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Le 25 mars 1321, Dante Alighieri publiait La Divine Comédie, chef d'œuvre de la poésie médiévale divisé en 3 parties, L'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Considéré comme un des pères de la langue italienne avec Pétrarque et Boccace, Dante est auréolé d'une importance littéraire et linguistique considérable. La Bibliothèque Royale de Bruxelles possède quelques exemplaires remarquables de son oeuvre, sous formats manuscrits et imprimés, dont certains illustrés par des artistes prestigieux : Botticelli, Rodin, Dali. Dernière étape de notre promenade entre Enfers et Paradis en compagnie de Nicolas Bogaerts et Wim De Wos, collaborateur scientifique au Manuscrits et imprimés anciens de la Bibliothèque Royale à la recherche de l'héritage de Dante, le poète suprême Sujets traités : Dante Alighieri, Divine Comédie,chef d'œuvre, poésie, Purgatoire,Paradis. Merci pour votre écoute Un Jour dans l'Histoire, c'est également en direct tous les jours de la semaine de 13h15 à 14h30 sur www.rtbf.be/lapremiere Retrouvez tous les épisodes d'Un Jour dans l'Histoire sur notre plateforme Auvio.be :https://auvio.rtbf.be/emission/5936 Intéressés par l'histoire ? Vous pourriez également aimer nos autres podcasts : L'Histoire Continue: https://audmns.com/kSbpELwL'heure H : https://audmns.com/YagLLiKEt sa version à écouter en famille : La Mini Heure H https://audmns.com/YagLLiKAinsi que nos séries historiques :Chili, le Pays de mes Histoires : https://audmns.com/XHbnevhD-Day : https://audmns.com/JWRdPYIJoséphine Baker : https://audmns.com/wCfhoEwLa folle histoire de l'aviation : https://audmns.com/xAWjyWCLes Jeux Olympiques, l'étonnant miroir de notre Histoire : https://audmns.com/ZEIihzZMarguerite, la Voix d'une Résistante : https://audmns.com/zFDehnENapoléon, le crépuscule de l'Aigle : https://audmns.com/DcdnIUnUn Jour dans le Sport : https://audmns.com/xXlkHMHSous le sable des Pyramides : https://audmns.com/rXfVppvN'oubliez pas de vous y abonner pour ne rien manquer.Et si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à nous donner des étoiles ou des commentaires, cela nous aide à le faire connaître plus largement. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Le 25 mars 1321, Dante Alighieri publiait La Divine Comédie, chef d'œuvre de la poésie médiévale divisé en 3 parties, L'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Considéré comme un des pères de la langue italienne avec Pétrarque et Boccace, Dante est auréolé d'une importance littéraire et linguistique considérable. La Bibliothèque Royale de Bruxelles possède quelques exemplaires remarquables de l'œuvre de Dante, manuscrits et imprimés. Promenade entre Enfers et Paradis en compagnie de Nicolas Bogaerts et Wim De Wos, collaborateur scientifique au Manuscrits et imprimés anciens de la Bibliothèque Royale à la recherche de l'héritage de Dante, le poète suprême. Sujets traités : Dante Alighieri, Divine Comédie, Manuscrit, poésie, médiévale, Purgatoire, Paradis Merci pour votre écoute Un Jour dans l'Histoire, c'est également en direct tous les jours de la semaine de 13h15 à 14h30 sur www.rtbf.be/lapremiere Retrouvez tous les épisodes d'Un Jour dans l'Histoire sur notre plateforme Auvio.be :https://auvio.rtbf.be/emission/5936 Intéressés par l'histoire ? Vous pourriez également aimer nos autres podcasts : L'Histoire Continue: https://audmns.com/kSbpELwL'heure H : https://audmns.com/YagLLiKEt sa version à écouter en famille : La Mini Heure H https://audmns.com/YagLLiKAinsi que nos séries historiques :Chili, le Pays de mes Histoires : https://audmns.com/XHbnevhD-Day : https://audmns.com/JWRdPYIJoséphine Baker : https://audmns.com/wCfhoEwLa folle histoire de l'aviation : https://audmns.com/xAWjyWCLes Jeux Olympiques, l'étonnant miroir de notre Histoire : https://audmns.com/ZEIihzZMarguerite, la Voix d'une Résistante : https://audmns.com/zFDehnENapoléon, le crépuscule de l'Aigle : https://audmns.com/DcdnIUnUn Jour dans le Sport : https://audmns.com/xXlkHMHSous le sable des Pyramides : https://audmns.com/rXfVppvN'oubliez pas de vous y abonner pour ne rien manquer.Et si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à nous donner des étoiles ou des commentaires, cela nous aide à le faire connaître plus largement. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Adaptation en 8 épisode du récit aussi sulfureux que subversif de Boccace paru au XIVème siècle. A Florence, dans une villa cossue, sept femmes et trois hommes se confinent pour échapper à la peste. Jeux de dupe, de pouvoir, manigances, mensonges et manipulation sont au menu de cette série qui se focalise sur la dissolution des normes sociale plus que sur la décadence dʹune poignée de nantis. Une chronique de Philippe Congiusti.
Une femme a-t-elle été pape au Moyen Âge ? C'est ce que l'on a cru à partir du XIIIe siècle, époque où des écrivains et des savants ecclésiastiques se sont mis à relayer l'histoire d'une papesse dont le sexe féminin n'aurait été révélé, à la surprise générale, que lors de son accouchement en pleine procession publique à Rome. L'éminent historien Agostino Paravicini Bagliani, invité de Julien Théry pour ce nouvel épisode de "La grande H.", évoque ses recherches dans les manuscrits du Moyen Âge sur l'apparition, le développement et le sens profond de cette légende. À une date incertaine du haut Moyen Âge, une femme très brillante dans les études aurait réussi à se faire passer pour un homme, serait rentrée dans les ordres sacrés et aurait gravi tous les échelons de la carrière ecclésiastique jusqu'à être élue pape. Son identité de femme n'aurait été découverte que lorsqu'elle accoucha en pleine procession publique, non loin du palais pontifical du Latran à Rome. Depuis cet épisode mémorable, l'habitude aurait été prise, après chaque élection pontificale, de vérifier rituellement la masculinité du nouvel élu. Tels sont les principaux traits de la légende de la papesse Jeanne, sur laquelle s'est récemment penché l'éminent historien de la papauté médiévale Agostino Paravicini Bagliani, Professeur à l'Université de Lausanne et Président de la SISMEL (Società Italiana per lo Studio del Medioevo Latino). Dans un livre savant paru en italien, dont une version allégée à destination du grand public vient de paraître en français, A. Paravicini Bagliani a réuni et analysé de près tous les textes conservés dans des manuscrits médiévaux qu'il a pu trouver au sujet de la papesse, pour écrire une histoire de l'apparition et du développement de la légende. L'histoire du pape femme, nous explique A. Paravicini Bagliani dans cet épisode de "La grande H.", a circulé à l'oral pendant une durée indéfinie avant qu'un premier ouvrage conservé jusqu'à nos jours, daté de 1250-1254, en fasse mention pour la première fois. Ce sont des religieux mendiants, dominicains et franciscains, souvent liés à la Curie romaine, en particulier le chroniqueur Martin le Polonais, qui ont été les principaux relais du récit au XIIIe siècle. Boccace, au siècle suivant, donne à la légende une dimension particulièrement misogyne qu'elle ne possédait pas au départ, mais qui sera par la suite cultivée, notamment par les protestants, tout heureux de trouver là matière à polémique contre l'Église catholique. Montage Bérénice Sevestre. Une émission de Julien Théry.
Cet épisode vous est proposé gratuitement en partenariat avec ISpeakSpokeSpoken.com la plus grande communauté d'apprentissage de l'anglais en France sponsorise cet épisode. Recevez gratuitement votre challenge PDF pour vous (re)mettre à l'anglais en 4 semaines en suivant le lien créé pour vous : www.ispeakspokespoken.com/timeline Cette série sur le Quattrocento italien offre une plongée captivante dans la Renaissance italienne, une période de bouillonnement intellectuel, artistique et culturel au XVe siècle. À travers un contenu volontairement érudit, chaque épisode explore les multiples facettes de cette époque charnière en se focalisant sur des figures emblématiques telles que Giotto, le précurseur du renouveau artistique, Pétrarque, le pionnier de la poésie humaniste, et Dante, le maître de la Divine Comédie. En examinant les contributions majeures de ces personnalités, l'émission dévoile l'évolution des idées, des arts et de la société italienne, offrant un tableau riche des changements politiques, religieux et culturels. Les épisodes explorent également les tensions entre tradition et innovation, soulignant l'impact durable du Quattrocento sur la formation de la modernité. Avec des anecdotes fascinantes et des images, cette série offre une compréhension profonde et nuancée de cette période fondatrice de l'histoire italienne et européenne.
Yann Kerlau "Leon Battista Alberti; le magicien de la Renaissance" (Albin Michel) S'il est impossible d'évoquer l'humanisme, les splendeurs et les révolutions du Quattrocento sans aussitôt penser à Pétrarque, à Dante et à Boccace, il est un autre homme dont le nom, moins souvent évoqué, mérite pourtant lui aussi de figurer parmi ces illustres acteurs de la Renaissance italienne. Cet homme, c'est Leon Battista Alberti. Qui était-il ? Un architecte ? Un homme de lettres ? Un philosophe ? Un mathématicien ? Un artiste ? Véritable magicien capable d'exercer tous les métiers et de montrer tous les visages, Alberti échappe aux tentatives de définition. De cet homme universel on ignore tout, ou presque. Dans cet ouvrage, Yann Kerlau offre le portrait kaléidoscopique d'un humaniste fascinant et de son oeuvre intemporelle. Musique : Henry Purcell - John Blow : Elegy Blow 'Ah heav'n, what is't I hear?' et Wong Kar-Wai "In the wood for live", Yomeji's theme. Ecrit par Shigeru Umebayashi
Sinh ra tại Áo, thành danh tại Đức, Romy Schneider (1938-1982) đã cùng với những đạo diễn lừng danh nhất thế giới để lại dấu ấn của một thời đại trong làng nghệ thuật thứ 7. Bốn mươi năm sau ngày qua đời, « Romy » vẫn là biểu tượng của những người phụ nữ quý phái nơi kinh đô ánh sáng, của những trái tim đa tình. Với Romy Schneider, Paris là điểm khởi đầu của một mối tình « trẻ mãi không già ». Mùa hè năm 1968, Alain Delon tại phi trường Nice, đợi đón nữ diễn viên Romy Schneider. Delon nói ông hồi hộp trước phút hội ngộ. Mười năm đã trôi qua từ ngày họ gặp nhau lần đầu cũng tại một sân bay, nhưng đấy là phi trường Orly, phía nam thủ đô Paris. Năm 1958, Romy 19 tuổi, đã là một minh tinh màn bạc, nổi tiếng khắp châu Âu nhờ vai diễn hoàng hậu của vương quốc Áo Sissi. Alain hơn nàng 3 tuổi, vừa giải ngũ, từ chiến trường Đông Dương trở về. Delon mới chập chững bước vào thế giới nghệ thuật. Alain và Romy cùng đóng phim Christine, của đạo diễn Pierre Gaspard Huit. Christine đã chìm vào quên lãng, nhưng bộ phim đó là một khúc quanh trong cuộc đời và sự nghiệp của cả Romy Schneider lẫn Alain Delon. Romy là « con nhà nòi » trong thế giới nghệ thuật sân khấu của Áo và Đức. Còn Alain khi đó là một chàng lãng tử, bụi đời, với mặc cảm ít học thức. Paris của Delon khi đó không phải là Saint Germain des Près, nơi giới trí thức lui tới. Alain là người của những khu phố xô bồ, nhộn nhịp với cuộc sống về đêm như Pigalle. Tháng Giêng 1959, bộ phim ra mắt công chúng lần đầu tiên tại Bruxelles : Romy Schneider lộng lẫy và hạnh phúc xuất hiện bên Alain Delon. Thilo Wydra, nhà báo Đức và cũng là tác giả cuốn Eine Liebe in Paris-Romy und Alain - Tình Yêu ở Paris Romy và Alain kể lại lễ đính hôn ngày 22/03/1959 : « Lễ đính hôn tổ chức bên bờ hồ Lugano là một sự kiện lạ lùng. Magda, mẹ của Romy tổ chức tất cả. Nhưng cho đến tận giờ chót, không ai biết là Alain Delon có đến hay không. Ngay cả Romy Schneider cũng không biết là vị hôn phu có lỡ hẹn với cô và gia đình, bạn bè thân thiết hay không. Với Alain, Romy biết được một điều đó là không bao giờ có thể trông cậy vào cậu tài tử đẹp trai đó. Alain Delon đã bắt mọi người chờ đợi, bắt cả Romy phải sốt ruột đợi mình. Nhưng cuối cùng, anh cũng đến ! ». Công luận Đức phẫn nộ, ví mối tình của cặp Delon - Schneider như « bông hoa nhài cắm… », nhiều người xem việc Romy đi lấy chồng xứ lạ như một sự phản bội. Bỏ mặc những tiếng thị phi, Romy Schneider và Alain Delon xây tổ ấm cách Paris khoảng một giờ lái xe, rồi họ dọn về ở ngay giữa lòng kinh đô ánh sáng. Romy và Alain rạng ngời bên nhau tại Liên hoan điện ảnh Cannes, che khuất cả những ngôi sao màn bạc của thế giới như Sophia Loren, Grace Kelly… Ngôi sao lúc tỏ lúc mờ Đầu thập niên 1960, sự nghiệp của Alain Delon bắt đầu cất cánh. Những tên tuổi của làng điện ảnh lúc bấy giờ, như đạo diễn Ý Luchino Visconti, hay Henri Verneuil, René Clément... của Pháp mời Delon đóng phim. Romy Schneider từ một ngôi sao điện ảnh hàng đầu của Đức đã lùi vào bóng tối. Cô đi cùng Alain đến phim trường, lặng lẽ như một chiếc bóng. Không một đạo diễn Pháp nào chú ý đến cô gái tóc vàng từ xứ sở của Goeth sang làm dâu kinh đô Paris. Họa hoằn lắm, Romy mới được trao một vai diễn phụ. Mùa hè 1960, Alain Delon giới thiệu Romy với đạo diễn Ý Visconti. Ông tuyển cô vào diễn chung với Delon trên sân khấu trong vở kịch nổi tiếng của văn học Anh 'Tis Pity She's a Whore với cái tên được dịch sang tiếng Pháp là Dommage qu'elle soit une putain, nói về một mối tình giữa hai anh em ruột để rồi cả đôi nhận lấy hồi kết thảm khốc. Romy tỏa sáng trên sân khấu và thế là ông phù thủy của làng điện ảnh Ý Luchino Visconti đã mời cô cộng tác tiếp trong bộ phim Boccace 70. Giai đoạn 1961-1962, Romy khá thành công trên sân khấu kịch nghệ với Chim Hải Âu của Chekov. Romy Schneider chắp cánh bay xa : cô được mời đóng phim tại Mỹ với những tên tuổi lừng danh như Orson Welles trong The Trial - Vụ Án, lấy từ tác phẩm cùng tên của văn hào Franz Kafkaz. Năm 1962, đạo diễn Alain Cavalier mời Romy Schneider tham gia phim Le Combat dans l'ile. Trong tác phẩm này, Romy đóng vai Anne, một phụ nữ Pháp với sự đam mê và một bầu nhiệt huyết lạ thường, một nhân vật rất phức tạp bị giằn vặt giữa ý chí chính trị, tình yêu. Gần nửa thế kỷ sau, Cavalier hồi tưởng lại về Romy : « Cô bé người Áo đó từng thành danh trong làng điện ảnh nhờ những phim tình cảm ngọt ngào lấy bối cảnh là thành Vienna. Thế rồi cô ấy đến trường phim để nhập vai một người đàn bà Pháp và phải công nhận là Romy đã rất dễ dàng thuyết phục tất cả đoàn làm phim. Romy Schneider vào vai diễn với tất cả sự tinh tế và thông minh của riêng cô ấy, với thái độ rất tự nhiên… Thực sự, đây là một điều tuyệt vời và rất đáng nể phục ». Nhà sản xuất phim Alain Terzian, một mối thâm giao với Romy Schneider, từng cộng tác với nữ minh tinh màn bạc người Đức này cả chục lần cũng đồng quan điểm : « Romy Schneider là hiện thân của một người đàn bà Pháp lý tưởng. Điều lạ lùng, là không ai thể hiện vai diễn của người phụ nữ Pháp tinh tế hơn, sâu sắc hơn là một nữ diễn viên mang hai dòng máu của Áo và Đức ». Alain Delon và Romy Schneider rất bận rộn với các dự án làm phim. Delon thường xuyên vắng nhà. Romy ký hợp đồng với các hãng phim Mỹ, lọt vào mắt xanh của đạo diễn nổi tiếng Orson Welles. 1963, sự đổ vỡ và điểm khởi đầu Mệt mỏi và cũng thất vọng vì cung cách làm phim của Hollywood, năm 1963, Romy bỏ cuộc chơi, quay lại Pháp vào lúc rộ lên hình ảnh một cô gái nẩy lửa luôn xuất hiện bên Alain Delon. Ngày trở về, Romy nhận được lá thư từ hôn và một đóa hồng đỏ thắm. Chia tay với Delon, với Paris, Romy trở lại Berlin. Cô nhanh chóng kết hôn với nhà soạn kịch Harry Meyen và sinh cậu con trai đầu lòng, David. Romy Schneider vui với vai trò làm vợ, làm mẹ. Sân khấu, phim trường và hình ảnh của Alain nhạt dần. Năm 1968, Romy Schneider kể lại : Alain Delon điện thoại cho bà và đề nghị Romy cùng diễn trong phim La Piscine của đạo diễn Jacques Deray. Nam diễn viên người Pháp trên đỉnh cao danh vọng xác nhận chính ông đã áp đặt với đoàn phim vai nữ Marianne phải do Romy Schneider đảm nhiệm. Delon ra tối hậu thư và đã được toại nguyện. Mùa hè 1968, Alain và Romy hội ngộ trên bầu trời điện ảnh, gần 10 năm sau cuộc gặp gỡ ban đầu. Họ tình tứ, thân mật, tự nhiên như thể con tim chưa một lần nhỏ máu. Trước ống kính của Deray, đôi bạn diễn ăn ý với nhau : không còn biên giới giữa cặp Alain - Romy ngoài đời với đôi tình nhân Jean Paul - Marianne trong phim. Họ mất nhau để rồi tìm thấy được một tình yêu mới. Ngoài mong đợi, Bể Bơi - La Piscine là cánh cổng mở ra hơn một thập niên Romy Schneider tỏa sang trên bầu trời nghệ thuật. Năm 1970, bà cộng tác với Claude Sautet trong phim Les Choses de la Vie, rồi đi từ thành công này đến thành công khác với những tác phẩm như là Max et les Ferrailleurs, César et Rosalie, Le Train, L'important c'est d'aimer, Clair de femme… Romy đã tham gia hơn 60 bộ phim, cộng tác với những đạo diễn bậc thầy trong làng điện ảnh, diễn chung với những nam tài tử nổi tiếng một thời. Trái tim đa tình của Romy đã dành một chỗ đứng riêng biệt cho mỗi người đàn ông đi qua đời bà. Vũ điệu cuối cùng Ngoài đời, Alain Delon và Romy Schneider vẫn thường xuyên gặp lại nhau, khi nơi phim trường, lúc trong các buổi tiếp tân ra mắt phim… Nhà sản xuất Alain Terzian kể lại một lần, các ngôi sao điện ảnh Pháp họp nhau ở hộp đêm nổi tiếng của Paris, năm 1980 : « Tất cả những ngôi sao điện ảnh Pháp lúc bấy giờ đều có mặt đêm hôm đó, có Romy Schneider, Yves Montand, Lino Ventura... Mọi người họp nhau, ăn uống, nhạc xập xình tại hộp đêm Chez Régine. Thế rồi Romy kéo tôi lại, bảo rằng cô muốn khiêu vũ với Alain. Làm công tác giao liên, tôi nhắn lời lại với Delon. Anh đứng lên, yêu cầu cho chơi bản Stranger in the Night của Frank Sinatra. Anh đã mời Romy ra sàn nhẩy. Mọi người lui cả vào bóng tối. Chỉ còn lại có Alain và Romy. Họ quấn lấy nhau, như mối tình học trò, như hai người tình từ muôn thuở, họ thực sự yêu nhau tha thiết. Họ hôn nhau như những ngày đầu. Mireille Darc, người bạn đời của Alain Delon cũng có mặt đêm hôm ấy. Mọi người nín thở. Chỉ có tiếng nhạc và bước nhảy của Romy với Alain mà thôi ». Ngày vui qua mau. Bước sang thập niên 1980, chồng thứ nhất của Romy Schneider là nhà soạn kịch Harry Meyen tự vẫn. Romy chia tay với người chồng thứ nhì là Daniel Biasini năm 1981, cùng năm David, cậu con trai của Romy 14 tuổi, chết trong điều kiện thảm khốc. Romy Schneider bị đẩy xuống vực thẳm, bà bị đẩy xa khỏi dòng đời để không bao giờ quay lại được vào bờ. Ngày 29/05/1982, các đài truyền hình loan tin Romy Schneider không còn nữa. Một nghệ sĩ tài sắc vẹn toàn vĩnh viễn ra đi, bà mới 43 tuổi. Hay tin dữ, 5 giờ rưỡi sáng hôm ấy, Alain Delon cùng với nhà sản xuất Terzian đã đến ngay căn hộ của Romy ở quận 7 Paris. Họ đã bước vào phòng ngủ của người tình Alain Delon chưa bao giờ cưới. Delon đã ngồi lại bên Romy. Ông đã khóc, khóc rất nhiều. Hàng giờ sau, Magda Schneider, mẹ của Romy bước vào phòng. Bà ôm lấy Alain Delon. Terzian kể lại, giây phút đó, ông biết rằng, dù không lên xe hoa, Alain và Romy đã nặng nghĩa vợ chồng. Alain Delon một mình lo liệu tang lễ cho Romy Schneider. Trong 24 năm đồng hành, trên đất kinh kỳ của Paris, Alain và Romy đã gặp nhau, họ yêu nhau, vô tình hay cố ý họ gây thương tích cho nhau. Họ chia tay nhưng chưa bao giờ lìa xa nhau. Dù là người rũ áo ra đi, Alain Delon đã cùng sánh vai Romy Schneider đi rất xa trên con đường nghệ thuật và cũng chính ông đưa hoàng hậu Sissi đi đến điểm tận cùng cuộc đời.
Sinh ra tại Áo, thành danh tại Đức, Romy Schneider (1938-1982) đã cùng với những đạo diễn lừng danh nhất thế giới để lại dấu ấn của một thời đại trong làng nghệ thuật thứ 7. Bốn mươi năm sau ngày qua đời, « Romy » vẫn là biểu tượng của những người phụ nữ quý phái nơi kinh đô ánh sáng, của những trái tim đa tình. Với Romy Schneider, Paris là điểm khởi đầu của một mối tình « trẻ mãi không già ». Mùa hè năm 1968, Alain Delon tại phi trường Nice, đợi đón nữ diễn viên Romy Schneider. Delon nói ông hồi hộp trước phút hội ngộ. Mười năm đã trôi qua từ ngày họ gặp nhau lần đầu cũng tại một sân bay, nhưng đấy là phi trường Orly, phía nam thủ đô Paris. Năm 1958, Romy 19 tuổi, đã là một minh tinh màn bạc, nổi tiếng khắp châu Âu nhờ vai diễn hoàng hậu của vương quốc Áo Sissi. Alain hơn nàng 3 tuổi, vừa giải ngũ, từ chiến trường Đông Dương trở về. Delon mới chập chững bước vào thế giới nghệ thuật. Alain và Romy cùng đóng phim Christine, của đạo diễn Pierre Gaspard Huit. Christine đã chìm vào quên lãng, nhưng bộ phim đó là một khúc quanh trong cuộc đời và sự nghiệp của cả Romy Schneider lẫn Alain Delon. Romy là « con nhà nòi » trong thế giới nghệ thuật sân khấu của Áo và Đức. Còn Alain khi đó là một chàng lãng tử, bụi đời, với mặc cảm ít học thức. Paris của Delon khi đó không phải là Saint Germain des Près, nơi giới trí thức lui tới. Alain là người của những khu phố xô bồ, nhộn nhịp với cuộc sống về đêm như Pigalle. Tháng Giêng 1959, bộ phim ra mắt công chúng lần đầu tiên tại Bruxelles : Romy Schneider lộng lẫy và hạnh phúc xuất hiện bên Alain Delon. Thilo Wydra, nhà báo Đức và cũng là tác giả cuốn Eine Liebe in Paris-Romy und Alain - Tình Yêu ở Paris Romy và Alain kể lại lễ đính hôn ngày 22/03/1959 : « Lễ đính hôn tổ chức bên bờ hồ Lugano là một sự kiện lạ lùng. Magda, mẹ của Romy tổ chức tất cả. Nhưng cho đến tận giờ chót, không ai biết là Alain Delon có đến hay không. Ngay cả Romy Schneider cũng không biết là vị hôn phu có lỡ hẹn với cô và gia đình, bạn bè thân thiết hay không. Với Alain, Romy biết được một điều đó là không bao giờ có thể trông cậy vào cậu tài tử đẹp trai đó. Alain Delon đã bắt mọi người chờ đợi, bắt cả Romy phải sốt ruột đợi mình. Nhưng cuối cùng, anh cũng đến ! ». Công luận Đức phẫn nộ, ví mối tình của cặp Delon - Schneider như « bông hoa nhài cắm… », nhiều người xem việc Romy đi lấy chồng xứ lạ như một sự phản bội. Bỏ mặc những tiếng thị phi, Romy Schneider và Alain Delon xây tổ ấm cách Paris khoảng một giờ lái xe, rồi họ dọn về ở ngay giữa lòng kinh đô ánh sáng. Romy và Alain rạng ngời bên nhau tại Liên hoan điện ảnh Cannes, che khuất cả những ngôi sao màn bạc của thế giới như Sophia Loren, Grace Kelly… Ngôi sao lúc tỏ lúc mờ Đầu thập niên 1960, sự nghiệp của Alain Delon bắt đầu cất cánh. Những tên tuổi của làng điện ảnh lúc bấy giờ, như đạo diễn Ý Luchino Visconti, hay Henri Verneuil, René Clément... của Pháp mời Delon đóng phim. Romy Schneider từ một ngôi sao điện ảnh hàng đầu của Đức đã lùi vào bóng tối. Cô đi cùng Alain đến phim trường, lặng lẽ như một chiếc bóng. Không một đạo diễn Pháp nào chú ý đến cô gái tóc vàng từ xứ sở của Goeth sang làm dâu kinh đô Paris. Họa hoằn lắm, Romy mới được trao một vai diễn phụ. Mùa hè 1960, Alain Delon giới thiệu Romy với đạo diễn Ý Visconti. Ông tuyển cô vào diễn chung với Delon trên sân khấu trong vở kịch nổi tiếng của văn học Anh 'Tis Pity She's a Whore với cái tên được dịch sang tiếng Pháp là Dommage qu'elle soit une putain, nói về một mối tình giữa hai anh em ruột để rồi cả đôi nhận lấy hồi kết thảm khốc. Romy tỏa sáng trên sân khấu và thế là ông phù thủy của làng điện ảnh Ý Luchino Visconti đã mời cô cộng tác tiếp trong bộ phim Boccace 70. Giai đoạn 1961-1962, Romy khá thành công trên sân khấu kịch nghệ với Chim Hải Âu của Chekov. Romy Schneider chắp cánh bay xa : cô được mời đóng phim tại Mỹ với những tên tuổi lừng danh như Orson Welles trong The Trial - Vụ Án, lấy từ tác phẩm cùng tên của văn hào Franz Kafkaz. Năm 1962, đạo diễn Alain Cavalier mời Romy Schneider tham gia phim Le Combat dans l'ile. Trong tác phẩm này, Romy đóng vai Anne, một phụ nữ Pháp với sự đam mê và một bầu nhiệt huyết lạ thường, một nhân vật rất phức tạp bị giằn vặt giữa ý chí chính trị, tình yêu. Gần nửa thế kỷ sau, Cavalier hồi tưởng lại về Romy : « Cô bé người Áo đó từng thành danh trong làng điện ảnh nhờ những phim tình cảm ngọt ngào lấy bối cảnh là thành Vienna. Thế rồi cô ấy đến trường phim để nhập vai một người đàn bà Pháp và phải công nhận là Romy đã rất dễ dàng thuyết phục tất cả đoàn làm phim. Romy Schneider vào vai diễn với tất cả sự tinh tế và thông minh của riêng cô ấy, với thái độ rất tự nhiên… Thực sự, đây là một điều tuyệt vời và rất đáng nể phục ». Nhà sản xuất phim Alain Terzian, một mối thâm giao với Romy Schneider, từng cộng tác với nữ minh tinh màn bạc người Đức này cả chục lần cũng đồng quan điểm : « Romy Schneider là hiện thân của một người đàn bà Pháp lý tưởng. Điều lạ lùng, là không ai thể hiện vai diễn của người phụ nữ Pháp tinh tế hơn, sâu sắc hơn là một nữ diễn viên mang hai dòng máu của Áo và Đức ». Alain Delon và Romy Schneider rất bận rộn với các dự án làm phim. Delon thường xuyên vắng nhà. Romy ký hợp đồng với các hãng phim Mỹ, lọt vào mắt xanh của đạo diễn nổi tiếng Orson Welles. 1963, sự đổ vỡ và điểm khởi đầu Mệt mỏi và cũng thất vọng vì cung cách làm phim của Hollywood, năm 1963, Romy bỏ cuộc chơi, quay lại Pháp vào lúc rộ lên hình ảnh một cô gái nẩy lửa luôn xuất hiện bên Alain Delon. Ngày trở về, Romy nhận được lá thư từ hôn và một đóa hồng đỏ thắm. Chia tay với Delon, với Paris, Romy trở lại Berlin. Cô nhanh chóng kết hôn với nhà soạn kịch Harry Meyen và sinh cậu con trai đầu lòng, David. Romy Schneider vui với vai trò làm vợ, làm mẹ. Sân khấu, phim trường và hình ảnh của Alain nhạt dần. Năm 1968, Romy Schneider kể lại : Alain Delon điện thoại cho bà và đề nghị Romy cùng diễn trong phim La Piscine của đạo diễn Jacques Deray. Nam diễn viên người Pháp trên đỉnh cao danh vọng xác nhận chính ông đã áp đặt với đoàn phim vai nữ Marianne phải do Romy Schneider đảm nhiệm. Delon ra tối hậu thư và đã được toại nguyện. Mùa hè 1968, Alain và Romy hội ngộ trên bầu trời điện ảnh, gần 10 năm sau cuộc gặp gỡ ban đầu. Họ tình tứ, thân mật, tự nhiên như thể con tim chưa một lần nhỏ máu. Trước ống kính của Deray, đôi bạn diễn ăn ý với nhau : không còn biên giới giữa cặp Alain - Romy ngoài đời với đôi tình nhân Jean Paul - Marianne trong phim. Họ mất nhau để rồi tìm thấy được một tình yêu mới. Ngoài mong đợi, Bể Bơi - La Piscine là cánh cổng mở ra hơn một thập niên Romy Schneider tỏa sang trên bầu trời nghệ thuật. Năm 1970, bà cộng tác với Claude Sautet trong phim Les Choses de la Vie, rồi đi từ thành công này đến thành công khác với những tác phẩm như là Max et les Ferrailleurs, César et Rosalie, Le Train, L'important c'est d'aimer, Clair de femme… Romy đã tham gia hơn 60 bộ phim, cộng tác với những đạo diễn bậc thầy trong làng điện ảnh, diễn chung với những nam tài tử nổi tiếng một thời. Trái tim đa tình của Romy đã dành một chỗ đứng riêng biệt cho mỗi người đàn ông đi qua đời bà. Vũ điệu cuối cùng Ngoài đời, Alain Delon và Romy Schneider vẫn thường xuyên gặp lại nhau, khi nơi phim trường, lúc trong các buổi tiếp tân ra mắt phim… Nhà sản xuất Alain Terzian kể lại một lần, các ngôi sao điện ảnh Pháp họp nhau ở hộp đêm nổi tiếng của Paris, năm 1980 : « Tất cả những ngôi sao điện ảnh Pháp lúc bấy giờ đều có mặt đêm hôm đó, có Romy Schneider, Yves Montand, Lino Ventura... Mọi người họp nhau, ăn uống, nhạc xập xình tại hộp đêm Chez Régine. Thế rồi Romy kéo tôi lại, bảo rằng cô muốn khiêu vũ với Alain. Làm công tác giao liên, tôi nhắn lời lại với Delon. Anh đứng lên, yêu cầu cho chơi bản Stranger in the Night của Frank Sinatra. Anh đã mời Romy ra sàn nhẩy. Mọi người lui cả vào bóng tối. Chỉ còn lại có Alain và Romy. Họ quấn lấy nhau, như mối tình học trò, như hai người tình từ muôn thuở, họ thực sự yêu nhau tha thiết. Họ hôn nhau như những ngày đầu. Mireille Darc, người bạn đời của Alain Delon cũng có mặt đêm hôm ấy. Mọi người nín thở. Chỉ có tiếng nhạc và bước nhảy của Romy với Alain mà thôi ». Ngày vui qua mau. Bước sang thập niên 1980, chồng thứ nhất của Romy Schneider là nhà soạn kịch Harry Meyen tự vẫn. Romy chia tay với người chồng thứ nhì là Daniel Biasini năm 1981, cùng năm David, cậu con trai của Romy 14 tuổi, chết trong điều kiện thảm khốc. Romy Schneider bị đẩy xuống vực thẳm, bà bị đẩy xa khỏi dòng đời để không bao giờ quay lại được vào bờ. Ngày 29/05/1982, các đài truyền hình loan tin Romy Schneider không còn nữa. Một nghệ sĩ tài sắc vẹn toàn vĩnh viễn ra đi, bà mới 43 tuổi. Hay tin dữ, 5 giờ rưỡi sáng hôm ấy, Alain Delon cùng với nhà sản xuất Terzian đã đến ngay căn hộ của Romy ở quận 7 Paris. Họ đã bước vào phòng ngủ của người tình Alain Delon chưa bao giờ cưới. Delon đã ngồi lại bên Romy. Ông đã khóc, khóc rất nhiều. Hàng giờ sau, Magda Schneider, mẹ của Romy bước vào phòng. Bà ôm lấy Alain Delon. Terzian kể lại, giây phút đó, ông biết rằng, dù không lên xe hoa, Alain và Romy đã nặng nghĩa vợ chồng. Alain Delon một mình lo liệu tang lễ cho Romy Schneider. Trong 24 năm đồng hành, trên đất kinh kỳ của Paris, Alain và Romy đã gặp nhau, họ yêu nhau, vô tình hay cố ý họ gây thương tích cho nhau. Họ chia tay nhưng chưa bao giờ lìa xa nhau. Dù là người rũ áo ra đi, Alain Delon đã cùng sánh vai Romy Schneider đi rất xa trên con đường nghệ thuật và cũng chính ông đưa hoàng hậu Sissi đi đến điểm tận cùng cuộc đời.
“Carte blanche à Yang Jiechang“au Musée national des arts asiatiques – Guimet, Parisdu 6 juillet au 24 octobre 2022Interview de Martina Köppel-Yang, historienne de l'art et commissaire associée de l'exposition,par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 5 juillet 2022, durée 17'03.© FranceFineArt.Communiqué de presse Commissaires :Sophie Makariou, présidente du MNAAG, commissaire généraleMartina Köppel-Yang, historienne de l'art, commissaire associéeClaire Bettinelli, chargée de production des expositions et des collections contemporainesPour sa nouvelle carte blanche contemporaine, le Musée national des arts asiatiques – Guimet invite l'artiste chinois Yang Jiechang. Reconnu pour sa maîtrise des arts traditionnels chinois, Yang Jiechang s'illustre dans une multitude de médias : peintures, arts graphiques, installations, vidéos, performances ou sculptures. Son art est imprégné de la calligraphie, de l'esthétique et de la pensée traditionnelles chinoises, qui sont intégrées à un contexte contemporain.Présentée dans la rotonde du 4e étage, l'oeuvre Tale of the 11th Day (2011) est une peinture sur soie de 18 mètres de long marouflée sur toile, accompagnée d'un ensemble de onze vases en porcelaine, fruit d'une collaboration de quatre années avec la Manufacture de Sèvres. Tale of the 11th Day est une référence au Décaméron, le conte de dix jours, de Boccace (1348-1353). Imaginant le 11e jour, l'artiste représente un paysage primordial dessiné selon les modèles classiques de la dynastie Yuan (1279-1368). Le style de Yang Jiechang est austère, épuré et universel. Il donne à voir une vision allégorique du chef-d'oeuvre de la Renaissance italienne où les animaux et les humains se découvrent et s'accouplent : un Paradis où toutes les divisions – religieuses, ethniques, idéologiques ou politiques – sont apparemment effacés. Tale of the 11th Day est l'utopie d'un monde globalisé naturellement fondé sur l'égalité, le respect, l'amour et la compassion. Cependant, le paradis sensuel de Yang Jiechang est peint à une époque marquée par les conflits armés et les crises contemporaines. L'installation nous rappelle que l'harmonie des relations reste fondée sur des rapports de force, équilibre instable sans cesse redéfini.Un parcours composé d'autres oeuvres de l'artiste, sélectionnées par Martina Köppel-Yang, est proposé dans les galeries chinoises du 1er étage, autour de la thématique du lettré contemporain. Inspiré de la sagesse taoïste ainsi que par la quête subjective de spiritualité du romantisme allemand, Yang Jiechang déploie dans son oeuvre une énergie vitale et cherche une esthétique brute, qui admet et utilise l'inachevé ainsi que les défauts techniques et esthétiques. Ses peintures monochromes noir sont des jeux d'équilibre entre lumière et ombre, entre le plein et le vide. Elles représentent une phase méditative d'introspection dans l'oeuvre de l'artiste. Loin de l'utopie édénique du 4e étage, le diptyque de calligraphie Oh my god / Oh Diu (2002-2022) n'évoque pas seulement la gravité du monde dans lequel nous évoluons, mais incite à l'action et à la prise de position. Créée en réaction des attentats du 11 septembre 2001, Yang évoque la sidération dans cette calligraphie épaisse, aux coulures angoissantes. Accompagnée de deux vidéos dans lesquelles l'artiste écrit et répète le titre de l'oeuvre, le visiteur est invité au recueillement. Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out.
Dans cet épisode de Passion Médiévistes, Marie Delarasse vous parle de son sujet de recherches : "Le jardin ornemental en Toscane : pratiques et représentations (XIVème – XVIème siècle" . Elle a réalisé un mémoire de Master 2 en 2021 sous la direction de Elisabeth Crouzet Pavan à Sorbonne Université Paris. Marie Delarasse travaille en effet sur le jardin ornemental en Toscane du XVe au XVIe siècle, tant sur les pratiques de cet espace que les représentations picturales, littéraires et imaginaires. L'enjeu de ses recherches est de démontrer la domination progressive de l'homme sur la nature dès le Moyen Âge par ce type de jardins particulier. ➡ Sponsor : Du 18 au 26 mars 2022 se joue au Théâtre du Châtelet à Paris le spectacle le Roman de Fauvel. Ce spectacle de Benjamin Bagby et Peter Sellars, porté par l'ensemble Sequentia, adapte un manuscrit très spécial du XIVème siècle, une satire subversive du pouvoir royal et religieux en mots et en musique. Pour en savoir plus et réserver vos places : https://www.chatelet.com/programmation/saison-2021-2022/roman-de-fauvel/ ▪ Infos sur le podcast Créé et produit par Fanny Cohen Moreau depuis 2017. ➡ Soutenir le podcast > https://passionmedievistes.fr/soutenir/ ➡ Instagram > https://instagram.com/passionmedievistes/ ➡ Facebook > https://facebook.com/PassionMedievistes ➡ Twitter > https://twitter.com/PMedievistes ➡ Plus d'infos sur cet épisode > https://passionmedievistes.fr/ep-61-marie-jardins-toscane
Voilà la Saint Valentin et partout des cœurs colonisent les vitrines, envahissent les objets du quotidien, réinterprètent les desserts…. et bien sûr se déclinent en bijoux. Mais d'où vient cette forme si spécifique du cœur ? Le mot kord est la racine indo-européenne du mot cœur qui désigne à la fois la notion de centre, de sentiments et d'intelligence. C'est-à-dire qu'on pense et on ressent dans un cœur qui se situerait au milieu du corps… vers le nombril ! Transformé en cor, cordis en Latin, il signifie alors « siège de l'intelligence et de la mémoire, des sentiments et de la volonté » et cette conception va évoluer. Par exemple, quand Corneille dans le Cid (1637) demande par la bouche de Don Diègue: « Rodrigue as-tu du cœur ? », il lui demande en fait s'il a des corones, pardon du courage ! Retournons à l'antiquité : le cœur, centre des sentiments est traditionnellement matérialisé par une feuille de lierre. La plante restant verte en hiver comme été, est chargée d'incarner l'amour durable. Des grecs aux romains, le dessin du cœur-lierre se stylise et commence à ressembler à la forme aujourd'hui communément admise. Au Moyen Age, le cœur se dit Cuer et deux représentations sont utilisées. L'une est réaliste et est peu à peu supplantée par la symbolique inspirée de l'antiquité. D'autant que le dessin anatomique est rendu difficile par l'Eglise qui interdit les autopsies. L'autre est celle de la légende du "coeur inscrit" qui désigne un miracle attribué notamment à saint Ignace d'Antioche. Il se désignait comme "Théophore ou Christophore" c'est-à-dire portant le Christ dans sa poitrine. Et lorsqu'après sa mort l'empereur fit extraire le coeur de saint Ignace, il y trouva inscrit en lettres d'or le nom de Jésus Christ. Au XIIe siècle, nait la légende du « cœur mangé » qui met en scène un triangle amoureux : à la fin l'amant se fait toujours tuer et, par ruse, le mari fait manger le cœur du défunt amant à sa femme. Toutes les histoires sont différentes car elles ont été écrites entre le Moyen Âge et le XIXe siècle plusieurs versions se succèdent : le Lai de Guiron dans le roman de Tristan et Iseut, l'Histoire de Guillem de Cabestany repris notamment par Stendhal, Le lai d'Ignauré de Renaut de Beaujeu (XIIIes), Le Roman du Châtelain de Coucy et de la dame de Fayel, le Décaméron de Boccace (1350), les Mémoires de la cour d'Espagne de Marie-Catherine d'Aulnoy (1690), «Le cœur mangé » de Jean-Pierre Camus (1630), Les Diaboliques par Jules Barbey d'Aurevilly (1874). En 1447, le livre du cœur d'Amour épris, écrit par le roi René d'Anjou (illustré par les miniatures attribuées Barthélemy d'Eyck) raconte Amour donnant à Désir le cœur du roi malade et montre un cœur très stylisé. Il paraitrait que même, Léonard de Vinci utilisait parfois le symbole sur ses schémas du corps humain en lieu et place d'une illustration réelle du cœur, lorsqu'il voulait simplement en afficher l'emplacement. Cependant il a aussi fait des recherches précises sur cet organe comme on le voit dans son dessin « Cœur et vaisseaux » vers 1490. Car il estime, comme beaucoup de peintres de la Renaissance, que la représentation de la figure humaine est un des objets essentiels de l'art et à la différence des autres il se moque souvent des interdits de l'Eglise. A toutes ces représentations symboles de l'amour se superpose celle du Sacré-Cœur. Elle a pour origine le cœur transpersé sur la Croix qui donne la qualité divine au cœur de Jésus. Cette dévotion se propage grâce à sainte Marguerite Marie, religieuse de la Visitation (1646-1690) qui dessine le cœur que lui a montré le Christ dans une vision. Cette initiative va fixer la représentation du Sacré-Cœur qui sera reprise dans la joaillerie épiscopale ou chrétienne. Dans les Archives Mellerio vers 1895 on trouve un dessin de Broche cœur anatomique flamboyant. Alors bien sûr Dali va aussi être captivé par cette symbolique et quand il se met à créer des bijoux, il va produire 3 versions d'un cœur à mi chemin entre l'anatomique et le sacré. Le « cœur en forme de grenade » (or jaune, 17 rubis et diamant) créé en 1949 associe le fruit qui est symbole de fertilité avant d'incarner la vie éternelle dans un cœur plutôt romantique et qui sur-réalise la vie et l'amour. La même année, le « cœur en rayon de miel » (or jaune, 13 diamants, rubis) exprime un amour divinisé. En effet le miel exprime un cadeau des dieux, et une douceur de vivre en plus d'être souvent source de guérison. Et en 1953, Salvador Dali réalise le « cœur royal ». Un cœur anatomique en rubis (or jaune, rubis naturels, saphirs naturels, émeraudes naturelles, aigue-marine, péridots, grenat hessonite, améthyste, diamants, perles) et qui bat grâce à un mécanisme à moteur, inséré dans un grand cœur d'or en forme d'ex-voto. L'Amour romantique est la dernière forme de légende dont on aime à se souvenir à la Saint Valentin. Cet amour est idéalisé, passionné, exalté, quelque fois excessif. Il mérite donc des cœurs, à profusion. Le film « Pretty Woman » incarne cet amour romantique et on se souvient de Richard Gere offrant une sublime parure de cœurs, de diamants et rubis, à Julia Robert avant de l'emmener à l'Opéra. En fait c'est l'équipe du film qui a été charmé par ce bijou de la Maison Fred présenté à Berverly Hill. Depuis cette scène est devenue mythique et la Maison Fred a imaginé en 2021 plusieurs variantes de cette parure dont la collection se nomme désormais Pretty Woman. Le plus gros diamant en forme de cœur du monde est une pierre de 92 carats montée en pendant sur un collier de perles de culture. Il se nomme La Légende et a été vendu chez Christie's Genève en 2017 pour le record mondial de 15 millions de dollars. Si comme moi vous aimez les cœurs, il y a le cœur en arabesque d'Isabelle Langleois . Créé en 1992, la créatrice ressort cet amour de pendentif comme un fétiche pour 2022 en 3 ors jaune, blanc ou rose et 3 dimensions. En pendentif toujours, l'intemporel cœur de Piaget est graphique et sobre. Chez Lydia Courteille le cœur de rhodochrosite de la bague Flamingo est au centre du couple de flamants roses en saphirs, rubis et diamants noirs. Chez Dior comme chez Flav Paris c'est Cupidon qui est figuré. Pour Dior, en rubis sur un mouvement de diamant. Et Flavie, sertit en clos le diamant cœur central dont la flèche est également de diamants. J'ai toujours un crush pour le cœur graphique et pourtant organique d'Amélie Viaene qui a 2 portés : directement enforcé sur le doigt ou en pendentif. Elle en a même réalisé un modèle bracelet. Enfin j'ai eu un coup de cœur pour le modèle Secret de la jeune Maison Mouche . C'est un cœur anamorphose. Suivant votre regard sur le bijou vous verrez un cercle ou un cœur ! Un modèle au design épuré très moderne qui cache notre cœur de midinette.
Lecture de textes du dernier prix Goncourt, collaboration artistique autour du handicap, poésie et remise du prix Boccace sont au programme de cette premiere édition ce weekend.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé À partir de l’analyse croisée du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut, du Decameron de Boccace et de la correspondance de Pétrarque, cette dernière leçon tente de rassembler les acquis du cours autour de la question de l’agencement du temps. On y rencontre ce que l’on attendait (le rapport entre la calamité et le feu du récit), mais aussi ce que l’on n’attendait pas (la question de l’émancipation féminine et l’énigme de la violence antisémite). Avec toujours la même question : s’il y a bien un monde d’après la peste, se dit-il après elle ou d’après elle ? Sommaire Qu’avons-nous entendu ? Le bruit sourd de la tempête épidémique (« Si que ces tempestes cesserrent… », Guillaume de Machaut, Le Jugement du roi de Navarre, ensemble Gilles Binchois, dit par Jean-Paul Raccodon, 2001) Peste est le nom de ce que contre quoi on ne résiste pas La mélancolie de Guillaume de Machaut, « poésie de la tension, de l’accord et du désaccord » (Jacqueline Cerquiglini-Toulet, “Un engin si soutil”. Guillaume de Machaut et l’écriture au XIVe siècle, Paris, 2001) « Ce fu des orribles merveilles » : prologue apocalyptique et service du prince (Dominique Boutet, « L’Éloge du Prince et l’expérience de la mélancolie. Réflexions sur les facteurs de cohérence du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut », dans Id. et Jacques Verger dir., Penser le pouvoir au Moyen Âge (VIIIe‑XVe siècle). Études d’histoire et de littérature offertes à Françoise Autrand, Paris, 2000) Des intentions politiques au fonctionnement poétique : la métafiction d’une ancienne affaire « mal taillée » (Robert Barton Palmer, « The metafictional Machaut: Self-reflexivity and Self-mediation in the two Judgment poems », Studies in the Literary Imagination, 20, 1987) L’auctorialité débordée, ou comment Guillaume de Machaut peine à contrôler ses lecteurs (Deborah McGrady, Controlling readers: Guillaume de Machaut and his late Medieval audience, Toronto, University of Toronto press, 2006) Guillaume de Machaut fut-il si discourtois ? Fictionner la fiction, refaire le procès (Laëtitia Tabard, « Contre-enquête au Moyen Âge : (re)faire le procès de Guillaume de Machaut », Premier symposium de critique policière. Autour de Pierre Bayard, 2017 : http://intercripol.org/fr/thematiques/critique-judiciaire/contre-enquete-au-moyen-age-re-faire-le-proces-de-guillaume-de-machautnew-page.html) En 1349, tout est à refaire L’entrée en guerre, la peste, et l’irruption du langage poétique : depuis l’Iliade, le roman de fondation de l’Occident Boccace réécrit Thucydide, mais lui aussi a vu ce qu’il a vu Annoter Le Decameron comme un texte de savoir (Enrica Zanin, « À la recherche de savoir. Les Marginalia dans les collections de nouvelles », dans Carine Roudière-Sébastien dir., Quand Minerve passe les monts. Modalités littéraires de la circulation des savoirs (Italie-France, Renaissance-XVIIe siècle), Pessac, 2020) Boccace, la preservatio sanitatis et la culture médicale (Anne Robin, « Boccace et les médecins du Décaméron ». Chroniques italiennes, 2011) La description de la peste à Florence, relevé d’une catastrophe révolue et mythe philosophique (Kurt Flasch, Poesia dopo la peste. Saggio su Boccaccio, Rome-Bari, 1994) La tourmente épidémique allume le feu des récits Derrière le frontispice de « l’horrible commencement », le prologue et l’incendie d’un cœur amoureux De l’art de « n’être pas mort » quand quelque chose est mort en soi : le Decameron comme littérature de consolation Mardi matin, Santa Maria Novella, « après bien des soupirs, cessant de dire des Pater, elles se mirent à converser de choses et d’autres touchant la nature de l’époque » « Qu’attendons-nous ? À quoi rêvons-nous ? » Sept jeunes femmes et trois hommes : la fin du deuil, ou une révolte lente à venir Alors c’est parti : Cat Power, « Black », Wanderer, 2018 La grande faucheuse et le charnier : en 1338, tout est déjà en place, visible dans l’Allégorie de la Rédemption d’Ambrogio Lorenzetti L’acte de créer, résistance et honte d’être un homme (Gilles Deleuze, Abécédaire, « R comme Résistance », 1989) Sur le palais qui couronne la colline, sacre de l’écrivain et compromissions politiques « Quand soudain » : l’irruption des frères chartreux fait de Pétrarque le narrateur de la peste (Familières, XVI, 2) Son frère, comme un modèle et un reproche : « pendant que mes visiteurs racontaient ces faits et bien d’autres de la sorte à ton sujet, l’évêque me regardait les yeux mouillés de larmes » « L’année 1348 de ces temps ultimes fut pour nous une année de deuil. Nous savons maintenant qu’elle n’a été que le commencement de notre deuil… » (Pétrarque à Boccace, 7 septembre 1363, Lettres de vieillesse, III, 1) L’année 1363, « la seizième depuis le début de nos malheurs » : la peste chez Pétrarque comme nouvelle ère 1348 est « un pli dans l’ordre du temps qui dédouble le monde » et institue l’œuvre à venir (Étienne Anheim, « Pétrarque ou l’écriture d’une vie », Séminaire à l’EHESS , 25 novembre 2020) « Que faire maintenant, mon frère ? Voilà que nous avons déjà presque tout essayé et nous n’avons trouvé le repos nulle part. Quand l’attendre ? Où le chercher ? Le temps comme on dit a glissé entre nos doigts ; nos anciennes espérances ont été ensevelies avec nos amis. L’année 1348 a fait de nous des hommes esseulés et faibles » (Familères, I, 1) La peste chez Pétrarque, « moment inaugural de la temporalité comme mobile » (Étienne Anheim) Retour à Guillaume de Machaut et au Jugement du roi de Navarre : la peste n’ordonne pas le temps, mais le défait Linéarité du dit, arche rythmique du motet : quand le temps se comprime mais ne se déroule pas Le Tohu bohu archaïque des « orribles merveilles » du prologue de Guillaume de Machaut : tempêtes, fléaux et épidémies Calamitas et maladie du calame : écrire l’épaisseur des catastrophes (Thomas Labbé, Les Catastrophes naturelles au Moyen Âge, Paris, 2017) Sous la mortalitas, rien d’autre qu’une surmortalité Un cri de haine dans un écrin de beauté : la « bête féroce » tapie dans le cantus firmus d’un motet de Guillaume de Machaut (Francesco Rocco Rossi, « Deux Cas paradigmatiques d’invective musicale dans la musique ancienne : “Fons totius superbiae/Livoris feritas/Fera pessima” de Guillaume de Machaut et “Sola caret monstris/Fera pessima” de Loyset Compère », dans Les Discours de la haine : Récits et figures de la passion dans la Cité, Villeneuve d'Ascq, 2009) L’accusation antisémite, avant le déclenchement épidémique : ordre narratif et désordres politiques Maintenir l’énigme comme énigme Le printemps à la fenêtre de Guillaume de Machaut : qui nous préviendra qu’il faut se décamérer ? (Nathalie Koble, Décamérez ! Des nouvelles de Boccace, Paris, 2021) Merci à la brigata, et salut.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé À partir de l’analyse croisée du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut, du Decameron de Boccace et de la correspondance de Pétrarque, cette dernière leçon tente de rassembler les acquis du cours autour de la question de l’agencement du temps. On y rencontre ce que l’on attendait (le rapport entre la calamité et le feu du récit), mais aussi ce que l’on n’attendait pas (la question de l’émancipation féminine et l’énigme de la violence antisémite). Avec toujours la même question : s’il y a bien un monde d’après la peste, se dit-il après elle ou d’après elle ? Sommaire Qu’avons-nous entendu ? Le bruit sourd de la tempête épidémique (« Si que ces tempestes cesserrent… », Guillaume de Machaut, Le Jugement du roi de Navarre, ensemble Gilles Binchois, dit par Jean-Paul Raccodon, 2001) Peste est le nom de ce que contre quoi on ne résiste pas La mélancolie de Guillaume de Machaut, « poésie de la tension, de l’accord et du désaccord » (Jacqueline Cerquiglini-Toulet, “Un engin si soutil”. Guillaume de Machaut et l’écriture au XIVe siècle, Paris, 2001) « Ce fu des orribles merveilles » : prologue apocalyptique et service du prince (Dominique Boutet, « L’Éloge du Prince et l’expérience de la mélancolie. Réflexions sur les facteurs de cohérence du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut », dans Id. et Jacques Verger dir., Penser le pouvoir au Moyen Âge (VIIIe‑XVe siècle). Études d’histoire et de littérature offertes à Françoise Autrand, Paris, 2000) Des intentions politiques au fonctionnement poétique : la métafiction d’une ancienne affaire « mal taillée » (Robert Barton Palmer, « The metafictional Machaut: Self-reflexivity and Self-mediation in the two Judgment poems », Studies in the Literary Imagination, 20, 1987) L’auctorialité débordée, ou comment Guillaume de Machaut peine à contrôler ses lecteurs (Deborah McGrady, Controlling readers: Guillaume de Machaut and his late Medieval audience, Toronto, University of Toronto press, 2006) Guillaume de Machaut fut-il si discourtois ? Fictionner la fiction, refaire le procès (Laëtitia Tabard, « Contre-enquête au Moyen Âge : (re)faire le procès de Guillaume de Machaut », Premier symposium de critique policière. Autour de Pierre Bayard, 2017 : http://intercripol.org/fr/thematiques/critique-judiciaire/contre-enquete-au-moyen-age-re-faire-le-proces-de-guillaume-de-machautnew-page.html) En 1349, tout est à refaire L’entrée en guerre, la peste, et l’irruption du langage poétique : depuis l’Iliade, le roman de fondation de l’Occident Boccace réécrit Thucydide, mais lui aussi a vu ce qu’il a vu Annoter Le Decameron comme un texte de savoir (Enrica Zanin, « À la recherche de savoir. Les Marginalia dans les collections de nouvelles », dans Carine Roudière-Sébastien dir., Quand Minerve passe les monts. Modalités littéraires de la circulation des savoirs (Italie-France, Renaissance-XVIIe siècle), Pessac, 2020) Boccace, la preservatio sanitatis et la culture médicale (Anne Robin, « Boccace et les médecins du Décaméron ». Chroniques italiennes, 2011) La description de la peste à Florence, relevé d’une catastrophe révolue et mythe philosophique (Kurt Flasch, Poesia dopo la peste. Saggio su Boccaccio, Rome-Bari, 1994) La tourmente épidémique allume le feu des récits Derrière le frontispice de « l’horrible commencement », le prologue et l’incendie d’un cœur amoureux De l’art de « n’être pas mort » quand quelque chose est mort en soi : le Decameron comme littérature de consolation Mardi matin, Santa Maria Novella, « après bien des soupirs, cessant de dire des Pater, elles se mirent à converser de choses et d’autres touchant la nature de l’époque » « Qu’attendons-nous ? À quoi rêvons-nous ? » Sept jeunes femmes et trois hommes : la fin du deuil, ou une révolte lente à venir Alors c’est parti : Cat Power, « Black », Wanderer, 2018 La grande faucheuse et le charnier : en 1338, tout est déjà en place, visible dans l’Allégorie de la Rédemption d’Ambrogio Lorenzetti L’acte de créer, résistance et honte d’être un homme (Gilles Deleuze, Abécédaire, « R comme Résistance », 1989) Sur le palais qui couronne la colline, sacre de l’écrivain et compromissions politiques « Quand soudain » : l’irruption des frères chartreux fait de Pétrarque le narrateur de la peste (Familières, XVI, 2) Son frère, comme un modèle et un reproche : « pendant que mes visiteurs racontaient ces faits et bien d’autres de la sorte à ton sujet, l’évêque me regardait les yeux mouillés de larmes » « L’année 1348 de ces temps ultimes fut pour nous une année de deuil. Nous savons maintenant qu’elle n’a été que le commencement de notre deuil… » (Pétrarque à Boccace, 7 septembre 1363, Lettres de vieillesse, III, 1) L’année 1363, « la seizième depuis le début de nos malheurs » : la peste chez Pétrarque comme nouvelle ère 1348 est « un pli dans l’ordre du temps qui dédouble le monde » et institue l’œuvre à venir (Étienne Anheim, « Pétrarque ou l’écriture d’une vie », Séminaire à l’EHESS , 25 novembre 2020) « Que faire maintenant, mon frère ? Voilà que nous avons déjà presque tout essayé et nous n’avons trouvé le repos nulle part. Quand l’attendre ? Où le chercher ? Le temps comme on dit a glissé entre nos doigts ; nos anciennes espérances ont été ensevelies avec nos amis. L’année 1348 a fait de nous des hommes esseulés et faibles » (Familères, I, 1) La peste chez Pétrarque, « moment inaugural de la temporalité comme mobile » (Étienne Anheim) Retour à Guillaume de Machaut et au Jugement du roi de Navarre : la peste n’ordonne pas le temps, mais le défait Linéarité du dit, arche rythmique du motet : quand le temps se comprime mais ne se déroule pas Le Tohu bohu archaïque des « orribles merveilles » du prologue de Guillaume de Machaut : tempêtes, fléaux et épidémies Calamitas et maladie du calame : écrire l’épaisseur des catastrophes (Thomas Labbé, Les Catastrophes naturelles au Moyen Âge, Paris, 2017) Sous la mortalitas, rien d’autre qu’une surmortalité Un cri de haine dans un écrin de beauté : la « bête féroce » tapie dans le cantus firmus d’un motet de Guillaume de Machaut (Francesco Rocco Rossi, « Deux Cas paradigmatiques d’invective musicale dans la musique ancienne : “Fons totius superbiae/Livoris feritas/Fera pessima” de Guillaume de Machaut et “Sola caret monstris/Fera pessima” de Loyset Compère », dans Les Discours de la haine : Récits et figures de la passion dans la Cité, Villeneuve d'Ascq, 2009) L’accusation antisémite, avant le déclenchement épidémique : ordre narratif et désordres politiques Maintenir l’énigme comme énigme Le printemps à la fenêtre de Guillaume de Machaut : qui nous préviendra qu’il faut se décamérer ? (Nathalie Koble, Décamérez ! Des nouvelles de Boccace, Paris, 2021) Merci à la brigata, et salut.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Résumé À partir de l’analyse croisée du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut, du Decameron de Boccace et de la correspondance de Pétrarque, cette dernière leçon tente de rassembler les acquis du cours autour de la question de l’agencement du temps. On y rencontre ce que l’on attendait (le rapport entre la calamité et le feu du récit), mais aussi ce que l’on n’attendait pas (la question de l’émancipation féminine et l’énigme de la violence antisémite). Avec toujours la même question : s’il y a bien un monde d’après la peste, se dit-il après elle ou d’après elle ? Sommaire Qu’avons-nous entendu ? Le bruit sourd de la tempête épidémique (« Si que ces tempestes cesserrent… », Guillaume de Machaut, Le Jugement du roi de Navarre, ensemble Gilles Binchois, dit par Jean-Paul Raccodon, 2001) Peste est le nom de ce que contre quoi on ne résiste pas La mélancolie de Guillaume de Machaut, « poésie de la tension, de l’accord et du désaccord » (Jacqueline Cerquiglini-Toulet, “Un engin si soutil”. Guillaume de Machaut et l’écriture au XIVe siècle, Paris, 2001) « Ce fu des orribles merveilles » : prologue apocalyptique et service du prince (Dominique Boutet, « L’Éloge du Prince et l’expérience de la mélancolie. Réflexions sur les facteurs de cohérence du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut », dans Id. et Jacques Verger dir., Penser le pouvoir au Moyen Âge (VIIIe‑XVe siècle). Études d’histoire et de littérature offertes à Françoise Autrand, Paris, 2000) Des intentions politiques au fonctionnement poétique : la métafiction d’une ancienne affaire « mal taillée » (Robert Barton Palmer, « The metafictional Machaut: Self-reflexivity and Self-mediation in the two Judgment poems », Studies in the Literary Imagination, 20, 1987) L’auctorialité débordée, ou comment Guillaume de Machaut peine à contrôler ses lecteurs (Deborah McGrady, Controlling readers: Guillaume de Machaut and his late Medieval audience, Toronto, University of Toronto press, 2006) Guillaume de Machaut fut-il si discourtois ? Fictionner la fiction, refaire le procès (Laëtitia Tabard, « Contre-enquête au Moyen Âge : (re)faire le procès de Guillaume de Machaut », Premier symposium de critique policière. Autour de Pierre Bayard, 2017 : http://intercripol.org/fr/thematiques/critique-judiciaire/contre-enquete-au-moyen-age-re-faire-le-proces-de-guillaume-de-machautnew-page.html) En 1349, tout est à refaire L’entrée en guerre, la peste, et l’irruption du langage poétique : depuis l’Iliade, le roman de fondation de l’Occident Boccace réécrit Thucydide, mais lui aussi a vu ce qu’il a vu Annoter Le Decameron comme un texte de savoir (Enrica Zanin, « À la recherche de savoir. Les Marginalia dans les collections de nouvelles », dans Carine Roudière-Sébastien dir., Quand Minerve passe les monts. Modalités littéraires de la circulation des savoirs (Italie-France, Renaissance-XVIIe siècle), Pessac, 2020) Boccace, la preservatio sanitatis et la culture médicale (Anne Robin, « Boccace et les médecins du Décaméron ». Chroniques italiennes, 2011) La description de la peste à Florence, relevé d’une catastrophe révolue et mythe philosophique (Kurt Flasch, Poesia dopo la peste. Saggio su Boccaccio, Rome-Bari, 1994) La tourmente épidémique allume le feu des récits Derrière le frontispice de « l’horrible commencement », le prologue et l’incendie d’un cœur amoureux De l’art de « n’être pas mort » quand quelque chose est mort en soi : le Decameron comme littérature de consolation Mardi matin, Santa Maria Novella, « après bien des soupirs, cessant de dire des Pater, elles se mirent à converser de choses et d’autres touchant la nature de l’époque » « Qu’attendons-nous ? À quoi rêvons-nous ? » Sept jeunes femmes et trois hommes : la fin du deuil, ou une révolte lente à venir Alors c’est parti : Cat Power, « Black », Wanderer, 2018 La grande faucheuse et le charnier : en 1338, tout est déjà en place, visible dans l’Allégorie de la Rédemption d’Ambrogio Lorenzetti L’acte de créer, résistance et honte d’être un homme (Gilles Deleuze, Abécédaire, « R comme Résistance », 1989) Sur le palais qui couronne la colline, sacre de l’écrivain et compromissions politiques « Quand soudain » : l’irruption des frères chartreux fait de Pétrarque le narrateur de la peste (Familières, XVI, 2) Son frère, comme un modèle et un reproche : « pendant que mes visiteurs racontaient ces faits et bien d’autres de la sorte à ton sujet, l’évêque me regardait les yeux mouillés de larmes » « L’année 1348 de ces temps ultimes fut pour nous une année de deuil. Nous savons maintenant qu’elle n’a été que le commencement de notre deuil… » (Pétrarque à Boccace, 7 septembre 1363, Lettres de vieillesse, III, 1) L’année 1363, « la seizième depuis le début de nos malheurs » : la peste chez Pétrarque comme nouvelle ère 1348 est « un pli dans l’ordre du temps qui dédouble le monde » et institue l’œuvre à venir (Étienne Anheim, « Pétrarque ou l’écriture d’une vie », Séminaire à l’EHESS , 25 novembre 2020) « Que faire maintenant, mon frère ? Voilà que nous avons déjà presque tout essayé et nous n’avons trouvé le repos nulle part. Quand l’attendre ? Où le chercher ? Le temps comme on dit a glissé entre nos doigts ; nos anciennes espérances ont été ensevelies avec nos amis. L’année 1348 a fait de nous des hommes esseulés et faibles » (Familères, I, 1) La peste chez Pétrarque, « moment inaugural de la temporalité comme mobile » (Étienne Anheim) Retour à Guillaume de Machaut et au Jugement du roi de Navarre : la peste n’ordonne pas le temps, mais le défait Linéarité du dit, arche rythmique du motet : quand le temps se comprime mais ne se déroule pas Le Tohu bohu archaïque des « orribles merveilles » du prologue de Guillaume de Machaut : tempêtes, fléaux et épidémies Calamitas et maladie du calame : écrire l’épaisseur des catastrophes (Thomas Labbé, Les Catastrophes naturelles au Moyen Âge, Paris, 2017) Sous la mortalitas, rien d’autre qu’une surmortalité Un cri de haine dans un écrin de beauté : la « bête féroce » tapie dans le cantus firmus d’un motet de Guillaume de Machaut (Francesco Rocco Rossi, « Deux Cas paradigmatiques d’invective musicale dans la musique ancienne : “Fons totius superbiae/Livoris feritas/Fera pessima” de Guillaume de Machaut et “Sola caret monstris/Fera pessima” de Loyset Compère », dans Les Discours de la haine : Récits et figures de la passion dans la Cité, Villeneuve d'Ascq, 2009) L’accusation antisémite, avant le déclenchement épidémique : ordre narratif et désordres politiques Maintenir l’énigme comme énigme Le printemps à la fenêtre de Guillaume de Machaut : qui nous préviendra qu’il faut se décamérer ? (Nathalie Koble, Décamérez ! Des nouvelles de Boccace, Paris, 2021) Merci à la brigata, et salut.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireRésuméÀ partir de l'analyse croisée du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut, du Decameron de Boccace et de la correspondance de Pétrarque, cette dernière leçon tente de rassembler les acquis du cours autour de la question de l'agencement du temps. On y rencontre ce que l'on attendait (le rapport entre la calamité et le feu du récit), mais aussi ce que l'on n'attendait pas (la question de l'émancipation féminine et l'énigme de la violence antisémite). Avec toujours la même question : s'il y a bien un monde d'après la peste, se dit-il après elle ou d'après elle ?SommaireQu'avons-nous entendu ? Le bruit sourd de la tempête épidémique (« Si que ces tempestes cesserrent… », Guillaume de Machaut, Le Jugement du roi de Navarre, ensemble Gilles Binchois, dit par Jean-Paul Raccodon, 2001)Peste est le nom de ce que contre quoi on ne résiste pasLa mélancolie de Guillaume de Machaut, « poésie de la tension, de l'accord et du désaccord » (Jacqueline Cerquiglini-Toulet, "Un engin si soutil". Guillaume de Machaut et l'écriture au XIVe siècle, Paris, 2001)« Ce fu des orribles merveilles » : prologue apocalyptique et service du prince (Dominique Boutet, « L'Éloge du Prince et l'expérience de la mélancolie. Réflexions sur les facteurs de cohérence du Jugement du roi de Navarre de Guillaume de Machaut », dans Id. et Jacques Verger dir., Penser le pouvoir au Moyen Âge (VIIIe‑XVe siècle). Études d'histoire et de littérature offertes à Françoise Autrand, Paris, 2000)Des intentions politiques au fonctionnement poétique : la métafiction d'une ancienne affaire « mal taillée » (Robert Barton Palmer, « The metafictional Machaut: Self-reflexivity and Self-mediation in the two Judgment poems », Studies in the Literary Imagination, 20, 1987)L'auctorialité débordée, ou comment Guillaume de Machaut peine à contrôler ses lecteurs (Deborah McGrady, Controlling readers: Guillaume de Machaut and his late Medieval audience, Toronto, University of Toronto press, 2006)Guillaume de Machaut fut-il si discourtois ? Fictionner la fiction, refaire le procès (Laëtitia Tabard, « Contre-enquête au Moyen Âge : (re)faire le procès de Guillaume de Machaut », Premier symposium de critique policière. Autour de Pierre Bayard, 2017 : http://intercripol.org/fr/thematiques/critique-judiciaire/contre-enquete-au-moyen-age-re-faire-le-proces-de-guillaume-de-machautnew-page.html)En 1349, tout est à refaireL'entrée en guerre, la peste, et l'irruption du langage poétique : depuis l'Iliade, le roman de fondation de l'OccidentBoccace réécrit Thucydide, mais lui aussi a vu ce qu'il a vuAnnoter Le Decameron comme un texte de savoir (Enrica Zanin, « À la recherche de savoir. Les Marginalia dans les collections de nouvelles », dans Carine Roudière-Sébastien dir., Quand Minerve passe les monts. Modalités littéraires de la circulation des savoirs (Italie-France, Renaissance-XVIIe siècle), Pessac, 2020)Boccace, la preservatio sanitatis et la culture médicale (Anne Robin, « Boccace et les médecins du Décaméron ». Chroniques italiennes, 2011)La description de la peste à Florence, relevé d'une catastrophe révolue et mythe philosophique (Kurt Flasch, Poesia dopo la peste. Saggio su Boccaccio, Rome-Bari, 1994)La tourmente épidémique allume le feu des récitsDerrière le frontispice de « l'horrible commencement », le prologue et l'incendie d'un cœur amoureuxDe l'art de « n'être pas mort » quand quelque chose est mort en soi : le Decameron comme littérature de consolationMardi matin, Santa Maria Novella, « après bien des soupirs, cessant de dire des Pater, elles se mirent à converser de choses et d'autres touchant la nature de l'époque »« Qu'attendons-nous ? À quoi rêvons-nous ? » Sept jeunes femmes et trois hommes : la fin du deuil, ou une révolte lente à venirAlors c'est parti : Cat Power, « Black », Wanderer, 2018La grande faucheuse et le charnier : en 1338, tout est déjà en place, visible dans l'Allégorie de la Rédemption d'Ambrogio LorenzettiL'acte de créer, résistance et honte d'être un homme (Gilles Deleuze, Abécédaire, « R comme Résistance », 1989)Sur le palais qui couronne la colline, sacre de l'écrivain et compromissions politiques« Quand soudain » : l'irruption des frères chartreux fait de Pétrarque le narrateur de la peste (Familières, XVI, 2)Son frère, comme un modèle et un reproche : « pendant que mes visiteurs racontaient ces faits et bien d'autres de la sorte à ton sujet, l'évêque me regardait les yeux mouillés de larmes »« L'année 1348 de ces temps ultimes fut pour nous une année de deuil. Nous savons maintenant qu'elle n'a été que le commencement de notre deuil… » (Pétrarque à Boccace, 7 septembre 1363, Lettres de vieillesse, III, 1)L'année 1363, « la seizième depuis le début de nos malheurs » : la peste chez Pétrarque comme nouvelle ère1348 est « un pli dans l'ordre du temps qui dédouble le monde » et institue l'œuvre à venir (Étienne Anheim, « Pétrarque ou l'écriture d'une vie », Séminaire à l'EHESS , 25 novembre 2020)« Que faire maintenant, mon frère ? Voilà que nous avons déjà presque tout essayé et nous n'avons trouvé le repos nulle part. Quand l'attendre ? Où le chercher ? Le temps comme on dit a glissé entre nos doigts ; nos anciennes espérances ont été ensevelies avec nos amis. L'année 1348 a fait de nous des hommes esseulés et faibles » (Familères, I, 1)La peste chez Pétrarque, « moment inaugural de la temporalité comme mobile » (Étienne Anheim)Retour à Guillaume de Machaut et au Jugement du roi de Navarre : la peste n'ordonne pas le temps, mais le défaitLinéarité du dit, arche rythmique du motet : quand le temps se comprime mais ne se déroule pasLe Tohu bohu archaïque des « orribles merveilles » du prologue de Guillaume de Machaut : tempêtes, fléaux et épidémiesCalamitas et maladie du calame : écrire l'épaisseur des catastrophes (Thomas Labbé, Les Catastrophes naturelles au Moyen Âge, Paris, 2017)Sous la mortalitas, rien d'autre qu'une surmortalitéUn cri de haine dans un écrin de beauté : la « bête féroce » tapie dans le cantus firmus d'un motet de Guillaume de Machaut (Francesco Rocco Rossi, « Deux Cas paradigmatiques d'invective musicale dans la musique ancienne : "Fons totius superbiae/Livoris feritas/Fera pessima" de Guillaume de Machaut et "Sola caret monstris/Fera pessima" de Loyset Compère », dans Les Discours de la haine : Récits et figures de la passion dans la Cité, Villeneuve d'Ascq, 2009)L'accusation antisémite, avant le déclenchement épidémique : ordre narratif et désordres politiquesMaintenir l'énigme comme énigmeLe printemps à la fenêtre de Guillaume de Machaut : qui nous préviendra qu'il faut se décamérer ? (Nathalie Koble, Décamérez ! Des nouvelles de Boccace, Paris, 2021)Merci à la brigata, et salut.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noire« In medias res » (introduction générale)RésuméLe passage de la mort dans la vie d'une femme, à Marseille, en 1348 : c'est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d'expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l'année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d'une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. SommaireQuand l'événement est en cours, commencer « au milieu des choses »Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d'afflictions »La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004)« La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin ArtaudRésilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009)Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016)Propter pestilentiam : l'écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017)Une société politique qui résiste et qui s'adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996)Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993)Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l'évidence de l'histoireAvril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) »)Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur »)Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c'est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L'histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l'histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020)Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001)Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016)Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008)Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l'expérience qui suit son cours de bouche en bouche »Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort »)Freud le travail de l'histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L'énigme du deuil, 2006)« La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915)Philippe Ariès et « l'humanité coutumière et résignée » d'avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020)Quand « l'ombre de l'objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917)L'effondrement mélancolique et l'épreuve de vérité.
Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire « In medias res » (introduction générale) Résumé Le passage de la mort dans la vie d’une femme, à Marseille, en 1348 : c’est ainsi que commence le cours de cette année in medias res. On y parle d’expérience et de narration, dans la continuité des leçons données l’année dernière, mais aussi de deuil et de progrès scientifiques, présentant les principaux enjeux d’une histoire à la fois globale et sociale de la peste noire. Sommaire Quand l’événement est en cours, commencer « au milieu des choses » Marseille, août 1349 : Alayseta Paula devant son juge, « privée de tous ses proches, enceinte et affaiblie, continuellement remplie de chagrins et d’afflictions » La peste arrive à Marseille (Ole Jørgen Benedictow, The Black Death 1346-1353. The Complete History, 2004) « La terrible puanteur des morts » : une vision hallucinée de la peste noire, de Boccace à Antonin Artaud Résilience notariale et résistance sociale à Marseille, Perpignan et Bologne (Shona Kelly Wray, Communities and Crisis. Bologna during the Black Death, 2009) Alayseta Paula dans le portrait de groupe des travailleuses marseillaises (Francine Michaud, Earning Dignity. Labour Conditions and Relations during the Century of the Black Death in Marseille, 2016) Propter pestilentiam : l’écho amorti de la catastrophe dans la documentation publique (François Otchakovsky-Laurens, La vie politique à Marseille sous la domination angevine (1348-1385), 2017) Une société politique qui résiste et qui s’adapte (Daniel Lord Smail, « Accommodating plague in Medieval Marseille », Continuity and Change, 1996) Pandémie et pestis universalis : « la violente mortalité due à la peste envoie en ce moment atrocement ses flèches partout » (Elisabeth Carpentier, Une ville devant la peste. Orvieto et la peste noire de 1348, 1962, rééd. 1993) Anno mortalitatis terribilis proxime decurso : un nom barré et l’évidence de l’histoire Avril 2020, un historien envoie sur internet une carte postale vidéo sur la peste noire (Daniel Lord Smail, « A Life in the Black Death: The Inventory of Alayseta Paula (Marseille, 1348) ») Avril 2020, un autre historien envoie sur internet une autre carte postale vidéo sur la peste noire (Patrick Boucheron, « Propos de chercheur ») Coïncidences ou concordance des temps ? Prétendre tirer les leçons du passé, c’est se préparer à « penser en retard » (Marc Bloch) : Guillaume Lachenal et Gaël Thomas, « L’histoire immobile du coronavirus », Comment faire ?, 2020 Globaliser la peste noire (Monica Green dir., Pandemic Disease in the Medieval World. Rethinking the Black Death, 2014) et faire l’histoire de la santé globale (Monica Green, « Emerging diseases, re-ermerging histories », Centaurus, 2020) Le progrès historiographique par accumulation de savoirs : une histoire sociale et politique de la peste noire (Jean-Louis Biget, La grande peste noire, CD audio « De vive voix », 2001) Le progrès historiographique par révolution des paradigmes (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Séquençage génomique et histoire environnementale : une histoire profonde de la peste noire est-elle possible ? (Daniel Lord Smail, Deep history and the Brain, 2008) Qui racontera cette histoire ? Retour sur Le conteur de Walter Benjamin (1936), lorsque se rompt la chaîne de « l’expérience qui suit son cours de bouche en bouche » Recommencer depuis Boccace et son « horrible commencement » (cours du 16 janvier 2018, « Boccace, le survivant et la tyrannie de la mort ») Freud le travail de l’histoire et le Trauerarbeit (Laurie Laufer, L’énigme du deuil, 2006) « La mort ne se laisse plus dénier ; on est forcé de croire en elle » (Sigmund Freud, « Considérations actuelles sur la guerre et la mort », 1915) Philippe Ariès et « l’humanité coutumière et résignée » d’avant 1914 (Stéphanie Sauget, « En finir avec le déni de mort ? Autour de Philippe Ariès », Sensibilités, 2020) Quand « l’ombre de l’objet est tombé sur le moi » (Sigmund Freud, « Deuil et mélancolie », 1917) L’effondrement mélancolique et l’épreuve de vérité.
Que faire durant le confinement ? Alors que faisaient les médiévaux en temps de confinement ? Allez, aujourd'hui, à l'Histoire nous le dira, en collaboration avec Actuel Moyen Âge, quelques conseils médiévaux pour passer le confinement. Voir: Marie Piccoli-Wentz, « Épidémie, 13/ Quelques conseils médiévaux pour passer le confinement : Boccace et le Décaméron », Actuel Moyen Âge, 28 mars 2020. https://actuelmoyenage.wordpress.com/2020/03/28/epidemie-13-quelques-conseils-medievaux-pour-passer-le-confinement-boccace-et-le-decameron/ Pour soutenir financièrement la chaîne, trois choix: 1. Cliquez sur le bouton « Adhérer » sous la vidéo. 2. Patreon: https://www.patreon.com/hndl 3. UTip: https://utip.io/lhistoirenousledira Avec: Laurent Turcot, professeur en histoire à l'Université du Québec à Trois-Rivières, Canada Abonnez-vous à ma chaine: https://www.youtube.com/c/LHistoirenousledira Facebook: https://www.facebook.com/histoirenousledira Instagram: https://www.instagram.com/turcotlaurent Les vidéos sont utilisées à des fins éducatives selon l'article 107 du Copyright Act de 1976 sur le Fair-Use. Pour aller plus loin: Boccace, Giovani Clerico (tard.), Pierre Laurens (éd.), Le Décaméron, Paris, Gallimard, 2006. #histoire #documentaire
« J'ai toujours aimé les épidémies. » C'est Gabriel Garcia Marquez qui avouait cela. Et de La Fontaine à Giono, de Boccace à Camus, ces temps particuliers ont inspiré bien des auteurs : l'ordre social est suspendu, la subversion s'épanouit, sexe et mort se côtoient.
Comme chaque semaine, nous remontons le temps sur la piste des épidémies qui ont marqué l’histoire. Aujourd’hui, direction la Toscane au 14e siècle pour parler du confinement décrit par Boccace, dans son oeuvre, le Décaméron. Et c’est John Tolan, professeur d’histoire médiévale à l’université de Nantes, membre de l’académie EUROPEA, qui est présent pour en parler avec nous.
Le troisième épisode de “Calliopée confinée” plonge dans le “Décaméron” de Boccace. Composé entre 1349 et 1353, ce recueil de nouvelles s'ouvre sur la cité de Florence ravagée par la Peste Noire. Débutée en 1347, cette pandémie aurait tué en 5 ans la moitié de la population urbaine européenne. Si ce que vous vivons avec le coronavirus est loin de représenter la même menace, certaines similitudes sont flagrantes et justifient à elles seules de lire ou de relire ce texte magistral. Bonne écoute !
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2017-2018Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècleFictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie« La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu'un plat romancier […] si j'entreprenais d'y suppléer » (Stendhal, La vie d'Henry Brulard)Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres »Buffalmacco, l'auteur retrouvé : un personnage avant d'être un créateur (Luciano Bellosi)De l'art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l'histoire de l'art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981)« Traverser l'effroi », à rebours : on n'y voit moins le « sentiment de culpabilité » d'après 1348 (Millard Meiss) que « l'inculpation généralisée » (Pierre Legendre)Le royaume de Satan et l'Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l'au-delà, Rome, 1993)Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L'angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi)Le seigneur est mortel, la seigneurie n'est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuseMémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autreBuffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3)« Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d'Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568)Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d'après ce que nous en dit Franco Sacchetti »Guido Tarlati et son singe : l'imitateur imité, l'inversion des signesLe Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005)Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993)Déplacer l'enquête vers l'individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018)L'exercice des métiers dans la novellistica : l'ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez SercambiUne burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle« Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu'il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d'autrui »L'oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d'après les Novelle de Matteo BandelloGiotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63)Le peintre, le juge, l'orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5)« Il novelliere "en artiste" » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d'une storiaLa Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistesQui est le Gros ? La consistance historique d'une réussite fictionnelleLa folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi« Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l'admires tellement quand je te dis que c'est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485)Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d'une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent »Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n'est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c'est-à-dire la réalité de l'expérience) et la distinction entre vrai et faux (c'est-à-dire les normes de la pensée) n'existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2017-2018Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècleFictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie« La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu'un plat romancier […] si j'entreprenais d'y suppléer » (Stendhal, La vie d'Henry Brulard)Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres »Buffalmacco, l'auteur retrouvé : un personnage avant d'être un créateur (Luciano Bellosi)De l'art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l'histoire de l'art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981)« Traverser l'effroi », à rebours : on n'y voit moins le « sentiment de culpabilité » d'après 1348 (Millard Meiss) que « l'inculpation généralisée » (Pierre Legendre)Le royaume de Satan et l'Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l'au-delà, Rome, 1993)Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L'angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi)Le seigneur est mortel, la seigneurie n'est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuseMémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autreBuffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3)« Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d'Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568)Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d'après ce que nous en dit Franco Sacchetti »Guido Tarlati et son singe : l'imitateur imité, l'inversion des signesLe Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005)Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993)Déplacer l'enquête vers l'individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018)L'exercice des métiers dans la novellistica : l'ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez SercambiUne burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle« Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu'il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d'autrui »L'oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d'après les Novelle de Matteo BandelloGiotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63)Le peintre, le juge, l'orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5)« Il novelliere "en artiste" » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d'une storiaLa Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistesQui est le Gros ? La consistance historique d'une réussite fictionnelleLa folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi« Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l'admires tellement quand je te dis que c'est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485)Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d'une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent »Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n'est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c'est-à-dire la réalité de l'expérience) et la distinction entre vrai et faux (c'est-à-dire les normes de la pensée) n'existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).
Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle
Patrice Boucheron Collège de France Année 2017-2018 Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle Fictions politiques (2) : nouvelles de la tyrannie « La fresque est tombée en cet endroit et je ne serais qu’un plat romancier […] si j’entreprenais d’y suppléer » (Stendhal, La vie d’Henry Brulard) Le « Triomphe de la mort » du Camposanto de Pise, « leçon de ténèbres » Buffalmacco, l’auteur retrouvé : un personnage avant d’être un créateur (Luciano Bellosi) De l’art de convertir un déclassement en « fronde expressionniste » (Enrico Castelnuovo et Carlo Ginzburg, « Domination symbolique et géographie artistique dans l’histoire de l’art italien », Actes de la recherche en science sociale, 1981) « Traverser l’effroi », à rebours : on n’y voit moins le « sentiment de culpabilité » d’après 1348 (Millard Meiss) que « l’inculpation généralisée » (Pierre Legendre) Le royaume de Satan et l’Enfer de Dante : quand la justice des hommes anticipe le Jugement dernier (Jérôme Baschet, Les justices de l’au-delà, Rome, 1993) Trois contemporains, Buffalmacco, Lorenzetti et Villani : la timor et « L’angoscia delle repubbliche » (Andrea Zorzi) Le seigneur est mortel, la seigneurie n’est ni certaine, ni fatale, ni définitive : Castruccio Castacani parmi les beaux jeunes gens frappés par la faucheuse Mémoire fictionnelle, oubli historique : quand un souvenir se substitue à un autre Buffalmacco et Bruno, « compagnons inséparables » (Décameron, VIII, 9) contre Calandrino « bonhomme simplet et fantasque (Décameron, VIII, 3) « Buonamico, fils de Cristofano, dit Buffalmacco, peintre florentin, élève d’Andrea Tafi, doit au Décameron de Boccace sa célébrité de bon plaisant » (Giorgio Vasari, Le Vite…, 1568) Vasari novelliere et Vincenzo Borghini : « d’après ce que nous en dit Franco Sacchetti » Guido Tarlati et son singe : l’imitateur imité, l’inversion des signes Le Massacre des innocents de Buffalmacco, ou la transsubstantiation par la peinture (Norman Land, Renaissance Quaterly, 2005) Lire les Vite de Vasari comme un texte littéraire pour restaurer sa capacité de description sociale (Paul Barolsky, Why Mona Lisa Smiles and Other Tales by Vasari, 1993) Déplacer l’enquête vers l’individuation et la sociologie implicite (Jacques Dubois, Le roman de Gilberte Swann. Proust sociologue paradoxal, 2018) L’exercice des métiers dans la novellistica : l’ouvrier Agnolo chez Sacchetti et le briquetier Grillo chez Sercambi Une burla de Buffalmacco : le peintre et ses voisins bruyants dans le Trecentonovelle « Buonamicco était peintre à son compte et désireux de dormir ou de veiller en choisissant son temps, car il entendait exercer son art, maintenant qu’il était son propre maître, autrement que quand il était disciple, sous les ordres d’autrui » L’oisiveté créatrice de Léonard de Vinci d’après les Novelle de Matteo Bandello Giotto beffatore : « Pour sûr, je vais lui faire des armes à ma façon » (Sacchetti, nouvelle 63) Le peintre, le juge, l’orage : un lessivage des apparences (Décameron, VI, 5) « Il novelliere “en artiste” » (Marcello Ciccuto) : rendre visible la vérité par le récit ordonné d’une storia La Novella del Grasso Legnaiuolo, ou la brigata des artistes Qui est le Gros ? La consistance historique d’une réussite fictionnelle La folie du Grasso et le triomphe de Brunelleschi « Tu désires, Girolamo, être informé sur le Filippo qui fit cette farce à Grasso, parce que tu l’admires tellement quand je te dis que c’est une histoire vraie » : Antonio Manetti et la biographie de Brunelleschi (1485) Quand la fable littéraire vient garantir le régime de véridicité d’une Vita : « afin que tu lises la nouvelle comme un récit véridique et non comme un de ces contes qui pullulent » Nouvelles de la tyrannie : « Le sujet idéal de la domination totalitaire n’est ni le nazi convaincu ni le communiste convaincu, mais les gens pour qui la distinction entre fait et fiction (c’est-à-dire la réalité de l’expérience) et la distinction entre vrai et faux (c’est-à-dire les normes de la pensée) n’existent plus » (Hannah Arendt, Le système totalitaire, 1951).