Chaque semaine, La marche du monde vous propose de découvrir l’histoire de nos sociétés contemporaines. Sur les cinq continents, nous recherchons des témoignages, mais aussi des archives radiophoniques et musicales, pour revivre les évènements et les mouvements qui éclairent l’actualité. En Afrique, en Asie, en Amérique, en Europe et au Proche-Orient, rafraîchissons-nous la mémoire et partageons notre histoire ! *** Diffusions le dimanche à 00h10 TU et à 15h10 TU vers toutes cibles.
Musicien de père en fils, rappeur et producteur, Yewhe Yeton a le gout de l'archive. Passionné par l'histoire musicale du Bénin dont il collectionne les rythmes hérités de la tradition, il nous révèle le sens caché des chants du Dahomey enregistrés en 1931 lors de l'exposition coloniale. Nous sommes à Abomey Calavi, à la périphérie de Cotonou, capitale économique du Bénin. Fils de chanteur, petit-fils de chanteur, chanteur lui-même, Yewhe est venu interroger son héritage familial. Son père lui raconte en langue gun-gbé comment son grand-père a séduit sa grand-mère en évinçant tous ses prétendants : « Il était le chanteur vedette du groupe musical du village ! » Évoquant sa personnalité éloquente et militante, le père et le fils discutent du sens des paroles des chansons au fur et à mesure que je les enregistre. Témoignage de la culture religieuse vodoun, mais aussi critique sociale du pouvoir des puissants.Son goût de l'archive, il nous révèle à l'instar des chants dahoméens découverts par Cécile Van Den Avenne, enregistrés lors de l'exposition coloniale de Paris en 1931. Qui sont les chanteurs enregistrés, que chantent-ils et d'où viennent les rythmes joués ? Autant de révélations remises en circulation par Yewhe Yeton dans ses boucles musicales où un tirailleur dahoméen nommé Hounsou fait face aux blancs qui ne le comprennent pas, en leur chantant : « Mède Mi Wá. Nous ne sommes pas des prisonniers, nous aussi sommes des hommes ».À écouter aussiFinaliste Prix Découvertes RFI 2025 : le rappeur béninois Yewhe Yeton► Un documentaire de Valérie Nivelon avec l'artiste Yewhe Yeton et la chercheuse Cécile Van Den Avenne.Cécile Van Den Avenne, directrice d'études de l'EHESS. Institut des mondes africains - IMAF, Campus EHESS Marseille, CeRCLEs - Centre de recherche sur les circulations, les liens et les échanges. Chaire : Pratiques langagières. Afrique-Europe (XIXe-XXIe siècle)► Découvrir sa page de rechercheFinaliste du prix Découverte RFI 2025, Yewhe Yeton nous présente son album Loko :Un album entre mémoire collective et vibrations intimesLoko est une cartographie sonore et intellectuelle, un espace où se croisent les aspirations d'un artiste et les résonances d'un peuple. Yewhe Yeton y explore le passé pour mieux s'inscrire dans l'avenir. Il y affirme avec force une identité plurielle, hybride et insoumise. En mêlant technicité, engagement et profondeur esthétique, il signe une œuvre inaugurale d'une densité interpellante, qui pose les bases d'un parcours musical prometteur. Quels sont les atouts qui font de cet album une œuvre évocatrice et pérenne ?L'orchestration musicale comme matrice identitaireDès les premières mesures de Loko, Yewhe Yeton annonce la couleur : un projet hybride, à la croisée des esthétiques, où les polyphonies africaines se déploient avec une subtile virtuosité et tissent un canevas sonore à la fois ancestral et résolument moderne. Il fait de la fusion musicale une déclaration d'intention : rythmes traditionnels, hip-hop et éclats de rock s'entrelacent dans une alchimie ténue, entraînante, donnant naissance à une imagerie afro-métissée, expressive et méticuleuse. Entre polyphonie et polyrythmies, ce patchwork esthétique se veut être la résultante fusionnelle des chœurs africains dans leur déploiement de masse qui se fait continuité de l'état d'esprit culturel de la consolidation par le lien collectif. En cela, chaque chanson se construit comme une mosaïque, une superposition minutieuse de textures sonores qui illustrent la complexité des héritages culturels que l'artiste porte et réinterprète.Le message comme mission d'émancipationAu-delà de la performance musicale, Loko est un manifeste. Les dix titres de l'album résonnent comme un appel à l'autodétermination, une profession de foi inscrite dans le respect des valeurs communautaires ancestrales. Yewhe Yeton inscrit son art dans une tradition orale de transmission de valeurs, à se réapproprier et à réinvestir. Afin de faire de chaque vers ponctué, accentué, cadencé, scandé une passerelle de sens entre les vertus du passé et les urgences de l'avenir. De fait, son propos se porte notamment sur les enjeux de la vie et la nécessité de s'accomplir avec prudence, sur des clés-pratiques du vivre-social, sur la cosmogonie locale, autant que sur les ambiguïtés humaines que l'on peut rencontrer.C'est aussi un album dans lequel Yewhe Yéton se plaît à se raconter, comme dans un processus.Les refrains comme portail vers l'intemporelLes refrains de Yewhe Yeton dégagent un paradoxe fascinant. Ils installent une impression de transcendance, tout en touchant à une forme d'insaisissable. À travers eux, l'artiste convoque une mémoire sensorielle partagée, un relent d'anciennes litanies qui viennent se mêler à la modernité de sa proposition musicale. Cette tension entre ancrage et dépassement donne à l'album une résonance particulière, une capacité à faire vibrer quelque chose de profondément enfoui en l'auditeur. Cette familiarité est combinée à la sensation de toucher à une altérité, à une antériorité qui nous dépasse, qui est profondément ancrée en nous. Dans ce sens, les refrains de Yewhe Yéton parviennent ainsi à créer un paradoxe émotionnel, où le connu et l'inconnu se mêlent pour produire un effet puissant et marquant. Ils opèrent comme des incantations modernes, où la répétition et la mélodie deviennent des vecteurs d'une puissance évocatrice inédite. Cette liaison – entre immédiateté et profondeur mystique – confère à Loko une charge émotionnelle qui pourrait garantir aux œuvres de Yewhe Yéton des statuts de classiques en devenir.La langue fon comme laboratoire sonore et anthropologiqueLe choix du fongbé semble soigné et réfléchi. En plus d'être médium linguistique et marqueur identitaire, il devient un véritable terrain de recherche. Yewhe Yeton joue avec la musicalité intrinsèque de la langue, explore ses aspérités rythmiques, sa plasticité poétique. Son travail sur l'assonance et l'allitération forge un phrasé percussif qui s'imprime dans l'oreille. Ce choix linguistique participe de la volonté d'ancrer Loko dans une continuité patrimoniale, d'autant qu'il choisit d'explorer un fon qui n'est pas usuel pour s'approprier celui qui appartient au registre de langue soutenu, énigmatique, codifié. En l'abordant ainsi, le rappeur dépoussière par une modernité audacieuse. Il en fait le terreau d'une recherche musicale et anthropologique. À travers ce fon quasi-élitiste, il interroge les structures de la pensée, les subtilités de la transmission orale et les sonorités.► Lien d'écoute sur Sound Cloud
Dans « Mille histoires diraient la mienne », Malika Rahal revisite à la première personne son chemin de vie. Un récit émancipateur, en toute impudeur, où sont convoqués celles et ceux qui ont fait ce qu'elle est devenue : une historienne du temps présent. Sur ce chemin reparcouru, on croise Malika enfant et sa famille improbable, on croise Malika étudiante et ses chers professeurs Pierre Vidal Naquet et Benjamin Stora, on croise Malika en écriture de ses livres, l'enquête sur l'assassinat de l'avocat Ali Boumendjel et l'histoire populaire de l'indépendance de l'Algérie en 62, et on croise aussi Malika en Algérie à la recherche des familles des disparus de la guerre coloniale. Des émotions, des réflexions, des interrogations et des chansons pour comprendre comment Malika Rahal est devenue historienne de l'Algérie !Livres :Mille Histoires diraient la mienne, aux éditions EHESSAlgérie 1962 - Malika Rahal - Éditions La DécouverteMalika Rahal, historienne, chargée de recherche au CNRS, est spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Algérie. Elle dirige, depuis 2022, l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP). Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages, notamment d'une biographie d'Ali Boumendjel, avocat et militant nationaliste assassiné en 1957 (Belles Lettres, 2011 ; réed. poche : La Découverte, 2022) et d'Algérie 1962. Une histoire populaire (La Découverte, 2022).Ali Boumendjel : Une affaire française, une histoire algérienne. Sites internet : - Le site de Malika Rahal et Fabrice Riceputi sur les enlevés, détenus clandestinement, torturés et parfois assassinés par l'armée française en Algérie - Le site de Benjamin Stora- Le site de Mohamed Rebah, rescapé de la bataille d'Alger, historien. Programmation musicale :- Cheb Khaled / Bakhta- Robert Johnson / Terraplane blues- Hachemedi Guerouabi / Houz Malta.
« La première chose que l'indigène apprend, c'est de rester à sa place, à ne pas dépasser les limites. C'est pourquoi les rêves de l'indigène sont des rêves musculaires, des rêves d'actions, des rêves agressifs.» Ainsi écrit Frantz Fanon dans Les damnés de la terre. Fanon l'Antillais, Fanon l'Algérien, Fanon l'Africain, chacun de ses masques raconte comment s'est forgée la pensée du psychiatre, en évolution permanente. Car avant d'être un révolutionnaire, Fanon était un thérapeute, et sa réflexion sur la société coloniale a pris forme dans l'enfermement. Dans les hôpitaux, dans les asiles, mais aussi dans ce qu'il considère être la prison de la race.Avec Adam Shatz, pour sa biographie « Frantz Fanon, une vie en révolutions », parue aux éditions La Découverte. Au son des archives sonores et musicales de l'INA et de RFI.Émission initialement diffusée le 31 mars 2024.
Tandis que le monde célébrait la fin de la Seconde Guerre mondiale, combien d'Algériens, qui avaient pourtant combattu pour la France, ont été massacrés à Sétif, Guelma et Kherrata ? Mais que s'est-il réellement passé ce jour-là alors que le général de Gaulle venait à peine d'annoncer la capitulation de l'Allemagne nazie à la radio ? De quelle façon les nationalistes algériens se sont-ils manifestés dans les rues ? Et pour quelles raisons les autorités coloniales ont-elles déclenché des représailles sanglantes dans toute la colonie, dont les victimes s'élèvent à plusieurs dizaines de milliers de morts ? Avec Olivier Le Cour Grandmaison, politiste et blogueur, auteur de Racismes d'État, États racistes aux éditions Amsterdam, Coloniser. Exterminer aux éditions Fayard. ► BlogEt Alain Ruscio, historien, auteur de La première guerre d'Algérie aux éditions La Découverte, Nostalgérie aux éditions La Découverte. À écouter aussiMassacres du 8 mai 1945 en Algérie: «Cette histoire demeure très peu enseignée»Remerciements Maylis Bouffartigue, coordinatrice du festival Histoire(s) de se rencontrer M'hamed Kaki, metteur en scène de la pièce L'autre 8 mai 1945, je me souviens Marie-Myriam Lagny et Leila Khaly, comédiennes Abed Abidat, photographe et auteur du livre : 8 mai 1945 – Tragédie dans le Constantinois Sétif, Guelma, KherrataÀ lire aussiAlgérie : l'autre 8 mai 1945 et les impasses de la mémoire
Comment Hitler et les nazis sont-ils arrivés au pouvoir en 1933 ? Était-ce inéluctable ? Pourquoi Hitler a-t-il été nommé chancelier alors que son discours était anti-démocratique, inégalitaire et haineux à l'égard des juifs ? Était-ce inéluctable ? Qui sont « les irresponsables » qui ont porté Hitler au pouvoir ? C'est le titre de l'enquête historique de Johann Chapoutot menée dans les archives des années 20 et 30 en Allemagne qui reconstitue minutieusement les rôles joués par le président Hindenburg, son entourage et le chancelier Von Papen. L'un des plus grands spécialistes du nazisme fait rimer le mot histoire avec le mot espoir en démontrant qu'un autre scénario aurait pu aboutir, épargnant au monde l'horreur de la Shoah et de la Deuxième Guerre mondiale.Quelle langue parlaient les nazis et comment la décrypter ? C'est toute la réflexion menée par Olivier Mannoni, traducteur de l'édition critique du livre Mein Kampf intitulé Historiciser le mal aux éditions Fayard.Comment cette violence des mots s'est-elle traduite en actes ? C'est ce que nous dit Ulrich Baumann, directeur adjoint et scientifique du Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe à Berlin.Dans cet épisode, nous remettons en question les idées reçues selon lesquelles Hitler serait arrivé au pouvoir par les urnes dans une république de Weimar qui se serait suicidée.C'est tout le contraire, nous dit Johann Chapoutot dans son enquête historique Les irresponsables parue aux éditions Gallimard.« Cette histoire se déroule en Allemagne, entre mars 1930 et janvier 1933. Elle repose sur une lecture des archives politiques, des journaux intimes, correspondances, discours, articles de presse et mémoires des acteurs et témoins majeurs. Elle révèle non pas la progression irrésistible de la marée brune, mais une stratégie pour capter son énergie au profit d'un libéralisme autoritaire, imbu de lui-même, dilettante et, in fine, parfaitement irresponsable. »À lire aussiLa propagande nazie au quotidien: appauvrir la langue pour contrôler la pensée
De 1975 à 1979, les Khmers rouges ont exterminé deux millions de femmes, d'hommes et d'enfants. Mais 50 ans après, qui s'en souvient ? Prétextant un futur bombardement américain, les Khmers rouges ordonnent d'évacuer Phnom Penh lorsqu'ils entrent dans la capitale du Cambodge le 17 Avril 1975. En réalité, la ville est vidée, et sa population déportée vers les campagnes devenues camps de travail et de rééducation. C'est le début du génocide cambodgien dans le nouveau Kampuchéa Démocratique où les mots de la langue khmère sont revus et corrigés. Kamtech ne signifie plus seulement tuer, mais détruire ou réduire en poussière sans laisser de trace.Alors comment faire pour se souvenir du passé et apaiser les morts ? Avec le témoignage du cinéaste Rithy Panh dont les films sont projetés dans le cycle « Qui se souvient du génocide cambodgien ? » au Forum des images à Paris.« Qui se souvient du génocide cambodgien ? » : la bande annonce.Et la participation de :- Soko Phay, professeure en Histoire et théorie de l'art à l'Université Paris 8, dont le livre, Cambodge, l'art devant l'extrême est à paraître aux éditions Naïma.Au Cambodge, environ deux millions de personnes – soit près du quart de la population – ont péri entre 1975 et 1979, à la suite de déportations, de meurtres de masse et de famines. Face au génocide perpétré par les Khmers rouges, l'art est un défi que les artistes doivent surmonter. Rithy Panh, Vann Nath, Séra, Svay Sareth ou encore, dans la seconde génération, Davy Chou, Vandy Rattana, Guillaume Suon, Jenny Teng n'ont eu de cesse de faire œuvre de mémoire, pour s'élever contre le déni et l'effacement des morts sans sépulture.Cinquante ans après le début des massacres dans son pays, Soko Phay revisite les relations entre le témoignage et la fiction et montre comment les œuvres mémorielles donnent à penser les séquelles profondes au sein de la société cambodgienne. La création, par ses ressources symboliques, permet de dévoiler ce qui a été dérobé au regard, tout en assurant le travail de transmission des événements non-inscrits dans l'histoire officielle.- Jean-Baptiste Phou, écrivain, metteur en scène, auteur du livre « 80 mots du Cambodge », à L'asiathèque. 80 mots qui sont autant d'histoires qui racontent le Cambodge et qui, en plus des racines des mots et de leur résonance dans le coeur des femmes et des hommes qui les utilisent, évoquent le lien particulier qu'entretient l'auteur avec le Cambodge, ses habitants et leur langue. La famille de Jean-Baptiste Phou est d'origine chinoise de l'ethnie Teochew, et a émigré au Cambodge. Les attaches chinoises de la mère restent fortes et Jean-Baptiste, qui a choisi de pratiquer la danse khmère et de s'installer au Cambodge, s'attache à approfondir les traditions du pays auquel il a décidé d'appartenir et en même temps nous fait part des difficultés qu'il rencontre pour comprendre le mode de vie et les réactions des gens et pour s'acclimater et s'insérer. Les mots sont souvent choisis en référence à son histoire personnelle. - Anne-Laure Porée, journaliste, anthropologue, pour son livre « La langue de l'Angkar, leçons khmères rouges d'anéantissement », aux éditions La Découverte. Comment bien torturer pour réussir un interrogatoire en bon révolutionnaire ? Comment présenter un dossier d'aveux qui satisfasse les dirigeants ? Voilà ce qu'enseigne Duch, le chef khmer rouge du centre de mise à mort S-21, aux interrogateurs qu'il forme de 1975 à 1978 à Phnom Penh. Ses leçons, qui dictent comment penser et agir au service du Parti communiste du Kampuchéa, ont été consignées avec soin dans un cahier noir à petits carreaux d'une cinquantaine de pages.Anne-Laure Porée décrypte ce document capital, plongeant le lecteur dans le quotidien des génocidaires cambodgiens. Elle identifie trois mots d'ordre au service de l'anéantissement : cultiver – la volonté révolutionnaire, l'esprit guerrier et la chasse aux « ennemis » –, trier – les « ennemis » à travers diverses méthodes, de la rédaction d'une biographie sommaire à la torture physique, en passant par la réécriture de l'histoire – et purifier – les révolutionnaires comme le corps social.Ces notions reflètent la politique meurtrière orchestrée par le régime de Pol Pot, au pouvoir à partir du 17 avril 1975, qui, en moins de quatre ans, a conduit un quart de la population cambodgienne à la mort. En prenant les Khmers rouges au(x) mot(s), La Langue de l'Angkar rend plus sensibles la logique organisatrice et les singularités d'un régime longtemps resté en marge des études sur les génocides.« En partenariat avec RFI, le numéro hors-série Historia retrace toute l'histoire du Cambodge, des rois bâtisseurs d'Angkor au régime de terreur de Pol Pot, en passant par le protectorat français et la déclaration d'indépendance.Pour en savoir plus : Cambodge : de la grandeur d'Angkor à la terreur khmère rouge ».
De quoi la Mission Dakar-Djibouti est-elle le nom ? Partie de France le 19 mai 1931 pour traverser d'est en ouest le continent pendant presque deux ans, la mission menée par Marcel Griaule, jeune ethnologue de 33 ans, est un périple transafricain d'exploration scientifique doublé d'une vitrine médiatique dont l'objectif est d'« archiver dans l'urgence les cultures africaines en voie de disparition ». Résultat des courses : une collection de 3 600 objets, 6 000 spécimens zoologiques ou botaniques et 370 manuscrits éthiopiens dont le Musée du Quai Branly décide un siècle plus tard d'interroger la provenance. Autrement dit : ont-ils été offerts, achetés ou volés ? Si le secrétaire archiviste de la Mission Michel Leiris a décrit précisément les méthodes de collecte dans son livre journal de bord, L'Afrique fantôme, son récit invisibilise néanmoins totalement la multitude d'africaines et d'africains indispensables à la réalisation de la mission. Une Afrique fantôme, c'est le titre de son récit qu'il s'agit de réincarner à partir d'une contre-enquête initiée par le Musée du Quai Branly. Son principe ? Retourner sur le terrain africain de la Mission Dakar-Djibouti pour interroger la mémoire des lieux et de ses habitants afin d'établir la réalité des faits et la fonction des objets. Une contre-enquête avec les premiers concernés interrogés par six chercheurs africains dont les pays ont été traversés par la mission : le Bénin, le Cameroun, l'Éthiopie, le Mali, le Sénégal et bien-sûr Djibouti.Mais la Mission Dakar-Djibouti contre-enquêtes propose-t-elle un contre-récit ? C'est toute la question !► Avec la participation de : Gaëlle Beaujean, Commissaire générale de l'exposition Dakar-Djibouti Contre-enquêtes et responsable de Collections Afrique au Musée du quai Branly Mame Magatte Sène Thiaw, Historienne et cheffe du service médiation Culturelle au Musée des Civilisations noire de Dakar Didier Houénoudé, Professeur à l'Université d'Abomey-Calavi au Bénin Eric Jolly, directeur de recherche au CNRS et directeur de l'ouvrage qui accompagne l'exposition Emmanuel Kasarhérou, Président du Musée du Quai Branly Jacques Chirac
À l'heure du retour de la guerre, « il faut relancer le projet d'une armée européenne et en débattre » nous dit l'ancien officier français et chroniqueur de guerre Guillaume Ancel tandis que l'historien spécialiste de la Première Guerre mondiale et des violences extrêmes Stéphane Audoin-Rouzeau s'approche toujours plus près de l'expérience combattante à travers les objets de l'Historial de Péronne… Une approche intelligente et sensible de la guerre ou bien une banalisation du fait guerrier ? En 1951, quelques années à peine après la Seconde Guerre mondiale… celles et ceux qui ont survécu à l'horreur des combats, aux bombardements massifs, à la déportation et aux camps d'extermination nazis aspirent profondément à la paix. Il faut s'unir pour construire une Europe économique, mais aussi une Europe de la défense, plaide la France en proposant un traité.Ce même traité, ratifié par la République fédérale d'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, institue la Communauté européenne de défense, mais il est finalement rejeté au Parlement par les députés français le 30 août 1954. Plus de 70 ans après, la question de la défense de l'Europe est plus que jamais d'actualité.À lire : Petites leçons sur la guerre de Guillaume Ancel aux éditions Autrement Les armes et la chair de Stéphane Audoin-Rouzeau aux éditions Armand ColinÀ découvrir : Le blog de Guillaume Ancel : Ne pas subir L'Historial de la Grande Guerre Pour aller plus loin : Guillaume Ancel, rompre le silence Guillaume Ancel, écrire pour ne pas subir Sortir du confinement, sortir de la guerre ?
Plus de 30 ans après le génocide des Tutsi, nous vous proposons de découvrir l'itinéraire d'une rescapée, Émilienne Mukansoro, l'une des initiatrices des premiers groupes de parole dédiés aux femmes victimes de viols et de mutilations pendant les trois mois des massacres, en avril, mai et juin 1994. Formée auprès du professeur Naason Minyandamutsa, psychothérapeute pionnier du Rwanda, elle poursuit son œuvre en créant les premiers groupes de parole dédiés aux bourreaux. À écouter aussiDocumenter le génocide des tutsi du Rwanda À écouter aussiRwanda: face au génocide, dans les archives d'Ibuka À écouter aussiAu tribunal, face au génocide des tutsi
Détruite le 7 juillet 1944 des suites de l'opération Charnwood menée par les troupes alliées, la nouvelle université de Caen est inaugurée en juin 1957. Un cortège d'universitaires étrangers défile pour l'occasion dans la ville, et ce sont près de 4 000 étudiants qui investissent les nouveaux locaux. Cette démonstration de solidarité internationale en dit long sur la volonté de construire la paix par l'éducation et la culture dans les années d'après-guerre. Massivement bombardée par l'aviation alliée, la ville de Caen a été partiellement détruite pour permettre la reconquête du territoire français occupé par les Allemands. Près de 20 000 civils ont péri lors de bombardements aériens ou d'artillerie. Un lourd tribu payé par les Français pour leur libération. Le 9 Octobre 1944, c'est le retour de la France libre, incarnée par un certain Général De Gaulle, dont on connaît la voix grâce à la BBC mais dont personne ne connait encore le visage, lorsqu'il vient prononcer son discours dans la ville de Caen libérée. Toutes sortes d'initiatives solidaires voient alors le jour. La radio nationale française lance une grande campagne de soutien pour soutenir les survivants du village d'Epron, symbole du martyr des Normands, où les 225 habitants ont été pilonnés par 200 000 obus. Le Ministère de la Reconstruction et du Logement se mobilise pour édifier de nouveaux immeubles, modernes, lumineux et aérés. En ce qui concerne l'Université, fondée en 1432 par Jean de Lancastre, 1er duc de Bedford et régent du royaume de France alors que la région était anglaise, elle a été totalement détruite par les bombardements alliés. Dans les années 50, sa reconstruction est confiée à l'architecte Henry Bernard, grand prix de Rome. Pour la première fois en France, l'Université est conçue comme un campus, un espace paysager au cœur duquel étudiants, enseignants et habitants se rencontrent et bénéficient d'un jardin, d'une piscine, d'un cinéma et d'une bibliothèque dirigée par Madeleine Dupasquier qui œuvre vaillamment à reconstituer et enrichir le fonds des livres et revues. Le mobilier de l'Université est signé par le designer Jacques Quinet et l'artiste Louis Leygue crée la sculpture emblématique de la renaissance de l'Université et de la ville : un Phénix !Un épisode de La marche du monde enregistré à l'occasion des journées de l'Histoire du millénaire de Caen. Avec la participation de- Louise Daguet, responsable du Département des ressources documentaires de l'Université et de la bibliothèque- Jean-Luc Leleu, historien au CNRS et enseignant chercheur à l'école de guerre à Paris- Christophe Manoeuvrier, directeur de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines Sources bibliographiques :- Histoire de l'Université de Caen, 1432-2012 par Jean Quellien et Dominique Toulorge aux Presses universitaires de Caen- L'histoire de l'Université de Caen- Le débarquement de l'évènement à l'épopée sous la direction de Jean-Luc Leleu aux Presses Universitaires de Rennes - L'Université de Caen dans la cité, 1944-1957 Par Bertrand Hamelin. Programmation musicale :- Nat King Cole / Nature Boy / Capital records / 1947- Pierre Dieuzey et son orchestra, écoutez ce morceau Little Lawrence, tribute to Jelly Roll Morton interprété lors de l'un des tout premiers bals des étudiants de l'Université de Caen à la fin des années 50. En images
«En Amérique, nous sommes là depuis 3 siècles, rejetés dans le ghetto, mais nous sommes Américains !» revendiquait l'écrivain Richard Wright. Être des Américaines et des Américains comme les autres, est une aspiration partagée par toutes celles et ceux qui ont répondu à l'enquête historique menée par les deux sociologues africains américains St. Clair Drake et Horace R. Cayton dans les quartiers de Black Metropolis, au cœur du ghetto de la ville de Chicago. Une enquête devenue un classique de la socio-anthropologie urbaine, publiée aux États-Unis en 1945 et enfin disponible en français. Mais que raconte Black Metropolis de la réalité quotidienne des migrants noirs arrivés dans ce bastion industriel du nord ? Comment sont-ils venus alors qu'ils fuyaient le racisme officiel des États du sud ? Comment ont-ils survécu et lutté pour leurs droits dans le ghetto urbain de Chicago ? Et comment ont-ils organisé leur vie sociale et culturelle au rythme du blues de Chicago, genre musical qu'ils ont inventé ? Autant de questions à évoquer avec nos invitées Anne Raulin et Danièle Joly, directrices de la traduction en français de Black Metropolis, une ville dans la ville, Chicago, 1914-1945.À lire : Black Metropolis, une ville dans la ville, Chicago, 1914-1945, aux éditions de la MSH dans la collection Amérique(s).Une traduction dirigée par Anne Raulin, professeure émérite en Anthropologie à l'Université Paris Nanterre et spécialiste des minorités urbaines et des dynamiques mémorielles et Danièle Joly, sociologue, professeure émérite à l'Université de Warwick et spécialiste des questions d'intégration, de discrimination et d'asile en Europe. Playlist : Duke Ellington, Caravan Mahalia Jackson, Precious Lord take my hand Jelly Roll Morton, Winin'boy blues Robert Johnson, Sweet home Chicago. Pour aller plus loin :À écouter aussi«Chicago - Juillet 1919, les premières émeutes raciales» Black Lives Matter, l'affaire Emmett Till
« Par quel bout la prendre, cette histoire que l'on ne comprend pas ? Qu'est-ce que le franc CFA ? Et c'est quoi la monnaie ? ». On ne nous avait jamais raconté l'histoire du CFA comme ça ! Grâce à Katy Léna Ndiaye, réalisatrice du documentaire « L'argent et la liberté, une histoire du franc CFA » et Maboula Soumahoro, autrice de « Le triangle et l'hexagone, réflexions sur une identité noire », aux éditions La Découverte, nous remontons le fil de cette longue histoire commune au son des extraits du film de la cinéaste sénégalaise. Comment et pourquoi l'histoire du franc CFA est-elle au cœur de l'histoire de l'Afrique contemporaine et de sa relation avec la France, en quoi vient-elle questionner l'identité africaine francophone ? Une invitation à accepter « le dur labeur de contester le savoir acquis », selon l'économiste Martial Ze Belinga !Émission initialement diffusée le 20 septembre 2024. À voir : L'argent, la liberté, une histoire du franc CFA (2022) 102'.Une projection en présence de Katy Léna Ndiaye est programmée au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, le samedi 28 septembre 2024 à 17h. Synopsis FR1960 amorce la fin des empires sur le continent africain. La France disparait de la carte, laissant derrière elle le Franc CFA, une création coloniale, qui est le nom de la monnaie qui circule toujours dans la quasi-totalité de ses anciens territoires. Pourquoi ces États recouvrant leur indépendance n'ont-ils jamais dénoncé cet héritage singulier ?Visionnez la bande annonce.
Transmettre l'art contemporain aux enfants, offrir aux artistes la possibilité de créer sur le continent africain, c'est l'histoire pionnière incarnée par Marie-Cécile Zinsou et toute l'équipe de la Fondation devenue Musée à Ouidah au Bénin. L'amazone de l'art a été la première à exposer Romuald Hazoumé ou Cyprien Tokoudagba inconnus dans leur propre pays, la première aussi à montrer les œuvres d'artistes internationaux comme Jean-Michel Basquiat ou Joël Andrianomarisoa. Et c'est justement avec Joël Andrianomarisoa, son complice de toujours, que l'exposition Promesse célèbre 20 ans d'engagement et de restitution. Restitution des trésors royaux du Dahomey mais surtout restitution de l'histoire et de l'identité des Béninois, sans faire abstraction de leurs émotions. Esprit libre, Marie-Cécile Zinsou reste fidèle à la promesse faite à son grand-oncle le Président Zinsou : Changer le monde ! À découvrir :- Le site de la Fondation- L'histoire de la Fondation- L'exposition Promesse pour les 20 ans de la Fondation- Les publications de la Fondation- Le studio Joël Andrianomarisoa Album de famille de la Fondation (Diaporama)Du fond du cœur, je remercie toutes les équipes de la Fondation Zinsou :Marie-Cécile Zinsou, présidente ; Halima Moumouni-Jeanjean, directrice générale ; Choubine Houngbo, responsable production ; Josué Agbo, adjoint technique ; Laura Fagbohoun, manager cafétéria-boutique et Claude Akotome, responsable site Ouidah sans oublier toute l'équipe des guides culturels du Lab de Cotonou et du Musée de Ouidah.Je tiens également à remercier l'artiste Joël Andrianomarisoa pour avoir accepté ma présence pendant l'accrochage de son exposition, et toute son équipe du studio Joël Andrianomarisoa.Spéciale dédicace à Sophie Douay, directrice de l'association Contemporary A, responsable de la médiation culturelle, commissariat, éditions, gestion de la collection de la Fondation Zinsou.Sans oublier tous les artistes rencontrés sans lesquels je n'aurais pu réaliser ce documentaire : Ishola AkpoJérémy Demester ou l'oeuvre de Cyprien Tokoudagba. Pour aller plus loin, le podcast.Le podcast « Le mystère du 27è trésor », signé Pierre Firtion, revient sur le trésor qui manque à l'appel quand la France restitue au Bénin le 10 Novembre 2021, 26 œuvres pillées dans les palais royaux d'Abomey par le colonel Dodds en 1892. La mémoire de cet objet manquant, un tabouret sacré qu'on appelle « kataklé », s'est en fait perdue au fil des années. L'historienne de l'art Marie-Cécile Zinsou est à l'origine de cette découverte.
« Mon pied, ton pied », « L'œil de ma rivale », « Alphabet », « Fleurs de mariage », autant de dénominations qui correspondent à des motifs de wax, tissu emblématique du continent africain. Le wax est un coton imprimé sur les deux faces grâce à l'usage de la cire qui se dit justement « wax » en anglais ! Mais connaissez-vous l'histoire longue de ce tissu inspiré par le batik indonésien de l'île de Java dont les motifs et les couleurs ont traversé les frontières et les siècles ? Émerveillés par sa finesse et sa qualité, les marchands néerlandais qui découvrent le batik à la fin du XIXè siècle veulent industrialiser son processus de fabrication pour inonder le marché indonésien… sans succès. Ce seront dans les cours royales du Royaumes de Bénin, l'actuel Nigeria ou du Dahomey, l'actuel Bénin, que les élites africaines se montreront sensibles à ces nouveaux tissus venus d'Indonésie. Africanisés par les marchands européens, puis commercialisés et popularisés par les revendeuses africaines, le wax va devenir un tissu très prisé par les femmes et les hommes du continent au tournant des indépendances. Incarné par l'épopée économique et politique des nana benz (nana signifie maman en langue fongbé), le succès du wax hollandais en Afrique va exploser dans les années 60. Marqueur colonial pour les uns, marqueur de l'identité africaine pour les autres, l'histoire de ce tissu fabriqué par les Blancs et porté par les Noirs est paradoxale !Avec Manuel Martin, Historien des arts africains et anthropologue, Soloba Diakité, historienne de l'art, Dalé Hélène Labitey, docteure en droit et Soalinane Thérèse Tchintchan, historienne.À voir si vous êtes de passage à Paris : l'exposition Wax.Playlist du jour :- Ozane avec David Tayorault : Ton pied mon pied 2022- Beyoncé et ses invités : Brown skin Girl 2019. Pour aller plus loin :La marche du monde sur RFI : Portrait de Lomé des nana benz aux yéyés. À lire :- «Wax Stories, histoires de pagnes», publié par la Fondation Zinsou- «Wax paradoxe», de Justine Sow.
Encouragé par le prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, Thierry Michel décide de reprendre sa caméra pour documenter les deux guerres du Congo dont il a déjà croisé de nombreuses victimes. Dans son dernier film « L'Empire du silence », il relaie le plaidoyer du Docteur Mukwege et donne la parole aux témoins des massacres en RDC. Des preuves par l'image, suite au rapport Mapping, publié par les Nations unies en 2010, où sont répertoriés 617 cas graves de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre entre 1993 et 2003.Sources sonores :- Discours du prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, Oslo, 10 décembre 2018- Entretien avec Thierry Michel et extraits de son film « L'Empire du silence ». Découvrez le site.Émission initialement diffusée en 2023. À lire :- Le rapport mapping des Nations unies- Congo. Une histoire de David Van Reybrouck aux éditions Actes Sud. Les dossiers d'Amnesty International :- RDC : la justice et les libertés en état de siège au Nord Kivu et en Ituri.- Lien vers les pages consacrées à la RDC sur le site d'Amnesty.
Connaissez-vous le maloya ? Expression musicale poétique et poétique née sur le sol de La Réunion, et nulle part ailleurs. Mais que nous racontent ces femmes et ces hommes qui l'ont chanté sur un sol où ils ont été déplacés de force pendant la traite négrière puis colonisés ? Réponse dans notre nouvel épisode documentaire Le Maloya, l'esprit créole de la Réunion, à travers ses chants, sa langue et sa musique. Avec par ordre d'apparition les réunionnais Françoise Vergès, politologue, Fanie Précourt, ethnomusicologue, Danyel Waro et Anne O'Aro, chanteurs de maloya. Et les voix de Firmin Viry, Gran Moun Bébé et Paul Vergès... des archives rares.Un documentaire de La marche du monde proposé par Valérie Nivelon, Sophie Janin et Nadia Genet avec :► Françoise Verges, politologue, écrivaine et militante réunionnaise· Le Ventre des femmes : capitalisme, racialisation, féminisme, Paris, Éditions Albin Michel, coll. « Bibliothèque Idées », mars 2017· Un féminisme décolonial, La Fabrique éditions, 208 p., février 2019· Une théorie féministe de la violence — Pour une politique antiraciste de la protection, La Fabrique éditions, novembre 2020► Fanie Précourt, ethnomusicologue réunionnaise, chargée de la mission patrimoine du Pôle Régional des Musiques Actuelles de La Réunion, responsable du label Takamba et de la Phonothèque Historique de l'Océan Indien.► Danyel Waro, musicien et poète réunionnais, fabricant d'instruments et infatigable militant de la cause créole, un artiste de référence sur la scène des musiques du monde. Découvrez sa biographie sur le site de RFI.► Ann O'Aro, chanteuse réunionnaise de maloya, auteure, compositrice, interprète.
Marilyn, De Gaulle, Dalida ou Pétain, l'IRCAM et l'équipe de Nicolas Obin savent redonner voix aux personnages du passé et réalisent l'un de nos plus vieux fantasmes ! Mais comment procède l'IRCAM et quelle est la limite entre recréation et falsification ? Est-ce que l'IA est un outil au service de l'Histoire ou de sa réécriture ? À l'écoute de nos archives et de leur recréation IA, nous recevons en direct : Nicolas Obin, maître de conférences à Sorbonne Université et chercheur dans l'équipe analyse et synthèse des sons au sein du Laboratoire Sciences et Technologies de la Musique et du Son (Ircam, CNRS, Sorbonne Université) pour ses recréations de voix Tifenn Martinot-Lagarde, directrice adjointe du Département Son Vidéo Multimédia. BnF pour son projet Archives et IA sur l'écriture de l'histoire des femmes dans les métiers du cinéma avec Joseph Chazalon, enseignant-chercheur au Lab de recherche LRE de l'EPITA (École d'ingénieurs en informatique) Jean-Pierre Bat, historien archiviste, spécialiste du fonds Foccart Thomas Huchon, journaliste spécialiste des fake news et son avatar instagram antifakenewsai.
Pour la première fois, un symposium international réunit des personnalités africaines et européennes du monde politique et scientifique afin de réfléchir ensemble à ce qui s'est passé ici à la Conférence de Berlin en 1885. Partage de l'Afrique, organisation des règles de la colonisation, comment la Conférence de Berlin pour les uns dite Conférence de la honte pour les autres nous est-elle racontée, comment faire face à ce passé colonial et comment ensemble le réparer ? Autant de sujets aussi douloureux que passionnants évoqués dès la cérémonie d'ouverture par l'Ancienne présidente de la République du Libéria Ellen Johnson-Sirleaf et le ministre des Affaires étrangères de la République togolaise le Professeur Robert Dussey et nos invités Flower Manase, curatrice et chercheure au Musée National de Tanzanie, Madame la ministre d'État allemande Katja Keul, le philosophe tunisien Mohamed Türki, l'ancien ministre guinéen de la Justice Cheikh Sako, et Oumar Diallo, directeur de l'Afrika Haus.À découvrir : le site de Farafina Afrika-Haus, un lieu de formation et d'échange depuis 1993 situé dans le quartier de Moabit, arrondissement de Mitte, à Berlin.À lire : Berlin-Une métropole post-coloniale de Oumar Diallo et Joachim Zeller.Tous nos remerciements aux organisateurs du Symposium en commémoration des 140 ans de la conférence de Berlin 1884/1885, Farafina Afrika-Haus e.V., l'Université de Dar-es-Salaam et la Fondation Allemande pour l'Afrique. À lire aussiAfrika Haus, en mémoire de la colonisation
Au village de Reillanne, c'est le jour de la commémoration. On se souvient de la dernière rafle opérée par les autorités de Vichy sur le territoire français en Mai 1944, à la demande des nazis. 54 vies arrachées à l'humanité, internées puis déportées en Pologne pour être exterminées à Auschwitz. À l'heure où les derniers témoins disparaissent, il est plus que jamais nécessaire de raconter avec précision l'histoire de chaque enfant, de chaque femme, de chaque homme assassiné par les nazis parce que juif.C'est le travail minutieux de notre invitée historienne Annette Becker. Dans son livre publié dans la collection Témoins chez Gallimard «Des juifs trahis par leur France 1939-1944», elle sait nous raconter des vies en mots d'amour, en souffrance, en espoir, des vies en croyance de la France patrie des droits de l'homme, des vies jusqu'au bout en résistance. Celles du camp de Reillanne, village du sud de la France dont nous vous partageons la commémoration. Celle du célèbre peintre Otto Freundlich, soutenu jusqu'au bout par son amoureuse Jeanne Kosnick-Kloss, et celle de son grand-oncle Pierre Ignace, raflé le 12 décembre 1941, interné à Compiègne puis déporté à Auschwitz-Birkenau par le convoi N° 1 du 27 mars 1942.De Reillanne, où Daphné Gastaldi s'est rendue en reportage, à Auschwitz, où Cyril Etienne et Guélia Pevnez sont allés interviewer le directeur du Musée d'État Piotr Cywinski, cet épisode de La marche du monde est dédié à la mémoire de chacune des victimes de la Shoah.À lire et à voir pour les 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 janvier 1945 :- « Des juifs trahis par leur France. 1939-1944 », de l'historienne Annette Becker, spécialisée dans l'étude des deux grandes guerres et des génocides des XXème et XXIème siècles. Collection Témoins-Gallimard. - « Auschwitz. Monographie de l'humain », de Piotr M. A. Cywiński, directeur du musée d'État d'Auschwitz-Birkenau. Publié par Calmann-Lévy et le Mémorial de la Shoah.- « Auschwitz, des survivants racontent », une série documentaire magistrale en 5 épisodes, où l'on découvre 44 récits de survivants, dont la réalisatrice Catherine Bernstein a su faire un grand récit à 44 voix pour l'Histoire. Diffusion lundi 27 janvier 2025 sur France 2 à 21h10.Ressources documentaires : Mémorial de la Shoah Auschwitz-Birkenau : histoire et présentReillanne, une mémoire vivante de la rafle, un reportage de Daphné Gastaldi. Le 12 mai 1944, une des dernières rafles avait lieu en Provence, à Reillanne (Basses-Alpes). Quatre-vingt ans après, une cérémonie a rendu hommage à ces victimes, 54 juifs étrangers d'origine russe, polonaise, tchèque ou germano-autrichienne transférés à Auschwitz. Les noms ont été lus au micro pour leur rendre hommage, lors de la cérémonie. Près de 600 personnes ont été déportées dans ce département. Pourtant, ce camp de Reillanne est méconnu, alors qu'il était dans la constellation du camp des Milles, à Aix-en-Provence. La France était « trouée d'au moins deux cents camps » qui ont contribué au programme génocidaire du Troisième Reich, précise l'historienne Annette Becker dans son dernier livre « Des juifs trahis par leur France – 1939-1944 ».Sur place, le jour de l'inauguration, la résistante et fondatrice de l'association Basses Alpes 39-45 Thérèse Dumont, aidée par son fils, se souvient de l'inauguration de la première plaque il y a 30 ans, à l'époque incomplète et peu accessible au public. Une habitante du village, Anne-Marie Gerbier, se rappelle avec effroi venir en vacances à côté de ce camp et avoir côtoyé les détenus sans savoir, lorsqu'elle était enfant.Pour que l'histoire ne soit pas effacée, des lycéens de Manosque ont fabriqué une plaque commémorative mentionnant clairement cette rafle du 12 mai 1944, sur l'ancien camp d'internement de Notre-Dame-des-Prés, et accessible dès la route pour le public. Leur enseignant d'histoire et coordinateur du projet, David Soulard, nous guide dans l'ancien camp, où il ne reste aucune trace du passé. Au micro de RFI, Annette Becker, et Jan Lambertz, une archiviste américaine qui travaille au fond sur la Shoah de l'USHMM, racontent leurs recherches pour retracer le parcours des anciens détenus. Isabelle Grenut, adjointe à la mairie de Reillanne et historienne de formation, explique les conditions de vie à l'époque dans le camp.
Walid et Ogarit, c'est l'histoire d'un couple hors du commun, 40 ans d'amour et de militantisme pour la vie et pour la paix. Ensemble, ils ont fondé l'Académie universitaire pour la non-violence et les droits humains dans leur pays, le Liban. Ensemble, ils ont initié le combat pour l'abolition de la peine de mort, les droits civils et la justice sociale face à la guerre civile et aux violences interconfessionnelles, ensemble ils ont défendu inlassablement la laïcité et l'universalité. Un engagement récompensé de multiples fois par le Prix des droits de l'homme de la République française 2005, le Prix de la Fondation Chirac 2019 et le prix Gandhi pour la paix décerné en 2022 par la fondation indienne Jamnalal Bajaj, du nom du disciple du Mahatma Gandhi. Si Walid Slaybi s'en est allé en 2023, vaincu par la maladie, son œuvre et son héritage perdurent. «Oui à la résistance, non à la violence» est le message que continue de porter avec courage Ogarit Younan. Une philosophie conjuguée à un mode d'action dont les résultats sont là : reconnaissance de l'Université de la non-violence par l'État libanais, moratoire sur la peine de mort, proposition d'une Constitution laïque, des propositions soutenues par des ralliements toujours plus nombreux de personnalités de tous bords, motivées par la perspective non-violente d'un règlement juste et pacifique du conflit israélo-palestinien. - Le site de l'Université de la non-violence Aunohr à Beyrouth- Les livres de la bibliothèque de l'Université - Contacter l'Université Aunohr :P.O.Box 17 5772 Gemmayze, Beirut, LebanonTel/Fax: +961 01 445333Mobile: +961 70 111382- La fondation indienne Jamnalal Bajaj.
Il était une fois de jeunes Algériens venus en France pour tenter leur chance et vivre une vie meilleure. L'histoire se déroule entre 1945 et 1962, juste après la Seconde Guerre mondiale et juste avant l'indépendance de leur pays. Mais plusieurs centaines d'entre eux vont voir stoppé net leur désir de découverte et d'émancipation. Arrêtés pour vagabondage ou petits délits, ils se retrouvent placés par un juge dans un drôle de centre d'observation où éducateurs, assistantes sociales et psychologues les passent au crible de questions plus inquisitrices les unes que les autres. Des milliers d'archives sont ainsi constituées et retrouvées des années après par l'historien Mathias Gardet. Des archives qui racontent un pan méconnu de l'histoire de l'immigration et de la justice des mineurs en situation coloniale… avec les voix de RFI pour incarner les voix de la jeunesse algérienne exhumées par Mathias Gardet dans son livre Nous sommes venus en France publié aux éditions Anamosa.► Programmation musicale : Idir - Né quelque part (version kabyle) Mazouni - 20 ans en France Rachid Taha - Minouche
Écrivain français, Guillaume Ancel est un ancien officier formé à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr. À travers ses livres, il questionne à la fois son expérience du commandement et le rôle de la France en Opex, notamment au Rwanda. Alors que revient la guerre en Europe, il fait le récit de son apprentissage, depuis le bahutage jusqu'aux stages de survie, au sein d'une institution conservatrice déconnectée des questions de société. Au micro de Valérie Nivelon, Guillaume Ancel interroge la culture militaire du silence. Saint-Cyr, à l'école de la Grande Muette est son dernier livre. Livres de Guillaume Ancel préfacés par l'historien Stéphane Audouin-Rouzeau :- Saint-Cyr, à l'école de la Grande Muette, aux éditions Flammarion- Un casque bleu chez les Khmers rouges, Rwanda, la fin du silence, Vent glacial sur Sarajevo aux éditions Les Belles Lettres.⇒ Blog Pour ne pas subirÀ écouter aussiGuillaume Ancel, écrire pour ne pas subir
Au son des archives de RFI, nous racontons le siècle d'Amadou Mahtar Mbow, né en 1921 à Dakar et décédé en 2024, après l'enregistrement de ce portrait. Après avoir évoqué son enfance coloniale, sa formation à l'École coranique et française, sa passion familiale pour l'histoire de l'Afrique et ses grands résistants, sa vocation pour l'enseignement et sa vision philosophique de la libération des Africains. Nous retraçons l'engagement d'Amadou Mahtar Mbow pour la décolonisation, pour l'éducation de base, pour l'Unesco et sa vision avant-gardiste de la restitution des biens culturels et des œuvres d'art. (Rediffusion du 19/11/2021) Avec Lamine Sagna, sociologue et auteur du livre Amadou Mahtar Mbow, une légende à raconter, aux éditions Karan et la participation des chercheurs de Columbia University ; Souleymane Bachir Diagne, philosophe et Mamadou Diouf, historien des idées.
Au son des archives de RFI, nous racontons le siècle d'Amadou Mahtar Mbow, né en 1921 à Dakar et décédé en 2024, après l'enregistrement de ce portrait. Son enfance coloniale, sa formation à l'École coranique et à l'école française, sa passion familiale pour l'histoire de l'Afrique et ses grands résistants à l'occupation française, sa vocation pour l'enseignement, et sa vision philosophique et politique de la libération des Africains. Avec : Lamine Sagna, sociologue et auteur du livre Amadou Mahtar Mbow, une légende à raconter, aux éditions Karan et la participation des chercheurs de Columbia University Souleymane Bachir Diagne, philosophe Mamadou Diouf, historien des idéesÀ écouter aussiAmadou Mahtar Mbow, premier Africain directeur de l'Unesco (Épisode 2: La légende Mbow)
Elles s'appellent Jane et Paulette Nardal et incarnent la modernité noire dans les années 1920/1930. Petites-filles d'esclaves nées en Martinique, elles font partie des premières étudiantes antillaises venues étudier à La Sorbonne à Paris. Devenues écrivaines, traductrices et journalistes, Jane et Paulette reçoivent dans leur célèbre salon littéraire de Clamart les grands noms du mouvement culturel afro-américain et africain francophone. Vous ne connaissez peut-être pas leur nom et pourtant, Jane et Paulette Nardal sont les autrices d'une œuvre théorique et littéraire importantes, qui préfigure à bien des égards la Négritude de Senghor, Césaire et Damas.De la Revue Noire aux éditions Rot Bo Krik, le professeur Brent Hayes Edwards nous raconte une épopée éditoriale magistrale, à partir de la vie et de l'œuvre des sœurs Nardal, à la lumière de sa réflexion Pratique de la Diaspora, livre fondateur, enfin traduit en français par la maison d'édition Rot-Bo-Krik.Avec Brent Hayes Edwards, professeur au département d'anglais et de littérature comparée à Columbia University et la participation de Léa Mormin-Chauvac, biographe des sœurs Nardal.Émission initialement diffusée le 2 juin 2024. À lire :- Écrire le monde noir, de Paulette Nardal, Éditions ROT-BO-KRIK- Pratique de la diaspora, de Brent Hayes Edwards, Éditions ROT-BO-KRIK- Page du Professeur Edwards à l'Université de Columbia à New-York- Les sœurs Nardal, à l'avant-garde de la cause noire, de Léa Mormin Chauvac, Éditions Autrement.
Si Act-Up n'est pas la seule association à lutter contre le VIH, ses membres pionniers ont su créer l'évènement dans les années 90, en imaginant des actions spectaculaires pour briser le tabou du SIDA. 40 ans après la découverte du virus VIH par l'Institut Pasteur, et alors que la maladie a fait plus de 36 millions de morts dans le monde, nous revenons sur les enjeux mémoriels autour de l'épidémie du VIH-SIDA, les traces laissées dans l'espace public et sur la transmission d'une histoire encore marginalisée.SIDA, des vies pour mémoire, un documentaire de Maxime Grember, réalisé par Sophie Janin, produit par Valérie Nivelon. (Rediffusion) Avec les témoignages de :- Christian de Leusse, fondateur de l'association marseillaise « Mémoires des sexualités »- Gérard Bénéteau, prêtre au sein de l'Église Saint-Eustache entre 1984 et 2000- Anne Rousseau Rambach, militante au sein d'Act Up-Paris entre 1991 et 1996, éditrice, romancière et scénariste- Christophe Broqua, anthropologue, chercheur au CNRS, auteur de la thèse en sociologie « Engagements homosexuels et lutte contre le sida au sein de l'association Act Up-Paris »- Fred Navarro, président d'Act Up-Paris entre 2012 et 2013. En 2017, le film de Robin Campillo 120 battements par minute marque un tournant dans la manière de représenter l'histoire du SIDA en France, et plus précisément celle d'Act Up-Paris, en apportant une visibilité nouvelle à la lutte qu'ont menée les premiers activistes du SIDA.Dernièrement, de grandes expositions comme celle du Mucem à Marseille en 2022, ou plus récemment celles du Musée d'Art moderne et contemporain de Strasbourg ont montré qu'il y avait un besoin d'histoire, une nécessité à y revenir, à raconter ce qu'avait été l'épidémie du VIH-SIDA dans ses années les plus sombres.Mais malgré cette forme de patrimonialisation nouvelle, cette histoire reste encore méconnue du grand public, et finalement assez peu enseignée auprès des nouvelles générations chez qui le virus circule principalement aujourd'hui.Avec le temps, l'enjeu mémoriel autour du VIH-SIDA est devenu un enjeu politique. Que ce soit avec la pose de plaques de rues, la commande de fresques artistiques, ou encore la création du centre d'archives LGBTQI+ à Paris.Pour l'heure, un centre sans soutien réel des pouvoirs publics, ce qui amène bon nombre d'associations de lutte contre le SIDA à déposer de façon morcelée leurs archives sur l'ensemble du territoire français.Plus de 40 ans après les premiers morts du SIDA, les archives sont donc dispersées, les lieux de mémoire invisibilisés et les noms des disparus méconnus. Alors comment raconter cette histoire dont la liste des victimes s'allonge, bien que depuis 1996, les premiers traitements soient apparus et que la séropositivité n'est plus synonyme de condamnation à mort ? Archives :- « ZAP du 1er novembre 1991 devant la cathédrale Notre-Dame de Paris ». © Act Up-Paris. Vidéo déposée aux Archives Nationales- Interview de Christophe Martet, dans « Manifestations de Act Up », FR3 1992. © INA- Interview de Cleews Vellay, dans « Parlez-moi d'argent », France Inter 1993. © INA. Bibliographie :- « Act Up, Une histoire », de Didier Lestrade (La Découverte, 2022)- « Agir pour ne pas mourir ! Act Up, les homosexuels et le sida », de Christophe Broqua (Presses de Sciences Po, 2005) - « VIH/SIDA, L'épidémie n'est pas finie », catalogue de l'exposition du Mucem, ouvrage collectif. (Anamosa, 2021). Musiques :- Orgue de Saint-Eustache- « It's a sin » des Pet Shop Boys- « Live to Tell » de Madonna- « Toxic » de Britney Spears- « Hideous » d'Oliver Sim. Films :- « 120 battements par minute », (Robin Campillo, 2017)- « Portrait d'une présidente », (Brigitte Tijou, 1995)- « Act Up, Sida Guerilla », (Agence Capa, 1993). Ressources :- The Aids Memorial - Le collectif Archives LGBTQI+ de Paris. Remerciements :- L'association Act Up-Paris : Julien Bruneau- Les Archives Nationales : Lucile Douchin, Vanessa Szollosi et Sandrine Gill- L'École des Beaux-Arts de Paris : Sarah Pépin et Philippe Pucyclo- Gérard Beneteau, Anne Rousseau Rambach, Christophe Broqua, Fred Navarro, Christian de Leusse, Didier Lestrade, Lalla Kowska Régnier, Jean-Luc Armani, Mikael Zenouda, Michel Bourrelly, Clem Hue, Renaud Chantraine, Nicolas Hardy, Pauline Gallinari et Ania Szczepanska. Diaporama
Dans une lettre adressée au président du Sénégal le 28 novembre 2024, Emmanuel Macron affirme que « la France se doit de reconnaître » qu'il y a eu un « massacre » dans le camp militaire de Thiaroye, en périphérie de Dakar, le 1ᵉʳ décembre 1944. Une reconnaissance officielle pour laquelle l'historienne Armelle Mabon se bat inlassablement depuis dix ans. Combat qu'elle raconte dans son livre Le massacre de Thiaroye, 1er décembre 1944, Histoire d'un mensonge d'état. Cette reconnaissance du massacre de Thiaroye par la France suscite un immense espoir pour les familles des tirailleurs qui attendent réparation depuis de longues années.Si l'historien Martin Mourre avait déjà publié sur le massacre du 1er décembre 1944 dans son livre Thiaroye 44, histoire et mémoire d'un massacre colonial, ce sont les artistes africains qui se sont emparés les premiers de ce que la chercheuse Armelle Mabon qualifie de mensonge d'État. D'abord Senghor, dès 1944, dans son poème TYAROYE : «Prisonniers noirs je dis bien prisonniers français, est-ce donc vrai que la France n'est plus la France ?» Puis Sembène Ousmane dans son magistral Camp de Thiaroye, film interdit pendant 10 ans sur les écrans français, à propos duquel le réalisateur évoquait le chiffre de 380 morts, dix fois plus que les 35 officiels. Alors que des députés français ont déposé une résolution nommée «Sembène Ousmane» pour demander l'ouverture d'une commission d'enquête pour faire toute la lumière sur ce qui s'est passé à Thiaroye, l'État sénégalais a tout son rôle à jouer pour éclaircir de nombreuses zones d'ombre, notamment sur le nombre de corps enfouis dans des fosses communes, puisqu'il peut prendre la décision d'ordonner des fouilles à Thiaroye.Chemins d'écritureAvec «Tyaroye», Senghor fut le premier à s'emparer littérairement du massacre des tirailleurs sénégalais À écouter aussiEnquêtes africaines (en 5 épisodes) – Thiaroye, les tirailleurs sacrifiés« Thiaroye 44, le massacre des tirailleurs africains » est un épisode documentaire de La marche du monde signé Valérie Nivelon, Lina Le Bourgeois et Sophie Janin avec Adrien Landivier. Avec nos remerciements à Maylis Bouffartigue et à toute l'équipe du Festival Histoire(s) de se rencontrer, du Mas d'Azil, dans l'Ariège.Avec par ordre d'apparition :- Armelle Mabon, historienne - Colette Capdevieille, députée- Karfa Sira Diallo, co-fondateur de l'Association Mémoires et partages- François Hollande, député, ancien Président de la République française- Me Hervé Banbanaste, avocat au Barreau de Paris- Me Pinatel, avocat Pinatel, avocat de Biram Senghor dont le père a été massacré à Thiaroye- Martin Mourre, historien- Sidiki Bakaba, comédien dans le film de Sembène Ousmane «Camp de Thiaroye»- Aïcha Euzet, dramaturge, autrice d'un triptyque autour de l'histoire des tirailleurs africains de la fin du XIXème siècle aux indépendances.
Artiste peintre devenu cinéaste, William Klein (1926 - 2022) a révolutionné l'art de la photographie en inventant sa propre fabrique de l'image, en dehors de tout académisme. De New York à Kinshasa, où il a filmé le champion de boxe Mohamed Ali en 1974, William Klein colle à ses personnages et nous raconte leur combat existentiel, leur engagement contre le racisme et leur immense humanité, avec irrévérence et auto-dérision… ce qui fait de l'artiste et de son œuvre, une archive visuelle et sonore du XXè siècle.Au son des archives de l'INA et des témoignages de Dimitri Beck pour Polka magazine, Pierre Louis Denis pour le Studio William Klein et Raphaëlle Stopin pour l'exposition Play play play de Montélimar. Avec la participation exceptionnelle de François Missen, témoin du combat du siècle à Kinshasa en 1974.À voir jusqu'au 6 janvier 2025 : Expo Play play play au Musée d'Art Contemporain de Montélimar. À lire l'article de François Missen avec ses photos du combat inédites dans le magazine Polka du mois de Novembre 2024.
Comment les enfants font-ils face à la guerre ? Au fil des conflits qui jalonnent notre histoire depuis la Grande Guerre, la violence faite aux enfants est au cœur de l'exposition qui s'ouvre à La Contemporaine*, dont l'ensemble bibliothèque, archive et musée rassemble la plus grande collection dédiée aux conflits du XXème et XXIème siècle. De 1914 à Gaza en passant par le génocide des tutsis du Rwanda, les enfants sont massivement victimes des conflits bien que les États se doivent de les protéger. La Journée internationale des droits de l'enfant nous le rappelle chaque année, le 20 Novembre, date choisie pour l'ouverture de l'exposition « Enfants en guerre, guerre à l'enfance » signée Manon Pignot et Anne Tourniéroux, dont je vous présente les archives en avant-première sur RFI.*À l'écoute des témoignages d'enfants confrontés à la guerre de 1914 jusqu'à nos jours, Manon Pignot et Anne Tournieroux proposent d'interroger les expériences de guerre enfantines du début du XXè siècle jusqu'à nos jours, à partir de trois cents pièces issues de ses collections et de collections françaises et étrangères. Comment faire entendre la parole des enfants, qu'ont-ils à nous transmettre de leur expérience de la guerre ? Expériences dévastatrices, expériences formatrices, expériences combattantes ? Sans tabou ni voyeurisme, l'exposition et son livre assument un regard exigeant et abordent de nombreux sujets méconnus, des républiques d'enfants au programme cubano-américain Peter Pan, en passant par une relecture du conflit au Biafra… à hauteur d'enfant.Avec l'historienne Manon Pignot, Université Picardie Jules Verne et la bibliothécaire Anne Tournieroux, la Contemporaine, assistées de Camille Lécuyer, CY Cergy Paris Université. À lire :Enfants en guerre, Guerre à l'enfance ? dirigé par Manon Pignot et Anne Tournieroux, aux éditions Anamosa.À voir :L'exposition Enfants en guerre, Guerre à l'enfance ? Diaporama
Le 13 Novembre 1974, le leader de l'O.L.P Yasser Arafat est invité pour la première fois à la tribune de l'ONU où il prononce le discours historique qui va faire basculer l'opinion publique internationale en faveur de la reconnaissance de la cause palestinienne. « Aujourd'hui, je suis venu porteur d'un rameau d'olivier et d'un fusil de combattant de la liberté. Ne laissez pas le rameau d'olivier tomber de ma main. Je vous le répète : ne le laissez pas tomber de ma main. » Pointant du doigt l'assemblée de l'Onu, Yasser Arafat va en réalité répéter trois fois sa dernière phrase et déclencher un tonnerre d'applaudissements.Quel leader est Yasser Arafat, coiffé du keffieh noir et blanc, symbole du nationalisme palestinien lorsqu'il est invité à l'ONU ? Quels sont les arguments du représentant de l'OLP ? Et que représente ce discours dans l'histoire et la mémoire du peuple palestinien ?À l'aube des 50 ans de la reconnaissance du droit des Palestiniens à l'auto-détermination votée le 22 Novembre 1974 par l'ONU à une majorité écrasante, RFI et MCD s'associent pour donner accès à une archive essentielle pour la compréhension de l'histoire du conflit israélo-palestinien. De larges extraits du discours traduits en français s'articulent avec les témoignages de Anwar Abou Aïsha, ancien ministre palestinien de la Culture ; Hala Qodmani, journaliste spécialiste du Proche-Orient ; Elias Sanbar, historien ettraducteur ; Leïla Shahid, ex-déléguée générale de la Palestine en France et Yousef Zayed, musicien et professeur de oud.Un documentaire signé Valérie Nivelon RFI avec la collaboration de Tarik Hamdan MCD.Réalisation : Sophie Janin avec Adrien Landivier, Nicolas Falez et Nicolas Pichon-Loevenbruck. À lire : - « La dernière guerre ? » Palestine, 7 octobre 2023-2 avril 2024 par Elias Sanbar.Collection Tracts (no56) Gallimard- « Comment la Palestine fut perdue et pourquoi Israël n'a pas gagné, Histoire d'un conflit », de Jean-Pierre Filiu aux éditions Seuil- « Israël/Palestine Anatomie d'un conflit », de Vincent Lemire et Thomas Snégaroff aux éditions Les Arènes.
Dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, 276 lycéennes âgées de 16 à 18 ans, pour la plupart chrétiennes, sont enlevées par le groupe armé islamique Boko Haram à l'école secondaire publique de la ville de Chibok, dans l'État de Borno, au Nigeria. 10 ans plus tard, 82 ex-lycéennes de Chibok sont toujours captives. (Rediffusion) Alors qu'elles faisaient la Une de l'actualité dans le monde entier, il y a encore quelques années, les Chibok Girls sont retombées dans l'oubli avec la banalisation des enlèvements de masse au nord-est et surtout dans le nord-ouest du Nigeria.Amina Nkeki et Jummai Mutah ont vécu le raid sur l'internat du lycée de Chibok mené par les hommes d'Abubakar Shekau, le leader d'une des factions de Boko Haram, avant de connaître deux trajectoires différentes en tant que jeunes femmes otages. Convertie à l'islam et mariée à un combattant de Boko Haram, Amina a vécu à Gwoza, une localité du nord-est du Nigeria considérée par Boko Haram comme la capitale de son califat. Elle est la première « Chibok Girl » à être sortie vivante en mai 2016, avec sa fille Patience, née à la fin de ses deux années de captivité. De son côté, Jummai a été séquestrée trois ans dans la forêt de Sambisa. Rebelle face à ses geôliers, elle n'a jamais cédé devant les menaces mortelles ; pratiquant sa religion chrétienne plus ou moins ouvertement. Jummai a été libérée par les autorités nigérianes en 2017 suite à plusieurs années de négociations.Un documentaire signé Moïse Gomis, produit par Valérie Nivelon, réalisé par Sophie Janin.Avec : Amina Nkeki et Jummai Mutah, ex-otages de Boko Haram Yakubu Nkeki, président de l'association de parents des Chibok Girls Zannah Mustapha, négociateur entre le gouvernement nigérian et Boko Haram Vincent Foucher, politologue, chargé de recherche CNRS au laboratoire LAM
50 ans après la révolution des œillets, nous partons au Portugal avec notre correspondante Marie-Line Darcy à l'écoute de celles qui ont grandi sous le régime autoritaire de Salazar. Des histoires de jeunes filles étudiantes et militantes pleines d'espoir, vent debout contre la dictature et les guerres coloniales et soutenant leurs camarades déserteurs. Elles reviennent avec courage sur leurs expériences de jeunesse. Engagées mais aussi réprimées par la PIDE (police politique), elles partagent leur fierté d'avoir participé à l'avènement de la démocratie au Portugal. Un reportage à découvrir avec l'historien Victor Pereira, auteur du livre « C'est le peuple qui commande ! » aux Éditions du Détour. Un ouvrage de synthèse du processus révolutionnaire portugais, qui analyse non seulement sa dynamique, les oppositions entre partis politiques et militaires, les inquiétudes diplomatiques, mais aussi les différents mouvements sociaux qui ont tenté de transformer radicalement la société portugaise.
Comment documenter l'histoire de Gaza, son patrimoine et ses œuvres d'art détruits par la guerre ? À partir des témoignages des membres du collectif gazouï Hawaf, porteur du projet virtuel « Sahab Museum* » et d'un reportage au Campus Condorcet où Fabrice Virgili et Sébastien Haule établissent une cartographie de l'inventaire bombardé de Gaza, nous proposons aux historien.ne.s Malika Rahal, Jean-Pierre Filiu et au sociologue Abaher el-Sakka de nous dire ce que les sciences sociales et, en particulier, l'Histoire peut faire face aux bombes ? *Musée dans les nuages. Découvrez le site Gaza HistoireTéléchargez l'appli Gaza Histoire. À lire :- Histoire de Gaza par Jean-Pierre Filiu, aux éditions Fayard- Penser la Palestine en réseaux par Jalal Al Husseini, Véronique Bontemps, Nicolas Dot-Pouillard, Abaher El Sakka, Diacritiques Éditions- Algérie 1962, une histoire populaire par Malika Rahal aux éditions La Découverte.Une émission enregistrée en public aux 27ème RDVS de l'Histoire de Blois, présentée par Valérie Nivelon, enregistrée par Richard Riffonneau et réalisée par Sophie Janin.
À peine 40 ans et déjà syndicaliste chevronnée, Kamadji Demba Karyom est l'une des militantes de sa génération les plus impliquées dans la lutte contre le régime autoritaire du clan Déby, au pouvoir depuis plus de trois décennies. « Demba est une jeune femme très intelligente et engagée dans la lutte contre l'injustice, c'est une femme qui a de l'avenir, c'est une activiste sur qui nous pouvons compter pour la relève dans ce pays dans le milieu syndical, il y en a d'autres, des jeunes femmes comme elle, mais elle est remarquable, elle peut prendre la relève pour lutter pour les droits de la femme au Tchad », selon Adjudji Guémé, présidente fondatrice du Comité des femmes de l'Union des syndicats du Tchad.Poussées par ses aînés, Demba Kamadji Karyom pourrait prendre un jour la tête de l'UST, l'Union des syndicats du Tchad. Déjà présidente du Comité des femmes du syndicat des greffiers (Synagref), elle assiste également à l'autorité indépendante de lutte contre la corruption. Pour Demba, le syndicat est l'échelon le plus approprié « pour lutter contre la dictature », comme elle l'exprime publiquement lors de ses conférences. Un documentaire signé Clémentine Méténier, réalisé par Sophie Janin et produit par Valérie Nivelon.À découvrir le site de l'Association Survie, à l'initiative de la tournée française de Demba Kamadji Karyom en 2024.
Rome. Juin 2024. L'artiste sénégalais Hamedine Kane, artiste résident de la Villa Médicis imagine des rencontres panafricaines, en écho au deuxième Congrès des écrivains et artistes noirs initié par Alioune Diop et sa maison d'édition Présence Africaine en 1959, à Rome. Un véritable workshop où sont venus artistes et écrivains d'Afrique et de la diaspora et autres archivistes ou documentaristes du continent ou d'Europe. Avec Franck-Hermann Ekra, commissaire d'exposition et responsable de la Bibliothèque-Archives Bernard Dadié, nous proposons une immersion dans les archives sonores de RFI ainsi que dans les manuscrits de Dadié pour faire entendre la voix et l'œuvre du chroniqueur, écrivain et poète. À Rome en 1959, Bernard Dadié est reçu par le Pape Paul VI tout comme l'ensemble de la délégation du Congrès des artistes et écrivains noirs. Dans l'atelier d'Hamedine Kane, nous revivons ce moment politique et artistique, où la voix de Bernard Dadié s'affirme à la fois comme militant anticolonialiste et père de la littérature ivoirienne !Tous mes remerciements à Hamedine Kane et à toute l'équipe de la Villa Medici-Académie de France à Rome sans qui ce projet radiophonique n'aurait pu aboutir.Avec- Hamedine Kane, artiste et réalisateur sénégalais, pensionnaire de la Villa Medici 2023-2024- Franck-Hermann Ekra, critique d'art, curateur et responsable de la Bibliothèque-Archives Bernard Binlin Dadié- Valérie Nivelon, documentariste et productrice sur RFI.
Nommé ministre à l'âge de 26 ans par Modibo Keïta, premier président du Mali indépendant, Seydou Badian Kouyaté est un prochinois ! Responsable du plan et de l'économie rurale, il voyage dès 1959 à Pékin et rencontre les plus hauts dignitaires du parti communiste. En quête d'un soutien politique et financier de la jeune république populaire de Chine pour développer l'agriculture et l'industrie de son pays, Seydou Badian Kouyaté se souvient de ses conversations « éblouissantes » avec Mao et raconte avec fierté la construction des usines de textile ou de sucre ainsi que le projet commun de chemin de fer avec la Guinée de Sékou Touré. Une coopération qui engendre la méfiance voire la désapprobation de la France et de ses partenaires sénégalais ou ivoiriens, surtout en ce qui concerne le projet de sortie de la zone franc. Mais que nous en disent les archives chinoises et françaises ?« Mao m'a dit » ou les confessions de Seydou Badian Kouyaté, c'est un témoignage inédit enregistré en 2018 à Bamako par Valérie Nivelon (journaliste RFI) et Ophélie Rillon (historienne IMAF).Avec Ophélie Rillon et Liupeng Wang, doctorant à la Sorbonne à Paris (Thèse : La « pénétration » chinoise dans les pays subsahariens ex-français de 1958 à 1976).
« Par quel bout la prendre, cette histoire que l'on ne comprend pas ? Qu'est-ce que le franc CFA ? Et c'est quoi la monnaie ? ». On ne nous avait jamais raconté l'histoire du CFA comme ça ! Grâce à Katy Léna Ndiaye, réalisatrice du documentaire « L'argent et la liberté, une histoire du franc CFA » et Maboula Soumahoro, autrice de « Le triangle et l'hexagone, réflexions sur une identité noire », aux éditions La Découverte, nous remontons le fil de cette longue histoire commune au son des extraits du film de la cinéaste sénégalaise. Comment et pourquoi l'histoire du franc CFA est-elle au cœur de l'histoire de l'Afrique contemporaine et de sa relation avec la France, en quoi vient-elle questionner l'identité africaine francophone ? Une invitation à accepter « le dur labeur de contester le savoir acquis », selon l'économiste Martial Ze Belinga !À voir : L'argent, la liberté, une histoire du franc CFA (2022) 102'.Une projection en présence de Katy Léna Ndiaye est programmée au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, le samedi 28 septembre 2024 à 17h. Synopsis FR1960 amorce la fin des empires sur le continent africain. La France disparait de la carte, laissant derrière elle le Franc CFA, une création coloniale, qui est le nom de la monnaie qui circule toujours dans la quasi-totalité de ses anciens territoires. Pourquoi ces États recouvrant leur indépendance n'ont-ils jamais dénoncé cet héritage singulier ?Visionnez la bande annonce.
Comment Amilcar Cabral est-il devenu la référence absolue des leaders indépendantistes dans l'Empire portugais ? Avec les témoignages du cinéaste Sana Na N'Hada envoyé à Cuba par Cabral pour étudier le cinéma afin de filmer la lutte pour l'indépendance, en préparation d'un film d'archives sur la guérilla, et Gérard Chaliand, témoin de la guérilla en Guinée-Bissau et de la tricontinentale de 1966 à Cuba où Cabral a prononcé son plus célèbre discours. Analyse de Maria-Benedita Basto, chercheuse et co-auteure du livre Noticieros ICAIC : 30 ans d'actualités cinématographiques à Cuba, édité par l'INA. Alors que la Guinée-Bissau fête le centenaire d'Amilcar Cabral, assassiné quelques mois avant l'indépendance de son pays gagnée contre l'occupant portugais le 24 septembre 1973, Valérie Nivelon a recueilli les récits du cinéaste bissau-guinéen Sana Na N'hada et du géostratège Gérard Chaliand, seul français présent dans le maquis. Deux témoins majeurs de la lutte anticoloniale pensée et mise en œuvre par le chef du PAIGC, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. Invité à la Conférence tricontinentale à la Havane en 1966, Gérard Chaliand a vu et entendu le discours mythique d'Amilcar Cabral, discours de dignité qui emporte le soutien de Fidel Castro. Soutenue par Cuba, la guérilla contre les Portugais va réussir à libérer des territoires et organiser la formation des cadres féminins et masculins du parti dans les zones libérées. Si Amilcar Cabral implique les femmes, il implique aussi la jeunesse, formée en URSS ou à Cuba. C'est ainsi que Sana Na Nhada est parti étudier le cinéma à l'Institut cubain des arts et de l'industrie cinématographiques (ICAIC) de La Havane avec pour mission de filmer la guerre et les maquis, ce qu'il a fait dès son retour. 50 ans après, Sana Na N'hada se bat pour gagner son ultime combat : réaliser un documentaire à partir de ses propres archives filmiques de la guérilla, enfin retrouvées. Tous mes remerciements à Maria-Benedita Basto pour avoir facilité la réalisation de cette émission. À voir :NOME, un film de Sana Na N'Hada – Guinée-Bissau, France, Portugal, Angola – 2023 – 117 minGuinée-Bissau, 1969. Une guerre violente oppose l'armée coloniale portugaise aux guérilleros du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. Nome quitte son village et rejoint le maquis. Après des années, il rentrera en héros. Mais la liesse laissera bientôt la place à l'amertume et au cynisme.Bande annonce du film NOME de Sana Na NhadaExtrait du film NOME de Sana Na Nhada► Plus d'infos sur l'ICAIC, l'Institut cubain des arts et de l'industrie cinématographiquesÀ lire :Des guérillas au reflux de l'Occident, aux éditions Passé composé, de Gérard Chaliand, stratégiste, géopoliticien, est un observateur engagé des conflits irréguliers sur quatre continents. Témoin de longue durée en Algérie, en Guinée-Bissau, en Afghanistan, où il a enquêté dans diverses provinces, ainsi qu'en Irak, où il se rend régulièrement depuis 2000, notamment chez les Kurdes, y compris ceux de Syrie.Il a enseigné à l'ENA, à l'École de guerre, ainsi qu'à Harvard, à Berkeley et à Singapour. Plus de vingt de ses livres sont traduits en anglais et dans une douzaine d'autres langues.
Espagne, États-Unis, France, Norvège, Pérou… autant de nations qui ont fait le choix politique de dédier un musée, un mémorial, ou les deux à l'acte terroriste qui a marqué leur histoire moderne. Pour sa part, la France se prépare à ouvrir en 2027 le premier Musée-Mémorial du terrorisme pour raconter son histoire et honorer la mémoire des victimes françaises, sur le territoire national et à l'étranger. Mais comment raconter le terrorisme au musée ? Et quelle place donner aux victimes ? À l'écoute des paroles des familles des victimes et des responsables des musées espagnols, américains, français, norvégiens et péruviens, nos invités responsables de la mission de préfiguration du futur Musée-mémorial français, l'historien Henry Rousso et la magistrate Elisabeth Pelsez partagent leurs réflexions sur le sujet et présentent leur projet.► Musée-mémorial du terrorismeÀ écouter aussiEn mémoire des victimes du terrorisme
L'histoire des relations entre Cuba et l'Afrique ne peut se résumer au soutien du Che Guevara et de Fidel Castro aux luttes pour l'indépendance. Depuis le combat contre l'esclavage jusqu'à la coopération médicale en passant par les échanges culturels, c'est au regard de l'histoire longue qu'il faut apprécier les destins afro-cubains. Avec Kali Argyriadis, anthropologue (IRD, URMIS), coordinatrice du livre Cuba and Africa, 1959–1994, Writing an Alternative Atlantic History, aux Wits University Press (Afrique du Sud).Au son des archives sonores et musicales de LMDM et de RFI.Une émission initialement diffusée le 31 janvier 2021. ► À lire : Cuba and Africa (1959/1994), ouvrage collectif dirigé par Kali Argyriadis, Giulia Bonacci et Adrien Delmas Cahier d'un art de vivre (Journal de Cuba, 1964-1978) de René Depestre, aux éditions Actes Sud Las Maravillas de Mali à Cuba et la Orquesta Aragón en Afrique, par Elina Djebbari Références bibliographiques Depestre, René, 1980, Bonjour et adieu à la négritude, Paris, Seghers Martinez Furé, Rogelio, 1968 [rééditions augmentées en 1977, 1985 et 2010], Poesía anónima africana, La Habana, Instituto del libro Sarracino, Rodolfo, 1988, Los que volvieron a África, La Habana, Ed. de Ciencias Sociales Argyriadis, Kali, Gobin, Emma, Laëthier, Maud, Núñez González, Niurka et Byron, Jhon Picard (dir.), 2020, Cuba-Haïti. Engager l'anthropologie Anthologie critique et histoire comparée (1884-1959), Montréal, CIDIHCA.► À écouter : Africa Mia, une épopée afro-cubaine par Joe Farmer René Depestre par Yasmine Chouaki (1ère partie) et (2ème partie) D'Ebola à la Covid-19: les missions médicales cubaines par Caroline Paré
Après être revenu sur le « Non » mythique de Sékou Touré à De Gaulle, Valérie Nivelon rediffuse : « Sory Kandia Kouyaté, la voix de la révolution ». Le réalisateur Laurent Chevallier a proposé au fils du célèbre griot de Sékou Touré de partir en Guinée sur les traces de son père. Pour la Marche du Monde, ils retracent les étapes de ce voyage initiatique à la recherche de Kandia, la voix de la révolution guinéenne. Si l'on sait que Sékou Touré a réquisitionné les artistes au service de la révolution afin de retrouver l'authenticité de la culture africaine traditionnelle, on connaît moins le rôle de Sory Kandia Kouyaté. Vedette panafricaine et internationale, « la voix d'or de la révolution » avait pourtant l'oreille de Sékou Touré... - À voir le DVD du documentaire de Laurent Chevallier «La trace de Kandia»- À écouter «Sékou Touré, figure politique mythique».Émission initialement diffusée en 2019.
Étranger et communiste, Missak Manouchian le résistant et sa chère Mélinée entrent au Panthéon, le 21 février 2024, à Paris. Aux grands hommes et aux grandes femmes, la patrie reconnaissante. Valérie Nivelon retrace le parcours biographique d'un couple d'amoureux épris de liberté et de justice. Orphelins du génocide des Arméniens, réfugiés en France, engagés au sein du Front Populaire, Missak et Mélinée rejoignent ensemble la résistance des F.T.P M.O.I (main d'œuvre immigrée). Le groupe Manouchian va se distinguer par ses actions politiques et militaires spectaculaires. Arrêtés et torturés par la police française, Missak et 22 de ses camarades sont exécutés. Mélinée recevra la dernière lettre de l'homme de sa vie rédigée le 21 février 1944, le jour de sa mort, dont Aragon fera un poème « l'affiche rouge », en référence à l'affiche les dénonçant. Désignés comme des criminels, ils sont devenus des héros « morts pour la France ».Émission initialement diffusée en février 2024.À lire- Manouchian, de Denis Peschanski, Astrig Atamian et Claire Mouradian (éd. Textuel - 2023)- Des étrangers dans la Résistance, de Denis Peschanski (éd. de l'Atelier/Éditions ouvrières - 2013)- Le génocide des Arméniens de l'Empire ottoman, de Claire Mouradian, Raymond Kévorkian et Yves Ternon, Mémorial de la Shoah, 2015- « Le Sang de l'étranger, les immigrés de la M.O.I dans la résistance », de Denis Pechanski (éd. Fayard 1994)- Missak Manouchian, Ivre d'un grand rêve de liberté. Poésies (trad. Stéphane Cermakian), Paris, Points, coll. «Poésie», 2024. À écouter- L'Affiche rouge, le poème de Louis Aragon mis en chanson par Léo Ferré : Sur YouTube- Reprise de Feu ! Chatterton : Sur YouTube. À voirL'exposition Des étrangers dans la résistance en France. Commissariat scientifique : Denis Peschanski, directeur de recherche émérite au CNRS, Équipex Matrice, Programme 13-Novembre, et Renée Poznanski, professeure émérite, département des Politiques et Gouvernements, Université Ben Gourion du Negev.Mémorial de la Shoah : Nouveau : Exposition « Des Étrangers dans la Résistance en France » Émission spéciale France.tv : Missak Manouchian au Panthéon.