Podcast appearances and mentions of jean paul demoule

  • 30PODCASTS
  • 56EPISODES
  • 1h 10mAVG DURATION
  • 1MONTHLY NEW EPISODE
  • Nov 8, 2024LATEST

POPULARITY

20172018201920202021202220232024


Best podcasts about jean paul demoule

Latest podcast episodes about jean paul demoule

Storiavoce
Aux origines de l'archéologie, avec Jean-Paul Demoule

Storiavoce

Play Episode Listen Later Nov 8, 2024 45:27


Faites un don et recevez un cadeau : http://don.storiavoce.com/ Afin de répondre au vandalisme des révolutionnaires, le fameux abbé Grégoire (1750-1831) développa la notion de "patrimoine". Son idée était de combattre les destructions et les déprédations des œuvres d'arts perpétrés durant la période la plus sombre de la Révolution. Il s'agissait non seulement lui de défendre le patrimoine existant mais aussi le patrimoine à venir. Une telle idée, en soit, n'était pas nouvelle. On la retrouve dans l'Antiquité grecque (Pausanias) et romaine (Auguste) mais aussi dans l'Antiquité tardive au VIe siècle, chez l'érudit Cassiodore : faisant face aux ruines de Rome, ce dernier cherche les moyens de "les protéger et d'établir un pacte entre passé et présent". Peu à peu, au delà même de la préservation des sources écrites du passé, s'impose l'idée d'une préservation des pierres. On ne parlait pas encore d'archéologie, mais les principes étaient établis. Notre invité : professeur émérite d'archéologie à l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, Jean-Paul Demoule est aussi membre honoraire de l'Institut universitaire de France et ancien président de l'Inrap. Spécialiste du néolithique et du rôle social de l'archéologie, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Il vient de publier avec Alain Schnapp Qui a peur de l'archéologie ? La France face à son passé (Belles Lettres, 346 p., 21,90 €). *** Facebook : https://www.facebook.com/HistoireEtCivilisationsMag Instagram : https://www.instagram.com/histoireetcivilisations/ Twitter : https://twitter.com/Storiavoce

Librairie Mollat
Archives Sonores - Philippe Sollers et Erich Lessing - Femmes : mythologies

Librairie Mollat

Play Episode Listen Later Aug 30, 2024 75:59


"Femmes : mythologies" aux éditions de l'Imprimerie Nationale. Avec les interventions de plusieurs auteurs du livre dont Jean-Paul Demoule, Anne-Marie Christin, Jean-Louis Huot, Pascal Vernus ainsi que Jean-Marc Dabadie, directeur des éditions de l'Imprimerie Nationale. Entretien avec Jean-Marie Planes. Rencontre enregistrée le 12 octobre 1994.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Histoires d'A
Anthropologie Anarchiste avec Jean-Paul Demoule

Histoires d'A

Play Episode Listen Later Jun 11, 2024 61:06


Partons à la découverte de l'histoire de l'humanité où il y a peut-être des trésors à trouver dans les sociétés humaines en compagnie de J'ean-Paul Demoule, archélogue.Comment faisaient les sociétés avant l'invention de l'État ?Existe-t-il des sociétés qu'on pourrait qualifier d'anarchistes ? Bibliographie de l'épisodeJean-Paul Demoulehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Demouleconférence sur l'anthropologie anarchistehttps://www.youtube.com/watch?v=CINLQQG-r6E&t=9s Lévi-Strausshttps://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Lévi-StraussTristes tropiqueshttps://www.cairn.info/tristes-tropiques--9782259003599.htm Marcel Mausshttps://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Mauss Robert Lowiehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Harry_Lowie Marshall Sahlinshttps://fr.wikipedia.org/wiki/Marshall_Sahlinsâge de pierre âge d'abondancehttps://www.lhistoire.fr/classique/«-age-de-pierre-âge-dabondance%C2%A0»-de-marshall-sahlins Pierre clastreshttps://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Clastres David Graeberhttps://fr.wikipedia.org/wiki/David_Graeberpour une anthropologie anarchiste Les marxistes et leur anthropologie article Maurice Gaudelierhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Godelier Claude Meillassouxhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Meillassoux Emmanuel Terrayhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Terray James Scotthttps://fr.wikipedia.org/wiki/James_C._ScottHomo domesticushttps://www.editionsladecouverte.fr/homo_domesticus-9782707199232 Zomiahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Zomia_ou_l%27Art_de_ne_pas_être_gouvernéhttps://laviedesidees.fr/Zomia-la-ou-l-Etat-n-est-pas ZADhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_à_défendreBD sur la ZAD de NDDLhttps://www.seuil.com/ouvrage/la-recomposition-des-mondes-alessandro-pignocchi/9782021421224 Rojavahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Rojava Murray Bookchinhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Murray_Bookchin Evolutionnismehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Évolutionnisme_(anthropologie) Turgothttps://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Robert_Jacques_Turgot Condorcethttps://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_de_CondorcetEsquisse d'une de l'esprit humain…https://fr.wikipedia.org/wiki/Esquisse_d%27un_tableau_historique_des_progrès_de_l%27esprit_humain Lewis H Morganhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Lewis_Henry_MorganAncient societyhttps://en.wikipedia.org/wiki/Ancient_Society Marx EngelsOrigine de la famille, de la propriéré privée et de l'étathttps://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Origine_de_la_famille,_de_la_propriété_privée_et_de_l%27État Fonctionnalismehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Fonctionnalisme_(sciences_sociales) Structuralismehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Structuralisme#:~:text=Le%20structuralisme%20est%20un%20ensemble,forme%20de%20l'objet%20étudié Bronislav manilovskyhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Bronisław_MalinowskiKulahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Kula_(Nouvelle-Guinée) Alain Testarthttps://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Testart Fukuyamahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Francis_Fukuyama Ravacholhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Ravachol Occupy Wall Streethttps://fr.wikipedia.org/wiki/Occupy_Wall_Street Gonzales ruibalhttps://www.babelio.com/auteur/Alfredo-Gonzlez-Ruibal/553486 David Waingrow David Graeberhttps://fr.wikipedia.org/wiki/David_Graeber au commencement était…https://www.editionslesliensquiliberent.fr/livre-Au_commencement_était-672-1-1-0-1.htmlhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Au_commencement_était… Gordon Childehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Vere_Gordon_Childethe dawn of european civilization dinastie des tarquinshttps://fr.wikipedia.org/wiki/Tarquins#:~:text=Les%20Tarquins%20sont%20une%20dynastie,%2DC. grece tyrans pisistratehttps://odysseum.eduscol.education.fr/pisistrate-tyran-athenes communauté dans le Mir en russiehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Mir_(communauté) Johann Jakob Bachoffenhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Johann_Jakob_Bachofendas mutterrecht Marija Gimbutashttps://fr.wikipedia.org/wiki/Marija_Gimbutas Déesse Wiccahttps://fr.wikipedia.org/wiki/Wicca Le langage de la déessehttps://www.desfemmes.fr/essai/le-langage-de-la-deesse/ Heide Goettner-Abendrothles sociétés matriarcaleshttps://www.desfemmes.fr/essai/les-societes-matriarcales/ le mythe de Pandorehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Pandore Hatchepsouthttps://fr.wikipedia.org/wiki/Hatchepsout Catherine de Medicishttps://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_de_Médicis Marie-Antoinettehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Antoinette_d%27Autriche Catherine de Russiehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_II Les esclaves marrons au Brésilhttp://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/quilombo#:~:text=Les%20esclaves%20marrons%20(en%20fuite,Leurs%20habitants%20sont%20les%20quilombolas. le grand marais lugubrehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_marais_lugubre

Visages
Jean Paul Demoule , Préhistorien . Ces 10 000 ans qui ont changé le monde

Visages

Play Episode Listen Later Dec 31, 2023 58:04


Les découvertes concernant la Préhistoire ont été considérables depuis le début de notre XXIe siècle, et ce, grâce, notamment à la génétique, à l'archéologie préventive et aux technologies toujours plus performantes. Jean Paul Demoule est archeologue, préhistorien spécialiste de la protohistoire, cette période intermédiaire entre la Préhistoire et l'histoire marquée par l'écriture.Il connaît particulièrement bien ce que l'on appelle "la révolution néolithique", ce passage qu'on vécu nos ancêtres chasseurs-cueilleurs il y a 10 000 ans vers la sédentarisation .Pour Jean Paul Demoule : « au-delà, du plaisir de la découverte ou de la connaissance érudite, notre Préhistoire est aussi une source de réflexion permanente sur notre destinée ».

Concordance des temps
Migrants : pour une longue histoire

Concordance des temps

Play Episode Listen Later Feb 18, 2023 60:25


durée : 01:00:25 - Concordance des temps - par : Jean-Noël Jeanneney - Les habitants de la Terre n'ont pas cessé de changer d'environnement, de gré ou de force. Jean-Paul Demoule revient sur ce phénomène à la lumière de la très longue durée et à hauteur de la planète tout entière. - invités : Jean-Paul Demoule Archéologue et préhistorien français. Professeur émérite de protohistoire européenne à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, membre honoraire de l'Institut universitaire de France et ancien président de l'Inrap

Andruck - Deutschlandfunk
Jean-Paul Demoule: "Homo migrans"

Andruck - Deutschlandfunk

Play Episode Listen Later Jul 11, 2022 7:09


Krause, Suzannewww.deutschlandfunk.de, Andruck - Das Magazin für Politische LiteraturDirekter Link zur Audiodatei

La Terre au carré
Les espèces exotiques : la forêt française est-elle en danger ?

La Terre au carré

Play Episode Listen Later Jun 15, 2022 28:00


durée : 00:28:00 - La Terre au carré - par : Mathieu Vidard - L'introduction des essences exotiques est l'une des solutions pour adapter la forêt française au réchauffement climatique. Or, l'introduction de ces espèces n'est pas sans danger pour le milieu forestier. Rediffusion de l'émission du mercredi 30 mars 2022. - invités : Jean-Paul Demoule, Evelyne Heyer - Jean-Paul Demoule : Archéologue, professeur de protohistoire, Evelyne Heyer : biologiste française et professeure d'anthropologie génétique au Muséum national d'histoire naturelle.

Le fil sciences
Les espèces exotiques : la forêt française est-elle en danger ?

Le fil sciences

Play Episode Listen Later Jun 15, 2022 28:00


durée : 00:28:00 - La Terre au carré - par : Mathieu Vidard - L'introduction des essences exotiques est l'une des solutions pour adapter la forêt française au réchauffement climatique. Or, l'introduction de ces espèces n'est pas sans danger pour le milieu forestier. Rediffusion de l'émission du mercredi 30 mars 2022. - invités : Jean-Paul Demoule, Evelyne Heyer - Jean-Paul Demoule : Archéologue, professeur de protohistoire, Evelyne Heyer : biologiste française et professeure d'anthropologie génétique au Muséum national d'histoire naturelle.

Par Jupiter !
L'artiste plasticienne Sophie Calle

Par Jupiter !

Play Episode Listen Later Apr 5, 2022 50:50


durée : 00:50:50 - Par Jupiter ! - par : Charline Vanhoenacker, Alex VIZOREK - Bonjour la France Inter ! Aujourd'hui, Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek reçoivent l'artiste plasticienne Sophie Calle pour son exposition Les fantômes d'Orsay conçue en collaboration avec Jean-Paul Demoule au Musée d'Orsay du 15 mars au 12 juin. - invités : Sophie Calle - Sophie Calle : plasticienne, photographe, écrivain et réalisatrice - réalisé par : François AUDOIN

Carbone 14, le magazine de l'archéologie
Pour une histoire globale des migrations

Carbone 14, le magazine de l'archéologie

Play Episode Listen Later Mar 26, 2022 29:51


durée : 00:29:51 - Carbone 14, le magazine de l'archéologie - par : Vincent Charpentier - Une fois n'est pas coutume, un des grands thèmes de recherche archéologique est au cœur des préoccupations mondiales : les migrations ! Discussion avec Jean-Paul Demoule, archéologue et préhistorien, professeur émérite à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. - invités : Jean-Paul Demoule Archéologue et préhistorien français. Professeur émérite de protohistoire européenne à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, membre honoraire de l'Institut universitaire de France et ancien président de l'Inrap

FranceFineArt

“Sophie Calle Et son invité Jean-Paul Demoule“Les fantômes d'Orsayau Musée d'Orsay, Parisdu 15 mars au 12 juin 2022Interview de Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains au musée d'Orsay, et de Jean-Paul Demoule, archéologue et invité de Sophie Calle,par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 14 mars 2022, durée 13'32.© FranceFineArt. Communiqué de presseExposition conçue par l'artiste, en collaboration avec Jean-Paul Demoule, archéologue, sur proposition de Donatien Grau, conseiller pour les programmes contemporains au musée d'Orsay.En 1978, la gare d'Orsay et son hôtel avaient été désertés. Les travaux de construction du futur musée n'avaient pas encore commencé. C'est à ce moment que Sophie Calle a poussé une porte qui a cédé et s'est choisi comme abri une chambre à l'abandon, la 501. Elle y a passé des journées entières, pendant plusieurs mois, avant son départ pour Venise qui devait marquer le début de son oeuvre à venir. Pendant ce séjour, elle ressentit la désolation d'un lieu, comme un espace archéologique où tout avait été délaissé. Elle prit des photos, y invita ses amis, rassembla des documents, des objets, les fiches des clients qui étaient autant de vies ouvertes, les notes adressées à un employé de l'hôtel, nommé Oddo, dont elle imagina l'identité. On peut dire qu'à certains égards, Sophie Calle a développé sa méthode dans l'hôtel d'Orsay.Elle a gardé jusqu'à présent les éléments saisis lors de sa prospection, issus d'un lieu en voie de disparition. Tous ces « trophées » – suivant son terme – l'ont accompagnée pendant plus de quarante années, comme autant de fantômes d'un monde qui n'existait plus.Lors du confinement, l'idée naquit d'une évocation de l'hôtel et du musée qui lui avait succédé. C'est ainsi qu'est né le projet Les fantômes d'Orsay, comme un retour de l'artiste sur ses traces, comme une quête dans le passé afin de trouver la clef d'une énigme irrésolue qui trouvait dans la figure d'Oddo son symbole.Sophie Calle a donc repris son cheminement, en venant confronter l'hôtel et le musée, tous deux assemblés dans cette exposition-retour. Dans l'hôtel, on découvrira les traces personnelles de l'expérience vécue par Sophie Calle et par toutes celles et tous ceux qui y séjournèrent, y travaillèrent, et dont elle a ramassé les signes infimes et émouvants ; on verra, assemblées comme des pièces conceptuelles, les fiches de clients dont elle s'était fait la détentrice. Les objets, commentés par le grand anthropologue Jean-Paul Demoule, deviennent des objets de fouilles et des ready-made, traces d'un passé si proche dans le temps et néanmoins si lointain.Sophie Calle revient à Orsay en plein confinement, alors que les oeuvres somnolent et qu'elle est alors de nouveau seule dans cet espace qu'elle avait habité. Elle cherche à mettre en lumière les tableaux dans la pénombre. Dans ses photos, on les percevra comme jamais. [...]Publication : L'ASCENSEUR OCCUPE LA 501. Sophie Calle avec Jean-Paul Demoule Edition : Actes Sud. Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out.

C'est pas du vent
«La Terre en héritage» au Musée des Confluences à Lyon

C'est pas du vent

Play Episode Listen Later Dec 31, 2021 48:30


Émission enregistrée au coeur de l'exposition. Quel est le lien entre une bouteille en terre cuite égyptienne du néolithique et une bouteille en plastique de soda ? Ce sont les traces de notre manière d'habiter la Terre. C'est ce que questionne l'exposition «La Terre en héritage, du Néolithique à nous», au musée des Confluences à Lyon. De la sédentarisation, il y a 10 000 ans à la mondialisation aujourd'hui, nos modes de vie bouleversent les équilibres environnementaux. Notre adaptation a fait notre succès, saurons-nous affronter la suite ?  Invités :  - Jean-Paul Demoule, archéologue et préhistorien, professeur émérite de Protohistoire européenne à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) - Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l'environnement, chargé de recherches au CNRS (EHESS-CRH) - Michel Lussault, géographe, professeur d'Études urbaines ENS Lyon, Université de Lyon - directeur de l'École urbaine de Lyon. (REDIFFUSION)

Les Racines du présent
Les questions de la préhistoire sont nos questions d'aujourd'hui

Les Racines du présent

Play Episode Listen Later Dec 19, 2021 59:07


Pourquoi les espèces humaines ont-elles évolué ? Pourquoi Homo Erectus est-il sorti d'Afrique ? Qui a inventé le feu ? Quand et comment Sapiens, notre aïeul, a-t-il conquis la terre ? Pourquoi Néandertal a-t-il disparu ? Continuons-nous à évoluer ? Les questions sur la préhistoire sont aussi des questions sur nous-mêmes... Pour en parler, Frédéric Mounier reçoit Jean-Paul Demoule, archéologue, professeur émérite de protohistoire européenne à l'université de Paris-I, membre honoraire de l'Institut universitaire de France. Il est l'auteur de "La préhistoire en 100 questions" (éd. Tallandier). 

Bibliothèque nationale de France - BnF
Comment écrire l'histoire aujourd'hui #4 Quand la médecine et l'archéologie explorent l'histoire : l'apport des sciences expérimentales pour comprendre le passé

Bibliothèque nationale de France - BnF

Play Episode Listen Later Nov 18, 2021 82:43


{Conférence de Philippe Charlier et Jean-Paul Demoule}Un nouveau cycle de conférences invite historiennes et historiens à exposer leurs méthodes et outils de travail afin d'interroger la façon dont ils écrivent l'histoire, entre faits et interprétation.Avec Philippe Charlier, médecin, anthropologue, archéologue, directeur du département de la recherche et de l'enseignement au musée du Quai Branly – Jacques Chirac, et Jean-Paul Demoule, archéologue, préhistorien, professeur émérite de protohistoire européenne à l'université Paris 1 et ancien président de l'InrapConférence enregistrée le 17 novembre 2021 à la BnF I François-Mitterrand Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out.

Arcana
Archéologie interdite - La mise à jour 2.0

Arcana

Play Episode Listen Later Jun 8, 2021 200:47


Bonjour à tous, comme vous le savez, je traite de plusieurs thématiques sur ma Web TV, notamment d'Histoire et d'Archéologie. Il est important lorsque l'on étudie ses sujets d'accepter la remise en question permanente de ses propres croyances et de développer une méthodologie de recherches basée sur les sources textuelles et archéologiques afin d'arriver à des théories pertinentes et ne pas sombrer dans les hypothèses hasardeuses.    Il y'a deux ans (juin 2018), je vous avais proposé une première émission de mise à jour afin de faire le bilan et surtout de vous présenter l'évolution progressive de mon travail. Aujourd'hui nous allons faire la même chose.  Je vous propose une émission basée sur l'échange ou je répondrai à vos questions et j'apporterais également quelques compléments a certaines de mes émissions, toujours dans une démarche d'amélioration.  Accès à la vidéo : https://youtu.be/l2sitRYNqhY  ▶ Soutenir le podcast sur Tipeee : https://www.tipeee.com/arcana-mysteres-du-monde    ▶ Liste des Accademia : http://arcanatv.fr/liste-des-accademia   

Films récents - FilmsDocumentaires.com
Jean-Paul Demoule, un grain de raison dans une amphore

Films récents - FilmsDocumentaires.com

Play Episode Listen Later May 27, 2021


Les images qui jalonnent le parcours de Jean-Paul Demoule, archéologue protohistorien, ont un caractère énigmatique : vestiges de poteaux d’une maison néolithique, statuettes féminines paléolithiques ou néolithiques exagérément sexuées, statue-menhir d’homme en armes, portrait du Fayoum, restes d’un « Déjeuner sous l’herbe » enterrés par l’artiste contemporain Daniel Spoerri.Trouvés sur un site bulgare, en Egypte ou en France, ces objets lointains racontent fragmentairement l’histoire de notre humanité et l’émergence de l’art. Encore faut-il les préserver de la destruction, ce à quoi se consacre l’Inrap, l’Institut de recherches archéologiques préventives, que Jean-Paul Demoule a contribué à créer et longtemps dirigé.

C'est pas du vent
C'est pas du vent - «La Terre en héritage» au Musée des Confluences à Lyon

C'est pas du vent

Play Episode Listen Later Apr 9, 2021 48:30


Émission enregistrée au coeur de l'exposition. Quel est le lien entre une bouteille en terre cuite égyptienne du néolithique et une bouteille en plastique de soda ? Ce sont les traces de notre manière d'habiter la Terre. C'est ce que questionne l'exposition «La Terre en héritage, du Néolithique à nous», au musée des Confluences à Lyon. De la sédentarisation, il y a 10 000 ans à la mondialisation aujourd'hui, nos modes de vie bouleversent les équilibres environnementaux. Notre adaptation a fait notre succès, saurons-nous affronter la suite ?  Invités :  - Jean-Paul Demoule, archéologue et préhistorien, professeur émérite de Protohistoire européenne à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) - Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l’environnement, chargé de recherches au CNRS (EHESS-CRH) - Michel Lussault, géographe, professeur d'Études urbaines ENS Lyon, Université de Lyon - directeur de l’École urbaine de Lyon.

Collège de France (Histoire)
06 - La peste noire - VIDEO

Collège de France (Histoire)

Play Episode Listen Later Feb 9, 2021 70:15


Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

Patrice BoucheronCollège de FranceAnnée 2020-2021La peste noireDepuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l'histoire de la peste noire, par les réponses qu'ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu'ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l'appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d'une réflexion sur l'hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s'en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme.SommaireUn cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu'où faut-il mener l'histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d'un amateur de sciences, 2006)« La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde« Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009)Desserrer l'étau d'une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l'histoire. Remarques sur l'œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009)Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d'un textualisme péremptoire« Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-MatchUne expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l'histoireQu'est-ce qu'une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d'un fait nouveau ; mais je pense que c'est l'idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865)Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997)Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sicknessLe rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen ÂgeLes maladies ont une histoire : sur l'historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993)Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l'histoire des maladies, 2016)La septième pathocénose : un outil de périodisationQuand Yersinia pestis n'a pas besoin de nous : « l'homme n'est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d'un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d'une étude historique des maladies », Annales, 1969)Londres, 1348 : le cimetière d'East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011)Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu'est-ce qu'un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020)La collection ostéologique d'East-Smithfield : bioarchéologie de l'état sanitaire des populations (Sharon DeWitte)Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L'ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021)Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l'homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017)Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d'une biologisation de l'anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d'origine de l'Occident, 2014)La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l'évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011)2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011)Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladiesDe la peste justinienne à l'âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l'âgeDu stemma codicum à l'arbre phylogénétique : l'étrange familiarité d'une forme graphiqueLa peste justinienne et la peste noire de part et d'autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016)Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020)Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noireLa carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentairesRetour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ?« Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l'âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

Collège de France (Histoire)
06 - La peste noire

Collège de France (Histoire)

Play Episode Listen Later Feb 9, 2021 70:15


Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

Collège de France (Général)
06 - La peste noire

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Feb 9, 2021 70:15


Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

Collège de France (Général)
06 - La peste noire - VIDEO

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Feb 9, 2021 70:15


Patrice Boucheron Collège de France Année 2020-2021 La peste noire Depuis dix ans, les progrès de la paléogénomique relancent l’histoire de la peste noire, par les réponses qu’ils apportent, mais surtout par les nouvelles questions qu’ils ouvrent. En tentant de comprendre le cadre épistémologique qui préside à la reconstitution phylogénétique de Yersinia pestis, on l’appréhende à la fois comme outil de périodisation et comme épreuve d’une réflexion sur l’hétérogénéité des régimes documentaires. Le programme de recherche sur la peste noire s’en trouve redéfini, entre naturalisme et constructivisme. Sommaire Un cadavre exquis : Ramsès II au Val-de-Grâce en 1976 Un pharaon peut-il mourir de la tuberculose ? (Bruno Latour, « Jusqu’où faut-il mener l’histoire des découvertes scientifiques ? », Chroniques d’un amateur de sciences, 2006) « La science construit ses objets » (Gaston Bachelard) : objets de connaissance, objets dans le monde « Mais quelle raison a pu conduire Latour à récuser la réponse de bon sens ? » (Paul Boghossian, La Peur du savoir. Sur le relativisme et le constructivisme de la connaissance, 2009) Desserrer l’étau d’une opposition binaire entre réalités naturelles et construits sociaux (Étienne Anheim et Stéphane Gioanni, « La nature, la construction sociale et l’histoire. Remarques sur l’œuvre de Ian Hacking » dans Michel de Fornel et Cyril Lemieux dir., Naturalisme vs constructivisme, 2009) Constructivisme des faits et nominalisme radical : les séductions d’un textualisme péremptoire « Nos savants au secours de Ramsès II tombé malade 3 000 ans après sa mort » : la leçon de philosophie de Paris-Match Une expérience du temps historique : ouvrir le passé aux futurs de l’histoire Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? « On donne généralement le nom de découverte à la connaissance d’un fait nouveau ; mais je pense que c’est l’idée qui se rattache au fait découvert qui constitue en réalité la découverte » (Claude Bernard, Introduction à la médecine expérimentale, 1865) Trois mots anglais pour dire la maladie : illness, disease, sickness (Horacio Fabrega, Evolution of Sickness and Healing, 1997) Le pouvoir médical, ou comment, diagnostiquant un disease, on transforme illness en sickness Le rôle social du lépreux dans la société de persécution au Moyen Âge Les maladies ont une histoire : sur l’historiographie des « années SIDA » (Neithard Bulst et Robert Delort dir., Maladies et sociétés, XIIe-XVIIe siècles, 1988 ; François-Olivier Touati dir., Maladies, médecines et sociétés, 1993) Histoire de longue durée et histoire immédiate : la pathocénose comme « communauté de maladies » (Joël Coste, Bernardino Fantini et Louise Lambrichs dir., Le Concept de pathocénose de M.D. Grmek. Une conceptualisation de l’histoire des maladies, 2016) La septième pathocénose : un outil de périodisation Quand Yersinia pestis n’a pas besoin de nous : « l’homme n’est que son hôte secondaire, subsidiaire et, d’un point non anthropocentrique, peu important » (Mirko Grmek, « Préliminaires d’une étude historique des maladies », Annales, 1969) Londres, 1348 : le cimetière d’East-Smithfield (Barney Sloane, The Black Death in London, 2011) Sépultures de catastrophe et rites funéraires. Qu’est-ce qu’un cimetière de peste ? (Sacha Kacki, « Black Death: Cultures in Crisis », Encyclopedia of Global Archaeology, 2020) La collection ostéologique d’East-Smithfield : bioarchéologie de l’état sanitaire des populations (Sharon DeWitte) Depuis 2010, brève histoire de la paléogénomique (Ludovic Orlando, L’ADN fossile, une machine à remonter le temps, 2021) Quand le plus ancien en nous sert à mieux tolérer ce qui surgit de neuf : métissage, immunité innée et ingression archaïque (Lluis Quintana-Murci, « Génétique et histoire de l’homme : adaptation aux agents infectieux », dans Patrick Boucheron dir., Migrations, réfugiés, exils, 2017) Faut-il avoir peur de ce savoir ? Les mauvais souvenirs historiques d’une biologisation de l’anthropologie raciale (Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident, 2014) La tentation de fin de non-recevoir (Alain Testard, « Les modèles biologiques sont-ils utiles pour penser l’évolution des sociétés ? », Préhistoires méditerranéennes, 2011) 2011, East Smithfield : une trace de Yersinia pestis (Kirsten I. Boos et al., « A draft genome of Yersinia pestis from victims of the Black Death », Nature, 478, octobre 2011) Une seule bactérie tueuse, plusieurs maladies De la peste justinienne à l’âge de Bronze : Quand Yersinia pestis prend de l’âge Du stemma codicum à l’arbre phylogénétique : l’étrange familiarité d’une forme graphique La peste justinienne et la peste noire de part et d’autre du « silence pathologique » (Pierre Toubert, « La Peste noire (1348), entre histoire et biologie moléculaire », Journal des savants, 2016) Trois pandémies ou cinq pestes ? (Monica Green, « The Four Black Deaths », The American Historical Review, 125, décembre 2020) Un événement théorique en Asie centrale : le « Big Bang » de la polytomie avant la peste noire La carte au trésor : histoire globale et hétérogénéité des régimes documentaires Retour à Ramsès II : comment peut-on être tuberculeux sans avoir lu la Montagne magique de Thomas Mann ? « Mon corps est bien plus vieux que moi, comme si nous gardions toujours l’âge des peurs sociales auxquelles, par le hasard de la vie, nous avons touché » (Roland Barthes, Leçon, 1977).

TOTEM - L'INTERVIEW DU MATIN
JEAN_PAUL_DEMOULE_-_ITW_04_12_20_-_

TOTEM - L'INTERVIEW DU MATIN

Play Episode Listen Later Dec 4, 2020


Chaque jour, la Rédaction de TOTEM apporte un éclairage à l'actualité du jour avec son invité(e).

Camille passe au vert
Les entretiens (dé)confinés, avec Jean-Paul Demoule :"Lire le passé donne les clés pour comprendre le présent"

Camille passe au vert

Play Episode Listen Later May 26, 2020 15:09


durée : 00:15:09 - Les entretiens (dé)confinés, avec Jean-Paul Demoule :"Lire le passé donne les clés pour comprendre le présent"

Invité du jour
"L’histoire et l’archéologie sont sans cesse manipulées par certains"

Invité du jour

Play Episode Listen Later Mar 9, 2020 13:18


L’archéologue Jean-Paul Demoule est notre invité, à l’occasion de la sortie de son livre "Aux origines, l'archéologie : une science au cœur des grands débats de notre temps" (Ed. La découverte). Dans cet ouvrage, l’ancien président de l’Institut national de recherches archéologiques préventives, s’interroge sur le rôle de sa discipline.

institut national du patrimoine
Patrimoine et archéologie préventive au Japon, Laurent Nespoulous

institut national du patrimoine

Play Episode Listen Later Feb 27, 2020 57:41


Laurent Nespoulous présente l'archéologie et la notion de patrimoine au Japon, de la fin du XIXe siècle à aujourd'hui. Laurent Nespoulous, Maître de conférence INALCO, UMR8215-Trajectoires (CNRS, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne)Docteur en Archéologie; chercheur détaché au Ministère des Affaires Étrangères et Européennes (République Française, Maison Franco-Japonaise) ; rattaché à Institut Français de recherche sur le Japon (UMIFRE 19 CNRS – MAEE, -Maison Franco-Japonaise), depuis septembre 2012 ; -Associé au Centre d'Études Japonaises (EAD 1441, Inalco), depuis 2008 ; Associé au Laboratoire Trajectoires De la Sédentarité à l'État (UMR 8215, Paris 1 Panthéon-Sorbonne), depuis 2008 ; Associé au Laboratoire d'Archéologie de l'Université d'Ôsaka, depuis 2008 ; Secrétaire de Rédaction de la revue Cipango – Cahiers d'études japonaises, depuis 2009 BibliographieDemoule Jean-Paul et Souyri Pierre-François (dir.), 2008, Archéologie et Patrimoine au Japon, MSH, Paris, 2008. Inada Takashi :2008, « Lois, administrations et mouvements pour la protection des sites archéologiques au Japon », in Demoule Jean-Paul et Souyri Pierre-François (dir.), 2008, Archéologie et Patrimoine au Japon, Paris, MSH, p. 119-132.2015, « L'évolution de la protection du patrimoine au Japon depuis 1950 : sa place dans la construction des identités régionales », Ebisu Études Japonaises, no 52, p. 21-46. Kikuchi Yoshio & Nespoulous Laurent, 2015, « Un musée des désastres à Fukushima », Ebisu Études japonaises, no 52, p. 47-88. Marquet Christophe :2002, « Le Japon moderne face à son patrimoine artistique », Cipango Cahiers d'études japonaises, hors- série « Mutations de la conscience dans le Japon moderne », 243-305.2008, « Sur la notion de patrimoine archéologique et artistique à l'aube du Japon moderne », in Demoule & Souyri (dir.), Archéologie et Patrimoine au Japon, Paris, MSH, 107-117. Marquet Christophe, Nanta Arnaud et Nespoulous Laurent (dir.), 2015, Ebisu Études japonaises, numéro spécial « Patrimonialisation et Identités en Asie orientale », no 52. Nespoulous Laurent :2004, « Mémoire, tradition, symbole et archéologie impériale Évolution de l'archéologie des tertres protohistoriques de la Restauration impériale à la fin des années 1930 », Ebisu Études japonaises, no 32, p. 3-24.2012, « Memories from beyond the past Grasping with prehistoric times in Japan: Birth and evolution of an “archaeological consciousness” (17th to 20th centuries) », in Caroli R. & Souyri P.-F. (eds), East Asia History in Debate, Venise, Ca Foscari University Press, 107-118.2017, « De l'empire à la nation, de la nation aux régions Construction de l'archéologie préventive au Japon », in Manolakakis Laurence, Schlanger Nathan et Coudart Anick (dir.), Archéologie européenne Identités et migrations, ouvrage en hommage à Jean-Paul Demoule, Leiden, Sidestone Press, p. 113-129. Schlanger Nathan, Nespoulous Laurent & Demoule Jean-Paul, 2016, « Year 5 at Fukushima: a ‘disaster-led' archaeology of the contemporary future », Antiquity, no 90.350, 409-424.

Carbone 14, le magazine de l'archéologie
Archéologie : science politique ?

Carbone 14, le magazine de l'archéologie

Play Episode Listen Later Feb 16, 2020 29:18


durée : 00:29:18 - Carbone 14, le magazine de l'archéologie - par : Vincent Charpentier - Ce soir nous recevons Jean-Paul Demoule, archéologue et préhistorien français, professeur émérite de protohistoire européenne à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, membre honoraire de l'Institut universitaire de France et ancien président de l'Inrap. - réalisation : Anna Buy, Vanessa Nadjar - invités : Jean-Paul Demoule Archéologue et préhistorien français. Professeur émérite de protohistoire européenne à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, membre honoraire de l'Institut universitaire de France et ancien président de l'Inrap

TIC Talk du laboratoire LIG
Episode 07 - JP Demoule - Histoire de la transmission de l'information

TIC Talk du laboratoire LIG

Play Episode Listen Later Jan 10, 2020 64:42


Jean-Paul Demoule est professeur émérite de protohistoire européenne à l'université Paris I Panthéon Sorbonne et membre honoraire de l'Institut Universitaire de France. Nous sommes en plein coeur d'une mutation incroyable des techniques de transmissions et de production de l'information. L'humanité a déjà vécu de telles mutations, on peut penser à des périodes clés comme l'invention du langage, l'invention de l'écriture, de l'imprimerie par exemple. Ces périodes ont profondément changé les civilisations et les cultures. La discussion porte sur les parallèles et les différences qu'on peut apercevoir entre notre époque et d'autres, plus anciennes, qui remontent jusqu'à la naissance de l'humanité quant à ces problématiques. Ouvrages en lien avec la discussion : Jean-Paul Demoule, Les dix millénaires oubliés qui ont fait l'histoire - Quand on inventa l'agriculture, les chefs et la guerre, Fayard, Pluriel, 2018. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia & Alain Schnapp (dir.), Une histoire des civilisations - Quand l'archéologie bouleverse nos connaissances, La Découverte, 2018.

Matières à penser
Préhistoire et modernité (3/5) : Agriculture, trésor, nation

Matières à penser

Play Episode Listen Later Jan 8, 2020 43:44


durée : 00:43:45 - Matières à penser - Si la préhistoire est bonne à penser, ce n’est pas seulement parce qu’elle est née, comme période et comme science, en même temps que la modernité. C’est parce qu’elle met à l’épreuve notre rapport aux temps. Pour en discuter, nous accueillons ce soir avec Jean-Paul Demoule, archéologue.

Le fil sciences
L'archéologie préventive au service de la découverte de trésors archéologiques.

Le fil sciences

Play Episode Listen Later Jun 21, 2019 5:01


durée : 00:05:01 - Les Savanturiers - par : Fabienne Chauvière - A l'occasion des journées nationales de l'archéologie préventive, Fabienne Chauvière a rencontré Jean-Paul Demoule, spécialiste du néolithique. Il a créé en 2002 « l’Institut National d’Archéologue Préventive », l’Inrap .

Paroles d'histoire
34. Conseils de lectures et coups de cœur 2018

Paroles d'histoire

Play Episode Listen Later Dec 14, 2018 64:46


Les conseils de Dimitri Tilloi d’Ambrosi (histoire antique, à 55 secondes dans le podcast) : Jean-Paul Demoule, Alain, Schnapp, Dominique Garcia, Une histoire des civilisations (La Découverte/INRAP) Neil McGregor, Une histoire du monde en 100 objets (Les Belles Lettres) Véronique Boudon-Millot, Au temps de Galien, catalogue de l’exposition du musée royal de Mariemont (éd. Somogy) Catherine … Continue reading "34. Conseils de lectures et coups de cœur 2018"

Création artistique (2018-2019)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Création artistique (2018-2019)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Arts)
07 - Traverser les frontières

Collège de France (Arts)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Arts)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Collège de France (Arts)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Arts)
07 - Traverser les frontières

Collège de France (Arts)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Création artistique (2018-2019)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
07 - Traverser les frontières

Création artistique (2018-2019)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
07 - Traverser les frontières

Création artistique (2018-2019)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Arts)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Collège de France (Arts)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Dec 5, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Dec 4, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
07 - Traverser les frontières

Création artistique (2018-2019)

Play Episode Listen Later Dec 4, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Création artistique (2018-2019)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Création artistique (2018-2019)

Play Episode Listen Later Dec 4, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Arts)
07 - Traverser les frontières

Collège de France (Arts)

Play Episode Listen Later Dec 4, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Général)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Collège de France (Général)

Play Episode Listen Later Dec 4, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Collège de France (Arts)
07 - Traverser les frontières - VIDEO

Collège de France (Arts)

Play Episode Listen Later Dec 4, 2018 101:31


Amos Gitaï Collège de France Création artistique Année 2018 - 2019 Traverser les frontières Mythologies et mémoires collectives Le défi de se saisir d’un héritage culturel Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991), extraits À l’époque, je vis à Paris et je me fixe comme règle de ne pas faire, tant que j’y vis, de documentaires sur Israël. J’ai envie de commencer à faire de la fiction. Je décide de prendre un texte biblique, Le Livre d’Esther, pour commencer. Je suis attiré par sa beauté, sa simplicité, sa structure. Les Juifs ont utilisé ce texte, au cours des générations précédentes, comme un territoire élargi : des membres de communautés disséminées dans le monde entier, dans des géographies et sous des régimes différents, ont continué à l’étudier et à le méditer tout en étant séparés ou exilés de leur territoire d’origine. Je me dis : pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas regarder ce texte qui devient métaphorique si je le prends d’un point de vue non religieux et si je l’applique à une forme de fiction ? J’en ai une connaissance intime, il a une résonance dans mon esprit, c’est un bon début. Ça, c’est l’attirance pour ce texte. Mais ensuite, il y a ce qui m’en éloigne. J’ai toujours besoin de ces deux mouvements pour commencer un projet. Donc je cherche un angle indirect pour observer la réalité, une structure indirecte ou parabolique. Et l’histoire d’Esther offre cette possibilité. Et troisièmement, j’aime détourner les mythologies existantes, questionner la validité de certaines vérités établies. Dans la mémoire collective, l’histoire d’Esther est celle de la victoire d’un peuple opprimé qui se libère de ses oppresseurs. Mais on oublie souvent la fin du texte : celle de la vengeance inutile qui est racontée par le scripteur biblique. Je veux rappeler cette partie qui a été oubliée et questionner le cycle de la vengeance et la permutation permanente oppresseur / opprimé. • Films : Esther (1985) ; La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres (2009), Golem, l’esprit de l’exil (1991) Conçu comme une série de tableaux vivants, Esther est le premier long métrage de fiction d’Amos Gitaï et le premier volet de sa « trilogie de l’exil » (avec Berlin Jérusalem et Golem, l’esprit de l’exil). La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres, d’après La Guerre des Juifs, de l’historien antique Flavius Josèphe, raconte la fin de la souveraineté juive en Palestine en 73 ap. J.C, après la guerre contre les Romains, la prise de Jérusalem, la destruction du Temple et la chute de Massada. Dans ce spectacle créé au Festival d’Avignon (2009), Jeanne Moreau incarne Flavius Josèphe. « Je rapporterai avec exactitude ce qui s’est passé dans les deux camps, mais, dans mes réflexions sur les événements, je laisserai paraître mes sentiments et je laisserai ma douleur personnelle s’exprimer sur les malheurs de ma patrie. Car ce sont des dissensions intestines qui l’ont détruite, cette patrie, et ce sont les tyrans juifs qui ont attiré sur le Saint Temple les coups et les torches des Romains qui voulaient l’épargner (…). Et comme ce n’est la faute d’aucun étranger, je n’ai pu retenir mes lamentations. Si quelqu’un leur refuse toute indulgence, qu’il porte les faits au compte de l’histoire et les larmes au compte de l’historien. » (Flavius Josèphe, La Guerre des Juifs, traduit du grec par Pierre Savinel, Editions de Minuit, 1977, préface de Pierre Vidal-Naquet). • Film : Golem, l’esprit de l’exil À partir de l’interprétation du Golem dans la Kabbale espagnole – le Golem, incarnation de l’exil et des errants – le film explore les significations contemporaines du Livre de Ruth dans la Bible. « Le texte biblique de Ruth a pour point de départ une histoire documentaire : une famille de Bethléem souffre de la famine et émigre à Moab, la « nouvelle terre d’exil ». Mais le narrateur de la Bible a transformé cet événement en fiction. Et c’est devenu plus qu’une fiction : un mythe sanctifié. [...] J’ai replacé les implications mythologiques dans le contexte d’aujourd’hui. La question de la création est le cadre général du film et, au sein de ce cadre, il y a un aller-retour permanent vers la question de l’exil. Ce thème du Golem est ma façon de m’interroger sur la question du langage cinématographique. Dans Golem, l’esprit de l’exil, la question centrale est celle du déracinement, qui est le fil rouge de toute la trilogie. » (Amos Gitaï, in Yann Lardeau, Les Films d’Amos Gitaï, inédit) Golem, l’esprit de l’exil (1991) Personnalité invitée : Alain Schnapp Alain Schnappest professeur émérite d’archéologie grecque (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), ancien directeur de l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie. Il a œuvré à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), dont il a été le premier directeur général de 2001 à 2005. Il a été professeur invité par les universités de Princeton, Naples, Pérouse, Cambridge, Santa Monica et Heidelberg. Il est membre correspondant de l’Institut archéologique allemand et a reçu le prix de l’association des études grecques en 1988). Ses activités de recherche portent sur trois domaines distincts : l’anthropologie de l’image en Grèce ancienne, l’histoire de l’archéologie et l’étude urbaine des cités et territoires du monde grec. Il a également coordonné un programme de recherche sur une histoire comparée des ruines (FMSH/ENSBA/Paris 1/ITEM). Alain Schnapp a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels : L’Archéologie aujourd’hui (Hachette, 1980), Archéologie, pouvoirs et sociétés (CNRS, 1984), Le chasseur et la cité : chasse et érotique en Grèce ancienne (, Albin Michel 1997), un Guide des méthodes de l’archéologie (en collaboration), La conquête du passé, aux origines de l’archéologie (Carré, 1993 et 1998), L’histoire ancienne à travers 100 chefs-d’œuvres de la peinture, avec François Lebrette (Presses de la Renaissance, 2004), Ruines – Essai de perspective comparée (Les presses du réel, 2015), Piranèse ou l’épaisseur de l’histoire(INHA, 2017), et très récemment, Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, avec Jean-Paul Demoule et Dominique Garcia (La Découverte/INRAP, 2018).

Paroles d'histoire
23. Le néolithique, avec Jean-Paul Demoule

Paroles d'histoire

Play Episode Listen Later Oct 9, 2018 35:27


(voir le second volet de la discussion) L’invité : Jean-Paul Demoule, professeur émérite de protohistoire européenne à l’Université de Paris I-Panthéon Sorbonne. Le livre : Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire. Quand on inventa l’agriculture, la guerre et les chefs, Paris, Fayard, 2018. La discussion : l’origine du livre et la volonté d’écrire de façon accessible … Continue reading "23. Le néolithique, avec Jean-Paul Demoule"

Paroles d'histoire
24. Indo-européens et archéologie, avec Jean-Paul Demoule

Paroles d'histoire

Play Episode Listen Later Oct 9, 2018 30:51


(voir le premier volet de la discussion) L’invité : Jean-Paul Demoule, professeur émérite de protohistoire européenne à l’Université de Paris I-Panthéon Sorbonne. Les livres : –Mais où sont passés les Indo-européens ? Le mythe d’origine de l’occident, Paris, Seuil, 2014 –L’archéologie, une histoire des civilisations (dir., avec Alain Schnapp et Dominique Garcia), Paris, La découverte / Inrap, 2018 … Continue reading "24. Indo-européens et archéologie, avec Jean-Paul Demoule"

Japethno
#006 Interview : Laurent Nespoulous - Archéologie et patrimoine au Japon

Japethno

Play Episode Listen Later Dec 23, 2008


 http://www.editions-msh.fr/livre/?GCOIArchéologie et patrimoine au Japon, sous la direction de Jean-Paul Demoule et Pierre-François Souyri, Ed de la Maison des Sciences de l'Homme, 2008Mots clefs : Archéologie, Yayoi, Jômon, Elisseeff, San'nai Maruyama, Yoshinogari, Yamatai