Landlocked country in northern central Africa
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Début avril, cela fera deux ans que le Soudan est en guerre. Deux ans aussi que le conflit a provoqué une réorganisation du commerce de gomme arabique, issue de l'acacia et utilisée comme additif naturel, dans les sodas notamment. L'essentiel de la gomme sort toujours par Port-Soudan et la traçabilité reste assurée, selon la filière. En 2024, le pays a exporté 70 000 tonnes de gomme arabique, selon l'Association for international promotion of gums (AIPG). Sur ce volume, 50 000 t sont arrivées en Europe, essentiellement en France, le premier pays importateur. « On est revenu à des volumes à peu près normaux », explique un industriel français qui dit travailler encore aujourd'hui avec les fournisseurs soudanais qu'il connaît depuis des décennies.Le gros de cette gomme transite par Port-Soudan. C'est aussi dans cette ville portuaire, située sur la mer Rouge, que les opérations de tri et de nettoyage de la gomme, autrefois réalisées à Khartoum, se sont délocalisées.Le défi de la traçabilitéLes circuits ont donc réussi à se réorganiser. Tout le monde y a intérêt. La gomme est une manne pour 15 % des Soudanais, soit environ 6 millions de personnes, selon l'AIPG. Une manne aussi pour les importateurs, car la demande de l'industrie agro-alimentaire est constante : la gomme est en effet un ingrédient clé des sodas, mais aussi utilisée dans les bonbons, les chewing-gums, pour ne pas parler de ses usages dans les médicaments et les cosmétiques.Dans le contexte actuel, le défi de la traçabilité est de plus en plus grand. C'est une des préoccupations aujourd'hui de la filière qui a été interpellée sur le sujet. Plusieurs informations ont circulé dans les médias sur la mainmise des forces rebelles (FSR) sur des zones de production, mais aussi sur leur implication dans des exportations illégales de gomme via le Soudan du Sud, en particulier. Des informations que des industriels cherchent à recouper, même s'ils restent convaincus qu'ils sont peu exposés à un approvisionnement à risque.L'Égypte, nouvelle porte de sortie ?Le sujet est sensible. Les acteurs du secteur sont réticents à s'exprimer en leur nom propre, sur ces questions. Plus que jamais, ils le font sous la bannière de l'association qui les regroupe (l'AIPG) et qui a tenu ces derniers jours encore à condamner toute forme de trafic de gomme, contraire à l'éthique de la filière.La guerre a de fait créé de nouveaux flux. Ce qui a notamment permis à l'Égypte de voir ses exportations bondir de plus de 900 % l'année dernière, selon les données compilées par le service agricole N'kalo. Mais un tel bond ne représente au final que 2 000 tonnes, sur un total de 70 000 exportées par le Soudan. « Les volumes incriminés doivent donc être relativisés, sachant qu'on parle d'un produit qui s'échange quelques euros le kilo au Soudan, loin du prix d'une pierre ou d'un métal précieux », relève un de nos interlocuteurs.Diversifier les fournisseursPour réduire leur dépendance au Soudan, les importateurs achètent de plus en plus ailleurs. Le Soudan reste incontournable, mais les acheteurs ont renforcé leurs liens avec les pays de la bande sahélienne, où poussent les acacias. Le principal est le Tchad, voisin direct du Soudan.Le pays a augmenté ses exportations de 40 % entre 2023 et 2024. La gomme constituait déjà un revenu économique intéressant pour les Tchadiens et l'est encore plus grâce à des prix incitatifs. En deux ans de conflit, ils ont augmenté de plus de 30 % pour la variété Seyal.À lire aussiGomme arabique, la résilience soudanaise après un plus d'un an de guerre
En Guinée, les autorités ont annoncé ce vendredi la dissolution d'une vingtaine de partis politiques parmi lesquels le parti de l'ancien président Alpha condé. Plusieurs autres ont aussi été suspendus. Une décision qui fait suite à une évaluation des partis politiques engagée par le pouvoir militaire. En octobre dernier, une cinquantaine avait déjà été suspendus.
Au Soudan, il y a « un énorme risque de partition du pays », affirme l'Union africaine, après la décision des Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemedti de former prochainement un gouvernement parallèle. Presque deux ans après le début de la guerre civile dans ce pays, y a-t-il vraiment un risque de sécession ? Et peut-il y avoir un impact sur la stabilité politique du Tchad ? Décryptage avec Roland Marchal, chercheur à Sciences Po Paris. Il répond aux questions de C. Boisbouvier.
Le Salon mondial du Tourisme à Paris, qui fermera ses portes ce dimanche 16 mars, est l'occasion de découvrir les tendances 2025. Parmi les demandes, des transports plus lents et moins polluants. Si l'avion reste le moyen le moins cher pour découvrir les pays lointains, l'Afrique et l'Europe travaillent à développer le voyage en train. Un signe ne trompe pas : parmi les nouvelles destinations des célèbres guides français du Petit Futé, les pays d'Afrique sont mis à l'honneur. Destination Gabon, Algérie, Tchad ou encore Zimbabwe. Téléphonie et tourisme Louis Auzias, directeur des guides du Petit Futé, constate que les pays qui réussissent à développer le tourisme facilitent l'essor des paiements et de réservations sur les téléphones mobiles : « C'est vraiment un grand changement dans la façon de voyager et d'utiliser les transports. Le voyageur, grâce aux plateformes de réservations et de paiements, a tout dans son téléphone. Il sort de la gare ou de l'aéroport, il peut commander un taxi. En Afrique, comme partout ailleurs, c'est une grande simplification du voyage. »Ainsi, le tourisme est un formidable moteur de retombées économiques. Mais il dépend de la volonté politique pour mettre en valeur chaque pays, sa culture, son développement. L'avion et la croisière en hausseCette année encore, le Salon mondial du Tourisme montre le paradoxe du transport touristique. Moins polluer ou continuer à découvrir le monde ? L'usager est pris en tenaille. L'un des grands changements ces deux dernières années est le temps de séjour. Les voyageurs partent plus loin et restent plus longtemps sur place. La réalité contredit les sondagesLa découverte fait partie du désir de l'humanité. Cette année, la tendance se retrouve sur tous les continents. Pour les destinations lointaines, l'avion reste encore en tête des transports sollicités en 2025. À l'échelle mondiale, les croisières en paquebot géant (de 3 à 7 000 passagers) font partie des demandes privilégiées par une clientèle attirée par des prix baissés chez les croisiéristes. À écouter dans Si loin, si procheDévorer le mondeCohabitation des transports Pour autant, les croisières en capacité limitée font aussi partie des tendances et sont très demandées pour les destinations de niche (fjords nordiques, banquise...) S'il fallait résumer le marché touristique, on pourrait dire qu'aujourd'hui cohabitent tous les goûts et tous les porte-monnaies, avec l'avion, le train et même la fourgonnette low cost de la fameuse vanlife, l'itinérance en fourgonnette équipée. « Il est vrai que dit comme cela, la vanlife peut paraître un phénomène marginal. Cependant, on constate encore cette année qu'il y a de la demande sur ce mode de transport, explique Christel Marzullo, à la tête de cette édition 2025 du Salon mondial du Tourisme. Cela répond à un désir des voyageurs de se déplacer plus lentement et de polluer moins qu'en avion. »L'autre tendance de fond est le succès des trains, surtout en Europe. Les lignes de nuit sont très pratiques et confortables, particulièrement dans le nord de l'Europe, mais des projets sont en discussion pour redynamiser les lignes sur l'ensemble du territoire. Le train écologique mais cher Si les vacances en train se développent, elles sont parfois coûteuses, surtout en voyage en famille. En France, le train reste en moyenne plus cher que l'avion. Le choix d'avoir privilégié les TGV (Trains à grande vitesse) avec des billets plus coûteux que ceux de lignes moins rentables a empêché le développement de certains trains régionaux et des trains de nuit. Retard du ferroviaire européen Dans les allées du Salon, on entend beaucoup parler de ce besoin de trains de nuit. À quand ce fameux réseau de lignes directes entre toutes les capitales d'Europe ? En 2023, la Commission européenne a demandé un rapport et encourage les travaux pour adapter et harmoniser tous les types de rails des pays. La différence des tailles de chemins de fer oblige aujourd'hui à des arrêts et changements de trains. Mais depuis deux ans, les projets pilotes sélectionnés avec l'industrie ferroviaire manquent d'argent, ils n'ont pas pu se concrétiser.À lire aussiQuels sont les effets du tourisme de masse sur l'environnement?
Il est l'un des meilleurs espoirs africains de la discipline : le Tchadien Casimir Betel a récemment remporté une médaille d'or à l'Open international de Slovénie, dans la catégorie des moins de 58 kilos, et combattra dans le cadre d'une compétition du même type en Belgique ce 15 mars. À 27 ans, le natif de Ndjamena se projette vers les Jeux olympiques de 2028, malgré des conditions de préparation loin d'être idéales. Casimir Betel se donne les meilleures chances d'accomplir son rêve : il vient de rejoindre le meilleur club de France de taekwondo, situé à Asnières, en banlieue parisienne. Alors qu'il se déchaîne sur le pao, ce bouclier utilisé à l'entraînement pour absorber les coups de pieds, ses cheveux mi-longs flottent dans les airs. « Comme vous venez de voir, c'était intense. C'est comme ça tous les jours ! », s'exclame le sportif.Sept jours sur sept, le Tchadien vient transpirer et terminer sa longue journée. Étudiant en management de la stratégie marketing, il travaille en intérim comme préparateur de commande pour gagner sa vie et s'inflige des heures de transport en partant de Corbeil-Essonnes, où il habite, de l'autre côté de Paris. « Je rentre très tard, je n'arrive pas à me reposer. Ce n'est pas facile tout ça, témoigne Casimir Betel. C'est aussi le parcours d'un athlète, donc j'essaie de tenir. Le plus important, c'est de faire un appel à l'État tchadien, aux responsables en charge du sport, de bien penser à moi parce que ça fait déjà deux ans que je suis en train de glaner des médailles pour mon pays. Je suis au top de mon niveau, mais j'ai besoin aussi de leur accompagnement. »Le top niveau, Casimir Betel l'a atteint en devenant l'an dernier numéro 1 mondial l'été dernier pendant plusieurs mois. Une belle façon de digérer sa non-qualification aux Jeux olympiques 2024.À lire aussiSport: le Tchadien Casimir Betel premier au classement mondial de taekwondo « Il a beaucoup de mérite »Pour tenter de se qualifier pour les prochains Jeux olympiques, le Tchadien peut compter sur un nouveau cadre solide puisqu'il vient d'intégrer le club des deux médaillés français des Jeux de Paris en taekwondo. Dont la toute première championne olympique Althéa Laurin.Un micro toujours relié à une enceinte pendant les entraînements qu'il dirige, Ekvara Kamkasoumphou est le fondateur du club d'Asnières. « Il a beaucoup de mérite. Il travaille loin, il habite loin. Moi, ça me rappelle Althéa Lorin, qui faisait 1 h 30, 2 h pour venir s'entraîner, estime le fondateur du club. J'apprends à le connaître encore, mais je vois quelqu'un qui a une belle éducation. Il a su s'intégrer très très vite dans le groupe. »« Il faut savoir que Casimir, c'est une très belle personne, en dehors de l'aspect sportif, dans son comportement, dans sa manière d'être, juge Leyna, l'une des filles d'Ekvara qui s'entraine dans le club, championne de France en titre dans sa catégorie à 19 ans. Il a aussi ses qualités physiques, il est souple, etc. Tous les efforts qu'il fait au quotidien pour se donner la chance d'atteindre son rêve, c'est très admirable. Je lui souhaite beaucoup de force en espérant qu'il atteigne ses objectifs. »« L'objectif maintenant, c'est de chercher à accumuler des points, confie Casimir Betel. Participer aussi au Grand Prix avant la qualification des Jeux olympiques, être le tout premier Tchadien à qualifier le Tchad dans le domaine de taekwondo. Je rêve grand. »Rêver grand, pour Casimir Betel, c'est rêver de remporter la toute première médaille du Tchad dans l'histoire des Jeux olympiques. À lire aussiHamidi, la championne de taekwondo qui sacrifie sa liberté pour combattre les talibans
Quinze ans après le déclenchement de l'insurrection de Boko Haram, la situation s'est sensiblement améliorée autour du bassin du lac Tchad, avec le retour de millions de déplacés et de réfugiés dans leur communauté d'origine. Si le groupe armé nigérian affilié à l'État islamique s'est essentiellement replié sur des îles du lac Tchad et dans certaines poches terrestres où ils vivent de racket, ailleurs, ce sont des pans entiers de ce grand bassin géographique qui renaissent économiquement. Certains observateurs locaux estiment que depuis fin 2020, Maiduguri redevient un hub économique. La capitale du Borno, dans le Nord-Est du Nigeria, est notamment traversée par plusieurs axes, globalement débarrassés de la menace Boko Haram. Ils mènent à l'Est du Tchad, au Nord du Niger, et bien sûr au Sud du Cameroun. De notre correspondant à Maiduguri,Bientôt 20 ans qu'Abdullahi sillonne la route Maiduguri-Gamboru menant au Tchad. Ce commerçant convoie des véhicules achetés à Lagos, au Nigeria, pour des clients en roulant sur cet axe jusqu'au Soudan. Entre 2013 et 2016, il est contraint à l'arrêt, car Boko Haram occupe alors de nombreuses localités sur les 148 kilomètres entre Maiduguri et Gamboru.« Nous sommes en mesure de circuler sur cette route en toute tranquillité d'esprit »Courant 2016, lorsque cette route a réouvert, Abdullahi a repris son activité sous escorte militaire, malgré les risques : « Nous devions garer notre voiture près de ce panneau de bienvenue, puis attendre l'arrivée de militaires de leurs casernes. Plusieurs véhicules militaires à l'avant, d'autres à l'arrière, nos voitures au milieu... Et nous roulions ainsi jusqu'à la frontière de Gamboru. Les militaires s'arrêtaient là car nous étions suffisamment en sécurité pour continuer notre trajet sans escorte. Puis, au retour, en arrivant à la frontière de Gamboru, on devait attendre de nouveau l'escorte. »Depuis 2022, certaines semaines, Abdullahi et son équipe livrent jusqu'à une dizaine de véhicules SUV, car la route A3 subit de moins en moins d'attaques : « Six ou sept checkpoints. Ce sont les principaux points de contrôle habituels. Les militaires descendent et procèdent à des vérifications. Vous devez payer les taxes imposées. Progressivement, nous sommes en mesure de circuler sur cette route en toute tranquillité d'esprit. »À lire aussiAu nord-est du Nigeria, une timide reprise économique malgré d'immenses défis sécuritairesLa clientèle étrangère encore frileuse pour se rendre GamboruAu milieu de Gamboru Market, Alhaji Umar vend en gros du tissu wax. Malgré la nette amélioration de la sécurité dans Maiduguri, sa clientèle étrangère reste angoissée à l'idée de venir sur place : « Mes clients du Tchad et du Cameroun ne viennent plus ici comme avant à cause de Boko Haram. Mais nous communiquons avec eux via WhatsApp. Ils choisissent ce dont ils ont besoin et nous leur livrons. Dans l'autre sens, certains commerçants traversent la frontière avec des marchandises à livrer ici de temps en temps. En raison de l'insurrection, ce n'est plus fréquent. »Mais Alhaji Umar reste optimiste, car grâce à la réduction des attentats kamikazes, au moins, ses clients locaux se déplacent jusqu'à sa boutique pour négocier en direct.À lire aussiCameroun: l'Extrême-Nord, théâtre de la résurgence des attaques de Boko Haram
Quinze ans après le déclenchement de l'insurrection de Boko Haram, la situation s'est sensiblement améliorée autour du bassin du lac Tchad, avec le retour de millions de déplacés et de réfugiés dans leur communauté d'origine, grâce aux efforts conjugués des armées des pays riverains du Lac Tchad. Certains observateurs locaux estiment que depuis fin 2020, Maiduguri redevient un hub économique. Des jeunes de la classe moyenne choisissent de se fixer et de construire leur vie dans la région, malgré les traumatismes liés à Boko Haram. C'est le cas de Hajara et Saleh, deux entrepreneurs trentenaires que notre correspondant a rencontrés. Saleh Babagana répond à un client sur sa montre connectée. Revendeur de téléphones d'occasion dans les rues de Maiduguri il y a encore quatre ans, ce grossiste distribue désormais des marques premium de smartphones dans une boutique climatisé. Et à 28 ans, Saleh n'a pas du tout l'intention de quitter le Nigeria :« Tout a commencé comme un pari pas sérieux. Un ou deux clients nous ont fait confiance, et maintenant, nous sommes bien établis en tant qu'entreprise ; beaucoup de nos clients viennent des pays voisins qui utilisent le CFA. Ils achètent nos produits au prix de gros, entre 1 000 à 2 000 pièces de nos smartphones. Et parfois jusqu'à 5 000 appareils d'une certaine marque de téléphone ont été achetées ici. »Comme Saleh, Hajara a vécu toute son adolescence à Maiduguri. Sous ses yeux, elle a vu mourir un camarade de classe, puis a échappé à un attentat à la bombe. Malgré ces traumatismes liés à Boko Haram, cette dirigeante de PME n'a jamais envisagé de quitter sa ville : « Avant d'ouvrir mon magasin, je faisais mes affaires à la maison. À cause des explosions de bombes et de Boko Haram, c'était la panique. Les gens s'enfuyaient de chez eux. Cela n'a pas été facile, mais grâce à Dieu, nous nous sommes bien débrouillés pour survivre. »« Migrer, ce n'est pas une option pour moi »Aujourd'hui, Hajara emploie une dizaine de personnes. Et les parfums d'intérieur qu'elle crée s'exportent au Niger, Cameroun, mais aussi au Ghana et jusqu'au Canada. Hajara se sent épanouie en vivant et en travaillant à Maiduguri :« J'ai choisi de rester pour inspirer les jeunes femmes d'ici. Beaucoup ont l'impression qu'on ne peut pas s'accomplir et que nous ne pouvons pas y arriver dans la vie. Alors que ce n'est pas le cas. Quelle que soit notre personnalité, on peut réussir chez soi. Tout ce qu'on souhaite dans la vie, on peut le réaliser. Alors migrer, ce n'est pas une option pour moi. »Hajara ne comprend pas pourquoi, au Nigeria, des dizaines de milliers de personnes de sa génération se risquent à tout sacrifier pour un visa pour l'Amérique ou pour l'Europe.À lire aussiNigeria: à Maiduguri et autour du bassin du lac Tchad, le retour de la sécurité ravive l'économie [1/2]
durée : 00:05:22 - Les Cartes en mouvement - par : Delphine Papin - Cette semaine, dans les Cartes en mouvement, Delphine Papin nous présente le Tchad et les nouvelles convoitises dont ce pays fait l'objet depuis le départ des troupes françaises de son territoire.
Les experts et journalistes de RFI répondent à vos questions sur les tensions entre l'Algérie et la France, des chefs rebelles centrafricains détenus au Tchad et des cadres de l'opposition reçus par le général Mamadi Doumbouya. RDC : la plainte contre Apple classée sans suite en France En décembre 2024, Kinshasa portait plainte contre Apple en France et en Belgique pour exploitation illégale de minerais. Une plainte que le Parquet de Paris a classée sans suite. Comment expliquer cette décision ? Comment les avocats de la RDC peuvent-ils la contester ? Où en est la plainte déposée en Belgique ?Avec Julien Clémençot, chef du service économie de RFI. Tensions France-Algérie : la stratégie de Bruno Retailleau Alors qu'Emmanuel Macron appelle à un apaisement des relations avec l'Algérie, le journal français La Tribune a dévoilé une note secrète de trois pages du ministre de l'Intérieur qui détaille sa méthode face aux autorités algériennes. Quels sont les objectifs de Bruno Retailleau ? Comment a-t-il réagi face à cette fuite dans la presse ? Avec Raphaël Delvolvé, journaliste au service politique de RFI. Tchad : deux chefs rebelles centrafricains libérés Détenus depuis avril 2024 par les services de renseignements tchadiens, les chefs rebelles centrafricains Abakar Sabone et Mahamat Al-Khatim ont été libérés sans que les autorités ne donnent d'explication. Pour quelles raisons auraient-ils pu être relâchés ? La Centrafrique a-t-elle pu faire pression sur le dossier ?Avec François Mazet, journaliste au service Afrique de RFI. Guinée : des cadres de l'opposition reçus à la présidence En Guinée, des membres du parti d'opposition UFDG, l'Union des forces démocratiques de Guinée de l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, ont rencontré le général Mamadi Doumbouya. Que sait-on de ces rapprochements ? Quelles conséquences pour l'avenir de l'UFDG ?Avec Kabinet Fofana, analyste politique, directeur de l'association guinéenne de Science politique.
Pendant l'été 2024, le Tchad a subi les pires inondations de son histoire. Elles ont fait près de 600 victimes et affecté environ 2 millions de personnes. Des pluies diluviennes, exacerbées par le réchauffement climatique, ont fait déborder les fleuves Logone et Chari et ravagé des quartiers entiers de la capitale. Un peu plus de six mois après, comment vivent les milliers de sinistrés tchadiens ? Et comment s'adapter à un phénomène qui devrait se reproduire et s'amplifier dans les années à venir ? De notre envoyé spécial de retour de Ndjamena,Devant le calme et la beauté des lieux le long du fleuve Logone, difficile d'imaginer l'ampleur des inondations de 2024 au Tchad. « Tout le village a été inondé. Même nos champs ont été inondés. Même l'école a été inondée, se souvient Mathieu Njilbé, le délégué du quartier de Kabé. Avant, il y avait déjà eu des inondations, mais pas comme cette année. Il y en avait un peu, mais celles de 2024 nous ont dépassés. »90% du quartier ravagé par les eaux, les habitants ont fui, au Cameroun, de l'autre côté du fleuve, ou à l'intérieur des terres. Et sans ressources, il est impossible aux sinistrés de reconstruire leur maison. « Jusqu'à aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, certains ne peuvent pas rentrer chez eux, car ils n'ont pas d'abri pour poser la tête », déplore Mékunda Gargoulai, qui vit dans un hangar improvisé avec ses 12 enfants. À lire aussiTchad: la crue du fleuve Chari atteint un niveau inédit, Ndjamena toujours sous les eaux« Nous sommes tellement nombreux que les abris construits ne nous contiennent pas »Pour reloger les milliers de sinistrés, des camps ont été construits, comme celui où vit Nojimbadoum Nanidoum, mère de six enfants et veuve. Sur ce site, ce sont pas moins de 34 000 personnes qui sont accueillies dans des conditions précaires. « Nous sommes arrivés ici le 25 octobre. Mais nous sommes tellement nombreux que les abris construits ne nous contiennent pas, alerte-t-elle. Certains sont obligés d'habiter des abris de fortune. La vie ici est vraiment dure. Chacun se bat pour essayer de nourrir sa famille. »Manque de nourriture, absence de maternité et d'école, une fois encore, femmes et enfants demeurent les principales victimes. Une question se pose alors : comment continuer à vivre au bord du fleuve ? « Où peut-on aller ? Nous, nous n'avons pas les moyens d'acheter un terrain ailleurs, explique Mathieu Njildé. Donc, on va vivre ici, pour toujours. » « On a peur, renchérit cette sinistrée. On a l'inquiétude que, pendant l'année 2025 ou 2026, les inondations soient plus élevées encore ».S'adapter au changement climatiquePour Robert de l'ONG Caidel, le centre d'appui aux initiatives de développement locales qui vient en aide aux sinistrés, une seule solution : « Avec ce changement climatique, finalement, ils sont obligés maintenant de changer et de s'adapter à ce climat. »Construire des maisons plus solides, adapter les cultures, les défis sont nombreux et les besoins énormes. Alors le président des sinistrés de Kabé lance un appel : « Quand la population souffre d'une telle manière, il faut faire comment ? C'est la population de l'État. Il faut que le gouvernement tchadien pense aussi à cette population. » À lire aussiAu Tchad, après les inondations, les tentatives de reconstruction
Repas opulents, cadeaux, entraide financière… Le Ramadan pèse lourd sur le budget des ménages. Des pays comme la Guinée, le Tchad ou les Comores ont pris des mesures pour faire baisser ou encadrer le prix de certaines denrées alimentaires. Est-ce suffisant ? Comment allez-vous célébrer ce mois de fête malgré la cherté de la vie ? On attend vos témoignages.
Le Fespaco 2025 a rendu son verdict : le Burkinabè Dani Kouyaté s'empare de l'Étalon d'or de Yennenga avec "Katanga, la danse des scorpions", un film qui interroge les jeux de pouvoir en Afrique. Un troisième sacre pour le Burkina Faso, 34 ans après "Tilaï" d'Idrissa Ouedraogo, et 28 ans après "Buud Yam" de Gaston Kaboré.
Le 28 février 2025, le Bénin célèbrera le 35è anniversaire de sa Conférence nationale souveraine. Un rendez-vous historique qui a permis de jeter les bases de la démocratie et qui fut copié dans de nombreux tats d'Afrique francophone. Où que vous soyez sur le continent, racontez-nous comment s'est déroulée la conférence nationale dans votre pays ? Trois décennies après, les acquis sont-ils préservés ? Émission enregistrée à Cotonou.Invités :- Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin et ancien ministre des Affaires étrangères. Il a participé aux travaux de la Conférence nationale- Gilles Yabi, analyste politique, fondateur de WATHI, un laboratoire d'idées citoyen de l'Afrique de l'Ouest, basé à Dakar au Sénégal- Père Nathanaël Soédé, aumonier national des cadres et personnalités politiques du Bénin.
Le 28 février 2025, le Bénin célèbrera le 35è anniversaire de sa Conférence nationale souveraine. Un rendez-vous historique qui a permis de jeter les bases de la démocratie et qui fut copié dans de nombreux États d'Afrique francophone. Où que vous soyez sur le continent, racontez-nous comment s'est déroulée la conférence nationale dans votre pays ? Trois décennies après, les acquis sont-ils préservés ? Émission enregistrée à Cotonou.Invités :- Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin et ancien ministre des Affaires étrangères. Il a participé aux travaux de la Conférence nationale- Gilles Yabi, analyste politique, fondateur de WATHI, un laboratoire d'idées citoyen de l'Afrique de l'Ouest, basé à Dakar au Sénégal- Père Nathanaël Soédé, aumonier national des cadres et personnalités politiques du Bénin.
Au Tchad, les enfants des écoles coraniques sont souvent obligés de pratiquer la mendicité pour subvenir aux besoins de leur établissement. Issus des différentes provinces du pays, ces enfants sont accueillis dans ces écoles pour obtenir une éducation religieuse. Mais faute de financement, leur mendicité est une pratique quotidienne indispensable pour pouvoir manger à leur faim. Depuis quelques mois, le Secours Islamique France a lancé l'initiative « Tawidhe », qui instaure des partenariats avec certaines de ces écoles afin d'apporter un soutien aux établissements et aux enfants.
Étoiles, lune, planètes, galaxies... comment débuter en astronomie et initier les enfants ? Qu'est-ce que l'astronomie et pourquoi est-elle si fascinante ? Comment peut-on observer les merveilles du ciel, même sans équipement sophistiqué ? Quels sont les premiers pas pour devenir un astronome amateur ? Cette émission vous donne les clés pour explorer le cosmos, comprendre notre place dans l'univers et propose des activités avec les enfants. Cette émission est une rediffusion du 13 novembre 2024. Avec :• Sylvain Bouley, planétologue et président de la Société astronomique de France• Caroline Lachowsky, journaliste et présentatrice de l'émission Autour de la question, le magazine de toutes les sciences sur RFI. En ouverture d'émission, l'École autour du monde avec Naïla Derroisné, correspondante de RFI au Chili : le projet de réforme du financement de l'enseignement supérieur du président de gauche Gabriel Boric.En fin d'émission, Un parent, une question et les conseils du psychologue Ibrahima Giroux, professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Il répond à la question d'Abdelfatah, directeur d'école à Abéché au Tchad qui se demande comment aider 2 élèves qui parlent peu, ne jouent pas et semblent malheureux. Programmation musicale :► Honey Bee - Ibibio Sound Machine► Tornde - Isnebo, Faadah Kawtal.
Étoiles, lune, planètes, galaxies... comment débuter en astronomie et initier les enfants ? Qu'est-ce que l'astronomie et pourquoi est-elle si fascinante ? Comment peut-on observer les merveilles du ciel, même sans équipement sophistiqué ? Quels sont les premiers pas pour devenir un astronome amateur ? Cette émission vous donne les clés pour explorer le cosmos, comprendre notre place dans l'univers et propose des activités avec les enfants. Cette émission est une rediffusion du 13 novembre 2024. Avec :• Sylvain Bouley, planétologue et président de la Société astronomique de France• Caroline Lachowsky, journaliste et présentatrice de l'émission Autour de la question, le magazine de toutes les sciences sur RFI. En ouverture d'émission, l'École autour du monde avec Naïla Derroisné, correspondante de RFI au Chili : le projet de réforme du financement de l'enseignement supérieur du président de gauche Gabriel Boric.En fin d'émission, Un parent, une question et les conseils du psychologue Ibrahima Giroux, professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Il répond à la question d'Abdelfatah, directeur d'école à Abéché au Tchad qui se demande comment aider 2 élèves qui parlent peu, ne jouent pas et semblent malheureux. Programmation musicale :► Honey Bee - Ibibio Sound Machine► Tornde - Isnebo, Faadah Kawtal.
La France restitue, ce jeudi, (20 février 2025) sa base militaire de Port-Bouët en Côte d'Ivoire. Après le retrait des militaires français du Tchad, le mois dernier, et avant le départ des troupes du Sénégal d'ici à la fin de l'année, que vous inspire l'évolution du dispositif militaire français en Afrique ? Vos réactions nous intéressent.
D'après le site d'information congolais Actualité CD, qui s'appuie sur des sources locales, les rebelles de l'AFC/M23 se rapprochent de la ville d'Uvira dans le Sud-Kivu.Des colonnes de rebelles sont passées à Sange, sur la RN5, qui a connu des scènes de panique : « des habitants ont préféré se réfugier dans les montagnes après avoir constaté l'avancée des rebelles. Sange est à 35 kilomètres d'Uvira où des affrontements ont lieu entre des militaires congolais et les miliciens Wazalendo depuis avant-hier ».En effet, précise Actualité CD, les militaires congolais et les miliciens Wazalendo se sont repliés à Uvira face à l'avancée des rebelles du M23 et des combats ont éclaté entre eux. « À la base de ces altercations, les Wazalendo ne digèrent pas le départ de certaines troupes congolaises avec leur matériel de guerre vers Kalemie, dans le Tanganyika », plus au sud. Bilan de ces affrontements : au moins 17 morts hier et avant-hier.Dans le même temps, poursuit Actualité CD, « Uvira s'est vidée de la majorité de ses habitants. Ceux qui restent sont terrés dans leurs maisons. De nombreuses personnes se sont réfugiées au Burundi (voisin), tandis que d'autres ont pris la direction de Kalemie ou encore Moba, dans le Tanganyika. Hier mercredi, une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux montrant des centaines de militaires congolais dans une embarcation au port de Kalundu à Uvira à destination de Kalemie ».Le Burundi dans l'expectative…« Les défaites s'enchaînent pour l'armée congolaise », constate également Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC. « Hier, la rébellion a continué sa progression éclair vers le sud avec, en ligne de mire, la ville d'Uvira sur les bords du lac Tanganyika. L'offensive du M23 ne semble plus rencontrer de résistance de l'armée congolaise et de l'armée burundaise, censée la soutenir ».En effet, relève Afrikarabia, les soutiens des alliés de Kinshasa, Burundi, Afrique du Sud, Ouganda, semblent de plus en plus « incertains ».Pour ce qui est du Burundi, précise le site « sans appui suffisant des FARDC, les soldats burundais ont dû décrocher et abandonner la ville avant de se replier vers le sud. Après ce nouveau revers, l'armée burundaise a décidé de retirer une partie de ses troupes. Sur les 10 000 soldats burundais déployés en RDC, combien en reste-t-il aujourd'hui ? Difficile de le dire. Le Burundi est désormais dans l'attente d'un sursaut de Kinshasa et veut des assurances sur une nouvelle mise en place au sein du commandement des FARDC ».L'Afrique du Sud échaudée…Et puis, « même son de cloche chez un autre allié de Kinshasa : l'Afrique du Sud, pointe encore Afrikarabia. L'armée sud-africaine a perdu 14 soldats dans la prise de Goma et le président Cyril Ramaphosa est fortement chahuté en interne par son opposition sur son engagement militaire auprès de la RDC. L'Afrique du Sud a écrit au Ministère des Affaires étrangères congolais pour se plaindre de l'attitude des soldats congolais sur le champ de bataille. Pretoria a également conditionné le niveau de son assistance militaire à des changements importants au sein des FARDC. Félix Tshisekedi se doit donc de rassurer ses deux alliés pour obtenir un engagement militaire plus fort. Le souci, relève le site, c'est que le président congolais a déjà remanié plusieurs fois sa chaîne de commandement, sans résultat sur le terrain. La recherche d'un nouveau casting vire au casse-tête ».Le Tchad à la rescousse ?En attendant, Félix Tshisekedi continue de frapper « à toutes les portes », s'exclame Le Pays au Burkina. Le Pays qui croit savoir, qu'après le Burundi, l'Afrique du Sud et l'Ouganda, le président congolais demande maintenant l'assistance militaire du Tchad.Et le quotidien ouagalais de s'interroger : « ne gagnerait-il pas à descendre de son piédestal et à accepter enfin de dialoguer avec toutes les parties, y compris le M23 qu'il ne peut pas voir même en peinture ? C'est l'option que de nombreux médiateurs, de Nairobi à Dar es Salam, en passant par les hommes d'Eglise en RD Congo, ont proposée pour espérer sortir le pays de l'ornière ».
Alors qu'il va fêter son premier anniversaire, le Club RFI Moundou du Tchad présente le programme de ce grand moment placé sous le thème « Les jeunes du Logone Occidental face aux enjeux climatiques et numériques ». Il parle aussi de ses initiatives notamment son engagement pour lutter contre les violences faites aux femmes. Avec la participation de : Mbaugoto Josué, président du Club RFI Moundou ; Djibrine Abakar ; Mbairakoula Théophile ; Madjilem Mbailhornom Salem ; Madjidoum Victoire.Cousine/invitée : Dion-Ouman Lelmbaye Régime, de l'association MAVI (Maison d'Assistance aux violences intimes).Musique : « Trop c'est trop », Moîta Seydou Stéphanie. Réalisation : Quentin Moulin.
durée : 00:10:02 - Les Nuits de France Culture - par : Philippe Garbit - Heure de culture française - Retour d'Afrique : l'Oubangui Chari et le Tchad, une causerie du médecin Antoine Trajan de Saint Inès, diffusée la première fois le 07/02/1950 sur la Chaîne Nationale. - réalisation : Virginie Mourthé
« En Afrique, il faut que la France change d'attitude et de langage », affirme un rapport rédigé par trois sénateurs français, la socialiste Marie-Arlette Carlotti, le centriste François Bonneau et le LR Ronan Le Gleut. Dans ce document intitulé Voir l'Afrique dans tous ses États, les trois élus français passent au scanner les huit ans de politique africaine d'Emmanuel Macron. Ses réussites comme ses échecs. Ils font aussi 20 propositions pour l'avenir et invitent notamment le pouvoir français à faire preuve au Sahel de « patience stratégique ». La sénatrice de Marseille, Marie-Arlette Carlotti, répond à Christophe Boisbouvier. RFI : Pourquoi dites-vous qu'Emmanuel Macron a eu de bonnes initiatives, mais a montré une certaine arrogance et a été dépassé par les événements ? Marie-Arlette Carlotti : Parce que c'est la vérité. Parce qu'il a compris que la distanciation entre l'Afrique et la France est devenue quelque chose de terriblement dramatique pour nous, pour la relation qu'on avait. Alors, il a voulu se ressaisir. Alors, il a décidé de faire un agenda transformationnel. Le mot est chic, mais derrière ça, il n'y a pas de véritable changement d'attitude. Des tentatives sur les œuvres d'art restituées, des tentatives de se rapprocher de la société civile. Mais tellement de maladresses, tellement de condescendance. Donc voilà, il s'est trompé. Et d'ailleurs, ce qu'on dit dans notre rapport, c'est que la parole de la France, elle ne doit pas être uniquement de la part de l'Élysée. Il n'y a que l'Élysée qui parle à l'Afrique et aux Africains. Il faut redorer le blason de notre diplomatie qui a su faire, qui était compétente, qui était bien diffusée dans l'ensemble des pays. Il faut redorer le blason du ministère des Affaires étrangères quand même. Et puis, il y a nous qui sommes des parlementaires et c'est toujours facile de se parler entre parlementaires. Voilà, donc il s'est trompé, il a vu qu'il s'était trompé, mais il n'arrive pas à sortir de ce post-néocolonialisme-là, il est toujours dedans, voilà ! Sur la fermeture récente des bases militaires françaises en Afrique, vous regrettez un manque d'anticipation de la France, alors que c'est elle-même qui avait amorcé le mouvement, pourquoi ? Parce qu'on sentait bien qu'il y avait un rejet. Regardez, dans tous les pays, l'ensemble de la société civile et d'ailleurs, les hommes qui se présentent aux élections disent tous qu'on refusera la base militaire parce qu'ils savent qu'il y a une aspiration. Les bases sont l'incarnation du colonialisme, les séquelles du colonialisme. On a été rejeté. C'est parti de Barkhane, on est resté trop longtemps sans savoir ce qui se passait derrière. À l'égard de l'Alliance des États du Sahel, vous dites que la France doit faire preuve de « patience stratégique face aux menées prédatrices de la Russie ». Mais pour l'instant, les ponts sont quasiment coupés avec le Mali, le Burkina et le Niger… Eh bien, la patience, c'est qu'aujourd'hui les pays d'Afrique, notamment au Sahel où on a eu des relations très étroites, ils n'ont plus envie de nous. Il y a un manque d'envie là, et ils sont allés chercher ailleurs, et notamment avec les Russes, et notamment pour se défendre eux-mêmes et défendre d'ailleurs les juntes qui ont pris le pouvoir la plupart du temps. Eh bien, le temps fera son affaire. C'est-à-dire qu'à force, ils auront peut-être compris la situation. Ils auront compris que ça leur coûte beaucoup plus cher. Ils auront compris qu'ils sortaient d'une dépendance pour se mettre dans une autre dépendance. Et du coup, voilà, soyons présents, soyons attentifs et soyons patients. Je ne voudrais pas que nos relations soient terminées avec le monde africain, l'Afrique en général et chacun des pays. Moi, je suis très attachée au Mali, au Niger. En fait, avec toute cette région. J'y suis allée souvent et je ne voudrais pas ça, et j'espère que voilà, chemin faisant, il y aura un regard en direction de la France, à condition que la France change d'attitude et de langage. Et vous écrivez que « la France doit continuer à jouer sa partition en changeant de méthode et en s'appuyant sur des atouts toujours présents ». Quels sont ces atouts ? Ah ben, les atouts toujours présents, c'est la francophonie. Ce sont les relations qu'on a avec les pays d'Afrique, avec la population, les échanges qu'on peut avoir. Et d'ailleurs, on met l'accent sur… En tout cas, moi, je mets particulièrement l'accent sur les visas. Parce que si on traite mal les pays d'Afrique, si on traite mal les gens qui viennent faire leurs études, qui viennent travailler dans nos pays, si on a des politiques d'immigration restrictives en les montrant du doigt, je ne vois pas pourquoi les relations s'arrangeraient. Donc voilà, on a des atouts, à condition qu'on les prenne en main. Vous dites que « l'image de la France s'est dégradée en Afrique parce que la France s'est éloignée des sociétés civiles et s'est principalement adressée à des élites qui sont aujourd'hui très minoritaires ou écartées du pouvoir ». Faut-il un autre narratif ? Et lequel ? La France, vous le savez, elle a toujours défendu les valeurs des droits de l'homme. C'est normal, hein ! C'est le pays des Lumières, et cetera, mais dans la réalité, c'est la realpolitik qui l'a complètement emporté. On dit qu'on est pour les droits humains et on s'affiche avec les dirigeants les plus autoritaires, les vieilles dynasties, et cetera, au nom de la stabilité de la sous-région. Donc, on a eu des accommodements et la société civile ne peut pas le comprendre. Donc, on doit continuer à exiger des valeurs et parler un peu plus correctement aux Africains. Ne pas leur donner des leçons, ne pas faire des boutades scandaleuses, comme l'a fait le président de la République en disant que tel chef d'État va arranger la climatisation. Ce sont des stupidités, voyez, mais qui pèsent lourd dans nos relations. La dénonciation au Niger, les yeux fermés au Tchad, vous dites que c'est une politique du double standard ? Bah oui, c'est le double standard, ça veut dire deux poids, deux mesures. On donne d'un côté une leçon, on condamne au Niger, on condamne au Mali et, d'un autre côté, on s'accommode avec le Tchad. Donc, je trouve que ça aussi, ça fait partie d'un double langage que la France ne doit plus avoir. À lire aussi Propos polémiques d'E. Macron sur l'Afrique : « Un président vexé car il estime avoir fait le maximum »
Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur les déclarations de Donald Trump sur Gaza et des frappes américaines en Somalie. Tchad : vers le déploiement de soldats turcs ? Alors que les derniers militaires français quittaient le territoire tchadien, des drones turcs étaient installés sur l'ancienne base française de Faya-Largeau. Quel est intérêt de la Turquie d'équiper l'armée tchadienne ? Ankara pourrait-elle déployer des troupes pour remplacer la présence française ?Avec Franck Alexandre, journaliste spécialiste des questions de défense et de sécurité à RFI. Gaza : les États arabes refusent l'expulsion des Gazaouis Donald Trump propose de « nettoyer » la bande de Gaza en transférant une grande partie de ses habitants en Égypte et en Jordanie pour transformer le territoire en « Côte d'Azur du Moyen-Orient ». Pourtant alliés de Washington, Le Caire et Amman rejettent catégoriquement cette idée. Comment le président américain réagit-il à cette fin de non-recevoir ?Avec Adel Bakawan, chercheur associé à l'IFRI (Institut français des relations internationales), spécialiste du Moyen-Orient. Somalie : pourquoi les États-Unis ont-ils à nouveau frappé Daech ? Annoncées par Donald Trump, des frappes américaines ont tué des responsables de la branche somalienne du groupe État Islamique. Comment les États-Unis justifient-ils cette opération ? Pourraient-ils poursuivre leurs interventions militaires en Somalie ?Avec Manon Lefebvre, maîtresse de conférences en civilisation des États-Unis à l'Université Polytechnique des Hauts-de-France.
Au Tchad, l'installation de la nouvelle Assemblée nationale marque la fin de la transition politique. Que retenez-vous de ce chapitre qui aura duré trois ans et demi ? Le chemin parcouru est-il à la hauteur de vos attentes ? Et maintenant, quelles sont vos priorités ?
Dans l'est du pays, Goma panse ses plaies… La vie reprend petit à petit son cours dans le capitale du Nord Kivu. Après plusieurs jours de combats.. Au moins 700 personnes sont mortes, et des milliers d'autres ont été blessés depuis dimanche (moins d'une semaine) selon les Nations-Unies.
Réagissez à l'actualité de votre choix avec Juan Gomez. RFI vous donne la parole. L'occasion d'aborder des thèmes qui ne font pas toujours la Une des médias français et internationaux.
« Plus de 1000 blessés en six jours à Goma, les hôpitaux sont débordés », titre Actualité.cd, qui précise que la majorité des victimes sont des « civils touchés par des tirs de balles et des explosions d'artillerie lourde ». Le site d'information congolais a interrogé Bruno Lemarquis, le coordonnateur des Nations unies en RDC, selon lequel « le manque de médicaments, d'équipements et de personnel soignant met en péril la prise en charge des blessés et augmente le risque de pertes humaines ». « Les infrastructures médicales de Goma », poursuit Actualité.cd, « infrastructures déjà fragilisées par des années de conflit, peinent à absorber l'afflux de patients. Plusieurs hôpitaux signalent une pénurie de matériel chirurgical, d'antibiotiques et de sang, compliquant les interventions d'urgence ». De son côté, Objecti-infos.cd rend compte de la visite à Kinshasa du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, hier. « Le chef de l'État congolais, Felix Tshisekedi et le patron de la diplomatique française, ont fait le point sur la situation sécuritaire et humanitaire dans l'est du pays ». Il a également été question de l'attaque de l'ambassade de France à Kinshasa, par des manifestants, cette semaine. « Félix Tshisekedi a réitéré ses regrets, à la suite de ces incidents malheureux », précise Objectif-infos.cd.Intérêts nationauxDans la presse africaine également, la fin de la présence militaire française au Tchad. « Le retrait des bases militaires du Tchad », rappelle Le Journal du Tchad, a été ordonné « par le président tchadien, le maréchal Mahamat Idriss Déby Itno. Il a estimé que la présence militaire française, est devenue obsolète et il a dénoncé l'accord de défense liant les deux pays ». De son côté Tchadvision, parle d'un « tournant significatif dans la quête du Tchad pour une autonomie accrue. En renforçant ses forces militaires, tout en redéfinissant ses partenariats, le pays aspire à forger un avenir où ses intérêts nationaux priment ». « Se défaire des anciennes chaînes et des dépendances militaires », conclut Tchadvision, « est un défi immense, mais aussi une opportunité exceptionnelle pour bâtir une paix durable et une société plus résiliente ».Erreur ou zèleDirection le Burkina Faso, où la presse s'émeut d'un évènement survenu en France : l'expulsion d'une jeune élève burkinabé vers la Belgique, jeune élève que les gendarmes français sont venus arrêter au sein même de son école. « Reconduite à la frontière : la France ne doit pas tomber dans les « Trumperies », s'exclame Wakatsera, qui rappelle que la jeune fille « a été reconduite à la frontière belge, en compagnie de sa mère et de son petit frère, sans avoir eu le temps de prendre le moindre effet personnel ». « Ironie du sort », remarque Wakatsera, « c'est en plein cours de français, cette langue qui a la magie de rassembler tous ceux qui la pratiquent autour de fortes valeurs séculaires (…) que l'adolescente a connu cette mésaventure, qui pourrait bien la traumatiser à vie ». Une intervention, souligne le site d'information, qui a « suscité l'ire de personnes qui se sont rassemblées pour dénoncer cette interpellation à l'école ». La ministre française de l'Éducation « n'a d'ailleurs pas manqué de procéder à un rappel à l'ordre, qui mentionne que « les interventions des forces de police et de gendarmerie liées aux procédures d'éloignement sont strictement interdites dans le cadre scolaire ». Et Wakatsera de s'interroger : « Méconnaissance, erreur ou zèle des agents de la gendarmerie qui ont conduit cette opération dont a été victime la jeune collégienne ? Des investigations seront certainement menées pour déterminer l'origine de cette bavure, car s'en est une ! », martèle le site burkinabé.
C'est la fin d'une longue histoire. Après 65 ans de présence quasi continue, les militaires français quittent le Tchad vendredi 31 janvier. En ce jour historique, les Français sont-ils amers ? Christophe Lemoine est le porte-parole du ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier, en s'exprimant tout d'abord sur l'escalade militaire dans l'est de la République démocratique du Congo. Cela au moment où son ministre, Jean-Noël Barrot, effectue une tournée dans la région. RFI : au Nord-Kivu et maintenant au Sud-Kivu, c'est l'escalade militaire. Comment peut-on y mettre fin ? Christophe Lemoine : Alors, c'est une situation effectivement qui est très inquiétante et une situation qui est extrêmement évolutive. Il y a eu des incursions des troupes du M23, soutenues par le Rwanda, qui ont pris la ville de Goma, qui se dirigent maintenant vers le sud de la région. C'est extrêmement inquiétant, surtout parce que, pour les populations civiles, c'est absolument dramatique. Il y a eu des morts, il y a des milliers de Congolais qui sont sur les routes et qui fuient les combats et c'est une situation qui doit cesser.Du point de vue de la France, le meilleur moyen de faire cesser cette situation, c'est de trouver une issue diplomatique et une issue par le dialogue entre le président [congolais Félix] Tshisekedi et le président [rwandais Paul] Kagame pour pouvoir mettre en place un plan de retrait total de ces troupes du M23 du territoire congolais.Est-ce que vous demandez aussi le retrait des troupes rwandaises ? Oui, oui, absolument. Il y a un principe qui est absolument essentiel en la matière, c'est le principe du respect de la souveraineté territoriale de la République démocratique du Congo. Le Kivu est un territoire congolais et, effectivement, les troupes étrangères doivent quitter la zone du Kivu.L'Allemagne vient de suspendre son aide au développement du Rwanda. Est-ce que la France envisage de réduire elle aussi son aide, voire de décider des sanctions contre le Rwanda ?Pour le moment, il n'y a pas de décision qui a été prise formellement, ni en termes d'aide publique au développement. S'agissant des sanctions, vous savez que ce sont des décisions qui se décident soit à l'ONU, soit au niveau de l'Union européenne. Donc, c'est une discussion que nous devons avoir à Bruxelles, avec nos partenaires européens, et aux Nations unies, avec l'ensemble des États qui sont représentés au Conseil de sécurité. L'objectif de la France est clair. Après, les moyens qui seront déployés pour permettre d'atteindre une solution diplomatique, c'est ouvert.En novembre dernier, l'Union européenne, avec un avis favorable de la France, a accordé une nouvelle enveloppe de 20 millions d'euros à l'armée rwandaise pour financer sa projection au Mozambique. Alors du coup, le Congo est en colère. Il ne comprend pas comment vous pouvez soutenir une armée qui viole ouvertement le droit international…Mais en l'espèce, spécifiquement sur le sujet que vous citez, c'est une aide qui a été apportée au Rwanda dans le cadre d'une opération de lutte contre le terrorisme au Mozambique. Donc, ça semble être totalement justifié.C'est aujourd'hui que les militaires français quittent le Tchad, après 65 ans de présence quasi continue dans ce pays. Est-ce qu'on peut parler d'un déclin de l'influence française en Afrique ? Alors, je ne poserai pas la chose comme cela. La fermeture de la base qui a lieu aujourd'hui au Tchad est le fruit d'un dialogue que nous avons eu avec les autorités tchadiennes. Donc il y a eu avec le Tchad une discussion, assez constructive d'ailleurs, dans le cadre effectivement d'un redimensionnement du dispositif français. La fermeture de la base en est donc en fait la conséquence assez logique.Maintenant, ce n'est absolument pas la fin de la coopération avec le Tchad en matière militaire, mais aussi, d'une manière plus générale, de la coopération bilatérale avec le Tchad, que ce soit l'aide publique au développement, que ce soit la coopération économique, que ce soit la coopération culturelle, les échanges d'étudiants.Enfin, tout cela n'est pas remis en cause, bien au contraire. Il s'agit simplement d'un redimensionnement de notre dispositif militaire. Donc la fermeture de la base qui a lieu aujourd'hui est l'aboutissement assez naturel de ce dialogue que nous avons eu avec les autorités tchadiennes.Il y a un mois, Le président français a regretté « l'ingratitude » de plusieurs pays africains où des militaires français sont intervenus et, pour certains, ont perdu la vie. « Ils ont oublié de nous dire merci », a regretté le président à propos de ces pays. « Ce sont des déclarations humiliantes et inacceptables », a répondu le ministre tchadien des Affaires étrangères. Qu'en pensez-vous ? Je pense que le président de la République faisait expressément référence aux opérations qui ont été déployées dans certains pays du Sahel à la demande de ces États.Vous pensez au Mali ?Alors, les opérations Barkhane et Serval, je pense notamment au Mali effectivement, où des opérations extérieures françaises ont été déployées, encore une fois à la demande de ces pays, c'était en 2013. Les troupes françaises ont été déployées. Elles ont permis de lutter assez efficacement contre le terrorisme. La France a perdu dans ces opérations 58 soldats français et je pense que c'est à cela que faisait référence le président de la République.Ce n'était pas une critique qui s'adressait aux Tchadiens qui, pour le coup, n'étaient pas concernés par ces opérations. Encore une fois, je pense qu'il faut être assez précis dans la situation et ne pas mélanger les choses. Les mots du président de la République concernaient expressément ces opérations Barkhane et Serval qui ont été déployées par la France. Encore une fois, à la demande des pays concernés.
Au Tchad, après avoir contesté les résultats de l'élection présidentielle et boycotté les législatives, l'opposant Succès Masra déclare sa confiance dans les institutions et se dit prêt à travailler avec le président Mahamat Idriss Déby. Que vous inspire ce revirement ? Quelles en seront les conséquences politiques ? Vos analyses nous intéressent.
Au Tchad, la compagnie artistique théâtrale Kadja Kossi est en résidence de création de 45 jours autour de la pièce de théâtre intitulé La marche du Tchad de la période coloniale à la cinquième République. Cette pièce raconte le parcours du pays au fil du temps. De notre correspondant à Ndjamena,C'est sous une tente dressée dans un domicile privé de Ndjamena, que l'on peut entendre les artistes, comédiens, balafonistes et tamtameurs répéter leurs mouvements.Avant la colonisation, le pouvoir était entre les mains de puissants guerriers, des détenteurs d'armes. En 1891, la France entre au Tchad et organise trois expéditions militaires contre l'esclavagiste Rabah. Samuel, un des acteurs principaux, parle du premier gouvernorat : « En 1938, le premier gouvernorat du Tchad est confié à un Français, Guyane. Deux ans plus tard, en 1940, suite à l'occupation de la France par le régime nazi, Félix Éboué devient le premier gouverneur français à répondre à l'appel lancé depuis Londres par le général de Gaulle pour la France libre. Et c'est du Tchad que partira la colonne Leclerc, remontant triomphalement jusqu'à Paris et Strasbourg pour la libération de la France ».À lire aussiChronologie du Tchad indépendantFaire découvrir l'histoire du Tchad à la jeune générationProclamé République le 28 novembre 1958 et devenu indépendant le 11 août 1960, le Tchad a été secoué par des mouvements de rébellion et a connu plusieurs coups d'État. Pour Mariam Mayoumbilla présidente de la compagnie et autrice de la pièce, le travail n'a pas toujours été facile : « Il a fallu mener de nombreuses recherches. Par exemple, l'accord de Kinshasa, je n'ai pas pu l'obtenir jusqu'à aujourd'hui. Peut-être que certaines informations manqueront, mais c'est le plus beau cadeau de ma vie et le bouquet final que je dépose à la fin de ma carrière artistique et culturelle ».La particularité de la mise en scène réside dans l'assemblage d'un texte, de musique et de chœurs. Oumarou Aboubacari Bétodji, le metteur en scène, est venu du Niger : « Déjà, il faut souligner que ce n'est pas une pièce de théâtre traditionnelle. L'autre particularité, c'est son aspect pluridisciplinaire. C'est un véritable défi, car je ne connais pas en profondeur l'histoire du Tchad, mais c'est toujours passionnant de découvrir l'inconnu ».À lire aussiTchad: une pièce de théâtre pour dénoncer le harcèlement sexuel à l'école
Réagissez à l'actualité de votre choix avec Juan Gomez. RFI vous donne la parole. L'occasion d'aborder des thèmes qui ne font pas toujours la Une des médias français et internationaux.
La presse du continent ne se fait aucune illusion. L'état du monde n'est pas la tasse de thé du nouveau président américain et l'Afrique encore moins. Comme le dit WalfQuotidien à Dakar : « Donald Trump n'aura pas à beaucoup secouer l'arbre par rapport aux relations avec l'Afrique qui vraisemblablement n'est pas sa priorité ».En effet, complète Le Pays au Burkina, « l'Afrique n'intéresse pas le désormais président des États-Unis, et pourrait être encore ignorée comme elle l'a été durant son premier mandat. C'est vrai que cette fois, il n'a pas tenu des propos insultants à l'égard de certains États qu'il avait qualifiés de “pays de merde“, mais, pointe Le Pays, ce deuxième mandat risque lui aussi de laisser un souvenir désagréable aux Africains en raison non seulement de sa politique en matière d'immigration, qui fermera les portes de l'Amérique aux jeunes du continent, mais aussi en raison de l'imposition des droits de douane pour les importations africaines aux États-Unis, avec la très forte probabilité de ne pas renouveler, cette année, l'African Growth and Opportunity Act (l'AGOA) qui exonère de taxes douanières un certain nombre de produits en provenance de 32 pays d'Afrique sub-saharienne ».Le culte de l'homme fort…Toutefois, souligne Jeune Afrique, l'homme en tant que tel, avec sa poigne et ses outrances n'est pas sans séduire certains dirigeants du continent… C'est vrai, explique le site panafricain, « certains leaders africains adeptes du néo-virilisme “kiffent“ le style de celui qui est redevenu hier le locataire de la Maison Blanche. Au fantasque Ougandais Yoweri Museveni ou aux putschistes francophones bombeurs de poitrine, le culte de l'homme fort n'est pas pour déplaire. Pour peu que Donald Trump consacre une once d'attention aux pays africains, il pourrait rendre la politesse aux aficionados nationalistes de la poignée de mains vigoureuse. Pour peu, effectivement, qu'il lorgne du côté du continent, car il n'y a effectué aucun voyage officiel lors de son premier mandat. Ces derniers mois, relève encore Jeune Afrique, la campagne électorale de la revanche n'a guère été émaillée d'allusions au continent, ni dans le barnum communicationnel d'Elon Musk, ni dans les diverses auditions de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d'État. Mais, s'interroge le site panafricain, n'est-ce pas ce qui convient le mieux à nombre de dirigeants africains ? Comme la Chine ou la Russie, le partenaire international idéal des démocraties approximatives n'est-il pas une puissance économique volontairement aveugle aux modes de gouvernance ou au traitement des droits humains ? ».Un terrain de jeu pour contrer la Chine ?Finalement, le seul intérêt que Donald Trump pourrait trouver à l'Afrique, c'est d'en faire un terrain de jeu pour contrer les avancées de certains de ses rivaux. C'est du moins ce qu'affirme Ledjely en Guinée : « presque traumatisé par les avancées de l'Empire du Milieu, le président américain pourrait ne pas être insensible à l'influence grandissante que le pays de Xi Jinping engrange en Afrique. Cela pourrait conduire les États-Unis à se montrer plus attentifs aux principaux partenaires de la Chine sur le continent. Il s'agit notamment de l'Afrique du Sud, du Nigeria et de l'Égypte. En tant que fournisseurs essentiels de minerais de la Chine, la RD Congo et la Guinée pourraient également intéresser les États-Unis. Il en va de même pour l'Angola, le Tchad, mais aussi le Soudan, dont les ressources, notamment pétrolières, sont également convoitées. Dans la même optique, relève encore Ledjely, il est possible que les États-Unis s'impliquent un peu plus dans la résolution de la crise politique et sécuritaire au Sahel. Ce n'est pas que les présidents en treillis issus des coups d'État gênent en quoi que ce soit le président Trump. Mais les liens étroits que ces dirigeants entretiennent avec Moscou peuvent être perçus comme une menace pour les intérêts américains dans la région. Cela signifie qu'Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahmane Tiani pourraient intéresser Washington. Mais, conclut le site guinéen, il est sans doute trop tôt pour se faire une idée de l'outil que Donald Trump utilisera contre eux : la carotte ou le bâton ? ».Le Maroc applaudit…Enfin, parmi les pays africains qui se félicitent de l'arrivée de Trump au pouvoir, il y a le Maroc…On se souvient qu'en un seul tweet en 2020, Trump avait reconnu la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental. Désormais, pointe Le Monde Afrique, le Maroc espère bien que les États-Unis « apporteront la touche finale : l'établissement d'un consulat américain au Sahara occidental. (…) L'acte, s'il venait à se confirmer, serait hautement symbolique ». Pour Rabat, ce serait le signe d'un nouveau « pas en avant vers la résolution, en sa faveur, du litige sahraoui ».
Aux États-Unis, c'est ce lundi 20 janvier que Donald Trump revient au pouvoir. Lors de son premier mandat, sa politique africaine n'avait pas laissé un souvenir impérissable. Jeff Hawkins a été l'ambassadeur des États-Unis en Centrafrique. Aujourd'hui, il est chercheur associé à l'IRIS, l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques, et enseigne à Sciences Po Paris. RFI lui a demandé ce qui allait changer dans la politique africaine des États-Unis avec Donald Trump… RFI : Qu'est-ce qui va changer avec Donald Trump dans la politique africaine des États-Unis ?Jeff Hawkins : Il y a deux réponses à cette question. Il y a ce qu'on craint et il y a ce qu'on pourrait espérer. Et donc ce qu'on pourrait craindre, c'est une continuation, une reprise de la position de Donald Trump lors de son premier mandat, c'est-à-dire un désintéressement quasi total pour le continent, avec cette différence assez importante, c'est que, à l'époque, lors du premier mandat, la machine continuait à tourner. Donc, même si le président n'y avait jamais mis les pieds, même si le président rencontrait très peu de chefs d'État africains, il y avait quand même une diplomatie, une assistance, un Pentagone derrière qui continuaient à interagir, et à s'engager avec l'Afrique. Cette fois-ci, ce qu'on pourrait craindre, c'est que non seulement le président ne s'y intéresserait pas, mais tout ce qui vient derrière aussi, ça risque de s'effacer. Et notamment, je pense à un Africain très influent à Washington en ce moment. En l'occurrence, Elon Musk, qui est chargé de couper les budgets de façon dramatique. Je pourrais très bien envisager par exemple une coupe importante de l'assistance américaine vis-à-vis de l'Afrique et même un retrait des forces américaines du continent. Il en reste quand même 2000 au moment où on parle. Donc, ça c'est à craindre. Sinon, on peut espérer peut-être que, dans le contexte d'une nouvelle guerre froide avec la Chine, il va plus que la dernière fois, faire un peu attention à l'Afrique.Vu de Donald Trump, quels sont les pays africains qui comptent ?Déjà en pourrait dire que les pays pétroliers, leNigeria, l'Angola, ça pourrait l'intéresser. Le Congo avec ses ressources minérales : le coltan, le cobalt et tout ça. Sinon, peut-être les pays où les Chinois sont particulièrement implantés, ou alors les pays où les Chinois risqueraient de s'implanter militairement. Donc, à un certain moment, et ça, c'était pendant l'administration Biden, on avait parlé d'une base chinoise possible en Guinée équatoriale par exemple, et on a vu tout de suite l'administration s'activer autour de cette question.Vous avez parlé du Congo Kinshasa. L'administration Biden a été assez prudente ces derniers temps dans le conflit dans l'est de ce pays. Elle ne semble pas avoir exercé de pression particulière sur le Rwanda afin qu'il cesse son aide militaire aux rebelles du M 23. Qu'en sera-t-il à votre avis avec la nouvelle administration ?Je ne sais pas, il y a déjà quelques noms qui ont été cités comme les responsables pour l'Afrique dans la nouvelle administration, pour l'instant pas confirmés, mais qui sont là dont monsieur Peter Pham qui a été envoyé spécial sous Donald Trump, la première fois, pour les Grands lacs. Et donc si cette personne arrive au département d'État comme responsable pour l'Afrique, c'est quelqu'un qui connaît déjà les dossiers.Monsieur Pham qui est francophone ?Oui.L'un des échecs de Joe Biden en Afrique, c'est le basculement du Niger dans le camp de la Russie. Et le départ des troupes américaines de Niamey et d'Agadez. Est-ce que Donald Trump pourrait tenter un comeback au Sahel ?Ça, c'est une question très intéressante, surtout étant donné un peu l'effondrement de la position française dans la région. Franchement, la collaboration dans le domaine de la sécurité entre la France et les États-Unis a été assez forte en Afrique. Donc c'est non seulement le retrait des quelque 900 troupes américaines de Niamey, d'Agadez, mais c'est aussi le départ des Français du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad. Et donc, il y a une sorte de vide qui s'est créé, rempli notamment par les Russes, et je pense que l'administration Trump serait tentée d'intervenir un peu plus, sachant que Trump, on peut dire ce qu'on veut, mais ce n'est pas un interventionniste. Il est très peu attiré par des conflits à l'étranger.Est-ce que Wagner est un épouvantail aussi bien pour monsieur Trump que pour monsieur Biden ?Je l'espère bien. La présence russe sur le continent africain, c'est vraiment difficile. Contrairement aux Chinois qui représentent un concurrent réel et durable pour l'Amérique, la Russie, par contre, cherche à nous miner plutôt que d'établir des relations privilégiées avec les pays africains à proprement parler. Donc c'est vraiment dangereux, c'est sérieux et je pense qu'à Washington, on prend la menace de Wagner Group, d'Africa Corps, comme ça s'appelle maintenant, très au sérieux.À lire aussiLa posture souverainiste de Donald Trump séduit certains leaders africains
Selon une récente enquête du Digital education council, 86% des étudiants utilisent l'intelligence artificielle dans le cadre de leurs études supérieures. Des professeurs s'agacent des devoirs rédigés totalement ou en partie par ChatGPT, un robot conversationnel dopé à l'intelligence artificielle générative. Mais loin de n'être qu'une aide à la triche ou au plagiat, l'IA représente pour certains la possibilité de nouveaux outils pédagogiques avec, par exemple, l'élaboration d'exercices personnalisés, adaptés aux besoins de chaque élève. Comment l'arrivée de l'intelligence artificielle dans les salles de classe bouscule l'enseignement ? De quelle manière modifie-t-elle le travail des professeurs ? Les devoirs à faire chez soi ont-ils encore un sens face à l'utilisation croissante de ChatGPT par les élèves ? Avec :• Thierry de Vulpillières, président et co-fondateur d'EvidenceB, entreprise qui développe des solutions éducatives basées sur les sciences cognitives et l'IA. Un reportage de Charlie Dupiot dans un collège.Initier les élèves, dès le collège, à l'intelligence artificielle, c'est le pari d'Asmae Barkia, professeure de mathématiques au Collège Stendhal à Nantes, un établissement REP+, en réseau d'éducation prioritaire renforcée dans cette ville de l'ouest de la France. Notre reporter Charlie Dupiot a pu assister à ce premier atelier spécial IA.En ouverture d'émission L'école autour du monde, l'actualité de l'éducation : à Mayotte, la rentrée scolaire est reportée. Par Justine Rodier, envoyée spéciale de RFI à Mayotte. En fin d'émission, Un parent, une question et les conseils du psychologue Ibrahima Giroux, professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Il répond aujourd'hui à la question de Khamis à Moundou au Tchad qui se demande comment accompagner la scolarité de sa fille brillante.Programmation musicale :► Djeneba Djaba - Debordo Leekunfa► Funds - Davido ft. Odumodublvck et Chike.
Au Tchad, après 65 ans de présence quasi continue, c'est au plus tard dans deux semaines, le 31 janvier 2025, que les troupes françaises doivent partir. Pourquoi le président tchadien Mahamat Idriss Déby a-t-il pris cette décision surprise le 28 novembre dernier ? La guerre civile au Soudan voisin est-elle l'une des causes de la brouille entre Ndjamena et Paris ? Hoinathy Remadji est chercheur principal et spécialiste du bassin du lac Tchad et de l'Afrique centrale pour l'Institut d'études de sécurité. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier, en s'exprimant d'abord sur les affrontements qui ont fait vingt morts le 8 janvier à Ndjamena. RFI : Une semaine après, est-ce qu'on en sait un peu plus sur l'attaque du palais présidentiel de Ndjamena le 8 janvier dernier ?Hoinathy Remadji : On n'en sait pas plus. Sauf que cette attaque a été menée par une vingtaine de jeunes. Une sorte de commando de fortune qui, contre toute attente, a pu pénétrer dans les prémices de la présidence avant d'être neutralisé.Est-ce que ce n'était pas suicidaire ?Évidemment, c'est très suicidaire pour un groupe de jeunes, pas très entrainés du tout et sans moyens militaires, de débarquer et d'essayer ainsi de prendre d'assaut la présidence. Totalement suicidaire.« Ces jeunes pieds nickelés venaient des quartiers pauvres du sud de Ndjamena », a précisé le porte-parole du gouvernement. Qu'est-ce que signifie cette petite phrase ?Le gouvernement va même plus loin en disant notamment, le ministre, « qu'il connaît leur ethnie d'origine mais qu'il ne voudrait pas en parler ». Mais dans le contexte tchadien, de telles allégations sont relativement problématiques parce que les quartiers de la ville de Ndjamena ont une géographie et une anthropologie propres. Donc indexer ainsi tout un quartier, il y a derrière en fait des risques de stigmatisation qui pourraient poser des problèmes.Est-ce qu'il y a eu des arrestations ?De source officielle, il n'y a pas encore eu d'arrestation. La rumeur enfle cependant autour de l'arrestation d'un général. Mais en l'absence de toute communication officielle, je pense qu'on en reste pour le moment à des conjectures.Alors, en toile de fond de tous ces événements, il y a un fait historique… C'est, d'ici la fin de ce mois de janvier, le départ de tous les militaires français du Tchad. Avec le recul, quelle est à votre avis, la raison principale pour laquelle le président Mahamat Idriss Déby a pris cette décision le 28 novembre dernier ?Le premier élément, c'est d'abord que le souverainisme actuellement comme argument politique est dans l'air du temps. Et le Tchad n'est pas le premier pays qui fait ce choix, il y en a beaucoup d'autres dans le Sahel notamment, c'est la première chose. Deuxièmement, il peut y avoir la question de l'engagement supposé ou faux du Tchad dans le conflit soudanais, dans un rôle qui ne siérait pas justement aux acteurs qui voudraient contribuer à la résolution de ce problème-là, notamment la France. Donc, il y a à voir certainement des différents éléments d'achoppement, peut-être déjà dans les relations entre le Tchad et la France, qui se seraient cristallisés avec des discussions lors du passage du ministre français des Affaires étrangères à Ndjamena.Alors, vous l'avez dit, l'une des causes des frictions entre Ndjamena et Paris, c'est le soupçon des Français que le Tchad laisse transiter sur son territoire l'aide militaire des Émirats arabes unis aux rebelles soudanais du général Hemetti. Est-ce que cet éventuel appui aux Forces de soutien rapide pourrait être un vrai choix stratégique de la part du Tchad dans le conflit soudanais ?Il est important de rappeler que ce soutien, donc supposé, est d'abord très fortement soupçonné par le pouvoir soudanais, qui dit aujourd'hui disposer des éléments de preuves de ce qui se passe à la frontière tchadienne. Et malgré les démentis du Tchad, le Soudan continue à insister. Et aujourd'hui que le Tchad se retrouve éventuellement à prendre parti dans ce conflit, je pense que stratégiquement, c'est un risque pour le Tchad, parce que, quelle que soit l'issue du conflit au Soudan, il y aura des impacts le long de la frontière et, dans une certaine manière, sur l'est du Tchad en matière humanitaire, de sécurité, mais aussi économique.Un risque qui serait encore plus important si demain les rebelles des Forces de soutien rapide (FSR) perdaient la bataille au Soudan ?Éventuellement, parce que si Hemetti venait à perdre la guerre face aux forces dirigées par le général al-Burhan, cela va d'abord aggraver l'instabilité de cette longue frontière par une dispersion des milices se battant contre les FSR, donc notamment les milices zaghawa, qui, parce que alliées à al-Burhan, verraient leurs positions renforcées.À l'occasion de la fête de l'indépendance du Soudan, le 1ᵉʳ janvier dernier, le président tchadien a félicité son homologue soudanais, le général Abdel Fattah al-Burhan, malgré tous les reproches que celui-ci lui fait. Est-ce que c'est le signe que le Tchad cherche peut-être à rééquilibrer ses relations dans le conflit soudanais ?Pendant que justement le Soudan continue sa diatribe diplomatique contre le Tchad à l'international, l'acte de Mahamat Idriss Déby est à saluer, parce qu'il y a plus à gagner pour les deux pays si le Tchad se place dans une position d'apaisement, une position pour contribuer à résoudre le conflit plutôt qu'à être accusé d'attiser le feu. Donc c'est très important, ce début de retour en fait du Tchad à des sentiments meilleurs. Espérons donc que, du côté du Soudan aussi, cela soit reçu comme tel et que des possibilités de négociations s'ouvrent entre les deux pays pour que le Tchad reprenne sa position de contributeur de paix au Soudan, plutôt qu'à continuer d'endosser, à tort ou à raison, l'habit de quelqu'un qui attise plutôt le feu dans ce conflit-là, dans un pays frère et voisin.
L'armée française continue son désengagement du Tchad. Après 60 ans de présence, elle quitte la base militaire d'Abéché, située à l'est du pays, l'avant dernière étape avant le retrait définitif.
Réagissez à l'actualité de votre choix avec Juan Gomez. RFI vous donne la parole. L'occasion d'aborder des thèmes qui ne font pas toujours la Une des médias français et internationaux.
« Les assaillants de cette vaine tentative visaient à me vitrifier, mais ils ont été vitrifiés par la vaillance, la vigilance et le courage de la Garde présidentielle ». Tels sont les propos du chef de l'État, Mahamat Idriss Déby Itno, après cette attaque contre le palais présidentiel, mercredi soir. Propos repris par Tchad Infos. Le Journal du tchad, de son côté, évoque une « tentative de déstabilisation » et rappelle que 18 assaillants ont été « neutralisés près du Palais présidentiel ». « Un groupe d'individus a déferlé sur les gardes du Palais, malgré les consignes et les sommations », a expliqué le procureur Oumar Mahamat Kedelaye, « au 20 heures de la télévision nationale », précise Tchad Vision, ajoutant que ces individus « ont forcé l'entrée, et la Garde Présidentielle a riposté ».IncohérencesUne version officielle à laquelle ne croit guère Max Kemkoye, dont les propos sont cités par Tachad. « Dans une intervention incisive », nous dit le site d'information, l'opposant « a critiqué le récit officiel, qu'il qualifie de 'malheureux montage' ». Selon lui, « l'idée que des assaillants, armés de simples couteaux et en état d'ébriété, aient pu résister aux forces de sécurité pendant plusieurs heures, est non seulement absurde, mais met en lumière des incohérences graves dans la gestion sécuritaire du pays ». Et il s'interroge : « Si des individus désorganisés peuvent s'approcher d'un lieu hautement sécurisé, qu'en est-il de la sécurité de l'ensemble du territoire et des citoyens ? ».Point tripleA la Une également, une nouvelle attaque terroriste au Bénin. « Partie comme une rumeur aux premières heures de ce jeudi 9 janvier 2025, les informations ont finalement été confirmées par un responsable de l'armée », annonce la Nouvelle Tribune. « Il s'agit, selon un haut gradé, d'un total de 28 morts enregistrés dans les rangs des Forces de Sécurité et de Défense Béninoises ». « L'attaque a eu lieu au niveau du Point Triple », aux confins du Bénin, du Burkina et du Niger. Le quotidien la Tempête parle d'un « véritable carnage représentant la plus grosse perte subie par le Bénin, depuis son engagement dans la lutte contre le terrorisme ». La Tempête ajoute que « les assaillants ont lancé une offensive dans le camp des soldats béninois autour de 16 heures, entraînant un échange de tirs qui a duré près de huit heures ». « Après quoi », précise encore le journal, « l'armée béninoise a réussi à neutraliser des dizaines de présumés djihadistes ». « Difficile de dire le nombre d'assaillants tués », estime le quotidien béninois, « mais on parle d'environ une cinquantaine de pertes côté djihadiste ». Enfin, dans les colonnes de Banouto, le colonel Faizou Gomina, chef d'état-major de la Garde nationale, « déplore l'attaque et la perte des soldats béninois, et présente ses condoléances aux familles ».Débats et spéculationsNous allons à présent en Côte d'Ivoire. En ligne de mire : l'élection présidentielle qui aura lieu au mois d'octobre. « Présidentielle 2025 : Alassane Ouattara prêt à continuer à servir son pays », titre Afrik.com. « Une annonce qui ravive le débat politique et suscite des interrogations », ajoute le site d'information. Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 11 ans, a fait lors de ses vœux au corps diplomatique, « une déclaration sous le sceau de l'hésitation », nous dit Afrik.com qui reprend les propos du président ivoirien : « À la date d'aujourd'hui, je n'ai pas encore pris de décision. Mais je peux vous rassurer que je suis en pleine santé et désireux de continuer à servir mon pays ». « La déclaration du président ne manquera pas d'alimenter les débats et spéculations dans les milieux politiques et médiatiques », estime de son côté Fraternité Matin, pour qui « le suspens reste entier, mais une chose est certaine : le chef de l'État demeure résolument engagé pour le bien-être de la nation ivoirienne ». Enfin, l'Infodrome rappelle que l'opposition est hostile « à cette candidature qui serait illégale, au regard de la Constitution ivoirienne limitant à deux le nombre de mandats possible. »
Au Soudan, les paramilitaires des FSR sont accusés de génocide, une accusation formulée mardi par les États-Unis. « Les Forces de soutien rapide, FSR, et ses milices alliées ont systématiquement assassiné des hommes et des garçons sur une base ethnique, et ont délibérément ciblé les femmes et les filles de certains groupes ethniques pour les violer et leur faire subir d'autres formes de violence sexuelle brutales », a déclaré Anthony Blinken, le secrétaire d'État américain. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour utiliser ce terme de génocide ? Quelles conséquences peuvent avoir les sanctions contre le général Mohamed Hamdane Dogolo, dit « Hemedti », le commandant des FSR et contre les sociétés liées aux paramilitaires ? Éléments de réponses avec Thierry Vircoulon, chercheur associé à l'IFRI. RFI : Les États-Unis accusent officiellement les FSR de génocide. Sur quels faits se basent-ils ? On parlait jusque-là de crimes de guerre. Qu'est-ce qui a fait évoluer le département d'État américain ?Thierry Vircoulon : Il y a eu des enquêtes sur les combats qui ont eu lieu au Darfour, notamment dès le début de la guerre en 2023. Et, il avait été clairement montré à cette époque que les Masalit, qui sont une tribu qui se trouve surtout dans la région de el-Geneina, au Darfour Ouest [au Soudan], avaient été particulièrement ciblés par les FSR et par des milices arabes alliées au FSR. Ce qui avait conduit à la fuite des Masalit au Tchad, dans la région d'Adré. Et donc, ces enquêtes ont mis en évidence que les Masalit avaient été ciblés en tant que tels et du coup les autorités américaines ont déduit qu'on était dans une situation qui pouvait être qualifiée de génocide.Mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour utiliser officiellement ce terme de génocide ?Parce que les États-Unis ont lancé dès le début du conflit une tentative de médiation, que cette tentative de médiation a eu plusieurs rebondissements, mais elle a finalement échoué en août 2024. Et par conséquent, maintenant, ils ont décidé de faire évidemment monter la pression. Je pense qu'avant, ils n'avaient pas encore pris cette décision justement parce qu'ils voulaient préserver les chances de cette médiation.Washington a annoncé en parallèle prendre une série de sanctions contre le chef des paramilitaires, Mohamed Hamdane Dogolo dit «Hemedti » et contre des sociétés liées aux FSR. Concrètement, est ce que ces sanctions peuvent faire évoluer le cours de cette guerre ou est-ce uniquement symbolique ?Non, je pense que c'est surtout symbolique. Le général Hemedti a construit un empire financier, un empire économique, qui est en grande partie lié aux Émirats arabes unis et ce qui est très intéressant, c'est de voir que les 6 ou 7 entreprises qui viennent d'être sanctionnées par les États-Unis sont toutes des entreprises situées aux Émirats arabes unis. Et donc là, on peut dire que le Trésor américain en effet sanctionne un peu le cœur financier de l'empire économique de Hemedti.Mais est-ce que ces sanctions contre ces sociétés peuvent avoir réellement un impact sur le financement des paramilitaires et sur la livraison d'armes ?Le problème des sanctions, c'est toujours le même : c'est de savoir si elles seront appliquées ou non. Et comme en fait ces entreprises sont basées aux Émirats arabes unis, l'application des sanctions va beaucoup dépendre de l'attitude des autorités émiraties. Et en fait, depuis le début de ce conflit, il y a eu des échanges entre Washington et les Émirats arabes unis. Et Washington a essayé d'infléchir la position des Émirats arabes unis qui sont le principal soutien de Hemedti. Donc, avec ces sanctions, on sent qu'ils font aussi monter la pression sur les autorités émiraties.On sait que les États-Unis vendent du matériel d'armement aux Émirats arabes unis. Avec ces sanctions, ces livraisons de matériels vont-elles pouvoir se poursuivre ?Oui, parce que en fait la relation entre les États-Unis et les Émirats arabes unis est plus large que la question soudanaise, donc ça n'affectera pas les livraisons d'armes, etc.Un mot sur Hemedti, le commandant des FSR, ancien chef de milices redouté au Darfour. On sait qu'il a tenté d'améliorer son image à l'international. Quelles peuvent être les conséquences pour lui de ces accusations et de ces sanctions ?Ces sanctions, elles mettent en évidence publiquement ce que tous les spécialistes savaient : c'est-à-dire que le cœur de son empire économique se trouve à Dubaï. Donc, c'est ça l'effet principal et l'effet recherché : de mettre en évidence le lien économique fort qui existe depuis longtemps entre lui et les Émirats arabes unis.Ces accusations des États-Unis interviennent quelques jours seulement avant l'arrivée de Donald Trump au pouvoir. La future administration américaine pourrait-elle avoir une autre lecture de ce qui se passe aujourd'hui au Soudan ?On va voir en effet comment ça va évoluer lorsque Trump rentrera dans le bureau ovale, parce que on dit beaucoup qu'il a des intérêts économiques, des intérêts d'affaires dans les monarchies du Golfe. Et donc, ça peut en effet conduire à des changements de politique. Il y a une vraie interrogation sur la politique qu'il va mener et la relation qu'il va avoir avec les monarchies du Golfe.À lire aussiSoudan: les Forces de soutien rapide du général Hemedti accusées de massacres de civils dans le centre À lire aussiSoudan: à El-Facher, «Hemedti veut marquer une suprématie sur le Darfour»
Le calme est revenu jeudi dès le début de la matinée dans la capitale tchadienne, au lendemain d'une "attaque" aux motifs encore flous au Palais présidentiel. 18 assaillants et deux militaires ont été tués, selon un nouveau bilan des autorités et un récit officiel mis en doute par certains opposants. Les dispositifs de sécurité renforcés et les interdictions de circulation mises en place mercredi soir ont été levés jeudi matin, aux abords de la présidence où la circulation était normale.
Ce matin, les journalistes et experts de RFI répondaient à vos questions sur le départ de Didier Deschamps de son poste d'entraineur de l'équipe de France, les propos polémiques d'Emmanuel Macron tenus devant les ambassadeurs de France, les combats au nord de la Syrie entre factions armées soutenues par la Turquie et Kurdes et sur la situation sécuritaire dans le territoire de Masisi à l'est de la RDC. Football : Didier Deschamps quitte ses fonctionsAprès 12 ans en fonction, Didier Deschamps a officialisé son départ de l'équipe de France à l'issue de la Coupe du monde 2026. Pouvait-on s'attendre à son départ ? Pourquoi reste-t-il jusqu'en 2026 ? Zinédine Zidane est-il intéressé par le poste ? Avec Antoine Grognet, journaliste au service des sports de RFI Afrique : pourquoi les propos d'Emmanuel Macron ne passent pas ?Devant les ambassadeurs de France, le président de la République a déclaré que la fin des partenariats militaires était un choix de Paris, des propos contredits par le Sénégal et le Tchad. Pourquoi une telle divergence dans l'interprétation des faits ? Le départ des troupes françaises est-il réellement le résultat de négociations ? Avec Pierre Firtion, journaliste au service Afrique de RFISyrie : pourquoi la Turquie combat les Kurdes ?Des affrontements ont lieu dans le nord de la Syrie entre les factions armées soutenues par la Turquie et les forces kurdes syriennes. Quelles sont les raisons de ces combats ? Pourquoi le conflit s'est-il intensifié depuis la chute de Bachar el-Assad ?Avec Oriane Verdier, journaliste au service international de RFIRDC : la cité de Masisi-centre sous le contrôle du M23On a appris qu'hier l'armée avait repris le contrôle de la cité de Masisi-centre, agglomération stratégique située à quelques dizaines de kilomètres de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Est-ce que c'est dû au récent remaniement de l'armée du président Tshisekedi ? Plusieurs milliers de personnes ont déjà fui vers des localités voisines. Comment seront-elles prises en charge ? Avec Henry-Pacifique Mayala, coordinateur du baromètre sécuritaire du Kivu, un projet du Groupe d'études sur le Congo et de Human Rights Watch qui cartographie les violences armées dans l'est de la RDC
Que s'est-il passé hier soir dans la capitale tchadienne ? « Une série de tirs nourris a retenti près de la présidence, rapporte le site TchadVision. Des hommes armés ont tenté d'infiltrer le complexe présidentiel. La réaction des forces de sécurité a été immédiate et efficace. Plusieurs assaillants ont été abattus, tandis que d'autres ont été capturés. » Il y aurait au total 19 morts : 18 assaillants et un garde présidentiel.Un compte-rendu succin, quasi-copie conforme des déclarations officielles des autorités tchadiennes.Un peu plus tard dans la soirée, rapporte Jeune Afrique, « le ministre tchadien des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement a assuré que la situation était “sous contrôle“ et a évoqué “un petit incident“. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et filmée dans l'enceinte de la présidence, Abderaman Koulamallah a affirmé, pistolet à la ceinture, qu'il n'y avait “aucune crainte et rien de grave“. »Interrogé ensuite par la télévision nationale, le même Abderaman Koulamallah a estimé que l'attaque n'était « probablement pas terroriste », alors que des rumeurs évoquaient une possible action des djihadistes de Boko Haram, et que cette attaque avait été menée par un « ramassis de pieds nickelés », drogués et alcoolisés venus d'un quartier pauvre du sud de la ville avec « des armes, des coupe-coupe et des couteaux. » Questions en série…Alors la presse de la sous-région s'interroge ce matin.« Comment ces individus ont-ils pu pénétrer dans un périmètre censé être hautement sécurisé ? Quel était leur nombre exact ? » se demande WalfQuotidien au Sénégal.Beaucoup de questions aussi pour WakatSéra au Burkina Faso : « que s'est-il passé, alors que la nuit tombait sur Ndjamena ? Une attaque menée par la nébuleuse Boko-Haram qui fait la loi au Nigeria voisin ? Une attaque de ces groupes rebelles qui rôdent constamment aux frontières du Tchad ? Une tentative de déstabilisation “éradiquée“ comme l'a dit le porte-parole du gouvernement ? (…) Toutes les hypothèses sont dans la balance, même si celles de tentative de coup d'État, d'attaque de rebelles ou de terroristes, ont été, pour l'instant, balayées par le porte-parole du gouvernement. »Ledjely en Guinée s'interroge en écho : « qui sont les membres de ce commando qui a eu l'audace de s'en prendre au site le plus protégé du Tchad ? Quels étaient leurs objectifs ? Surtout, comment expliquer la facilité avec laquelle ils ont atteint la présidence ? »En tout cas, poursuit Ledjely, « bien que très rapidement défaits, ces assaillants ont néanmoins mis en lumière une défaillance sécuritaire inquiétante de la part du Tchad. Que le commando ait réussi à approcher la menace si près de la présidence n'a rien de normal. C'est révélateur d'un problème majeur de renseignement. Un problème qui pourrait bien être lié, affirme le site guinéen, au vaste changement que le président tchadien a opéré en octobre dernier dans la hiérarchie des différents corps de l'armée et de la sécurité. Un coup de balai dont l'ampleur a surpris plus d'un tant il était inédit. »Choguel Maïga : « trop encombrant… »À lire également, cette fois dans Le Monde Afrique, cet article sur le parcours de Choguel Maïga, l'ex-Premier ministre malien, limogé en novembre dernier. Le Monde Afrique détaille le cheminement, parfois tortueux, de cette « figure politique qui a servi presque tous les pouvoirs depuis plus de vingt ans et qui est accusé maintenant par la junte de malversations financières. (…) Choguel Maïga était la principale figure civile du pouvoir que les militaires ont instauré mais sa liberté de ton a fini par le rendre trop encombrant. » Qui plus est, poursuit Le Monde Afrique, « depuis son renvoi, le volubile Maïga n'a pas choisi la discrétion, multipliant les consultations, dont certaines filmées à son domicile, dans lesquelles il souffle le chaud et le froid sur ses intentions politiques et son positionnement vis-à-vis du régime militaire. »Résultat, constate un opposant cité par le journal : « il va arriver à Choguel ce qui est arrivé aux autres hommes politiques que les autorités ont jugés trop gênantes : la mise sous mandat de dépôt. Ce ne sera qu'un procès politique de plus, jugé par une Cour suprême à la solde du pouvoir. »
La situation est "totalement sous contrôle" à N'Djamena, après une "tentative de déstabilisation" qui "a été éradiquée", a déclaré mercredi soir le porte-parole du gouvernement tchadien, Abderaman Koulamallah, à la suite de tirs nourris dans le centre de la capitale. Selon plusieurs sources sécuritaires, un commando armé a attaqué l'intérieur du Palais présidentiel avant d'être maîtrisé par la garde présidentielle.
« Non, la France n'est pas en recul sur le continent africain, elle se réorganise ». Que vous inspirent les propos du président Emmanuel Macron alors que les militaires français vont également devoir se retirer du Sénégal et du Tchad ? Quel avenir pour les relations entre la France et l'Afrique ? Vos analyses nous intéressent.
« Nous nous en sortirons tout seuls », affirme le ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, après la décision de son président, Mahamat Idriss Déby, de faire partir tous les militaires français du Tchad d'ici à la fin de ce mois de janvier. Comment le Tchad réagira-t-il si une nouvelle colonne rebelle attaque à partir de la Libye ou du Soudan ? Le Tchad envisage-t-il un partenariat stratégique avec un autre pays étranger ? Abderaman Koulamallah, à la fois chef de la diplomatie et porte-parole du gouvernement tchadien, répond sans détours aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Ce lundi à Paris, le président français Emmanuel Macron a dit que le départ des soldats français du continent africain était une initiative de lui-même et a ajouté : « Nous avons proposé aux chefs d'État africains de réorganiser notre présence militaire et, comme on est très poli, on leur a laissé la primauté de l'annonce ». Comment vous réagissez ?Abderaman Koulamallah : Bon, d'abord. Les propos dans leur ensemble sont désobligeants et carrément irrespectueux vis-à-vis des chefs d'Etat africains et de l'Afrique tout entière. Nous avons dit que ces propos étaient des propos méprisants vis-à-vis des dirigeants africains et que la France doit comprendre que le temps des colonies est terminé. Pour notre part, la décision du départ des troupes françaises du Tchad est une décision souveraine, qui n'a jamais été négociée avec qui que ce soit, ni avec les dirigeants français, ni avec le président Macron. C'est une décision que le président Mahamat Idriss Déby, le maréchal Mahamat Idriss Déby, a prise et qui est conforme à son programme politique : revisiter les accords de coopération militaire. Nous ne voulons plus de bases militaires sur notre territoire. C'est une décision politique, une décision de souveraineté et une décision pour notre indépendance.Alors vous dites que c'est une décision politique, mais c'est aussi une décision stratégique. À plusieurs reprises ces 20 dernières années, les militaires français, notamment les avions Mirage 2000, ont aidé le gouvernement tchadien à repousser les offensives rebelles. La dernière fois, c'était il y a juste six ans en 2019. Qu'est ce qui se passera en cas de nouvelle tentative d'incursion d'une colonne rebelle en provenance de Libye ou du Soudan ?Mais plus récemment, en 2021, l'armée tchadienne s'est battue toute seule contre les groupes terroristes, qui ont même porté atteinte à la vie de notre cher et bien aimé défunt maréchal du Tchad, Idriss Déby Itno. Et c'est l'armée tchadienne, avec à sa tête le président de la République de l'époque lui-même, qui a repoussé et anéanti les colonnes rebelles. A ce moment, nous n'avons pas eu besoin de l'aide de la France. Nous avons pris cette décision que vous dites stratégique. Effectivement, c'est stratégique. Je peux vous affirmer que ça, c'est parce que nous avons pesé nos capacités de riposte, de vaincre tout ennemi qui s'aventurerait sur notre territoire. Nous n'avons besoin de personne, que cela soit dit une bonne fois pour toute.Vous n'avez plus besoin de l'appui aérien de la France ?On n'a besoin de l'appui de personne. Nous nous en sortirons tout seuls.Avec peut-être aussi de nouveaux amis sur la scène internationale ? On pense aux Émirats arabes unis qui peuvent éventuellement vous apporter un soutien stratégique ?Mais pourquoi voulez-vous qu'on décide de faire partir une puissance militaire étrangère et de faire les yeux doux à d'autres puissances ? Il n'y aura aucune autre base étrangère sur notre territoire.Dans son discours de lundi à Paris, Emmanuel Macron a dit aussi que la France avait eu raison d'intervenir militairement en Afrique contre le terrorisme en 2013, mais que les dirigeants africains avaient « oublié de dire merci ». Qu'est-ce que vous en pensez ?Mais ça, ce sont des propos qui sont extrêmement blessants, il ne faut pas réduire les relations entre la France et l'Afrique simplement à la lutte contre le terrorisme. Il y a des milliers de soldats africains qui sont morts pour la France et ces propos, comme le président Macron les a dits, sont vexants, humiliants et inacceptables pour les Tchadiens et pour tous les Africains. Nous avons aussi combattu auprès des Français et la France n'a pas toujours dit merci aux soldats africains qui sont morts sur son territoire.Historiquement, en janvier 2013, est-ce que l'intervention française au centre du Mali n'a pas sauvé Bamako qui était menacée par une colonne rebelle de jihadistes ?Vous interrogerez le ministre malien des Affaires étrangères sur cette question, je ne veux pas me prononcer sur cette question.Oui, mais en février 2013, les militaires français et tchadiens combattaient côte à côte dans le nord du Mali contre les jihadistes. A la tête du contingent tchadien, il y avait un certain général Mahamat Idriss Déby, qui est aujourd'hui le président de votre pays…C'est ce qui vous permet de dire que la France n'a pas été la seule puissance à se battre et à sauver, entre guillemets, le Mali. Il y a eu aussi des Africains et notamment des Tchadiens, notamment le président Mahamat Idriss Déby, qui se sont battus pour notre liberté collective.Donc vous ne dénoncez pas l'intervention militaire française au Mali en 2013 ?Je n'ai pas à me prononcer sur la présence militaire française au Mali. Je laisse aux Maliens le soin de savoir si cette présence militaire au Mali était bénéfique pour eux ou pas.À lire aussiPropos polémiques d'E. Macron sur l'Afrique: «Un président vexé car il estime avoir fait le maximum»
Le Sénégal, tout comme le Tchad, a vivement réagi aux propos du président français Emmanuel Macron, qui a notamment reproché aux dirigeants africains d'avoir « oublié de lui dire merci » pour les interventions militaires françaises au Sahel et affirmé que les retraits des troupes françaises étaient le résultat de négociations avec les différents pays du continent. Faux et « regrettable », répond le porte-parole du gouvernement sénégalais et ministre de la Formation professionnelle, Amadou Moustapha Ndieck Sarre, qui se dit lui aussi indigné par les déclarations d'Emmanuel Macron. Il est l'invité de RFI. RFI : Le président français qui a affirmé avoir réorganisé sa présence militaire sur le continent et avoir laissé la primeur de l'annonce du départ des troupes françaises par politesse aux pays africains, qu'en pensez-vous ?Amadou Moustapha Ndieck Sarre : Permettez-moi d'abord de parler de la forme de sa déclaration, diplomatiquement parlant, on a vu un président particulièrement condescendant et même hautain sous bien des formes. On l'a entendu parler de politesse, on l'a entendu également parler d'absence de remerciements et tout ça, ce n'est pas diplomatique et c'est à déplorer. La 2ᵉ chose, c'est que dans le fond, nous avons bien vu que le président Macron est totalement passé à côté. Et pour ce qui concerne leSénégal, ce qu'il a dit n'a rien à voir avec la vérité. La présence de l'armée française n'a eu aucune influence sur la stabilité du Sénégal. Le Sénégal a toujours été un pays stable et jamais on a eu besoin de recourir à des forces étrangères pour permettre à notre pays d'être stable. À la place de cette condescendance, le président français devait au moins présenter des excuses aux africains. Malheureusement, il a eu cette sortie que nous trouvons tout à fait malheureuse.Pour revenir au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye annonçait le 28 novembre dernier, puis à nouveau le 31 décembre, le départ des troupes françaises qui restent au Sénégal dès 2025. Qu'en est-il, est-ce que c'est un départ qui a été négocié, est-ce que des échanges avec la France ont eu lieu sur ce sujet ?Ce départ a été décidé de façon souveraine par le gouvernement Sénégalais. Vous savez, nous, quand nous étions dans l'opposition, nous avions toujours réclamé la souveraineté totale de notre pays. Et arrivé à la tête du Sénégal, justement, il fallait donner corps à cette volonté, à cette promesse faite au peuple sénégalais. Voilà pourquoi le président de la République a décidé de manière souveraine à revoir les accords de défense avec les étrangers d'une façon générale, et c'est ainsi qu'il a donné des instructions au ministre des forces armées pour déterminer les modalités de renégociation de ces accords de défense et la conséquence de cette décision a été de demander aux forces étrangères de quitter le sol sénégalais.Est-ce qu'il y a eu des échanges sur le fond entre Sénégalais et Français entre avril et maintenant, sur le départ de ces troupes françaises du Sénégal ?Il n'y a eu aucun échange, c'est le Sénégal qui a décidé de son propre chef de demander aux forces françaises de quitter et actuellement, le ministre des Forces armées entend déterminer les modalités.Le 20 juin dernier, Bassirou Diomaye Faye a rencontré le président français Emmanuel Macron. Quand Emmanuel Macron lui a demandé s'il souhaitait le départ des troupes françaises, il a répondu ne pas avoir pris encore de décision pour le moment. Est-ce qu'il y a eu quelques mois d'hésitation entre juin et novembre ?C'était certainement le timing de la réflexion. Mais ce qui est sûr et certain, c'est que la décision de faire quitter les forces étrangères du sol sénégalais était prise depuis très longtemps. Diplomatiquement parlant, il ne pouvait pas publiquement dévoiler la décision qu'il allait prendre.200 militaires français environ sont encore basés au Sénégal. Quel est le chronogramme envisagé pour le départ de ces troupes ?Le ministre des Forces armées fera certainement une sortie pour déterminer les modalités. Vous serez informé.Du côté des militaires français, on me dit qu'ils sont en attente de savoir ce que souhaite le gouvernement sénégalais. Qu'en est-il, est-ce qu'il y a des réunions prévues pour pouvoir parler de tout ça ?Ça n'a pas encore été décidé, mais ça, ça se décidera.Est-ce que vous savez quelles emprises sont concernés ? Parce qu'il y a deux emprises près du port, une emprise à Ouakam, il y a aussi cette base d'écoute à Rufisque. Est-ce que ce sont ces quatre emprises qui vont partir ?Mais forcément, quand on parle de sortie des troupes françaises, des troupes étrangères du sol sénégalais, il s'agit de toutes les troupes qui doivent quitter le Sénégal. Nous allons reprendre toutes les emprises entre les mains de l'armée française actuellement.Qu'en est-il des Américains ? Il y a, je crois, au Sénégal aussi, la présence de soldats américains. Est-ce qu'ils vont aussi être amenés à partir ?Toutes les forces étrangères sont concernées parce que ce que nous voulons, c'est recouvrer la souveraineté totale de notre pays. Toutes les forces étrangères sont concernées, pas spécifiquement la France.À lire aussiFin des accords militaires avec la France: le Tchad et le Sénégal réagissent avec virulence aux propos d'Emmanuel MacronÀ écouter dans Afrique midiPropos polémiques d'E. Macron sur l'Afrique: «Un président vexé car il estime avoir fait le maximum»
Au Tchad, les élections communales, provinciales et législatives organisées ce week-end marque la fin d'un processus de transition politique qui aura duré plus de trois ans. Les Tchadiens, qui font face à des défis considérables, étaient plus de huit millions à être appelés aux urnes pour renouveler le collège démocratique.
durée : 00:03:07 - Géopolitique - par : Franck MATHEVON - Au Tchad, beaucoup de signaux inquiétants dans le pays à deux jours des élections législatives… Les explications de Franck Mathevon.
durée : 00:03:22 - Géopolitique - Djibouti, où se rend le président de la République en fin de semaine, conserve une base militaire française avec 1500 soldats, la plus importante en Afrique après la série de revers subis par la France au Sahel, au Tchad et Sénégal. La politique africaine de la France est à réinventer.