Colloques interdisciplinaires du Collège de France Événements de la vie scientifique de l'établissement, les colloques, dont le programme comprend à la fois des professeurs du Collège de France et des conférenciers invités, traite de thèmes aux nombreuses ramifications, dont les enjeux contemporains gagnent à être analysés au prisme des disciplines et des champs du savoir.
Collège de FranceThierry CoquandInformatique et sciences numériques (2024-2025)Année 2024-2025Colloque - Formalisation des mathématiques et types dépendants - Denis-Charles Cisinski : La logique des catégories supérieuresDenis-Charles CisinskiProfesseur, Universität RegensburgRésuméLa logique des catégories supérieures (ou encore des ∞-catégories) est une variation de la théorie des types qui est homotopique par nature et dans laquelle la notion de catégorie est le concept primitif – celui que l'on ne définit jamais ! Une généralisation adéquate de l'axiome d'univalence de Voevodsky fait de cette théorie un langage très expressif, et ce, assez pour qu'il puisse produire ses propres interprétations sémantiques. Cela fournit un système de fondation des mathématiques au cœur duquel les concepts de la théorie des catégories ainsi que de la théorie de l'homotopie sont implémentés. Une logique des logiques. Une interprétation sémantique de cette logique est produite en mathématiques classiques par la théorie des ∞-catégories telle que développée par Joyal et Lurie. Une formulation en théorie des types dépendants, via la théorie de Riehl-Shulman, est l'objet d'un projet en cours de Buchholtz et Weinberger. Cette logique permet de formuler constructivement bien des théories considérées comme avancées (e.g. cohomologie étale des schémas dérivés ou non, catégories dérivées des faisceaux quasi cohérents) d'une manière proche de la pratique. C'est aussi une nouvelle manière d'appréhender la logique elle-même, de sorte que la distance entre syntaxe et sémantique est en apparence très significativement réduite : les logiques sont les termes d'un type, i.e. les objets d'une ∞-catégorie.Denis-Charles CisinskiDenis-Charles Cisinski est professeur de mathématiques à l'Universität Regensburg, en Allemagne. Il a occupé des postes permanents à l'université de Toulouse et à l'université Sorbonne-Paris-Nord, et est un ancien membre de l'Institut universitaire de France. Ses recherches portent sur l'algèbre homotopique, la théorie des catégories, la K-théorie et la cohomologie des schémas. Il est l'auteur de trois monographies : Les préfaisceaux comme modèles des types d'homotopie (2007), Triangulated categories of mixed motives (2019), et Higher categories and homotopical algebra (2019).
Collège de FranceThierry CoquandInformatique et sciences numériques (2024-2025)Année 2024-2025Colloque - Formalisation des mathématiques et types dépendants - Riccardo Brasca : Progrès récents dans la formalisation de la théorie des nombresRiccardo BrascaMaître de conférences, université Paris CitéRésuméDans cet exposé, nous discuterons de l'état actuel de la formalisation de la théorie des nombres moderne dans mathlib, la bibliothèque mathématique de Lean. Nous mettrons en avant les avancées récentes, les principaux défis qui ont été relevés, ainsi que les implications plus larges de ce travail. Nous aborderons également les perspectives d'avenir et les applications potentielles, en soulignant comment ces développements contribuent à l'écosystème croissant des mathématiques formalisées.Riccardo BrascaRiccardo Brasca a obtenu son doctorat à l'université de Milan (Italie) en 2012, avec une thèse portant sur les formes modulaires p-adiques. Après son doctorat, il a effectué deux postdoctorats, l'un au Max-Planck-Institut für Mathematik à Bonn et l'autre à l'École normale supérieure de Lyon. Depuis 2013, il est maître de conférences à l'université Paris-Cité et depuis 2020 il travaille en formalisation des mathématiques.
Collège de FranceThierry CoquandInformatique et sciences numériques (2024-2025)Année 2024-2025Colloque - Formalisation des mathématiques et types dépendants - Pierre-Marie Pédrot : Pour s'asseoir sur les fondationsPierre-Marie PédrotChargé de recherche, InriaRésuméLa preuve assistée par ordinateur séduit un public de plus en plus large. Jusque-là surreprésentée dans le domaine de l'informatique où elle était née, elle a commencé à susciter chez les mathématiciens un engouement certain. Néanmoins, cet appel d'air ne s'est pas fait sans incompréhension, les deux communautés ne partageant pas les mêmes arrière-fonds culturels.Cet exposé présente un point de vue informaticien assumé sur les fondements d'un assistant à la preuve et de la pertinence même de cette question. Notre thèse s'appuie sur l'équivalence preuve-programme, qui sera utilisée aussi bien comme paradigme théorique que comme approche sociologique. Notre vision est à la fois pluraliste et moniste. Moniste, car le choix d'une fondation a de nombreuses conséquences pratiques sur l'utilisation d'un assistant à la preuve, il faut donc concevoir le meilleur système. Pluraliste, car nous ne croyons pas en un langage unique des mathématiques : chaque sous-domaine s'exprime dans des langages extrêmement différents. Cette disparité est bien connue des informaticiens, qui utilisent de nombreux langages de programmation sur le même ordinateur. Cette tension est résolue via la compilation. Nous exposerons quelques techniques inspirées de ce domaine et évoquerons un avenir radieux où cohabitent pléthore de systèmes de preuve de haut niveau.Pierre-Marie PédrotPierre-Marie Pédrot est un chercheur en informatique spécialisé dans la théorie des types et est l'un des principaux développeurs de l'assistant à la preuve Rocq. Son travail s'articule autour du contenu calculatoire de la logique au travers de la correspondance preuve-programme. En s'inspirant de comportements venus du monde de la programmation appelés « effets de bord », il a notamment conçu des modèles de la théorie de types qui étendent sa puissance expressive. En complément de ce volet théorique, une partie importante de son activité consiste à implémenter et maintenir Rocq, avec une certaine emphase sur les questions de passage à l'échelle.
Collège de FranceThierry CoquandInformatique et sciences numériques (2024-2025)Année 2024-2025Colloque - Formalisation des mathématiques et types dépendants - Assia Mahboubi : Preuves formelles mutatis mutandisAssia MahboubiDirectrice de recherche, InriaRésuméComme c'est le cas dans la littérature, l'ajout d'un concept mathématique à un corpus de bibliothèques formelles donne typiquement lieu à plusieurs variantes de définitions, le plus souvent équivalentes mais pas toujours. Malheureusement, la transposition des preuves formelles de théorèmes associées à ces différentes variantes est alors très pédestre, alors que sur papier, ces étapes triviales resteraient implicites. Cette nécessaire bureaucratie est de fait un frein notoire à la formalisation de mathématiques « intéressantes ». Dans cet exposé nous discuterons la construction d'un outil de transfert de preuves en théorie des types. Base sur une généralisation de la traduction de paramétricité de Tabareau-Tanter-Sozeau, cette approche est utilisable dans des prouveurs comme Rocq ou Lean. Il s'agit d'un travail en collaboration avec Cyril Cohen et Enzo Crance.Assia MahboubiAssia Mahboubi est directrice de recherche à l'Inria, au sein du laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes. Elle occupe aussi une chaire dans le département de mathématiques de la Vrije Universiteit Amsterdam, aux Pays-Bas.
Collège de FranceThierry CoquandInformatique et sciences numériques (2024-2025)Année 2024-2025Colloque - Formalisation des mathématiques et types dépendants - Antoine Chambert-Loir : Sur la formalisation des puissances diviséesAntoine Chambert-LoirProfesseur, université Paris CitéRésuméJe ferai le point sur un travail de formalisation de la théorie des puissances divisées que je mène avec María-Inés de Frutos Fernández. Découvert par Cartan dans un contexte de topologie algébrique, cet outil algébrique a été développé dans les années 60 par Roby et est au cœur de la construction de la cohomologie cristalline. J'évoquerai en particulier la construction des puissances divisées sur l'idéal d'augmentation de l'algèbre à puissances divisées.Antoine Chambert-LoirLes travaux de recherche d'Antoine Chambert-Loir s'inscrivent le plus souvent en géométrie diophantienne (question de Manin sur les points de hauteur bornée) et en géométrie non archimédienne (construction d'une théorie de formes différentielles et courants réels). Depuis 2021, il s'intéresse à la formalisation mathématique, en concentrant son attention sur des résultats peu spectaculaires au premier abord, comme la théorie des actions de groupes ou celle des puissances divisées.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IACarina Prunkl : L'IA en tant que bureaucratieCarina PrunklUniversité d'UtrechtRésuméLe processus décisionnel piloté par l'IA est souvent évalué à l'aune du jugement humain individuel – les algorithmes sont-ils plus rapides, plus justes ou moins biaisés que les humains ? Dans cet exposé, je remets en question ce cadre, en soutenant que la classe de comparaison la plus appropriée pour la prise de décision pilotée par l'IA n'est pas le jugement humain individuel, mais la prise de décision bureaucratique. Comme les systèmes bureaucratiques, la prise de décision par l'IA dépend de la quantification, de la standardisation, de l'autorité dépersonnalisée et des tâches spécialisées. Elle ne supprime pas entièrement le pouvoir discrétionnaire de l'homme, mais le répartit tout au long du processus, depuis la sélection des données et la conception du modèle jusqu'à la mise en œuvre et la supervision. Les bureaucraties et l'IA visent toutes deux la cohérence et l'impartialité, mais elles sont également critiquées pour leur opacité, leur rigidité et leur insensibilité au contexte. Dans cet exposé, je montrerai comment le fait de passer d'un cadre humain contre machine à un cadre algorithme contre bureaucratie ouvre des voies nouvelles et plus productives pour réfléchir à la responsabilité, au pouvoir discrétionnaire et à la légitimité dans les systèmes d'IA.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAArtūrs Logins : L'IA explicable et la philosophie des raisonsArtūrs LoginsUniversité LavalRésuméIl s'agira de réfléchir à l'opacité des modèles d'IA et à la manière dont les approches dites « explicables » (XAI), souvent post-hoc, pourraient être améliorées en déplaçant l'attention de l'explication causale vers l'explication par des raisons.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAOcéane Fiant : Interroger l'explicabilité des systèmes d'IA : étude de la conception d'une IA médicale intelligibleOcéane FiantUniversité Côte d'AzurRésuméL'explicabilité des intelligences artificielles (IA) est souvent présentée comme essentielle pour l'adoption de ces systèmes par les médecins. Toutefois, son approche habituelle présente deux limites : d'une part, l'absence d'ancrage dans des situations professionnelles concrètes, entraînant un décalage entre les solutions proposées et les attentes des utilisateurs, et d'autre part, une focalisation excessive sur le fonctionnement des IA, au détriment d'autres aspects de leur conception pouvant également induire un défaut d'intelligibilité des résultats. Cet exposé présentera un projet d'IA en anatomie et cytologie pathologiques, une spécialité médicale centrale dans la prise en charge des cancers, qui propose une perspective inédite sur l'intelligibilité des IA, mettant l'accent sur la construction de leur « vérité de terrain ». L'examen de la stratégie mise en œuvre par ce projet plaide alors en faveur d'une approche contextuelle de l'intelligibilité des IA, permettant de développer des solutions réellement alignées sur les attentes des professionnels de santé.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAPierre Saint-Germier : L'expressivité musicale profondePierre Saint-GermierCNRS, IRCAM, Sorbonne-Université, Ministère de la CultureRésuméLes applications récentes d'IA générative musicale peuvent désormais générer des morceaux de différents genres musicaux avec des niveaux d'expressivité inattendus. Une critique ancienne et courante de la musique générée par algorithme découle de son incapacité supposée à exprimer les émotions humaines. La mesure dans laquelle l'expressivité des morceaux générés par des modèles génératifs profonds approche celle des performances enregistrées par des humains reste une question empirique délicate. En supposant qu'un certain niveau d'expressivité (même s'il n'est pas toujours profond ou nuancé) soit atteint par les modèles génératifs récents, il est intéressant d'examiner ce qui reste de l'objection d'inexpressivité. Une version courante de cette objection est que les apparences superficielles d'expressivité musicale dans la production des modèles génératifs ne suffisent pas à montrer une véritable expressivité musicale. Ma communication explore différentes façons d'articuler et d'évaluer cet argument à la lumière des faits concernant les modèles génératifs profonds et les théories philosophiques contemporaines de l'expressivité musicale. Je soutiens que les théories philosophiques les plus influentes de l'expressivité musicale conduisent au point de vue selon lequel la musique générée par l'IA fait preuve d'une expressivité véritable. Une autre leçon, que je propose de tirer des exemples récents d'expressivité musicale artificielle, est que l'importance de l'expressivité en tant que telle pour la valeur de la musique a peut-être été exagérée, par opposition à la mise en œuvre de l'expressivité musicale dans le cadre d'un projet compositionnel ou interprétatif.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAJim Gabaret : L'art des IA et le critère de l'intentionnalitéJim GabaretUniversité Paris 1RésuméLes IA génératives proposent aujourd'hui des productions textuelles, musicales ou picturales de teneur « artistique », dont les internautes comme les artistes professionnels font usage. Mais au-delà du nouvel outil qui s'offre ici, avec ses avantages, ses biais et ses risques, y a-t-il un ajout artistique de la part de l'IA elle-même ? Le sceptique résiste en général à l'idée d'une IA artiste en invoquant le manque d'intentionnalité créatrice de ces algorithmes désincarnés et sans lien référentiel au monde. Mais la nécessité de l'intentionnalité pour qualifier un objet d'artistique s'interroge, autant que l'absence d'intentionnalité des IA génératives. Nous proposons d'interpréter les modèles donnés en apprentissage, le processus de prompting et le maillage culturel dans lequel celles-ci s'insèrent comme autant d'« intentionnalités médiées » ou « dialogiques ». En émergent non seulement un sens référentiel, mais une valeur artistique véritable, aux effets esthétiques nouveaux.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAAlexandre Gefen : Les enjeux philosophiques de l'art augmentéAlexandre GefenCNRS / Université Sorbonne Nouvelle / ENSRésuméQue change l'IA à l'esthétique ? Cette communication s'intéressera aux conséquences des pratiques artistiques augmentées par l'IA sur notre rapport à l'art et sur sa philosophie, en les replaçant dans l'histoire de l'art moderne et de ses débats. Elle s'interrogera également sur la manière dont l'art nous aide à penser les enjeux éthiques de l'IA, ses biais, ses limites, tout en nous permettant de réfléchir à nos relations aux machines et aux agents artificiels.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAEloïse Boisseau : Experts de papier, de carbone et de silicium : déférence et technologies épistémiques aux temps du tout-IAEloïse BoisseauAix Marseille UniversitéRésuméLes questions épistémologiques classiques gravitant autour des notions de confiance, de dépendance et d'expertise dans l'acquisition de connaissances prennent aujourd'hui une nouvelle tournure avec l'émergence de ce que l'on appelle parfois des « technologies épistémiques » (Alvarado, 2023), soit des systèmes artificiels hautement performants et présentés sans scrupule comme étant capables de « prendre des décisions », « faire des prédictions », « émettre des diagnostics », « catégoriser », etc. La question des liens de dépendance, de délégation et de déférence, naguère limitée aux experts humains, semble désormais s'étendre aux systèmes artificiels, lesquels font alors office d'agents épistémiques à part entière. Comment appréhender ce rapport inédit de l'humain à la machine en contexte épistémique ? L'article récent de Stéphane Chauvier « IA : le test de la déférence » (2023) me servira de tremplin pour aborder la question du statut épistémique de tels systèmes artificiels.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAGiovanni Tuzet : IA et témoignageGiovanni TuzetUniversité Bocconi, MilanRésuméAprès avoir présenté ce que j'appelle le cadre des « limites de la raison » et situé l'IA au-delà de la limite supérieure de la raison humaine, j'examinerai si les sorties verbales des systèmes d'IA peuvent être considérées comme une forme de témoignage et si cela oblige à une révision de notre concept de témoignage comme source de connaissance.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IACyrille Imbert : Fiabilité, fiabilisme, et problème de la généralité : perspective à partir de l'IA et des machines épistémiquesCyrille ImbertArchives Henri Poincaré / CNRSRésuméLes IAs sont de plus en plus impliquées dans les processus de traitement de l'information à partir desquels nous élaborons nos croyances. Dans ces conditions, il est légitime de se demander dans quelles circonstances il est légitime de considérer que de tels processus sont fiables et donc que nous sommes justifiés à entretenir nos croyances – c'est typiquement en clarifiant cette question qu'on peut espérer décrire ce que constitue un usage ou une mise à disposition responsable d'une IA.Cette question est déjà abondamment étudiée dans le cadre du courant fiabiliste en épistémologie. Un des problèmes principaux rencontrés dans ce contexte est le problème dit de la généralité : pour étudier la fiabilité d'un processus particulier qui produit des croyances, on doit lui assigner un type donné. Par exemple, un processus particulier peut être décrit comme mettant en jeu la vision d'un animal, celle d'un homme, celle d'un homme de 60 ans, celle d'un homme de 60 ans le soir, etc., et il convient donc de se demander quel type doit être choisi pour caractériser la fiabilité du processus. Cette présentation sera consacrée à la discussion de cette question dans le cas où des IAs et, plus généralement, des machines épistémiques comme les simulations numériques, sont utilisées dans un processus.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAPhilippe Huneman : Profiler et générer : l'empire des statistiquesPhilippe HunemanIHPST, CNRS / Paris 1 Panthéon SorbonneRésuméPartant de l'idée qu'un glissement épistémologique depuis l'identification des causes vers des espaces de données massives saturées de corrélations fortes caractérise aussi bien la plupart des algorithmes qui enserrent notre vie – tels que les algorithmes de recommandation –, que l'intelligence artificielle générative telle que les LLM l'illustrent, cet exposé proposera quelques concepts susceptibles de dessiner un cadre pour rendre intelligible les nouvelles configurations épistémiques et politiques ouvertes par l'IA.Je partirai du concept de profil (défendu dans Les Sociétés du profilage, Payot 2013) comme point dans un hyperespace de données, puis j'exposerai la notion connexe de classement (ranking probabiliste), et celle de « score » qui en découle et inonde nos existences (score de crédit, crédit social, score polygénique de risque, score d'allocataires, etc.).Considérant ensuite les conséquences ontologiques du profilage, je défendrai la pertinence des notions de boucle et de miscibilité. J'en montrerai la pertinence sur les questions des images générées, et des biais algorithmiques.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IAPascal Ludwig & Hélie Bazin : L'interprétation des IA connexionnistesPascal LudwigParis Sorbonne UniversitéHélie BazinParis Sorbonne UniversitéRésuméLes productions, notamment linguistiques, de certaines intelligences artificielles se rapprochent de plus en plus des productions humaines. Dans ce contexte, il semble souvent pertinent d'attribuer des états intentionnels à ces programmes. Néanmoins, une telle attribution d'intentionnalité soulève des difficultés pour les IA connexionnistes. S'il est en effet facile d'identifier les représentations servant de véhicules aux processus computationnels des IA classiques, cette tâche est bien plus ardue pour les réseaux de neurones : on considère en effet que l'information est représentée par ces programmes comme des patterns d'activations, d'une manière distribuée et non de façon locale. Dans notre présentation, nous discuterons deux questions principales : d'une part, la façon dont les véhicules représentationnels peuvent être identités dans les réseaux de neurones ; et d'autre part, le type de contenu informationnel qu'on peut attribuer à ces véhicules. Cela nous conduira à aborder le débat récent sur les états intentionnels putatifs des « Large language Models ».-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IADenis Bonnay : Faut-il réfléchir avant de parler ? Ou les implications philosophiques du Chain of ThoughtDenis BonnayUniversité Paris NanterreRésuméLes derniers progrès en date de l'IA générative reposent sur une technique appelée « Chain of Thought » (CoT), qui consiste à faire en sorte que la machine « réfléchisse » avant de répondre. Il s'agit initialement d'une stratégie utilisée dans les requêtes adressées aux Large Language Models (LLM) classiques, stratégie consistant à demander dans la requête le raisonnement conduisant au résultat avant le résultat lui-même, plutôt que directement et uniquement le résultat (Wei 2023). Cette façon de faire a ensuite été internalisée, avec des LLMs intégrant nativement le CoT tels que les modèles o1 ou o3 d'openAI ou r1 de DeepSeek.Le CoT représente une avancée technologique importante, avec une amélioration significative des performances pour les tâches complexes. Au-delà, je voudrais interroger dans cet exposé la signification de cette technologie pour les débats philosophiques concernant la nature des compétences des modèles d'IA générative, débats qui opposent ceux qui pensent que ces modèles possèdent en propre des compétences cognitives et ceux qui considèrent qu'ils ne font que simuler de telles compétences. Plus précisément, je soutiendrai que ces débats doivent être tranchés sur la base d'une analyse fonctionnelle des LLMs et que l'analyse fonctionnelle des LLMs intégrant nativement le CoT donne de nouveaux arguments contre la thèse simulationniste.-- Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Claudine TiercelinMétaphysique et philosophie de la connaissanceAnnée 2024-2025Colloque - Implications philosophiques de l'IADaniel Andler : Discuter avec un LLM ?Daniel AndlerSorbonne Université & ENSRésuméLes grands modèles de langage (LLM) semblent capables de soutenir une discussion sur toutes sortes de sujets. Devant ce constat, trois réactions sont possibles. On peut attribuer aux LLM une forme d'intelligence, qui inclut une certaine compréhension du contenu de la discussion. On peut leur dénier toute intelligence et toute compréhension. On peut enfin interroger l'usage du terme « discussion » pour désigner le processus en question. Cette dernière voie sera explorée : qu'est-ce qu'une discussion entre interlocuteurs humains, et à quels changements conduit le remplacement de l'un des interlocuteurs par un LLM ?Colloque organisé par Jacques-Henri Vollet, codirecteur du Groupe de recherche en épistémologie (GRE) au Collège de France, et Alexandre Declos, directeur du Groupe d'études en métaphysique (GEM).PrésentationCe colloque vise à explorer les implications philosophiques de l'intelligence artificielle (IA) à travers trois axes majeurs : épistémologique, esthétique et éthique.Sur le plan épistémologique, nous interrogerons la nature de la connaissance produite par l'IA : peut-elle être qualifiée de véritable connaissance ou s'agit-il d'une simple corrélation statistique ? Quelles conséquences l'IA a-t-elle sur les notions de justification, de vérité et d'explicabilité en science et dans la prise de décision ?D'un point de vue esthétique, nous examinerons le statut artistique et la valeur esthétique des productions de l'IA. Peut-on attribuer une forme d'intentionnalité ou d'auctorialité à ces systèmes ? L'IA peut-elle créer de l'art ? N'est-elle qu'un outil artistique parmi d'autres ?Enfin, l'axe éthique portera sur les responsabilités associées au développement et à l'usage de l'IA. Comment assurer une IA alignée sur des valeurs humaines ? Quels sont les défis liés à la partialité algorithmique, à la surveillance de masse et aux impacts socio-économiques de l'automatisation ?Ce colloque réunira des philosophes, des chercheurs en intelligence artificielle et des experts en éthique du numérique afin de proposer une réflexion interdisciplinaire sur ces enjeux cruciaux.
Hugues de ThéCollège de FranceOncologie cellulaire et moléculaireAnnée 2024-2025Colloque - Oxidative Stress in Cancer - Raphaël Rodriguez : Chemical Control of Cell Adaptation in Cancer and ImmunityRaphaël RodriguezInstitut Curie, CNRS, INSERM
Hugues de ThéCollège de FranceOncologie cellulaire et moléculaireAnnée 2024-2025Colloque - Oxidative Stress in Cancer - Marcus Conrad : Ferroptosis Modulation for Disease PreventionMarcus ConradHelmholtz Zentrum München, Institute of Metabolism and Cell Death Neuherberg, Germany, Translational Redox Biology, Technical University of Munich (TUM), TUM Natural School of Sciences Garching, Germany
Hugues de ThéCollège de FranceOncologie cellulaire et moléculaireAnnée 2024-2025Colloque - Oxidative Stress in Cancer - Raphaël Itzykson : Targeting Cystine Import in Acute Myeloid LeukemiasRaphaël ItzyksonUniversité Paris Cité, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Table-ronde conclusive « Where is Boulez now? »Session 5 : Le musicien sur tous les frontsIntervenants :Edward CampbellEmeritus Professor of Music, King's College, University of AberdeenEric DrottUniversity of Texas, AustinJonathan GoldmanProfesseur titulaire de musicologie, Université de MontréalCatherine LosadaProfessor of Music Theory, University of CincinnattiColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - L'opposition à Boulez, entre ressentiment personnel et contestation d'un modèleSession 5 : Le musicien sur tous les frontsIntervenant :Christian MerlinUniversité de Lille-Nord de FranceColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméRien d'étonnant à ce que celui qui s'est construit dans la désobéissance et le refus de l'autorité, ait très tôt vu la sienne contestée. La virulence de l'opposition à Boulez fut à la mesure de l'intransigeance de l'homme et du pouvoir, réel ou fantasmé, qu'on lui prêtait. Nous reviendrons sur les ressorts d'une polarisation de la vie musicale française.Dès les concerts du Domaine musical, fondés en 1954, se dessine une opposition esthétique dont le chef de file le plus actif et brillant est le journaliste du Figaro Bernard Gavoty. L'opposition esthétique s'accompagne d'une opposition institutionnelle : refus de subvention publique au Domaine musical, hostilité du Conseil national de la musique. L'imbrication entre divergences esthétiques, conflit institutionnel et inimitié personnelle culminera dans l'affrontement avec André Jolivet.De lutte entre l'institution (radio, instances gouvernementales) et l'underground (la niche privée du Domaine musical), l'opposition prend dans les années 1960 l'allure d'une lutte au sein-même de l'institution, lorsque, à la suite du ralliement d'André Malraux, Boulez est écouté au ministère, grâce à des relais d'influence comme Gaëtan Picon ou Emile Biasini. Se constitue alors au sein-même du ministère un courant « contre-révolutionnaire », autour de Marcel Landowski. La victoire de celui-ci aboutit en 1966 au départ de Boulez, qui renonce à toute fonction en France.À son retour, dans les années 1970, à l'initiative de Georges Pompidou, l'opposition prend une autre dimension. Jusqu'ici, Boulez contre l'institution, c'était David contre Goliath. Désormais, l'IRCAM, financé par la puissance publique mais aux frontières de l'appareil d'Etat, Boulez ayant posé comme condition de ne pas dépendre directement du ministère, sera non plus dénoncé comme le jouet d'un agitateur culturel à l'influence somme toute circonscrite, mais celui d'un autocrate détenant tous les leviers de la création. L'hostilité ne vient plus seulement de milieux conservateurs attachés à la tonalité, mais aussi d'avant-gardistes s'estimant lésés, comme Iannis Xenakis ou Jean-Claude Eloy.Se rejoignent alors les deux oppositions : celle de l'institution qui entend garder le contrôle de son administration et fustige ce qu'elle considère comme son détournement à des fins personnelles, et celle des anti-modernes, qui prônent un retour à une esthétique plus consonante et dénoncent désormais en Boulez un homme de pouvoir et un compositeur officiel.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Multiactivité et stratégie créatriceSession 5 : Le musicien sur tous les frontsIntervenant :Pierre-Michel MengerProfesseur du Collège de FranceColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméAu long de la carrière de Pierre Boulez, l'activité créatrice est assortie de rôles professionnels complémentaires destinés d'abord à favoriser la diffusion de son œuvre et des œuvres de la modernité qu'il soutient : fondateur et directeur d'institutions, chef d'orchestre et directeur musical. Un autre rôle s'ajoute sporadiquement puis plus systématiquement, celui d'enseignant et de pédagogue, sur deux versants, celui du professeur et celui du médiateur cherchant à augmenter le coefficient d'intelligibilité des œuvres présentées en concert auprès d'un public profane. L'enseignement au Collège de France est à l'intersection des activités de pédagogue et de théoricien-poéticien de son propre travail.Le problème qui sera examiné est le suivant. Multiplier les rôles a une courbure typique. C'est d'abord le produit d'une nécessité, c'est un moyen de faire des apprentissages multiples, et c'est enfin une ressource dans la recherche d'un contrôle plus élevé sur les facteurs de production et de diffusion du travail de création. Mais cette démultiplication a des coûts évidents : les tâches multiples peuvent certes être complémentaires sur le plan fonctionnel, mais elles sont rivales sur le plan de l'énergie à dépenser et de l'allocation du temps donné aux différentes tâches à exercer. Je montrerai comment, dans le cours de cette carrière multiactive, l'activité compositionnelle de Boulez acquiert ou renforce des caractéristiques propres à rendre plus complémentaires que rivales, mais non sans difficultés et ambiguïtés, toutes ces fonctions qui, pour chacune d'entre elles, pourraient remplir un agenda complet d'activité.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Le réformisme institutionnel de Pierre BoulezSession 5 : Le musicien sur tous les frontsIntervenant :Laurent BayleCommissaire général de l'année Pierre Boulez 2025Colloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméBien avant que 1977 ne marque l'inauguration de l'Ircam et le début de son enseignement au Collège de France, Pierre Boulez avait posé les bases de son action publique. Il l'avait même fait en suscitant des polémiques retentissantes qui laissèrent peu de doute sur le caractère entier de son engagement. Ainsi du célèbre plaidoyer au titre assassin, Il faut brûler les maisons d'opéra, paru dans Der Spiegel en 1967.À plus d'un titre, les « années Collège » représentent néanmoins un changement d'échelle : fort de son leadership, il abandonne ses modes d'action militants et « artisanaux » des débuts dans le but de mener à bien son dessein de modernisation de l'ensemble du paysage musical ; il n'hésite pas à se retirer partiellement de ses responsabilités planétaires pour mieux assumer, après deux décennies de désamour, son retour sur la scène institutionnelle française (corrélé à la genèse de l'Ircam, l'Ensemble Intercontemporain, l'Opéra-Bastille, jusqu'à la Cité de la musique) ; ou encore, il formalise, dès le lancement du Centre Pompidou, le besoin d'établir de fortes synergies entre des pôles généralistes multiformes et des satellites spécialisés, afin que la recherche se confronte au monde extérieur.Ma communication tentera de cerner les lignes de force qui traversaient sa démarche institutionnelle, en prenant notamment appui sur mes souvenirs personnels, tel que j'ai déjà pu les évoquer dans un petit livre, Pierre Boulez aujourd'hui, paru aux éditions Odile Jacob en janvier 2025. J'ai en effet eu la chance d'accompagner sa trajectoire dès 1986, en assumant d'abord la direction artistique de l'Ircam, puis, en lui succédant à la tête de cet Institut en 1992, avant de prendre la direction de la Cité de la musique en 2001 et de poursuivre son combat pour la construction d'un grand auditorium qui ne verra le jour qu'en 2015. De ma position d'observateur et d'acteur privilégié, j'ai pu mesurer une adversité qui, prompte à dénoncer l'hégémonie supposée de Pierre Boulez, entretenait la thèse d'un renversement de conduite et de valeurs résultant de sa réussite internationale de chef d'orchestre : il serait rapidement passé d'un engagement collectif, souvent associé au clan des « modernes engagés à gauche », à une posture individualiste marquée par le compromis et l'instrumentalisation.L'ambivalence de sa relation avec l'Opéra de Paris représente à cet égard un cas intéressant à observer. Ce projet l'occupa sûrement autant que la mise en place plus tardive de la Cité de la musique. Déjà, au milieu des années 1960, il s'était engagé, avec Maurice Béjart, auprès de Jean Vilar pour transformer l'Opéra Garnier. Le renoncement d'André Malraux avait alors accéléré son « exil » et son activisme international. Plus tard, au cœur des « années Collège », de 1982 à 1989, il tentera à nouveau, malgré son scepticisme grandissant, de réformer l'art lyrique en s'impliquant fortement dans la construction de l'Opéra-Bastille. Ses préconisations dépassaient la problématique de la « correspondance entre les arts », reflétant son attirance pour l'émergence d'une organisation transverse, déjà éprouvée à l'Ircam, à même de s'ouvrir à la création tout en donnant sens à l'exposition d'un répertoire élargi. Les pouvoirs successifs se tinrent à bonne distance, mais cet échec, loin de sonner le glas des visions bouléziennes, motivera au contraire le work in progress de la Villette.Les nombreuses tribunes relatives à la politique culturelle parues au fil du temps dans la presse généraliste sous la signature de Pierre Boulez, incluant celle du Spiegel, parlent d'elles-mêmes : une fois franchie l'équivoque volontaire de l'accroche, il s'est toujours placé dans une perspective visant à améliorer les structures existantes par des aménagements progressifs des usages plutôt que par l'exaltation d'un quelconque schisme. Le temps de la conquête motive des formes de guérilla et des élans polémiques énergisants, faute de quoi rien n'avance [Pourquoi je dis non à Malraux (1966), La Cité unijambiste (1999), etc.]. L'exercice du pouvoir, lui, fixe des règles autrement contraignantes : dès l'aventure du Domaine musical lancée en 1953, pour Pierre Boulez, gouverner, c'est s'engager dans la voie de réformes au long cours, au risque assumé de concessions voire de renoncements passagers.Une forme d'unité se dégage de sa pratique de responsable empreinte de hasard et de détermination. Allusion faite à la formule jaurésienne de « réformisme révolutionnaire », il est possible d'affirmer que Pierre Boulez, fin dialecticien de « l'ordre et du chaos », a pensé avant tout l'institution en termes d'évolution et non de rupture radicale.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - « …quasi vidua … ». On Anthèmes 2Session 4 : La musique en questionIntervenant :Gerald BennettFondateur et Ancien Directeur de l'Institute of Computer Music and Sound Technology, Université des Arts de ZurichColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméPierre Boulez reminds us that one of the sources of the form of Anthèmes 1 is the plainchant Lamentations of Jeremiah, which he sang in his youth during the First Nocturne service on Holy Thursday. The most striking feature of this piece is the setting of the Hebrew letters that separate the various verses of the text. Boulez translates this idea by using the harmonics of the solo violin to separate the sections of Anthèmes, referring to the harmonics as "letters." He insists that he uses only the structure of the Lamentations in his music, not their content. In reality, however, the music itself often suggests the opposite, as examples will show. It is unlikely that a reader as sensitive as Boulez would refer to a work with such expressive content solely for formal reasons.During a discussion of Anthèmes 2 with Peter Szendy on the occasion of its first French performance in October 1997, Boulez explains why he abandoned his belief that music had to be athematic. Jonathan Goldman has admirably described and illustrated what constitutes a "theme" in the Anthèmes pieces. It is important to note how the use of themes influences the task of composition by adding an expressive dimension. At the same time, the choice of digital techniques to create the electronic accompaniment in Anthèmes 2 strongly defines and limits its expressive potential. The thematic material in the piece fulfills many functions: the articulation of large-scale form, the furnishing of coherent musical patterns on which to elaborate, dramatic contrast, historical reference, the creation of a musical-metaphorical context for the composition. All of these will be discussed with examples.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Réinventer la musique en laboratoire : l'Ircam comme expérience collaborativeSession 4 : La musique en questionIntervenant :Andrew GerzsoCollaborateur de Pierre Boulez pour les œuvres réalisés à l'Ircam, ancien directeur de département à l'IrcamColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.Résumé« La musique n'a pas besoin d'un laboratoire ». C'est dans ces termes que le célèbre physicien et Prix Nobel Werner Heisenberg à l'institut Max Planck a rejeté en 1970 le projet de Pierre Boulez de collaboration entre sciences et musique. Werner Heisenberg pensait-il que la musique est uniquement le domaine de la subjectivité et de l'intuition (alors même que la lutherie, par exemple, implique une haute technicité guidée par des critères musicaux) ? Que scientifiques et musiciens ne pouvaient pas établir un dialogue et se stimuler mutuellement ?Dans une première partie, ma communication reviendra sur les différentes tentatives – fructueuses et infructueuses – au sein de l'Ircam dans ses premières années pour organiser cette fameuse collaboration entre scientifiques et musiciens afin d'explorer les nouvelles possibilités offertes à la musique par les technologies émergentes, notamment dans le domaine de l'informatique.Dans une deuxième partie, j'évoquerai les différentes modalités de travail qui ont caractérisé ma collaboration avec Pierre Boulez entre 1980 et 2011, lors de la production de ses œuvres à l'Ircam : Répons, Dialogue de l'ombre double, …explosante-fixe… et Anthèmes 2. Notre collaboration s'est mobilisée tantôt sur la recherche d'un vocabulaire musical électronique, tantôt autour d'une idée musicale, tantôt sur une métaphore qui devrait guider la réalisation électronique. Ces derniers points seront illustrés par quelques exemples tirés des œuvres de Pierre Boulez.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - (Re)penser le concept de recherche musicale : Boulez et la création de l'IrcamSession 4 : La musique en questionIntervenant :François-Xavier FéronChercheur, laboratoire Sciences et Technologies de la Musique et du Son, Ircam / CNRS / Sorbonne UniversitéLaura ZattraProfesseure titulaire d'histoire de la musique, Conservatoire d'UdineColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméSollicité par le président Georges Pompidou, Pierre Boulez s'attelle en novembre 1970 à l'élaboration d'un projet visant à intégrer, dans le futur centre d'Art du plateau Beaubourg, un institut de recherche sur la musique. Au cours des trois années suivantes, Boulez fait des consultations et constitue l'équipe avec laquelle il va enrichir et consolider son projet. Le 7 mars 1974, celui-ci est dévoilé au public au cours d'une conférence de presse et à travers une brochure dans laquelle on peut lire: "Le musicien rêve d'un autre monde, mais ce monde, il ne pourra jamais en créer lui-même la technologie. Le scientifique, lui, peut accélérer l'avènement de ce monde s'il est capable de comprendre les lendemains que le musicien balbutie."Unir ces deux mondes dans une recherche commune est ainsi la raison d'être de l'Ircam. Mais en quoi le projet boulézien se démarque-t-il totalement de celui du Groupe de recherches musicales (GRM) ou de celui du Centre d'études de mathématique et automatique musicales (CEMAMu) ? Comment Boulez parvient-il à mettre en œuvre sa vision de la recherche musicale en promouvant l'interdisciplinarité et le travail collectif ? Comment certains aspects architecturaux, logistiques et organisationnels contribuent-ils à renforcer cette union entre scientifiques et musiciens ?Pour répondre à ces questions, nous nous intéresserons à la genèse de l'Ircam et à ses premières années d'existence, jusqu'à la tenue, en février 1983, du séminaire international intitulé "Le concept de recherche en musique". En nous basant sur l'étude des archives – le Fonds Pierre Boulez à la fondation Paul Sacher, les archives de l'Ircam et celles du Centre Pompidou – ainsi que sur les récits inédits collectés dans le cadre du projet RAMHO (Recherche et acoustique musicales en France : une histoire orale), nous analyserons les stratégies et actions que Boulez met en place à cette époque pour "remettre en question".
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Boulez, the LeninistSession 4 : La musique en questionIntervenant :Eric DrottUniversity of Texas, AustinColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméIn an interview published in February 1966, Pierre Boulez famously declared himself a "300% Leninist"—at least in connection to the reform of musical life in the country. In ensuing years Boulez frequently returned to this self-description, and it has since become a staple of biographical accounts of the composer. But while authors often quote Boulez's "exaggerated claim" to Leninism (to cite Dominique Jameux's characterization), this is typically chalked up as one example among many of his penchant for provocative rhetoric. The remark thus joins the ranks of other incendiary utterances made by Boulez over the years, regarding the uselessness of certain composers, for instance, or the necessity of destroying opera houses.This paper reconsiders Boulez's self-avowed Leninism. His habitual recourse to this particular trope in a series of interviews from the mid-1960s to the mid-1970s suggests that it possessed a utility that went beyond mere provocation. Rather, Boulez's frequent invocation of Lenin provides insight into how he conceived his aesthetic project, and how this project related to the broader field of contemporary music in the years around May '68. But just as importantly, this trope offered Boulez a means of negotiating his changing position within this same field. Among other things, it offered him a way of forestalling the threat posed by his "artistic aging" – the process identified by Pierre Bourdieu according to which an existing cohort of artists is threatened with obsolescence by the emergence of a newer one. At the same time, the metaphor authorized a division of labor that legitimized his pursuit of professionalism in music, not just artistically but politically. For what it implied was that the best way that composers like himself can act on their political engagements is to leave politics to other professionals—namely to the militants whose area of expertise is revolutionary action.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Pratique de l'inachèvement et discours sur le fragment. Deux études de cas : Incises et le Livre pour quatuorSession 3 : Spirales, dérives, fragments : le style compositionnel des années 1980Intervenant :Jean-Louis LeleuProfesseur émérite, Université Côte d'AzurColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméLa majeure partie du dernier cours de Boulez au Collège de France – « L'œuvre : tout ou fragment » – porte sur les divers types de relation que peuvent entretenir le fragment et le tout au sein de l'œuvre selon le degré d'intégration du premier dans le second (on va du simple recueil – de l'album composé de feuillets détachables – à l'œuvre savamment organisée, s'affirmant comme totalité close sur elle-même). Ce n'est qu'à la fin du cours qu'est opéré un renversement de perspective, l'œuvre apparemment finie révélant sa nature fragmentaire : paradoxe d'un tout in-fini pour lequel Boulez forge le concept de forme spirale. Boulez s'attarde peu, ce faisant, sur le rôle que joue dans sa musique – et les formes qu'y prend – l'inachèvement provisoire : beaucoup de ses œuvres, y compris lorsqu'elles se présentent comme achevées, ne sont que les états d'un projet dont la réalisation est restée partielle – le non abouti, et même le provisoire, y étant, pour des raisons contingentes, devenu définitif, ou resté définitivement provisoire. On se fondera, pour illustrer la réflexion, sur deux cas de figure très différents, appartenant l'un à la première, l'autre à la dernière période de la production du compositeur : le Quatuor à cordes devenu Livre pour quatuor, et Incises (développé en sur Incises).
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Spirals in the Harmonic and Formal Structure of RéponsSession 3 : Spirales, dérives, fragments : le style compositionnel des années 1980Intervenant :Catherine LosadaProfessor of Music Theory, University of CincinnattiColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméA landmark work, Pierre Boulez's Répons (1980-82) was written to showcase the technological potential of IRCAM, the Parisian Institute for Research and Coordination in Acoustics/Music that Boulez founded in 1977. This piece, like many others, was considered a work-in-progress at the time of the composer's death in 2016. Existing associated scholarship for the most part builds on Boulez's commentary, which encompasses the five chords that generate the first two sections of the work and the concept of a spiral. On the aesthetic level, the spiral clearly illustrates the idea of a constantly evolving, unfinished work (DiPietro 2000), but Boulez's explanation of how it applies to the musical materials is somewhat vague "Répons is a set of variations in which the material is arranged is such a way that it revolves around itself" (Derrien 1988). In this paper, I will show how the model of a spiral is essential to the conception of this piece in two additional ways, one at a technical, pitch generation level, the other a larger formal level. In this way, I will elucidate interesting aspects of the harmonic structure of the piece, its overall form, and their relationship to Boulez's broader aesthetic outlook.The third version of Répons (1984) consists of an introduction, eight sections and a coda. An early version of the piece (1981) ended after the fourth section. My paper will comment on the evolving quality of Boulez's works by examining the relationship between section four and the immediately ensuing section—added in the following version (1982) (Jameux, 1989). The material for both sections is based on a chord that presents the SACHER hexagram in a precise registral disposition. Common to many of Boulez's later works, the use of this hexagram constitutes an homage to Boulez's benefactor, Paul Sacher. Although several sources note the importance of the hexagram for this piece, none explain its precise function. Boulez uses this chord as a basis for a fascinating technique (Example 1) that is related to, but distinct from techniques he used previously in his career, a spiral-like adaptation of a rotational array. The spiraling process creates precise registral invariances illustrated by the fixed boundary pitches and the arrows shown on the sketch. I will show how the array generates the instrumental material (discussed in Williams 1994, Tissier 2011) as well as the superimposed recorded material (the "wallpaper") for section four. Significantly, the material for the fifth section is based on a retrograde reworking of this material. This is the essence behind the formal concept of a spiral: a new, intensified cycling through materials that are related at a deep level. Finally, I will show how Boulez's application of this array creates a background pitch organization with a flexibility that successfully addresses the main challenge he sought to resolve in this piece: that of maintaining the vitality of live performance in a work that includes recorded materials (Boulez 1985). This was one of the most striking and influential aspects of this work.RéférencesBoulez, Pierre. 1985. "Pierre Boulez: Über Répons: ein Interview mit Josef Häusler." InTeilton. Schriftenreihe der Heinrich-Strobel-Stiftung des Südwestfunks. Ed. Josef Häusler. Kassel: Bärenreiter: 7-14.Boulez, Pierre. 2005. "The System and the Idea." In Pierre Boulez Music Lessons : The Collège de France Lectures. Ed. Jonathan Dunsby, Jonathan Goldman and Arnold Whittall. Chicago: University of Chicago Press. Originally published as "Le Système et l'idée." In InHarmoniques 1 (1986) : 62-104.Boulez, Pierre and Andrew Gerzso. 1988. "Computers in Music." Scientific American 258.4: 44-51.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Les archives et la bibliothèque : vers de nouvelles pistes de recherche à partir du fonds BnFSession 2 : Boulez au prisme de l'archiveIntervenant :Agnès Simon-ReechtConservatrice au Département de la Musique, Bibliothèque nationale de FranceColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméPierre Boulez entretient une relation singulière aux archives et aux bibliothèques. Le compositeur qui voulait « brûler les bibliothèques » et en faisait le lieu de la tension entre mémoire et création, s'est lui-même intéressé aux archives des autres et a eu le souci de préserver ses propres manuscrits, qu'il donna, de son vivant, à la Fondation Paul Sacher. Cependant, à sa mort, sa maison de Baden-Baden et ses appartements parisiens abritaient encore un ensemble d'archives et de documents variés, qui représentent, en termes de bibliothéconomie, plus de 200 mètres linéaires : correspondance, agendas, photographies, documentation, archives institutionnelles, archives comptables, mais aussi partitions de direction, livres, enregistrements, prix et objets. En 2017, la succession de Pierre Boulez fit don de ce fonds important à la BnF, laquelle conserve par ailleurs plusieurs manuscrits musicaux du compositeur.Cette communication présentera deux ensembles du fonds Boulez de la BnF : ses archives postérieures aux années 1970, et ses partitions de direction, annotées pour l'analyse, la direction et la correction de la musique. Nous verrons quelles pistes de recherche ces documents ouvrent, en particulier sur ses activités d'homme d'institution et de chef d'orchestre, et ce qu'ils disent du rapport de Boulez à l'archive et la partition.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Suivre Boulez dans ses archivesSession 2 : Boulez au prisme de l'archiveIntervenant :Alain GalliariMusicologue, secrétaire du Comité musical/Succession Pierre Boulez, auteur du catalogue de l'œuvre (Éditions de la Philharmonie de Paris, 2025)Colloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméEn 1986, Pierre Boulez signa un contrat de don de ses manuscrits musicaux avec le chef d'orchestre et mécène suisse Paul Sacher, ami de longue date. La collection fut la première pierre des fonds musicaux depuis lors conservés et enrichis par la Fondation Paul Sacher de Bâle. Classé et décrit par Robert Piencikowski, le fonds regroupe l'essentiel des manuscrits musicaux de Pierre Boulez (des esquisses aux mises au net), associés à d'autres documents. Il demeure la source première des études bouléziennes, avec les archives recueillies en 2017 par la BnF. D'autres collections patrimoniales conservent toutefois de par le monde des pièces moins repérées qui viennent compléter les fonds de Bâle et de Paris : aux États-Unis notamment (Morgan Library, Northwestern University Library), en Allemagne (Archives du SWR, Baden-Baden), ainsi qu'en France (Bibliothèque La Grange-Fleuret, bibliothèque musicale de Radio France, bibliothèque de l'Ensemble InterContemporain, Musée de la musique, et plusieurs fonds de la BnF, dont les archives Renaud-Barrault). Plusieurs manuscrits sont également présents de par le monde dans des collections privées. Le cercle s'élargit de beaucoup dès lors que l'intérêt se porte sur les autres activités du musicien, la direction d'orchestre notamment : les chercheur·ses intéressé·es par cet autre pan de la riche activité boulézienne ne pourront manquer d'aller questionner les archives des institutions qu'il a le plus fréquentées, à La Haye, Amsterdam ou Bruxelles, à Londres, New York, Los Angeles, Chicago ou Cleveland, ainsi qu'à Vienne, Salzbourg, Berlin, Bayreuth – et ailleurs encore. C'est un tableau de synthèse que tentera la communication proposée, en s'attachant d'abord à l'œuvre musicale de Pierre Boulez.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Boulez et les neurosciences : du chant des oiseaux à l'intelligence artificielleSession 1 : Penser la musique au Collège de FranceIntervenant :Jean-Pierre ChangeuxProfesseur du Collège de FranceColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Le discours boulézien sur la création musicale autour de 1980Session 1 : Penser la musique au Collège de FranceIntervenant :Jonathan GoldmanProfesseur titulaire de musicologie, Université de MontréalColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméPierre Boulez a étonnamment peu écrit et parlé des compositeurs actifs au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Auteur prolifique, commentateur passionné de compositeurs tels que Webern, Schoenberg ou Debussy qu'il a intégrés à un récit historico-théorique développé, Boulez n'a guère cherché à théoriser les enjeux esthétiques des œuvres de son temps – celles des musiciens et musiciennes de sa génération ou plus jeunes – alors même qu'il en dirigeait et enregistrait certaines à l'époque de son enseignement au Collège de France.Il est donc éclairant de trouver dans les archives de ses leçons au Collège de France pour l'année 1980-1981, consacrée à la thématique « Automatisme et décisions », un croquis contenant des références à une vingtaine de ses contemporains, la plupart actifs au cours des années 1960 et 1970. Il s'agit d'œuvres de compositeurs aussi divers que Vinko Globokar, Heinz Holliger, Mauricio Kagel, Paul Méfano ou Dieter Schnebel, qu'il n'a pourtant jamais évoqués dans le texte de ses cours au Collège paru sous le titre Leçons de musique en 2005.Ce croquis a vraisemblablement servi à l'élaboration d'une série d'ateliers sur le thème de « Hasard et détermination » qui a eu lieu en 1982 au Centre Georges Pompidou et qui prolonge des thèmes abordés dans les cours du Collège de l'année précédente. L'étude de ce brouillon nous éclaire sur les jugements esthétiques, parfois passablement critiques, que Boulez portait sur des créateurs très différents de lui. À la lueur de cette esquisse, ses cours du Collège de France apparaissent soudain plus polémiques et engagés que ce qu'on en a généralement retenu, et leur cohérence avec ses activités de chef et programmateur ressort nettement.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - What Boulez's Collège de France lectures tell us about Musical MaterialSession 1 : Penser la musique au Collège de FranceIntervenant :Edward CampbellEmeritus Professor of Music, King's College, University of AberdeenColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméThe topic of musical material features prominently throughout Boulez's College de France lectures, and in this paper I set out to establish some of the principal elements of its elaboration. Boulez spoke of the dissatisfaction experienced by musicians in the face of "the frequent inadequacy of the sound material… at their disposal" (2018, pp. 3-4) and suggested that the search for new material stood in need of aesthetic reflection. Unlike for John Cage and other musical experimentalists, for whom sound was of intrinsic value and no distinction was to be made between sound, noise and music, Boulez positioned himself within the tradition of Schoenberg and Webern where, to qualify as musical, sounds had first to form part of a musical language and be integrated into a compositional project.In the lecture courses he gave in the early 1980s, Boulez embarked on a re-reading of his own compositional trajectory. He discussed the question of musical material and how he had adapted what he inherited from Schoenberg, Webern and Messiaen to produce his own idiosyncratic approach in which he developed new pre-compositional operations. In "The Concept of Writing" (1990-91) he cited examples from the work of his contemporaries, namely Berio, Ligeti and Carter, highlighting, in particular, how Carter managed to produce "pre-material" which "fixes many other features of the language" (2018, pp. 506-507). He returned to Carter's working of source or pre-compositional material in "Writing and Idea" (1992–93) where we find some of Boulez's richest reflections on the topic.In all, Boulez set out a coherent vision of musical material in the College de France lectures. Despite the sometimes apodictic nature of his exclusions, there is much of great value in the generic concept he elaborates. While chronicling his own idiosyncratic compositional journey, his discourse is arguably open-ended in its envisioning of what musical material might be and responsive to the imaginative needs of individual creative musicians. Consequently, the paper concludes in considering what Boulez's reflections might continue to offer to composition and musical thought today.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Boulez écrivainSession 1 : Penser la musique au Collège de FranceIntervenant :Jean-Jacques NattiezProfesseur émérite, Université de MontréalColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.RésuméPierre Boulez n'a pas été seulement le compositeur de trente-trois œuvres (et de leurs révisions) mais le signataire de livres de différents types : exposé de techniques compositionnelles, entrevues, correspondance et trois volumes réunissant cent cinquante articles et écrits de genres divers (essais de fond, interventions d'humeur, textes rédigés en vue de conférences ou de cours) qui font l'objet de la présente communication. Il s'agit ici, pour leur éditeur (chez Christian Bourgois), de déterminer quels sont le statut et les fonctions, chez Boulez, de l'écriture littéraire par rapport à l'écriture musicale et de tenter d'en cerner quelques spécificités stylistiques.Pour ce faire, il rappelle d'abord comment Boulez concevait lui-même la différence entre ses activités critiques et ses activités créatrices, même s'il ne les séparait pas. Après un survol de la place de ses écrits par rapport à ses activités de compositeur et de ses entreprises institutionnelles, il s'attarde d'abord à la période de ses écrits polémiques dont il donne des exemples, souvent violents. Puis, il souligne l'usage de métaphores inattendues et en propose une caractérisation. Il souligne ensuite l'introduction d'autocritiques dans son discours et le rôle que joue sa pratique de la direction d'orchestre. Fidèle aux concepts qui me sont familiers, je distingue alors le point de vue « poético-centrique » et le point de vue « esthésico-centrique » et se dirige vers la caractérisation du style de sa pensée, dominé par sa structuration binaire et la quête de la totalité dont il témoigne. Après avoir évoqué les articles eux-mêmes et les textes écrits en vue de conférences et de cours, il s'attarde tout particulièrement au recours stylistiques à des groupements ternaires, dans la foulée d'une observation féconde de Proust. Finalement, la communication examine le soin qu'il met à ne pas citer, dans ses textes, des exemples musicaux concrets et distingue son discours littéraire de ce que serait celui d'un musicologue.
Pierre-Michel MengerCollège de FranceAnnée 2023-2024Sociologie du travail créateurColloque - Boulez : l'invention au pouvoir ? Les années 1975-1995 - Introduction généraleIntervenant :Pierre-Michel MengerProfesseur du Collège de FranceNicolas DoninUniversité de GenèveColloque organisé pour le centenaire de la naissance de Pierre Boulez par le Pr Pierre-Michel Menger, chaire Sociologie du travail créateur, et Nicolas Donin, professeur de musicologie à l'université de Genève.Avec le soutien de la Fondation du Collège de France et de son grand mécène LVMH.PrésentationL'enseignement de Pierre Boulez au Collège de France à partir de 1977, sur une chaire intitulée « Invention, technique et langage en musique », accompagne une période d'intense activité créatrice et institutionnelle. Boulez compositeur se confronte à l'électronique et au thématisme (Répons, Dialogue de l'ombre double) et revisite en profondeur des œuvres de sa première période (Notations, Le Visage nuptial). Boulez chef d'orchestre applique son exigence interprétative tout à la fois aux classiques du XXe siècle et à une nouvelle génération de compositeurs, qu'il promeut au concert et au disque. Boulez fondateur d'institutions assure la direction de l'Ensemble intercontemporain (EIC) et de l'Institut de recherche et de coordination acoustique/musique (Ircam) tout en s'impliquant dans les grands projets musicaux de la politique culturelle française (Opéra Bastille, Cité de la musique). Suite à sa retraite de la direction de l'Ircam en 1992 et du Collège de France en 1995, Boulez amorce une nouvelle phase de son activité principalement centrée sur la direction d'orchestre.Ces deux décennies ont coïncidé avec une forte exposition publique de la figure de Boulez, notamment en France, entre admiration et contestation. La recherche n'a pas encore pris la mesure des dynamiques complexes de son action multiforme comme elle l'a fait pour le Boulez des années 1950 et 1960. Le jeune musicien critique des institutions s'est mué en fondateur d'institution. Quelle organisation intellectuelle, esthétique et logistique a permis à Boulez d'explorer en parallèle des enjeux, des répertoires et des modes d'action si variés ? Quelle place joue désormais l'invention musicale dans ses multiples rôles ? Quelles sources et quelles clés de lecture pourraient éclairer d'un jour nouveau les prises de position formulées dans les nombreux dits et écrits de Boulez de cette période ?2025 Année Boulez est porté par le ministère de la Culture en collaboration avec la Philharmonie de Paris.
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : Decoding individual variability in motor strategies during navigationClaire WyartICM Institute, Paris, France
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : Self-organized information flow in stem cell patterningDavid BruecknerUniv Basel, Biozentrum, Switzerland
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : Precision in a rush: temporal aspects of decision makingAleksandra WalczakENS Paris, France
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : Decoding & encoding of molecular information, global optimization and geometryMadan RaoNCBS, Bangalore, India
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : Specifying cellular identities in the early fly embryoThomas GregorInstitut Pasteur, Paris, France
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : What is encoded in the selective stabilization of microtubules?Manuel ThéryInstitut Pierre Gilles de Gennes, Paris, France
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : Are cell-scale physical learning rules operating during embryonic development?Lisa ManningUniversity of Syracuse, USA
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : Deciphering cellular integration of the contradictory BMP and TGFβ signalsYaron AntebiWeizman Institute, Israël
Thomas LecuitCollège de FranceDynamiques du vivantAnnée 2024-2025Colloque - Information Processing in Biological Systems : Information flow in the cell: from genome to cell typeStephen QuakeStanford University, USA
François DérocheHistoire du Coran. Texte et transmissionCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Le livre dans le monde musulman. Histoire et techniques : Conclusions
François DérocheHistoire du Coran. Texte et transmissionCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Le livre dans le monde musulman. Histoire et techniques : Traces of Lost Books. What Did High-Level Bureaucrats Read Before 1840?Henning SievertUniversité Ruprecht-Karl, HeidelbergRésuméLe Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'Europe du Sud-Est ont connu de profonds changements à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, avant que l'Empire ottoman ne se réinvente et ne se reconstruise entre 1840 et 1880. Contrairement aux idées reçues, ce processus n'a pas consisté à imiter un modèle « occidental », mais la volonté d'apprendre, d'adapter et de développer des modèles prometteurs (à défaut de sauter dans le train du progrès et de la civilisation bien-pensants) ne fait aucun doute. Le groupe clé qui a réellement agi de la sorte est celui des bureaucrates de la métropole.En même temps, la réinterprétation de l'héritage islamique et impérial bien établi qui s'ensuivit présupposait un ensemble de connaissances acceptées, ce qui soulevait la question de savoir sur quel type d'éducation ces personnes pouvaient s'appuyer, vers quels livres elles pouvaient se tourner ou ce qui était à leur disposition pour procéder à une réaffectation et une réinvention.Si certaines bibliothèques privées ont survécu, la plupart des collections de livres de ces personnes ont été perdues. Cependant, même sans les livres eux-mêmes, il est possible de retracer leur éducation, leurs principaux centres d'intérêt et les changements éventuels grâce aux inventaires successoraux préparés à la suite du décès d'un propriétaire de livres. En s'appuyant sur l'analyse de plusieurs registres du milieu du XVIIIe siècle publiée en 2010, cette contribution examinera un nombre comparable de registres de la fin du XVIIIe siècle et surtout du début du XIXe siècle, juste avant les changements mentionnés.
François DérocheHistoire du Coran. Texte et transmissionCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Le livre dans le monde musulman. Histoire et techniques : The Manṭiq al-waḥš and the Early Arabic Illustrated BookBoris LiebrenzAcadémie saxonne des sciences et humanités, LeipzigRésuméUne page illustrée conservée au Metropolitan Museum of Art de New York a suscité et défié à la fois plusieurs tentatives par des historiens de l'art d'interpréter les textes et les images qu'elle contient. Elle a été identifiée comme le fragment d'un texte inconnu intitulé « Le langage des animaux sauvages » (Manṭiq al-waḥš), écrit par le célèbre traditionniste des débuts de l'islam, Kaʿb al-Aḥbār. Sa nature de vestige d'un livre a été à la fois affirmée et mise en doute par les mêmes chercheurs. La confusion provient d'une mauvaise compréhension de ce que l'on peut voir et lire sur ce vestige. Cette communication corrigera quelques idées fausses sur la nature de la page et sa place codicologique. Il s'agira également de savoir ce que cet artefact peut nous apprendre sur une éventuelle tradition de livres illustrés à l'époque fatimide, tradition qui s'est peut-être pratiquement perdue au cours des siècles suivants. Enfin, elle sera l'occasion de s'interroger sur les mécanismes par lesquels les livres, et les livres illustrés en particulier, se perdent.
François DérocheHistoire du Coran. Texte et transmissionCollège de FranceAnnée 2024-2025Colloque - Le livre dans le monde musulman. Histoire et techniques : Qur'anic art in Southeast Asia: Localising the Sulawesi diaspora geometric styleAnnabel GallopThe British Library, LondresRésuméLa grande majorité des manuscrits enluminés du Coran provenant d'Asie du Sud-Est, y compris ceux des styles d'enluminure d'Aceh, de Patani et de Terengganu, peuvent être datés de la fin du XIXe siècle. À partir de la seconde moitié du XVIIe siècle et tout au long du XVIIIe siècle, le nombre beaucoup plus restreint de beaux manuscrits du Coran connus ne laisse entrevoir que deux principaux lieux d'activité, dont l'un est centré sur la cour de Banten, à l'extrémité occidentale de l'île de Java. La seconde école artistique a été appelée « style géométrique de la diaspora de Sulawesi » en raison du caractère fortement géométrique des cadres doublement décorés, qui sont composés de lignes droites provocantes et de formes partiellement circulaires. Treize exemplaires de ce style ont été identifiés, datant de 1677 à 1804 ; ils ont été trouvés et produits dans des lieux dispersés à travers l'archipel.Cette communication explorera l'impact artistique de ce style distinctif d'art coranique en documentant la localisation du style géométrique de la diaspora de Sulawesi dans le monde malais de l'Asie du Sud-Est au cours du XIXe siècle, de Sumatra à Java et de Madura à Mindanao.