Podcast appearances and mentions of pierre vidal naquet

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Best podcasts about pierre vidal naquet

Latest podcast episodes about pierre vidal naquet

La marche du monde
Comment Malika Rahal est-elle devenue historienne de l'Algérie ?

La marche du monde

Play Episode Listen Later May 24, 2025 50:31


Dans « Mille histoires diraient la mienne », Malika Rahal revisite à la première personne son chemin de vie. Un récit émancipateur, en toute impudeur, où sont convoqués celles et ceux qui ont fait ce qu'elle est devenue : une historienne du temps présent. Sur ce chemin reparcouru, on croise Malika enfant et sa famille improbable, on croise Malika étudiante et ses chers professeurs Pierre Vidal Naquet et Benjamin Stora, on croise Malika en écriture de ses livres, l'enquête sur l'assassinat de l'avocat Ali Boumendjel et l'histoire populaire de l'indépendance de l'Algérie en 62, et on croise aussi Malika en Algérie à la recherche des familles des disparus de la guerre coloniale. Des émotions, des réflexions, des interrogations et des chansons pour  comprendre comment Malika Rahal est devenue historienne de l'Algérie !Livres :Mille Histoires diraient la mienne, aux éditions EHESSAlgérie 1962 - Malika Rahal - Éditions La DécouverteMalika Rahal, historienne, chargée de recherche au CNRS, est spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Algérie. Elle dirige, depuis 2022, l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP). Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages, notamment d'une biographie d'Ali Boumendjel, avocat et militant nationaliste assassiné en 1957 (Belles Lettres, 2011 ; réed. poche : La Découverte, 2022) et d'Algérie 1962. Une histoire populaire (La Découverte, 2022).Ali Boumendjel : Une affaire française, une histoire algérienne. Sites internet : - Le site de Malika Rahal et Fabrice Riceputi sur les enlevés, détenus clandestinement, torturés et parfois assassinés par l'armée française en Algérie - Le site de Benjamin Stora- Le site de Mohamed Rebah, rescapé de la bataille d'Alger, historien.    Programmation musicale :- Cheb Khaled / Bakhta- Robert Johnson / Terraplane blues- Hachemedi Guerouabi / Houz Malta.

Genre, etc.
Sorcellerie : mythe et réalités, avec Michelle Zancarini-Fournel

Genre, etc.

Play Episode Listen Later Mar 11, 2025 21:14


Qui étaient vraiment les personnes accusées de sorcellerie pendant les "chasses aux sorcières" du 15ᵉ au 17ᵉ siècle ? Dans cet épisode, Michelle Zancarini-Fournel, professeure émérite d'histoire des femmes et du genre à l'université Claude-Bernard-Lyon-1, retrace l'histoire des sorcières et des sorciers, revenant sur le réel historique et sur la construction du mythe de la sorcière. Elle revient sur l'usage contemporain de cette figure dans les mouvements féministes et analyse la manière dont elle est devenue un symbole de puissance.--Lire la transcription écrite de l'épisode.--

L'Heure H
Pierre Vidal-Naquet et l'énigme de l'Atlantide

L'Heure H

Play Episode Listen Later Dec 30, 2024 39:13


Pierre Vidal-Naquet, historien renommé, entreprend en 2002 une quête fascinante à la Bibliothèque nationale de France, explorant le Timée de Platon pour élucider le mystère de l'Atlantide. Cette cité légendaire, décrite comme une civilisation avancée engloutie par les flots pour son orgueil, n'est mentionnée que par Platon. Véritable casse-tête historique, l'Atlantide oscille entre mythe et réalité. Depuis la Renaissance, elle a captivé l'imaginaire collectif, alimentant des spéculations allant des Amériques aux fonds marins. Le mythe a été détourné politiquement, notamment par les nationalismes européens et l'Allemagne nazie, pour servir des récits identitaires. Dans son dernier ouvrage, Vidal-Naquet affirme que l'Atlantide n'est qu'une invention philosophique de Platon, destinée à mettre en garde contre les excès humains. Ce récit intemporel révèle l'importance des mythes dans l'histoire et leur pouvoir à transcender les époques. Pourtant, le mystère de l'Atlantide continue de susciter rêves et débats, à la croisée de la science et de l'imaginaire. Merci pour votre écoute Vous aimez l'Heure H, mais connaissez-vous La Mini Heure H https://audmns.com/YagLLiK , une version pour toute la famille.Retrouvez l'ensemble des épisodes de l'Heure H sur notre plateforme Auvio.be :https://auvio.rtbf.be/emission/22750 Intéressés par l'histoire ? Vous pourriez également aimer nos autres podcasts : Un jour dans l'Histoire : https://audmns.com/gXJWXoQL'Histoire Continue: https://audmns.com/kSbpELwAinsi que nos séries historiques :Chili, le Pays de mes Histoires : https://audmns.com/XHbnevhD-Day : https://audmns.com/JWRdPYIJoséphine Baker : https://audmns.com/wCfhoEwLa folle histoire de l'aviation : https://audmns.com/xAWjyWCLes Jeux Olympiques, l'étonnant miroir de notre Histoire : https://audmns.com/ZEIihzZMarguerite, la Voix d'une Résistante : https://audmns.com/zFDehnENapoléon, le crépuscule de l'Aigle : https://audmns.com/DcdnIUnUn Jour dans le Sport : https://audmns.com/xXlkHMHSous le sable des Pyramides : https://audmns.com/rXfVppvVous aimez les histoires racontées par Jean-Louis Lahaye ? Connaissez-vous ces podcast?Sous le sable des Pyramides : https://audmns.com/rXfVppv36 Quai des orfèvres : https://audmns.com/eUxNxyFHistoire Criminelle, les enquêtes de Scotland Yard : https://audmns.com/ZuEwXVOUn Crime, une Histoire https://audmns.com/NIhhXpYN'oubliez pas de vous y abonner pour ne rien manquer.Et si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à nous donner des étoiles ou des commentaires, cela nous aide à le faire connaître plus largement.

Les Nuits de France Culture
Profils perdus - Eugène et Maria Jolas 2/2 (1ère diffusion : 24/03/1988)

Les Nuits de France Culture

Play Episode Listen Later Nov 2, 2024 62:03


durée : 01:02:03 - Les Nuits de France Culture - par : Albane Penaranda, Mathias Le Gargasson, Antoine Dhulster - Par Gérard Gromer - Avec Betsy Jolas (compositrice), Richard Jolas, Pierre Vidal-Naquet (historien), Henry Pillsbury (directeur de l'American Center), Nathalie Sarraute (écrivain), Jacques Aubert (spécialiste de J. Joyce), Johannes Schmitz (journaliste) et Tina Jolas - Lectures de textes d'Eugène Jolas en anglais et en français lus par Tina Jolas - Réalisation Josette Colin - réalisation : Massimo Bellini

Les Nuits de France Culture
Histoire d'un camp vietminh : de l'oubli à la polémique

Les Nuits de France Culture

Play Episode Listen Later Jul 24, 2024 62:01


durée : 01:02:01 - Les Nuits de France Culture - par : Albane Penaranda - "L'histoire en direct" revient en 1991 sur les camps vietminh pendant la guerre d'Indochine, où des milliers de soldats français sont morts en captivité en raison des conditions de vie insalubres et affaiblis par la rééducation politique des chefs de camps dont un Français, Georges Boudarel. - invités : Pierre Vidal-Naquet; Alain Ruscio Historien, spécialiste de l'histoire vietnamienne contemporaine et de la décolonisation indochinoise

Les Archives des Rendez-vous de l'Histoire
Pourquoi suis-je devenu historien ? - Pierre Vidal-Naquet

Les Archives des Rendez-vous de l'Histoire

Play Episode Listen Later Jul 22, 2024 47:57


Revenant sur ses lectures, ses rencontres et ses convictions, Pierre Vidal-Naquet (1930-2006) explique pourquoi et comment il est devenu historien. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur la Grèce Antique, il a également consacré ses recherches à son époque : dans les années 1960, il étudie l'histoire contemporaine de l'Algérie et dénonce la torture utilisée dans le conflit franco-algérien ; dans les années 1970, il lutte contre l'émergence des thèses négationnistes portant sur la Shoah. Un fil voltairien sous-tend son travail : débusquer la vérité pour "écraser l'infâme". (0:00) Générique(0:32) Les années de guerre : l'héritage intellectuel familial(08:05) Les années prépa : l'Histoire, "seul substitut possible à la religion"(13:13) Le choix de la Grèce Antique : Platon et l'Histoire(18:08) Monde académique d'après-guerre, professorat et recherches(25:41) Un historien dans la guerre d'Algérie(38:55) "Et l'Antiquité dans tout cela ?"(44:14) Lutte contre le négationnisme : "écrasons l'infâme"Conférence issue de l'édition 2002 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'étranger".© Pierre Vidal-Naquet, 2002.Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002) https://rdv-histoire.com/Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Les Nuits de France Culture
Qui était Jean Moulin ? Quatre historiens s'interrogent

Les Nuits de France Culture

Play Episode Listen Later May 23, 2023 59:44


durée : 00:59:44 - Les Nuits de France Culture - par : Albane Penaranda - Jean Moulin est-il un crypto-communiste comme l'affirmait Henri Frenay ? Était-il un agent soviétique comme tend à le prouver Thierry Wolton ? Bref qui était Jean Moulin ? Dans "L'Histoire en direct" en 1993, la question est posée à quatre historiens.  - invités : Daniel Cordier secrétaire de Jean Moulin pendant la Seconde Guerre mondiale, historien, collectionneur d'art, galeriste et mécène; Jean-Pierre Azéma Professeur émérite à Sciences Po.; Pierre Vidal-Naquet; Stéphane Courtois historien et universitaire français, directeur de recherche au CNRS (Université de Paris X), professeur à l'Institut Catholique d'Études Supérieures (ICES) de La Roche-sur-Yon, spécialiste de l'histoire des mouvances et des régimes communistes

Les Belles Lettres
Pierre Vidal-Naquet - Les Juifs, la mémoire et le présent

Les Belles Lettres

Play Episode Listen Later May 2, 2023 3:40


En librairie le 5 mai 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454429/les-juifs-la-memoire-et-le-present Sous ce titre sont regroupés des textes très divers : articles scientifiques sur les crises et les affrontements qui ont ébranlé le judaïsme, du IIᵉ siècle avant notre ère aux négateurs du grand massacre du XXᵉ siècle. En tant que juif, Pierre Vidal-Naquet s'efforce de penser dans l'histoire, la mémoire, le présent, le destin des siens : journaliste ou historien de métier, c'est un même homme qui a écrit tous ces textes au nom d'un même engagement existentiel.

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Les Nuits de France Culture
Les lundis de l'histoire - Pierre Vidal-Naquet pour "Le chasseur noir (1ère diffusion : 27/07/1981)

Les Nuits de France Culture

Play Episode Listen Later Feb 5, 2022 100:00


durée : 01:40:00 - Les Nuits de France Culture - Par Jacques Le Goff - Avec Pierre Vidal-Naquet, Philippe Gauthier et Nicole Loraux - Réalisation Arlette Dave

Toute une vie
Pierre Vidal-Naquet (1930-2006), historien aux aguets

Toute une vie

Play Episode Listen Later Dec 11, 2021 58:34


durée : 00:58:34 - Toute une vie - À la fois spécialiste de l'Antiquité et historien du temps présent, Pierre Vidal-Naquet s'est engagé parmi les premiers contre la torture dans la guerre d'Algérie. Il incarne pour beaucoup la figure de l'intellectuel engagé, Dreyfusard du 20e siècle

pierre toute aux historiens pierre vidal naquet
Les Nuits de France Culture
Notre temps - Entretien avec Pierre Vidal-Naquet sur la torture : Parties 1 à 3/3 (1ère diffusion : du 03 au 05/04/1972)

Les Nuits de France Culture

Play Episode Listen Later Oct 12, 2021 34:59


durée : 00:34:59 - Les Nuits de France Culture - par : Philippe Garbit - Par Anouk Adelmann - Avec Pierre Vidal-Naquet

Les Nuits de France Culture
Mises en scène 2/17 : "Electre" de Sophocle par Andreï Serban (1ère diffusion : 23/11/1973)

Les Nuits de France Culture

Play Episode Listen Later May 26, 2021 54:59


durée : 00:54:59 - Les Nuits de France Culture - par : Philippe Garbit, Albane Penaranda, Mathilde Wagman - Par Guy Dumur - Avec Andreï Serban (metteur en scène), Alfred Simon (écrivain, journaliste, critique de théâtre) et Pierre Vidal-Naquet (historien) - réalisation : Virginie Mourthé

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Le Zappodcast
zappodcast #44

Le Zappodcast

Play Episode Listen Later Dec 3, 2020 17:39


#44Le zappodcast c'est tous les mois, un zapping des meilleurs moments des podcasts francophones. La sélection est entièrement participative alors si vous tombez sur un passage qui mérite de se retrouver dans le zappodcast, notez le nom et le numéro du podcast en question ainsi que le minutage du passage incroyable et envoyez nous ça à LeZappodcast@gmail.comCe mois-ci des extraits de PINTE ET VOUS (5 on prend des nouvelles), MECANIQUES DU JOURNALISME (L affaire Cahuzac 2sur4 Sur les traces du compte secret), VENUS S EPILAIT ELLE LA CHATTE (La grossesse tabou de l art), PILEUP (09), FERME LES YEUX ET REGARDE (Ep 01 1942), JTE RAMENE (episode 2 Playmobils Nouvelle Generation), VULGAIRE (le clitoris), TOMBE (Chapitre 2 L Enfer blanc), VULGAIRE (le clitoris), CAPSULE POD (25 septembre 1990), LA BASCULE (episode 3 Dominique), PILEUP (08), LE MONDE MODERNE (La RI Castors et larmes de crocodiles), DEAR DATE (1 Talons hauts), ON S’EN SORT (3 Yannick Fornacciari Heroin Days), TRANSFERT (112 Derriere la veste), dear date (7 L Americain), TOMBE (Chapitre 2 L Enfer blanc), PROF ETC (Cyril Mitrorigo un Prof de francais inspirant), EN MODE AVION (15 En mode travaux avec l actrice et humoriste Alison Wheeler l humoriste et actrice Melha Bedia et le rappeur et acteur Sneazzy), LE MONDE MODERNE (La RI Castors et larmes de crocodiles), LES ENVAHISSEURS (Le rat d egout Ratus norvegicus), LE SYNDROME DE LA PAGE COLOREE (s1e2 Bwa Bwa et Valentin Poudret), SPACE MONTAIGNE (Du negationnisme du doute et du clivage Pierre Vidal Naquet), MECANIQUES DU JOURNALISME (L affaire Cahuzac 1sur4 De l affaire Betancourt a l affaire Cahuzac), LES ENVAHISSEURS (La merule Serpula lacrymans), DEPECHE (Couvre fete), ON S EN SORT (3 Yannick Fornacciari Heroin Days), RENDS L ARGENT (Mesdames votre famille vous arnaque), ET SI (Et si on mesurait le bien etre plutot que la croissance), TOMBE (Chapitre 4 Mirages), PROF ETC (Antonin Archer le Prof du podcast Nouvelle ecole), JTE RAMENE (episode 2 Playmobils Nouvelle Generation), FERME LES YEUX ET REGARDE (Ep 01 1942), LES COULISSES (Une candidature spontanee), BONUS TRACKS (Bonus Tracks qu est ce que c est), CAPTURE MAG LE PODCAST (episode 30 peter jackson premiere partie).

Space Montaigne
Du négationnisme, du doute et du clivage. (Pierre Vidal-Naquet)

Space Montaigne

Play Episode Listen Later Oct 30, 2020 31:08


Pierre Vidal-Naquet, Les assassins de la mémoire : "Un Eichmann de papier".Où l'on se demande pourquoi il subsiste (encore) un doute.

doute clivage pierre vidal naquet
Les Nuits de France Culture
Mises en scène 2/17 : "Electre" de Sophocle par Andreï Serban (1ère diffusion : 23/11/1973)

Les Nuits de France Culture

Play Episode Listen Later Jul 6, 2020 54:59


durée : 00:54:59 - Les Nuits de France Culture - par : Philippe Garbit, Albane Penaranda, Mathilde Wagman - Par Guy Dumur - Avec Andreï Serban (metteur en scène), Alfred Simon (écrivain, journaliste, critique de théâtre) et Pierre Vidal-Naquet (historien) - réalisation : Virginie Mourthé

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Mondes Sociaux
Pierre Vidal-Naquet : itinéraire intellectuel d’un « dreyfusard » – François Dosse

Mondes Sociaux

Play Episode Listen Later Jun 10, 2020 81:25


Pierre Vidal-Naquet, est né en 1930 et mort en 2006. En mai 1944, à l’âge de quatorze ans, il voit disparaître à jamais ses parents, déportés par la Gestapo vers Auschwitz. Dans son ouvrage « Pierre Vidal-Naquet, une vie » François Dosse considère cet épisode comme l’évènement fondateur de sa vie. Il revient sur les multiples facettes de la vie de cet homme d’exception, historien qui a renouvelé le regard sur la Grèce antique tout autant que référence morale de toute une génération. Entré en histoire pendant la guerre d’Algérie, son premier engagement d’historien le voit en 1957 dénoncer la torture et les disparitions forcées à travers le cas de Maurice Audin. Il n’a cessé ensuite d’être vigilant, transformant le traumatisme de la mort de ses parents en pulsion d’engagement. Animé d’un souci constant de défense de la justice et de la vérité contre les mensonges d’État, il fut sans doute le dernier grand intellectuel « dreyfusard » du XXe siècle. Mais il fut tout autant un grand savant, s’affirmant comme l’un des piliers de l’école d’anthropologie historique, avec Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne notamment. C’est ce parcours hors norme qu’évoque François Dosse. Au fil de cette traversée du second XXe siècle, il dévoile les multiples facettes d’un « intellectuel attachant, quelquefois lunaire, toujours très passionné », combattant le négationnisme et les « assassins de la mémoire ». En questionnant son identité d’intellectuel français et juif, « soucieux à la fois de l’existence d’Israël et condamnant sa politique au nom d’une conscience diasporique, il a vécu sa judéité comme un conflit intérieur. » Ce podcast permet de retracer les moments importants de son parcours, en observant une juste distance, sans une particulière sympathie pour l’homme. Elle est utile et nécessaire afin d’éviter de tomber dans l’hagiographie. --- La diffusion de ce podcast s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec la librairie Ombres Blanches.

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France Culture physique
Pierre Vidal-Naquet : une conscience intellectuelle

France Culture physique

Play Episode Listen Later Mar 13, 2020 34:05


durée : 00:34:05 - La Grande table idées - par : Olivia Gesbert - Pierre Vidal-Naquet, grand historien, spécialiste de la Grèce antique et figure intellectuelle majeure de l’après-guerre. François Dosse, auteur de la biographie "Pierre Vidal-Naquet, une vie" aux éditions de La Découverte, est notre invité pour en parler. - réalisation : Eric Lancien, Gilles Blanchard - invités : François Dosse historien, spécialiste de l’histoire intellectuelle, professeur à l’Université Paris-Est Créteil et Sciences Po, chercheur à l’IHTP (Institut d’histoire du temps présent)

Chemins d’histoire
Chemins d'histoire (Radio Clype)-Pierre Vidal-Naquet, avec F. Dosse, 02.02.20

Chemins d’histoire

Play Episode Listen Later Feb 2, 2020 63:56


Dix-neuvième numéro de Chemins d'histoire, l'émission d'histoire de Radio Clype, émission réalisée par Margot Leutard, animée par Luc Daireaux Émission diffusée le dimanche 2 février 2020 Thème : Pierre Vidal-Naquet (1930-2006) Invité : François Dosse, professeur à l'université Paris Est-Créteil, auteur de Pierre Vidal-Naquet. Une vie, Paris, La Découverte, 2020. Bulles sonores, avec Goulven Le Brech (responsable du service des archives du Grand équipement documentaire au Campus Condorcet, à 10'40) et Paulin Ismard (maître de conférences HDR en histoire grecque à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne, à 39'55).

L’invité de 12h30
Invité de Perrine Simon-Nahum, François Dosse / « Pierre Vidal-Naquet, une vie » paru aux éditions La Découverte

L’invité de 12h30

Play Episode Listen Later Jan 6, 2020


Invité de la rédaction : Perrine Simon Nahum reçoit François Dosse, pour le livre « Pierre Vidal-Naquet, une vie » paru aux éditions La Découverte À propos du livre : « Pierre Vidal-Naquet, une vie » Paru aux éditions La Découverte Pierre Vidal-Naquet aura été l'un des plus grands historiens français contemporains. Entré en histoire avec la guerre d'Algérie, il n'aura cessé ensuite d'être vigilant, aux antipodes des gesticulations médiatiques auxquelles est aujourd'hui trop souvent identifiée la figure de l'intellectuel. Pierre Vidal-Naquet a été cet enfant qui en mai 1944, à l'âge de quatorze ans, a vu disparaître à jamais ses parents, déportés par la Gestapo vers Auschwitz. Il lui a fallu une force vitale exceptionnelle pour transformer cette rupture existentielle en pulsion d'engagement, ancrée chez lui jusqu'à sa disparition en 2006. Animé d'un souci constant de défense de la justice et de la vérité contre les mensonges d'État, il aura été le dernier grand intellectuel dreyfusard du XXe siècle. Incarnant un certain mode d'intervention dans la Cité, il a d'abord cherché à faire la lumière sur la disparition de Maurice Audin en 1957, s'insurgeant avec rigueur contre l'usage de la torture en Algérie – prélude à tant d'engagements ultérieurs. Mais il fut tout autant un grand savant, s'affirmant comme l'un des éminents représentants de l'école d'anthropologie historique qui, avec Jean-Pierre Vernant et Marcel Detienne notamment, a renouvelé le regard sur la Grèce antique. C'est ce parcours hors norme que restitue ici au plus près François Dosse, en mobilisant une documentation considérable et des dizaines de témoignages originaux, souvent émouvants, toujours instructifs. Au fil de cette traversée du second XXe siècle, on découvrira les multiples facettes d'un intellectuel attachant, parfois lunatique, toujours passionné. Il s'est notamment engagé contre l'émergence du négationnisme, pourfendant les arguments de ceux qu'il appelait les " assassins de la mémoire ". Taraudé par son identité d'intellectuel français et juif, soucieux à la fois de l'existence d'Israël et condamnant sa politique au nom d'une conscience diasporique, il a vécu sa judéité comme un conflit intérieur. Sa vigilance nous manque. Revivre son parcours dans cette biographie est une leçon de vie pour le présent. François Dosse, historien, professeur des universités, a notamment publié à La Découverte, L'Histoire en miettes : des Annales à la " nouvelle histoire " (1987, réédition 2010), Histoire du structuralisme, (1991-1992), Paul Ricœur, les sens d'une vie (1997-2001), Michel de Certeau. Le marcheur blessé (2002-2007), Gilles Deleuze et Félix Guattari. Biographie croisée (2007 ; 2009) ou encore Pierre Vidal-Naquet. Une vie (2020).

Code source
Luc Tangorre : une vie de mensonges

Code source

Play Episode Listen Later Sep 18, 2019 22:42


Dans les années 80 en France, tout le monde connaissait son visage et son nom. L’histoire qu’il racontait a ému jusqu’au président François Mitterrand qu’il l’a gracié partiellement. A cette époque Luc Tangorre était considéré par beaucoup dans l’opinion publique comme la victime d’une erreur judiciaire. Il avait été condamné en 1983 pour une série de viols commis à Marseille. Et il avait réussi à convaincre de son innocence beaucoup de français et de nombreuses personnalités comme Françoise Sagan, Marguerite Duras, ou l’historien Pierre Vidal-Naquet. Mais depuis, l’homme a été reconnu coupable en 1992 du viol de deux étudiantes américaines, et d’agressions sexuelles sur mineures, le jeudi 12 septembre. Il jure toujours qu’il est innocent. Cet épisode de Code source est raconté par Louise Colcombet du service Police Justice du Parisien. Direction de la rédaction : Pierre Chausse - Rédacteur en chef : Jules Lavie - Reporter : Clawdia Prolongeau - Conception et préparation : Jeanne Boezec - Production : Clara Garnier-Amouroux - Montage : Alexandre Ferreira - Réalisation et mixage : Benoît Gillon - Musiques : François Clos - Identité graphique : Upian. Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out.

Collège de France (Arts)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Collège de France (Arts)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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07 - Traverser les frontières

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Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Création artistique (2018-2019)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

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Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Dec 4, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Collège de France (Général)

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Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
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Création artistique (2018-2019)

Play Episode Listen Later Dec 4, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Chambre classique
Autour de Szymon Laks ; Marc Mauillon, Benjamin Alard, François Fernandez, Ronan Kernoa (en public au Studio 106)

Chambre classique

Play Episode Listen Later Feb 4, 2018 118:42


durée : 01:58:42 - Autour de Szymon Laks ; Marc Mauillon, Benjamin Alard, François Fernandez, Ronan Kernoa (en public au Studio 106) - par : Jean-Baptiste Urbain - ## Autour de Szymon Laks {% image e443892c-3875-4535-8546-a623c4ca5850 %} _**OEuvres de Szymon Laks**_ _Quintette pour piano et cordes : III. Vivace non troppo_ Piotr Salajczyk, piano / Kwartet Slaski (Quatuor à cordes de Silésie) FMPB _Passacaille (version pour clarinette de la Vocalise pour voix ou violoncelle et piano)_ ARC Ensemble : Joaquin Valdepenas, clarinette / Diane Werner, piano Chandos _Concertino pour hautbois, clarinette et basson : I. Allegro scherzoso – Piu mosso_ ARC Ensemble : Sarah Jefffrey, hautbois / Frank Morelli, basson / Joaquin Valdepenas, clarinette Chandos _Divertimento pour violon, clarinette, basson et piano : II. Andante – Allegretto subito – Tempo I_ ARC Ensemble : Marie Bérard, violon / Joaquin Valdepenas, clarinette / Frank Morelli, basson / David Louie, piano Chandos _Quatuor à cordes n° 4 I. Allegro non troppo II. Andante sostenuto III. Quasi presto, con fuoco_ Messages Quartet Dux ## A lire [Simon Laks : Mélodies d'Auschwitz](https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/3809/melodies-d-auschwitz) Traduit du polonais par Laurence Dyèvre Préface par Pierre Vidal-Naquet, postface par André Laks Cerf, 2004 ## Concert **Marc Mauillon**, baryton **Benjamin Alard**, clavecin **François Fernandez**_,_ violon baroque **Ronan Kernoa**, viole de gambe {% image c45efced-b9a0-412e-b5ca-800b9a9eb94b %} {% image d79b45c0-313d-4059-b96b-46ba31832971 %} **Georg Philipp Telemann** _Cantate "Bist du denn gar von Stahl und Eisen" pour baryton, violon et basse continue TVWV 20:45 I. Aria (Adagio affettuoso) II. Recitativ III. Aria_ **Jean-Sébastien Bach** _Sonate en trio pour violon, viole de gambe et basse continue en sol majeur BWV 530_ (Version originale pour orgue) _I. Vivace II. Lento III. Allegro_ {% embed dailymotion k70sMxv7r4xgg7q8zOy %} **Jean-Sébastien Bach** _Suite pour clavecin en fa mineur BWV 823 I. Prélude II. Sarabande III. Gigue_ **Carl Philipp Emanuel Bach** _Douze Variations pour clavecin sur les Folies d'Espagne_ {% embed dailymotion k7pD05MtqWduzlq8Ac3 %} **Jean-Sébastien Bach** _Cantate « Amore, traditore » pour baryton et clavecin obligé BWV 203 I. Aria II. Recitativo III. Aria_ **Georg Philipp Telemann** _Cantate "Die Liebe" pour baryton, violon et basse continue TVWV 20:32 I. Arie (Hurtig) II. Recitativ III. Arie (Munter)_ {% embed dailymotion k3uhi65S3IyL97q8Adz %} _**Enregistré en public le lundi 29 janvier au Studio 106**_ - réalisé par : Laurent Lefrançois

Argentine Tango (Tango Argentino)
05 Enrique Santos Discepolo

Argentine Tango (Tango Argentino)

Play Episode Listen Later Mar 12, 2017 27:02


Philosophy in small coinsSome years before, in his essay Les Assassins de la Mémoire —an acute study on the neo-nazi revisionism in contemporary Europe—, the French writer Pierre Vidal-Naquet transcribed lyrics of “Cambalache”, the seminal tango by Enrique Santos Discépolo. A far-fetched quotation? Maybe a feature of exotism by an intellectual in search of oxygen out of the European culture environment? According to the author´s confession, he was acquainted with Discépolo´s work by way of some Latin American friends. And he decided to include him in a book not at all connected with tango. The image of a cambalache (second-hand shop) as scenery for insolent random, of a confusion of values and desacralization seemed to him most adequate to seal his denouncing text.That was not the first time which Discépolo´s work aroused interest in the field of thought. The Spaniard Camilo José Cela included him among his preferred popular poets and Ernesto Sábato had no doubt in identifying himself with the pessimistic philosophy of the one who wrote “Qué vachaché”: «True love got drowned in the soup». Several years before these recognitions, the lunfardo (slang) poets Dante Linyera and Carlos de la Púa defined Discépolo as an author with philosophy. Another writer from Buenos Aires, Julián Centeya, when reviewing one of his films, talked of «philosophy in small coins», and at the same time was risking an analogy —undoubtedly exaggerated— between Discépolo and... Charlie Chaplin.Unlike other popular creators who displayed their talent in an instinctive and somewhat naïve way to be later recognized as future exegetes, Discépolo was always conscious of his contribution. It could also be stated that all his artistic renderings were articulated by common sense, a certain Discepolian air or spirit which people immediately recognizes with affection and admiration as if his work —more than once defined as prophetic— should express the common sense of the Argentines. Discépolo´s singularity keeps on disquieting either in the tango universe or outside it. While most of his contemporaries are today strange to new generations, the man who wrote and composed “Cambalache” persists, is in force. Or to say it with one of his most loved images: he keeps on biting.Enrique grew up seeing theater guided by his brother Armando, the great playwright of the River Plate grotesque, and soon later he was attracted by popular arts. He arrived at tango after having tried with uneven success, play writing and acting. In 1917, he made his début as an actor, in the company of Roberto Casaux, a comic star of that time, and a year later he wrote together with a friend the play Los Duendes, mistreated by critics. He later improved his level with El Señor Cura (adaptation of a Maupassant´s story), Día Feriado, El Hombre Solo, Páselo Cabo and, especially, El Organito, fierce social painting sketched with his brother in the mid-20s. As an actor, Discépolo evolved from chorus member to a cast name, and his work in Mustafá, would be remembered, among many other renditions.Although the worlds of tango and theater were not divorced in the Argentina of Yrigoyen and Gardel, Discépolo´s decision to be an author of popular songs was resisted by his elder brother —Armando had been responsible for Enrique´s education after the early death of their parents—, and it cannot be said that things had been easy for the feeble and shy Discepolín. A mild familiar influence (Santo, his father, was a noted Neapolitan musician settled in Buenos Aires) may have been the first evidence towards the combined art of sound organization and lyrics, but the revelation was not immediate. On the contrary, either the anodyne “Bizcochito”, his first composition commissioned by the playwright Saldías, or the remarkable and revulsive “Qué vachaché”, published by Julio Korn in 1926 and premiered at a theater in Montevideo where it was noisily whistled, were a bad start or, at least, that was what people in Buenos Aires, used to appraise Manuel Romero's, Celedonio Flores' and Pascual Contursi's tangos, thought.The luck of the stubborn author changed in 1928 when, in a revue, the singer Azucena Maizani sang “Esta noche me emborracho”, a tango with Horatian touches (because of Horacio, author of Odes) and with an entirely River Plate subject: an old cabaret woman who was mercilessly treated by time. Days after its début, the lyrics of that tango were heard throughout the country. Argentine musicians on tour of Europe included it in their repertories, and in Alfonso XIII´s Spain, the composition achieved an enormous popularity. That was Discépolo birth in tango. That very year, the actress and singer Tita Merello returned to the previously critized “Qué vachaché” and drove it to the same stature of “Esta noche me emborracho”. Finally, 1928 would be the year of love for an intellectual full of uncertainties. Tania, a Spanish singer of cuplés settled in Buenos Aires, who would turn out to be an adequate interpreter of his tangos, was to accompany Discépolo until the end of his life.At a time when lyric writing and musical composition were clearly differentiated within the frame of cultural industries, Discépolo wrote lyrics and music, even though the latter was conceived with just two fingers on the piano keyboard, to be later committed to staff sheet by some friend musicians (generally Lalo Scalise). This twofold capacity allowed Discépolo to develop each tango as a perfect unit of lyrics and music. With an extremely sharp sense of rhythm and dramatic progression, with an impeccable melodic sense (Carlos de la Púa defined him as a Philharmonic Tom Thumb), Discépolo managed to make of his short and, most times, violent stories, an authentic River Plate human comedy. He set aside a big portion of the modernist influence which viciated other lyricists (Rubén Darío was the literary hero for hundred of Argentine poets, for many years) and translated to the minor format of song, certain predominant ideas of the age: theatrical grotesque, Croce´s idealism, Pirandellian estrangement...The profusion of ideas in each lyric found in the witty humor and in the lyricism of music, a certain balance, a sensory compensation, a way to tell things in and through tango. No other author would go so far.Of course, the fact that Carlos Gardel had recorded almost all his early tangos greatly helped to divulge and legitimate Discépolo as author and composer in a genre plenty of authors and composers. In this sense, Gardel´s rendition of “Yira yira” in October 1930 stands amongst the great numbers of Argentine music. The intensity of the recording, where there were not special theatrical resources and the singer avoided all unnecessary emphasis, is given by the immediacy of Gardel´s expression. There are no instrumental preambles to make the listener familiar with the material beyond a brief introduction by the guitarists who present the bridge with tremolos and phrasings in the low strings so typical of the period. The melodic line, with deceptive simplicity suddenly breaks in, with a force which excludes complaint.“Yira yira” was listened to and interpreted as a claim loaded with skepticism. The ridiculed militant in “Qué vachaché” comes back to assault, but this time he is backed by a profound material crisis. Now the conceited one, who resisted to believe that «true love got drowned in the soup», is taking the place of a cynical voice. The principles have been changed by reality. This is the triumph of disbelief but now without the cynicism —and even less the grotesque— of some years before. The character of “Yira yira” trusted the world but the world failed him. Such as in other Discépolo´s tangos, the lyrics tell us of a fall, a cruel sunrise: there is no more space for deceipt and fraud. (From this perspective, those who saw in Discépolo a moralist disappointed by modernity are not completely mistaken, but perhaps he is much more than that).The trend that begins with “Qué vachaché” and ripens in “Yira yira” is continued in the tangos “Qué sapa señor” and, in 1935, “Cambalache”. But this is not the only style of the compositional art of Discépolo. He was romantic in the waltz “Sueño de juventud”, mocking in comic tangos such as “Justo el 31” and “Chorra”, expressionist in “Soy un arlequín” and “Quién más quién menos”, passionate in “Confesión” and “Canción desesperada” and somewhat nostalgic and elegiac in “Uno” and “Cafetín de Buenos Aires”, both written together with Mariano Mores. He was not as prolific as Enrique Cadícamo, and a portion of his work lacks in interest. Undoubtedly, Discépolo's musical variety had to do with his interest in theater and cinema. His staging of Wunder Bar and his most known movies —Cuatro Corazones,En la Luz de una Estrella— made known several songs —some almost forgotten— which the director and actor wrote with his programmatic sense.Enrique Santos Discépolo was born in the neighborhood of Once, Buenos Aires, and died at his downtown apartment which he shared with Tania. His commitment with Peronism, made public through his brief and shocking participation in a controverted radio program, caused a troublesome distance between him and his old friends. Two years after his death, when the political trenches no longer needed him but several of his tangos kept on striking on the collective consciousness, Discépolo was remembered by the writer Nicolás Olivari on a remarkable article. There Olivari asserted that “Yira yira”'s author had been the bolt of Buenos Aires humorism, smeared with grease for anguish. In a way, that was a Discepolian definition.Sergio A. Pujol is historian and music critic. Among other books, he published Discépolo. Una Biografía Argentina (An Argentine biography) (Emecé, 1997).

Argentine Tango (Tango Argentino)
05 Enrique Santos Discepolo

Argentine Tango (Tango Argentino)

Play Episode Listen Later Mar 11, 2017 27:02


Philosophy in small coinsSome years before, in his essay Les Assassins de la Mémoire —an acute study on the neo-nazi revisionism in contemporary Europe—, the French writer Pierre Vidal-Naquet transcribed lyrics of “Cambalache”, the seminal tango by Enrique Santos Discépolo. A far-fetched quotation? Maybe a feature of exotism by an intellectual in search of oxygen out of the European culture environment? According to the author´s confession, he was acquainted with Discépolo´s work by way of some Latin American friends. And he decided to include him in a book not at all connected with tango. The image of a cambalache (second-hand shop) as scenery for insolent random, of a confusion of values and desacralization seemed to him most adequate to seal his denouncing text.That was not the first time which Discépolo´s work aroused interest in the field of thought. The Spaniard Camilo José Cela included him among his preferred popular poets and Ernesto Sábato had no doubt in identifying himself with the pessimistic philosophy of the one who wrote “Qué vachaché”: «True love got drowned in the soup». Several years before these recognitions, the lunfardo (slang) poets Dante Linyera and Carlos de la Púa defined Discépolo as an author with philosophy. Another writer from Buenos Aires, Julián Centeya, when reviewing one of his films, talked of «philosophy in small coins», and at the same time was risking an analogy —undoubtedly exaggerated— between Discépolo and... Charlie Chaplin.Unlike other popular creators who displayed their talent in an instinctive and somewhat naïve way to be later recognized as future exegetes, Discépolo was always conscious of his contribution. It could also be stated that all his artistic renderings were articulated by common sense, a certain Discepolian air or spirit which people immediately recognizes with affection and admiration as if his work —more than once defined as prophetic— should express the common sense of the Argentines. Discépolo´s singularity keeps on disquieting either in the tango universe or outside it. While most of his contemporaries are today strange to new generations, the man who wrote and composed “Cambalache” persists, is in force. Or to say it with one of his most loved images: he keeps on biting.Enrique grew up seeing theater guided by his brother Armando, the great playwright of the River Plate grotesque, and soon later he was attracted by popular arts. He arrived at tango after having tried with uneven success, play writing and acting. In 1917, he made his début as an actor, in the company of Roberto Casaux, a comic star of that time, and a year later he wrote together with a friend the play Los Duendes, mistreated by critics. He later improved his level with El Señor Cura (adaptation of a Maupassant´s story), Día Feriado, El Hombre Solo, Páselo Cabo and, especially, El Organito, fierce social painting sketched with his brother in the mid-20s. As an actor, Discépolo evolved from chorus member to a cast name, and his work in Mustafá, would be remembered, among many other renditions.Although the worlds of tango and theater were not divorced in the Argentina of Yrigoyen and Gardel, Discépolo´s decision to be an author of popular songs was resisted by his elder brother —Armando had been responsible for Enrique´s education after the early death of their parents—, and it cannot be said that things had been easy for the feeble and shy Discepolín. A mild familiar influence (Santo, his father, was a noted Neapolitan musician settled in Buenos Aires) may have been the first evidence towards the combined art of sound organization and lyrics, but the revelation was not immediate. On the contrary, either the anodyne “Bizcochito”, his first composition commissioned by the playwright Saldías, or the remarkable and revulsive “Qué vachaché”, published by Julio Korn in 1926 and premiered at a theater in Montevideo where it was noisily whistled, were a bad start or, at least, that was what people in Buenos Aires, used to appraise Manuel Romero's, Celedonio Flores' and Pascual Contursi's tangos, thought.The luck of the stubborn author changed in 1928 when, in a revue, the singer Azucena Maizani sang “Esta noche me emborracho”, a tango with Horatian touches (because of Horacio, author of Odes) and with an entirely River Plate subject: an old cabaret woman who was mercilessly treated by time. Days after its début, the lyrics of that tango were heard throughout the country. Argentine musicians on tour of Europe included it in their repertories, and in Alfonso XIII´s Spain, the composition achieved an enormous popularity. That was Discépolo birth in tango. That very year, the actress and singer Tita Merello returned to the previously critized “Qué vachaché” and drove it to the same stature of “Esta noche me emborracho”. Finally, 1928 would be the year of love for an intellectual full of uncertainties. Tania, a Spanish singer of cuplés settled in Buenos Aires, who would turn out to be an adequate interpreter of his tangos, was to accompany Discépolo until the end of his life.At a time when lyric writing and musical composition were clearly differentiated within the frame of cultural industries, Discépolo wrote lyrics and music, even though the latter was conceived with just two fingers on the piano keyboard, to be later committed to staff sheet by some friend musicians (generally Lalo Scalise). This twofold capacity allowed Discépolo to develop each tango as a perfect unit of lyrics and music. With an extremely sharp sense of rhythm and dramatic progression, with an impeccable melodic sense (Carlos de la Púa defined him as a Philharmonic Tom Thumb), Discépolo managed to make of his short and, most times, violent stories, an authentic River Plate human comedy. He set aside a big portion of the modernist influence which viciated other lyricists (Rubén Darío was the literary hero for hundred of Argentine poets, for many years) and translated to the minor format of song, certain predominant ideas of the age: theatrical grotesque, Croce´s idealism, Pirandellian estrangement...The profusion of ideas in each lyric found in the witty humor and in the lyricism of music, a certain balance, a sensory compensation, a way to tell things in and through tango. No other author would go so far.Of course, the fact that Carlos Gardel had recorded almost all his early tangos greatly helped to divulge and legitimate Discépolo as author and composer in a genre plenty of authors and composers. In this sense, Gardel´s rendition of “Yira yira” in October 1930 stands amongst the great numbers of Argentine music. The intensity of the recording, where there were not special theatrical resources and the singer avoided all unnecessary emphasis, is given by the immediacy of Gardel´s expression. There are no instrumental preambles to make the listener familiar with the material beyond a brief introduction by the guitarists who present the bridge with tremolos and phrasings in the low strings so typical of the period. The melodic line, with deceptive simplicity suddenly breaks in, with a force which excludes complaint.“Yira yira” was listened to and interpreted as a claim loaded with skepticism. The ridiculed militant in “Qué vachaché” comes back to assault, but this time he is backed by a profound material crisis. Now the conceited one, who resisted to believe that «true love got drowned in the soup», is taking the place of a cynical voice. The principles have been changed by reality. This is the triumph of disbelief but now without the cynicism —and even less the grotesque— of some years before. The character of “Yira yira” trusted the world but the world failed him. Such as in other Discépolo´s tangos, the lyrics tell us of a fall, a cruel sunrise: there is no more space for deceipt and fraud. (From this perspective, those who saw in Discépolo a moralist disappointed by modernity are not completely mistaken, but perhaps he is much more than that).The trend that begins with “Qué vachaché” and ripens in “Yira yira” is continued in the tangos “Qué sapa señor” and, in 1935, “Cambalache”. But this is not the only style of the compositional art of Discépolo. He was romantic in the waltz “Sueño de juventud”, mocking in comic tangos such as “Justo el 31” and “Chorra”, expressionist in “Soy un arlequín” and “Quién más quién menos”, passionate in “Confesión” and “Canción desesperada” and somewhat nostalgic and elegiac in “Uno” and “Cafetín de Buenos Aires”, both written together with Mariano Mores. He was not as prolific as Enrique Cadícamo, and a portion of his work lacks in interest. Undoubtedly, Discépolo's musical variety had to do with his interest in theater and cinema. His staging of Wunder Bar and his most known movies —Cuatro Corazones,En la Luz de una Estrella— made known several songs —some almost forgotten— which the director and actor wrote with his programmatic sense.Enrique Santos Discépolo was born in the neighborhood of Once, Buenos Aires, and died at his downtown apartment which he shared with Tania. His commitment with Peronism, made public through his brief and shocking participation in a controverted radio program, caused a troublesome distance between him and his old friends. Two years after his death, when the political trenches no longer needed him but several of his tangos kept on striking on the collective consciousness, Discépolo was remembered by the writer Nicolás Olivari on a remarkable article. There Olivari asserted that “Yira yira”'s author had been the bolt of Buenos Aires humorism, smeared with grease for anguish. In a way, that was a Discepolian definition.Sergio A. Pujol is historian and music critic. Among other books, he published Discépolo. Una Biografía Argentina (An Argentine biography) (Emecé, 1997).

Alors en fait
#31 Fables et Oedipe et ses mythes

Alors en fait

Play Episode Listen Later Nov 19, 2016 7:48


Nouvel épisode qui nous replonge dans quelques racines littéraires avec les fables de Jean Anouilh et Oedipe et ses mythes de Jean-Pierre Vernant et Pierre Vidal-Naquet

nouvel fables mythes jean anouilh oedipe jean pierre vernant pierre vidal naquet
OummaTV
Hommage à Pierre Vidal-Naquet

OummaTV

Play Episode Listen Later Nov 3, 2006 9:48


Au programme d’OummaTV, une intervention de François Gèze, PDG des éditions La Découverte qui rend hommage au grand historien Pierre Vidal-Naquet décédé le 29 juillet 2006. Rappelons également qu’une grande journée d’hommage à Pierre Vidal-Naquet aura lieu à la Bibliothèque nationale de France, le 10 novembre 2006. Pour plus d’informations : http://www.pierre-vidal-naquet.net