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La 37e édition des états généraux du film documentaire s'ouvre dimanche 17 août à Lussas, dans le sud-est de la France. Avec une programmation « Jeune création d'Afrique subsaharienne » à travers trois films sélectionnés (réalisés par Cyrielle Raingou, Nelson Makengo et David Bingong). Madeline Robert, productrice et programmatrice de la sélection, est interrogée par Houda Ibrahim.
« Dis-moi à quel jeu tu joues, je te dirai qui tu es », est une série spéciale de RFI à la découverte des jeux populaires à travers le monde. Ces jeux qui, à travers les joueurs, parlent de la culture et de l'identité de chaque pays. Aujourd'hui, direction la France et plus précisément Lyon, où l'association des Béninois du Rhône-Alpes organise une après-midi de jeu autour de l'awalé. Ce jeu de semailles est le jeu de société africain le plus répandu, de l'est à l'ouest du continent et jusqu'aux Antilles. Entre transmission et nostalgie, pour la diaspora africaine, l'awalé fait le lien entre l'enfance au pays et la vie en France. Reportage à Lyon de Welly Diallo. Assis face à son adversaire, Julio se concentre. D'une main, il saisit quelques graines qu'il dissémine le long du plateau : « J'ai grandi avec mes grands-parents au pays donc je connaissais déjà l'awalé. » Julio maîtrise le jeu, mais ça ne veut pas dire qu'il gagne chaque fois. « J'ai joué avec quelqu'un de beaucoup plus expérimenté que moi donc euh... Non ! », s'amuse-t-il. Le jeune Béninois n'avait presque aucune chance face à Bienvenue Kenke, le trésorier de l'association des Béninois de Rhône-Alpes, pour qui ces rencontres autour des jeux oscillent entre transmission et nostalgie. « Ça permet aussi à ceux qui sont à Lyon de rester dans le mood des anciens jeux malgré leur âge adulte pour transmettre à leur descendance, explique Bienvenue Kenke. Comme on s'est retrouvé ici, on s'est dit : sortons notre awalé pour que ceux qui sont venus il y a longtemps soient toujours dans le mood de l'ancien temps. » Sur la table d'à côté, Odette la doyenne, retrouve ce « mood de l'ancien temps », cette ambiance, cette excitation d'autrefois. Depuis son arrivée, elle enchaîne les victoires et explique les bases du jeu aux nouveaux-venus. Aujourd'hui, l'awalé se joue dans presque tous les pays d'Afrique subsaharienne. À l'origine, le jeu a émergé entre le XIIIe et le XIVe siècle au Ghana. Puis, la traite négrière va contribuer à son expansion aussi bien en Afrique qu'aux Antilles. L'historien Joseph Salumu Kamangu est le président de l'association africaine des jeux et sports traditionnels : « À l'époque, à chaque déportation par la traite négrière, ces gens-là emmenaient l'awalé avec eux. Aujourd'hui, le gouvernement ghanéen, en collaboration avec l'Unesco, a pu ramener ce jeu, le moderniser un peu en intégrant ce programme dans des écoles et des centres culturels, et aujourd'hui, ça a pris quand même une diffusion internationale. » À lire aussi«Dis-moi à quel jeu tu joues» à Madagascar: le fanorona D'où sa place centrale au sein des diasporas africaines. L'awalé, que l'on appelle aussi l'adji ou owaré, est présent dans les ateliers et séances de jeux, et même jusqu'au festival Yardland de hip-hop, dancehall et R'n'B, qui a eu lieu à Paris début juillet, à l'hippodrome de Vincennes. Dans son stand, Ngoufo Gangnimaze, président du Club Awalé, a proposé aux festivaliers de découvrir le jeu. « Il y a beaucoup d'enthousiasme parce que l'awalé, c'est le jeu le plus connu en France. Les gens viennent très naturellement parce qu'il y a un capital sympathie fort. Et nous, tout ce qu'on a à faire, c'est intervenir dans des festivals, des foires des fêtes de jeux pour faire connaître l'awalé et les jeux africains », raconte Ngoufo Gangnimaze. Faire découvrir le jeu, mais à condition qu'il reste africain, surtout dans sa fabrication : « C'est les Chinois qui ont pour l'instant le monopole de cette fabrication-là. Ils les vendent essentiellement dans les centres commerciaux, grandes surfaces et boutiques en ligne, commente Ngoufo Gangnimaze. Il faut s'investir dans cette industrie, les Africains doivent prendre l'espace, investir dans la fabrication du jeu, faire du lobbying en fait ! Moi, j'ai déjà rencontré des ergothérapeutes qui utilisaient l'awalé pour exercer leurs patients dans tout ce qui est la psychomotricité finee. » Outil pour soigner, pour éduquer, pour se souvenir d'où on vient... L'awalé est ce trait d'union avec le continent pour la diaspora africaine en France. À lire aussi«Dis-moi à quel jeu tu joues» en Argentine: le truco
De Stokely Carmichael, figure des luttes noires du XXème siècle, on connaît surtout le combat aux États-Unis, comme dirigeant des Black Panther. On sait moins qu'en 1968, Carmichael a rejoint la Guinée avec son épouse, la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba. Il est alors devenu un proche collaborateur du président ghanéen en exil Kwame Nkrumah et s'est engagé aux côtés de la révolution guinéenne. Bokar Ture, fils de Stokely Carmichael, a accordé un entretien à RFI : il raconte les années africaines de la vie de son père. RFI : Votre père a été un acteur important des luttes noires du XXème siècle. Aux États-Unis, où il a été l'un des responsables des Black Panther… mais aussi dans son parcours transatlantique puisqu'il vient s'installer en 1968 en Guinée. Parlez-nous d'abord de lui. D'où vient-il ? Comment est née cette conscience militante noire ? Bokar Ture : Kwame Ture est né Stokely Carmichael à Trinidad et Tobago, connu aussi en français comme Trinité-et-Tobago, en 1941. Il immigre plus tard aux États-Unis pour retrouver sa mère -donc ma grand-mère- qui y était déjà installée quelques années plus tôt. Elle avait pu avoir sa nationalité américaine parce qu'elle était née à Panama. Comment a commencé cette conscience ? Déjà, il avait un penchant politique très tôt. Il y a une de ses tantes qui racontait une anecdote : quand il était jeune, il la poussait à aller voter pour un syndicaliste à l'île de Trinidad. Et au lycée, aux États-Unis, il fréquentait déjà des groupes gauchistes. Un de ses amis de classe était le fils du président du Parti communiste américain dans les années 1952. Et donc, très tôt, il a pu découvrir les discours marxistes. Et bien sûr, il vivait au sud du Bronx, à côté de Harlem. Et la 125e rue de Harlem est une rue reconnue pour des discours politiques de tout genre, de différents groupes. Il a été l'un de ceux qui ont travaillé l'idée de Black Power. Il a même coécrit, en 1967 avec Charles Hamilton, un ouvrage qui le théorise, intitulé Black Power, the politics of Liberation in America. Effectivement, le concept de Black Power existait avant. Il y avait un livre qui s'appelait Black Power par Richard Wright, qui a été écrit pendant les années 1950 et qui était un ouvrage dédié à Kwame Nkrumah. Mais personne n'a rendu l'idée de Black Power aussi populaire que Kwame Ture - Stokely Carmichael à l'époque. Notamment durant une marche contre la peur au sud des États-Unis, aux côtés de Martin Luther King, où il disait, plus ou moins : « On est fatigué de mendier notre liberté, comme on l'a fait ces dernières années dans les droits civiques. Maintenant, ce qu'on va faire, c'est de demander le Black Power », le pouvoir noir, qui était un appel à une autodétermination en termes de structures politiques et économiques pour les personnes noires descendantes d'africains aux États-Unis. En 1968, votre père épouse une première femme, la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba. Au-delà de la relation amoureuse qui s'est nouée entre eux, cette union reflète-t-elle aussi une pensée de votre père, de plus en plus tournée vers l'Afrique et vers le panafricanisme à cette époque ? Ce n'est pas un tournant, c'est une continuité. Kwame Ture a toujours été Africain dans l'âme. Il vient d'un milieu où l'Afrique est centrale dans l'identité noire. Bien avant qu'il ne se marie avec Miriam Makeba. On le voit dans des photos au début des années 1960 avec ses camarades où il est en tenue africaine. Il se sentait toujours africain. Pour lui, être noir et africain, il ne voyait pas de distinction et toute sa vie était ainsi. Quand il a marié Tantie Miriam, comme je l'appelle, c'était juste une continuité. Après aussi, ma mère, Marlyatou Barry, qui était aussi une Guinéenne. C'était juste une continuité de sa façon de vivre. Comment se fait concrètement la connexion entre votre père et le premier responsable guinéen, Ahmed Sékou Touré ? Stokely Carmichael, à l'époque, faisait une tournée mondiale et il a rencontré Shirley Graham Du Bois, qui était la veuve de W.E.B Du Bois, qui est aussi une légende de l'histoire de la lutte antiraciste et du développement du panafricanisme. Elle a invité Stokely Carmichael à venir en Guinée pour une conférence du Parti démocratique de Guinée pour rencontrer Kwame Nkrumah et Sékou Touré. Quand il est venu, il a rencontré les deux présidents. Il avait déjà beaucoup entendu parler de Kwame Nkrumah, parce que mon grand-père a travaillé dans un bateau un moment. Il est parti au Ghana et quand il est revenu à New York, il expliquait que c'était la première fois qu'il avait vu une nation noire, indépendante, avec sa propre armée, un président, etc. et il expliquait ceci à un jeune Stokely Carmichael. Cela a vraiment marqué sa pensée. Quelques années plus tard, ils se voient face à face avec Kwame Nkrumah. Après la conférence, en quittant la Guinée, il part dire au revoir à Sékou Touré, qui lui dit : « Écoute, mon fils. Ici, c'est chez toi, tu peux revenir quand tu veux. C'est ta maison. » Il part voir Kwame Nkrumah qui lui dit « Écoute, moi, je cherche un secrétaire politique, donc si ça t'intéresse, tu es toujours le bienvenu. » Un an et demi plus tard, deux ans pratiquement, il était de retour avec sa nouvelle épouse, Miriam Makeba. Qu'est ce qui fait qu'il vient s'installer à Conakry à cette époque ? Pour lui, c'était le coin le plus révolutionnaire en Afrique. Lumumba a été assassiné très tôt donc il n'y avait plus le Congo. Après, il y a eu le coup d'État contre Kwame Nkrumah en 1966. Modibo Keïta en 1968. Quand lui est arrivé, le seul autre pays, c'était la Tanzanie, mais qui était beaucoup moins radicale. Donc il a choisi la Guinée. C'était le pays qui s'alignait le plus avec sa pensée du pouvoir noir à l'échelle mondiale. Il est aussi menacé aux États-Unis. C'est aussi pour cela qu'il quitte les États-Unis ? De toute façon, mon père était prêt à se martyriser. Il a vu Malcolm X tué, il a vu Martin Luther King tué et les agences voulaient sa tête. Il a échappé à pas mal d'attentats. Mais ce n'était pas la raison centrale. Déjà, il y avait l'invitation. Ensuite, il ne voyait pas les États-Unis comme le centre de cette lutte à laquelle il a dédié sa vie. Il voyait l'Afrique comme étant une partie essentielle. Pour lui, en venant en Guinée, il rejoignait l'Afrique, il rejoignait la révolution africaine qui pouvait donner la dignité à tout le peuple noir à travers le monde. Diriez-vous qu'il y a un vrai projet politique international derrière cette volonté de s'installer en Guinée ? Il a toujours eu ce projet. Quand il parlait de Black Power, déjà, dans le livre dont vous avez parlé, il parlait aussi des colonies en Afrique. Dans Black Power, lui et Charles Hamilton faisaient le parallèle entre la situation que vivaient les Afro-Américains aux États-Unis et la situation que vivaient les Africains en Afrique et aux Caraïbes aussi. Il faisait ce parallèle. Dans sa tête, c'était quelque chose qui était un combat international dès le début. Quelles sont les idées sur lesquelles votre père, Stokely Carmichael – Kwame Ture, une fois qu'il change de nom – et Ahmed Sékou Touré se retrouvaient ? On parle de personnes qui avaient la même vision d'une Afrique unie, une Afrique libre où il n'y a pas d'inégalités. Ils étaient tous deux penchés vers des idées socialistes. Ils étaient totalement alignés idéologiquement. Sékou Touré était un de ses mentors, une de ces personnes qui l'ont formé dans cette idéologie. Ils se retrouvent dans l'idée, qui est défendue par Ahmed Sékou Touré à l'époque, d'authenticité africaine ? À 100 %. Et il s'intègre à 100 %. Je peux vous dire que moi, par exemple, j'ai très peu de souvenirs de mon père en habit occidental. Il s'habillait en tenue africaine, cousue en Afrique. Il s'est enraciné dans la population africaine. Ce qui était quand même unique parce que tout le monde était tourné vers une façon de vivre occidentale. Et lui non, il voulait se réapproprier son héritage culturel. Et la volonté de promouvoir les cultures africaines, de leur donner leur vraie place ? C'est exactement cela, revaloriser la culture africaine, la culture noire, se réapproprier celle-ci. Et ne pas avoir de complexes vis-à-vis des cultures européennes, dominantes et autres. Depuis le début de cet entretien, on joue avec deux noms pour parler de votre père, Stokely Carmichael, Kwame Ture. À un moment donné de sa vie, il décide de passer du nom de Stokely Carmichael à celui de Kwame Ture. C'est une démarche qui dit aussi beaucoup de choses sur le lien qu'il a avec Kwame Nkrumah et Ahmed Sékou Touré. Effectivement. Il y avait un précédent aux États-Unis. Il y avait pas mal d'Afro-Américains, notamment dans son milieu révolutionnaire, qui changeaient de nom. Notamment Malcolm X, Mohamed Ali. Bien sûr, le nom est inspiré de Kwame Nkrumah et de Sékou Touré. L'anecdote, c'est qu'il était en Tanzanie lors d'un entretien radio. Après l'entretien, apparemment, un vieil homme venu à pied d'un village lointain est venu le voir et lui a dit : « Écoute mon fils, j'ai vraiment aimé ton entretien. Mais il y a une chose : ton nom sonne un peu bizarre, un peu féminin, il faut le changer ». Il a alors pris le nom de Kwame Nkrumah et de Sékou Touré. Lorsqu'il venait l'annoncer à Sékou Touré et lui dire : « J'ai pris le prénom de Kwame », Sékou Touré lui a répondu : « C'est bien, parce qu'à chaque fois que nous avons des débats, tu prends toujours son parti. » Il lui a répondu : « Mais j'ai pris le nom Touré comme nom de famille. ». Ce qui était approprié, car c'étaient ses deux mentors. À lire aussiKwame Ture, le destin hors du commun d'un Black Panther parti s'installer en Guinée [1/2] Comment est-ce que vous décririez les liens qu'il entretenait avec Kwame Nkrumah et Ahmed Sékou Touré ? En Kwame Nkrumah, il voyait un symbole de cette lutte. Il était prêt à le suivre. Il a mené quelques opérations au Ghana pour essayer de voir s'il pouvait réinstaurer Kwame Nkrumah au pouvoir. Il était très proche de lui. Et Sékou Touré était comme un père pour lui. En 1970, votre père vit l'un des moments charnières de l'histoire de la Première République guinéenne, à savoir l'attaque contre Conakry du 22 novembre 1970. Savez-vous comment il a vécu ces journées ? Je sais qu'il était un participant dans l'action de repousser les troupes portugaises. Il était armé ce jour et a dû utiliser son arme. Selon ce que j'ai appris, il était un des premiers à alerter les autorités, y compris le président, du fait qu'il y avait une attaque qui venait. Ca tirait sur sa case, donc il devait quitter sa maison. Lui et Miriam Makeba ont dû se réfugier quelque part d'autre où il l'a laissée et lui est ressorti pour aider à défendre la ville. Cette opération conjointe de militaires portugais et de rebelles guinéens a conduit à la plus grande vague d'arrestations en Guinée de toute la Première République. La vie du pays va être rythmée pendant de longs mois par des confessions publiques de personnes présentées comme les complices d'un « complot impérialiste » aux ramifications tentaculaires. Comment est-ce que votre père se positionnait par rapport à cette thèse du complot permanent contre la Guinée ? Et plus généralement, quel regard portait-il sur l'État policier qu'était aussi devenu la Guinée de cette époque ? C'est quelque chose de très complexe et malheureusement, la Guinée ne s'est toujours pas réconciliée avec ce passé et les positions sont assez ancrées. Maintenant, si on parle de Kwame Ture précisément, pour lui, c'était un régime panafricaniste, le seul régime panafricaniste radical. Et malgré toutes ses erreurs, c'était celui qui pouvait tenir jusqu'au bout cette conviction qu'il avait lui-même. Il était totalement d'accord avec le fait qu'il fallait conserver ce régime pour qu'il ne bascule pas dans un régime néocolonialiste. À tout prix ? À tout prix. En 1974, il y a un autre évènement important pour l'Afrique et plus généralement pour le monde noir, c'est le combat en Afrique, à Kinshasa, entre Mohamed Ali et George Foreman. Dans un livre de mémoires, votre père indique qu'il a été invité par Mohamed Ali lui-même à venir à Kinshasa pour le combat. Est-ce que vous savez ce que représentait cet affrontement pour votre père ? Mohamed Ali était son ami. Il y avait ce symbole de Mohamed Ali qui représentait l'Africain fier et George Foreman qui était un peu l'opposé de cela. Mais après, il a rencontré George Foreman et il disait que George Foreman l'avait séduit avec son charme, l'a embrassé et tout. Je pense qu'au-delà du symbolique, mon père était beaucoup plus intéressé par ce qui se passait au Congo démocratique, c'est-à-dire le Zaïre à l'époque, et le fait que c'était sous le régime de Mobutu Sese Seko, auquel il était farouchement opposé par ce qu'il représentait en termes de corruption et d'alignement avec les puissances coloniales. Qui sont de manière générale les acteurs politiques qui fréquentaient le salon de votre père dans ces années 1970 et au début des années 1980, pendant la Première République en Guinée ? On parle d'un melting pot qui ne dit pas son nom. Que ce soit des artistes - Miriam Makeba et Nina Simone, qui était une de ses amies très proches - ou des activistes de partout dans le monde. Qui venaient à Conakry et qui venaient le rencontrer ? Qui venaient à Conakry ou qui y vivaient. Parce que vous savez qu'à une époque, Conakry était un centre du monde noir où on conciliait l'art, les mouvements de libération, etc. Il y avait un grand nombre de personnes qui y vivaient, comme Amilcar Cabral, comme Kwame Nkrumahn, avant même il y avait Félix-Roland Moumié du Cameroun, pour ce qui est de la politique. Concernant les arts et la littérature, il y avait Ousmane Sembène qui y vivait, il y avait Maryse Condé qui y vivait. C'était vraiment un centre… et il se retrouve chez lui avec toutes ces personnes, plus ou moins de différentes sphères. Moi, je peux raconter avoir vu des activistes exilés sud-africains, Tsietsi Mashinini, qui a commencé la révolte estudiantine de Soweto, qui était parmi d'autres exilés sud-africains. Il y avait beaucoup d'Afro-Américains, bien sûr, des Black Panthers exilés. Il y avait la diplomatie guinéenne, des diplomates de pays gauchistes et souverainistes, il y avait tout un monde. Mais aussi, il faut savoir que Kwame Ture était vraiment penché vers la masse, la masse populaire. Donc autour de tout ça, on voit un chef villageois qui est assis ou on voit la personne déshéritée du quartier qui est là, assise, qui peut recevoir un repas. Parce que notre maison était comme un centre communautaire pour la jeunesse du quartier. Il amenait tous les enfants du quartier à la plage chaque dimanche. Puis se retrouvait peut-être un mardi à saluer un chef d'État. Puis avait une conférence avec un groupe communautaire. Moi, j'ai vu tout cela dans cette maison. C'était quelque chose de magique. Il recevait où, justement ? Dans son salon, dans son bureau ? Y avait-il un rituel autour de la réception de ses amis politiques ? Déjà, il avait une véranda où il était assis… parce que c'était un bibliophile. Il lisait beaucoup, il écrivait beaucoup. Il ne lisait pas pour le plaisir, mais il lisait pour ses conférences. Après, il y a des gens qui venaient pour le rencontrer. Je sais qu'il y a eu Charles Taylor qui était venu de nulle part pour le rencontrer. C'était vraiment un melting pot. À cette époque, votre père continue aussi ses voyages et ses tournées, il n'est pas tout le temps à Conakry ? Il était très organisé. Sur toutes ses photos, il écrivait les dates et les lieux. On se demande comment il pouvait parcourir toutes ces distances en si peu de temps. Un jour, on le voit au Connecticut. Le lendemain, on le voit à Paris, banni, chassé. En Angleterre, peut-être, d'où il est banni et chassé. Parce que c'était très compliqué pour lui d'avoir accès a beaucoup de pays. Après, on le voit en Californie... Il était partout. Sékou Touré disparaît en 1984. Mais votre père continue, lui, son engagement pour ses idées au sein du Parti démocratique de Guinée. Qu'est-ce qui a marqué ces années de militantisme politique sous Lansana Conté ? Le contexte a vraiment changé ! Et c'est là que l'on voit vraiment les convictions de l'homme. Parce que, du jour au lendemain, tout a changé. Il a été arrêté par le régime de Lansana Conté. Donc, il a perdu les privilèges qu'il avait, bien sûr, où il connaissait le président et était sous sa tutelle. Mais malgré cela, il a décidé de rester en Guinée. La moitié de sa vie guinéenne, quinze ans, s'est passée ainsi. Il a décidé malgré tout de rester en Guinée, d'être actif dans la vie politique guinéenne et la vie sociale de la Guinée. … Et de rester fidèle à ses convictions. Exactement. Vous êtes à l'époque enfant. Quel souvenir est-ce que vous gardez de ces années, de votre maison à Conakry, de ceux qui y passaient ? Quelle était l'ambiance ? Vous disiez tout à l'heure que tout le quartier se retrouvait chez vous… C'est cela. Mon père était d'une gentillesse rare, d'un altruisme qu'on ne retrouve pas très souvent. Donc effectivement, c'était pour moi quelque chose de très formateur. Comment quelqu'un peut traiter un chef d'État avec le même respect qu'il traite la personne la plus déshéritée du quartier. Et toutes ces personnes pouvaient se retrouver chez lui, devant lui, avec le même respect, ou peut-être même le déshérité avec un peu plus d'amour. Vous appelez régulièrement les Guinéens à se souvenir de votre père, Stokely Carmichael / Kwame Ture. Avez-vous le sentiment que son histoire a été oubliée en Guinée ? Je parle de manière générale. Il y a une politique de mémoire en Guinée qui doit être améliorée. Stokely Carmichael est un pont unique entre l'Afrique et l'Amérique. On parle d'un personnage qui a passé la moitié de sa vie en Guinée. À ce stade, l'État guinéen n'a pas fait une seule initiative pour se réapproprier de l'héritage de cette personnalité. Donc il y a un vrai chantier ? Il y a un chantier. Une dernière question plus personnelle. Quel père a été Stokely Carmichael ? Quelle image retenez-vous de lui ? Un père adorable, d'une gentillesse rarissime, qui m'a beaucoup appris, que j'ai profondément aimé. Quelqu'un qui était attaché à tout ce qui est beau dans le monde, à commencer par les enfants. ►A lire pour aller plus loin : BERTHO Elara, Un couple panafricain, Editions Rot-Bo-Krik, 2025 À (ré)écouterElara Bertho: «Replacer Conakry au centre des imaginaires, c'était un peu l'idée de cet ouvrage»
L'entrée en vigueur de la plupart des nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis à leurs partenaires commerciaux, c'est aujourd'hui, jeudi 7 août 2025. Quel est l'impact de ces surtaxes pour le continent africain ? Y a-t-il des pays qui risquent d'entrer en récession ? « Oui », répond l'économiste Lionel Zinsou, qui a été Premier ministre du Bénin. Aujourd'hui, avec le grand banquier rwandais Donald Kaberuka, Lionel Zinsou est le patron de « South Bridge », en français, « Le Pont du Sud », une société de conseil financier. Il livre son expertise au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Est-ce que ces surtaxes américaines risquent de ralentir la croissance du continent africain ? Lionel Zinsou : Très faiblement, en fait. En revanche, ça va impacter quelques pays et spectaculairement l'Afrique du Sud. Mais ça ne concerne pas tout le continent. 25 pays africains devraient être touchés par ces augmentations de taxes. Quelles sont à vos yeux les pays qui vont être le plus impactés ? L'Afrique du Sud d'abord, c'est ça ? Oui, L'Afrique du Sud… Certains pays qui avaient vraiment orienté leur commerce extérieur avec une grande confiance vers les États-Unis, comme le petit Lesotho. Au fond, tous ceux qui sont un peu plus industrialisés que les autres et qui avaient à exporter des produits d'une grande valeur, par exemple les exportations automobiles de l'Afrique du Sud, ça, ce sont des exportations à très forte valeur ajoutée, et c'est ça qui va être le plus impacté. Plus vous êtes industrialisé, plus vous allez en souffrir. On se souvient de la rencontre glaciale à la Maison Blanche entre Donald Trump et Cyril Ramaphosa. Est-ce que les mesures douanières contre l'Afrique du Sud n'ont pas un caractère politique ? Si, certainement. Derrière la sanction de 30 % de droits de douane, alors que pour les autres pays, c'est ou 10% ou 15%, il y a eu une fixation politique à l'évidence sur l'Afrique du Sud, très probablement liée à des sujets non-africains. Par exemple, le fait que l'Afrique du Sud ait traîné Israël devant la Cour pénale internationale avec un assez grand succès diplomatique. C'est probablement une rétorsion, un petit peu dans la même logique que pour le Brésil. Mais en Afrique du Sud, cela va avoir un impact. C'est un des pays qui ont malheureusement une croissance faible. Donc, ça risque effectivement de les mettre en récession. Cela étant, il y a des remèdes quand même à cette situation, parce que vous avez sans doute vu la réaction de la Chine. La Chine, aujourd'hui, elle importe surtout de l'Afrique, non pas des biens à forte valeur ajoutée et manufacturés, mais vraiment des matières premières. Et les Chinois ont une opportunité de commencer à acquérir des produits à valeur ajoutée venant d'Afrique. L'autre remède, c'est la zone de libre-échange continentale. On est en train de négocier, de faire tomber toutes les barrières douanières à l'intérieur du continent. Et donc les Africains commerçant avec les Africains, ça, ça va être à la fois un facteur de croissance significative et un remplacement pour les pays les plus industrialisés. Donc l'Afrique du Sud, qui est déjà un grand fournisseur du reste de l'Afrique, va l'être encore un peu plus. Parmi les pays les plus touchés par les mesures de Washington, il y a les producteurs d'acier et d'aluminium. Est-ce que l'Algérie et l'Égypte ne risquent pas d'être très impactées ? Alors, comme vous l'avez souligné, c'est quand même essentiellement un mouvement politique et vous savez que l'Égypte est un peu exonérée. Donc, avec l'Égypte, pour des raisons géopolitiques, c'est probablement plus confortable qu'avec l'Algérie. Mais si vous prenez un pays comme le mien qui va être taxé à 10 %... Le Bénin… Oui. Sur le textile. Alors c'est important parce que, après tout ce qui est produit de matières premières brutes, le textile, en fait, c'est ce qui avait fait le plus de progrès dans les échanges entre l'Afrique et les États-Unis. À raison de l'Éthiopie, mais aussi aujourd'hui de pays comme le Togo, le Bénin, qui ont de plus en plus de valeur ajoutée sur le textile. Mais vous voyez, quand vous achetez un polo de luxe à 100 € ou 100 $, il est sorti d'usine et monté sur un bateau à Cotonou à 10 $. Quand on va mettre 10 %, ça veut dire que ça va augmenter d'un dollar sur votre facture à vous, client, de 100 $. Parce que, en réalité, une très grande partie de la valeur ajoutée est faite dans le pays d'accueil. Et donc c'est aux États-Unis, les frais de marketing, les taxes américaines. Il y a aussi tous les intermédiaires, les transports, etc. Donc, il faut faire un tout petit peu attention. Ça ne va pas complètement désorganiser les marchés. Mais si vous exportez une voiture haut de gamme, japonaise ou allemande, qui vient des usines d'Afrique du Sud, c'est une tout autre affaire. Parce que là, pour le coup, la valeur ajoutée, elle vient d'Afrique. Ce ne sont pas les intermédiaires qui en prennent la plus grande partie. Et là, vous allez avoir un arrêt de la production, du chômage, etc. Mais il y a bien pire, évidemment. Le fait que les Américains, qu'ils aient supprimé l'aide alimentaire et sanitaire, ça, c'est encore plus grave. Parce que la fermeture de l'aide publique de l'USAID, notamment humanitaire, là, il y a mort d'homme. Ce qui est un peu différent des droits de douane. Et donc, politiquement, on voit bien qu'il va y avoir un coût politique pour les États-Unis.
Le Journal en français facile du vendredi 1ᵉʳ août 2025, 18 h 00 à Paris.Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/BtKZ.A
durée : 00:58:27 - Le Cours de l'histoire - par : Xavier Mauduit, Maïwenn Guiziou - Le Moyen Âge éthiopien s'étend du IVe au XVIe siècle. Dans ce temps long, la ville d'Aksoum occupe une place importante. Comment faire l'histoire de cette cité par laquelle le christianisme est arrivé en Éthiopie ? Comment fonctionne le monachisme éthiopien, et quels sont ses liens avec l'Égypte ? - réalisation : Thomas Beau, Sam Baquiast - invités : Martina Ambu Docteure en histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, chercheuse post-doc dans le cadre du Fonds National de la Recherche Scientifique à l'Université Libre de Bruxelles; Anaïs Wion Historienne, chargée de recherche CNRS à l'Institut des Mondes Africains, spécialiste de l'Éthiopie chrétienne du XVe au XIXe siècles
La question des réparations pour les Africains s'invite, pour la première fois, en plénière au Parlement panafricain. Réparations financières directes. Restitution d'œuvres d'art. Une meilleure reconnaissance de la place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale. Quels modèles privilégier ?
Juan Gonzalez Jr. fait partie des 252 migrants vénézuéliens emprisonnés au Salvador, depuis la mi-mars, et rapatriés vendredi, à Caracas. Ce peintre et agent d'entretien de 36 ans, en quête d'un meilleur avenir économique aux États-Unis, avait accepté d'être renvoyé au Venezuela. Quand il monte dans l'avion, il est, donc, persuadé qu'il rentre chez lui. Mais l'avion a atterri au Salvador. « C'est alors que le film d'horreur a commencé », raconte Juan Gonzalez Junior au Washington Post. Il se retrouve enfermé au Cecot, « la plus grande prison du monde ». Et l'une des plus dures. Insultes, crânes rasés brutalement, coups dans la poitrine et l'estomac, vols... Les gardiens sont particulièrement violents. Ils « nous traitaient comme si nous étions les criminels les plus dangereux de la planète », poursuit Juan Gonzalez Jr. qui assure n'avoir rien à se reprocher et ne faire partie d'aucun gang. « J'avais l'impression d'être un animal », insiste-t-il. Au cours des quatre mois qu'il a passés là-bas, Juan Gonzalez Jr. n'a jamais pu parler à un avocat. Quand des détenus ont demandé à en voir un, les gardiens leur ont répondu : « Ce mot n'existe pas ici ». Le Vénézuélien n'a eu aucun contact non plus avec sa famille. Il passe ses journées dans une cellule avec 8 à 14 autres personnes et dort sur un banc en métal. Un matelas est installé uniquement le temps de prendre des photos. Tous les matins, il est réveillé à 4 heures, fait sa toilette, puis joue aux échecs avec des restes de haricots rouges qui constituent ses repas. Jamais en quatre mois, on ne lui a dit de quoi il était accusé. « Ils ont joué avec nos nerfs. Ils nous ont torturés mentalement et physiquement », explique encore Juan Gonzalez Jr. au Washington Post. L'homme peine à trouver les mots pour raconter ce qu'il a subi. C'est « indescriptible », selon lui. La jungle du Darien expliquée par la doctorante Marilou Sarrut RFI reçoit aujourd'hui Marilou Sarrut, doctorante en géographie à l'Université Paris Cité, affiliée à l'Institut Convergence Migrations et autrice d'une thèse Traverser la jungle du Darien : « Une frontière naturelle » à l'épreuve des expériences migratoires, pour parler de la situation au Darien qui se situe entre la Colombie et le Panama et par où passent des centaines de candidats à l'immigration. Ce point de jonction entre l'Amérique du Nord et du Sud est impacté par la vaste offensive anti-immigration menée par Donald Trump et on assiste aujourd'hui, à un phénomène de retour avec des migrants qui cherchent désormais à revenir chez eux. Mais d'autres facteurs jouent également, explique Marilou Sarrut, comme les politiques migratoires européennes qui poussent certains Africains, notamment, à tenter de passer par le Darien. Il y a deux ans, on estimait à 500 000 le nombre de migrants qui traversaient la jungle du Darien, l'une des régions les plus hostiles du monde. Si la traversée côté colombien est encadrée par des guides, ces derniers « abandonnent les migrants à la frontière avec le Panama pour ne pas être accusés d'être des passeurs », raconte Marilou Sarrut qui s'est rendue sur place en 2023. À partir de là, le voyage devient extrêmement périlleux : « Les plus sportifs peuvent traverser la partie panaméenne en un jour et demi, mais d'autres mettent parfois une dizaine de jours car ils se perdent en route ». En 2023, jusqu'à 2 500 personnes pouvaient arriver au Panama en une seule journée, ce qui représente une manne économique majeure pour les communautés locales qui se sont organisées pour les « accueillir », surtout face à l'absence des pouvoirs publics, précise la doctorante. Mais ces passages ont aussi un impact écologique et sanitaire importants. Il n'y a pas de traitement des déchets dans la jungle, pas d'eau potable non plus. Or, ce problème n'a jamais été pris en compte par l'État qui n'a, donc, pas prévu de solutions pour remédier à ce drame environnemental, explique Marilou Sarrut. Englué dans l'affaire Epstein, Donald Trump tente de faire diversion Le président américain « intensifie ses attaques contre Barack Obama et Hillary Clinton », relève le New York Times. Interrogé une nouvelle fois, hier, par des journalistes au sujet de l'ancien homme d'affaires, Donald Trump a dénoncé « une chasse aux sorcières », puis « s'est lancé dans une diatribe contre une série classique de rivaux et de médias (...) ses ennemis présumés », décrit le journal. « Une liste qui ne cesse de croître », insiste le New York Times. Barack Obama, Hillary Clinton, Joe Biden, l'ancien directeur du FBI, l'ex-patron du renseignement national... Au cours des six derniers mois, Donald Trump a souvent cherché à se venger de ses ennemis, raconte le New York Times, de bien des manières : retraits ou menaces de le faire, des habilitations de sécurité de Joe Biden notamment, campagnes de dénigrements, enquêtes internes et même licenciements. En Argentine, Javier Milei a de nouveau insulté sa vice-présidente Le président argentin a traité Victoria Villarruel de « bruta traidora » ( « brute, traîtresse ») lors d'un rassemblement, à Cordoba dans le centre de l'Argentine, hier soir. Son ancienne alliée est devenue son ennemie. La rupture est consommée entre les deux depuis que celle qui est aussi la présidente du Sénat n'a pas empêché le Parlement de voter une loi augmentant les retraites, explique La Nacion. Une loi à laquelle le président va mettre son veto. Il l'a annoncé hier. Lors de son discours, il a également insulté la gauche - « tous des voleurs » - et l'opposition en général, ainsi que les médias. Le journal Pagina 12 a d'ailleurs été exclu de ce rassemblement, le « Derecha fest » (le « festival de la droite ») auquel ont participé des figures du mouvement libertarien, comme l'écrivain argentin Agustin Laje, mais aussi un conseiller de Donald Trump et trois pasteurs évangéliques, raconte le quotidien qui explique que « ce secteur est de plus en plus proche du gouvernement ». Ces prédicateurs ont pris la défense de la famille traditionnelle, des femmes au foyer, du christianisme et ont attaqué la gauche qui est « anti-christ », selon l'un d'entre eux. Pour Pagina 12, il y avait sur scène hier soir « une droite qui vocifère avec les yeux sortis des orbites (...) devant un public d'exaltés ». Bolivie : irrégularités sur les listes électorales En Bolivie, l'élection présidentielle aura lieu dans moins d'un mois, le 17 août 2025. La population vérifie, donc, si elle est bien inscrite sur les listes électorales. Mais depuis quelques jours, de nombreux citoyens découvrent avec surprise qu'ils ont aussi été inscrits comme adhérents de tel ou tel parti politique à leur insu. Le reportage pour RFI de Nils Sabin.
Un document de plus paraphé ce week-end après l'accord scellé à Washington le 27 juin entre Kinshasa et Kigali. « La quête de la paix dans l'est de la RDC avance donc sur deux fronts distincts, mais complémentaires », souligne Econews. Le texte conclu au Qatar ouvre la voie à un cessez-le-feu, mais, selon le média congolais en ligne, la « population de l'est, épuisée par des années de violence, observe ces développements avec un mélange d'espoir et de méfiance ». « Les Congolais doivent rester lucides et se dire que cet accord ne guérira pas en un jour les plaies béantes de Goma ou Bunagana », prévient aussi Le Pays. Un accord à transposer sur le terrain Econews, encore, rappelle que « les précédents accords ont échoué en raison du manque de suivi ». « Ces accords de paix sont comme des papillons, beaux et éphémères », prophétise Le Pays, « le plus souvent écrasés sous les bottes de la cupidité et des ambitions démesurées des prédateurs ». D'ailleurs, le journal congolais Le Potentiel grince : « les véritables gagnants dans cette affaire sont les États-Unis », comédiateurs dans ce conflit donc avec le Qatar. « Sans tirer un seul coup de feu, ils obtiennent un accès stratégique à une part importante des minerais du Congo contre une promesse de paix. Une paix monnayée, floue, sans véritable levier de transformation pour les populations », souffle le quotidien de Kinshasa. La situation au Sahel au cœur d'une rencontre entre la presse et Abdelmajid Tebboune Selon Dernières infos d'Algérie, le dirigeant a « rassuré » à propos de la menace que peut représenter la crise sécuritaire au Sahel, insistant sur « la grande expérience de l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme ». « Le pays a beaucoup aidé les frères maliens à surmonter la crise et reste disposé à le faire », mais l'Algérie refuse la présence de mercenaires russes à sa frontière a averti le président Tebboune. Les combattants de Wagner, et maintenant ceux de l'Africa Corps ont toujours « irrité » Alger rappelle TSA. Le Matin d'Algérie note en revanche les nombreuses lacunes d'un « pathétique monologue » du président Tebboune, dans un « exercice de communication bien huilé ». Aucune question sur les conséquences dans les relations avec Moscou, rien non plus sur les accusations de certains acteurs maliens qui reprochent à l'Algérie une certaine complaisance à l'égard de réseaux jihadistes opérant dans la région. Des mercenaires africains engagés par la Russie en Ukraine El Pais commence par évoquer le sort d'un Nigérian, il s'appelle Oluwagbemileke Kehinde. Il a été engagé comme par la Russie où il était venu faire ses études il y a quatre ans et a été capturé il y a quelques jours par l'Ukraine. Son cas est loin d'être isolé, Moscou promet à des Africains de travailler pour l'armée russe loin du front. L'offre est alléchante : « 2 000 euros par mois et un passeport russe », liste El Pais, mais en quelques semaines, « l'appât qui les a poussés à signer un contrat se transforme en cauchemar ». Ils sont alors envoyés dans des assauts massifs, meurent ou sont faits prisonniers. Comme le Nigérian Kehinde, des centaines de ressortissants de dix pays africains se sont retrouvés pris au piège, sauf qu'ensuite « ni la Russie, ni leur pays d'origine ne les réclament ». D'ailleurs, selon les archives de la diplomatie ukrainienne consultée par le média ibérique, seule Lomé s'est préoccupé du sort de ses ressortissants captifs.
durée : 00:22:18 - L'invité de 8h20 : le grand entretien - par : Simon Le Baron - Entretien avec Ousmane Ndiaye, journaliste indépendant, ex-rédacteur en chef Afrique à TV5 monde et chef de rubrique Afrique à "Courrier international", et Nicolas Normand, ancien ambassadeur au Mali (2002-2006), Congo (2006-2009) et Sénégal (2010-2013). Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
durée : 00:22:18 - L'invité de 8h20 : le grand entretien - par : Simon Le Baron - Entretien avec Ousmane Ndiaye, journaliste indépendant, ex-rédacteur en chef Afrique à TV5 monde et chef de rubrique Afrique à "Courrier international", et Nicolas Normand, ancien ambassadeur au Mali (2002-2006), Congo (2006-2009) et Sénégal (2010-2013). Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
Un document de plus paraphé ce week-end après l'accord scellé à Washington le 27 juin entre Kinshasa et Kigali. « La quête de la paix dans l'est de la RDC avance donc sur deux fronts distincts, mais complémentaires », souligne Econews. Le texte conclu au Qatar ouvre la voie à un cessez-le-feu, mais, selon le média congolais en ligne, la « population de l'est, épuisée par des années de violence, observe ces développements avec un mélange d'espoir et de méfiance ». « Les Congolais doivent rester lucides et se dire que cet accord ne guérira pas en un jour les plaies béantes de Goma ou Bunagana », prévient aussi Le Pays. Un accord à transposer sur le terrain Econews, encore, rappelle que « les précédents accords ont échoué en raison du manque de suivi ». « Ces accords de paix sont comme des papillons, beaux et éphémères », prophétise Le Pays, « le plus souvent écrasés sous les bottes de la cupidité et des ambitions démesurées des prédateurs ». D'ailleurs, le journal congolais Le Potentiel grince : « les véritables gagnants dans cette affaire sont les États-Unis », comédiateurs dans ce conflit donc avec le Qatar. « Sans tirer un seul coup de feu, ils obtiennent un accès stratégique à une part importante des minerais du Congo contre une promesse de paix. Une paix monnayée, floue, sans véritable levier de transformation pour les populations », souffle le quotidien de Kinshasa. La situation au Sahel au cœur d'une rencontre entre la presse et Abdelmajid Tebboune Selon Dernières infos d'Algérie, le dirigeant a « rassuré » à propos de la menace que peut représenter la crise sécuritaire au Sahel, insistant sur « la grande expérience de l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme ». « Le pays a beaucoup aidé les frères maliens à surmonter la crise et reste disposé à le faire », mais l'Algérie refuse la présence de mercenaires russes à sa frontière a averti le président Tebboune. Les combattants de Wagner, et maintenant ceux de l'Africa Corps ont toujours « irrité » Alger rappelle TSA. Le Matin d'Algérie note en revanche les nombreuses lacunes d'un « pathétique monologue » du président Tebboune, dans un « exercice de communication bien huilé ». Aucune question sur les conséquences dans les relations avec Moscou, rien non plus sur les accusations de certains acteurs maliens qui reprochent à l'Algérie une certaine complaisance à l'égard de réseaux jihadistes opérant dans la région. Des mercenaires africains engagés par la Russie en Ukraine El Pais commence par évoquer le sort d'un Nigérian, il s'appelle Oluwagbemileke Kehinde. Il a été engagé comme par la Russie où il était venu faire ses études il y a quatre ans et a été capturé il y a quelques jours par l'Ukraine. Son cas est loin d'être isolé, Moscou promet à des Africains de travailler pour l'armée russe loin du front. L'offre est alléchante : « 2 000 euros par mois et un passeport russe », liste El Pais, mais en quelques semaines, « l'appât qui les a poussés à signer un contrat se transforme en cauchemar ». Ils sont alors envoyés dans des assauts massifs, meurent ou sont faits prisonniers. Comme le Nigérian Kehinde, des centaines de ressortissants de dix pays africains se sont retrouvés pris au piège, sauf qu'ensuite « ni la Russie, ni leur pays d'origine ne les réclament ». D'ailleurs, selon les archives de la diplomatie ukrainienne consultée par le média ibérique, seule Lomé s'est préoccupé du sort de ses ressortissants captifs.
Savez-vous que la forêt peut être une véritable source de vie et de guérison ? Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée par la couleur végétale, reçoit Julie Landry, une pionnière dans le domaine des plantes tinctoriales. Julie nous plonge dans son parcours unique, où chaque souvenir d'enfance en Afrique, aux côtés de sa grand-mère, illustre l'art de la teinture végétale et l'utilisation des ressources de la forêt.Ensemble, elles explorent l'importance des plantes et des pigments végétaux dans notre quotidien, ainsi que la valorisation des coproduits forestiers. Julie partage son engagement à faire connaître le bois de padouk, un arbre aux propriétés médicinales et colorantes, et nous invite à réfléchir sur les défis de la valorisation des déchets forestiers. À travers ses expériences, elle souligne l'importance de la transmission des savoirs ancestraux et de la durabilité dans l'utilisation des ressources naturelles.« La couleur est une histoire à raconter », affirme Julie, et cette citation résonne tout au long de l'épisode. Découvrez comment l'usage des colorants végétaux et des tanins peut transformer notre approche de l'agriculture et de l'industrie. Les discussions techniques sur l'indigo, la garance, et les fibres naturelles nous rappellent que la teinture est bien plus qu'un simple art ; c'est une manière de reconnecter avec notre environnement et d'adopter des pratiques durables.Ne manquez pas cette belle illustration de la fusion entre tradition et innovation dans le domaine des couleurs végétales. Cet épisode est une invitation à redécouvrir les jardins et à plonger dans l'univers fascinant des biotechnologies liées à la teinture végétale. Que vous soyez un passionné d'arts ou simplement curieux d'en savoir plus sur les nuances et les possibilités infinies des plantes tinctoriales, cet épisode est fait pour vous.Pour en savoir plus sur le travail de Julie et ses initiatives, consultez les liens utiles mentionnés dans l'épisode. Préparez-vous à être inspiré par une conversation qui allie savoir-faire traditionnel et innovations contemporaines. Belle écoute !ArtEcoVert informe et inspire celles et ceux qui veulent repenser la couleur autrement, et les accompagne dans leur transition vers une couleur plus durable — avec des témoignages concrets le jeudi
Au sommaire : La France a mis fin ce jeudi à sa présence militaire permanente au Sénégal. Un retrait qui ne serait pas le signe d'une « rupture » pour le président sénégalais Diomaye Faye, mais plutôt le souhait d'un « partenariat rénové ». Comlan Hugues Sossoukpè, journaliste critique du pouvoir béninois, en exil au Togo où il bénéficie du statut de réfugié, a été arrêté cette semaine en Côte d'Ivoire, puis extradé à Cotonou. Le directeur de publication du journal en ligne Olofofo peut-il espérer une libération ? Aux États-Unis, le président Donald Trump s'embourbe dans l'affaire Epstein, du nom d'un homme d'affaires américain accusé de pédocriminalité. Une partie de ses fidèles partisans reproche au président américain son manque de transparence sur le dossier, protégeant ainsi des personnalités de premier plan. Enfin, pour quelles raisons Israël a-t-il attaqué la Syrie ? Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : - Hanène Zbiss, journaliste tunisienne, présidente de la section tunisienne de l'UPF (Union de la presse francophone) - François Hiondi Nkam, grand reporter et chef du service Economie au quotidien camerounais Le jour - Eric Topona, journaliste tchadien au sein de la rédaction Afrique francophone de la Deutsche Welle
Réuni depuis le 7 juillet à Paris, le comité du patrimoine mondial de l'Unesco a décidé en fin de semaine d'inscrire 26 nouveaux sites sur la liste du patrimoine mondial. Cinq sont africains. Avec pour la première fois, l'inscription d'un lieu bissau-guinéen : l'archipel des Bijagos. Ce site avait déposé sa première candidature en 2012. Pourquoi a-t-il été choisi maintenant ? Les explications de Lazare Eloundou, le directeur du patrimoine mondial de l'Unesco. RFI : Cinq sites africains ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Il y a le paysage culturel du Mont Mulanje au Malawi, les sites archéologiques Diy Gid Biy des monts Mandara au Cameroun, le parc national de Maputo à la frontière entre le Mozambique et l'Afrique du Sud et il y a également ces deux sites bissau-guinéens et sierra-léonais. Est-ce que vous pourriez, rapidement, nous les présenter ? Lazare Eloundou: Oui, tout à fait. Celui de la Sierra Leone est un complexe d'une île de Tiwai et d'une forêt pluviale de Gola. Et la Sierra Leone célèbre son tout premier site sur la liste du patrimoine mondial. Ensuite, il y a le site de la Guinée-Bissau qui est un important écosystème marin de l'archipel des Bijagos, un hotspot tellement important de la biodiversité marine qu'il a aussi rejoint la liste du patrimoine mondial. On doit notamment l'inscription de l'île de Tiwai en Sierra Leone au combat acharné d'un activiste. Est-ce que vous pourriez nous en dire un petit peu plus ? Tommy Garnett est plus qu'un activiste. Il est vraiment un défenseur du patrimoine. Ce combat a commencé il y a plusieurs années après la guerre où il s'est engagé à tout faire pour sauver l'île de Tiwai qui avait été détruite par la guerre. Un travail important s'est fait avec les communautés et plus tard aussi avec le soutien des autorités de Sierra Leone. Pour l'archipel des Bijagos en Guinée-Bissau, ça aura été une longue attente. Le pays avait déposé sa première candidature en 2012... Le travail pour préparer une candidature pour la liste du patrimoine mondial est un travail très sérieux où il faut des données très concrètes. Il se trouve que la Guinée-Bissau a pris un peu de temps déjà parce qu'il lui fallait de l'expertise. Et c'était ça, effectivement, l'une des choses importantes qu'Audrey Azoulay, la directrice générale de l'Unesco, a voulu en faisant de l'Afrique sa priorité depuis 2018. C'est l'expertise : renforcer l'expertise des professionnels africains. C'est ce qui s'est fait en formant des experts de la Guinée-Bissau qui ont pu contribuer à la préparation de ce dossier. Et qui ont pu démontrer que ce lieu important, cet archipel deltaïque actif, le seul de la côte Atlantique africaine, est aussi un lieu important, une halte migratoire la plus importante de l'Afrique de l'Ouest et un lieu de nidification majeur des tortues marines. Ils ont pu le démontrer dans ce dossier. Que vont changer concrètement ces inscriptions pour ces différents sites ? Elles vont changer beaucoup de choses pour les communautés locales. Elles vont certainement contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie, ce qui est important. Mais elles vont aussi permettre à l'Unesco de continuer à former des experts, à fournir de l'assistance internationale, à encourager le tourisme local, mais aussi culturel autour de ces sites. Cela va également contribuer au développement socio-économique de tous ces pays et promouvoir la riche histoire culturelle de tous ces pays. À côté de ces nominations, trois sites africains ont été retirés du patrimoine en péril. C'est le cas notamment de l'ancienne ville de Ghadamès en Libye et des forêts humides de l'Atsinanana à Madagascar. Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ces choix ? Il y a un grand travail qui s'est fait. C'est le cas des forêts de l'Atsinanana à Madagascar. Pendant près de quinze ans, l'Unesco et tous les experts ont travaillé pour accompagner les autorités malgaches. Il y a eu des investissements énormes pour lutter contre la déforestation qui avait été observée. Beaucoup d'autres activités qui ont été menées ont fait que l'on peut dire que sur les six composantes qui constituent ces forêts, quatre d'entre elles sont aujourd'hui suffisamment préservées. Les deux autres sont aussi en train de le faire. C'est très encourageant et le Comité du patrimoine mondial a pris tout cela en compte et a considéré que les efforts du gouvernement malgache méritaient que ces sites soient retirés de la liste en péril. Et en plus, nous avons un plan d'action pour les années à venir afin de renforcer ce travail qui a déjà commencé et rendre durable cette décision du patrimoine mondial. À lire aussiSierra Leone: l'île de Tiwai classée par l'Unesco pour sa biodiversité exceptionnelle À lire aussiGuinée-Bissau: l'archipel des Bijagós entre au patrimoine mondial de l'humanité À lire aussiPatrimoine mondial: l'Unesco accélère pour combler le retard de l'Afrique
Au sommaire : Cinq chefs d'Etats africains (Gabon, Guinée-Bissau, Liberia, Mauritanie et Sénégal) se sont rendus cette semaine à Washington pour un sommet consacré aux questions commerciales, mais aussi aux défis sécuritaires et à la politique migratoire. Pourquoi cet intérêt nouveau du président Trump pour le continent ? Volonté de contrer l'influence de la Chine en Afrique ? Multiplication des partenariats portant sur les ressources souterraines ? Autre visite à Washington, celle du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu. Le président Donald Trump presse pour un cessez-le-feu à Gaza. Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : Jean-Paul Oro, correspondant à Paris du quotidien L'intelligent d'Abidjan, président de l'Union des journalistes ivoiriens en France Karine Oriot, éditorialiste camerounaise Eric Topona, journaliste tchadien au sein de la rédaction Afrique francophone de la Deutsche Welle
Aujourd'hui, Fatima Aït Bounoua, Charles Consigny et Antoine Diers débattent de l'actualité autour d'Alain Marschall et Olivier Truchot.
Candidat ou pas ? Au Cameroun, l'avenir du président Biya provoque de multiples débats depuis que le porte-parole du gouvernement et celui du parti au pouvoir ont affiché publiquement leur désaccord. C'était au début de la semaine sur RFI. Ce vendredi, voici la réaction de Christopher Fomunyoh. Mais comme le grand essayiste camerounais est aussi le directeur Afrique du National Democratic Institute, un think tank américain proche du Parti démocrate, il s'exprime d'abord sur le sommet organisé mercredi par Donald Trump. En ligne de Washington, Christopher Fomunyoh répond à C. Boisbouvier. RFI : « Plus de commerce, moins d'aide », a dit en substance Donald Trump aux cinq chefs d'État africains qu'il a reçus ce mercredi à la Maison Blanche. Qu'est-ce que vous pensez de cette nouvelle approche des États-Unis avec l'Afrique ? Christopher Fomunyoh : Effectivement, je pense que peut-être, compte tenu des richesses naturelles existant sur le continent, ça va ouvrir de nouvelles perspectives. Et nous l'avons ressenti parce que, mercredi, les cinq chefs d'États à tour de rôle, chacun parlait des richesses naturelles de son pays. Et il est envisagé un autre sommet, peut-être au mois de septembre à New York, et peut-être que ça va changer le paradigme. Les contrats miniers, c'est l'un des arguments que les États-Unis mettent à présent sur la table. Est-ce qu'après 25 ans d'échec dans les Grands Lacs, cette stratégie pourrait réussir ? Peut-être que les deux États du Congo et du Rwanda, voyant un intérêt commun dans la possibilité de nouvelles richesses dans l'exploitation des minerais, pourront s'entendre à régler leurs conflits par des voies de négociations. Donc c'est à encourager si ça peut calmer les choses et éviter la perte en vies humaines qu'a connu le Congo à l'est de son territoire, c'est vraiment à saluer. Alors à propos de ces matières premières, pour l'instant, c'est la Chine qui exploite le plus de terres rares en Afrique. Est-ce que les États-Unis ont raison ou pas de vouloir entrer en compétition avec la Chine sur le terrain africain ? Effectivement, la compétition avec la Chine, je ne serais pas surpris si cela était entré dans le calcul par rapport même à l'invitation des cinq pays dont les chefs d'États se trouvent à Washington en ce moment. Donc, a priori, Washington a pris soin d'inviter cinq chefs d'États qui résistent à la force d'attraction de la Chine ? Je ne sais pas si c'est cela, l'indicateur qui a motivé le choix de ces cinq pays, mais c'est quand même des pays qui, à divers degrés, contiennent des ressources qui peuvent attirer le secteur privé américain. Sur RFI et France 24, au mois de mars dernier, le nouveau président du Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema, a révélé que les Chinois avaient souhaité installer une base militaire sur les côtes gabonaises, mais que le Gabon avait décliné la proposition. Est-ce que vous pensez que c'est l'une des raisons pour lesquelles ce président était invité à la Maison Blanche ce mercredi ? Effectivement, ça se voit que, depuis la transition au Gabon, le Gabon essaie de peser aussi dans les conversations diplomatiques avec Washington. On l'a ressenti aussi mercredi lorsque le nouveau président gabonais a fait étalage de son ouverture. Vous êtes Camerounais et vous suivez avec beaucoup d'attention le début de la campagne pour la présidentielle d'octobre prochain. Cette semaine, on a entendu le porte-parole du gouvernement nous dire que la candidature de Paul Biya à un huitième mandat n'était sûre qu'à 50%. Puis le porte-parole du parti au pouvoir RDPC nous dire que cette candidature était sûre à 100%. Comment vous réagissez ? Cela ne me surprend pas du tout. Tout au contraire, ça démontre ce que nous avons toujours décrié avec le régime en place, parce que nous avons vu le ministre René Sadi, par exemple, qui semble prendre la mesure de l'angoisse dans laquelle vivent les populations camerounaises quant à l'effectivité de la gouvernance et de la gestion du pouvoir par le président Paul Biya. Il a essayé d'être rationnel et même de rassurer dans une certaine mesure ces populations-là. Mais quelques heures après, nous avons été très surpris que le ministre Fame Ndongo sorte en se lançant dans un sophisme exacerbé, qui prête à confusion non seulement pour les Camerounais, mais aussi pour tous les Africains qui regardent avec curiosité ce qui se passe au Cameroun. Si Paul Biya vous demandait conseil aujourd'hui, qu'est-ce que vous lui diriez ? Je lui dirais clairement d'aller se reposer parce que, si je voulais être cynique, je dirais comme certains que la candidature de Paul Biya serait un cadeau. Le plus beau cadeau que le parti au pouvoir pourrait rendre à l'opposition. Parce que ce serait très facile de le battre dans une campagne où il ne pourra pas battre campagne, où il ne pourra pas faire des tournées dans les dix régions du pays, où il ne pourra pas interagir avec les journalistes et les populations. Mais je ne suis pas cynique à ce point. Je suis optimiste de nature et je lui dirais carrément : « en tant que grand-père, en tant qu'arrière-grand-père, c'est le moment de prendre votre retraite et d'être respecté par les Camerounais et par les Africains et par le monde entier ».
Donald Trump a réuni mercredi à la Maison Blanche les présidents libérien, sénégalais, mauritanien, bissau-guinéen et gabonais pour un mini-sommet destiné notamment pour les États-Unis à contrer l'influence grandissante sur le continent de la Chine et de la Russie. Comment cette rencontre a-t-elle été perçue à Dakar et Nouakchott ?
Les présidents du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Liberia, de la Mauritanie et du Sénégal sont à Washington à l'invitation de Donald Trump. Au centre des discussions, les questions commerciales, les minerais et la sécurité. Qu'attendez-vous de ce sommet aux États-Unis ? Quelles sont vos priorités ?
Cinq chefs d'État africains sont accueillis à la Maison Blanche pour un sommet de trois jours. Les présidents du Liberia, du Sénégal, de Mauritanie, de Guinée-Bissau et du Gabon ont été invités pour cette rencontre centrée officiellement sur des questions commerciales. L'Amérique revient en Afrique… non plus avec de l'aide humanitaire, mais avec des contrats.
Au sommaire : Le Mali a subi cette semaine sept nouvelles attaques jihadistes simultanées dans des villes du sud et de l'ouest du pays. Une offensive qui fait craindre une expansion du JNIM, la branche sahélienne d'al-Qaïda, dans ces régions proches des frontières avec la Mauritanie et le Sénégal, mais également de la capitale Bamako. Le 27 juin 2025, était signé à Washington un accord de paix entre la République démocratique du Congo et son voisin rwandais. Cet accord de paix ouvre-t-il la voie à une nouvelle aire de stabilité, comme l'a déclaré le président congolais Félix Tshisekedi lors de son discours à la nation ? Enfin Donald Trump a annoncé l'interruption de la livraison du parapluie antimissile américain à l'Ukraine. Un coup dur pour l'Europe. Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : - Ousseynou Nar Gueye, directeur général du site d'information tract.sn et du mi-quinzomadaire numérique Tract Hebdo, vice-président de Rappels (Réseau des auteurs et producteurs de la presse en ligne du Sénégal) - Cécile Goudou, journaliste au service numérique du hub de RFI à Dakar - Elysée Odia, journaliste fondatrice du média en ligne Yabisonews.cd
« La Turquie n'est pas en rivalité avec la France en Afrique », affirme le responsable de la diplomatie turque pour l'Afrique. Depuis vingt-cinq ans, la Turquie est en pleine expansion sur le continent africain. On le voit avec ses opérateurs économiques et avec le succès de ses drones sur les champs de bataille. Mais loin de vouloir prendre sa place, la Turquie veut renforcer sa coopération avec la France. C'est ce qu'affirme Volkan Isiksi, directeur général pour l'Afrique au ministère turc des Affaires étrangères. De passage à Paris, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Volkan Isikci, bonjour, Volkan Isikci : bonjour RFI : En 2007, la France de Nicolas Sarkozy et l'Allemagne d'Angela Merkel ont dit non à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Est-ce que c'est l'une des raisons pour lesquelles votre pays s'est tourné vers le continent africain avec une politique ambitieuse ? En fait, notre politique ambitieuse vers les autres continents, notamment l'Afrique, ça remonte bien avant 2007, donc en 1998. A partir de 2003, les relations de la Turquie avec l'Union africaine, ça s'est développé et on a essayé d'être présent sur le continent africain avec l'ouverture des ambassades. En l'an 2002, on avait douze ambassades. Aujourd'hui, on en a 44 et notre vision est de pouvoir augmenter le nombre de ces ambassades et de pouvoir les augmenter jusqu'à 50 dans les prochaines années, avec les possibilités que l'on va avoir. Tout de même, Monsieur le Directeur général, on remarque que, en 2007 donc, il y a ce refus de la France et de l'Allemagne de faire entrer la Turquie dans l'Union européenne. Et un an plus tard, en 2008, il y a ce premier sommet Turquie-Afrique. Est-ce qu'il n'y a pas un lien de cause à effet ? Non, c'est une coïncidence. Le choix de 2008, c'est indépendamment de la décision que vous avez mentionnée. C'était une feuille de route que l'on avait déjà établie. Donc, en 2008, on a organisé le premier sommet Turquie-Afrique, c'était en Turquie. En 2014, le deuxième, c'était en Guinée équatoriale. En 2021, on a organisé le troisième en Turquie et le quatrième, on va l'organiser l'année prochaine en Libye. Le choix a été ratifié par les organismes concernés de l'Union africaine. Et par les autorités libyennes de Tripoli, puisque ce sera à Tripoli ? Exactement. Depuis 20 ans, Monsieur le Directeur général, le volume d'échanges de votre pays avec l'Afrique a fait un bond très important. Il est passé de 5 milliards à 40 milliards de dollars par an. Qu'est-ce que vous apportez de différent par rapport à l'Europe et la Chine ? Avec nos amis africains, la période de Covid a eu des effets positifs pour que ce volume d'échanges augmente. Comme vous savez, à ce moment-là, il y avait des restrictions du point de vue des visas, du point de vue des vols. Nous, on n'a jamais essayé de rendre la vie difficile à nos amis africains qui voulaient visiter la Turquie. Notre régime de visas était flexible. En plus, les vols de Turkish Airlines n'ont jamais cessé à cette période-là. Nos amis africains, au lieu des destinations classiques qu'ils avaient pour voyager, faire du commerce en Europe ou bien en Asie, ils ont découvert un peu la Turquie. Et dans plusieurs pays africains, ils mentionnent que la continuité, la qualité, le prix et le suivi des produits turcs qu'ils se procurent en Turquie sont nettement plus concurrents que ceux des autres régions du monde. Ils nous disent : « Vous avez des produits de qualité européenne au prix de produits chinois. Alors en effet, certains disent en Afrique que les produits turcs sont moins chers que les produits européens et de meilleure qualité que les produits chinois. Quels produits par exemple ? De tout. Des dentifrices aux tissus, aux chaussures, aux meubles. Surtout dans le secteur de la construction. La plupart du matériel est importé de la Turquie. Évidemment, au lieu d'importer de très loin comme la Chine, le matériel qui est commandé de la Turquie, il parvient à peu près dans un délai d'un mois, un mois et demi, dans le pays concerné. Quand il faut construire un centre de conférence très vite pour un sommet de dans six mois, les Turcs sont là. C'est ça ? Voilà. Donc je ne vais pas citer le pays, mais dans un pays africain, le leader qui avait demandé à une compagnie turque de pouvoir organiser une grande conférence internationale avec la participation des chefs d'Etats, il lui a demandé s'il pouvait construire un centre de conférence en six mois. La compagnie concernée, qui est très active en Afrique, lui a fait la proposition de pouvoir le faire avec un délai de six mois. Evidemment, le prix était très abordable pour ça. La compagnie lui a demandé quelques faveurs : pouvoir amener 4000 ouvriers de Turquie avec six navires et tout le matériel qui serait nécessaire. Donc la commande a été passée au mois de janvier et les portes de cette conférence ont été ouvertes pour accueillir les chefs d'Etat mi-juin. Et donc c'est un succès qui a été réalisé en six mois. Et cet exemple que vous donnez sur six mois, je crois que c'est arrivé dans un pays d'Afrique centrale ? Oui, en Afrique centrale. L'un de vos produits phares en Afrique, Volkan Isikci, c'est le drone de la société Bayraktar. Il a fait ses preuves à Tripoli en 2019, puis dans la guerre Éthiopie -Tigré en 2021. Et du coup, beaucoup de pays africains vous achètent ce produit, comme le Mali, le Tchad. Est-ce que certains pays africains n'ont pas renoncé à la protection des avions de chasse classiques au bénéfice de ces drones, parce que c'est moins cher et parce qu'il y a moins d'abandon de souveraineté ? Je pense qu'il faut voir cette approche dans un contexte technologique et de maniabilité parce que, pour l'utilisation des avions de chasse, il faut déjà des terrains, des pistes d'atterrissage qui sont adéquats. Et ces drones ou ces nouveaux engins depuis quelque temps sont beaucoup plus abordables, maniables et efficaces que les avions de chasse. Que les Mirage 2000 par exemple ? Les avions de chasse demandent beaucoup de dépenses évidemment pour l'achat, pour la maintenance ou le personnel. Les drones, évidemment, ce sont des sociétés privées qui en font, mais l'autorisation d'exportation émane de notre ministère de la Défense. Il faut d'abord un feu vert d'Ankara ? Voilà. Et le suivi de l'utilisation de ces engins est régulé par le ministère de la Défense et d'autres institutions qui travaillent dans ce domaine-là. Est ce qu'on peut parler, de la part de la Turquie en Afrique, d'une diplomatie du drone ? Mais la question du drone se passe seulement dans quelques pays africains pour protéger leur intégrité territoriale. Ce sont des demandes conjoncturelles qui font que la demande des pays est acceptée par la Turquie. Évidemment, les formations que l'on offre, avec un prix abordable et la continuité et la confiance qu'ils ont en la Turquie, tout cela fait que beaucoup plus de pays maintenant recourent à notre technologie dans ce domaine-là. Mais quand vos drones sont utilisés pour frapper des populations civiles, je pense au Mali par exemple, est ce que vous ne craignez pas que cela ternisse l'image de la Turquie ? Évidemment, comme je vous l'ai dit, pour les ventes et l'exportation, il y a une régulation très restreinte. On fait le suivi de ces engins-là dans ces pays-là. Donc, une mauvaise utilisation de vos drones peut conduire à la rupture de la livraison de ces drones ? Voilà, parce que c'est régulé internationalement. Nous, on ne voudrait pas nuire à l'image de la Turquie dans ce sens-là, on ne voudrait pas que ça arrive. Est ce qu'il vous est arrivé, ces dernières années, de dire à un pays africain client de vos drones : « Là, vous avez utilisé ces drones contre des populations civiles, nous ne sommes pas d'accord et nous arrêtons la livraison » ? Après, on n'a pas dit. Mais avant, on dit toujours : « Il ne faut pas les utiliser de façon inappropriée, sinon ça va être la rupture », parce qu'il y a un contrôle continu dans ce sens-là ». Et c'est arrivé qu'il y ait une rupture ? Non, ça n'est pas arrivé, mais on suit de très près pour que ce genre d'évènement n'arrive pas dans ce sens-là. En 2019, la Turquie a soutenu militairement le gouvernement Sarraj à Tripoli contre l'offensive du maréchal Haftar sur la capitale libyenne. Pourquoi avez-vous fait ce choix ? Monsieur Sarraj, c'était le leader de la Libye à ce moment-là, qui était reconnu par les Nations Unies. Du coup, quand il y a eu les actes émanant de l'Est de la Libye vers Tripoli, il a écrit une lettre de demande d'aide d'urgence aux leaders internationaux de cinq pays, y compris la France et la Turquie. Et la Turquie a été le seul pays à pouvoir répondre positivement à son appel à l'aide. Donc notre coopération avec le gouvernement de Tripoli, ça a commencé avec ces démarches de Monsieur Sarraj à ce moment-là et ça continue jusqu'à présent. Et maintenant, on voit que la Libye est en cours de pouvoir solidifier sa démocratie, disons sa gouvernance, avec l'aide qu'on leur a fournie pour que le pays ne tombe pas dans le chaos. Et justement, vous continuez de soutenir Tripoli contre Benghazi ? Le gouvernement Dbeibah contre le maréchal Haftar et ses fils ? Ou est-ce que vous essayez de réconcilier les deux camps ? Non, il n'y a pas de pour et contre. Nous avons des relations avec l'Est aussi. On a ouvert notre Consulat général à Benghazi par exemple. On a des contacts avec Monsieur Haftar et les dirigeants du côté Est. Donc on soutient toutes les parties pour qu'il y ait une entente entre eux pour stabiliser politiquement leur pays. Et je crois que Turkish Airlines atterrit maintenant à Benghazi ? Voilà ! Depuis la chute du régime Assad en Syrie, au mois de décembre dernier, la Russie redéploie ses bateaux et ses avions gros-porteurs vers l'Est de la Libye, notamment Tobrouk et Benghazi. Est-ce que cela vous préoccupe ? Non, pas du tout. Nous, on a toujours des contacts avec la Russie concernant les questions de sécurité et de défense, concernant différentes régions du monde. Donc ça ne nous préoccupe pas. Est que c'est pour apaiser la situation politique au Congo-Brazzaville… Il y a 5 ans, vous avez accepté de soigner dans votre pays, en Turquie, l'opposant Jean-Marie Michel Mokoko, qui est donc sorti de sa prison congolaise pendant quelques semaines et qui y est retourné depuis. Voilà 9 ans quand même que cet opposant politique est détenu à Brazzaville. Qu'est-ce que vous pensez de cette situation ? Pour cela, il faut voir la qualité du plateau technique sanitaire que la Turquie offre aux différents demandeurs dans ce sens-là. Les pays africains font beaucoup de demandes pour pouvoir se soigner sur le sol turc. Donc, il faut considérer cette approche du gouvernement du Congo-Brazzaville pour pouvoir soigner l'opposant. La relation qui existe entre les chefs d'Etat et la confiance qui règne entre eux… Je pense que c'est le résultat de ces approches-là qui a fait que cet opposant a pu retrouver la santé et retourner après dans son pays. Donc, c'est le témoignage d'une relation de confiance entre les présidents Sassou-Nguesso et Erdogan ? Voila. Dans votre esprit, c'est plus une approche humanitaire qu'une approche politique ? Humanitaire. Il faut voir ça sous l'optique humanitaire. Autre séjour médical très remarqué dans votre pays, la Turquie, celui évidemment de l'ancien président Alpha Condé de Guinée Conakry. Est-ce à dire que vous pourriez jouer un rôle de facilitateur aujourd'hui entre le général Doumbouya, qui est venu d'ailleurs à Ankara pour la dernière investiture du président Erdogan il y a deux ans, et les opposants guinéens en exil ? Vous savez, la médiation ne se fait pas parce que vous avez le désir d'être médiateur. Ça doit venir des parties concernées. Donc une demande n'a pas été mentionnée. Donc du coup, ça n'a pas été vu dans ce sens-là. Il n'y a pas de médiation turque sur la Guinée Conakry ? Non. On dit souvent, Volkan Isikci, qu'il y a une rivalité entre la Turquie et la France en Afrique. Est-ce que c'est vrai ou pas ? Pas du tout ! Parce que le mot rivalité, c'est quelque chose de négatif. La concurrence, ça existe parce que, dans le monde, les intérêts, ça existe. Avec la France, je pense que le mot concurrence est plus adapté, mais il faut enrichir ça avec une coopération, une collaboration. Avec les relations historiques que la France a avec le continent africain, avec l'expérience de plus en plus aiguë des acteurs turcs sur le continent, je pense qu'avec ces atouts, les deux pays peuvent servir davantage pour pouvoir subvenir aux besoins des pays concernés, pour être à côté de ceux qui en ont besoin. Et dans le cadre d'un partenariat entre les deux pays, quels sont les atouts de la France en Afrique sur lesquels vous, les Turcs, vous aimeriez vous appuyer ? Les deux pays ont des expériences différentes. Évidemment, la connaissance du terrain, la présence linguistique peuvent apporter beaucoup de choses de la part de la France. La Turquie, avec son expérience de plus en plus aiguë depuis les années 2000, peut servir davantage pour pouvoir réaliser de grands investissements dans ce sens. Moi j'aimerais bien mentionner que la zone de confort n'existe pas. Il faut prendre des risques. Il faut être sur le terrain avec un partenaire de confiance. Je pense qu'on peut faire beaucoup de choses. On croit beaucoup à ça et, quel que soit le pays, on n'a jamais essayé de destituer une entité, un pays du continent africain. Vous n'avez jamais voulu chasser la France de certains pays africains ? Pas du tout, pas du tout. On n'a pas cette position. On veut seulement développer davantage et subvenir aux besoins de nos amis africains qui nous font la demande. Vous n'êtes pas dans une démarche de rivalité avec la France, comme peut l'être la Russie par exemple ? Pas du tout, pas du tout. La question de la Russie, je ne suis pas en mesure d'y répondre, mais nous, on ne voit pas la France en tant que rivale sur le continent africain. Volkan Isikci, monsieur le Directeur général, merci. Merci beaucoup À lire aussiEntre l'Afrique et la Turquie, un partenariat qui s'enracine À lire aussiLa Turquie s'apprête à débuter sa mission d'exploration pétrolière en Somalie
Au sommaire : Au Sénégal, le convoyeur d'une pirogue qui a chaviré au large de Mbour en septembre 2024 avec une centaine de migrants à son bord, vient d'être condamné à sept ans de prison ferme. Cette décision, d'une rare sévérité, peut-elle aider à lutter contre les réseaux criminels de passeurs ? En Guinée, un nouvel organe électoral, la direction générale des élections, a été créé le week-end dernier. Comment expliquer la suppression de la commission électorale indépendante et pour quelles raisons placer la nouvelle direction sous l'autorité du ministre en charge de l'Administration du territoire et de la décentralisation ? Enfin jusqu'où ira le conflit entre Israël et l'Iran ? Les États-Unis vont-ils entrer en guerre ? Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : - Timbi Bah, rédacteur en chef de la rédaction Fulfulde de RFI à Dakar - Hanene Zbiss, journaliste tunisienne, présidente de la section tunisienne de l'UPF (Union de la presse francophone) - Hannane Ferdjani, journaliste et créatrice du média en ligne Beyond the noise Africa.
L'Afrique du Sud a signé en 2014 un accord avec le Mozambique, pour s'accorder sur la stratégie de conservation du parc Kruger qui chevauche la frontière, et fait partie, avec le Zimbabwe, du nouveau parc transfrontalier du Grand Limpopo. Ce genre d'accord permet notamment de s'accorder sur les standards de sécurité face au braconnage. Une collaboration qui permet aussi le déplacement d'animaux sauvages d'un pays à un autre, pour repeupler des parcs dans le besoin, et rééquilibrer l'écosystème. C'est dans ce contexte que l'Afrique du Sud vient ce mois de juin de donner dix rhinocéros noirs au Mozambique qui en manque cruellement. Billie est un rhinocéros sud-africain. Une femelle d'environ une tonne placée dans un box en métal, direction le Mozambique. « Normalement, on ne donne pas de noms à nos animaux, mais ils en auront un pour le transport. Si quelque chose se passe mal sur la route, on doit pouvoir les identifier », explique Vuyiswa Radebe, qui travaille pour Ezemvelo KZN Wildlife, l'organisation qui gère les parcs publics de la région. Elle est venue assister à cette opération hors norme. « Le déplacement en lui-même est très éprouvant, mais on sait pourquoi on le fait, c'est pour leur survie. Nous avons besoin d'avoir plein de petites Billie partout dans le monde, et j'ai hâte d'entendre leurs histoires », confie-t-elle. Et c'est tout l'objectif. L'Afrique du Sud, et particulièrement ce parc Hluhluwe, est le berceau des rhinocéros africains. Antony Alexander et la fondation Peace Park coordonnent donc des relocalisations d'animaux sauvages. « Peace Parks n'a commencé à soutenir le gouvernement mozambicain qu'il y a dix ans. On devait d'abord prendre le temps de rétablir des bons systèmes de sécurité là-bas. Et de s'assurer que l'environnement était adapté pour faire venir des animaux sauvages », raconte-t-il. Des transferts qui se multiplient ces dernières années, notamment grâce à des techniques qui évoluent, explique Kester Vickery, de la fondation Conservation Solution. Il rentre à peine du Rwanda, où il a déplacé 70 rhinocéros sud-africains en avion. « Nous pouvons maintenant déplacer des animaux en gros groupes sur une durée de 48 heures, en toute sécurité. C'est plus ou moins le temps qu'il faudra pour déplacer ces rhinos jusqu'à Zinave », détaille-t-il. Zinave, c'est le parc mozambicain qui s'apprête à recevoir Billie et les autres. Pendant près de 40 ans, ce parc n'avait plus aucun rhinocéros. Ils sont de retour depuis peu grâce à une autre opération de ce genre. Drapeau mozambicain brodé sur sa veste, le vétérinaire Hagnasio Chiponde s'apprête à prendre la route : « Je représente la Wildlife Mozambique Alliance, et le pays en général. Nous cherchons à développer notre population de rhinos. Je suis fier de faire partie de l'équipe. » Les dix rhinocéros sont arrivés sains et saufs à Zinave. L'objectif, c'est donc de faire grandir cette population, pour ensuite en envoyer dans d'autres parcs du Mozambique, et ainsi repeupler le pays entier. À lire aussiRéintroduction de dix rhinocéros au Mozambique: une opération à haut risque [2/3]
durée : 00:19:26 - L'interview de 9h20 - par : Léa Salamé - Jean-Pascal Zadi, réalisateur et acteur, est invité pour son film “Le grand déplacement”, en salle le 25 juin. Une comédie qui envoie des Africains dans l'espace et dynamite les préjugés. - invités : Jean-Pascal Zadi - Jean-Pascal Zadi : Acteur et humoriste français
durée : 00:19:26 - L'interview de 9h20 - par : Léa Salamé - Jean-Pascal Zadi, réalisateur et acteur, est invité pour son film “Le grand déplacement”, en salle le 25 juin. Une comédie qui envoie des Africains dans l'espace et dynamite les préjugés. - invités : Jean-Pascal Zadi - Jean-Pascal Zadi : Acteur et humoriste français Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur le dessalement de l'eau de mer au Maroc, les conséquences de la guerre Israël-Iran sur le pétrole et le meurtre d'une élue démocrate du Minnesota. Chine : 53 pays africains exonérés de droits de douane Pékin a annoncé la suppression des droits de douane sur les exportations de 53 pays africains, un dispositif jusque-là réservé aux pays les moins avancés. Comment expliquer cette décision au moment où Donald Trump annonce de nouvelles taxes sur certains produits africains ? Cette mesure pourrait-elle avoir des conséquences sur l'économie mondiale ? Avec Clea Broadhurst, correspondante permanente de RFI à Pékin. Maroc : le dessalement pour lutter contre la sécheresse Confronté à une sécheresse chronique et à une pression croissante sur ses ressources en eau, le Maroc accélère sa transition vers le dessalement de l'eau de mer pour la transformer en eau potable. Pourquoi dit-on que cette technologie a des conséquences sur l'environnement ? Quelles autres alternatives pourraient être envisagées pour faire face au manque d'eau ? Avec Simon Rozé, chef du service environnement-climat de RFI. Guerre Israël-Iran : quel impact sur le prix du pétrole ? Dès les premières frappes israéliennes sur l'Iran, le prix du baril de pétrole a augmenté de 15%. Pourquoi ce conflit fait-il flamber les cours ? Si la guerre s'enlise, quels pays risquent d'être impactés par la hausse du prix ? Au contraire, qui pourrait en tirer profit ? Avec Anna Creti, professeur d'économie à Paris-Dauphine, directrice de la chaire de l'économie du climat. États-Unis : hausse des violences politiques Une élue démocrate de l'État du Minnesota et son mari ont été abattus samedi dernier à leur domicile. Un autre couple d'élus a été grièvement blessé par balle. Que sait-on sur le profil du suspect, Vance Boelter, arrêté après deux jours de cavale ? Pourquoi le gouverneur Tim Walz qualifie cette attaque d'« assassinat politiquement motivé » ? Avec Jérôme Viala-Gaudefroy, docteur en civilisation américaine, spécialiste en rhétorique présidentielle.
La liste des interdictions de voyage aux États-Unis devrait s'allonger. 25 pays africains, selon un document consulté par le Washington Post, devraient rejoindre la liste du nouveau "travel ban" imposé par le président américain Donald Trump.
Au sommaire : Présent depuis plus de 3 ans au Mali, le groupe paramilitaire russe Wagner a officialisé son départ du pays. Il sera remplacé par l'Africa Corps, un autre groupe paramilitaire contrôlé cette fois par le ministère russe de la Défense. Que peut attendre le Mali de cette réorganisation alors que les attaques jihadistes se multiplient sur le terrain ? Quels effectifs et quelles missions ? Israël a mené des frappes ce vendredi sur des sites nucléaires et militaires disséminés sur l'ensemble du territoire iranien. Que sait-on de ces attaques et quelles représailles ? Doit-on craindre un conflit régional ? Rétablissement du « travel ban », fin du droit du sol, rafles de travailleurs sans papiers et expulsions… Aux États-Unis, les manifestations se multiplient contre la politique anti-immigration de Donald Trump malgré les sommations du président. Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : - Ahmed Newton Barry, journaliste burkinabè - Wuldath Mama, consultante spécialisée dans les questions internationales pour la Société de radio et de télévision du Bénin - Seidik Abba, journaliste et chercheur associé, président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel (CIRES), auteur de « Mali-Sahel, notre Afghanistan à nous ? » (Impacts éditions).
Ils sont surnommés “les Wagners noirs” et sont des centaines à avoir été recrutés par l'armée russe pour se battre contre l'Ukraine. Attirés par des salaires mirobolants, des promesses d'emploi ou encore l'obtention de la nationalité russe, ces ressortissants africains ont volontairement rejoint les rangs de l'armée de Vladimir Poutine. Mais pour d'autres, l'histoire est plus compliquée : ils seraient des dizaines d'Africains à avoir été manipulés et enrôlés de force. Enquête de Lucile Chaussoy, Marc Kouho et Saloum Sané.
La protection des mers, c'est l'enjeu de la troisième Conférence de l'ONU sur l'Océan, qui s'ouvre lundi 9 juin à Nice, dans le sud de la France. L'un des sujets majeurs de ce sommet, c'est la pollution des mers par les plastiques. Comme dit Foga Agbetossou, les microplastiques n'ont pas besoin de visas pour arriver sur les côtes africaines. Foga Agbetossou est le responsable pour le Togo de l'ONG SOA, pour Sustainable Ocean Alliance, Alliance pour un océan durable, en français. En ligne de Lomé, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Foga Agbetossou, vu d'Afrique, qu'est-ce que vous attendez de cette troisième Conférence des Nations unies sur l'océan ? Foga Agbetossou : Il faut dire que l'Afrique s'attend à beaucoup de choses, surtout en matière de conservation. Donc, nous attendons à ce que les jeunes Africains puissent avoir plus de poids en matière de discussion sur les questions liées aux océans.Est-ce qu'avec le réchauffement climatique, vous craignez une élévation du niveau de la mer sur les côtes africaines ?Bien sûr, cette élévation du niveau de la mer sur les côtes africaines n'est pas à craindre puisque c'est quelque chose qui se passe déjà. Les côtes les plus vulnérables sur le continent africain sont les côtes qui sont principalement constituées de plages sableuses. Puisque, vous le savez, les plages sableuses ne sont pas très résistantes face à l'avancée de la mer, face au phénomène d'érosion côtière. Donc, dès que les vagues déferlent sur les côtes, ces plages sableuses ne résistent pas aux vagues qui les érodent.Et du côté des mangroves ?Et les mangroves aussi. Comme les mangroves sont partie intégrante des systèmes côtiers, elles sont également menacées et, du coup, elles perdent leurs potentiels de résistance face aux inondations et aux phénomènes d'érosion côtière.Et qu'en est-il pour les îles au large du continent africain, notamment du côté de l'océan Indien ? Oui, ces îles sont également très menacées face au réchauffement climatique, puisque ces îles sont des zones de prédilection de ce que nous appelons les récifs coralliens. Et ces récifs coralliens, figurez-vous, ce sont des organismes qui créent des écosystèmes où d'autres poissons viennent se reproduire et où il y a beaucoup en termes de biodiversité marine. Donc, avec le réchauffement climatique, avec ses corollaires d'élévation du niveau de la mer, d'élévation du taux de CO2 dans la mer, ces récifs coralliens perdent en fait leur efficacité, perdent certaines de leurs activités biologiques et expulsent des organismes qui sont responsables de leur croissance. Donc, une fois qu'ils expulsent ces organismes-là, ils subissent ce qu'on appelle le blanchissement et ils perdent leurs fonctions biologiques. Et du coup, cela constitue un très grand problème, surtout pour ces îles comme Zanzibar, les Seychelles, les Comores et autres, qui sont dans l'océan Indien. Et figurez-vous que même une partie de leur économie en matière de pêche repose sur ces écosystèmes de récifs coralliens.Alors, toujours au chapitre du réchauffement climatique, l'un des sujets de cette conférence de Nice, ce sont les émissions de CO2 provoquées par le transport maritime. Ce secteur est à l'origine de 3 % des émissions mondiales de CO2, soit presque autant que l'avion et presque autant que l'ensemble du continent africain. Qu'attendez-vous d'une telle conférence au sujet du trafic maritime, justement ?Oui. Quand vous parlez des 3 %, on peut peut-être penser que c'est un chiffre infime. Mais les 3 % représentent en fait 1056 millions de tonnes de CO2 qui sont émis par le domaine maritime, les bateaux et tout le reste.Est ce qu'il faut que les bateaux arrêtent d'utiliser du fioul ? Et à ce moment-là, par quoi faut-il le remplacer ? Bien entendu, il faudrait qu'on se tourne vers les nouvelles technologies et remplacer ces carburants par d'autres carburants alternatifs comme l'hydrogène. Les recherches sont en cours et, à Lomé même récemment, il y a un institut, un centre Wascal.org qui est un centre de recherche sur les questions climatiques, qui, avec d'autres partenaires, a mis sur pied un institut de recherche sur l'hydrogène dont des avancées se font déjà sur le continent, principalement au Togo. Mais je crois qu'il faut qu'on se tourne beaucoup plus vers ces carburants alternatifs. Comme je le disais, il y a l'hydrogène. Il y a également des biocarburants marins. Des recherches sont en cours pour voir si on pourrait utiliser les algues et les déchets marins pour fabriquer du carburant pour ces bateaux. Il y a également un domaine qui est en pleine recherche actuellement, qui est l'électrification des ports. Il faut doter les ports des équipements d'énergies renouvelables pour réduire l'empreinte carbone.Donc il faudrait, sur le port de Lomé, des bornesélectriques où les bateaux viendraient recharger leurs batteries ?Exactement.Mais est ce que ce n'est pas quelque chose qui va prendre des années et des années ? Bien sûr que ça prendra des années. Mais tout rêve commence par un pas. Donc si nous ne faisons pas ce pas aujourd'hui, on risque de répéter les mêmes choses après 40 ou 50 ans.Lors de cette conférence, la France va proposer que les armateurs et les transporteurs maritimes payent une taxe carbone pour financer la transition énergétique. Mais beaucoup de pays sont contre. Qu'est-ce que vous en pensez ?Oui, la pollution plastique est bel et bien une réalité en Afrique puisque l'Afrique, pour information, produit plus de 17 millions de tonnes de déchets plastiques par an. Mais moins de 10 % de ces plastiques sont recyclés sur le continent et le reste finit, comme vous le savez, dans les rivières, les fleuves et dans les deux océans, l'océan Atlantique et l'océan Indien.L'un des fléaux des mers aujourd'hui, c'est le plastique. Alors vu d'Afrique, est-ce que la pollution plastique est une réalité ou pas ?Oui, la pollution plastique est bel et bien une réalité en Afrique puisque l'Afrique, pour information, a produit plus de 17 millions de tonnes de déchets plastiques par an. Mais moins de 10 % de ces plastiques sont recyclés sur le continent et le reste finit, comme vous le savez, dans les rivières, les fleuves et dans les deux océans, l'océan Atlantique et l'océan Indien.Et le problème, c'est que ces plastiques ne sont pas biodégradables. C'est ça ? Oui, la majeure partie de ces plastiques ne sont pas biodégradable. Une fois qu'ils entrent dans l'environnement marin, ils prennent des décennies, quelquefois même des centaines d'années, à se désintégrer par suite des processus physiques qui se déroulent dans la mer. Et donc, année après année, les plastiques augmentent en pleine mer. Et cela constitue un danger notoire pour les organismes qui vivent dans la mer. Et lorsque ces plastiques arrivent à se désintégrer aussi, ils se désintègrent et deviennent des microplastiques qui sont quelquefois confondus par certaines espèces marines avec des aliments. Ces espèces les ingurgitent. Et tout cela finit sur nos tables lorsque nous consommons de ces espèces.Donc il y a des poissons qu'il ne faut plus manger, c'est ça ? Je ne dirai pas qu'il ne faut plus manger, mais on ne sait pas quel poisson a ingurgité ces microplastiques et lequel n'en a pas pris. Donc, nous nous attendons à ce que des avancées notoires soient faites sur la question de la pollution plastique, puisque c'est une question qui touche non seulement l'Afrique, mais aussi les autres continents. Et le problème également, c'est que les plastiques qui sont rejetés sur d'autres continents n'ont pas besoin de visas avant de venir sur nos côtes. Et donc je crois qu'il faut vraiment développer une solution qui serait globale pour la question du plastique. Et je crois qu'une prochaine session se tiendra à Genève, en Suisse, et je crois qu'ils vont développer un traité mondial sur le plastique, un traité mondial que les États vont ratifier pour que tous ensemble, nous puissions trouver une solution globale pour ce problème global.Oui, mais vous savez bien que cet accord international que tout le monde appelle de ses vœux, les pays producteurs de pétrole n'en veulent pas puisque le plastique est fait à partir du pétrole.Oui, oui. Mais ce n'est pas parce que certains États ont refusé de ratifier le traité que nous allons nous empêcher de faire ce qui est bien. Il faut quand même aller dans la bonne direction et, un de ces jours, nous sommes positifs. Nous croyons que ces États vont céder.Et de ce point de vue, qu'est-ce que fait votre ONG, SOA, Sustainable Ocean Alliance, l'Alliance pour un Océan Durable, contre ce fléau des plastiques ?À SOA Togo, nous nous sommes rendu compte qu'en fait, en Afrique et spécialement au Togo, beaucoup de personnes ne sont pas informées sur les questions relatives aux océans. Et c'est d'ailleurs ce qui a motivé la création de cette organisation au Togo. Et ce que nous faisons, c'est que d'abord nous essayons de rapprocher l'océan des populations. Nous essayons de parler aux populations, nous faisons des tournées dans des écoles pour parler aux jeunes apprenants, pour familiariser les gens sur les questions relatives aux océans. Et pendant ces campagnes de sensibilisation, l'un des sujets principaux que nous débattons, c'est la question du plastique et nous montrons justement aux apprenants les bonnes pratiques à faire pour pouvoir réduire la pollution plastique, sinon l'éviter carrément.Donc votre message, c'est que la mer, ce n'est pas une poubelle.Oui, bien entendu, la mer n'est pas une poubelle, tout comme nos maisons respectives ne sont pas des poubelles. La mer, les fleuves, les rivières, ce sont des écosystèmes, des habitats d'autres organismes. Donc, il faut que nous travaillions à ne pas en faire des poubelles.La préoccupation majeure des professionnels de la mer en Afrique, c'est la surpêche, notamment la pêche industrielle. Que peut faire cette conférence de l'ONU à Nice, en France, pour réguler cette pêche sur les côtes africaines ?Oui, je pense à la convention d'Abidjan et je crois qu'il y a certains éléments qui manquent à la Convention et sur lesquels la Conférence peut également travailler pour régler la question de la surpêche sur le continent. En fait, ce qui se passe sur le terrain, c'est qu'il y a des bateaux, des industriels provenant d'autres pays qui viennent effectuer ces surpêches au large du continent africain et qui violent certains règlements qui sont en cours. Donc, je crois que la Conférence peut travailler à maximiser les efforts pour renforcer les mesures protectives contre cette surpêche.Et vous trouvez que la Convention d'Abidjan n'est pas assez contraignante ? Il y a certains des éléments qu'on pourrait ajouter à cette Convention, tels que la question de la pêche artisanale. Cette question n'a pas été bien traitée dans cette Convention, puisque lorsque ces bateaux industriels font cette surpêche, ils entrent en fait en compétition avec la pêche artisanale et ils menacent la sécurité alimentaire dans nos pays.Un accord a été rédigé qui vise à contrecarrer et éliminer la pêche illégale : 64 % des États côtiers du monde ont signé cet accord, ce qui veut dire qu'il reste 36 % des pays qui ne l'ont pas signé. Ce qui signifie qu'il y a de la résistance, non ? Bien sûr, cette résistance provient principalement de ces pays qui trouvent un intérêt dans la surpêche. Quand je pense à la Chine, vous savez que même la Chine intervient au large de plusieurs pays africains. Au Ghana même, la question est très cruciale. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler du Saiko Fishing. Donc, ce sont des Chinois qui viennent au large des côtes ghanéennes et qui font leurs activités de façon illicite et qui font même des transbordements. Ils vendent des espèces juvéniles. Ils vont jusqu'aux espèces juvéniles, les vendent aux pêcheurs traditionnels qui reviennent les vendre sur le continent. Donc je crois que, au point où nous sommes arrivés, l'océan constitue beaucoup de potentialités que nous pourrons exploiter pour notre développement. Mais pendant que nous exploitons les ressources de l'océan, il faut penser à les exploiter de façon durable, parce que l'océan entretient la vie sur la terre. L'océan produit près de la moitié de l'oxygène que nous respirons et l'océan a encore beaucoup d'éléments à nous offrir. Et si nous nous précipitons à détruire ces ressources, nous risquons de ne pas avoir accès aux autres ressources que l'océan réserve pour nous. Donc, j'exhorte la population mondiale, j'exhorte les États à prendre des décisions qui iront à l'avantage de l'océan.À lire aussiTogo: la ville d'Aného lutte pour faire face à l'érosion et garder ses plagesÀ lire aussiAvant la conférence onusienne sur l'Océan, des scientifiques publient 10 recommandations pour le préserver
La production du coton est comme la majorité des productions agricoles touchées négativement par le dérèglement climatique. Une situation sur laquelle alerte l'Association des producteurs de coton africain et pour laquelle les différents acteurs cherchent des solutions pour préserver leurs rendements. Dans le bassin cotonnier du Cameroun, Wagaye Amadou, petit cotonculteur, témoigne des conséquences sur ses cultures du changement climatique. « Il y a la sécheresse qui nous dérange donc le coton ne se produit pas comme auparavant. Quand il fait trop chaud, le coton ne donne pas parce que ça ne grandit pas. Ça fait déjà 2 ans ou 3 ans environ. C'est trop de perte, plus d'un tiers de la production. Qu'est-ce qu'on peut faire contre ça ? Quand il ne pleut pas abondamment, comment on peut avoir la solution ? »Alternance de fortes pluies et sécheresse Les cotonculteurs du continent expérimentent des épisodes pluvieux intenses qui noient les cultures et les font pourrir, ou des épisodes de sécheresse prolongée qui empêche la fleur de coton de se développer. « Les aléas climatiques, c'est ça qui fait que la production cotonnière est en train d'évoluer en dents de scie, explique Moussa Sabaly, président de la Fédération nationale des producteurs de coton du Sénégal, président d'honneur de l'AProCA, l'appel que je lance aux producteurs, c'est que comme on ne connaît pas si la pluie va s'installer précocement, on ne sait pas à quel moment ça va s'arrêter, il faut semer très tôt. Puisqu'il y a un moment où quand tu sèmes le coton des semis tardives, tu risques de ne pas avoir de bons rendements. Il faut adapter les périodes de plantation ».Indispensable adaptation des techniquesLe changement climatique contribue à l'appauvrissement des sols, aux phénomènes d'érosion. Un sujet de préoccupation depuis plusieurs années qui mobilise la recherche et les sociétés cotonnières. Adaptation des pratiques agricoles et recherche de semences résistantes.Au Cameroun, la Sodecoton travaille notamment avec l'Institut de recherche agricole pour le développement, l'IRAD. « Il y a des actions qui sont menées, notamment les actions agroécologiques qu'on appelle techniques agroécologiques, pour limiter l'impact de ce dérèglement sur la production agricole et donc maintenir un certain niveau de productivité », détaille le Dr Hinimbio Taïda Pierre agronome spécialisé en agro-écologie à la société cotonnière du Cameroun. « Donc, parmi cet ensemble de techniques, il y a par exemple la mise en place de l'arbre dans le système agraire qu'on appelle l'agroforesterie. Il y a également la lutte contre, par exemple, l'érosion pluviale et éolienne par la mise en place par exemple, (...) des bandes arbustives ou enherbées et même des plantations d'arbres. Voilà donc il y a beaucoup de techniques comme ça qui sont mises en place pour contrôler l'effet du dérèglement climatique », explique-t-il. Ces adaptations sont confrontées également à un certain nombre de pratiques persistantes telles que le pâturage, la culture sur brulis ou encore l'usage pas toujours approprié de certains produits phytosanitaires.
De l'Afrique aux Amériques en passant par la Caraïbe, les œuvres de 150 artistes noirs sont montrées en 2025 au Centre Pompidou à Paris. L'exposition s'appelle Paris Noir, circulation artistique et luttes anticoloniales et l'onde de choc qu'elle suscite n'a d'égal que son succès public. Un public renouvelé, curieux de découvrir des artistes des années 50 aux années 2000... dont les œuvres ont rarement été diffusées en France. Une exposition mais aussi un salon de lecture auxquels RFI et la Bibliothèque-archives Bernard Binlin Dadié se sont associés en écho à Paris Noir. En complicité avec Franck Hermann Ekra, critique d'art et curateur, nous recevons la scénariste Marguerite Abouet, le plasticien Hamedine Kane, l'écrivain Mohamed Mbougar Sarr, le comédien Sidiki Bakaba, le metteur en scène Koffi Kwahulé et la réalisatrice Bintou Diarra.Dès l'entrée de l'exposition, la première image inscrit l'exposition dans l'histoire des luttes anticoloniales dont Paris est l'un des carrefours. En référence à la capacité d'agir des Africains dans la capitale de l'A.O.F et A.E.F (Afrique occidentale Française et Afrique équatoriale française), dans l'après Deuxième Guerre mondiale. Sous la forme d'un immense collage, des couvertures emblématiques des livres de la maison d'édition Présence Africaine fondée par Alioune Diop… que ce soit le Docker noir de Sembene Ousmane, Nation nègre et culture de Cheikh Anta Diopou encore Un nègre à Paris de Bernard Dadié. Expression d'une conscience africaine multiforme, l'œuvre de Bernard Dadié est une œuvre émancipatrice, un contre-récit dont les écrits de prison sont un véritable journal de bord de la lutte pour la liberté et la dignité en Côte d'Ivoire, dès la fin des années 40, puisque Dadié a été arrêté en 1949 avec ses camarades militants dont Matthieu Ekra, le grand-père de Franck Hermann Ekra, initiateur de ce salon de lecture.Tous nos remerciements à Alicia Knock, commissaire de l'exposition Paris Noir, circulation artistique et luttes anticoloniales ainsi qu'aux équipes du Centre Pompidou et aux équipes du Centre Wallonie Bruxelles.Découvrir l'expositionÉcoutez le premier épisode proposé par RFI et la Bibliothèque-archives Bernard Binlin Dadié
Au Sénégal, c'était une première, les architectes de tout le continent s'étaient donné rendez-vous à Dakar pour le premier symposium des architectes africains. Pendant trois jours, du 22 au 24 mai, une centaine d'architectes ont buché sur le thème « Repenser les villes africaines pour une perspective durable ». À la clef, une déclaration commune, une série de recommandations aux États du continent pour améliorer la qualité des villes. De notre correspondante à Dakar, Spéculations foncières, croissance galopante des villes et avec quelles solutions architecturales y faire face ? Une centaine d'architectes se sont succédé de table ronde en table ronde. Une rencontre inédite, comme le rappelle Angela Mingas, architecte, venue d'Angola : « C'est la première fois, c'est wow, ça fait plus de 10 ans qu'on ne s'est pas vu et c'est la première fois en Afrique, c'est très important. » Pour elle, c'est une rencontre cruciale : « Parce que les villes ont les mêmes problèmes à travers le continent, nous avons tous cette dualité d'un centre-ville hérité de la colonisation et d'une périphérie, même si nous sommes différents, nous partageons les mêmes défis, c'est donc une opportunité inédite pour échanger des connaissances. »Et pour Baba Seck Bali, un entrepreneur dans l'immobilier venu spécialement du Mali, il y a urgence à trouver des solutions communes : « Vous imaginez comment on va vivre à Dakar dans 20 ans, ça va être très compliqué. Trop de monde, trop d'embouteillages, trop de CO2. Le gros problème, c'est la spéculation. Malheureusement, les spéculateurs sont toujours en avance sur les planificateurs, ce qui fait que nos villes s'agrandissent dans un désordre total. »À lire aussiL'Afrique est le continent avec la «tendance d'urbanisation la plus rapide au monde»Face à ce désordre et pour rattraper les erreurs de l'urbanisation anarchique les architectes ont produit un mémorandum commun, une déclaration de Dakar qui veut - entre autres – corriger la ségrégation spatiale, héritée de la colonisation, réaffirmer l'importance d'utiliser les solutions et connaissances architecturales du continent adapté au continent, mais aussi encourager les États à adopter des normes de constructions plus durables.Exemple avec les briques de typha, du nom de cette plante qui pousse partout au Sénégal. Une brique bien moins polluante que le ciment. Encore faut-il en connaître l'existence comme l'explique Ernest Dione. Il codirige le bureau d'étude bio Build Africa « C'est une innovation qui demande une reconnaissance technique qui permette un recours plus systématique à ce type de brique durable comme pour la terre crue. »Pour cela, il faut aussi augmenter les capacités de production des entreprises qui la fabrique. D'énormes chantiers qui ne réussiront que si les États africains s'emparent de ces recommandations formulées par les architectes africains.
Au sommaire : Ce lundi, une série d'attaques a été menée par le Jnim, le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans lié à al-Qaïda, dans la ville de Tombouctou. Des attaques qui surviennent seulement quelques jours après celles de Boulkessi, de Soumpi et de Dioura. Quelle est la capacité d'action du Jnim ? Quelles réactions au Mali ? À Nouakchott, indignation et colère après le viol et le meurtre d'une jeune femme enceinte. Un nouveau féminicide qui rappelle que l'État mauritanien n'a aucune loi régissant les violences sexistes et sexuelles.Enfin aux États-Unis, le divorce est consommé entre le président Donald Trump et le milliardaire Elon Musk. Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : - Karine Oriot, éditorialiste camerounaise- Eric Topona, journaliste tchadien au sein de la rédaction Afrique francophone de la Deutsche Welle- François Hiondi Nkam, grand reporter et chef du service Économie au quotidien camerounais Le jour.
C'est au troisième tour, avec 76% des voix, que le candidat mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement, le 29 mai dernier à Abidjan. Le score paraît très confortable, mais jusqu'au deuxième tour, rien n'était joué, car le Zambien Samuel Maimbo gardait toutes ses chances. Quelles sont les vraies causes de la victoire de la Mauritanie et quel rôle a joué secrètement le président Ghazouani ? En ligne de Nouakchott, son ministre des Affaires étrangères Mohamed Salem Ould Merzoug dévoile les coulisses du vote, au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Le docteur Sidi Ould Tah est le dernier candidat à s'être déclaré et pourtant il a gagné. Comment vous expliquez ce paradoxe ?Mohamed Salem Ould Merzoug : C'est un long processus. La campagne et puis le travail diplomatique sérieux ont commencé bien avant la déclaration formelle de sa candidature étant entendu que le travail qui a été fait l'année dernière par le président de la République pendant son mandat en tant que président en exercice de l'Union africaine a été un peu le terreau fertile sur lequel nous avons construit toute notre stratégie.Toute l'année dernière, c'est le président de la Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, qui était à la tête de l'Union africaine...Tout à fait.On dit que, dès le début de cette année, le président ivoirien Alassane Ouattara vous avait dit qu'il serait derrière la candidature du docteur Ould Tah. Est-ce que c'est à ce moment-là que vous vous êtes dit : « On peut y aller, on peut annoncer sa candidature » ?La décision a en effet été prise par le président en concertation avec beaucoup de chefs d'États africains et en particulier avec son excellence le président Alassane Dramane Ouattara qui est un ami personnel et qui a été un soutien important pour notre candidat.Dès le début de cette année ?Dès le début de cette année, oui.Quand le docteur Ould Tah s'est lancé dans cette campagne, il n'était pas le favori. Tout le monde pensait au Zambien Samuel Munzele Maimbo, qui avait été vice-président de la Banque mondiale. Comment avez-vous relevé ce défi ?Pour vous parler franchement, dès le départ, nous n'avons jamais douté qu'il serait élu parce que nous avons, je pense, recherché le consensus et essayé de convaincre mais surtout d'être persévérant. Tout ce travail a été fait avec beaucoup d'humilité.Vous n'avez jamais douté parce que vous aviez déjà fait un travail souterrain et que vous aviez fait vos calculs. Vous saviez que vous aviez déjà un certain nombre de pays avec vous ?Tout à fait. Sous l'autorité directe du président de la République, on a donc essayé de ratisser large tout au long de l'année 2024.Et le plus gros contributeur africain, à savoir le Nigeria, il était pour qui ?Il a voté pour le candidat mauritanien.Dès le premier tour ?Dès le premier tour. Ça, ça a été décidé depuis très longtemps. Depuis février 2025, bien avant d'ailleurs.D'accord, mais le Nigeria a été très discret sur le candidat qu'il avait choisi. Il ne l'a pas dit jusqu'à la dernière minute...La discrétion est parfois le bon choix. Je peux vous assurer qu'excepté l'un des plus gros contributeurs qui avait un candidat, tous les autres ont voté pour le candidat Sidi Ould Tah.Oui, l'Afrique du Sud, évidemment, a voté pour sa candidate...Bien entendu.Mais vous dites que, outre le Nigeria, l'Égypte, l'Algérie et le Maroc…Tout ce que je peux vous dire, c'est que tous les plus gros contributeurs africains ont voté pour le candidat Sidi Ould Tah. Sidi n'a pas seulement été élu, mais il a été plébiscité.Il y avait donc les gros contributeurs qui ont voté pour votre candidat. Et puis il y a des petits contributeurs. On pense notamment aux trois États du Sahel, Mali, Burkina, Niger. Est-ce qu'ils étaient de votre côté ou pas ?Ils ont voté pour le candidat mauritanien. Il suffit de prendre une calculette, voilà.Par quel tour de force avez-vous réussi à être soutenu à la fois par les pays de l'AES, Mali, Burkina, Niger et par la France ?Il n'y a pas de contradiction. De toute façon, ce sont des actionnaires, donc chacun décide en fonction de ses intérêts.À quel moment avez-vous reçu le soutien de la France ?Durant le processus que je viens d'évoquer et qui a été un long processus. Mais qui a été un processus constructif et efficace. Il y a eu des discussions et des échanges avec l'ensemble de ces pays qui ont voté pour le candidat de notre pays.Mais est-ce que la France a voté pour votre candidat dès le premier tour ?Je pense qu'ils doivent avoir voté dès le premier tour. À ma connaissance, ils ont voté dès le premier tour pour le candidat Sidi Ould Tah.Il y a les États-Unis de Donald Trump. Ils ont voté pour qui ?Je ne le sais pas. Mais nous respectons leur choix.Ils n'ont pas voté pour vous au premier tour ?Pas à ma connaissance mais je ne peux pas répondre à leur place.On dit que c'est grâce essentiellement aux voix des Africains que le docteur Sidi Ould Tah a été élu. Parce que, chez les non régionaux, les votes étaient plus hésitants. Beaucoup préféraient le Zambien Samuel Maimbo, vous confirmez ?Je ne peux ni confirmer ni infirmer mais je sais que dans ces 76%, il y a eu une alchimie entre les pays africains et les non africains pour voter pour le docteur Sidi Ould Tah et nous en sommes absolument ravis. À lire aussiBAD: de quelle couleur est donc le développement ?À lire aussiLe Mauritanien Sidi Ould Tah élu président de la Banque africaine de développement
« Les entreprises françaises sont trop frileuses en Afrique, elles doivent se réengager sur le continent », déclare Étienne Giros, le patron des opérateurs français en Afrique, qui publie 54 nuances d'Afrique aux éditions Télémaque. Étienne Giros a travaillé 23 ans dans le groupe Bolloré. Depuis onze ans, il préside le CIAN, l'association professionnelle qui regroupe les entreprises françaises opérant en Afrique. Il salue la résilience des quelque 5 000 opérateurs français qui travaillent toujours en Afrique et qui emploient 700 000 personnes. Mais il les invite à plus d'audace. Étienne Giros est le Grand invité Afrique de Christophe Boisbouvier. RFI : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ne sont pas d'accord sur tout, comme chacun le sait, mais ils sont d'accord pour dire que les entreprises françaises en Afrique profitent trop d'une situation de rente et qu'elles n'innovent pas assez. Pourquoi cela vous met-il en colère ?Étienne Giros : Cela m'agace parce que cela ne correspond pas à la réalité. Qu'est-ce que c'est qu'une rente ? Une rente, c'est bénéficier d'une situation de monopole qu'on va créer soi-même pour obtenir des tarifs élevés et ne pas développer des progrès techniques, etc. Les grands groupes français et les entreprises de taille moyenne, qui sont en France, ont peut-être eu des situations de rente en Afrique il y a cinquante ou soixante ans. Maintenant, rien n'est plus faux que cela. Les entreprises françaises sont soumises à la concurrence. Je prends un exemple d'un groupe que je connais bien : l'ancien groupe Bolloré qui maintenant s'appelle en Afrique AGL. Il est en concurrence avec des opérateurs chinois, dubaïotes et originaires d'autres régions du monde sur les ports. Le groupe Orange, qui est très important en Afrique dans la téléphonie, est en concurrence avec sept ou huit opérateurs mondiaux. S'il ne performe pas en qualité et s'il n'a pas les bons prix, je peux vous dire qu'il sera battu. C'est donc une erreur de croire que nous sommes en position de monopole.Est-ce que la compagnie Air France ne profite pas de sa position de monopole sur certaines lignes pour imposer des billets d'avion très très chers ?J'avoue que cela peut arriver et que les billets sont chers. C'est une question souvent de permis et d'autorisation de slots [les créneaux horaires donnés à une compagnie aérienne, NDLR] qui doivent être donnés par les autorités africaines. On appelle de nos vœux l'ouverture de ces marchés, car la communication entre les pays africains est très importante et effectivement c'est trop cher.Vous dites que les entreprises françaises restent très présentes en Afrique. Elles sont plus de 5 000, elles emploient 700 000 Africains pour un chiffre d'affaires de combien ?Cent milliards d'euros, ce qui est beaucoup plus que tout le volume d'affaires que nous faisons avec les États-Unis ou la Chine.Mais vous dites aussi, que depuis le Covid-19 de 2020, vous voyez des chefs d'entreprise français qui préfèrent renoncer à leurs projets en Afrique. Pourquoi ?Ils renoncent ou ralentissent parce qu'ils sont confrontés à un ressenti du risque africain qui est élevé. Le départ de la France dans des conditions compliquées, on va dire cela comme ça, du Sahel, les affaires de conformité avec le risque réputationnel ou le risque d'être traîné devant les tribunaux, les questions de la corruption qui perdurent et la petitesse des marchés…Tout cela fait que les entreprises françaises y réfléchissent à deux fois avant d'aller sur place. Notre travail, c'est de faire baisser le ressenti du risque en disant : « Non, l'Afrique n'est pas plus risquée qu'ailleurs ». Deuxièmement, en disant « Petit marché deviendra grand, une classe moyenne en Afrique arrive, la croissance démographique est là et ce continent est ouvert sur le monde ».Vous racontez dans votre livre l'histoire d'une entreprise française implantée en Afrique qui réclamait son argent. Le ministre des Finances de l'État concerné lui a répondu : « Je vous paye si vous me donnez 10% en dessous de la table ». C'est ce qu'on appelle du chantage. Comment cette entreprise française s'en est-elle tirée ?Elle s'en est tirée parce que c'était un grand groupe qui avait les reins solides. Elle a attendu. Elle a discuté avec les bailleurs de fonds. Elle a rendu public, non pas dans la presse mais à certaines personnalités, cet état de fait. Finalement au bout d'un an, un an et demi, ça a été réglé. Mais une entreprise de taille moyenne qui ne peut pas tenir un an, un an et demi et qui a les emplois en cause, va quelquefois, soit être obligée de partir, soit être obligée de céder. Tout ça pour dire que je sais que peut-être certains ne vont pas être d'accord avec ce que je vais dire. Et je pense que les entreprises dans les affaires de corruption sont davantage victimes qu'opératrices.Un groupe français bien connu, le groupe Bolloré, pour lequel vous avez travaillé, est visé par la justice française qui le soupçonne d'avoir acquis frauduleusement la gestion des ports de Lomé et de Conakry. Est-ce que le groupe est plutôt victime ou plutôt coupable ?Je ne vais pas prendre parti sur ce dossier d'autant que la justice n'a pas encore rendu ses conclusions. Je ne peux pas répondre à votre question.Cette affaire judiciaire n'est-elle pas la raison pour laquelle Vincent Bolloré a vendu toutes ses activités africaines en 2022 à l'armateur italo-suisse MSC ?Je ne suis pas mandaté pour expliquer les motivations du groupe pour son départ d'Afrique dans les domaines du transport. Je ne crois pas que cela soit la raison. Je crois que c'est simplement un arbitrage d'actifs. Et ce groupe, qui est un groupe puissant, qui évolue beaucoup, a décidé d'orienter sa stratégie de manière différente et de quitter les transports, puisqu'il a vendu, certes, ses activités de transport en Afrique à MSC, mais il a aussi vendu ses activités de transport monde à CMA CGM. Ce n'est pas l'Afrique qui était visée. Je pense que c'était simplement une réorientation stratégique. D'ailleurs, ce groupe conserve sa présence en Afrique dans le domaine des médias. Canal+, qui appartient à ce groupe, est en cours d'acquisition du grand opérateur de télévision payant sud-africain qui s'appelle Multichoice, une énorme acquisition sur toute l'Afrique australe. Deuxièmement, il déploie la fibre dans une dizaine de pays. Je pense donc que ce n'est pas un signe de désintérêt de l'Afrique, c'est plutôt une réorientation stratégique.
Le PSG champion d'Europe… La soirée historique de samedi « porte avant tout la signature des talents africains du club parisien ». C'est ce que souligne Afrik.com ce matin.En effet, précise le site, « cette victoire revêt une dimension symbolique considérable pour le football africain. Achraf Hakimi, buteur d'entrée et capitaine exemplaire, devient le premier Marocain double vainqueur de la Ligue des champions, rejoignant ainsi le cercle très fermé des légendes continentales. À seulement 20 ans, Désiré Doué (de père ivoirien) a signé un doublé spectaculaire, délivré une passe décisive et décroché logiquement le trophée d'homme du match, confirmant son statut de prodige franco-africain. L'explosion de Senny Mayulu en fin de rencontre a parachevé ce triomphe générationnel. À 18 ans, le milieu offensif aux origines congolaises a scellé le score d'un but somptueux, confirmant la profondeur exceptionnelle du vivier afro-parisien cultivé par le club depuis plusieurs saisons. Les statistiques parlent d'elles-mêmes, s'exclame encore Afrik.com : trois des cinq buts parisiens et trois passes décisives sont directement liés au continent africain. Un signal retentissant pour les quelque 450 millions de téléspectateurs africains qui suivaient la rencontre, de Lagos à Casablanca en passant par Abidjan et Dakar ».Hakimi au sommetLe Matin à Casablanca s'enflamme… « Premier buteur du Paris Saint-Germain samedi en finale de la Ligue des champions face à l'Inter Milan, Achraf Hakimi a bouclé sa saison monstrueuse en fanfare. L'international marocain a signé son 14e titre en club et sa 2e Ligue des champions. Il devient également, à l'issue de cette finale, l'un des candidats les plus sérieux au Ballon d'Or, avec son coéquipier Ousmane Dembélé (…). Avec un palmarès digne des plus grandes légendes mondiales et le statut de meilleur latéral droit au monde, Achraf s'impose désormais comme l'un des meilleurs footballeurs de l'histoire du Maroc, si ce n'est le meilleur ! ».Et il ne faut pas oublier Bradley Barcola, souligne Aujourd'hui à Ouagadougou : « discret mais précieux, le natif de Lyon d'origine togolaise a délivré une passe décisive, prouvant une nouvelle fois que sa percussion et sa créativité pouvaient faire basculer les matchs ».32 ans plus tard…Aujourd'hui qui regarde hier… « Cette victoire parisienne résonne étrangement, comme un écho, pour ne pas dire une réplique, de celle de l'Olympique de Marseille en 1993, jusqu'ici unique club français vainqueur de la Ligue des Champions. Cette année-là déjà, à Munich, rappelle le quotidien ouagalais, ce sont les talents africains qui avaient porté l'OM sur le toit de l'Europe. Abedi Pelé, le Ghanéen, homme du match et passeur décisif. Basile Boli, défenseur central d'origine ivoirienne, auteur du but victorieux. Sans oublier Marcel Desailly, ou encore Jocelyn Angloma, qui composaient cette équipe diverse et conquérante. Trente-deux ans plus tard, c'est une autre génération, issue de la même veine, souligne Aujourd'hui, qui offre à la France un deuxième sacre européen. Une continuité historique. L'Afrique est depuis longtemps un vivier de talents bruts pour le football mondial. Mais trop souvent, son rôle dans les grands succès européens est sous-estimé, relégué à l'arrière-plan. Le sacre retentissant du PSG vient nous rappeler que derrière les grands clubs européens, se cache une Afrique qui forme, inspire et alimente les meilleures équipes européennes ».Un « rare moment de résonnance positive entre la France et l'Afrique »« Quand le PSG réconcilie la France et l'Afrique, le temps d'un match », relève pour sa part Ledjely en Guinée. « De Conakry à Rabat, de Nouakchott à Abidjan, les supporters africains du PSG ont eux aussi laissé éclater leur joie. Et ce, malgré un climat géopolitique tendu, où les relations franco-africaines sont, ces dernières années, marquées par la méfiance et les tensions postcoloniales ».Car, souligne le site guinéen, « le sport, et plus particulièrement le football, a ceci de singulier qu'il transcende les barrières idéologiques, balaie les rancœurs politiques et relie les peuples dans une émotion partagée. (…) Si l'on peut démanteler des bases militaires ou expulser des diplomates, on ne saurait gommer la passion du football ».Et Ledjely de conclure : « ce sacre du PSG n'est pas seulement une victoire sportive. Il est aussi, peut-être, un moment suspendu, un rare instant de résonance positive entre la France et l'Afrique. Un répit, certes éphémère, mais ô combien instructif dans un contexte chargé de malentendus et de désillusions mutuelles ».
En septembre 2025, la Maison des mondes africains ouvrira ses portes à Paris, après un véritable parcours du combattant pour trouver un lieu. À sa tête : Liz Gomis, journaliste et réalisatrice, de caractère bien trempé, qui n'esquive pas les tensions du moment. « C'est l'institution que j'aurais voulu à 20 ans », confie-t-elle. Elle porte ce projet avec force, mémoire et convictions. Rencontre avec une femme bien trempée, portée par un désir de transmission, de réparation, et de dialogue entre les récits afro-diasporiques et l'espace culturel français. RFI : Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas encore, qu'est-ce que la Maison des Mondes Africains, la MansA ?Liz Gomis : La MansA, c'est une institution culturelle. C'est également un laboratoire. Nous ne nous inscrivons pas comme un musée puisque nous n'aurons pas de collection d'œuvres d'art ou autres. Nous sommes centrés sur la création contemporaine. Je dirais qu'on a un prisme aussi sur la création numérique et l'audiovisuel, parce que je viens de là. L'idée, c'est de pouvoir monter un centre qui sera pluridisciplinaire et qui croisera aussi bien les arts du spectacle, que la littérature, que le cinéma. MansA, le nom de l'institution, c'est Maison des mondes africains. Quand on dit mondes africains, on parle des Caraïbes, on parle des Amériques – du nord et du sud –, on parle de l'océan Indien et on parle évidemment de la diaspora européenne. Parce que l'idée, c'est justement de croiser ces savoirs. L'idée, c'est aussi de les faire découvrir parfois à un public plus jeune. Ce sera notre mission d'éducation, toujours sous le prisme de la culture, qui permettra, je pense, de permettre à certaines personnes de se libérer un peu de l'exigence – parce qu'on a toujours le sentiment qu'il faut avoir lu Achille Mbembe pour pouvoir rentrer dans ces sujets. Alors qu'en fait, on peut y entrer par différents biais. On peut y entrer par des œuvres d'art – en ce moment, il y a l'exposition au Centre Pompidou, Paris Noir – des moments musicaux, des moments d'expositions. Voilà, ce sera un bouillonnement de culture. Vous faites référence à Achille Mbembe qui est à l'origine de ce projet. Comment le projet a-t-il évolué depuis ce premier jet ? Achille Mbembe, effectivement, est à l'initiative de ce projet. Ensuite, j'ai vite été mise à contribution pour écrire le rapport de préfiguration. Achille est arrivé évidemment avec la philosophie et l'idée du projet, mais ensuite, il fallait transformer cela en un projet tangible. Voilà comment le projet a évolué. Je peux dire que j'y ai mis toutes mes tripes et j'y ai également mis une part de moi parce que, quelque part, la MansA, c'est un peu l'institution que j'attendais lorsque j'avais 20 ans. C'est l'institution qui m'aurait permis, il y a 20 ans, de mieux comprendre qui j'étais en tant que Française dont les parents sont nés sur le continent africain et qui parfois avaient du mal à trouver sa place. Aujourd'hui, j'en ai 24 de plus, donc je ne me pose plus cette question. Mais je sais que c'est une question qui continue de perturber et de questionner de jeunes gens et de jeunes femmes qui sont pleinement français et qui se posent toujours la question de savoir quelle est leur place dans le pays dans lequel ils sont nés. Vous parlez de cette difficulté à trouver sa place. Comment faire entendre cette voix dans une France où les crispations identitaires s'accentuent ? C'est toujours compliqué de monter un projet, en premier lieu. Évidemment, on sait bien que le sujet de l'Afrique et de ses descendants, cela crispe. Mais moi, j'ai juste envie de dire aux Français, ayez de la mémoire. Rappelez-vous qu'à un moment donné, on était content d'avoir les tirailleurs sénégalais. Rappelez-vous qu'on était heureux d'aller voir Joséphine Baker sur scène. Rappelez-vous que Manu Dibango était le directeur musical de la seule émission musicale de l'ORTF, Pulsations, et que le producteur était Gésip Légitimus. Rappelez-vous de tout cela. Je suis juste là pour dire, nous avons une mémoire. Si on fait le choix de se replier en invoquant le fantasme d'une France qui aurait toujours été monochrome, c'est un mensonge que l'on se fait. Ce pays a toujours été un brassage. Tout ce qu'on fait avec MansA, c'est de rappeler les Français à leur histoire. Il ne faudrait pas glisser vers cette voie du repli. Au fond, qu'est-ce que ça nous apporte ? On voit bien les États-Unis en train de se replier. Honnêtement, cela ne donne pas envie, ce qu'on est en train de voir aujourd'hui. Est-ce que c'est cela, la marche du monde ? Je ne crois pas. Comment est financée la Maison des Mondes Africains ?Pour l'instant, c'est financé par la puissance publique. Nous sommes en train de monter notre cellule de mécénat, parce qu'il s'agit aussi d'aller lever des fonds privés. Mais pour le moment, oui, nous sommes financés par la puissance publique. Personnellement, qu'est-ce qui vous porte dans ce projet ? Ce qui me motive, ce sont mes parents. C'est le parcours de mes parents. C'est de se dire qu'une femme qui s'appelle Émilie Mendy, qui est partie de Guinée-Bissau, qui est arrivée au Sénégal à l'âge de douze ans, qui est ensuite arrivée en France à l'âge de 19 ans, qui a fait des ménages et qui s'est battu toute sa vie pour en avoir une, de vie digne, mais aussi pour que ses enfants soient sur un chemin qui soit digne également. Ma motivation, c'est de me dire : « Je ne peux pas décevoir ce parcours. » Ma motivation première, c'est celle-ci, c'est d'abord de rendre hommage à mes parents. La deuxième motivation, c'est que maintenant, je regarde derrière moi et je vois les plus jeunes. Je ne peux pas me dire que ces plus jeunes vivront le même parcours que le mien. Je suis obligé d'être à la hauteur. Voici ce qui me motive tous les matins et qui fait que je me lève et que je me bats pour que cette institution existe parce qu'on a besoin de « role model », de modèles en français. Je ne sais pas si je suis un « role model », mais de voir les stagiaires d'observation qu'on a pu avoir nous renvoyer des messages en nous disant : « J'ai eu 20 sur 20 à mon rapport de stage et c'est grâce à vous, j'aimerais bien faire mon stage de seconde chez vous. » Alors que ce sont des gens qui sont motivés par le football et qui m'ont dit qu'ils n'avaient pas envie d'aller faire un stage dans un club de foot ou à la fédération. Pour moi, ce sont des victoires. Parce que pour une fois, ils se sont dit : « Je fais un stage d'observation et la directrice est une femme d'origine africaine, elle ressemble à ma sœur, elle ressemble à ma mère, elle ressemble à ma tante. En fait, c'est possible. » L'idée est de se dire qu'on a ouvert la porte. On offre un champ des possibles quelque part infini. Moi, à partir de ce moment-là, ma motivation démarre et après, plus rien ne peut m'arrêter. À lire aussiLa Maison des mondes africains a trouvé ses locaux à Paris après des mois de controverses
Dans cette émission, Solange Ablan, journaliste à la Radio Nationale Catholique de Côte d'Ivoire, aborde le sujet de la drépanocytose en compagnie de spécialistes du domaine médical ainsi que d'une patiente vivant avec cette maladie. La drépanocytose, une affection génétique touchant principalement les personnes d'origine afro-descendante, reste encore peu connue du grand public. L'émission explore les différentes formes de la maladie, les traitements disponibles, et met en lumière une campagne de dépistage gratuit organisée pour les habitants de Yopougon, prévue le samedi 31 mai 2025.
Au sommaire : Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s'est rendu cette semaine à la Maison Blanche pour tenter de raviver les relations diplomatiques entre les deux pays. Une rencontre qui s'est transformée pour beaucoup en embuscade, le président Trump ayant sermonné son homologue au sujet d'un prétendu « génocide blanc » en Afrique du Sud. En République démocratique du Congo, l'immunité parlementaire de l'ancien président de la République Joseph Kabila est levée. Quelles conséquences sur la stabilité politique et l'unité nationale ?Après l'intensification de l'offensive israélienne sur la bande de Gaza, l'Union européenne a finalement décidé de réexaminer l'accord d'association conclu avec Israël. La remise en cause de ce partenariat économique est-elle un vrai levier de pression ?Enfin, les démocrates ont-ils dissimulé l'état de santé du président américain Joe Biden ?Chaque semaine, des journalistes et éditorialistes africains décryptent l'actualité africaine et internationale. Avec la participation de : Hannane Ferdjani, journaliste et créatrice du média en ligne Beyond the noise Africa Jean-Marie Kassamba, président de l'Union nationale de la presse du Congo et directeur général de la chaîne télévisée Télé 50 Ousseynou Nar Gueye, directeur général du périodique sénégalais Tract Hebdo.
Aujourd'hui, Charles Consigny, Zohra Bitan et Frédéric Farah débattent de l'actualité autour d'Alain Marschall et Olivier Truchot.
L'ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz est condamné en appel à 15 ans de prison ferme pour « enrichissement illicite » et « trafic d'influence ». Avancée dans la lutte contre l'impunité ou règlement de comptes ? Au Gabon, l'ancien président Ali Bongo et sa famille ont été libérés et sont arrivés dans le plus grand secret à Luanda, la capitale angolaise. Beaucoup déplorent une justice à deux vitesses, à juste titre ? En Côte d'Ivoire, le leader du PDCI Tidjane Thiam est réélu à la tête du parti, deux jours après avoir démissionné de ce poste. Une élection qui ne change cependant rien à son inéligibilité au scrutin présidentiel d'octobre prochain.En Turquie, quelles chances pour les pourparlers en l'absence des présidents russe et ukrainien ?Enfin promesses d'investissement, dossiers sensibles, soupçon de conflit d'intérêts… Que doit-on retenir de la tournée du président américain Donald Trump au Moyen-Orient ? Avec la participation de : - Wuldath Mama, consultante spécialisée dans les questions internationales pour la Société de radio et de télévision du Bénin- Karine Oriot, éditorialiste camerounaise- François Hiondi Nkam, grand reporter et chef du service Économie au quotidien camerounais Le jour.
Nouvelle restriction pour les partis politiques au Mali, le pouvoir suspendant « jusqu'à nouvel ordre » leurs activités. Quelles réactions à Bamako ? Au Togo, l'ancien président de la République Faure Gnassingbé, à la tête du pays pendant 20 ans, est désormais président du conseil. L'opposition dénonce un « coup d'État constitutionnel ». Enfin, les éditorialistes du continent reviennent sur l'annonce d'Israël qui se prépare à l'occupation de la bande de Gaza pour une durée indéterminée. Avec la participation de : Olel Tall, journaliste à la rédaction de RFI en fulfulde, à Dakar Boubacar Sanso Barry, administrateur général du site d'information guinéen le Djely.com, et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Le Punch Malick Konaté, journaliste malien
Environ 200 000 Africains issus des colonies subsahariennes ont combattu pour la France lors de la Seconde Guerre mondiale et ont contribué à la libération de l'Europe. Comment est enseignée la mobilisation coloniale de grès ou de force dès 1939? De Brazzaville, capitale de la France libre, au débarquement sur les plages de Provence pour libérer le pays, sans oublier le massacre de Thiarroye, quelle transmission de cette mémoire dans les programmes scolaires d'histoire et par les enseignants du continent ? Émission à l'occasion du 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avec : Martin Mourre, historien, chercheur affilié à l'Institut des mondes africains (Imaf) et auteur de Thiaroye 1944 : histoire et mémoire d'un massacre colonial (éditions PUR, 2017) Mamadou Yero Balde, historien, maître de conférences en histoire moderne et contemporaine à la Faculté des sciences et technologies de l'éducation et la formation (Fastef) de l'Université Cheikh Anta Diop, membre de la Commission nationale d'histoire et de la citoyenneté du Sénégal et président de la Commission didactique et pédagogique de l'association des historiens du Sénégal Maxime Baudoin Semboung, enseignant d'histoire au lycée d'Akoéman, au sud de Yaoundé, CamerounEn ouverture d'émission L'école autour du monde, l'actualité de l'éducation en Espagne avec Elise Gazengel, correspondante de RFI en Espagne où la période franquiste est peu enseignée dans les collèges bien qu'inscrite aux programmes de de 6ème. En fin d'émission, la chronique Un parent, une question et les conseils du psychologue Ibrahima Giroux, professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Il répond à la question de JoëlProgrammation musicale :► Nou Tout Ensemb – Sika Rlion & Oeson ► Nouveau karaté – Youssoupha
durée : 00:06:21 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Après d'immenses pertes russes l'an dernier dans la guerre en Ukraine, le président Vladimir Poutine veut recruter 160 000 personnes : des Russes mais aussi des Camerounais, Centrafricains, Ivoiriens, Nigérians se portent volontaires, sur la promesse de salaires élevés, ou sont enrôlés de force.
C'est à partir d'après-demain mercredi 7 mai que les 133 cardinaux électeurs de l'Église catholique vont se réunir en conclave au Vatican pour élire le nouveau pape. L'Afrique représente 20% des catholiques dans le monde. Mais avec 17 cardinaux électeurs (ndlr : le cardinal John Njue du Kenya s'est désisté pour raisons de santé), elle n'a que 12% des voix au sein du conclave à venir. Pour la première fois dans l'histoire, verra-t-on cette semaine un pape africain ? Le Burkinabè Jean-Paul Sagadou est père assomptionniste et journaliste au groupe de presse catholique Bayard Afrique, à Abidjan et à Ouagadougou. Il est l'invité de Christophe Boisbouvier. RFI : En vue de ce conclave, beaucoup prédisent un retour en force des conservateurs après les douze ans de pontificat du réformiste François. Est-ce que vous partagez cette analyse ? Père Jean-Paul Sagadou : Je pense que le pape François nous a engagés sur une voie de la réforme. Moi, je souhaiterais plutôt qu'on continue dans ce sens. Le pape a écouté la base, il a semé les graines d'une réforme profonde de l'Église. Moi, mon souhait, c'est qu'on puisse continuer dans ce sens et j'espère que l'esprit va souffler dans ce sens, à la fois dans l'esprit, dans le cœur et dans la tête des cardinaux.Donc, vous espérez que la réforme va continuer ? Oui.En décembre 2023, quand le pape François a autorisé la bénédiction des couples homosexuels, il y a eu une levée de boucliers en Amérique du Nord et surtout en Afrique. Est-ce que ce sujet ne va pas forcément provoquer des clivages au sein de ce conclave ? Oui, c'est possible. Bon, moi je considère que, lors de cette séquence-là récente, peut-être qu'il n'y a pas eu une très grande compréhension de part et d'autre. Moi, ce que je voulais souligner, c'est que les trajectoires historiques des peuples ne sont pas les mêmes. Les références culturelles sont assez différentes. Mais je pense qu'il est possible, malgré tout, de vivre la communion dans la différence. Et je pense que c'est possible de penser global, mais aussi d'agir local. Je pense que l'Afrique peut aussi agir à partir du continent et aussi continuer à penser avec le reste du monde, y compris sur ces questions très sensibles de morale.Quand les évêques africains ont protesté, le message a été porté personnellement à Rome par le cardinal archevêque de Kinshasa, Monseigneur Fridolin Ambongo. Est-ce à dire que sa voix va compter cette semaine au conclave ? Sa voix, oui, mais celle de tous les cardinaux. Je pense qu'ils sont au même niveau. Après, on attend de voir ce que chacun pourra apporter. Moi, je pense qu'il y a un travail d'écoute mutuelle et je pense que là, effectivement, sur ce travail d'écoute, c'est fait dans la dynamique de l'esprit du Synode sur la synodalité. C'est à chacun d'apporter sa pierre pour la construction de l'ensemble de l'Église.Est-ce que Monseigneur Ambongo pourrait être élu pape ? Là aussi, ça peut être lui, mais ça peut être aussi tous les autres.C'est-à-dire que c'est très ouvert en fait…Oui, parce que je pense que l'esprit, il ouvre, il ne ferme pas.Deux mille ans après sa naissance, est-ce qu'il est temps que l'Église se donne un pape africain ? Je ne pense pas que c'est une question forcément d'analyse liée à la temporalité. Bien sûr, les Africains seront contents s'il y a un pape africain, mais je pense qu'ils seront tout autant contents si c'est un pape d'une autre couleur, d'un autre continent. L'enjeu, me semble-t-il, se trouve ailleurs : c'est comment, ensemble, on essaie de répondre aux défis qui se posent à nous aujourd'hui, avec des responsables d'Église qui sont ouverts au monde, qui sont prêts à écouter. Et donc je pense que ce n'est pas une question de géographie, encore moins de couleur de peau, mais plutôt une dynamique d'écoute, de l'esprit d'aventure - on va dire, collective - dans les jours à venir.Mais quand vous voyez la déchristianisation en Europe et la vitalité au contraire de l'Église en Afrique, est-ce que vous ne vous dites pas qu'il serait temps que l'Afrique donne un pape à cette Église ? Oui, mais ce qui importe, je pense pour l'Église en Afrique à l'heure où elle se trouve aujourd'hui, c'est de dire : qu'est-ce que nous pouvons contribuer en termes d'imaginaire, en termes de spiritualité, en termes de théologie ? Mais il n'y a pas, là encore, à imaginer des stratégies pour faire valoir une figure du continent. Ça fait déjà longtemps que, sur le continent africain, le nombre de Chrétiens augmente, que le clergé est vivant. Mais cela n'équivaut pas à une forme de réclamation qu'on ait envie que désormais ce soit un pape africain. L'Église d'Afrique reste ouverte, disponible, à ce que l'esprit soufflera pour l'Église et pour le monde.C'est-à-dire que vous espérez qu'un jour il y aura un pape africain, mais vous ne le dites pas trop haut parce qu'il ne faut pas abattre ses cartes avant le conclave, c'est ça ? (Rires) Non, mais en fait, je pourrais dire que j'espère aussi que demain il y aura un pape asiatique, un pape d'autres espaces de notre monde. Je pense qu'il ne faut pas situer la chose du point de vue de la géographie, mais plutôt du point de vue de l'esprit. Et puis si demain c'est un pape africain, on va dire Gloire à Dieu !
Au Mali, le forum des Forces vives, organisé à l'initiative des autorités de transition, s'est achevé mardi 29 avril. Parmi les recommandations, la prolongation de la transition pour une durée de cinq ans sans élections, l'élévation du général Assimi Goïta au rang de président de la République et la dissolution des partis politiques. Qu'en pensent les éditorialistes du continent ? « Vous n'avez encore rien vu ». Aux États-Unis, Donald Trump se félicite des 100 premiers jours les plus réussis de l'histoire du pays, selon lui. Le président américain a-t-il raison de se vanter de son bilan ?Avec la participation de : Hannane Ferdjani,journaliste et créatrice du média en ligne Beyond the noise Africa Jean-Paul Oro,correspondant à Paris du quotidien L'intelligent d'Abidjan, président de l'Union des journalistes ivoiriens en France Eric Topona,journaliste tchadien au sein de la rédaction Afrique francophone de la Deutsche Welle
durée : 00:05:39 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Les rebelles houthis accusent les Etats-Unis d'avoir tué 68 migrants Africains dans un bombardement. Les conditions de vie des Yéménites et des exilés ont empiré dans ce pays en guerre depuis plus de dix ans. Les Houthis, qui se disent solidaires des Gazaouis, enrôlent des enfants.