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Depuis plus de deux ans et demi, la guerre civile fait rage au Soudan, devenu un « trou noir de l'information ». Alors que s'y rendre est très compliqué, comment informer sur ce qui se passe dans ce pays ? Le journaliste Eliott Brachet, ancien correspondant de RFI à Khartoum, est l'invité de L'atelier des médias pour en discuter. La guerre civile qui ravage le Soudan depuis le 15 avril 2023 oppose les forces armées soudanaises du général Burhan aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemetti. L'ONU décrit la situation comme la « pire crise humanitaire au monde » : 150 000 morts, 13 millions de déplacés et 25 millions de personnes en proie à la famine. Dans ce contexte, le journaliste indépendant Eliott Brachet, ancien correspondant à Khartoum (2020-2023) désormais installé au Caire, décrypte les défis qu'il rencontre pour continuer d'informer sur le Soudan. Eliott Brachet rappelle que son arrivée en octobre 2020 visait à raconter « la fenêtre de liberté qui venait de s'entrouvrir avec la chute d'Omar el-Béchir ». La révolution soudanaise de décembre 2018 avait engendré une effervescence culturelle et une grande liberté de ton, favorisant la naissance d'un journalisme indépendant. Mais la nouvelle génération de journalistes a vu son travail prendre « un grand coup dans l'aile » depuis l'éclatement du conflit et a souvent été contrainte à l'exil. L'une des difficultés majeures pour la couverture médiatique est de faire franchir au Soudan le « plafond de verre dans les médias et dans l'espace public ». L'exposition Soudan, la guerre sur les cendre de la révolution, qu'Eliott Brachet a supervisée à Bayeux, en Normandie, visait d'ailleurs à recontextualiser cette guerre, en rappelant les avertissements des manifestants après le coup d'État de 2021 : la présence des deux généraux à la tête de l'État ne pouvait mener qu'au chaos. Difficulté d'accès et courage des journalistes soudanais Informer sur ce conflit est rendu extrêmement complexe par les difficultés d'accès pour la presse internationale. Les visas sont délivrés «au compte-goutte», et tout journaliste qui parvient à entrer dans les zones contrôlées par l'armée régulière est souvent suivi de près. C'est ce qu'Eliott Brachet a pu constater lors de son dernier reportage au Soudan, fin 2024. Les accès sont encore plus compliqués du côté des FSR, milice aux lignes de commandement floues, où le risque est de «servir la propagande des groupes en place». Le danger le plus grand pèse sur les journalistes soudanais : 32 ont été tués depuis le début de la guerre, indique Eliott Brachet qui insiste sur l'importance de ces regards locaux, souvent équipés d'un simple téléphone portable, qui documentent la guerre. Ces sources, issues de la génération révolutionnaire (activistes, bénévoles dans des réseaux d'entraide civils), sont essentielles pour obtenir des informations. Malgré les risques, la population reste désireuse de parler aux journalistes étrangers, explique Eliott Brachet pour qui ce conflit n'est pas une «guerre oubliée, c'est plutôt une guerre négligée ou une guerre ignorée», car les informations et les images existent, même si elles sont difficiles à obtenir. Guerre d'influence et enjeu technologique Au-delà de l'affrontement fratricide, le conflit est une « guerre d'influence » avec des ramifications régionales. Le Soudan, riche en ressources comme l'or et le pétrole, voit l'exportation de ses ressources doubler, alimentant cette « économie de guerre » qui permet aux belligérants de s'armer. Chaque camp est soutenu par un réseau d'influence : l'armée régulière reçoit l'appui de l'Égypte, du Qatar, de l'Iran et de la Turquie, tandis que les FSR bénéficient d'un soutien des Émirats arabes unis, qui fournissent notamment des drones chinois de dernière technologie. Un autre défi moderne réside dans le rôle de Starlink. Ces connexions internet, souvent amenées par les acteurs armés (notamment les FSR), créent «une dépendance énorme des populations civiles aux acteurs militaires». Les civils doivent payer «un forfait à la minute pour pouvoir se connecter», transformant la communication en une source de revenus et un moyen de contrôle pour les forces en présence. Le recours aux sources ouvertes (OSINT) Face aux restrictions d'accès sur le terrain, le croisement des informations est crucial en raison de l'énorme propagande diffusée par les deux belligérants. L'utilisation de l'OSINT (enquête en sources ouvertes) et des images satellites est un moyen essentiel de suivre le conflit à distance. Eliott Brachet s'est rapproché de réseaux de journalistes et chercheurs, comme le laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, dont le travail permet de « documenter le pillage et la mise à sac et l'incendie en fait de nombreux villages au Darfour ». Ces outils, associés aux témoignages des jeunes Soudanais, constituent aujourd'hui les sources d'information les plus fiables sur ce conflit qui dure.
Après plus de vingt ans d'attente, le Grand Musée égyptien s'apprête enfin à ouvrir ses portes ce samedi 1ᵉʳ novembre. Bien plus qu'un événement national, l'inauguration du plus grand musée archéologique du monde, situé au pied des pyramides, rassemblera un parterre de chefs d'État venus des quatre coins du monde et des centaines de journalistes. À la tête de cette mise en scène pharaonique du prestige égyptien, le président Abdel Fattah Al-Sissi compte faire briller l'image de son pays. De notre correspondant au Caire, Mohamed, la vingtaine, habite tout près des pyramides et du musée dont l'ouverture approche à grands pas. Un événement qui lui passe un peu au-dessus. « Hmm, ça ne m'intéresse pas vraiment. Peut-être que je regarderai la cérémonie avec les enfants à la télévision… et les feux d'artifice depuis le toit de l'immeuble », déclare Mohamed. À Kafr Nassar, ce quartier poussiéreux aux portes du désert, tout est prêt depuis une semaine. Les habitants s'organisent, comme ce tenancier de café coincé entre deux axes routiers. « La rocade va être fermée, toutes les routes qui mènent au musée aussi. Le président Al-Sissi attend des invités de marque », explique-t-il. Un événement mondial Soixante chefs d'État attendus, des centaines de journalistes… Les riverains, eux, regarderont ça de loin. Même si certains ne boudent pas leur plaisir : « C'est une aubaine ! Dans le quartier, tout le monde vit du tourisme. C'est une joie plus grande que la qualification de l'Égypte pour la Coupe du monde ! » Car avant d'être une fête égyptienne, cette inauguration se veut mondiale. Un message adressé à la planète, explique l'ancien ministre des Antiquités, Zahi Hawass : « Parce que nous croyons que les monuments égyptiens appartiennent à tout le monde, et pas seulement aux Égyptiens. Cinq cents chaînes de télévision vont retransmettre la cérémonie à travers le monde. » « Cette inauguration montrera que l'Égypte est un pays sûr » Depuis son bureau bardé de diplômes, l'archéologue vedette vante une opération de prestige au cœur d'une région marquée par les conflits : « C'est un message envoyé par le président de la République au monde entier : nous prenons soin de notre patrimoine. Ce musée va apporter beaucoup au pays. Des millions de touristes viendront, car cette inauguration montrera que l'Égypte est un pays sûr. » Un discours que tempère Khaled Azzab, professeur d'archéologie islamique, pour qui l'événement relève avant tout du soft power : « Celui qui coupe le ruban est celui qui récolte les honneurs de l'événement, qui attire la lumière sur lui et figure au premier plan sur la photo. » Derrière les paillettes, il y voit surtout un jeu diplomatique à grande échelle. « Ces rencontres ne sont jamais anodines : elles permettent d'échanger, d'apaiser des tensions, de régler certains différends. L'événement n'est pas une fin en soi », ajoute le professeur d'archéologie. À peine un mois après le sommet de Charm el-Cheikh et la signature du plan de paix pour Gaza, Le Caire saisit une nouvelle occasion de s'imposer comme pôle de stabilité au Moyen-Orient. Cette fois, à travers ses vestiges pharaoniques. À lire aussiÉgypte: le Grand Musée du Caire, un projet pharaonique, culturel et géopolitique
Après plus de vingt ans d'attente, le Grand Musée égyptien s'apprête enfin à ouvrir ses portes ce samedi 1ᵉʳ novembre. Bien plus qu'un événement national, l'inauguration du plus grand musée archéologique du monde, situé au pied des pyramides, rassemblera un parterre de chefs d'État venus des quatre coins du monde et des centaines de journalistes. À la tête de cette mise en scène pharaonique du prestige égyptien, le président Abdel Fattah Al-Sissi compte faire briller l'image de son pays. De notre correspondant au Caire, Mohamed, la vingtaine, habite tout près des pyramides et du musée dont l'ouverture approche à grands pas. Un événement qui lui passe un peu au-dessus. « Hmm, ça ne m'intéresse pas vraiment. Peut-être que je regarderai la cérémonie avec les enfants à la télévision… et les feux d'artifice depuis le toit de l'immeuble », déclare Mohamed. À Kafr Nassar, ce quartier poussiéreux aux portes du désert, tout est prêt depuis une semaine. Les habitants s'organisent, comme ce tenancier de café coincé entre deux axes routiers. « La rocade va être fermée, toutes les routes qui mènent au musée aussi. Le président Al-Sissi attend des invités de marque », explique-t-il. Un événement mondial Soixante chefs d'État attendus, des centaines de journalistes… Les riverains, eux, regarderont ça de loin. Même si certains ne boudent pas leur plaisir : « C'est une aubaine ! Dans le quartier, tout le monde vit du tourisme. C'est une joie plus grande que la qualification de l'Égypte pour la Coupe du monde ! » Car avant d'être une fête égyptienne, cette inauguration se veut mondiale. Un message adressé à la planète, explique l'ancien ministre des Antiquités, Zahi Hawass : « Parce que nous croyons que les monuments égyptiens appartiennent à tout le monde, et pas seulement aux Égyptiens. Cinq cents chaînes de télévision vont retransmettre la cérémonie à travers le monde. » « Cette inauguration montrera que l'Égypte est un pays sûr » Depuis son bureau bardé de diplômes, l'archéologue vedette vante une opération de prestige au cœur d'une région marquée par les conflits : « C'est un message envoyé par le président de la République au monde entier : nous prenons soin de notre patrimoine. Ce musée va apporter beaucoup au pays. Des millions de touristes viendront, car cette inauguration montrera que l'Égypte est un pays sûr. » Un discours que tempère Khaled Azzab, professeur d'archéologie islamique, pour qui l'événement relève avant tout du soft power : « Celui qui coupe le ruban est celui qui récolte les honneurs de l'événement, qui attire la lumière sur lui et figure au premier plan sur la photo. » Derrière les paillettes, il y voit surtout un jeu diplomatique à grande échelle. « Ces rencontres ne sont jamais anodines : elles permettent d'échanger, d'apaiser des tensions, de régler certains différends. L'événement n'est pas une fin en soi », ajoute le professeur d'archéologie. À peine un mois après le sommet de Charm el-Cheikh et la signature du plan de paix pour Gaza, Le Caire saisit une nouvelle occasion de s'imposer comme pôle de stabilité au Moyen-Orient. Cette fois, à travers ses vestiges pharaoniques. À lire aussiÉgypte: le Grand Musée du Caire, un projet pharaonique, culturel et géopolitique
L'Amazonie est un territoire immense que se partagent neuf pays d'Amérique du Sud. L'Europe y a attaché de nombreux clichés tenaces : un espace naturel comme hors du monde et du temps. Avec l'exposition «Amazônia» au musée du Quai Branly Jacques Chirac à Paris, on inverse le point de vue, on trouve des représentations actuelles de l'Amazonie par celles et ceux qui l'habitent : des photos, des peintures, des objets... On accède à un imaginaire riche et connecté à la modernité. Leandro Varison, co-commissaire de l'exposition «Amazônia», était l'invité de Nathalie Amar. ► Chronique Le hit de la semaine : Ali Bilali, de la rédaction kiswahili de RFI, à Nairobi nous fait découvrir son coup de coeur du moment, le rwandais Element Eleée. ► Reportage Justine Babin est allée au Caire pour nous faire voyager dans l'Égypte antique grâce au musée GEM, Great Egypt Museum, qui sera inauguré ce week-end. ► Playlist du jour - Lucas Santtana et Gilberto Gil - A historia da nossa lingua. - Suraras do Tapajos - Segredos da Floresta. - Charlelie Couture - Aime moi encore.
durée : 00:00:02 - Problème de santé, mauvaises ondes... Et si la géobiologie pouvait nous aider ? - Sommeil difficile et santé précaire, la géolocalisation de votre habitat est-elle responsable ? Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
L'Amazonie est un territoire immense que se partagent neuf pays d'Amérique du Sud. L'Europe y a attaché de nombreux clichés tenaces : un espace naturel comme hors du monde et du temps. Avec l'exposition «Amazônia» au musée du Quai Branly Jacques Chirac à Paris, on inverse le point de vue, on trouve des représentations actuelles de l'Amazonie par celles et ceux qui l'habitent : des photos, des peintures, des objets... On accède à un imaginaire riche et connecté à la modernité. Leandro Varison, co-commissaire de l'exposition «Amazônia», était l'invité de Nathalie Amar. ► Chronique Le hit de la semaine : Ali Bilali, de la rédaction kiswahili de RFI, à Nairobi nous fait découvrir son coup de coeur du moment, le rwandais Element Eleée. ► Reportage Justine Babin est allée au Caire pour nous faire voyager dans l'Égypte antique grâce au musée GEM, Great Egypt Museum, qui sera inauguré ce week-end. ► Playlist du jour - Lucas Santtana et Gilberto Gil - A historia da nossa lingua. - Suraras do Tapajos - Segredos da Floresta. - Charlelie Couture - Aime moi encore.
Alors que le Grand Musée égyptien du Caire s'apprête à ouvrir ses portes, nous nous sommes demandé pourquoi les Français étaient si passionnés par l'Égypte ancienne. Avec ses hiéroglyphes, ses pyramides, ses mystères, le pays des pharaons fascine petits et grands. Les expositions sur ses trésors millénaires sont à chaque fois un succès. Retour en images sur les origines de cette passion française qui traverse les âges.
durée : 00:03:17 - Charline explose les faits - par : Charline Vanhoenacker - Quand on voit que pour UN ministre il peut y avoir jusqu'à 15 conseillers, ça signifie que le bordel qu'on a sous les yeux depuis quelques mois, il est multiplié par 15 quand on va voir en coulisses. Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
durée : 00:03:17 - Charline explose les faits - par : Charline Vanhoenacker - Quand on voit que pour UN ministre il peut y avoir jusqu'à 15 conseillers, ça signifie que le bordel qu'on a sous les yeux depuis quelques mois, il est multiplié par 15 quand on va voir en coulisses. Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
Le Journal en français facile du mercredi 22 octobre 2025, 18 h 00 à Paris. Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/C7TO.A
Après la rupture temporaire du cessez-le-feu hier à Rafah, deux soldats israéliens ont perdu la vie.L’accord humanitaire a été rétabli, mais les tensions restent vives dans la bande de Gaza.
Cliquez ici pour accéder gratuitement aux articles lus de Mediapart : https://m.audiomeans.fr/s/P-UmoTbNLs Arguant d'une « victoire » sur la suspension de la réforme des retraites, le PS a sauvé le gouvernement Lecornu de la censure, jeudi 16 octobre. L'extrême droite a repris son refrain anti-système. La gauche, elle, sort de cet épisode en mille morceaux. Un article de Pauline Graulle et Youmni Kezzouf, publié le 16 octobre 2025 sur Mediapart, lu par Christine Pâris. Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dans le cadre de l'échange des 250 prisonniers palestiniens condamnés à des peines de prison à vie contre les derniers otages détenus par le Hamas ce lundi 13 octobre 2025, de nombreuses familles palestiniennes espéraient retrouver leurs proches avant de découvrir qu'ils avaient été envoyés en Égypte. C'est le cas de cette femme rencontrée à Naplouse, en Cisjordanie, et dont le frère avait été incarcéré en 2006 pour avoir préparé un attentat contre Israël. De notre correspondant de retour de Naplouse, D'abord, la désillusion… Nour a attendu que le dernier des 88 prisonniers libérés ce lundi à Ramallah descende du bus pour comprendre que son frère n'en était pas : « On est restés jusque dans l'après-midi. Tous ceux qui étaient dans les bus sont partis, on est restés encore un peu puis on a abandonné pour rentrer à Naplouse. » Ensuite le soulagement, il serait en route pour l'Égypte, exilé, mais libre : « L'un des prisonniers a appelé sa famille avec le téléphone du chauffeur de leur bus, j'ai appris que mon frère était parmi eux, c'est là que la peur a disparu. » Dans un coin de la pièce, le sac de voyage est prêt. S'il ne peut pas revenir en Palestine, alors elle ira le voir en Égypte. D'ici là, il faut l'appeler comme pour se rassurer à nouveau, rien d'évident après plus de vingt-ans en prison : « Mon fils est resté en ligne avec lui jusqu'à trois heures du matin, pour essayer de lui créer des comptes Facebook et WhatsApp. Le lendemain, on a pu lui parler en appel vidéo. Et hier soir, depuis le dîner jusqu'à deux heures du matin, on était encore avec lui, mon fils, mes enfants qui sont à l'étranger, mon mari et moi. C'était vraiment une belle conversation, chacun parlait un peu à son tour. » À lire aussiGaza: faim, entrave, torture... les otages du Hamas racontent leurs terribles conditions de détention « C'était un déchaînement de violence » Dans une chambre d'hôtel du Caire, c'est un visage émacié, drapeau de la Palestine sur les épaules, qui s'affiche sur l'écran et déroule le récit de sa sortie de prison : « Nous avons été humiliés, c'était un déchaînement de violence, les services de renseignements israéliens nous ont interrogés. Ils nous ont menacés, ils expliquaient qu'ils allaient nous tuer pour tout un tas de raisons incroyables, ou qu'ils nous re-arrêteraient. » Les prisonniers sont finalement embarqués pour un long périple. Par les fenêtres, ils découvrent les destructions de Gaza au moment de passer la frontière avec l'Égypte. C'est seulement là, au point de passage de Rafah, qu'on le libèrera des liens qui ont laissé des plaies à vif sur ses poignets : « Le pays de mon cœur, c'est la Palestine, et c'est là-bas que j'espérais être libéré, et j'aimerais pouvoir y revenir un jour pour y retrouver ma famille. Mais l'exil reste 10 000 fois plus enviable que la prison. » Plus enviable que la prison, et peut-être moins dangereux qu'un retour en Cisjordanie occupée, voudrait croire Nour : « Nos prisonniers, même libres, restent menacés. Au lendemain des libérations, ils ont fait irruption dans les maisons de certains détenus libérés et ont tout cassé. Mon frère était menacé avant même sa libération, ils lui ont dit que s'il s'écartait des clous, ils allaient le retrouver et qu'ils savaient tout de ses moindres faits et gestes. » Ce harcèlement des anciens prisonniers par les forces israéliennes sont documentées par plusieurs ONG investies dans le soutien juridique des détenus palestiniens dont la plupart, refusent de s'exprimer par peur de représailles. À lire aussiPrisonniers palestiniens : Israël « commet des disparitions forcées contre des détenus originaires de Gaza »
Dans le cadre de l'échange des 250 prisonniers palestiniens condamnés à des peines de prison à vie contre les derniers otages détenus par le Hamas ce lundi 13 octobre 2025, de nombreuses familles palestiniennes espéraient retrouver leurs proches avant de découvrir qu'ils avaient été envoyés en Égypte. C'est le cas de cette femme rencontrée à Naplouse, en Cisjordanie, et dont le frère avait été incarcéré en 2006 pour avoir préparé un attentat contre Israël. De notre correspondant de retour de Naplouse, D'abord, la désillusion… Nour a attendu que le dernier des 88 prisonniers libérés ce lundi à Ramallah descende du bus pour comprendre que son frère n'en était pas : « On est restés jusque dans l'après-midi. Tous ceux qui étaient dans les bus sont partis, on est restés encore un peu puis on a abandonné pour rentrer à Naplouse. » Ensuite le soulagement, il serait en route pour l'Égypte, exilé, mais libre : « L'un des prisonniers a appelé sa famille avec le téléphone du chauffeur de leur bus, j'ai appris que mon frère était parmi eux, c'est là que la peur a disparu. » Dans un coin de la pièce, le sac de voyage est prêt. S'il ne peut pas revenir en Palestine, alors elle ira le voir en Égypte. D'ici là, il faut l'appeler comme pour se rassurer à nouveau, rien d'évident après plus de vingt-ans en prison : « Mon fils est resté en ligne avec lui jusqu'à trois heures du matin, pour essayer de lui créer des comptes Facebook et WhatsApp. Le lendemain, on a pu lui parler en appel vidéo. Et hier soir, depuis le dîner jusqu'à deux heures du matin, on était encore avec lui, mon fils, mes enfants qui sont à l'étranger, mon mari et moi. C'était vraiment une belle conversation, chacun parlait un peu à son tour. » À lire aussiGaza: faim, entrave, torture... les otages du Hamas racontent leurs terribles conditions de détention « C'était un déchaînement de violence » Dans une chambre d'hôtel du Caire, c'est un visage émacié, drapeau de la Palestine sur les épaules, qui s'affiche sur l'écran et déroule le récit de sa sortie de prison : « Nous avons été humiliés, c'était un déchaînement de violence, les services de renseignements israéliens nous ont interrogés. Ils nous ont menacés, ils expliquaient qu'ils allaient nous tuer pour tout un tas de raisons incroyables, ou qu'ils nous re-arrêteraient. » Les prisonniers sont finalement embarqués pour un long périple. Par les fenêtres, ils découvrent les destructions de Gaza au moment de passer la frontière avec l'Égypte. C'est seulement là, au point de passage de Rafah, qu'on le libèrera des liens qui ont laissé des plaies à vif sur ses poignets : « Le pays de mon cœur, c'est la Palestine, et c'est là-bas que j'espérais être libéré, et j'aimerais pouvoir y revenir un jour pour y retrouver ma famille. Mais l'exil reste 10 000 fois plus enviable que la prison. » Plus enviable que la prison, et peut-être moins dangereux qu'un retour en Cisjordanie occupée, voudrait croire Nour : « Nos prisonniers, même libres, restent menacés. Au lendemain des libérations, ils ont fait irruption dans les maisons de certains détenus libérés et ont tout cassé. Mon frère était menacé avant même sa libération, ils lui ont dit que s'il s'écartait des clous, ils allaient le retrouver et qu'ils savaient tout de ses moindres faits et gestes. » Ce harcèlement des anciens prisonniers par les forces israéliennes sont documentées par plusieurs ONG investies dans le soutien juridique des détenus palestiniens dont la plupart, refusent de s'exprimer par peur de représailles. À lire aussiPrisonniers palestiniens : Israël « commet des disparitions forcées contre des détenus originaires de Gaza »
Des vols Strasbourg-Marrakech au printemps 2026. EasyJet a annoncé hier le lancement d'une nouvelle liaison. A partir du 3 mai, la compagnie desservira Marrakech deux fois par semaine, les jeudis et les dimanches, à partir de 51 euros. Alors qu'EasyJet a fait son retour l'hiver dernier après 10 ans d'absence,, il y aura au mois de novembre prochain l'ouverture des vols vers Milan, Rome et Manchester. Des knacks de volailles rappelés dans toute la France. Ces produits de l'entreprise Bruno Siebert S.A., située à Ergersheim, auraient été contaminés à la Listeria. Les articles en question auraient été vendus dans des magasins Leclerc ou du Système U, du 30 septembre au 15 octobre, en barquettes ou en vrac au rayon boucherie. Il est conseillé de ne pas consommer ces saucisses et de les rapporter au point de vente pour remboursement. Changement de présidence au sein des Vitrines de Sélestat. Lors de l'Assemblée générale de l'association commerçante, qui se tenait lundi, Oliver Le Lévrier a été nommé pour succéder à Edouard Faller. En prenant la tête de l'association, il souhaite notamment mobiliser les commerçants et retirer la dimension politique de l'organisation. Âgé de 40 ans, le nouveau président des Vitrines de Sélestat possède plusieurs entreprises au sein de la cité humaniste. Retrouvez son portrait et son entretien complet sur notre site internet azur-fm.com. A Sélestat toujours, un sapin sera abattu aujourd'hui. A l'entrée de l'avenue de la Liberté, l'arbre représente aujourd'hui un risque pour la sécurité des passants et des automobilistes. Une analyse et des diagnostics ont confirmé le dépérissement de l'arbre. L'accès au centre-ville est donc impossible jusqu'à 17h et des déviations sont mises en place par la rue de la Paix. Pour le remplacer, un jeune sapin sera planté dans le parc du Général De Gaulle. Nouvel outil pour préserver la langue alsacienne. Les universités de Lorraine et de Strasbourg souhaitent renforcer la présence numérique de l'alsacien au quotidien. Pour cela, elles demandent aux Alsaciens de s'enregistrer sur une plateforme dédiée qui existe déjà pour d'autres langues. L'objectif est double : conserver l'alsacien parlé à travers des enregistrements et donner un coup de pouce à l'intelligence artificielle pour qu'elle puisse parler alsacien. La collecte se fait sur la plateforme “common voice” de Mozilla. Les travaux sont lancés à Breitenbach. La rénovation de la chapelle Notre-Dame des Sept Douleurs a débuté. Les travaux devront cependant durer plus longtemps que prévu. Des dégâts non visibles avant l'enlèvement des tuiles sont apparus et des réparations non prévues ont donc été nécessaires. Les chevrons ont dû être changés et la gouttière en zinc doit être entièrement remplacée. Il y a quelques jours, les bénévoles ont également constaté que la cloche, accessible par une corde, ne tient plus que par deux attaches sur six. A hauteur de 15 000 euros, les travaux sont soutenus par la Fondation du patrimoine. Hier, le sous-préfet de Haguenau-Wissembourg, Stéphane Chipponi, s'est rendu au CAIRE, le Centre d'Animation, d'Information et de Relais Économique de la Communauté d'Agglomération de Haguenau. L'objectif de cette visite : échanger avec les acteurs locaux de l'entrepreneuriat et découvrir les entreprises innovantes du territoire. Au programme de la rencontre : une présentation de l'écosystème entrepreneurial local, suivie d'une visite de la pépinière d'entreprises du CAIRE. Le sous-préfet a notamment pu échanger avec plusieurs startups.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
J'ai rencontré Quentin un peu par hasard. En fait, c'était un cadeau de Noël pour mon copain : deux places pour aller voir la projection de ses documentaires. Un soir d'hiver, à Lyon, on est allés s'asseoir dans une petite salle, sans trop savoir ce qu'on allait voir. Et puis, pendant deux heures, j'ai eu l'impression de voyager à travers deux continents sans bouger de mon siège.Il y avait d'abord cette traversée de l'Afrique, du Caire au Cap. Onze mille kilomètres à vélo, dix pays, des paysages qui changent, des visages qui défilent, des galères, des joies, des imprévus. Et puis il y avait la Patagonie, six mois de marche dans des territoires presque vierges, où le vent semble parler à ta place. À chaque image, on sentait la fatigue, la soif, la solitude… mais aussi une forme d'apaisement, de vérité.Ce qui m'a touchée, c'est que Quentin ne voyage pas pour “faire” des exploits. Il voyage pour vivre, vraiment. Pour se frotter au monde, pour se perdre un peu et peut-être mieux se retrouver. Et en sortant de la projection, je me suis posé plein de questions.Qu'est-ce que ça veut dire, “partir” ?Est-ce que c'est fuir quelque chose ou aller vers soi ?Est-ce que le voyage, ce n'est pas une manière de désapprendre le confort, de se remettre en mouvement, de redonner de la valeur à chaque geste simple ?Et puis cette solitude choisie, qu'on redoute souvent… Est-ce qu'elle ne devient pas une forme de liberté quand on apprend à la connaître ?Regarder Quentin parler de ses aventures, c'est aussi interroger notre manière de vivre, de consommer, de courir après des choses qu'on ne prend même plus le temps de ressentir. C'est se demander si la vraie richesse, aujourd'hui, ce n'est pas de ralentir, de regarder autour de soi, d'écouter le silence, de ne rien posséder d'autre que ce qu'on peut porter sur son dos.Il y a dans ses récits quelque chose de brut et de sincère, mais aussi de profondément humain. Une quête d'équilibre entre effort et paix intérieure, entre la peur de l'inconnu et l'envie d'y plonger quand même. Ce qu'il raconte, c'est l'histoire d'un corps qui avance, mais aussi d'un esprit qui apprend à lâcher prise.Alors ce soir, j'ai envie qu'on prenne le temps d'écouter.D'écouter un homme qui, sans chercher à donner de leçons, nous invite à questionner notre propre manière d'être au monde.Parce que, finalement, derrière chaque kilomètre parcouru, il y a une question universelle : comment vivre pleinement, quand tout autour de nous nous pousse à aller vite ?Vous pouvez retrouver Quentin directement sur son compte Instagram : @quentinclavel ! Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
SOLENOÏDE, émission de 'musiques imaginogènes' diffusée sur 30 radios dans le monde
Solénoïde (13.10.2025) - Cette semaine, Solénoïde hisse les voiles vers de nouveaux horizons sonores. Entre fjords norvégiens, rivages grecs et tempêtes du Caire, quatre constellations musicales se répondent — parfois en silence, parfois en éclats. Benedicte Maurseth accorde son hardingfele à la respiration du monde et fait danser les rennes sous la lune. Madeleine Cocolas tisse un voile d'ambient et de mémoire, entre cloches d'Athènes et murmures de synthés. The Dwarfs of East Agouza nous entraînent dans une transe psychédélique, libre et fiévreuse, où le chaos devient rythme. Et Meredith Monk, prêtresse des voix multiples, fait vibrer la matière même du vivant à travers ses Cellular Songs. Une traversée rêveuse, entre spiritualité organique et grooves imaginogènes.
Dans le courant de la semaine, vous avez pu découvrir des reportages consacrés aux réfugiés gazaouis et à la capitale indienne. Nous avons rendez-vous avec leurs auteurs, Martin Dumas Primbault et Côme Bastin qui nous a fait découvrir l'étouffante ville de New Delhi entre chaleur et pollution, encore et toujours malgré l'engagement du Premier ministre d'en faire une vitrine en matière d'environnement. Égypte : la vie en suspens des exilés de Gaza Il y a 2 ans, l'attaque terroriste du Hamas sur Israël à la frontière de Gaza va être le déclencheur d'une terrible spirale. La réplique d'Israël, à force d'offensives de chars, de bombardements aériens ; d'assauts de fantassins sur un petit territoire fort peuplé et bouclé, va conduire à une guerre d'anéantissement de la population de cette bande de Gaza. Malgré tout, au moins 100 000 Palestiniens ont pu trouver refuge en Égypte. Faisant du pays, celui qui accueille le plus de Gazaouis. Installés pour la plupart au Caire, ces exilés vivent sans statut légal : l'État égyptien ne leur accorde aucun permis de résidence. Indésirables et au quotidien précaire, ils sont partagés entre l'espoir de rentrer à Gaza quand les armes se tairont et le désir de reconstruire ailleurs une vie nouvelle. Un Grand reportage de Martin Dumas Primbault qui s'entretient avec Jacques Allix. À New Delhi, les nationalistes hindous s'improvisent écologistes Des montagnes de déchets, l'air ambiant ultra-toxique, un fleuve empoisonné… New Delhi, la capitale indienne, fait face à une situation environnementale apocalyptique. Ses 30 millions d'habitants perdraient plus de 10 ans d'espérance de vie à cause de cette pollution. Les politiques publiques ont, pour l'instant, échoué à enrayer cette catastrophe écologique et sanitaire. Lors des élections municipales de mars 2025, le parti du Premier ministre Narendra Modi, le BJP, a été élu avec la promesse d'agir enfin. Mais ses solutions ou ces semblants de solutions peinent pour l'instant à convaincre les experts. Un Grand reportage de Côme Bastin qui s'entretient avec Jacques Allix.
En Afghanistan, des milliers de rapatriés franchissent, chaque semaine, les frontières terrestres avec l'Iran et le Pakistan. Contraints de rentrer dans leur pays d'origine qu'ils ne connaissent pas ou plus, ils doivent composer avec le manque de ressources et de perspectives, l'arrivée imminente de l'hiver et la crise économique qui s'abat sur l'Afghanistan. Le poste-frontière de Spin Boldak a vu l'arrivée de 20 000 personnes en seulement quelques jours. Les hommes et les femmes attendent patiemment de pouvoir entrer en Afghanistan, sous le regard sévère des militaires pakistanais, puis des talibans. Une fois qu'ils sont autorisés à traverser la frontière, ils sont conduits dans des salles d'attente impersonnelles et grises, où les hommes sont séparés des femmes et des enfants. C'est ici que se tient Rahmatullah, 75 ans, à la longue barbe blanche. « Je suis originaire de la province de Jawzan, au nord de l'Afghanistan, se présente-t-il. Cela fait 45 ans que je vis au Pakistan, au Balouchistan. J'étais à la mosquée, en train de prier, lorsque je me suis fait arrêter. Ils ont gardé mes vêtements et m'ont frappé au visage. J'ai essayé d'expliquer à la police que j'avais une carte de réfugié, que je pouvais leur apporter et leur montrer. On m'a dit que ce n'était pas nécessaire. Ils m'ont emmené dans un endroit qui ressemblait à une prison, aux alentours de 8h du matin. Dans la nuit, j'ai été conduit en Afghanistan. » À lire aussi« Ils nous traitaient comme des animaux » : la déportation de masse des Afghans expulsés d'Iran Le vieil homme n'a même pas eu le temps de prévenir sa famille et se retrouve désormais tout seul en Afghanistan. « Je n'ai pas pu passer chez moi. Ils m'ont enfermé, puis emmené ici. Je n'ai rien avec moi : je n'ai pas d'argent, je n'ai rien. Mes enfants, ma femme, tout le monde est resté au Pakistan. J'ai besoin d'aide, je ne sais pas ce que je vais faire », se désole-t-il. Rahmatullah est bouleversé. Il avait jusqu'au 31 août pour quitter son pays d'accueil, en dépit d'un titre de séjour. Mais il n'a pu se résoudre à partir de lui-même. Une aide humanitaire limitée Un peu plus loin, les talibans en charge de Zero Point, le poste-frontière de Spin Boldak, se veulent rassurants et accablent les autorités pakistanaises. « Cela fait plusieurs années que le Pakistan expulse des réfugiés afghans. La situation est difficile, ils se font arrêter, emprisonnés, puis conduire en camions jusqu'ici dans des mauvaises conditions, constate Ali Mohammad Haqmal, l'un des responsables. Lorsqu'ils arrivent ici, nous essayons de les aider, de leur donner de l'argent liquide, nous parlons avec eux. Nous essayons vraiment de les rassurer et de leur dire qu'ils sont nos frères et que nous les aidons. » Ces efforts restent insuffisants pour les nouveaux arrivants, qui ne débarquent pas indemnes. Selon Mohamed Sabir, médecin au sein du croissant rouge, ils souffrent principalement de malnutrition : « Nous n'avons que quelques médicaments de base, nous ne pouvons pas leur donner grand-chose. » Rahmatulla et ses milliers de semblables transitent ensuite dans un second camp, à une heure de route. Avant d'être dispersés dans le reste du pays. Depuis le mois de janvier, ils sont 1,8 million à être rentrés d'Iran et du Pakistan. DossierAfghanistan : faits marquants de quatre années de régime taliban
En Afghanistan, des milliers de rapatriés franchissent, chaque semaine, les frontières terrestres avec l'Iran et le Pakistan. Contraints de rentrer dans leur pays d'origine qu'ils ne connaissent pas ou plus, ils doivent composer avec le manque de ressources et de perspectives, l'arrivée imminente de l'hiver et la crise économique qui s'abat sur l'Afghanistan. Le poste-frontière de Spin Boldak a vu l'arrivée de 20 000 personnes en seulement quelques jours. Les hommes et les femmes attendent patiemment de pouvoir entrer en Afghanistan, sous le regard sévère des militaires pakistanais, puis des talibans. Une fois qu'ils sont autorisés à traverser la frontière, ils sont conduits dans des salles d'attente impersonnelles et grises, où les hommes sont séparés des femmes et des enfants. C'est ici que se tient Rahmatullah, 75 ans, à la longue barbe blanche. « Je suis originaire de la province de Jawzan, au nord de l'Afghanistan, se présente-t-il. Cela fait 45 ans que je vis au Pakistan, au Balouchistan. J'étais à la mosquée, en train de prier, lorsque je me suis fait arrêter. Ils ont gardé mes vêtements et m'ont frappé au visage. J'ai essayé d'expliquer à la police que j'avais une carte de réfugié, que je pouvais leur apporter et leur montrer. On m'a dit que ce n'était pas nécessaire. Ils m'ont emmené dans un endroit qui ressemblait à une prison, aux alentours de 8h du matin. Dans la nuit, j'ai été conduit en Afghanistan. » À lire aussi« Ils nous traitaient comme des animaux » : la déportation de masse des Afghans expulsés d'Iran Le vieil homme n'a même pas eu le temps de prévenir sa famille et se retrouve désormais tout seul en Afghanistan. « Je n'ai pas pu passer chez moi. Ils m'ont enfermé, puis emmené ici. Je n'ai rien avec moi : je n'ai pas d'argent, je n'ai rien. Mes enfants, ma femme, tout le monde est resté au Pakistan. J'ai besoin d'aide, je ne sais pas ce que je vais faire », se désole-t-il. Rahmatullah est bouleversé. Il avait jusqu'au 31 août pour quitter son pays d'accueil, en dépit d'un titre de séjour. Mais il n'a pu se résoudre à partir de lui-même. Une aide humanitaire limitée Un peu plus loin, les talibans en charge de Zero Point, le poste-frontière de Spin Boldak, se veulent rassurants et accablent les autorités pakistanaises. « Cela fait plusieurs années que le Pakistan expulse des réfugiés afghans. La situation est difficile, ils se font arrêter, emprisonnés, puis conduire en camions jusqu'ici dans des mauvaises conditions, constate Ali Mohammad Haqmal, l'un des responsables. Lorsqu'ils arrivent ici, nous essayons de les aider, de leur donner de l'argent liquide, nous parlons avec eux. Nous essayons vraiment de les rassurer et de leur dire qu'ils sont nos frères et que nous les aidons. » Ces efforts restent insuffisants pour les nouveaux arrivants, qui ne débarquent pas indemnes. Selon Mohamed Sabir, médecin au sein du croissant rouge, ils souffrent principalement de malnutrition : « Nous n'avons que quelques médicaments de base, nous ne pouvons pas leur donner grand-chose. » Rahmatulla et ses milliers de semblables transitent ensuite dans un second camp, à une heure de route. Avant d'être dispersés dans le reste du pays. Depuis le mois de janvier, ils sont 1,8 million à être rentrés d'Iran et du Pakistan. DossierAfghanistan : faits marquants de quatre années de régime taliban
Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, 45 ans, est enlevé devant la brasserie Lipp dans le VIe arrondissement de Paris. L'opposant politique au roi Hassan II subissait de nombreuses menaces, poussant sa famille à l'exil au Caire. Les jours qui ont suivi son enlèvement demeurent un mystère et son corps n'a jamais été retrouvé. Après le premier procès, une seconde plainte est déposée en 1975. Comment la justice française a-t-elle enquêté au Maroc ? La perquisition à la DGSE a-t-elle permis d'obtenir de nouveaux indices ? Où en est l'enquête aujourd'hui ? Quel est l'héritage laissé par le disparu ? La voix du crime de ce second épisode sur l'enlèvement de Mehdi Ben Barka, c'est toujours son fils, Bachir Ben Barka. Il était âgé de 15 ans au moment de la disparition de son père. C'est lui qui poursuit le combat "pour la vérité et la mémoire" initié par sa mère défunte. Il retrace son parcours pour "élucider un crime d'États" au micro de Marie Zafimehy. Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, 45 ans, est enlevé devant la brasserie Lipp dans le VIe arrondissement de Paris. L'opposant politique au roi Hassan II subissait de nombreuses menaces, poussant sa famille à l'exil au Caire. Les jours qui ont suivi son enlèvement demeurent un mystère et son corps n'a jamais été retrouvé. Après le premier procès, une seconde plainte est déposée en 1975. Comment la justice française a-t-elle enquêté au Maroc ? La perquisition à la DGSE a-t-elle permis d'obtenir de nouveaux indices ? Où en est l'enquête aujourd'hui ? Quel est l'héritage laissé par le disparu ? La voix du crime de ce second épisode sur l'enlèvement de Mehdi Ben Barka, c'est toujours son fils, Bachir Ben Barka. Il était âgé de 15 ans au moment de la disparition de son père. C'est lui qui poursuit le combat "pour la vérité et la mémoire" initié par sa mère défunte. Il retrace son parcours pour "élucider un crime d'États" au micro de Marie Zafimehy. Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Il y a 2 ans, l'attaque terroriste du Hamas sur Israël à la frontière de Gaza va être le déclencheur d'une terrible spirale. La réplique d'Israël, à force d'offensives de chars, de bombardements aériens ; d'assauts de fantassins sur un petit territoire fort peuplé et bouclé, va conduire à une guerre d'anéantissement de la population de cette bande de Gaza. Malgré tout, au moins 100 000 Palestiniens ont pu trouver refuge en Égypte. Faisant du pays, celui qui accueille le plus de Gazaouis. Installés pour la plupart au Caire, ces exilés vivent sans statut légal : l'État égyptien ne leur accorde aucun permis de résidence. Indésirables et au quotidien précaire, ils sont partagés entre l'espoir de rentrer à Gaza quand les armes se tairont et le désir de reconstruire ailleurs une vie nouvelle. «Égypte : la vie en suspens des exilés de Gaza», un Grand reportage de Martin Dumas Primbault.
Les journaux, en France et au-delà, sont partagés entre stupeur et consternation après la folle journée d'hier qui a vu la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, juste après avoir formé son gouvernement. « Les incapables », s'exclame Libération en première page. « La France dans le grand n'importe quoi : le départ éclair de l'éphémère Premier ministre illustre un désordre politique français qui inquiète, à l'étranger comme chez les citoyens, et rappelle que seule la capacité au compromis peut éviter l'aggravation de la crise. » « De l'attitude des partis à la démission de l'éphémère Premier ministre, la séquence politique et institutionnelle de ces derniers jours aura été consternante, renchérit La Croix. Il faut désormais se ressaisir de toute urgence pour éviter le chaos. » Le retour aux urnes ? Oui, mais quelle solution ? Pour Le Figaro, il n'y en a qu'une seule : « ce grand désordre, cette pénible confusion, nous ramène à celui qui, par la grâce de la Ve République, possède autant de pouvoir que de devoirs : le chef de l'État. Lui seul a la clef : le retour aux urnes. En démocratie, c'est la plus mauvaise solution, à l'exception de toutes les autres. » Un retour aux urnes avec comme perspective une percée de l'extrême-droite… C'est ce que craint Le Soir à Bruxelles : « le chaos français, autoroute pour l'extrême droite et péril pour l'Europe », titre le quotidien belge. « La France gouvernée par l'extrême droite, des leaders populistes et nationalistes, après la Hongrie, la Tchéquie, la Slovaquie, et peut-être demain la Pologne, voire l'Allemagne ? On n'ose imaginer, soupire Le Soir, ce que la concrétisation de cette menace existentielle pour le projet européen, pourrait imprimer à nos destins. » Macron sous pression Désormais, « Emmanuel Macron est au pied du mur », constate le New York Times. « Impopulaire après plus de huit ans au pouvoir, alors qu'il lui reste environ 18 mois de mandat, Emmanuel Macron est sous la pression constante de l'extrême gauche pour démissionner et de l'extrême droite pour convoquer des élections législatives. » Ultime espoir de compromis, pointe Le Temps à Genève : « Emmanuel Macron a joué les prolongations en demandant à Sébastien Lecornu de convaincre les uns et les autres de revenir à la table des négociations. Mais le mal est fait, estime le quotidien suisse, son camp semble avoir définitivement perdu toute crédibilité. » À la Une également, le 7-Octobre, deux après… Pour le Jerusalem Post, proche du pouvoir, « la société israélienne ne doit pas se permettre d'oublier. (…) Alors que des négociations sont en cours au Caire pour un accord qui pourrait mettre fin à la guerre, la tentation sera grande de croire que, si les otages reviennent, si les réservistes retrouvent leurs familles et leurs emplois, si les roquettes houthies cessent, alors une vie normale pourra reprendre. » Non, s'exclame le Jerusalem Post : « céder à cette complaisance ouvrirait la voie à une prochaine catastrophe. (…) Nos ennemis sont implacables, notre sécurité dépend de notre préparation et la véritable dissuasion ne repose que sur une force incontestable et la volonté de l'utiliser. » Netanyahou sur la sellette Haaretz, quotidien israélien de gauche, note, lui, que « deux ans après la pire catastrophe sécuritaire de l'histoire d'Israël, les responsables sont toujours au pouvoir. (…) Ce sont les terroristes du Hamas qui ont perpétré le massacre brutal du 7 octobre 2023, mais, affirme le journal, cet échec s'est produit sous la direction du Premier ministre Benjamin Netanyahou, et il demeure le seul haut responsable à ne pas encore avoir assumé ses responsabilités. » Résultat, pointe Haaretz, « la guerre se poursuit sans but depuis deux ans. Les otages ont été abandonnés. Israël s'est enfoncé dans un isolement diplomatique, économique et moral. Et les mains du gouvernement sont souillées du sang de dizaines de milliers de Gazaouis. » « Deux ans de barbarie », dénonce également El Pais à Madrid. Reste que « le plan Trump est un espoir à conforter », affirme Le Monde à Paris. « Même si de nombreux points restent à préciser et que certains objectifs permettant d'aboutir à une solution à deux Etats restent aujourd'hui hors de portée, la fin de la guerre, estime le quotidien français, apparaît enfin possible. »
durée : 00:14:55 - Journal de 12h30 - Peut-on enfin imaginer la fin de la guerre à Gaza ? Les négociations entre Israël et le Hamas débutent aujourd'hui en Egypte autour du plan de paix de Donald Trump, quels étapes ? quel calendrier ?
durée : 00:10:01 - Journal de 9h - Donald Trump fait pression sur le Hamas pour qu'il accepte l'ensemble de son plan pour Gaza. Il a envoyé deux émissaires au Caire pour participer dès aujourd'hui aux négociations indirectes entre les israéliens et le mouvement palestinien.
durée : 00:23:15 - L'invité de 8h20 - Grand entretien consacré à la situation du Proche-Orient avec Laure Mandeville, grand reporter au Figaro, Pierre Haski, journaliste à France Inter, Charles Enderlin, journaliste, ancien correspondant de France 2 à Jérusalem et Luc Bronner, grand reporter pour le journal Le Monde. Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
durée : 00:14:55 - Journal de 12h30 - Peut-on enfin imaginer la fin de la guerre à Gaza ? Les négociations entre Israël et le Hamas débutent aujourd'hui en Egypte autour du plan de paix de Donald Trump, quels étapes ? quel calendrier ?
Chaque jour, retrouvez le journal de 19h de la rédaction d'Europe 1 pour faire le tour de l'actu. Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
durée : 00:10:01 - Journal de 9h - Donald Trump fait pression sur le Hamas pour qu'il accepte l'ensemble de son plan pour Gaza. Il a envoyé deux émissaires au Caire pour participer dès aujourd'hui aux négociations indirectes entre les israéliens et le mouvement palestinien.
À la veille des pourparlers du Caire, Jared Kushner, Ron Dermer et Witkoff seront absents.Que faut-il comprendre de cette absence ?Quel rôle jouent vraiment le Qatar et Donald Trump dans les négociations ?Le Hamas est-il prêt à céder la gestion de Gaza à un comité technocratique international ?Et surtout — sommes-nous enfin proches de la fin de la guerre ? ➡️ Raphaël Jerusalmy décrypte pour KAN les dessous du plan Trump, les enjeux des discussions en Égypte et les risques d’une reprise du conflit.See omnystudio.com/listener for privacy information.
Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, 45 ans, est enlevé devant la brasserie Lipp à Paris. L'opposant politique au roi Hassan II subissait de nombreuses menaces, poussant sa famille à l'exil au Caire. Son corps n'a jamais été retrouvé. Soixante ans de mystère sur sa mort laissent en suspens de nombreuses hypothèses. Qui a planifié cet enlèvement ? Qui menaçait le militant avant sa disparition ? Comment s'est déroulé le premier procès en 1966 ? Quelles sont les zones d'ombre persistantes qui empêchent d'élucider l'affaire ? La voix du crime de cet épisode sur l'enlèvement de Mehdi Ben Barka, c'est son fils, Bachir Ben Barka. Il était âgé de 15 ans au moment de la disparition de son père. C'est lui qui poursuit le combat "pour la vérité et la mémoire" initié par sa mère défunte. Il retrace une disparition politique au micro de Marie Zafimehy. Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, 45 ans, est enlevé devant la brasserie Lipp à Paris. L'opposant politique au roi Hassan II subissait de nombreuses menaces, poussant sa famille à l'exil au Caire. Son corps n'a jamais été retrouvé. Soixante ans de mystère sur sa mort laissent en suspens de nombreuses hypothèses. Qui a planifié cet enlèvement ? Qui menaçait le militant avant sa disparition ? Comment s'est déroulé le premier procès en 1966 ? Quelles sont les zones d'ombre persistantes qui empêchent d'élucider l'affaire ? La voix du crime de cet épisode sur l'enlèvement de Mehdi Ben Barka, c'est son fils, Bachir Ben Barka. Il était âgé de 15 ans au moment de la disparition de son père. C'est lui qui poursuit le combat "pour la vérité et la mémoire" initié par sa mère défunte. Il retrace une disparition politique au micro de Marie Zafimehy. Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dans le grand centre du Caire comme dans les principales villes d'Égypte, près de trois quarts des commerces bénéficiaient encore d'un gel des loyers, une mesure héritée de l'ère Nasser et transmissible de génération en génération. Mais cette exception, instaurée il y a 70 ans, vit ses derniers jours. Depuis début août, une nouvelle loi prévoit de réévaluer progressivement les contrats sur cinq ans pour les locaux commerciaux et sept ans pour les logements. Une perspective qui inquiète de nombreux petits commerçants qui craignent de devoir mettre la clé sous la porte. Avec notre correspondant au Caire, Comme d'habitude, c'est l'effervescence dans la rue commerçante de Soliman Gohar, à deux pas du centre-ville du Caire. Mais Yasser, lui, rumine son inquiétude au fond de son atelier de menuiserie : « Aujourd'hui, je paye cinq livres par mois. Ils disent que dans cinq ans, si le propriétaire ne veut plus de nous, on va devoir partir. Alors que cet atelier est ouvert depuis plus de 50 ans. Ce souk n'a pas d'âge ! » Cinq livres, c'est moins de dix centimes d'euros. Une somme dérisoire dont profitent la plupart des commerçants du coin, comme William, vendeur d'ustensile de cuisine. « 80 % des commerces de cette rue bénéficient des anciens loyers. C'est-à-dire, une somme presque symbolique. Mais avec cette nouvelle loi, il pourrait être multiplié par cinq et tout le monde va mettre la clé sous la porte. Tout va disparaître », s'alarme-t-il. Pour certains experts comme Yahia Shawkat, chercheur en urbanisme, le paysage de certains quartiers va se diversifier avec le temps. « Certains magasins à faible valeur commerciale comme les petits tailleurs, les boutiques de jouets ou les librairies vont certainement être déplacés. Alors que d'autres, comme les restaurants, les cafés ou les pharmacies, qui rapportent plus, pourront eux s'adapter aux loyers du marché », estime-t-il. Mais ce que craint surtout le spécialiste, c'est l'agitation sociale que pourrait engendrer la nouvelle mesure. « L'application de cette loi va être compliquée. Il faut s'attendre à des confrontations publiques entre propriétaires et locataires, des confrontations physiques, qui se décideront à la loi du plus fort », pense Yahia Shawat. Un constat partagé par Mohamed, poissonnier, qui a repris l'échoppe fondée par son père dans les années 1970 : « Cette loi est injuste et contient de nombreuses violations. Presque tous ses articles vont à l'encontre de la Constitution. Dans sept ans, c'est toute l'Égypte qui va descendre dans la rue. » Le gouvernement a déjà promis des solutions de rechange aux commerçants touchés par la loi, sans donner pour le moment plus de détails. À lire aussiL'Égypte met fin au système de blocage des «anciens loyers» dérisoires mis en place sous Nasser
Intervention du samedi 13 septembre 2025 dans le cadre des veillées spirituelles Conscience soufie. A l'occasion de notre veillée spirituelle, en ouverture de la saison 2025-2026, nous célébrons ensemble l'événement du Mawlid, l'anniversaire de la naissance du Prophète Muhammad, Grâce et Paix sur lui. « À la source de la nature muhammadienne : quel est notre type spirituel ? » avec Éric Geoffroy, qui nous parlera de la nature spirituelle de l'Envoyé. Il déclinera pour nous les divers aspects de cette nature ; nous portons tous en nous l'être muhammadien, mais quelle modalité de sa nature spirituelle guide notre quête ? Éric Geoffroy est professeur émérite d'islamologie à l'Université de Strasbourg, et membre de l'Académie Arabe du Caire. Spécialiste du soufisme, il est président de l'association Conscience Soufie. Il a publié une douzaine d'ouvrages traduits en différentes langues. Retrouvez tous ses ouvrages sur : https://www.eric-geoffroy.net/ Pour plus d'information: https://consciencesoufie.com/
Au Caire, dans un passage couvert oublié du centre-ville, subsiste un petit salon de manucure hors du temps. Derrière sa devanture vintage, une légende locale veille au grain : Madame Lucie. À 88 ans, elle incarne l'époque révolue des stars de l'âge d'or de la capitale égyptienne et d'un savoir-faire inchangé depuis plus de soixante ans. De notre correspondant au Caire, Martin Dumas Primbault Pénétrer dans le salon de manucure de Madame Lucie, c'est un peu comme remonter dans le temps. Presque caché dans un passage couvert du centre-ville du Caire, l'institut exigu est resté dans son jus, depuis la devanture jusqu'au combiné de téléphone rouge qui reçoit les demandes de rendez-vous. « Moi et mon mari, on voulait travailler ensemble. En 1960, on a pris ce magasin ici. On a commencé petit parce qu'on n'avait pas d'argent. Je ne savais pas ce que voulait dire manucure. J'ai appris à ce moment-là la manucure et la pédicure », se souvient Madame Lucie. Le reste appartient à l'histoire. Aujourd'hui âgée de 88 ans, la dame d'origine arménienne a bichonné les mains des plus grandes stars égyptiennes de l'époque, comme la chanteuse Dalida, les acteurs Omar Sharif et Faten Hamama ainsi que le prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz, dont une photo avec Madame Lucie est toujours accrochée au mur. « Il venait chaque mois, toujours le vendredi à 9h30. Il arrivait à 9h20 et déambulait dans le passage puis ouvrait la porte du salon à l'heure exacte », ajoute la patronne. « Nous avons gardé les mêmes méthodes, c'est ce qui fait notre succès » Aujourd'hui, les célébrités ont laissé place à une clientèle plus anonyme. Mais l'esprit, lui, perdure grâce au fils adoptif de Madame Lucie, formé ici même : « J'ai appris avec mon père, le mari de Madame Lucie, ici dans ce salon, en 1971. Madame Lucie m'a élevé depuis l'âge de neuf ans, donc je considère que c'est ma mère ». Un héritage familial donc, mais aussi une méthode immuable. Rien n'a changé en six décennies, ni les produits, ni les gestes : « Ça, c'est l'acétone, pour enlever le vernis à ongle. Ça, c'est de l'antiseptique, pour désinfecter après avoir nettoyé et traité. Et ici, on a de l'eau oxygénée pour enlever les peaux mortes. Nous avons gardé la même décoration et les mêmes méthodes, c'est ce qui fait notre succès », poursuit le fils de l'esthéticienne. Et pour l'ambiance, une radio d'époque coincée entre les solvants et les produits de beauté diffuse les grandes voix du passé. « On n'écoute que les chansons d'antan. Rien de nouveau. Mais tous ces chanteurs sont morts, maintenant », regrette la patronne. Elle, en revanche, est toujours là. Tous les matins à six heures, Madame Lucie ouvre les portes de son salon, fidèle au poste. À lire aussi6 octobre 1981 : le dernier défilé du président égyptien Anouar el-Sadate
Assurances, conso, nouvelles technologies… "On en parle" vous oriente dans tout ce qui fait votre quotidien. Au programme aujourd'hui: 1. Baisse du taux hypothécaire de référence, quel impact sur les loyers? 2. Quel équilibre entre baignade et pêche sur le Léman? 3. Guichet: le burnout
durée : 00:58:14 - Cultures Monde - par : Julie Gacon, Mélanie Chalandon - De l'Égypte à l'Inde en passant par la Turquie, les collecteurs constituent un rouage essentiel de la collecte et du traitement des déchets. Ils n'en demeurent pas moins stigmatisés socialement et sont menacés par les réformes des filières formelles. - réalisation : Vivian Lecuivre - invités : Rémi de Bercegol géographe, chercheur au CNRS affilié au laboratoire PRODIG (Pôle de recherche pour l'organisation et la diffusion de l'information géographique) et chef du département de sciences sociales de l'Institut Français de Pondichéry; Bénédicte Florin Maîtresse de conférences en géographie à l'université de Tours, rattachée à l'Équipe Monde arabe et Méditerranée du laboratoire de recherche CITERES (CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés) et lauréate d'une chaire en médiation scientifique de l'Institut Universitaire de France (2025-2030) sur les questions liées aux déchets et au recyclage; Mathieu Durand géographe, professeur en aménagement du territoire et urbanisme à l'université du Mans, directeur-adjoint du réseau CNRS « Déchets, Valeurs et Sociétés » et du laboratoire ESO (Espaces et SOciétés)-Le Mans
Une nouvelle vague du cinéma soudanais a émergé depuis 2019, portant les fruits de ce qui a été amorcé en 2010 comme un renouveau du mouvement cinématographique au Soudan. Quelques films remarquables ont précédé et accompagné la chute du régime d'Omar el-Béchir. La révolution artistique était déjà en marche. Parler des arbres, le documentaire de Suhaib Gasmelbari a été tourné d'une manière indépendante et sans autorisation préalable du pouvoir en place. Ce pouvoir avait fermé les salles de cinéma pour plaire aux islamistes. Il a exclu toute aide à la production. Pourtant, le jeune cinéma a pointé son nez et a fait sa sortie au grand jour, en même temps que le Hirak, le mouvement de la population dans les rues de Khartoum. En février 2019, le premier film de Suhaib Gasmelbari, Parler des arbres, est récompensé du prix du meilleur documentaire à la Berlinale. Son réalisateur accompagne avec tact quatre cinéastes soudanais de l'ancienne génération, qui essaient de projeter des films à travers le pays malgré l'interdiction imposée par le pouvoir. Et cette génération ne cesse de récolter des prix et annonce ainsi la naissance d'une nouvelle ère du cinéma soudanais. La même année, Tu mourras à 20 ans, d'Amjad Abou Alla, un premier film également, poétique et puissant, est projeté à la Mostra de Venise. Il sera très bien accueilli par les critiques. Depuis, une série de films marquants se fraient une place sur la scène internationale. Goodbye Julia de Mohamed Kordofani est l'exemple le plus parlant. Il a été projeté au Festival de Cannes en 2023 dans la compétition « Un certain regard ». Il a eu le prix de la mise en scène, ainsi que le prix parallèle de la liberté, avant de récolter au total 62 prix. Il raconte la déchirure du Soudan, à travers l'histoire de deux femmes au moment de la séparation du Soudan du Sud : « Le Soudan est un pays qui a toujours été intellectuellement fermé. Il a été toujours présent dans les bulletins d'informations avec des images d'atrocités et de destruction. Depuis notre indépendance, on passe d'une guerre à l'autre… Je pense que l'une des raisons du succès de mon film, est le fait qu'il soit mondialement apprécié, c'est parce que je montre le quotidien et la vie du citoyen. Cela donne au spectateur un accès au côté humain d'un Soudanais et permet de comprendre les dynamiques qui conditionnent ses relations avec les autres ». Les femmes ont fait leur entrée massivement dans le domaine. Elles expérimentent à leur tour cette liberté acquise. Sara Suliman, explore dans son documentaire Corps héroïques (2022), un thème jadis tabou : « Dans Corps héroïques, nous évoquons les corps et les mouvements du corps dans le mouvement féministe soudanais. Il était très important pour moi d'utiliser le mot corps dans le titre. C'est un mot sur lequel il y a beaucoup d'objection. Lors des entretiens pour le film, j'ai senti que les invitées de l'ancienne génération ont été un peu gênées de l'employer. Elles avaient des réserves, avec toujours ce sentiment que le corps implique un seul sens, celui de la sexualité. Il était donc très important de mettre fin à ses réserves et de changer toutes les choses négatives liées à ce mot. Il est très important de libérer les mots avant de libérer le corps ». Le conflit soudanais de 2023, a contraint cependant de nombreux cinéastes à s'exiler. Sara Suleiman vit actuellement à Londres. Mohamed Kordofani est à Bahrein, où il finalise l'écriture de son second film. Quant à Amjad Abou Alla, qui l'a produit, il est au Caire et travaille également sur deux nouveaux films. L'un d'eux se passe à Khartoum et se déroule sur une seule journée. Le nouveau cinéma soudanais est un cinéma d'espoir. L'espoir est son dénominateur commun. Au-delà des films, l'espoir est la devise la plus chère au peuple soudanais. À lire aussiL'émergence d'un cinéma soudanais depuis la Révolution [1/2]
Le Patient Anglais, The English Patient, dʹAnthony Minghella sorti en 1996 est un film passionnant, passionnel, qui a touché le cœur de million de spectatrices et de spectateurs et récolté une floppée dʹOscars. Tiré dʹun roman, lʹHomme flambé de Michael Ondaatje, Le Patient anglais raconte une histoire dʹamour fou sur fond de Seconde Guerre mondiale Une histoire entre les sables du Sahara, les rues grouillantes du Caire, et les collines verdoyantes de la Toscane. Un conte fait dʹintrigues et dʹaventures où des personnages se croisent autour dʹun homme, énigmatique, un grand brûlé qui, étonnamment, va bouleverser le cours de leur vie. Amoureux du roman, Anthony Minghella en tire un film épique qui porte en lui le souffle de Casablanca et de Lawrence dʹArabie. Un film à grande échelle avec un casting exceptionnel : Ralph Fiennes dans le rôle du patient anglais Kristin Scott Thomas, Juliette Binoche, Willem Dafoe, Colin Firth et Naveen Andrews. Et ça plaît. Lyrique, épique, romantique, le film détonne dans le paysage cinématographique des années 90. Il est plébiscité par la critique et par le public. Il reçoit de nombreux Oscars en 1997 dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur son, de la meilleure musique, de la meilleure actrice de second rôle pour Juliette Binoche et le césar du Meilleur film étranger. Le Patient anglais, ce sont des êtres détruits qui tente le tout pour le tout dans ce monastère toscan en 1945 pour se reconstruire, enfin, et raconteur leur vérité. Il ne nous reste plus mettre nos oreilles dans leurs pas et à suivre leur destinée. REFERENCES Le making of https://www.youtube.com/watch?v=cshbPTP9FeA masterclass avec Anthony Minghella https://www.youtube.com/watch?v=dZbuxAYt2Z0 Antony Minghella reading The English patient fort the first Time https://www.youtube.com/watch?v=bzsAa0I-tmc The English Patient: Author Michael Ondaatje and Director Anthony Minghella interview (1996) https://www.youtube.com/watch?v=ScjsILH9Ud4
Épisode diffusé en juillet 2024
Il est né dans l'Égypte de Gamal Abdel Nasser, donc la dictature, ça le connaît. Il s'est opposé à l'autoritarisme d'Hosni Mobarak, est devenu une figure dérangeante et emblématique de la révolution égyptienne. Puis interdit de publication, en 2016, il claque la porte du pays pour se réfugier aux États-Unis. Né au Caire et dans les livres de papa, né pour raconter notre condition humaine, Alaa El Aswany (c'est bien lui) est traduit en 37 langues. (Rediffusion) Depuis J'ai couru vers le Nil, jusqu'au Soir d'Alexandrie qui vient de sortir en passant par L'immeuble Yacoubian, c'est un empêcheur d'oppresser en rond, que nous recevons. L'histoire d'un amoureux de la littérature, fâché avec la pensée unique, qui ne sort jamais sa plume sans se faire accompagner de deux divas, Oum Kalthoum sur le guéridon, Edith Piaf sur la véranda. Lui et sa double culture n'aiment rien tant que la liberté, bref, c'est un tendre, mais qui a la dent dure.
Chaque jour, retrouvez le journal de 8h de la rédaction d'Europe 1 pour faire le tour de l'actu.Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
durée : 00:59:33 - Les Fictions - Avignon - En trois histoires, le théâtre de Naguib Mahfouz restitue la vie sociale d'une ville tentaculaire en pleine mutation. Un directeur d'hôtel, un conducteur de train et en rêveur violenté par ses visites nocturnes rendent compte du fourmillement du Caire. Avec Reda Kateb.
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durée : 00:51:50 - Le Cours de l'histoire - par : Xavier Mauduit, Maïwenn Guiziou - Depuis l'Antiquité romaine, pharaons, reines et rois égyptiens sont source de fascination, tant en Occident qu'en Égypte même. Le goût mamelouk du Caire médiéval séduit également les collectionneurs et architectes du XIXe siècle. Comment expliquer la longévité de l'égyptomanie ? - réalisation : Alexandre Manzanares - invités : Mercedes Volait Chercheuse à l'INHA, l'Institut national d'histoire de l'art; Frédéric Mougenot Conservateur des antiquités et céramiques au Palais des Beaux-Arts de Lille
durée : 00:58:12 - Cultures Monde - par : Julie Gacon, Mélanie Chalandon - Grâce aux eaux du Nil, une vaste zone agricole s'est développée dans le delta, devenu le poumon économique du pays. Mais face aux besoins d'une population croissante, les politiques actuelles visent à étendre les activités agricoles vers les zones désertiques en acheminant les eaux du fleuve. - réalisation : Cassandre Puel - invités : Delphine Acloque Docteure en géographie, chargée de mission au Centre d'études et de prospective (CEP) du Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire à Paris; Wahel Rashid Doctorant à l'Institut Français de Géopolitique (IFG); Florian Bonnefoi Docteur en géographie, chercheur post doctorant au Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales au Soudan (CEDEJ) de Khartoum, relocalisé au Caire