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Nombreux sont les Africains de la diaspora qui se plaignent du fait que le développement économique de l'Afrique est en train d'être fait sans qu'ils puissent y participer. On note que la quasi-totalité des projets d'envergure (ponts, routes, usines, immeubles administratifs) qui s'effectuent sur le continent soient exclusivement financer par des capitaux étrangers, excluant les capitaux de la diaspora bien que certains de ces membres possèdent des ressources financières très conséquentes. J'en parle avec Mr. Touré Moussa qui est responsable régional diaspora à Ecobank.
On les appelle les sportifs SO. Deux lettres pour « Solidarité olympique ». Au total : douze boxeurs, nageurs, sprinters et judokas, tous des boursiers(ères) venu(e)s du Niger, du Congo, de Centrafrique, des Comores, de la Guinée-Conakry et de la Guinée-Bissau se préparent pour décrocher leur qualification aux Jeux Olympiques de Paris où ils représenteront leur pays d'origine. Un dispositif mis en place par le CIO. Et c'est en France, au sein du Centre régional jeunesse et sports près de Rouen que Sylvie Koffi les a suivis. ⇒ À lire aussi: « Solidarité olympique: des athlètes africains se préparent en France pour décrocher leur qualification aux JO ». En images
durée : 00:03:47 - Le Pourquoi du comment : histoire - par : Gérard Noiriel - Alors que les Européens renonçaient à l'esclavage, cette forme extrême de domination subsistait encore au sein des sociétés africaines : comment l'expliquer ?
durée : 00:20:05 - Journal de 18h - Un revers judiciaire pour les ONG environnementales. Le tribunal de Paris déboute les associations opposées au mégaprojet pétrolier de TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie. Elles invoquaient le "devoir de vigilance" pour obtenir la condamnation de la multinationale française.
Tous les jours, les journalistes et correspondants de RFI ainsi que des spécialistes répondent à vos questions sur l'actualité. Espace : pourquoi le choix de Djibouti pour une base spatiale en Afrique ? Par Tidiane Ouattara, expert spatial auprès de l'Union africaine. TikTok : la Commission européenne interdit à son personnel d'utiliser l'application chinoise. Par Fabrice Epelboin, enseignant à Science Po, spécialiste des réseaux sociaux. Guerre en Ukraine : que deviennent les étudiants africains qui ont fui le pays ? Par Abdelaziz Moundé Njimbam, président de la Maison des Camerounais de France. Tunisie : le discours « choquant » du président Kaïs Saïed. Par Lilia Blaise, correspondante de RFI en Tunisie. * Par téléphone : de France : 09 693 693 70 de l'étranger : 33 9 693 693 70 * Par WhatsApp : +33 6 89 28 53 64 N'OUBLIEZ PAS DE NOUS COMMUNIQUER VOTRE NUMÉRO DE TÉLÉPHONE (avec l'indicatif pays). Pour nous suivre : * Facebook : Rfi appels sur l'actualité * Twitter : @AppelsActu
durée : 00:03:03 - Géopolitique - par : Pierre Haski - En République démocratique du Congo, pays martyr avant comme après la colonisation, le pape François s'est voulu le porte-parole des Africains face aux ambitions et appétits des puissants. L'église vaticane joue une partie de son avenir en Afrique.
durée : 00:03:03 - Géopolitique - par : Pierre Haski - En République démocratique du Congo, pays martyr avant comme après la colonisation, le pape François s'est voulu le porte-parole des Africains face aux ambitions et appétits des puissants. L'église vaticane joue une partie de son avenir en Afrique.
Dans les critères pour comparer les régimes de colonisation européenne en Afrique, comme je disais, plusieurs critères sont nécessaires, qui rendent cette question incroyablement ambitieuse. Pour aborder l'histoire de l'Afrique entre 1935 et 1945, il faut donc renoncer à la tentation d'établir une nette distinction entre les systèmes d'administration des puissances et entre leurs stratégies respectives d'exploitation. Il faut plutôt faire le tri entre les divers instruments d'administration et de développement qu'elles adoptèrent l'une et l'autre, pour faire apparaître l'éventail complet des formules politiques et économiques appliquées par les gouvernants aux gouvernés. La gamme de ces formules s'étendait du peu d'initiative économique et politique concédé à l'Africain, en Rhodésie du Sud par exemple, à la très large participation des Africains au processus politique et économique, du moins selon les normes coloniales de l'époque, que l'on pouvait observer en Côte-de-l'Or. Bienvenue dans la seconde partie de cette question d'examen difficile, pour ne pas dire extravagante : Comparer les régimes coloniaux britannique et belge en Afrique.
Invité : Anthony Guyon, historien et enseignant, auteur des « Tirailleurs sénégalais. De l'indigène au soldat, de 1857 à nos jours » (Perrin, 2022) 3:30 Le film et la séquence mémorielle sur les tirailleurs 10:00 La mise en place du bataillon et sa continuité avec la conquête coloniale 29:30 Les tirailleurs dans la Première Guerre mondiale 40:30 Le sort des tirailleurs dans l'Entre-deux-Guerres 49:30 La Seconde guerre mondiale 1:02:00 Les blanchiments des troupes et le massacre de Thiaroye 1:10:30 Les tirailleurs sénégalais et la décolonisation 1:14:00 La mémoire de ces tirailleurs Générique par @yotta_music Extraits audio : Disiz la peste ft. Thione Seck - Gnibi Album ‘Le poisson rouge', 2014 - https://www.youtube.com/watch?v=IRzq8Ew0W1k Le Chant des Africains, composé par Félix Boyer, version de 1944 - https://www.youtube.com/watch?v=iDXgtJUz4NE
Septembre 1999. Évènement historique, la Libye accueille un sommet extraordinaire de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA). C'est l'occasion pour Mouammar Kadhafi de déployer son idée d'Union africaine. Il lui faut des alliés sur lesquels il a un poids, une influence. Il doit s'appuyer sur les Africains, et en particulier ceux du sud du Sahara.
durée : 00:05:17 - Ces chansons qui font l'actu - par : Bertrand DICALE - Alors que le film "Tirailleurs" avec Omar Sy rappelle la destinée des soldats "indigènes" pendant la Première Guerre mondiale, étudions comment une chanson, à la gloire des "Africains" de l'armée française, a pu se perdre dans les dédales de notre histoire.
On les appelait les Tirailleurs sénégalais, mais ces soldats venus combattre en Europe lors des deux guerres mondiales provenaient de tout l'empire colonial français en Afrique. Entre 1914 et 1918, on compte environ 200 000 tirailleurs qui se battent sous le drapeau français. 30 000 ont trouvé la mort, beaucoup sont revenus blessés ou invalides. Cette histoire, on ne la connaît pas, ou alors très mal : elle n'est pas vraiment enseignée à l'école. Et le cinéma l'a également très peu abordée. C'est dire si le film sorti cette semaine, mercredi en France et depuis hier en salles en Afrique de l'Ouest, notamment à Dakar, c'est dire donc si ce film est important, et méritait bien toute une émission spéciale. Ce film c'est donc « Tirailleurs » avec, en tête d'affiche : Omar Sy. La star internationale interprète Bakary Diallo incarne un éleveur peul, qui va s'enrôler dans l'armée française en 1914 pour rejoindre son fils (joué par Alassane Diong), incorporé de force. En studio, Mathieu Vadepied nous présente son deuxième long métrage, sur lequel il travaille depuis des années. Nous avons pu rencontrer Omar Sy lors de son passage parisien. Et un long reportage de Juliette Dubois nous fait entendre les réactions des spectatrices et spectateurs sénégalais venus assister à l'avant-première à Dakar le 20 décembre dernier.
Quelle place pour l'Afrique dans l'œuvre des auteurs et interprètes gabonais ? C'est le thème d'un ouvrage collectif paru tout récemment aux éditions Descartes et Compagnie. Un livre supervisé par Flavien Enongoué, maître assistant de philosophie politique à l'Université Omar Bongo à Libreville et diplomate, puisqu'il est actuellement ambassadeur du Gabon à Rome, après avoir occupé ce poste à Paris. Cet ouvrage de plus de 300 pages, qu'il a supervisé, est intitulé L'Afrique dans la chanson gabonaise. RFI : Comment est née l'idée de cet ouvrage collectif ? Flavien Enongoué : En fait, quand j'étais à Paris, en mission, j'avais sollicité un certain nombre de spécialistes pour faire une compilation sur les auteurs musicaux gabonais qui ont chanté sur l'Afrique. Et cela n'a pas prospéré, mais comme je suis un auteur, je me suis dit autant s'orienter vers l'écriture. Et c'est comme ça que j'ai mobilisé un certain nombre d'universitaires pour finalement aboutir à cet ouvrage collectif L'Afrique dans la chanson gabonaise, qui est sorti deux ans plus tard. Les artistes gabonais se sont-ils montrés réceptifs très tôt à l'idée africaine ? Oui, à la différence des hommes politiques qui sont considérés comme portés vers le nationalisme, les auteurs musicaux gabonais se sont montrés très attentifs à l'idée africaine, et très tôt d'ailleurs puisque l'un des plus emblématiques d'entre eux, Pierre Claver Akendengué, a été considéré comme l'artiste africain par excellence. Justement Pierre Claver Akendengué, c'est l'un des deux grands artistes auquel est consacré ce livre, parce que finalement il est question dans cet ouvrage de deux artistes prénommés Pierre Claver tous les deux. La première partie porte effectivement sur Pierre Claver Akendengué, dont on connait des chansons emblématiques : « Awana W'Africa », « Africa obota », ainsi de suite. Et puis, il y a Pierre Claver Zeng qui a une chanson emblématique « Afrika », mais il y en a d'autres aussi parce que la troisième partie de l'ouvrage est consacrée à des auteurs comme Mackjoss, Annie Flore Batchiellilys, Aziz'Inanga, Alexandre Sambat. Puis, il y a des jeunes : par exemple, nous avons essayé d'avoir Lord Ekomy Ndong « Où sont les lions ». Et là, c'est le rap, le rythme vraiment nouveau. Qu'est-ce qui caractérise cette chanson gabonaise aujourd'hui ? Il est difficile d'avoir un marqueur identitaire qui puisse caractériser comme ça un peu la musique gabonaise. Il y a ce qu'on appelle la musique « tradi-moderne », qui s'appuie finalement sur des rythmes traditionnels, mais mélangés à des rythmes modernes comme la rumba, le makossa. C'est cette musique « tradi-moderne » qui est la marque de fabrique de la musique gabonaise. Est-ce que les auteurs et les interprètes gabonais, comme Annie Flore Batchiellilys, sont reconnus à leur juste valeur dans leur pays ? C'est un peu le problème qui est posé : la place de l'artiste, de la culture dans la société gabonaise. Quand on les entend, ce n'est pas évident parce qu'il y a les combats pour les droits d'auteur. Il faut être Pierre Claver Akendengué pour pouvoir sortir du lot. Il y en a d'autres, Patience Dabany, ainsi de suite. Mais, c'est un combat de longue haleine qui n'est pas simplement particulier au Gabon. Mais ces auteurs sont Africains non pas simplement parce qu'ils ont chanté africain, mais parce qu'une bonne partie d'entre eux ont été accueillis en Afrique. Le combat reste d'actualité, celui de (permettre aux) artistes de vivre de leur art, mais ils ne sont pas très nombreux (à pouvoir le faire) et c'est valable partout dans le monde.
Pour cette ultime émission de l'année 2022, Eco d'ici, Eco d'ailleurs revient sur quelques grandes thématiques de cette année économique plus que mouvementée, et donne la parole à certains de nos invités les plus marquants comme l'économiste américain Jeremy Rifkin ou le financier ivoirien Stanislas Zeze, patron de Bloomfield Investment Corporation. Avant cela, et dans la première partie de l'émission, nous ouvrons notre micro à l'un des acteurs majeurs de l'industrie bancaire en Afrique. Mustafa Rawji est le directeur général de Rawbank, première banque privée de RDC créée en 2002 et dont le siège social se situe à Kinshasa. Ce descendant d'une famille indienne installée depuis plus d'un siècle en Afrique détaille sa vision de la finance sur le continent, des services à offrir à ses clients et aux entreprises malgré les difficultés inhérentes à la République démocratique du Congo. RFI : Quelles sont les perspectives de développement pour votre banque qui progresse dans le classement des champions de la finance africaine publiées par le magazine Jeune Afrique ? Mustafa Rawji : Les perspectives de développement sont très positives actuellement et sur plusieurs secteurs d'activité en RDC. Nous sommes la plus grande banque du pays avec 30% de parts de marché et nous sommes extrêmement optimistes sur ce que l'avenir va apporter. Même si la concurrence avec Equity par exemple est féroce. La concurrence existe et je pense que nous ne vivons pas dans un monde utopique où il n'y aura aucune concurrence. Je salue même l'arrivée de différents concurrents sur notre marché parce que je crois très fermement que plus il y a de concurrence, plus le marché lui-même s'élargit. Nous sommes dans un pays avec une culture financière assez faible. Plus des banquiers existent, plus la culture financière s'intègre, plus ces opportunités se créent. Quand les banques occidentales pensent plutôt à quitter le continent africain, y voyez-vous une opportunité pour construire des champions de de la finance africaine ? Absolument, nous pensons que c'est une excellente opportunité, une place ouverte pour améliorer, innover et plus ou moins remplacer les services financiers qu'ils étaient habitués à offrir en RDC. Je pense que nous, parmi d'autres banques, avons cette opportunité de devenir des champions d'Afrique sur le plan financier. Est-ce un enjeu de souveraineté pour les Africains ? Enjeu de souveraineté, non. Une souveraineté économique si vous voulez. Mais je pense que les banques africaines agissent plus ou moins sur le même principe que les banques occidentales. Le métier de banquier ne change pas selon qui est le propriétaire d'une banque. Nous suivons les mêmes règles, la même philosophie. Mais l'avantage que nous avons, c'est que nous pouvons mieux nous adapter aux cultures et aux exigences locales. Nous sommes plus proches des consommateurs par rapport aux banques européennes ou américaines. Quelles sont vos activités les plus rentables ? Les services financiers pour les particuliers, pour les entreprises, vos autres activités dans le domaine de l'énergie par exemple ? À l'origine, nous sommes une banque qui sert plutôt les grandes entreprises. 20 ans plus tard, nous voyons que les axes de rentabilité ont vraiment changé. Aujourd'hui, la moitié de notre activité est axée sur les grandes entreprises et l'autre moitié vise à soutenir les PME et les consommateurs, les clients retail ou les particuliers. Plus la classe moyenne se développe dans notre marché en RDC, plus nous devons offrir des services innovants. Il y a quand même une difficulté. Elargir les services financiers, c'est plus compliqué dans un pays où le taux de bancarisation est très faible, de même que le taux de pénétration d'internet. Je dirais que la digitalisation est une opportunité. L'accès aux infrastructures digitales peuvent représenter un certain défi mais comme vous le constaterez dans des pays où l'infrastructure rurale n'est pas très bien développée, les antennes de télécoms arrivent plus facilement à desservir un rayon d'un village ou d'une petite ville. Le taux de pénétration aux services mobiles est beaucoup plus fort que ce que les agences bancaires peuvent atteindre. Donc toute la question aujourd'hui est : comment créer des partenariats avec les opérateurs télécoms ? Vous le faites ? Oui tout à fait. Nous sommes en pleine discussion avec les opérateurs. Parce que l'inclusion financière est un sujet qui intéresse les opérateurs télécoms, les banques, et je dirais même l'État. Donc chacun mobilise ses énergies et met sur la table sa force pour créer une complémentarité pour mieux atteindre ceux qui auront besoin d'un service financier. Il y a une étude récente du cabinet Target qui dit que la majorité des agences bancaires sont situées dans les quartiers résidentiels à Kinshasa plutôt que dans les quartiers populaires sans parler des campagnes ou des zones rurales. Pour une banque, déployer une agence bancaire a un certain coût. Il faut considérer non seulement les loyers, et quand les infrastructures ne fonctionnent pas totalement bien, il faut des groupes électrogènes, il faut des moyens logistiques, il y a des mesures de sécurité à prendre. Donc je pense que la solution sera de développer un réseau d'agences mais qui n'est pas totalement géré par des banques. L'idée, c'est de créer un partenariat avec des petits commerces qui existent dans tous les quartiers populaires et de créer un réseau qui offre les services les plus basiques. Avoir un compte, y verser de l'argent ou faire un petit retrait, une transaction assez basique sur un terminal de paiement. Le consommateur va y gagner parce que nous constatons que les agences bancaires en RDC sont inondées de clients. Il faut absolument disperser cette base de clientèle pour améliorer la qualité de service. Les banques ne seront pas capables de construire 1.000, 2.000, 5.000 agences telles que ça existe peut-être en Inde ou en Chine ou dans d'autres pays. Le digital, c'est le seul levier pour mettre en valeur et capturer ou offrir un service correct à notre clientèle. Pour chercher de nouveaux clients, il faut aussi aller chercher du côté des femmes. Vous avez parlé des services aux entreprises, c'est aussi l'entrepreneuriat féminin qu'il faut encourager. Qu'est-ce que vous faites pour elles ? L'entrepreneuriat féminin est au cœur de la stratégie PME de la Rawbank. Depuis 10 ans, nous avons un programme qui s'appelle Ladies First. Nous avons soutenu, via des formations ou des financements, autour de 2500 femmes entrepreneures qui aujourd'hui ont développé leurs activités. En tant que banquier, c'est le genre de choses qui vous donne le plus de joie. De voir quelqu'un qui commence avec une activité assez réduite en taille et 10 ans après, qui a une vraie entreprise. Le développement des PME est un axe critique pour notre banque. Nous avons dans nos objectifs stratégiques pour 2025 le financement de 20.000 PME en RDC. Et donc nous sommes en train de déployer une infrastructure assez massive en interne. Des formations assez accentuées, une campagne de recrutement pour arriver à ce résultat en décembre 2025. Votre banque a aussi des liens très forts avec la Chine et a mis en place pour les transferts d'argent un service spécialisé. Pourquoi se lancer avec la Chine en particulier ? Vous savez, le Congo est un melting-pot commercial, avec des personnes qui viennent de partout dans le monde. Le secteur minier est actuellement dominé par les producteurs venus de Chine et qui produisent le cuivre et du cobalt. Nous avons donc des citoyens chinois qui viennent travailler en RDC et qui, à la fin peut-être, deviendront même des résidents. Le produit Visa et Mastercard, c'est un produit monétique mondial. L'équivalent en Chine s'appelle Union Pay. Nous sommes la première banque en Afrique à le proposer sous la marque China Express L'une des grandes nouveautés de cette fin d'année 2022, c'est l'interconnexion des marchés financiers africains. La possibilité d'investir plus facilement dans d'autres pays de la région ou du continent. On devrait pouvoir offrir ce service à nos clients. Le gouvernement congolais est en train de réfléchir à la création d'une bourse de valeur en RDC. Ce serait une première. Si on arrive à le faire, ça serait une magnifique avancée dans notre environnement. Des entreprises pourraient lever des fonds, offrir des actions dans d'autres pays périphériques en Afrique qui pourraient être intéressés par une participation dans un société en RDC.
Pour cette ultime émission de l'année 2022, Eco d'ici, Eco d'ailleurs revient sur quelques grandes thématiques de cette année économique plus que mouvementée, et donne la parole à certains de nos invités les plus marquants comme l'économiste américain Jeremy Rifkin ou le financier ivoirien Stanislas Zeze, patron de Bloomfield Investment Corporation. Avant cela, et dans la première partie de l'émission, nous ouvrons notre micro à l'un des acteurs majeurs de l'industrie bancaire en Afrique. Mustafa Rawji est le directeur général de Rawbank, première banque privée de RDC créée en 2002 et dont le siège social se situe à Kinshasa. Ce descendant d'une famille indienne installée depuis plus d'un siècle en Afrique détaille sa vision de la finance sur le continent, des services à offrir à ses clients et aux entreprises malgré les difficultés inhérentes à la République démocratique du Congo. RFI : Quelles sont les perspectives de développement pour votre banque qui progresse dans le classement des champions de la finance africaine publiées par le magazine Jeune Afrique ? Mustafa Rawji : Les perspectives de développement sont très positives actuellement et sur plusieurs secteurs d'activité en RDC. Nous sommes la plus grande banque du pays avec 30% de parts de marché et nous sommes extrêmement optimistes sur ce que l'avenir va apporter. Même si la concurrence avec Equity par exemple est féroce. La concurrence existe et je pense que nous ne vivons pas dans un monde utopique où il n'y aura aucune concurrence. Je salue même l'arrivée de différents concurrents sur notre marché parce que je crois très fermement que plus il y a de concurrence, plus le marché lui-même s'élargit. Nous sommes dans un pays avec une culture financière assez faible. Plus des banquiers existent, plus la culture financière s'intègre, plus ces opportunités se créent. Quand les banques occidentales pensent plutôt à quitter le continent africain, y voyez-vous une opportunité pour construire des champions de de la finance africaine ? Absolument, nous pensons que c'est une excellente opportunité, une place ouverte pour améliorer, innover et plus ou moins remplacer les services financiers qu'ils étaient habitués à offrir en RDC. Je pense que nous, parmi d'autres banques, avons cette opportunité de devenir des champions d'Afrique sur le plan financier. Est-ce un enjeu de souveraineté pour les Africains ? Enjeu de souveraineté, non. Une souveraineté économique si vous voulez. Mais je pense que les banques africaines agissent plus ou moins sur le même principe que les banques occidentales. Le métier de banquier ne change pas selon qui est le propriétaire d'une banque. Nous suivons les mêmes règles, la même philosophie. Mais l'avantage que nous avons, c'est que nous pouvons mieux nous adapter aux cultures et aux exigences locales. Nous sommes plus proches des consommateurs par rapport aux banques européennes ou américaines. Quelles sont vos activités les plus rentables ? Les services financiers pour les particuliers, pour les entreprises, vos autres activités dans le domaine de l'énergie par exemple ? À l'origine, nous sommes une banque qui sert plutôt les grandes entreprises. 20 ans plus tard, nous voyons que les axes de rentabilité ont vraiment changé. Aujourd'hui, la moitié de notre activité est axée sur les grandes entreprises et l'autre moitié vise à soutenir les PME et les consommateurs, les clients retail ou les particuliers. Plus la classe moyenne se développe dans notre marché en RDC, plus nous devons offrir des services innovants. Il y a quand même une difficulté. Elargir les services financiers, c'est plus compliqué dans un pays où le taux de bancarisation est très faible, de même que le taux de pénétration d'internet. Je dirais que la digitalisation est une opportunité. L'accès aux infrastructures digitales peuvent représenter un certain défi mais comme vous le constaterez dans des pays où l'infrastructure rurale n'est pas très bien développée, les antennes de télécoms arrivent plus facilement à desservir un rayon d'un village ou d'une petite ville. Le taux de pénétration aux services mobiles est beaucoup plus fort que ce que les agences bancaires peuvent atteindre. Donc toute la question aujourd'hui est : comment créer des partenariats avec les opérateurs télécoms ? Vous le faites ? Oui tout à fait. Nous sommes en pleine discussion avec les opérateurs. Parce que l'inclusion financière est un sujet qui intéresse les opérateurs télécoms, les banques, et je dirais même l'État. Donc chacun mobilise ses énergies et met sur la table sa force pour créer une complémentarité pour mieux atteindre ceux qui auront besoin d'un service financier. Il y a une étude récente du cabinet Target qui dit que la majorité des agences bancaires sont situées dans les quartiers résidentiels à Kinshasa plutôt que dans les quartiers populaires sans parler des campagnes ou des zones rurales. Pour une banque, déployer une agence bancaire a un certain coût. Il faut considérer non seulement les loyers, et quand les infrastructures ne fonctionnent pas totalement bien, il faut des groupes électrogènes, il faut des moyens logistiques, il y a des mesures de sécurité à prendre. Donc je pense que la solution sera de développer un réseau d'agences mais qui n'est pas totalement géré par des banques. L'idée, c'est de créer un partenariat avec des petits commerces qui existent dans tous les quartiers populaires et de créer un réseau qui offre les services les plus basiques. Avoir un compte, y verser de l'argent ou faire un petit retrait, une transaction assez basique sur un terminal de paiement. Le consommateur va y gagner parce que nous constatons que les agences bancaires en RDC sont inondées de clients. Il faut absolument disperser cette base de clientèle pour améliorer la qualité de service. Les banques ne seront pas capables de construire 1.000, 2.000, 5.000 agences telles que ça existe peut-être en Inde ou en Chine ou dans d'autres pays. Le digital, c'est le seul levier pour mettre en valeur et capturer ou offrir un service correct à notre clientèle. Pour chercher de nouveaux clients, il faut aussi aller chercher du côté des femmes. Vous avez parlé des services aux entreprises, c'est aussi l'entrepreneuriat féminin qu'il faut encourager. Qu'est-ce que vous faites pour elles ? L'entrepreneuriat féminin est au cœur de la stratégie PME de la Rawbank. Depuis 10 ans, nous avons un programme qui s'appelle Ladies First. Nous avons soutenu, via des formations ou des financements, autour de 2500 femmes entrepreneures qui aujourd'hui ont développé leurs activités. En tant que banquier, c'est le genre de choses qui vous donne le plus de joie. De voir quelqu'un qui commence avec une activité assez réduite en taille et 10 ans après, qui a une vraie entreprise. Le développement des PME est un axe critique pour notre banque. Nous avons dans nos objectifs stratégiques pour 2025 le financement de 20.000 PME en RDC. Et donc nous sommes en train de déployer une infrastructure assez massive en interne. Des formations assez accentuées, une campagne de recrutement pour arriver à ce résultat en décembre 2025. Votre banque a aussi des liens très forts avec la Chine et a mis en place pour les transferts d'argent un service spécialisé. Pourquoi se lancer avec la Chine en particulier ? Vous savez, le Congo est un melting-pot commercial, avec des personnes qui viennent de partout dans le monde. Le secteur minier est actuellement dominé par les producteurs venus de Chine et qui produisent le cuivre et du cobalt. Nous avons donc des citoyens chinois qui viennent travailler en RDC et qui, à la fin peut-être, deviendront même des résidents. Le produit Visa et Mastercard, c'est un produit monétique mondial. L'équivalent en Chine s'appelle Union Pay. Nous sommes la première banque en Afrique à le proposer sous la marque China Express L'une des grandes nouveautés de cette fin d'année 2022, c'est l'interconnexion des marchés financiers africains. La possibilité d'investir plus facilement dans d'autres pays de la région ou du continent. On devrait pouvoir offrir ce service à nos clients. Le gouvernement congolais est en train de réfléchir à la création d'une bourse de valeur en RDC. Ce serait une première. Si on arrive à le faire, ça serait une magnifique avancée dans notre environnement. Des entreprises pourraient lever des fonds, offrir des actions dans d'autres pays périphériques en Afrique qui pourraient être intéressés par une participation dans un société en RDC.
Il y a cinquante ans, fin décembre 1972, l'historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo publiait son Histoire de l'Afrique noire, d'hier à demain. Un livre fondateur, qui a consacré l'émergence de la première génération d'historiens africains. Quel est le contexte dans lequel cette publication a eu lieu, avec quelles positions Ki-Zerbo a-t-il rompu, à quel point ce livre a-t-il inspiré les historiens actuels de l'Afrique ? Pour en parler, notre invité ce matin est Yacouba Banhoro, historien, maître de conférences à l'université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Il répond aux questions de Laurent Correau. Pourquoi l'Histoire de l'Afrique noire de Joseph Ki-Zerbo, publiée il y a 50 ans, est-il un des ouvrages importants de l'historiographie africaine ? Yacouba Banhoro : Dans le monde francophone africain, c'était la toute première fois que non seulement on écrivait une histoire de l'ensemble de l'Afrique noire, mais également qu'un Africain noir écrivait également cette histoire. Il faut dire que c'est à partir des années 1960-1961-1962 que l'histoire même de l'Afrique s'implante en France, notamment à la Sorbonne avec la création de chaires. Et les chaires en France, c'étaient des chaires sur l'histoire africaine qui étaient attribuées à des Français. Et c'est donc pratiquement une décennie après que l'ouvrage de Joseph Ki-Zerbo sort et, cette fois-ci, c'est un Africain qui a eu l'agrégation en 1957 en histoire et qui écrit un ouvrage sur l'histoire de l'Afrique noire. C'est vrai qu'il y avait des historiens qui avaient déjà soutenu leur thèse. Par exemple, en 1955, Abdoulaye Ly, Sénégalais, avait soutenu une thèse d'État [«La Compagnie du Sénégal»] ; il y avait également Cheikh Anta Diop qui avait également soutenu une thèse d'État [en 1960, « L'Afrique noire précoloniale et L'Unité culturelle de l'Afrique noire »]. Donc, il y avait ce fond d'histoire africaine qui était en train de commencer, mais qui n'était pas suffisamment implanté. Quelle place ce livre tient-il dans l'œuvre de Joseph Ki-Zerbo ? En 1964, avant Histoire de l'Afrique noire, il avait publié Le monde africain noir. Donc, c'est une deuxième publication. Je pense que c'est l'ouvrage majeur de Joseph Ki-Zerbo. C'est l'ouvrage à partir duquel, vraiment, il a développé d'autres théories, comme le développement endogène par exemple qui est développé dans La natte des autres [1993]. Pratiquement, le fond de ces différents ouvrages parle de l'histoire de l'Afrique noire d'hier à demain. Avec quel type de récit historique, est-ce que Joseph Ki-Zerbo rompt au travers de cette Histoire de l'Afrique noire ? L'histoire de l'Afrique n'apparaissait qu'en appendice de l'histoire européenne. Le discours qui prévalait disait que l'Afrique n'avait pas d'histoire, parce que l'Afrique n'a pas d'écriture. Joseph Ki-Zerbo réussit à montrer qu'il fallait utiliser d'autres méthodes en utilisant la tradition orale, en utilisant la linguistique, en utilisant des éléments de l'archéologie, en utilisant des éléments de l'anthropologie, combinés pour pouvoir aboutir à une histoire de l'Afrique noire. C'est un ouvrage qui raconte toute l'histoire de toute l'Afrique noire… C'est un ouvrage qui prend l'Afrique noire dans son ensemble depuis pratiquement le paléolithique jusqu'à la création de l'Organisation de l'unité africaine [OUA-1963]. Comme le dit Joseph Ki-Zerbo lui-même, il ne s'agit pas d'une histoire qui est racontée pour toujours. C'est une entreprise scientifique qui est amenée à être mise à jour en fonction justement de l'état des connaissances. Son combat, c'était de dire ''les Africains ont une identité''. Et à partir de cette histoire de l'Afrique, les Africains peuvent se décomplexer des préjugés qu'on avait d'eux dans le monde scientifique, dans le monde occidental, pour pouvoir construire leur avenir avec une certaine sérénité. Quel est l'héritage de ce livre ? Est-ce qu'il a joué un rôle pour la génération suivante d'historiens burkinabè, et plus généralement africains ? Oui. Je pense que, quand on lit les différents documents qui ont été publiés en hommage à Joseph Ki-Zerbo, que ce soit par Présence africaine, que ce soit par l'Association des historiens africains, nous voyons que cette histoire-là a marqué tous les historiens du continent, et même au-delà du continent africain, dans la mesure où cet ouvrage a été traduit dans plusieurs langues. Et pour nous, c'était la Bible de l'historien. Et donc, quand on avait besoin de quelque chose sur l'histoire de l'Afrique, pendant nos exposés, on commençait bien sûr par là. Et 50 ans après, est-ce que cette histoire de l'Afrique noire, c'est un texte que vous recommandez toujours à vos étudiants, c'est encore un texte à lire aujourd'hui ? Oui. C'est un texte à lire. Quand on relit pratiquement la partie méthodologique de l'ouvrage de Joseph Ki-Zerbo, on voit qu'elle est très actuelle et nous l'enseignons toujours dans nos universités. On peut naturellement varier les domaines d'investigation et innover en matière de récolte d'informations et d'analyses d'informations, mais la méthodologie de l'histoire qu'il a eue à décrire dans son ouvrage, de mon point de vue, cette méthodologie reste toujours valable. Et je pense que les historiens doivent s'en approprier, même s'ils veulent innover. ► À (ré) écouter : Joseph Ki-Zerbo, pionnier de l'histoire africaine
Ce mardi 20 décembre, l'accord mondial sur la biodiversité acté à la COP15 a été décrypté par Benaouda Abdeddaïm dans sa chronique, dans l'émission Good Morning Business, présentée par Laure Closier et Christophe Jakubyszyn, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.
Le sommet États-Unis – Afrique s'est tenu à Washington la semaine dernière. Cinquante délégations africaines s'y sont rendues. Le Niger, que les Américains considèrent comme un pays clé dans leur engagement au Sahel, était présent. Le ministre nigérien des Affaires étrangères, Hassoumi Massaoudou, est l'invité de RFI. Quel regard le pays porte-t-il sur les propos du président du Ghana concernant une éventuelle présence du groupe de mercenaires russes Wagner au Burkina Faso ? Quelle coopération avec les États-Unis en matière de sécurité ? RFI : Le président américain a annoncé 55 milliards de dollars de financement pour l'Afrique. Il va plaider pour un siège de l'Afrique au G20. Ce sont les deux grosses annonces du sommet États-Unis – Afrique. Est-ce que c'est assez ? Hassoumi Massaoudou : Le premier bilan, c'est d'abord que ce sommet se tienne, parce que c'est le retour des États-Unis. Il n'y a pas si longtemps, les États-Unis avaient mis une cloche sur l'Afrique. Et aujourd'hui, nous apprécions le fait que l'administration Biden s'intéresse à l'Afrique, mette l'Afrique à son agenda, et s'engage à ce niveau-là. Je trouve cela très appréciable et nous sommes très satisfaits. Après les engagements des États-Unis, attendez-vous du concret, comme le font d'autres pays – la Chine par exemple – en Afrique ? Je suis très confiant dans la suite à donner à cet engagement vu la personnalité qui a été désignée, il s'agit de M. Johnnie Carson, le sous-secrétaire Afrique au temps de l'administration Obama. Sa silhouette hantait les sommets de l'Union africaine. Je pense que ce choix est déjà un manifeste pour nous amener à croire que cet engagement sera suivi de faits. Qu'allez-vous dire à vos autres partenaires, la Chine, la Russie, la Turquie par exemple après ce sommet ? La Chine, c'est un partenaire économique pour nous. La Turquie aussi. La Russie, pas vraiment. La Russie n'est pas très présente en Afrique au plan économique. Sa présence, malheureusement ces derniers temps [se fait] de manière quasi-criminelle avec une société de mercenaires. Je ne mets pas d'intervention dans notre région, de la Chine au même plan que celle de la Russie. Par contre, avec les États-Unis, nous partageons des valeurs communes. Nous apprécions davantage l'engagement des États-Unis en Afrique. ►À lire aussi : Sept choses à savoir sur les relations Afrique/États-Unis: une mise en perspective Ce faisant, qu'allez-vous dire à la Chine ? Elle est la bienvenue, nous avons de bons rapports avec la Chine. Nous considérons que la présence de la Chine au Niger est bénéfique. Par exemple, l'exploitation du pétrole par la Chine au Niger est positive, parce qu'il n'y avait personne. Par conséquent, nous sommes tout à fait à l'aise dans notre relation avec la Chine et nous accueillons très, très bien cet engagement américain, qui chez nous est déjà un fait. Aujourd'hui, le niveau d'engagement américain sur le plan sécuritaire est très élevé. Son niveau d'engagement sur le plan de l'aide publique au développement est le plus élevé, il n'a rien à voir avec l'engagement de la Chine. Les noms de la Chine, de la Russie, n'ont pas été vraiment prononcés par le président Biden pendant ce sommet. Mais on sent que c'est aussi un sommet pour reprendre du terrain en Afrique. Est-ce que, à un moment donné, les Américains demandent aux Africains un engagement ? Je n'ai pas senti de demande d'engagement autre de la part des États-Unis. Mais nous sommes engagés sur des valeurs avec les États-Unis. Et nous assumons de manière sereine et à l'aise ce choix d'amitié avec les États-Unis, la France et les pays occidentaux. Évidemment, ces valeurs, nous les partageons avec ceux-ci, pas avec ceux-là. Néanmoins, nous accueillons les investissements, d'où qu'ils viennent notamment de la Chine et de la Turquie. Le président du Ghana a évoqué la société Wagner dans un entretien avec Antony Blinken, le secrétaire d'État américain. Nana Akufo-Addo a dit que les hommes de Wagner peuvent maintenant s'implanter au Burkina, et qu'une mine, située juste à la frontière avec le Ghana, peut être exploitée par Wagner. Vous confirmez cette information ? Je ne peux pas confirmer, certainement qu'il a plus d'informations que moi. En ce qui me concerne, je ne l'ai pas encore, mais je pense que c'est une information vraisemblable. Vous partagez une frontière avec le Burkina. Le fait qu'il puisse y avoir prochainement des éléments de Wagner à votre frontière, vous inquiète-t-il ? Évidemment, que ça nous inquiète parce que nous n'acceptons pas des mercenaires dans notre espace. Nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises, c'est condamné par la loi internationale. Et deuxièmement, nous voyons bien le rôle négatif que cela joue, donc nous considérons que c'est une menace pour la démocratie et pour les institutions de la région. Le capitaine Ibrahim Traoré est allé en déplacement à l'étranger mais il ne s'est pas rendu au Niger. Pourtant, vous êtes des pays très proches. Pour vous, il montre clairement les choix de ses nouvelles alliances et vous n'en faites pas partie ? Pour le moment, sa trajectoire n'est pas celle que nous souhaitons. C'est pour ça que j'appelle les autorités burkinabè à se ressaisir, à venir dans cet espace-là, conformément aux engagements qu'ils ont pris avec la Cedeao et à avoir des relations sereines avec leurs voisins. C'est notre souhait, c'est notre appel. Mais vous avez des relations avec le Burkina, vous avez des échanges ? Là, non. On avait commencé à avoir une coopération militaire avec l'armée burkinabè, avant le coup d'État, mais jusqu'ici, nous sommes dans une situation d'attente. Les relations sont revenues à un niveau zéro. Mais le Burkina occupe encore une place plus centrale que le Mali. Si le Burkina s'effondre et malheureusement les signes sont là annonciateurs, c'est carrément le golfe de Guinée qui est menacé. Donc, par conséquent, c'est une situation très sérieuse à prendre avec beaucoup d'inquiétude. Il faut que la Cedeao considère que le Burkina est une préoccupation majeure numéro un, aujourd'hui, pour notre espace. ► À lire aussi : Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré officiellement investi président de la transition Revenons sur l'engagement américain au Niger, qu'y font les forces américaines ? Elles font beaucoup de choses. Premièrement, il y a la base aérienne d'Agadez. Une base de drones qui renseigne sur tout ce qu'il se passe dans cet espace ; deuxièmement, sur le plan militaire, ce sont les premiers formés, les bataillons des forces spéciales ; troisièmement, les États-Unis nous équipent de manière considérable : en forces blindées, en matériel de communication, en avions, qui nous permettent de projeter des forces d'un point à un autre. Donc, les États-Unis sont pour nous un allié important dans la lutte contre le terrorisme à travers ses formes multiples de soutien. Les drones à Agadez, font-ils uniquement du renseignement ? Pour le moment, ils ne font que du renseignement, oui. Ce ne sont pas encore des drones tueurs. Nous, nous avons acheté des drones de combat avec la Turquie que nous allons utiliser. Mais pour le moment, la fonction essentielle, c'est du renseignement et nous en sommes extrêmement satisfaits. La France est engagée aussi, elle est basée au Niger. Est-ce que les contours de cette nouvelle force française au Niger, sont maintenant définis et clairs ? C'est clair. La France, non seulement fait la même chose que les autres, en formant nos forces, en nous équipant aussi, mais là, c'est le seul pays avec lequel nous avons également un partenariat de combat. Les forces françaises basées au Niger combattent aux côtés des forces nigériennes, sous commandement nigérien, les jihadistes. Ça se passe sous un format qui est un peu différent du format de Barkhane, avec des grandes unités et ça se passe bien. Au niveau des effectifs, cela donne quoi ? Les effectifs, ce n'est pas très important en réalité. Ce qui est important, c'est la nature du partenariat et les résultats. Les effectifs sont élastiques en fonction de nos besoins. Mais ils ont augmenté ? Avant, il n'y avait pas de partenariat de combat. Les forces françaises combattaient au Mali. On avait à la base aérienne de Niamey des forces aériennes de soutien. Maintenant, on a des forces combattantes au Niger, ce qui marque une différence par rapport à la situation d'avant. Du reste, nous avons posé la question à l'Assemblée nationale, il y a eu un vote. Donc par conséquent, nous le faisons en accord avec le peuple nigérien et ce qui nous importe, c'est le résultat. Il y a pourtant des demandes, dans la société civile, de manifestations – qui sont souvent refusées d'ailleurs – contre la présence des forces françaises au Niger. Le peuple nigérien n'est pas unanimement favorable à cette présence. Ils sont tout à fait marginaux. Pourquoi parfois est-ce que nous interdisons ces manifestations ? La première fois qu'on les a laissé manifester - d'abord, ils n'étaient pas nombreux – mais on n'a vu que des drapeaux russes. Nous n'acceptons pas que chez nous, voyant ce qu'il se passe ailleurs, que quelques groupuscules donnent l'impression à l'opinion internationale que le peuple nigérien appelle la Russie à venir. Soyons sérieux. Donc, nous n'accepterons pas ça. Ceux qui s'y opposent disent aussi qu'ils sont nombreux… Ils sont nombreux, mais ils n'osent pas dire qu'ils sont majoritaires. Mais je ne pense pas que nous allons les laisser défiler avec des drapeaux russes pour donner l'impression qu'il y a une revendication de ce genre-là par rapport à une organisation criminelle de mercenaires de Wagner. Ça, nous n'accepterons pas ça. Un dernier mot sur l'affaire de Tamou. La société civile a parlé de dizaines de morts, dont des civils. Où en est l'enquête de votre côté ? L'enquête, certainement qu'elle est en cours. Je ne suis pas très près de cette question, mais je pense que les juridictions continuent l'enquête. Vous n'avez pas d'autres éléments sur ce qu'il s'est passé à Tamou ? Non non, je n'en ai pas d'autres, non. Mais une enquête étant ouverte, j'attends les résultats de l'enquête.
Géopolitique enregistrée à Abou Dhabi où s'est achevée, le 11 décembre 2022, la 15ème édition de la World Policy Conference. L'occasion pour chercheurs, politiques, économistes, intellectuels d'échanger pendant trois jours sur la situation internationale et les grands enjeux géopolitiques. Au Sahel et en Afrique de l'Ouest, l'année 2022 a été agitée, entre les coups d'État à répétition, le départ de la force Barkhane du Mali, la montée du sentiment anti-français, la poussée du terrorisme jihadiste vers les États du Golfe de Guinée comme le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d'Ivoire, sans oublier la controverse suscitée par le position de plusieurs pays africains par rapport à l'invasion russe de l'Ukraine... Comment lutter efficacement contre l'expansionnisme des groupes armés jihadistes ? Que traduit l'accaparement du pouvoir par les militaires au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Tchad ? Quels bénéfices et quels risques à faire alliance avec la Chine ou la Russie ? Peut-on parler de volonté d'émancipation par rapport à l'Occident et à la France, ancienne puissance coloniale ? Quel modèle de développement les Africains souhaitent-ils ? Trois invités : - Cheikh Tidiane Gadio, président de l'Institut panafricain de Stratégie (Paix-Sécurité-Gouvernance) et ancien ministre des Affaires Étrangères du Sénégal - Alain Antil, directeur du Centre Afrique Subsaharienne de l'IFRI, l'Institut français de Relations Internationales. - Jean-Michel Sévérino, président d'Investisseurs et partenaires, directeur de recherche à la FERDI, Fondation pour les Études et la Recherche sur le Développement International, auteur de «Entreprenante Afrique» chez Odile Jacob.
Être milliardaire en Afrique aujourd'hui, c'est le titre de l'ouvrage que publie chez Présence Africaine le journaliste camerounais Michel Lobé Ewané. Ce spécialiste du monde des affaires analyse à la fois l'origine de la richesse en Afrique et les évolutions du capitalisme africain. En 20 ans, l'Afrique a vu une progression de 150 % du nombre de ses millionnaires. Elle compte aujourd'hui une vingtaine de milliardaires en dollars, dont le plus emblématique est le numéro un incontesté, le Nigérian Aliko Dangote. Pour Michel Lobé Ewané, cette progression traduit la modernisation et le dynamisme des économies africaines. « Dans les 20 dernières années, il y a eu une amélioration du climat des affaires, il y a eu une croissance économique. Et il y a des pays qui ont aussi favorisé l'émergence de champions nationaux. Je prends l'exemple du Nigeria qui a fait beaucoup pour faire émerger des milliardaires. » Longtemps, les grandes fortunes africaines étaient synonymes de prédation du monde politique sur la sphère économique, d'où une méfiance encore bien ancrée des populations. « Être milliardaire en Afrique aujourd'hui n'apporte pas de la légitimité. Il y a encore beaucoup de suspicion sur la richesse. Il y a beaucoup de fantasmes, ils sont liés au fait que le politique est une source d'enrichissement. Il y a des hommes d'affaires qui sont des cache-sexes d'hommes politiques et qui ont construit toute leur prospérité par des passe-droits, en usant de la corruption et qui font une soustraction à la richesse nationale plutôt qu'une addition. » Des profils plus variés que par le passé Les milliardaires d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier. L'Afrique passe peu à peu d'un système capitaliste de type marchand à un capitalisme industriel où tertiaire. Les milliardaires ont donc aujourd'hui des profils très variés, explique Michel Lobé Ewané. « Dans les années 1970, les milliardaires étaient des commerçants, des gens qui faisaient dans l'import-export, qui avaient une position parce qu'on leur avait donné des licences. Aujourd'hui, on remarque les liens, ce sont des gens beaucoup plus ambitieux, beaucoup plus portés dans des secteurs de pointe, la finance, les assurances. Beaucoup de milliardaires ont émergé en investissant dans les télécoms et de plus en plus, on les trouve dans l'agro-industrie, on les trouve dans l'agroalimentaire, donc il y a une diversification et c'est une différence notable avec les anciens qui étaient cantonnés à un seul secteur et sur un seul pays. » Pour Michel Lobé Ewané, la caractéristique des milliardaires contemporains, c'est avant tout d'être panafricain par nature et de penser à l'échelle du continent. Ils ont donc précédé l'actuel mouvement d'union économique créé avec la zone de libre-échange continentale. Reste un constat : la multiplication des milliardaires reflète aussi l'imperfection des systèmes de redistribution sociale. ► Entretien avec Michel Lobé Ewané, auteur du livre « Être milliardaire aujourd'hui en Afrique » aux éditions Présence Africaine. RFI : Michel Lobé Ewané, vous partez d'un constat : sur le continent le plus pauvre du monde, la richesse ne s'est jamais aussi bien portée. Est-ce aussi paradoxal qu'il y paraît ? MLE : Pour moi, ce n'est pas tellement un paradoxe, c'est la confirmation d'une dynamique sur le plan économique qui a été enclenché ces dix ou quinze dernières années durant lesquelles l'Afrique a connu une croissance très forte et où le climat des affaires s'est amélioré. Je ne dis pas qu'il est parfait, mais il s'est considérablement amélioré. La liberté d'entreprendre est devenue une réalité dans la plupart des pays. Certes, la pauvreté n'a pas été encore éradiquée, mais je considère que le fait qu'il y ait plus de milliardaires, donc de patrons d'entreprises qui commencent à investir dans des secteurs importants, est un bon signe. Les hommes d'affaires et les milliardaires en particulier sont en train de refaçonner le paysage économique de leur pays, comme en Afrique du Sud, au Kenya, en Tanzanie, au Nigeria et même aussi au Sénégal. RFI : Combien l'Afrique compte-elle de milliardaires et peut-on la comparer aux autres continents ? MLE : Il y a évidemment beaucoup moins de milliardaires en Afrique qu'en Europe, en Asie et aux États-Unis. Mais il y a une progression évidente. Le dernier classement de Forbes (magazine américain consacré aux grandes fortunes et aux chefs d'entreprises, NDLR) a identifié 20 milliardaires en dollars précisément en 2021. J'ajoute qu'en 2019, on comptait 140 000 millionnaires (c'est à dire avec au moins un million d'actifs), 699 avec au moins dix millions d'actifs et 310 avec au moins cent millions d'actifs. RFI : En Europe, on a souvent tendance à considérer que les milliardaires sont le signe d'une redistribution imparfaite des richesses nationales dans un pays. Est-ce que c'est aussi le cas sur le continent ? MLE : Oui, bien sûr, parce qu'une bonne partie de la richesse et des grandes fortunes ne sont pas entre les mains des hommes d'affaires mais dans celles des dirigeants politiques. Et ce n'est pas forcément une bonne chose, puisque ce sont des gens qui ne créent pas la valeur, ni d'entreprises. D'un autre côté, plus il y a de milliardaires, donc de patrons d'entreprises, plus ils peuvent contribuer à réduire la pauvreté en créant des emplois et en payant des impôts. RFI : C'est un peu la théorie du ruissellement telle que formulée en France par le président Emmanuel Macron. Pour autant, on s'aperçoit aussi que l'écart entre les très riches et la majorité de la population africaine, souvent très pauvre, est immense. Est-ce que ce ruissellement fonctionne vraiment ? MLE : Il est évident qu'il y a encore en Afrique beaucoup de déséquilibres. On est très loin d'une société où la classe moyenne serait suffisamment large pour imposer une répartition équitable des richesses. Mais il faut savoir qu'il y a une dynamique qui est en train de se mettre en place. La même que celle que l'on a observée en Chine où ce sont bel et bien les entreprises qui ont permis de faire sortir 400 millions de personnes de la pauvreté. RFI : Il y a quelques années encore, on associait les milliardaires africains à la prédation et à la sphère politique. Pour être riche, il fallait être proche du pouvoir politique. Est-ce que cette situation a changé ? MLE : Elle est loin d'avoir changé, et la réalité, c'est que le politique demeure une source d'enrichissement. Certains hommes d'affaires sont des cache-sexes d'hommes politiques. Et certains dirigeants sont extrêmement riches et cette richesse est en quelque sorte soustraite à la richesse nationale. Moi, j'ai choisi dans ce livre de parler, non pas des prédateurs du système, mais de ceux qui bâtissent et investissent, et qui apportent donc à la collectivité une richesse supplémentaire. J'ai exclu par principe et aussi par méthode les hommes politiques riches et les milliardaires politiciens. RFI : Vous soulignez dans votre ouvrage que l'Afrique a de tous temps généré des hommes extrêmement riches. Il suffit de penser au roi Mansa Moussa 1er au 14e siècle, considéré comme l'homme le plus riche du monde. Mais il y a une période de l'histoire où les Africains ont été exclus de la richesse, c'est la période coloniale. Les Africains étaient-ils tous exclus du processus d'accumulation de richesse ? MLE : Oui, c'était la règle. Mais il y a eu quand même quelques exemples d'hommes d'affaires ou de commerçants qui se sont enrichis sous la colonisation. Au Kenya, la famille Kenyatta s'est enrichie dans les plantations et le commerce. En Côte d'Ivoire, Houphouët-Boigny était un planteur avant de devenir un homme politique. Il y a de nombreux exemples, mais il faut souligner que c'est à chaque fois l'administration coloniale qui décidait qui pouvait travailler et s'enrichir et qui ne le pouvait pas. Et cette période coloniale – et avant elle, la période de traite esclavagiste – avait ceci de particulier que les Africains étaient considérés comme des marchandises, des biens, ou de la simple force de travail. Ceci dit, l'administration coloniale a, peu à peu, favorisé l'émergence d'une classe d'affaire autochtone afin qu'il y ait une élite favorable au système et qui le soutienne. RFI : Si l'on poursuit la trame historique, on s'aperçoit en vous lisant que les milliardaires africains sont d'abord apparus dans le commerce. Des profils très différents de ceux que l'on voit aujourd'hui… MLE : Effectivement, on est passé d'une classe de commerçants à une classe d'entrepreneurs. Dans les années 1960-1980, les hommes d'affaires étaient essentiellement de grands commerçants qui ont fait fortune dans l'import-export. Grâce au système de licences, ils bénéficiaient de marchés importants et réalisaient des marges énormes sur des produits de première nécessité. Ensuite, les plus audacieux, les plus ambitieux, je dirais même les plus intelligents, ont exploité le capital qu'ils ont retiré de cette activité pour investir dans d'autres secteurs : l'industrie, l'immobilier, l'agro-industrie, l'agroalimentaire. Au Nigeria, Aliko Dangote a commencé par le commerce, et ensuite il a investi dans les cimenteries. Puis il a diversifié son groupe. Aujourd'hui, les milliardaires africains se retrouvent dans des secteurs très variés : la téléphonie, les banques, les assurances et les nouvelles technologies. Il faut souligner aussi une chose importante : les milliardaires africains choisissent très vite de dépasser leurs frontières nationales et de travailler sur les marchés africains. C'est une différence notable avec la première génération qui était souvent cantonnée à un secteur et dans un seul pays. Et ce n'est pas toujours une sinécure dans une Afrique encore morcelée économiquement. Il faut savoir s'adapter aux différentes législations, aux problèmes de barrières douanières, etc. Ce panafricanisme économique, qui est la marque des milliardaires africains, est à la fois un défi et une immense opportunité de constituer des groupes transnationaux puissants. RFI : Existe-t-il des différences d'approche économique entre les différentes parties du continent ? MLE : L'une des plus importantes recoupe la ligne de partage entre l'Afrique anglophone et l'Afrique francophone. Les Africains anglophones sont plus habitués à manier les règles du capitalisme moderne, c'est-à-dire le recours aux marchés financiers par exemple. Ils ont aussi été les premiers à investir dans les secteurs modernes comme les télécoms. Les Francophones sont peu transparents et entretiennent le flou sur leur fortune. RFI : En Europe, aux États-Unis, on s'aperçoit que les milliardaires le sont parfois de père en fils. Il y a des dynasties qui se créent, des patrimoines qui se transmettent. Est-ce que c'est aussi le cas en Afrique ? MLE : Ça commence à venir, mais c'est encore très limité. Il y a quelques bons exemples. Le meilleur exemple parmi ceux que moi j'ai cité dans le livre, c'est celui du Tanzanien Mohammed Dewji qui a hérité de l'entreprise de son père. Elle faisait alors 15 millions de dollars de chiffre d'affaires annuel, et 15 ans plus tard, elle en faisait 2 milliards. Son père lui a cédé les rênes de l'entreprise de son vivant. Le fils est venu avec une vision différente et avec une ambition nouvelle. D'autres exemples de transmission sont en train d'apparaître. J'ai discuté par exemple avec l'assureur ivoirien Jean Kacou Diagou et sa fille Janine, avec laquelle il esquisse un schéma de transmission. Il y a donc une prise de conscience qui commence à émerger. Des femmes et des hommes qui veulent que leur groupe survive à leur départ. Mais hélas, il existe encore beaucoup d'exemples d'héritages laissés par les milliardaires qui donnent lieu à des batailles entre héritiers qui se déchirent sur le patrimoine et parfois le dilapident. Donc, la question de la transmission reste entière. Et il n'y a pas encore véritablement de réflexion sur cette question.
Yaya Moussa, économiste et fondateur du média Africa Prime, est aussi analyste pour un certain nombre de médias américains. Il analyse les enjeux du sommet États-Unis/Afrique qui s'ouvre ce mardi 13 décembre à Washington. RFI : Ce mardi s'ouvre à Washington le sommet États-Unis/Afrique avec, côté africain une certaine méfiance, il faut le dire, vis-à-vis des États-Unis, puisque beaucoup de dirigeants ont encore en tête le mépris affiché par Donald Trump vis-à-vis du continent. À votre avis, comment, Joe Biden va-t-il s'y prendre pour briser la glace ? Moussa Yaya : On pourrait dire qu'après les propos calamiteux de Trump sur les pays du continent, Biden a cherché à racheter l'Amérique aux yeux des Africains en posant trois décisions importantes. La première, la tenue même de ce 2e sommet, huit années après le premier. Il faut ici réduire le déficit de confiance réciproque. La 2e décision importante, c'est la tournée récente du secrétaire d'État [Antony] Blinken, et la publication en août 2022 d'un document sur la nouvelle stratégie américaine vis-à-vis de l'Afrique. Troisièmement, l'invitation lancée par le président Biden à l'Union africaine pour rejoindre le G 20 qui est une reconnaissance de l'importance économique du continent sur la scène globale. À ce propos, est-ce un geste suffisant aux yeux des dirigeants africains, selon vous ? Je préfère voir derrière cette annonce un augure, un acte de soutien, une ferme volonté des États-Unis de soutenir l'intégration des pays africains, et ce, dans un ensemble politique, diplomatique, économique, financier et monétaire capable de parler avec force et crédibilité aux autres ensembles que sont l'Union européenne, la Chine, l'Inde ou les États-Unis eux-mêmes. Vous venez d'évoquer la nouvelle stratégie américaine pour l'Afrique. En quoi consiste-t-elle ? La nouvelle stratégie poursuit quatre objectifs prioritaires. La promotion des sociétés dites ouvertes et de la bonne gouvernance. C'est un leitmotiv souvent évoqué par les États-Unis, comme nous le savons. Deuxièmement, la promotion de la démocratie et de la sécurité. Vous noterez le lien entre “démocratie et sécurité”. Ensuite, la reprise économique après le Covid et enfin la défense de l'environnement et la transition énergétique. Pensez-vous qu'à travers l'Agoa [African Growth Opportunities Act, Loi sur le développement et les opportunités africaines], l'Amérique va continuer à conditionner ses avantages commerciaux au respect des règles démocratiques ? L'Agoa est une initiative américaine qui date, je pense, de l'an 2000 [mai 2000 signée par Bill Clinton, NDLR], pour ouvrir le marché américain à peu près 7 000 produits africains sans droits de douane. L'initiative étant américaine, libre aux États-Unis d'imposer leurs conditionnalités. Libre également aux Africains de les accepter ou de les refuser. Par ailleurs, il ne revient pas à la Chine ou à la Russie de contester les modèles de démocratie proposés par les Américains aux Africains, car ces deux pays doivent eux-mêmes inventer leur modèle de démocratie. Il revient aux Africains, en revanche, de se convaincre et de se prouver qu'ils ont un modèle crédible et viable de démocratie. Qu'est-ce que les pays africains peuvent attendre aujourd'hui de l'Amérique de Joe Biden ? N'oublions pas qu'au moment où nous parlons, les États-Unis à travers le Pentagone sont présents dans environ 15 pays africains, où ils maintiennent des bases permanentes ou semi-permanentes. Une trentaine de bases, donc. L'Amérique est un fournisseur de sécurité pour ainsi dire. Elle est aussi un partenaire économique. L'Amérique est également présente, ne l'oublions pas, au sein des institutions internationales de développement comme le FMI et la Banque mondiale. Son vote compte. C'est extrêmement important. Et enfin, il y a quand même un lien charnel entre les États-Unis et l'Afrique à travers la diaspora africaine, forte de deux millions de personnes, ainsi que des quarante-trois millions d'Africains américains. Est-ce qu'aux États-Unis, les dirigeants ont le sentiment que les Africains peuvent apporter quelque chose à l'Amérique, que ce soit sur le plan économique, diplomatique, sécuritaire et surtout culturel ? Vous parlez de la contribution de l'Afrique au niveau de la culture internationale mondiale, c'est effectivement dans ce domaine que l'Afrique est massivement présente aux États-Unis. Vous évoquiez les aspects économiques et ceux des affaires. C'est le cœur désormais de la diplomatie mondiale de tous les pays et l'Amérique ne fait pas exception. Enfin, l'Afrique représente 25 à 30% du vote aux Nations unies. Peut-on dire qu'aujourd'hui, les Africains ne sont plus prêts à confier leur influence à un seul bloc ou à un seul pays ? On peut le dire, mais je vais tempérer un peu cet optimisme. La compétition entre les grandes puissances semble donner une certaine marge de manœuvre aux pays africains, mais il ne faut pas oublier que quand on parle d'Afrique, on parle de 54 pays. Il ne s'agit pas d'une entité unique, avec une prise de décision unique, avec des objectifs uniques. Donc l'Afrique, qu'est-ce que c'est aujourd'hui ? C'est une grande question que les Africains doivent eux-mêmes se poser. Est-elle un fantôme géopolitique ? Qui parle au nom de l'Afrique ? Mais cette question concerne davantage l'Afrique elle-même que les partenaires de l'Afrique. Je pense que désormais, pour le continent africain, une forme d'intégration - je parlerai même d'unité - n'est plus un rêve romantique, ni une aspiration sentimentale, c'est un impératif de survie pour les pays africains. ►À lire aussi : Ouverture du sommet États-Unis/Afrique en présence d'une cinquantaine de chefs d'État
De Nollywood à Youtube en passant par les festivals… L'animateur Claude Grunitzky s'entretient avec trois Africains de l'industrie cinématographique. À quels défis et opportunités sont-ils confrontés ?Nicole Amarteifio est la créatrice de la série télévisée An African City. Elle nous raconte comment elle a appris à faire des films. Kivu Ruhorahoza est un réalisateur rwandais qui a montré ses films dans des festivals du monde entier. Il nous dit ce que les gouvernements pourraient mieux faire. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Il y aura un nouveau sommet Russie-Afrique en 2023 et ce sera en Russie, dit l'Ivoirien Ahoua Don Mello, consultant du patronat russe sur les dossiers africains et représentant pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale des Brics, l'alliance entre la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud. Sa parole est rare. Que pense-t-il du groupe Wagner en Centrafrique et au Mali ? Que lui inspire le sommet États-Unis – Afrique, qui doit s'ouvrir ce mardi à Washington ? RFI : En Centrafrique et au Mali, la Russie est vue comme une alternative à la France. Quelle est, de votre point de vue, la différence d'approche entre les Français et les Russes ? Ahoua Don Mello : Du côté de la France, je pense qu'il est bon de prendre conscience que les derniers liens coloniaux doivent sauter. Je pense notamment à la question monétaire, à la question militaire, et puis aussi à la question de l'économie des matières premières. De l'autre côté, vous avez la Russie qui se positionne, mais vous ne verrez jamais les Russes venir imposer une politique à un pays africain. Ça ce n'est pas possible. Mais n'y a-t-il pas des entreprises minières russes qui s'intéressent à certaines matières premières africaines, comme la bauxite de Guinée-Conakry ? Mais vous savez, depuis les années Sékou Touré, l'accord entre la Guinée et la Russie est un accord d'abord militaire. Mais comment financer cet accord militaire-là ? Ça a été par le biais la bauxite. Donc la Russie opère dans le secteur minier pour financer ces accords de coopération avec ces différents pays. Elle n'est pas un acteur majeur. Vous prenez la Guinée, les acteurs majeurs dans le secteur de la bauxite, ce sont les Américains, ce sont les Chinois. Et vous dites qu'à la différence de la France, la Russie n'a pas d'influence militaire en Afrique, mais n'y a-t-il pas le groupe Wagner en Centrafrique et au Mali ? Le groupe Wagner, c'est ce qu'on appelle dans le jargon moderne des sociétés militaires privées, donc je dirais des Bob Denard modernisés. Il y a plusieurs groupes comme ça en Afrique, que ce soit des groupes américains, que ce soit des groupes français, à travers d'anciens gendarmes, comme Robert Montoya ou Paul Barril. Si le Mali estime que ça peut leur rapporter, eh bien c'est leur droit. Si la Centrafrique estime que ça peut lui rapporter, c'est aussi un droit. En Centrafrique comme au Mali, le groupe Wagner est pointé du doigt. Est-ce que vous ne craignez pas que ces exactions puissent ternir l'image de la Russie en Afrique ? Non, ce sont des sociétés privées, c'est comme si on me disait : c'est vrai que l'image de Bob Denard, etc. n'est pas reluisante, et que c'est reproché à la France d'avoir utilisé ces services-là. Certes, le groupe Wagner est une société privée, mais elle est dirigée par M. Prigojine qui est très proche du président russe, Vladimir Poutine, et elle combat actuellement à Bakhmout, face aux forces ukrainiennes et aux côtés des forces russes… Bouygues, Bolloré, etc., ils sont proches du gouvernement français, mais ça ne veut pas dire qu'ils perdent du coup leur statut de société privée. Est-ce que vous ne craignez pas que les exactions dénoncées ternissent non seulement le groupe Wagner, mais l'image de la Russie tout simplement ? Vous savez aujourd'hui en Occident, on cherche à instrumentaliser la question des droits de l'Homme, parce qu'on voit le silence que les Occidentaux observent quand eux-mêmes sont responsables de ces exactions. On voit comment ils montent en épingle… Moi, je me souviens du cas de la Côte d'Ivoire, on a accusé Laurent Gbagbo de tous les maux, et on s'est rendu compte en fin de compte qu'il est innocent. Ahoua Don Mello, ce mardi à Washington s'ouvre un sommet États-Unis – Afrique, est-ce que les Américains n'ont pas des arguments, à la fois politiques et économiques, beaucoup plus importants que les arguments russes sur le continent africain ? Ce qui est sûr, c'est que pour nous, c'est une situation qui favorise le continent africain. Voyez-vous, les États-Unis se réveillent brusquement, pour proposer un sommet et pour faire encore des propositions, c'est bon à prendre. Et donc nous avons une panoplie de propositions, et je pense que c'est à l'Afrique de choisir le meilleur pour son continent. Et quand vous dites que les Américains se réveillent brusquement, voulez-vous dire que c'est à cause de la crise internationale provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie ? On constate qu'il y a coïncidence et on constate que la position de l'Afrique a beaucoup gêné les Américains et les Occidentaux, et je constate qu'on convoque les Africains justement pendant cette période de crise ukrainienne. Alors, il y a eu un sommet Russie-Afrique, c'était à Sotchi en 2019, est-ce qu'il y aura un nouveau sommet Russie-Afrique en 2023 ? Tout est bon à prendre, c'est à nous de prendre le meilleur de chaque offre. Donc, il y aura un sommet Russie-Afrique en 2023 ? Eh bien oui. Et ce sera quand ? Je n'ai pas la date précise, mais on le saura bientôt. Et ce sera en Russie ? Ce sera probablement en Russie.
durée : 00:52:41 - Les Nuits de France Culture - par : Albane Penaranda - En 2012, l'émission "Cultures monde" de Florian Delorme analyse le phénomène de la traite du foot, ses négriers et ses victimes. Elle met en lumière cette manifestation d'un football ultra-capitaliste et ultra-libéral, avec notamment Jérôme Jessel, Jean-Marc Guiou et Maryse Ewanje Epée. - invités : Maryse Ewanje-Epée; Jérôme Jessel
En février dernier, l'Union africaine et l'Union européenne s'étaient retrouvés à Bruxelles en sommet. Depuis, la guerre en Ukraine a éclaté et les rapports entre les deux continents se sont dégradés. Les Européens n'ont notamment pas digéré l'abstention de nombreux pays africains lors des votes aux Nations unies, votes destinés à sanctionner l'offensive russe. Les relations s'étaient déjà refroidies avec la crise du Covid-19. Une conférence sur l'évolution des rapports entre les deux continents avait lieu la semaine dernière à Bruxelles. Où en sont aujourd'hui les relations entre Africains et Européens ? Comment expliquer la défiance grandissante vis-à-vis de certains pays européens sur le continent ? Des questions que RFI a posées à Geert Laporte, le directeur de l'European Think Tanks Group, un réseau de think tanks européens, qui organisait cette conférence.
Info ou intox ? La présumée « tentative de putsch » visant le pouvoir du patron de la transition burkinabè a initialement été divulguée par le site Omega Medias, selon lequel le capitaine Traoré « a confirmé », hier, ladite « tentative de déstabilisation » lors d'une rencontre à Ouagadougou avec des Organisations de la société civile et des leaders coutumiers et religieux, affirmant aussi connaître les auteurs de la « manœuvre » mais préférant « ne pas les arrêter parce que voulant privilégier le dialogue », rapporte Omega Medias. « Un coup d'État étouffé dans l'œuf et n'eut été la sortie de manifestants à la Place de la nation et au Rond-point des Nations unies dans la nuit du 27 au 28 novembre, on n'en aurait rien su », énonce Aujourd'hui. Lequel quotidien burkinabè s'interroge. « Un putsch pour quoi faire à peine un mois après l'avènement de ce régime sankarisant ? N'est-il pas temps qu'on sorte de cette épidémie de putschs réels ou inventés ? », Aujourd'hui n'écartant donc pas l'hypothèse selon laquelle cette affaire pourrait relever de la catégorie des « infos de caniveau ». À quoi Le Faso.net ajoute que le chef de la transition burkinabè « aurait aussi affirmé que des sommes d'argent ont été distribuées et que les auteurs de la tentative de déstabilisation sont bien connus », énonce ce journal en ligne. « Qui veut déposer le Capitaine Ibrahim Traoré ? », se demande ainsi Fratmat.info. Selon le site du quotidien gouvernemental ivoirien, « d'aucuns pensent que cette annonce du jeune capitaine relève de tactiques politiciennes pour continuer de bénéficier d'un fort soutien populaire ». Fratmat.info note quand même que, dans la nuit de dimanche à lundi derniers, des partisans du Capitaine Ibrahim Traoré ont « fait le pied de grue », place de la Nation, à Ouagadougou, pour protester contre « cette tentative de putsch ». Et Fratmat.info signale que, sur les réseaux sociaux notamment, « tantôt les Burkinabè – mais des Africains d'autres parties du continent – hostiles à la présence française et plutôt favorable à une coopération avec la Russie n'ont pas attendu que le Capitaine Ibrahim Traoré désigne un commanditaire. Ils tiennent Paris pour responsable de "la tentative de putsch" dont fait mention le Chef de la Transition. Les responsables et militaires proches de l'ancien Président de la Transition, Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, et plusieurs autres figures politiques ne sont pas épargnés non plus », ajoute Fratmat.info. Démocratie parlementaire à portée de baffes au Sénégal « Vacarme à l'Assemblée », lance, en Une, 24 Heures. « En commission, les députés travaillent. En séance publique, ils se battent comme des chiffonniers », regrette ce quotidien sénégalais. « Deux députés de l'opposition ont usé des mains et des pieds contre une députée de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Amy Ndiaye Gnibi a essuyé la furie des députés appartenant au Parti de l'Unité et du rassemblement. Elle avait trainé dans la boue, Serigne Moustapha Sy, guide religieux et fondateur du Parti de l'Unité et du rassemblement, et est tombée inerte quelque temps après les échauffourées. Amy Ndiaye Gnibi a été évacuée de la salle par les sapeurs-pompiers », relate 24 Heures, en rapportant notamment la réaction indignée du député non inscrit Thierno Alassane Sall, que ce journal résume d'un constat lapidaire : « l'image du Sénégal est encore écorchée ». Le Congrès de Bédié En Côte d'Ivoire, enfin, les préparatifs vont bon train au PDCI-RDA, en vue du prochain Congrès extraordinaire. Le parti du président Henri Konan Bédié a mis en place l'organigramme dudit Congrès, qui se réunira le 14 décembre prochain. Et le quotidien Dernière Heure Monde, « en manchette », signale que « Bédié met en place le Comité d'organisation du VIIe Congrès extraordinaire ». Étant rappelé qu'initialement, le Bureau politique du PDCI-RDA, réuni fin septembre à Daoukro, fief d'Henri Konan Bédié (sud-est de la Côte d'Ivoire), avait décidé de réunir un nouveau Bureau politique le 14 décembre, et non un Congrès extraordinaire, le quotidien, proche du parti historique fondé par Félix Houphouët-Boigny, père de la Nation ivoirienne, précise, entre autres nominations, que l'inspecteur général d'État, Niamien N'Goran, qui fut aussi ministre de l'Économie et des finances, est nommé « Président de la Coordination Générale du Congrès » ou encore que le maire de Songon, Éric N'Koumo Mobio, dirigera le Comité d'organisation pratique du Congrès, annonce, en Une, Dernière Heure Monde. Dont acte.
durée : 00:52:00 - Les Nuits de France Culture - par : Albane Penaranda -
« Ils l'ont fait ! », s'exclame WalfQuotidien en première page. « Aliou Cissé en larmes. La célébration rageuse du capitaine Kalidou Koulibaly à genoux, les poings serrés. La course folle des remplaçants pour rejoindre leurs partenaires dans le terrain. Les Lions ont littéralement fait exploser leur joie au coup de sifflet final de la rencontre contre l'Équateur ». Il faut dire, précise WalfQuotidien, que « les champions d'Afrique en titre ont joué le couteau sous la gorge durant le dernier quart d'heure. Et quand le quatrième arbitre a indiqué six minutes de temps additionnel, l'atmosphère de la fin du match était devenue plus pesante. Car, ce 2 buts à 1, en faveur des Lions, était facilement démontable par les Équatoriens qui avaient fini par assiéger les buts d'Edouard Mendy. Ouf… Le tableau d'affichage ne bougera plus. Le Sénégal s'impose au bout du suspense […]. Dominateurs dans les duels, tranchants sur les flancs, les Lions ont éteint des Équatoriens longtemps absents dans cette partie ». « Un match de patron pour Koulibaly qui propulse les Sénégalais en huitièmes ! », lance pour sa part 24 Heures à Dakar. En effet, « cette qualification des Sénégalais porte clairement la marque du capitaine Kalidou Koulibaly, auteur d'un grand match et surtout du but décisif sur une reprise de volée. Un véritable héros ! ». Des griffes bien acérées La presse de la sous-région applaudit également. L'Observateur Paalga exulte : « on ne peut que dire bravo aux fauves sénégalais, qui ont eu les crocs suffisamment incisifs et les griffes bien acérées pour les planter dans la chair de la Banana Mecanica ». « Vingt ans après avoir goûté aux délices d'un huitième de finale de Coupe du monde, les Lions de la Téranga marquent leur retour à l'abreuvoir, avec une soif non dissimulée, relève pour sa part Aujourd'hui. Après cette première phase, passée sans trop d'encombre malgré quelques sueurs froides, tout devient possible. Les garçons du sélectionneur Aliou Cissé, qui ont certainement appris au cours des trois matchs de poule à faire la différence entre l'ombre et la proie, vont aborder ces chalenges de quitte ou double avec encore plus d'odorat et de flair ». Les Lions contre Les Trois Lions En huitièmes de finale, les Lions affronteront les Three Lions, les Trois Lions, à savoir l'équipe d'Angleterre, ce sera dimanche soir. « Les finalistes du dernier Euro partiront évidemment favoris, mais leur niveau réel reste difficile à jauger, estime le site Afrik-foot. Les hommes d'Aliou Cissé partiront évidemment dans la peau de l'outsider mais ces Anglais ne semblent pas forcément imbattables ». Commentaire du Sélectionneur national Aliou Cissé, à lire dans WalfQuotidien : « Arrivé à ce niveau de la compétition, il n'y a pas de préférence. Ce sont les meilleures équipes qui sont là. Si on veut aller au bout, on doit être prêt à jouer contre n'importe quelle équipe. Ce sont des matchs couperets qui nous attendent. Il n'y a plus de calcul à faire. Les équipes se valent ». Qui pour suivre les traces des Sénégalais ? Et pour les autres équipes africaines, WakatSéra s'interroge : « Combien seront-ils de représentants du continent noir à pouvoir marcher sur les pas des Sénégalais qui doivent désormais pousser encore leurs limites pour atteindre les quarts de finale et plus si affinités ? Si les Lions indomptables du Cameroun sont bien dans une mauvaise passe, contraints de terrasser le Brésil, la Tunisie, qui joue la France ce mercredi, doit y aller sans complexe si elle veut étouffer Olivier Giroud et ses camarades pour aller au tour suivant. Là également, la victoire est impérative, tout comme elle l'est pour les Blacks Stars qui affronteront, ce vendredi l'Uruguay qui est loin d'être un foudre de guerre. Tout compte fait, conclutWakatSéra, les Africains sont bel et bien en mesure de faire rêver tout le continent qui espère faire durer encore, jusqu'à la fin de la compétition, le feu de bonheur et d'espoir allumé ce mardi par les Lions de la Téranga sans Sadio Mané, mais avec Kalidou Koulibaly ! ».
Avec des Lions qui ont sorti les griffes hier, en l'occurrence les Lions de l'Atlas, qui ont terrassé les Diables rouges de Belgique. « Les Lions de l'Atlas rugissent et s'imposent 2 à 0 face à la sélection belge », s'exclame le site du magazine marocain Tel Quel. « Le Maroc renverse la Belgique et s'accroche à la qualification », se réjouit le site marocain Yabiladi. « Avec deux buts sans réponse, contre les demi-finalistes du dernier Mondial, logés à la deuxième place du classement de la FIFA. Une belle performance pour les Lions de l'Atlas qui devront confirmer leur état de forme contre le Canada, jeudi prochain. » « En réalité, relève Aujourd'hui à Ouaga, ce score de 2 buts à 0 n'est que la juste sanction d'une confrontation restée sous le contrôle des Fauves marocains, soutenus à bras-le-corps par un public acquis à sa cause. Dans cet environnement favorable aux Lions de l'Atlas (tout comme aux Aigles de Carthage), il n'est pas exclu que les sujets de sa Majesté, conduits par un Hakim Ziyech éclaboussant, sortent le grand jeu tant espéré par ce continent africain, qui nourrit le secret espoir de voir son rêve de reconnaissance porter au firmament du toit mondial du football. » Nouvelle répartition des cartes ? En effet, remarque encore Aujourd'hui, « à ce Mondial du Qatar 2022, tout semble indiquer que le football est en train d'opérer sa mue vers une nouvelle répartition des cartes. L'Argentine de Lionel Messi qui tombe devant l'Arabie Saoudite, l'Allemagne qui fait allégeance au Japon… chaque journée de Coupe du monde y va de son surprenant feu d'artifice magique. » Alors, maintenant, lance WakatSéra, toujours au Burkina Faso, « aux Lions Indomptables du Cameroun et aux Black Stars du Ghana de mettre, ce lundi, respectivement face aux Serbes et aux Sud-Coréens, les pieds dans les sillons tracés par les Marocains ce dimanche et les Sénégalais qui, vendredi, ont battu et éliminé le Qatar, pays hôte. Certes, les rendez-vous seront de plus en plus à risque, vu que chaque adversaire vise la qualification qui se joue sur chaque match. Mais tout comme les autres équipes, les Africains doivent défendre les couleurs du continent noir qui ne doit plus se contenter d'exploits épisodiques. Le titre est mondial et n'est la propriété exclusive d'aucune partie de la planète ! » Le Cameroun toujours en piste Face à la Serbie, et malgré leur défaire face à la Suisse, les Camerounais veulent y croire… Pour Joël Babanda, l'ancien avant-centre de L'Union de Douala, interrogé par le site camerounais 237 Lions, « il faudra de la solidité, de l'agressivité et répondre aux défis physiques pour être collectivement présents autant offensivement que défensivement. Personne n'est imprenable. On doit être convaincu, renchérit-il, que la Serbie est à notre portée et on doit aller jouer ce match pour la gagne. » Le Sénégal joue son va-tout Les regards sont fixés aussi sur le Sénégal, qui joue contre l'Equateur demain mardi… Le Sénégal qui joue son va-tout après sa victoire face au Qatar et sa défaite face aux Pays-Bas. Pour le défenseur des Lions, Youssouf Sabaly, interrogé par WalfQuotidien, « il faudra être bon physiquement et dans le jeu face à ce genre d'équipes sud-américaines. » Et « il faudra faire un peu plus d'efforts pour pouvoir créer des occasions. Contre le Qatar, on a prouvé que quand on peut créer des situations, on peut mettre des buts. » Mais attention, relève WalfQuotidien, « le Sénégal est réputé physique dans son jeu. Et dans cette Coupe du monde, les Lions n'ont pas dérogé à la règle. Comme le confirment les 5 cartons jaunes reçus en deux matches dont quatre sont allés à des joueurs à vocation défensive. Tous sont sous la menace d'une suspension dans un éventuel 8e de finale en cas d'un autre avertissement contre l'Equateur. » Des portiers africains efficaces… Enfin, facteur positif pour les équipes du continent : leurs gardiens… « Depuis le début du Mondial, les portiers africains ont fait bonne impression, relève Le Monde Afrique. Ce n'est pas un hasard : la plupart jouent dans de grands clubs européens. » Exemples : « Face à la Croatie, le Marocain Yassine Bounou a repoussé, à plusieurs reprises, des frappes adverses. » Ou encore, « contre la Suisse, le Camerounais André Onana a empêché les Lions indomptables de concéder plus de buts. (…) Lors de ce Mondial au Qatar, on constate qu'une équipe nationale ne peut pas avoir un beau parcours 'sans avoir un excellent gardien', atteste Claude Le Roy, ancien sélectionneur qui a dirigé six sélections africaines. 'Quand nous avons remporté la CAN 88 avec le Cameroun, c'est parce que le nôtre – Joseph-Antoine Bell – était de très haut niveau. Et comme le Sénégal, le Cameroun et le Maroc ont de très bons spécialistes à ce poste, ils peuvent normalement avoir quelques ambitions…' »
« Aka Zidane », c'est le titre du dernier livre de Michaël Zumstein. Alors que s'ouvre une Coupe du monde très décriée au Qatar, le photo-reporter indépendant propose un regard décalé sur notre rapport au football. Depuis près de trois décennies, ce journaliste parcourt le continent africain : conflit en RCA, crise au Mali, au Niger ou encore en Côte d'Ivoire. La genèse de cet ouvrage est particulière : en reportage à Bangui, le journaliste est attiré par le maillot de foot porté par un combattant. Une réflexion s'ouvre, une quête débute, Michaël Zumstein va plonger dans ses archives, retourner sur le terrain et chercher ce lien entre le foot et la vie quotidienne sur le contient. RFI: Vous sortez un livre de photos qui s'appelle Aka Zidane, pourquoi ce titre ? Michaël Zumstein: AKA c'est l'acronyme en anglais de « also known as » Zidane, (aussi connu sous le nom de Zidane). Ce livre est né un petit peu par hasard. J 'étais en Centrafrique en 2014, je couvrais le conflit qui était naissant là-bas, j'ai fait une image qui a fait un petit peu le tour du monde et la une des journaux et, sur cette image, il y a un groupe d'anti-balaka dont un des membres, au milieu, porte un magnifique maillot rouge, un maillot rouge de l'équipe d'Espagne. Je me suis alors interrogé en me disant: « Mais qu'est-ce que c'est que ce maillot de foot au milieu de la guerre ? ». Dans son dos, il y avait le nom de l'attaquant espagnol Fernando Torres. À partir de là, je me suis dit: « Tiens, il se passe quelque chose dans certains pays d'Afrique où, maintenant, on ne fait plus la guerre en treillis et en bottes, on la fait avec un maillot de foot et des tongs ». Cette image de cet homme avec le maillot rouge de l'équipe d'Espagne percute et je vais chercher, dans mes archives photos, d'autres images. Je m'aperçois alors que j'ai beaucoup de photographies avec justement ces jeunes Africains et ces jeunes Africaines qui portent un maillot de foot dans tous les types de situation, pas seulement pendant la guerre en Centrafrique, mais aussi au Mali, en Côte d'Ivoire sur un chantier, au Niger dans un marché et je commence à créer une sorte d'équipe de foot imaginaire avec tous les noms de ces footballeurs connus. Je les collectionne, je les additionne et, à la fin même, je les cherche. Après coup, dans votre réflexion, est-ce qu'il y a un lien qui se crée, une idée qui se tisse entre le monde de la guerre, le monde de l'argent et le monde du football aussi ? Alors, en tant que photojournaliste, on a l'habitude d'être extrêmement précis dans nos légendes. On doit évidemment répondre à quelques questions qui sont: où, quand, comment, pourquoi ? Et j'ai remarqué que quand je mettais le nom d'un joueur de foot à la place du vrai nom de la personne qui était photographiée, l'impact et l'émotion que ça pouvait créer étaient différents. Et à ce moment-là, évidemment, le mélange se fait, la confusion se fait mais elle nous permet aussi de sortir du contexte parfois guerrier que les gens ne veulent plus voir. Là, je m'aperçois que c'est une façon de raconter une histoire qui est bien plus proche de nos émotions et je me mets à nommer les gens que je photographie par leur nom de footballeur. C'est ça que je recherchais : faire un pas de côté du photojournalisme classique et arriver vers une narration un peu plus documentaire et un peu plus personnalisée. Est-ce qu'on peut prendre quelques légendes qui justement expliquent ce que vous venez de raconter ? Donc la première photographie, c'est ce combattant anti-balaka, sur une route au nord de la Centrafrique. J'aurais pu en effet légender avec le vrai nom de la personne mais là, la légende est beaucoup plus simple et elle nous parle directement: « On est dans le village de Njoh en Centrafrique et Fernando Torres, l'attaquant espagnol, me fait face. C'est un rebelle anti-balaka. Lui et d'autres hommes tentent de reprendre un axe routier important dans le nord du pays. » Ça, c'est le début de ma réflexion sur les maillots de foot et c'est là que je vais aller chercher ensuite d'autres images, et j'en refais quelque temps après. Par exemple, je suis à l'hôpital de Bangui, on voit un homme qui porte un magnifique maillot jaune, le maillot jaune du Brésil que tout le monde reconnaîtra, avec les étoiles de vainqueurs de la Coupe du monde, mais autour de son cou, on perçoit comme un collier de sang. En fait, cet homme, que j'appelle Ronaldinho, vient d'apporter à l'hôpital général son ami qui vient de mourir à la suite d'une embuscade, qui vient de mourir dans ses bras. Et je continue comme ça cette litanie pour la guerre, mais je peux aussi tout à fait tomber sur une double-page du livre où je vois Zidane qui est sur une charrette tirée par un bœuf, dans un village du Niger, et qui rentre de son champ. Et en fait cet homme, il est tout seul, il a un champ beaucoup trop petit pour nourrir sa famille, et ses frères et sœurs sont partis en Algérie pour mendier. Voilà ce qui est écrit : « Il faut compter combien de cousins, de sœurs et de frères qui ont quitté la famille de Zidane, pour aller mendier en Algérie ou pour rejoindre la Libye ? » Évidemment, cette photo s'inscrit avec d'autres images de plusieurs reportages que j'avais faits au Niger, et dans ces reportages on peut y trouver Messi, Lampard, Ronaldo qui sont tous présents, et même Wayne Rooney qui est une femme agricultrice qui revient de son champ, après avoir travaillé toute la journée. Au final, vous avez fait une sorte de Seleção, comme disent les Brésiliens (de sélection). Combien de photos avez-vous gardées pour ce livre ? C'est en effet une sorte d'équipe de foot imaginaire que j'ai créée. Il n'y a pas forcément tous les postes de l'équipe. J'ai une cinquantaine d'images pour ce livre et en tout, je pense que j'en ai réalisées autour de 500. C'est devenu à un moment une quête ? Oui, c'est devenu une quête, on peut dire que c'est même devenu une obsession. On est vraiment dans une série documentaire, une série de photographies qui me permet d'exprimer un point de vue et de donner à voir autrement. Peut-être aussi, de donner à voir que d'autres matchs se jouent là-bas. Quels conseils, s'il y en a, pourriez-vous donner à de jeunes photoreporters africains ? C'est absolument nécessaire qu'il y ait des photojournalistes et des journalistes africains qui racontent l'histoire de leur pays, de leur propre continent. J'ai fait beaucoup pour former de jeunes journalistes. Évidemment qu'aujourd'hui, nos images sont noyées dans une masse, la masse des photographies faites avec des téléphones portables, mais je crois que si l'on commence d'abord par avoir une déontologie, à savoir légender et raconter des histoires le plus honnêtement possible, ensuite, évidemment, on peut se permettre de raconter un petit peu différemment d'autres histoires, une façon de voir son pays de façon un peu plus personnelle. C'est comme ça qu'on aura un portrait, j'espère, le plus complet. ►« Aka Zidane » le livre de Mickaël Zumstein est publié par les éditions « Images plurielles ».
En 2020, la crise de la Covid-19 a mis en évidence la forte dépendance de l'Afrique en matière d'approvisionnement des produits pharmaceutiques. Comment structurer une filière industrielle du médicament et du vaccin, et passer de consommateur à producteur ? Et la recherche africaine dans tout ça, où en est-elle ? Comment l'Agence africaine du médicament et les gouvernants peuvent-ils accompagner scientifiques et industriels ? Quand l'Afrique pourra-t-elle soigner les Africains ? Avec la participation de : - Dr Ndao, directrice générale de l'Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique - Michel Sidibé, envoyé spécial de l'Union africaine pour l'Agence africaine du médicament (AMA), ancien ministre de la Santé et des Affaires sociales de la République du Mali et ancien directeur exécutif de l'ONUSIDA - Pr Halidou Tinto, directeur de Recherche en Parasitologie et enseignant associé à l'Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso, directeur régional de l'Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS), investigateur principal du projet d'essai vaccinal sur le candidat vaccin contre le paludisme R21.
L'Afrique est inquiète. Après trois défaites et deux nuls au Mondial de football du Qatar, les Africains ont comme un doute… C'est ce que souligne Wakat Sera. « Les sélections africaines n'y arrivent pas pour l'instant et commencent à faire douter tout un continent qui reste pourtant debout derrière ses représentants au mondial. A l'issue des premiers matchs de cette compétition, le bilan plus que mitigé avec deux nuls et trois défaites est inquiétant au vu de l'absence d'engagement et de détermination des Africains (…) En tout cas, tout comme les Lions sénégalais, les Lions marocains et camerounais, les Aigles de Carthage et les Black Stars ghanéens sont conscients que ces deuxièmes matchs de groupe ne sont pas à perdre. Il faudra les gagner pour espérer poursuivre la compétition et redonner de l'espoir à toute l'Afrique pour qui passer en quart de finale ne doit plus être un exploit ». Les Africains sont « à la peine », déplore également son confrère L'Observateur Paalga. « Au finish, ce sont toujours de grands regrets. Et de regret en regret, l'on risque de sombrer dès le premier tour. Parce que dans cette situation, les choses se compliquent. C'est peut-être le Sénégal qui garde encore une marge d'espoir au regard des oppositions à venir. Déjà les Lions de la Teranga ont l'occasion de se mettre à l'abri face au Qatar, encore que ce n'est jamais gagné à l'avance face au pays organisateur. Quant aux Lions indomptables du Cameroun, les chances se rétrécissent car ils se dressent contre le Brésil et la Serbie », pointe avec angoisse L'Observateur Paalga. Désir de panafricanisme C'est un double sommet que réunit l'Union africaine, aujourd'hui, à Niamey, l'un consacré à l'Industrialisation de l'Afrique et la diversification économique, l'autre à la Zone de libre-échange africaine. « L'Afrique au rendez-vous de son destin économique », clame en manchette Mourya La Voix du Niger. Comme le déplore ce quotidien nigérien, « il suffit de voyager d'un pays à un autre dans la zone CEDEAO pour constater de visu, l'ampleur des tracasseries qui s'abattent sur les citoyens de la même zone. Les entraves à la libre-circulation des personnes et des biens, mais pas que… » Mourya La Voix du Niger dénonce également la « dépendance financière » de l'Union africaine vis-à-vis de l'extérieur, « notamment de l'Occident ». Et ce confrère nigérien de rappeler l'adage selon lequel « c'est la main qui finance qui commande ». Blé Goudé, le retour J – 1 en Côte d'Ivoire pour le retour au pays de Charles Blé Goudé. L'ex-prisonnier de Scheveningen est attendu demain à Abidjan. Et ce vendredi matin, Charles Blé Goudé apparaît à la Une de plusieurs titres de la presse ivoirienne, tels que Notre Voie, qui lui souhaite un enthousiaste « Charles Ayo ! », en signe de bienvenue ou encore celle du journal Le Quotidien d'Abidjan, sur laquelle l'ex-chef des Jeunes patriotes assure qu'il ne sera « jamais l'adversaire politique du président Laurent Gbagbo », dont il fut, rappelons-le, ministre de la Jeunesse. Le quotidien Soir Info a eu l'excellente idée de se rendre au village de Blé Goudé pour mesurer la fièvre qui s'est emparée de ses habitants, à la veille du retour de l'enfant chéri au pays. Dans ce journal, son cousin Blé Moïse assure qu'« en pays Bété, un chef reste un chef (…) C'est depuis la prison que Charles Blé Goudé a créé son parti. Donc je suis convaincu que c'est sur les conseils de Laurent Gbagbo, son ‘'père'', qu'il l'a fait. Et lui-même a dit que tant que son ‘'père'' sera en course, lui, il s'abstient. Donc il attend son heure et continue d'apprendre auprès de son mentor, Laurent Gbagbo », dit encore à Soir Info celui qui se présente comme le fils de Blé Guilé, le petit frère du père de Charles Blé Goudé. Pas de Charles Blé Goudé, en revanche, à la Une du quotidien Le Temps. Ce journal, proche parmi les proches de Laurent Gbagbo, préférant mettre l'accent sur l'alliance entre son parti, le PPA-CI et le PDCI-RDA de l'ex-président Henri Konan Bédié, en signalant ce que ces deux formations politiques ivoiriennes de taille « préparent pour les municipales » de l'an prochain en Côte d'Ivoire. Dans ce journal, le porte-parole du PPA-CI, Justin Koné Katinan souligne le caractère « stratégique » de cette alliance. « Evidemment, ça passera par des élections municipales, qui sont des élections de groupe, de liste. Où nous allons forcément nous entendre sur les listes-là où on doit s'entendre », dit encore Justin Koné Katinan, rapporte le journal Le Temps.
Ce lundi en fin d'après-midi à 16h TU : Sénégal-Pays-Bas. « Presser à fond l'Oranje ! », s'exclame WalfQuotidien. L'orange étant bien sûr la couleur nationale des Pays-Bas, à l'origine, la couleur de la famille royale néerlandaise, la Maison d'Orange-Nassau. Presser l'orange, donc… Les Lions veulent frapper fort, d'entrée, face au favori du groupe A. En effet, pointe WalfQuotidien, « même si en face, l'adversaire est un véritable rouleau compresseur si on se fie à son effectif, une feuille de match ne dit pas tout. Le Sénégal débarque au Qatar avec le manteau de champion d'Afrique. Il faudra s'assumer sur le terrain. » Alors, Sadio Mané absent… « Que vaut le Sénégal sans son leader technique ? », s'interroge le quotidien dakarois. « Ce n'est pas un fait inédit dans la Tanière. Jouer sans Sadio Mané. Cela est arrivé 12 fois à Aliou Cissé depuis qu'il a pris main l'équipe nationale en mars 2015. Et même si on reconnait tout le poids qu'exerce Mané dans cette sélection, les Lions n'ont jamais perdu sans lui. Ils ont enregistré 8 victoires et 4 matches nuls. De bonnes statistiques qui rassurent. » Une Coupe du monde : « C'est quelques matches… » Plus globalement, « les sélections africaines ont-elles une chance ? », au moins de franchir le premier tour, s'interroge Jeune Afrique. « Le Sénégal a hérité du groupe à priori le plus abordable (Qatar, Pays-Bas, Équateur). Le sélectionneur camerounais, Samuel Eto'o, estime carrément, relève le site panafricain, que le Cameroun sera champion du monde au soir du 18 décembre. Mohammadou Idrissou, son ancien coéquipier en sélection, le ramène à la raison. "Nous allons affronter au premier tour le Brésil, la Suisse et la Serbie, autrement dit un favori et deux bonnes sélections européennes. Alors, parler de titre mondial… Commençons déjà par essayer de sortir de ce groupe, ce qui sera déjà très compliqué". Les Marocains, eux, relève JA, n'ont pas vraiment eu de chance au tirage avec le groupe le plus difficile : Croatie, Belgique et Canada. Quant aux Tunisiens, avec la France et le Danemark, ils doivent s'attendre à souffrir. La situation du Ghana, placé dans un groupe où figurent le Portugal, l'Uruguay et la Corée du Sud, n'est guère plus confortable. Mais dans le football, tout est possible, pointe encore JA. Comme l'a dit Samuel Eto'o récemment, une Coupe du Monde, c'est quelques matches, pas une saison entière. » Et Jeune Afrique de rappeler qu'« en 2018, aucune sélection africaine n'avait franchi le premier tour. Dans l'histoire de la Coupe du Monde, seuls le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) ont atteint les quarts de finale. » Arriver en quarts… et plus ? En tout cas, WakatSéra au Burkina Faso, veut y croire… « Les Lions sénégalais tant contre les Pays-Bas ce lundi que contre le Qatar, le pays hôte et l'Équateur pour la suite du premier tour et plus si affinités, les Lions sénégalais sont l'un des meilleurs espoirs d'un continent africain en quête de premier succès final au mondial de foot. Il serait temps pour le continent d'aller plus loin que les quarts de finale, leur plus grand exploit. En tout cas, en l'absence de Sadio Mané, nul doute que les Lions sénégalais lâchés au Qatar rugiront aussi fort que les Lions camerounais et marocains qui, avec les Black Stars du Ghana et les Aigles de Carthage défendront les couleurs du continent noir. » Des coachs locaux Et puis, « c'est du jamais vu », relève Le Monde Afrique : pour ce Mondial, « aucun technicien étranger n'est aux commandes d'une sélection africaine. La Tunisie est dirigée par le Tunisien Jalel Kadri, le Maroc par le Marocain Walid Regragui, le Cameroun par le Camerounais Rigobert Song, le Ghana par le Ghanéen Otto Addo et le Sénégal par le Sénégalais Aliou Cissé. » En effet, précise Le Monde Afrique, « depuis la CAN 2019, de plus en plus de fédérations africaines font appel à des Africains. Sur les 54 fédérations affiliées à la Fifa que compte le continent, 32 sont entraînées par un technicien africain ou binational. Cette tendance de fond - ou cet effet de mode - est une façon de répondre aux attentes des supporteurs, explique Le Monde Afrique, de plus en plus désireux de voir des nationaux occuper le poste. Le phénomène a aussi une dimension économique, puisque le salaire d'un "local" - souvent pris en charge par les autorités - sera presque toujours inférieur à celui d'un expatrié. »
La mode africaine est en plein essor, mais pourquoi sommes-nous toujours attirés par les marques étrangères ? Claude a discuté avec un designer, un investisseur et un entrepreneur sur comment amener les Africains à acheter le 'Made in Africa'Moses Turahirwa, le designer et directeur artistique derrière la très grande marque rwandaise Moshions.Zaid Osman, un entrepreneur derrière la marque sud-africaine de streetwear Grade Africa. Ils manufacturent en Afrique.Roberta Annan du Ghana a fondé l' Impact Fund for African Creatives (IFFAC) et la Fondation Africaine de Mode qui investit de l'argent dans les entreprises tenues par des designers Africains. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
« Nous devons passer de l'efficacité à l'adaptabilité. » Ainsi, parle le célèbre économiste et sociologue américain Jeremy Rifkin, spécialiste de prospective, économique et scientifique et penseur de l'écologie positive. Dans son dernier ouvrage L'âge de la résilience (Les liens qui libèrent), il imagine notre monde de demain. En 1988, il y a 35 ans, il ne s'est pas trompé puisqu'à Washington, il a fait se rencontrer des scientifiques du climat et des militants écologistes de 35 pays. Première réunion du Réseau mondial sur l'effet de serre. Il donnait à l'époque, lui le théoricien de la troisième révolution industrielle, des conférences sur le réchauffement climatique. Il a conseillé de nombreuses personnalités politiques, dont Angela Merkel. Jeremy Rifkin, 77 ans, est aujourd'hui une voix qui porte dans le monde. Éco d'ici éco d'ailleurs lui donne longuement la parole pour un entretien accordé à Ariane Gaffuri, journaliste au service Économie de RFI. Il y est aussi question des solutions pour sauver l'humanité. Nos dossiers d'actualité Dans la seconde partie de l'émission, un dossier sur le bras de fer autour de la production de céréales en Ukraine et leur acheminement via le corridor désormais menacé par la Russie. Aabla Jounaidi, du service Économie de RFI a pu s'entretenir avec Mykola Solsky, le ministre ukrainien de la Politique agraire et de l'Alimentation. Il donne le point de vue de son pays et s'adresse à l'Afrique, particulièrement dépendante du blé ukrainien. Et dans la dernière partie d'Éco d'ici éco d'ailleurs, nous parlons des innovations qui font bouger l'industrie musicale sur le continent africain. L'évolution dans les modes de consommation avec le streaming et la digitalisation seront au cœur du Salon des industries musicales en Afrique francophone (Sima), dont la première édition se tient les 17 et 18 novembre 2022 à Abidjan. Son organisateur, Mamby Diomandé, directeur du département Live & Brands d'Universal Music Africa est notre invité. Nos reportages YouTube, clef USB, BoomPlay ou autres applications de téléchargement, les habitudes de consommation de la musique ont beaucoup évolué ces dix dernières années. Pour le plus grand plaisir des jeunes Africains. Ils ont accès à des catalogues musicaux de plus en plus variés. Reportage de François Hume-Ferkatadji, à San Pedro en Côte d'Ivoire. Au cœur de la COP27, la recherche de solutions face au réchauffement climatique. Dans l'ouest la France, l'entreprise française Cool Roof a mis au point un système de toiture capable de réfléchir la chaleur solaire en cas de canicule. Le marché est porteur. Reportage d'Alexis Bédu.
« Nous devons passer de l'efficacité à l'adaptabilité. » Ainsi, parle le célèbre économiste et sociologue américain Jeremy Rifkin, spécialiste de prospective, économique et scientifique et penseur de l'écologie positive. Dans son dernier ouvrage L'âge de la résilience (Les liens qui libèrent), il imagine notre monde de demain. En 1988, il y a 35 ans, il ne s'est pas trompé puisqu'à Washington, il a fait se rencontrer des scientifiques du climat et des militants écologistes de 35 pays. Première réunion du Réseau mondial sur l'effet de serre. Il donnait à l'époque, lui le théoricien de la troisième révolution industrielle, des conférences sur le réchauffement climatique. Il a conseillé de nombreuses personnalités politiques, dont Angela Merkel. Jeremy Rifkin, 77 ans, est aujourd'hui une voix qui porte dans le monde. Éco d'ici éco d'ailleurs lui donne longuement la parole pour un entretien accordé à Ariane Gaffuri, journaliste au service Économie de RFI. Il y est aussi question des solutions pour sauver l'humanité. Nos dossiers d'actualité Dans la seconde partie de l'émission, un dossier sur le bras de fer autour de la production de céréales en Ukraine et leur acheminement via le corridor désormais menacé par la Russie. Aabla Jounaidi, du service Économie de RFI a pu s'entretenir avec Mykola Solsky, le ministre ukrainien de la Politique agraire et de l'Alimentation. Il donne le point de vue de son pays et s'adresse à l'Afrique, particulièrement dépendante du blé ukrainien. Et dans la dernière partie d'Éco d'ici éco d'ailleurs, nous parlons des innovations qui font bouger l'industrie musicale sur le continent africain. L'évolution dans les modes de consommation avec le streaming et la digitalisation seront au cœur du Salon des industries musicales en Afrique francophone (Sima), dont la première édition se tient les 17 et 18 novembre 2022 à Abidjan. Son organisateur, Mamby Diomandé, directeur du département Live & Brands d'Universal Music Africa est notre invité. Nos reportages YouTube, clef USB, BoomPlay ou autres applications de téléchargement, les habitudes de consommation de la musique ont beaucoup évolué ces dix dernières années. Pour le plus grand plaisir des jeunes Africains. Ils ont accès à des catalogues musicaux de plus en plus variés. Reportage de François Hume-Ferkatadji, à San Pedro en Côte d'Ivoire. Au cœur de la COP27, la recherche de solutions face au réchauffement climatique. Dans l'ouest la France, l'entreprise française Cool Roof a mis au point un système de toiture capable de réfléchir la chaleur solaire en cas de canicule. Le marché est porteur. Reportage d'Alexis Bédu.
Selon le quotidien Aujourd'hui, au Burkina Faso, « vues d'Afrique, ces élections (de mi-mandat) n'emballent pas trop, même si on les suit, car ce qui se passe là-bas impacte forcément sur le continent. (…) Il faut dire qu'après l'avènement de Barack Obama, (premier président d'origine africaine) à la Maison Blanche, qui avait suscité tant d'espoirs sur le continent, sans véritables retombées – les Africains avaient peut-être trop espéré de ce premier président post-racial –, après l'avènement de Barack Obama, donc, la realpolitik avait fini par s'imposer, pointe Aujourd'hui, comme pour faire honneur à ce vieux dicton : l'Amérique d'abord ! Désormais donc, les Africains n'attendent plus rien des scrutins (outre-Atlantique) ni des éventuels vainqueurs. Car que ce soit Biden ou Trump, c'est kif-kif, s'exclame encore Aujourd'hui. Ce principe sonne comme une "invite" faite aux populations du continent, très éprouvées par les mauvaises politiques de leurs élites, à redresser au plus vite la tête et prendre leur destin en main, car nul ne viendra faire leur bonheur à leur place. » ► À lire aussi : Élections de mi-mandat aux États-Unis: la carte des résultats État par État Mali: tout va bien sur le front anti-jihadiste ? À la Une également : la situation sécuritaire au Mali. Les autorités militaires de Bamako continuent de crier victoire sur le front du terrorisme. Dans un communiqué repris par la presse bamakoise, notamment le site d'information Maliweb, on peut lire : « les Fama, les Forces armées maliennes, travaillent d'arrache-pied dans l'exécution de leur mission régalienne de protection des personnes et de sauvegarde de l'intégrité du territoire national. La montée en puissance des Fama n'est plus un mythe, mais une réalité indiscutable sur le terrain, même s'il existe des efforts à fournir. En effet, la population à vocation agropastorale a pu exercer ces temps-ci en toute sécurité ses activités champêtres sous la protection des Fama. » Et les autorités maliennes d'exposer le bilan suivant : 133 terroristes neutralisés, 122 interpelés, 60 motos et une centaine d'armes saisies, et 7 bases terroristes détruites dans les différents théâtres d'opérations. Pas dans le Nord… Dans le même temps, le général touareg El Hadj Ag Gamou, figure majeure du conflit malien engagée dans les combats contre les jihadistes, lance un appel à la rescousse : c'est ce que rapporte Le Monde Afrique. Dans un message diffusé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, « El Hadj Ag Gamou appelle les jeunes Touareg dans le pays et à l'extérieur à se battre contre l'expansion du groupe État islamique dans le Nord. Il leur donne dix jours pour rejoindre les environs de Gao, la plus grande ville du nord du Mali en proie aux violences du groupe djihadiste EIGS. » Pour leur part, constate Le Monde Afrique, « les syndicats de la région de Gao ont appelé à un arrêt de travail de 48 heures hier et aujourd'hui pour protester contre la dégradation de la situation sécuritaire et "l'inaction du gouvernement". Ils exigent notamment "une riposte sécuritaire" et "le rappel à l'ordre de certains agents des forces de sécurité qui s'adonnent à des dérives d'intimidation et de racket non justifiées". Pour le moment, pointe encore le Monde Afrique, « la junte au pouvoir n'a ni réagi aux propos du général Gamou ni à l'appel des syndicats. » Fin officielle de Barkhane Enfin, ce mercredi, Emmanuel Macron doit annoncer officiellement la fin de l'opération Barkhane au Sahel. « Cette annonce sera sans conséquence sur le dispositif militaire français dans la région », relève Le Point Afrique. Quelque 3 000 militaires français sont encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. En effet, précise Le Pays, à Ouagadougou, « l'annonce de la fin de Barkhane ne signifie pas le départ des soldats français du Sahel. Loin s'en faut ! Selon l'Élysée, ils vont y rester et poursuivre la lutte contre les groupes armés (…). En fait, pointe le journal, Barkhane veut opérer sa mue pour ne plus être perçue comme une force d'occupation dans l'imaginaire populaire africain. Elle veut, tout en changeant de dénomination, se positionner comme un partenaire pouvant appuyer les pays qui le souhaitent dans la formation, l'équipement, le renseignement, etc. En clair, conclut Le Pays, prenant toute la mesure de la situation, Paris cherche à composer avec une opinion africaine de plus en plus hostile qui l'accuse, à tort ou à raison, de jouer à un jeu trouble. »
C'est l'un des livres marquants de cette fin d'année en matière d'histoire de l'Afrique. Les éditions La Découverte ont publié L'Afrique et le Monde : histoires renouées. Cet ouvrage collectif invite à sortir des cadres géographiques fermés et à voir à quel point l'Histoire s'est faite dans la circulation des hommes et des idées entre l'Afrique et le monde. Anne Lafont, l'une des coordinatrices de l'ouvrage, est notre invitée. RFI : L'ouvrage que vous co-dirigez avec François-Xavier Fauvelle nous parle d'histoire renouée entre l'Afrique et le monde. Il est nécessaire d'écrire, expliquez-vous, une histoire mondiale de l'Afrique et une histoire africaine du monde, qu'est-ce que ça veut dire ? Anne Lafont : Alors c'est assez simple comme concept, c'est-à-dire de ne pas penser qu'il y a un continent qui est seulement un continent qui subit finalement les actions des autres populations sur Terre, mais bien qui est en dialogue, en discussion avec les autres et qui est aussi en interaction. Donc, c'est penser les formes de diasporas, comment l'Afrique s'est exportée dans le monde, mais c'est aussi penser comment elle a accueilli, dans les luttes, dans les violences et aussi dans l'hospitalité, les différentes sociétés d'ailleurs qui sont venues s'installer sur place. Alors justement, au sujet de cette connexion de l'Afrique et du monde, on retrouve dans plusieurs chapitres une référence à l'idée d'un « Atlantique noir » qui se serait formée à partir de la traite esclavagiste, est-ce que vous pourriez nous expliquer ce qu'est cet « Atlantique noir » ? J'ai emprunté cette expression à Paul Gilroy qui est un auteur, un sociologue culturel britannique, et en fait ce qu'il essaie de mettre en avant, c'est de penser que cette circulation entre l'Afrique et l'Atlantique, à l'époque de l'esclavage, a ouvert à une culture qui serait propre finalement à cet « Atlantique noir » et que malgré le dénuement des Africains réduits en esclavage, ils transportent avec eux justement toute une culture qui renaît notamment dans les colonies américaines et qu'il peut être intéressant de pointer. Donc « l'Atlantique noir », c'est à la fois ne plus penser un centre qui soit continental, mais bien Atlantique, océanique, et par ailleurs de mettre l'accent sur la contribution africaine, justement au développement de cette modernité, qu'est la période qui va du XVème au XIXème siècle. Alors dans le chapitre que vous signez, Anne Lafont, vous nous expliquez aussi que la naissance de l'art baroque a pu avoir lieu grâce aux échanges, aux déplacements qui existaient entre l'Occident et l'Afrique, comment s'est fait cet apport africain à l'art baroque international ? Alors, il y a deux niveaux. D'abord, je crois qu'on doit penser désormais un certain nombre d'artistes et prendre connaissance du fait qu'il y avait des artistes noirs, notamment au Brésil, mais aussi en Espagne, qui ont contribué justement à la fabrique de l'art baroque traditionnel, comme on l'entend dans les Beaux-Arts en Europe. Et je pense à Juan de Pareja qui était d'abord l'apprenti de Velásquez et qui était métisse donc, qui a une carrière ensuite, qui fait notamment un tableau très connu qui s'appelle la Vocation de Saint-Matthieu. Il y a Aleijadinho qui est un artiste, un sculpteur brésilien du baroque international brésilien du XVIIIème siècle. Et puis, il y a un autre aspect qui est plus une colonisation par les motifs et par l'iconographie, qui correspond en fait à un certain nombre d'objets africains qui passent par les cabinets de curiosité européens, et que l'on retrouve aussi dans les tableaux. Alors ce que l'on découvre aussi avec vous, c'est que les Lumières, le mouvement des Lumières, n'a pas été uniquement un mouvement européen et qu'il a connu des apports africains… Oui, tout à fait, il y a un certain nombre d'Africains et d'Africaines, puisque je parle de Phillis Wheatley qui était une poétesse noire, qui ont été esclaves, qui à travers cette expérience d'esclave accèdent néanmoins à la lecture et à l'écriture, alors que dans la plupart des cas, c'était interdit, il y a toujours des exceptions, et qui au moment de leur émancipation décident de prendre la plume et de témoigner de leur vie. Et à ce compte-là, ils fournissent des arguments à ceux qui veulent abolir l'esclavage. Et on voit que leurs réflexions sur la religion, leurs réflexions sur l'humanisme, sur l'universalisme, leurs réflexions sur l'éducation sont tout à fait les arguments qui sont discutés par les philosophes classiques, je dirais, et souvent Européens, des Lumières. Et puis, il y a un autre exemple de cette circulation des idées et des Hommes qui est étudié dans votre ouvrage, un exemple tout à fait fascinant, c'est le panafricanisme qui émerge, nous expliquez-vous, dans l'interaction entre des intellectuels noirs de la diaspora et des intellectuels et des hommes politiques du continent… Absolument, la naissance du panafricanisme, c'est vraiment une prise de conscience, dans certains points du monde, du fait que l'expérience sociale des Noirs est assez commune, qu'il y a des points de convergence, et qu'il est nécessaire désormais de s'organiser finalement de manière solidaire pour penser une réponse et pour accéder à une forme d'émancipation parce que les expériences justement des Noirs en Europe, aux États-Unis, ou dans les Caraïbes finalement peuvent avoir des points de convergence par rapport à une domination blanche, quand même, du monde qui à ce moment-là, est l'objet d'une lutte.