Décryptage de l'univers de la mode : les coulisses, les icônes, les secrets de fabrication, les évènements incontournables et les enjeux socio-économiques. Présenté par Pascal Mourier. Le vendredi à 11 h 15.
Pour créer une collection de mode, il y a trois points clés : silhouette, couleur, matière, pour les vêtements, comme les accessoires. Mais ces ingrédients sont vains sans le discours qui les transmute en objets de désir. Des histoires incroyables sortent alors au grand jour. Morceaux choisis récoltés pendant la Fashion Week : Marine Serre se veut DavidLynchienne, Lilia Litkovska continue de travailler sous les bombes. Yohji Yamamoto, indubitablement, remporte la Palme d'Or.
Pour sa 12e édition, le Festival international de la mode au Togo a choisi un thème a priori peu glamour, mais pertinent compte-tenu de l'augmentation alarmantes des taux de cancer. Pour Jacques Logoh, styliste et fondateur du festival, la mode doit être un canal pour sensibiliser les populations à la lutte contre la maladie. Maître-mot : la prévention. Alors, pendant trois jours, 40 designers de 25 nationalités différentes présentent leurs collections, empreintes de savoir-faire indéniables.
En ouverture des présentations automne-hiver 2025/2026, le défilé collectif des étudiants internationaux “engagés“ de l'Institut français de la mode répond aux interrogations actuelles. Comment une société de rupture peut-elle impacter un processus créatif qui s'imprègne forcément de l'évolution de la société ? Avec, ou sans I.A ? Victor Weinsanto défend la minorité trans, Vincent Pressiat célèbre Pierre Soulages et Maria Grazia Chiuri célèbre pour Dior la fantasmagorie de Bob Wilson.
Olivier Saillard, Kevin Germanier, Stéphane Rolland, Khol par Hamza Guelmouss et Valentin Nicot, Julien Fournié. Des noms connus du milieu de la mode, moins du grand public. Qu'ont-ils en commun ? Ils renouvellent la notion de haute couture. Comment ? Souvent de façon purement artistique, esthétique, mais toujours soucieux des problèmes environnementaux et dans le respect de la parole des anciens, qu'ils modernisent en s'amusant. Portrait d'une société engagée.
Prendre position, proposer une mode non genrée, réclamer l'inclusion et pas l'exclusion : ce sont les messages forts exprimés par les designers Jeanne Friot, Walter Van Beirendonck et Louis Gabriel Nouchi. Les maisons japonaises Issey Miyake et Yohji Yamamoto prônent un vestiaire simple, confortable, gorgé de poésie. Et tous, de travailler avec des matières extraordinaires.
Dans un contexte de crises internationales multiples, les industries du luxe se questionnent. Comment atteindre des objectifs financiers toujours plus ambitieux ? Comment la création pourrait-elle encore faire rêver… plus ? La très féministe Maria Grazia Chiuri, pour Dior, convoque Alice et ses merveilles, tandis que les irrésistibles Néerlandais Viktor & Rolf se moquent de l'I.A. Le pétillant japonais Yuima Nakazato propose, lui, une tenue portable pendant environ 10 000 ans.
La mode et, notamment le secteur du luxe, représente un immense business. Pour qu'il perdure, les groupes de luxe, comme les maisons indépendantes, doivent constamment adopter de nouvelles stratégies. L'effet "Waouh" généré par les célébrités est loin de se tarir, mais aujourd'hui tout produit doit s'insérer dans un univers et porter un message. Priorité à la liberté, l'égalité, la fraternité. Décryptage, avec Louis Vuitton Homme, Jeanne Friot, Imane Ayissi et Yohji Yamamoto.
À 80 ans passés, la Japonais Yohji Yamamoto s'amuse à lacérer ses vêtements « comme un enfant ». Pour Issey Miyake, Satoshi Kondo compose une collection conçue à partir de "washi", le papier japonais. La franco- japonaise Tatiana Quard crée, elle, des silhouettes à partir de tubes et de lignes. Egalement dans l'actualité : le Festival international de la mode au Togo organise une seconde édition hors les murs, à Paris. Dans les années 1980, la capitale française avait propulsé les designers asiatiques sur la scène internationale. En sera-t-il de même aujourd'hui pour les afro-caribéens ?
L'avant-garde n'est jamais autant créative que lorsqu'elle regarde le monde. Victor Weinsanto, qui a conçu les modèles hauts en couleur présentés à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, rend hommage aux Drag Queens, à l'instar de Vincent Pressiat et Kevin Germanier, qui, lui, s'est occupé des costumes de la cérémonie de clôture des JO. Il reste le maître incontesté de la récup'. Recycler, c'est également le credo de la suédoise Ellen Hodakova, Grand Prix du LVMH Prize 2024.
Célébration du corps, des arts et du sport ! Pour Dior, Maria Grazia Chiuri installe dans une longue cage de verre l'artiste archère italienne Sagg Napoli. Sa collection est une ode aux Amazones, en référence aux modèles créés par Christian Dior dans les années 1950. Pour sa collection "Impro", le designer Alain Paul libère sur la scène du Théâtre du Châtelet les corps des danseurs et des danseuses. Et dans une présentation feutrée, Magda Butrym réveille et révèle la mode… polonaise.
Au Musée Rodin, à Paris, Dior présente sa collection dans un décor qui met en valeur les mosaïques de l'artiste féministe new-yorkaise Faith Ringgold. Salle Pleyel, Stéphane Rolland célèbre, lui, les poèmes de Jacques Prévert et les photographies de Brassaï. Au Palais de Tokyo, enfin, le couturier japonais Yuima Nakazato travaille de concert avec le chorégraphe belge Sidi Larbi Cherkaoui. Si la haute couture n'est pas un art, mais un art appliqué, elle n'en fait pas moins passer des émotions extraordinaires.
La mode peut-elle transformer le réel, ou est-ce le réel qui transforme la mode ? À cette question, Dior répond par un féminisme qui s'inspire des sixties de Marc Bohan. Yohji Yamamoto, lui, déstructure les silhouettes. Issey Miyake n'a de cesse d'explorer ce qui n'a pas encore été découvert. CFCL prône le confort par le tricot. Maxhosa ressuscite les motifs Xhosa. Mossi, à travers ses collections et son école de mode, veut permettre aux jeunes de rêver. Et tous, de se battre pour propager l'idée d'une mode qui fasse sens.
À l'Institut français de la mode (IFM), à Paris, 27 étudiants de 13 nationalités différentes présentent leurs extravagants travaux de l'année. L'enjeu est crucial : l'école rivalise avec le prestigieux Central Saint Martins College of Art and Design, à Londres. Paris doit attirer de nouveaux talents internationaux, même si les Français brillent déjà par leur créativité, tels Weinsanto, Pressiat ou encore AlainPaul. Comme le résume Rachida Dati, ministre de la Culture, prenant des libertés avec la logique : "La mode, c'est 100% économie, 100% culture !"
Stella McCartney, Marine Serre, Lilia Litkovska. Trois créatrices de mode affirmées, engagées, qui se battent pour exprimer leur rage de réformer une industrie polluante, anxiogène et qui pousse à une surconsommation massive. Elle proposent des méthodes alternatives de production, de communication, appellent à ralentir et à prendre le temps de réfléchir. La mode est un combat esthétique, économique, politique.
Qu'il y a-t-il donc dans la tête des esprits créatifs ? Wim Wenders affirme que Yohji Yamamoto guérit les gens, sans les mettre sur un sofa. Jeanne Friot reprend sa propre histoire d'amour lesbienne, tandis que Stéphane Rolland, adepte de la transmission, fait défiler deux écoles de mode et questionne la relation entre Orient et Occident. Julien Fournié, quant à lui, reprend le vestiaire des héroïnes hitchcockiennes et prône les tenues sexys pour combattre le patriarcat. La mode servirait-elle à combattre les démons ?
La Haute couture, ce sont des milliers d'heures de travail pour une seule tenue... Un laboratoire exceptionnel, qui est aussi la vitrine d'une industrie brassant des milliards d'euros. Un soft power flamboyant pour la France, porteur de messages, comme chez Dior, Imane Ayissi, Sara Chraïbi, via l'exposition carte blanche à Laurence Benaïm, initiée par le Centre Pompidou, ou l'interprétation de l'ADN Jean Paul Gaultier par la créatrice irlandaise Simone Rocha.
Stella McCartney, Laurence Airline, Vaillant Studio, Litkovska : voici quatre griffes fondées et dirigées par des femmes. Elles viennent d'Angleterre, de Côte d'Ivoire, de France et d'Ukraine. Animées d'un même esprit, déroulant le même propos, elles trouvent des solutions aux problèmes qui bouleversent aujourd'hui notre monde : pollution textile, surconsommation, conflits, guerres, approvisionnements, chaines de productions et de communications... Quand la création devient une arme.
Yohji Yamamoto, Yusuke Takahashi pour CFCL, Mame Kurogouchi, Satoshi Kondo pour Issey Miyake… Ils et elle ont en commun de prendre le pouls de la planète et de proposer de nouvelles façons de se vêtir. Les créateurs japonais, omniprésents sur la scène parisienne depuis les années 1980 restent encore les maîtres incontestés de l'espace qui sépare la peau du vêtement, autrement dit, les artistes du plaisir de s'habiller.
Le Festival international de la mode au Togo, qui a fêté ses 10 ans à Lomé au printemps dernier, organise un défilé à Paris pour valoriser la mode africaine. Jacques Logoh, le fondateur du FIMO, souhaite que l'Afrique "commence par porter du Made in Africa !" Selon un récent rapport de l'Unesco, le continent peut devenir un nouveau champion mondial, à une condition : que les acteurs du secteur bénéficient d'un soutien accru des décideurs publics, ce qui est encore rare...
L'Alsacien Victor Weinsanto a suivi un cursus mode à Paris, puis travaillé avec Jean-Paul Gaultier. Il a ensuite monté sa marque, réjouissante, et fait défiler ses ami.e.s Drag Queen. Kevin Germanier, lui, veut casser les mauvaises habitudes du passé. La mode pollue ?... Alors il recycle, sublime la décroissance avec panache. Quant à Alain Paul, il s'exprime avec son époux sur la chorégraphie du vêtement autour du corps. Trois créateurs merveilleux, qui, à travers leurs rêves, révèlent l'époque actuelle.
L'opéra “Ressusciter la rose“ est une création originale, initiée par Jean-Pierre Blanc, qui dirige, entre autres, le prestigieux Festival de Hyères. Cette œuvre célèbre les 100 ans de la Villa Noailles, un ensemble de bâtiments cubistes, conçu dans les années 1930 par Robert Mallet-Stevens et financé par un couple iconique, Charles et Marie-Laure de Noailles. La Villa était le rendez-vous incontournable de l'avant-garde artistique des Années folles. Quel est aujourd'hui l'héritage des Noailles ?
"La femme est un sujet actif du processus historique et ne peut se limiter à être l'objet du désir du patriarcat !" Voici la phrase choc écrite en lettres gigantesques sur les murs du défilé Dior. Sa directrice artistique Maria Grazia Chiuri s'appuie sur la figure majeure de la sorcière. Le combat féministe est également porté par la jeune griffe Indépendantes de Cœur, créée par la française Valériane Venance. Elle décline la notion de cage. La mannequin est nue, son corps est entièrement visible, mais il est inattaquable.
Pour leur collection mode masculine de l'été 2024, deux jeunes stylistes ont puisé dans le répertoire du cinquième art. Louis-Gabriel Nouchi a choisi le roman de Christopher Isherwood - un homme au singulier -, et Jeanne Friot, le conte d'Andersen "La Petite Sirène". Deux œuvres qui mettent en lumière les aspirations de la communauté Queer. Briser les tabous, c'est également le credo de Mark Bryan, ingénieur en robotique, qui a choisi de porter jupe et talons hauts au quotidien.
Pour son prochain film, intitulé sobrement "Finalement", Claude Lelouch a choisi de tourner certaines scènes dans un défilé de mode du couturier Stéphane Rolland. Ce dernier a présenté sa collection haute couture hiver 2023-2024 dans le grand escalier de l'Opéra de Paris. En hommage à Maria Callas, le couturier a recréé la Grande Nuit de l'Opéra de décembre 1958. Les mannequins ont défilé dans des robes somptueuses, tandis que les acteurs de Lelouch ont évolué dans ce décor grandiose. De son côté, Claude Lelouch a géré actrices et acteurs, tournant dans les conditions du direct.
En juillet 2023, le musée du Quai Branly a accueilli la troisième édition du concours Africa Fashion Up. Cinq designers africains ont présenté leurs collections, inspirées de leurs cultures et savoir-faire, visant le marché international. Le gagnant, Aristide Loua, est un Ivoirien qui a vécu en France avant de retourner dans son pays. Il a consacré deux ans à s'imprégner de la culture ivoirienne avant de se lancer dans la mode.
Née en 1945 à Paris, la haute couture est un soft power à la française qui génère des milliers d'emplois et des bénéfices colossaux. Si elle apparaît comme hors sol, rien ne l'a jamais empêché d'exister. Parmi les défilés de l'automne-hiver 2023-2024, Maria Grazia Chiuri réinvente la sobriété des plissés de l'Antiquité pour Christian Dior, tandis que la Néerlandaise Iris Van Herpen expérimente de nouvelles structures qui favorisent le mouvement. Ces deux maisons font l'éloge de la légèreté. Faut-il y voir une réponse aux vicissitudes qui ravagent notre planète ?
Avec son premier défilé évènement pour Louis Vuitton, Pharrell Williams a frappé fort. Le nouveau directeur créatif des collections homme de la marque française de luxe a décidé de dérouler le tapis rouge sur les 238 mètres du Pont-Neuf. C'est là que les vedettes du rap, des mondes réel et digital, du sport et du business ont été invitées à assister à la présentation de sa première collection. À l'autre bout du spectre, les stars se sont également pressées pour saluer le maître qui fêtera cette années ses 80 printemps, Yohji Yamamoto.
Une édition qui s'est déroulée au Musée de Carthage, dont la réhabilitation est actuellement financée en grande partie par l'Union européenne. Un lieu emblématique choisi par Anis Montacer, le fondateur de la TFW qui lance sa propre marque, Outa, avec des tenues réalisées à partir de déchets plastiques recyclés. Parmi les autres trésors découverts, citons la portugaise Joana Maltez, le jeune tunisien Haroun Ghanmi et Mouna Ben Braham qui détourne les codes des robes de mariées tunisiennes.
À Paris, le Palais Galliera consacre sa nouvelle exposition à 1997, une année décisive pour la mode selon Alexandre Samson qui en est le commissaire. "1997 Fashion Big Bang" invite à redécouvrir des créations restées incontournables. Cette année-là, Jean-Paul Gaultier a notamment dessiné les costumes du "Cinquième élément" de Luc Besson. La marque japonaise Comme des Garçons et le couturier Martin Margiela ont présenté des collections emblématiques. Enfin, l'Américain Tom Ford a décliné son concept de "porno chic" avec le G string pour Gucci.
La première édition de l'International Woolmark Prize s'était déroulée en 1954, sacrant ex-aequo Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld. Aujourd'hui, les designers de tous les continents se pressent pour remporter la dotation de 200 000 dollars australiens et son programme de mentorat. Les collections sont entièrement réalisées en laine et doivent respecter les contraintes d'une mode durable. Le Grand Prix a été attribué au nigérian Adeju Thomson, qui s'inspire du concept “décoloniser le design“.
La "Modest Fashion" que l'on pourrait traduire par "Mode décente" ou "pudique" est un courant vestimentaire inter-religieux, qui prescrit clairement aux femmes de se vêtir de manière "discrète". Il vise aujourd'hui un public beaucoup plus large, au point où il est devenu un véritable business. Tour d'horizon du phénomène avec des créatrices de mode et des influenceuses internationales rencontrées lors de la seconde édition de la Paris Modest Fashion Week, consacrée à ce style vestimentaire.
Quelle est la face cachée des stylistes ? L'exploration, qui mène à la création. Ivan Frolov porte ses recherches sur notre propension à découvrir la source de nos désirs. Iris Van Herpen plonge dans les profondeurs des océans. Sur terre, Yuima Nakazato parcourt la montagne de déchets de Nairobi. Dans une démarche très intellectuelle, Viktor & Rolf proposent une vision humoristique du glamour. Quant à Alexandre Vauthier, ce qui l'intéresse, c'est l'exploration des besoins des clientes.
À Lomé, le fondateur du festival international de la mode au Togo (Fimo) Jacques Logoh peut jubiler. Le jeune et bouillonnant styliste met en lumière toutes les diversités. Comme Alex et Kim, mannequins androgynes qui défilent, entre autres, pour Fauvette Nacto. Dans sa dernière collection, la styliste célèbre les mariages à travers le monde. Sans même se concerter, de nombreux designers ont également choisi de développer ce thème. C'est inédit dans l'histoire du festival. Nouvelle tendance, nouveau business.
Les designers de mode ont toutes et tous une particularité remarquable : malgré les difficultés, elles et ils continuent d'œuvrer. Les blessures ne les découragent pas. Si Yohji Yamamoto a vécu un deuil douloureux, la colère est devenu le moteur de sa réflexion. De leur côté, les créatrices de mode ukrainiennes Svitlana Bevza et Lilia Litkovska travaillent chaque jour dans un pays en guerre. Par leur processus de création elles ont trouvé comment déjouer les pièges du conflit et faire passer des messages. Un devoir de vie, une leçon de création.
Avant lui, la photo de mode était engoncée dans les poses typiques des années 50. Arthur Elgort a tout balayé, dès le début des années 70, quand il collabore avec le magazine Vogue. À 82 ans et malgré un AVC, l'Américain continue d'exercer sa passion. Nous le retrouvons en plein cœur du Marais à Paris, avec sa famille, pour savourer l'exposition que lui consacre la Fondation Azzedine Alaïa. Le styliste et lui ont beaucoup travaillé ensemble.
Victor Weinsanto, Vincent Pressiat, Alice Vaillant : retenez-bien ces noms, ils et elle sont les dignes représentants et représentantes d'une jeune garde particulièrement énergique qui n'hésite pas bousculer, réellement, les codes. Au-delà des effets d'annonce, ils et elle abordent aussi bien les sujets sociétaux que les nouvelles techniques "couture" en phase avec le désir de produire une mode plus propre. Des esprits créatifs, épris de liberté.
Appliqué : c'est précisément l'adjectif qui décrit le mieux les collections prêt-à-porter automne hiver 2023-2024 présentées à Paris. Exit les fanfreluches, et bonjour le travail d'une extrême qualité ! Pour Dior, Maria Grazia Chiuri célèbre les années 50, le féminisme de Catherine Dior, d'Édith Piaf, et de Juliette Gréco. De son côté, la styliste Stella McCartney poursuit son travail pour une mode non-cruelle. Elle n'utilise que des matériaux composés de champignons, de coton régénéré ou de déchets alimentaires recyclés.
Jacques Logoh, le fondateur du FIMO228, le festival international de la mode au Togo, a décidé, cette année encore, de s'engager pour la protection de l'environnement, en rendant d'abord hommage à celles qui sont en première ligne : les balayeuses des rues de Lomé. De leurs côtés, les designers invités ont montré leur talent à recycler : la griffe Riche ou Rien s'empare des éponges de cuisine métalliques, Victoria Grace réinvente les saris indiens, Desmo Design interpelle sur la dangerosité des plastiques. Un festival extraordinaire, animé de masterclass brillantes.
La lingerie, est-ce "de la mode" ? En haute couture, comme par exemple chez Julien Fournié, elle devient un vêtement à part entière, les "dessous" n'ont plus besoin de dessus. Car aujourd'hui, on ne joue plus avec les codes de la séduction comme par le passé. Les matières deviennent moins oppressives, la lingerie peut continuer à être sexy, mais elle doit être avant tout confortable. Quant aux hommes, ils vont sérieusement pouvoir envisager de porter de la dentelle.
La maison Dior, à l'instar des autres griffes du leader mondial du luxe LVMH, engrange aujourd'hui de colossaux bénéfices. Puissance économique, la couture est également une force sur le plan artistique. Quand Maria Grazia Chiuri rend hommage à la modernité élégante des artistes noires du Paris "jazzy" des années 1920, Olivier Saillard, historien, célèbre l'humble vestiaire de sa mère défunte en le transformant selon les techniques de haute couture. Des performances vibrantes et magistrales.
La quasi-totalité des collections Automne-Hiver 2023/2024 présentées à Paris portent aujourd'hui un nom, toujours évocateur, parfois intriguant, jamais gratuit : "Enfants Terribles", pour la griffe japonaise Kidill – qui ressuscite les années 1990 ; "Don't do that", pour Yohji Yamamoto ; "We need new eyes to see the future", pour Walter Von Beirendonck ; "Luxor Men's", pour Rick Owens ; "Red Warriors", pour Jeanne Friot. Des collections engagées, unisexes, mais pas que, qui donnent envie d'aller se rhabiller.
En marge de l'exposition "Habibi : Les Révolutions de l'Amour", qui met en valeur les codes queer du monde arabe, l'Institut du monde arabe, à Paris, proposait en novembre une soirée performance. Rassemblant tous les publics, elle célébrait la tolérance, l'amour, l'émancipation individuelle et la liberté d'exister dans sa différence, à travers le voguing. Un engagement culturel et politique, salué, entre autres, par les artistes Vinii Revlon, Vanina Ninja, Myss Keta et le président de l'Institut, Jack Lang.