Patrick Boucheron est né en 1965, à Paris. Après des études secondaires au lycée Marcelin Berthelot (Saint-Maur-des-Fossés) puis au lycée Henri IV (Paris), il entre à l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1985 et obtient l’agrégation d’histoire en 1988. C’est sous la direction de Pierre Toube…
Patrice Boucheron Collège de France Année 2021-2022 La peste noire Résumé Prenant la suite du cours de l'année précédente (« La peste noire »), ainsi que des trois journées d'études qui l'ont accompagné (« Nouvelles recherches sur la peste noire »), l'enseignement de cette année tentera d'en tirer toutes les conséquences du point de la narrativité du récit historique et de ses causalités. Plongeant dans la mémoire archivistique et textuelle de l'événement (la peste noire entre 1347 et 1352, entendue comme le moment paroxystique de la deuxième pandémie de peste), mais aussi dans les archives du vivant comme dans toutes celles que met désormais à disposition les sciences de l'environnement, la réflexion de l'année dernière a fait subir au récit traditionnel différents débordements disciplinaires. Dès lors se pose la question du point de vue : à quelle hauteur raconter cette histoire à la fois globale et discontinue ? C'est en convoquant à nouveaux frais les recherches sur la conjoncture politique, économique et sociale, mais aussi spirituelle et religieuse du temps de peste que nous tenterons de répondre à cette question. Elle embrasse à la fois des questions que l'historiographie se pose depuis longtemps (la crise de la fin du Moyen Âge, son rapport avec la réorganisation des pouvoirs publics) et d'autres plus récents, relatifs notamment aux paysages et à l'habitat, à l'environnement d'une manière générale, à l'histoire non seulement démographique mais sanitaire des populations survivantes. Elle propose de saisir toute cette histoire non seulement après ou d'après la peste, mais depuis elle, comme événement, comme durée et comme temporalité.
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2021-2022La peste noireRésuméPrenant la suite du cours de l'année précédente (« La peste noire »), ainsi que des trois journées d'études qui l'ont accompagné (« Nouvelles recherches sur la peste noire »), l'enseignement de cette année tentera d'en tirer toutes les conséquences du point de la narrativité du récit historique et de ses causalités. Plongeant dans la mémoire archivistique et textuelle de l'événement (la peste noire entre 1347 et 1352, entendue comme le moment paroxystique de la deuxième pandémie de peste), mais aussi dans les archives du vivant comme dans toutes celles que met désormais à disposition les sciences de l'environnement, la réflexion de l'année dernière a fait subir au récit traditionnel différents débordements disciplinaires. Dès lors se pose la question du point de vue : à quelle hauteur raconter cette histoire à la fois globale et discontinue ?C'est en convoquant à nouveaux frais les recherches sur la conjoncture politique, économique et sociale, mais aussi spirituelle et religieuse du temps de peste que nous tenterons de répondre à cette question. Elle embrasse à la fois des questions que l'historiographie se pose depuis longtemps (la crise de la fin du Moyen Âge, son rapport avec la réorganisation des pouvoirs publics) et d'autres plus récents, relatifs notamment aux paysages et à l'habitat, à l'environnement d'une manière générale, à l'histoire non seulement démographique mais sanitaire des populations survivantes. Elle propose de saisir toute cette histoire non seulement après ou d'après la peste, mais depuis elle, comme événement, comme durée et comme temporalité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2021-2022 La peste noire Résumé Prenant la suite du cours de l'année précédente (« La peste noire »), ainsi que des trois journées d'études qui l'ont accompagné (« Nouvelles recherches sur la peste noire »), l'enseignement de cette année tentera d'en tirer toutes les conséquences du point de la narrativité du récit historique et de ses causalités. Plongeant dans la mémoire archivistique et textuelle de l'événement (la peste noire entre 1347 et 1352, entendue comme le moment paroxystique de la deuxième pandémie de peste), mais aussi dans les archives du vivant comme dans toutes celles que met désormais à disposition les sciences de l'environnement, la réflexion de l'année dernière a fait subir au récit traditionnel différents débordements disciplinaires. Dès lors se pose la question du point de vue : à quelle hauteur raconter cette histoire à la fois globale et discontinue ? C'est en convoquant à nouveaux frais les recherches sur la conjoncture politique, économique et sociale, mais aussi spirituelle et religieuse du temps de peste que nous tenterons de répondre à cette question. Elle embrasse à la fois des questions que l'historiographie se pose depuis longtemps (la crise de la fin du Moyen Âge, son rapport avec la réorganisation des pouvoirs publics) et d'autres plus récents, relatifs notamment aux paysages et à l'habitat, à l'environnement d'une manière générale, à l'histoire non seulement démographique mais sanitaire des populations survivantes. Elle propose de saisir toute cette histoire non seulement après ou d'après la peste, mais depuis elle, comme événement, comme durée et comme temporalité.
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Patrice Boucheron Collège de France Année 2021-2022 La peste noire Résumé Prenant la suite du cours de l'année précédente (« La peste noire »), ainsi que des trois journées d'études qui l'ont accompagné (« Nouvelles recherches sur la peste noire »), l'enseignement de cette année tentera d'en tirer toutes les conséquences du point de la narrativité du récit historique et de ses causalités. Plongeant dans la mémoire archivistique et textuelle de l'événement (la peste noire entre 1347 et 1352, entendue comme le moment paroxystique de la deuxième pandémie de peste), mais aussi dans les archives du vivant comme dans toutes celles que met désormais à disposition les sciences de l'environnement, la réflexion de l'année dernière a fait subir au récit traditionnel différents débordements disciplinaires. Dès lors se pose la question du point de vue : à quelle hauteur raconter cette histoire à la fois globale et discontinue ? C'est en convoquant à nouveaux frais les recherches sur la conjoncture politique, économique et sociale, mais aussi spirituelle et religieuse du temps de peste que nous tenterons de répondre à cette question. Elle embrasse à la fois des questions que l'historiographie se pose depuis longtemps (la crise de la fin du Moyen Âge, son rapport avec la réorganisation des pouvoirs publics) et d'autres plus récents, relatifs notamment aux paysages et à l'habitat, à l'environnement d'une manière générale, à l'histoire non seulement démographique mais sanitaire des populations survivantes. Elle propose de saisir toute cette histoire non seulement après ou d'après la peste, mais depuis elle, comme événement, comme durée et comme temporalité.
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2021-2022La peste noireRésuméPrenant la suite du cours de l'année précédente (« La peste noire »), ainsi que des trois journées d'études qui l'ont accompagné (« Nouvelles recherches sur la peste noire »), l'enseignement de cette année tentera d'en tirer toutes les conséquences du point de la narrativité du récit historique et de ses causalités. Plongeant dans la mémoire archivistique et textuelle de l'événement (la peste noire entre 1347 et 1352, entendue comme le moment paroxystique de la deuxième pandémie de peste), mais aussi dans les archives du vivant comme dans toutes celles que met désormais à disposition les sciences de l'environnement, la réflexion de l'année dernière a fait subir au récit traditionnel différents débordements disciplinaires. Dès lors se pose la question du point de vue : à quelle hauteur raconter cette histoire à la fois globale et discontinue ?C'est en convoquant à nouveaux frais les recherches sur la conjoncture politique, économique et sociale, mais aussi spirituelle et religieuse du temps de peste que nous tenterons de répondre à cette question. Elle embrasse à la fois des questions que l'historiographie se pose depuis longtemps (la crise de la fin du Moyen Âge, son rapport avec la réorganisation des pouvoirs publics) et d'autres plus récents, relatifs notamment aux paysages et à l'habitat, à l'environnement d'une manière générale, à l'histoire non seulement démographique mais sanitaire des populations survivantes. Elle propose de saisir toute cette histoire non seulement après ou d'après la peste, mais depuis elle, comme événement, comme durée et comme temporalité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2021-2022 La peste noire Résumé Prenant la suite du cours de l'année précédente (« La peste noire »), ainsi que des trois journées d'études qui l'ont accompagné (« Nouvelles recherches sur la peste noire »), l'enseignement de cette année tentera d'en tirer toutes les conséquences du point de la narrativité du récit historique et de ses causalités. Plongeant dans la mémoire archivistique et textuelle de l'événement (la peste noire entre 1347 et 1352, entendue comme le moment paroxystique de la deuxième pandémie de peste), mais aussi dans les archives du vivant comme dans toutes celles que met désormais à disposition les sciences de l'environnement, la réflexion de l'année dernière a fait subir au récit traditionnel différents débordements disciplinaires. Dès lors se pose la question du point de vue : à quelle hauteur raconter cette histoire à la fois globale et discontinue ? C'est en convoquant à nouveaux frais les recherches sur la conjoncture politique, économique et sociale, mais aussi spirituelle et religieuse du temps de peste que nous tenterons de répondre à cette question. Elle embrasse à la fois des questions que l'historiographie se pose depuis longtemps (la crise de la fin du Moyen Âge, son rapport avec la réorganisation des pouvoirs publics) et d'autres plus récents, relatifs notamment aux paysages et à l'habitat, à l'environnement d'une manière générale, à l'histoire non seulement démographique mais sanitaire des populations survivantes. Elle propose de saisir toute cette histoire non seulement après ou d'après la peste, mais depuis elle, comme événement, comme durée et comme temporalité.
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2021-2022La peste noireRésuméPrenant la suite du cours de l'année précédente (« La peste noire »), ainsi que des trois journées d'études qui l'ont accompagné (« Nouvelles recherches sur la peste noire »), l'enseignement de cette année tentera d'en tirer toutes les conséquences du point de la narrativité du récit historique et de ses causalités. Plongeant dans la mémoire archivistique et textuelle de l'événement (la peste noire entre 1347 et 1352, entendue comme le moment paroxystique de la deuxième pandémie de peste), mais aussi dans les archives du vivant comme dans toutes celles que met désormais à disposition les sciences de l'environnement, la réflexion de l'année dernière a fait subir au récit traditionnel différents débordements disciplinaires. Dès lors se pose la question du point de vue : à quelle hauteur raconter cette histoire à la fois globale et discontinue ?C'est en convoquant à nouveaux frais les recherches sur la conjoncture politique, économique et sociale, mais aussi spirituelle et religieuse du temps de peste que nous tenterons de répondre à cette question. Elle embrasse à la fois des questions que l'historiographie se pose depuis longtemps (la crise de la fin du Moyen Âge, son rapport avec la réorganisation des pouvoirs publics) et d'autres plus récents, relatifs notamment aux paysages et à l'habitat, à l'environnement d'une manière générale, à l'histoire non seulement démographique mais sanitaire des populations survivantes. Elle propose de saisir toute cette histoire non seulement après ou d'après la peste, mais depuis elle, comme événement, comme durée et comme temporalité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé À partir de l’analyse croisée du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut, du Decameron de Boccace et de la correspondance de Pétrarque, cette dernière leçon tente de rassembler les acquis du cours autour de la question de l’agencement du temps. On y rencontre ce que l’on attendait (le rapport entre la calamité et le feu du récit), mais aussi ce que l’on n’attendait pas (la question de l’émancipation féminine et l’énigme de la violence antisémite). Avec toujours la même question : s’il y a bien un monde d’après la peste, se dit-il après elle ou d’après elle ? Sommaire Qu’avons-nous entendu ? Le bruit sourd de la tempête épidémique (« Si que ces tempestes cesserrent… », Guillaume de Machaut, Le Jugement du roi de Navarre, ensemble Gilles Binchois, dit par Jean-Paul Raccodon, 2001) Peste est le nom de ce que contre quoi on ne résiste pas La mélancolie de Guillaume de Machaut, « poésie de la tension, de l’accord et du désaccord » (Jacqueline Cerquiglini-Toulet, “Un engin si soutil”. Guillaume de Machaut et l’écriture au XIVe siècle, Paris, 2001) « Ce fu des orribles merveilles » : prologue apocalyptique et service du prince (Dominique Boutet, « L’Éloge du Prince et l’expérience de la mélancolie. Réflexions sur les facteurs de cohérence du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut », dans Id. et Jacques Verger dir., Penser le pouvoir au Moyen Âge (VIIIe‑XVe siècle). Études d’histoire et de littérature offertes à Françoise Autrand, Paris, 2000) Des intentions politiques au fonctionnement poétique : la métafiction d’une ancienne affaire « mal taillée » (Robert Barton Palmer, « The metafictional Machaut: Self-reflexivity and Self-mediation in the two Judgment poems », Studies in the Literary Imagination, 20, 1987) L’auctorialité débordée, ou comment Guillaume de Machaut peine à contrôler ses lecteurs (Deborah McGrady, Controlling readers: Guillaume de Machaut and his late Medieval audience, Toronto, University of Toronto press, 2006) Guillaume de Machaut fut-il si discourtois ? Fictionner la fiction, refaire le procès (Laëtitia Tabard, « Contre-enquête au Moyen Âge : (re)faire le procès de Guillaume de Machaut », Premier symposium de critique policière. Autour de Pierre Bayard, 2017 : http://intercripol.org/fr/thematiques/critique-judiciaire/contre-enquete-au-moyen-age-re-faire-le-proces-de-guillaume-de-machautnew-page.html) En 1349, tout est à refaire L’entrée en guerre, la peste, et l’irruption du langage poétique : depuis l’Iliade, le roman de fondation de l’Occident Boccace réécrit Thucydide, mais lui aussi a vu ce qu’il a vu Annoter Le Decameron comme un texte de savoir (Enrica Zanin, « À la recherche de savoir. Les Marginalia dans les collections de nouvelles », dans Carine Roudière-Sébastien dir., Quand Minerve passe les monts. Modalités littéraires de la circulation des savoirs (Italie-France, Renaissance-XVIIe siècle), Pessac, 2020) Boccace, la preservatio sanitatis et la culture médicale (Anne Robin, « Boccace et les médecins du Décaméron ». Chroniques italiennes, 2011) La description de la peste à Florence, relevé d’une catastrophe révolue et mythe philosophique (Kurt Flasch, Poesia dopo la peste. Saggio su Boccaccio, Rome-Bari, 1994) La tourmente épidémique allume le feu des récits Derrière le frontispice de « l’horrible commencement », le prologue et l’incendie d’un cœur amoureux De l’art de « n’être pas mort » quand quelque chose est mort en soi : le Decameron comme littérature de consolation Mardi matin, Santa Maria Novella, « après bien des soupirs, cessant de dire des Pater, elles se mirent à converser de choses et d’autres touchant la nature de l’époque » « Qu’attendons-nous ? À quoi rêvons-nous ? » Sept jeunes femmes et trois hommes : la fin du deuil, ou une révolte lente à venir Alors c’est parti : Cat Power, « Black », Wanderer, 2018 La grande faucheuse et le charnier : en 1338, tout est déjà en place, visible dans l’Allégorie de la Rédemption d’Ambrogio Lorenzetti L’acte de créer, résistance et honte d’être un homme (Gilles Deleuze, Abécédaire, « R comme Résistance », 1989) Sur le palais qui couronne la colline, sacre de l’écrivain et compromissions politiques « Quand soudain » : l’irruption des frères chartreux fait de Pétrarque le narrateur de la peste (Familières, XVI, 2) Son frère, comme un modèle et un reproche : « pendant que mes visiteurs racontaient ces faits et bien d’autres de la sorte à ton sujet, l’évêque me regardait les yeux mouillés de larmes » « L’année 1348 de ces temps ultimes fut pour nous une année de deuil. Nous savons maintenant qu’elle n’a été que le commencement de notre deuil… » (Pétrarque à Boccace, 7 septembre 1363, Lettres de vieillesse, III, 1) L’année 1363, « la seizième depuis le début de nos malheurs » : la peste chez Pétrarque comme nouvelle ère 1348 est « un pli dans l’ordre du temps qui dédouble le monde » et institue l’œuvre à venir (Étienne Anheim, « Pétrarque ou l’écriture d’une vie », Séminaire à l’EHESS , 25 novembre 2020) « Que faire maintenant, mon frère ? Voilà que nous avons déjà presque tout essayé et nous n’avons trouvé le repos nulle part. Quand l’attendre ? Où le chercher ? Le temps comme on dit a glissé entre nos doigts ; nos anciennes espérances ont été ensevelies avec nos amis. L’année 1348 a fait de nous des hommes esseulés et faibles » (Familères, I, 1) La peste chez Pétrarque, « moment inaugural de la temporalité comme mobile » (Étienne Anheim) Retour à Guillaume de Machaut et au Jugement du roi de Navarre : la peste n’ordonne pas le temps, mais le défait Linéarité du dit, arche rythmique du motet : quand le temps se comprime mais ne se déroule pas Le Tohu bohu archaïque des « orribles merveilles » du prologue de Guillaume de Machaut : tempêtes, fléaux et épidémies Calamitas et maladie du calame : écrire l’épaisseur des catastrophes (Thomas Labbé, Les Catastrophes naturelles au Moyen Âge, Paris, 2017) Sous la mortalitas, rien d’autre qu’une surmortalité Un cri de haine dans un écrin de beauté : la « bête féroce » tapie dans le cantus firmus d’un motet de Guillaume de Machaut (Francesco Rocco Rossi, « Deux Cas paradigmatiques d’invective musicale dans la musique ancienne : “Fons totius superbiae/Livoris feritas/Fera pessima” de Guillaume de Machaut et “Sola caret monstris/Fera pessima” de Loyset Compère », dans Les Discours de la haine : Récits et figures de la passion dans la Cité, Villeneuve d'Ascq, 2009) L’accusation antisémite, avant le déclenchement épidémique : ordre narratif et désordres politiques Maintenir l’énigme comme énigme Le printemps à la fenêtre de Guillaume de Machaut : qui nous préviendra qu’il faut se décamérer ? (Nathalie Koble, Décamérez ! Des nouvelles de Boccace, Paris, 2021) Merci à la brigata, et salut.
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireRésuméÀ partir de l'analyse croisée du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut, du Decameron de Boccace et de la correspondance de Pétrarque, cette dernière leçon tente de rassembler les acquis du cours autour de la question de l'agencement du temps. On y rencontre ce que l'on attendait (le rapport entre la calamité et le feu du récit), mais aussi ce que l'on n'attendait pas (la question de l'émancipation féminine et l'énigme de la violence antisémite). Avec toujours la même question : s'il y a bien un monde d'après la peste, se dit-il après elle ou d'après elle ?SommaireQu'avons-nous entendu ? Le bruit sourd de la tempête épidémique (« Si que ces tempestes cesserrent… », Guillaume de Machaut, Le Jugement du roi de Navarre, ensemble Gilles Binchois, dit par Jean-Paul Raccodon, 2001)Peste est le nom de ce que contre quoi on ne résiste pasLa mélancolie de Guillaume de Machaut, « poésie de la tension, de l'accord et du désaccord » (Jacqueline Cerquiglini-Toulet, "Un engin si soutil". Guillaume de Machaut et l'écriture au XIVe siècle, Paris, 2001)« Ce fu des orribles merveilles » : prologue apocalyptique et service du prince (Dominique Boutet, « L'Éloge du Prince et l'expérience de la mélancolie. Réflexions sur les facteurs de cohérence du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut », dans Id. et Jacques Verger dir., Penser le pouvoir au Moyen Âge (VIIIe‑XVe siècle). Études d'histoire et de littérature offertes à Françoise Autrand, Paris, 2000)Des intentions politiques au fonctionnement poétique : la métafiction d'une ancienne affaire « mal taillée » (Robert Barton Palmer, « The metafictional Machaut: Self-reflexivity and Self-mediation in the two Judgment poems », Studies in the Literary Imagination, 20, 1987)L'auctorialité débordée, ou comment Guillaume de Machaut peine à contrôler ses lecteurs (Deborah McGrady, Controlling readers: Guillaume de Machaut and his late Medieval audience, Toronto, University of Toronto press, 2006)Guillaume de Machaut fut-il si discourtois ? Fictionner la fiction, refaire le procès (Laëtitia Tabard, « Contre-enquête au Moyen Âge : (re)faire le procès de Guillaume de Machaut », Premier symposium de critique policière. Autour de Pierre Bayard, 2017 : http://intercripol.org/fr/thematiques/critique-judiciaire/contre-enquete-au-moyen-age-re-faire-le-proces-de-guillaume-de-machautnew-page.html)En 1349, tout est à refaireL'entrée en guerre, la peste, et l'irruption du langage poétique : depuis l'Iliade, le roman de fondation de l'OccidentBoccace réécrit Thucydide, mais lui aussi a vu ce qu'il a vuAnnoter Le Decameron comme un texte de savoir (Enrica Zanin, « À la recherche de savoir. Les Marginalia dans les collections de nouvelles », dans Carine Roudière-Sébastien dir., Quand Minerve passe les monts. Modalités littéraires de la circulation des savoirs (Italie-France, Renaissance-XVIIe siècle), Pessac, 2020)Boccace, la preservatio sanitatis et la culture médicale (Anne Robin, « Boccace et les médecins du Décaméron ». Chroniques italiennes, 2011)La description de la peste à Florence, relevé d'une catastrophe révolue et mythe philosophique (Kurt Flasch, Poesia dopo la peste. Saggio su Boccaccio, Rome-Bari, 1994)La tourmente épidémique allume le feu des récitsDerrière le frontispice de « l'horrible commencement », le prologue et l'incendie d'un cœur amoureuxDe l'art de « n'être pas mort » quand quelque chose est mort en soi : le Decameron comme littérature de consolationMardi matin, Santa Maria Novella, « après bien des soupirs, cessant de dire des Pater, elles se mirent à converser de choses et d'autres touchant la nature de l'époque »« Qu'attendons-nous ? À quoi rêvons-nous ? » Sept jeunes femmes et trois hommes : la fin du deuil, ou une révolte lente à venirAlors c'est parti : Cat Power, « Black », Wanderer, 2018La grande faucheuse et le charnier : en 1338, tout est déjà en place, visible dans l'Allégorie de la Rédemption d'Ambrogio LorenzettiL'acte de créer, résistance et honte d'être un homme (Gilles Deleuze, Abécédaire, « R comme Résistance », 1989)Sur le palais qui couronne la colline, sacre de l'écrivain et compromissions politiques« Quand soudain » : l'irruption des frères chartreux fait de Pétrarque le narrateur de la peste (Familières, XVI, 2)Son frère, comme un modèle et un reproche : « pendant que mes visiteurs racontaient ces faits et bien d'autres de la sorte à ton sujet, l'évêque me regardait les yeux mouillés de larmes »« L'année 1348 de ces temps ultimes fut pour nous une année de deuil. Nous savons maintenant qu'elle n'a été que le commencement de notre deuil… » (Pétrarque à Boccace, 7 septembre 1363, Lettres de vieillesse, III, 1)L'année 1363, « la seizième depuis le début de nos malheurs » : la peste chez Pétrarque comme nouvelle ère1348 est « un pli dans l'ordre du temps qui dédouble le monde » et institue l'œuvre à venir (Étienne Anheim, « Pétrarque ou l'écriture d'une vie », Séminaire à l'EHESS , 25 novembre 2020)« Que faire maintenant, mon frère ? Voilà que nous avons déjà presque tout essayé et nous n'avons trouvé le repos nulle part. Quand l'attendre ? Où le chercher ? Le temps comme on dit a glissé entre nos doigts ; nos anciennes espérances ont été ensevelies avec nos amis. L'année 1348 a fait de nous des hommes esseulés et faibles » (Familères, I, 1)La peste chez Pétrarque, « moment inaugural de la temporalité comme mobile » (Étienne Anheim)Retour à Guillaume de Machaut et au Jugement du roi de Navarre : la peste n'ordonne pas le temps, mais le défaitLinéarité du dit, arche rythmique du motet : quand le temps se comprime mais ne se déroule pasLe Tohu bohu archaïque des « orribles merveilles » du prologue de Guillaume de Machaut : tempêtes, fléaux et épidémiesCalamitas et maladie du calame : écrire l'épaisseur des catastrophes (Thomas Labbé, Les Catastrophes naturelles au Moyen Âge, Paris, 2017)Sous la mortalitas, rien d'autre qu'une surmortalitéUn cri de haine dans un écrin de beauté : la « bête féroce » tapie dans le cantus firmus d'un motet de Guillaume de Machaut (Francesco Rocco Rossi, « Deux Cas paradigmatiques d'invective musicale dans la musique ancienne : "Fons totius superbiae/Livoris feritas/Fera pessima" de Guillaume de Machaut et "Sola caret monstris/Fera pessima" de Loyset Compère », dans Les Discours de la haine : Récits et figures de la passion dans la Cité, Villeneuve d'Ascq, 2009)L'accusation antisémite, avant le déclenchement épidémique : ordre narratif et désordres politiquesMaintenir l'énigme comme énigmeLe printemps à la fenêtre de Guillaume de Machaut : qui nous préviendra qu'il faut se décamérer ? (Nathalie Koble, Décamérez ! Des nouvelles de Boccace, Paris, 2021)Merci à la brigata, et salut.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé La recherche des causes de la peste, mais aussi l’expérimentation de remèdes susceptibles de soigner une maladie que l’on considère comme mortelle mais non incurable, met la médecine médiévale à l’épreuve de sa propre rationalité savante. Comment y intégrer cette contagion que l’on observe sans l’expliquer ? La transmission de la maladie est d’abord une métaphore de la contagion des péchés, rendant manifeste le pouvoir de l’imagination : voici pourquoi la compassio médiévale inspire des politiques qui ne sont pas toujours compassionnelles. Sommaire « Mortelle ou mortifère, contagieuse, ardente, cruelle… » : les épithètes de la peste de Maurice de La Porte en 1571 (Véronique Montagne, « Le Discours didascalique sur la peste dans les traités médicaux de la Renaissance : rationaliser et/ou inquiéter », Réforme, Humanisme, Renaissance, 2010) « Aspre, noire, charbonneuse… » : depuis quand la peste est-elle noire ? (Jon Arrizabalaga, « Facing the Black Death: perceptions and reactions of university medical practitioners », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, 1994) Peste noire et peur bleue en 1832 (Justus Hecker, Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert: Nach den Quellen für Ärzte und gebildete Nichtärzte bearbeitet, Berlin, 1832) Du rouge au noir, le mauvais sang de la mélancolie (Marie-Christine Pouchelle, « Les appétits mélancoliques », Médiévales, 1983) Avec le corps pour écran et pour tombeau : diagnostic, pronostic et sémiologie médicale Histoires de la douleur, des premiers symptômes à l’apparition des bubons À la recherche du signum mortis : « le mouvement de la mort n’est pas aussi certain que celui de la vie (Bernard de Godon, Liber pronosticorum, 1295, cité par Danielle Jacquart, « Le Difficile Pronostic de mort (XIVe- XVe siècles) », Médiévales, 2004) La médecine médiévale fut-elle honteuse ? Régimes de rationalités et diversité textuelle des Pestschiften (Karl Sudhoff) Le Traité sur les fièvres pestilentielles et autres formes de fièvres d’Abraham Caslari (Ron Barkai, « Jewish Treatise on the Black Death (1350-1500): A Preliminary Study », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Medicine from the Black Death to the French Disease, Londres, 1998) ‘Eliyahu ben ‘Avraham à la cour de Sélim 1er à Constantinople et la médicalisation des savoirs politiques sur la peste dans l’Empire ottoman (Nükhet Varlik, Plague and Empire in the Early Modern Mediterranean World. The Ottoman Experience, 1347-1600, Cambridge, 2015) Écrire avant, pendant et après la peste : le manuscrit latin 111227 de la BnF et le Compendium de epidemia de la Faculté de médecine de Paris (Danielle Jacquart, La Médecine médiévale dans le cadre parisien, XIVe-XVe siècle, Paris, 1998) « À la vue des effets dont la cause échappe à la perspicacité des meilleures intelligences, l’esprit humain tombe dans l’étonnement » (Compendium de epidemia, 1348) Les limites de la raison médicale face aux « effets merveilleux » d’une maladie mortelle, mais non incurable La conjonction astrale de 1345, remota causa de la pestilence Recours à l’astrologie et inflexion alchimique du discours médical : une défaite de la raison ? (Nicolas Weill-Parot, « La rationalité médicale à l'épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) », Médiévales, 2004) Du bon usage thérapeutique de la richesse : or potable et pierres précieuses Air vicié, venin et contrepoison (Nicolas Weill-Parot, « Des rationalités en concurrence ? Empirica magiques et médecine scolastique », Anuario de Estudios Medievales, 2013) Ventouser, scarifier, cautériser : l’incision des bubons dans la Grande Chirurgie de Guy de Chauliac (1363) La recette du jeune poulet au croupion déplumé (Jacme d’Agramont, Regiment de preservacio de pestilencia, 1348) Empirica, experimenta ou secreta ? Longévité, obstination et créativité d’une « expérience de papier » (Erik A. Heinrichs, Erik Heinrichs, « The Live Chicken Treatment for Buboes: Trying a Plague Cure in Medieval and Early Modern Europe », Bulletin of the History of Medicine, 2017) « Pourquoi certaines maladies rendent-elles malades ceux qui s’approchent alors que personne n’est guéri par la santé ? » (Problemata, VII, 4) La compassion et le pouvoir de l’imagination (Béatrice Delaurenti, La Contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, Paris, 2016) Dispositio morbida et forme spécifique, ou comment intégrer l’inexpliqué de la contagion humaine dans le système explicable des humeurs Cette « effrayante maladie qui nous envahit » : Gentile da Foligno, du commentaire du Canon d’Avicenne au Consilia contra pestilentiam (Joël Chandelier, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, 2017) « Si on nous demande : comment nous en remettre à la théorie de la contagion (da’wa-l-adwa) quand la loi nie cela, nous répondons : l’existence de la contagion est solidement établie par l’expérience, par l’étude, par la perception, par la constatation et par la fréquence des données. Ce sont les éléments de la preuve » (Ibn al-Hatib, Celle qui convainc le poseur de questions sur la maladie terrifiante, 1348, cité par François Clément, « À propos de la Muqni’at al-sa’id d’Ibn al-Hatib sur la peste à Grenade en 1348-1349 », dans Id., dir., Epidemies, épizooties. Des représentations anciennes aux approches actuelles, Rennes, 2017) Médecine arabe et refus des formes magiques de la contagion (Justin Stearns, Infectious ideas. Infectious ideas. Contagion in Premodern Islamic and Christian Thought in the Western Mediterranean, Baltimore, 2011) La souillure, la tâche et l’infection : seuls les péchés sont contagieux (Aurélien Robert, « Contagion morale et transmission des maladies : histoire d’un chiasme (XIIIe-XIXe siècle) », Tracés, 2011) Pourquoi faut-il isoler les lépreux ? Le morbus contagiosus de la maladie et la macule du péché (Maaike van der Lugt, « Les maladies héréditaires dans la pensée scolastique », dans L’Hérédité entre Moyen Âge et époque moderne, Florence, 2008) Pollution, contagion, scandale (Arnaud Fossier, « La contagion des péchés (XIe-XIIIe siècle) », Tracés, 2011) Le mauvais œil, la maladie d’amour et le pouvoir des femmes (Mary F. Wack, Lovesickness in the Middle Ages. The “Viaticum” and Its Commentaries, Philadelphie, 1990) Amour, altération de l’esprit, mélancolie : « La contagion de l’amour s’opère facilement et devient la peste la plus grave de toute » (Marsile Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, VII, 5, 1469) Girolamo Fracastoro et le De Contagione et contagionis Morbis (1546) : une fausse rupture naturaliste Pharmacie médiévale de la peste et pharmakon « Cette langue qui halète, énorme et grosse, d’abord blanche, puis rouge, puis noire, et comme charbonneuse et fendillée… » (Antonin Artaud, Le Théâtre de la peste, 1938) De la métaphore meurtrière en régime analogique : quand le langage s’affole, la violence peut commencer à s’exercer.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé La recherche des causes de la peste, mais aussi l’expérimentation de remèdes susceptibles de soigner une maladie que l’on considère comme mortelle mais non incurable, met la médecine médiévale à l’épreuve de sa propre rationalité savante. Comment y intégrer cette contagion que l’on observe sans l’expliquer ? La transmission de la maladie est d’abord une métaphore de la contagion des péchés, rendant manifeste le pouvoir de l’imagination : voici pourquoi la compassio médiévale inspire des politiques qui ne sont pas toujours compassionnelles. Sommaire « Mortelle ou mortifère, contagieuse, ardente, cruelle… » : les épithètes de la peste de Maurice de La Porte en 1571 (Véronique Montagne, « Le Discours didascalique sur la peste dans les traités médicaux de la Renaissance : rationaliser et/ou inquiéter », Réforme, Humanisme, Renaissance, 2010) « Aspre, noire, charbonneuse… » : depuis quand la peste est-elle noire ? (Jon Arrizabalaga, « Facing the Black Death: perceptions and reactions of university medical practitioners », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, 1994) Peste noire et peur bleue en 1832 (Justus Hecker, Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert: Nach den Quellen für Ärzte und gebildete Nichtärzte bearbeitet, Berlin, 1832) Du rouge au noir, le mauvais sang de la mélancolie (Marie-Christine Pouchelle, « Les appétits mélancoliques », Médiévales, 1983) Avec le corps pour écran et pour tombeau : diagnostic, pronostic et sémiologie médicale Histoires de la douleur, des premiers symptômes à l’apparition des bubons À la recherche du signum mortis : « le mouvement de la mort n’est pas aussi certain que celui de la vie (Bernard de Godon, Liber pronosticorum, 1295, cité par Danielle Jacquart, « Le Difficile Pronostic de mort (XIVe- XVe siècles) », Médiévales, 2004) La médecine médiévale fut-elle honteuse ? Régimes de rationalités et diversité textuelle des Pestschiften (Karl Sudhoff) Le Traité sur les fièvres pestilentielles et autres formes de fièvres d’Abraham Caslari (Ron Barkai, « Jewish Treatise on the Black Death (1350-1500): A Preliminary Study », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Medicine from the Black Death to the French Disease, Londres, 1998) ‘Eliyahu ben ‘Avraham à la cour de Sélim 1er à Constantinople et la médicalisation des savoirs politiques sur la peste dans l’Empire ottoman (Nükhet Varlik, Plague and Empire in the Early Modern Mediterranean World. The Ottoman Experience, 1347-1600, Cambridge, 2015) Écrire avant, pendant et après la peste : le manuscrit latin 111227 de la BnF et le Compendium de epidemia de la Faculté de médecine de Paris (Danielle Jacquart, La Médecine médiévale dans le cadre parisien, XIVe-XVe siècle, Paris, 1998) « À la vue des effets dont la cause échappe à la perspicacité des meilleures intelligences, l’esprit humain tombe dans l’étonnement » (Compendium de epidemia, 1348) Les limites de la raison médicale face aux « effets merveilleux » d’une maladie mortelle, mais non incurable La conjonction astrale de 1345, remota causa de la pestilence Recours à l’astrologie et inflexion alchimique du discours médical : une défaite de la raison ? (Nicolas Weill-Parot, « La rationalité médicale à l'épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) », Médiévales, 2004) Du bon usage thérapeutique de la richesse : or potable et pierres précieuses Air vicié, venin et contrepoison (Nicolas Weill-Parot, « Des rationalités en concurrence ? Empirica magiques et médecine scolastique », Anuario de Estudios Medievales, 2013) Ventouser, scarifier, cautériser : l’incision des bubons dans la Grande Chirurgie de Guy de Chauliac (1363) La recette du jeune poulet au croupion déplumé (Jacme d’Agramont, Regiment de preservacio de pestilencia, 1348) Empirica, experimenta ou secreta ? Longévité, obstination et créativité d’une « expérience de papier » (Erik A. Heinrichs, Erik Heinrichs, « The Live Chicken Treatment for Buboes: Trying a Plague Cure in Medieval and Early Modern Europe », Bulletin of the History of Medicine, 2017) « Pourquoi certaines maladies rendent-elles malades ceux qui s’approchent alors que personne n’est guéri par la santé ? » (Problemata, VII, 4) La compassion et le pouvoir de l’imagination (Béatrice Delaurenti, La Contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, Paris, 2016) Dispositio morbida et forme spécifique, ou comment intégrer l’inexpliqué de la contagion humaine dans le système explicable des humeurs Cette « effrayante maladie qui nous envahit » : Gentile da Foligno, du commentaire du Canon d’Avicenne au Consilia contra pestilentiam (Joël Chandelier, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, 2017) « Si on nous demande : comment nous en remettre à la théorie de la contagion (da’wa-l-adwa) quand la loi nie cela, nous répondons : l’existence de la contagion est solidement établie par l’expérience, par l’étude, par la perception, par la constatation et par la fréquence des données. Ce sont les éléments de la preuve » (Ibn al-Hatib, Celle qui convainc le poseur de questions sur la maladie terrifiante, 1348, cité par François Clément, « À propos de la Muqni’at al-sa’id d’Ibn al-Hatib sur la peste à Grenade en 1348-1349 », dans Id., dir., Epidemies, épizooties. Des représentations anciennes aux approches actuelles, Rennes, 2017) Médecine arabe et refus des formes magiques de la contagion (Justin Stearns, Infectious ideas. Infectious ideas. Contagion in Premodern Islamic and Christian Thought in the Western Mediterranean, Baltimore, 2011) La souillure, la tâche et l’infection : seuls les péchés sont contagieux (Aurélien Robert, « Contagion morale et transmission des maladies : histoire d’un chiasme (XIIIe-XIXe siècle) », Tracés, 2011) Pourquoi faut-il isoler les lépreux ? Le morbus contagiosus de la maladie et la macule du péché (Maaike van der Lugt, « Les maladies héréditaires dans la pensée scolastique », dans L’Hérédité entre Moyen Âge et époque moderne, Florence, 2008) Pollution, contagion, scandale (Arnaud Fossier, « La contagion des péchés (XIe-XIIIe siècle) », Tracés, 2011) Le mauvais œil, la maladie d’amour et le pouvoir des femmes (Mary F. Wack, Lovesickness in the Middle Ages. The “Viaticum” and Its Commentaries, Philadelphie, 1990) Amour, altération de l’esprit, mélancolie : « La contagion de l’amour s’opère facilement et devient la peste la plus grave de toute » (Marsile Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, VII, 5, 1469) Girolamo Fracastoro et le De Contagione et contagionis Morbis (1546) : une fausse rupture naturaliste Pharmacie médiévale de la peste et pharmakon « Cette langue qui halète, énorme et grosse, d’abord blanche, puis rouge, puis noire, et comme charbonneuse et fendillée… » (Antonin Artaud, Le Théâtre de la peste, 1938) De la métaphore meurtrière en régime analogique : quand le langage s’affole, la violence peut commencer à s’exercer.
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireRésuméLa recherche des causes de la peste, mais aussi l'expérimentation de remèdes susceptibles de soigner une maladie que l'on considère comme mortelle mais non incurable, met la médecine médiévale à l'épreuve de sa propre rationalité savante. Comment y intégrer cette contagion que l'on observe sans l'expliquer ? La transmission de la maladie est d'abord une métaphore de la contagion des péchés, rendant manifeste le pouvoir de l'imagination : voici pourquoi la compassio médiévale inspire des politiques qui ne sont pas toujours compassionnelles.Sommaire« Mortelle ou mortifère, contagieuse, ardente, cruelle… » : les épithètes de la peste de Maurice de La Porte en 1571 (Véronique Montagne, « Le Discours didascalique sur la peste dans les traités médicaux de la Renaissance : rationaliser et/ou inquiéter », Réforme, Humanisme, Renaissance, 2010)« Aspre, noire, charbonneuse… » : depuis quand la peste est-elle noire ? (Jon Arrizabalaga, « Facing the Black Death: perceptions and reactions of university medical practitioners », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, 1994)Peste noire et peur bleue en 1832 (Justus Hecker, Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert: Nach den Quellen für Ärzte und gebildete Nichtärzte bearbeitet, Berlin, 1832)Du rouge au noir, le mauvais sang de la mélancolie (Marie-Christine Pouchelle, « Les appétits mélancoliques », Médiévales, 1983)Avec le corps pour écran et pour tombeau : diagnostic, pronostic et sémiologie médicaleHistoires de la douleur, des premiers symptômes à l'apparition des bubonsÀ la recherche du signum mortis : « le mouvement de la mort n'est pas aussi certain que celui de la vie (Bernard de Godon, Liber pronosticorum, 1295, cité par Danielle Jacquart, « Le Difficile Pronostic de mort (XIVe- XVe siècles) », Médiévales, 2004)La médecine médiévale fut-elle honteuse ? Régimes de rationalités et diversité textuelle des Pestschiften (Karl Sudhoff)Le Traité sur les fièvres pestilentielles et autres formes de fièvres d'Abraham Caslari (Ron Barkai, « Jewish Treatise on the Black Death (1350-1500): A Preliminary Study », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Medicine from the Black Death to the French Disease, Londres, 1998)'Eliyahu ben 'Avraham à la cour de Sélim 1er à Constantinople et la médicalisation des savoirs politiques sur la peste dans l'Empire ottoman (Nükhet Varlik, Plague and Empire in the Early Modern Mediterranean World. The Ottoman Experience, 1347-1600, Cambridge, 2015)Écrire avant, pendant et après la peste : le manuscrit latin 111227 de la BnF et le Compendium de epidemia de la Faculté de médecine de Paris (Danielle Jacquart, La Médecine médiévale dans le cadre parisien, XIVe-XVe siècle, Paris, 1998)« À la vue des effets dont la cause échappe à la perspicacité des meilleures intelligences, l'esprit humain tombe dans l'étonnement » (Compendium de epidemia, 1348)Les limites de la raison médicale face aux « effets merveilleux » d'une maladie mortelle, mais non incurableLa conjonction astrale de 1345, remota causa de la pestilenceRecours à l'astrologie et inflexion alchimique du discours médical : une défaite de la raison ? (Nicolas Weill-Parot, « La rationalité médicale à l'épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) », Médiévales, 2004)Du bon usage thérapeutique de la richesse : or potable et pierres précieusesAir vicié, venin et contrepoison (Nicolas Weill-Parot, « Des rationalités en concurrence ? Empirica magiques et médecine scolastique », Anuario de Estudios Medievales, 2013)Ventouser, scarifier, cautériser : l'incision des bubons dans la Grande Chirurgie de Guy de Chauliac (1363)La recette du jeune poulet au croupion déplumé (Jacme d'Agramont, Regiment de preservacio de pestilencia, 1348)Empirica, experimenta ou secreta ? Longévité, obstination et créativité d'une « expérience de papier » (Erik A. Heinrichs, Erik Heinrichs, « The Live Chicken Treatment for Buboes: Trying a Plague Cure in Medieval and Early Modern Europe », Bulletin of the History of Medicine, 2017)« Pourquoi certaines maladies rendent-elles malades ceux qui s'approchent alors que personne n'est guéri par la santé ? » (Problemata, VII, 4)La compassion et le pouvoir de l'imagination (Béatrice Delaurenti, La Contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, Paris, 2016)Dispositio morbida et forme spécifique, ou comment intégrer l'inexpliqué de la contagion humaine dans le système explicable des humeursCette « effrayante maladie qui nous envahit » : Gentile da Foligno, du commentaire du Canon d'Avicenne au Consilia contra pestilentiam (Joël Chandelier, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, 2017)« Si on nous demande : comment nous en remettre à la théorie de la contagion (da'wa-l-adwa) quand la loi nie cela, nous répondons : l'existence de la contagion est solidement établie par l'expérience, par l'étude, par la perception, par la constatation et par la fréquence des données. Ce sont les éléments de la preuve » (Ibn al-Hatib, Celle qui convainc le poseur de questions sur la maladie terrifiante, 1348, cité par François Clément, « À propos de la Muqni'at al-sa'id d'Ibn al-Hatib sur la peste à Grenade en 1348-1349 », dans Id., dir., Epidemies, épizooties. Des représentations anciennes aux approches actuelles, Rennes, 2017)Médecine arabe et refus des formes magiques de la contagion (Justin Stearns, Infectious ideas. Infectious ideas. Contagion in Premodern Islamic and Christian Thought in the Western Mediterranean, Baltimore, 2011)La souillure, la tâche et l'infection : seuls les péchés sont contagieux (Aurélien Robert, « Contagion morale et transmission des maladies : histoire d'un chiasme (XIIIe-XIXe siècle) », Tracés, 2011)Pourquoi faut-il isoler les lépreux ? Le morbus contagiosus de la maladie et la macule du péché (Maaike van der Lugt, « Les maladies héréditaires dans la pensée scolastique », dans L'Hérédité entre Moyen Âge et époque moderne, Florence, 2008)Pollution, contagion, scandale (Arnaud Fossier, « La contagion des péchés (XIe-XIIIe siècle) », Tracés, 2011)Le mauvais œil, la maladie d'amour et le pouvoir des femmes (Mary F. Wack, Lovesickness in the Middle Ages. The "Viaticum" and Its Commentaries, Philadelphie, 1990)Amour, altération de l'esprit, mélancolie : « La contagion de l'amour s'opère facilement et devient la peste la plus grave de toute » (Marsile Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, VII, 5, 1469)Girolamo Fracastoro et le De Contagione et contagionis Morbis (1546) : une fausse rupture naturalistePharmacie médiévale de la peste et pharmakon« Cette langue qui halète, énorme et grosse, d'abord blanche, puis rouge, puis noire, et comme charbonneuse et fendillée… » (Antonin Artaud, Le Théâtre de la peste, 1938)De la métaphore meurtrière en régime analogique : quand le langage s'affole, la violence peut commencer à s'exercer.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé La recherche des causes de la peste, mais aussi l’expérimentation de remèdes susceptibles de soigner une maladie que l’on considère comme mortelle mais non incurable, met la médecine médiévale à l’épreuve de sa propre rationalité savante. Comment y intégrer cette contagion que l’on observe sans l’expliquer ? La transmission de la maladie est d’abord une métaphore de la contagion des péchés, rendant manifeste le pouvoir de l’imagination : voici pourquoi la compassio médiévale inspire des politiques qui ne sont pas toujours compassionnelles. Sommaire « Mortelle ou mortifère, contagieuse, ardente, cruelle… » : les épithètes de la peste de Maurice de La Porte en 1571 (Véronique Montagne, « Le Discours didascalique sur la peste dans les traités médicaux de la Renaissance : rationaliser et/ou inquiéter », Réforme, Humanisme, Renaissance, 2010) « Aspre, noire, charbonneuse… » : depuis quand la peste est-elle noire ? (Jon Arrizabalaga, « Facing the Black Death: perceptions and reactions of university medical practitioners », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, 1994) Peste noire et peur bleue en 1832 (Justus Hecker, Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert: Nach den Quellen für Ärzte und gebildete Nichtärzte bearbeitet, Berlin, 1832) Du rouge au noir, le mauvais sang de la mélancolie (Marie-Christine Pouchelle, « Les appétits mélancoliques », Médiévales, 1983) Avec le corps pour écran et pour tombeau : diagnostic, pronostic et sémiologie médicale Histoires de la douleur, des premiers symptômes à l’apparition des bubons À la recherche du signum mortis : « le mouvement de la mort n’est pas aussi certain que celui de la vie (Bernard de Godon, Liber pronosticorum, 1295, cité par Danielle Jacquart, « Le Difficile Pronostic de mort (XIVe- XVe siècles) », Médiévales, 2004) La médecine médiévale fut-elle honteuse ? Régimes de rationalités et diversité textuelle des Pestschiften (Karl Sudhoff) Le Traité sur les fièvres pestilentielles et autres formes de fièvres d’Abraham Caslari (Ron Barkai, « Jewish Treatise on the Black Death (1350-1500): A Preliminary Study », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Medicine from the Black Death to the French Disease, Londres, 1998) ‘Eliyahu ben ‘Avraham à la cour de Sélim 1er à Constantinople et la médicalisation des savoirs politiques sur la peste dans l’Empire ottoman (Nükhet Varlik, Plague and Empire in the Early Modern Mediterranean World. The Ottoman Experience, 1347-1600, Cambridge, 2015) Écrire avant, pendant et après la peste : le manuscrit latin 111227 de la BnF et le Compendium de epidemia de la Faculté de médecine de Paris (Danielle Jacquart, La Médecine médiévale dans le cadre parisien, XIVe-XVe siècle, Paris, 1998) « À la vue des effets dont la cause échappe à la perspicacité des meilleures intelligences, l’esprit humain tombe dans l’étonnement » (Compendium de epidemia, 1348) Les limites de la raison médicale face aux « effets merveilleux » d’une maladie mortelle, mais non incurable La conjonction astrale de 1345, remota causa de la pestilence Recours à l’astrologie et inflexion alchimique du discours médical : une défaite de la raison ? (Nicolas Weill-Parot, « La rationalité médicale à l'épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) », Médiévales, 2004) Du bon usage thérapeutique de la richesse : or potable et pierres précieuses Air vicié, venin et contrepoison (Nicolas Weill-Parot, « Des rationalités en concurrence ? Empirica magiques et médecine scolastique », Anuario de Estudios Medievales, 2013) Ventouser, scarifier, cautériser : l’incision des bubons dans la Grande Chirurgie de Guy de Chauliac (1363) La recette du jeune poulet au croupion déplumé (Jacme d’Agramont, Regiment de preservacio de pestilencia, 1348) Empirica, experimenta ou secreta ? Longévité, obstination et créativité d’une « expérience de papier » (Erik A. Heinrichs, Erik Heinrichs, « The Live Chicken Treatment for Buboes: Trying a Plague Cure in Medieval and Early Modern Europe », Bulletin of the History of Medicine, 2017) « Pourquoi certaines maladies rendent-elles malades ceux qui s’approchent alors que personne n’est guéri par la santé ? » (Problemata, VII, 4) La compassion et le pouvoir de l’imagination (Béatrice Delaurenti, La Contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, Paris, 2016) Dispositio morbida et forme spécifique, ou comment intégrer l’inexpliqué de la contagion humaine dans le système explicable des humeurs Cette « effrayante maladie qui nous envahit » : Gentile da Foligno, du commentaire du Canon d’Avicenne au Consilia contra pestilentiam (Joël Chandelier, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, 2017) « Si on nous demande : comment nous en remettre à la théorie de la contagion (da’wa-l-adwa) quand la loi nie cela, nous répondons : l’existence de la contagion est solidement établie par l’expérience, par l’étude, par la perception, par la constatation et par la fréquence des données. Ce sont les éléments de la preuve » (Ibn al-Hatib, Celle qui convainc le poseur de questions sur la maladie terrifiante, 1348, cité par François Clément, « À propos de la Muqni’at al-sa’id d’Ibn al-Hatib sur la peste à Grenade en 1348-1349 », dans Id., dir., Epidemies, épizooties. Des représentations anciennes aux approches actuelles, Rennes, 2017) Médecine arabe et refus des formes magiques de la contagion (Justin Stearns, Infectious ideas. Infectious ideas. Contagion in Premodern Islamic and Christian Thought in the Western Mediterranean, Baltimore, 2011) La souillure, la tâche et l’infection : seuls les péchés sont contagieux (Aurélien Robert, « Contagion morale et transmission des maladies : histoire d’un chiasme (XIIIe-XIXe siècle) », Tracés, 2011) Pourquoi faut-il isoler les lépreux ? Le morbus contagiosus de la maladie et la macule du péché (Maaike van der Lugt, « Les maladies héréditaires dans la pensée scolastique », dans L’Hérédité entre Moyen Âge et époque moderne, Florence, 2008) Pollution, contagion, scandale (Arnaud Fossier, « La contagion des péchés (XIe-XIIIe siècle) », Tracés, 2011) Le mauvais œil, la maladie d’amour et le pouvoir des femmes (Mary F. Wack, Lovesickness in the Middle Ages. The “Viaticum” and Its Commentaries, Philadelphie, 1990) Amour, altération de l’esprit, mélancolie : « La contagion de l’amour s’opère facilement et devient la peste la plus grave de toute » (Marsile Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, VII, 5, 1469) Girolamo Fracastoro et le De Contagione et contagionis Morbis (1546) : une fausse rupture naturaliste Pharmacie médiévale de la peste et pharmakon « Cette langue qui halète, énorme et grosse, d’abord blanche, puis rouge, puis noire, et comme charbonneuse et fendillée… » (Antonin Artaud, Le Théâtre de la peste, 1938) De la métaphore meurtrière en régime analogique : quand le langage s’affole, la violence peut commencer à s’exercer.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé La recherche des causes de la peste, mais aussi l’expérimentation de remèdes susceptibles de soigner une maladie que l’on considère comme mortelle mais non incurable, met la médecine médiévale à l’épreuve de sa propre rationalité savante. Comment y intégrer cette contagion que l’on observe sans l’expliquer ? La transmission de la maladie est d’abord une métaphore de la contagion des péchés, rendant manifeste le pouvoir de l’imagination : voici pourquoi la compassio médiévale inspire des politiques qui ne sont pas toujours compassionnelles. Sommaire « Mortelle ou mortifère, contagieuse, ardente, cruelle… » : les épithètes de la peste de Maurice de La Porte en 1571 (Véronique Montagne, « Le Discours didascalique sur la peste dans les traités médicaux de la Renaissance : rationaliser et/ou inquiéter », Réforme, Humanisme, Renaissance, 2010) « Aspre, noire, charbonneuse… » : depuis quand la peste est-elle noire ? (Jon Arrizabalaga, « Facing the Black Death: perceptions and reactions of university medical practitioners », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, 1994) Peste noire et peur bleue en 1832 (Justus Hecker, Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert: Nach den Quellen für Ärzte und gebildete Nichtärzte bearbeitet, Berlin, 1832) Du rouge au noir, le mauvais sang de la mélancolie (Marie-Christine Pouchelle, « Les appétits mélancoliques », Médiévales, 1983) Avec le corps pour écran et pour tombeau : diagnostic, pronostic et sémiologie médicale Histoires de la douleur, des premiers symptômes à l’apparition des bubons À la recherche du signum mortis : « le mouvement de la mort n’est pas aussi certain que celui de la vie (Bernard de Godon, Liber pronosticorum, 1295, cité par Danielle Jacquart, « Le Difficile Pronostic de mort (XIVe- XVe siècles) », Médiévales, 2004) La médecine médiévale fut-elle honteuse ? Régimes de rationalités et diversité textuelle des Pestschiften (Karl Sudhoff) Le Traité sur les fièvres pestilentielles et autres formes de fièvres d’Abraham Caslari (Ron Barkai, « Jewish Treatise on the Black Death (1350-1500): A Preliminary Study », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Medicine from the Black Death to the French Disease, Londres, 1998) ‘Eliyahu ben ‘Avraham à la cour de Sélim 1er à Constantinople et la médicalisation des savoirs politiques sur la peste dans l’Empire ottoman (Nükhet Varlik, Plague and Empire in the Early Modern Mediterranean World. The Ottoman Experience, 1347-1600, Cambridge, 2015) Écrire avant, pendant et après la peste : le manuscrit latin 111227 de la BnF et le Compendium de epidemia de la Faculté de médecine de Paris (Danielle Jacquart, La Médecine médiévale dans le cadre parisien, XIVe-XVe siècle, Paris, 1998) « À la vue des effets dont la cause échappe à la perspicacité des meilleures intelligences, l’esprit humain tombe dans l’étonnement » (Compendium de epidemia, 1348) Les limites de la raison médicale face aux « effets merveilleux » d’une maladie mortelle, mais non incurable La conjonction astrale de 1345, remota causa de la pestilence Recours à l’astrologie et inflexion alchimique du discours médical : une défaite de la raison ? (Nicolas Weill-Parot, « La rationalité médicale à l'épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) », Médiévales, 2004) Du bon usage thérapeutique de la richesse : or potable et pierres précieuses Air vicié, venin et contrepoison (Nicolas Weill-Parot, « Des rationalités en concurrence ? Empirica magiques et médecine scolastique », Anuario de Estudios Medievales, 2013) Ventouser, scarifier, cautériser : l’incision des bubons dans la Grande Chirurgie de Guy de Chauliac (1363) La recette du jeune poulet au croupion déplumé (Jacme d’Agramont, Regiment de preservacio de pestilencia, 1348) Empirica, experimenta ou secreta ? Longévité, obstination et créativité d’une « expérience de papier » (Erik A. Heinrichs, Erik Heinrichs, « The Live Chicken Treatment for Buboes: Trying a Plague Cure in Medieval and Early Modern Europe », Bulletin of the History of Medicine, 2017) « Pourquoi certaines maladies rendent-elles malades ceux qui s’approchent alors que personne n’est guéri par la santé ? » (Problemata, VII, 4) La compassion et le pouvoir de l’imagination (Béatrice Delaurenti, La Contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, Paris, 2016) Dispositio morbida et forme spécifique, ou comment intégrer l’inexpliqué de la contagion humaine dans le système explicable des humeurs Cette « effrayante maladie qui nous envahit » : Gentile da Foligno, du commentaire du Canon d’Avicenne au Consilia contra pestilentiam (Joël Chandelier, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, 2017) « Si on nous demande : comment nous en remettre à la théorie de la contagion (da’wa-l-adwa) quand la loi nie cela, nous répondons : l’existence de la contagion est solidement établie par l’expérience, par l’étude, par la perception, par la constatation et par la fréquence des données. Ce sont les éléments de la preuve » (Ibn al-Hatib, Celle qui convainc le poseur de questions sur la maladie terrifiante, 1348, cité par François Clément, « À propos de la Muqni’at al-sa’id d’Ibn al-Hatib sur la peste à Grenade en 1348-1349 », dans Id., dir., Epidemies, épizooties. Des représentations anciennes aux approches actuelles, Rennes, 2017) Médecine arabe et refus des formes magiques de la contagion (Justin Stearns, Infectious ideas. Infectious ideas. Contagion in Premodern Islamic and Christian Thought in the Western Mediterranean, Baltimore, 2011) La souillure, la tâche et l’infection : seuls les péchés sont contagieux (Aurélien Robert, « Contagion morale et transmission des maladies : histoire d’un chiasme (XIIIe-XIXe siècle) », Tracés, 2011) Pourquoi faut-il isoler les lépreux ? Le morbus contagiosus de la maladie et la macule du péché (Maaike van der Lugt, « Les maladies héréditaires dans la pensée scolastique », dans L’Hérédité entre Moyen Âge et époque moderne, Florence, 2008) Pollution, contagion, scandale (Arnaud Fossier, « La contagion des péchés (XIe-XIIIe siècle) », Tracés, 2011) Le mauvais œil, la maladie d’amour et le pouvoir des femmes (Mary F. Wack, Lovesickness in the Middle Ages. The “Viaticum” and Its Commentaries, Philadelphie, 1990) Amour, altération de l’esprit, mélancolie : « La contagion de l’amour s’opère facilement et devient la peste la plus grave de toute » (Marsile Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, VII, 5, 1469) Girolamo Fracastoro et le De Contagione et contagionis Morbis (1546) : une fausse rupture naturaliste Pharmacie médiévale de la peste et pharmakon « Cette langue qui halète, énorme et grosse, d’abord blanche, puis rouge, puis noire, et comme charbonneuse et fendillée… » (Antonin Artaud, Le Théâtre de la peste, 1938) De la métaphore meurtrière en régime analogique : quand le langage s’affole, la violence peut commencer à s’exercer.
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireRésuméLa recherche des causes de la peste, mais aussi l'expérimentation de remèdes susceptibles de soigner une maladie que l'on considère comme mortelle mais non incurable, met la médecine médiévale à l'épreuve de sa propre rationalité savante. Comment y intégrer cette contagion que l'on observe sans l'expliquer ? La transmission de la maladie est d'abord une métaphore de la contagion des péchés, rendant manifeste le pouvoir de l'imagination : voici pourquoi la compassio médiévale inspire des politiques qui ne sont pas toujours compassionnelles.Sommaire« Mortelle ou mortifère, contagieuse, ardente, cruelle… » : les épithètes de la peste de Maurice de La Porte en 1571 (Véronique Montagne, « Le Discours didascalique sur la peste dans les traités médicaux de la Renaissance : rationaliser et/ou inquiéter », Réforme, Humanisme, Renaissance, 2010)« Aspre, noire, charbonneuse… » : depuis quand la peste est-elle noire ? (Jon Arrizabalaga, « Facing the Black Death: perceptions and reactions of university medical practitioners », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Practical Medicine from Salerno to the Black Death, Cambridge, 1994)Peste noire et peur bleue en 1832 (Justus Hecker, Der schwarze Tod im vierzehnten Jahrhundert: Nach den Quellen für Ärzte und gebildete Nichtärzte bearbeitet, Berlin, 1832)Du rouge au noir, le mauvais sang de la mélancolie (Marie-Christine Pouchelle, « Les appétits mélancoliques », Médiévales, 1983)Avec le corps pour écran et pour tombeau : diagnostic, pronostic et sémiologie médicaleHistoires de la douleur, des premiers symptômes à l'apparition des bubonsÀ la recherche du signum mortis : « le mouvement de la mort n'est pas aussi certain que celui de la vie (Bernard de Godon, Liber pronosticorum, 1295, cité par Danielle Jacquart, « Le Difficile Pronostic de mort (XIVe- XVe siècles) », Médiévales, 2004)La médecine médiévale fut-elle honteuse ? Régimes de rationalités et diversité textuelle des Pestschiften (Karl Sudhoff)Le Traité sur les fièvres pestilentielles et autres formes de fièvres d'Abraham Caslari (Ron Barkai, « Jewish Treatise on the Black Death (1350-1500): A Preliminary Study », dans Roger French, Jon Arrizabalaga, Andrew Cunningham et Luis García-Ballester dir., Medicine from the Black Death to the French Disease, Londres, 1998)'Eliyahu ben 'Avraham à la cour de Sélim 1er à Constantinople et la médicalisation des savoirs politiques sur la peste dans l'Empire ottoman (Nükhet Varlik, Plague and Empire in the Early Modern Mediterranean World. The Ottoman Experience, 1347-1600, Cambridge, 2015)Écrire avant, pendant et après la peste : le manuscrit latin 111227 de la BnF et le Compendium de epidemia de la Faculté de médecine de Paris (Danielle Jacquart, La Médecine médiévale dans le cadre parisien, XIVe-XVe siècle, Paris, 1998)« À la vue des effets dont la cause échappe à la perspicacité des meilleures intelligences, l'esprit humain tombe dans l'étonnement » (Compendium de epidemia, 1348)Les limites de la raison médicale face aux « effets merveilleux » d'une maladie mortelle, mais non incurableLa conjonction astrale de 1345, remota causa de la pestilenceRecours à l'astrologie et inflexion alchimique du discours médical : une défaite de la raison ? (Nicolas Weill-Parot, « La rationalité médicale à l'épreuve de la peste : médecine, astrologie et magie (1348-1500) », Médiévales, 2004)Du bon usage thérapeutique de la richesse : or potable et pierres précieusesAir vicié, venin et contrepoison (Nicolas Weill-Parot, « Des rationalités en concurrence ? Empirica magiques et médecine scolastique », Anuario de Estudios Medievales, 2013)Ventouser, scarifier, cautériser : l'incision des bubons dans la Grande Chirurgie de Guy de Chauliac (1363)La recette du jeune poulet au croupion déplumé (Jacme d'Agramont, Regiment de preservacio de pestilencia, 1348)Empirica, experimenta ou secreta ? Longévité, obstination et créativité d'une « expérience de papier » (Erik A. Heinrichs, Erik Heinrichs, « The Live Chicken Treatment for Buboes: Trying a Plague Cure in Medieval and Early Modern Europe », Bulletin of the History of Medicine, 2017)« Pourquoi certaines maladies rendent-elles malades ceux qui s'approchent alors que personne n'est guéri par la santé ? » (Problemata, VII, 4)La compassion et le pouvoir de l'imagination (Béatrice Delaurenti, La Contagion des émotions. Compassio, une énigme médiévale, Paris, 2016)Dispositio morbida et forme spécifique, ou comment intégrer l'inexpliqué de la contagion humaine dans le système explicable des humeursCette « effrayante maladie qui nous envahit » : Gentile da Foligno, du commentaire du Canon d'Avicenne au Consilia contra pestilentiam (Joël Chandelier, Avicenne et la médecine en Italie. Le Canon dans les universités (1200-1350), Paris, 2017)« Si on nous demande : comment nous en remettre à la théorie de la contagion (da'wa-l-adwa) quand la loi nie cela, nous répondons : l'existence de la contagion est solidement établie par l'expérience, par l'étude, par la perception, par la constatation et par la fréquence des données. Ce sont les éléments de la preuve » (Ibn al-Hatib, Celle qui convainc le poseur de questions sur la maladie terrifiante, 1348, cité par François Clément, « À propos de la Muqni'at al-sa'id d'Ibn al-Hatib sur la peste à Grenade en 1348-1349 », dans Id., dir., Epidemies, épizooties. Des représentations anciennes aux approches actuelles, Rennes, 2017)Médecine arabe et refus des formes magiques de la contagion (Justin Stearns, Infectious ideas. Infectious ideas. Contagion in Premodern Islamic and Christian Thought in the Western Mediterranean, Baltimore, 2011)La souillure, la tâche et l'infection : seuls les péchés sont contagieux (Aurélien Robert, « Contagion morale et transmission des maladies : histoire d'un chiasme (XIIIe-XIXe siècle) », Tracés, 2011)Pourquoi faut-il isoler les lépreux ? Le morbus contagiosus de la maladie et la macule du péché (Maaike van der Lugt, « Les maladies héréditaires dans la pensée scolastique », dans L'Hérédité entre Moyen Âge et époque moderne, Florence, 2008)Pollution, contagion, scandale (Arnaud Fossier, « La contagion des péchés (XIe-XIIIe siècle) », Tracés, 2011)Le mauvais œil, la maladie d'amour et le pouvoir des femmes (Mary F. Wack, Lovesickness in the Middle Ages. The "Viaticum" and Its Commentaries, Philadelphie, 1990)Amour, altération de l'esprit, mélancolie : « La contagion de l'amour s'opère facilement et devient la peste la plus grave de toute » (Marsile Ficin, Commentaire sur le Banquet de Platon, VII, 5, 1469)Girolamo Fracastoro et le De Contagione et contagionis Morbis (1546) : une fausse rupture naturalistePharmacie médiévale de la peste et pharmakon« Cette langue qui halète, énorme et grosse, d'abord blanche, puis rouge, puis noire, et comme charbonneuse et fendillée… » (Antonin Artaud, Le Théâtre de la peste, 1938)De la métaphore meurtrière en régime analogique : quand le langage s'affole, la violence peut commencer à s'exercer.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Doit-on, et peut-on, combler les blancs de la carte de la diffusion de l’épidémie en Eurasie ? En interrogeant les silences documentaires de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique subsaharienne, on suggère d’appréhender plutôt le monde archipélagique de la peste noire entre histoire globale et histoires connectées. La réflexion débouche donc sur des questions de méthode, touchant les rapports entre histoire environnementale et narrativité, Big Data et critique documentaire, hétérogénéité des sources et paradigme d’une connaissance par traces. Sommaire Tout le Moyen Âge : la peste comme opérateur de périodisation, de spatialité et de mondialité Un monde en archipel, « la totalité vit de ses propres détails » (Édouard Glissant, Philosophie de la relation : poésie en étendue, 2009) Une « pestilence inattendue et universelle » (Robert d’Avesbury) : la rumeur de Chine « 1344. Fengxiang : sécheresse et criquets, grande famine, épidémie » : des sources chinoises à bas-bruit, et le grand fracas des ruptures politiques après 1350 (Timothy Brook, Le Léopard de Kubilaï Khan. Une histoire mondiale de la Chine, 2019 En Inde également, les silences de la documentation (George Sussmann, « Was the Black Death in India and China? », Bulletin of the History of Medicine, 2011 Distances, connexions, transmissions et immunité innée : en l’absence de Xenopsylla cheopis La peste à Aden en 1436 : réseaux marchands et contagion épidémique en mer Rouge « En ces jours-là s’éleva contre tous les gens une peste telle qu’on ne peut la décrire » (Chronique de Zar’a Ya‘eqob) Les « soldats du fléau » dans l’hagiographie éthiopienne (Marie-Laure Derat, « Du lexique aux talismans : occurrences de la peste dans la Corne de l’Afrique du XIIIe au XVe siècle », Afriques, 2018) « Les têtes d’Ifé, abandonnées par « une population saisie d’effroi » ? (Gérard Chouin, dans François-Xavier Fauvelle dir., L’Afrique ancienne, de l’Acacus au Zimbabwe, 2018) Une « exploration critique du silence » : abandons de sites archéologiques, transferts de population et transformations politiques (Gérard Chouin, « Fossés, enceintes et peste noire en Afrique de l’Ouest forestière (500-1500 AD) », Afrique : Archéologie & Arts, 9, 2013) L’Afrique aussi a droit à la peste noire : recherches génétiques et récits d’histoire-monde (Monica H. Green, « Putting Africa on the Black Death map: Narratives from genetics and history », Afriques, 2018) Le pic des années 1320, monde plein et système-monde La fin du Moyen Âge à l’âge de l’histoire globale (Bruce Campbell, The Great Transition: Climate, Disease and Society in the Late-Medieval World, 2015) Superposer les courbes ou établir des corrélations : questions de méthode (Jean-Philippe Genet, « De la “grande crise” à la “grande transition” : une nouvelle perspective ? », Médiévales, 2019) Beau Moyen Âge ou Medieval Climatic Anomaly ? A perfect storm : climat, écosystèmes et sociétés L’irradiation solaire et l’ENSO comme déterminant de dernière instance Rabi Levi ben Gershom et le bâton de Jacob, histoires d’un objet-monde (1342) Prendre le point de vue des étoiles ou « faire place à des histoires » ? (William Cronon, Nature et récits. Essais d’histoire environnementale, 2016) Retour à Jean-Noël Biraben (Les Hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, 1975), la démographie historique comme science morale Encore une intrigue de méthode : comment transformer une collecte d’attestations documentaires d’épidémies de peste en base de données des plague outbreaks (Ulf Büntgen, Christian Ginzler et al., « Digitizing Historical plague », Clinical Infectious Diseases, 2012) Modélisations hâtives et cartographies incomplètes (Joris Roosen, Daniel R. Curtis (de Leiden), « Dangers of Noncritical use of Historical Plague Data », Emerging Infectious Diseases, 2018) De l’optimisme méthodologique de l’histoire sociale à la française aux vertiges des Big Data : la modélisation épidémiologique au péril de la critique des sources (George Christakos, Ricardo Olea, Marc Serre, Hwa-Lung Yu et Lin-Lin Wang, Interdisciplinary Public Health Reasoning and Epidemic Modelling: The Case of Black Death, 2015) Le Moyen Âge à la trace : un régime documentaire Eadem die obiit : quand la mort passe dans un petit registre de comptes (Givry, 1348) Le Tout-Monde de la peste au « vrac des horizons » : « …La certitude aussi que la plus infime de ces composantes nous est irremplaçable » (Édouard Glissant, La Cohée du Lamentin, 2005).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Doit-on, et peut-on, combler les blancs de la carte de la diffusion de l’épidémie en Eurasie ? En interrogeant les silences documentaires de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique subsaharienne, on suggère d’appréhender plutôt le monde archipélagique de la peste noire entre histoire globale et histoires connectées. La réflexion débouche donc sur des questions de méthode, touchant les rapports entre histoire environnementale et narrativité, Big Data et critique documentaire, hétérogénéité des sources et paradigme d’une connaissance par traces. Sommaire Tout le Moyen Âge : la peste comme opérateur de périodisation, de spatialité et de mondialité Un monde en archipel, « la totalité vit de ses propres détails » (Édouard Glissant, Philosophie de la relation : poésie en étendue, 2009) Une « pestilence inattendue et universelle » (Robert d’Avesbury) : la rumeur de Chine « 1344. Fengxiang : sécheresse et criquets, grande famine, épidémie » : des sources chinoises à bas-bruit, et le grand fracas des ruptures politiques après 1350 (Timothy Brook, Le Léopard de Kubilaï Khan. Une histoire mondiale de la Chine, 2019 En Inde également, les silences de la documentation (George Sussmann, « Was the Black Death in India and China? », Bulletin of the History of Medicine, 2011 Distances, connexions, transmissions et immunité innée : en l’absence de Xenopsylla cheopis La peste à Aden en 1436 : réseaux marchands et contagion épidémique en mer Rouge « En ces jours-là s’éleva contre tous les gens une peste telle qu’on ne peut la décrire » (Chronique de Zar’a Ya‘eqob) Les « soldats du fléau » dans l’hagiographie éthiopienne (Marie-Laure Derat, « Du lexique aux talismans : occurrences de la peste dans la Corne de l’Afrique du XIIIe au XVe siècle », Afriques, 2018) « Les têtes d’Ifé, abandonnées par « une population saisie d’effroi » ? (Gérard Chouin, dans François-Xavier Fauvelle dir., L’Afrique ancienne, de l’Acacus au Zimbabwe, 2018) Une « exploration critique du silence » : abandons de sites archéologiques, transferts de population et transformations politiques (Gérard Chouin, « Fossés, enceintes et peste noire en Afrique de l’Ouest forestière (500-1500 AD) », Afrique : Archéologie & Arts, 9, 2013) L’Afrique aussi a droit à la peste noire : recherches génétiques et récits d’histoire-monde (Monica H. Green, « Putting Africa on the Black Death map: Narratives from genetics and history », Afriques, 2018) Le pic des années 1320, monde plein et système-monde La fin du Moyen Âge à l’âge de l’histoire globale (Bruce Campbell, The Great Transition: Climate, Disease and Society in the Late-Medieval World, 2015) Superposer les courbes ou établir des corrélations : questions de méthode (Jean-Philippe Genet, « De la “grande crise” à la “grande transition” : une nouvelle perspective ? », Médiévales, 2019) Beau Moyen Âge ou Medieval Climatic Anomaly ? A perfect storm : climat, écosystèmes et sociétés L’irradiation solaire et l’ENSO comme déterminant de dernière instance Rabi Levi ben Gershom et le bâton de Jacob, histoires d’un objet-monde (1342) Prendre le point de vue des étoiles ou « faire place à des histoires » ? (William Cronon, Nature et récits. Essais d’histoire environnementale, 2016) Retour à Jean-Noël Biraben (Les Hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, 1975), la démographie historique comme science morale Encore une intrigue de méthode : comment transformer une collecte d’attestations documentaires d’épidémies de peste en base de données des plague outbreaks (Ulf Büntgen, Christian Ginzler et al., « Digitizing Historical plague », Clinical Infectious Diseases, 2012) Modélisations hâtives et cartographies incomplètes (Joris Roosen, Daniel R. Curtis (de Leiden), « Dangers of Noncritical use of Historical Plague Data », Emerging Infectious Diseases, 2018) De l’optimisme méthodologique de l’histoire sociale à la française aux vertiges des Big Data : la modélisation épidémiologique au péril de la critique des sources (George Christakos, Ricardo Olea, Marc Serre, Hwa-Lung Yu et Lin-Lin Wang, Interdisciplinary Public Health Reasoning and Epidemic Modelling: The Case of Black Death, 2015) Le Moyen Âge à la trace : un régime documentaire Eadem die obiit : quand la mort passe dans un petit registre de comptes (Givry, 1348) Le Tout-Monde de la peste au « vrac des horizons » : « …La certitude aussi que la plus infime de ces composantes nous est irremplaçable » (Édouard Glissant, La Cohée du Lamentin, 2005).
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireRésuméDoit-on, et peut-on, combler les blancs de la carte de la diffusion de l'épidémie en Eurasie ? En interrogeant les silences documentaires de la Chine, de l'Inde et de l'Afrique subsaharienne, on suggère d'appréhender plutôt le monde archipélagique de la peste noire entre histoire globale et histoires connectées. La réflexion débouche donc sur des questions de méthode, touchant les rapports entre histoire environnementale et narrativité, Big Data et critique documentaire, hétérogénéité des sources et paradigme d'une connaissance par traces.SommaireTout le Moyen Âge : la peste comme opérateur de périodisation, de spatialité et de mondialitéUn monde en archipel, « la totalité vit de ses propres détails » (Édouard Glissant, Philosophie de la relation : poésie en étendue, 2009)Une « pestilence inattendue et universelle » (Robert d'Avesbury) : la rumeur de Chine« 1344. Fengxiang : sécheresse et criquets, grande famine, épidémie » : des sources chinoises à bas-bruit, et le grand fracas des ruptures politiques après 1350 (Timothy Brook, Le Léopard de Kubilaï Khan. Une histoire mondiale de la Chine, 2019En Inde également, les silences de la documentation (George Sussmann, « Was the Black Death in India and China? », Bulletin of the History of Medicine, 2011Distances, connexions, transmissions et immunité innée : en l'absence de Xenopsylla cheopisLa peste à Aden en 1436 : réseaux marchands et contagion épidémique en mer Rouge« En ces jours-là s'éleva contre tous les gens une peste telle qu'on ne peut la décrire » (Chronique de Zar'a Ya'eqob)Les « soldats du fléau » dans l'hagiographie éthiopienne (Marie-Laure Derat, « Du lexique aux talismans : occurrences de la peste dans la Corne de l'Afrique du XIIIe au XVe siècle », Afriques, 2018)« Les têtes d'Ifé, abandonnées par « une population saisie d'effroi » ? (Gérard Chouin, dans François-Xavier Fauvelle dir., L'Afrique ancienne, de l'Acacus au Zimbabwe, 2018)Une « exploration critique du silence » : abandons de sites archéologiques, transferts de population et transformations politiques (Gérard Chouin, « Fossés, enceintes et peste noire en Afrique de l'Ouest forestière (500-1500 AD) », Afrique : Archéologie & Arts, 9, 2013)L'Afrique aussi a droit à la peste noire : recherches génétiques et récits d'histoire-monde (Monica H. Green, « Putting Africa on the Black Death map: Narratives from genetics and history », Afriques, 2018)Le pic des années 1320, monde plein et système-mondeLa fin du Moyen Âge à l'âge de l'histoire globale (Bruce Campbell, The Great Transition: Climate, Disease and Society in the Late-Medieval World, 2015)Superposer les courbes ou établir des corrélations : questions de méthode (Jean-Philippe Genet, « De la "grande crise" à la "grande transition" : une nouvelle perspective ? », Médiévales, 2019)Beau Moyen Âge ou Medieval Climatic Anomaly ?A perfect storm : climat, écosystèmes et sociétésL'irradiation solaire et l'ENSO comme déterminant de dernière instanceRabi Levi ben Gershom et le bâton de Jacob, histoires d'un objet-monde (1342)Prendre le point de vue des étoiles ou « faire place à des histoires » ? (William Cronon, Nature et récits. Essais d'histoire environnementale, 2016)Retour à Jean-Noël Biraben (Les Hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, 1975), la démographie historique comme science moraleEncore une intrigue de méthode : comment transformer une collecte d'attestations documentaires d'épidémies de peste en base de données des plague outbreaks (Ulf Büntgen, Christian Ginzler et al., « Digitizing Historical plague », Clinical Infectious Diseases, 2012)Modélisations hâtives et cartographies incomplètes (Joris Roosen, Daniel R. Curtis (de Leiden), « Dangers of Noncritical use of Historical Plague Data », Emerging Infectious Diseases, 2018)De l'optimisme méthodologique de l'histoire sociale à la française aux vertiges des Big Data : la modélisation épidémiologique au péril de la critique des sources (George Christakos, Ricardo Olea, Marc Serre, Hwa-Lung Yu et Lin-Lin Wang, Interdisciplinary Public Health Reasoning and Epidemic Modelling: The Case of Black Death, 2015)Le Moyen Âge à la trace : un régime documentaireEadem die obiit : quand la mort passe dans un petit registre de comptes (Givry, 1348)Le Tout-Monde de la peste au « vrac des horizons » : « …La certitude aussi que la plus infime de ces composantes nous est irremplaçable » (Édouard Glissant, La Cohée du Lamentin, 2005).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Pour l’histoire de la peste noire, l’épidémie qui affecte l’ensemble du bassin méditerranéen, et au-delà, de 541 à 749 constitue moins un précédent qu’une comparaison obligée, placée en vis-à-vis historiographique. Si elle occupe une branche morte de l’arbre phylogénétique de Yersinia pestis, sa postérité est ailleurs : dans les enjeux méthodologiques qu’elle pose aux historiens confrontés à la discordance des sources, mais aussi dans l’imaginaire politique : entre hantises collapsologiques du contemporain et horizon eschatologique du Moyen Âge, on tente de comprendre en quoi, au-delà des conventions historiographiques, cette peste peut bien être dite « justinienne ». Sommaire « Il faut continuer… » (Samuel Becket, L’Innommable, 1953) : recommencements La mémoire pathétique des gestes de la peste : quand le corps délivre une mémoire dont nous avons perdu le souvenir (Aby Warburg, Atlas Mnemosyne, 1927-1929) Épaissir le temps de la peste, peupler les mondes de la peste : réassurances des savoirs lettrés et blessure narcissique Yersinia pestis et l’humanité souffrante : une maladie qui n’était pas notre genre Progrès scientifique et horizon de connaissances : la science pose de nouvelles questions à l’histoire La génomique et la discordance des temps, une affaire de rythmes et d’échelles Retour au territoire de l’historien : l’hétérogénéité des régimes documentaires Entre histoire profonde et histoire globale, un regard à mi-pente La peste dite « justinienne » : première épidémie historique Une branche morte sur l’arbre phylogénétique de Yersinia pestis mais un opérateur puissant de périodisation (Yujun Cui, Chang Yu et al., « Historical variations in mutation rate in an epidemic pathogen, Yersinia pestis », PNAS, 2013) Deux morts en Bavière : identification des premières victimes de la peste du VIe siècle au cimetière d’Alternerding Premier bilan, nouvelles interrogations : quelle échelle, quelles datations ? (Marcel Keller, Maria A Spyrou et al., « Ancient Yersinia pestis genome from across Western Europe reveal early diversification during the First Pandemic (541-750) », PNAS, 2019) Ceci n’est pas un puzzle Constantinople, mars 542, « Il y eut en ce temps-là une pestilence qui manqua d’emporter la race humaine tout entière » (Procope de Césarée, Histoire des guerres, 2, 22) Harvard, 2015 : archéologie de la mort de masse (Michael McCormick, « Tracking mass death during the fall of Rome’s empire », Journal of Roman Archaeology, 2015) Constantinople, 536 : « Combien il est étrange, je vous le demande, de voir le soleil mais sans son éclat habituel » (Cassiodore, Variae, 12, 25) Belfast, 2008 : analyse dendochronologique et carottes glaciaires (Michaël Baillie, « Proposed re‐dating of the European ice core chronology by seven years prior to the 7th century AD », Geophysical research letters, 2008) Constantinople, 541 : Justinien, les greniers de l’empire et les rats des navires (Michael McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le passage économique du bas-empire au Moyen Âge », dans Morfologie sociali e culturali in Europa fra tardo antichità e alto medioevo (Spolète, 1998) Raconter l’histoire depuis le point de vue animal de rattus rattus ? Le « petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive » (530-680) : systèmes climatiques et écosystèmes sociaux (Jean-Pierre Devroey, La Nature et le Roi. Environnement, pouvoir et société à l’âge de Charlemagne, 2019) En Scandinavie, du « grand hiver » (Fimbulvetr) au « crépuscule des dieux » (Ragnarök) : Winter is coming (Bo Gräslund et Neil Price, « Twilight of the gods? The “dust veil event” of AD 536 in critical perspective », Antiquity, 2012) Pourquoi la peste du VIe siècle peut être dite justinienne : catastrophe épidémique et retournement de situation politique Combiner les sources, malgré tout : Procope de Césarée et Jean d’Ephèse, « duo improbable », ont bien vu ce qu’ils ont vu (Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome, 2019) Le silo mortuaire des tours de Sykai et le pressoir mystique : « vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu » (Jean d’Ephèse, Chronique de Zuqnîn) Une épidémie qui avance par bonds : « Comme un champ de blé incendié, la ville fut soudainement enflammée par la pestilence » (Grégoire de Tours, Histoires des Francs, 9, 22) Ne pas révoquer la valeur documentaire des sources au motif de leur discontinuité (Michael McCormick, « Gregory of Tours on Sixth-Century Plague and Other Epidemics », Speculum, 2021) Les trois temps de la première pandémie : peste byzantine (542-600), accalmie du VIIe siècle (600-660), période ibérique (660-749) (Dimitri Stathakopoulos, Famine and Pestilence in the Late Roman and Early Byzantine Empire: A Systematic Survey of Subsistence Crisis and Epidemics, 2004) « … la peste justinienne, après avoir peut-être contribué à expliquer Mahomet, a pu aussi expliquer Charlemagne » (Jacques Le Goff et Jean-Noël Biraben, « La Peste du Haut Moyen Âge», Annales, 1969) Peste justinienne et peste noire : une comparaison historiographique inévitable La peste et la chute des empires : lectures maximalistes, lectures déflationnistes (Lee Mordechai et Merle Eisenberg, « Rejecting Catastrophe: The Case of the Justinianic Plague », Past & Present, 2019) Kyle Harper et la fin du monde, ou la chute de Rome sans les Romains de la décadence Hantises collapsologiques et horizon eschatologique : la peste justinienne et le Moyen Âge aujourd’hui.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Pour l’histoire de la peste noire, l’épidémie qui affecte l’ensemble du bassin méditerranéen, et au-delà, de 541 à 749 constitue moins un précédent qu’une comparaison obligée, placée en vis-à-vis historiographique. Si elle occupe une branche morte de l’arbre phylogénétique de Yersinia pestis, sa postérité est ailleurs : dans les enjeux méthodologiques qu’elle pose aux historiens confrontés à la discordance des sources, mais aussi dans l’imaginaire politique : entre hantises collapsologiques du contemporain et horizon eschatologique du Moyen Âge, on tente de comprendre en quoi, au-delà des conventions historiographiques, cette peste peut bien être dite « justinienne ». Sommaire « Il faut continuer… » (Samuel Becket, L’Innommable, 1953) : recommencements La mémoire pathétique des gestes de la peste : quand le corps délivre une mémoire dont nous avons perdu le souvenir (Aby Warburg, Atlas Mnemosyne, 1927-1929) Épaissir le temps de la peste, peupler les mondes de la peste : réassurances des savoirs lettrés et blessure narcissique Yersinia pestis et l’humanité souffrante : une maladie qui n’était pas notre genre Progrès scientifique et horizon de connaissances : la science pose de nouvelles questions à l’histoire La génomique et la discordance des temps, une affaire de rythmes et d’échelles Retour au territoire de l’historien : l’hétérogénéité des régimes documentaires Entre histoire profonde et histoire globale, un regard à mi-pente La peste dite « justinienne » : première épidémie historique Une branche morte sur l’arbre phylogénétique de Yersinia pestis mais un opérateur puissant de périodisation (Yujun Cui, Chang Yu et al., « Historical variations in mutation rate in an epidemic pathogen, Yersinia pestis », PNAS, 2013) Deux morts en Bavière : identification des premières victimes de la peste du VIe siècle au cimetière d’Alternerding Premier bilan, nouvelles interrogations : quelle échelle, quelles datations ? (Marcel Keller, Maria A Spyrou et al., « Ancient Yersinia pestis genome from across Western Europe reveal early diversification during the First Pandemic (541-750) », PNAS, 2019) Ceci n’est pas un puzzle Constantinople, mars 542, « Il y eut en ce temps-là une pestilence qui manqua d’emporter la race humaine tout entière » (Procope de Césarée, Histoire des guerres, 2, 22) Harvard, 2015 : archéologie de la mort de masse (Michael McCormick, « Tracking mass death during the fall of Rome’s empire », Journal of Roman Archaeology, 2015) Constantinople, 536 : « Combien il est étrange, je vous le demande, de voir le soleil mais sans son éclat habituel » (Cassiodore, Variae, 12, 25) Belfast, 2008 : analyse dendochronologique et carottes glaciaires (Michaël Baillie, « Proposed re‐dating of the European ice core chronology by seven years prior to the 7th century AD », Geophysical research letters, 2008) Constantinople, 541 : Justinien, les greniers de l’empire et les rats des navires (Michael McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le passage économique du bas-empire au Moyen Âge », dans Morfologie sociali e culturali in Europa fra tardo antichità e alto medioevo (Spolète, 1998) Raconter l’histoire depuis le point de vue animal de rattus rattus ? Le « petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive » (530-680) : systèmes climatiques et écosystèmes sociaux (Jean-Pierre Devroey, La Nature et le Roi. Environnement, pouvoir et société à l’âge de Charlemagne, 2019) En Scandinavie, du « grand hiver » (Fimbulvetr) au « crépuscule des dieux » (Ragnarök) : Winter is coming (Bo Gräslund et Neil Price, « Twilight of the gods? The “dust veil event” of AD 536 in critical perspective », Antiquity, 2012) Pourquoi la peste du VIe siècle peut être dite justinienne : catastrophe épidémique et retournement de situation politique Combiner les sources, malgré tout : Procope de Césarée et Jean d’Ephèse, « duo improbable », ont bien vu ce qu’ils ont vu (Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome, 2019) Le silo mortuaire des tours de Sykai et le pressoir mystique : « vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu » (Jean d’Ephèse, Chronique de Zuqnîn) Une épidémie qui avance par bonds : « Comme un champ de blé incendié, la ville fut soudainement enflammée par la pestilence » (Grégoire de Tours, Histoires des Francs, 9, 22) Ne pas révoquer la valeur documentaire des sources au motif de leur discontinuité (Michael McCormick, « Gregory of Tours on Sixth-Century Plague and Other Epidemics », Speculum, 2021) Les trois temps de la première pandémie : peste byzantine (542-600), accalmie du VIIe siècle (600-660), période ibérique (660-749) (Dimitri Stathakopoulos, Famine and Pestilence in the Late Roman and Early Byzantine Empire: A Systematic Survey of Subsistence Crisis and Epidemics, 2004) « … la peste justinienne, après avoir peut-être contribué à expliquer Mahomet, a pu aussi expliquer Charlemagne » (Jacques Le Goff et Jean-Noël Biraben, « La Peste du Haut Moyen Âge», Annales, 1969) Peste justinienne et peste noire : une comparaison historiographique inévitable La peste et la chute des empires : lectures maximalistes, lectures déflationnistes (Lee Mordechai et Merle Eisenberg, « Rejecting Catastrophe: The Case of the Justinianic Plague », Past & Present, 2019) Kyle Harper et la fin du monde, ou la chute de Rome sans les Romains de la décadence Hantises collapsologiques et horizon eschatologique : la peste justinienne et le Moyen Âge aujourd’hui.
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireRésuméPour l'histoire de la peste noire, l'épidémie qui affecte l'ensemble du bassin méditerranéen, et au-delà, de 541 à 749 constitue moins un précédent qu'une comparaison obligée, placée en vis-à-vis historiographique. Si elle occupe une branche morte de l'arbre phylogénétique de Yersinia pestis, sa postérité est ailleurs : dans les enjeux méthodologiques qu'elle pose aux historiens confrontés à la discordance des sources, mais aussi dans l'imaginaire politique : entre hantises collapsologiques du contemporain et horizon eschatologique du Moyen Âge, on tente de comprendre en quoi, au-delà des conventions historiographiques, cette peste peut bien être dite « justinienne ».Sommaire« Il faut continuer… » (Samuel Becket, L'Innommable, 1953) : recommencementsLa mémoire pathétique des gestes de la peste : quand le corps délivre une mémoire dont nous avons perdu le souvenir (Aby Warburg, Atlas Mnemosyne, 1927-1929)Épaissir le temps de la peste, peupler les mondes de la peste : réassurances des savoirs lettrés et blessure narcissiqueYersinia pestis et l'humanité souffrante : une maladie qui n'était pas notre genreProgrès scientifique et horizon de connaissances : la science pose de nouvelles questions à l'histoireLa génomique et la discordance des temps, une affaire de rythmes et d'échellesRetour au territoire de l'historien : l'hétérogénéité des régimes documentairesEntre histoire profonde et histoire globale, un regard à mi-penteLa peste dite « justinienne » : première épidémie historiqueUne branche morte sur l'arbre phylogénétique de Yersinia pestis mais un opérateur puissant de périodisation (Yujun Cui, Chang Yu et al., « Historical variations in mutation rate in an epidemic pathogen, Yersinia pestis », PNAS, 2013)Deux morts en Bavière : identification des premières victimes de la peste du VIe siècle au cimetière d'AlternerdingPremier bilan, nouvelles interrogations : quelle échelle, quelles datations ? (Marcel Keller, Maria A Spyrou et al., « Ancient Yersinia pestis genome from across Western Europe reveal early diversification during the First Pandemic (541-750) », PNAS, 2019)Ceci n'est pas un puzzleConstantinople, mars 542, « Il y eut en ce temps-là une pestilence qui manqua d'emporter la race humaine tout entière » (Procope de Césarée, Histoire des guerres, 2, 22)Harvard, 2015 : archéologie de la mort de masse (Michael McCormick, « Tracking mass death during the fall of Rome's empire », Journal of Roman Archaeology, 2015)Constantinople, 536 : « Combien il est étrange, je vous le demande, de voir le soleil mais sans son éclat habituel » (Cassiodore, Variae, 12, 25)Belfast, 2008 : analyse dendochronologique et carottes glaciaires (Michaël Baillie, « Proposed re‐dating of the European ice core chronology by seven years prior to the 7th century AD », Geophysical research letters, 2008)Constantinople, 541 : Justinien, les greniers de l'empire et les rats des navires (Michael McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le passage économique du bas-empire au Moyen Âge », dans Morfologie sociali e culturali in Europa fra tardo antichità e alto medioevo (Spolète, 1998)Raconter l'histoire depuis le point de vue animal de rattus rattus ?Le « petit âge glaciaire de l'Antiquité tardive » (530-680) : systèmes climatiques et écosystèmes sociaux (Jean-Pierre Devroey, La Nature et le Roi. Environnement, pouvoir et société à l'âge de Charlemagne, 2019)En Scandinavie, du « grand hiver » (Fimbulvetr) au « crépuscule des dieux » (Ragnarök) : Winter is coming (Bo Gräslund et Neil Price, « Twilight of the gods? The "dust veil event" of AD 536 in critical perspective », Antiquity, 2012)Pourquoi la peste du VIe siècle peut être dite justinienne : catastrophe épidémique et retournement de situation politiqueCombiner les sources, malgré tout : Procope de Césarée et Jean d'Ephèse, « duo improbable », ont bien vu ce qu'ils ont vu (Kyle Harper, Comment l'Empire romain s'est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome, 2019)Le silo mortuaire des tours de Sykai et le pressoir mystique : « vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu » (Jean d'Ephèse, Chronique de Zuqnîn)Une épidémie qui avance par bonds : « Comme un champ de blé incendié, la ville fut soudainement enflammée par la pestilence » (Grégoire de Tours, Histoires des Francs, 9, 22)Ne pas révoquer la valeur documentaire des sources au motif de leur discontinuité (Michael McCormick, « Gregory of Tours on Sixth-Century Plague and Other Epidemics », Speculum, 2021)Les trois temps de la première pandémie : peste byzantine (542-600), accalmie du VIIe siècle (600-660), période ibérique (660-749) (Dimitri Stathakopoulos, Famine and Pestilence in the Late Roman and Early Byzantine Empire: A Systematic Survey of Subsistence Crisis and Epidemics, 2004)« … la peste justinienne, après avoir peut-être contribué à expliquer Mahomet, a pu aussi expliquer Charlemagne » (Jacques Le Goff et Jean-Noël Biraben, « La Peste du Haut Moyen Âge», Annales, 1969)Peste justinienne et peste noire : une comparaison historiographique inévitableLa peste et la chute des empires : lectures maximalistes, lectures déflationnistes (Lee Mordechai et Merle Eisenberg, « Rejecting Catastrophe: The Case of the Justinianic Plague », Past & Present, 2019)Kyle Harper et la fin du monde, ou la chute de Rome sans les Romains de la décadenceHantises collapsologiques et horizon eschatologique : la peste justinienne et le Moyen Âge aujourd'hui.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Pour l’histoire de la peste noire, l’épidémie qui affecte l’ensemble du bassin méditerranéen, et au-delà, de 541 à 749 constitue moins un précédent qu’une comparaison obligée, placée en vis-à-vis historiographique. Si elle occupe une branche morte de l’arbre phylogénétique de Yersinia pestis, sa postérité est ailleurs : dans les enjeux méthodologiques qu’elle pose aux historiens confrontés à la discordance des sources, mais aussi dans l’imaginaire politique : entre hantises collapsologiques du contemporain et horizon eschatologique du Moyen Âge, on tente de comprendre en quoi, au-delà des conventions historiographiques, cette peste peut bien être dite « justinienne ». Sommaire « Il faut continuer… » (Samuel Becket, L’Innommable, 1953) : recommencements La mémoire pathétique des gestes de la peste : quand le corps délivre une mémoire dont nous avons perdu le souvenir (Aby Warburg, Atlas Mnemosyne, 1927-1929) Épaissir le temps de la peste, peupler les mondes de la peste : réassurances des savoirs lettrés et blessure narcissique Yersinia pestis et l’humanité souffrante : une maladie qui n’était pas notre genre Progrès scientifique et horizon de connaissances : la science pose de nouvelles questions à l’histoire La génomique et la discordance des temps, une affaire de rythmes et d’échelles Retour au territoire de l’historien : l’hétérogénéité des régimes documentaires Entre histoire profonde et histoire globale, un regard à mi-pente La peste dite « justinienne » : première épidémie historique Une branche morte sur l’arbre phylogénétique de Yersinia pestis mais un opérateur puissant de périodisation (Yujun Cui, Chang Yu et al., « Historical variations in mutation rate in an epidemic pathogen, Yersinia pestis », PNAS, 2013) Deux morts en Bavière : identification des premières victimes de la peste du VIe siècle au cimetière d’Alternerding Premier bilan, nouvelles interrogations : quelle échelle, quelles datations ? (Marcel Keller, Maria A Spyrou et al., « Ancient Yersinia pestis genome from across Western Europe reveal early diversification during the First Pandemic (541-750) », PNAS, 2019) Ceci n’est pas un puzzle Constantinople, mars 542, « Il y eut en ce temps-là une pestilence qui manqua d’emporter la race humaine tout entière » (Procope de Césarée, Histoire des guerres, 2, 22) Harvard, 2015 : archéologie de la mort de masse (Michael McCormick, « Tracking mass death during the fall of Rome’s empire », Journal of Roman Archaeology, 2015) Constantinople, 536 : « Combien il est étrange, je vous le demande, de voir le soleil mais sans son éclat habituel » (Cassiodore, Variae, 12, 25) Belfast, 2008 : analyse dendochronologique et carottes glaciaires (Michaël Baillie, « Proposed re‐dating of the European ice core chronology by seven years prior to the 7th century AD », Geophysical research letters, 2008) Constantinople, 541 : Justinien, les greniers de l’empire et les rats des navires (Michael McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le passage économique du bas-empire au Moyen Âge », dans Morfologie sociali e culturali in Europa fra tardo antichità e alto medioevo (Spolète, 1998) Raconter l’histoire depuis le point de vue animal de rattus rattus ? Le « petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive » (530-680) : systèmes climatiques et écosystèmes sociaux (Jean-Pierre Devroey, La Nature et le Roi. Environnement, pouvoir et société à l’âge de Charlemagne, 2019) En Scandinavie, du « grand hiver » (Fimbulvetr) au « crépuscule des dieux » (Ragnarök) : Winter is coming (Bo Gräslund et Neil Price, « Twilight of the gods? The “dust veil event” of AD 536 in critical perspective », Antiquity, 2012) Pourquoi la peste du VIe siècle peut être dite justinienne : catastrophe épidémique et retournement de situation politique Combiner les sources, malgré tout : Procope de Césarée et Jean d’Ephèse, « duo improbable », ont bien vu ce qu’ils ont vu (Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome, 2019) Le silo mortuaire des tours de Sykai et le pressoir mystique : « vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu » (Jean d’Ephèse, Chronique de Zuqnîn) Une épidémie qui avance par bonds : « Comme un champ de blé incendié, la ville fut soudainement enflammée par la pestilence » (Grégoire de Tours, Histoires des Francs, 9, 22) Ne pas révoquer la valeur documentaire des sources au motif de leur discontinuité (Michael McCormick, « Gregory of Tours on Sixth-Century Plague and Other Epidemics », Speculum, 2021) Les trois temps de la première pandémie : peste byzantine (542-600), accalmie du VIIe siècle (600-660), période ibérique (660-749) (Dimitri Stathakopoulos, Famine and Pestilence in the Late Roman and Early Byzantine Empire: A Systematic Survey of Subsistence Crisis and Epidemics, 2004) « … la peste justinienne, après avoir peut-être contribué à expliquer Mahomet, a pu aussi expliquer Charlemagne » (Jacques Le Goff et Jean-Noël Biraben, « La Peste du Haut Moyen Âge», Annales, 1969) Peste justinienne et peste noire : une comparaison historiographique inévitable La peste et la chute des empires : lectures maximalistes, lectures déflationnistes (Lee Mordechai et Merle Eisenberg, « Rejecting Catastrophe: The Case of the Justinianic Plague », Past & Present, 2019) Kyle Harper et la fin du monde, ou la chute de Rome sans les Romains de la décadence Hantises collapsologiques et horizon eschatologique : la peste justinienne et le Moyen Âge aujourd’hui.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Pour l’histoire de la peste noire, l’épidémie qui affecte l’ensemble du bassin méditerranéen, et au-delà, de 541 à 749 constitue moins un précédent qu’une comparaison obligée, placée en vis-à-vis historiographique. Si elle occupe une branche morte de l’arbre phylogénétique de Yersinia pestis, sa postérité est ailleurs : dans les enjeux méthodologiques qu’elle pose aux historiens confrontés à la discordance des sources, mais aussi dans l’imaginaire politique : entre hantises collapsologiques du contemporain et horizon eschatologique du Moyen Âge, on tente de comprendre en quoi, au-delà des conventions historiographiques, cette peste peut bien être dite « justinienne ». Sommaire « Il faut continuer… » (Samuel Becket, L’Innommable, 1953) : recommencements La mémoire pathétique des gestes de la peste : quand le corps délivre une mémoire dont nous avons perdu le souvenir (Aby Warburg, Atlas Mnemosyne, 1927-1929) Épaissir le temps de la peste, peupler les mondes de la peste : réassurances des savoirs lettrés et blessure narcissique Yersinia pestis et l’humanité souffrante : une maladie qui n’était pas notre genre Progrès scientifique et horizon de connaissances : la science pose de nouvelles questions à l’histoire La génomique et la discordance des temps, une affaire de rythmes et d’échelles Retour au territoire de l’historien : l’hétérogénéité des régimes documentaires Entre histoire profonde et histoire globale, un regard à mi-pente La peste dite « justinienne » : première épidémie historique Une branche morte sur l’arbre phylogénétique de Yersinia pestis mais un opérateur puissant de périodisation (Yujun Cui, Chang Yu et al., « Historical variations in mutation rate in an epidemic pathogen, Yersinia pestis », PNAS, 2013) Deux morts en Bavière : identification des premières victimes de la peste du VIe siècle au cimetière d’Alternerding Premier bilan, nouvelles interrogations : quelle échelle, quelles datations ? (Marcel Keller, Maria A Spyrou et al., « Ancient Yersinia pestis genome from across Western Europe reveal early diversification during the First Pandemic (541-750) », PNAS, 2019) Ceci n’est pas un puzzle Constantinople, mars 542, « Il y eut en ce temps-là une pestilence qui manqua d’emporter la race humaine tout entière » (Procope de Césarée, Histoire des guerres, 2, 22) Harvard, 2015 : archéologie de la mort de masse (Michael McCormick, « Tracking mass death during the fall of Rome’s empire », Journal of Roman Archaeology, 2015) Constantinople, 536 : « Combien il est étrange, je vous le demande, de voir le soleil mais sans son éclat habituel » (Cassiodore, Variae, 12, 25) Belfast, 2008 : analyse dendochronologique et carottes glaciaires (Michaël Baillie, « Proposed re‐dating of the European ice core chronology by seven years prior to the 7th century AD », Geophysical research letters, 2008) Constantinople, 541 : Justinien, les greniers de l’empire et les rats des navires (Michael McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le passage économique du bas-empire au Moyen Âge », dans Morfologie sociali e culturali in Europa fra tardo antichità e alto medioevo (Spolète, 1998) Raconter l’histoire depuis le point de vue animal de rattus rattus ? Le « petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive » (530-680) : systèmes climatiques et écosystèmes sociaux (Jean-Pierre Devroey, La Nature et le Roi. Environnement, pouvoir et société à l’âge de Charlemagne, 2019) En Scandinavie, du « grand hiver » (Fimbulvetr) au « crépuscule des dieux » (Ragnarök) : Winter is coming (Bo Gräslund et Neil Price, « Twilight of the gods? The “dust veil event” of AD 536 in critical perspective », Antiquity, 2012) Pourquoi la peste du VIe siècle peut être dite justinienne : catastrophe épidémique et retournement de situation politique Combiner les sources, malgré tout : Procope de Césarée et Jean d’Ephèse, « duo improbable », ont bien vu ce qu’ils ont vu (Kyle Harper, Comment l’Empire romain s’est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome, 2019) Le silo mortuaire des tours de Sykai et le pressoir mystique : « vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu » (Jean d’Ephèse, Chronique de Zuqnîn) Une épidémie qui avance par bonds : « Comme un champ de blé incendié, la ville fut soudainement enflammée par la pestilence » (Grégoire de Tours, Histoires des Francs, 9, 22) Ne pas révoquer la valeur documentaire des sources au motif de leur discontinuité (Michael McCormick, « Gregory of Tours on Sixth-Century Plague and Other Epidemics », Speculum, 2021) Les trois temps de la première pandémie : peste byzantine (542-600), accalmie du VIIe siècle (600-660), période ibérique (660-749) (Dimitri Stathakopoulos, Famine and Pestilence in the Late Roman and Early Byzantine Empire: A Systematic Survey of Subsistence Crisis and Epidemics, 2004) « … la peste justinienne, après avoir peut-être contribué à expliquer Mahomet, a pu aussi expliquer Charlemagne » (Jacques Le Goff et Jean-Noël Biraben, « La Peste du Haut Moyen Âge», Annales, 1969) Peste justinienne et peste noire : une comparaison historiographique inévitable La peste et la chute des empires : lectures maximalistes, lectures déflationnistes (Lee Mordechai et Merle Eisenberg, « Rejecting Catastrophe: The Case of the Justinianic Plague », Past & Present, 2019) Kyle Harper et la fin du monde, ou la chute de Rome sans les Romains de la décadence Hantises collapsologiques et horizon eschatologique : la peste justinienne et le Moyen Âge aujourd’hui.
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireRésuméPour l'histoire de la peste noire, l'épidémie qui affecte l'ensemble du bassin méditerranéen, et au-delà, de 541 à 749 constitue moins un précédent qu'une comparaison obligée, placée en vis-à-vis historiographique. Si elle occupe une branche morte de l'arbre phylogénétique de Yersinia pestis, sa postérité est ailleurs : dans les enjeux méthodologiques qu'elle pose aux historiens confrontés à la discordance des sources, mais aussi dans l'imaginaire politique : entre hantises collapsologiques du contemporain et horizon eschatologique du Moyen Âge, on tente de comprendre en quoi, au-delà des conventions historiographiques, cette peste peut bien être dite « justinienne ».Sommaire« Il faut continuer… » (Samuel Becket, L'Innommable, 1953) : recommencementsLa mémoire pathétique des gestes de la peste : quand le corps délivre une mémoire dont nous avons perdu le souvenir (Aby Warburg, Atlas Mnemosyne, 1927-1929)Épaissir le temps de la peste, peupler les mondes de la peste : réassurances des savoirs lettrés et blessure narcissiqueYersinia pestis et l'humanité souffrante : une maladie qui n'était pas notre genreProgrès scientifique et horizon de connaissances : la science pose de nouvelles questions à l'histoireLa génomique et la discordance des temps, une affaire de rythmes et d'échellesRetour au territoire de l'historien : l'hétérogénéité des régimes documentairesEntre histoire profonde et histoire globale, un regard à mi-penteLa peste dite « justinienne » : première épidémie historiqueUne branche morte sur l'arbre phylogénétique de Yersinia pestis mais un opérateur puissant de périodisation (Yujun Cui, Chang Yu et al., « Historical variations in mutation rate in an epidemic pathogen, Yersinia pestis », PNAS, 2013)Deux morts en Bavière : identification des premières victimes de la peste du VIe siècle au cimetière d'AlternerdingPremier bilan, nouvelles interrogations : quelle échelle, quelles datations ? (Marcel Keller, Maria A Spyrou et al., « Ancient Yersinia pestis genome from across Western Europe reveal early diversification during the First Pandemic (541-750) », PNAS, 2019)Ceci n'est pas un puzzleConstantinople, mars 542, « Il y eut en ce temps-là une pestilence qui manqua d'emporter la race humaine tout entière » (Procope de Césarée, Histoire des guerres, 2, 22)Harvard, 2015 : archéologie de la mort de masse (Michael McCormick, « Tracking mass death during the fall of Rome's empire », Journal of Roman Archaeology, 2015)Constantinople, 536 : « Combien il est étrange, je vous le demande, de voir le soleil mais sans son éclat habituel » (Cassiodore, Variae, 12, 25)Belfast, 2008 : analyse dendochronologique et carottes glaciaires (Michaël Baillie, « Proposed re‐dating of the European ice core chronology by seven years prior to the 7th century AD », Geophysical research letters, 2008)Constantinople, 541 : Justinien, les greniers de l'empire et les rats des navires (Michael McCormick, « Bateaux de vie, bateaux de mort. Maladie, commerce, transports annonaires et le passage économique du bas-empire au Moyen Âge », dans Morfologie sociali e culturali in Europa fra tardo antichità e alto medioevo (Spolète, 1998)Raconter l'histoire depuis le point de vue animal de rattus rattus ?Le « petit âge glaciaire de l'Antiquité tardive » (530-680) : systèmes climatiques et écosystèmes sociaux (Jean-Pierre Devroey, La Nature et le Roi. Environnement, pouvoir et société à l'âge de Charlemagne, 2019)En Scandinavie, du « grand hiver » (Fimbulvetr) au « crépuscule des dieux » (Ragnarök) : Winter is coming (Bo Gräslund et Neil Price, « Twilight of the gods? The "dust veil event" of AD 536 in critical perspective », Antiquity, 2012)Pourquoi la peste du VIe siècle peut être dite justinienne : catastrophe épidémique et retournement de situation politiqueCombiner les sources, malgré tout : Procope de Césarée et Jean d'Ephèse, « duo improbable », ont bien vu ce qu'ils ont vu (Kyle Harper, Comment l'Empire romain s'est effondré. Le climat, les maladies et la chute de Rome, 2019)Le silo mortuaire des tours de Sykai et le pressoir mystique : « vendange dans la grande cuve de la colère de Dieu » (Jean d'Ephèse, Chronique de Zuqnîn)Une épidémie qui avance par bonds : « Comme un champ de blé incendié, la ville fut soudainement enflammée par la pestilence » (Grégoire de Tours, Histoires des Francs, 9, 22)Ne pas révoquer la valeur documentaire des sources au motif de leur discontinuité (Michael McCormick, « Gregory of Tours on Sixth-Century Plague and Other Epidemics », Speculum, 2021)Les trois temps de la première pandémie : peste byzantine (542-600), accalmie du VIIe siècle (600-660), période ibérique (660-749) (Dimitri Stathakopoulos, Famine and Pestilence in the Late Roman and Early Byzantine Empire: A Systematic Survey of Subsistence Crisis and Epidemics, 2004)« … la peste justinienne, après avoir peut-être contribué à expliquer Mahomet, a pu aussi expliquer Charlemagne » (Jacques Le Goff et Jean-Noël Biraben, « La Peste du Haut Moyen Âge», Annales, 1969)Peste justinienne et peste noire : une comparaison historiographique inévitableLa peste et la chute des empires : lectures maximalistes, lectures déflationnistes (Lee Mordechai et Merle Eisenberg, « Rejecting Catastrophe: The Case of the Justinianic Plague », Past & Present, 2019)Kyle Harper et la fin du monde, ou la chute de Rome sans les Romains de la décadenceHantises collapsologiques et horizon eschatologique : la peste justinienne et le Moyen Âge aujourd'hui.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireDepuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l'histoire de la peste noire, par les réponses qu'ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu'ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l'appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d'une réflexion sur l'hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s'en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme.SommaireUn cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu'où faut-il mener l'histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d'un amateur de sciences, 2006)« La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde« Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009)Desserrer l'étau d'une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l'histoire. Remarques sur l'œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009)Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d'un textualisme péremptoire« Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-MatchUne expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l'histoireQu'est-ce qu'une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d'un fait nouveau ; mais je pense que c'est l'idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865)Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997)Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sicknessLe rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen ÂgeLes maladies ont une histoire : sur l'historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993)Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l'histoire des maladies, 2016)La septième pathocénose : un outil de périodisationQuand Yersinia pestis n'a pas besoin de nous : « l'homme n'est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d'un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d'une étude historique des maladies », Annales, 1969)Londres, 1348 : le cimetière d'East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011)Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu'est-ce qu'un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020)La collection ostéologique d'East-Smithfield : bioarchéologie de l'état sanitaire des populations (Sharon DeWitte)Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L'ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021)Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l'homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017)Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d'une biologisation de l'anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d'origine de l'Occident, 2014)La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l'évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011)2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011)Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladiesDe la peste justinienne à l'âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l'âgeDu stemma codicum à l'arbre phylogénétique : l'étrange familiarité d'une forme graphiqueLa peste justinienne et la peste noire de part et d'autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016)Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020)Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noireLa carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentairesRetour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ?« Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l'âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Les modes de transmission de Yersinia pestis font l’objet d’études biologiques et épidémiologiques de plus en plus poussées, à partir du tableau clinique actuel mais aussi de la modélisation rétrospective des sources du passé. Pourtant, la virulence de l’épidémie médiévale reste difficilement compréhensible en appliquant de tels modèles. Le cours suggère d’autres hypothèses sur la possibilité d’une contagion interhumaine et la persistance de foyers pesteux en Europe, qui prennent en compte la dimension environnementale d’un récit global mais discontinu de l’épidémie. Sommaire « Depuis longtemps, la peste est mon métier » : Henri Mollaret, Jacqueline Brossolet et le service de la Peste de l’Institut Pasteur Dernières nouvelles de la troisième pandémie de peste (Eric Bertherat, World Health Organization, Weekly epidemiological record, 25, 2019) L’étiologie actuelle : essentiellement trois formes cliniques (septicémique, bubonique et pulmonaire) Quand le bubon ne suffit plus à établir le diagnostic rétrospectif : à la recherche des carbunculi (Samuel Cohn, Cultures of Plague. Medical thinking at the end of Renaissance, 2010) Menaces sur la biodiversité, résistance aux antibiotiques et bioterrorisme : l’économie de la recherche sur le bacille « dont le pouvoir pathogène pour l’homme est le plus élevé dans le monde bactérien » (Elisabeth Carniel) Tester rapidement l’antigène F1 de YP : les risques du passé et les retombées des hantises du présent (Raffaela Bianucci et al., CR Biologies, 2007) En URSS des années 1920 aux années 1970 : l’impossible éradication de la peste (Susan D. Jones et al., PNAS, 2019) Zoonose et sauts d’espèce : le schéma général de la transmission du puce à la rat et du rat à l’homme Une progression par réplication de micro-événements (Monica Green, The Medieval Globe, 2014) Quand l’histoire passe par une piqûre de puce : microbiologie de l’infection (Amélie Dewitte et all, PLOS Pathogens, 2020) De la mort du rat à celle de l’homme : la peste au Caire en 1801 (Xavier Didelot, et al., J. R. Soc. Interface, 2017) Toujours au Caire, mais au XVe siècle, au temps du « grand anéantissement » (Stuart Borsch et Tarek Sabraa, Mamlῡk Studies Review, 2016) Un soupçon persistant sur pulex irritans (Katharine R. Dean et al., PNAS, 2018) La peste s’est diffusée dans les populations humaines avec une rapidité et une facilité qui ne sont guère compatibles avec le modèle classique de transmission du rat à la puce du rat puis à l’homme » (Isabelle Séguy et Guido Alfani, « La Peste : bref état des connaissances actuelles », Annales de démographie historique, 2017) La circulation des savoirs microbiologiques depuis Bombay, « théâtre d’expérimentation » de la peste (Pratik Chakrabarti) Pour en finir avec l’orientalisme épidémiologique : relectures historiennes des Rapports d’études sur la peste en Inde (Samuel Cohn, The Black Death Transformed, 2002) Mort et résurrection d’un paradigme (Samuel Cohn, « Black Death, End of a Paradigm » American Historical Review, 2002) « We believe that we can end the controversy: Medieval Black Death was Plague » : comment ne pas mettre fin à une controverse (Didier Raoult et al., PNAS, 2000) Des espèces aux milieux et de la Mongolie aux Alpes italiennes : cherchez la marmotte (V.V. Suntsov, Biol Bull Russ Acad Sci, 2012) Histoire de l’épidémie milanaise de 1567 et hypothèse sur la persistance de la peste en Europe (Ann Carmichael, The Medieval Globe, 2014) Retour aux sources : Avignon en 1348, Guy de Chauliac et Louis Sanctus de Beringen Modélisation épidémiologique des sources démographiques traditionnelles : le cas de Nonantola en 1630 (Guido Alfani et Samuel Cohn, « Nonantola 1630: Anatomia di une pestilenza e mecanismi del contagio », Popolazione e Storia, 2, 2007) Sur la piste d’une contamination interhumaine : surmortalité et densité des foyers humains (Guido Alfani et Marco Bonetti, « A survival analysis of the last great European plagues: The case of Nonantola (Northern Italy) in 1630 », Population Studies, 73, 2019) Qui comincia il contaggio : la mort d’Antonia Tarossi et de sa famille « A Marseille, sur 150 Frères Mineurs il n’en resta pas un seul : c’est bien ainsi » : Henry Knighton et les petitesses de l’histoire Histoire naturelle ou histoires naturelles ? Un récit global mais discontinu Après la nature, après l’histoire, restaurer la lisibilité de l’histoire en faisant droit à l’hétérogénéité des images « Le besoin de savoir était contredit par la tendance à fermer les yeux » (W.G. Sebald, De la destruction comme élément de l’histoire naturelle, 2001) Les yeux écarquillés et les yeux bandés : retour sur la scène du crime (Henri Mollaret et Jacqueline Brossollet, À propos des « Pestiférés de Jaffa » de A.J. Gros, 1968).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Les modes de transmission de Yersinia pestis font l’objet d’études biologiques et épidémiologiques de plus en plus poussées, à partir du tableau clinique actuel mais aussi de la modélisation rétrospective des sources du passé. Pourtant, la virulence de l’épidémie médiévale reste difficilement compréhensible en appliquant de tels modèles. Le cours suggère d’autres hypothèses sur la possibilité d’une contagion interhumaine et la persistance de foyers pesteux en Europe, qui prennent en compte la dimension environnementale d’un récit global mais discontinu de l’épidémie. Sommaire « Depuis longtemps, la peste est mon métier » : Henri Mollaret, Jacqueline Brossolet et le service de la Peste de l’Institut Pasteur Dernières nouvelles de la troisième pandémie de peste (Eric Bertherat, World Health Organization, Weekly epidemiological record, 25, 2019) L’étiologie actuelle : essentiellement trois formes cliniques (septicémique, bubonique et pulmonaire) Quand le bubon ne suffit plus à établir le diagnostic rétrospectif : à la recherche des carbunculi (Samuel Cohn, Cultures of Plague. Medical thinking at the end of Renaissance, 2010) Menaces sur la biodiversité, résistance aux antibiotiques et bioterrorisme : l’économie de la recherche sur le bacille « dont le pouvoir pathogène pour l’homme est le plus élevé dans le monde bactérien » (Elisabeth Carniel) Tester rapidement l’antigène F1 de YP : les risques du passé et les retombées des hantises du présent (Raffaela Bianucci et al., CR Biologies, 2007) En URSS des années 1920 aux années 1970 : l’impossible éradication de la peste (Susan D. Jones et al., PNAS, 2019) Zoonose et sauts d’espèce : le schéma général de la transmission du puce à la rat et du rat à l’homme Une progression par réplication de micro-événements (Monica Green, The Medieval Globe, 2014) Quand l’histoire passe par une piqûre de puce : microbiologie de l’infection (Amélie Dewitte et all, PLOS Pathogens, 2020) De la mort du rat à celle de l’homme : la peste au Caire en 1801 (Xavier Didelot, et al., J. R. Soc. Interface, 2017) Toujours au Caire, mais au XVe siècle, au temps du « grand anéantissement » (Stuart Borsch et Tarek Sabraa, Mamlῡk Studies Review, 2016) Un soupçon persistant sur pulex irritans (Katharine R. Dean et al., PNAS, 2018) La peste s’est diffusée dans les populations humaines avec une rapidité et une facilité qui ne sont guère compatibles avec le modèle classique de transmission du rat à la puce du rat puis à l’homme » (Isabelle Séguy et Guido Alfani, « La Peste : bref état des connaissances actuelles », Annales de démographie historique, 2017) La circulation des savoirs microbiologiques depuis Bombay, « théâtre d’expérimentation » de la peste (Pratik Chakrabarti) Pour en finir avec l’orientalisme épidémiologique : relectures historiennes des Rapports d’études sur la peste en Inde (Samuel Cohn, The Black Death Transformed, 2002) Mort et résurrection d’un paradigme (Samuel Cohn, « Black Death, End of a Paradigm » American Historical Review, 2002) « We believe that we can end the controversy: Medieval Black Death was Plague » : comment ne pas mettre fin à une controverse (Didier Raoult et al., PNAS, 2000) Des espèces aux milieux et de la Mongolie aux Alpes italiennes : cherchez la marmotte (V.V. Suntsov, Biol Bull Russ Acad Sci, 2012) Histoire de l’épidémie milanaise de 1567 et hypothèse sur la persistance de la peste en Europe (Ann Carmichael, The Medieval Globe, 2014) Retour aux sources : Avignon en 1348, Guy de Chauliac et Louis Sanctus de Beringen Modélisation épidémiologique des sources démographiques traditionnelles : le cas de Nonantola en 1630 (Guido Alfani et Samuel Cohn, « Nonantola 1630: Anatomia di une pestilenza e mecanismi del contagio », Popolazione e Storia, 2, 2007) Sur la piste d’une contamination interhumaine : surmortalité et densité des foyers humains (Guido Alfani et Marco Bonetti, « A survival analysis of the last great European plagues: The case of Nonantola (Northern Italy) in 1630 », Population Studies, 73, 2019) Qui comincia il contaggio : la mort d’Antonia Tarossi et de sa famille « A Marseille, sur 150 Frères Mineurs il n’en resta pas un seul : c’est bien ainsi » : Henry Knighton et les petitesses de l’histoire Histoire naturelle ou histoires naturelles ? Un récit global mais discontinu Après la nature, après l’histoire, restaurer la lisibilité de l’histoire en faisant droit à l’hétérogénéité des images « Le besoin de savoir était contredit par la tendance à fermer les yeux » (W.G. Sebald, De la destruction comme élément de l’histoire naturelle, 2001) Les yeux écarquillés et les yeux bandés : retour sur la scène du crime (Henri Mollaret et Jacqueline Brossollet, À propos des « Pestiférés de Jaffa » de A.J. Gros, 1968).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Les modes de transmission de Yersinia pestis font l’objet d’études biologiques et épidémiologiques de plus en plus poussées, à partir du tableau clinique actuel mais aussi de la modélisation rétrospective des sources du passé. Pourtant, la virulence de l’épidémie médiévale reste difficilement compréhensible en appliquant de tels modèles. Le cours suggère d’autres hypothèses sur la possibilité d’une contagion interhumaine et la persistance de foyers pesteux en Europe, qui prennent en compte la dimension environnementale d’un récit global mais discontinu de l’épidémie. Sommaire « Depuis longtemps, la peste est mon métier » : Henri Mollaret, Jacqueline Brossolet et le service de la Peste de l’Institut Pasteur Dernières nouvelles de la troisième pandémie de peste (Eric Bertherat, World Health Organization, Weekly epidemiological record, 25, 2019) L’étiologie actuelle : essentiellement trois formes cliniques (septicémique, bubonique et pulmonaire) Quand le bubon ne suffit plus à établir le diagnostic rétrospectif : à la recherche des carbunculi (Samuel Cohn, Cultures of Plague. Medical thinking at the end of Renaissance, 2010) Menaces sur la biodiversité, résistance aux antibiotiques et bioterrorisme : l’économie de la recherche sur le bacille « dont le pouvoir pathogène pour l’homme est le plus élevé dans le monde bactérien » (Elisabeth Carniel) Tester rapidement l’antigène F1 de YP : les risques du passé et les retombées des hantises du présent (Raffaela Bianucci et al., CR Biologies, 2007) En URSS des années 1920 aux années 1970 : l’impossible éradication de la peste (Susan D. Jones et al., PNAS, 2019) Zoonose et sauts d’espèce : le schéma général de la transmission du puce à la rat et du rat à l’homme Une progression par réplication de micro-événements (Monica Green, The Medieval Globe, 2014) Quand l’histoire passe par une piqûre de puce : microbiologie de l’infection (Amélie Dewitte et all, PLOS Pathogens, 2020) De la mort du rat à celle de l’homme : la peste au Caire en 1801 (Xavier Didelot, et al., J. R. Soc. Interface, 2017) Toujours au Caire, mais au XVe siècle, au temps du « grand anéantissement » (Stuart Borsch et Tarek Sabraa, Mamlῡk Studies Review, 2016) Un soupçon persistant sur pulex irritans (Katharine R. Dean et al., PNAS, 2018) La peste s’est diffusée dans les populations humaines avec une rapidité et une facilité qui ne sont guère compatibles avec le modèle classique de transmission du rat à la puce du rat puis à l’homme » (Isabelle Séguy et Guido Alfani, « La Peste : bref état des connaissances actuelles », Annales de démographie historique, 2017) La circulation des savoirs microbiologiques depuis Bombay, « théâtre d’expérimentation » de la peste (Pratik Chakrabarti) Pour en finir avec l’orientalisme épidémiologique : relectures historiennes des Rapports d’études sur la peste en Inde (Samuel Cohn, The Black Death Transformed, 2002) Mort et résurrection d’un paradigme (Samuel Cohn, « Black Death, End of a Paradigm » American Historical Review, 2002) « We believe that we can end the controversy: Medieval Black Death was Plague » : comment ne pas mettre fin à une controverse (Didier Raoult et al., PNAS, 2000) Des espèces aux milieux et de la Mongolie aux Alpes italiennes : cherchez la marmotte (V.V. Suntsov, Biol Bull Russ Acad Sci, 2012) Histoire de l’épidémie milanaise de 1567 et hypothèse sur la persistance de la peste en Europe (Ann Carmichael, The Medieval Globe, 2014) Retour aux sources : Avignon en 1348, Guy de Chauliac et Louis Sanctus de Beringen Modélisation épidémiologique des sources démographiques traditionnelles : le cas de Nonantola en 1630 (Guido Alfani et Samuel Cohn, « Nonantola 1630: Anatomia di une pestilenza e mecanismi del contagio », Popolazione e Storia, 2, 2007) Sur la piste d’une contamination interhumaine : surmortalité et densité des foyers humains (Guido Alfani et Marco Bonetti, « A survival analysis of the last great European plagues: The case of Nonantola (Northern Italy) in 1630 », Population Studies, 73, 2019) Qui comincia il contaggio : la mort d’Antonia Tarossi et de sa famille « A Marseille, sur 150 Frères Mineurs il n’en resta pas un seul : c’est bien ainsi » : Henry Knighton et les petitesses de l’histoire Histoire naturelle ou histoires naturelles ? Un récit global mais discontinu Après la nature, après l’histoire, restaurer la lisibilité de l’histoire en faisant droit à l’hétérogénéité des images « Le besoin de savoir était contredit par la tendance à fermer les yeux » (W.G. Sebald, De la destruction comme élément de l’histoire naturelle, 2001) Les yeux écarquillés et les yeux bandés : retour sur la scène du crime (Henri Mollaret et Jacqueline Brossollet, À propos des « Pestiférés de Jaffa » de A.J. Gros, 1968).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Les modes de transmission de Yersinia pestis font l’objet d’études biologiques et épidémiologiques de plus en plus poussées, à partir du tableau clinique actuel mais aussi de la modélisation rétrospective des sources du passé. Pourtant, la virulence de l’épidémie médiévale reste difficilement compréhensible en appliquant de tels modèles. Le cours suggère d’autres hypothèses sur la possibilité d’une contagion interhumaine et la persistance de foyers pesteux en Europe, qui prennent en compte la dimension environnementale d’un récit global mais discontinu de l’épidémie. Sommaire « Depuis longtemps, la peste est mon métier » : Henri Mollaret, Jacqueline Brossolet et le service de la Peste de l’Institut Pasteur Dernières nouvelles de la troisième pandémie de peste (Eric Bertherat, World Health Organization, Weekly epidemiological record, 25, 2019) L’étiologie actuelle : essentiellement trois formes cliniques (septicémique, bubonique et pulmonaire) Quand le bubon ne suffit plus à établir le diagnostic rétrospectif : à la recherche des carbunculi (Samuel Cohn, Cultures of Plague. Medical thinking at the end of Renaissance, 2010) Menaces sur la biodiversité, résistance aux antibiotiques et bioterrorisme : l’économie de la recherche sur le bacille « dont le pouvoir pathogène pour l’homme est le plus élevé dans le monde bactérien » (Elisabeth Carniel) Tester rapidement l’antigène F1 de YP : les risques du passé et les retombées des hantises du présent (Raffaela Bianucci et al., CR Biologies, 2007) En URSS des années 1920 aux années 1970 : l’impossible éradication de la peste (Susan D. Jones et al., PNAS, 2019) Zoonose et sauts d’espèce : le schéma général de la transmission du puce à la rat et du rat à l’homme Une progression par réplication de micro-événements (Monica Green, The Medieval Globe, 2014) Quand l’histoire passe par une piqûre de puce : microbiologie de l’infection (Amélie Dewitte et all, PLOS Pathogens, 2020) De la mort du rat à celle de l’homme : la peste au Caire en 1801 (Xavier Didelot, et al., J. R. Soc. Interface, 2017) Toujours au Caire, mais au XVe siècle, au temps du « grand anéantissement » (Stuart Borsch et Tarek Sabraa, Mamlῡk Studies Review, 2016) Un soupçon persistant sur pulex irritans (Katharine R. Dean et al., PNAS, 2018) La peste s’est diffusée dans les populations humaines avec une rapidité et une facilité qui ne sont guère compatibles avec le modèle classique de transmission du rat à la puce du rat puis à l’homme » (Isabelle Séguy et Guido Alfani, « La Peste : bref état des connaissances actuelles », Annales de démographie historique, 2017) La circulation des savoirs microbiologiques depuis Bombay, « théâtre d’expérimentation » de la peste (Pratik Chakrabarti) Pour en finir avec l’orientalisme épidémiologique : relectures historiennes des Rapports d’études sur la peste en Inde (Samuel Cohn, The Black Death Transformed, 2002) Mort et résurrection d’un paradigme (Samuel Cohn, « Black Death, End of a Paradigm » American Historical Review, 2002) « We believe that we can end the controversy: Medieval Black Death was Plague » : comment ne pas mettre fin à une controverse (Didier Raoult et al., PNAS, 2000) Des espèces aux milieux et de la Mongolie aux Alpes italiennes : cherchez la marmotte (V.V. Suntsov, Biol Bull Russ Acad Sci, 2012) Histoire de l’épidémie milanaise de 1567 et hypothèse sur la persistance de la peste en Europe (Ann Carmichael, The Medieval Globe, 2014) Retour aux sources : Avignon en 1348, Guy de Chauliac et Louis Sanctus de Beringen Modélisation épidémiologique des sources démographiques traditionnelles : le cas de Nonantola en 1630 (Guido Alfani et Samuel Cohn, « Nonantola 1630: Anatomia di une pestilenza e mecanismi del contagio », Popolazione e Storia, 2, 2007) Sur la piste d’une contamination interhumaine : surmortalité et densité des foyers humains (Guido Alfani et Marco Bonetti, « A survival analysis of the last great European plagues: The case of Nonantola (Northern Italy) in 1630 », Population Studies, 73, 2019) Qui comincia il contaggio : la mort d’Antonia Tarossi et de sa famille « A Marseille, sur 150 Frères Mineurs il n’en resta pas un seul : c’est bien ainsi » : Henry Knighton et les petitesses de l’histoire Histoire naturelle ou histoires naturelles ? Un récit global mais discontinu Après la nature, après l’histoire, restaurer la lisibilité de l’histoire en faisant droit à l’hétérogénéité des images « Le besoin de savoir était contredit par la tendance à fermer les yeux » (W.G. Sebald, De la destruction comme élément de l’histoire naturelle, 2001) Les yeux écarquillés et les yeux bandés : retour sur la scène du crime (Henri Mollaret et Jacqueline Brossollet, À propos des « Pestiférés de Jaffa » de A.J. Gros, 1968).
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireRésuméLes modes de transmission de Yersinia pestis font l'objet d'études biologiques et épidémiologiques de plus en plus poussées, à partir du tableau clinique actuel mais aussi de la modélisation rétrospective des sources du passé. Pourtant, la virulence de l'épidémie médiévale reste difficilement compréhensible en appliquant de tels modèles. Le cours suggère d'autres hypothèses sur la possibilité d'une contagion interhumaine et la persistance de foyers pesteux en Europe, qui prennent en compte la dimension environnementale d'un récit global mais discontinu de l'épidémie.Sommaire« Depuis longtemps, la peste est mon métier » : Henri Mollaret, Jacqueline Brossolet et le service de la Peste de l'Institut PasteurDernières nouvelles de la troisième pandémie de peste (Eric Bertherat, World Health Organization, Weekly epidemiological record, 25, 2019)L'étiologie actuelle : essentiellement trois formes cliniques (septicémique, bubonique et pulmonaire)Quand le bubon ne suffit plus à établir le diagnostic rétrospectif : à la recherche des carbunculi (Samuel Cohn, Cultures of Plague. Medical thinking at the end of Renaissance, 2010)Menaces sur la biodiversité, résistance aux antibiotiques et bioterrorisme : l'économie de la recherche sur le bacille « dont le pouvoir pathogène pour l'homme est le plus élevé dans le monde bactérien » (Elisabeth Carniel)Tester rapidement l'antigène F1 de YP : les risques du passé et les retombées des hantises du présent (Raffaela Bianucci et al., CR Biologies, 2007)En URSS des années 1920 aux années 1970 : l'impossible éradication de la peste (Susan D. Jones et al., PNAS, 2019)Zoonose et sauts d'espèce : le schéma général de la transmission du puce à la rat et du rat à l'hommeUne progression par réplication de micro-événements (Monica Green, The Medieval Globe, 2014)Quand l'histoire passe par une piqûre de puce : microbiologie de l'infection (Amélie Dewitte et all, PLOS Pathogens, 2020)De la mort du rat à celle de l'homme : la peste au Caire en 1801 (Xavier Didelot, et al., J. R. Soc. Interface, 2017)Toujours au Caire, mais au XVe siècle, au temps du « grand anéantissement » (Stuart Borsch et Tarek Sabraa, Mamlῡk Studies Review, 2016)Un soupçon persistant sur pulex irritans (Katharine R. Dean et al., PNAS, 2018)La peste s'est diffusée dans les populations humaines avec une rapidité et une facilité qui ne sont guère compatibles avec le modèle classique de transmission du rat à la puce du rat puis à l'homme » (Isabelle Séguy et Guido Alfani, « La Peste : bref état des connaissances actuelles », Annales de démographie historique, 2017)La circulation des savoirs microbiologiques depuis Bombay, « théâtre d'expérimentation » de la peste (Pratik Chakrabarti)Pour en finir avec l'orientalisme épidémiologique : relectures historiennes des Rapports d'études sur la peste en Inde (Samuel Cohn, The Black Death Transformed, 2002)Mort et résurrection d'un paradigme (Samuel Cohn, « Black Death, End of a Paradigm » American Historical Review, 2002)« We believe that we can end the controversy: Medieval Black Death was Plague » : comment ne pas mettre fin à une controverse (Didier Raoult et al., PNAS, 2000)Des espèces aux milieux et de la Mongolie aux Alpes italiennes : cherchez la marmotte (V.V. Suntsov, Biol Bull Russ Acad Sci, 2012)Histoire de l'épidémie milanaise de 1567 et hypothèse sur la persistance de la peste en Europe (Ann Carmichael, The Medieval Globe, 2014)Retour aux sources : Avignon en 1348, Guy de Chauliac et Louis Sanctus de BeringenModélisation épidémiologique des sources démographiques traditionnelles : le cas de Nonantola en 1630 (Guido Alfani et Samuel Cohn, « Nonantola 1630: Anatomia di une pestilenza e mecanismi del contagio », Popolazione e Storia, 2, 2007)Sur la piste d'une contamination interhumaine : surmortalité et densité des foyers humains (Guido Alfani et Marco Bonetti, « A survival analysis of the last great European plagues: The case of Nonantola (Northern Italy) in 1630 », Population Studies, 73, 2019)Qui comincia il contaggio : la mort d'Antonia Tarossi et de sa famille« A Marseille, sur 150 Frères Mineurs il n'en resta pas un seul : c'est bien ainsi » : Henry Knighton et les petitesses de l'histoireHistoire naturelle ou histoires naturelles ? Un récit global mais discontinuAprès la nature, après l'histoire, restaurer la lisibilité de l'histoire en faisant droit à l'hétérogénéité des images« Le besoin de savoir était contredit par la tendance à fermer les yeux » (W.G. Sebald, De la destruction comme élément de l'histoire naturelle, 2001)Les yeux écarquillés et les yeux bandés : retour sur la scène du crime (Henri Mollaret et Jacqueline Brossollet, À propos des « Pestiférés de Jaffa » de A.J. Gros, 1968).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Entre fiction littéraire de la fête collective chez Jean Delumeau et fiction politique de la société de peste chez Michel Foucault, la séance interroge la constitution des savoirs historiens sur les épidémies de peste dans les années 1975-1985. Elle pose comme hypothèse que celle-ci est indissociable d’une certaine hantise contemporaine, ramenant le théâtre de la contagion aux structures narratives d’un récit épidémique. Sommaire Festival d’Avignon, cour d’honneur, 9 juillet 1983 : « dans ce palais, il y a eu la peste et la papauté, ensemble, en 1348 » (Jean-Pierre Vincent) « Il y a dans le théâtre comme dans la peste quelque chose à la fois de victorieux et de vengeur (Antonin Artaud, « Le théâtre et la peste », 1938) Comment une société organise-t-elle son indestructibilité ? Microbiologie, environnement, world history : une histoire triplement débordée Voir l’histoire à travers « l’imagination de la vérité du réel » (Goethe) Retour sur la « terrible puanteur des morts » à Marseille en 1347 : mémoire et inflammation de l’imaginaire « Les gestes de la peste, comme ceux de la peur et de la douleur en général, délivrent une mémoire dont nous avons perdu le souvenir » (Georges Didi-Huberman, Memorandum de la peste, 1983) Ecrire dans un théâtre dépeuplé : récit d’une coïncidence différée Une survivance chorale : « Mais à la peste il faut bien un narrateur, un qui puisse, qui ose dire mes yeux ont tout vu, il faut bien, tâche lourde ou non, un arpenteur du désastre, un mélancolique, un dont la maladie différait un peu des autres, maladie à la mort, non maladie mortelle, encore. Un qui pressent qu’il n’arrive pas à mourir » (Georges Didi-Huberman) La peste comme fête collective et comme cité assiégée : Jean Delumeau, La Peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècles), 1978 Une « rupture inhumaine » dans l’ordre ordinaire des jours La persistance historiographique de « l’âpre saveur de la vie » (Elodie Lecuppre-Desjardins dir., L’odeur du sang et des roses. Relire Johan Huizinga aujourd’hui, 2019) Histoire des mentalités, médecine et psychologie des foules : la « dissolution de l’homme moyen » (Paul Fréour, « Réactions des populations atteintes par une grande épidémie », Revue de psychologie des peuples, 1960) Les traits anthropologiques fondamentaux d’une « société de peste » « Le Journal de la peste de Daniel Defoe — notre meilleur document sur une peste bien qu’il s’agisse d’un roman — est rempli de scènes hallucinantes et d’anecdotes bouleversantes » (Jean Delumeau) « l’homérique bataille de l’explosion et du colmatage, de la déliquescence et du durcissement, du désordre fou et de l’acharnée volonté de mise en ordre » (Bernard Chartreux, Dernières nouvelles de la Peste, 1984) Fiction littéraire de la fête chez Jean Delumeau, fiction politique de la peste chez Michel Foucault « Voici, selon un règlement de la peste de la fin du XVIIe siècle, les mesures qu’il fallait prendre quand la peste se déclarait dans une ville » (Surveiller et punir, 1975) Visible dans l’archive et rendant l’archive lisible : le paradigme foucaldien, entre singularité et exemplarité A Marseille en 1720, société de surveillance et « expériences ordinaires de la peste » (Fleur Beauvieux) De 1347 à 1722, la deuxième pandémie de peste : à l’ombre du paradigme La fondation paradoxale des années 1975-1985 : savoirs historiens, indistinction chronologique et hantise théâtrale « Evidemment que c’est la peste. En voici les dernières nouvelles, on n’est jamais trop prudent. La peste donc, mais d’abord une peste, peu importe laquelle… » (Bernard Chartreux) Théâtre de la contagion et récit épidémique : trois actes et un patient zéro Charles Rosenberg, « What Is an Epidemic ? AIDS in Historical Perspective », Daedalus, 1989 Le troisième acte ouvre seulement la possibilité de la fin de l’épidémie : ça finit quand, vraiment ?
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé Entre fiction littéraire de la fête collective chez Jean Delumeau et fiction politique de la société de peste chez Michel Foucault, la séance interroge la constitution des savoirs historiens sur les épidémies de peste dans les années 1975-1985. Elle pose comme hypothèse que celle-ci est indissociable d’une certaine hantise contemporaine, ramenant le théâtre de la contagion aux structures narratives d’un récit épidémique. Sommaire Festival d’Avignon, cour d’honneur, 9 juillet 1983 : « dans ce palais, il y a eu la peste et la papauté, ensemble, en 1348 » (Jean-Pierre Vincent) « Il y a dans le théâtre comme dans la peste quelque chose à la fois de victorieux et de vengeur (Antonin Artaud, « Le théâtre et la peste », 1938) Comment une société organise-t-elle son indestructibilité ? Microbiologie, environnement, world history : une histoire triplement débordée Voir l’histoire à travers « l’imagination de la vérité du réel » (Goethe) Retour sur la « terrible puanteur des morts » à Marseille en 1347 : mémoire et inflammation de l’imaginaire « Les gestes de la peste, comme ceux de la peur et de la douleur en général, délivrent une mémoire dont nous avons perdu le souvenir » (Georges Didi-Huberman, Memorandum de la peste, 1983) Ecrire dans un théâtre dépeuplé : récit d’une coïncidence différée Une survivance chorale : « Mais à la peste il faut bien un narrateur, un qui puisse, qui ose dire mes yeux ont tout vu, il faut bien, tâche lourde ou non, un arpenteur du désastre, un mélancolique, un dont la maladie différait un peu des autres, maladie à la mort, non maladie mortelle, encore. Un qui pressent qu’il n’arrive pas à mourir » (Georges Didi-Huberman) La peste comme fête collective et comme cité assiégée : Jean Delumeau, La Peur en Occident (XIVe-XVIIIe siècles), 1978 Une « rupture inhumaine » dans l’ordre ordinaire des jours La persistance historiographique de « l’âpre saveur de la vie » (Elodie Lecuppre-Desjardins dir., L’odeur du sang et des roses. Relire Johan Huizinga aujourd’hui, 2019) Histoire des mentalités, médecine et psychologie des foules : la « dissolution de l’homme moyen » (Paul Fréour, « Réactions des populations atteintes par une grande épidémie », Revue de psychologie des peuples, 1960) Les traits anthropologiques fondamentaux d’une « société de peste » « Le Journal de la peste de Daniel Defoe — notre meilleur document sur une peste bien qu’il s’agisse d’un roman — est rempli de scènes hallucinantes et d’anecdotes bouleversantes » (Jean Delumeau) « l’homérique bataille de l’explosion et du colmatage, de la déliquescence et du durcissement, du désordre fou et de l’acharnée volonté de mise en ordre » (Bernard Chartreux, Dernières nouvelles de la Peste, 1984) Fiction littéraire de la fête chez Jean Delumeau, fiction politique de la peste chez Michel Foucault « Voici, selon un règlement de la peste de la fin du XVIIe siècle, les mesures qu’il fallait prendre quand la peste se déclarait dans une ville » (Surveiller et punir, 1975) Visible dans l’archive et rendant l’archive lisible : le paradigme foucaldien, entre singularité et exemplarité A Marseille en 1720, société de surveillance et « expériences ordinaires de la peste » (Fleur Beauvieux) De 1347 à 1722, la deuxième pandémie de peste : à l’ombre du paradigme La fondation paradoxale des années 1975-1985 : savoirs historiens, indistinction chronologique et hantise théâtrale « Evidemment que c’est la peste. En voici les dernières nouvelles, on n’est jamais trop prudent. La peste donc, mais d’abord une peste, peu importe laquelle… » (Bernard Chartreux) Théâtre de la contagion et récit épidémique : trois actes et un patient zéro Charles Rosenberg, « What Is an Epidemic ? AIDS in Historical Perspective », Daedalus, 1989 Le troisième acte ouvre seulement la possibilité de la fin de l’épidémie : ça finit quand, vraiment ?