Richard Scoffier est architecte, philosophe et professeur. Depuis 2011, ses Universités Populaires interpellent les oeuvres du passé et celles du présent, comparent les réflexions des grands bâtisseurs et croisent les cultures pour permettre à chacun d'ap
"Soyons sérieux ! Quelle architecture peut prétendre produire de la jouissance, quand celle-ci trouve sa raison d'être dans la transgression de toutes les règles. Elle apparait à travers les obsessions pornographiques qui contaminent les projets dessinés de Jean-Jacques Lequeue alors que ses confrères les exilent en marge de leurs plans. Des provocations qui anticipent l'architecture molle et poilue invoquée par Salvador Dali pour prendre la relève de l'architecture orthogonale et protestante de Le Corbusier. Un refus de l'angle droit dans lequel s'engouffrerons, autour des années 68, les Häusermann, Chanéac, Kalouguine, Antti Lovag avec leurs coques sensuelles de béton projeté comme leurs émules d'aujourd'hui. Mais aussi dans les dispositifs cherchant à provoquer de la disjonction, de la disruption comme le promettait le Parc de la Villette de Bernard Tschumi à l'aube des années 80. Ou encore dans les surfaces lisses et carroyées, dessinées par Superstudio, pour offrir des espaces non-coercitifs strictement ouverts à tous les possibles..." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture
"Interrogeons Georges Bataille. Les architectes ne dessinent-ils pas que des prisons, des maisons de redressement et des mécanismes de surveillance ? Des espaces qui, comme nous l'avons abordé les années précédentes, nous éloignent par la contrainte et par la force de notre bestialité originelle. Des prothèses qui nous poussent à nous laver, à manger et à dormir à heure fixes, mais aussi à lire et à écrire - à préférer le signe à la chose - à chanter au lieu de hurler... Parcourons ces mécanismes conçus pour nous élever, comme le célèbre Panopticon de Jeremy Bentham : un dispositif de contrôle destiné à être intériorisé par les détenus pour leur permettre d'acquérir la conscience dont ils étaient supposés démunis... Ou l'enclave enfermant les Prisonniers volontaires de l'architecture, la prison prothétique dessinée par Rem Koolhaas pour son diplôme et qui ne cessera par la suite de le hanter. Questionnons l'esthétique du sublime qui trouve son origine non dans le plaisir - comme celle du beau - mais dans la souffrance et l'angoisse. Passons par Jean Nouvel et ses dispositifs spatiaux qui déterritorialisent et déracinent leurs occupants pour leur faire accomplir la révolution Galiléenne, leur faisant comprendre que la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse. Terminons au Qatar par un projet non réalisé d'OMA visant, dans un sadisme total, à humaniser des chevaux de courses en les plaçant face à la tragédie de l'existence." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture
Revenons sur l'hôpital, sur son passé et son avenir. Issu du lazaret, de l'hospice où étaient simplement mis à l'écart les populations déviantes, malades ou contaminées par les épidémies, il s'est peu à peu transformé en Machine à guérir pour reprendre l'expression de Michel Foucault. Un équipement médical qui trouvera son apothéose dans le sanatorium, où des terrasses protégées - exposant les patients à l'air et à la lumière - étaient destinées à les guérir de la tuberculose avant l'invention de la pénicilline. Mais voyons aussi ces équipements comme des mécanismes capables de reproduire des ambiances paradisiaques autour des corps malades, comme celles promises par Le Corbusier dans sa nappe en suspension au-dessus des eaux de Venise, et surtout les vastes espaces horizontaux, ouverts et ventilés, construits au Brésil par Joao Figueras Lima - dit Lelé - pour les accidentés de la route. Avant d'aborder les réglementations PMR qui transforment les parcs de logements en d'immenses espaces médicalisés potentiels, ainsi que la place de l'hôpital dans la ville d'aujourd'hui de nouveau confrontée aux pandémies.
La nouvelle saison de l'université populaire poursuit son étude des actes triviaux qui paraissent naturels mais ne le sont pas, parce que produits par des dispositifs architecturaux, les modèlent et leur donnent forme. Cette première Mastercalsse explore l'action de jardiner. « Paradoxalement, c'est dans le jardin que l'architecte devrait trouver son plein accomplissement, dans un savoir-faire qui n'est pas le sien mais celui du jardinier ou du paysagiste. Décrit dès les premières pages de l'ancien testament comme le lieu pour lequel l'homme a spécialement été créé : le Paradis, un mot dont l'étymologie est persane et qui désigne ces fragments de nature luxuriante ceints de murs et placés en plein déserts, où plantes et animaux se développent librement autour de bassins alimentés par des canaux souterrains collectant l'eau des montagnes alentour. Des espaces vivants que les empereurs perses s'enorgueillissaient de construire alors que d'autres s'épuisait à élever des pyramides, des monuments aussi morbides que stériles. Reprenant cette tradition, Louis XIV a ainsi établi à Versailles plus qu'un palais : un immense parc, convoquant toute la technologie de pointe de son temps, pour capter les eaux nécessaires au jaillissement de ses multiples fontaines. Ce qui nous permet de dégager une autre origine de l'architecture : ni grecque, ni égyptienne, mais perse ou babylonienne. Une origine plus en phase avec les aspirations des citadins d'aujourd'hui qui fuient les agoras et les colonnades de marbre pour se réfugier dans les jardins publics, leurs toits plantés ou leurs rebords de fenêtre fleuries... » Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture
"La cuisine, le salon, la salle de classe : tous ces espaces peuvent être assimilés à des incubateurs, des accélérateurs aidant l'espèce humaine à s'arracher à sa condition animale. Et c'est essentiellement comme des appareillages imaginés pour permettre aux hommes et aux femmes de s'élever que nous aborderons les lieux de prière et de recueillement. Nous passerons des colonnes sur lesquelles se hissaient les anachorètes – à l'instar de Saint Siméon le Stylite – aux compositions vertigineuses de Guarino Guarini pour la Chapelle du Saint-Suaire à Turin et des frères Asam pour l'église Saint-Jean-Népomucène à Munich. Des dispositifs repris et réactualisés par Paul Virilio et Claude Parent qui font pencher les sols de Sainte Bernadette de Nevers pour accentuer le mouvement des fidèles vers l'autel, ou par Peter Zumthor qui redresse les corps des pèlerins sous la lumière zénithale trouant son bloc de béton votif posé à la lisière des champs et de la forêt. Une aspiration à l'élévation que l'on retrouve encore dans certains espaces laïques, notamment le grand vide sombre et silencieux élevé par Louis Kahn au coeur de la bibliothèque d'Exeter ou la plage claire qui s'étend sous les deux ouvertures ovales de la voûte conçu par Ryūe Nishizawa sur l'île de Teshima pour en conclure le parcours initiatique." Richard Scoffier, mars 2020.
"Comme le rappelle Peter Sloterdijk, le petit d'homme naît avant terme contrairement à la progéniture de la plupart des autres animaux. Il doit impérativement être éduqué pour espérer parvenir à maturité, et apprendre les gestes nécessaires à sa survie comme à celle de son espèce. Ainsi des bras de la mère et des autres membres de la communauté, puis les prothèses architecturales – écoles, collèges, lycées, universités – doivent lui permettre de se constituer comme un sujet libre et souverain dans un monde en perpétuelle évolution. Nous passerons rapidement sur les différents types de lieux d'enseignement pour nous attarder sur ceux qui forment les architectes. Ainsi à Rio de Janeiro l'école d'architecture de Jorge Machado Moreira (1957) se définit-elle comme un palais pour futurs héros de la modernité, tandis qu'à São Paulo celle de Villanova Artigas (1961) s'affirme comme un gigantesque plafond à caissons lancé au-dessus d'un immense espace de travail. Des exemples qui nous permettrons de mieux saisir les enjeux portés par les établissements d'aujourd'hui que ce soit celui de Fréderic Borel à Paris, de Bernard Tschumi à Marne-la-Vallée, de Lacaton & Vassal à Nantes ou de l'Institut méditerranéen de la ville et des territoires que la jeune agence NP2F doit réaliser à Marseille." Richard Scoffier, mai 2020
"Comment penser l'introduction de corps étrangers dans un espace privé qui conserve toujours dans ses tréfonds la mémoire du nid, de l'antre, de la tanière ? Nous nous rappellerons du Terrier, la nouvelle de Franz Kafka, dont le personnage principal – humain ou animal – vit dans une galerie souterraine, hanté par la terreur d'une intrusion fatale. Et nous reviendrons sur les différentes manières d'inviter les autres à pénétrer dans son propre territoire tout en les maintenant savamment à distance. Un double mouvement qui conditionne l'organisation de l'habitat traditionnel méditerranéen comme les constructions modernes et contemporaines. Nous analyserons comment les maisons iconiques de Le Corbusier, Ludwig Mies van der Rohe, Oscar Niemeyer, Lina Bo Bardi et Paulo Mendes da Rocha ou celles plus récentes de Lacaton & Vassal, Éric Lapierre et Valerio Olgiati, réglementent l'accès des autres dans leur intimité. Sans oublier que l'hospitalité reste au fondement du projet démocratique. Comme le met en évidence la double signification du mot hôte qui définit aussi bien celui qui reçoit que celui qui est reçu." Richard Scoffier, mai 2020.
L'Université Populaire poursuit son investigation commencée sur les actes essentiels de l'humanité et leur implication dans la détermination de l'espace. Manger, recevoir, éduquer, se recueillir : tous ces actes réclament des espaces dédiés pour s'accomplir et s'institutionnaliser. "Restaurants, cuisines, commerces, autoroutes, marchés d'intérêt national, abattoirs et champs à perte de vue : la terre entière a été implacablement organisée pour que nous puissions nous nourrir à intervalles réguliers et ne jamais être dominés par la faim comme nos lointains ancêtres, les chasseurs-cueilleurs du néolithique qui passaient leur vie à la recherche exclusive de leur subsistance. Mais manger c'est aussi un corpus de gestes codifiés qui font l'objet d'un long apprentissage. Une pratique, prescrite par de nombreux interdits, qui réclame impérativement de s'effectuer sous le contrôle d'une communauté. Un acte, qui de plus subsume le besoin animal de dévorer sous le plaisir esthétique de goûter. Nous analyserons certains dispositifs architecturaux contemporains où l'on se restaure tout en regardant les autres et en étant vus d'eux. Mais aussi des lieux qui se veulent en phase avec un certain style de cuisine. Ainsi l'hôtel restaurant Saint-James de Jean Nouvel à Bouliac, conçu comme un espace initiatique permettant de méditer sur la terre et ses produits avant de passer à la table de Jean-Marie Amat. Ou Le Dauphin, aménagé à Paris par Rem Koolhaas et Clément Blanchet, qui met les corps en légère tension pour qu'ils soient à même d'apprécier les savants assemblages d'Iñaki Aizpitarte, ou encore Enigma, réalisé à Barcelone par l'agence RCR et Pau Llimona qui s'organise comme un cristal autour des subtiles transgressions culinaires du chef catalan Albert Adrià." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture.
"Revenons sur l'habitat communautaire : sur les monastères, sur les phalanstères et leurs avatars, comme sur les logements expérimentaux imaginés par les constructivistes russes et sur les tours capsules inventées par les métabolistes japonais. Revenons sur ces expériences radicales qui ont su développer des mondes clos dans lesquels des populations homogènes pouvaient vivre dans se mélanger. Prisonniers volontaires de l'architecture - comme les moines ou les étudiants révolutionnaires - ou assignés involontaires à résidence comme les détenus dans leurs prisons, les malades dans leurs hôpitaux et les personnes âgés dans leurs maisons de retraites. Un retour aux sources qui devrait nous permettre de mieux comprendre l'habitat collectif d'aujourd'hui qui tend irrémissiblement à se spécialiser : jeunes travailleurs, femmes battues, étudiants, familles de même niveau social, retraités, mourants..." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture.
"Walter Benjamin, Karl Marx, Émile Zola : chacun a vu à sa manière la ville se modifier sous ses yeux incrédules. Moins tournée sur les individus, les métiers que sur le sacre perpétuel des objets. La vitrine éclairée au gaz de ville qui s'arrache à la nuit, le passage protégé de la boue et des intempéries comme des autres aléas de la rue, puis le grand magasin qui s'affirme comme une réminiscence du souk ou du bazar oriental mais aussi comme un véritable opéra... Où, sous l'éclairage naturel tombant en cascade de ses verrières peut s'entendre le chant muet de la marchandise. Un monde hypnotique, hallucinatoire... Où en sommes-nous aujourd'hui ? Quand on nous promet sur l'une des dernières terres agricoles d'Île-de-France un immense centre commercial et culturel, quand les commerces sortent de leurs gonds et quittent leurs sites urbains pour investir les autoroutes, les aéroports et les gares afin de capter à la source les flux des acheteurs potentiels..." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture.
"Les plateaux de bureaux ont, dès leur origine, été pensés comme des dispositifs orthopédiques poussant leurs occupants à donner le meilleur d'eux-mêmes. Ce sont des milieux accueillants et subtilement coercitifs, où tout est conçu pour que les employés puissent se développer à travers leur travail. Ainsi bénéficient-ils de la meilleure lumière naturelle ; de la température idéale ; du volume de vide suffisant pour exécuter leur répertoire de gestes programmés, sans se sentir oppressés, ni stressés. En témoignent les espaces paysagers conçus par Frank Lloyd Wright pour le Larkin ou le Wax Johnson Building vastes et lumineux comme des serres pour que les secrétaires rivées à leurs machines à écrire parviennent à un rendement optimal, tout en se surveillant discrètement les unes les autres. Ou les bureaux de l'agence BECT à Pantin : ici, associés et employés vivent en osmose comme des nomades. Ils passent des hautes tables où ils travaillent souvent debout, aux chaises du restaurant ou du café, aux transats isolés des terrasses plantées, aux profonds fauteuils insonorisés... Pour produire dans la fluidité, en ayant l'impression d'être entre copains ou d'avoir une conversation amoureuse ou de méditer seul et tranquille sur son avenir... Des lieux de travail qui peuvent être considérés comme des laboratoires et servent de modèle à d'autres équipements. Ainsi écoles, bibliothèques, logements tendent à s'organiser selon les mêmes principes..." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture.
Dans cette édition 2019, Richard Scoffier explore "Les actes fondamentaux » de l'architecture: se laver pour être propre ; travailler pour gagner de l'argent ; dépenser pour acquérir ce dont on a besoin ; dormir pour se reposer. Il analyse comment l'architecture accompagne les individus dans l'accomplissement de leurs actions les plus triviales. « Que faisait-on exactement dans les thermes romains ? Et pourquoi le rapport à l'eau est-il si important dans toutes les religions que ce soit le mikveh des juifs, le baptême des chrétiens, les ablutions avant la prière des musulmans ? Se laver : à fois un acte social dans les saunas, les hammams, mais aussi un geste profondément religieux, comme en témoignent les aspersions d'eau bénite, les immersions dans les fonds baptismaux... Comme si, sous prétexte d'hygiène, surgissait la volonté de se transformer, de ne pas rester cantonné dans l'état de nature, de se reconstruire, de renaître, de changer sa vie... C'est à travers ces filtres que nous aborderons les bains et les piscines publics d'aujourd'hui : le bassin encastré dans les rochers de la côte atlantique d'Alvaro Siza ou les thermes de Vals de Peter Zumthor, les Bains des Docks de Jean Nouvel au Havre ou l'Aqualagon de Jacques Ferrier à Val d'Europe.» Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture.
"Le cimetière d'aujourd'hui peut être considéré comme une ville des morts, comme l'envers de la ville des vivants. C'est la grande leçon du Père Lachaise, cet ensemble urbain uniquement composé de monuments. Mais que reste-il du monde après la mort ? Celle de n'importe quel individu n'annonce-t-elle pas toujours, comme un spectre, celle de l'humanité entière ? Cette question oppose les architectes contemporains. Scarpa, Aldo Rossi ou Paola Chiarante répondent par la métaphysique, en affirmant une architecture éternelle et indépendante de toute existence humaine, à l'instar de la géométrie de Platon. Ainsi les cimetières de San Vito d'Altivole, de Modène ou la nécropole de Nice se proposent comme des constructions archétypales sortant du sol par césarienne : mastaba, cube ou terrasse en étoile... Tandis que d'autres, plus réalistes, tendent au contraire à mettre en scène une nature glorieuse reprenant ses droits bafoués par la pire espèce de parasites. C'est la leçon des pierres éparpillées dans la forêt de sapins du Cimetière des Bois de Gunnar Asplund à Stockholm, de la vallée de restanques creusées de tombes de Miralles et Pinós à Igualada en Catalogne ou des collines découpées par Marc Barani au-dessus de Roquebrune-Cap-Martin..." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture « Nécropoles» est le dernier acte de l'Université Populaire qui s'est tenue en 2018 au Pavillon de l'Arsenal et à l'occasion de laquelle Richard Scoffier propose à travers un cycle intitulé « Community reloaded » d'analyser les grandes édifications qui se présentent comme des « accumulateurs » et réaniment le sentiment de communion.
« Comment aborder l'espace où la communauté se refonde dans l'exclusion des individus qui en ont enfreint les règles ? Est-ce le lieu d'une justice dernière, comme semble l'affirmer de manière critique Jean Nouvel dans son tribunal de Nantes, où les juges descendent des cieux pour rejoindre des prévenus qui sortent de terre ? Ou d'une justice tribale, comme le suggèrent les huttes suspendues conçues par Richard Rogers à Bordeaux ? Un hôpital ? Comme les pavillons de Christian de Portzamparc à Grasse. Un hôtel de luxe ? Comme semblent le suggérer les deux lames coulissantes de Frédéric Borel à Narbonne qui dessinent un atrium renvoyant aux palaces de John Portman. Ou une tour constructiviste interpellant violemment le ciel ? Comme celle que vient d'achever Renzo Piano aux Batignolles pour le nouveau Tribunal de Grande Instance de Paris... » Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture. « Palais de justice » est le troisième acte de l'Université Populaire qui s'est tenue en 2018 au Pavillon de l'Arsenal et à l'occasion de laquelle Richard Scoffier propose à travers un cycle intitulé « Community reloaded » d'analyser les grands bâtiments qui se présentent comme des « accumulateurs » et réaniment le sentiment de communion.
"Que représentent exactement les gares que nous empruntons quotidiennement pour faire le va-et-vient entre logement et lieu de travail, ou, plus périodiquement, pour basculer de l'ici de la vie de tous les jours vers l'ailleurs de destinations lointaines ? Quels sont ces lieux où la foule se condense pour passer d'un monde à l'autre. Ces entre-deux propices à des échanges inattendus, des attouchements involontaires, des bousculades intempestives où s'esquisse une communauté plus aveugle et plus charnelle que celle entrevue dans le stade. Doit-on les assimiler à des cathédrales ? Comme la canopée de verre pensée par Patrick Berger qui permet aux voyageurs des plus lointaines communes de l'agglomération parisienne de rejoindre la capitale. À des vols d'oiseaux ? Comme les tours de force structurels de Calatrava à Liège et à New York. À des tours de Babel inversées ? Comme le projet de Kengo Kuma pour la station Saint-Denis Pleyel du Grand Paris Express... Mais nous nous pencherons aussi sur les aéroports. Ces espaces où tout semble conçu pour que le public puisse se sentir à l'aise, se relaxer, se déstresser, se dénuer de toute agressivité. Comme s'il s'agissait de rejoindre, pendant quelques minutes, une communauté édénique où tous les conflits sont dénoués, où tous les désirs sont comblés." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture. « Portes » est le deuxième acte de l'Université Populaire qui s'est tenue en 2018 au Pavillon de l'Arsenal et à l'occasion de laquelle Richard Scoffier propose à travers un cycle intitulé « Community reloaded » d'analyser les grands bâtiments qui se présentent comme des « accumulateurs » et réaniment le sentiment de communion.
Quel est le rôle joué par l'architecture d'aujourd'hui dans la manière dont la communauté se reconstitue et se représente à elle-même? L'édition 2018 de l'Université populaire du Pavillon de l'Arsenal aborde les dispositifs architecturaux qui lui permettent en permanence à la communauté de se refonder, de se recharger, comme on recharge un mobile ou un ordinateur. Pour cela, Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture, propose de regarder différemment les grands équipements qui scandent la vie collective. Au-delà des fonctions spécifiques pour lesquelles ils ont été conçus, ils sont ici considérés comme des dispositifs permettant la transformation des foules d'individus dispersées en communauté. « Arènes » est le premier acte de cette Université Populaire 2018 : "Au-delà des grandes manifestations sportives ou musicales qui s'y déroulent, les stades peuvent être considérés comme de puissants générateurs de sentiment communautaire. Deux types distincts d'édifices répondent à ces lieux de rassemblements où s'expriment parfois violemment de profonds antagonismes. Les premiers, dionysiaques, jouent délibérément avec l'énergie générée par l'enthousiasme et l'affrontement des spectateurs. Ils se proposent comme des constructions de forme elliptique. Ainsi les stades dessinés par Herzog et de Meuron se présentent-ils comme des instruments de musique aidant la transformation des cris et des hurlements en une clameur unitaire, afin de permettre à la foule de s'appréhender comme une communauté fusionnelle. Les seconds, apolliniens, tendent au contraire à assimiler l'arène à un théâtre, à un espace ouvert et intégré à la ville. Refusant l'ellipse, les constructions conçues par Gregotti, Nouvel et autres Souto de Moura, déclinent les possibilités du rectangle et brisent volontairement l'unicité organique des formes circulaires pour permettre au public d'assister aux manifestations sportives sans entonner fatalement le cri primal par lequel la communauté renaît à elle-même." Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal, en janvier 2018.
"Les philharmonies s'apparentent à des laboratoires où se font des expériences sur un nouveau type de confort, le confort acoustique qui apparaît maintenant comme essentiel à la fois dans la conception des logements comme dans celle des villes. Ainsi, Jean Nouvel à la Philharmonie de Paris parvient-il à isoler sa salle des bruits du périphérique tout en lui conférant une atmosphère enveloppante associant intimement clarté et réverbération. Cette salle, comme celle de la Philharmonie de Hambourg d'Herzog et de Meuron, témoigne d'un nouveau rapport à la musique répondant aux exigences d'un public qui ne se rend plus aux concerts par devoir social mais par choix personnel. La configuration de ces espaces implique que désormais les auditeurs ne soient jamais très éloignés de l'orchestre, comme si ce dernier ne jouait que pour chacun d'eux. La philharmonie apparaît ainsi comme une salle d'entraînement permettant au sujet contemporain de développer ses capacités d'écoute et de différentiation des sons sans pour autant être soumis aux rituels sociaux qui s'attachaient jadis à ce type d'expérience." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture. Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal en avril 2017. « Philharmonies » est le dernier chapitre de l'Université Populaire 2017 du Pavillon de l'Arsenal. Richard Scoffier, architecte, philosophe et professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture, évoque les enjeux constructifs, sociétaux et symboliques que revêtent les hauts lieux culturels contemporains.
"Ni esthétique, ni pédagogique, la machinerie théâtrale est essentiellement politique. Dans le monde grec, les habitants d'une ville entière venaient cycliquement s'asseoir en demi-cercle au creux d'une colline pour être confrontés à la condition tragique de leur existence avant de reprendre leur place dans la Cité. Ailleurs, les dispositifs complexes construits au XVIIIe siècle à Paris, Nantes ou Lyon associeront étroitement théâtre et place publique de manière à ce que les spectateurs puissent, une fois la représentation terminée, jouer leur propre rôle sur une scène ouverte face à la ville. Une mise en abyme parfaitement analysée et réactivée par Christian de Portzamparc dans son projet malheureux pour l'Opéra de la Bastille. Où un cadre de scène babylonien, à l'échelle de la place et de la capitale, maintenait d'immenses portes coulissantes pour mettre en scène la foule à la fin des spectacles. Jørn Utzon dans la baie de Sydney, Snøhetta dans le fjord d'Oslo ou Rafael Moneo entre l'embouchure du fleuve et la plage de Saint-Sébastien, sauront jouer sur des contrastes puissants mettant en scène leurs lieux de la parole et du chant dans des paysages totalement décalés." Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal en mars 2017. « Théâtres » est le troisième chapitre de l'Université Populaire 2017 du Pavillon de l'Arsenal. Richard Scoffier, architecte, philosophe et professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture, évoque les enjeux constructifs, sociétaux et symboliques que revêtent les hauts lieux culturels contemporains.
« Si les musées contemporains se proposent comme des containers immergeant leurs visiteurs dans un univers de formes pour suppléer à l'épanouissement de leur imaginaire, les bibliothèques peuvent être considérées comme de véritables mécanismes orthopédiques favorisant la réflexion. Louis-Etienne Boullée imaginait sa bibliothèque comme un amphithéâtre de livres d'où le monde pouvait être lu et comme une scène montrant des savants en train de débattre ou d'écrire. Tandis qu'à Exeter, Louis Kahn propose une vision dualiste où l'espace lumineux du savoir s'oppose à celui, sombre et silencieux, de la révélation. Des questions de lumière et d'ombre qui prennent moins d'importance avec Rem Koolhaas. Son projet pour Jussieu se donne comme un sol unique et continu, un parcours initiatique scandé de nombreuses séquences programmatiques : auditoriums, magasins, espaces de détente... Quant à son projet pour la TGB, il s'affirme comme un espace cérébral dont les salles de lecture s'étirent comme des neurones pour connecter les zones de conservation. Mais la bibliothèque est aussi un équipement à la recherche de son identité, renommée médiathèque puis Learning Center ou simplement troisième lieu, elle tend à s'affirmer comme un entre-deux neutre favorisant le développement des individus en les libérant simplement des obligations de l'université ou du bureau, comme de celles du logement ». Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal en février 2017. « Bibliothèques » est le deuxième chapitre de l'Université Populaire 2017 du Pavillon de l'Arsenal. Richard Scoffier, architecte, philosophe et professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture, évoque les enjeux constructifs, sociétaux et symboliques que revêtent les hauts lieux culturels contemporains.
"Les cabinets de curiosités sont peu à peu sortis du palais pour s'organiser comme des espaces pédagogiques autonomes permettant d'appréhender l'évolution des formes artistiques de chaque pays et de donner le sentiment d'appartenir à une culture nationale. Ils tendent aujourd'hui à sortir de ce cadre pour aider leurs visiteurs à constituer, comme autant d'André Malraux ressuscités, leur propre musée imaginaire. Ainsi la fameuse Galerie du temps du Louvre de Lens, réalisée par SANAA en 2012, les plonge-t-elle dans un espace océanique où ils oublient chronologie et frontières pour tisser aléatoirement des correspondances entre des oeuvres appartenant à des époques différentes, des territoires éloignés. Ailleurs, le Guggenheim de Bilbao et la Fondation Vuitton de Frank Gehry accueillent des pèlerins venus du monde entier afin de leur permettre de développer leur potentiel imaginatif. Ce sont aussi des temples présentant des oeuvres singulières et non-reproductibles capables de réenchanter un monde d'ersatz et de copies, désabusé et désacralisé." Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal en janvier 2017. « Musées » est le premier chapitre de l'Université Populaire 2017 du Pavillon de l'Arsenal. Richard Scoffier, architecte, philosophe et professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture, évoque les enjeux constructifs, sociétaux et symboliques que revêtent les hauts lieux culturels contemporains.
"Prônant une autre forme de relève des architecture de la présence et de l'absence, Zaha Hadid a commencé par fragmenter la masse construite en une infinité de facettes colorées souvent trapézoïdales et infléchies. Ses premiers projets poussent ainsi à son paroxysme de la décomposition des volumes en surfaces initiées par Gerrit Rietveld et le Néoplasticisme. Des compositions empreintes d'une certaine fragilité et porteuses d'une puissance de dissémination radicale: en état d'explosion permanente, elles traduisent un univers labile en extension constante. Une fragilité à laquelle il sera ensuite remédié, dans la seconde partie de sa carrière, par l'utilisation d'un nouveau langage architectural fondé sur des formes tendues et étirées rendant compte - mais d'une autre manière - de la même volonté de déconstruction de l'objet architectural. Dans un monde où la démographie s'oppose à la démocratie, le global du local, l'économique au politique, Zaha Hadid a su inséminer à même le territoire des formes fluides et anti-urbaines pour s'affirmer comme l'architecte, non du rassemblement et de l'échange, mais du nomadisme immobile, de l'exode, de la diaspora..." Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal en avril 2016. « fluidités : Zaha Hadid» est le dernier chapitre de l'Université Populaire 2016 du Pavillon de l'Arsenal qui poursuit l'interrogation initiée en 2014 sur les différentes« manières pour les architectes de construire des mondes ». Cette saison rassemble quatre figures de l'architecture contemporaine analysées de Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
"Donnant une consistance organique à la transparence, Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa proposent de dépasser l'opposition du vide et du plein par la production de compositions diaphanes qui savent subrepticement nous entourer sans jamais s'imposer. Des constructions qui renoncent à la forme pour s'apparenter à des milieux amniotiques dans lesquels les occupants ne sont pas placés mais plongés. Pas de portes, ni de fenêtres, pour le Rolex Learning Center de Lausanne : mais des collines et des vallées, comme si le relief alentour avait été aspiré dans une cloche de verre pour composer un étonnant paysage intérieur totalement dédramatisé. Ailleurs, la Galerie du Temps du Musée du Louvre-Lens s'apparente à un véritable dispositif orthopédique permettant l'immersion en apnée des visiteurs dans plus de 2500 ans de création artistique. Des réalisations qui semblent exprimer une connexion entre le Ma - l'espace/temps traditionnel japonais- et la Khôra, cet espace d'avant l'espace que Platon décrit dans le Timée. Une étendue sans qualification ni forme, une couveuse qui donne la possibilité à chacun de créer ses propres mondes." Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal en mars 2016. « Transparences : Sanaa » est le troisième chapitre de l'Université Populaire 2016 du Pavillon de l'Arsenal qui poursuit l'interrogation initiée en 2014 sur les différentes« manières pour les architectes de construire des mondes ». Cette saison rassemble quatre figures de l'architecture contemporaine analysées de Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
"Si Gehry est l'architecte de la présence, sans doute pourrait-on considérer Peter Eisenman comme celui de l'absence. Ses projets dessinés, comme ses maquettes et ses réalisations expérimentales, renoncent obstinément à toute plénitude pour mieux mettre en exergue leurs contradictions. Comme s'ils voulaient se libérer des valeurs transcendantales - fondation, surrection, intériorisation... - auxquelles l'architecture est assujettie depuis son origine... Trames en rotation, strates superposées, cubes évidés et découpés : les formes s'autogénèrent dans une relative indifférence au contexte comme à l'usage. L'acte de construire est assimilé à la production d'un système de traces proche de l'écriture et qui rapproche le rôle de l'architecte de celui de l'essayiste ou du critique. Comme en témoigne sa collaboration avec le philosophe Jacques Derrida pour l'un des jardins thématiques du Parc de la Villette à Paris qui ne verra malheureusement jamais le jour". Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal en février 2016. « Traces : Peter Eisenman » est le deuxième chapitre de l'Université Populaire 2016 du Pavillon de l'Arsenal qui poursuit l'interrogation initiée en 2014 sur les différentes« manières pour les architectes de construire des mondes ». Cette saison rassemble quatre figures de l'architecture contemporaine analysées de Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
"Sans doute l'architecte par excellence de la forme, il s'inscrit à l'articulation de la quête corbuséenne des objets à réaction poétique et de l'art du collage, de l'assemblage, de l'accumulation... Un amoureux des ustensiles les plus triviaux aussi, comme Claes Oldenburg avec lequel il a souvent collaboré, notamment pour la paire de jumelles agrandie de l'agence Chiat/Day à Santa Monica. Une démarche ludique et décomplexée qui peut paraître très proche de l'art contemporain et dans laquelle l'espace architectural et urbain européen tend à l'atrophie pour mieux s'apparenter au vide d'une scène, à la blancheur d'une cimaise. Une démarche qui a su évoluer et subir de multiples mutations. Elle s'exprime aujourd'hui à travers des constructions qui s'apparentent souvent à des phénomènes naturels. Ainsi les soulèvements telluriques du Guggenheim qui surgissent de la vallée du Nervion à Bilbao ou les nuages de verre de la Fondation Louis Vuitton qui flottent au-dessus de la canopée du Bois de Boulogne." Richard Scoffier, au Pavillon de l'Arsenal en janvier 2016. « Formes : Franck Gehry » est le premier opus de l'Université Populaire 2016 du Pavillon de l'Arsenal qui poursuit l'interrogation initiée en 2014 sur les différentes« manières pour les architectes de construire des mondes ». Cette saison rassemble quatre figures de l'architecture contemporaine analysées de Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Né dans les années 60 dans le sillage des actionnistes viennois- des artistes considérant leur propre corps comme l'objet de leurs performances – Coop Himmelb(l)au s'interroge d'abord sur la possibilité d'une architecture qui amplifierait les flux corporels : respiration, pulsation cardiaque... Ils rejoignent ensuite le déconstructivisme - un mouvement international qui cherche à produire des bâtiments capables d'établir une distance critique entre la construction et les significations qui lui sont consubstantielles – et ils conçoivent dans ce cadre des édifices qui se présentent comme de pures accumulations, refusant de reconduire aveuglement la différentiation fondamentale entre éléments portés et éléments porteurs. Leurs (dé)constructions ne veulent plus affirmer servilement le dehors et le dedans, le devant et le derrière, le bas et le haut et cherchent même à s'affranchir des lois imprescriptibles – des programmes monumentaux, traités de manière fluide pour s'apparenter à des masses nuageuses – semblent pourtant opérer un retour au source et réactiver l'une des significations possibles de le leur nom : coopérative construire le ciel." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture. « Coop Himmelb(l)au : pulsations » est le dernier opus de l'Université Populaire 2015 du Pavillon de l'Arsenal qui poursuit l'interrogation initiée en 2014 sur les différentes« manières de construire des mondes ». 4 nouvelles figures de l'architecture contemporaine sont passées au crible de l'analyse de Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Les réalisations de Renzo Piano semblent hantées par l'idée de disparition. Elles ne pèsent pas, ne s'imposent pas, ne pontifient pas, mais se proposent comme des ambiances douces et apaisées grâce aux qualités de leur lumière, de leur température, de leur acoustique. Des milieux ( à ne pas confondre avec des espaces) qui ne renoncent pas à se caractériser par des matériaux, des textures. Métal-, verre, bois, brique assemblés sans l'aide de ciment ni de mortier, se donnent comme des matières précieuses : minerais extraits des profondeurs du sol ; sables fondus à des températures infernales ; arbres déracinés et coupés à la scie ; pavés de terre crue, cuits au four comme des pains... Des constructions qui n'aiment pas les façades et qui semblent préférer se développer sur un seul niveau pour être poreuses de toute parts : ainsi le Centre Pompidou peut il être considéré comme une accumulation de rez-de-chaussée. Mais cette architecture qui apprécie le vide (toujours à ne pas confondre avec l'espace) et peut s'enfouir pour disparaître et d'oser impudiquement la forme, en témoignent le Centre Jean-Marie Tjibaou, le Parc de la Musique de Rome ou la fondation Pathé..." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture. « Renzo Piano : Disparition » est le troisième volet de l'Université Populaire 2015 du Pavillon de l'Arsenal qui poursuit l'interrogation initiée en 2014 sur les différentes« manières de construire des mondes ». 4 nouvelles figures de l'architecture contemporaine sont passées au crible de l'analyse de Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Maison en pierres sèches dans une structure en béton brut, poste d'aiguillage habillé de lamelles de cuivre, immeuble de logements semblable à un buffet de bois poussé contre un mur : une imperceptible étrangeté permet d'accorder à ces constructions banales l'aura que Walter Benjamin réservait aux oeuvres d'art . Comme si Jacques Herzog et Pierre de Meuron ressentaient le besoin irrépressible de transfigurer le bâtiment le plus trivial, et de faire de même pour les gestes qui s'y rapportent et finissent par s'apparenter à de véritables rituels religieux. Les habitants de l'immeuble de la rue des Suisses à Paris peuvent en témoigner, qui doivent lever les mains à angles droit et pousser leurs lourds volets de métal déployé, s'ils veulent les ouvrir ou les fermer, en imitant les personnages hiératiques de la peinture égyptienne. Il n'y a plus de maison, plus de poste d'aiguillage, plus d'immeuble de logements, plus de tour non plus ... La Tour Triangle saura disparaître dans les nuages et réapparaître comme une montagne devant l'horizon. Plus qu'une construction, c'est un sol qui permettra aux Parisiens d'accomplir des pèlerinages vers des hauts plateaux d'où ils contempleront leur ville comme les habitants de Los Angeles peuvent, depuis Mulholland Drive, admirer la leur." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture. « Herzog et de Meuron : transfiguration » est le deuxième volet de l'Université Populaire 2015 du Pavillon de l'Arsenal qui poursuit l'interrogation initiée en 2014 sur les différentes« manières de construire des mondes ». 4 nouvelles figures de l'architecture contemporaine sont passées au crible de l'analyse de Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
"Au commencement était l'action" : ainsi le Faust de Goethe traduit-il la première phrase de l'évangile de Saint Jean, remplaçant de manière impie "verbe" par "action". De même Rem koolhaas, encore étudiant, aura immédiatement compris, au-delà de l'espace et de la forme, l'importance des situations et des actions en architecture. L'éphémère mur de Berlin, plus que le Panthéon, la cathédrale gothique ou la Chandigarh de le Corbusier, luit vénéneusement comme une référence incontournable. Cette frontière hallucinatoire délimitait deux territoires programmatiques antinomiques- une zone d'abondance et une zone de pénurie- dont les porosités- les checkpoints- créaient, par leur animation fébrile, les lieux intenses d'un nouvel ordre urbain. Une scène traumatique qui sera transposée à l'infini dans toute son oeuvre, en autres exemples: dans une maison de luxe perdue dans la campagne hollandaise ou dans le projet non réalisé pour le Parc de la Villette à Paris, dans le futur campus Axel Springer à Berlin ou dans la casa da Musica de Porto..." Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'architecture. "Rem Koolhaas : action" ouvre l'Université Populaire 2015 du Pavillon de l'Arsenal qui poursuit l'interrogation initiée en 2014 sur les différentes« manières de construire des mondes ». 4 nouvelles figures de l'architecture contemporaine sont passées au crible de l'analyse de Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Dominique Perrault est surtout connu pour sa parfaite connaissance des matériaux et de leur mise en oeuvre. Il pourrait apparaître comme le continuateur des constructeurs des années 60 dont l'élan a été brisé par l'émergence des architectes de 68 et du retour à la ville. Pourtant, la plupart de ses réalisations savent régler des questions urbaines souvent très délicates, comme en témoignent la Bibliothèque de France ou la Cour de Justice Européenne à Luxembourg. Sa démarche semble ainsi se caractériser par sa capacité à dessiner des solutions simples pour résoudre des problèmes complexes. Comme si le compliqué, l'inextricable et même l'ineffable, pouvaient trouver leur expression dans des formes claires et évidentes, sans pour autant être abusivement simplifiés. Dominique Perrault : de la concision est le dernier volet de l'Université Populaire 2014 du Pavillon de l'Arsenal qui interroge les différentes« manières de construire des mondes » en avisant le travail de 4 figures de l'architecture contemporaine. Les cours sont animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Lacaton et Vassal semblent a priori s'intéresser à construire un maximum de mètres carrés de surface habitable au moindre coût pour déplacer le centre de gravité de l'architecture du qualitatif vers le quantitatif. Mais une opposition générative vient cependant organiser cette propension au plus de surfaces et de volumes appropriables. Une opposition qui s'exprime de manière éclatante dans la maison à Coutras ou dans le récent FRAC Nord-Pas-de-Calais : celle d'un espace minimum et de son autre contradictoire. Elle renvoie à l'une des figures majeures de la mythologie occidentale : la figure du double. Caïn et Abel, Romulus et Remus, ou surtout Prométhée et Épiméthée, le héros de la raison et du progrès et son jumeau qui valorise la déraison et l'immobilité... Ainsi dans la plupart de leurs projets s'opposent : d'un côté, un espace strictement pensé et organisé qui pourrait s'inscrire dans la continuité du projet moderne ; de l'autre, un espace supplémentaire, un espace inassignable. D'un côté, l'espace du probable ; de l'autre, l'espace de l'improbable et des possibles. Lacaton & Vassal : l'espace et son double est le troisième volet de l'Université Populaire 2014 du Pavillon de l'Arsenal qui interroge les différentes« manières de construire des mondes » en avisant le travail de 4 figures de l'architecture contemporaine. Les cours sont animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Jean Nouvel travaille sur la sensation, sur l'émotion. Il s'inscrit en ce sens dans une certaine tradition moderne qui cherche à influer sur la perception pour que les espaces créés puissent apparaître plus amples, plus accueillants qu'ils ne sont réellement. Mais il pervertit ce recours à la perception en préférant exagérer les ambiguïtés et les contradictions de ses constructions, en exploitant notamment la transparence et le reflet du verre qu'il emploie abondamment. Ainsi devant les parois vitrées de la fondation Cartier le spectateur ne sait plus si ce qu'il voit est devant ou derrière lui, vu à travers le verre ou réfléchi... Ailleurs surgissent des masses opaques et vénéneuses renvoyant au sublime, cette esthétique de la terreur invoquée par Boullée et théorisée par Burke... Comme si, à l'aube du troisième millénaire, le monde ne devait plus se plier aux lois de la raison, mais se donner comme un milieu incompréhensible et magique. Comme si l'architecture n'avait nullement pour tâche de nous aider à comprendre le réel ou à le rendre plus rationnel, mais de nous stupéfier sans cesse pour mieux le réenchanter. Jean Nouvel : au commencement l'émotion est le deuxième volet de l'Université Populaire 2014 du Pavillon de l'Arsenal qui interroge les différentes« manières de construire des mondes » en avisant le travail de 4 figures de l'architecture contemporaine. Les cours sont animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Les projets de Christian de Portzamparc semblent trouver leur origine dans la réminiscence, le souvenir, en réaction à la tradition du nouveau prônée par le mouvement moderne. Souvenirs d'espaces à la fois fermés et ouverts comme les jardins du Palais Royal ou la place Fürstenberg, promesses de plages se déployant à l'infini. Souvenirs plus archaïques encore, comme ces champs scandés de menhirs que l'on trouve encore en Bretagne. Comme si le geste architectural devait se rappeler et concilier en lui toutes les espèces d'espaces, sans restriction, depuis l'origine. Pourtant la rue des Hautes Formes, la Cité de la Musique ou la Philharmonie de Luxembourg, semblent hantées par la figure borgésienne du labyrinthe. Ainsi, à l'image de cette héroïne de la mythologie grecque qui défait la nuit ce qu'elle fait le jour, ces lieux de réminiscences se proposent aussi comme des pièges où l'on se perd et l'on s'oublie. Christian de Portzamparc : entre mémoire et oubli ouvre l'Université Populaire 2014 du Pavillon de l'Arsenal qui interroge les différentes« manières de construire des mondes » en avisant le travail de 4 figures de l'architecture contemporaine. Les cours sont animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Réinterrogeons l'architecture contemporaine à la lumière des textes du philosophe Peter Sloterdijk. Il s'agit regarder d'un autre oeil les condominiums et les « gated communities » venus d'Amérique et d'Asie, mais aussi les productions dystopiques des avant-gardes radicales des années soixante ou encore les projets cyniques de Rem Koolhaas et de ses épigones. Opposons aux impératifs d'ouverture et d'exposition ceux de fermeture et d'inclusion, afin d'imaginer comment penser la ville d'aujourd'hui en termes de monades urbaines et d'inventer d'autres lieux de partage, d'autres espaces communautaires. La Bulle est le dernier acte de l'Université Populaire 2013 du Pavillon de l'Arsenal qui propose de s'interroger sur la notion même d'architecture à travers cette question essentielle : «Qu'est-ce que l'architecture ? ». La réponse se décline en 4 cours animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Le bunker apparaît comme un dispositif de protection maximale dont les murs ressemblent au toit et le toit aux fondations. Comme l'affirme Paul Virilio, le bunker, en protégeant les hommes quand le sol même s'effondre, témoigne d'un retour paroxystique aux valeurs fondamentales de l'architecture. Sans jamais chercher à se donner une quelconque visibilité, il sait s'affirmer comme une pure matrice permettant aux corps qu'il protège de parvenir à leur plein accomplissement, à leur pleine maturité. Le Bunker est le troisième acte de l'Université Populaire 2013 du Pavillon de l'Arsenal qui propose de s'interroger sur la notion même d'architecture à travers cette question essentielle : «Qu'est-ce que l'architecture ? ». La réponse se décline en 4 cours animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Suivons les pérégrinations de Walter Benjamin dans les passages parisiens, ces lieux où l'espace urbain s'hypertrophie et se condense pour constituer des espaces cristaux. L'enclave, espace à la fois intérieur et extérieur, «dépasse» l'opposition du dehors et du dedans et promet un espace amniotique et fluide dans lequel les corps pourront enfin flotter. Il anticipe le monde protecteur de reflets et de transparences promis par Toyo Ito comme par Kazuyo Sej. L'Enclave est le deuxième acte de l'Université Populaire 2013 du Pavillon de l'Arsenal qui propose de s'interroger sur la notion même d'architecture à travers cette question essentielle : «Qu'est-ce que l'architecture ? ». La réponse se décline en 4 cours animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
Des chapelles rococos érigées dans des vallées perdues de Bavière voient leurs parois internes se froisser en de multiples plissements pour dessiner un monde plus profond et plus coloré que les champs entourés de montagnes qui s'étendent à l'extérieur. Elles illustrent la notion de «monade», théorisée par Leibniz au début du XVIIIe siècle, une entité «sans porte, ni fenêtre» qui contiendrait la totalité de l'univers dans les plis et les replis de son enveloppe. Visitons ces espaces à la lumière de nos lieux contemporains, sécurisés et recouverts d'écrans vidéo, qui permettent à leurs occupants de s'extraire de l'ici et du là pour communiquer directement avec le très lointain. La Monade est le premier acte de l'Université Populaire 2013 du Pavillon de l'Arsenal qui propose de s'interroger sur la notion même d'architecture à travers cette question essentielle : «Qu'est-ce que l'architecture ? ». La réponse se décline en 4 cours animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
À la notion de lieu, qui semble fondamentale en architecture comme le rappellent la plupart des manuels et des livres d'histoire, tend à s'opposer désormais celle de mi-lieu. Elle renvoie à un espace libéré de la question de la représentation, un espace neutre ou "blanc" qui retrouve, sous la question culturelle de l'habiter, celle plus fondamentale du vivre, du respirer ... Cet espace trouve son expression emblématique dans les logements réalisés par Lacaton & Vassal, dans les substances spatiales colorées de James Turrel, comme dans les dispositifs conçus par Philippe Rahm qui cherchent à jouer directement sur le métabolisme sans agir sur la conscience. Le Milieu est le dernier acte de l'Université Populaire de 2012 consacrée à l'avenir de l'architecture. Cette Université revient sur 4 des nombreux principes esthétiques qui semblent gouverner la production architecturale. Quatre principes qui ne convergent pas -comme les cinq points de Le Corbusier- mais mènent bien "vers une architecture". Les cours sont animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe et professeur des Écoles nationales Supérieures d'architecture.
Le volume reste au coeur de la problématique moderne. On se rappelle la définition de Le Corbusier : "L'architecture c'est le jeu correct et magnifique des volumes sous la lumière". Mais c'est la masse qui fascine les contemporains : tout ce qui est gros est beau! Tout ce qui se situe à la limite de l'ingérable est atrocement désirable. C'est la masse dans ce qu'elle a de non-plastique, d'informe, de générique qui nous intéresse passionnément : toutes ces organisations qui se donnent comme des mondes en soi, produisant leurs propres rituels, leurs propres codes mais aussi leur propre pathologie et leur propre dégradation. La « Bigness » théorisée par Rem Koolhaas comme le projet de Jean Nouvel pour la future Philharmonie de Paris peuvent être considérés comme des symptômes de ce nouvel état des choses. La Masse est le troisième acte de l'Université Populaire de 2012 consacrée à l'avenir de l'architecture. Cette Université revient sur 4 des nombreux principes esthétiques qui semblent gouverner la production architecturale. Quatre principes qui ne convergent pas -comme les cinq points de Le Corbusier- mais mènent bien "vers une architecture". Les cours sont animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe et professeur des Écoles nationales Supérieures d'architecture.
Roland Barthes soulignait dans "L'empire des signes" que l'art du cadeau japonais se résume à un art de l'empaquetage où le contenu importe moins que le contenant. Avant que Christo n'emballe le Pont-Neuf, Louis Kahn s'est attaché à contester l'idéologie de la transparence portée par les constructions modernes en édifiants des parois opaques autour de vides silencieux. À sa suite, Henri Ciriani a théorisé la façade épaisse alors qu'Yves Lyon et François Leclerc ont imaginé des "bandes actives" déportant à la périphérie des logements les activités les plus intimes. Les emballages colorés d'aujourd'hui poursuivent ces hypothèses. Comme s'il s'agissait de montrer que nous avons définitivement quitté l'espace ouvert de la Renaissance pour mieux plonger dans un monde à la fois plus archaïque - le monde fermé des sociétés traditionnelles - et plus futuriste, où les communications passent moins par la place publique et par la rue que par les Ècrans placés à l'intérieur des bâtiments. L'enveloppe est le deuxième acte de l'Université Populaire de 2012 consacrée à l'avenir de l'architecture. Cette Université revient sur 4 des nombreux principes esthétiques qui semblent gouverner la production architecturale. Quatre principes qui ne convergent pas -comme les cinq points de Le Corbusier- mais mènent bien "vers une architecture". Les cours sont animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe et professeur des Écoles nationales Supérieures d'architecture.
Le mouvement moderne était hanté par l'idée de montage, de mécanisme, comme en témoignent les "Machines à habiter" de Le Corbusier. Notre époque, celle qui a vécu le 11 septembre, est plus fascinée par la destruction. Pour l'homme ou la femme d'aujourd'hui, les choses sont souvent intéressantes parce qu'elles se présentent comme des objets brisés, cassés. Des objets humiliés qui renoncent à s'affirmer comme beaux pour mieux porter insidieusement en eux la promesse de la beauté. Ce cours peut être considéré comme une introduction à l'oeuvre de Christian de Portzamparc dont la plupart des réalisations se composent d'accumulations d'objets disloqués capables de susciter de nouveaux imaginaires urbains. Fragmentation et dislocation permettent aussi d'aborder le travail de Bernard Tschumi. Le Fragment est le premier acte de l'Université Populaire de 2012 consacrée à l'avenir de l'architecture. Cette Université revient sur 4 des nombreux principes esthétiques qui semblent gouverner la production architecturale. Quatre principes qui ne convergent pas -comme les cinq points de Le Corbusier- mais mènent bien "vers une architecture". Les cours sont animés par Richard Scoffier, architecte, philosophe et professeur des Écoles nationales Supérieures d'architecture.
Le Corbusier considérait l'architecture comme le jeu savant correct et magnifique des volumes sous la lumière. Chaque forme, chaque volume possède le pouvoir d'orienter, de restreindre ou d'ouvrir l'espace. Dilater ou comprimer : et si c'était là que se tenait le vrai savoir de l'architecte ? En observant les natures mortes du siècle d'or hollandais, il est possible de comprendre l'impact que peut avoir le moindre volume sur l'espace. Plat d'argent qui détermine un sol ; alignement de ciboires et de coupes en cristal qui définit une limite poreuse et crée un rythme ; couteau négligemment posé dont la diagonale renforce l'impression de profondeur spatiale. Pour comprendre l'architecture, il est essentiel de développer une culture du voir et de parvenir à mettre en relation des formes, des espaces et des images, sans nécessairement les nommer. Car « en la nommant, on tue cette pensée cette pensée de l'espace, cette pensée du voir ». Le volume est le quatrième acte de l'Université Populaire 2011 au cours de laquelle Richard Scoffier propose de chercher à savoir où commence l'architecture en interrogeant ce qu'il considère comme les 4 événements fondamentaux de l'architecture : le mur, l'ouverture, la structure et le volume.
La structure permet de s'élever en défiant les lois de la pesanteur. Elle est ce qui permet de s'opposer à l'éboulement, à la ruine, à l'indifférencié. Mais la structure en architecture ne se résume cependant pas à la structure constructive. Il s'agit d'inventer des mondes. La structure entretient des correspondances avec les nouveaux langages artistiques du XXe siècle qui ont su faire surgir de multiples mondes inconnus jusqu'alors : les plans colorés de Cézanne, les trames noires de Mondrian, les parallélépipèdes juxtaposés de Malevitch, les accumulations d'Arman... La structure est le troisième acte de l'Université Populaire 2011 au cours de laquelle Richard Scoffier propose de chercher à savoir où commence l'architecture en interrogeant ce qu'il considère comme les 4 événements fondamentaux de l'architecture : le mur, l'ouverture, la structure et le volume.
L'ouverture est un système en soi. C'est un dispositif totalement autonome qui permet de mettre en relation, de faire en sorte que les choses soient mises en liaison les unes avec les autres. Si le mur sépare, la fenêtre, au contraire, créée du lien. Car la fenêtre ne peut pas être réduite à un simple percement : elle ouvre mais plus encore, elle est ce par quoi l'ouvert est possible. Elle pondère la puissance du mur qui sépare et qui ferme pour permettre au dedans d'entrer en relation avec le dehors. Carrée, rectangulaire ou ronde, elle cadre implacablement un fragment de territoire pour lui accorder le statut de paysage. Et, dans le même mouvement, elle dessine une scène pour les occupants. Elle fait aussi pénétrer la lumière jusqu'aux tréfonds les plus intimes de l'habitation. Elle la brise, la réfléchit, la filtre, pour mieux l'apprivoiser. L'ouverture est le deuxième acte de l'Université Populaire 2011 au cours de laquelle Richard Scoffier propose de chercher à savoir où commence l'architecture en interrogeant ce qu'il considère comme les 4 événements fondamentaux de l'architecture : le mur, l'ouverture, la structure et le volume.
La limite est essentielle à toute civilisation humaine, à l'image du simple sillon tracé par Romulus pour fonder la Rome antique. Le mur est un marquage instinctif de l'espace et une frontière qui permet à une intériorité d'exister. Des drapés pétrifiés de Francesco Borromini, aux parois sensuelles de Tadao Ando, ou aux murs de clôture obliques de Carlos Scarpa à San Vito d'Altivole : les enceintes expriment des réalités différentes. Celles dessinées par Louis Khan ou Mario Botta s'épaississent afin de bruisser de toutes les activités qu'elles réduisent au silence. Ailleurs, reprenant la leçon de Jeanne et Claude Christo, les façades fonctionnent comme des emballages qui n'informent en rien sur ce qu'elles renferment pour mieux en préserver le secret. Le mur est le premier acte de l'Université Populaire 2011 au cours de laquelle Richard Scoffier propose de chercher à savoir où commence l'architecture en interrogeant ce qu'il considère comme les 4 événements fondamentaux de l'architecture : le mur, l'ouverture, la structure et le volume.