Chaque jour, un correspondant de RFI en Europe raconte la société de son pays. Les Britanniques abolissent la chasse à courre, les Belges légalisent l’euthanasie active, les Russes organisent une foire de millionnaires… si l’Europe se mondialise, elle entretient aussi sa diversité. Les uns ouvrent l…
La Serbie organise ce dimanche 21 juin des élections législatives et municipales, alors que le pays, à peine sorti du confinement, connaît un regain de l’épidémie de Covid-19. Le président Vucic escompte un plébiscite mais l’opposition appelle au boycott. Pourquoi le scrutin est-il organisé aujourd’hui ? de notre correspondant à Belgrade, Des élections locales devaient avoir lieu ce printemps, et le président Vucic a voulu y coupler des législatives anticipées, alors même que l’homme fort de la Serbie dispose déjà d’une majorité absolue au Parlement, afin d’être en position de force, alors que le calendrier des négociations avec le Kosovo devrait s'accélérer Le scrutin était initialement prévu le 12 avril, mais il a du être repoussé à ce 21 juin en raison de l’épidémie de Covid-19. La Serbie est aujourd’hui totalement sortie du confinement, mais le pays, ainsi du reste que ses voisins des Balkans, notamment la Macédoine du Nord, connaît effectivement une inquiétante hausse des contaminations depuis une dizaine de jours. L’opposition appelle au boycott. Presque toutes les formations d’opposition représentées dans l’actuel Parlement appellent au boycott, depuis le Parti démocrate (centre gauche) jusqu’au mouvement d’extrême droite Dveri. De très nombreuses organisations de la société civile appellent également au boycott. Avec des médias monopolisés par le pouvoir, une omniprésence de la figure du président Vucic, une dérive autoritaire accentuée par l’état d’urgence sanitaire, les conditions ne sont absolument pas remplies pour envisager des élections libres et démocratiques. Néanmoins, 21 formations vont briguer les suffrages des citoyens. Parmi elles, de nouveaux groupes d’extrême droite, mais aussi deux listes issues des mobilisations anti-régime de l’année 2019, qui ont fait le choix de la participation. Alors qu’il est nécessaire de déposer 10.000 signatures pour déposer une liste, les partisans du boycott soupçonnent le régime d’avoir donné un coup de pouce à ces listes, afin de donner une apparence de crédibilité à ces élections, mais aussi de se créer une opposition « sur mesure ». En tout état de cause, le président Vucic attend un plébiscite… Assurément, l’issue du scrutin ne fait guère de doutes, le Parti progressiste serbe d’Aleksandar Vucic est quasiment assuré de disposer à nouveau de la majorité absolue au sein du futur Parlement. Pour le maître de Belgrade, l’enjeu est d’avoir les coudées franches, alors que les échéances devraient se précipiter à propos du Kosovo. Dès samedi 27, Aleksandar Vucic et son homologue kosovar Hashim Thaçi sont convoqués à la Maison Blanche, où les bases d’un accord politique entre Belgrade et Pristina devraient être annoncées. Alors que les deux capitales bruissent de rumeurs, on ignore quelles pourraient être ces bases politiques, mais l’administration Trump semble en tout cas décidée à boucler au plus vite le dossier. Les États-Unis ont repris la main sur la dialogue Kosovo-Serbie, marginalisant l’Union européenne, divisée sur le sujet. ►À lire aussi : Le nouveau gouvernement du Kosovo fait un pas vers le dialogue avec la Serbie
C'est un bras de fer sans précédent qui se joue depuis une semaine entre l'Arabie saoudite et la Russie. Les deux superpuissances du pétrole sont en désaccord sur la conduite à tenir face au coronavirus et à son impact sur les cours du brut. Conséquence, une « guerre des prix » qui pourrait avoir un impact très lourd sur l’économie russe. de notre correspondant à Moscou, « Nous avons suffisamment de ressources pour préserver notre économie » en cas d’effondrement des cours du brut. Vladimir Poutine l’a clairement fait savoir ce mercredi 11 mars, il considère que son pays est capable de tenir tête à l’Arabie saoudite dans la guerre des prix, et des nerfs, qui a débuté. A l’origine de ce conflit, le refus de Moscou de baisser sa production d’or noir, malgré les demandes de l’OPEP, Riyad en tête. La Russie était déjà réticente à prolonger l’accord de 2016 et a décidé, le 6 mars dernier à Vienne, de ne pas aller plus loin. Aux yeux des producteurs russes, cette politique de modération de la production ne pouvait en effet que profiter aux groupes américains, libres de gagner des parts de marché en profitant d’un cours du brut assez élevé. Tous ceux qui à Moscou réclamaient l'abandon de cette politique de modération de la production ont donc obtenu gain de cause, avec le soutien de Vladimir Poutine. Trésor de guerre Malgré les déclarations bravaches du président russe, les conséquences pour l’économie russe pourraient cependant être lourdes. Baisse du rouble, effondrement de la bourse de Moscou, inflation importée… C’est un jeu dangereux pour la Russie. Mais un pari calculé aux yeux de certains observateurs, qui estiment le pays mieux armé qu’il y a quelques années pour se lancer dans ce genre d’aventures. La Russie s’est en effet dotée d’un trésor de guerre considérable, une réserve stratégique évaluée à 150 milliards de dollars, qu’elle peut utiliser justement dans ce genre de situation, lorsque les cours du brut s’effondrent. « Même avec un baril en dessous de trente dollars, déclarait récemment le ministre russe des Finances Anton Silouanov, nous pourrons facilement financer nos dépenses durant quatre ans. » D’un point de vue strictement budgétaire, la Russie peut voir venir… Mais une guerre des prix dans le secteur qui est tout de même le plus important pour son économie pourrait peser lourdement sur la croissance… et entraver les ambitions économiques de Vladimir Poutine, qui s’est fixé un objectif de 3% de croissance largement hors d’atteinte.
En Espagne, le chef de l’exécutif socialiste, Pedro Sanchez, a réagi tard. Mais, regardant ce qui se passe en Italie et ailleurs, il a fini par prendre des mesures drastiques de prévention face au coronavirus. L'épidémie a fait 47 morts, et plus de 2 000 personnes sont infectées, essentiellement à Madrid, mais aussi au Pays basque ou à La Rioja. Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau « Ne relâchons pas l’effort, et ne croyons surtout pas que l’affaire va se régler en peu de temps » : c’est le message essentiel adressé par le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez aux Espagnols. Un Pedro Sanchez qui a commencé timidement dans la gestion de cette crise sanitaire et qui désormais a pris les rênes avec volontarisme. D’après lui, les semaines à venir vont être difficiles,et il faut s’attendre à combattre le fléau du coronavirus jusqu’à une durée de quatre mois. Dans les trois foyers principaux, Madrid, la Rioja et le Pays basque, les mesures prises sont de plus en plus sérieuses. Contrôles drastiques dans les aéroports, vols directs interdits avec l’Italie, annulation de tous les événements sportifs dans les prochaines semaines. Douze prisons ont été placées à l'isolement, avec à l’intérieur 8 000 prisonniers fous de rage. Quelque 300 d’entre eux ont d’ailleurs réussi à s’enfuir. Dans la capitale surtout et ses 6 millions d’habitants, écoles, lycées et universités sont fermés; les trois grands musées aussi, dont le Prado. Les réservations d’hôtels sont en chute libre, avec une baisse de 15%. Les grands concerts sont annulés. L’essentiel de la vie culturelle est gelé. On peut constater que les restaurants sont presque déserts, et que par contre les supermarchés sont pris d’assaut. Une forte rumeur parcourt la capitale disant qu’elle pourrait être fermée d’ici peu par les autorités, rumeur démentie par la présidente de la région Diaz Ayuso. Et ce, même si de nouvelles mesures drastiques sont attendues dans les prochains jours. Des effets économiques déjà sensibles Le tourisme, qui est la principale source de revenu pour les finances publiques et pour des milliers d’entreprises liées à l’hôtellerie et aux services, souffre déjà des effets de l'épidémie. L’État va devoir injecter des centaines de millions d’euros pour garantir les services sanitaires et pour les entreprises qui vont connaître une baisse de leur productivité. Il est d'ailleurs recommandé d'avoir recours au télétravail. Le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, a aussi prévenu la Commission européenne qu’il ne pourrait pas respecter le plafond de déficit public fixé à 1,6%. L’affaire du coronavirus se politise en Espagne Selon le patronat, cette crise est l’occasion idéale pour baisser les impôts et libéraliser davantage l’économie. Argument aussi brandi par l’opposition de droite, qui accuse Pedro Sanchez d’avoir réagi tardivement et sans assez de fermeté. Le chef de l’opposition de droite, Pablo Casado, estime, lui, qu’il faut interdire tous les rassemblements publics et même festifs, la Semaine sainte, la Feria de Séville ou les Fallas de Valence. La question fait débat. De son côté, le parti d’ultra-droite Vox s’est publiquement excusé d’avoir organisé dimanche dernier un meeting de 9 000 personnes, meeting au cours duquel son secrétaire général, Ortega Smith, a été infecté par le coronavirus.
En Russie, l’apparition d’une multitude de petits partis ces derniers mois suscite de nombreuses questions. Certains n’hésitent pas à qualifier ces nouveaux partis de « trompe-l’œil » créés de toutes pièces pour diviser et affaiblir l’opposition. Le dernier de ces partis a été fondé la semaine dernière, il s’appelle « Démocratie directe » et il a été fondé par le créateur de l’un des jeux vidéo les plus célèbres de la planète. Le nom de Viatcheslav Makarov ne vous dit peut-être pas grand-chose. En revanche, son jeu vidéo World Of Tanks, est l’un des plus gros succès de ces dernières années. Son créateur âgé de 40 ans a décidé d’abandonner son jeu et son entreprise pour se lancer en politique. Cela pourrait prêter à sourire, si ce nouveau parti était un cas isolé, mais depuis la fin de l’année 2019 c’est en réalité une multitude de petits partis qui ont été créé, des partis de niche, ciblant des publics très précis. L’un des plus remarqués étant le parti de l’écrivain nationaliste Zakhar Prilepine, connu pour avoir combattu auprès des séparatistes du Donbass ukrainien. Au total, selon un décompte de l’Agence France-Presse, 39 partis ont été créé en 2019, dont près de la moitié rien qu’au dernier trimestre. Ces partis ont tous pour ambition de participer aux élections locales de l’automne prochain, avec comme objectif ensuite : obtenir suffisamment de voix pour avoir le droit de présenter des candidats aux législatives de 2021. Une profusion de nouveaux partis Cette explosion du nombre de nouveaux partis est d’autant plus étonnante que d’autres formations de l’opposition n’ont toujours pas eu la possibilité d’enregistrer leur propre parti : c’est le cas de celui qui est considéré comme le plus fervent opposant au Kremlin, Alexei Navalny, qui essaie depuis des années, en vain, d’enregistrer sa propre formation politique. En réalité, ces nouveaux partis ont été soit créés, soit encouragés par les autorités. C’est ce qu’ont expliqué des sources proches de l’administration présidentielle cité par la presse russe, notamment le site Meduza et le journal Vedomosti. Les objectifs de cette stratégie seraient multiples : doper la participation, disperser le vote contestataire, et par ricochet, aider le parti au pouvoir Russie Unie, à converser sa majorité. Le parti Russie unie à la popularité en chute libre La chute de popularité du parti Russie unie est un très gros problème pour Vladimir Poutine à l’approche des législatives de 2021. La création de cette multitude de partis serait donc une manière de préparer l’échéance, selon le journal en ligne Meduza. L’administration présidentielle distingue à ce petit jeu deux sortes de formations politiques : celle comme Démocratie directe, du créateur du jeu vidéo World of Tanks, qui ne sont là que pour la galerie, pour donner l’impression d’une véritable démocratie et pour ôter des voix à l’opposition. Et celles plus sérieuses, plus solides, qui présenteront des listes aux législatives, qui pourront avoir des députés, en partant du principe qu’une fois au Parlement, ces parlementaires voteront dans le sens souhaité par les autorités.
En Grèce, la situation reste très tendue à la frontière terrestre avec la Turquie, qui a ouvert depuis le 29 février ses frontières à destination de l’Union européenne. Plusieurs milliers de demandeurs d’asile et de migrants y sont toujours bloqués dans la zone tampon entre les deux pays, occasionnant des heurts réguliers avec la police grecque. Le président turc a en revanche légèrement relâché la pression sur les iles grecques de la mer Égée en donnant à nouveau l’ordre ce week-end à ses garde-côtes d’empêcher les départs par la mer. Après l’ouverture des frontières turques fin février, des bateaux transportant plus de 500 migrants ont accosté début mars sur l’île de Lesbos, où se situe en particulier Moria, le plus grand camp d’Europe. Considérant que ces réfugiés sont instrumentalisés par le régime du président Erdogan, la Grèce a décidé unilatéralement de ne plus prendre en compte aucune demande d’asile au cours du mois de mars. Et de considérer comme hors-la-loi toute les personnes arrivées « illégalement », au grand dam des défenseurs des droits de l’homme.Les nouveaux arrivants ont donc été arrêtés, et maintenus dans le port de la ville puis sur une frégate militaire, sans jamais être acheminés vers le camp saturé de Moria, qui compte déjà plus de 20 000 demandeurs d’asile. Cette frégate était toujours à quai, à Mytilène, la capitale de l’île de Lesbos, samedi 7 mars.En théorie, le ministre grec en charge de la Migration a fait savoir en milieu de semaine que l’ensemble des personnes entrées illégalement sur le territoire seraient transférées vers la ville de Serres, dans le nord de la Grèce, avant d’être renvoyées dans leur pays. Reste à voir si Athènes renverra effectivement une partie de ces migrants vers des zones de conflits. L'île de Lesbos toujours sous tension Samedi 7 mars au soir, un nouvel incendie a ravagé un centre communautaire destiné aux demandeurs d’asile au nord de Mytilène, une semaine après qu’un centre de transit du Haut-commissariat aux réfugiés avait lui aussi brûlé, dans le nord-est de l’île. Par ailleurs, le gouvernement grec vient d’annoncer la création de deux nouveaux camps, supposés temporaires, pour héberger près de 1 000 personnes, l’un vers la ville de Serres et l’autre dans la région d’Athènes. L’idée étant d’y acheminer les migrants arrivés à partir du mois de mars, dans l’optique de ne pas engorger encore davantage les camps des îles, comme à Lesbos, où la tension reste donc très forte. Des relations greco-turques détériorées La Grèce et la Turquie, théoriquement alliés au sein de l’Otan, s’accusent de tous les maux. Ankara accuse notamment la Grèce d’être à l’origine de la mort d’au moins trois personnes à la frontière en utilisant des tirs à balles réelles des accusations rejetées par Athènes qui les qualifient de « fake news ». De son côté, le premier ministre Kyriákos Mitsotákis dénonçait vendredi 6 mars sur CNN ce qu’il qualifiait de « provocation » turque en affirmant qu’Ankara assistait les migrants d’un point de vue logistique pour les envoyer vers la frontière grecque. Des réfugiés et des migrants qu’Athènes considère comme des « pions géopolitiques » utilisés par Ankara pour promouvoir ses propres intérêts.
Alors que la situation est tendue à la frontière gréco-turque depuis qu’Ankara a décidé d’ouvrir ses frontières, l’Autriche a présenté jeudi 5 mars un bilan de l’intégration des réfugiés arrivés dans le pays depuis 2015. L’Autriche est l’un des pays européens qui, en proportion, a accueilli le plus de réfugiés lors de la crise de 2015-2016, une crise qui a laissé des traces dans ce pays d’un peu moins de 9 millions d’habitants. Environ 200 000 personnes ont déposé une demande d’asile en Autriche depuis 2015, dont 110 000 ont reçu une réponse positive selon les chiffres présentés cette semaine par la ministre conservatrice de l’Intégration, Susanne Raab. Cette dernière a insisté sur les coûts de cet accueil, expliquant que l’hébergement dans les centres d’asile a coûté plus de deux milliards d’euros et que 70 000 cours d’allemand et 100 000 cours de valeurs ont été dispensés à ces nouveaux arrivants. Selon la ministre, l’Autriche « n’a pas encore surmonté les conséquences de 2015 », d’où sa mise en garde concernant la situation actuelle, alors que la Turquie a ouvert ses frontières avec la Grèce pour laisser passer les migrants. « Nous ne devons pas laisser entendre que si on peut arriver en Grèce, on peut arriver ensuite en Autriche » a martelé la ministre conservatrice. Un message clair de la part des conservateurs autrichiens Ces derniers jours, l’extrême-droite mais aussi les conservateurs ont régulièrement agité le spectre d’une crise similaire à celle connue en 2015. Le chancelier Sebastian Kurz a ainsi dénoncé une « attaque » de la Turquie contre l’Union européenne et plaidé pour la protection des frontières extérieures afin « que 2015 ne se reproduise pas ». Sauf qu’aujourd’hui Sebastian Kurz ne dirige plus l’Autriche avec l’extrême-droite mais avec les Verts, une coalition inédite au pouvoir depuis janvier dernier. Or, les écologistes ne partagent pas cette position. Le vice-chancelier Werner Kogler a même fait une proposition totalement à rebours de ce discours : accueillir des femmes et des enfants qui se trouvent dans les centres d'asile surpeuplés des îles grecques. Proposition immédiatement rejetée par les conservateurs. Werner Kogler a dû reconnaître que c’était une opinion personnelle, mais il a reçu le soutien de plusieurs ministres écologistes et membres du parti, dont celui du président de la République, Alexander Van der Bellen. Cela fragilise-t-il la coalition autrichienne ? Les deux partis ne s’attendaient sans doute pas à ce que la question migratoire s’invite de cette manière et aussi vite dans les débats. Ils ont bel et bien prévu dans leur programme un dispositif inédit dans la vie politique autrichienne, qui permet, en cas de crise migratoire, à chacun des deux partenaires de s'associer à d'autres partis pour faire voter une loi. Mais ils pensaient sans doute que cela ne serait jamais utilisé. Il y a moins de certitudes aujourd’hui à ce sujet, bien que les deux partenaires s’en défendent. Ce qui est sûr, c’est qu’ils suivront avec attention la situation à la frontière gréco-turque dans les jours à venir. Le Premier ministre grec sera d’ailleurs reçu mardi prochain par le chancelier Sebastian Kurz.
Les ministres des Affaires étrangères européens sont réunis depuis jeudi 5 mars à Zagreb en Croatie. Ils ont déjà évoqué l'hypothèse d'une zone de sécurité dans la région syrienne d'Idleb qui se heurte à des désaccords au sein des 27. L'autre dossier important concerne l'afflux de réfugiés à la frontière entre la Turquie et la Grèce et la remise en cause par Ankara de l'accord conclu il y a quatre ans avec l'Europe. Un pays européen qui avait plaidé pour ce texte est au premier plan : l'Allemagne, y compris en raison de l'accueil de centaines de milliers de réfugiés en 2015 et du rôle joué par la chancelière Merkel. Quelle est tout d'abord la position actuelle de l'Allemagne dans la crise actuelle ? Berlin souhaite une prolongation de l’accord avec la Turquie conclu en 2016 pour une durée de quatre ans et qui prévoyait le versement de six milliards d’euros à la Turquie. Quelques mois après l’arrivée d’environ 900 000 réfugiés en 2015, ce texte était essentiel pour l’Allemagne, la Turquie contrôlant ses frontières pour empêcher que des personnes rejoignent les îles grecques. En échange, les réfugiés en Turquie ont bénéficié de soutiens européens. Le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas a déclaré, jeudi 5 mars, avant son départ pour Zagreb qu’Ankara devait continuer à bénéficier de l’aide de l’Europe. Angela Merkel est sur la même ligne. L’Allemagne souhaite par ailleurs des solutions pour la prise en charge de réfugiés, mais rejette tout cavalier seul pour ne pas réitérer ce qui s’est passé en 2015 lorsque beaucoup de personnes prenaient le chemin de ce pays. Berlin veut aller de l’avant avec quelques autres États, une solution englobant tous les États européens étant irréaliste. Au-delà du gouvernement, quelles positions prennent les autres acteurs en Allemagne et la population en général ? Les conservateurs répètent que 2015 ne doit pas se répéter même s’ils veulent avancer. Alors que la CDU est en campagne pour désigner son nouveau président, les prétendants marchent sur des oeufs. Les sociaux-démocrates savent que leur base populaire a des réticences et restent prudents. Tous craignent que l’extrême droite qui actuellement s’exprime beaucoup sur le sujet ne profite de la situation. Les Verts qui ont le vent en poupe souhaitent un accueil des réfugiés, mais les électeurs centristes qu’ils séduisent actuellement sont-ils prêts à les suivre ? Sur le terrain, l’héritage du mouvement « refugees welcome » de 2015 reste présent. Sept grandes villes dont Cologne, Düsseldorf et Hanovre vont publier un appel aujourd’hui pour l’accueil des mineurs non accompagnés dans les camps en Grèce. Une alliance de 140 villes se dit prête à accueillir des réfugiés. Berlin a annoncé que 2 000 places sont disponibles. Les Églises protestante et catholique, mais aussi diverses ONG réclament notamment l’accueil de réfugiés surtout pour réduire la situation dramatique sur les îles grecques. Dans un sondage hier soir, 57% des Allemands se disent prêts à ouvrir la frontière entre la Grèce et la Turquie où d’autres réfugiés se pressent à condition qu’ils soient ensuite répartis parmi les pays européens. 41% sont d’un avis contraire. Ces derniers jours, les débats en Allemagne se sont focalisés sur la prise en charge de mineurs non accompagnés actuellement sur les îles grecques. Quelles sont les positions en présence ? Beaucoup veulent aider. Mais là aussi l’Allemagne ne veut pas être seule à accueillir ces enfants pour ne pas donner l’impression que les portes du pays sont largement ouvertes. Le ministre de l’Intérieur Seehofer plaide pour une conférence européenne sur la prise en charge de 5 000 mineurs. Des villes sont prêtes déjà à le faire, mais ont besoin du feu vert de l’État fédéral. Plusieurs régions allemandes plaident aussi pour une telle option. Parce que l’Allemagne pose des conditions, une motion déposée mercredi soir au Bundestag par les Verts pour l’accueil de ces mineurs a été rejetée malgré les états d’âme de députés de la majorité. Des élus chrétiens et sociaux-démocrates ont tenu à souligner que sur le principe ils soutenaient le texte des écologistes.
Jusqu’à présent, Rome avait lancé des messages visant à rassurer la population sur la capacité du pays à affronter l’épidémie de coronavirus. Mais le gouvernement reconnait désormais que la situation est grave. Pour éviter de faire imploser le système sanitaire, il vient d’adopter des mesures applicables à l’ensemble du pays. Parmi ces dernières, la fermeture des écoles à partir de ce jeudi et jusqu'au 15 mars. C’est une mesure choc qui s’applique non seulement aux écoles et lycées, mais aussi aux universités de toute l’Italie. Jusqu’à présent, seuls les établissements situés dans les trois régions du Nord les plus contaminées étaient fermés. Giuseppe Conte a expliqué que, selon le Comité scientifique qui conseille son gouvernement, cette décision devait être prise pour tenter de contenir l’épidémie de coronavirus et pour éviter une crise du système sanitaire. En effet, les hôpitaux sont déjà au bord de la saturation. Mais résoudre les problèmes liés, par exemple, au manque de lits dans les unités de thérapie intensive demande un certain délai, que ce soit pour le Nord, le Centre ou le Sud du pays. Les familles aidées par le gouvernement La ministre de la Famille, Elena Bonetti, aimerait aider les familles à gérer la situation. Elle veut proposer des aides économiques pour les frais de garde d’enfants et donner la possibilité à l’un des deux conjoints d’obtenir un congé parental rémunéré, qu’il s’agisse d’un salarié ou d’un travailleur indépendant. Par ailleurs, l’ensemble du gouvernement a promis de ne pas abandonner les familles. Des mesures seront donc adoptées avant la fin de la semaine. Il est également question de faciliter les cours à distance, mais c’est toute une machine à mettre en marche, reconnait le ministère de l’Éducation. Car ce système est encore très peu utilisé pour les écoles. Les contacts humains prohibés De nombreuses autres mesures ont été prises au niveau national, même si leur impact est encore difficilement mesurable. Le gouvernement recommande par ailleurs de ne plus s'embrasser, d'éviter tout contact humain à moins d'un mètre de distance et d'éviter les lieux d'agrégation comme les bars sans terrasse. Tous les congrès, événements culturels et sportifs ont été annulés ou reportés. Pour les musées qui restent ouverts, la régulation des flux est obligatoire. Autre recommandation, les personnes âgées de plus de 65 ans, ou qui ont des pathologies chroniques, sont invités à rester à leur domicile autant que possible. Dans un pays comme l'Italie, où les gens aiment se toucher, se retrouver au marché, sur les places, toutes ces restrictions représentent des sacrifices. Néanmoins, une bonne partie de la population semble comprendre qu'il faut se souder dans la lutte contre le coronavirus.
L’annonce du président turc Reçep Tayyip Erdoğan de l’ouverture de ses frontières a précipité un mouvement considérable de migrants en direction de la Turquie d’Europe et d’Edirne, principale ville à la frontière avec l’Union européenne. L’Union européenne renoue avec son histoire mouvementée d’il y a cinq ans où elle s’était montrée relativement peu unanime au sujet de la crise des migrants de 2015. de notre correspondant à Bruxelles, C’est la raison pour laquelle la première réaction des Européens tient avant tout dans le symbole. Ce mardi à Kastanies, en face d’Edirne sur la rive grecque de la Maritsa les trois présidents des institutions européennes, Commission, Parlement et Conseil ont fait le déplacement pour se montrer aux côtés du Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis. Ça ne constitue évidemment pas une réponse en soi, mais c’est hautement symbolique de ce que l’UE a décidé cette fois-ci de se serrer les coudes et de ne plus se laisser emporter à nouveau par la crise migratoire comme ça a été le cas en 2015. On se souvient de la levée de boucliers en Europe centrale lorsque la Commission européenne avait proposé un système de répartition de 160 000 réfugiés par quotas entre les différents Etats membres de l’Union européenne. On se souvient aussi des critiques plus ou moins voilées essuyées par la chancelière Angela Merkel pour avoir décidé d’ouvrir ses frontières aux réfugiés Quelle peut être donc la réponse de l’Union européenne à cette nouvelle crise provoquée par la Turquie… On est très loin aujourd’hui de la situation de 2015 où beaucoup de pays européens estimaient que leur devoir était avant tout d’offrir aux réfugiés un accueil conforme à leurs obligations internationales. Aujourd’hui l’heure est uniquement à la sécurisation des frontières et à la solidarité avec le gouvernement grec même s’il de place en porte-à-faux avec le droit international en suspendant pour un mois l’enregistrement. La présence en Grèce hier mardi des présidents des trois institutions européennes est avant tout une manifestation de solidarité avec un gouvernement qui ferme ses frontières aux migrants. Et d’ailleurs l’annonce principale de la présidente de la Commission européenne reflète précisément cette préoccupation sécuritaire puisqu’Ursula von der Leyen a surtout évoqué un budget de 700 millions d’Euros pour la sécurisation de la frontière et un renfort de cent personnes pour la mission en Grèce de Frontex l’agence de gardes-frontières et de garde-côtes de l’UE. Réunion d’urgence des ministres de l'Intérieur de l'UE ce mercredi après-midi à Bruxelles Officiellement la priorité des Européens est que l’ordre soit maintenu sur la frontière extérieure de l’Union. L’agence Frontex a accepté lundi le principe d’une opération rapide de soutien à la Grèce ; c’est un des volets, l’autre étant un débat éventuel sur le renforcement des contrôles aux frontières internes de l’espace Schengen pour éviter la cacophonie de 2015 et le rétablissement unilatéral des frontières à cause de l’afflux de migrants. Mais pour l’essentiel les Européens doivent surtout chercher une solution politique avec la Turquie. Les annonces tonitruantes de Reçep Tayyip Erdoğan sur des « millions de réfugiés » affluant vers l’Europe sont avant tout un appel à partager le fardeau… Et c’est bien ainsi que les Européens l’entendent puisque beaucoup continuent à préconiser un retour aux accords UE-Turquie de mai 2016 décrits à l’époque comme une façon pour les Européens de sous-traiter à la Turquie la question migratoire en échange d’un appui financier. Les accords de 2016 ont prévu d’abord trois puis six milliards d’euros dont 4,7 millions ont déjà été dégagés. Mais ces fonds européens ne vont pas dans les caisses turques. L’argent est alloué à des ONG et des organisations internationales pour des projets humanitaires et il faudra peut-être revoir ce mode de fonctionnement. L’idée de Reçep Tayyip Erdoğan d’une zone de sécurité autour d’Idleb sponsorisée par l’UE ne semble en revanche susciter aucun enthousiasme chez les 27.
Le président Recep Tayyip Erdogan continue de mettre la pression sur l’Europe pour obtenir son soutien en Syrie, où plus de 50 soldats turcs ont été tués en février dans la région d’Idleb. Ainsi, depuis la fin de la semaine dernière, Ankara a décidé de ne plus empêcher les migrants présents sur son territoire de se rendre à la frontière avec la Grèce. Mais qu'en est-il exactement ? De notre correspondante en Turquie. Le chef de l’État turc a dernièrement affirmé que des « centaines de milliers » de migrants s’étaient déjà dirigés vers l’Europe et qu’ils seraient bientôt « des millions ». Mais lundi, aux abords de la frontière gréco-turque, on ne constatait pas un tel afflux. Les chiffres avancés par la Turquie sont à l’évidence fantaisistes. Les chiffres turcs sont invraisemblables Ce week-end, les Nations unies avaient compté environ 15 000 migrants présents le long de la frontière terrestre. On peut effectivement parler de milliers de personnes qui attendent sur place, et le gouvernement grec affirme lui aussi avoir empêché des milliers de personnes d'entrer sur son territoire. Une chose est sûre, ils ne passent pas par la route. Les postes-frontières côté grec sont fermés. Les migrants attendent dans un no man’s land où les garde-frontières turcs les ont laissés entrer, mais où les forces grecques tirent des grenades lacrymogènes et utilisent des canons à eau pour les repousser. Leur seul espoir, c’est le fleuve Evros, qui sépare la Turquie et la Grèce. Mais les abords du fleuve sont quadrillés par l’armée grecque, qui tire régulièrement en l’air pour décourager les passages et intercepte une grande partie de ceux qui font la traversée... avant de les renvoyer par la frontière terrestre. Bien sûr, certains parviennent à passer entre les mailles du filet, mais ils ne sont certainement pas des « centaines de milliers ». Le président Erdogan parle à ses électeurs La Turquie a intérêt à gonfler ses bilans. D’abord, en donnant l’impression que les frontières sont grandes ouvertes, Ankara veut convaincre le plus grand nombre possible de migrants de prendre la route de l’exil, pour créer de toutes pièces l’afflux migratoire espéré. Et ainsi exercer une pression maximale sur l’Union européenne. Mais ces chiffres brandis par Ankara et martelés dans les médias ont un autre destinataire : l’opinion publique turque. Recep Tayyip Erdogan estime que la présence, extrêmement impopulaire, de millions de réfugiés lui a coûté les plus grandes villes aux élections locales de l’an dernier. Le départ supposé de centaines de milliers d’entre eux et son intransigeance face à l’Europe pourrait contribuer – espère-t-il – à redorer son image. Les migrants sont pris au piège de ce bras de fer turco-européen Oui et beaucoup en ont conscience. Ceux que j’ai rencontrés lundi étaient sur place depuis plusieurs jours. Ils étaient arrivés en espérant pouvoir entrer immédiatement en Europe. C’est ce que leur avaient fait miroiter les autorités turques, qui ont d’ailleurs affrété des cars gratuitement depuis Istanbul jusqu’à la frontière grecque. Une fois sur place, les migrants ne savent pas où aller, par où passer, qui croire… Beaucoup racontent qu’ils n’ont plus d’espoir... mais qu’ils n’ont plus assez d’argent pour rebrousser chemin. Ils sont bloqués, littéralement, dans cet entre-deux incertain. ► À lire aussi : Au point de passage turc de Pazarkule, les migrants pris au piège
En Russie, Krasnoïarsk est une ville sibérienne de plus d’un million d’habitants dont la réputation est peu engageante : elle est l’une des plus polluées du pays. Ces dernières années, ses habitants tentent par tous les moyens d’alerter sur la situation écologique locale. Ils étaient encore plusieurs centaines à manifester ce samedi 29 février pour exiger des mesures d’urgence. de notre correspondant à Moscou, Etienne Bouche À Krasnoïarsk, les habitants expliquent que les jours de « ciel noir », ils ne peuvent tout simplement pas ouvrir leurs fenêtres. Il faut savoir que Krasnoïarsk se situe dans une cuvette or la ville possède deux centrales de charbon, une centrale électrique et une usine d’aluminium. Lorsqu’il n’y a pas de vent, elle se retrouve sous le smog. Lorsque le niveau de pollution est jugé trop élevé, les autorités locales mettent en place un régime spécial qui impose des consignes particulières et restrictions, notamment dans le milieu scolaire. Il ne s’agit pas d’épisodes exceptionnels puisque cumulés, ils peuvent représenter jusqu’à deux mois par an. Cette pollution n’est pas un phénomène nouveau, mais elle a été particulièrement commentée ces derniers jours Car la ville sibérienne a enregistré un pic de pollution exceptionnellement haut. C’était le 17 février à 15h, le régime « ciel noir » était en vigueur. La société suisse IQAir, qui publie un index de la qualité de l’air dans le monde en temps réel, a placé temporairement Krasnoïarsk en tête des villes les plus polluées, devant Bombay et Dacca. Quelques jours plus tard, les habitants de Krasnoïarsk ont reçu un soutien médiatique de taille : celui de Greta Thunberg qui a diffusé une photo sur son compte Twitter. Enfin, un journaliste russe s’est emparé du sujet en a fait un film de 50 minutes diffusé jeudi sur YouTube. La vidéo a déjà été visionnée plus d’un million de fois. Et quelle est l’attitude des autorités à l’égard de cette situation ? Elle commence à changer. Il y a encore quelques années, le gouverneur de la région niait tout simplement la réalité. Aujourd’hui, les autorités reconnaissent le problème même si elles préfèrent généralement ménager les industries lourdes et rendre responsable la circulation routière. Krasnoïarsk est certes le 3e parc automobile du pays, ce qui n’est pas de nature à améliorer l’écologie. La ville a été incluse dans un plan national consacré à la qualité de l’air. Le pouvoir ne peut plus se permettre de fermer les yeux puisqu’avec l’influence croissante des réseaux sociaux, ce type de cas peut désormais parvenir à la connaissance du plus grand nombre. Contre l’inertie des pouvoirs publics, la population russe se cherche des relais médiatiques et les réseaux sociaux contribuent, à leur manière, à la formation de la société civile.
Ce dimanche 1er avril entre en vigueur la nationalisation partielle des chemins de fer en Grande-Bretagne. C’est la deuxième fois en deux ans que le gouvernement prend une telle décision, cette fois-ci cela concerne le réseau dans le Nord de l’Angleterre. de notre correspondante à Londres, Elodie Goulesque Cette nationalisation s'explique parce que les compagnies privées comme Virgin train East Coast nationalisée en 2018 ou Northern qui devient publique aujourd’hui ne parviennent pas à assurer un service suffisamment bon. Retards, annulations ou problèmes d’infrastructures, le réseau ferroviaire britannique est souvent critiqué au Royaume-Uni. Il y a même un site internet qui permet de savoir quel est le pourcentage de chance pour un retard de votre train. Le calcul est basé sur des données recueillies entre janvier 2019 et janvier 2020 de plus de 2 500 gares à travers le pays. Par exemple si vous prenez un train à Manchester et il y a 50, 6 % de chance pour que vous ayez du retard. Autre explication, le coût des billets trop élevés selon les usagers. D’après un sondage de l’institut Yougov, 56% des Britanniques se disent en faveur d’une nationalisation. Les chemins de fer ont toujours été privés au Royaume-Uni ? Dans les années 1990, le gouvernement de John Major décida de privatiser le réseau ferroviaire. L’idée à l’époque était d’apporter une meilleure qualité de service à cause de la concurrence. Auparavant, de 1948 à 1997, c’était une seule et même entité qui gérait tout le réseau ferroviaire, la British Rail et c’est notamment à cette époque que le train à vapeur a été remplacé par des trains roulant au diesel ou à l’électrique. Mais après 1997, année de la privatisation, l’ensemble du réseau a été dispatché et il y a maintenant 27 compagnies différentes qui se partagent le réseau ferroviaire britannique et c’est bien là le problème. Le réseau est segmenté, géré et entretenu par toutes ces différentes entreprises avec une vision individuelle plutôt que globale du réseau. Deux parties du réseau ont déjà été nationalisées en deux ans. Le gouvernement de Boris Johnson a-t-il prévu de continuer et nationaliser à nouveau l’intégralité des chemins de fer ? Comme en France, le sujet des transports et notamment des trains est très pris à cœur par les Britanniques, qui en font un sujet très politique. C’était d’ailleurs une idée au cœur du programme du parti travailliste de Jeremy Corbyn et Boris Johnson reprend l’idée à sa façon. Le Premier Ministre souhaite mettre en place une réforme afin de créer une seule et unique entité pour gérer le réseau. Si son nom n’est pas encore connu, l’idée serait en fait que les opérateurs ne reçoivent de bénéfices sur leurs ventes uniquement s’ils peuvent garantir certains critères de satisfaction en terme de ponctualité et de service client. A l’heure actuelle, les bénéfices rentrent quelle que soit la qualité du service. Dans les grandes lignes, Boris Johnson propose une semi nationalisation où l’Etat a le contrôle et les revenus mais en redistribuant les bénéfices aux compagnies ferroviaires qui obtiennent de bonnes performances. Mieux gérer les transports pour éviter que des zones soient défavorisés, c’est aussi le cheval de bataille de Boris Johnson qui souhaite notamment mieux desservir le nord de l’Angleterre. Pourquoi le Nord ? parce que c’est justement là qu'il a obtenu le plus de voix et récupéré des sièges de l’opposition lors des élections de décembre dernier.
Une semaine après la découverte des premiers cas de transmission du Covid-19 entre Italiens, l’Italie est devenue le pays d’Europe le plus affecté par le virus. À ce jour, 650 cas de contamination, 17 décès et 45 guérisons ont été enregistrés. L'Italie se réveille comme un pays sous le choc. Un pays en plein combat pour freîner l'épidémie, particulièrement virulente en Lombardie, en Vénétie et en Émilie-Romagne. Dans d'autres régions, dont la Ligurie, le Piémont, la Toscane, la Campanie, la Sicile et les Pouilles, des cas positifs aux tests ont été récemment enregistrés. Onze communes du Nord restent placées en quarantaine pour encore 7 jours minimum. Toujours dans le Nord, mais aussi à Naples et Palerme, les écoles sont fermées, tout comme les universités. De Milan à Turin, en passant par Venise et Padoue, les musées, théâtres et cinémas restent aussi fermés. De plus, toutes les manifestations culturelles et sportives, tous les congrès et salons sont annulés ou reportés. Par ailleurs, la Protection civile continue de dresser des tentes de triage médical à l’extérieur des hôpitaux des grandes villes, dont Rome, pour se préparer à un éventuel afflux. Ce qui a tendance à suralimenter la peur, la psychose. Les autorités changent leur fusil d'épaule Le mantra du gouvernement c’est : « Pas d’alarmisme, nous sommes plus forts que le coronavirus ». Et la nouveauté de ces dernières heures, c’est la manière de communiquer les cas de contamination. Désormais ils sont scindés en deux. Avec d’un côté le nombre de patients hospitalisés ou décédés, présentés comme cas « confirmés ». Et de l’autre, le nombre de personnes dont les conditions de santé ne sont pas jugés graves. Objectif : rendre les bilans moins inquiétants. Le matin du 28 février, les radios et télévisions annoncent : « 45 guérisons, 650 cas de contagion mais seulement 282 certifiés par l’Institut Supérieur de Santé. » ► À lire aussi : « Les chefs d'État africains doivent prendre la menace du coronavirus au sérieux » Des conséquences économiques désastreuses Toute l'économie du pays est touchée. D'autant que la Lombardie et la Vénétie sont les régions les plus riches et les plus productives, les moteurs de l'Italie. Le secteur du tourisme, par exemple, qui représente 12 % du PIB italien et emploie plus d'un million de personnes, est particulièrement touché. Selon la Fédération des hôteliers, les annulations de réservations pour mars, avril et mai s'étendent à toute la péninsule. À Milan, comme à Turin et Rome, elles atteignent 80 %. Le gouvernement a promis des mesures d'aide aux entreprises et aux travailleurs au chômage technique, notamment ceux placés en quarantaine. Le paiement des taxes et impôts va être momentanément suspendu. Pour les autres mesures, il faut attendre les détails du nouveau décret-loi qui devrait être adopté ces prochains jours. Mais l'Italie, qui est le « surveillé spécial » de Bruxelles en raison de sa dette excessive, risque vraiment la récession.
La capitale autrichienne a lancé ce mercredi 26 février une phase de test pour une application mobile pas comme les autres. Elle permettra aux habitants qui se déplacent à l'aide de moyens de transport propres, d'obtenir gratuitement des billets de spectacle ou des tickets de musée. Le principe de cette application est assez simple. Après l'avoir téléchargée, lors de vos trajets quotidien, au lieu de prendre la voiture, vous devez vous déplacer en transport en commun, en vélo ou à pied. Un système de traçage reconnaîtra le mode de transport utilisé et seront ainsi calculées les économies de CO2 que vous avez réalisées en favorisant un moyen de transpot plus propre. Ce sont ces économies de CO2 qui vous donnent droit, passé un certain seuil, à des jetons Culture, lesquels pourront ensuite être échangés contre des billets de spectacle ou des tickets de musée. Pour l'instant, l'application est en phase de test auprès de 1 000 utilisateurs. Mais si l'essai est concluant, elle sera proposée au grand public dès l'automne prochain. 4 institutions culturelles viennoises participent à cette période de test mais au moins 9 autres seraient d'ores et déjà intéressées pour être associées au projet, notamment le célèbre Musée du Belvédère. Réduire l'usage de la voiture dans la capitale Sur ce point, Vienne est déjà dans une bonne dynamique puisque le nombre de cartes annuelles de transport dépasse celui des voitures. Ce mois-ci, la compagnie qui gère les transports en commun viennois a d'ailleurs annoncé que 852 000 personnes détenaient une carte d'abonnement, un record dans cette capitale qui compte 1,9 millions habitants. La ville de Vienne veut donc encourager ce mouvement, un signal important pour la municipalité gérée par les sociaux-démocrates et les Verts, alors que des élections municipales doivent se tenir cet automne. ► À lire aussi : Vienne, ville la plus agréable à vivre au monde Une particularité autrichienne Mais cette volonté de changer les habitudes de transports des citoyens ne se limite pas à la capitale autrichienne. C'est aussi l'un des objectifs des Verts au niveau national. Les écologistes sont, depuis janvier dernier, au pouvoir dans une coalition inédite avec les conservateurs. Et dans le programme gouvernemental, ils affichent des ambitions sur cette question. Une des réformes emblématiques est la mise en place d'une carte qui ne coûterait que 3 euros par jour pour emprunter les transports en commun dans toute l'Autriche. Le gouvernement veut également faire passer la part des déplacements à vélo de 7 % à 13 % d'ici 2025, ou encore augmenter l'écotaxe sur les billets d'avion. Autant de projets dont la mise en œuvre est très attendue et sera scrutée par les défenseurs du climat.
En Espagne, des mois après leur annonce, les négociations entre le gouvernement central, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, et le gouvernement sécessionniste régional, mené par Quim Torra, vont finalement voir le jour. Ce cadre est fondamental pour trouver un terrain d'entente entre les deux camps, car de cette entente dépend le futur politique du pays. Une première rencontre a lieu ce mercredi 26 février. Cette « Mesa de negociación » ou « table des négociations », comme on dit en Espagne, était une promesse électorale dePedro Sanchez. Le socialiste a gagné les élections de novembre et a pu former un gouvernement grâce à l’abstention des indépendantistes catalans. Mais en échange, ces derniers ont exigé un processus de négociation pour, disent-ils, régler le conflit catalan. D’où l’importance de cette rencontre. Si en effet les séparatistes de Catalogne n’en sont pas satisfaits, alors ils ont dit qu’ils ne voteraient pas le budget annuel des socialistes. Ce qui dans la pratique veut dire que le gouvernement Sanchez ne tient que sur un fil. Trouver un accord Ce processus doit déboucher selon les deux parties sur des solutions. Or, c’est là que tout se complique. En effet, du côté des socialistes, on peut certes discuter de davantage de pouvoir fiscal pour la Catalogne, et aussi d’autres prérogatives. Mais pas question de négocier ce que les indépendantistes catalans voient comme une priorité : l’exercice du droit à l’autodétermination par la population catalane et d’autre part, l’amnistie pour les neufs leaders séparatistes qui ont écopé de peines de prison allant de 9 à 13 ans pour sédition. C’est-à-dire pour avoir violé les lois au moment de déclarer l’indépendance en octobre 2017. Sanchez en difficulté Si les Catalans indépendantistes s’obstinent à prétendre à des objectifs que Madrid ne peut satisfaire, alors l'impasse est inévitable. L’espoir réside dans l'abaisement des exigences séparatistes, mais les observateurs sont pessimistes. Pour Pedro Sanchez, c’est un peu l’étau. Car il doit non seulement faire face au jusqu’au-boutisme des Catalans, mais aussi aux pressions de la droite conservatrice qui parle de « négociation de la honte ». À droite, en effet, l’idée même de négocier avec les séparatistes, qui veulent « détruire l’Espagne », est une infamie. Malgré tout, Pedro Sanchez n’a d’autre choix que de négocier s’il veut tenter d’obtenir le soutien des sécessionnistes pour le vote de son budget et donc la pérennité de son gouvernement. ► À lire aussi : Espagne: Madrid et les indépendantistes catalans veulent renouer le dialogue
« Dégénérés » dénonce sur les réseaux sociaux le député européen Raphaël Glucksmann après le défilé dimanche du carnaval d’Alost en Belgique. Cette ville de Flandre-Orientale est célèbre pour son carnaval qui a été rayé de la liste de l’Unesco du patrimoine immatériel de l’humanité. L’ambiance y est certes festive, mais l’édition 2020 provoque une levée de boucliers considérable en Belgique où le défilé est accusé d’antisémitisme outrancier. Dans l’édition de cette année, le défilé comprenait un char avec une caricature d’un juif coiffé de péotes ou papillotes et d’un streimel, ces chapeaux de fourrure portés par les hassidim ou juifs orthodoxes. Il était représenté avec un énorme nez crochu, tous les codes des stéréotypes antisémites. Ce char était suivi un peu plus loin par un défilé d’insectes, des fourmis affublées du même couvre-chef. On a vu aussi passer un mur des Lamentations construit en lingots d’or, bref tous les éléments à même de déclencher la polémique, ce qui semble avoir été l’intention des groupes responsables. Des réactions qui n'ont pas tardé Sophie Wilmès, la Première ministre, a publié un communiqué affirmant que cela « porte préjudice à nos valeurs » ainsi qu’à la réputation de la Belgique. Le Centre belge pour l’égalité des chances a déjà reçu 25 plaintes et dans les médias ou les réseaux sociaux, les réactions indignées se multiplient. « Une honte », « quel mépris », « c’est abject ; humour incompréhensible », « image calamiteuse de la Belgique », « incitation à la haine », les réactions viennent surtout du côté des francophones comme par exemple le bourgmestre de Bruxelles qui parle « d’obstination dans l’erreur ». ► Lire aussi : Antisémitisme: «les juifs sont nos frères !» rappelle le pape François Un carnaval très controversé L’édition 2019 avait vu défiler le même char qui a été ressorti cette année et l’Unesco avait commencé à examiner le retrait et la mairie a demandé elle-même d’être rayée de la liste. Selon les commentateurs, cette demande avait agi comme une incitation pour les groupes à l’humour le plus douteux avec l’idée que lors de ce carnaval, tout est permis. On a même vu dans le défilé, l’Unesco, assimilée à une sorte de police politique menaçant d’imposer une dictature de la pensée. Des débordements antisémites à la pelle Déjà en 2013, il y avait eu dans le défilé des « carnavaliers » déguisés en officiers SS. Ils avaient l’intention de dénoncer les politiciens de l’Alliance néo-flamande, la N-VA, rebaptisée par eux SS-VA, mais leur aspect jovial et les applaudissements récoltés avaient fait crier à la banalisation du nazisme. L’Unesco avait pris ses distances à l’époque, mais l’an dernier, l’organisation onusienne avait été accusée d’avoir tardé à réagir. Le bourgmestre d’Alost, Christophe D'Haese, qui a d’ailleurs refusé l’an dernier de rencontrer les organisations juives, réplique que, dans sa ville, on peut rire de tout et qu’un carnaval c’est justement un moment d’inversion où tout est permis. « C’est oublier un peu vite, répliquent les commentateurs, que le carnaval historique était un moment de renversement des rôles entre dominés et dominants, et pas l’écrasement des minorités par les plus puissants. »
En Pologne, les députés du parti Droit et Justice ont préféré rallonger le budget de la télévision et de la radio publique plutôt que celui de la lutte contre le cancer. Le système de santé, mal en point dans le pays, encaisse un nouveau coup dur. de notre correspondant à Varsovie, Depuis le vote de cette rallonge budgétaire, le 13 février, la polémique ne fait qu'enfler en Pologne. Car le choix des députés du parti Droit et Justice est de donner davantage d'argent à « des mensonges, des calomnies, des manipulations », comme le décrivent les membres de l'opposition. Depuis leur reprise en main, fin 2015, la télévision et la radio publiques sont considérées par de nombreux experts comme des canaux de propagande pour le pouvoir en place. Lors du vote, à la Diète, le parlement polonais, de ces 2 milliards de zlotys supplémentaires, l’opposition a crié au scandale, répétant le mot « Hanba ! », « Honte » à la députée qui a défendu à la tribune ce financement. De plus, le comportement de l’élue a grandement alimenté la polémique. Après son discours, Joanna Lichocka a adressé un doigt d’honneur en direction des parlementaires de l’opposition. Une provocation inédite en Pologne Lichocka s’est excusée pour son geste, mais assure avoir en fait voulu enlever quelque chose de son œil puis de sa joue, avec son majeur. Une explication jugée peu crédible lorsqu'on regarde les images vidéo de l’hémicycle. L’opposition s’est immédiatement saisie de ce geste, déclarant qu’il était aussi adressé à l’ensemble des Polonais malades du cancer. Eux, n’auront pas droit à 2 milliards de zlotys supplémentaires pour lutter contre leur maladie. Des programmes de recherche et de lutte contre le cancer dans le besoin Un chiffre et un paradoxe illustrent ce manque de financement. La Pologne enregistre moins de cas de cancer que d'autres pays européens, mais le taux de mortalité y est beaucoup plus élevé. Un peu plus de 200 Polonais sur 100 000 meurent du cancer. Les Polonais ont moins de chance de survie que les Allemands, les Français ou les Espagnols, par exemple. En cause, des examens radio, comme les IRM, effectuées trop tard, car trop chers. Les hôpitaux manquent d’argent aussi pour déterminer précisément l’état d’avancée de la maladie et proposer le traitement le plus adapté. Un programme de financement de l’oncologie a été adopté par le gouvernement. Il prévoit d’investir 450 millions de zlotys par an d’ici 2023. Ce montant est un peu moins élevé que la rallonge budgétaire accordée aux médias publics. La santé au cœur de la campagne présidentielle Le premier tour de l'élection présidentielle aura lieu le 10 mai prochain. Il y a quelques jours, la candidate du principal parti d'opposition s'est rendue dans un hôpital du sud-est du pays, en grande difficulté. Dans le même temps, le président sortant, Andrzej Duda, lui, était en meeting avec ses partisans. Pour la candidate de l'opposition, c'est un bon coup de communication. Duda a, quant à lui, la fameuse loi polémique sur son bureau. Va-t-il la promulguer et accorder ces 2 milliards de zlotys supplémentaires aux médias publics ? Ou va-t-il mettre son veto ?
La publication d’un nouveau programme scolaire suscite une vive polémique à Budapest. L’Union démocratique des pédagogues, le principal syndicat enseignant, appelle à une manifestation ce dimanche 23 février, dans la capitale hongroise. Ce nouveau programme sera valable à partir de la rentrée prochaine et il provoque une levée de boucliers. de notre correspondante à Budapest, Ce programme suscite l'hostilité des enseignants avant tout parce qu’il inclut une liste d’écrivains à étudier obligatoirement, mais aussi en raison de la nature de certains des écrivains retenus. Certes sur cette liste, on trouve George Orwell, l’auteur du célèbre « 1984 ». Mais le prix Nobel de littérature, l’écrivain juif hongrois Imre Kertész a été retiré de la liste. En revanche, on y trouve désormais des auteurs discutables. Par exemple le Hongrois Albert Wass, qui offre peu d’intérêt du point de vue littéraire et qui est surtout raciste et antisémite. Pour cette raison, Wass a toujours été l’emblème de l’extrême droite hongroise. La liste inclut aussi Ferenc Herczeg, fervent admirateur de Mussolini, et Jozsef Nyiro, grand admirateur de Goebbels et membre de la direction du parti pro nazi hongrois. Le cas de Nyiro est un peu particulier, car il est considéré comme un bon écrivain. Il a écrit des romans bucoliques que beaucoup de familles ont dans leur bibliothèque, et dans lesquels ses idées nazies n'apparaissent pas. Le problème est que le gouvernement de Viktor Orban a réhabilité l’homme, pas l’écrivain. En 2012, le gouvernement avait organisé une cérémonie en grande pompe pour le transfert des cendres de Jozsef Nyiro. Une initiative qui en avait choqué beaucoup. Le prix Nobel de la paix, Elie Wiesel, avait d’ailleurs rendu, en signe de protestation, une décoration qu’il avait reçue du gouvernement hongrois. Comment le gouvernement justifie-t-il la présence de ces auteurs controversés dans le nouveau programme scolaire ? Selon le ministre de l'Éducation, Miklos Kasler, « la nouvelle génération doit bénéficier de programmes contenant des valeurs européennes et hongroises ». De manière générale, la droite hongroise estime que la gauche et les libéraux ont toujours dominé la culture et l’éducation, que jusqu’ici sur les listes de lecture, on trouvait surtout des écrivains de gauche, et qu’il faut rééquilibrer tout cela. Et un porte-parole du gouvernement a expliqué que ce programme national avait été élaboré par les meilleurs experts. Quelle est la marge de manoeuvre des enseignants ? Les professeurs de littérature pourront consacrer 20 % de leur temps aux auteurs de leur choix. Mais en général les programmes scolaires sont très directifs. Par exemple, les professeurs de chimie devront expliquer aux élèves, films à l’appui, comment fonctionne la distillation de l’eau-de-vie. Il faut dire que le gouvernement Orban a donné à chaque famille le droit de distiller de l’alcool pour sa consommation personnelle. Distiller de l’alcool, c’est presque un acte patriotique ! Selon de nombreuses associations d’enseignants, le programme scolaire est trop imprégné de nationalisme et d’idéologie. Sur les réseaux sociaux, certains professeurs postent la même devise : « Je n’enseignerai pas le fascisme . »
C’est officiel, Vladislav Sourkov, l’aide du président russe pour l’Ukraine et les conflits sécessionnistes de Géorgie, a été démis de ses fonctions, le 18 février. Après sept ans passés à gérer le conflit dans le Donbass, c’est-à-dire à y défendre les intérêts de Moscou au moyen des armes lourdes et de techniques de guerre hybride, le « cardinal gris » du Kremlin est mis sur la touche. de notre correspondant régional, Le départ de M. Sourkov est important parce qu’il est celui qui a mis en forme les décisions politiques de Vladimir Poutine de créer des conflits dans certaines ex-républiques soviétiques. Soit il a « géré » la politique de ces régions -on pense à l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, en Géorgie, qui ont fait sécession au début des années 1990-, soit il a été le maître à penser de la façon de créer un conflit pour arriver aux fins du Kremlin, à savoir se donner des leviers d’influence sur les républiques qui veulent échapper à son emprise géopolitique. Comme l’Ukraine, la Géorgie ou la Moldavie. Dans le Donbass, l’Est minier de l’Ukraine, cette stratégie a provoqué la mort de 13.000 personnes en six ans de conflit. Un changement de politique du Kremlin dans le Donbass en perspective? Le départ de Vladislav Sourkov a été motivé officiellement par un « un changement de cours, politique, en Ukraine ». Rien n’indique qu’il s’agit d’un changement d’objectifs, même si certains observateurs se demandent si, pour faire lever les sanctions occidentales contre elle, la Russie ne serait pas prête à certains compromis. Notons que Vladislav Sourkov est remplacé par Dmitry Kozak, qui était jusque fin janvier vice-Premier ministre et qui vient d’intégrer l’Administration présidentielle, le véritable siège du pouvoir russe. M. Kozak sert le même homme que Sourkov, le maître du Kremlin. Il a d’ailleurs déjà travaillé sur les conflits régionaux comme celui de Transnistrie, la région séparatiste de Moldavie, où il y a une quinzaine d'années il avait mené une action pas très différente de celle de M. Surkov. Pourquoi Kozak plutôt que Sourkov ? Parce que ce dernier a montré, depuis deux ans, qu’il avait su tirer les conséquences de son échec en Moldavie et su changer de méthode du moins. Dans une interview récente, il relève qu’il ne faut pas proposer de fédéralisation de la Moldavie, où la région séparatiste disposerait d’un droit de veto sur ses grandes orientations stratégiques… Mais le terme étant impossible à faire accepter à la population moldave, M. Kozak suggère de parler de statut « spécial » pour certaines régions, et surtout de ne pas œuvrer en secret, mais ouvertement avec les pouvoirs et les populations concernés, et sur la base d’une négociation avec les grandes puissances intéressées. États-Unis, Europe… Et cela a permis à Moscou de plutôt arriver à ses fins en 2019 en Moldavie. Quid des conflits géorgiens ? Les régions sécessionnistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud n’ont pas été confiées à M. Kozak. Le plus probable est que Moscou continuera à « gérer » ces conflits, qui sont gelés, comme avant, sachant que les dirigeants de ces provinces sont… déjà complètement dans les mains des Russes.
C’est du jamais vu dans un pays où le sida est encore un sujet tabou. Avec 14 millions de vues en un peu moins de dix jours, la vidéo postée par le Youtubeur Iouri Doud permet d’éveiller les consciences… et de secouer un monde politique longtemps muet sur le sujet. de notre correspondant à Moscou, L’auteur de la vidéo n’en est pas à son premier coup d’éclat. Véritable star du Net en Russie, Iouri Doud a déjà fait beaucoup de bruit en publiant des vidéos sur le goulag, ou sur la tragédie de Beslan. Cette fois, le youtubeur de 33 ans s’empare d’un sujet souvent occulté en Russie par les médias comme par les autorités. « Beaucoup de gens pensent que le VIH appartient aux années 90 et n’a jamais atteint l’époque de l’internet à haut débit, explique Iouri Doud dans l’introduction de son film, mais c’est faux : plus d’un million de personnes vivent avec le VIH en Russie. En 2018, 37 000 personnes sont mortes du sida dans notre pays, soit en moyenne 100 personnes par jour. » La vidéo, qui dure plus d’une heure et demie, se veut éducative, pédagogique… Elle enchaîne les témoignages de malades, et les paroles d’experts ou de militants associatifs. Le youtubeur ne se contente pas de faire un travail pédagogique, il dénonce également l’inertie des autorités russes, accusées de ne pas en faire assez pour lutter contre la maladie. Immense impact L’impact est immense dans un pays où le sida est une maladie méconnue et où les porteurs du VIH sont en butte à l’incompréhension, aux préjugés, et parfois même à de la discrimination. Durant la vidéo, Youri Doud fait lui-même un test de séropositivité et recommande à chacun de faire de même. Selon la presse russe, la fréquentation des laboratoires d’analyse a explosé dans les jours qui ont suivi la diffusion du documentaire. De même que les ventes de tests salivaires en pharmacie ou sur internet. La vidéo a eu un impact également auprès des autorités russes : Dmitri Peskov le porte-parole du Kremlin a estimé qu’elle méritait « qu’on s’y intéresse » et le film a été projeté au Parlement russe. Des réactions d’autant plus inhabituelles pour les autorités que celles-ci ont longtemps été dans le déni face au sida. Commentaire du journal Vedomosti : le youtubeur Iouri Doud est à lui tout seul « plus efficace » face à la maladie que ne l’a été l’État russe ces dernières années. ► Visionner la Vidéo
La Grèce connaît, depuis l’été dernier, un regain du nombre de demandeurs d’asile en provenance de la Turquie voisine. En particulier sur cinq îles de la mer Égée qui servent de centres d’accueil et d’enregistrement de ces demandeurs d’asile. L’an dernier, plus de 55 000 personnes ont ainsi débarqué sur ces îles comme à Lesbos ou à Samos. C’est sur l’île de Lesbos que se concentre la majorité des demandeurs d’asile présents sur les îles de la mer Égée. Ils sont actuellement plus de 20 000 à être regroupés dans et autour de Moria, le plus grand camp d’Europe où les structures ne sont prévues que pour 3 000 personnes. À Samos, les demandeurs d’asile sont, eux, amassés sur les hauteurs qui dominent Vathy, la capitale, qui est une petite ville portuaire avec une population d’environ 9 000 habitants. À l’heure actuelle, les demandeurs d’asile sont presque aussi nombreux, c’est-à-dire près de 7 000, alors que le camp de départ ne compte qu’un peu plus de 600 places. Les capacités de réception initiales sont donc dépassées plus de onze fois. Résultat : si vous quittez le front de mer où se trouvent des cafés, des restaurants et des petits commerces pour remonter vers la vieille ville de Vathy, vous apercevez, au bout d’environ dix minutes de marche, des centaines de tentes de fortune agglutinées sur le sol incliné de la colline qui domine la cité. Ironie de la topographie, c’est juste au-dessus du cimetière de la ville que se déploie cette sorte de bidonville géant. Un bidonville que l’on aperçoit de loin sur la route qui mène à Vathy, en raison de nombreuses bâches bleues qui tranchent sur la verdure des oliviers et des pins, au milieu desquels elles sont plantées de manière anarchique. Comment se passe la cohabitation entre ces deux mondes ? Lorsque l’on se promène dans les rues et les ruelles de Vathy, on croise autant de Grecs que de ressortissants de pays en proie à des violences, comme l’Afghanistan, la Syrie ou encore la République démocratique du Congo. Au sein de l’espace public, demandeurs d’asile et population locale sont donc contraints à la cohabitation. Face à une situation qui s’enlise et s’inscrit dans la durée, en raison notamment de la lenteur des procédures en cours, cette cohabitation s’avère de plus en plus difficile, comme l’a illustré une grève accompagnée de manifestations sur les îles, dont celle de Samos, il y a tout juste un mois. Les autorités grecques ont récemment annoncé la fermeture de ce camp de Samos et l’ouverture, d’ici peu, d’un autre centre.L’ouverture du nouveau centre est prévue au plus tôt pour le mois de mars. Et il ne devrait pouvoir accueillir que 1 200 personnes alors que le camp actuel en compte 7 000. Si des mesures d’urgence ne sont pas mises en place par les autorités, il paraît difficile de concevoir que le camp actuel, où les demandeurs d’asile continuent à s’entasser dans des conditions misérables, ne ferme rapidement. Et que, donc, la situation ne s’améliore durablement sur l’île de Samos.
À Bruxelles, la Commission européenne va présenter mercredi 19 février ses propositions pour une stratégie de l’UE pour les données et l’intelligence artificielle. La Commission a déjà proposé un cadre pour la technologie qui doit accompagner l’explosion prévue du volume des données, à savoir la 5G. La Commission a décidé d'adopter un ton très guerrier concernant les nouvelles technologies à venir. Pour elle, il s'agit clairement de passer à l'offensive. Le commissaire chargé du marché intérieur, Thierry Breton, le répète d'ailleurs à l'envi : la guerre des données industrielles va s'ouvrir et l'Europe en sera le champ de bataille. La Commission ne peut que reconnaître que l'Europe a raté la première vague des données, qui profite désormais aux géants du numérique, essentiellement américains, mais aussi chinois. L'objectif ? Ne pas rater la deuxième vague qui concernera plus les entreprises que les citoyens. Vers une Europe à la pointe technologique La Commission estime que tous les 18 mois, les données produites à travers le monde doublent de volume. Par ailleurs, quatre cinquièmes des données produites aujourd’hui proviennent de centres de données. Un cinquième des objets connectés, du téléphone à l’appareil ménager en passant par les voitures et cette proportion devrait s’inverser dans les cinq ans. Ce train de l’intelligence artificielle va affecter profondément, les transports, la production industrielle, la consommation. Le développement de la 5G, couplé à l’explosion du volume des données produites, doit entraîner une nouvelle politique industrielle pour l’Europe. Reprendre possession de ses données La Commission européenne affirme également que l'Europe doit reprendre possession de ses données. Cela concerne autant les citoyens que les administrations ou les entreprises. Pour les premiers, l'Union européenne a déjà commencé à émettre des règles comme le règlement général sur la protection des données, mais elle devrait proposer d'aller beaucoup plus loin et de règlementer l'action des géants du web. ► À chaque État de choisir s'il fera ou non confiance à Huawei, selon l’UE Le commissaire au marché intérieur a expressément averti que l'UE devrait se doter de nouvelles lois pour protéger les utilisateurs des réseaux sociaux, après la visite du patron de Facebook, Mark Zuckerberg, à Bruxelles. Des règles qui s'appliqueront aussi aux questions commerciales et publicitaires. Un ensemble de lois et de règlements devrait être annoncé ce mercredi 19 février pour la fin de l'année, avec pour objectif que les données produites en Europe, restent en Europe. Du protectionnisme numérique L'Europe change donc de stratégie et décide de faire preuve de protectionnisme vis-à-vis de l'intelligence artificielle. En effet, l'UE réalise qu'elle est assise sur une mine d'or numérique, grâce à son marché unique et grâce au fait qu'elle ne s'est pas désindustrialisée comme les États-Unis, par exemple. Et cette richesse de données doit d'abord bénéficier aux Européens et à leurs entreprises. Selon la Commission, grâce aux brevets détenus par des entreprises européennes, l'Europe est bien placée pour profiter de la révolution technologique qui s'annonce. Ainsi, elle pourra, à la fois donner un coup d'accélérateur à sa compétitivité, et garantir que la vie privée des citoyens soit préservée.
Le comité des Nations unies contre la torture a ouvert le mois dernier une enquête visant l'État irlandais. C'est la conséquence d'une plainte déposée par une septuagénaire, née d'une mère célibataire à la fin des années 1940 et élevée au sein d'institutions catholiques. Séparée de sa mère, Elizabeth Coppin a travaillé jusqu'à ses 19 ans dans des laveries et elle estime que le traitement qu’elle a subi équivaut à des actes de torture, cautionnés par l’État. Elle réclame aujourd'hui la reconnaissance par Dublin de ces agissements, non isolés. Elizabeth Coppin est née en 1949 d’une mère célibataire, à l’ouest de l’Irlande. À l’époque en Irlande, les « femmes faillies », comme on les appelait, ayant eu des relations sexuelles hors mariage, accouchaient dans des asiles, gérés par des religieuses. À l’âge de 2 ans, Elizabeth est envoyée dans un pensionnat, lui aussi sous l’autorité d’une congrégation de nonnes. Elle y reste jusqu’à ses 12 ans. Là, elle est déscolarisée et employée dans l’une des dix « blanchisseries Madeleine » du pays, à Cork puis à Waterford. Elle est « libérée » peu avant ses 20 ans et devient institutrice en Angleterre. Des « institutions » aux pratiques de tortionnaires Elles ont fleuri en Irlande à la fin du XVIIIe siècle. À l’origine, c’était une manière d’héberger et de faire travailler les anciennes prostituées. Et puis, à l’indépendance en 1922, l’Irlande a développé une tradition d’« institutions », des endroits où l’on isolait les gens différents, personnes handicapées, mères célibataires… Les blanchisseries ont donc intégré ce modèle. La dernière a fermé en 1996. On estime que pendant ces soixante-dix ans, plus de 10 000 femmes y ont été enfermées contre leur gré. Elizabeth Coppin et d’autres survivantes font état de travail forcé non rémunéré, de violences physiques, psychologiques, de privation de nourriture… Certaines y sont restées jusqu’à leur mort et enterrées dans des fosses communes ou des tombes collectives. Des excuses jugées insuffisantes En 2013, le Premier ministre Enda Kenny a formulé des excuses officielles pour « le mal fait à ces femmes et la stigmatisation qu’elles ont subie par la suite ». Un fonds de compensation a été mis en place, Elizabeth Coppin d’ailleurs a reçu plusieurs milliers d’euros « pour le temps passé dans ces institutions ». Mais les congrégations n’ont jamais été formellement poursuivis et l’État n’a jamais vraiment admis son rôle, alors qu’environ un quart des « pensionnaires » étaient envoyées par l’administration irlandaise. Vers une reconnaissance officielle ? Elizabeth Coppin demande une reconnaissance officielle. Ensuite, que tout soit fait pour compenser, sans parler d’argent. Par exemple, l’accès au dossier médical : Elizabeth ne sait pas si elle a reçu des vaccins quand elle était enfant, si sa mère était atteinte d’une maladie génétique qu’elle pourrait avoir transmis à ses propres enfants… Selon elle, « c’est comme si l’État continuait de nous agresser ». L’examen du dossier par le comité contre la torture ne fait que commencer évidemment… Mais selon l’avocate spécialiste des droits humains Maeve O’Rourke, cela pourrait avoir d’importantes répercussions sur la responsabilité de l’Etat, le fait qu’il rende des comptes. Et même si les faits datent d’avant la ratification par l’Irlande de la convention contre la torture, ce sont l’inaction judiciaire et l’insuffisance du processus de réparation qui pourraient ici être considérés comme des actes de torture.
Ce 17 février, le Kosovo célèbre l’anniversaire de son indépendance, proclamée il y a 12 ans, en 2008, mais toujours partiellement reconnue et toujours contestée par la Serbie. Le pays vient de connaître un changement politique majeur avec l’arrivée au pouvoir du mouvement de gauche souverainiste Vetëvendosje. Les cérémonies seront-elles marquées par un nouveau souffle d’espoir ? La victoire de l’opposition aux élections du 6 octobre 2019, avait suscité un immense espoir au Kosovo, mis en coupe réglée depuis la fin de la guerre, il y a plus de vingt ans, par les anciens commandants de la guérilla de l’UÇK. Toutefois, il a fallu presque quatre longs mois pour former un gouvernement de coalition entre Vetëvendosje et la Ligue démocratique du Kosovo, un parti de centre droit à la culture politique bien différente. Albin Kurti, le charismatique dirigeant de Vetëvendosje est enfin devenu Premier ministre le 3 février, mais sa marge de manœuvre risque vite de trouver ses limites, car sa coalition demeure fragile, tandis que les pressions internationales sont très fortes… La relance du dialogue avec Belgrade Albin Kurti s’y est clairement engagé, mais il a spécifié qu’il prendrait la tête du processus de négociation, qui était jusqu’à présent dirigé par le président de la République, Hashim Thaçi, l’ancien porte-parole de la guérilla. Depuis 2011, Belgrade et Pristina menaient un dialogue « technique », avec la médiation de l’Union européenne. Or, ce dialogue, très poussif, est au point mort depuis plus d’un an. L’initiative a été reprise par les États-Unis, et le nouvel émissaire spécial du président Trump pour le dialogue, Richard Grenell, vient d’arracher la signature d’un accord prévoyant le rétablissement des liaisons aériennes et ferroviaires entre la Serbie et le Kosovo. Cet accord a été paraphé par le président Thaçi et son homologue serbe Vučić, mais le gouvernement du Kosovo a déclaré qu’il n’avait pas été associé aux discussions. Albin Kurti veut reprendre le dialogue sur de nouvelles bases et mettre Hashim Thaçi sur la touche. Toutefois, la partie est d’autant plus compliquée que les États-Unis et l’Union européenne ne jouent pas forcément la partition. Des divergences marquées Sous l’impulsion, semble-t-il, du président Trump, les États-Unis veulent arracher rapidement un accord final entre les deux pays, qui pourrait être basé sur des échanges de territoires et de population. Or, cette option, toujours envisagée par Hashim Thaçi et Aleksandar Vučić, est catégoriquement rejetée par le nouveau gouvernement du Kosovo, comme du reste par l’immense majorité de l’opinion publique dans les deux pays. Du côté européen, la situation est plus confuse. L’option d’un échange territoriale a toujours été rejetée par l’Allemagne, en raison du précédent qu’elle pourrait créer, risquant de déstabiliser à nouveau l’ensemble des Balkans. Pour le coup, il se trouve que l’émissaire américain, Richard Grenell, est également ambassadeur de son pays à Berlin, et il entretient des relations notoirement tendues avec la chancelière Merkel. Le problème est que l’Union européenne, sonnée par le Brexit, divisée sur la question de la relance du processus d’élargisssement aux pays des Balkans, a du mal à parler d’une voix forte et à se faire entendre. Le nouveau Haut représentant européenne pour la politique extérieure, Josp Borrel, s’est rendu à la fin janvier à Belgrade et à Pristina. Mais il se trouve qu’il est originaire d’Espagne, qui ne reconnaît toujours pas l’indépendance ce qui ne facilite pas les choses… En réalité, le destin du Kosovo se trouve, une fois de plus, au cœur d’un complexe bras de fer. Aux divisions politiques intérieures, s’ajoutent celles de la communauté internationale. Dans ce contexte délétère, Albin Kurti, qui revendique un dialogue d’égal à égal avec la Serbie, aura du mal à s’imposer, tandis que la population du Kosovo, de plus en plus désabusée, reprend massivement la route de l’exode vers l’Europe occidentale.
Le parquet bulgare veut revenir sur la privatisation des entreprises publiques après la chute du communisme. C'est une des périodes les plus controversées dans l'histoire de la Bulgarie. Les Bulgares estiment que la privatisation était un processus criminel, qui a permis aux oligarques de mettre la main sur l'économie du pays. D'abord, qu'est-ce qu'on entend par ce réexamen de la privatisation ? Le parquet veut bel et bien tout passer au peigne fin. Il s’agit d’un peu plus de 10 000 ventes, contrats et rachats, qui ont eu lieu à partir de 1992. Un peu plus d’un tiers de ces biens privatisés sont dans l’industrie et près d’un quart dans le commerce. Le BTP, le tourisme et l’agriculture sont en troisième place, avec 10% chacun. Les secteurs les moins concernés sont la santé publique, la culture ou encore la défense. Les actifs accumulés au cours de ce processus s’élèvent à quelque 9 milliards d’euros. Le procureur général Ivan Geshev a donc ordonné aux services de renseignements de vérifier la légalité de toutes ces transactions, ainsi que du respect des contrats. Tous les organes publics responsables du contrôle de la privatisation, comme les ministères et les agences chargées du suivi des contrats, seront également examinés. Geshev demande même au parlement de se tenir prêt pour amender la constitution si nécessaire, afin que « justice soit rendue au nom de tous les Bulgares ». La chute du communisme, c’était il y a trente ans, depuis la Bulgarie est devenue membre de l’Otan et de l’UE...est-ce qu’il n’est pas trop tard pour ce genre de réexamen ? C’est pour cette raison que le procureur général et ses proches se sont mis à parler d’un éventuel amendement constitutionnel. La plupart de ces contrats sont périmés, et donc les parties ne peuvent être poursuivies. Cela dit, la privatisation est la période noire de la transition démocratique en Bulgarie. Le processus lui-même est largement perçu comme une entreprise criminelle et corrompue qui a permis au crime organisé et à la future oligarchie de mettre la main sur les biens publics. La revente du complexe sidérurgique de Kremikovtzi, situé près de la capitale Sofia, est emblématique. Le complexe comprenait 25 usines sur une superficie de 25 km2 et employait plus de 35 000 personnes après son ouverture en 1963. En 1999, Kremikovtzi est criblé de dettes et revendu pour 1 dollar. À l'époque, le gouvernement se disait obligé de tout revendre à la va-vite en raison de la crise économique et financière dans laquelle le pays était plongé en 1996, mais de sérieux doutes persistent. Et personne ne s'est intéressé à la privatisation jusqu'à présent ? Justement, c'est la troisième fois que le parquet ou les autorités vont tout passer en revue. En 2001 déjà, le procureur général réexaminait la privatisation. Même chose en 2017, lorsque le parquet indiquait que 25 contrats n'avaient pas été respectés. Il y a donc une dose de populisme dans cette décision, d'autant plus que le procureur général actuel, Ivan Geshev, a été élu à ce poste en octobre et depuis, il multiplie les enquêtes et les apparitions dans les médias pour promettre de « résoudre les problèmes et les souffrances des gens ». Le réexamen de la privatisation s'inscrit aussi dans une série de procès de haut niveau contre des hommes d'affaires et des oligarques bulgares, qui s'est même transformée en une sorte de chasse aux milliardaires. Le dernier accusé, le magnat de jeux de hasard Vassil Bojkov, a été arrêté aux Émirats arabes unis. Les experts sont très sceptiques vis-à-vis de cette initiative du parquet. L'Institut pour l'économie de marché, un centre de recherche, y voit une tâche « monumentale, voire impossible », et surtout un moyen de faire pression. Depuis plusieurs années, le poste de procureur général devient de plus en plus influent. À la fin janvier, le parquet voulait même se renseigner sur la validité de l'immunité présidentielle, avant de remettre aux médias des conversations privées entre le président et ses conseillers. Le Parlement s'est alors mis à discuter d'une destitution éventuelle du président, qui a finalement été rejetée.