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En mai 2014, un événement inédit a secoué le monde bancaire : BNP Paribas, première banque française, a accepté de payer une amende colossale de 8,97 milliards de dollars au gouvernement américain. Le motif ? La banque avait contourné les embargos imposés par les États-Unis à Cuba, l'Iran et le Soudan entre 2004 et 2012. Ces pays étaient considérés par Washington comme des États soutenant le terrorisme ou violant les droits humains.Quels faits étaient reprochés exactement ? BNP Paribas avait réalisé, via certaines filiales, des transactions en dollars pour le compte de clients liés à ces pays. Or, toute opération en dollars transitant à un moment donné par le système financier américain est soumise à la législation des États-Unis. Cela signifie que même une banque étrangère peut être poursuivie à partir du moment où elle utilise la monnaie américaine. C'est l'un des points clés de ce dossier.La banque a reconnu avoir non seulement effectué ces paiements, mais parfois mis en place des procédures visant à masquer l'identité des clients ou l'origine réelle des fonds pour éviter les contrôles américains. Sur le plan du droit américain, la sanction était donc légale : la banque avait violé les règles de l'Office of Foreign Assets Control (OFAC), qui encadre les embargos.Là où le dossier devient explosif, c'est sur le plan du droit international. Beaucoup d'experts et de gouvernements ont dénoncé une sanction « extraterritoriale ». Autrement dit, les États-Unis appliquent leurs lois à des entités étrangères, opérant hors de leur territoire, simplement parce qu'elles utilisent la monnaie américaine ou un serveur situé aux États-Unis. Pour nombre de juristes, cela revient à imposer au reste du monde la politique étrangère américaine.Les critiques soulignent que BNP Paribas n'a pas violé le droit français ni le droit international, et que les embargos américains n'engageaient que les États-Unis. Pourtant, Washington a considéré que l'utilisation du dollar suffisait à justifier son intervention. Ce type de sanction a depuis été utilisé contre de nombreuses entreprises européennes, provoquant un réel malaise diplomatique.L'affaire BNP a ainsi mis en lumière un rapport de force : les États-Unis disposent d'une arme économique puissante — le contrôle du dollar — qui leur permet d'étendre leur influence bien au-delà de leurs frontières. Elle a également relancé le débat sur la souveraineté européenne et la capacité du continent à protéger ses entreprises des pressions américaines.Une sanction financière, donc, mais aussi un choc géopolitique. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur les discussions entre la Russie et les États-Unis et l'avancée des FSR au Soudan. Guinée-Bissau : la Cédéao a-t-elle des moyens de pression sur la junte ? Suite au coup d'Etat en Guinée-Bissau, la Cédéao a suspendu le pays de ses "organes décisionnels ». Après l'envoi d'une délégation de médiation lundi à Bissau, l'organisation ouest-africaine envisage-t-elle des sanctions plus sévères ? Quelle est sa marge de manœuvre auprès du nouvel homme fort, le général Horta N'Tam ? Avec Serge Daniel, correspondant régional de RFI sur le Sahel. Guerre en Ukraine : pourquoi Poutine ne veut rien céder sur les territoires occupés par ses troupes ? Les cinq heures de discussion, mardi soir à Moscou, entre Steve Witkoff, le représentant de Donal Trump, et Vladimir Poutine n'ont débouché sur aucun compromis concernant les territoires ukrainiens occupés. Pourquoi cette question territoriale est-elle non-négociable pour la Russie ? Les États-Unis pourraient-ils céder à certaines exigences russes pour mettre fin à la guerre ? Avec Carole Grimaud, spécialiste de la Russie à l'Université de Montpellier, chercheure en sciences de l'information à l'Université d'Aix-Marseille. Autrice de l'ouvrage « Les étudiants face à la guerre russe en Ukraine » (éditions L'Harmattan). Soudan : la guerre bascule-t-elle à l'avantage des paramilitaires ? Après deux semaines de violents combats, les forces paramilitaires soudanaises ont annoncé avoir pris le contrôle de Banabusa, dernier bastion de l'armée régulière dans le Kordofan Occidental. En quoi la prise de cette ville est-elle stratégique ? Après la chute d'El-Fasher, cette nouvelle victoire des FSR aura-t-elle des conséquences sur les pourparlers ? Avec Roland Marchal, chercheur au CERI de Sciences Po Paris.
Au menu de l'actualité : Soudan : l'ONU met en garde contre une vague d'atrocités au KordofanGaza : les femmes sont l'ultime protection face à la faim, au froid et aux violencesPaludisme : résistance aux médicaments et sous-financement menacent les progrès Présentation : Cristina Silveiro
durée : 00:03:28 - Sous les radars - par : Sébastien LAUGENIE - C'est la première fois depuis la chute de l'Union soviétique que la Russie va déployer une base militaire en Afrique, et plus précisément dans le port du Soudan. Si le deal se conclu, Moscou obtiendra une place stratégique sur la mer méditerranée via le Canal de Suez. Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
durée : 00:03:28 - Sous les radars - par : Sébastien LAUGENIE - C'est la première fois depuis la chute de l'Union soviétique que la Russie va déployer une base militaire en Afrique, et plus précisément dans le port du Soudan. Si le deal se conclu, Moscou obtiendra une place stratégique sur la mer méditerranée via le Canal de Suez. Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
Nous commençons par une plongée au coeur de la Cisjordanie, la Cisjordanie occupée et menacée d'annexion pure et simple par Israël alors que vient d'être célébrée la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien des Nations unies. Nicolas Rocca a passé 2 jours sur place. En seconde partie d'émission, nous partirons pour l'Afrique du Sud, dans l'un de ces secteurs de non droit sous la coupe des gangs. Valentin Hugues a ainsi séjourné dans la banlieue du Cap. À Hébron, la colonisation rue par rue Dans 2 jours, sera célébrée comme chaque année la Journée Internationale de Solidarité avec le Peuple Palestinien, instaurée par l'ONU. Les Nations unies qui approuvaient, il y a 78 ans, le plan de partage de la Palestine. La résolution 181. 78 ans… et quel partage ? Après plus de deux ans de guerre à Gaza, et une intensification sans précédent par Israël de la colonisation de la Cisjordanie occupée, ce plan n'a plus aucune réalité sur le terrain. Menace d'annexion, légalisation dans le droit israélien de colonies tout à fait illégales, selon le droit international, attaques lancées par les colons, hausse sans précédent de construction, d'avant-postes, destruction de villages palestiniens : Israël avance sur tous les fronts. Ce projet politique, qui achève tout espoir d'une solution à deux Etats, s'exprime avec toute sa violence, dans la plus grande métropole de Cisjordanie : Hébron. Nous y avons passé deux jours entre colons israéliens et habitants palestiniens. Un Grand reportage de Nicolas Rocca qui s'entretient avec Jacques Allix. Dans la banlieue du Cap, une vie au milieu des gangs Afrique du Sud. Banlieue du Cap. Dans l'extrême Sud. La violence des gangs y a fait près de 500 morts en 6 mois. Un bilan glaçant qui illustre une violence de plus en plus débridée. À l'instar des situations de chaos dans des quartiers du Soudan du Sud, des villes mexicaines ou de Haïti. Les gangs y font la loi. En Afrique du Sud, le président Ramaphosa dit vouloir «s'attaquer» à ces zones de guerre. Mais les trop rares policiers bien armés sont souvent dépassés le soir, moment de tous les dangers. Notre correspondant a passé trois jours dans ces zones dangereuses, pour comprendre les guerres de territoires, les affrontements meurtriers, et la peur des habitants. Un Grand reportage de Valentin Hugues qui s'entretient avec Jacques Allix.
Des barils écrasés au sol, un nuage jaune, des travailleurs sous oxygène : dans cette enquête, la rédaction des Observateurs révèle l'usage d'un gaz toxique comme arme chimique dans la guerre civile au Soudan. Tout pointe vers l'armée soudanaise, qui aurait utilisé le chlore pour reprendre une raffinerie stratégique à la milice des Forces de soutien rapide.
durée : 02:30:15 - Les Matins - par : Guillaume Erner, Yoann Duval - - réalisation : Félicie Faugère
Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur la trêve américaine rejetée par le général soudanais al-Burhan, les conversations téléphoniques secrètes entre Washington et Moscou et le risque de fermeture d'une grande raffinerie en Serbie. RDC : que revendiquent les miliciens Mobondo ? Au moins 21 civils ont été tués dimanche (23 novembre 2025) dans un village situé à la périphérie est de Kinshasa lors d'une attaque menée par la milice Mobondo. Quelles sont les motivations de ces miliciens ? Quels sont les moyens déployés par l'armée pour faire face à cette vague de violence ? Avec Patient Ligodi, journaliste au service Afrique de RFI. Soudan : pourquoi le général al-Burhan rejette-t-il la trêve américaine ? Le chef de l'armée soudanaise, Abdel Fattah al‑Burhan, a rejeté avec véhémence la proposition de trêve présentée par les médiateurs américains, qualifiant l'offre de «la pire proposition jamais faite». Que contient ce plan ? Pourquoi, dans la foulée, les paramilitaires des Forces de soutien rapide ont-ils déclaré un cessez-le-feu de trois mois ? Avec Gaëlle Laleix, correspondante permanente de RFI à Nairobi. Guerre en Ukraine : le rôle trouble d'un émissaire américain dans les négociations de paix Selon une conversation téléphonique révélée par l'agence de presse américaine Bloomberg, Steve Witkoff, l'émissaire de Donald Trump, a expliqué au conseiller diplomatique de Vladimir Poutine comment la Russie devait s'y prendre pour que le président américain se range du côté du Kremlin. Quelle est l'influence réelle de Steve Witkoff ? Qu'est-ce que cela dit du degré de proximité entre la Maison Blanche et le Kremlin ? Avec Carole Grimaud, spécialiste de la Russie à l'Université de Montpellier, chercheure en sciences de l'information à l'Université d'Aix-Marseille. Serbie : pourquoi la seule raffinerie du pays est-elle menacée par les Américains ? Alors que l'hiver approche, la seule raffinerie du pays va devoir arrêter de fonctionner. En cause, les sanctions américaines contre la Russie entrées en vigueur au début du mois d'octobre. Pourquoi les sanctions contre Moscou pénalisent-elles la Serbie ? Quelles seront les conséquences pour les Serbes ? Avec François Lafond, ancien expert technique français auprès du gouvernement serbe.
durée : 00:12:03 - Les Enjeux internationaux - par : Guillaume Erner - Ce lundi 24 novembre 2025, les Forces de soutien rapide ont annoncé une trêve humanitaire de trois mois au Soudan. Une annonce qui intervient dans un pays ravagé depuis plus de deux ans par la guerre, un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 12 millions de déplacés. - réalisation : Félicie Faugère - invités : Clément Deshayes anthropologue, chercheur à l'institut de recherche pour le développement (IRD), laboratoire Prodig
Depuis la chute d'El-Fasher entre les mains des FSR du général Mohamed Hamdan Dogolo dit « Hemedti » le 26 octobre dernier, chaque semaine, le Tchad voit arriver en moyenne 2000 réfugiés soudanais. Ils arrivent pour la plupart de la capitale du Darfour-Nord. Traumatisés, affamés, assoiffés, ils ont réussi à survivre à 18 mois de siège, aux massacres, aux viols utilisés comme armes de guerre, aux jours de combat qui ont précédé la chute d'El-Fasher. Ils ont aussi survécu aux routes dangereuses et coûteuses qui mènent au Tchad voisin. Depuis novembre, les réfugiés soudanais sont relocalisés au camp de Touloum, à quelques heures de route de la frontière. Le but : éviter l'installation d'un camp à Tiné, et (donc) désengorger la frontière. Trois fois par semaine, des camions avec à leur bord les derniers réfugiés arrivés, partent pour Touloum, où sera alors finalisée leur installation au Tchad. De Tiné à Touloum : la relocalisation, c'est le quatrième et dernier volet de notre série de reportages sur la route de l'exil des réfugiés soudanais. De notre envoyée spéciale à Tiné, Effervescence, agitation et angoisse… La tension est palpable dans le camp de transit de Tiné. Daralnayim sera dans l'un des six camions prévus pour la relocalisation vers le camps de Touloum. Seule et enceinte, elle part avec pour seules affaires deux sacs, l'un sur le dos, l'autre qu'elle traîne difficilement. « Je suis heureuse de m'installer dans le camp. Ma mère et ma famille vont pouvoir me rejoindre. Je pourrai m'occuper de ma mère, ma fille et mes frères. Il faut que je puisse manger, pour prendre des forces, travailler et assurer ce qui leur faut », dit-elle. Pour cette cession de relocalisation près de 500 ménages arrivent à Touloum. Le camp existe depuis le début de la guerre au Darfour, il y a 20 ans. Il y accueille aujourd'hui plusieurs dizaines de milliers de personnes. La ville la plus proche est à environ 30 min en voiture. L'eau est rare et la nourriture aussi, alors la solidarité s'organise. « Les réfugiés et les anciens refusés s'organisent entre eux et pour envoyer un peu de la nourriture, des repas chauds, de l'eau et pour accueillir les nouveaux réfugiés », explique Moussa Fofana, agent de terrain pour le HCR À lire aussiLa route de l'exil vers le Tchad: les réfugiés soudanais d'El-Fasher racontent leur cauchemar[2/4] Selon un porte-parole du PAM, l'ONG donne aux nouveaux arrivants une aide alimentaire : céréales, légumineuses, huile et sel avant de passer à une distribution d'argent quelques semaines plus tard. Mais plusieurs sources humanitaires expliquent que ces distributions sont insuffisantes. Rahma est arrivée il y a plusieurs mois à Touloum. « Nous voulons de la nourriture et que l'eau soit présente de manière constante. Ne coupez pas ces services. Voilà mon message ». Le 24 novembre dernier, les FSR ont décrété une trêve humanitaire unilatérale refusée par l'armée soudanaise. Malgré les efforts des médiateurs internationaux, le cessez-le-feu semble loin et les réfugiés de Touloum se résignent à devoir rester au Tchad. À lire aussiAu Tchad, les réfugiés soudanais racontent leur arrivée au camp de Tiné [3/4]
Afrique du Sud. Banlieue du Cap. Dans l'extrême Sud. La violence des gangs y a fait près de 500 morts en 6 mois. Un bilan glaçant qui illustre une violence de plus en plus débridée. À l'instar des situations de chaos dans des quartiers du Soudan du Sud, des villes mexicaines ou de Haïti. Les gangs y font la loi. En Afrique du Sud, le président Ramaphosa dit vouloir «s'attaquer» à ces zones de guerre. Mais les trop rares policiers bien armés sont souvent dépassés le soir, moment de tous les dangers. Notre correspondant a passé trois jours dans ces zones dangereuses, pour comprendre les guerres de territoires, les affrontements meurtriers, et la peur des habitants. «Dans la banlieue du Cap, une vie au milieu des gangs», un Grand reportage de Valentin Hugues.
L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a affirmé qu'aucune des deux parties en guerre au Soudan n'avait accepté la proposition de cessez-le-feu soumise par Washington au nom des médiateurs, exhortant les deux camps à donner leur accord à cette trêve. Il les a appelées "à accepter la trêve humanitaire telle que présentée sans conditions préalables". Le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, a jugé cette proposition "inacceptable".
Depuis avril 2023, se déroule au Soudan l'un des conflits les plus meurtriers, à l'origine de « la plus grande crise humanitaire au monde » selon l'ONU. Selon des témoins ayant fui El-Fasher, la capitale du du Darfour-Nord est le lieu de massacres, violences à caractère ethnique, viols et agressions sexuelles depuis qu'elle est tombée entre les mains des paramilitaires FSR du général Mohamed Hamdan Dogolo « Hemedti », le 26 octobre dernier. Plusieurs organisations humanitaires font état de crime de guerre, de crimes contre l'humanité, les Nations unies parlent d'une « spirale d'atrocité ». Après un siège de 18 mois, après la faim, la soif, la violence et la peur, certains Soudanais ont réussi à quitter El-Fasher pour se réfugier au Tchad voisin. Le Tchad et le Soudan sont séparés par un wadi, un oued sec, depuis la fin de la saison des pluies. De part et d'autre de cette frontière se trouvent deux villes : Tina, au Soudan, et Tiné, au Tchad. C'est là que les réfugiés soudanais traversent à pied, en charrette ou à l'arrière de camionnettes. De notre envoyée spéciale à Tiné, La frontière est gardée par des militaires tchadiens, mais aucune entrave n'a lieu au passage des réfugiés qui traversent tous librement. « Voilà les nouvelles familles qui viennent d'arriver. Elles sont orientées pour faire le circuit : d'abord l'enregistrement des réfugiés avec la Commission nationale d'accueil de réinsertion des réfugiés et des rapatriées du Tchad (Cenar), après avoir obtenu les informations de la personne. Puis un screening médical se fait avec Médecins sans frontière (MSF) avant leur transfert vers le site de transit », explique Georges, membre de l'équipe du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le visage fatigué, en partie dissimulé derrière son foulard bariolé, Souad Ibrahim Abdou s'installe à quelques mètres de la frontière, sous la cabane de MSF. Elle attend désormais d'être enregistrée. « On a laissé les enfants à Tawila. On remercie le seigneur d'être arrivé ici en bonne santé. Dieu merci, tout va bien. On nous a conseillé de venir ici, on nous a dit que la ville était bien. Le seul problème ici, c'est la nourriture. Aussi, il n'y a pas de travail », raconte-t-elle. Une fois le premier enregistrement effectué, les réfugiés doivent se rendre par leurs propres moyens au site de transit à la sortie de la ville. Parmi les infrastructures sur place, des pompes à eau, mais peu de latrines. Et les températures chutent fortement le matin et le soir. La jeune Daralnayim,19 ans et enceinte de sept mois, a fait le voyage seule depuis El-Fasher. Elle raconte sa vie dans le site de transit : « Il n'a pas de nourriture, pas de couvertures, pas de lit. Je n'ai pas eu d'autre choix que de rester avec des femmes ici. On a fait les démarches d'enregistrement ensemble. » Les profils de ces derniers arrivants sont majoritairement des femmes et des enfants. Mais il y a beaucoup plus d'hommes comparé au début du conflit en 2023. « Il y a de plus en plus de vieillards blessés, de gens inaptes et beaucoup d'enfants non accompagnés. Ils avaient encore l'espoir en 2023 qu'ils peuvent défendre leur terre, résister. Maintenant, c'est le désespoir total », détaille Jean-Paul Habamungu, responsable du HCR à Iriba. À lire aussiLa route de l'exil vers le Tchad: les réfugiés soudanais d'El-Fasher racontent leur cauchemar[2/3]
durée : 00:15:04 - Journal de 8 h - Massacres, viols... Les violences au Soudan, où se déroule une guerre entre l'armée et des paramilitaires, sont terribles. Des réfugiés au Tchad voisin racontent.
durée : 00:15:04 - Journal de 8 h - Massacres, viols... Les violences au Soudan, où se déroule une guerre entre l'armée et des paramilitaires, sont terribles. Des réfugiés au Tchad voisin racontent.
Notre invité Afrique ce lundi matin est le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra. Le 28 décembre prochain, il briguera un troisième mandat à la tête du pays, face à six autres candidats. Organisation des élections, validation des opposants par le Conseil constitutionnel, accord avec les groupes armés, situation socio-économique, relations avec les Émirats arabes unis et la Russie… Il a abordé tous ses sujets avec François Mazet à Bangui. RFI : Monsieur le président, le 28 décembre, vous allez briguer un nouveau mandat à la tête de la République centrafricaine. Pour vous, cette candidature, c'était une évidence ? Faustin-Archange Touadéra : Effectivement, j'ai fait acte de candidature à cette élection. Le peuple centrafricain et ses communautés ont organisé des marches pour solliciter le fait que je puisse faire acte de candidature. Mais voyez-vous, cela fait suite à toutes les actions que nous avons menées pendant les deux derniers mandats, durant lesquels le pays était dans une très grande difficulté. Nous avons pu avoir des accords de paix avec les 14 groupes armés. Évidemment, en face de tout ça, le peuple centrafricain pense qu'aujourd'hui, il y a la paix qui est revenue. Il y a le déploiement de l'autorité de l'État à l'intérieur du pays, des avancées notables dans le sens du bien-être du Centrafricain. Je ne dis pas que tout est parfait, mais nous avons fait un grand pas, nous relevons la tête. Alors, on va revenir sur certains points de votre bilan. Mais d'abord, c'est fort de ce bilan que vous êtes convaincu, comme le dit la chanson qui tourne déjà, que ça sera le coup KO au premier tour ? (Il rit) Ben évidemment ! Pour nos compatriotes, beaucoup pensent que ce sera au premier tour. Nous sommes conscients, évidemment, que c'est un acte, une action démocratique ! Eh bien, le jeu est ouvert et chaque camp essaie de convaincre le plus de Centrafricains à voter pour lui. Vous aurez six adversaires. Évidemment, deux noms ressortent ceux de messieurs Henri-Marie Dondra et Anicet-Georges Dologuélé qui, après des mois de conjectures, ont finalement été validés par le Conseil constitutionnel. Est-ce que c'est une bonne chose que cette élection réunisse quand même des personnalités d'importance qui peuvent venir remettre en cause votre leadership ? Je ne peux pas, en tant que candidat, émettre des avis sur la décision du Conseil constitutionnel. Je prends acte. Nous allons competir et on va demander aux Centrafricains de faire leur choix. Évidemment, les personnalités dont vous parlez ici ne sont pas inconnues. On verra bien le 28 décembre. En tout cas, messieurs Dondra et Dologuélé disent que jusqu'au bout, vous avez fait le maximum pour qu'ils ne puissent pas s'opposer à vous. Qu'est-ce que vous leur répondez ? Mais en faisant quoi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour m'opposer à leur candidature ? Nous avons des lois, chaque individu doit se conformer à nos lois, à nos textes. Et pour ça, il y a des juridictions. Donc, en quoi puis-je interférer ou faire quoi que ce soit pour empêcher qui que ce soit de se présenter ? La preuve, c'est qu'aujourd'hui, le Conseil constitutionnel a donné un avis. Je prends acte. Alors, justement, le 28 décembre, il y aura un quadruple scrutin. C'est historique en Centrafrique. Est-ce que vous êtes confiant dans la capacité des institutions d'organiser ces élections dans les meilleures conditions possibles ? C'est un grand challenge pour le pays et c'est important. Normalement, les élections locales devaient être organisées bien avant. Malheureusement, il y a eu des difficultés techniques quant à la disponibilité du fichier électoral, puisque c'est la base même d'une élection. C'est vrai, c'est un grand défi. C'est une première, mais nous faisons confiance aux hommes et aux femmes qui travaillent dans ces institutions pour que la République centrafricaine sorte de cela vraiment grandie. Je ne dis pas que tout est rose, qu'il n'y a pas de problème, il y a des difficultés. Nous avons par exemple des difficultés financières pour soutenir un certain nombre d'actions. On a eu des promesses qui n'ont pas été tenues dans le cadre de la mobilisation des ressources. Mais l'État fait face à ça, parce que c'est un enjeu important pour la démocratie. Pour vous, la date du 28 décembre, est-elle gravée dans le marbre ? Nous avons la Constitution. La date du 28 est constitutionnelle. Au-delà, il n'y aura que du désordre. Dès qu'on va dépasser cette date, ils vont commencer par parler de transition, ils vont parler de venir partager le gâteau... Nous ne pouvons pas prendre le risque. Notre pays a connu des moments très difficiles et il nous faut tenir ce délai pour renforcer notre démocratie, respecter nos textes. Sur la question de la sécurité, vous avez commencé à l'aborder. Vous avez signé ces derniers temps des accords avec plusieurs groupes rebelles, encore cette semaine avec le MPC. Est-ce que vous êtes confiant quant au fait que, cette fois, ces accords seront respectés par toutes les parties, pas comme en 2019, 2020 ? Nous allons tout faire pour tenir nos engagements. C'est moi qui leur ai tendu la main, ce sont des fils du pays et je leur ai dit : "Votre lutte, là, je ne comprends pas les objectifs." Eh bien, ils sont d'accord. Je pense que cette fois-ci, chacun des leaders a compris que ce n'est pas la peine de continuer la guerre, la violence inutile. Qu'est-ce qu'ils y gagnent ? Et je pense que, de leur côté, ils font des efforts. Et d'ailleurs, le processus de désarmement pour les groupes UPC et 3R se déroule normalement. Il y a quelques défis, comme la prise en charge d'un certain nombre de gens désarmés. Donc, j'ai donné les instructions pour qu'on les règle. Du point de vue économique et social, la population continue de souffrir du coût de la vie. Concrètement, qu'est-ce que vous proposez pour changer la donne après déjà deux mandats ? Vous utilisez des mots, des mots très forts, mais il faut les mettre dans leur contexte. Pour le peuple centrafricain, il y a eu des avancées certaines, indéniables. Ça ne veut pas dire que tout va bien. Je n'ai pas dit que tout est pour le meilleur des mondes, ici. Non. Et c'est pour ça que nous avons proposé un plan national de développement. C'est pour ça qu'aujourd'hui, nous demandons aux Centrafricains de nous donner encore un mandat pour continuer ce que nous avons fait, parce qu'on était vraiment dans le gouffre. Et c'est sur ces progrès que nous allons tabler pour poursuivre. Nous sommes confiants. Un des points principaux pour la population, pour les entreprises, c'est la question des carburants. Les coûts des carburants qui sont extrêmement chers en Centrafrique, le plus cher du continent, la structure des prix a fait l'objet de critiques de la part de la société civile, d'ONG internationales, du FMI. Est-ce qu'il va y avoir une réforme du marché des carburants en Centrafrique ? Nous ne sommes pas un pays producteur de pétrole, nous sommes un pays continental et il nous faut de l'énergie pour faire tourner l'économie. Quand le carburant arrive dans un port, ce n'est pas le même prix que lorsqu'il arrive ici, il faut le transporter. Soit par bateau, par barge. Il y a un coût et même si c'est par la route, il y a un coût. Notre objectif, ce n'est pas d'avoir du carburant cher. Donc, pour vous, il n'y a pas de surcoût inexplicable ? En Centrafrique, ce n'est pas la volonté du gouvernement de faire surenchérir, ce sont les réalités des prix, parce que le gouvernement n'a rien à gagner en augmentant les prix, bien au contraire. Il y a cette guerre civile chez votre voisin, le Soudan. Quelle est la situation exactement dans le nord-est du pays ? Et est-ce que vous craignez qu'avec la poursuite de ce conflit, il y ait un débordement chez vous ? Nous avons connu la guerre ici, nous savons ce que c'est et ça a détruit notre pays. Une partie de notre population dans le nord s'approvisionnait au Soudan. Ça devient difficile économiquement et socialement parlant. Avec ce conflit, il y a des personnes, des Soudanais, des frères Soudanais, hommes et femmes, qui veulent la paix et viennent se réfugier en République centrafricaine, ce qui va encore perturber la situation économique et sociale de cette région. Nous sommes dans toutes les réunions, on participe, nous donnons notre contribution. Dans ce conflit, il y a quand même un acteur extérieur dont tout le monde parle, ce sont les Émirats arabes unis. Et vos adversaires disent que vous vous rapprochez d'eux et se questionnent : est-ce que la Centrafrique va servir de base arrière ? La République centrafricaine est un pays ouvert. On ne va pas dire que nous ne devions pas travailler avec un pays avec un autre. Non, vous voyez, c'est ça ces actes de désinformation. Nous avons une coopération avec les Émirats arabes unis sur des projets précis et nous continuons à travailler dans l'intérêt bien compris des deux parties. Un autre partenariat qui évidemment fait beaucoup parler depuis plusieurs années, c'est celui avec la Russie. Il a été dit et écrit que des membres du groupe Wagner allaient partir et être remplacés par une nouvelle entité, Afrika Corps, qui est directement rattachée au ministère russe de la Défense. Est-ce que vous confirmez des discussions en cours avec Moscou ? Oui, vos confrères m'ont toujours posé ce genre de questions. J'estime que j'ai toujours répondu que ce n'est pas devant votre micro que je vais m'étaler sur toutes les questions, les discussions, que nous avons avec des pays amis. Non. Si nous nous accordons, nos discussions ne vont pas être rendues publiques. Vous disiez que nous sommes en discussion ? Bien sûr, nous sommes en discussion sur beaucoup de sujets, pas seulement sécuritaires ou remplacer telle force par telle autre… Nous avons beaucoup de discussions sur le plan de la défense, sur le plan économique, sur le plan de l'éducation, de la santé. On a beaucoup de programmes ensemble. Alors, les personnes du groupe Wagner n'avaient pas seulement une activité de sécurité, ils avaient d'autres activités. Ils ont une activité économique avec des entreprises. Si les personnes de Wagner en uniforme partent, est-ce que les entreprises liées à Wagner restent ? La République centrafricaine est un pays ouvert. Il y a un code minier qui existe. Une société, n'importe laquelle, qui se constitue en République centrafricaine, qui remplit les conditions et qui fait une requête, pour avoir un permis de recherche, un permis d'exploitation, et qui remplit les conditions, eh bien ce sont des secteurs qui sont libéralisés aujourd'hui, que ce soient les mines, que ce soient les eaux et les forêts. Tout ça, c'est libéralisé. Alors, pourquoi vous voulez indexer certaines normes de sociétés comme étant des sociétés Wagner ou autres ? Ce sont des sociétés pour nous qui sont normalement constituées, légalement je veux dire, et qui exercent sur le territoire centrafricain en respectant nos lois. C'est tout. Et il n'y a pas que les Russes. Donc aucun passe-droit ici pour aucune entreprise, tout le monde est soumis aux mêmes règles. Nos textes sont clairs, il n'y a pas de passe-droit. Vous pouvez demander au ministère des Mines : telle société a rempli les conditions. Voilà, et c'est de la manière la plus transparente. À lire aussiCentrafrique: la mission d'observation électorale tente d'endiguer la désinformation avant la présidentielle
durée : 00:15:04 - Journal de 8 h - Massacres, viols... Les violences au Soudan, où se déroule une guerre entre l'armée et des paramilitaires, sont terribles. Des réfugiés au Tchad voisin racontent.
Depuis la chute d'El-Fasher entre les mains des FSR du général Mohamed Hamdan Dogolo dit Hemedti le 26 octobre dernier, chaque semaine, le Tchad voit arriver en moyenne 2 000 réfugiés soudanais. Ils arrivent pour la plupart de la capitale du Darfour-Nord. Traumatisés, affamés, assoiffés, ils ont réussi à survivre à 18 mois de siège, aux massacres, aux viols utilisés comme armes de guerre, aux jours de combats qui ont précédé la chute d'El-Fasher. Ils ont aussi survécu aux routes dangereuses et coûteuses qui mènent au Tchad voisin. Le témoignage poignant de réfugiés arrivés à Tiné, ville frontalière du Soudan, dans la région du Wadi Fira. Assise sur un bidon vide, Recroquevillé sur elle-même, le visage couvert par un foulard, Salma Mohamad Abdallah a encore du mal à parler. « On est sorti d'El-Fasher à pied. C'était effrayant. Sortir de chez soi à quatre heures du matin, tout laisser derrière soi, y compris ses proches, c'est dur. Et après ça, on s'est déplacé de nuit. On a marché pendant quatre jours. Il y avait des FSR. Torture, humiliations, ils font peur. Ils nous ont tout pris et surtout, ils frappaient les hommes et ne les laissaient pas passer. » Après quatre jours de marche, elle a dû payer des passeurs, souvent FSR, pour finir le trajet jusqu'au Tchad. « Si on dit qu'on est Zaghawa, ils ne nous laissent même pas sortir d'El-Fasher » « Quand on est arrivé à Garna, on a trouvé les voitures des FSR. On a pris celle qui emmenait à Tiné. Ils nous posent toutes sortes de questions. Et si l'on dit que nous sommes Zaghawa, ils nous torturent et ne nous laissent pas monter dans les voitures. Il faut dire le nom de n'importe quelle autre ethnie pour qu'ils nous laissent passer. Mais si on dit qu'on est Zaghawa, ils ne nous laissent même pas sortir d'El-Fasher. » D'autres ont réussi à récolter suffisamment d'argent pour faire tout le trajet en voiture, mais avec une peur omniprésente : celle de se faire piller par les paramilitaires. C'est le cas de cette mère de trois enfants. Samia Ousman Hadi : « Je suis venue en voiture, mais malgré tout c'était fatiguant, on avait faim, on était épuisés et on a été insultés. Après, il a fallu s'arrêter. On est resté là, dehors en attendant la suite. Il y avait ni à boire ni à manger. C'était éprouvant. » « Des enfants ont disparu » À l'approche de Tiné, Rahma Mouhamad Abdallah et ses six enfants ont cru qu'ils n'arriveraient pas vivants au Tchad. « Des bombardements, des missiles, des drones, c'était très dur. Il y avait des enfants nus, ils marchaient sans aucun vêtement. Beaucoup ont perdu leur mère, leur père. Des enfants ont disparu. Il y a des gens qui n'ont pas retrouvé leurs familles. » Des sources gouvernementales tchadiennes confirment d'intenses activités de drone en territoire soudanais, à quelques dizaines de kilomètres de Tiné. Les humanitaires présents aux postes frontière disent avoir reçu une trentaine de blessés ayant traversé la frontière pour se faire soigner. À lire aussi«Il fallait rester à l'abri, sous terre»: des Soudanais d'El-Fasher réfugiés au Tchad témoignent [1/3]
durée : 00:59:00 - Affaires étrangères - par : Christine Ockrent - Depuis la prise d'El-Fasher le 26 octobre, les forces paramilitaires poursuivent leur conquête à l'est, dans la région du Kordofan. Quelles sont les causes de cette guerre qui ravage le Soudan depuis 2023, qualifiée par les Nations Unies de plus grande crise humanitaire au monde ? - réalisation : Luc-Jean Reynaud - invités : Roland Marchal Chercheur au CERI de Sciences Po Paris ; Thierry Vircoulon Chercheur associé à l'Observatoire de l'Afrique centrale et orientale à l'IFRI; Jérôme Tubiana Conseiller aux opérations de Médecins sans frontières; Raphaëlle Chevrillon Guibert Chercheuse à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), associée au Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales au Soudan (CEDEJ) de Khartoum
Au Soudan, les camps de déplacés accueillent chaque jour des enfants qui portent les lourdes séquelles de la guerre, entre blessures physiques et traumatismes psychologiques. De nombreux mineurs sont également orphelins et livrés à eux-mêmes. Selon l'Unicef, plus de la moitié des personnes ayant fui El Fasher sont mineures. L'Union européenne a par ailleurs annoncé des sanctions contre le numéro deux des Forces de soutien rapide (FSR), accusé d'exactions au Soudan.
À Washington, le Congrès américain doit examiner ce jeudi la requête de Donald Trump, qui veut intégrer le Nigeria à la liste des pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse. Ce vote tombera 48 heures après l'attaque meurtrière d'une église de l'Ouest du pays pendant une messe retransmise en direct. Les chrétiens sont-ils vraiment persécutés au Nigeria ? Quelles seraient les conséquences d'un vote pro-Trump au Congrès ? Marc-Antoine Pérouse de Montclos est directeur de recherches à l'IRD, l'Institut de Recherche pour le Développement. Il répond à Christophe Boisbouvier. RFI : Marc-Antoine Pérouse de Montclos, est-ce que les chrétiens sont persécutés au Nigeria ? Marc-Antoine Pérouse de Montclos : Il peut y avoir certaines zones où il y a des discriminations contre les minorités. Donc en l'occurrence confessionnelles, ça peut être des mouvements évangéliques ou même des catholiques, notamment dans le Nord à dominante musulmane. Mais il faut voir qu'à l'inverse, les musulmans peuvent aussi être victimes de ces discriminations dans des régions à dominante chrétienne, plutôt dans le sud-est par exemple. Alors il y avait une attaque qui avait frappé les esprits. C'était le jour de Noël de l'année 2012. C'était dans la région d'Abuja, à Matala Zuba précisément. Un commando armé avait attaqué une église en pleine messe de Noël. Le prêtre et cinq fidèles avaient été tués. Oui, il y a quelquefois des églises qui sont prises pour cible, notamment par des groupes jihadistes comme la mouvance Boko Haram dans le nord-est, qui là, en l'occurrence, avait frappé plus dans la région centrale autour de la capitale fédérale. Il faut savoir que dans les nombreuses violences qui agitent le Nigeria, il y a également des mosquées qui sont prises pour cible et qui vont être brûlées, qui vont être attaquées, pas forcément d'ailleurs par des chrétiens. Souvent, les groupes jihadistes s'en prennent d'abord aux musulmans, et l'essentiel des victimes, par exemple de Boko Haram, ce sont des musulmans, rappelons-le, parce que c'est mathématique. Ils agissent dans une région qui est surtout peuplée de musulmans. Leurs victimes sont essentiellement civiles et parmi leurs victimes, il y a aussi effectivement des chrétiens qui peuvent être ciblés comme chrétiens. Alors tout de même, c'était le 16 novembre dernier à Rome, le pape Léon XIV s'est adressé à la foule place Saint-Pierre, en dénonçant les persécutions des chrétiens à travers le monde, notamment « au Bangladesh, au Nigeria, au Mozambique et au Soudan ». Oui, alors il y a un index qui sort sur les persécutions des chrétiens dans le monde et qui donc fait état d'homicides en arguant que ces personnes sont tuées non pas pour être dépouillées, volées de leur voiture ou de leur portefeuille, mais bien à cause de leur dénomination chrétienne. En réalité, il y a des chrétiens qui sont ciblés au Nigeria dans le cadre de conflits fonciers, notamment dans la ceinture centrale du Nigeria, qui voient des éleveurs musulmans s'opposer à des cultivateurs chrétiens. Et là, effectivement, les églises peuvent être des marqueurs identitaires. Donc, on va brûler un village, on va aussi s'en prendre à une église. Ça peut être aussi des lieux de refuge. Et donc effectivement, là, on voit aussi des ciblages autour de lieux de culte qui visent explicitement les chrétiens. Mais derrière, les dessous de ces conflits ne sont pas fondamentalement d'ordre confessionnel. Ce n'est pas sur la manière de prier ou de croire. Ce sont d'abord des conflits fonciers, des conflits politiques, sur le partage du pouvoir, sur la compétition pour les ressources. Et puis, ne l'oublions pas, au Nigeria, plus de 200 millions d'habitants, il y a une pression démographique qui s'accroît. Et donc, dans certains cas, on voit que ces conflits fonciers opposent des chrétiens aux musulmans. Que pensez-vous de Donald Trump qui accuse le président Bola Tinubu de tolérer les meurtres de chrétiens par des terroristes islamistes ? Oui, alors le point important, c'est qu'il n'accuse pas le gouvernement de commettre le génocide lui-même mais de laisser faire. Donc effectivement, il y a un gros problème au niveau de l'appareil coercitif du Nigeria avec une police qui, disons, ne performe pas, qui n'est pas professionnelle, qui tue énormément aussi beaucoup de civils. La même chose pour l'armée. Il se trouve qu'en plus il y a une configuration en ce moment politique au Nigeria qui fait que le président est musulman et le vice-président est également musulman. Or, d'habitude, il y a une règle non-écrite, ce n'est pas une règle constitutionnelle, mais qui veut que si le président est musulman, son vice-président sera chrétien et inversement. Donc là, on a une configuration un peu particulière qui va donner du grain à moudre aussi sur tous ces lobbys évangéliques qui s'en prennent aux musulmans, à l'élite musulmane du nord qui est accusée de laisser faire les « terroristes peuls », puisque les éleveurs peuls sont tous rangés dans la catégorie des terroristes, ce qui tend à donner une dimension très ethnique à ces conflits, quoi qu'il en soit de leur aspect confessionnel. Aujourd'hui, cette croisade en faveur des chrétiens du Nigeria est renforcée par une superstar du rap américain, Nicki Minaj. Est-ce que cela ne pèse pas dans l'opinion publique américaine et dans le vote à venir du Congrès américain ce jeudi ? Alors, le fait qu'il y ait des stars du rap qui s'engagent effectivement dans cette campagne va évidemment jouer en faveur des lobbys évangéliques du Nigeria qui pressent le Congrès de mettre en place des sanctions économiques. Alors eux demandent des sanctions économiques, ils ne demandent pas une intervention militaire. Et de toute façon, même les leaders chrétiens du Nigeria se sont opposés à l'éventualité d'une intervention militaire américaine qui, dans tous les cas, est complètement improbable. C'est le pays le plus peuplé d'Afrique. On ne voit pas très bien comment l'armée américaine pourrait intervenir dans un terrain plus que compliqué, puisque là, vous allez poster des soldats américains autour de chaque église de l'Etat du Plateau, dans le centre du pays. Ça n'a absolument aucun sens. À lire aussiLes propos de Trump sur le Nigeria sont «irresponsables et criminels», dit le prix Nobel Wole Soyinka
Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur la sentence d'un ancien chef de guerre soudanais, la force internationale à Gaza et les tensions entre Washington et Caracas. Mbappé-PSG : un bras de fer à plus de 700 millions d'euros Alors que Kylian Mbappé réclame 263 millions d'euros au Paris Saint-Germain devant le Conseil des Prud'hommes de Paris, son ancien club lui en demande 440 millions. Comment expliquer ces sommes colossales ? Un accord à l'amiable est-il encore envisageable ? Avec Baptiste Leduc, journaliste au service des sports de RFI. Soudan : quelle sentence pour l'ancien commandant Janjawid Ali Kushayb ? La Cour pénale internationale doit délivrer sa sentence contre Ali Kushayb, accusé de «crimes de guerre et de crimes contre l'humanité» commis en 2003 et 2004 au Darfour. Pourquoi le procès de cet ancien chef de guerre ne se tient que maintenant, plus de 20 ans après les faits ? Quel verdict la CPI pourrait-elle rendre ? Avec Stéphanie Maupas, correspondante permanente de RFI à La Haye. Gaza : à quoi ressemblera la force de stabilisation internationale ? Le Conseil de Sécurité des Nations unies a adopté une résolution reprenant le plan de paix de Donald Trump, qui prévoit le déploiement d'une force internationale dans la bande de Gaza. Quel sera son mandat ? Quid des pays contributeurs ? Pourquoi la Russie et la Chine se sont abstenues de voter alors que les deux pays soutiennent la cause palestinienne ? Avec Frédéric Encel, professeur en Géopolitique à Sciences-Po Paris. Auteur de «La guerre mondiale n'aura pas lieu: les raisons géopolitiques d'espérer» (éditions Odile Jacob). États-Unis : vers un apaisement des tensions avec le Venezuela ? Alors que les États-Unis poursuivent leur déploiement militaire au large du Venezuela, Donald Trump s'est dit prêt à parler avec son homologue, Nicolas Maduro. Pourquoi le président américain veut-il finalement engager un dialogue ? Est-ce un premier pas vers une désescalade militaire entre les deux pays ? Avec Pascal Drouhaud, président de l'association LatFran, spécialiste de l'Amérique latine.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l'ONU Tom Fletcher est au Nord Darfour, au Soudan. Apres s'être rendu dans des camps de déplacés à Korma et Tawila, proche d'El Fasher, il a appelé à plus de présence humanitaire de l'ONU, et demande aux FSR de garantir la protection des civils à Tawila.
Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur l'éviction du vice-président sud-soudanais, une demande de Donald Trump pour gracier Benyamin Netanyahu et les pourparlers de paix pour la guerre au Soudan. Sénégal : Diomaye/Sonko au bord de la rupture ? Dernière crise en date entre le président de la République et son Premier ministre, la personnalité chargée de diriger la coalition présidentielle. Perçu comme un désaveu pour Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye a limogé Aïda Mbodj pour la remplacer par Aminita Touré. Pourquoi le chef de l'Etat a-t-il décidé de ce changement, maintenant ? Ousmane Sonko peut-il réellement contester l'autorité du président ? Avec Léa-Lisa Westerhoff, correspondante permanente de RFI à Dakar. Soudan du Sud : pourquoi le président a-t-il évincé son « prince héritier » ? Nommé vice-président il y a seulement 9 mois, Benjamin Bol Mel a été limogé de ses fonctions alors qu'il était pressenti pour succéder un jour au président Salva Kiir. Comment expliquer cette décision ? Cette situation ne risque-t-elle pas de créer des tensions au sein du parti au pouvoir ? Avec Florence Miettaux, correspondante de RFI à Juba. Israël : Trump s'immisce dans les dossiers judiciaires de Netanyahu Dans une lettre adressée à son homologue israélien, Donald Trump demande d'accorder une grâce à Benjamin Netanyahu, poursuivi dans plusieurs affaires pour corruption, fraude et abus de confiance. Pourquoi le président américain s'intéresse-t-il aux déboires judiciaires du Premier ministre ? Quelle sera la réponse d'Isaac Herzog ? Avec Lyna Ouandjeli, chercheuse à l'Institut européen d'études sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (Eismena). Soudan : des négociations avec Abu Dhabi sont-elles possibles ? Le gouvernement soudanais refuse de participer aux réunions du Quartet censées parvenir à la paix. En cause, la présence des Émirats arabes unis accusés de soutenir les paramilitaires des Forces de soutien rapide. Dans ce contexte, qu'est-il envisagé pour obtenir un cessez-le-feu ? Comment les paramilitaires des FSR se positionnent-ils sur ces pourparlers ? Avec Marc Lavergne, directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste de la Corne de l'Afrique et du Moyen-Orient.
La reprise de la guerre civile menace le Soudan du Sud. C'est l'avertissement qu'ont formulé le 29 octobre, au Conseil de sécurité des Nations unies, plusieurs commissaires aux droits de l'homme. Depuis le début de l'année, les groupes armés affiliés au président Salva Kiir affrontent ceux du vice-président Riek Machar, arrêté en mars, jugé depuis septembre par un tribunal spécial pour crimes de guerre. Ces affrontements provoquent de nombreux déplacements, et aggravent une situation humanitaire déjà désastreuse, alors que le Soudan du Sud accueille de nombreux réfugiés du Soudan voisin. Décryptage avec Florence Gillette, cheffe de mission du Comité international de la Croix-Rouge pour le Soudan du Sud. Elle est au micro de Gaëlle Laleix.
durée : 00:04:04 - Récits d'enquête - par : Mattéo Caranta - Arab Reporters for Investigative Journalism (ARIJ) revèle comment les réfugiés soudanais tombent entre les mains de gangs criminels organisés. Une enquête qui pointe du doigt l'abandon de la communauté internationale.
Le Journal en français facile du vendredi 14 novembre 2025, 17 h 00 à Paris.Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/CBU7.A
Troisième et dernier volet de notre série de reportages chez le peuple Akuak au Soudan du Sud, cette communauté de pêcheurs qui vit sur des îles dans les marécages de la plaine du Nil. Situées à une vingtaine de kilomètres de la ville de Bor, la capitale du Jonglei, leurs terres ancestrales sont aujourd'hui entièrement recouvertes d'eau. Des inondations catastrophiques provoquées par le changement climatique sévissent depuis cinq ans, une montée des eaux qui a démarré il y a des décennies et qui s'accélère, bouleversant le mode de vie des habitants, tiraillés entre s'adapter et partir. Reportage de notre correspondante dans la région. De notre correspondante à Juba, de retour des îles Akuak, Serrés sous un tukul, une demi-douzaine de voisins jouent aux dominos. Ils sont venus en canoë pour se retrouver chez l'un d'entre eux. Le chef de la communauté Akuak, Makech Kuol Kuany, veut espérer qu'ils ne sont pas condamnés à vivre éternellement confinés sur ces îles minuscules. Mais les changements climatiques ont déjà eu un impact dramatique. « La vie de notre communauté a beaucoup changé, affirme-t-il. Par le passé, nous avions des vaches, des champs agricoles, et aussi du poisson. La seule chose qui nous manquait, c'étaient des acheteurs pour notre poisson. Aujourd'hui, la situation s'est inversée. Nous n'avons plus ni champ ni bétail, mais par contre nous pouvons vendre notre poisson, c'est le seul changement positif actuel. Mais ces inondations nous ont forcés à tous devenir pêcheurs. Prenez mon cas : moi et mes six fils pratiquons la pêche. Car sans ça, comment allons-nous nous nourrir ? Et comment acheter des vaches pour la dot lors des mariages ? Nous nous sommes appauvris car, avant les inondations, nous avions ces trois ressources : l'agriculture, le bétail et la pêche. Mais maintenant il ne nous reste plus que le poisson ». À lire aussiSoudan du Sud: les Akuak, une société transformée par le changement climatique [1/3] La vie éreintante dans les îles, loin de tout service, et la persistance des inondations, ont poussé de nombreux Akuak à partir, confie le chef. « Avant ces inondations, la vie était meilleure » Pour Machiek Machar Riak, un pêcheur de 25 ans, il ne faut pas baisser les bras, car le mode de vie traditionnel reste à ses yeux meilleur pour les enfants que la vie urbaine, même s'il a bien changé : « Il y a des difficultés maintenant qu'il y a de l'eau de partout, ce n'est pas comme au temps de mon enfance. Nous étions très libres, nous avions des terrains de jeu, nous pouvions aller d'un village à l'autre à pied, nous pouvions facilement jouer avec les enfants des autres familles. Et nous cultivions du maïs, le maïs nous manque beaucoup aujourd'hui. » Comme tous les pêcheurs Akuak, Angui Kuol Kuany, 45 ans, fait l'aller-retour régulièrement entre les îles et Bor. Lui s'est spécialisé dans le commerce de poisson. Il voit pourtant la généralisation de la pêche d'un mauvais œil : « Dans le passé, avant ces inondations, la vie était meilleure, car toutes ces activités liées à la pêche étaient réservées à ceux qui avaient des filets et des canoës. Mais de nos jours, tout le monde a ces équipements et donc le commerce et la vie en général sont devenus très compétitifs. Beaucoup de gens sont partis des îles, et ceux qui y restent ont une vie misérable. » Des inondations d'ampleur similaire avaient frappé la région dans les années 1960, et la communauté avait réussi à résister pendant près de dix ans. Certains espèrent donc que la crue actuelle s'arrêtera un jour. À lire aussiSoudan du Sud: les Akuak, la pêche comme unique source de subsistance [2/3]
Trois semaines après les massacres, les témoignages de civils ayant fui la ville se multiplient et dépeignent l'ampleur des atrocités commises. Le 26 octobre, les Forces de soutien rapide (FSR), milice menée par le général Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », ont repris la ville d'El-Fasher aux mains de l'armée régulière du Soudan, dirigée par le général Al-Bourhane.Dès le lendemain, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux, puis dans les médias du monde entier montrant les soldats des FSR s'en prenant aux civils. Ceux qui sont parvenus à fuir parlent d'exécutions sommaires, de viols et de torture.Les deux généraux s'opposent depuis avril 2023 pour le contrôle du pays et de ses ressources. Les civils sont les premières victimes du conflit qui s'enlise depuis plus de deux ans au Soudan. Plus de 160 000 personnes ont été tuées, dix millions ont été déplacées, tandis que les maladies et la famine se développent, selon l'Organisation des Nations unies, qui parle de la « pire crise humanitaire au monde ».Quelles sont les origines de cette guerre ? Pourquoi les puissances régionales et occidentales ont-elles une part de responsabilité dans ce conflit ? Reste-t-il un espoir de résolution ? Eléments de réponse dans cet épisode de « L'Heure du Monde » avec Eliott Brachet, correspondant au Caire qui couvre le Soudan pour Le Monde.Un épisode d'Adélaïde Tenaglia. Réalisation : Thomas Zeng. Présentation et suivi éditorial : Jean-Guillaume Santi. Rédaction en chef : Adèle Ponticelli. Dans cet épisode : extrait du discours d'Antonio Guterres à Doha le 4 novembre 2025.Cet épisode a été diffusé le 13 novembre 2025. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.
La suite de notre série de reportages dans les îles où vit la communauté Akuak, dans les marais de la plaine du Nil, au nord de Bor, au Soudan du Sud. Une région ravagée par le changement climatique, qui a provoqué ces cinq dernières années des inondations bien plus importantes que les crues saisonnières du fleuve. Mais les Akuak résistent face à l'eau, construisant des îles artificielles pour maintenir leurs maisons hors de l'eau, sans soutien extérieur, et avec comme unique source de subsistance, la pêche. De notre correspondante de retour des îles Akuak, Dans les marais au bord du Nil, derrière les hautes herbes et les papyrus, on entrevoit un abri d'où s'élève de la fumée. C'est là que des pêcheurs Akuak ont installé leur base, une petite île couverte d'une bâche en plastique, où une casserole est sur le feu. Trois canoës sont amarrés. Debout dans l'eau, les hommes démêlent et mettent leurs filets en ordre avant de repartir pêcher. Ajith Nyangeth Riak a 40 ans et dit avoir appris à pêcher dès l'âge de cinq ans : « J'ai appris à naviguer en canoë avec mon grand-père, puis avec mon père, donc je suis très à l'aise, car ça fait partie de notre quotidien de piloter ces pirogues. Nous avons deux méthodes de pêche, selon que nous pêchons dans les marais ou dans le Nil. Lorsque nous pêchons dans les marécages, après avoir préparé nos filets, nous devons chercher des endroits où personne n'est encore allé. Nous coupons l'herbe pour nous frayer un chemin avec nos canoës et installer nos filets là où nous pourrons capturer beaucoup de poissons, en les laissant en place jusqu'au lendemain matin. Et l'autre méthode, c'est sur le Nil. Là aussi, il faut chercher un endroit calme pour tendre nos filets afin d'attraper le plus de poissons possible. » « Chez les Akuak, tout tourne autour de la pêche » À l'église de la paroisse Akuak, bâtie sur une grande île artificielle, il y a toujours une marmite de poisson sur le feu pour offrir à manger aux visiteurs. Ici, chez les Akuak, tout tourne autour de la pêche, explique Nyalueth Abuoi Ngor, une ancienne de la communauté, qui fume la pipe à l'ombre du mur en bambou de l'église : « Toute notre vie dépend du fait d'avoir des filets de pêche. Car quand nous parvenons à attraper du poisson, nous en vendons une partie, ce qui nous permet d'acheter de la farine et d'autres aliments, ainsi que des médicaments lorsque quelqu'un est malade. Sans ces filets de pêche, nous serions complètement désœuvrés. » Un panneau métallique rouillé traîne devant l'église, sur la berge que l'eau commence à recouvrir. C'est l'enseigne de la toute première école de la communauté Akuak, qui avait ouvert en 2018 et a fermé à cause des inondations en 2020. Si Philip Jok Thon, 18 ans, pêche et construit des îles comme tout un chacun ici, il ne cache pas sa frustration : « Les inondations ont chassé notre école, et donc nous n'étudions pas. Mais nous souhaitons que notre école revienne. Parce que nous voulons faire des études et apprendre des choses sur le reste du monde. » Philip Thon Jok aimerait partir, aller étudier à Bor, mais sans personne chez qui aller vivre là-bas en ville, il reste comme prisonnier de ces îles et du mode de vie ancestral des Akuak. À lire aussiSoudan du Sud: les Akuak, une société transformée par le changement climatique [1/3]
Au Soudan du Sud, une communauté de pêcheurs Dinka, les Akuak, se bat contre la montée des eaux. Alors que le pays est très durement frappé par le changement climatique et connaît, depuis 2019, des inondations catastrophiques, qui ont fait des centaines de milliers de déplacés climatiques, les Akuak, eux, refusent de partir. Ils vivent au milieu des marécages qui ont recouvert leurs terres ancestrales, sur la rive est du Nil, dans l'État du Jonglei. Leurs habitations sont érigées sur des îles, qu'ils construisent à mains nues, avec de la boue et des végétaux. Des plateformes qu'ils renforcent et rehaussent au quotidien. Reportage de notre correspondante dans la région. De notre correspondante, de retour des îles Akuak De l'eau jusqu'à la taille, Anyeth Manyang, la quarantaine, prend une grande inspiration avant de plonger au fond du marais. Quelques secondes plus tard, il émerge les bras chargés d'un gros amas de glaise qu'il jette sur la berge. Comme chaque habitant des îles Akuak, il maîtrise parfaitement cette technique de construction d'îles artificielles, qui permet aux familles de maintenir des espaces de vie hors de l'eau malgré les inondations : « Je suis né, j'ai grandi et je me suis marié ici. Cela fait donc de nombreuses années que je fais ce travail. Ce sont mes parents qui me l'ont appris, ils m'ont montré comment construire ces îles. Mon père et ma mère m'ont aussi tous les deux appris à pêcher. Construire et entretenir ces îles est un travail très difficile, car nous le faisons avec nos seules mains. D'abord, il faut récupérer des herbes et des papyrus dans le marais, puis les couper et les étaler à la surface. Ensuite, il faut aller sous l'eau pour ramasser de la boue et la mettre par-dessus. Et ainsi de suite. Nous devons faire ça tous les jours, c'est très fatigant. » Anyeth Manyang souhaite accroître la superficie de son île, qui ne mesure pas plus de 30 mètres carrés. Mais l'eau menace sans cesse de la recouvrir. Une flaque s'est d'ailleurs formée en quelques minutes près de la berge, à quelques mètres de là. Matuor Mabior Ajith, un voisin, explique qu'il faut une intervention rapide : « La raison pour laquelle l'eau s'infiltre ici, c'est que le sol n'a pas été bien compacté, il y a donc des espaces par où l'eau remonte, puisque tout ça est totalement artisanal. Nous allons donc colmater cette fuite de la même façon : en ajoutant du papyrus, de l'herbe, puis en ajoutant de la boue par-dessus. » L'île sur laquelle vit Ayen Deng Duot avec ses six enfants est, elle aussi, en cours de maintenance. Avec d'autres membres de la famille, Ayen se tient dans l'eau et découpe à la machette des tiges de papyrus qu'elle amasse sur la berge en formation, une matière encore toute molle et gorgée d'eau : « Bien sûr, c'est très dur pour nous de vivre ici, mais nous n'avons aucune alternative. En ville, à Bor, nous n'avons rien alors qu'ici, nous avons le poisson, même si nous n'avons pas d'autre nourriture, car les inondations nous empêchent de cultiver. Nos enfants n'ont aucun avenir en ville, où ils risqueraient de devenir des criminels, donc nous ne partirons jamais d'ici. » La ville de Bor se trouvant à cinq heures de canoë, Ayen aimerait que la communauté puisse être dotée d'un bateau à moteur en cas d'urgence médicale. À lire aussiSoudan du Sud: à Bor, des victimes des inondations s'adaptent avec le commerce du poisson
Vous aimez notre peau de caste ? Soutenez-nous ! https://www.lenouvelespritpublic.fr/abonnementUne émission de Philippe Meyer, enregistrée au studio l'Arrière-boutique le 7 novembre 2025.Avec cette semaine :Béatrice Giblin, directrice de la revue Hérodote et fondatrice de l'Institut Français de Géopolitique.Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'Institut Jacques Delors.Michaela Wiegel, correspondante à Paris de la Frankfurter Allgemeine Zeitung.Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et président de la fondation Terra Nova.COMMENT LE TERRORISME A TRANSFORMÉ LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DEPUIS DIX ANS ? Voilà bientôt dix ans qu'un commando terroriste a semé la terreur dans les rues de Paris, le 13 novembre 2015, assassinant 130 personnes et en blessant plusieurs centaines d'autres. Trois rescapés se sont depuis donné la mort, succombant à leurs blessures psychiques. Ces attentats ont profondément impacté la société française. Les médias jouent un rôle central lors de tels événements. Difficile d'informer avec précision dans un climat de peur et d'incertitude après un attentat. Le 9 janvier 2015 notamment, des chaînes d'information en continu ont divulgué la présence d'otages cachés dans la chambre froide de l'Hypercacher de Vincennes, mettant leur vie en danger. Les médias servent de caisse de résonance aux terroristes, qui, pour la plupart sont avides de spectacle. Face à la sidération après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hypercacher, la société française s'est immédiatement massivement mobilisée comme en témoigne la grande manifestation du 11 janvier 2015. La vie quotidienne a été transformée, bouleversée par les dispositifs de surveillance, de prévention et de lutte antiterroriste. Le terrorisme provoque également des effets perturbateurs comme la montée de sentiments xénophobes, antimusulmans ou antisémites et leurs réponses politiques. Il a induit des progrès considérables de la recherche, en particulier, depuis 2015, sur la question des traumatismes. Il impacte les procédures judiciaires. En France, depuis 2019, le nombre de procès criminels pour terrorisme a été multiplié par sept : la raison principale en est non seulement la création d'un parquet national antiterroriste, mais aussi la volonté de donner réparation à toutes les victimes et leur offrir la possibilité de s'exprimer dans le lieu symbolique d'une cour de justice.Procureur de la République de Paris en charge de la lutte contre le terrorisme entre 2011 et 2018, François Molins a vécu les événements les plus dramatiques qui se sont succédé pendant cette période, des attentats de Mohamed Merah en 2012, au 13 novembre 2015, en passant par le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo. Insistant sur le fait qu'il a fallu trouver une juste mesure entre le durcissement de la réponse et le respect des libertés et droits fondamentaux, François Molins considère que « dans l'ensemble, la France y est parvenue » : L'état d'urgence décrété au lendemain du 13 Novembre a duré un peu moins de deux ans, jusqu'au 1er novembre 2017. Il a rassuré les gens et permis une amplification de la lutte - assignations à résidence, perquisitions, interdictions de séjour, fermeture de mosquées radicalisées -, toujours sous le contrôle de la justice administrative et du Parlement. Mais le risque de dérive est réel, met en garde François Mollins. En octobre 2025, cinq actes terroristes d'inspiration djihadiste ont été réalisés ou projetés, dans quatre pays européens, rappelle l'ancien procureur antiterroriste Jean-François Ricard. Ces faits, insiste-t-il, doivent nous alerter sur la persistance d'une menace qui prend des formes nouvelles.LA GUERRE AU SOUDAN Au Soudan, le 26 octobre la ville d'El-Facher, capitale de la province du Darfour du Nord est tombée aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) qui assiégeaient la ville depuis plus de dix-huit mois. C'était le dernier bastion, au Darfour, des Forces armées soudanaises (FAS). La guerre au Soudan a commencé en avril 2023 lorsque les tensions autour du projet d'intégration des FSR à l'armée régulière ont éclaté en un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé de 12 à 13 millions de personnes. Deux acteurs qui s'étaient partagé le pouvoir après la chute du dictateur Omar el-Béchir, renversé en 2019 s'affrontent : l'armée soudanaise, héritière de l'ancien régime, avec à sa tête le général Abdel Fattah al-Burhane ; et les FSR, une unité paramilitaire dissidente dirigée par le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti. En début d'année, l'armée soudanaise et ses supplétifs miliciens ont reconquis la capitale, Khartoum, ainsi que la région agricole de la Jézira, le long du Nil. Depuis, ils contrôlent toute la moitié orientale du Soudan. A l'ouest, en revanche, les RSF dominent. Le noyau dur des hommes de Hemetti est composé d'anciens combattants arabes jenjawids employés, à l'époque d'El-Béchir, pour effectuer les sales besognes du régime et écraser les mouvements rebelles du Darfour. Ils sont eux-mêmes originaires de cette région, grande comme la France métropolitaine.Situé à la lisière de la partie subsaharienne de l'Afrique et du Moyen-Orient, le Soudan concentre une multitude de richesses et d'avantages géostratégiques suscitant toutes sortes de convoitises et d'ingérences : d'immenses terres arables, les eaux du Nil, des mines d'or, du pétrole, l'accès à la mer Rouge face à l'Arabie saoudite, des frontières avec huit pays africains. Soutenues par une partie des Émirats arabes unis, les FSR contrôlent les mines d'or du Darfour, les circuits de contrebande vers la Libye et la Centrafrique, et finance une armée privée plus riche que l'État soudanais, tandis que les FAS ont bénéficié de l'appui de l'Égypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.Les réactions internationales demeurent d'une discrétion gênée. Lundi, toutefois, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale a averti que les atrocités commises par les FRS à El-Fasher « pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ». Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme mentionne des « massacres massifs de civils et de combattants désarmés ». La région, déjà extrêmement affaiblie depuis les massacres de Geneina en 2023, s'enfonce dans un nouveau cycle de violences entre communautés, où vengeance et désordre remplacent toute stratégie politique. Le pays s'est disloqué en zones d'influence : le Darfour aux mains des FSR, le Nord et l'Est sous commandement militaire, le Sud livré au chaos. L'État soudanais, déjà amputé du Soudan du Sud en 2011, se délite à nouveau.Chaque semaine, Philippe Meyer anime une conversation d'analyse politique, argumentée et courtoise, sur des thèmes nationaux et internationaux liés à l'actualité. Pour en savoir plus : www.lenouvelespritpublic.frHébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
durée : 00:03:17 - Géopolitique - par : Pierre Haski - La chute d'El Fasher, dans le Darfour, accompagnée de terribles massacres, a fait ressortir la guerre civile au Soudan de l'oubli. Mais au-delà de l'émotion, il faut que cessent les ingérences de puissances de la région, en particulier celle des Émirats arabes unis du côté des miliciens. Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
Le Journal en français facile du vendredi 7 novembre 2025, 17 h 00 à Paris. Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/CAKM.A
dans l'air l'invité du 6 novembre 2025 avec Vincent Hugeux, journaliste et enseignant à Sciences Po, spécialiste de l'Afrique.La semaine dernière, après 18 mois de siège, des groupes paramilitaires ont pris la ville de El-Faresh, au Soudan. L'ONU alerte sur les "exécutions sommaires, massacres, viols, attaques contre des travailleurs humanitaires, pillages, enlèvements et déplacements forcés" qui y ont eu lieu.La situation au Soudan, qualifiée par l'ONU de "pire crise humanitaire et de déplacements au monde" continue, les deux groupes armés au cœur du conflit (FAS et FSR) étant soutenus par des puissances voisines. Equilibres régionaux, crimes de guerre et impuissance du multilatéralisme : Vincent Hugeux, journaliste, répondra à nos questions pour faire la lumière sur cette crise encore méconnue.
durée : 00:58:31 - Cultures Monde - par : Mélanie Chalandon, Julie Gacon - Comme chaque vendredi, une émission d'actualité en deux parties : retour de terrain avec Arthur Sarradin qui rentre de Syrie, puis table-ronde sur le Soudan où la prise d'El Fasher, la capitale du Darfour, par les paramilitaires, marque une étape dans la guerre qui dure depuis 2023. - réalisation : Vivian Lecuivre - invités : Arthur Sarradin correspondant pour Radio France; Tristan Coloma réalisateur de films, collaborateur pour le Monde diplomatique et chercheur indépendant notamment pour l'IFRI; Clément Deshayes anthropologue, chercheur à l'institut de recherche pour le développement (IRD), laboratoire Prodig
Les journalistes et experts de RFI répondent également à vos questions sur l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne et des soldats nord-coréens capturés en Ukraine qui demandent l'asile à la Corée du Sud. Soudan: comment le Tchad se prépare à accueillir des milliers de réfugiés? Après la prise de la ville d'El-Fasher par les Forces de soutien rapide (FSR), le Tchad craint un nouvel afflux massif de réfugiés venant du Darfour. Les autorités et les organisations humanitaires estiment qu'au moins 120 000 personnes fuyant les combats pourraient franchir la frontière. Avec déjà près d'1,5 million de réfugiés soudanais, le pays peut-il accueillir cette nouvelle vague ? Comment leur arrivée sera-t-elle organisée ? Avec Nadia Ben Mahfoudh, correspondante de RFI à N'Djamena. Union européenne: l'Ukraine peut-elle encore rejoindre les 27? Le président Volodymyr Zelensky a demandé au Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, de ne pas bloquer l'adhésion de son pays à l'Union européenne. Pourquoi la Hongrie pose-t-elle son veto ? Quelles sont les chances que l'Ukraine puisse rejoindre l'UE ? Une adhésion permettrait-elle de changer le cours de la guerre ? Avec Kseniya Zhornokley, journaliste spécialisée pour la rédaction ukrainienne de RFI. Guerre en Ukraine: que vont devenir les soldats nord-coréens capturés? Alors que les militaires nord-coréens combattant au front auraient reçu l'ordre de se suicider pour éviter d'être capturés, deux d'entre eux, arrêtés par l'armée ukrainienne, demandent l'asile politique à la Corée du Sud. En dépit des relations déjà tendues avec Pyongyang, quelle sera la réponse de Séoul ? Avec Théo Clément, chercheur indépendant, spécialiste du développement économique de la Corée du Nord. Et en fin d'émission, la chronique « Un œil sur les réseaux » de Jessica Taieb. Aujourd'hui, elle revient sur un post X de la célèbre rappeuse américaine Nicki Minaj qui a suscité de nombreuses réactions de la part des internautes nigérians.
Horreur une nouvelle fois au Soudan, où les massacres se multiplient depuis la prise d'El-Facher au Darfour, par les FSR du général Hemedti. Aux Etats-Unis, les démocrates remportent plusieurs victoires clés comme dans le New jersey et en Virginie mais surtout à New York où Zohran Mamdani, musulman, immigré, ouvertement socialiste, devient à 34 ans, le nouveau maire. Et les dirigeants de la planète réunis au Brésil où doit s'ouvrir la COP 30 dans un climat international défavorable.
durée : 00:03:17 - Géopolitique - par : Pierre Haski - La chute d'El Fasher, dans le Darfour, accompagnée de terribles massacres, a fait ressortir la guerre civile au Soudan de l'oubli. Mais au-delà de l'émotion, il faut que cessent les ingérences de puissances de la région, en particulier celle des Émirats arabes unis du côté des miliciens. Vous aimez ce podcast ? Pour écouter tous les autres épisodes sans limite, rendez-vous sur Radio France.
Les paramilitaires au Soudan, en guerre contre l'armée depuis plus de deux ans, ont annoncé leur accord pour une trêve humanitaire proposée par les pays médiateurs.
Dans le camp de Tawila au nord du Darfour où continuent d'arriver les réfugiés d'el Fasher, les médecins sur place disent observer de plus en plus de cas de malnutrition, notamment chez les enfants. Les Nations unies ont déclaré mardi des situations de famine à El Fasher, et à Kadugli dans le sud du Kordofan. Une attaque dans la ville stratégique d'El-Obeid, capitale régionale du Kordofan-Nord, a fait au moins 40 morts.
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) affirme que l'histoire se répète au Darfour, au Soudan, après les informations faisant état de massacres lors de la chute de la ville d'Al-Fasher aux mains des Forces de soutien rapide (FSR) la semaine dernière.
Le Journal en français facile du lundi 3 octobre 2025, 17 h 00 à Paris.Retrouvez votre épisode avec la transcription synchronisée et des exercices pédagogiques pour progresser en français : http://rfi.my/C9Xh.A
Les atrocités commises dans la ville d'El-Facher au Soudan pourraient constituer des crimes de guerre et contre l'humanité, a averti lundi le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), alors que les civils fuient par milliers leurs foyers dans la région voisine du Kordofan, selon l'ONU. Après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapides (FSR) ont pris le 26 octobre El-Facher, dernier verrou stratégique qui échappait à leur contrôle.
durée : 00:38:28 - Questions du soir : le débat - par : Astrid de Villaines, Stéphanie Villeneuve - Après dix-huit mois de siège, la chute, le 26 octobre 2025, de la ville d'El-Fasher au Darfour marque un tournant dans la guerre au Soudan. En s'emparant de cette ville stratégique, les Forces de soutien rapide (FSR) du général Hemetti contrôlent désormais la quasi-totalité du Darfour. - invités : Jérôme Tubiana Conseiller aux opérations de Médecins sans frontières; Christophe Ayad Grand reporter au Monde chargé des questions de terrorisme
durée : 00:05:34 - La Revue de presse internationale - par : Catherine Duthu - Moins d'une semaine après la chute d'El-Fasher, assiégée dix-huit mois, l'ONU dénonce la poursuite des atrocités au Darfour : viols, mutilations et meurtres en toute impunité. Comment décrire l'enfer au Soudan ? Récit d'une journaliste de la BBC, de retour de Khartoum. - invités : Nawal Al-Maghafi Correspondante internationale Senior à BBC World Service