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Avec « Sombre lagune », qui paraît aux éditions Fayard, nous plongeons dans les eaux troubles d'Abidjan, notamment dans le milieu des trafiquants de drogue et des hauts fonctionnaires corrompus. C'est donc un roman policier. Mais comme son auteur s'appelle Antoine Glaser, journaliste et expert en géopolitique, ce livre est aussi un roman à clés, dans lequel certains personnages de fiction dépeignent des personnes réelles que le reporter a croisées dans ses enquêtes en Côte d'Ivoire. Alors qui est qui ? Antoine Glaser répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Antoine Glaser, bonjour,Antoine Glaser : Bonjour,Sombre lagune raconte le combat d'un petit barbouze français contre la mafia d'Abidjan. On croise des trafiquants libanais, un flingueur marocain. Et ce qui frappe, c'est que la guerre du cacao a laissé la place à celle de la cocaïne ?Absolument, on a l'impression maintenant que la cocaïne est absolument intégrée dans le cacao, qui reste la première production de la Côte d'Ivoire. Mais on voit comment des narcotrafiquants ont pu planquer la cocaïne dans le cacao, il fallait y penser.En 2021, deux tonnes de cocaïne ont été saisies dans les ports d'Abidjan et de San Pedro. Et on vient de juger, je crois, le chef de la cellule antidrogue du port d'Abidjan ?Oui, parce que ce n'est pas particulier à la Côte d'Ivoire, on voit comment la police, les douaniers, des gens qui n'ont pas forcément des salaires extrêmement élevés, se laissent corrompre avec une grande facilité. Et quand c'est dans le port du Havre, on en parle vraiment comme quelque chose de quotidien. Et bien à Abidjan, c'est la même chose, simplement à Abidjan, il n'y a pas tous les jours des arrestations.Et c'est ce fait divers de 2021 qui vous a donné l'idée de ce livre ?Ce qui m'a donné l'idée de ce livre, c'est vrai qu'il y a eu en Côte d'Ivoire un certain nombre de personnes qui ont disparu et l'idée du livre a vraiment germé à partir de ces disparitions.Alors, il y a un enquêteur qui a disparu il y a 21 ans, dont tout le monde se souvient, c'est notre confrère Guy André Kieffer qui travaillait pour vous, Antoine Glaser, quand vous étiez le directeur de la Lettre du continent. Alors à l'époque, il a été kidnappé sur le parking d'un supermarché et depuis, on n'a jamais retrouvé son corps. Est-ce que vous avez pensé à lui en écrivant ce livre ?Oui, en partie. J'ai pensé à Guy André Kieffer, mais comme je n'ai pas enquêté réellement sur sa disparition, c'est vrai que j'ai pensé, mais j'ai fait en sorte que ça ne soit pas non plus son histoire. Guy André, il enquêtait beaucoup sur les trafics de cacao entre les pays, mais il enquêtait aussi sur la Guinée-Bissau, à l'époque du général Ansoumane Mané, donc je veux dire, c'était un ensemble, mais bien sûr, j'ai pensé à Guy André Kieffer. En fait, cette fiction, c'est une toile de fond, c'est plusieurs histoires en une, c'est une ambiance. J'adore Abidjan aussi. C'est cette lagune qui pour moi est totalement mystérieuse. Il y a 15 millions de personnes qui vivent à Abidjan et avec cette mixité de tous les pays voisins, c'est une capitale qui me fascine.Dans ce livre, Antoine Glaser, vous avez une écriture sèche, une écriture de polar. Mais quelques fois, au détour d'une phrase, comme « le cash bloqué au Liban coule à présent dans le béton ivoirien », on retrouve le style un petit peu imagé et fleuri de la Lettre du continent, qui s'appelle aujourd'hui Africa Intelligence. Romancier d'un jour, journaliste toujours ? Oui, bien sûr. C'était extrêmement difficile pour moi cette fiction, parce que, évidemment, je voyais Guy Andy Kieffer, j'en revoyais d'autres et c'était compliqué. Évidemment, c'est une fiction qui m'a demandé beaucoup de travail parce que j'avais toujours envie d'écrire et d'enquêter sur la réalité de tout ça.Alors, vous cachez évidemment de vrais personnages sous des pseudos et l'un des hommes clés de votre roman, c'est le tout-puissant ministre de l'Intérieur, Bamba. « Colosse et bon vivant », écrivez-vous. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Ahmed Bakayoko, le défunt ministre de l'Intérieur de Côte d'Ivoire.Oui et non, ce n'est pas Ahmed Bakayoko, mais c'est vrai que bon, Ahmed Bakayoko c'est vrai qu'il était le tout-puissant ministre de l'Intérieur, ensuite Premier ministre. C'est vrai que lui, un peu comme le personnage Bamba, lui aussi, il voulait aussi peut-être accéder aux plus hautes fonctions de l'État. Mais dans la fiction, on ne sait pas comment il est mort, Bamba. Donc voilà, encore une fois, c'est vraiment une fiction. Alors comme toile de fond évidemment, il faut quand même qu'il y ait des choses qui sont réelles, hein. Donc oui, c'est décalé, mais avec une toile de fond qui est la réalité du pays.Dans votre livre où la lagune est bien sombre, vous écrivez : « des aigrettes blanc immaculé picorent les jambes effilochées et sanguinolentes du corps de la jeune femme », le contraste est fort !Oui, mais justement, dans les « maquis » d'Abidjan, quand je regarde et que je me perds là, les yeux sur la lagune, je suis toujours autant révolté que fasciné de voir ces magnifiques oiseaux blancs se poser sur des détritus et de voir une lagune totalement polluée. En particulier, bien évidemment, avec le port d'Abidjan, la raffinerie et cetera, et c'est vrai qu'il y a des problèmes de pollution qui sont extrêmes et donc c'est vrai que ces contrastes, c'est fascinant.RFI : Antoine Glaser, merci.À lire aussiCôte d'Ivoire: plusieurs partis d'opposition appellent au dialogue
L'émission 28 Minutes du 02/12/2024 La France et l'Afrique au bord de la rupture ?Jeudi 28 novembre, le chef de la diplomatie tchadienne a annoncé "sa décision de mettre fin à l'accord de coopération en matière de défense signé avec la République française". Une annonce qui intervient au lendemain de celle faite par le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, qui a appelé à une fermeture des bases françaises dans son pays. Ces deux dernières années, la France a évacué ses troupes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Parallèlement, l'influence diplomatique, militaire et économique de Moscou sur le continent africain s'est fortement accrue. Alors, la France et l'Afrique sont-elles au bord de la rupture ? Comment analyser ces deux annonces successives ? On en débat avec le journaliste spécialiste de l'Afrique et écrivain, Antoine Glaser, Niagalé Bagayoko, politologue et présidente de l'African Security Sector Network et Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Sénégal, au Mali et au Congo-Brazzaville.Enfin, Xavier Mauduit évoque une base secrète de la Nasa enfouie sous les glaces du Groenland et Marjorie Adelson s'intéresse au surpoids des animaux de compagnie. 28 Minutes est le magazine d'actualité d'ARTE, présenté par Elisabeth Quin du lundi au jeudi à 20h05. Renaud Dély est aux commandes de l'émission le vendredi et le samedi. Ce podcast est coproduit par KM et ARTE Radio. Enregistrement : 02 décembre 2024 - Présentation : Elisabeth Quin - Production : KM, ARTE Radio
durée : 02:59:54 - Le 6/9 du week-end - par : Ali Baddou, Marion L'hour, Benjamin Dussy, Elodie Royer, Mathilde Khlat - Aujourd'hui à 7h50, entretien avec l'avocate de Dominique Pélicot, Maître Béatrice Zavarro et à 8h20, un entretien centré sur le continent africain et la diminution de l'influence française sur les pays africains, avec deux spécialistes Antoine Glaser & Francis Kpatindé. - réalisé par : Marie MéRIER
« Ne faites jamais preuve d'arrogance », a demandé, lundi 23 septembre, le Premier ministre français Michel Barnier à ses ministres, réunis pour la première fois en Conseil des ministres autour du président Emmanuel Macron. Mais qui va diriger désormais la politique africaine de la France ? Est-ce le président de la République, le Premier ministre ou le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot ? Antoine Glaser est un essayiste spécialiste de l'Afrique. Il y a un an, avec Pascal Airault, il a publié chez Fayard, Le piège africain de Macron. Il livre son analyse au micro de Christophe Boisbouvier.
Mali, Niger, Gabon, etc. Pourquoi autant de coups d'État en Afrique en ce début des années 2020 ? Comment expliquer le soutien des populations ? Quels risques de contagion dans les palais présidentiels du continent ? Avec la participation de :- Antoine Glaser, journaliste spécialiste des questions africaines- Francis Kpatinde, spécialiste de l'Afrique de l'Ouest et maître de conférences à Sciences Po Paris- Seidik Abba, journaliste spécialiste des questions africaines, écrivain et président du Centre international de réflexions et d'études sur le Sahel.
Intellectuels, chefs d'entreprises, artistes, hommes et femmes politiques... Frédéric Taddeï reçoit des personnalités de tous les horizons pour éclairer différemment et prendre du recul sur l'actualité de la semaine écoulée le samedi. Même recette le dimanche pour anticiper la semaine à venir. Un rendez-vous emblématique pour mieux comprendre l'air du temps et la complexité de notre monde.
Intellectuels, chefs d'entreprises, artistes, hommes et femmes politiques... Frédéric Taddeï reçoit des personnalités de tous horizons pour éclairer différemment et prendre du recul sur l'actualité de la semaine écoulée. Ce samedi, Antoine Glaser.
Emmanuel Macron de retour d'Afrique où il a tenu à rappeler dans différents pays et sur tous les tons que le temps de la Françafrique, c'est fini, histoire d'ouvrir une nouvelle page de la longue et souvent douloureuse relation qui a uni une ancienne métropole et ses colonies. Mais il ne s'agit pas pour la France d'abandonner toute ambition d'influence sur un continent qui aiguise les appétits des grandes puissances. Chine, Inde, Turquie, Etats-Unis et bien sûr Russie, toutes veulent se faire une place au soleil de l'Afrique. Et Paris doit repenser sa place pour continuer d'exister… Mais la France peut-elle réinventer sa relation avec l'Afrique en dépassant le fardeau colonial ? Le continent est-il à l'aube d'un nouveau partage à l'image de celui de la fin du XIXème ? Les Africains peuvent-ils tirer profit de cet appétit des grandes puissances ? On ouvre le débat avec nos invités. Ousmane NDIAYE, journaliste, rédacteur en chef au service Afrique Niagalé BAGAYOKO, politologue, directrice du centre de recherche African security sector network Lova RINEL, chercheure associée à la Fondation pour la recherche stratégique Antoine GLASER, journaliste, co-auteur avec Pascal Airault de « Le piège africain de Macron » aux éditions Fayard (07/04/2021)
Débat entre Antoine Glaser, journaliste, spécialiste de l'Afrique et co-auteur de l'essai "Le piège africain de Marcon", Lova Rinel, chercheuse associée à la fondation pour la recherche stratégique (FRS) et membre de Renaissance, et Michel Beuret, journaliste, auteur de "Chinafrique".
Après avoir confirmé le rappel de ses troupes au Burkina Faso d'ici « un mois » conformément à la volonté du pouvoir Burkinabé, Paris a rappelé son ambassadeur à Ouagadougou pour consultations sans évoquer son remplacement. Retour sur une semaine diplomatique mouvementée avec Antoine Glaser.
Alors que Moscou a engagé ses troupes en Ukraine, c'est une autre guerre, plus souterraine, que mènent en Afrique les Russes, opposés notamment à la France. Avec quelles méthodes et pour y faire quoi ? Le regard de notre grand témoin, Antoine Glaser, journaliste et écrivain, spécialiste de l'Afrique.
Chaque soir, Céline Géraud et Raphaël Delvolvé passent en revue l'actualité de la journée, en compagnie des journalistes de la rédaction d'Europe 1 et de leurs invités.
Tous les soirs à 18h17, Raphaël Delvolvé reçoit un invité au cœur de l'actualité pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir Antoine Glaser, journaliste, spécialiste de l'Afrique.
Chaque soir, Céline Géraud et Raphaël Delvolvé passent en revue l'actualité de la journée, en compagnie des journalistes de la rédaction d'Europe 1 et de leurs invités.
durée : 03:00:15 - Le 6/9 - Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l'Afrique, et Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, sont les invités de Jérôme Cadet dans la matinale du 27 juillet.
durée : 00:10:02 - L'invité de 7h50 - Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l'Afrique, est l'invité de Jérôme Cadet à 7h50, à l'occasion de la tournée africaine d'Emmanuel Macron, qui était hier au Cameroun.
durée : 03:00:15 - Le 6/9 - Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l'Afrique, et Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, sont les invités de Jérôme Cadet dans la matinale du 27 juillet.
Emmanuel Macron entame sa tournée africaine par le Cameroun ce lundi 25 juillet. Le président français se rendra ensuite au Bénin puis en Guinée-Bissau jeudi 28, sa dernière étape. C'est la première tournée africaine du chef de l'État depuis sa réélection. Quels sont les enjeux de ce déplacement ? Comment interpréter le choix de ces pays ? Éléments de réponse avec le journaliste spécialiste de l'Afrique, Antoine Glaser. RFI : Cameroun, Bénin, Guinée-Bissau, que pensez-vous de ces choix ? Antoine Glaser : C'est une sorte de retour un peu dans le pré carré français. Aller dans des pays que le président avait un peu boudé au cours de son premier mandat. On parlait d'un début de deuxième mandat dans des pays comme l'Angola, l'Afrique du Sud etc., mais on voit qu'il y a une urgence. La France est en train de perdre des positions dans des pays, en particulier d'Afrique centrale, et on voit qu'il y a une sorte de réinvestissement, au Cameroun notamment qui est un pays stratégique, par rapport à la Centrafrique où la France a perdu toutes ses positions, par rapport au Tchad enclavé qui a absolument besoin du Cameroun... On sent que c'est un voyage à mon avis géopolitique, géostratégique, au-delà même des relations bilatérales d'État à État. Pourquoi maintenant, est-ce que ce n'est pas un petit peu tard finalement ? Je pense qu'il y avait vraiment urgence. Le Cameroun avait au mois d'avril signé un accord de coopération militaire et de défense avec la Russie. On a bien vu que le Cameroun qui a toujours eu des relations compliquées avec Paris quasiment depuis l'accession de Paul Biya au pouvoir, dont la sécurité personnelle est assurée par des Israéliens, dans la zone anglophone, vous avez beaucoup -on en parle peu- de SAS [Special Air Service] britanniques. On a l'impression que la France n'a pas vu cette Afrique centrale se mondialiser. Le Cameroun et la Russie ont signé un nouvel accord de défense en avril. Est-ce qu'aller à Yaoundé, c'est la France qui rappelle sa présence et qui tente d'enrayer la progression russe ? Absolument, la France qui veut absolument enrayer la présence de la Russie en particulier en Afrique centrale. Au-delà de ça, Emmanuel Macron a pris conscience que sa politique africaine disant « il faut sortir du pré carré, il faut aller dans les pays anglophones » a ses limites. Pendant qu'Emmanuel Macron sera à Yaoundé, vous avez le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui sera à Brazzaville, et on voit bien que le Gabon voisin est rentré au Commonwealth. Je pense qu'il y a un réengagement français dans le pré carré. Paul Biya a presque 90 ans, au pouvoir depuis presque 40 ans. Pensez-vous que la perspective d'une succession à la tête du pays inquiète Paris ? Bien sûr, mais en même temps au niveau de la realpolitik, Emmanuel Macron a mis de l'eau dans son vin. On voit bien qu'il se prononce de moins en moins sur les autocrates africains. Je pense qu'il va être très prudent sur ces affaires-là. Il ne faut pas se leurrer, il arrive profil bas au Cameroun, parce qu'au cours de son premier mandat, il a pris à rebrousse-poil tous ces chefs d'État de l'Afrique centrale. Je crains même en tant que citoyen français, que ce soit beaucoup plus la prime à la stabilité que la prime à la démocratie dans tous ces pays. La France a restitué en novembre 26 œuvres des trésors royaux d'Abomey pillées au XIXe siècle. Le Bénin pourrait-il profiter de la visite pour réclamer la restitution d'autres œuvres ? C'est une affaire vraiment franco-française, à partir du moment où Emmanuel Macron n'arrive pas à passer une loi-cadre qui concerne l'ensemble des restitutions des œuvres. Pour chaque œuvre, il faut passer une nouvelle loi. C'est vrai que ça reste extrêmement compliqué, et bien évidemment, je pense que le président béninois va en profiter pour appuyer là où ça fait mal, en disant : « Bon, c'est vous qui choisissez les œuvres, vous rendez un sabre au Sénégal, vous nous rendez quelques œuvres comme ça au Bénin… » Mais il faut quand même adopter une loi-cadre. On voit que des pays en particulier la Belgique ou même l'Allemagne sont en train d'aller beaucoup plus loin que la France. La Guinée-Bissau pour terminer cette tournée, c'est une première visite pour Emmanuel Macron. C'est parce que maintenant le président de la Guinée-Bissau est le président de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest et que la France ne veut plus apparaître en première ligne. Quand elle intervient et quand elle fait part de ses désirs, elle passe par la Cédéao. Elle n'est pas obligée, mais maintenant la nouvelle stratégie, c'est de ne plus être en première ligne. Quand on a un certain nombre d'observations à faire, ça passe à travers des organisations régionales africaines et ce n'est plus le grand chef blanc qui depuis l'Élysée dit « voilà, il faut faire ci, il faut faire ça », y compris dans les anciennes colonies françaises. ► À lire aussi : Emmanuel Macron et l'Afrique, saison 2 épisode 1
durée : 01:59:58 - Le 7/9 - Sofiane Zermani alias Fianso, rappeur, acteur et producteur. Il incarne « Gatsby le Magnifique » au théâtre du Châtelet à Paris, Jean-Dominique Merchet, journaliste à l'Opinion et Antoine Glaser, journaliste spécialiste de l'Afrique sont les invités de la matinale de France Inter.
Cette édition spéciale du "Journal de l'Afrique" revient sur le coup d'État survenu ce lundi 24 janvier au Burkina Faso. Des militaires ont annoncé à la télévision publique avoir pris le pouvoir et chassé le président Marc Roch Christian Kaboré, plongeant dans une nouvelle crise ce pays sahélien fragilisé par d'incessantes attaques jihadistes. Kalidou Sy, correspondant de France 24 à Ouagadougou, et le journaliste Antoine Glaser analysent la situation.
Une émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 15 octobre 2021.Avec cette semaine :Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée Nationale.Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Nicole Gnesotto, titulaire de la chaire « Union Européenne » au CNAM.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.LES DROITES DANS TOUS LEURS ÉTATSLe 9 octobre au Havre, ville dont il est redevenu maire en 2020, Edouard Philippe a lancé sa propre formation politique, baptisée « Horizons », destinée à accélérer la recomposition politique à droite. L'ancien Premier ministre a estimé que le premier défi était de « remettre de l'ordre dans nos comptes et de l'ordre dans nos rues » et que « le premier sujet à régler s'agissant des dépenses, c'est la question des retraites ». Une nouvelle offre politique qui entend « regarder devant », mais qui s'inscrit dans la logique d'une droite « Macron-compatible » pour élargir vers la droite la base électorale d'Emmanuel Macron. Horizons doit tenir son congrès fondateur d'ici à la fin de l'année.Après s'être opposé à toutes formes de primaire et avoir souvent laissé entendre qu'il ne participerait à aucune compétition interne, le 11 octobre, le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand a finalement annoncé qu'il participerait au congrès du parti Les Républicains. Le 4 décembre, il se soumettra donc aux votes des adhérents d'un parti dont il avait claqué la porte en décembre 2017. Il s'opposera alors à Valérie Pécresse, Michel Barnier, Éric Ciotti, Philippe Juvin et Denis Payre. « La droite n'est pas morte hier », s'est ému Damien Abad, chef de file des députés LR et soutien de Bertrand, au lendemain de cette annonce. « Elle ne s'est pas fracturée et fissurée en deux à un moment où nous-mêmes nous devons faire face à deux menaces extérieures, avec Éric Zemmour d'un côté et Edouard Philippe de l'autre. » Une investiture permettrait à Xavier Bertrand, en plus de la force de frappe des 80 000 militants LR revendiqués, de ne plus se soucier de la collecte des 500 signatures et de bénéficier des 8 à 10 millions d'euros mis de côté par le parti pour faire campagne. Selon une récente enquête commandée par la structure du député Les Républicains, Julien Aubert, Oser la France, Xavier Bertrand récoltait 38 % de bonnes opinions au sein des militants Les Républicains, derrière Valérie Pécresse (52 %) et Michel Barnier (58 %). En revanche, chez les électeurs, il est régulièrement donné dans les sondages légèrement devant ses concurrents, et a été pour la première fois le 11 octobre placé par l'IFOP pour Sud Radio à 16 %, ex aequo avec Marine Le Pen, soit en position d'accéder au second tour, tandis qu'Éric Zemmour redescendait à 14%.Devant ou derrière Marine le Pen, Eric Zemmour est, selon, un sondage Odoxa la personnalité politique qui suscite le plus de « rejet » à 59 % contre 9 % de « soutien » et 10 % de « sympathie ». Pour Pascal Perrineau, le presque candidat « est plus le reflet d'une offre politique un peu usée qu'autre chose. Sa force, c'est sa capacité à incarner le dégagisme - or la présidentielle ne devient plus que ça - dans un contexte de profonde droitisation de l'opinion publique ». Au total, les intentions de vote additionnées de Marine Le Pen, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan arrivent aux alentours de 30 %.***AFRIQUE-FRANCE QUOI DE NOUVEAU ?Le « nouveau sommet », Afrique-France s'est tenu le 8 octobre à Montpellier. Il a été le 28ème du genre, a rassemblé 3 000 participants, dont plus d'un millier de jeunes du continent africain (parmi eux près de 350 entrepreneurs) pour des rencontres et des tables rondes entre sociétés civiles africaine, française et de la diaspora, sur des sujets économiques, culturels et politiques. La nouveauté de ce sommet a reposé sur l'absence des présidents africains pour la première fois depuis 1973, date du premier du genre. Il s'agissait « d'écouter la parole de la jeunesse africaine » et de « sortir des formules et réseaux obsolètes », a indiqué l'Elysée. Parallèlement, Montpellier a été le théâtre d'un contre-sommet organisé, notamment, par les organisations militantes Attac et Survie.En session plénière, le Président Macron a dialogué avec des jeunes venus de douze pays africains, pas tous francophones (Afrique du Sud, Angola, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Kenya, Nigeria, Mali, Niger, République démocratique du Congo, Sénégal, Tunisie). Ce panel a été sélectionné à l'issue des dialogues menés pendant des mois à travers le continent par l'intellectuel camerounais Achille Mbembe, dialogues qui ont abouti à un rapport sur la refondation de la relation entre la France et l'Afrique. Les thèmes retenus étaient la santé, le climat, le colonialisme, l'égalité et la démocratie. L'occasion de tirer un premier bilan des initiatives lancées après l'énoncé d'une feuille de route établie par Emmanuel Macron lors de son discours, fondateur, prononcé en octobre 2017 à l'université de Ouagadougou, au Burkina Faso et d'évoquer les treize propositions du rapport. Achille Mbembe a préconisé également une reconnaissance claire de la colonisation comme crime contre l'humanité.Le chef de l'État a retenu plusieurs des propositions. Il a notamment annoncé la création d'un fonds d'innovation pour la démocratie. Doté de 30 millions d'euros sur trois ans, hébergé par l'Agence française de développement, ce fonds devra soutenir « les acteurs du changement » en Afrique sans que l'on sache encore comment. L'enjeu est d'orienter les investissements directement vers la société civile. Emmanuel Macron a aussi annoncé la création d'une « maison des mondes africains et des diasporas ». et la restitution au Bénin, fin octobre, des 26 œuvres du « Trésor de Béhanzin », provenant du pillage des palais d'Abomey en 1892 par l'armée coloniale.Antoine Glaser, coauteur du livre « Le Piège africain de Macron » remarque qu'« au moment où Emmanuel Macron met fin aux grands-messes entre l'Afrique et la France, la Chine et, tout récemment, la Russie en font. » En 2022, un « sommet Afrique-Europe » devrait se tenir « sous la présidence française de l'Union européenne », a annoncé l'Elysée. On n'en connait pas encore le format.See Privacy Policy at https://art19.com/privacy and California Privacy Notice at https://art19.com/privacy#do-not-sell-my-info.
Les invités de «Une semaine d’actualité» sont les journalistes Antoine Glaser et Pascal Airault pour leur livre «Le piège africain de Macron», aux éditions Fayard.
durée : 01:59:13 - Les Matins du samedi - par : Chloë Cambreling, Stéphanie Villeneuve - A l’occasion de la Fête de la librairie indépendante et des 40 ans de la loi sur le prix unique du livre, l’historienne Patricia Sorel et le libraire Christian Thorel / Suite à la disparition du Président tchadien Idriss Deby, l'analyse du journaliste, spécialiste de l'Afrique Antoine Glaser. - réalisation : Jean-Christophe Francis
durée : 00:29:32 - L'Invité(e) actu - par : Chloë Cambreling, Stéphanie Villeneuve - La disparition soudaine du Président tchadien Idriss Deby plonge le pays dans l'incertitude. Alors qu'Emmanuel Macron assistait cette semaine à ses obsèques, l'analyse du journaliste et spécialiste de l’Afrique Antoine Glaser qui fait paraître "Le piège africain de Macron" (Fayard). - réalisation : Jean-Christophe Francis - invités : Antoine Glaser Journaliste, spécialiste de l'Afrique
durée : 01:59:13 - Les Matins du samedi - par : Chloë Cambreling, Stéphanie Villeneuve - A l’occasion de la Fête de la librairie indépendante et des 40 ans de la loi sur le prix unique du livre, l’historienne Patricia Sorel et le libraire Christian Thorel / Suite à la disparition du Président tchadien Idriss Deby, l'analyse du journaliste, spécialiste de l'Afrique Antoine Glaser. - réalisation : Jean-Christophe Francis
Hoje algumas manchetes estão viradas para o espaço, para onde foi o astronauta francês Thomas Pesquet que vai passar seis meses em órbita na estação espacial internacional. Um feito que merece algumas manchetes, nomeadamente a do Libération que coloca em primeira pagina um retrato do astronauta com um jogo de palavras, "o mestre descola", o jornal adoptando um tom muito lírico no seu editorial ao escrever "podemos alegrar-nos de ver que a inventividade humana serve para outra coisa que fazer a guerra". Também pensativo, o editorialista do conservador Le Figaro escreve "lá em cima, já não há americanos, russos, japoneses, nem franceses. Há apenas um homem contemplando a sua infinita pequenez no universo". Noutro aspecto, a situação do Myanmar, cerca de 3 meses depois do golpe militar, é também mencionada em alguns jornais, nomeadamente no Libération publicando um inquérito segundo o qual "Bruxelas formou e equipou milhares de agentes das forças da ordem birmanesas acusadas de exacções desde o golpe de Estado. A ambição do programa Mypol, entretanto suspenso, era de ensinar práticas que respeitassem melhor os Direitos Humanos", conta Libération que ao citar um defensor dos Direitos Humanos conclui que "a União Europeia acreditou num conto de fadas". O Myanmar também é mencionado no L'Humanité."As operárias birmanesas pagam caro pelo golpe de Estado" escreve o jornal comunista referindo que "por estarem em primeira linha do movimento de desobediência civil, 200 mil trabalhadoras do sector têxtil foram despedidas desde o golpe do dia 1 de Fevereiro", o que leva um advogado e activista citado pelo jornal a considerar que "as pessoas vão doravante ter de lutar para sobreviver". O diário católico La Croix, quanto a si, recorda que a situação no Myanmar vai ser abordada amanhã numa cimeira dos países da ASEAN com a participação do general Min Aung Hlaing, chefe dos golpistas, cuja presença provoca uma polémica. "Os militares birmaneses são terroristas e convidar o general Min, chefe dos terroristas, não faz sentido" diz um exilado politico birmanês baseado em Londres citado pelo jornal. Na actualidade africana, Le Monde evoca o Chade, em dia de exéquias de Idriss Déby e em particular a posição da França que via no falecido Presidente o seu principal aliado na luta contra o terrorismo no Sahel. Ao constatar "a preeminência do aspecto securitário na relação entre Paris e N'Djamena", o vespertino considera que "a política da França, reduzida a esta componente, faz-lhe correr o risco de afastá-la das populações e em particular das jovens gerações". Mais abaixo, na mesma página, o vespertino evoca desta vez o relatório no final do mês passado dando conta da responsabilidade francesa no genocídio ruandês há 27 anos. Ao indicar que "os advogados das vítimas estão a esmiuçar o relatório Duclert", Le monde dá conta das dificuldades atravessadas nestes últimos anos pelos representantes das vítimas e evoca em particular uma carta enviada em 2019 aos juízes questionando "a sua recusa em procurar a verdade junto dos próximos colaboradores do Presidente francês da época". A este respeito, o vespertino recorda que tem sido "difícil chegar a conclusões definitivas, nomeadamente devido ao aspecto informal da tomada de decisões e também por causa da destruição voluntária de determinados arquivos". Noutro aspecto, Le Figaro entrevista o especialista de questões africanas Antoine Glaser sobre a política do actual Presidente francês no continente. Segundo este analista, "Macron quer apagar a Françafrica", mas ele não está a conseguir: "não se muda facilmente um sistema político, militar e financeiro que existiu durante cinquenta anos". Ao referir que a "Françafrica se concentra agora na África do Oeste", Antoine Glaser considera que "Emmanuel Macron é obrigado a fazer realpolitik porque o continente se mundializou", referindo-se nomeadamente à concorrência de outras potências como a China ou a Rússia em África. E precisamente a propósito da Françafrica, Libération foca o seu olhar sobre o cinema africano e a mudança dos critérios de atribuição de subsídios da Organização Internacional da Francofonia (OIF). "Diminuição dos valores, impossibilidade de recorrer a eles mais do que 5 vezes, estas mudanças fizeram reagir um colectivo de realizadores africanos que denunciam a subsistência da Françafrica, enquanto o organismo financiador usa como pretexto a crise a sanitária", conta Libération antes de citar Alain Gomis, cineasta franco-senegalês, para quem "seria necessário conseguir criar soluções de financiamento em África".
Ce vendredi 23 avril, le président de la République française s'est rendu à Ndjamena au Tchad pour assister aux funérailles de son feu homologue Idriss Déby Itno. La France qui a perdu son principal allié au Sahel a exprimé dans un communiqué sa tristesse d'avoir perdu « un ami courageux » qui « a œuvré pour la stabilité de la région ». Depuis 2014, le Tchad héberge le centre opérationnel de la mission Barkhane, renforçant encore plus les liens entre les deux pays. Quel avenir pour la relation franco-tchadienne avec la mort d'Idriss Déby ? L'analyse du journaliste et écrivain Antoine Glaser. Antoine Glaser est le co-auteur avec Pascal Airault de Le piège africain de Macron ( Fayard)
Le piège africain de Macron, c'est le titre de l'essai passionnant que viennent de publier deux journalistes spécialistes de l'actualité du continent, Antoine Glaser et Pascal Airault. Dans cet ouvrage, ils dressent un premier bilan de la politique africaine du président français depuis son élection en mai 2017, entre volonté de rupture, realpolitik et jeux d'intérêt des différents acteurs. Pour parler de ce livre, nous recevons l'un de ses deux coauteurs, Pascal Airault, qui répond aux questions de Laurent Correau. RFI : Pourquoi ce titre : « Le piège africain de Macron » ? Pascal Airault : Parce que, pour nous, avec Antoine Glaser, il y a un piège africain. Et le président français va tenter de s’en extirper, comme Nicolas Sarkozy, comme François Hollande et ses prédécesseurs, il veut rompre avec une certaine pratique de la Françafrique. C’est ce qu’il va prononcer en novembre 2017 devant des étudiants de Ouagadougou, mais il va devoir affronter les réalités. Et les réalités c’est aussi le lobby militaire français, c’est aussi la nécessité d’assurer la sécurité -dans ces zones-là- à la demande des chefs d’État de la région. Donc malgré ses efforts, il n’a pas vraiment réussi à sortir, comme il l’avait envisagé pendant la campagne de l’opération militaire au Sahel. Sur le franc CFA, il a réussi un petit peu à bouger les chefs d’État africains, mais on n’arrive pas à couper ce lien monétaire… Il assiste à un recul démocratique en Afrique de l’Ouest et il se rend compte qu’il peut être aussi instrumentalisé par les « sécurocrates » du continent. Comment est-ce que vous décririez la façon dont Emmanuel Macron gère ses relations avec ces présidents, y compris ceux qui ne pratiquent pas forcément le jeu démocratique de bonne foi ? Je pense qu’il est dans une realpolitik. On a bien vu que, pour des questions d’image, ces chefs d’État n’avaient pas été invités au début du mandat à l’Élysée. Après ils ont quand même eu le droit à leur rendez-vous élyséen… Mais c’est compliqué à gérer. Les nouvelles générations que l’Élysée voudrait promouvoir sont parfois interdites de se présenter aux élections dans des pays où le scrutin est plié, avant même qu’il ne se déroule. Il y a eu quand même quelques avancées. On a vu sur le dossier de la République démocratique du Congo, Emmanuel Macron a travaillé assez étroitement avec ses pairs africains pour pousser Joseph Kabila à sortir du jeu politique. Et au sujet de ces chefs d’État, une figure se détache, celle du président tchadien Idriss Déby. Vous écrivez à son sujet qu’il incarne le symbole du chef d’État africain intouchable. Est-ce que vous diriez qu’Emmanuel Macron a réussi à trouver la bonne distance à adopter par rapport à ce partenaire encombrant ? Pas vraiment. Dans la pratique, en fin de compte, on se cherche perpétuellement avec Idriss Déby. On a une condamnation assez molle de ses dérives antidémocratiques, et in fine, on a toujours besoin de lui pour mener ses opérations militaires au Sahel. Et quand il est en extrême difficulté, eh bien l’armée française lui donne un coup de main en matière de renseignement et va même jusqu’à pilonner des colonnes rebelles avec ses avions. Et de manière générale, vous nous expliquez que la France évolue dans un contexte géopolitique qui s’est radicalement transformé, celui, dites-vous, d’un continent mondialisé, redevenu géostratégique. En fait quelle est la nouvelle donne ? Par rapport aux années 1980, où on était encore beaucoup dans un tête-à-tête bilatéral, aujourd’hui l’Afrique est courtisée par toutes les grandes puissances -la Chine, la Turquie, l’Inde- avec des puissances régionales africaines, aussi, qui sont en train de se développer et de promouvoir des partenariats économiques -même sécuritaires- sur le continent. On peut penser au Maroc, on peut penser à l’Afrique du Sud… C’est un continent géostratégique, parce qu’il recèle toujours beaucoup de matières premières, de métaux rares qui sont utilisés notamment dans les nouvelles technologies, il a toujours ses ressources en hydrocarbures… C’est un débouché commercial important pour les pays développés, parce que c’est un continent qui croît à une vitesse effrénée, avec sa population qui risque de doubler d’ici 2050. Mais dans ce contexte-là, l’influence de la France est en recul à l’heure actuelle… C’est ce que montrent les sondages. En tout cas, le CIAN -le Conseil des investisseurs français, qui travaille sur l’Afrique- réalise chaque année une série de sondages et on voit que la France est en très nette perte d’influence sur le continent. Elle n’arrive qu’en 6e position, derrière les pays, comme les États-Unis, l’Allemagne, la Chine… C’est peut-être dû aussi au fait que les entreprises françaises ont de plus en plus de mal à se renouveler. On voit qu’il y a encore de grands groupes très présents, mais qui sont essentiellement ceux que l’on appelle les « Pater Familias ». Ce sont les Castel, les Bolloré notamment, les Bouygues, qui ont un ancrage important depuis des décennies. Mais on a du mal à voir émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs. Les PME ne sont peut-être pas taillées économiquement pour partir à la conquête du continent. Le MEDF, lui, mise beaucoup sur les ETI -les entreprises de taille intermédiaire- parce qu’elles pourraient être ces nouvelles entreprises qui partent à la conquête économique du continent. Un point intéressant, dans cet ouvrage que vous cosignez avec Antoine Glaser, c’est cette insistance que vous décrivez chez le président français, à aller vers d’autres pays de la région qui sont au-delà des limites de ce que l’on appelait autrefois le « pré carré » et cette attirance, par exemple, pour le Rwanda de Paul Kagame. Oui, Emmanuel Macron, quand il arrive en mai 2017 a constater que ses prédécesseurs, malgré tous leurs efforts, n’ont pas réussi à renouer une relation pacifique, une relation de coopération avec le Rwanda. Lorsqu’il se rend à son premier sommet onusien et rencontre en tête-à-tête pendant quarante-cinq minutes, Paul Kagame. Ils discutent, les yeux dans les yeux de ce que peut être l’avenir de la coopération entre les deux pays. Et là, il va se passer quelque chose. Ils vont décider étroitement de travailler ensemble, c’est le moment où Paul Kagame va prendre les rênes de l’Union africaine. La France va appuyer fortement Kagame dans l’accomplissement de cette réforme et en échange ils vont essayer de travailler sur des dossiers communs, comme le digital, l’éducation… Et plus tard, la francophonie, où il va confier les rênes de l’organisation à l’ancienne ministre des Affaires étrangères rwandaise. Et qu’est-ce qui fascine Emmanuel Macron dans la figure de Paul Kagame ? Un peu comme d’autres chefs d’État africains, c’est la réussite économique du Rwanda. Il n’est pas dupe, il sait que le Rwanda n’est pas encore une démocratie accomplie, mais la femme y joue un rôle très important. Elle est très présente dans toutes ses institutions et beaucoup plus, même, que dans beaucoup de pays développés. Il a des succès économiques indéniables, c’est un champion du digital… Et donc il incarne aussi cette génération de leaders qui ont réussi à transformer leur pays au sortir d’une guerre. Vous revenez, dans votre ouvrage, sur ce qui façonne les relations franco-africaines, chacun à son niveau, des hauts fonctionnaires, des députés, des hommes d’affaires… Votre ouvrage –je le signale pour nos auditeurs– est une passionnante galerie de portraits. Et vous nous parlez d’une création d’Emmanuel Macron qui avait fait beaucoup de bruit à l’époque, celle du CPA, le Conseil présidentiel pour l’Afrique. Pourquoi ce CPA, au fond, et quel bilan ? Pendant la campagne électorale, Aurélien Lechevalier –aujourd’hui ambassadeur en Afrique du Sud mais qui était « le monsieur diplomatie » de Macron– et Jules-Armand Aniambossou –un autre compagnon d’Emmanuel Macron à l’ENA– partent du principe qu’il faut promouvoir une nouvelle relation, et que pour cela, le président a besoin de relais sur le terrain. Ils vont imaginer de créer ce Conseil présidentiel pour l’Afrique. C’est un peu une promotion, aussi, de la diversité française, parce que ses membres sont pour la plupart des binationaux qui ont réussi, cela a valeur d’exemple… C’est aussi une façon de s’émanciper de l’administration française et des structures qui habituellement gèrent la politique africaine de la France ? Oui, je crois qu’Emmanuel Macron a acté qu’il est très difficile de faire bouger l’administration française. On l’a vu précédemment, dans le combat sur le Franc CFA. Il faut se rappeler que, sous François Hollande, Thomas Mélonio, alors conseiller adjoint, puis conseiller principal à l’Élysée, avait essayé de demander à Bercy de réfléchir à l’évolution du lien monétaire avec l’Afrique. Il n’y était pas parvenu. Donc on passe par des relais, comme ça, et on appuie aussi fortement politiquement, pour essayer de faire avancer les choses et le CPA était imaginé un peu pour cela. Pour contourner peut-être un peu certaines raideurs de pensées de l’administration, ou au moins, apporter des idées neuves et pour pouvoir essayer, après, de les mettre en œuvre. Ce qui n’est pas toujours facile dans l’écosystème français. Ce n’est pas un succès total, parce que fondamentalement il y a un manque de moyens. Pour promouvoir ces nouvelles politiques, il faudrait beaucoup plus de ressources. Mais il y a une tentative, il y a un essai, il y a quelques réussites.
Il y a tout juste 60 ans, le Tchad proclamait son indépendance. Quelles ont été les figures de cette indépendance mais aussi les lignes de force des 60 années qui ont suivi ? Comment celles et ceux qui étaient là racontent, aujourd'hui, l'indépendance ? Pour évoquer toutes ces questions, l’historien Arnaud Dingammadji au micro de Laurent Correau et l'ancien Premier ministre du Tchad, Alingué Jean Bawoyeu, Premier trésorier du Tchad indépendant, répond aux questions de Madjiasra Nako. Qui sont les grands acteurs de l’indépendance tchadienne ? Quels sont les noms que vous souhaiteriez honorer aujourd’hui ? Arnaud Dingammadji : Je préférerais mettre un peu la lumière sur Gabriel Lisette qui a joué un rôle prépondérant. Il s’est rendu compte qu’au niveau local, il n’y avait pas de leader charismatique capable de canaliser les énergies et d’organiser le combat pour la lutte de l’indépendance. Et c’est ainsi qu’il a fondé le Parti progressiste tchadien qui était la section locale du Rassemblement démocratique africain. François Tombalbaye était le lieutenant de Gabriel Lisette dès le départ. Et en 1959, le gouvernement de Gabriel Lisette a été renversé par l’opposition et c’est ainsi que Tombalbaye s’est retrouvé aux premières loges pour préparer donc l’accession du Tchad à l’indépendance. Comment évoluaient les relations de François Tombalbaye avec les autorités françaises ? Le jour de la proclamation de l’indépendance, des accords de coopération ont été signés entre la France et le Tchad. Et ce sont ces accords qui ont régi les relations franco-tchadiennes qui étaient très bonnes dès le départ, avant de se détériorer vers la fin du régime de Tombalbaye, c’est-à-dire vers 1972-1973 parce que Tombalbaye n’appréciait pas ce qu’il appelait « les menées de Jacques Foccart », le conseiller de l’Elysée pour les affaires africaines. Et puis, il avait institué la révolution culturelle, qui prônait le retour aux sources, l’abandon des noms français, la débaptisation des villes du Tchad dont Fort-Lamy, la capitale du Tchad qui est devenue Ndjamena. Tout cela avait déplu à la France. Il y avait aussi la question du pétrole tchadien qui avait également contribué à détériorer les relations entre la Tombalbaye et les autorités françaises à l’époque. Et donc Tombalbaye est renversé par Félix Malloum… Tombalbaye est renversé par des jeunes officiers qui ont placé à sa place Félix Malloum le 13 avril 1975. L’une des grandes caractéristiques de ces 60 années d’indépendance, c’est que très vite on voit surgir des groupes armés avec la création du Front de libération nationale du Tchad (Frolinat) en 1966. Et ces groupes qu’on appelle les politico-militaires vont être l’un des principaux acteurs de l’histoire du Tchad… Exactement. La prise du pouvoir par la France est devenue le mode de conquête du pouvoir au Tchad pendant des décennies. Des rébellions armées, des coups d’État, des civils ont fait le lot quotidien de la vie des Tchadiens, ont contribué à diviser les Tchadiens, ont sapé les fondements de l’économie et ont empêché en fait le décollage du Tchad, comme les autres États africains. Les dernières rébellions ont pris fin en 2008-2010. C’est pourquoi que je parle de la dernière décennie comme une décennie de redressement. Pourquoi est-ce que c’est ce type d’acteurs qui a prospéré plus presque que les acteurs politiques traditionnels comme les partis ? C’est une question de gouvernance. Qui fait le lit aux rébellions armées ? C’est-à-dire que pendant de longues années, ce sont les acteurs politico-militaires qui ont prospéré parce qu’on pensait que le pouvoir se trouvait au bout des armes au Tchad ici. Donc, ceux qui avaient des armes pouvaient imposer leur loi, s’emparer du pouvoir et en tirer des bénéfices au détriment donc de la voie démocratique d’accession au pouvoir à travers les partis politiques, à travers les compétitions électorales. Cela a continué jusqu’à une époque récente. On voit bien aussi que l’histoire du pays a été fortement marquée par les relations avec ses voisins, notamment la Libye et le Soudan… Exactement. De 1966 jusqu’à 2008, depuis la création du Frolinat jusqu’à l’UFDD [Union des forces pour la démocratie et le développement] de Mahamat Nouri, la plupart des grands mouvements rebelles qui ont déstabilisé le Tchad ont pris leur origine au Soudan. Il y a aussi la Libye de [Mouammar] Kadhafi qui a voulu satelliser le Tchad en quelque sorte et de ce fait, a apporté un soutien sans faille à plusieurs mouvements rebelles. C’est dans le contexte de déstabilisation que l’armée française est venue prêter main forte aux forces armées tchadiennes à plusieurs reprises dans l’histoire du Tchad. Diriez-vous que votre pays est un bastion de ce que certains appellent « la françafrique » ? Oui. Je crois que le Tchad est l’un des terrains d’expression de la françafrique parce que, en 60 ans d’indépendance, le Tchad a enregistré plus de cinq interventions militaires françaises, soit pour soutenir un régime en place contre ses adversaires, soit pour aider le régime en place à s’opposer à une agression extérieure. Pour quelle raison géopolitque ? Parce que qui contourne le Tchad, contourne toute la bande sahélienne et peut-être une bonne partie de l’Afrique du Nord et du Nord-Est. Donc, c’est par rapport à cette situation géographique et stratégique que non seulement la France, mais également d’autres puissances veulent bien contrôler le pouvoir local. Où en est-on 60 ans après l’indépendance ? Est-ce qu’il faut encore parler de françafrique ou est-ce que, comme le journaliste Antoine Glaser, la formule « Africa France » vous semble un peu mieux refléter les rapports de force qui se sont établis entre le pouvoir d’Idriss Déby et les autorités françaises ? C’est vrai que de plus en plus, le Tchad s’affirme comme un acteur incontournable sur les questions de paix et de sécurité dans la zone, et la France comme bien d’autres États courtisent en quelque sorte le Tchad à travers son président.
durée : 01:00:12 - Les Petits matins - Michèle Fitoussi vous parle de l'exposition "Helena Rubinstein, l'aventure de la beauté", et Antoine Glaser du renouement diplomatique entre la France et le Rwanda. Les chroniques s'intéressent à la brutalisation du débat public et à la satire.
1ière heure : Le Texas, à la veille des élections de mi-mandat - Reportage de Michel Labrecque ; L’Allemagne, championne européenne de la transition énergétique - Reportage de Sylvain Desjardins ; Au Canada, la réduction des GES est mal partie - Entrevue de Michel Désautels avec Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal. 2ième heure : Le Rwanda à la tête de la Francophonie - Entrevue de Michel Désautels avec Antoine Glaser, auteur et ancien rédacteur en chef de La lettre du continent ; La légalisation du cannabis au Canada, une ruée vers l’or vert - Reportage de Christian Noël ; La santé mentale démystifiée par des films - Reportage de Marie-France Abastado ; J’ai couru vers le Nil, un retour sur la révolution égyptienne de 2011 - Entrevue de Michel Désautels avec l’auteur Alaa El Aswany.
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