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En cette Journée internationale des migrants, direction le Pérou où un million de Vénézuéliens ont trouvé refuge. Malgré l'instabilité politique qui n'épargne pas ce pays d'accueil, ONG et organisations humanitaires tentent de « recréer du lien ». Au Venezuela, le bras de fer continue entre le président Nicolas Maduro, dont la victoire aux élections de juillet dernier n'est pas reconnue par de nombreux pays (dont les États-Unis) et l'opposition qui revendique la victoire. Pas de quoi envisager le retour pour les huit millions de Vénézuéliens qui ont quitté leur pays depuis plus d'une décennie. Au Pérou, où un million ont trouvé refuge, notre correspondant Martin Chabal est allé à la rencontre de certains d'entre eux. Protection devant la loi, défense des droits, notamment à la santé, l'ONG Veneactiva accompagne ces réfugiés, y compris dans leur intégration, aussi bien socio-économique, politique que culturelle. Pas une mince affaire, surtout depuis la pandémie de Covid-19 et le début de la crise politique. Le sentiment d'éloignement est plus cruel pour ses réfugiés quand viennent les fêtes de Noël. Aux sons d'un orchestre dans un théâtre de Lima, José Verdu, téléphone à la main, tente de rassurer sa tante restée au pays. Malgré les applaudissements et les sourires, la douleur est là. « Partager tout ça à distance, ça fait un vide, ce n'est pas pareil », souffle l'homme qui se souvient avec émotions des Noëls passés dans son pays d'origine.En Haïti, des institutions médicales « à genoux »À Port-au-Prince, comme une volonté de mettre les institutions médicales du pays à genoux, les gangs armés de la coalition « ViV Ansanm » ont incendié dans la nuit de lundi à mardi l'hôpital Bernard Mevs. Hôpital de référence, c'était un des rares centres médicaux encore en fonctionnement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Indignée, l'Association médicale haïtienne (AMH) exige que l'État prenne ses responsabilités. « L'État doit prendre en charge les institutions qui sont encore fonctionnelles, qu'il s'agisse des institutions sanitaires ou administratives », estime son secrétaire général, Dr Ardouin Louis Charles au micro de notre correspondant Peterson Luxama.Pour notre confrère Frantz Duval du Nouvelliste, c'est là « un remake de ce qui s'est déjà produit contre une trentaine de centres de santé et éléments de la chaîne de soins de la région de Port-au-Prince ».Aux racines des tensions entre Haïti et la République dominicaineLa situation sécuritaire toujours plus critique en Haïti n'a cessé de tendre les relations entre les deux pays partageant l'île d'Hispaniola. Le président de la République dominicaine, Luis Abinader, a décidé l'an dernier de fermer la frontière avec son voisin. Depuis octobre, il est déterminé à expulser en masse les migrants haïtiens. 500 000 vivraient côté dominicain. Pour comprendre à la fois la méfiance qui perdure de chaque côté de la frontière et la migration haïtienne vers la République dominicaine, il faut faire un peu d'histoire. En cause, entre autres, le basculement historique récent qui veut qu'Haïti, l'ancienne force occupante de la République dominicaine, ait perdu sa mainmise économique, explique le journaliste Jean-Michel Caroit au micro de Christophe Paget. L'objectif du président dominicain d'expulser 10 000 Haïtiens par semaine vise ainsi à « satisfaire des groupes nationalistes xénophobes », selon Christian Girault, chercheur au CNRS. Une partie de la presse dominicaine favorise ce climat. Le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé a récemment demandé à son nouveau ministre des Affaires étrangères de renouer le dialogue avec la République dominicaine. Ce que Luis Abinader a salué, tout en prévenant que les expulsions se poursuivraient.L'actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1èreEn cette Journée internationale des migrants, la « Cimade-Guadeloupe » dénonce des « pratiques abusives » et des expulsions systématiques, notamment vis-à-vis des Haïtiens.Morceau musical : Map Kitew de Krezboy Haiti feat Roumie (Haïti)
Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-end est entièrement consacré à la présidentielle aux États-Unis. En première partie, nous revenons sur la campagne menée par 3 candidats (Trump, Biden et Harris). Et, en deuxième partie, l'un des États clés, la Caroline du Nord, que les démocrates espéraient remporter. Présidentielle aux États-Unis : Trump, Biden et Harris, trois candidats pour une campagneCe mardi 5 novembre 2024, c'est le grand jour. Même si certains ont déjà voté en avance, c'est aujourd'hui que les Américains se choisissent un président, ou une présidente : leur 47è. La campagne a été agitée, entre les démêlés de l'ex-président et candidat Donald Trump avec la justice, la guerre à Gaza qui s'invite dans les primaires démocrates, et puis bien sûr, le président Joe Biden qui jette l'éponge et laisse la place de candidat à sa vice-présidente Kamala Harris.Pour ce Grand reportage, RFI a décidé de vous faire revivre les moments-clé de cette campagne, en s'appuyant sur les propos qu'ont tenu les candidats, mais aussi sur les reportages et les analyses de nos correspondants sur place, et celles des spécialistes des États-Unis interrogés par RFI.Un Grand reportage de Christophe Paget qui s'entretient avec Jacques Allix.Les démocrates de Caroline du Nord à l'assaut des électeurs rurauxÀ la veille des élections aux États-Unis, suspense. Trump ou Harris ? 7 des 50 États américains concentrent toute l'attention. Parmi ces États clés, la Caroline du Nord est le seul à avoir choisi Donald Trump lors de la dernière élection présidentielle. 7 millions d'électeurs y sont enregistrés. 16 grands électeurs briguent les suffrages. Cette année, les démocrates espèrent remporter cet État, notamment grâce à une stratégie : mobiliser les électeurs des campagnes. Sur ces terres conservatrices majoritairement acquises au Parti républicain et Donald Trump, les idées progressistes des démocrates en heurtent bien sûr, plus d'un.Un Grand reportage d'Edward Maille qui s'entretient avec Jacques Allix.
Ce mardi 5 novembre 2024, c'est le grand jour. Même si certains ont déjà voté en avance, c'est aujourd'hui que les Américains se choisissent un président, ou une présidente : leur 47è. La campagne a été agitée, entre les démêlés de l'ex-président et candidat Donald Trump avec la justice, la guerre à Gaza qui s'invite dans les primaires démocrates, et puis bien sûr, le président Joe Biden qui jette l'éponge et laisse la place de candidat à sa vice-présidente Kamala Harris. Pour ce Grand reportage, RFI a décidé de vous faire revivre les moments-clé de cette campagne, en s'appuyant sur les propos qu'ont tenu les candidats, mais aussi sur les reportages et les analyses de nos correspondants sur place, et celles des spécialistes des États-Unis interrogés par RFI.« Présidentielle aux États-Unis : Trump, Biden et Harris, trois candidats pour une campagne », un Grand reportage de Christophe Paget.
La transition piétine en Haïti et la situation sécuritaire continue de se dégrader. Le pays est « à moins Une de l'effondrement », écrit Frantz Duval dans le Nouvelliste. Tous les secteurs sont affectés : bancaire, hospitalier... « Des patients sont en train de mourir », insiste le rédacteur en chef du quotidien haïtien. L'économie ne fonctionne que grâce aux produits qui passent en contrebande. Malgré cette situation catastrophique, la République Dominicaine voisine continue d'expulser massivement des Haïtiens. Amnesty international s'en indigne comme l'explique Christian Jimenez, responsable de la région des Caraïbes pour l'ONG, au micro de RFI.► Le Nouvelliste. Bernardo Caal Xol, une figure des droits humains au GuatemalaBernardo Caal Xol se bat depuis des années pour les droits du peuple maya q'eqchi dont la vie est bouleversée par la construction de centrales hydroélectriques sur leurs terres, le long du fleuve Cahabon, dans le nord du pays. L'eau détournée vers les centrales manque aux cultures et entraîne la mort de nombreux animaux du fleuve. Malgré des pressions et quatre ans passés en prison, Bernardo Caal Xol n'abandonne pas la lutte. « Je ne suis pas un criminel ou un délinquant : tout ce que je fais, c'est défendre les droits de mon peuple », a expliqué cet instituteur à Christophe Paget qui l'a rencontré lors d'un passage à Paris.En Argentine, la Fonction publique proteste contre les licenciementsLa Fonction publique s'est mobilisée hier (3 avril 2024) pour dénoncer la vague de licenciements massive décidée par le gouvernement de Javier Milei. La semaine dernière, au moins 11.000 fonctionnaires ont été licenciés. Hier, à Buenos Aires, des centaines d'entre eux ont essayé d'entrer simultanément et pacifiquement sur leur lieu de travail en signe de protestation. Reportage de notre correspondant, Théo Conscience.Le Journal de la 1èreDes experts des Nations unies demandent à l'État de garantir l'accès à l'eau potable en Guadeloupe.
Aux États-Unis, l'année 2023 aura été difficile pour les studios d'Hollywood, avec une grève historique des scénaristes, durant six mois. Le syndicat des scénaristes et celui des acteurs ont obtenu notamment des hausses de salaires, mais cette grève aura des conséquences importantes dans l'industrie du cinéma américain. Les tournages reprennent peu à peu, dans les studios hollywoodiens, avec pour certains beaucoup de retard, en raison de la grève des scénaristes. L'impact financier « est énorme, avec une perte estimée à cinq milliards de dollars », explique Jordan Mintzer, critique de cinéma aux États-Unis, producteur de films indépendants. Interrogé par Christophe Paget pour RFI, il revient sur les conséquences de cette grève. « L'autre impact, c'est le report des tournages à 2024 et aussi le report de certaines sorties, puisque les acteurs n'avaient pas le droit de faire de promotion pendant la grève ». 2024 devrait donc être une année cinématographique chargée.Si, après cette grève, les scénaristes et les acteurs ont obtenu des garanties positives, avec notamment des hausses de salaire, il y aura des côtés négatifs, puisque, mathématiquement, les coûts de production vont augmenter. « Cette augmentation est estimée à 10%, précise Jordan Mintzer. Il y aura une contraction dans l'industrie : il y aura 10% de films et séries en moins. Et, à terme, un tiers de moins séries tournées en 2025 qu'en 2022. » Il devrait aussi y avoir des coupes dans les dépenses : les studios emploieront moins de stars et feront plus de délocalisations à l'étranger : « C'est pour éviter les syndicats. Si un film est tourné à l'étranger, on aura des scénaristes et acteurs américains. Mais les équipes de tournage ne sont pas américaines et cela coûte moins cher », analyse le spécialiste.Malgré tout, pour Jordan Mintzer, cela ne signifie pas que la qualité des productions sera affectée, au contraire : « Il y a beaucoup trop de séries produites aujourd'hui, on dirait que c'est la quantité qui compte. J'ai l'espoir qu'à l'avenir, les studios cherchent plutôt la qualité. Par exemple, Barbie et Oppenheimer, les blockbusters de 2023, sont des films d'auteur. Le fait que ces films soient très rentables fait que les studios vont peut-être plus aller vers ce genre de production. »Le journal de La 1èreSelon les scientifiques de l'Observatoire de volcanologie de Martinique, la Montagne Pelée ne sortira pas de son sommeil en 2024.
Chaque année dans le monde, on compte environ 73 millions d'avortements provoqués. Or, si en France, l'IVG (interruption volontaire de grossesse) est dépénalisée depuis 1975, ce n'est pas le cas dans tous les pays, poussant des femmes à avoir recours à des avortements clandestins, non sécurisés. Ainsi, selon l'OMS, environ 45% des avortements ne sont pas sécurisés et la grande majorité de ceux-ci (97%) a lieu dans les pays en développement. L'avortement non sécurisé constitue l'une des principales causes de décès maternels et de morbidité. Quelles sont les conséquences pour la santé des femmes ? Régulièrement menacé, où en est le droit à l'avortement dans le monde ? Dr Danielle Hassoun, gynécologue obstétricienne à Paris, elle a été responsable du Centre d'IVG de l'Hôpital Delafontaine à Saint-Denis Pr Christiane Tshabu Aguemon, cheffe de service adjointe de la Clinique universitaire de gynécologie et d'obstétrique du Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou, au Bénin Christophe Paget, journaliste à RFI, sur la situation aux États-Unis et au Mexique Dr Estelle Pasquier, chercheuse d'Epicentre/MSF qui a co-dirigé l'étude AMoCo sur la sévérité des complications d'avortements dans les contextes de conflits (Bangui) ou d'extrême fragilité (Jigawa State au Nord-Nigeria). La programmation musicale :► Clara Luciani – La grenade.
Chaque année dans le monde, on compte environ 73 millions d'avortements provoqués. Or, si en France, l'IVG (interruption volontaire de grossesse) est dépénalisée depuis 1975, ce n'est pas le cas dans tous les pays, poussant des femmes à avoir recours à des avortements clandestins, non sécurisés. Ainsi, selon l'OMS, environ 45% des avortements ne sont pas sécurisés et la grande majorité de ceux-ci (97%) a lieu dans les pays en développement. L'avortement non sécurisé constitue l'une des principales causes de décès maternels et de morbidité. Quelles sont les conséquences pour la santé des femmes ? Régulièrement menacé, où en est le droit à l'avortement dans le monde ? Dr Danielle Hassoun, gynécologue obstétricienne à Paris, elle a été responsable du Centre d'IVG de l'Hôpital Delafontaine à Saint-Denis Pr Christiane Tshabu Aguemon, cheffe de service adjointe de la Clinique universitaire de gynécologie et d'obstétrique du Centre national hospitalier et universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou, au Bénin Christophe Paget, journaliste à RFI, sur la situation aux États-Unis et au Mexique Dr Estelle Pasquier, chercheuse d'Epicentre/MSF qui a co-dirigé l'étude AMoCo sur la sévérité des complications d'avortements dans les contextes de conflits (Bangui) ou d'extrême fragilité (Jigawa State au Nord-Nigeria). La programmation musicale :► Clara Luciani – La grenade.
Des entreprises européennes se retrouvent aujourd'hui dans le collimateur de communautés autochtones, au centre du Mexique. Volkswagen, Saint Gobain, Audi ou Danone… accusées par les populations autochtones de voler leurs ressources, mais aussi de les polluer avec le soutien du gouvernement mexicain. Marcelin Barranco López est membre du Front des peuples défenseurs de la terre et de l'eau, une organisation qui lutte pour les droits des communautés dans les régions de Morelos, Puebla et Tlaxcala, près de Mexico. En visite en ce moment en Europe, elle va à la rencontre des responsables politiques qui pourraient faire pression sur son gouvernement et ces très grosses entreprises. Au Parlement de Bruxelles, en France, en Suisse, en Allemagne et en Espagne – pour la plupart, les pays d'origine des entreprises, elle espère « voir tous ces responsables politiques et leur dire ce que nous subissons. J'espère que nous serons écoutés, et qu'ils enverront des messages au gouvernement fédéral de Manuel Lopez Obrador, pour lui faire savoir tout ce que nous subissons », explique-t-elle à Christophe Paget qui l'a rencontrée. Une tournée après des actions menées sur place, au Mexique. Pendant des mois, par exemple, des membres du Front des peuples défenseurs de la terre et de l'eau, les militants ont occupé une usine de l'entreprise Bonafont, une entreprise d'embouteillage d'eau, propriété de Danone - qu'ils accusent de voler le précieux liquide et assécher leurs puits - avant d'être délogés par les forces de sécurité. Haïti : quelles conséquences politiques aux sanctions canadiennes ? «Le séisme des sanctions s'accompagne d'un tsunami politique», s'exclame ce 22 novembre Le Nouvelliste. Puisque les mesures annoncées par le Canada, mais aussi par les États-Unis « dévaste la classe politique », constate l'éditorialiste, et « particulièrement celle qui conduit les destinées du pays » depuis l'arrivée au pouvoir en 2011 du PHTK, le Parti Haïtien Tèt Kale, formation politique fondée par Michel Martelly, visé il y a deux jours par des sanctions canadiennes gelant ses avoirs détenus au Canada. Michel Martelly, qui n'a pas réagi encore officiellement contrairement aux autres personnalités visées par Ottawa, comme le souligne Gotson Pierre, le rédacteur en chef du site AlterPresse. Mondial : « C'est un coup très dur », réagit Messi après la défaite de l'Argentine Coup de tonnerre à Lusail ! L'Argentine, pourtant lancée par un but rapide sur pénalty de Lionel Messi, a été surprise (2-1) par une héroïque équipe d'Arabie Saoudite qui a signé la première énorme sensation de ce Mondial de foot 2022, mardi (22 novembre 2022)au nord de Doha. Les spectateurs du stade de Lusail, le plus grand du Qatar avec ses 80.000 places, ont ainsi assisté à l'une des plus grosses surprises de l'histoire de la compétition. En difficulté dans les petits espaces, à l'image de la star du Paris SG qui a manqué son entrée dans le tournoi, et manquant souvent de synchronisation dans les courses, les Sud-Américains ont surtout été contrariés par le solide défi physique imposé par les hommes du sélectionneur français Hervé Renard. « C'est un coup très dur » a réagi Lionel Messi face à la presse. À la Une du Journal de la 1ère En Guadeloupe, le pilote du bateau qui a chaviré lors de l'arrivée du vainqueur de la Route du Rhum a été mis en examen.
Il y a deux ans jour pour jour ce 1er novembre, après avoir été kidnappée, le corps d'Evelyne Sincère était retrouvé dans une décharge de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. Pour que son nom de tombe pas dans l'oubli, l'artiste Chango Bastia lui dédie une chanson. Il y a tout juste deux ans, Evelyne Sincère, jeune étudiante de 22 ans, était retrouvée morte dans une décharge, à Delmas 24, dans la périphérie nord-est de Port-au-Prince, le 1er novembre 2020. Deux ans plus tard, l'artiste haïtien Chango Bastia, aujourd'hui installé en France, sort le titre « Kitel Souri » (laisse la sourire). Une chanson pour ne pas oublier la jeune femme. « Faire la mémoire des choses est difficile dans nos sociétés, mais je sentais comme une obligation de faire la mémoire de cet évènement tragique qui nous hante dans le pays » explique Chango Bastia. Un hommage mais aussi un appel à la fin de l'impunité. La justice exigée après la mort d'Evelyne Sincère n'a jamais été rendue. « L'impunité est la base de ce type de violence. Dire non à l'impunité c'est l'espoir qu'un jour les malfrats soient jugés ». Il y a deux ans, les cas de kidnapping tendaient déjà à se multiplier un peu partout dans le pays. Depuis cette spirale infernale n'a fait que croître. Selon les derniers chiffres du centre d'analyse et de recherche en droits de l'Homme, une ONG haïtienne, plus de 750 personnes ont été enlevées depuis le début de cette année 2022. Les États-Unis plus polarisés que jamais avant les midterms La polarisation aux États-Unis avait abouti, il y a six ans, à l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. Depuis, le fossé s'est encore aggravé et certains Américains commencent à s'en lasser. Pour preuve, les sondages selon lesquels ils se disent insatisfaits de leurs politiques arc-boutés sur leurs positions. Une semaine avant les élections de mi-mandat, à en croire les enquêtes d'opinion, les démocrates sont à la peine pour conserver le Sénat et la Chambre des représentants. De fait, si traditionnellement les élections de mi-mandat ne mobilisent pas les électeurs, la polarisation et les peurs les attirent. Dossier signé Christophe Paget. Colombie/Venezuela, une rencontre au sommet Ça se passe à Caracas ce mardi 1er novembre 2022. Rencontre entre le président colombien Gustavo et son homologue vénézuélien Nicolás Maduro. C'est une première entre les chefs d'État de ces deux pays depuis le 11 août 2016, avant que les deux pays ne rompent leurs relations diplomatiques en raison du soutien de Bogota à l'opposant Juan Guaidó. Une rencontre qui suscite de grandes attentes. L'urgence d'avis de spécialiste, c'est de reprendre le contrôle institutionnel de la frontière, miné par le trafic de drogue et d'êtres humains. À la Une du Journal de la 1ere Le gouvernement français s'engage auprès du département de la Guadeloupe sur « une méthode et un agenda » de discussions.
L'effervescence est retombée en Haïti, la situation semble calme, mais jusqu'à quand ? Après les manifestations du début de semaine, d'autres appels à protester ont été lancés. La réalisatrice haïtienne Gessica Geneus nous livre son regard sur ce mouvement populaire de contestation. Son film Freda avec lequel elle a connu le succès critique et populaire décrivait les difficultés du quotidien des Haïtiens, la réalisatrice haïtienne Gessica Geneus revient pour nous sur les trois jours de manifestations qui ont rythmé le début de semaine dans le pays. À Port-au-Prince, mais aussi dans plusieurs villes de province, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer la cherté de la vie, l'insécurité, et réclamer la démission du Premier ministre. Comment expliquer ce soulèvement populaire ? « La question n'est pas pourquoi on en arrive là, mais comment a-t-on fait pour supporter autant, avant d'en arriver là ? » selon la cinéaste. « Comment fait-on pour tenir sans vouloir tout détruire ? »est, selon elle, la vraie interrogation. « Il faut qu'il y ait des mesures, il faut qu'il y ait satisfaction et soulagement, mais si on te laisse livrer à toi-même, l'inévitable va arriver »,prédit Gessica Geneus. Vers une réouverture de la frontière entre la Colombie et le Venezuela ? Depuis 2015, la frontière entre la Colombie et le Venezuela est fermée, avec de rares réouvertures. Une décision prise à l'époque par le Venezuela après une attaque de paramilitaires colombiens présumés contre une patrouille vénézuélienne. Quatre ans plus tard, les deux pays rompaient leurs relations diplomatiques. Mais depuis juin dernier, avec l'arrivée de Gustavo Petro au pouvoir en Colombie, l'heure est à la détente : les deux pays ont procédé à un échange d'ambassadeurs, et ils promettent une réouverture de leurs frontières. Alors pourquoi une réouverture est-elle aussi importante pour les deux pays ? C'est un dossier signé Christophe Paget. Brésil : Lula reconnaît la corruption à Petrobras Favori des sondages pour le scrutin présidentiel du 2 octobre 2022, l'ancien président de gauche, Lula était hier soir l'invité du journal télévisé de la chaîne Globo, le plus regardé du Brésil, où son concurrent d'extrême droite, le président sortant Jair Bolsonaro, s'était exprimé lundi. Le candidat du PT a admis qu'il y avait eu des cas de corruption au sein de la compagnie pétrolière publique Petrobras pendant ses mandats présidentiels (2003-2010) et a promis d'enquêter sur la moindre dérive s'il est élu chef de l'État. Lula a été détenu entre avril 2018 et novembre 2019 après sa condamnation pour corruption. Il a récupéré tous ses droits politiques en 2021, quand la Cour suprême a annulé ses condamnations en estimant que le tribunal qui l'avait jugé en première instance était incompétent. ► À lire aussi : À la Une: Lula reconnaît la corruption à Petrobras À la Une du Journal de la 1ère La mutation en métropole d'enseignants titulaires, ou néo-titulaires, fait plus que jamais débat dans les deux départements antillais. ► Écouter le Journal d'Outre-mer La 1ère
Le coronavirus est loin d’être la première pandémie de l’ère moderne. Deux épidémies de grippe ont parcouru le monde à la fin des années 1950, et dix ans plus tard à la fin des années 1960 : la grippe asiatique puis la grippe de Hong Kong. (Rediffusion du 19/04/2020) Chacune de ces épidémies a fait entre 1 et 4 millions de morts dans le monde. Des épidémies un peu oubliées, mais que l’on peut très facilement comparer à celle du coronavirus aujourd’hui. Voici, en plus de la chronique Fréquence Asie que Christophe Paget a consacrée à ces deux pandémies, l’interview qu’il a réalisée avec Patrice Bourdelais, historien et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). RFI : Le coronavirus, comme la grippe asiatique ou la grippe de Hong Kong, vient de Chine. Est-ce que c’est une coïncidence ? Patrice Bourdelais : Au fond, toutes les grandes épidémies connaissent des sortes de « niches écologiques » : le choléra c’est plutôt le Bengale, Ebola l’Afrique centrale, et la Chine historiquement a donné naissance à pratiquement tous les virus grippaux. Même la grippe de Russie, qui atteint l’Europe en 1889-90 venait visiblement de la Chine centrale, tout comme la grippe asiatique qui atteint l’Europe en 1957-58 et dix ans plus tard la grippe dite de Hong Kong, qui atteint l’Europe en 1969, mais démarre en Chine centrale aux alentours du mois de février 1968, pendant la Révolution culturelle. Quels chemins ces deux épidémies ont-elles employés pour faire le tour du monde, et est-ce qu’ils ressemblent à celui pris ces derniers mois par le coronavirus ? Une épidémie au fond suit les grandes voies d’échange et de communication, donc très classiquement les caravanes autrefois, puis les grandes voies de l’échange marchand, mais aussi les déplacements des troupes militaires et les grands pèlerinages. Et donc ces épidémies sortent toujours par Hong Kong, qui est une place qui rayonne beaucoup. À partir de là, elles se dirigent classiquement vers le Japon, puis (ou en même temps) vers le sud-est asiatique : Vietnam, Singapour, Australie, Inde, Iran, puis les États-Unis, l’Europe, l’Afrique. La pandémisation se fait toujours de la même manière, à peu de choses près. Et en fait ce sont les soldats américains revenant de la guerre du Vietnam qui ont apporté le virus de la grippe de Hong Kong aux États-Unis. Oui, Le Vietnam avait été contaminé à partir de Hong Kong et de la Chine, et les soldats rentrant sur leurs bases en Californie rapportent l’épidémie au mois de septembre 1968. À partir de là, l’épidémie se diffuse aux États-Unis, au point qu’en décembre elle va faire 50 000 morts – donc c’est quand même une épidémie sérieuse, même à l’échelle des États-Unis. Elle se dirige ensuite vers l’Europe. Et est-ce que ces virus ont voyagé aussi rapidement que le coronavirus aujourd’hui ? Il y a deux facteurs importants : la rapidité des transports aériens et aussi le nombre de personnes transportées. Il y a eu un grand développement de ce mode de transport entre les deux épidémies, en 1968 il est assez rapide et surtout utilisé. Certes, ça n’a rien à voir avec la croissance que nous avons connue depuis le début des années 2000, mais l’épidémie de grippe hongkongaise est la première qui se déplace à la vitesse d’un avion de ligne. Est-ce que ces deux pandémies sont aussi graves, ou même plus graves, que celles du coronavirus ? Le nombre de morts est toujours sujet à caution : autant on connaît à peu près le nombre de victimes dans les pays occidentaux, autant quand il s’agit de collecter le nombre de décès en Afrique ou d’autres régions du monde (Asie, etc.), c’est beaucoup plus difficile, d’où l’utilisation de fourchettes. Par exemple pour la grippe asiatique, le chiffre de l’OMS est à quatre millions de morts, mais la fourchette va d’un à quatre millions. La grippe de Hong Kong fait moins de morts, autour d’un million, mais les estimations vont jusqu’à quatre. Ça veut dire simplement que ce sont deux grandes pandémies du XXe siècle. Qu’en est-il des conséquences économiques ? La grippe asiatique a eu des conséquences, par exemple boursières, avec un effondrement des cours - moins en France qu’à New York et à Londres, parce que l’effondrement était plus important dans les grandes places boursières que dans les plus petites – et Paris était plus petite… Mais il y a eu arrêt de l’activité, évidemment, sans pour autant qu’il y ait ce que nous connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire des mesures d’arrêt de l’économie par confinement. La grosse différence est là quand même : ce modèle de confinement donné par la Chine de contrôle de l’épidémie et qui a été remis en selle en Europe par les Italiens et les Français. Abandonné depuis le XIXe siècle, ce vieux modèle médiéval avait été créé par les Italiens pour le contrôle des pestes : par quarantaine, lazaret (établissement de mise en quarantaine), cordon sanitaire. Il avait été abandonné, par l’Angleterre en particulier, vers 1860, et c’est le modèle anglais qui est ensuite devenu le grand modèle de gestion des épidémies : un système de néo-quarantaine, avec une visite médicale pour tout bateau arrivant dans un port anglais. Les personnes malades sont envoyées dans des « Fever Hospitals », aux autres on demande une adresse à laquelle ils peuvent être visités pour que leur état soit contrôlé pendant la semaine d’après. C’est ce système beaucoup plus souple, qui n’entravait pas le commerce et les échanges, qui a été maintenu jusqu’à il y a quelques mois. Donc nous sommes dans une situation radicalement nouvelle sur le plan historique : c’est une vraie rupture, qui nous renvoie à plus d’un siècle et demi en arrière, aux épidémies de choléra de 1831-32 en Europe. Vous parliez des effondrements boursiers lors de la grippe asiatique, lors de celle de Hong Kong dix ans plus tard, en France, l’économie est touchée ? Touchée, mais pas stoppée. On note que dans la région toulousaine il y a 15 % des cheminots qui sont grippés, donc il y a des trains annulés. On sait que cette épidémie suscite beaucoup d’arrêts de travail au point que la Caisse d’assurance maladie est obligée de fermer ses portes pendant toute la durée des vacances de Noël. La capacité industrielle baisse, elle est notable, mais il n’y a pas cet arrêt général, ces fermetures d’usines comme c’est aujourd’hui le cas. Les usines tournaient avec 20 % de personnel en moins. En France en tous cas, à la fin des années 1960, ni la presse ni le gouvernement ne semblent prendre la pandémie au sérieux… La grippe asiatique de 1957-1958 avait, elle, été traitée parce que la hantise de la grippe espagnole était toujours là – elle ne date que de quelques dizaines d’années. En outre les antibiotiques venaient d’être mis au point, et de nouvelles familles d’antibiotiques apparaissent tous les deux ans ou presque, donc il y avait une forme d’assurance sur le fait qu’on allait pouvoir faire face à cette grippe, en particulier en diminuant la mortalité grâce aux antibiotiques. Le milieu médical et pasteurien se mobilise, il venait de préparer des vaccins… Et finalement c’est une grippe qui passe ; elle fait quand même pas mal de morts (entre 15 et 20 000 quand même en France), mais que moins que la grippe de Hong Kong, beaucoup plus grave : 25 000 morts en décembre, 6 200 morts à la fin de l’épidémie en janvier. La grippe de Hong Kong qui sera donc elle, au contraire, peu médiatisée. Le politique gère à ce moment-là l’après-68, avec un mouvement social toujours présent. Le général De Gaulle est parti en avril, Georges Pompidou est arrivé aux élections de juin, et Jacques Chaban Delmas a lancé son grand projet de société nouvelle en septembre. L’agenda politique occupe tout le champ médiatique, politique et social, du coup le sanitaire n’a plus sa place. Même chose dans le monde où l’attention est focalisée sur les guerres – celle du Biafra par exemple. En plus on est là sur les dernières années d’une foi dans le progrès scientifique et médical telle que l’on pensait que l’on allait non pas contrôler, mais éradiquer toutes les maladies infectieuses (on n’a finalement réussi que pour la variole, et presque pour la poliomyélite). Comment l’Asie a vécu cette épidémie de grippe de Hong Kong ? Leur terreur, c’était la Révolution culturelle en Chine, et tous les troubles qu’elle engendrait. Évidemment, à partir du moment où la Chine « exporte » via Hong Kong son virus de grippe, la tension et la vigilance sont importantes, avec aux premières loges évidemment les gens de Hong Kong – encore sous contrôle anglais à ce moment-là. Mais aussi les Japonais avec leurs grands scientifiques et leur tradition de forte recherche dans le domaine de la bactériologie. Et puis aussi un comportement qui respecte des distances physiques ; et il y a un port du masque généralisé très tôt au Japon comme modèle de prévention, on voit tous ces Japonais masqués aux actualités au moment de la grippe de Hong Kong. Dans le pays, l’hygiène publique est très forte depuis le début du XXe siècle. Pour ce qui est de la Chine, elle ne gère plus rien à ce moment-là : les Gardes rouges sont partis vers les grandes villes chinoises, la structure du Parti communiste dans ces grandes villes est contestée, voire renversée. Il n’y a aucune place pour le sanitaire à ce moment-là en Chine. On a des estimations des chiffres de contaminations et de décès, mais tellement fantaisistes à mon avis que c’est peine perdue. Et Taïwan ? En Chine, pendant toute la période antérieure de grippe asiatique, il y avait aussi des dangers de peste et de choléra. Donc, à Taïwan, qui se protège beaucoup de la Chine, vous aviez une très grande vigilance sur le plan de la santé publique : les Taïwanais traquent vraiment de façon méticuleuse tout immigrant ou personne revenant de Chine continentale. Ils sont soumis à des examens médicaux et des quarantaines pour éviter l’importation de cas de choléra et de peste, mais aussi de grippe, fréquentes dans cette région. Il y a donc une sorte de « compétences acquises », puisque vous l’avez vu, Taiwan a géré l’épidémie de Covid-19 plutôt très bien. Avec évidemment des méthodes qui peuvent parfois nous choquer, parce qu’elles privilégient toujours l’intérêt collectif sur les libertés individuelles – et on sait que c’est un couple en tension dès qu’il y a une épidémie à gérer. Mais les résultats pour l’instant du Japon, de la Corée du Sud, mais aussi de Taïwan sont assez remarquables et montrent qu’il y a sûrement plusieurs modèles de gestion d’une épidémie. Qu’est-ce que ces deux pandémies nous ont appris, qu’est-ce qu’elles ont changé ? La grippe de Hong Kong a donné beaucoup de renseignements et permis de commencer à modéliser les épidémies de grippe, ce qui était important sur le plan épidémiologique. Cette deuxième grippe a convaincu aussi qu’il fallait industrialiser la production de vaccins, puisque les laboratoires Mérieux et Pasteur n’étaient pas capables à ce moment-là de fournir suffisamment de doses pour vacciner quelques millions de Français. En outre, on s’est aperçu aussi en 1968-69 en particulier qu’il y avait une surmortalité des personnes âgées, et c’est à partir de la grippe de Hong Kong qu’on leur a fortement conseillé de se faire vacciner contre la grippe. D’ailleurs quelques années plus tard, en 1984, la vaccination contre la grippe sera remboursée pour les personnes de plus de 75 ans par la sécurité sociale.
Robert Malley, directeur de l’International Crisis Group et ancien conseiller des présidents Barack Obama et Bill Clinton, est l'Invité du matin de RFI ce lundi 17 août 2020. Il répond aux questions de Christophe Paget.
Le coronavirus est loin d’être la première pandémie de l’ère moderne. Deux épidémies de grippe ont parcouru le monde à la fin des années 1950, et dix ans plus tard à la fin des années 1960 : la grippe asiatique puis la grippe de Hong Kong. Chacune de ces épidémies a fait entre 1 et 4 millions de morts dans le monde. Des épidémies un peu oubliées, mais que l’on peut très facilement comparer à celle du Coronavirus aujourd’hui. Voici, en plus de la chronique Fréquence Asie que Christophe Paget a consacré à ces deux pandémies, l’interview qu’il a réalisée avec Patrice Bourdelais, historien et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). RFI : Le coronavirus, comme la grippe asiatique ou la grippe de Hong Kong, vient de Chine. Est-ce que c’est une coïncidence ? Patrice Bourdelais : Au fond, toutes les grandes épidémies connaissent des sortes de « niches écologiques » : le choléra c’est plutôt le Bengale, Ebola l’Afrique centrale, et la Chine historiquement a donné naissance à pratiquement tous les virus grippaux. Même la grippe de Russie, qui atteint l’Europe en 1889-90 venait visiblement de la Chine centrale, tout comme la grippe asiatique qui atteint l’Europe en 1957-58 et dix ans plus tard la grippe dite de Hong Kong, qui atteint l’Europe en 1969, mais démarre en Chine centrale aux alentours du mois de février 1968, pendant la Révolution culturelle. Quels chemins ces deux épidémies ont-elles employés pour faire le tour du monde, et est-ce qu’ils ressemblent à celui pris ces derniers mois par le coronavirus ? Une épidémie au fond suit les grandes voies d’échange et de communication, donc très classiquement les caravanes autrefois, puis les grandes voies de l’échange marchand, mais aussi les déplacements des troupes militaires et les grands pèlerinages. Et donc ces épidémies sortent toujours par Hong Kong, qui est une place qui rayonne beaucoup. À partir de là, elles se dirigent classiquement vers le Japon, puis (ou en même temps) vers le sud-est asiatique : Vietnam, Singapour, Australie, Inde, Iran, puis les États-Unis, l’Europe, l’Afrique. La pandémisation se fait toujours de la même manière, à peu de choses près. Et en fait ce sont les soldats américains revenant de la guerre du Vietnam qui ont apporté le virus de la grippe de Hong Kong aux États-Unis. Oui, Le Vietnam avait été contaminé à partir de Hong Kong et de la Chine, et les soldats rentrant sur leurs bases en Californie rapportent l’épidémie au mois de septembre 1968. À partir de là, l’épidémie se diffuse aux États-Unis, au point qu’en décembre elle va faire 50 000 morts – donc c’est quand même une épidémie sérieuse, même à l’échelle des États-Unis. Elle se dirige ensuite vers l’Europe. Et est-ce que ces virus ont voyagé aussi rapidement que le coronavirus aujourd’hui ? Il y a deux facteurs importants : la rapidité des transports aériens et aussi le nombre de personnes transportées. Il y a eu un grand développement de ce mode de transport entre les deux épidémies, en 1968 il est assez rapide et surtout utilisé. Certes, ça n’a rien à voir avec la croissance que nous avons connue depuis le début des années 2000, mais l’épidémie de grippe hongkongaise est la première qui se déplace à la vitesse d’un avion de ligne. Est-ce que ces deux pandémies sont aussi graves, ou même plus graves, que celles du coronavirus ? Le nombre de morts est toujours sujet à caution : autant on connaît à peu près le nombre de victimes dans les pays occidentaux, autant quand il s’agit de collecter le nombre de décès en Afrique ou d’autres régions du monde (Asie, etc.), c’est beaucoup plus difficile, d’où l’utilisation de fourchettes. Par exemple pour la grippe asiatique, le chiffre de l’OMS est à quatre millions de morts, mais la fourchette va d’un à quatre millions. La grippe de Hong Kong fait moins de morts, autour d’un million, mais les estimations vont jusqu’à quatre. Ça veut dire simplement que ce sont deux grandes pandémies du XXe siècle. Qu’en est-il des conséquences économiques ? La grippe asiatique a eu des conséquences, par exemple boursières, avec un effondrement des cours - moins en France qu’à New York et à Londres, parce que l’effondrement était plus important dans les grandes places boursières que dans les plus petites – et Paris était plus petite… Mais il y a eu arrêt de l’activité, évidemment, sans pour autant qu’il y ait ce que nous connaissons aujourd’hui, c’est-à-dire des mesures d’arrêt de l’économie par confinement. La grosse différence est là quand même : ce modèle de confinement donné par la Chine de contrôle de l’épidémie et qui a été remis en selle en Europe par les Italiens et les Français. Abandonné depuis le XIXe siècle, ce vieux modèle médiéval avait été créé par les Italiens pour le contrôle des pestes : par quarantaine, lazaret (établissement de mise en quarantaine), cordon sanitaire. Il avait été abandonné, par l’Angleterre en particulier, vers 1860, et c’est le modèle anglais qui est ensuite devenu le grand modèle de gestion des épidémies : un système de néo-quarantaine, avec une visite médicale pour tout bateau arrivant dans un port anglais. Les personnes malades sont envoyées dans des « Fever Hospitals », aux autres on demande une adresse à laquelle ils peuvent être visités pour que leur état soit contrôlé pendant la semaine d’après. C’est ce système beaucoup plus souple, qui n’entravait pas le commerce et les échanges, qui a été maintenu jusqu’à il y a quelques mois. Donc nous sommes dans une situation radicalement nouvelle sur le plan historique : c’est une vraie rupture, qui nous renvoie à plus d’un siècle et demi en arrière, aux épidémies de choléra de 1831-32 en Europe. Vous parliez des effondrements boursiers lors de la grippe asiatique, lors de celle de Hong Kong dix ans plus tard, en France, l’économie est touchée ? Touchée, mais pas stoppée. On note que dans la région toulousaine il y a 15 % des cheminots qui sont grippés, donc il y a des trains annulés. On sait que cette épidémie suscite beaucoup d’arrêts de travail au point que la Caisse d’assurance maladie est obligée de fermer ses portes pendant toute la durée des vacances de Noël. La capacité industrielle baisse, elle est notable, mais il n’y a pas cet arrêt général, ces fermetures d’usines comme c’est aujourd’hui le cas. Les usines tournaient avec 20 % de personnel en moins. En France en tous cas, à la fin des années 1960, ni la presse ni le gouvernement ne semblent prendre la pandémie au sérieux… La grippe asiatique de 1957-1958 avait, elle, été traitée parce que la hantise de la grippe espagnole était toujours là – elle ne date que de quelques dizaines d’années. En outre les antibiotiques venaient d’être mis au point, et de nouvelles familles d’antibiotiques apparaissent tous les deux ans ou presque, donc il y avait une forme d’assurance sur le fait qu’on allait pouvoir faire face à cette grippe, en particulier en diminuant la mortalité grâce aux antibiotiques. Le milieu médical et pasteurien se mobilise, il venait de préparer des vaccins… Et finalement c’est une grippe qui passe ; elle fait quand même pas mal de morts (entre 15 et 20 000 quand même en France), mais que moins que la grippe de Hong Kong, beaucoup plus grave : 25 000 morts en décembre, 6 200 morts à la fin de l’épidémie en janvier. La grippe de Hong Kong qui sera donc elle, au contraire, peu médiatisée. Le politique gère à ce moment-là l’après-68, avec un mouvement social toujours présent. Le général De Gaulle est parti en avril, Georges Pompidou est arrivé aux élections de juin, et Jacques Chaban Delmas a lancé son grand projet de société nouvelle en septembre. L’agenda politique occupe tout le champ médiatique, politique et social, du coup le sanitaire n’a plus sa place. Même chose dans le monde où l’attention est focalisée sur les guerres – celle du Biafra par exemple. En plus on est là sur les dernières années d’une foi dans le progrès scientifique et médical telle que l’on pensait que l’on allait non pas contrôler, mais éradiquer toutes les maladies infectieuses (on n’a finalement réussi que pour la variole, et presque pour la poliomyélite). Comment l’Asie a vécu cette épidémie de grippe de Hong Kong ? Leur terreur, c’était la Révolution culturelle en Chine, et tous les troubles qu’elle engendrait. Évidemment, à partir du moment où la Chine « exporte » via Hong Kong son virus de grippe, la tension et la vigilance sont importantes, avec aux premières loges évidemment les gens de Hong Kong – encore sous contrôle anglais à ce moment-là. Mais aussi les Japonais avec leurs grands scientifiques et leur tradition de forte recherche dans le domaine de la bactériologie. Et puis aussi un comportement qui respecte des distances physiques ; et il y a un port du masque généralisé très tôt au Japon comme modèle de prévention, on voit tous ces Japonais masqués aux actualités au moment de la grippe de Hong Kong. Dans le pays, l’hygiène publique est très forte depuis le début du XXe siècle. Pour ce qui est de la Chine, elle ne gère plus rien à ce moment-là : les Gardes rouges sont partis vers les grandes villes chinoises, la structure du Parti communiste dans ces grandes villes est contestée, voire renversée. Il n’y a aucune place pour le sanitaire à ce moment-là en Chine. On a des estimations des chiffres de contaminations et de décès, mais tellement fantaisistes à mon avis que c’est peine perdue. Et Taïwan ? En Chine, pendant toute la période antérieure de grippe asiatique, il y avait aussi des dangers de peste et de choléra. Donc, à Taïwan, qui se protège beaucoup de la Chine, vous aviez une très grande vigilance sur le plan de la santé publique : les Taïwanais traquent vraiment de façon méticuleuse tout immigrant ou personne revenant de Chine continentale. Ils sont soumis à des examens médicaux et des quarantaines pour éviter l’importation de cas de choléra et de peste, mais aussi de grippe, fréquentes dans cette région. Il y a donc une sorte de « compétences acquises », puisque vous l’avez vu, Taiwan a géré l’épidémie de Covid-19 plutôt très bien. Avec évidemment des méthodes qui peuvent parfois nous choquer, parce qu’elles privilégient toujours l’intérêt collectif sur les libertés individuelles – et on sait que c’est un couple en tension dès qu’il y a une épidémie à gérer. Mais les résultats pour l’instant du Japon, de la Corée du Sud, mais aussi de Taïwan sont assez remarquables et montrent qu’il y a sûrement plusieurs modèles de gestion d’une épidémie. Qu’est-ce que ces deux pandémies nous ont appris, qu’est-ce qu’elles ont changé ? La grippe de Hong Kong a donné beaucoup de renseignements et permis de commencer à modéliser les épidémies de grippe, ce qui était important sur le plan épidémiologique. Cette deuxième grippe a convaincu aussi qu’il fallait industrialiser la production de vaccins, puisque les laboratoires Mérieux et Pasteur n’étaient pas capables à ce moment-là de fournir suffisamment de doses pour vacciner quelques millions de Français. En outre, on s’est aperçu aussi en 1968-69 en particulier qu’il y avait une surmortalité des personnes âgées, et c’est à partir de la grippe de Hong Kong qu’on leur a fortement conseillé de se faire vacciner contre la grippe. D’ailleurs quelques années plus tard, en 1984, la vaccination contre la grippe sera remboursée pour les personnes de plus de 75 ans par la sécurité sociale.
Il y a un an à Hong Kong commençaient les manifestations contre le projet de loi qui devait permettre à Pékin de juger en Chine continentale n’importe quelle personne arrêtée dans l’île-citée. Après des mois de manifestations gigantesques, le projet de loi sera finalement retiré en septembre dernier mais les manifestations ne cessent pas : dans les rues, les Hongkongais demandent en masse une enquête indépendante sur les violences policières, plus de démocratie et l’amnistie pour les manifestants arrêtés. Finalement, c’est le coronavirus qui, empêchant les Hongkongais de sortir dans les rues, a quasiment suspendu un mouvement dont la durée a défié tous les pronostics. Christophe Paget a joint à Hong Kong le député pro-démocratie Fernando Cheung, qui avait commencé à manifester dès les premiers rassemblements, il y a un an. Êtes-vous confiné chez vous à cause du Coronavirus ? Fernando Cheung : Je ne suis pas chez moi, je continue à aller au bureau tous les jours, car en tant que député j’ai une responsabilité. Mais beaucoup de gens restent chez eux ; beaucoup ont perdu leur travail, ou on leur a demandé de rester à la maison sans salaire ; certains ont vu leurs heures de travail réduites. Donc la situation est mauvaise, les gens ne sont pas heureux, et si vous regardez les rues, même dans les zones les plus commerçantes,on a rarement vu aussi peu de gens. Aujourd’hui, il n’y a plus de manifestations. Est-ce que le Coronavirus a réussi là où le gouvernement hongkongais a échoué ? En fait, tous les 21 et 31 de chaque mois, il y a des manifestations : d’abord en référence au 21 juillet de l’année dernière, quand la police a permis à des centaines de voyous d’envahir les rues du district de Yuen Long, vêtus de T-shirts blancs et armés de cannes et de bâtons, frappant aveuglément tous ceux qui croisaient leurs chemins. Ils les ont même chassés jusque dans le métro. Ça a été un tournant : les Hongkongais ont commencé à sérieusement douter que la police soit capable de les protéger. Une autre manifestation a lieu tous les 31 du mois, en mémoire du 31 août dernier, quand la police a envahi une station de métro pendant une manifestation, et a non seulement dispersé les gens mais les a aussi roués de coups, jusque dans les wagons. Selon la rumeur, ils auraient même tué plusieurs personnes. Donc chaque mois, le 21 et le 31, il y a des manifestations, dans les rues ou dans le quartier de Yuen Long. Il y a deux jours, ils étaient encore quelques centaines de personnes, mais la police essaie d’empêcher ces manifestations très en amont. A cause du Coronavirus, le gouvernement a interdit toutes les réunions de plus de quatre personnes. Et la police s’en sert pour disperser la foule, même si pour ce que j’en comprends les manifestants se rendent sur les lieux par groupes de trois ou quatre maximums. Mais quand ils arrivent sur les lieux du rendez-vous, la police commence à les disperser et procède également à des arrestations au nom de cette nouvelle réglementation due au coronavirus. Il y a donc toujours des manifestations, mais moins importantes. Oui, les manifestations ont lieu beaucoup moins souvent et la participation a sensiblement baissé à cause du coronavirus. Mais la population ressent toujours la même chose : bien sûr les gens s’inquiètent davantage du coronavirus, et à cause de la distanciation sociale demandée, les gens ne peuvent pas se réunir et montrer leur mécontentement. Mais pour ce que je peux en voir, le sentiment général est toujours de « ne pas faire confiance au gouvernement ». Et quand l’épidémie sera terminée,je pense que les manifestations reviendront, d’autant plus qu’il y a des élections en septembre pour le Conseil législatif – l’équivalent à Hong Kong du Parlement. Ce sera un évènement extrêmement important, pendant lequel les deux camps opposés – le camp pro-Chine et pro-gouvernemental contre le camp prodémocratie – vont se présenter l’un contre l’autre. Et je pense qu’à cause de cela, les manifestations et les confrontations vont continuer. Le fait est que selon un sondage du Hong Kong Public Opinion Research, 63% des Hongkongais interrogées demandent toujours la démission de Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif ; 68% veulent le suffrage universel ; et 76% exigent une commission d'enquête sur les violences policières commises pendant les manifestations. Ces chiffres sont beaucoup plus importants qu’il y a quatre mois, avant le coronavirus. Pourquoi ? Parce que le gouvernement n’a pas changé, il agit toujours de la même manière, et la police est, elle aussi, toujours aussi agressive. La fréquence des manifestations et des confrontations a baissé à cause du coronavirus, mais les gens n’ont donc pas changé d’idée. Quand nous avons été frappés par la pandémie au début de l’année, le gouvernement a mis beaucoup de temps à répondre. Depuis, à chaque nouvel épisode, il ne semble pas réactif. Et quand ils finissent par répondre, les choses sont devenues bien pires. Au début, comme le virus semblait venir de Chine continentale, de Wuhan et de la province de Hubei, les Hongkongais ont demandé que l’on empêche les gens venant de cette région de venir à Hong Kong. Le gouvernement n’a pas écouté. Et quand la contagion s’est étendue au reste de la Chine, il a finalement décidé d’empêcher les gens de venir de Wuhan, mais c’était trop tard : la contagion s’était étendue à d’autres provinces. Des gens dans la société civile ont alors demandé que la frontière ente Hong Kong et la Chine continentale soit fermée. Refus total du gouvernement. A chque étape, le gouvernement a réagi avec beaucoup de retard, donc les gens n’ont pas changé d’opinion : ils ne sont absolument pas satisfaits du travail de la cheffe de l’exécutif, ils continuent à demander le suffrage universel et une enquête indépendante sur la police. Donc le résultat de ce sondage ne me surprend pas : les gens que je connais ressentent la même chose. Vous étiez à la première manifestation, il y a un an, le 31 mars, où vous avez rejoint le mouvement plus tard ? En fait c’était la deuxième marche, il y en a eu une un peu plus tôt je crois. Et oui, j’y étais, parce que, en tant que député nous savions que nous devions nous opposer à cette loi d’extradition, qui pouvait avoir des conséquences majeures et sur le long terme en limitant la liberté des Hongkongais. Donc très tôt, nous nous y étions opposés, et nous voulions que les gens à Hong Kong comprennent les conséquences de cette loi draconienne. Pendant cette année de manifestations, est-ce que Hong Kong et sa population ont changé ? Oui, absolument. Il n’y a qu’à écouter les slogans des manifestants : au début, nous disions « Hongkongais, en avant », pour encourager les gens à continuer, nous essayions de construire une solidarité, d’encourager le reste de Hong kong à s’unir pour combattre cette loi. Après, nous avons senti que le gouvernement ne réagissait pas, utilisait la violence policière contre les gens, et se servait en fait de la police pour résoudre un problème politique. Et ensuite nous avons vu que la violence et la police échappaient à tout contrôle. La police continuait de frapper les gens, de torturer les manifestants, dans les rues et les commissariats de police. Et il y a eu beaucoup d’étranges suicides de jeunes. La rumeur et certaines personnes qui avaient participé aux manifestations estimaient que la police les avait tués. Donc c’est pour cela que dans la troisième phase, les gens ont demandé vengeance. On est parti du fait d’essayer d’être ensemble pour résister à ce qui était imposé aux Hongkongais, à être choqués par l’utilisation du gouvernement des violences policières contre ces gens, et enfin être furieux et ressentir une telle colère et une telle rage que cela devient de la haine. Et demandant donc à se venger. Maintenant, à cause du coronavirus, ces voix ne sont pas aussi apparentes, certains sont peut-être passés dans la clandestinité. La police a arrêté plusieurs personnes qui confectionnaient des bombes. Evidemment, nous refusons ce genre de violence. Mais cela montre que le mouvement est devenu tellement désespéré et plein de colère que certains se sont peut-être tournés vers cela. C’est donc devenu assez dangereux. Vous le disiez, ce sont bientôt les élections. Vous allez vous présenter une nouvelle fois ? Non. Je suis député depuis 2004, si l’on excepte la période 2008-2012. J’ai 63 ans, je ne me considère pas comme très vieux, mais je pense que l’on doit donner plus d’opportunités à la jeune génération. Donc je ne serai pas candidat, mais il y aura de nombreux jeunes, qui n’ont jamais fait de politique avant, qui vont se présenter. Et j’espère qu’en septembre, nous continuerons à avoir la majorité du soutien populaire. Mais pour nous, il sera presque impossible d’avoir plus de la moitié des sièges, à cause d’une structure politique biaisée, et du système électoral. Notre objectif reste quand même d’avoir plus de sièges.