Sur le rebord du monde

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Le monde vit des transformations majeures qui touchent tous les secteurs de la vie de l'homme: travail, éducation, écologie, religions, médias, économie...Béatrice Soltner et son invité donnent des clés pour mieux penser ce monde mouvant et les défis d'humanisation à relever. Cette émission propose…

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    • Aug 31, 2018 LATEST EPISODE
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    Intensifier et accélérer sa vie, jusqu'où ?

    Play Episode Listen Later Aug 31, 2018 25:28


    Travail, loisirs, voyages... Dans une sorte de boulimie généralisée qui touche tous les âges, on cherche sans cesse à gagner du temps. Un temps que l'on emplit d'expériences grisantes. Au XXIè siècle, nous voici sollicités en permanence, joignables à toute heure, capables de courir d’un point à un autre à des vitesses vertigineuses. Ce phénomène d'accélération, Cynthia Fleury en est témoin. Elle qui reçoit en consultation des patients qui viennent "récupérer du temps". Elle a publié en décembre 2016 "Les irremplaçables" (éd. Gallimard). "C'est une des raisons pour lesquelles les gens viennent en analyse, ils estiment ne plus arriver à vivre ce qu'ils sont en train de vivre."   "Il faut du temps, il faut de la digestion, il faut des étapes"   Un événement en chasse un autre Comment les sujets que nous sommes ne seraient-ils pas touchés par cet emballement du temps, qui prend des proportions folles? Comment ne sommes-nous pas étouffés par l'idée de toujours perdre ou gagner du temps? Cynthia Fleury en constate les effets: beaucoup de ses patients ont le sentiment d'être "automates d'eux-mêmes, de leur vie, de leur expérience". Or il faut du temps. Du temps pour rien, pour penser le temps et pour constater qu'en réalité il ne se gagne ni ne se perd. "Il faut du temps, il faut de la digestion, il faut des étapes, mais surtout il faut la conscientisation de ces étapes", affirme la psychanalyste.   ÉCOUTER ► Au-delà du moi, devenir sujet   Dé-bordés et hors de soi Il faut du temps aussi pour être soi. Quand on a le sentiment d'être "débordé" - le mot est signifiant pour la psychanalyste - c'est que nous souffrons de ne plus avoir cette "enveloppe", cette "frontière". Cynthia Fleury parle de "principe de solitude", il s'agit de "sentir que c'est soi et non lui". De réintégrer sa propre vie et "récupérer du sujet".   ÉCOUTER ► Jean-Guilhem Xerri pour une écologie intérieure   chosification du sujet C'est partout, dans toutes les sphères de la vie, que l'on retrouve une normalisation, une quantification, une rentabilité, des résultats à obtenir. "Nous sommes dans un monde d'hyper-productivité, de marchandisation, analyse Cynthia Fleury, ce que les philosophes appellent rationalité instrumentale." Tout, même la raison est au service de la productivité. Et la psychanalyste de déplorer que "nous n'avons créé que très peu d'alternatives à ce grand système capitalistique". Certains certes sont prêts à se mettre en retrait. Quitte à en payer le prix.   Émission enregistrée en janvier 2017  

    Karima Berger, penser l'exil comme une chance

    Play Episode Listen Later Aug 30, 2018 25:24


    Son livre commence par une traversée, la sienne. Karima Berger avait une vingtaine d'années quand elle a quitté l'Algérie pour la France à bord du "Ville d'Alger". Un premier exil géographique qui a inspiré le magnifique ouvrage "Hégires" (éd. Actes Sud), où l'écrivain questionne le sens spirituel de l'exil.   Le sens spirituel de l'exil est profondément intime. Dans la Bible il est synonyme d'aller vers soi   Un regard spirituel sur les migrations Depuis plusieurs années, la question des migrations occupe et préoccupe les sociétés occidentales. Karima Berger s'en saisit et nous propose une approche spirituelle. Ces hommes, ces femmes, ces enfants... qui quittent leur terre mère et laissent derrière eux un pays et des proches, dans l’espoir de trouver une vie meilleure, comment vivent-ils l’exil ? Quelles traces cet exode va-t-il laisser chez eux ? Qu’est-ce que le voyage transforme au plus intime ? C'est à cela que l'écrivain franco-algérienne répond dans son livre. L'exil, Karima Berger en avait déjà fait l'expérience avant de quitter son pays. Quand elle était enfant, l'Algérie était un département français. La langue française à l'école, l'arabe à la maison, la religion musulmane en famille, la religion chrétienne de ses amies... "Je ressentais déjà cet exil en Algérie", confie-t-elle. Au cœur même de sa terre natale existait fortement cette idée de l'étranger, de l'étrangeté, mais aussi l'accueil de l'autre. Karima Berger parle d'"hospitalité". Karima Berger n'aborde pas les aspects politiques liés à la colonisation, mais bien plutôt ce rapport à l'autre qui s'est insinué en elle dès l'enfance. "Dès l'enfance, je crois que quelque chose en moi s'est mis à accueillir cette graine de l'étranger, que je ne voyais pas enfant comme 'méchante' mais comme un cristal de curiosité : pourquoi il est différent ? pourquoi je suis différente ?"   ÉCOUTER ► Migrants: depuis les temps bibliques   L'exil et l'intime Le sens spirituel de l'exil est profondément intime. Dans la Bible il est synonyme d'aller vers soi. "Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai." Cette parole de Dieu adressée à Abraham se trouve au livre de la Genèse (Gn 12, 1), on la trouve aussi dans la Torah et dans le Coran. "C'est la première parole du monothéisme qui dit va, va vers toi, quitte ta maison..." Une parole qui donne "un élan vers l'ailleurs, un ailleurs empli de promesses", pour l'écrivain. Elle a quitté en 1975 son pays pour la France, avec le désir de poursuivre ses études (une thèse de doctorat) et d'entamer une psychanalyse.   ÉCOUTER ► Sortir du destin ou l'apprentissage de la liberté avec Abraham   L'exil dans les religions monothéistes "Ce thème de l'exil irrigue l'ensemble textes de la Torah, des Evangiles et du Coran." Le terme "hégire" désigne le voyage initiatique du prophète Mahomet au VIIè siècle, de la Mecque à Médine. "J'ai trouvé intéressant qu'une religion prenne comme début, comme date de naissance, un départ..." La naissance de l'islam en effet ne correspond pas à la première révélation que reçoit le prophète en 610, mais bien à son exil. "J'ai trouvé ça assez merveilleux qu'une religion s'inscrive dans un départ."   Émission enregistrée en janvier 2018  

    Hymne à la résistance

    Play Episode Listen Later Aug 29, 2018 25:25


    "Deux minutes d’exercices quotidiens au refus, voilà ce qu’il faut. Prenons la mule pour emblème et travaillons à affermir en nous l’art du refus car c’est à la somme de ces refus qu’on mesure ce que vaut l’homme, car dire oui à la vie c’est dire non à chaque instant à ce qui la dément. Chaque matin dans la salle de bains, après qu’on s’est décrassé les dents et le visage, regardons nous dans la glace les yeux dans les yeux et décrassons nous l’intelligence."   Ces mots sont extraits du dernier livre de l’écrivain poète Jean-Pierre Siméon, "Les yeux ouverts - Propos sur le temps présent" (éd. Le Passeur). Cet ouvrage est tissé de mots qui nous donnent à regarder le monde avec sa beauté mais aussi le gouffre d’inhumanité qui la traverse. Le poète décrit le rouleau compresseur économique, l’uniformisation culturelle, les relents fascistes, le culte de la performance... Face à ce qui détruit le vivant il se veut résistant avec sa plume et avec son cœur. Jean-Pierre Siméon est auteur de nombreux livres. Il a été directeur artistique du Printemps des Poètes durant de longues années.   Émission enregistrée en mai 2018  

    Abdennour Bidar, tisser des liens pour réparer le monde

    Play Episode Listen Later Aug 28, 2018 25:25


    Au-delà de l'espoir qu'il a suscité, le film "Demain" (sorti sur les écrans en décembre 2015) reflète cette nouvelle tendance que connaît notre société actuelle. Des hommes et des femmes qui s’engagent par conviction pour vivre, manger, consommer, acheter ou travailler autrement. Ce mouvement de fond, Abdennour Bidar l'a observé notamment chez les jeunes qu'il a croisés au cours de ses conférences et autres dédicaces, en France et ailleurs. On a en effet beaucoup entendu le philosophe spécialiste de l'islam s'exprimer dans les médias après les attentats terroristes de 2015 et 2016. Mais ce n'est pas à l'islam qu'il consacre son dernier livre. Plutôt à ceux qu'il appelle les "tisserands" : des citoyens qui, en renouant avec les liens, répondent à l’urgence cruciale de ré-enchanter le monde. "J'ai rencontré beaucoup de ces engagés... ils n'ont pas conscience de leur force."   "Je constate chez un certain nombre de jeunes aujourd'hui une insatisfation profonde vis-à-vis des standards de réussite que propose la société aujourd'hui"   Notre quête de sens toujours intacte Si le philosophe choisit le terme poétique de "tisserand" pour les nommer c'est que ces hommes et ces femmes, ces "nouveaux résistants", veulent renouer avec le sens des choses. Cette recherche de sens va de pair avec de nouvelles quêtes spirituelles qui ont d'ailleurs fait l'objet d'une enquête par un groupe de sociologues. Cette étude montre comment on en vient à faire fi des institutions et des dogmes. Il n'est pas rare en effet de trouver des chrétiens ou des musulmans qui n'hésitent pas à puiser dans d'autres traditions spirituelles de quoi assouvir leur désir de sens.   ÉCOUTER ► Cet esprit collaboratif qui change le monde   La force des liens Interreligieux, œcuménisme, interculturel.... Ce que l'essai d'Abdennour Bidar pointe du doigt c'est la force du lien : avec soi, avec l'autre et avec la nature. "On sent aujourd'hui cette volonté de desserrer l'étau de la contrainte économique et de trouver des modèles plus solidaires et fraternels." En témoigne la vogue de l'économie collaborative et le succès de l'économie sociale et solidaire auprès des jeunes. "Je constate chez un certain nombre de jeunes aujourd'hui une insatisfation profonde vis-à-vis des standards de réussite que propose la société aujourd'hui." "On est les héritiers de tout un ensemble de cultures qui ont toujours insisté sur l'importance des liens." Dans cette tendance de fond où l'on se tourne vers un héritage du passé valorisant le lien social, où l'on reste en partie réceptif aux grandes traditions spirituelles, se dessine quelque chose d'inédit. Une ouverture à l'autre propre au caractère multiculturel de nos sociétés actuelles. Un mouvement qui prend appui aussi sur les réseaux sociaux, que le philosophe souhaite voir comme "un moyen" au service d'une société "plus solidaire, partageuse".   ÉCOUTER ► La génération des "Affamés", décidée à changer le monde   Vers un nouveau projet de société Abdennour Bidar ne fait pas qu'observer cette tendance de fond, il l'appelle de ses vœux, puisqu'il défend "la vertu des liens nourrissiers". Dans la rencontre avec l'autre, on est selon lui "traversé par la vie de l'autre, on creuse en soi-même". Une sagesse qui n'est pas que spirituelle, elle est aussi "humaniste", selon lui. Une liberté assumée, des liens à renouer, un refus à opposer devant une société de consommation, un défi à relever - celui de l'écologie. C'est un peu de tout cela qui produit des "tisserands" : "On se rencontre par-delà les frontières anciennes." Ceux qui tournent le dos aux débats politiques jugés stériles pourraient bien être les protagonistes d'une poïétique, en route vers un nouveau projet de société...   Abdennour Bidar est membre de l'Observatoire de la laïcité depuis 2013. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'islam, dont "Lettre ouverte au monde musulman" (éd. Les Liens qui Libèrent, 2015) et "Plaidoyer pour la fraternité" (éd. Albin Michel, 2015).   Entretien réalisé en mai 2016  

    Donner un sens à sa mort pour être pleinement vivant

    Play Episode Listen Later Aug 27, 2018 25:24


    La rendre taboue rend la mort impensée, impensable. Dans notre société occidentale, en effet parle peu de la mort. Ou quand on l'évoque c'est moins pour savoir quel sens lui donner que pour trouver des façons de la maîtriser, comme choisir le jour où l'on décide de partir... Pour Bertrand Vergely, auteur de "Entretiens au bord de la mort" (éd. Bartillat), il faut retrouver le sens transcendant de la mort : il en va du sens de notre vie.   S'il y a une vie après la mort, on n'a plus l'angoisse de "tout perdre"   L'urgence de penser la mort "Dans notre monde aujourd'hui, la mort est morte, nous l'avons tuée", écrit le philosophe dans son ouvrage. Un essai où il s'appuie sur des souvenirs personnels, où il questionne les philosophes et médite la pensée chrétienne. Pour lui, dans notre monde où la mort est réduite à néant, on en vient à la faire reculer quand la vie va bien et on l'utilise pour en finir quand ça va mal. Une vision matérialiste, en somme, qui fait de la mort non pas une question mais un "usage". "La vie devient une guerre contre la mort", explique-t-il.   ÉCOUTER ► La mort, dernier sujet tabou?   Une expérience spirituelle Le philosophe Bertrand Vergely se dit clairement croyant et convaincu que "notre monde est totalement guidé par une perspective spirituelle". Croire que l'on n'est pas là pour rien, que l'on ne vient pas de nulle part que nous n'allons pas vers rien, est, il l'admet, difficile pour qui n'a jamais fait d'expérience spirituelle. Cependant, faire évoluer la mort comme une question, "comme le passage du monde visible vers le monde invisible", cela rend paisible. Dans ce monde "de l'inquiétude et de l'angoisse" tel que le nôtre, Bertrand Vergely constate que la spiritualité fait que la mort n'est plus un adversaire redoutable. S'il y a une vie après la mort, on n'a plus en effet cette angoisse de "tout perdre".   Émission enregistrée en décembre 2015  

    Trois façons de criminaliser la religion

    Play Episode Listen Later Aug 24, 2018 25:06


    Les attentats sanglants perpétrés par Daech nous montrent combien l'homme est capable d’instrumentaliser la religion à des fins politiques. Alors que tous les projecteurs sont braqués sur le fondamentalisme salafiste, Antoine Fleyfel montre qu'il y a aussi des idéologies criminelles chrétiennes et juives. Dans "Les dieux criminels" (éd. Cerf), il en cite trois, qu'il dénonce. Trois idéologies qui partagent une lecture littérale des textes, mettant de côté tout aspect critique, qui portent une vision apocalyptique du monde où la guerre est le moyen de hâter la fin du monde, trois idéologies enfin qu'exalte une haine de la paix.   "Tout le problème aujourd'hui avec les religions, surtout avec l'islam, mais aussi avec des branches du judaïsme et du christianisme, c'est un problème d'herméneutique : comment interpréter le texte ? À partir de quel esprit ? Est-ce que cet esprit est critique ? Littéral ? Idéologique ?"   l'évangélisme sioniste L'évangélisme sioniste est une branche de l'évangélisme et se concentre aux États-Unis. On y trouve 40 millions d'évangélistes sionistes, de "farouches défenseurs d'Israël". "Et ce sont eux qui font la politique étrangère des États-Unis, notamment au Moyen Orient et plus précisément à l'endroit d'Israël." Pourquoi cet attachement à Israël ? Il faut remonter au XVIè siècle, où des courants théologiques protestants ont annoncé la fin du monde et le retour du Messie. Et pour que la fin du monde ait lieu il faut installer les juifs en terre Palestine, créer un État d'Israël et convertir les Israéliens au christianisme. Aujourd'hui, cette lecture politique des évangiles est "portée par des organisations et des lobbies extrêmement puissants", qui ont des "moyens financiers, politiques et militaires". Si "on ne parle plus de la conversion des juifs", on considère toutefois que "l'appui indéfectible pour Israël est une étape avant la fin du monde".   ÉCOUTER ► Les ressorts politiques de l'Apocalypse   Le sionisme religieux Une idéologie née au XIXè siècle et qui a pour conviction la nécessité de défendre les acquis d'Israël. L'existence même de l'État d'Israël étant comprise comme une intervention divine. "Ils ont sacralisé la terre, ils ont  sacralisé l'armée... Ils considèrent que leur présence sur cette terre que Dieu leur a donnée est de droit divin." Le bras armé de ce mouvement religieux est le par exemple mouvement des Jeunes des collines, dont la mission est de rédimer la terre - du terme "rédemption". "Ils sont prêts à toute action pour la rendre sacrée car elle a été selon eux profanée par l'existence des Palestiniens." "Tout le problème aujourd'hui avec les religions, surtout avec l'islam, mais aussi avec des branches du judaïsme et du christianisme, c'est un problème d'herméneutique : comment interpréter le texte ? À partir de quel esprit ? Est-ce que cet esprit est critique ? Littéral ? Idéologique ?" Comment discuter avec un colon qui vous dit que c'est Dieu qui lui a donné cette terre ?   ÉCOUTER ► Jérusalem, "une formidable instrumentalisation de l'histoire"   Le salafisme djihadiste Le salafisme est une manière rigoureuse et fondamentaliste de vivre l'islam. Ajouté à cela, le djihadisme tel qu'il a inspiré les Frères musulmans, a pour objectif de convertir toute la terre à l'islam, avec pour moyen de conversion la violence armée. "Ils croient que Dieu les mandatent pour faire cela." Et, comme le dit Antoine Fleyfel, "l'un des aspects de la dangerosité" de cette idéologie c'est que ses défenseurs "pensent rendre service à la cause en mourant en martyrs".  

    La souffrance psychique des réfugiés

    Play Episode Listen Later Aug 23, 2018 25:27


    On estime à 42 millions le nombre de réfugiés dans le monde. Derrière les chiffres ce sont des visages et souvent des histoires traumatiques. Une fois arrivées en France, ces personnes venues de Syries, du Rwanda ou encore d'Erythrée doivent faire une demande d'asile. Ils doivent aussi prouver qu’ils ont vécu l’horreur. Une étape nécessaire mais difficile: il faut en effet fournir un récit de vie pour justifier cette demande d'asile. L'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) ayant pour consigne de limiter le nombre de personnes autorisées à résider en France, leur témoignage est d'emblée suspect. Elise Pestre explique en effet que "depuis quelques décennies, on essaie de filtrer les migrants, une politique plutôt inhospitalière qui a un impact sur le positionnement des fontionnaires" chargés d'évaluer la véracité des faits. Comment témoigner quand les traumatismes sont à vifs? Pour ceux qui ont vécu l'horreur, tout dire est impossible. Et quand on a quelques minutes pour convaincre, difficile d'être exhaustif. Quand on est dans un état psychique de traumatisme, le réflexe est souvent d'écarter ce qui est désagréable. "Une forme d'exclusion psychique", explique Elise Pestre, qui a constaté un décalage entre l'injonction de donner des informations précises et le réflexe psychique d'oubli et d'autoprotection.   Emission réalisée en janvier 2016

    Le bouddhisme à l'occidentale, histoire d'une déformation

    Play Episode Listen Later Aug 22, 2018 25:11


    Le bouddhisme à la sauce occidentale est-il le même que celui pratiqué en Asie ? Alors qu'en Occident, la société se sécularise, que le christianisme cherche un second souffle, le bouddhisme este à la mode. On le retrouve associé à la méditation de pleine conscience, au yoga, au véganisme, sans oublier les neurosciences qui démontrent les bienfaits de cette spiritualité sur l'homme. Comment expliquer un tel engouement pour un univers qui appartient à une toute autre culture? Marion Dapsance, auteure de "Qu’ont-ils fait du bouddhisme?" (éd. Bayard) se dit "très frappée par le fait que les pratiques auxquelles s'adonnent les bouddhistes occidentaux sont très différentes de ce qu'ils disent faire ou de ce que l'on raconte dans les livres".   Au XIXè siècle, on a fait du Bouddha "l'antithèse du Christ"   Sortir du saṃsara... Le but des pratiques bouddhiques, c'est de sortir du samsara. C'est-à-dire du cercle sans fin des renaissances. "Quand un être meurt, il y a une entité qui n'est pas son âme mais un continuum de conscience qui se pertpétue et se prolonge dans un autre individu." Ce que l'on désigne de façon pas tout à fait exacte par l'idée de réincarnation, ou de renaissance. "Cette renaissance n'est pas une chance, rappelle Marion Dapsance, puisque on peut très bien se réincarner dans un état inférieur, mais c'est un piège." "Le saṃsara est un monde régit par le désir et par l'illusion fondamentale de croire que l'on est un individu à part entière et non pas quelque chose de composé appelé à se dissoudre." En sortir relève d'une logique à l'inverse de la quête du bien-être. Et si les pratiques de développement personnel ont quelque chose de bénéfique, elles n'ont rien à voir avec le bouddhisme. Produit de la sécularisation européenne, le bouddhisme utilisé à des fins de bien-être et d'épanouissement, est "l'antithèse exacte de ce que propose le bouddhisme en Asie".   ÉCOUTER ► L'instant présent, un regard chrétien sur la méditation de pleine conscience   ... l'inverse du développement personnel Le bouddhisme n'a donc pas pour but la relaxation, ni le bien-être du corps. "La méditation a plutôt même pour but de créer un stress puisqu'il s'agit d'évoquer en son for intérieur des images qui vont susciter un sentiment d'urgence, l'envie de sortir du Samsara." Même si la conséquence de la méditation peut être un bien-être. En important le bouddhisme en Occident, on lui a ôté son "cadre symbolique" pour en faire "une simple technique de relaxation". L'enseignement du Bouddha - dont on ne sait pas s'il a vraiment existé - est de dire que le monde se caractérise par la souffrance, qu'il y a un moyen d'échapper à la souffrance en déterminant sa cause : l'ignorance. "C'est un diagnostic sur la vie et sur la souffrance." Les Occidentaux utilisent ce qui les intéresse dans cette religion, et emploient comme une solution à leurs problèmes ce qui étaient des solutions aux problèmes d'autres cultures.   ÉCOUTER ► Quand la méditation attire... les chrétiens   Les origines du bouddhisme à l'occidentale L'engouement occidental pour le bouddhisme remonte au XIXè siècle. Et pour l'anthropologue des religions, ce n'est pas seulement la curiosité intellectuelle qui en est la cause, mais aussi l'envie "de trouver un substitut au christianisme". On est à l'époque d'un racisme et d'un antisémitisme larvés, où l'idée se répand de l'infériorité des peuples sémites. En s'intéressant à l'idée d'une "race aryenne", et à ses origines indo-européennes, on a supposé que se trouvait là l'ancêtre des civilisations. Vers 1840, la traduction de textes sanskrits et pali où il était question de souffrance, rejoignait les préoccupations socialistes de remédier aux fléaux sociaux. On s'est tourné vers la figure du Bouddha que l'on a dégagée de la religion. "La plupart des érudits qui se sont penchés sur ces textes étaient souvent des anticléricaux, des gens qui étaient même souvent antichrétiens aussi, et qui avaient malgré tout besoin d'une forme de doctrine morale voire de culte religieux... Le Bouddha est devenu l'antithèse du Christ."  

    Corps, âme, esprit : considérer l'homme dans ses trois dimensions

    Play Episode Listen Later Aug 21, 2018 25:18


    "On peut admettre que l'objectif d'une société juste et saine est de favoriser le bonheur et l'épanouissement des individus qui la composent. On peut aussi admettre que cette société ne peut tendre vers ce but que si elle a une juste représentation des besoins des individus qui la composent. Or notre civilisation a une compréhension de l'être humain qui le réduit à son corps et à son mental : et à ces deux-là seulement."   Dans notre monde productiviste où l’économie de marché est reine, l’homme est souvent considéré selon ses performances physiques ou intellectuelles. Or l'anthropologie fondamentale nous démontre que l'humain ne peut se réduire à ces deux dimensions, corps et âme (au sens de mental). Pour Michel Fromaget, notre société se montre même "condescendante" à l'égard du spirituel. Et cela n'est pas sans danger. Il est l'auteur de "Corps-âme-esprit - Introduction à l'anthropologie ternaire" (éd. Almora).   L'anthropologue se dit "très inquiet des directions que prend la civilisation occidentale", qu'il accuse de "falsifier la donne en persuadant l'enfant que cette soif d'être est une soif d'avoir"   L'être humain est corps-âme-esprit Considérer l'homme dans ses trois dimensions corps, âme et esprit est ce que l'on appelle un "invariant anthropologique" : on le trouve "dans toutes les traditions quelle qu'elles soient", sémitique, indo-européenne, chinoise, indienne... "Cette répartition corps-âme-esprit n'est la propriété d'aucune tradition, d'aucune religion, d'aucune époque, d'aucun civilisation, d'aucun auteur." C'est, rappelle Michel Fromaget, "une donnée humaine fondamentale". L'enjeu c'est l'épanouissement de l'être humain: "L'être humain dans sa plénitude ne s'épanouit certainement pas dans ses deux dimensions" que son le corps et l'âme (c'est-à-dire le mental), mais "à partir du moment où il a accès à sa troisième dimension, que l'on qualifie d'ordinaire de spirituelle". Comme le dit Camus dans "L'homme révolté" (1951), nous sommes habités par une soif d'être.  L'homme, nous dit Michel Fromaget, est "une espèce à métamorphose". À sa naissance il est "homme au sens plein du terme" selon son corps et son mental. Mais "tant que nous vivons simplement à l'étage de notre corps et de notre mental", nous ne menons pas une vie "où nous sommes pleinement humains". C'est d'ailleurs ainsi que l'anthropologue comprend "l'enseignement fondamental du Christ", et notamment ces paroles de Jésus à Nicodème : "Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu" (Jn 3, 5).   ÉCOUTER ► Abdennour Bidar: "Nos sociétés matérialistes ne font pas justice à notre soif de sens"   Quand notre civilisation néglige l'esprit... Le corps et le mental : "toute notre civilisation est basée sur cette dualité-là", observe l'anthropologue. "S'il est question d'une autre dimension, elle la traite avec une condescendance déplorable, meurtière même." Considérer la vie spirituelle comme étant "de l'ordre du privé ou de l'accessoire" : c'est là "le procès que l'on peut faire à notre civilisation".    ÉCOUTER ► La spiritualité: pour faire de nous des individus responsables   ... elle réduit l'homme à l'esclavage Non seulement notre société ne reconnaît pas l'être humain à sa juste valeur, pour Michel Fromaget, mais elle "fait tout pour le maintenir dans cette vision étriquée". L'anthropologue se dit "très inquiet des directions que prend la civilisation occidentale", qu'il accuse de "falsifier la donne en persuadant l'enfant que cette soif d'être est une soif d'avoir". Il parle d'une "stratégie perverse économique" qui consiste à "transformer cette soif d'être en soif d'avoir" et qui "fait de l'individu une sorte d'esclave". Dans une civilisation de l'avoir et du savoir, il appelle les sciences humaines "sciences inhumaines". Car "loin de s'intéresser à l'homme", les sciences humaines "s'ingénient à n'étudier l'homme que tel qu'elles le conçoivent, comme un être qui n'a de composantes que mentales ou corporelles". Michel Fromaget se dit "intraitable" à l'égard des "scientifiques qui prétendent réduire le réel qu'ils ne connaissent pas à simplement ce qu'ils sont capables d'en observer".  

    Le culte de l'urgence

    Play Episode Listen Later Aug 20, 2018 25:25


    Courir, courir... toujours plus vite! Et si le plus urgent était d'aller très lentement? Ne serait-ce que pour retrouver le goût de soi-même, de l'autre, bref de la vie! Economiue, politique, social ou vie personnelle: de toute part on se trouve plongé dans cette ère de l’immédiateté. Le temps long qui s’étirait est désormais supplanté par un temps court qui presse les individus. Les écarts dans l’espace s’amenuisent et le temps s’accélère à une vitesse vertigineuse. Il y a trois siècles il fallait cinq jours pour aller de Lyon à Paris, aujourd’hui une heure d’avion ou deux heures de train suffisent à rallier les deux villes. Tous, nous sommes touchés par ce phénomène d’accélération. Notre monde occidentalisé est en métamorphosé. Pour la psychanalyste Colette Combe il est urgent de garder des rythmes qui équilibrent notre corps et notre psychisme: repas, sommeil... Il nous faut aussi consentir à ne rien faire du tout.   Emission enregistrée en septembre 2015

    Prendre soin de l'homme dans son intégralité 2/2

    Play Episode Listen Later Aug 17, 2018 25:23


    Qui est l'homme ? Cette question est posée au XXIè siècle, une époque de "souffrance intérieure" où "nous ne savons plus qui nous sommes" et où nos "modes de vie ne respectent pas notre nature profonde." C'est en tout cas le postulat de Jean-Guilhem Xerri, auteur de "Prenez soin de votre âme - Petit traité d'écologie intérieure" (éd. Cerf). Dans son ouvrage, le psychanalyste revient sur quatre visions de l'homme proposées à quatre époques de notre histoire, l'Antiquité, l'âge classique, l'âge moderne et l'âge post-moderne. "Il m'a paru intéressant de revisiter et de refaire le parcours de la façon dont l'homme s'est regardé dans l'histoire de l'humanité."   "On est dans une époque de l'humanité où l'homme se voit de plus en plus avec son cerveau qui fonctionne sur le mode des robots, des algorithmes, de l'intelligence artificielle"   ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA BIOÉTHIQUE - Dès le 18 janvier 2018 s'ouvrent les États généraux de la bioéthique, une vaste réflexion pour réfléchir aux questions éthiques que posent les progrès de la science. Des débats que vous pourrez suivre sur RCF. > En savoir plus   L'homme antique cet animal rationnel De l'Antiquité au XVIIè siècle, les représentations de l'homme sont dominées par la pensée d'Aristote. L'homme est vu comme "un animal rationnel, positionné entre les dieux d'une part et les animaux d'autre part", comme l'analyse Jean-Guilhem Xerri. Doué de raison, il s'agit pour lui de "vivre humainement ce qu'il a d'animal en lui". Cet animal politique et rationnel est "capable de produire des valeurs morales et de construire une société sur la base de ces valeurs". De cette vision découle une pratique du soin "extrêmement riche", selon le biologiste. Riche, car il s'agit d'un "soin de l'être", où le thérapeute est quelqu'un qui prend soin d'abord de sa propre intériorité. "Ne pouvaient être thérapeutes que des gens qui avaient eux-mêmes fait un travail sur eux et continaient à avoir un mode de vie équilibré, sain."   ÉCOUTER ► Dr Christophe Fauré, la quête spirituelle d'un psychiatre   L'homme classique, être pensant au corps machine Entre le XVIIè et le XIXè siècle, la pensée qui domine est celle de Descartes. L'humain est vu à travers deux composantes, le corps et l'âme. "Il y a bien une essence humaine, l'âme humain n'est pas la même que celle de l'animal ou de Dieu mais il y a une différence radicale entre le corps et l'âme." À la faveur de ces interprétations, on pu "explorer le corps comme s'il était une machine". À partir du XVIIè siècle, on n'étudie plus tant la cosmologie et la zoologie, mais la physique, la chimie, les mathématiques, les lois de la mécanique.   ÉCOUTER ► Copernic, l'astronome qui mit le soleil au centre de l'univers   L'homme moderne, conditionné ? À partir du XIXè siècle, émergent de nouvelles sciences : la sociologie, la linguistique, l'histoire, la psychologie ou la psychanalyse. Avec désormais plusieurs penseurs comme Freud, Althusser, Marx, Freud, Lévi-Strauss, émerge une vision de l'homme d'abord conditionné par son environnement, culturel, familial, social. Là où "les sciences effacent l'essence même de l'homme", se sont désormais les déterminismes qui le définissent. "Ce qui caractérise l'homme à travers ces sciences humaines, ce n'est pas l'homme en tant qu'essence, mais davantage les relations que les hommes ont les uns avec les autres et les relations de l'homme avec son environnement." Dans cet "effacement progressif de l'essence en tant que telle" au profit du déterminisme, la question posée est celle de la liberté.   ÉCOUTER ► Au-delà du moi, devenir sujet   L'homme post-moderne e(s)t son cerveau Au XXIè siècle, à la faveur des progrès considérables en génétique, en biologie de l'évolution, en éthologie, en paléoanthropologie ou en neurosciences, apparaît "l'homme neuronal" (d'après le livre "L'Homme neuronal" (1983) de Jean-Pierre Changeux.) C'est-à-dire que l'homme se définit par le fonctionnement de son cerveau : Jean-Guilhem Xerri parle d'un "mouvement de biologisation de l'humain". Nous serions notre corps et même plus précisément, notre cerveau. "Dans cette représentation-là, plus rien ne le différencie des autres animaux, l'homme est un vivant comme un autre." Il se rapproche de l'animal, mais aussi du robot. "On est dans une époque de l'humanité où l'homme se voit de plus en plus avec son cerveau qui fonctionne sur le mode des robots, des algorithmes, de l'intelligence artificielle." Que va-t-il donc advenir de l'homme ? Et si la réponse était spirituelle ?  

    Prendre soin de l'homme dans son intégralité 1/2

    Play Episode Listen Later Aug 16, 2018 25:12


    Qui est l'homme ? Cette question est posée au XXIè siècle, une époque de "souffrance intérieure" où "nous ne savons plus qui nous sommes" et où nos "modes de vie ne respectent pas notre nature profonde." C'est en tout cas le postulat de Jean-Guilhem Xerri, auteur de "Prenez soin de votre âme - Petit traité d'écologie intérieure" (éd. Cerf). Dans son ouvrage, le psychanalyste revient sur quatre visions de l'homme proposées à quatre époques de notre histoire, l'Antiquité, l'âge classique, l'âge moderne et l'âge post-moderne. "Il m'a paru intéressant de revisiter et de refaire le parcours de la façon dont l'homme s'est regardé dans l'histoire de l'humanité."   "On est dans une époque de l'humanité où l'homme se voit de plus en plus avec son cerveau qui fonctionne sur le mode des robots, des algorithmes, de l'intelligence artificielle"   ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA BIOÉTHIQUE - Dès le 18 janvier 2018 s'ouvrent les États généraux de la bioéthique, une vaste réflexion pour réfléchir aux questions éthiques que posent les progrès de la science. Des débats que vous pourrez suivre sur RCF. > En savoir plus   L'homme antique cet animal rationnel De l'Antiquité au XVIIè siècle, les représentations de l'homme sont dominées par la pensée d'Aristote. L'homme est vu comme "un animal rationnel, positionné entre les dieux d'une part et les animaux d'autre part", comme l'analyse Jean-Guilhem Xerri. Doué de raison, il s'agit pour lui de "vivre humainement ce qu'il a d'animal en lui". Cet animal politique et rationnel est "capable de produire des valeurs morales et de construire une société sur la base de ces valeurs". De cette vision découle une pratique du soin "extrêmement riche", selon le biologiste. Riche, car il s'agit d'un "soin de l'être", où le thérapeute est quelqu'un qui prend soin d'abord de sa propre intériorité. "Ne pouvaient être thérapeutes que des gens qui avaient eux-mêmes fait un travail sur eux et continaient à avoir un mode de vie équilibré, sain."   ÉCOUTER ► Dr Christophe Fauré, la quête spirituelle d'un psychiatre   L'homme classique, être pensant au corps machine Entre le XVIIè et le XIXè siècle, la pensée qui domine est celle de Descartes. L'humain est vu à travers deux composantes, le corps et l'âme. "Il y a bien une essence humaine, l'âme humain n'est pas la même que celle de l'animal ou de Dieu mais il y a une différence radicale entre le corps et l'âme." À la faveur de ces interprétations, on pu "explorer le corps comme s'il était une machine". À partir du XVIIè siècle, on n'étudie plus tant la cosmologie et la zoologie, mais la physique, la chimie, les mathématiques, les lois de la mécanique.   ÉCOUTER ► Copernic, l'astronome qui mit le soleil au centre de l'univers   L'homme moderne, conditionné ? À partir du XIXè siècle, émergent de nouvelles sciences : la sociologie, la linguistique, l'histoire, la psychologie ou la psychanalyse. Avec désormais plusieurs penseurs comme Freud, Althusser, Marx, Freud, Lévi-Strauss, émerge une vision de l'homme d'abord conditionné par son environnement, culturel, familial, social. Là où "les sciences effacent l'essence même de l'homme", se sont désormais les déterminismes qui le définissent. "Ce qui caractérise l'homme à travers ces sciences humaines, ce n'est pas l'homme en tant qu'essence, mais davantage les relations que les hommes ont les uns avec les autres et les relations de l'homme avec son environnement." Dans cet "effacement progressif de l'essence en tant que telle" au profit du déterminisme, la question posée est celle de la liberté.   ÉCOUTER ► Au-delà du moi, devenir sujet   L'homme post-moderne e(s)t son cerveau Au XXIè siècle, à la faveur des progrès considérables en génétique, en biologie de l'évolution, en éthologie, en paléoanthropologie ou en neurosciences, apparaît "l'homme neuronal" (d'après le livre "L'Homme neuronal" (1983) de Jean-Pierre Changeux.) C'est-à-dire que l'homme se définit par le fonctionnement de son cerveau : Jean-Guilhem Xerri parle d'un "mouvement de biologisation de l'humain". Nous serions notre corps et même plus précisément, notre cerveau. "Dans cette représentation-là, plus rien ne le différencie des autres animaux, l'homme est un vivant comme un autre." Il se rapproche de l'animal, mais aussi du robot. "On est dans une époque de l'humanité où l'homme se voit de plus en plus avec son cerveau qui fonctionne sur le mode des robots, des algorithmes, de l'intelligence artificielle." Que va-t-il donc advenir de l'homme ? Et si la réponse était spirituelle ?  

    Une autre relation à la terre est possible 2/2

    Play Episode Listen Later Aug 15, 2018 25:01


    Un déni de moins en moins compréhensible. Alors que les alarmes ne cessent de se mutiplier, que les ressources en hydrocarbures commencent sérieusement à s’épuiser, que l'on a revu à la hausse les prévisions en matière de réchauffement climatique, qu'en novembre dernier - fait absolument inédit - le journal Le Monde publiait "Le cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète", on continue de croire que notre sacro-saint progrès va nous apporter des solutions. Dominique Bourg, auteur de "Une nouvelle Terre" (éd. DDB), met en cause notre matérialisme, à ce point développé que notre civilisation détruit les bases matérielles de notre vie commune. "Pour les peuples traditionnels, le donné naturel est respectable. Pour nous autres occidentaux le donné naturel n'a plus aucune valeur, il ne vaut que pour autant qu'on peut l'exploiter, le transformer"   Climat et Biodiversité, tout est lié "Une biodiversité en meilleure santé, c'est un changement climatique qu'on assume mieux ; un changement climatique qui s'accélère c'est une accélération de l'anéantissement des populations vivantes." Les chercheurs du Giec (aussi appelé Ipcc) comme de l'Ipbes (Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) sont formels, on se dirige vers un réchauffement inquiétant du climat et on est déjà entré dans la sixième extinction de messe des espèces. Réchauffement climatique et biodiversité : tout est lié, "on ne doit en aucun cas désolidariser les enjeux climatiques", explique Dominique Bourg.   Laudato si', la chronique - Fabien Revol, théologien et spécialiste d'écologie, nous propose de découvrir la manière dont les militants écologistes non-chrétiens ont accueilli l'encyclique Laudato si'. Il s'appuie sur un cycle de conférences organisé conjointement par l'association Chrétiens et pics de pétrole et la chaire Jean-Bastaire de l'Université catholique de Lyon (UCLy). Des conférences qui ont fait l'objet d'une publication, "La réception de Laudato Si' dans la militance écologiste" (éd. Cerf). ÉCOUTER ► Les chroniques Comment les écologistes perçoivent Laudato si'   Anthropocène Vs. Progrès Si on évoque souvent ce terme d'anthropocène, c'est pour signifier que l'humanité est devenue "la principale force géologique" mais force de destruction. On détruit en somme le système dans lequel on habite et qui nous fait vivre. "Nous sommes en train de dégrader, de façon accélérée maintenant, les conditions d'habitabilité au très long cours de la planète terre pour les espèces humaines et pour les autres espèces." On va trouver des solutions grâce au progrès de la science : voilà "le credo occidental dans toute sa naïveté", dit le philosophe. Produire des éoliennes pour émettre moins de carbone, c'est toujours produire du carbone, et "quand on est des milliards à faire moins ça fait plus !"   ÉCOUTER ► Le transhumanisme, cette nouvelle religion sans transcendance   Exosomatisation Pour comprendre le point de vue de Dominique Bourg sur la façon dont on en est arrivés là et nos comportements de prédation vis-à-vis de la matière, il faut en passer par le concept d'"exosomatisation". Le terme paraît savant, il désigne le fait pour un individu de produire des organes artificiels en vue de compenser ce que naturellement il n'est pas capable de faire. Ainsi l'exosomatisation de nos capacités sinétiques, c'est-à-dire liées au mouvement du corps humain, correspondrait par exemple à la machine, qui crée un travail à la place du corps humain. Dans le cas de l'exosomatisation de nos capacités mentales, ça commence avec l'alphabet grec, le premier à avoir réussi à isoler les voyelles des consomnes. Cela peut sembler un détail mais en réalité cet alphabet a permis au mot d'exister indépendemment de son locuteur et, partant, de "penser l'essence", de penser l'abstraction. "L'étape suivante est l'avènement de la science moderne" - et le fait de "reléguer les qualités sensibles pour comprendre le monde". D'où le dualisme cartésien où matière et esprit sont "deux ordres de réalité totalement étrangers l'un à l'autre". Dans le cas de notre civilisation occidentale, le philosophe parle d'un "emballement du processus d'exosomatisation". Le meilleur exemple à ce jour reste dans le discours des tenants d'un transhumanisme excessif qui comptent sur le progrès de la science pour coloniser la planète mars. "Pour les peuples traditionnels, le donné naturel est respectable. Pour nous autres occidentaux le donné naturel n'a plus aucune valeur, il ne vaut que pour autant qu'on peut l'exploiter, le transformer." Le philosophe défend la spiritualité comme le lieu où l'individu est libéré de sa frénésie transformatrice et s'ouvre à une forme de contemplation.  

    Une autre relation à la terre est possible 1/2

    Play Episode Listen Later Aug 14, 2018 25:17


    Un déni de moins en moins compréhensible. Alors que les alarmes ne cessent de se mutiplier, que les ressources en hydrocarbures commencent sérieusement à s’épuiser, que l'on a revu à la hausse les prévisions en matière de réchauffement climatique, qu'en novembre dernier - fait absolument inédit - le journal Le Monde publiait "Le cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète", on continue de croire que notre sacro-saint progrès va nous apporter des solutions. Dominique Bourg, auteur de "Une nouvelle Terre" (éd. DDB), met en cause notre matérialisme, à ce point développé que notre civilisation détruit les bases matérielles de notre vie commune. "Pour les peuples traditionnels, le donné naturel est respectable. Pour nous autres occidentaux le donné naturel n'a plus aucune valeur, il ne vaut que pour autant qu'on peut l'exploiter, le transformer"   Climat et Biodiversité, tout est lié "Une biodiversité en meilleure santé, c'est un changement climatique qu'on assume mieux ; un changement climatique qui s'accélère c'est une accélération de l'anéantissement des populations vivantes." Les chercheurs du Giec (aussi appelé Ipcc) comme de l'Ipbes (Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) sont formels, on se dirige vers un réchauffement inquiétant du climat et on est déjà entré dans la sixième extinction de messe des espèces. Réchauffement climatique et biodiversité : tout est lié, "on ne doit en aucun cas désolidariser les enjeux climatiques", explique Dominique Bourg.   Laudato si', la chronique - Fabien Revol, théologien et spécialiste d'écologie, nous propose de découvrir la manière dont les militants écologistes non-chrétiens ont accueilli l'encyclique Laudato si'. Il s'appuie sur un cycle de conférences organisé conjointement par l'association Chrétiens et pics de pétrole et la chaire Jean-Bastaire de l'Université catholique de Lyon (UCLy). Des conférences qui ont fait l'objet d'une publication, "La réception de Laudato Si' dans la militance écologiste" (éd. Cerf). ÉCOUTER ► Les chroniques Comment les écologistes perçoivent Laudato si'   Anthropocène Vs. Progrès Si on évoque souvent ce terme d'anthropocène, c'est pour signifier que l'humanité est devenue "la principale force géologique" mais force de destruction. On détruit en somme le système dans lequel on habite et qui nous fait vivre. "Nous sommes en train de dégrader, de façon accélérée maintenant, les conditions d'habitabilité au très long cours de la planète terre pour les espèces humaines et pour les autres espèces." On va trouver des solutions grâce au progrès de la science : voilà "le credo occidental dans toute sa naïveté", dit le philosophe. Produire des éoliennes pour émettre moins de carbone, c'est toujours produire du carbone, et "quand on est des milliards à faire moins ça fait plus !"   ÉCOUTER ► Le transhumanisme, cette nouvelle religion sans transcendance   Exosomatisation Pour comprendre le point de vue de Dominique Bourg sur la façon dont on en est arrivés là et nos comportements de prédation vis-à-vis de la matière, il faut en passer par le concept d'"exosomatisation". Le terme paraît savant, il désigne le fait pour un individu de produire des organes artificiels en vue de compenser ce que naturellement il n'est pas capable de faire. Ainsi l'exosomatisation de nos capacités sinétiques, c'est-à-dire liées au mouvement du corps humain, correspondrait par exemple à la machine, qui crée un travail à la place du corps humain. Dans le cas de l'exosomatisation de nos capacités mentales, ça commence avec l'alphabet grec, le premier à avoir réussi à isoler les voyelles des consomnes. Cela peut sembler un détail mais en réalité cet alphabet a permis au mot d'exister indépendemment de son locuteur et, partant, de "penser l'essence", de penser l'abstraction. "L'étape suivante est l'avènement de la science moderne" - et le fait de "reléguer les qualités sensibles pour comprendre le monde". D'où le dualisme cartésien où matière et esprit sont "deux ordres de réalité totalement étrangers l'un à l'autre". Dans le cas de notre civilisation occidentale, le philosophe parle d'un "emballement du processus d'exosomatisation". Le meilleur exemple à ce jour reste dans le discours des tenants d'un transhumanisme excessif qui comptent sur le progrès de la science pour coloniser la planète mars. "Pour les peuples traditionnels, le donné naturel est respectable. Pour nous autres occidentaux le donné naturel n'a plus aucune valeur, il ne vaut que pour autant qu'on peut l'exploiter, le transformer." Le philosophe défend la spiritualité comme le lieu où l'individu est libéré de sa frénésie transformatrice et s'ouvre à une forme de contemplation.  

    Regard d'un pédiatre sur les enjeux éducatifs du XXIe siècle

    Play Episode Listen Later Aug 13, 2018 25:02


    L'enfant du XXIè siècle naît presque avec un smartphone dans la main! Sous prétexte de le protéger, de le stimuler ou de l'occuper, les parents se montrent attentifs à ce que l'enfant ait tout. Et notamment des écrans. Le Dr. Alain de Broca le constate tous les jours dans son cabinet médical. En 2016, il a publié "Soigner aux rythmes du patient" (éd. Seli Arslan), un ouvrage pour alerter les parents. Il les encourage à être à l'écoute des besoins réels de l'enfant.   Si l'adulte ne montre pas à l'enfant qu'il peut déconnecter, l'enfant ne peut le comprendre   L'enfant a besoin d'adultes qui déconnectent Les écrans: attention au "fil à la patte", nous alerte le neuropédiatre. Aujourd'hui, c'est dès un an qu'un enfant sait jouer sur tablette. Si l'adulte ne montre pas à l'enfant qu'il peut déconnecter, l'enfant ne peut le comprendre. Et déconnecter, pour beaucoup d'entre nous c'est un combat. Le neuropédiatre nous encourage à le mener, pour son enfant. Pour "oser dire que l'on vaut quelque chose même sans ces outils-là!" Il s'agit aussi de montrer à l'enfant que chaque étape de son développement a du sens. Or "l'enfant, observe Alain de Broca, doit répondre à toutes les sollicitations de l'adulte", et doit être à la hauteur de ses aspirations. D'ailleurs, "l'enfant comprend très vite ce que les adultes attendent de lui", observe le Dr. de Broca. Mais comment lui apprendre à être "je" et non celui que les adultes aimeraient qu'il soit? Des enfants sur-stimulés par des informations délivrées en permanence restent dans une dynamique enfermante où demain sera mieux qu'aujourd'hui. "Un futurisme permanent, une course à l'outillage."   ÉCOUTER ► Sortir du burn-out parental   L'enfant a besoin d'adultes qui l'aiment comme il est "Celui qui n'avait été embrassé par des 'Je t'aime malgré tout' ne sait pas qui il est." Une formule qu'emploie souvent le médecin. Et par "malgré tout", entendre: malgré son handicap, malgré le fait qu'il soit une fille alors que ses parents auraient préféré un garçon, malgré son âge, etc. L'enfant a besoin d'entendre "régulièrement qu'on l'aime quelle que soit sa nature et quel que soit son statut". D'ailleurs, le petit d'homme à peine né cherche les yeux de sa mère. "Il est déjà dans la recherche d'une relation, au-delà du besoin d'être câliné, explique Alain de Broca, il exprime un besoin existentiel psychique." Et par là un désir d'être en vie.   ÉCOUTER ► Être de bons parents aujourd'hui   L'enfant a besoin d'un jardin secret Ce qui ne veut pas nécessairement dire une chambre à lui. En tout cas pas selon le neuropédiatre. Ce qui fera que l'enfant ait sa "maison intérieure", son intimité, son jardin secret, c'est qu'on lui aura donné la possibilité d'être un "Je", un "moi". Et pour cela il faut un "Tu". Jouer avec lui, par exemple, lui fait comprendre qu'il existe. La relation, s'est là où le soi se construit.  

    Pour la reconnaissance du crime d'écocide, par Valérie Cabanes

    Play Episode Listen Later Aug 10, 2018 25:18


    "Aujourd'hui, il y a une urgence à laquelle les décideurs, les dirigeants - qu'ils soient politiques, financiers, économiques - ne répondent pas. L'accord de Paris était non contraignant : Donald Trump peut sortir de l'accord de Paris sans craindre une justice internationale même s'il prend une décision qui aura un impact sur l'humanité tout entière. Et il est impératif de cadrer cette activité industrielle qui est dangereuse. Le droit pénal fait partie de ces mesures dissuasives."   Porte-parole du mouvement En Ecocide on Earth, Valérie Cabanes lutte pour que soit reconnu un cinquième crime international, le crime d’écocide. Aujourd'hui, la Cour pénale internationale reconnaît le crime contre l'humanité ou le génocide. Mais pas le crime contre l'environnement. Selon la juriste, "il est important qu'un nouveau crime soit créé pour aller au-delà : sortir d'une vision anthropocentrée du droit". Elle publie "Homo natura" (éd. Buchet/Chastel), où elle invite à changer de regard sur la nature, et à considérer les espaces naturels "pour leur valeur intrinsèque au-delà des bienfaits rendus à l'humanité".   "Si on ne réfléchit pas à protéger le droit de la nature à exister", c'est "le droit à l'eau, le droit à l'alimentation, le droit à la santé, le droit à l'habitat" qui "ne pourront plus être garantis aux générations futures"   La législation, champ de bataille des écologistes Juger pour écocide passe notamment par la nécessite de conférer une personnalité juridique aux écosystèmes. Depuis une dizaine d'années on voit émerger les effets d'une prise de conscience. En tête l'Équateur, qui a reconnu dès 2008 les droits de la nature dans sa constitution, suivi par la Bolivie en 2009 ou le Mexique en 2017. Aux États-Unis, des municipalités ont pu stopper des projets de fracturation hydraulique en adoptant les droits de la nature dans leur législation locale. Et, dernier cas en date qui intéresse particulièrement la juriste, celui du fleuve Colorado - surexploité, extrêmement pollué - dont la voix est défendue devant le juge fédéral par une équipe d'avocats de l'ONG Deep Green Resistance (DGR). Pour Valérie Cabanes, l'histoire récente a montré que les sanctions financières ne sont pas efficaces pour protéger la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique. Son action met en lumière un autre moyen de pression, le combat juridique. En 2016, elle faisait partie du comité d’organisation du Tribunal Monsanto, un procès fictif organisé à La Haye où la firme était jugée pour écocide.   ÉCOUTER ► Laudato Si', quand un pape rejoint les écologistes   Cela fait 50 ans qu'on est au courant "Ça fait maintenant depuis 1972 qu'on sait que l'on porte atteinte aux limites de la planète." Le terme "écocide" (du grec oïkos qui signifie "maison" et du latin caedere, "tuer") existe depuis le début des années 1970. Il a été formulé par le le biologiste et activiste américain Arthur W. Galston (1920-2008) et repris par Olof Palme (1927-1986), au moment de la Conférence des Nations unies sur l'environnement humain (CNUEH) en 1972 à Stockholm, aussi désignée comme le premier Sommet de la terre. Le premier ministre suédois qui considérait comme écocide la dispersion par l'armée américaine de l'agent orange et de la dioxine contenue dans ce gaz sur les forêts du Cambodge, du Laos et du Viet Nam. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) nous alerte sur le climat depuis 1988. Et que "tout le monde est au courant depuis 1988", et que "les dirigeants des 100 entreprises qui émettent 71% des gaz à effet de serre sur terre agissent donc en connaissance des conséquences probables de leurs décisions". Pour Valérie Cabanes il y a là un "principe de finitude qu'on est en train de refuser".   ÉCOUTER ► COP 23, les entreprises changent-elles vraiment le climat ?   Pourquoi c'est urgent "Le monde sera totalement nouveau d'ici 2100." On a déjà perdu presque 60% des vertébrés, 80% des insectes. Et avec trois ou quatre degrés de plus, on va revenir à un climat que la terre a connu, et où le niveau des mers était plus haut d'environ 10 mètres. De quoi reconfigurer la géographie terrestre. "En 2100 deux personnes sur sept devront quitter leur domicile, qui sera soit inondé soit asséché." On pense que la terre est un puits de ressources inépuisable. On pense que la planète et la nature s'adapteront à ces extinctions. Or l'histoire montre que si la nature s'est adaptée, cela s'est fait sur le temps très long. "Il faudra des millions d'années pour que notre biodiversité telle que nous la connaissons se reconstitue." Pour Valérie Cabanes, "ce facteur temps est essentiel à comprendre". Aujourd'hui, ce sont "les droits fondamentaux des humains qui commencent à être véritablement menacés". Et "si on ne réfléchit pas à protéger le droit de la nature à exister", c'est "le droit à l'eau, le droit à l'alimentation, le droit à la santé, le droit à l'habitat" qui "ne pourront plus être garantis aux générations futures".   Émission enregistrée en novembre 2017  

    Nos émotions peuvent nous rendre fous

    Play Episode Listen Later Aug 9, 2018 25:21


    Nos émotions nous rendent vivants. Mais elles peuvent tout aussi bien nous entraîner vers la créativité que vers la destructivité. Le Dr. Philippe Jeammet, pour qui les troubles psychiques sont "avant tout des troubles émotionnels", a publié "Quand nos émotions nous rendent fous" (éd. Odile Jacob). Un livre témoignage qui est aussi un hommage à ses patients, "un hommage à la vie". Car il nous apprend que si l'on crée du lien et que si l'on instaure de la confiance, alors on peut inverser le cours des choses. De la destruction à la créativité. Car l'homme s'épanouit dans la coconstruction.   "La vie se joue entre deux émotions, la peur et la confiance"   les progrès de la science sur le mystère des émotions Ce que l'on se dit en écoutant le Dr. Jeammet, c'est que l'on a de la chance de vivre à une époque où les progrès de la science nous apprennent les liens étroits entre la biologie et la psychologie. Grâce aux neurosciences on sait comment fonctionnent les émotions et comment elles nous guident. Ainsi on sait par exemple que "ce qui fait fonctionner la biologie et la chimie du cerveau c'est la rencontre". Philippe Jeammet a travaillé de nombreuses années auprès d'adolescents et de jeunes adultes, à l'Institut mutualiste Montsouris. Un grand nombre de ses patients étaient anorexiques. Une maladie psychique qui, comme beaucoup d'autres, trouve son origine dans une émotion, la peur - "l'émotion primaire" - et qui est une réponse à une envie de vivre, contrairement à ce que l'on pourrait croire.   ÉCOUTER ► Entre nous et le bonheur, les peurs   ces émotions qui rendent créatif ou destructeur "La destructivité et la créativité sont les deux faces de l'envie de vivre." Un terroriste qui tire froidement sur la foule, un jeune qui consomme de la cocaïne, un autre qui tente de se suicider, ou encore une adolescente qui refuse de manger à en mourir... La liste est longue de ce qui nous apparaît être des folies contemporaines. "La grande drogue de l'être humain c'est de se shooter au sentiment de pouvoir dans la destruction." Derrière, se cache le besoin d'être vu, d'être écouté, bref, de vivre. "Chez l'homme la destructivité c'est la créativité du pauvre, pas au sens économique mais de celui qui se sent impuissant."   ÉCOUTER ► Que serait notre vie sans les autres? avec Marion Muller-Colard   prendre du recul et choisir la confiance Le diptyque création-destruction nous concerne tous. Il y a des addictions plus ou moins sévères, la cigarette, l'alcool, internet. Chacun peut mesurer le fait que devant un trop-plein d'émotion, prendre du recul c'est souvent difficile. "On ne peut pas contrôler le fait d'avoir des émotions, on peut contrôler ce qu'on en fait." Et si on n'a pas tous la même capacité à maîtriser nos émotions, on a tous une capacité à retrouver confiance. "La vie se joue entre deux émotions, la peur et la confiance - la peur étant aggravée par la solitude ; et la confiance, c'est ne pas être seul." C'est biologiquement prouvé, la confiance se met en œuvre dans la rencontre avec l'environnement. Ce qui fait dire au médecin qu'elle est "indispensable".   entretien réalisé en mars 2017  

    L'essor des robots, pour le meilleur et pour le pire

    Play Episode Listen Later Aug 8, 2018 25:02


    Un robot capable de jouer un concerto de piano, un petit phoque en peluche articulé qui réconforte les pensionnaires d’une maison de retraite, la machine télécommandée capable d’assister la main du médecin, nous vivons actuellement une véritable révolution technologique. Les progrès de l’intelligence artificielle viennent bouleverser notre façon d’être au monde, et la machine prend de plus en plus de place. Face à l’essor d’ordinateurs hyper-puissants, l’homme faillible, vulnérable, mortel, sera t’il bientôt relégué au rang des antiquités ? Guy Vallancien est  chirurgien et membre de l'Académie Nationale de médecine. c'est l'un des pionniers de la robotique chirurgicale en France. 

    Télémédecine, partage des données.... Regard sur la médecine du XXIe siècle

    Play Episode Listen Later Aug 7, 2018 25:20


    "On est dans une dynamique qui ne fait que s'emballer." Sous la poussée du progrès scientifique, le phénomène d'accélération du temps touche aussi la médecine et le soin. Le Dr Alain de Broca est est témoin, les progrès de la science donnent "des outils pour aller toujours plus vite dans l'expérience du réel et chercher toujours plus loin de nouvelles techniques et stratégies thérapeutiques". Le neuropédiatre publie "Soigner aux rythmes du patient" (éd. Séli Arslan).   La fécondité, l'accouchement, la mort... Ce qui était parmi "les choses les plus naturelles" sont désormais hautement technicisées   ÉTATS GÉNÉRAUX DE LA BIOÉTHIQUE - Dès le 18 janvier 2018 s'ouvrent les États généraux de la bioéthique, une vaste réflexion pour réfléchir aux questions éthiques que posent les progrès de la science. Des débats que vous pourrez suivre sur RCF. > En savoir plus   le rythme du patient et l'emballement des techniques Depuis les années 2000 une véritable révolution est en marche dans le domaine médical. Des équipements hyper sophistiqués, l’essor des biotechnologies, ou encore le traitement numérique des données bouleversent la façon de soigner. On assiste ainsi à un phénomène de rationalisation et d’accélération de la médecine. Et cependant, face au médecin technicien, le malade reste un être charnel, complexe, porteur d’affects et d’une histoire unique. Un écart que pointe du doigt le Dr. Alain de Broca, qui dirige l'Espace de réflexion éthique régional (ERER) de Picardie.   ÉCOUTER ► Bioéthique - Quelle différence entre nécessité médicale et désir sociétal?   Des questions à se poser Dans cet univers de plus en plus technique, comment conserver le rythme de l'humain? La fécondité, l'accouchement, la mort... Ce qui était parmi "les choses les plus naturelles" sont désormais hautement technicisées. Sur internet, chacun est cherche à se faire son propre diagnostic, ce qui peut modifier le lien de confiance entre le médecin et son patient. Il y a aussi la télémédecine, qui selon le Dr de Broca, peut nuire à la qualité relationnelle et au soin. Citons enfin les patchs qui enregistrent l'activité physiologique du corps humain et permettent au médecin d'avoir en temps réel toutes les données de son patient. Des avancées de la science dont on peut se réjouir, mais qui ne doivent pas empêcher une prise de recul et une analyse des conséquences. "Je suis peut-être le vieux ringard du coin mais il faut se poser des questions!", nous dit en souriant mais avec sérieux le Dr de Broca.   Entretien réalisé en juillet 2016  

    La joie se cultive

    Play Episode Listen Later Aug 6, 2018 25:23


    La joie, une qualité d’exception réservée aux sages ou aux fous inconscients ? Pour le philosophe Alain Durel la joie est à la portée de chacun. Reste à lui faire de la place et à la nourrir, jour après jour. Lui qui publie "Cultiver la joie" (éd. Eyrolles), partage une "bonne nouvelle : la joie est en nous".   "Faire la grande expérience d'une joie sans cause, qui n'est pas dépendante du plaisir mais qui est à la racine de notre être"   une joie qui n'a pas besoin de raison d'être La béatitude n'est pas une qualité à acquérir. Alain Durel encourage chacun à revenir en soi-même, pour faire "la grande expérience d'une joie sans cause, qui nous précède, une joie qui n'est pas dépendante du plaisir mais qui est à la racine de notre être". Cette joie qu'identifie le philosophe persiste au-delà des situations de souffrance.   ÉCOUTER ► La joie, l'émotion du sens de la vie   Le mental, principal obstacle à la joie Alain Durel montre comment le mental a fini par "prendre le pouvoir". Nous faisons en effet un usage quasi permanent "d'un esprit qui ne cesse de fonctionner", le philosophe décrit "un caractère lancinant répétitif, mécanique" de notre esprit. Or, le mental entretient selon lui le regret et la nostalgie qui empêchent de trouver l'instant présent où se trouve la joie fondamentale. Il nous exporte loin de notre centre où est la joie.   Émission réalisée en mai 2016  

    Y a-t-il des bons et des mauvais migrants?

    Play Episode Listen Later Jul 26, 2018 25:00


    Faut-il accueillir les réfugiés qui fuient la guerre ou la persécution et fermer la porte aux migrants dits économiques? La question est infiniment complexe et difficile.

    Boris Cyrulnik : La croyance en Dieu est un précieux facteur de résilience

    Play Episode Listen Later Jul 12, 2018 25:00


    Dis-moi quel est ton Dieu je te dirai qui tu es. Pour Boris Cyrulnik nos premiers attachements colorent notre façon d'appréhender la divinité: on aime Dieu comme on a appris à aimer l'autre.

    Le sens de l'hospitalité selon Jacqueline Kelen

    Play Episode Listen Later Jul 9, 2018 25:00


    L'hospitalité est-ce un élan du cœur? Alors que l'on parle de crise migratoire, Jacqueline Kelen propose un autre regard sur l'hospitalité, comme une démarche intérieure.

    Un regard sur la banlieue

    Play Episode Listen Later May 21, 2018 25:00


    Qui sont les jeunes de banlieue ? Comment expliquer les réussites inespérées de certains sur lesquels personnes n'aurait jamais parié ? Témoignage de Claire Marin, prof de philo en banlieue.

    Un regard sur la banlieue

    Play Episode Listen Later May 21, 2018 25:00


    Qui sont les jeunes de banlieue ? Comment expliquer les réussites inespérées de certains sur lesquels personnes n'aurait jamais parié ? Témoignage de Claire Marin, prof de philo en banlieue.

    Un regard sur la banlieue

    Play Episode Listen Later May 21, 2018 25:00


    Qui sont les jeunes de banlieue ? Comment expliquer les réussites inespérées de certains sur lesquels personnes n'aurait jamais parié ? Témoignage de Claire Marin, prof de philo en banlieue.

    Être catholique, est-ce bien raisonnable? (suite)

    Play Episode Listen Later Apr 23, 2018 25:00


    Dans un monde largement déchristianisé, le défi pour le catholique est de pouvoir expliquer sa foi. Le philosophe Denis Moreau explique que parler de sa foi avec raison, c'est possible.

    Être catholique, est-ce bien raisonnable?

    Play Episode Listen Later Apr 16, 2018 25:00


    Dans un monde largement déchristianisé, le défi pour le catholique est de pouvoir expliquer sa foi. Le philosophe Denis Moreau explique que parler de sa foi avec raison, c'est possible.

    Petit état des lieux du respect des droits de l'homme dans le monde

    Play Episode Listen Later Dec 4, 2017 25:00


    La déclaration des droits de l'homme de 1948 n'est pas toujours respectée. Certains pays mettent en doute son "universalité". Petit état des lieux avec Amnesty International.

    Pourquoi obéissons-nous ? 2/2

    Play Episode Listen Later Nov 27, 2017 25:00


    Soumission, conformisme, consentement : pourquoi obéissons-nous ? Frédéric gros décortique l'acte d'obéir pour nous aider à oser retrouver l'audace de dire "non" pour raisons éthiques.

    Le grand retour de l'Histoire

    Play Episode Listen Later Nov 6, 2017 25:00


    Dans notre monde prétendument sans mémoire, l'histoire ne cesse d'être invoquée par les hommes politiques. Pour Bruno Tertrais le passé mythifié se venge des fausses promesses du libéralisme

    Que transmettons nous ?

    Play Episode Listen Later Oct 9, 2017 25:00


    Comment offrons nous notre héritage aux nouvelles générations ? Pour Nathalie Sarthou-Lajus la transmission est un processus dynamique. Soyons des passeurs attentifs et créatifs !

    Les défis actuels du couple

    Play Episode Listen Later Sep 18, 2017 25:00


    Comment définir le couple au XXième siècle ? Jacques Arènes ausculte l'intime d'hommes et de femmes en quête d'équilibre. Entre aspiration à la liberté et construction du lien commun.

    Qui sont les cathos de France ?

    Play Episode Listen Later Aug 11, 2017 25:00


    Les cathos de France n'ont plus honte d'afficher leur identité. Un pied dans la société, un autre dans l'église, ils sont en plein renouveau. Linda Caille a enquêté sur le sujet...

    Qui sont les cathos de France ?

    Play Episode Listen Later Aug 11, 2017 25:00


    Les cathos de France n'ont plus honte d'afficher leur identité. Un pied dans la société, un autre dans l'église, ils sont en plein renouveau. Linda Caille a enquêté sur le sujet...

    Qui sont les cathos de France ?

    Play Episode Listen Later Aug 11, 2017 25:00


    Les cathos de France n'ont plus honte d'afficher leur identité. Un pied dans la société, un autre dans l'église, ils sont en plein renouveau. Linda Caille a enquêté sur le sujet...

    Nos idées fausses sur la pauvreté en France

    Play Episode Listen Later Mar 6, 2017 25:00


    Parce que la pauvreté fait peur et que les préjugés sont nombreux, ATD-Quart Monde réédite son guide pour en finir avec les idées fausses. Et si on trouvait ensemble des solutions?

    Edgar Morin: L'être humain n'est pas qu'un individu

    Play Episode Listen Later Aug 25, 2016 25:00


    Pour Edgar Morin il est urgent de considérer l'être humain dans sa globalité: non pas un individu anonyme et isolé, mais un être qui a besoin des autres. Il répond à Béatrice Soltner.

    Claim Sur le rebord du monde

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