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FN-experten Zaida Catalán tillfångatas när hon åker motorcykeltaxi med kollegan Michael Sharp på uppdrag i Kongo-Kinshasa. Men vem som ligger bakom morden förblir ett mysterium. Nya avsnitt från P3 Dokumentär hittar du först i Sveriges Radio Play. Det är i mars 2017 som Zaida Catalán, FN-kollegan Michael Sharp och deras tolk Betu Tshintela åker iväg på uppdrag till en region i centrala Kongo-Kinshasa där en dödlig konflikt brutit ut.Det är en milisgrupp, till stor del bestående av barnsoldater, och den kongolesiska militären som strider mot varandra. I området har FN-soldater upptäckt massgravar, som militären tros ligga bakom. Och på uppdrag FN, ska Zaida och Michael ta reda på mer om massakrerna.Men de kommer aldrig fram. Det sista livstecknet blir ett mystiskt samtal hem till Zaidas mamma och syster på Öland.Tidigare språkrör för miljöpartiets ungdomsförbund mördad i Kongo-KinshasaZaida Catalán blev känd i Sverige när hon var språkrör för Grön ungdom tillsammans med Gustav Fridolin. Men efter några år hoppade hon av politiken och började jobba som FN-expert.Sju år efter att Zaida och Michael mördats är det fortfarande inte helt klarlagt vem eller vilka som ligger bakom morden.Kort efter försvinnandet sprids en video där man ser Zaida och Michael ledas ut i en dunge av milismän med röda tygband runt sina huvuden. Men det är något som inte stämmer med filmen som används som bevis under rättegången där 51 män kommer dömas till döden.I P3 Dokumentär om mordet på FN-experten Zaida Catalán berättar Zaidas kompis Rusen i en unik intervju om vännernas kontakt när Zaida var i Kongo. Dessutom medverkar Zaidas mamma Maria Morseby, Michaels föräldrar, den franska journalisten Sonia Rolley som bodde på samma hotell som Michael och Zaida när de försvann, och flera experter som granskat det olösta mordet.Medverkande:Maria Morseby, Zaidas mamma.Rusen Canpolat, Zaidas vän.Michele Sharp, Michaels mamma.John Sharp, Michaels pappa.Josaphat Musamba, forskare, fd assisterande FN-expert.Sonia Rolley, journalist, en av de sista som träffade Zaida och Michael.Staffan Lindberg, journalist och författare till boken Mordet på Zaida Catalán.Richard Myrenberg, Sveriges Radios dåvarande Afrikakorrespondent.Axel Gordh Humlesjö, reporter på Uppdrag granskning.Peter Eriksson, fd biståndsminister.José Luis Díaz, talesperson FN.En dokumentär av: Alice Dadgostar.Producent: Sally Henriksson, produktionsbolaget Dist.Exekutiv producent: Rosa Fernández, Sveriges Radio.Dokumentären är producerad 2024.
Dans notre enquête sur les détournements de fonds publics en RD Congo, voici un témoignage important sur place, à Kinshasa. C'est celui de l'Inspection générale des finances, l'IGF. Il se trouve en effet que, comme le consortium Congo Hold-up, l'IGF a enquêté cette année sur l'un des principaux volets de cette affaire : les 43 millions de dollars sortis en 2013 de la Banque centrale du Congo. Sont-ils allés jusqu'à la société Egal, comme l'affirme notre enquête ? Ou se sont-ils arrêtés en route à la banque BGFI, comme le disait jusqu'à présent l'IGF ? Jules Alingete, le chef des services de l'IGF, répond à Christophe Boisbouvier. RFI : Quelle appréciation portez-vous sur l'enquête concernant les détournements de fonds publics dans votre pays, l'enquête Congo Hold-up ? Jules Alingete : Je ne peux que prendre les choses du bon côté. Cela me permet de faire avancer notre combat dans l'éradication du mal dans les finances publiques congolaises. Donc pour moi, je pense que c'est positif. Maintenant que vous avez lu attentivement cette enquête menée notamment par Sonia Rolley de RFI et par Yann Philippin de Mediapart, les bénéficiaires de ce détournement de quarante-trois millions de dollars sont notamment les propriétaires de la société d'importation de viande et de poisson « Egal », qui est liée au premier cercle de l'ancien président Kabila. Qu'est-ce que vous en pensez ? Il est vrai que, quand nous avons commencé les investigations, cette société était dans le viseur de l'Inspection générale des finances. Je pense que le nom « Egal » est lié à ce dossier du début jusqu'à la fin. Et même, quand nous avons travaillé, nous avons retrouvé les traces d'« Egal », sauf qu'il manquait des documents et la banque [la BGFI de Kinshasa] nous a pris de court en acceptant la responsabilité. C'est pour cela que nous étions obligés de pointer la banque comme responsable et de mettre « Egal » hors de cause, faute de documents probants, parce que c'est la production de preuves qui importe. Cet argent, comme vous l'avez dit, venait de la Banque centrale du Congo, qui était dirigée à l'époque par Deogratias Mutombo. Il a quitté le poste de gouverneur au mois de juillet 2021 et quelques jours plus tard, le Fonds monétaire international a accordé un prêt d'un milliard et demi de dollars à la République démocratique du Congo. Est-ce qu'il y a un lien entre ces deux événements ? Il est vrai, selon certaines indiscrétions, que le Fonds monétaire international ne voulait pas de la présence de monsieur Deogratias Mutombo. Mais ce n'était pas la condition sine qua non. Il y a eu beaucoup d'autres préalables plus importants, que le gouvernement avait remplis et qui ont donné satisfaction. Est-ce que le départ du Conseil d'administration de la Banque centrale du Congo du patron de la Gécamines Albert Yuma a également facilité ce prêt d'un milliard et demi de la part du FMI ? Je pense que c'est la même réponse. Nous pensons que le gouverneur et le conseiller d'administration étaient, pour le Fonds monétaire, des personnes qui devaient être mises hors gestion de la Banque centrale, selon ces indiscrétions, mais il y a beaucoup d'autres préalables économiques qu'il fallait remplir. Madame la ministre de la Justice congolaise vient d'annoncer qu'une instruction va être ouverte au plus vite, pour faire la lumière sur les accusations de détournement de fonds révélées par Congo Hold-up. Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est normal. Quand il y a de telles révélations, le gouvernement ne peut qu'instruire la justice d'ouvrir les enquêtes, en se basant sur les éléments mis sur la place publique. C'est vrai que, grâce à votre travail à la tête de l'Inspection générale des finances, il y a maintenant un meilleur contrôle. Mais que répondez-vous à ceux qui disent que c'est insuffisant, que la Cour des comptes ne fait pas son travail, que la Cénaref [la Cellule nationale des renseignements financiers] ne fait pas son travail… Et que demain, dans l'entourage du président actuel, ce même type de pratiques de détournements peut se reproduire ? Le phénomène que vous décriez aujourd'hui, revenir demain, je ne pense pas, parce que le mécanisme que nous avons mis en place est différent de tous ceux qui existaient. La différence, c'est qu'aujourd'hui il n'y a aucune sortie de fonds au compte général du Trésor, sans que nous en soyons informés, ce qui n'était pas le cas avant. Nous avons presque un monitoring, où nous suivons, minute par minute, tout ce qui sort du compte général du Trésor. Nous pouvons aujourd'hui être bien informés de toutes les sorties frauduleuses. Donc je pense qu'il serait difficile que les mêmes opérations se répètent. Et je peux vous garantir que, demain, nous ne tomberons pas dans des scandales de la même proportion que ceux que vous avez eus à découvrir.
Deux journalistes ayant participé à l'enquête, Sonia Rolley de RFI et Yann Philippin de Mediapart, ainsi que le lanceur d'alerte Jean-Jacques Lumumba répondent à toutes vos questions sur les millions de dollars détournés par Joseph Kabila et ses proches. Nous attendons vos questions et vos commentaires sur les conséquences de ces révélations. Invités : Sonia Rolley, journaliste au service Afrique de RFI, a participé à l'enquête Congo Hold-Up. Jean-Jacques Lumumba, ancien cadre de la banque BGFI, lanceur d'alerte. * Par téléphone : de France : 09 693 693 70 de l'étranger : 33 9 693 693 70 * Par WhatsApp : +33 6 89 28 53 64 N'OUBLIEZ PAS DE NOUS COMMUNIQUER VOTRE NUMÉRO DE TÉLÉPHONE (avec l'indicatif pays). Pour nous suivre : * Facebook : Rfi appels sur l'actualité * Twitter : @AppelsActu
Deux journalistes ayant participé à l'enquête, Sonia Rolley de RFI et Yann Philippin de Mediapart, ainsi que le lanceur d'alerte Jean-Jacques Lumumba répondent à toutes vos questions sur les millions de dollars détournés par Joseph Kabila et ses proches. Nous attendons vos questions et vos commentaires sur les conséquences de ces révélations. Invités : Sonia Rolley, journaliste au service Afrique de RFI. Yann Philippin, journaliste à Mediapart. * Par téléphone : de France : 09 693 693 70 de l'étranger : 33 9 693 693 70 * Par WhatsApp : +33 6 89 28 53 64 N'OUBLIEZ PAS DE NOUS COMMUNIQUER VOTRE NUMÉRO DE TÉLÉPHONE (avec l'indicatif pays). Pour nous suivre : * Facebook : Rfi appels sur l'actualité * Twitter : @AppelsActu
À l'occasion de sa visite d'État en RD Congo, le président burundais Évariste Ndayishimiye nous a accordé un entretien exclusif. Au menu des discussions avec son homologue congolais Félix Tshisekedi, la coopération militaire mais aussi la délicate question des réfugiés de part et d'autre de la frontière. Il répond à Sonia Rolley et Clément Bonnerot pour RFI et France 24.
Pour la première fois depuis son entrée en fonction, Evariste Ndayishimiye accepte de donner une longue interview à des médias étrangers. Pour cela, il choisit RFI et France 24. Le président du Burundi est interrogé par l'envoyée spéciale de RFI à Kinshasa, Sonia Rolley, et par le correspondant de France 24 à Kinshasa, Clément Bonnerot. Il s'exprime notamment sur les droits de l'homme au Burundi, sur la reprise du dialogue avec l'UE et sur l'état des relations entre son pays et le Rwanda. RFI : Monsieur le président, vous venez de terminer une visite en République démocratique du Congo. Vous êtes beaucoup sorti de votre pays depuis un an, depuis le 18 juin 2020, une dizaine de fois. C'est une véritable rupture avec votre prédécesseur. En quoi est-ce important aujourd'hui pour le Burundi de s'ouvrir ? Évariste Ndayishimiye : D'abord chaque chose en son temps. Nous avons passé des moments très difficiles, des moments où le pays avait des difficultés parce qu'il lui a été imposé des sanctions injustement. Alors, à ce moment-là, quand le monde extérieur vous enferme, vous essayez de gérer la situation interne. Donc, depuis 2015, on essaie de tisser le tissu interne. Et après, quand nous avons vu la volonté d'ouverture, j'ai décidé d'organiser des dialogues avec nos partenaires extérieurs, mais aussi nous avons des amis que nous devrions visiter pour échanger pour nous harmoniser sur les points de vue de la situation politique de la région et au niveau international et aussi, nous avons des amis que nous devrions visiter pour échanger pour nous harmoniser sur les points de vue de situation politique de la région et au niveau international. Et aussi, s'inspirer de l'expérience des autres. Vous avez rencontré votre homologue Félix Tshisekedi. Vous avez notamment parlé des questions sécuritaires, il y a encore des groupes armés qui sont hostiles à votre régime, qui se trouvent dans l'est de la République démocratique du Congo. De quoi avez-vous parlé avec le président Félix Tshisekedi ? Qu'est-ce que vous avez décidé de faire ? D'abord, je me réjouis que les deux pays ne se reprochent rien. On n'a rien à reprocher au gouvernement congolais, le gouvernement congolais n'a rien à reprocher au gouvernement burundais. Ce sont des défis communs. Il est vrai qu'il y a des forces négatives qui sont même contraires au Burundi, mais nous savons les origines. Et ceux-là, comme je l'ai dit, ce ne sont pas des rejetés, ce ne sont pas des refoulés de la société burundaise, ce ne sont pas des rejetés de la société burundaise, ce sont des gens qui avaient peur d'abord en 2015, et qui ont fui vers le Rwanda, puis le Rwanda les a formés. Puis, comme ils ont échoué trois fois à attaquer le Burundi, ils ont préféré aller dans un endroit où ils sont libres, parce que, quand il y a l'instabilité à l'est du Congo, les forces négatives ont aussi l'opportunité de s'installer là. Parce que personne ne peut les attaquer. Et maintenant, avec la détermination du président congolais, qui est déterminé à ramener la paix à l'est du Congo, nous pensons que ces forces négatives pourront être anéanties et les membres pourront rejoindre leur pays, et se reformer dans leur esprit pour travailler ensemble avec les citoyens burundais. Nous avons espoir. Cela veut dire que vous envisagez une solution militaire, qu'un dialogue politique est possible avec ces groupes armés ? D'abord, ce sont des enfants de la nation. Ils n'ont pas de raisons politiques. Le Burundi est prêt à les recevoir et à les reformer dans l'esprit parce qu'ils ont besoin aussi d'être rééduqués pour avoir le même esprit que les autres citoyens honnêtes du pays. Pour ce qui est d'une solution militaire, est-ce qu'il est envisagé que l'armée burundaise participe à ces opérations ? On sait que le groupe d'experts a pointé en janvier le fait que parfois votre armée faisait des incursions. Dans quel cadre se font ces opérations ? Est-ce qu'il y a un droit de poursuite qui a été négocié ? D'abord, c'est faux, l'armée burundaise n'a jamais fait d'incursions en RDC. Je crois que ce sont des gens qui veulent discréditer le pays, qui veulent s'intercaler dans les bonnes relations entre le Burundais et la RDC. Sinon, avec l'armée burundaise qui a une expérience dans la lutte contre le terrorisme international, nous sommes prêts à aider. Mais vous n'avez pas abordé cette question avec le président Félix Tshisekedi ? On a parlé de cette question de sécurité. Mais, au niveau technique, nous devons étudier ensemble que faire pour anéantir ces forces négatives qui sont là. Sinon, on s'est entendu que nos officiers doivent travailler ensemble pour pouvoir chercher des stratégies afin de stabiliser cette région. Parmi les questions-clé, il y a aussi la question des réfugiés. Vos compatriotes, notamment ceux qui sont au Congo, mais pas seulement, ne souhaitent pas rentrer malgré des conditions qui sont très difficiles dans les camps de réfugiés et malgré des opérations de rapatriement volontaire. Que pouvez-vous faire de plus comme gestes pour restaurer la confiance avec cette population réfugiée ? La question des réfugiés dans la région des Grands Lacs est une question très complexe. Imaginez-vous, des citoyens congolais qui sont des réfugiés au Burundi et des Burundais qui sont réfugiés à l'est du Congo. J'ai vu comment les Burundais fouillaient, ils cherchaient des laisser-passer, des passeports et puis ils allaient en bus. C'est-à-dire que la forme de la question des réfugiés au Burundi n'est pas la forme normale. Ils savent que quand ils veulent retourner, ils savent qu'il n'y a pas de problèmes, comme quand ils sont partis aisément. Quand ils veulent revenir, c'est la même chose. Ce que nous faisons, c'est toujours les appeler à rejoindre leur patrie afin de vivre normalement comme les autres dans le pays. Parmi les mémorandums que vous avez signés avec le président Félix Tshisekedi, il y a celui pour la construction d'un chemin de fer entre Gitega et Kindu, qui doit mener jusqu'à la Tanzanie. Où en est ce projet ? Quand peut-on espérer voir ces travaux débuter ? Combien est-ce que ça va coûter ? Ce chemin de fer est important du fait qu'il faut qu'on désenclave l'est du Congo. Si vous voyez l'instabilité qui s'y trouve, c'est parce qu'il n'y a pas de voies de communication, les forces négatives sont libres de tout faire. S'il y a le chemin de fer, il y a la stabilisation, il y a la facilitation des échanges commerciaux, parce qu'il y a une voie de communication. Comme vous le savez, l'est du Congo depuis l'histoire, Bujumbura c'est comme leur capitale, ils s'approvisionnent à Bujumbura. Donc, ce sera très facile de faciliter ces échanges. Il y aura désenclavement de l'est du Congo, mais aussi le Burundi en profite parce que, nous aussi nous voulons être désenclavés par rapport à Dar es Salam, c'est-à-dire le pays aussi va avoir des facilités de libertés de mouvements des personnes et des biens. Et cela peut commencer quand ces travaux ? Pour les études de Uvinza à Gitega, c'est déjà terminé. Maintenant, on va ensemble finaliser les études de Gitega-Bujumbura-Uvira-Kindu. Quand on va finaliser les études, c'est là où l'on saura alors le chronogramme de mise en œuvre. Alors vous avez visité presque tous vos voisins, sauf le Rwanda. Pourtant, il y a un processus de normalisation entre vos deux pays. Où en est ce processus et quand peut-on espérer avoir une de vos visites au Rwanda ou une visite de votre homologue Paul Kagame au Burundi ? Je crois que nous avançons très bien sur cette question. D'abord, vous le savez, le Rwanda et le Burundi, je le dis souvent, nous sommes des cousins. Dans notre culture, les cousins se dérangent souvent. Alors, j'ai vu qu'il y a une évolution positive, parce que d'abord, à la frontière commune, les officiers, les commandants des unités de défense se sont rencontrés plusieurs fois maintenant. Et sur la question de sécurité, je vois que ça évolue positivement. Le Premier ministre du Rwanda est venu célébrer avec nous la fête d'indépendance nationale. Et j'ai déjà envoyé le ministre des Affaires étrangères qui est allé au Rwanda. Je vois même que les messages sont positifs ; qu'il y a espoir que dans un proche avenir, il pourrait y avoir une solution finale. Il y a un autre partenaire avec lequel vous avez repris le dialogue après cinq années d'interruption, c'est l'Union européenne. Je rappelle que l'Union européenne, c'était le plus grand bailleur du Burundi. Où est-on de ce dialogue ? Nous avons déjà avancé le dialogue avec l'Union européenne. Au niveau des ambassades, de la représentation à Bujumbura, je vois que nous évoluons très bien maintenant. Nous attendons la réunion décisive qui va être organisée en Europe et nous espérons que cela va vite se terminer. Parmi les demandes de l'Union européenne, il y a le fait que la situation des droits de l'homme s'améliore et que la bonne gouvernance s'améliore également. Qu'est-ce que vous faites concrètement pour faire avancer ces deux dossiers ? Le gouvernement a la responsabilité de protéger les droits de l'homme et la bonne gouvernance, c'est notre cheval de bataille. Donc, s'ils disent nous voulons la protection des droits humains, ils vont nous dire où sont les défauts et comme ça, on va étudier ensemble pour voir ; sinon, la vision est commune. Nous voulons tous la protection des droits de l'homme, nous voulons tous la bonne gouvernance. Alors, je ne vois pas d'où peut venir la discordance et les divergences de vue. Je pense que l'Union européenne a pris cette décision unilatéralement et maintenant, il est temps de revoir cette décision sinon je ne vois pas les raisons de ces sanctions contre le Burundi. Il y a quand même des arrestations d'opposants, notamment ceux du parti d'Agathon Rwasa, leader du Congrès national pour la liberté (CNL). Cela inquiète encore beaucoup les organisations de défense des droits de l'homme ? C'est un problème historique. Des criminels veulent toujours se cacher dans des partis politiques. Quand on est criminel, on est criminel. Il n'y a pas de parti politique, il n'y pas quoi que ce soit. Plutôt, il faudrait dire : celui-là a été arrêté, est-ce que c'est politique, ou c'est criminel ? Donc ce que nous faisons, c'est rendre effectivement l'État de droit. Si vous êtes criminel, nous avons l'obligation de protéger les citoyens, de poursuivre et de juger les criminels. Mais parfois, ces opposants disparaissent, parfois pendant plusieurs jours, n'ont pas accès à un avocat pour les assister. C'est ça aussi l'État de droit, c'est de pouvoir être assisté d'un avocat, quand on est accusé de quelque chose. En tout cas, à ce que je sache, il n'y a pas de disparitions au Burundi. Sinon, vous me diriez : « Telle personne est disparue ». Ce que je sais aussi, c'est qu'il y a des criminels, qui, une fois commis leur crime, vont au Rwanda. Et nous n'avons pas le droit d'aller fouiller au Rwanda. Vous savez qu'il y a 19 criminels qui ont saccagé des familles et qui ont tué des personnes à Kayanza, et après, ils ont fui vers le Rwanda. Et jusqu'à présent, ils sont au Rwanda. Les gens disent qu'ils ont disparu, mais je sais qu'ils sont quelque part. D'après les derniers chiffres de la Banque mondiale de 2020, vous héritez d'un pays qui est l'un des plus pauvres. Il y a des pénuries de biens de première nécessité, des pénuries en devises. Que pouvez-vous faire pour lutter contre ces pénuries ? D'abord, je sais que c'est une chanson qui s'inscrit dans une rhétorique pour que les citoyens ne soient pas bien dans leurs esprits. Imaginez un pays qui n'importe jamais de denrées alimentaires. Est-ce un pays très pauvre ? Aujourd'hui, nous avons pu avoir la surproduction de maïs, demain nous aurons la surproduction de riz, etc. Si les gens mangent, si les gens sont soignés, si les enfants vont à l'école, si les gens sont logés, ont de l'eau potable, que nous manque-t-il ? En fait, la Banque mondiale et le FMI comptent l'argent, et nous, nous comptons les besoins. Les citoyens ont-ils des besoins élémentaires ? S'ils n'ont pas d'argent, pourvu qu'ils mangent. Vous avez vu qu'au niveau même de la maîtrise du coronavirus, le Burundi fait partie des meilleurs pays qui ont pu prévenir le Covid-19. Une des critiques des bailleurs, c'est le niveau élevé de corruption. Vous avez pris quelques sanctions, il y a eu des arrestations. Mais la société civile souligne que ces arrestations sont souvent suivies de libérations peu après. Peut-être, et sans doute avec un remboursement. C'est en tout cas ce qui est avancé. Pourquoi ne pas faire tout ça dans la transparence et faire ces procédures de manière publique pour que chacun sache ce qui est rendu ? Je crois qu'il y a des personnes qui se réjouissent quand il y a des tensions dans la société. Quand il y a beaucoup d'arrestations, ceux-là sont contents, quand ils voient que les prisons sont pleines, ceux-là sont contents. Souvenez-vous : la société civile burundaise, ce sont des gens qui ont échoué dans la politique. Qui s'enfuient pour se cacher derrière la société civile, mais ils continuent à faire de la politique, à montrer à la communauté internationale qu'ils sont des hommes honnêtes. Alors que ce sont eux même qui sont corrompus. Je connais des gens qui ont des associations de lutte contre la corruption, qui sont eux-mêmes des gens corrompus qui planifient comment voler, et, ensemble, avec certains cadres (de l'administration). Ce sont la société civile qui volent. Nous avons une histoire propre au Burundi. Nous sommes en train de rétablir la société burundaise, nous sommes en train de réconcilier. Alors dans tout cela, il y avait des mauvaises habitudes au départ. Aujourd'hui, nous sommes en train de mettre tout sur les rails, ce qui fait qu'il y a des gens qui ne sont pas contents, et d'autres qui le sont. Vous pensez vraiment qu'avec cette méthode, d'arrêter temporairement des gens responsables de détournements, et de les forcer à un remboursement, vous allez arriver à mettre fin à ces mauvaises habitudes ? C'est une stratégie qu'on a prise. Avant, les gens disaient : « Je vais détourner, si on me met en prison, à mon retour, je vais consommer ce que j'ai volé ». Mais maintenant, il est puni et il rembourse. Donc ça décourage, parce qu'il sait qu'il ne va rien gagner. Alors maintenant, vous avez vu que j'ai mis en place un système de communication, où les citoyens dénoncent. Et quand ils dénoncent, on doit savoir où ça s'est passé. Quand les gens savent qu'ils n'ont pas d'intérêt à détourner ou à être corrompus, ils vont être découragés, ils vont laisser.
C'est un livre qui fait beaucoup de bruit outre-Manche. La journaliste et auteur Michela Wrong vient de publier un ouvrage sur le Front Patriotique Rwandais de Paul Kagame et les crimes dont il est accusé, intitulé Do not disturb. Comment l'ancienne rébellion a-t-elle évolué ? Michela Wrong répond aux questions de Sonia Rolley. RFI : Pourquoi avoir choisi de faire de l’assassinat de Patrick Karegeya le centre de votre livre ? Michela Wrong : Je me rappelle le jour où j’ai entendu les nouvelles autour de l’assassinat de Patrick Karegeya. Je pense que pour moi c’est comme pour tout le monde, c’est un grand choc. Je me souviens très bien - quand j’étais plus jeune journaliste, que je voyageais au Rwanda dans les années qui ont suivi le génocide - Patrick Karegeya était le monsieur qui venait rencontrer tous les journalistes, qui expliquait ce que faisait le FPR… C’était un champion pour Paul Kagame. Il était loyal, tout le monde savait qu’il était son propre ami. Paul Kagame, qui l’a tué et qu’il connaît depuis l’école, quand ils sont de jeunes enfants… C’est vraiment spectaculaire comme événement ! Très choquant ! Après avoir fait les recherches pour votre livre, que pouvez-vous nous dire sur l’évolution de cette rébellion, le Front patriotique rwandais ? Je pense que c’est un mouvement qui a beaucoup changé. C’était des jeunes hommes. Ils étaient idéalistes, ils voulaient prendre le pouvoir… Mais ils avaient des idées, aussi : implanter la démocratie, de réconciliation ethnique avec les Hutus… Maintenant, le FPR c’est un mouvement qui a fait verser beaucoup de sang. Il a fait verser beaucoup de sang hutu et maintenant il fait verser aussi du sang tutsi, parce que les gens qui sont ciblés ce sont surtout les anciens dirigeants tutsis, proches de Kagame, parce que ce sont ces gens-là qui font peur. Ce sont des gens comme le général Kayumba Nyamwasa, Patrick Karegeya… Kagame a peur de ces gens-là ! Beaucoup plus que des Hutus, malgré le fait qu’il parle toujours du FDLR. Ces gens-là y voient un mouvement qu’ils ne reconnaissent plus. Un mouvement qui est très répressif, qui est absolument déterminé à retenir le pouvoir et qui est aussi en train de faire beaucoup d’argent, parce que tous les minéraux du Congo de l’Est, c’est à travers le Rwanda qu’ils passent. Ce n’est plus seulement un mouvement militaire ou un mouvement politique, c’est aussi un business et ils veulent rester là où ils sont, parce qu’ils font beaucoup d’argent. Dans votre livre, vous évoquez également l’assassinat de Seth Sendashonga, qui avait été ministre de l’Intérieur après le génocide et qui s’était retourné contre le FPR, un mouvement dont il faisait partie. En quoi cet assassinat à l’extérieur du pays marque également un tournant pour cette rébellion du FPR ? J’ai rencontré Seth Sendashonga à deux reprises. Une fois à Kigali, quand il venait de démissionner du gouvernement. La seconde fois, c’est à Nairobi, quand il a donné une conférence de presse dans laquelle il a accusé son ancien parti - le FPR - d’avoir fait des centaines de milliers de morts contre les Hutus, au Rwanda. J’ai entendu parler de tueries, de quelques atrocités… Il y a eu le rapport qui parlait de tout cela, mais à ce niveau-là, c’était un choc et j’ai eu des difficultés à y croire, comme beaucoup de journalistes, d’ailleurs. Pas longtemps après, il a été tué. C’est un moment important dans l’histoire du FPR, parce que je pense que les journalistes, les diplomates, les gens qui l’avaient beaucoup admiré, après cet assassinat se sont dit que c’est très impitoyable. C’est très important. Je pense qu’après, cette politique d’élimination est devenue vraiment quelque chose de très important dans le FPR. L’assassinat de Seth, c’était la première fois que l’on voyait cela. À un moment, vous écrivez dans votre livre – c’est un observateur étranger qui vous le dit – « Paul Kagame fait, simplement parce que Paul Kagame peut le faire ». Oui, je pense que cela a été la même histoire avec Mobutu, avec Kadhafi, avec Saddam Hussein, car ils sont entourés par les flatteurs. Et le problème avec Kagame, c’est avec ses amitiés aux États-Unis, en Grande-Bretagne… On l’a tellement flatté… Parce qu’il a reconstruit le pays… Le fait qu’il y avait des élections truquées, le fait qu’il y avait des abus vraiment très sévères à l’intérieur du pays, mais aussi à l’extérieur, les amis à l’Ouest n’ont pas vraiment dit grand-chose, alors Kagame a toujours été encouragé et croit qu’il peut faire ce qu’il veut. Je pense que c’est pour cela que l’on voit un comportement qui devient de plus en plus autoritaire avec les années qui passent.
Pour la première fois, les deux lanceurs d’alerte d’Afriland First Bank CD témoignent à visage découvert. Gradi Koko Lobanga, chef de l’audit interne, et Navy Malela, contrôleur permanent, avaient servi de sources à une enquête de deux ONG internationales, PPLAAF et Global Witness visant le milliardaire israélien Dan Gertler, ami de l’ancien président Joseph Kabila. Les deux agents ont été depuis poursuivis par leur ancien employeur, accusés d’avoir volé des données confidentielles et de les avoir falsifiées. Gradi Koko Lobanga répond aux questions de Sonia Rolley. Sonia Rolley : Quand est-ce que vous repérez qu’il y a des irrégularités, voire plus, qui se déroulent dans votre banque, Afriland First Bank ? Gradi Koko Lobanga : C’est fin janvier, début février 2018. c’est à cette époque que j’ai personnellement rencontré Dan Gertler au niveau de la banque, je l’ai croisé au deuxième niveau. Je ne l’ai pas tout de suite reconnu. C’est quand je suis rentré dans mon bureau. Mon collègue d’à côté, Navy Malela qui m’appelle pour me demander si j’avais reconnu la personne que j’avais rencontrée. J’ai dit : non. Et c’est là qu’il me dira que c’est Dan Gertler. Et j’étais très étonné, car je venais de rencontrer une personne dans notre banque qui venait d’être sanctionné par les États-Unis. Donc sa présence à la banque n’était pas anodine. Donc tout est parti de là. Comment vous avez réussi à identifier ce que vous qualifiez ou vous estimez être un réseau de blanchiment d’argent autour de lui ? Premièrement, le fait que son compte ne soit pas directement mouvementé, c’était un problème alors qu’il venait à la banque. Cela nous a donné des soupçons sur d’éventuelles sociétés-écrans pour contourner les sanctions. C’est ce qu’on a pu découvrir par la suite parce que, à chaque fois qu’il venait, il y avait la caissière principale qui montait pour récupérer les fonds. Et en analysant les comptes de la caissière principale, on a pu identifier les comptes de Ventora qui étaient directement mouvementés. On a pu établir un lien potentiel entre lui et Ventora. Nos soupçons se sont avérés vrais par la suite. Vous n’avez pas découvert qu’un seul compte, vous en avez découvert une bonne dizaine… Justement, au départ, on a d’abord découvert le compte de Ventora et on a vu que le signataire de ce compte, c’était Monsieur Alain Mukonda qu’on avait aussi vu à la banque. Mais aussi, il y avait le compte d’un autre israélien, M. Abihassira Shlomo. On avait une petite liste très réduite à l’époque et nous avons essayé de demander les dossiers d’ouverture de ces comptes pour savoir ce qui a été à la base de l’ouverture des comptes, quels sont les documents qui soutiennent l’ouverture de ces comptes. Curieusement, au niveau des archives, il n’y en avait pas. Et nous avons essayé de remonter la filière et nous sommes allés demander à la gestionnaire du fonds de commerce qui était chargée de l’ouverture des comptes. Elle n’avait pas non plus le dossier, mais elle nous a orientés vers le bureau de la direction générale. Et en tant que responsable de l’audit, c’est moi qui devais demander des comptes à la direction générale pour rapport aux dossiers qui avaient été soupçonnés à l’époque. Et ce n’est qu’après que j’ai pu découvrir les autres comptes qui ont été directement associés au réseau. Mais ça veut dire que la direction générale vous a donné accès à ces comptes ? Oui effectivement, parce que quand je suis allé demander le dossier à Patrick Kafindo… Patrick Kafindo, le directeur général adjoint de la Banque. Effectivement, Patrick Kafindo était directeur général adjoint, ancien responsable de l’inspection et président du comité de lutte contre le blanchiment qui était en réalité le parrain du réseau de blanchiment. Il a d’abord hésité, parce que j’avais ma petite liste avec moi. Il m’a demandé pourquoi je voulais ces comptes. Il faut souligner ici que par rapport à tout ce qui s’est passé, il y avait des soupçons et des doutes raisonnables au niveau de l’audit interne sur le fait que Dan Gertler avait créé des sociétés-écrans pour contourner les sanctions et malheureusement, on avait pu constater que cela se faisait avec la bénédiction de notre direction générale. Le fait pour Kafindo de me demander pourquoi je voulais avoir les dossiers de l’ouverture des comptes n’était pas de nature à arranger sa situation parce qu’il était notre suspect numéro 1 au niveau de l’audit interne. Parce que nous avions décidé de mener nos enquêtes de manière unilatérale à l’audit. Il me demande pourquoi je voulais le dossier. Je lui ai dit que c’était dans le cadre d’un contrôle de routine des dossiers d’ouverture des comptes. Et là, il m’intimide. Il me dit : petit, que tout ce que tu verras reste dans ta tête. Je n’avais quasiment plus aucun doute sur son rôle dans ce parrainage d’un réseau de blanchiment. Dans quelles conditions est-ce que vous avez pu travailler à ce moment-là ? Il met à ma disposition dans la foulée tous les comptes. Pas seulement ce que je demandais, mais l’ensemble des dossiers qu’il détenait dans son bureau. Et il exige que je puisse travailler sur une table qui est un peu en retrait dans son bureau. C’était un peu révoltant parce que je ne suis pas un simple auditeur, j’étais responsable de l’audit interne. Et m’imposer une procédure de travail, alors qu’il est conscient des procédures qui régissent le métier de l’audit. Il m’a empêché de faire mon travail. En exigeant de travailler chez lui, je n’avais pas les outils nécessaires pour mener à bien ma mission. Est-ce que vous lui faites quand même rapport de ces informations, est-ce que vous parlez à la direction de la banque, à quelqu’un quand vous découvrez tout ça. Déjà, comme il m’avait empêché de bien faire mon travail, en fait, j’ai pris tout ce qui existait comme soupçons à l’époque — parce que chacun contrôlait un pan d’activités —, et tout ce qu’on me rapportait par rapport à ce réseau. J’ai mis ça dans un courrier sous forme de rapport. Je lui ai donné et ça l’a clairement mis en colère. Et puis, c’est là qu’il m’a clairement menacé. Il me menace en me disant : petit, tu sais qu’on peut te tirer dessus en sortant de la banque. Donc c’était assez frustrant, révoltant. Et pour moi, d’une manière personnelle, c’était la première fois que j’étais menacé depuis que j’avais commencé à travailler à la banque. Parce que vous aviez été formé quand même à l’audit par Afriland first bank… Nous avons été formés par Afriland First Bank non seulement au niveau des opérations bancaires, mais nous avons été au business excellence academy où nous avons étudié tous les contours du blanchiment d’argent, Kafindo y compris. Lui, il est allé avant moi. Toutes les méthodes du blanchiment d’argent et comment faire pour lutter contre ses pratiques nous ont été enseignés au niveau du Cameroun. J’ai été choqué que tout ce qui était prôné n’était pas mis en pratique. On nous enseignait une chose et on faisait le contraire. En tout cas, ça, c’était particulièrement choquant pour moi. Justement, Patrick Kafindo que vous citez explique ou dit que vous avez été condamnés au Congo, condamnés pour faux et usage de faux, pour association de malfaiteurs. Comment réagissez-vous à ce jugement s’il existe ? Ce jugement, je l’ai appris par voie médiatique. Il y a certains médias qui l’ont publié, notre condamnation à mort. Parce que je donne un exemple simple, je ne suis pas dans le procès, mais nous avons tous suivi le procès des 100 jours. Il y a des gens qui auraient détourné des fonds publics, beaucoup de millions de dollars, qui sont condamnés à 20 ans de prison. Et là, nous sommes en face de deux lanceurs d’alerte qui sont en train de dénoncer les faits de blanchiment d’argent, de contournement des sanctions américaines d’une personne pour laquelle les activités sont trop controversées. Ils ont exposé la banque et le système financier congolais de telle manière que le Congo risque d’être isolé. Je ne peux pas comprendre que les personnes qui se mettent à dénoncer ce genre de fait soient condamnées à mort alors que des personnes qui ont détourné des millions de dollars sont condamnées à 20 ans. Je ne sais pas si vous voyez la disproportionnalité de l’action judiciaire et je profite de l’occasion pour faire un appel à la présidence de la République de tout mettre en œuvre pour mener des investigations sur la nature de ce jugement, sur la manière dont il a été obtenu. Je profite de cette occasion pour lancer un appel particulier à la Banque centrale, à l’inspection générale des finances et à la Cenaref. On ne peut pas sacrifier le système financier de tout un pays pour un seul individu avec quelques complices. Tout ce que Dan Gertler a aujourd’hui, il le doit à la RDC, c’est en RDC qu’il a construit sa fortune. Est-ce que c’est vraiment opportun de passer à côté de ça, de ne pas enquêter là-dessus alors qu’il s’agit d’une seule personne, je ne pense pas. Patrick Kafindo que vous accusez dit que vous avez fait ça pour obtenir un visa… C’est très aberrant. Moi, j’étais déjà venu en Europe. Ce n’était pas compliqué pour moi d’obtenir un visa. Je ne sais pas si pour obtenir un visa à la maison Schengen, il faut aller dénoncer les faits de blanchiment. Ce n’est pas comme ça que ça se passe. Donc mon visa, je l’avais déjà, c’est le déroulement des faits qui m’a poussé comme j’avais un visa de partir définitivement.
Notre invité Afrique est l'ancien candidat à la présidentielle de la République démocratique du Congo, Martin Fayulu. Il y a deux ans, il était donné comme le président élu. Deux ans après l'arrivée de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême, il fait face à l'Union sacrée prônée par son rival forte de 391 députés. Comment compte-t-il se positionner ? L'actuel coordonateur de la coalition Lamuka répond aux questions de Sonia Rolley. Pourquoi estimez-vous que l’Union sacrée est une « deuxième grossesse » du président Tshisekedi et de son prédécesseur Joseph Kabila ? Martin Fayulu : Parce que ce que nous voyons, les mêmes personnes qui sont là, ce sont les personnes membres du FCC et membres du Cach. Maintenant, comme eux-mêmes l’ont dit que c’est une « coalition gouvernementale élargie ». Élargie à qui ? À certains transfuges de Lamuka et autres. Cela veut dire que concrètement, vous pensez que cette coalition-là n’est pas capable de changer de politique ? Ce n’est pas de la politique ici, ce sont des stratagèmes pour se maintenir au pouvoir. A un moment donné, ils vont se dire que, non, on n’a pas eu le temps de faire des réformes, on n’a pas eu le temps de gérer, il faut postposer les élections. Ils vont avoir aussi des velléités de changer la Constitution et tout cela, c’est dans l’ADN de Kabila qui veut conserver le pouvoir à tout moment. Quel peut être l’intérêt de Joseph Kabila de montrer qu’il perd la primature, la présidence de l’Assemblée nationale ou une partie du bureau de l’Assemblée nationale ou même le Sénat ? Aux yeux des Congolais, les gens pensent qu’il n’a plus de pouvoir politique, plus le même ? Mais [Joseph] Kabila a déjà perdu. Kabila a perdu le 30 décembre 2018. N’eût été la trahison de [Félix] Tshisekedi, Kabila aujourd’hui, il serait mis totalement de côté. Mais Kabila résiste et ils voient - Kabila et Tshisekedi - qu’ils sont presque à mi-mandat et que les élections vont arriver bientôt. Mais il faut présenter un bilan au peuple congolais. Quel est le bilan qu’ils vont présenter ? Donc, il faut simuler une crise, une crise grave. Il faut faire en sorte que Kabila qui est honni par le peuple congolais soit, comment dire, maltraité pour s’acheter une légitimité. S’il y en a un qui doit profiter, en 2023, d’avoir repris les institutions à Joseph Kabila, ce sera Félix Tshisekedi et pas Joseph Kabila ? C’est Félix qui achète la légitimité, ce n’est pas Kabila. Félix veut acheter une légitimité en maltraitant Kabila avec l’assentiment, avec l’acceptation de Kabila. Qu’est-ce qu’il y gagne Joseph Kabila dans l’histoire ? Il gagne sa survie. En tant qu’homme, il vit avec ses biens matériels, ses finances, ses richesses, lui et sa famille, parce que Kabila était déjà parti. Là, il est en train de faire des heures supplémentaires que Tshisekedi lui a données. Ce qui est grave ici, c’est que la misère bat son plein. Le Congolais ne sait à quel saint se vouer. Les enfants ne vont pas à l’école. Le projet des 100 jours, plus de 400 millions de dollars, est-ce qu’on a fait la comptabilité de ces projets ? On a mis certaines personnes en prison, mais presque toutes sont sorties. Aujourd’hui, le train de vie de monsieur Félix Tshisekedi et de ses amis, tous partent en Occident, en Europe ou en Afrique en jet privé, tous, pendant que le peuple est en train de mourir. Félix Tshisekedi disait qu’il n’arrivait pas à faire ce changement-là à cause de l’influence de Joseph Kabila ? Je vais emprunter la réponse des jeunes gens de la Lucha : combien de lois qu’on a voulu faire passer à l’Assemblée nationale ont été recalées à cause de l’influence de Kabila ? À combien de Conseils de ministres, les gens sont sortis en disant qu’on ne s’est pas mis d’accord parce que les gens de Kabila n’ont pas été d’accord, on m’a recalé ? Non, je pense et je continue à dire que c’est une posture. Il n’y a rien. Là, ce que Cach et le FCC avançaient, c’était l’idée d’une transition pacifique du pouvoir. Vous ne pensez pas que Joseph Kabila, s’il avait perdu entièrement le pouvoir d’un seul coup, il aurait peut-être utilisé d’autres moyens pour se maintenir ? Mais quels moyens ? Pourquoi ils ne les utilisent pas aujourd’hui ? Aujourd’hui, vous avez l’impression qu’il est acculé, qu’il est maltraité par Tshisekedi. Et pourquoi il n’utilise pas ses moyens aujourd’hui qu’il aurait pu utiliser hier ? Certains de vos camarades, Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, ont décidé de rejoindre l’Union sacrée… Non, ils sont partis parce qu’ils ont été influencés, je peux vous le dire, ils ont été influencés par l’ambassadeur des Etats-Unis. Le 10 octobre, on signe un acte pour renouveler l’accord Lamuka, la charte Lamuka a été renouvelée le 10. Et le 13 octobre, on fait la passation de pouvoirs entre les coordonnateurs sortants et moi, coordonnateur entrant. Sans problème. On fait un communiqué et deux semaines plus tard, même pas deux semaines, les gens quittent la coalition. Qu’est-ce qui s’est passé dans l’entre-temps ? Je n’ai jamais rien compris. Il y avait quand même des tensions avec Moïse Katumbi. Il y avait toujours des tensions, sans compter que lui voulait une opposition républicaine, il voulait reconnaître les institutions et rentrer dans l'opposition et que vous, vous ne reconnaissiez pas les institutions ? Ça, ce ne sont pas des tensions. C’est une prise de position. Et vous pouvez discuter, mais l’essentiel, c’est les compromis qui sont après. Du coup, quelle position pouvez-vous prendre maintenant, parce que vous vous trouvez en fait régulièrement à avoir les mêmes positions que le FCC de Joseph Kabila, notamment sur tout ce qui est violation de Constitution et autres, dans la critique - on va dire - de Félix Tshisekedi ? Comment arriver à vous positionner, vous, dans ce jeu politique que vous décrivez ? C’est extrêmement grave comme incompréhension des choses. Vous allez me dire maintenant que c’est moi qui épouse le langage du FCC ou c’est le FCC qui épouse mon langage par stratégie pour que les gens puissent dire: ah, voilà, il parle le même langage que ceux qui sont avec Kabila. Donc, c’est pour tuer le jeu politique… C’est pour tuer Lamuka, pour tuer Fayulu et Lamuka. D’abord, il faut retirer certains de ses amis et puis, après dire que le FCC et Lamuka ont le même langage. Non. Et je continue à le dire, les jumeaux sont là. FCC-Cach, coalition gouvernementale élargie, plus FCC Kabila-opposition. Quel va être votre stratégie pour arriver à de meilleures élections en 2023 ? Je l’ai dit dès le premier jour, il n’y a que les réformes pour qu’on puisse avoir des élections crédibles et transparentes, et avoir des dirigeants légitimes. Il n’y a pas 36 solutions. Il faudra bien des discussions pour cela, pour qu’il y ait un consensus autour des dispositions ou du jeu électoral ? Bien sûr. C’est cela la proposition de sortie de crise. J’ai bien dit à nos pères spirituels de prendre leurs responsabilités et de faire en sorte que toutes les parties prenantes puissent se mettre ensemble. Que devons-nous changer dans la loi électorale ? La Commission électorale nationale indépendante, j’insiste indépendante, comment elle doit être réellement indépendante, comment les découpler avec la composition des forces politiques à l’Assemblée nationale, parce que ces forces politiques sont illégitimes et ce n’est pas une vraie composition. Vous comprenez que Kabila et Tshisekedi, ce n’est pas toujours ça, parce qu’ils vont avoir une Céni à eux, une Cour constitutionnelle à eux. Est-ce que vous pouvez accepter qu’on puisse aller aux élections prochaines avec cette Cour constitutionnelle illégitime, illégale ? Ils revendiquent 391 députés. Pourquoi pensez-vous qu’ils vont venir discuter avec vous ? 391 députés, ce n’est pas les 90 millions de Congolais. Ce n’est pas les plus de 62% qui ont élu Fayulu, ce n’est pas la légitimité. Mais ils savent qu’ils ont été achetés. Ils savent qu’ils ont été, je peux dire le mot, cooptés. On les a cooptés parce qu’on les a fabriqués. Est-ce que la communauté internationale – c’est ça la question - n’a pas de problème de conscience aujourd’hui quand elle discute avec les députés de cette Assemblée ? Est-ce que la communauté internationale n’a pas de remords aujourd’hui de voir que la majorité changée, c’est une majorité achetée ? Et déjà, à l’origine, ces députés n’étaient pas élus. Est-ce qu’il n’y a pas un problème de conscience ? Qu’attendez-vous, du coup, de la communauté internationale ? La communauté internationale, quand le docteur [Denis] Mukwege parle de l’exhumation du rapport Mapping, du Tribunal pénal international sur la RDC, il faut mettre tous ces instruments en place pour que les gens se disent que, demain si nous faisons ça, nous serons condamnés. Il nous faut rouvrir le procès de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, il faut ouvrir le procès Rossy Tshimanga, il faut ouvrir le procès Thérèse Kapangala pour que les gens sachent qu’on ne peut pas blaguer avec les droits humains. La vie d’un individu, c’est sacré. Vous attendez de la communauté internationale qu’elle fasse pression sur ces questions d’impunité et d’ouverture d’espaces démocratiques ? Les gens ne s’expriment pas librement. Les gens ne manifestent pas librement. Les jeunes gens de la Lucha, pas plus tard que vendredi dernier, ont été tabassés à Kananga. Une semaine avant eux, c’était les jeunes gens de l’Ecide [Engagement citoyen pour le développement, parti Fayulu] qui ont été tabassés à Kananga. Ils ont des revendications. Il faut les laisser. Le jeune [Delcat] Idinco à Béni qui a chanté « Politiciens escrocs », mais c’est le constat qu’il fait. Est-ce que les politiciens ne sont pas des escrocs ? Est-ce que vous serez candidat en 2023 s’il y a des élections ? Mais, il faudra poser la question au peuple congolais. C’est le peuple congolais qui décide. Et si le peuple congolais me dit oui, pourquoi je dirais non ? Est-ce que vous mettrez des conditions à cette participation ? Est-ce qu’il y a un cadre quand même ? Mais les conditions sont là. Nous avons parlé des réformes institutionnelles consensuelles et qu’elles soient menées par toutes les parties prenantes en dehors des institutions illégitimes. ► À lire aussi : RDC : Avec l'Union sacrée, « on prend les mêmes et on recommence », estime Martin Fayulu
C’était il y a 60 ans. Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba - Premier ministre déchu du Congo - était assassiné. Au-delà de l’émotion suscitée, ce crime a indéniablement contribué à ériger le responsable politique en une figure emblématique des indépendances africaines. Patrice Lumumba est devenu un puissant symbole de la volonté d’émancipation des peuples anciennement colonisés. Il est aujourd’hui considéré comme le premier héros national de la République démocratique du Congo. Six décennies plus tard, que reste-t-il de son héritage, de ses combats, de sa vision politique et économique pour le pays ? Décryptage avec Sonia Rolley, journaliste au service Afrique de RFI, spécialiste de la RDC et le lanceur l’alerte congolais Jean-Jacques Lumumba, petit-neuveu de Patrice Lumumba.
Cette nouvelle émission Éco d’ici Éco d’ailleurs donne la parole à trois brillants économistes africains. Leonard Wantchekon, Landry Signé et Abdoulaye Ndiaye ont des parcours différents, mais un point commun : ils vivent et travaillent aux États-Unis. Quel impact sur leur vision des économies africaines ? Quel regard sur l’actualité économique américaine ? Leonard Wantchekon est né au Bénin, un pays qu'il a été obligé de fuir sous le régime Kérékou. Il est aujourd’hui professeur de Sciences politiques et économiques à l'Université de Princeton. Il est vice-président de l'Association américaine de Science politique et a fondé, il y a quelques années au Bénin, l'École Africaine d'économie. Landry Signé est Camerounais et membre du Centre d’études africaines de l’Université de Stanford en Californie. Il est également chercheur associé à la Brookings Institution, l’un des plus anciens think tank américains. Son livre le plus récent ”Unlocking Africa’s business potential”, aux Presses de Brookings Institution. Abdoulaye Ndiaye est Sénégalais. Après avoir travaillé à Chicago dans la branche locale de la Réserve fédérale américaine, il est maintenant professeur assistant à l’Université de New York, et ses travaux de recherche portent essentiellement sur le financement de la sécurité sociale américaine et sur les questions fiscales. Le président Trump ne cesse d'agiter la question migratoire pour satisfaire son camp. Le 22 juin 2020, il a signé un decret qui suspend la délivrance de cartes de résident permanent, les fameuses cartes vertes. Suspendu aussi l'octroi de visas pour les travailleurs qualifiés. Le calcul de Donald Trump est simple. La fermeture des frontières va obliger les entreprises à recruter des Américains. Cela au moment où 30 millions de personnes sont affectées par l'impact économique de crise du coronavirus et se retrouvent sans emplois. Un taux de chômage jamais vu depuis la grande dépression des années 1930. Mais, le calcul de Donald Trump peut-il fonctionner ? Est-ce aussi simple ? Reportage à Houston de Thomas Arms. Pour faire face à leurs difficultés économiques et à leurs échéances de remboursement de dettes, les pays africains ont obtenu un moratoire de la part de certains de leurs créanciers. Le Congo-Brazzaville est l'un de ces pays. Se pose maintenant la question de l'utilisation des fonds libérés par ces moratoires. Reportage au Congo-Brazzaville de Loïcia Martial. En cette année 2020, beaucoup de pays africains célèbrent le soixantième anniversaire de leur indépendance. Cela a été le cas pour Madagascar, il y a peu temps et encore plus récemment pour la RDC. Mais, beaucoup des problèmes d'alors persistent encore comme la dépendance aux matières premières. Reportage en RDC de Sonia Rolley.
Sonia Rolley nous lit un extrait de son futur roman.
Rencontre enregistrée le 4 avril 2018 à la librairie Karthala. Les éditions Karthala ont le plaisir de vous inviter à réécouter la rencontre animée par Sonia Rolley avec Sarah Démart autour de son premier livre « Les territoires de la délivrance », étude fouillée sur les Églises pentecôtistes dites du « réveil » qui rencontrent un succès en République démocratique du Congo comme dans les communautés issus de la diaspora en France et en Belgique. Comment expliquer le succès de ces « nouvelles Églises » dans un contexte de concurrence avec les Églises traditionnelles ? Comment les communautés de la diaspora s'appuient-elles et se constituent dans les Églises ? « Les territoires de la délivrance » sont le récit d'une immersion dans des espaces politico-religieux qui se transforment de l'époque coloniale à nos jours. « Pas moins de six mille Églises du Réveil, d'inspiration ou d'affiliation pentecôtiste, à Kinshasa dans les premières années 1990. Héritières de trois siècles de négociations entre animismes et chrétientés, et donc figurations de prophètes, hommes et femmes, de désignations de pontifes, tel le Maréchal Mobutu, et de sorciers, elles génèrent depuis trente-cinq ans des diasporas mondialisées dont la cohésion, identitaire, réside dans la recomposition constante de cette « impulsion religieuse congolaise ». Par les chemins des commerçants, d'étudiants, de migrants pauvres dans les « espaces gris sans droits » que leur réservent nos sociétés, ces porteurs de projets messianiques prennent de multiples et originales places dans l'espace évangélique belge, canadien et français, jusqu'à assigner aujourd'hui le projet de conversion des « Blancs ». » Extrait de la Postface d'Alain Tarrius Modératrice : - Sonia Rolley, journaliste de RFI depuis 2004, elle a été successivement correspondante au Rwanda, au Tchad et tout récemment en République démocratique du Congo. De ses voyages, elle a tiré un livre en 2010, Retour du Tchad, aux éditions Actes Sud. Ou plus récemment une longue enquête en quatre volets sur les massacres au Kasaï, dans le centre du Congo Avec : - Sarah Demart est sociologue, chercheure associée au Centre d'études de l'ethnicité et des migrations de l'Université de Liège. Après une thèse sur le Réveil congolais à l'ère des migrations postcoloniales, elle explore depuis plusieurs années les enjeux postcoloniaux/décoloniaux associés à la Belgique. Les territoires de la délivrance. Le Réveil congolais en situation postcoloniale (RDC et diaspora) est son premier livre.
Ces derniers mois, on parlait d’un vent de démocratie qui soufflait sur la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe) et du rôle un plus positif qu’elle pourrait jouer lors de crises sur le continent, notamment en RDC... Est-ce qu’on peut parler d’un véritable changement ? C’est la question que Sonia Rolley a posé à Stephanie Wolters, analyste politique à l’Institut d’études et de sécurité de Pretoria.