés, etc.) ainsi que des institutions (Commission des droits de la personne, Barreau du Québec, etc.). Visitez le site de l'OSP sur le lien suivant : http://profilages.info/osp/
Résumé de la conférence : La conférence analyse les relations entre les revendications portées par les mouvements féministes des années 1970 en matière de violences sexuelles et les critiques de la justice pénale, portées par ces mêmes mouvements et par d’autres groupes, notamment les mouvements de prisonniers. Il distingue deux moments. Dans les premières années 1970, la cause commune de mouvements très différents dans leur rapport au droit est la priorité donnée à la défense contre des formes de répression et le fonctionnement des institutions disci-plinaires. Les revendications se séparent et s’opposent après 1975 entre les acteurs qui revendiquent des transformations du droit en matière de répression du viol et ceux qui luttent contre les réformes pénales imposées par le gouvernement, et, plus spécifiquement, contre la condition des condamnés à de longues peines de pri-son. Cette séparation marque la naissance de champs militants autonomes et qui entrent régulièrement depuis lors en conflit.
Résumé de la conférence : Le rôle des entrepreneurs de violence dans la formation du capitalisme russe a été bien documenté, mais la situation concernant les années 2000 est bien moins étudiée. Une forte tendance à la juridicisation des litiges a été observée en Russie depuis la fin des années 1990, mais le recours accru au droit marque-t-il une diminution de l’usage de la violence ? Cette conférence présentera les résultats d'une recherche consacrée à la combinaison des compétences juridiques et violentes dans la résolution des litiges interpersonnels, à partir d'une analyse de l’exécution des décisions de la justice commerciale à la fin des années 2000. L’observation du travail des huissiers, qui ont le statut de fonctionnaires, montre qu’ils coproduisent fréquemment cette tâche avec des entreprises privées composées d’anciens agents des services répressifs. Généralement appelées « agences de collecte de dettes », ces entreprises privées offrent des prestations qui montrent comment se diffusent les savoir-faire coercitifs dans la société russe, en dépit des appels gouvernementaux à renforcer la « verticale du pouvoir ». La présentation s'appuiera sur un texte récemment publié dans la revue Politix ("L'horizontale du pouvoir. Droit, force et renseignement dans l'exécution des décisions de justice en Russie", n° 104, volume 26, 2013, pp. 155-180).
Résumé de la conférence : Depuis plus de 20 ans le cyberespace est considéré comme l’un des vecteurs essentiels du progrès. Mais il doit être protégé face aux menaces qui pèsent sur lui, de nature technique et humaine. Un discours optimiste, voire utopiste, est ainsi contrebalancé par une lecture plus sombre de la réalité. Le discours alarmiste accompagne l’accélération qu’a connue la cybersécurité/ cyberdéfense depuis 2007, date à partir de laquelle les Etats formalisent ouvertement des stratégies de cybersécurité, se dotent de capacités et stratégies de cyberdéfense, armées et renseignement investissent résolument le cyberespace, pour contrer des acteurs agressifs (Etats, cybercriminalité) qui paraissent connaître un essor fulgurant en dépit des mesures de lutte à leur encontre et d’un durcissement des corpus juridiques. Nous proposons d’examiner au cours de cette intervention les différentes évolutions du discours sur la cybersécurité, à la lumière des évolutions technologiques, de la société, des pratiques des acteurs étatiques et non étatiques, des rapports de force, de la (re)configuration de la scène internationale. Quels sont les sujets qui font aujourd’hui débat en matière de cybersécurité?
Comment les chercheurs peuvent-ils étudier des phénomènes secrets et dangereux comme le crime organisé et les mafias ? L’analyse des réseaux a permis d’étudier la structure dynamique et flexible des groupes criminels et d’identifier les courtiers qui jouent un rôle clé pour les activités criminelles. Actuellement, l’application de l’analyse se heurte à trois défis : 1) étendre, valider et confirmer les résultats avec des groupes différents; 2) développer des méthodes pour l’identification plus ou moins automatique des leaders criminels; 3) consolider les premières applications dans les services de police et de renseignement. À l’avenir, l’analyse des réseaux pourra profiter de grandes bases de données. Cela permettra des analyses plus efficaces, mais se poseront alors des questions en regard des libertés fondamentales.
Il existe maintenant un grand nombre de marchés en ligne qui permettent de commander des drogues illicites en ligne. Ces marchés sont calqués sur les grands sites marchands comme Amazon et eBay. Ils s'en différencient cependant de par le fait que les paiements sont effectués en bitcoins, une monnaie virtuelle anonyme, et par le fait que toutes les connexions des utilisateurs sont anonymisées par The Onion Router (TOR). Cette présentation aura dans un premier temps pour objectif d'identifier le profil des individus qui participent à ces marchés virtuels de drogue. Dans un deuxième temps, cette présentation examinera l'impact de ces marchés sur les frontières nationales afin de comprendre si ceux-ci permettront une plus grande internationalisation des marchés de drogue.
Summary : Gun-crime is an interesting phenomenon because, although statistically quite rare in Canada, they are 'signal crimes', that is crimes that signal cause for fear and alarm. This presentation will describe the development of gun-crime phenomena over a period of about three decades and up to the recent past. It further speculates on the consequences for social order in Canada as the gun-crime trope evolved.
Résumé de la conférence : Les travaux sur la sécurité frontalière ont clairement établi que les technologies se situent au coeur de la reconstitution du rôle des frontières et de l'espace qu'elles occupent. Bases de données et méthodes policières fondées sur l'échange de renseignements ont transformé les frontières en zones diffuses où les acteurs de sécurité mettent l'accent sur la catégorisation des voyageurs et des migrants selon une logique préventive. Cette communication a pour but d'ouvrir ces perspectives en dirigeant ces réflexions vers le monde des douanes, c'est-à-dire là où l'on se préoccupe de la traçabilité des marchandises et des déplacements des travailleurs du transport. En fait, si la sécurité frontalière est devenue intrinsèquement liée à sa technologisation, il s'agit d'examiner les conséquences de cette transformation sur les procès de travail des professionnels de la sécurité. En nous appuyant sur une recherche de terrain menée dans les divisions «commerciales» de cinq postes frontaliers canadiens, nous posons la question de l'intégration concrète des technologies dans les pratiques des douaniers ainsi que de leurs effets sur leur culture occupationnelle et sur les relations de travail en sécurité frontalière.
L'étude des diverses informations qu’il est possible d’extraire d’un produit stupéfiant provenant de saisies douanières ou policières peut fournir, grâce à la mise en place de stratégies d’analyse, des renseignements relatifs à la consommation ou la distribution de ces substances. En particulier, le processus consistant en la caractérisation physico-chimique des spécimens et l’enregistrement systématique des informations obtenues dans une mémoire structurée, s’avère être un outil puissant pour déterminer la structure et l’organisation du trafic du stupéfiant. L’ensemble des renseignements obtenus visent à mieux comprendre la structure du marché des stupéfiants et apportent des informations objectives pour la mise en place de politiques efficaces, que ce soit dans le cadre de démarches de prévention, de réduction des risques, de répression ou de régulation du marché.
Summary : Current programs targeting the prevention of rape have yielded suboptimal results. This talk introduces the concept of primary prevention and argues that current rape prevention programs have yielded disappointing results because they have targeted correlated, but not causative mechanisms. A well-validated, though still preliminary model of the etiology of rape is presented. The empirical validity of each component of the model is discussed, and the model is integrated with the concurrent correlates of rape that have been the focus of current prevention efforts. The implications of this etiological model for both treatment and primary prevention strategies are explored, and an example of how prevention strategies congruent with the model can be implemented is presented.
Titre complet: Vers une déterritorialisation ou une re-territorialisation de la frontière ? Le travail des agents en charge des contrôles frontaliers des personnes en France Résumé de la conférence : À partir d'une enquête de terrain réalisée auprès des agents de la police aux frontières dans le Sud de la France, aux frontières aériennes, terrestres et maritimes, je propose de m'interroger sur les évolutions du contrôle des frontières dans le contexte de la construction de l'espace de libre circulation de Schengen. En étudiant à la fois l'organisation de ce service de police, les savoirs professionnels et les dispositifs techniques mobilisés par les policiers, je tenterai de démontrer la permanence de la frontière comme lieu toujours central du contrôle des déplacements des personnes.
Campée dans l'approche morphogénique d'Archer (1995; 2000; 2002) et utilisant une méthodologie qualitative, cette communication présente les résultats d'une étude réalisée auprès de 29 sursitaires québécois qui se sont désistés du crime. L'étude a permis : 1) d'identifier la nature des rapports à la structure sociale; 2) de distinguer les facteurs institutionnels; 3) en plus de spécifier les caractéristiques individuelles des sursitaires qui, en s'amalgamant, ont conduit à trois processus distincts de désistement. Des pistes d'interventions adaptées qui ont le potentiel de soutenir, voire accélérer chaque processus de désistement du crime sont également proposées.
L'homicide conjugal est un phénomène actuel dans notre société. À tous les ans, on dénombre des cas d'homicides conjugaux perpétrés par un homme au Québec. À quoi ressemble ce phénomène plus spécifiquement? Est-il stable d'une année à l'autre? Comment comprendre qu'un homme tue sa conjointe ou son ex-conjointe? Est-il possible de prévenir un tel geste? L'objectif de cette conférence consiste à présenter le profil des hommes qui commettent un homicide conjugal au Québec et également, d'apporter des pistes de réflexion pour mieux comprendre ce type d'homicide.
Les bénéfices du capital social sur la carrière criminelle sont déjà bien documentés. Les caractéristiques structurelles du réseau s'associent à la réussite criminelle, à des gains criminels plus élevés et à une capacité supérieure à éviter les sanctions formelles. Toutefois, on connaît peu l'influence des réseaux criminels sur les décisions que prennent les délinquants dans la gestion de leurs activités criminelles routinières. Par exemple, les réseaux vastes et efficaces incitent-ils les délinquants à se spécialiser ou au contraire les encouragent-ils à diversifier les crimes commis ? Cette étude propose donc d'examiner l'impact du réseau criminel et de ses caractéristiques sur les habitudes mensuelles de diversification/spécialisation. L'étude se fonde sur les trajectoires de 172 délinquants impliqués dans des crimes à but lucratif et analyse les variations mensuelles de leurs habitudes de diversification criminelle à l'intérieur d'une période fenêtre de 36 mois. La méthode des calendriers d'histoire de vie combinée aux modèles hiérarchiques permet d'examiner le rôle de différentes caractéristiques des réseaux criminels sur les activités criminelles mensuelles.
Les outils de l'analyse de réseaux permettent d'investiguer des questions de criminologie générale ayant des implications pratiques claires. Une d'entre elles est la co-délinquance. Plusieurs travaux académiques ont démontré l'effet de la co-délinquance sur la carrière criminelle ; les organismes de sécurité, quant à eux, s'intéressent aux complices comme pistes d'enquête et sources de renseignement. La présentation se base sur les infractions criminelles compilées par les services de police du Québec entre 2003 et 2009. La première étape de l'analyse, réalisée au préalable, était de reconstruire le réseau de la délinquance au Québec. Des analyses ont porté sur la ré-arrestation des individus ainsi que sur la stabilité et le chevauchement des relations. L'objectif est ici de tester l'hypothèse de la porte d'entrée : fréquemment utilisée comme argument contre la légalisation de drogues « douces », l'hypothèse suggère que certains types de crime seraient plus susceptibles d'être suivis d'une récidive et que la criminalité subséquente serait plus grave et plus diversifiée. Afin d'observer l'effet de la co-délinquance à différents moments de la carrière criminelle, les premiers crimes enregistrés par la police seront comparés aux autres
Des techniques de visualisation relationnelle sont parfois exploitées pour soutenir les enquêtes criminelles. Les éléments pertinents de l'affaire sont alors représentés sous la forme de schémas s'apparentant à des graphes qui décrivent les relations entre les événements et les entités d'intérêts. Ces représentations visent un nombre important d'objectifs, tels qu'analyser la masse de données collectée, évaluer a posteriori une investigation, aider à qualifier les infractions, faciliter l'appréhension d'un dossier, voire soutenir une argumentation lors du procès. L'analyse de communications téléphoniques et de transactions financières, la reconstruction d'une série, d'un réseau ou d'un trafic sont autant d'exemples classiques d'exploitation de ces méthodes. La pratique révèle néanmoins des difficultés de conception qui peuvent conduire à des biais de perception et de raisonnement. La nature et la complexité des concepts à représenter, la diversité des solutions visuelles envisageables, les contraintes imposées par les outils et l'absence d'une formalisation claire du langage, sont autant de causes supposées des difficultés. Dans cette recherche, les apports et les limites de la visualisation relationnelles sont discutés par la comparaison et l'évaluation de diverses formes de représentations appliquées à des exemples d'affaires criminelles.
Les outils de l'analyse de réseaux permettent d'investiguer des questions de criminologie générale ayant des implications pratiques claires. Une d'entre elles est la co-délinquance. Plusieurs travaux académiques ont démontré l'effet de la co-délinquance sur la carrière criminelle ; les organismes de sécurité, quant à eux, s'intéressent aux complices comme pistes d'enquête et sources de renseignement. La présentation se base sur les infractions criminelles compilées par les services de police du Québec entre 2003 et 2009. La première étape de l'analyse, réalisée au préalable, était de reconstruire le réseau de la délinquance au Québec. Des analyses ont porté sur la ré-arrestation des individus ainsi que sur la stabilité et le chevauchement des relations. L'objectif est ici de tester l'hypothèse de la porte d'entrée : fréquemment utilisée comme argument contre la légalisation de drogues « douces », l'hypothèse suggère que certains types de crime seraient plus susceptibles d'être suivis d'une récidive et que la criminalité subséquente serait plus grave et plus diversifiée. Afin d'observer l'effet de la co-délinquance à différents moments de la carrière criminelle, les premiers crimes enregistrés par la police seront comparés aux autres.
Cette intervention est fondée sur une recherche interdisciplinaire intitulée Pratiques genrées et violences entre pairs : les enjeux socio-éducatifs de la mixité au quotidien en milieu scolaire (ANR-09-ENFT-006). On y examine la portée identitaire des violences de genre entre élèves, avec l'hypothèse que ces violences, signe d'une véritable intolérance à la mixité, ont pour effet de marginaliser les filles, malgré leur nombre et leur réussite scolaire, dans le groupe des pairs centré sur les garçons. Elle est fondée sur 39 interviews semi-directives avec des chefs d'établissement et une année scolaire entière d'observations ethnographiques dans 5 établissements de statut, niveau et secteur socio-géographique variés. Dans 3 d'entre eux, la violence de genre est quotidienne. Dans ces établissements où la violence physique est quotidienne, c'est le modèle de la virilité qui prévaut, une virilité qui s'exprime essentiellement à l'encontre du féminin, qu'il soit porté par les femmes ou par les hommes, et sur la base du rabaissement.
L'analyse formelle des réseaux sociaux a permis aux criminologues ainsi qu'aux analystes professionnels de cartographier les relations entre les individus d'un secteur de criminalité, ce qui permet de voir, de documenter et d'anticiper l'évolution des réseaux criminels. Or, les relations entre les individus des réseaux sociaux se définissent autant par leur structure que par le sens donné à ces relations. Cette dimension substantielle des réseaux sociaux est encore peu développée en criminologie, mais pourtant déjà abordée par de nombreuses disciplines des sciences sociales. Cette présentation explore le potentiel des méthodes d'analyse qualitative des réseaux sociaux afin de comprendre et d'expliquer le changement au sein de réseaux criminels. Il sera proposé un cadre d'analyse qui permet d'étudier l'évolution de certains réseaux sociaux, définis comme des structures d'échange de biens ou d'information, en acteurs collectifs, dotés d'une identité, d'intentionnalité, de capacités d'action collective et d'intérêts qui leur sont propres.