POPULARITY
C'est une ex-République de l'URSS située au nord de l'Europe : l'Estonie, l'un des trois pays baltes vit avec la crainte de subir à son tour une attaque de son grand voisin russe. Le pays qui dépense déjà beaucoup pour sa défense - plus de 3% de son PIB - a décidé d'aller encore plus loin. Dès l'année prochaine, le pays va consacrer plus de 5% de son PIB à la défense. C'est d'après le gouvernement, le prix à payer pour assurer sa sécurité, tout en gardant le soutien de l'allié américain. « Estonie : la Défense à tout prix », un Grand Reportage de Nicolas Feldmann. Réalisation : Pauline Leduc.
Dans le supplément de ce samedi, deux reportages consacrés à un mouvement de guérilla islamiste qui sévit en Afrique centrale, l'ADF, un des groupes les plus violents du continent, fondé en Ouganda dans les années 1990 pour évincer le président Museveni, il sévit dans l'est de la RDC. «ADF» est l'acronyme anglais pour Forces démocratiques alliées. Le groupe se présente aujourd'hui comme la branche de l'État islamique en Afrique centrale depuis que son chef a prêté allégeance à l'État islamique en 2017. Qui se cache derrière le groupe État islamique en Afrique centraleC'est l'un des groupes armés les plus meurtriers et les plus mystérieux de l'est de la RDC. Leur nom : les ADF, acronyme anglais désignant les Forces démocratiques alliées. Fondé il y a 30 ans par des Ougandais, le groupe se présente aujourd'hui comme la branche de l'État islamique en Afrique centrale, depuis que son chef a prêté allégeance au groupe terroriste en 2017. Nous nous sommes rendus à Kampala dans un centre de déradicalisation pour anciens combattants. Un centre qui a ouvert sa porte à un.e journaliste pour la première fois.Un Grand reportage de Florence Morice qui s'entretient avec Jacques Allix. Organisation État islamique en RDC: la mécanique de la radicalitéDepuis 2021, l'armée ougandaise a noué un partenariat avec la fondation Bridgeway. En plus des opérations militaires menées contre le groupe islamiste ADF, la fondation a mis en place un programme de réinsertion et de déradicalisation à destination de leurs anciens membres. Pour la première fois, en mars, les équipes ont ouvert leurs portes à RFI. Florence Morice a passé une semaine à l'intérieur du centre. Grand Reportage.Un Grand reportage de Florence Morice qui s'entretient avec Jacques Allix.
Depuis 2021, l'armée ougandaise a noué un partenariat avec la fondation Bridgeway. En plus des opérations militaires menées contre le groupe islamiste ADF, la fondation a mis en place un programme de réinsertion et de déradicalisation à destination de leurs anciens membres. Pour la première fois, en mars, les équipes ont ouvert leurs portes à RFI. Florence Morice a passé une semaine à l'intérieur du centre. Grand Reportage. En 2017, le groupe islamiste d'origine ougandaise ADF (Forces démocratiques alliées) a prêté allégeance à l'organisation État islamique. En mars 2025, Florence Morice, journaliste au service Afrique de RFI, a pu passer une semaine dans un centre de déradicalisation et de réinsertion d'anciens membres de ce groupe armé, l'un des plus mystérieux et meurtriers de l'est de la RDC. C'est la première fois que ce centre, géré par la fondation américaine Bridgeway et l'armée ougandaise, ouvre ses portes à une journaliste.Les témoignages exclusifs recueillis éclairent de l'intérieur le processus qui a conduit les ADF à s'allier à l'EI et ses conséquences. Un ancien commandant ADF, aujourd'hui repenti, témoigne. Il était aux premières loges de ce processus d'allégeance : « Quand le groupe a rejoint l'État islamique, les règles ont changé. Musa Seka Baluku [leader des ADF, NLDR] a commencé à faire référence à un homme qui lui donnait des instructions. Chaque commandant devait mener un certain nombre de raids, tuer des civils... Et ramener des photos, pour les envoyer comme preuve du travail accompli. »Contrer l'idéologie radicale propagée par les ADF n'est pas chose aisée. Notre deuxième Grand Reportage y est consacré. Pour justifier le recours à cette violence extrême, les ADF s'appuient sur une interprétation réductrice, déformée du Coran. Très peu en sortent indemnes, même lorsqu'ils ont été recrutés par la ruse… ou forcés. Issa, un jeune homme endoctriné dans son village aujourd'hui repenti, déplore : « Je me sens mal d'avoir été trompé et je me sens très mal quand je pense à ce qu'on a fait : avoir versé le sang de personnes innocentes. Pendant 6 ans, on m'a berné avec une vision fausse de ce qu'est le jihad. »
En Italie, la mafia calabraise - la N'Drangheta - est considérée comme l'organisation criminelle la plus redoutable et la plus puissante. Ce sont les liens du sang qui constituent les clans. Les activités criminelles se transmettent de père en fils. Pour briser la chaîne du crime, le juge italien Roberto Di Bella a imaginé le programme « Liberi di scegliere » (phonétiquement : Libéri di Ché lié ré). En italien, cela veut dire : Libres de choisir : entre un destin criminel ou une nouvelle vie. Pour cela, les enfants de mafieux sont exfiltrés et envoyés loin de la Calabre, loin de leur famille et de la mafia.Comment reconstruire sa vie loin des siens ? Comment proposer une alternative aux enfants qui se sont construits avec les règles de la criminalité organisée ?« En Italie, grandir loin de la mafia », c'est un Grand Reportage de Cécile Debarge.
Depuis trois ans déjà, l'agression russe ravage l'Ukraine. Les villes sont dévastées, la population épuisée. Mais certains voient dans cette guerre, une opportunité. Ce sont les milliers de mercenaires étrangers qui sont engagés pour combattre des deux côtés. Parmi eux, des centaines de Colombiens. Ils sont généralement vétérans et accourent derrière la promesse d'un salaire alléchant. mais une fois sur place, c'est l'horreur qui les submerge. Et peu d'entre eux reviennent vivants. «Guerre en Ukraine : ces mercenaires colombiens qui partent au front», un Grand Reportage de Najet Benrabaa.
Cela fait trois ans, aujourd'hui, que la Russie a lancé son invasion de l'Ukraine. La population ukrainienne, est épuisée. Sur le front, l'armée résiste mais les forces russes continuent d'avancer dans l'est du pays. C'est ce moment que Donald Trump choisit pour engager des négociations directes avec Vladimir Poutine, provoquant stupeur et inquiétude en Ukraine. «Après 3 ans de guerre, les Ukrainiens résignés», un Grand Reportage de Julien Chavanne, Boris Vichith et Hlib Yehorov.
Dans le supplément de ce dimanche, direction l'Inde pour suivre la Kumbh Mela, pèlerinage qui pourrait être le plus grand rassemblement religieux de l'humanité, entre démesure et défi organisationnel pour son plus fervent promoteur, Narendra Modi. Puis, en deuxième partie, nous irons au Brésil voguer avec les derniers transporteurs de marchandises en voiliers traditionnels, moyen de transport qui tend à disparaître... La Kumbh Mela, grand-messe mystique, grands jeux politiquesC'est un festival attendu depuis 144 ans. Ce sont les astres qui définissent le calendrier. Nous sommes en Inde et, depuis le 13 janvier, la Maha Kumbh Mela se poursuit sur les berges du Gange. Pour les fidèles hindous, durant 45 jours, se baigner dans le fleuve sacré, c'est l'assurance de sortir du cycle maudit des réincarnations. Il s'agirait du plus grand rassemblement de l'humanité. En tout cas, si on en croit Narendra Modi qui, depuis 2014, se pose en grand promoteur de l'hindouisme.Le Premier ministre indien a voulu en faire le plus démesuré, mais également le plus propre et le plus technologique des pèlerinages.Il y a la foi… mais cette Kumbh Mela, c'est aussi une gigantesque vitrine idéologique.► « La Kumbh Mela, grand-messe mystique, grands jeux politiques », un Grand Reportage de Côme Bastin.Brésil : le transport de marchandises en voilier traditionnel, à bout de souffleIls sont les derniers survivants d'une époque révolue. Dans la baie de Salvador de Bahia au Brésil, les Saveiros voguent toujours. Mais ils sont les derniers voiliers traditionnels en bois, à acheminer des matériaux de construction vers des rives difficilement accessibles. Ils ne sont plus qu'une dizaine à convoyer pierres, graviers et sable, à la force du vent. Ils étaient plus d'une centaine, il y a environ 60 ans, approvisionnant Salvador, la capitale régionale en produits agricoles.Routes et ponts ont eu raison de ce trafic. Et, au désintérêt général, s'ajoute l'impossibilité pour les charpentiers de marine de trouver les arbres nécessaires à l'entretien des bateaux.► « Brésil : le transport de marchandises en voilier traditionnel, à bout de souffle », un Grand Reportage de Quentin Bleuzen.
Dans le supplément de ce samedi, direction la Russie en première partie, avec un reportage sur l'état de l'armée russe et de ses soldats, certains, blessés ou pas, sont déjà revenus du front... Puis, en deuxième partie, un reportage sur l'activité industrielle française qui bat de l'aile: un portrait d'une France en crise. Syndrome afghan : le pouvoir russe face à ses vétérans de la guerre d'UkraineSoldats de métier, mobilisés ou volontaires, selon les chiffres officiels de Moscou, environ 700 000 combattants russes sont actuellement déployés dans les combats en Ukraine. Depuis que Vladimir Poutine a envoyé ses soldats à l'assaut du pays le 24 février 2022, certains, blessés ou pas, sont déjà revenus.Mais une fin potentielle de conflit, c'est bien sûr un retour massif dans la société d'anciens combattants, des hommes ayant participé à une guerre violente et meurtrière à une échelle jamais vue sur le continent européen depuis 1945.Depuis l'année dernière, les autorités russes ont commencé à accélérer les préparatifs pour leur retour. Avec comme contre-modèle, la gestion des vétérans afghans dans les années 90.► « Syndrome afghan : le pouvoir russe face à ses vétérans de la guerre d'Ukraine », un Grand Reportage d'Anissa El Jabri. Industrie, commerce, bâtiment, services… : portrait d'une France en criseEn France, l'activité industrielle bat de l'aile. Elle est en deçà de ses performances d'avant le Covid. Les derniers chiffres de l'INSEE confirment la tendance de ces derniers mois. Syndicats et grands patrons multiplient les alertes. Près de 66 000 entreprises ont fait défaillance en 2024. Chiffre Banque de France : un record. Incapables de payer leurs salariés ou leurs fournisseurs partout sur le territoire, les entreprises qui ferment menacent entre 250 000 et 300 000 emplois.► « Industrie, commerce, bâtiment, services… : portrait d'une France en crise », un Grand Reportage de Nathanaël Vittrant.
C'est un festival attendu depuis 144 ans. Ce sont les astres qui définissent le calendrier. Nous sommes en Inde et, depuis le 13 janvier, la Maha Kumbh Mela se poursuit sur les berges du Gange. Pour les fidèles hindous, durant 45 jours, se baigner dans le fleuve sacré, c'est l'assurance de sortir du cycle maudit des réincarnations. Il s'agirait du plus grand rassemblement de l'humanité. En tout cas, si on en croit Narendra Modi qui, depuis 2014, se pose en grand promoteur de l'hindouisme. Le Premier ministre indien a voulu en faire le plus démesuré, mais également le plus propre et le plus technologique des pèlerinages.Il y a la foi… mais cette Kumbh Mela, c'est aussi une gigantesque vitrine idéologique. «La Kumbh Mela, grand-messe mystique, grands jeux politiques», un Grand Reportage de Côme Bastin.
Le Système National d'Orchestre, connu tout simplement comme Le Système au Venezuela, est un programme d'enseignement de la musique à travers la pratique orchestrale. Un programme qui fêtera ses 50 ans l'an prochain (2026). Un projet tentaculaire, avec plus de 400 écoles à travers tout le pays et qui a produit des étoiles de la musique classique dans le monde. On retrouve des élèves du Système aux quatre coins de la planète : dans la Philharmonie de Los Angeles, celle du Luxembourg, dans les orchestres symphoniques de Berlin ou de Lille. Le plus connu d'entre eux : Gustavo Dudamel, directeur musical de l'Opéra de Paris jusqu'en 2023.Un projet mille fois encensé par la presse, et supporté par les organisations internationales pour son impact social, l'enseignement de la musique dans des zones défavorisées. Mais le Système a ses parts d'ombre, qui, malgré avoir été révélées, n'ont pas fait réagir à la hauteur de leur gravité. Des abus sexuels de la part de professeurs sur leurs élèves ont été rendus publics, mais il semblerait que les autorités n'aient pas pris la mesure de la gravité de la situation.«El Sistema, la glorieuse école de musique du Venezuela, entre mythe et réalité», un Grand Reportage d'Alice Campaignolle.
La voiture autonome qui la conduit chez sa sœur fait une halte inopinée sur le parking de l'entreprise Hyper-Ion. Elle y découvre un univers interlope, qui la convainc qu'il y a là un sujet pour ce Grand Reportage qu'elle rêve depuis longtemps de faire. / Série : Ishtar
À l'approche de la prise de fonction de Donald Trump, le 20 janvier 2025, les quelque 11 millions de migrants illégaux présents dans le pays retiennent leur souffle. Car le président élu a promis de lancer dès son premier jour à la Maison Blanche un programme d'expulsion massive. Le Texas s'y prépare déjà : les autorités commencent à mettre en place des infrastructures pour les expulsions. Les Organisations non gouvernementales, elles, promettent la résistance à ce projet jugé inhumain. Sans parler des migrants concernés qui craignent d'être obligés de quitter un pays où ils ont fondé des familles et refait leur vie. « S'ils me renvoient au Mexique, je reviendrai »En complément de notre Grand Reportage sur le plan d'expulsion de la future administration Trump, nous vous proposons une interview rare d'un migrant sans papiers. Daniel, d'origine mexicaine, vit dans le sud du Texas, à quelques kilomètres de la frontière, depuis 25 ans. Comme des millions d'autres immigrants clandestins, il s'est marié, a fondé une famille et mène une vie aussi normale que possible, malgré les défis de son statut.Après quelques hésitations, Daniel accepte de nous recevoir chez lui, dans une maison qu'il a construite de ses propres mains. Vêtu de sa tenue d'ouvrier et de sa veste fluorescente, il rentre tout juste d'un chantier. RFI : Vous avez quitté le Mexique en 1999, clandestinement, en traversant le Rio Grande. Pourquoi avez-vous décidé de partir ?Daniel : Tout d'abord, parce que la situation économique là-bas était très mauvaise, sans aucune perspective. Je voulais une vie meilleure pour moi, mais surtout pour mes enfants. Je voulais qu'ils naissent ici pour qu'ils ne souffrent pas comme j'ai souffert au Mexique. Je me suis dit : si j'arrive à traverser la frontière et à m'installer ici, je fonderai une famille. Et c'est ce que j'ai fait : je vis ici avec mon épouse et mes cinq enfants. L'aînée a aujourd'hui l'âge que j'avais quand j'ai quitté le Mexique.Nous sommes assis sur le canapé dans le salon de Daniel. Ses enfants jouent ou regardent des vidéos. Une vie de famille presque normale, si ce n'est la menace d'expulsion qui pèse sur ce foyer. Daniel se souvient encore très bien de la journée où sa vie a basculé.Oui, c'était l'année dernière, en février 2024. Je suis sorti travailler à 6h30 du matin pour commencer à 7h. À environ 25 kilomètres de chez moi, la police m'a arrêté. Mon van était chargé, ce qui avait l'air suspect. Ils m'ont demandé si je transportais de la drogue, j'ai répondu que non. Puis, ils m'ont dit que je roulais à 61 km/h alors que la limite était de 60 km/h. Ils m'ont demandé mes papiers, et j'ai répondu que je n'en avais pas. Ils m'ont arrêté et emmené dans un centre de détention à McAllen, où j'ai passé 21 jours. En mars 2025, je suis convoqué devant le tribunal. Le juge décidera si je dois retourner au Mexique ou si je peux rester.Vous continuez à travailler malgré tout ?Oui, mais j'y vais avec la peur au ventre. J'ai peur qu'ils m'arrêtent de nouveau, car ils m'ont dit que je n'avais pas le droit de travailler. Mais si j'arrête, comment pourrais-je nourrir ma famille ? Ce serait différent s'ils me donnaient un permis de travail. Je pourrais obtenir un meilleur emploi. Là, je gagne le minimum, même si je travaille entre 40 et 60 heures par semaine. On me paie entre 7 dollars 50 et 8 dollars de l'heure, parce que je n'ai pas de numéro de sécurité sociale.Vous travaillez sur quels types de chantiers ?Je travaille sur des chantiers publics : construction d'écoles, d'hôpitaux, de cliniques, de banques. Personne ne m'a jamais demandé si j'étais en règle. Au contraire, cela les arrange : ils peuvent me payer moins. Je travaille généralement 7 jours sur 7, de 8 à 10 heures par jour.Votre maison, elle vous appartient ?Oui, après toutes ces années de travail, Dieu merci, j'ai pu acheter ce terrain et construire cette maison. Je voulais laisser quelque chose à mes enfants. Si jamais ils me renvoient au Mexique, au moins, ils auront un toit et n'auront pas de loyer à payer. Ce que je regrette, c'est de ne pas pouvoir voyager ailleurs aux États-Unis. À cause des checkpoints au nord du Texas, toutes les voitures sont contrôlées. Mes enfants aimeraient aller à l'Aquaparc de San Antonio, mais je suis obligé de leur dire : désolé, je ne peux pas. Eux, ils pourraient y aller, mais pas moi.Oui, parce qu'ils sont nés ici et ont donc la nationalité américaine.Dieu merci, oui. Ils ne subiront pas les mêmes humiliations. Mais ici, quand vous êtes Latino et sans papiers, les gens vous traitent mal. Il y a beaucoup de racisme. Même des Latinos nés ici vous regardent de haut. Ils vous font travailler pour un salaire de misère, sachant que vous ne pouvez pas vous défendre.Vous imaginiez votre vie comme cela, lors que vous êtes parti du Mexique ? Non. Je suis parti pour une vie meilleure. Au Mexique, les gens disent : va aux États-Unis, c'est mieux là-bas. Mais la réalité est dure. Rien n'est gratuit. Et vivre sans papiers, c'est être constamment sur le qui-vive.Et votre épouse, est-elle dans la même situation ?Oui, elle n'a pas de papiers non plus. Elle travaille comme cuisinière dans un restaurant et fait aussi le ménage chez une juge. On se relaye pour s'occuper des enfants. Quand je rentre, elle part travailler.En quoi l'élection de Donald Trump peut-elle influencer la décision du juge ?Les avocats me disent qu'avec ce nouveau président, il n'y a pas beaucoup d'espoir. Comme je suis ici depuis longtemps, le juge pourrait faire une exception, mais ce sera compliqué. Avant, j'aurais eu une chance, mais avec Donald Trump, c'est presque impossible.Comment vivez-vous cette situation ?C'est un combat quotidien, une lutte avec moi-même. Je n'ai rien fait de mal, j'ai payé mes impôts. Mais j'ai peur en permanence. À chaque sortie, je crains qu'on m'arrête et qu'on me sépare de mes enfants. C'est difficile. Mais une chose est sûre : si je devais être renvoyé au Mexique, je reviendrai. Peu importe comment, je reviendrai.
Depuis 30 ans, elle sillonne le monde pour le raconter aux téléspectateurs de France Télévisions. La journaliste se livre sur son métier, sa vie de maman, et ses origines modestes. Dans un livre passionnant, ''Loin de chez moi'', publié chez Fayard.
L'Indonésie et ses 270 millions d'habitants ont fêté le jour de l'indépendance de la nation le 17 août. Une célébration dans des conditions particulières cette année 2024, puisque le chef de l'État, Joko Widodo, a tenu à commémorer cette fête d'indépendance à « Nusantara ». La nouvelle capitale administrative de l'Indonésie. La construction de la ville, qu'on appelle aussi IKN (Ibu Kota Nusantara en indonésien), a débuté sur l'île de Bornéo courant 2022. Objectif : bâtir une nouvelle capitale « verte » et avec pour perspective « zéro émission », au centre du plus grand archipel du monde.Jakarta, située sur l'île de Java, connaît en effet de multiples problématiques : surpopulation, pollution ou encore des inondations très importantes au nord de la ville. Ce projet gigantesque de nouvelle capitale « verte », lancé par le président indonésien Joko Widodo lui-même, fait pourtant débat auprès des ONG environnementales et de certains locaux…« La construction de la future capitale indonésienne, un projet sous haute tension », c'est un Grand Reportage de Juliette Pietraszewski. (Rediffusion)À lire aussiIndonésie: la future capitale Nusantara, l'utopie «verte» du président Widodo
En Ukraine, plus de 1 000 jours après le début de l'invasion à grande échelle du pays par la Russie, Kiev tente de convaincre des dizaines de milliers de citoyens de rejoindre les rangs de l'armée. Objectifs : remplacer les soldats morts sur la ligne de front, permettre des rotations, et tenter de réduire le déséquilibre en effectifs face à l'armée russe. Or, les volontaires se font rares : les civils qui souhaitaient se battre se sont engagés depuis longtemps… les autres, il faut les convaincre… « Ukraine, après 1000 jours de guerre, le défi de la mobilisation », c'est un Grand Reportage de notre correspondante Emmanuelle Chaze.
La Cop Climat - la 29è - vient de s'ouvrir à Bakou, en Azerbaïdjan, après l'été le plus chaud jamais enregistré dans le monde. Ce changement du climat s'accompagne notamment d'épisodes de sécheresse, comme au Brésil, ou dans le bassin méditerranéen. Sur l'île grecque de Naxos, fertile depuis l'Antiquité, il ne pleut ainsi presque plus depuis trois ans. La pénurie d'eau a notamment entraîné une chute vertigineuse de la production traditionnelle de pommes de terre - produit phare de l'île - mettant tout l'écosystème agricole en danger. ‘Sur l'île grecque de Naxos, la sécheresse menace l'avenir de l'agriculture', c'est un Grand Reportage de Joël Bronner. Ils sont trois anciens moulins à vent, quelque peu décatis, à donner son cachet à la commune de Tripodes, au cœur de Naxos, une île grecque réputée, depuis des siècles, pour la richesse de son agriculture. C'est ici que Stelios Zevgis élève 80 vaches. Grace à ses bêtes, il produit quotidiennement plus de 1 500 litres de lait, qu'il revend ensuite à la coopérative de l'île. Ce lait sert alors à produire la graviera, un fromage local réputé, membre de la famille des gruyères. Mais pour l'éleveur, la pénurie d'eau à Naxos vient tout remettre en cause : « Nous sommes confrontés à de gros problèmes d'eau. Au train où vont les choses, même les bêtes n'auront bientôt plus assez à boire et à manger. Nous avons besoin d'au moins 70 à 80 mètres cubes d'eau par jour pour subvenir à l'ensemble de leurs besoins, que ce soit pour leur donner à boire ou les laver. Mais il y a une autre conséquence négative de la sécheresse, c'est que nous ne produisons plus assez d'herbes ni de plantes fourragères pour nourrir nos vaches. L'an dernier par exemple, on en a récolté moitié moins que ce qu'on a semé. Et la différence, ce qu'il nous manque parce qu'il ne pleut pas, eh bien il faut qu'on l'achète. Donc l'orge, le maïs, etc. Il faut qu'on les importe depuis la Grèce continentale et ça nous coûte très cher. Une botte de paille d'orge qui coûte par exemple entre 50 et 60 euros sur le continent, nous ici nous la payons entre 120 et 130 euros. Avec le transport et le bateau, c'est le double du prix. »Conséquence de la sécheresse, le prix de la graviera de Naxos tend donc pour l'heure à augmenter tandis que sa production, elle, diminue. La coopérative locale estime ainsi à près de 250 tonnes de fromage, au total, la baisse de production au cours des trois dernières années.Mais là où la production agricole connait le ralentissement le plus brutal, c'est au niveau d'un autre emblème culinaire de l'île : les pommes de terres. À la sortie de la grande ville éponyme de Naxos, l'usine où elles sont traitées et stockées va maintenant devoir cesser de fonctionner de longs mois, jusqu'à l'été prochain. Dimitris Veniaris, le responsable de la chaîne de production, fait donc face, à présent, à une situation inédite : « D'habitude, on a du travail dans l'usine jusqu'à fin novembre. Et puis, début décembre, il y a une nouvelle récolte qui commence. En général, on avait donc, au maximum, un creux de 10 ou 15 jours sans pommes de terre. Mais là, pour la toute première fois, on se retrouve sans rien dès la fin septembre… et comme la production pour l'hiver n'a pas été plantée à cause de la sécheresse, il n'y aura bientôt plus du tout de pommes de terre sur le marché. »« La pomme de terre a besoin d'eau »Traditionnellement, à Naxos, les agriculteurs récoltent en effet les pommes de terre deux fois par an. Une fois en été et une autre en hiver. Or à cause de la sécheresse, les tubercules n'ont pas pu cette fois être plantés, en prévision de l'hiver. Sur l'île, il n'y aura donc plus de production de pommes de terre jusqu'à la prochaine récolte d'été. Désabusé, le président de la coopérative agricole de l'île, Dimitris Kapounis, affirme que son collectif a pourtant tiré la sonnette d'alarme dès 2021, en alertant des risques de pénurie d'eau et en encourageant les pouvoirs publics à réaliser des travaux d'infrastructures. Il estime ne pas avoir été entendu, alors que le manque d'eau et ses conséquences sont à présent de plus en plus criants. « En 2022, nous avons récolté 6 000 tonnes de pommes de terre. En 2023, seulement 4 000 tonnes et cette année, en 2024, la production n'a été que de 1 800 tonnes, pointe-t-il. On parle donc d'une baisse de 70% de la production en deux ans ! Et la cause, c'est simple, c'est le manque d'eau, la sécheresse : il ne pleut pas... Il y a deux ans, on a eu de la pluie, l'an dernier déjà nettement moins et là, cette année, il n'a presque pas plu du tout. En 2024, de la pluie, nous en avons eu deux fois en tout et pour tout : un jour en février et un autre jour en mars. Autant dire que de l'eau, il n'y en a pas du tout. Le résultat c'est qu'à Naxos, qui est la patrie de la pomme de terre, un produit IGP, on se retrouve sans pommes de terre… parce que la pomme de terre a besoin d'eau, de beaucoup d'eau ! » Label européen, IGP signifie ‘Indication géographique protégée'. En face de l'usine, les chambres réfrigérées supposées stocker de grandes quantités de ces pommes de terre labellisées sont vides ou presque. Tout au fond, quelques rares sacs en toile de jute - remplis de celle qu'on appelle la ‘patata Naxou' - rappellent la fonction du hangar. « Cela fait 15 ans que nous organisons ici chaque année une grande fête de la pomme de terre en l'honneur de la ‘patata Naxou', depuis l'époque où elle a été couronnée par une ‘indication géographique protégée', explique encore Dimitris Kapounis. C'est la meilleure pomme de terre de Grèce, avec celle de la région de Nevrokopi, dans le nord du pays. Mais cette année, la fête a été annulée puisque nous sommes à court de pommes de terre. À la place, nous avons organisé un mouvement de protestation pour informer des problèmes auxquels nous faisons face. Cette pomme de terre, vous savez, elle est cultivée, avec de l'eau, dans un sol sablonneux, qui est fertilisé à plus de 70% avec du fumier animal. C'est cette association qui fait la différence de goût entre la pomme de terre de Naxos et toutes les autres pommes de terre de Grèce et du monde. »Sur l'île, la pomme de terre est un produit qui fait vivre environ 300 familles et qui suscite la fierté des habitants. À défaut de pouvoir la faire goûter sur les ondes, on peut néanmoins demander à un restaurateur - qui la propose à sa carte - de décrire ce qui la caractérise. Manolis Solokos est copropriétaire d'une taverne sur le port de la ville touristique de Naxos, où il accueille en majorité des clients Grecs, Français et Italiens : « La pomme de terre de Naxos, pour moi, elle sort du lot. J'ai déjà goûté d'autres pommes de terre de Grèce et, je ne sais pas, les autres sont plus jaunes, plus sucrées… La pomme de terre de Naxos a un goût particulier, tout simplement délicieux. Oui, je pense que nous nous distinguons dans ce domaine et j'espère que nous pourrons continuer à en produire. »Des investissements vains des agriculteurs Dans sa famille, Stamatis Sergis représente la 4e génération d'agriculteurs. Sur son champ tout sec de la commune de Livadi, il nous parle des mouches. Ces mouches qui sont là parce que c'est le fumier qui sert essentiellement ici d'engrais naturel. À la tête de 28 hectares, où il n'a pas pu planter la moindre pomme de terre pour cet hiver, l'agriculteur évoque surtout l'inflation et les surcoûts - liés à la chaleur et la sècheresse - qu'il estime à un tiers de dépenses en plus. Là, dans le coffre de son pick-up, il montre du doigt un moteur qui vient de griller. La faute au manque d'eau. Sur les sept puits que possède le producteur de pommes de terre, seuls deux sont d'ailleurs encore utilisables, les autres ont été infiltrés par l'eau de mer, en raison de la baisse de niveau de la nappe phréatique. Résultat des récoltes, au lieu d'une centaine de tonnes habituellement, il n'a pu sortir de terre cette année que 20 tonnes en tout et pour tout.« Nous avons déjà dépensé beaucoup d'argent pour nos champs, en particulier pour y amener de l'eau ! Il a fallu installer des tuyaux pour transporter cette eau depuis le réservoir vers la plaine. Concrètement chaque agriculteur a déboursé de 3 à 500 000 euros pour pouvoir cultiver, rappelle Stamatis. L'équivalent de ce quelqu'un, dans le secteur du tourisme, va payer pour construire un hôtel. Le problème c'est que mon fils, par exemple, il a plus intérêt aujourd'hui à aller travailler comme serveur pendant la saison touristique. Il gagnera dans les 10 000 euros, ça lui fera son salaire annuel. S'il choisit au contraire de travailler dans les champs, il va bosser sans arrêt toute l'année et, au final, il ne gagnera pas autant. Nous nous dirigeons tout droit vers une désertification et un abandon de nos terres agricoles. Moi, j'approche de la retraite, mon fils, lui, va encore me donner petit un coup de main, mais pour combien de temps ? Le domaine est là, les machines sont là, je n'arrive pas à envisager de tout quitter, c'est désolant. C'est comme agrandir une maison pour au final, ne plus jamais y retourner. »À Naxos, la radio locale porte un nom anglophone : ‘Aegean Voice', la voix de l'Égée. Depuis plus de 30 ans, Popi Aliberti est l'une de ces voix, qui accompagnent les auditeurs du 107.5. Après une brève discussion à l'antenne, relative à la sècheresse, l'animatrice évoque, devant le studio, la vie sur son île, la plus grande de l'archipel des Cyclades : « L'île de Naxos a évolué rapidement ces dernières années. Le tourisme que nous avions ici il y a 10 ans n'a absolument rien à voir avec le tourisme que nous avons aujourd'hui. Presque tous les ans, un nouveau record est établi. Cette année encore la fréquentation de l'île a progressé de 3 à 4% par rapport à 2023… qui était déjà, ici, une année record. » Ils sont aujourd'hui les deux piliers économiques de l'île, mais tandis que le tourisme est en plein essor et ne cesse de progresser, le secteur agricole, lui, tend à suivre la pente inverse. Non sans conséquence pour les habitants. « Les difficultés de l'agriculture locale, bien sûr qu'on les constate dans la vie quotidienne, indique la journaliste. Quand je vais au supermarché pour faire les courses, je vois bien qu'il n'y a plus assez de tomates de Naxos. Dans les rayons, on trouve soit des tomates d'autres régions de Grèce, soit des tomates importées de l'étranger. Le résultat, c'est que les tomates qu'on payait avant entre 50 et 80 centimes d'euros le kilo, elles nous coutent maintenant entre 3 euros et 3 euros 50. »Au premier étage de la mairie, les fenêtres donnent sur la mer et sur une poignée de petites usines de dessalement portatives, logées dans des conteneurs préfabriqués. Il s'agit là d'une solution de facilité, temporaire, mise en place -pour l'instant- jusqu'en fin d'année. Il s'agit, malgré la sècheresse, de répondre aux besoins touristiques en eau, sur la côte, dans un rayon d'une dizaine de kilomètres autour de la ville de Naxos. Mais cette eau, dont la qualité a des limites, représenterait une solution insatisfaisante pour l'agriculture. De plus, les infrastructures pour amener cette eau jusqu'aux champs n'existent pas et son éventuel transport ferait donc exploser le prix des produits agricoles. Il faut donc chercher ailleurs. Un défi : économiser l'eau « Je m'appelle Dimitris Lianos et je suis le maire de Naxos et des petites Cyclades. À l'heure où nous parlons, 70% de l'approvisionnement en eau de toutes les localités de Naxos, les 70% qui alimentent les maisons des particuliers, proviennent d'eaux souterraines, c'est-à-dire, des forages. Cela fait 35 ans que nous effectuons des forages sur l'île et jusqu'à présent ces réserves n'ont pas diminué significativement. Les scientifiques pensent donc qu'avec les infrastructures nécessaires, cette eau pourrait être dirigée vers d'autres régions, comme celle où l'on cultive des pommes de terre, pour enrichir la nappe phréatique sur place. » Pour amasser l'eau nécessaire aux besoins agricoles, les solutions ont besoin d'être multiples et complémentaires. Autre piste importante envisagée à l'hôtel de ville, un plan de recyclages des eaux usées. C'est aussi ce que réclament les agriculteurs : une station d'épuration avec un traitement dit tertiaire, qui puisse permettre de réutiliser l'eau, au lieu d'en rejeter des milliers de mètres cubes à la mer. Une initiative supposée s'inscrire dans une politique de plusieurs travaux à mener à bien. « À Naxos, le relief nous pose toutes sortes de difficultés par rapport à la question de l'eau. Nous avons ici aussi bien de la montagne, de la semi-montagne, des secteurs rocheux que des zones de plaine, poursuit Dimitris Lianos, le maire. Et puis, à l'échelle de la Grèce, nous parlons d'une île relativement grande, qui nécessite des projets d'une autre envergure que pour les petites Cyclades par exemple. Ici, il y a donc tout un travail d'études, de forages exploratoires puis de forages à faire. Ensuite, des travaux pour le transport de l'eau seront obligatoires pour installer des tuyaux et les connecter au réseau hydraulique. Il faut aussi absolument que l'État achève le barrage de Tsikalari, dont la construction est planifiée depuis environ 25 ans ! C'est crucial. Et bien sûr, en complément, des unités de dessalement sont également nécessaires dans certains endroits comme dans notre ville de Naxos ou, près d'ici, dans les zones touristiques de la côte. » À l'image du maire de Naxos, presque tous nos interlocuteurs se désolent qu'Athènes n'ait jamais terminé la construction d'un nouveau barrage, au niveau du village central de Tsikalari. Ce serpent de mer local leur semble pourtant riche d'une promesse, celle de pouvoir récolter puis redistribuer un précieux trésor aux agriculteurs : des perles de pluie.Non loin des vestiges du temple de Déméter, déesse de la fertilité, s'étend la terre agricole de Mikri Farma, la ‘petite ferme' en grec. Nous entrons ici dans le royaume de Konstantis Chouzouris, quadragénaire malicieux, à la barbe broussailleuse. Un souverain qui invite les visiteurs à écouter le chant de ses cannes à sucre, c'est-à-dire la musique que produit le vent au contact des herbes géantes. Au sein d'un collectif, le propriétaire de cette petite exploitation milite pour l'économie de l'eau à Naxos. À sa manière, l'agriculteur incarne la tension grandissante entre l'industrie du tourisme et celle de l'agriculture sur l'île : « Le problème principal de l'île, pour moi, c'est le détournement de l'eau. On vole l'eau des zones rurales pour remplir les piscines. Ce qui se passe c'est qu'un type arrive, il construit cinq villas avec une piscine par villas. Cinq grandes piscines de 80 mètres cubes d'eau chacune. Pour les remplir et les entretenir, il faut disons de 400 à 500 mètres cubes d'eau en tout. 500 mètres cubes d'eau, c'est en une seule fois toute la quantité d'eau que j'utilise en un été dans ma petite ferme ! Nous sommes en état d'urgence. Nous vivons l'une des pires périodes de pénurie d'eau de l'histoire de l'île. C'est la troisième année consécutive que nous avons très peu d'eau, comment pouvons-nous donner la priorité au remplissage des piscines ? »Au-delà de son appel à ne pas gaspiller, l'agriculteur recommande, en ce qui concerne la terre, un retour à des cultures de fruits et de légumes moins gourmands en eau. Une direction également préconisée récemment, au niveau national, par le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Au vu des projections concernant le changement climatique en cours, tout porte à croire en effet que la sécheresse prolongée qui touche déjà Naxos et devrait concerner une bonne partie du bassin méditerranéen s'inscrit dans un temps long, auquel l'agriculture va devoir s'adapter… ou prendre le risque de disparaître.« Dans ma zone, la mairie a récemment augmenté le coût de l'eau, qui a été multiplié par trois. Mais moi, je ne peux pas vendre mes légumes trois fois plus cher ! Je ne peux pas vendre des tomates à 7 euros 50 le kilo au lieu de 2 euros 50… Nous, les agriculteurs, nous devons à présent collectivement nous former à l'agriculture en sol aride et utiliser certains types de légumes spécifiques, qui peuvent se passer d'eau. Une certaine catégorie de concombres, de melons, de pastèques, d'oignons, de pommes de terre aussi… Il y a des tas de cultures de ce style qui existaient ici il y a encore quelques dizaines d'années et dont nous nous sommes coupés. Nous avons malheureusement perdu de nombreuses informations à leur sujet. Et nous les avons perdues parce que les gens ont déserté les champs et sont allés en ville pour devenir médecins, avocats, enseignants, professeurs, députés… Beaucoup sont partis pour occuper des postes de fonctionnaires, pour obtenir un salaire fixe. Et le résultat c'est qu'il n'est plus resté personne, parmi les jeunes, pour s'occuper des champs... », déplore l'agriculteur. Un besoin urgent d'aide de l'ÉtatProduire, avec peu ou pas d'eau, certains légumes spécifiques en plus petites quantités… mais avant tout, continuer à produire. Voilà donc l'une des pistes avancées par ce travailleur de la terre. Quelles autres solutions privilégier pour récolter un peu de cette eau nécessaire à l'agriculture et à la vie lorsque sévit la sécheresse ? De passage dans les bureaux de la coopérative agricole de Naxos, Yannis Politis enseigne l'agronomie à la faculté d'Athènes. Le professeur suggère en premier lieu de s'inspirer des exemples déjà existants, dans les pays qui font face à des climats comparables voire encore plus arides : « À Chypre, la philosophie n'est pas de se concentrer uniquement sur de grands barrages, mais plutôt de construire de plus petits barrages au pied des montagnes pour que, les rares fois où il se met à pleuvoir, ces barrages retiennent suffisamment d'eau pour que celle-ci ait le temps de s'infiltrer dans la terre et puisse remplir les réservoirs souterrains de l'île. C'est de quelque chose comme ça dont nous avons aussi besoin, ici, à Naxos. Par ailleurs, de manière plus générale, le problème de l'agriculture grecque est que, par comparaison, notre production par hectares est bien inférieure à celle d'Israël ou à celle des Pays-Bas, que pourtant personne ne considère comme des pays idéaux pour l'agriculture. Donc là aussi il nous reste beaucoup de progrès à faire. Au niveau national, je pense que la proposition de notre Premier ministre de nous diriger vers des légumes qui nécessitent moins d'eau est la bonne. Mais en même temps, au vu du contexte agricole local, je ne suis pas prêt à soutenir que c'est la bonne voie pour la région de Naxos. »Car à Naxos, l'agriculture s'appuie donc pour l'heure sur un écosystème entre la culture de la pomme de terre, qui a permis le développement de l'élevage - à l'origine du fromage graviera - et le fumier animal qui vient, en retour, fertiliser les pommes de terre. Faire disparaitre l'un de ces produits labellisés risquerait de déchirer tout le tissu économique local, d'où la frilosité de l'enseignant en agronomie. Dans tous les cas, à Naxos ou ailleurs, l'éventuelle reconversion de certains agriculteurs vers de nouvelles productions ne pourra pas se faire sans pédagogie politique ni soutien financier des États pour encourager et faciliter une telle transition. Autrement, la fertile Naxos, en première ligne face à la sécheresse qui touche le bassin Méditerranéen, pourrait bien se transformer rapidement en un champ de ruines agricole. Des vestiges devant lesquels les touristes pourront toujours à court terme venir se prendre en photos, comme ils le font devant la porte du temple d'Apollon, l'emblème de cette île grecque et de son passé.
Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-end vous emmène en Éthiopie. Notre correspondante a recueilli des témoignages de migrants éthiopiens qui ont tenté de traverser illégalement la frontière entre le Yémen et l'Arabie entre 2022 et 2023. Et, en deuxième partie, plongée en 1974 dans le Zaïre de Mobutu, pour commémorer le 50e anniversaire du « combat du siècle ». Du rêve au cauchemar, quand les Éthiopiens tentent le tout pour le tout en Arabie saouditeDes gardes-frontières saoudiens auraient tué des centaines de migrants éthiopiens. Des migrants qui tentaient de traverser illégalement la frontière entre le Yémen et l'Arabie entre mars 2022 et juin 2023. De terribles accusations de Human Rights Watch qui publiait, il y a un peu plus d'un an, une enquête explosive… Face aux preuves fournies par l'ONG, l'Éthiopie a annoncé une enquête conjointe avec les autorités saoudiennes.Rien n'a été rendu public. Et l'indignation finalement a laissé place au silence… La plupart des rescapés ont regagné leur village en Éthiopie. À quoi ressemble leur vie aujourd'hui ? Quel regard portent-ils sur ce qui leur est arrivé ? Seraient-ils prêts à repartir ?Un Grand reportage de Clothilde Hazard qui s'entretient avec Jacques Allix.Ali contre Foreman à Kinshasa : 50 ans après, souvenirs africains du « combat du siècle »C'était, il y a cinquante ans, la capitale congolaise Kinshasa accueillait l'un des plus prestigieux combats de boxe du XXe siècle, le face-à-face Mohamed Ali / George Foreman. Bien que ce combat ait opposé deux Américains et qu'il ait été calé aux horaires du public américain, il a eu un écho mondial et a suscité un considérable engouement sur le continent africain.Sept correspondants de RFI en Afrique ont collecté ces dernières semaines des témoignages qui l'illustrent et qui font revivre ce moment de retrouvailles entre Africains et Afro-américains.Au générique de ce Grand Reportage, Patient Ligodi à Kinshasa, Benoît Alméras à Abidjan, Denise Maheho à Lubumbashi, Victor Cariou à Accra, Matthias Raynal à Casablanca, Yves-Laurent Goma à Libreville et Joseph Kahongo à Kisangani. Au micro, Laurent Correau. Un Grand reportage de Laurent Correau qui s'entretient avec Jacques Allix.
C'était, il y a cinquante ans, la capitale congolaise Kinshasa accueillait l'un des plus prestigieux combats de boxe du XXè siècle, le face-à-face Mohamed Ali / George Foreman. Bien que ce combat ait opposé deux Américains et qu'il ait été calé aux horaires du public américain, il a eu un écho mondial et a suscité un considérable engouement sur le continent africain. Sept correspondants de RFI en Afrique ont collecté ces dernières semaines des témoignages qui l'illustrent et qui font revivre ce moment de retrouvailles entre africains et afro-américains.Ali contre Foreman à Kinshasa : 50 ans après, souvenirs africains du « combat du siècle », un Grand reportage collectif présenté par Laurent Correau. Au générique de ce Grand Reportage, Patient Ligodi à Kinshasa, Benoît Alméras à Abidjan, Denise Maheho à Lubumbashi, Victor Cariou à Accra, Matthias Raynal à Casablanca, Yves-Laurent Goma à Libreville et Joseph Kahongo à Kisangani. Au micro, Laurent Correau.
Dans le sud de l'Europe, l'été s'en est allé et a laissé derrière lui des centaines de milliers d'hectares de terres dévorées par les flammes. Ces dernières semaines, le Portugal a été particulièrement touché. Mais selon les chiffres de l'EFFIS, le Système européen d'information sur les feux de forêt, l'Italie est le pays de l'Union européenne qui compte le plus grand nombre d'incendies chaque année. En moyenne, 290 par an et près du double l'année dernière. Une région est particulièrement touchée et regroupe près de 45% de la superficie réduite en fumée depuis le début de l'année. C'est la Sicile.Comment la vie repart-elle après ces incendies ? Comment habitants et autorités locales tentent de prévenir ces feux, non sans mal ?« En Sicile, tout reconstruire après les flammes », un Grand Reportage de Cécile Debarge.
Aux États-Unis, le Michigan dans le nord-est du pays, fait partie des États-clés pour l'élection présidentielle de novembre 2024. Comme en Pennsylvanie, dans le Wisconsin, la Géorgie, le Nevada et l'Arizona, l'élection y est incertaine et l'État peut facilement basculer d'un camp à un autre. Le vote y sera donc crucial, en particulier, celui de la classe moyenne et des ouvriers car le Michigan se situe dans la Rust Belt, la « ceinture de la rouille », surnom donné à la région industrielle du nord-est des États-Unis. Une classe moyenne désabusée qui souffre d'un contexte économique miné depuis quelques années par l'inflation.«Michigan, l'inflation au cœur du vote ouvrier», un Grand Reportage signé Anne Verdaguer, réalisation : Pauline Leduc.
Nous sommes le 9 août 1893. Dans « La Petite Gironde », quotidien des régions du Sud-Ouest et du Midi de la France, fondé en 1872, pour lutter contre les idées de Napoléon III, un journaliste, qui a tenu à rester anonyme, écrit : « Bientôt, si nous n'y prenons garde, nous ne serons plus bons qu'à balayer les salles de rédaction (…), le reporter en jupon passera partout (…), les chefs de bureau complaisants, ajoute-t-il, l'appelleront dans leurs cabinets et lui feront, la bouche en cœur, des révélations terminées par des déclarations agenouillées. » Quatre ans plus tard, Marguerite Durand fonde « La Fronde », journal entièrement composé par des femmes. Elles y revendiquent les mêmes droits professionnels que les hommes, notamment celui de faire du reportage, à une époque où envoyer une femme sur le terrain est encore inimaginable quand bien même quelques journalistes anglo-saxonnes, surtout américaines, se sont déjà lancées dans la discipline. Des femmes qui ont refusé de se cantonner aux rubriques pour dames et ont participé, pleinement, à bousculer les règles de l'interview, à fixer les codes du récit d'aventure, qui ont porté un regard neuf sur les tranchées lors des grands conflits mondiaux. Elles sont, elles aussi, les pionnières du grand reportage. Plongeons-nous dans le parcours de quelques-unes de ces audacieuses… Avec nous : Christian Delporte, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université de Versailles, fondateur de la revue « Le Temps des médias ». « Femmes reporters – L'histoire du grand reportage par les pionnières du genre » ; Armand Colin. Sujets traités : Merci pour votre écoute Un Jour dans l'Histoire, c'est également en direct tous les jours de la semaine de 13h15 à 14h30 sur www.rtbf.be/lapremiere Retrouvez tous les épisodes d'Un Jour dans l'Histoire sur notre plateforme Auvio.be :https://auvio.rtbf.be/emission/5936 Intéressés par l'histoire ? Vous pourriez également aimer nos autres podcasts : L'Histoire Continue: https://audmns.com/kSbpELwL'heure H : https://audmns.com/YagLLiKEt sa version à écouter en famille : La Mini Heure H https://audmns.com/YagLLiKAinsi que nos séries historiques :Chili, le Pays de mes Histoires : https://audmns.com/XHbnevhD-Day : https://audmns.com/JWRdPYIJoséphine Baker : https://audmns.com/wCfhoEwLa folle histoire de l'aviation : https://audmns.com/xAWjyWCLes Jeux Olympiques, l'étonnant miroir de notre Histoire : https://audmns.com/ZEIihzZMarguerite, la Voix d'une Résistante : https://audmns.com/zFDehnENapoléon, le crépuscule de l'Aigle : https://audmns.com/DcdnIUnUn Jour dans le Sport : https://audmns.com/xXlkHMHSous le sable des Pyramides : https://audmns.com/rXfVppvN'oubliez pas de vous y abonner pour ne rien manquer.Et si vous avez apprécié ce podcast, n'hésitez pas à nous donner des étoiles ou des commentaires, cela nous aide à le faire connaître plus largement.
L'Indonésie et ses 270 millions d'habitants ont fêté le jour de l 'indépendance de la nation le 17 août dernier. Une célébration dans des conditions particulières cette année 2024, puisque le chef de l'État, Joko Widodo, a tenu à commémorer cette fête d'indépendance à « Nusantara ». La nouvelle capitale administrative de l'Indonésie. La construction de la ville, qu'on appelle aussi IKN (Ibu Kota Nusantara en indonésien), a débuté sur l'île de Bornéo courant 2022. Objectif : bâtir une nouvelle capitale « verte » et avec pour perspective « zéro émission », au centre du plus grand archipel du monde. Jakarta, située sur l'île de Java, connaît en effet de multiples problématiques : surpopulation, pollution ou encore des inondations très importantes au nord de la ville. Ce projet gigantesque de nouvelle capitale « verte », lancé par le président indonésien Joko Widodo lui-même, fait pourtant débat auprès des ONG environnementales et de certains locaux…« La construction de la future capitale indonésienne, un projet sous haute tension », c'est un Grand Reportage de Juliette Pietraszewski.À lire aussiIndonésie: la future capitale Nusantara, l'utopie «verte» du président Widodo
C'est l'histoire d'une femme, devenue une héroïne, dans un pays d'hommes. Pays d'hommes parce que le Pakistan, dans le classement en matière d'égalité homme-femme, est à l'avant-dernière place mondiale. L'histoire mérite d'autant d'être contée que cette héroïne porte l'uniforme, elles ne sont pas si nombreuses, qu'elle a sauvé d'une mort probable une autre femme, victime de la vindicte masculine. Au Pakistan, seules 13% des fillettes vont au-delà du collège, alors quand une femme fait la différence et marque les esprits, elle est vite élevée au rang de modèle féministe. (Rediffusion) « Les policières héroïnes au Pakistan », un Grand Reportage de Sonia Ghezali, avec la collaboration de Shahzaib Wahlah.
Grand Reportage nous emmène au Tigré, dans le nord de l'Éthiopie. Vingt mois après la fin de la guerre et un accord de paix, la région est toujours face à d'immenses défis. Le conflit avait opposé les Tigréens au pouvoir central éthiopien, allié de l'Érythrée voisine et d'autres régions comme les Amharas. La guerre de 2020 à 2022 pourrait avoir fait jusqu'à 600 000 morts selon l'Union africaine, avec des soupçons de génocide. Notre envoyé spécial Sébastien Nemeth s'est rendu dans cette région encore profondément marquée par la guerre.« Sur les routes d'un Tigré ravagé », un Grand reportage de Sébastien Nemeth. Réalisation : Pauline Leduc.
1960 : les colons britanniques plient bagage et l'île de Chypre devient officiellement indépendante. Vite, la situation devient instable, des heurts communautaires opposent alors les habitants d'origine grecque, majoritaires, à la minorité d'origine turque. En juillet 1974, un coup d'État téléguidé par Athènes -pour réunir Chypre à la Grèce- entraîne l'invasion des troupes turques, au motif officiel de protéger la minorité turcophone. Depuis lors, l'île est divisée en deux. Une plaie qui, du côté des Chypriotes grecs, ne s'est jamais refermée. « Chypre coupée en deux, les 50 ans d'un écartèlement », un Grand Reportage, en République de Chypre, de Joël Bronner.
D'où vient cette affirmation quand on sait que les Parisiens la boudent et que seuls les touristes semblent s'y précipiter pour se prendre en photo ou visiter les magasins de luxe ? Construite au XVIIè siècle, l'avenue n'a pas toujours été prestigieuse. Mais, depuis toujours en revanche, elle semble avoir été érigée en symbole de célébration de toutes sortes, on y fait le fête et on y manifeste. «Les Champs-Elysées : dans les coulisses de la plus belle avenue du monde», un Grand Reportage de Laura Taouchanov.
Comment survivre en Haïti, un pays vérolé par les groupes armés, qui contrôlent l'essentiel de Port-au-Prince, la capitale, et sèment la terreur au sein d'une population déjà épuisée par des années d'instabilité politique ? Les déplacés racontent la terreur et l'exil, le dénuement et l'abandon d'un État incapable de les protéger, qui laisse les autorités locales en première ligne face au risque de la contagion de la violence. « Haïti, la vie malgré les gangs », un Grand Reportage de Roméo Langlois, Catherine Norris-Trent, Marie-André Bélange, Boris Vichith et Vincent Souriau. Réalisation : Tiffanie Menta.
En Arabie Saoudite, ce samedi 18 mai 2024, un nouveau roi sera couronné. Un roi de la boxe. Le Britannique Tyson Fury affronte l'Ukrainien Oleksandr Usyk, pour la réunification des quatre ceintures poids lourds. Le gagnant deviendra, comme on dit, le « champion incontesté » de cette catégorie considérée comme la plus prestigieuse. L'enjeu sportif est colossal et les promoteurs promettent « le combat du siècle ». « Boxe, 4 ceintures pour un couronnement », un Grand Reportage de Marion Cazanove.
Elle annonce la tenue prochaine de chaque JO et veut transmettre un message de paix et d'amitié aux peuples, à travers les dizaines des milliers de relayeurs et relayeuses qui la portent. Jusqu'à la cérémonie d'ouverture le 26 juillet 2024, la flamme des JO de Paris 2024 va sillonner la France métropolitaine et l'outre-mer, en partant de Marseille, où elle arrive par bateau ce 8 mai après avoir été allumée en Grèce, berceau des Jeux de l'Antiquité. « Paris 2024, l'odyssée de la flamme d'Olympie à Marseille », un Grand Reportage de Christophe Diremszian.
On parle dans ce cas de marée blanche. Le 8 décembre 2023, une tempête secoue le Toconao, porte-conteneurs battant pavillon libérien. Au large du Portugal, un container tombe à l'eau, se perd en mer et se brise… il libère un millier de sacs de pellets, des microbilles de plastique qui vont se répandre, portées par les courants, au gré des plages de Galice. Dans ce nord-ouest de l'Espagne, c'est la panique, la région vit de la pêche et tout l'écosystème est menacé. Des semaines plus tard, la marée blanche continue d'inquiéter. « Galice : avec la crise des pellets, le monde de la mer tire la sonnette d'alarme », un Grand Reportage de François Musseau.Nous sommes sur la plage de Carnota, une des plus grandes et aussi une des plus majestueuses de Galice. Ce samedi matin, environ deux mois après l'accident du Toconao, ils sont une quinzaine de volontaires de l'organisation écologiste Ecologistas en Accion à ramasser avec un soin infime ces microbilles de plastique parsemées.Marcos est universitaire à Saint-Jacques de Compostelle. Il s'est porté volontaire pour ce ramassage : « Comme tu peux le voir, on s'aide d'un balai pour ôter la couche superficielle de sable et trouver le déchet de plastique. Le problème est que souvent les pellets se mêlent aux algues ; il faut donc faire attention. D'autant qu'on nous a expliqué de laisser sur place les algues qui font partie de l'écosystème. Dans cette zone, il n'y a pas tant de pellets que cela, mais en revanche il y a tout type d'ordures, notamment d'autres sortes de plastique. Ce qui me surprend, c'est qu'il y ait plein de pellets différents. Quand on nous a montré le déversement à la télévision, ils n'étaient que d'un seul type ; or là, il y en a de toutes formes et de toutes couleurs, c'est donc probable, nous a-t-on expliqué, qu'il y ait eu auparavant bien d'autres déversements, moins importants ou plus lointains. »Des microbilles de plastique toxiquesAccroupis face à la mer en quête de ces minuscules granulés, très difficiles à extraire, lui et les autres portent des gants afin de se prémunir contre une possible contamination. À la direction de ce ramassage méticuleux, Cristobal Lopez, un des porte-parole d'Ecologistas en Acción : « Ce sont des boules de 4 à 5 millimètres de diamètre. Elles ont un composant qui les stabilise et les protège des rayons ultraviolets ; or ce composant est toxique, explique l'activiste. Il ne va rien t'arriver si tu en touches un ou plusieurs, mais une introduction prolongée dans le milieu naturel peut le rendre toxique. On recommande aux gens de ne pas se toucher les yeux, le nez ou la bouche pendant le ramassage. En outre, le problème est que disséminé en mer, à 5 ou 10 centimètres sous le niveau de l'eau, le pellet peut être confondu avec des oeufs pondus par les poissons. Et si un poisson en avale trop, il peut mourir par inanition. (…) L'ennui avec ces nanoplastiques est qu'ils peuvent s'introduire dans le plancton et donc dans la chaîne alimentaire, ce qui veut dire qu'ils peuvent terminer sur notre table. Il faut donc décontaminer au plus vite les zones affectées afin que les gens soient rassurés et continuent à acheter des poissons et des fruits de mer de Galice (…) Ce qui se présente en mer est une sorte de soupe, très diffuse ; il s'agit d'une contamination invisible, presque trop claire, mais qui n'est pas pour autant inoffensive pour l'environnement. »Quasi invisibles, très disséminés, ces « pellets » demeurent donc une menace. Dans les premières semaines, on les ramassait par seaux entiers, ces billes blanchissaient les plages et les rochers, d'où le nom de « marée blanche ».C'est la société civile qui a réagi tout d'abord, des associations, des volontaires, des écologistes qui se sont échinés à ramasser ces billes de plastique. À Corrubedo, un jeune patron de bar en a recueilli 60 sacs à lui seul. Ce sont d'ailleurs les jeunes qui ont réagi le mieux et le plus rapidement. Luis Perez Barral a 32 ans, il est le maire nationaliste de Ribeira, une commune de 27 000 habitants très touchée par cette pollution de plastique : « Paradoxalement, ce sont les jeunes gens qui ont donné le signal d'alarme et qui ont mobilisé les volontaires via les réseaux sociaux. À mon avis, cela s'explique par le fait que nous, les jeunes, sommes très conscients de notre environnement et du changement climatique. C'est notre vie même qui est en jeu. Notre génération va connaître une mutation climatique aux conséquences quasiment insondables, et nous devons y faire face. Je crois que nous ne pouvons pas normaliser le fait que nos côtes soient polluées par des millions de plastiques et de micro-plastiques et qu'on ne réagisse pas. »La marée blanche des pellets a été un choc, le gouvernement central a même effectué douze vols et une cinquantaine d'observations satellite pour les récupérer en mer. En vains. Aujourd'hui, les pellets sont bien moins visibles et la vie continue. Et pourtant, le monde de la mer, qui structure une région toute entière, ne s'en n'est pas remis. Tout le monde y voit un sérieux avertissement.Chute de productionAna Freira Diaz est biologiste et océanographe à l'Université de Vigo. Elle a aussi beaucoup participé à des ramassages de « pellets » : « Moi, je crois que c'est une sérieuse mise en garde concernant notre environnement, c'est une mise en garde concernant notre système de marchandises ; une mise en garde qui nous oblige à considérer cet épisode comme un déversement toxique et dangereux ; une mise en garde qui a trait à notre relation avec le plastique ; une mise en en garde aussi qui doit nous pousser à actualiser notre législation en la matière. Cela affecte les animaux, car ils peuvent ingérer ces nanoplastiques, et se retrouver avec les blanchies asphyxiées. Mais le problème à long terme, c'est que nous allons continuer à observer cette décomposition, une décomposition sur laquelle il faudra bien que nous nous penchions. »La crise de ces micro-plastiques est un détonateur, une sorte de goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà plein : celui de la contamination. Et tout particulièrement la contamination des rias, ces profonds estuaires qui découpent le littoral de Galice, parmi les plus prolifiques au monde en fruits de mer, en moules, en couteaux ou en coques.Noia est une de ces charmantes communes de cette côte riche en fruits de mer, le marisquo, et qui en vit.Liliana Solis, biologiste, est la porte-parole de la principale confrérie de pêche : « La Galice se caractérise par sa pêche traditionnelle. Et dans un estuaire comme le nôtre, cela concerne tout spécialement le marisqueo, les fruits de mer. Au cours de ces dernières années, on a vu une chute de production de ce secteur. Et tout particulièrement l'an dernier, après les inondations de l'hiver 2022-2023. Il y a des facteurs environnementaux qui pèsent comme celui de l'impact des centrales électriques. Les coques et les couteaux sont des mollusques d'estuaires, qui, il faut le reconnaître, meurent parfois en masse en raison des pluies abondantes en Galice. Mais il n'y a aucun contrôle exercé sur les centrales hydroéclectriques, et les autorités ne font rien pour mesurer leur impact sur l'écosystème ni n'interviennent pour corriger l'effet sur l'écosystème ainsi que les pertes économiques pour la pêche. »Les pêcheurs, qui travaillent dans l'estuaire de Noia, ne le savent que trop bien. L'an dernier, la production a chuté si violemment que les autorités de régulation, en accord avec la confrérie, ont décidé de stopper l'activité. Afin que la faune marine se régénère.Si bien que, hormis 8 jours en octobre, les 1 200 pêcheurs de la confrérie de Noia, et leurs 550 bateaux, sont à quai depuis début 2023. Ce qui n'était jamais arrivé. Liliana Solis s'en inquiète : « C'est un secteur qui connaît de grandes difficultés depuis des années : perte d'habitat, changement climatique, problème de commercialisation… Et ces derniers temps, on a vu s'amplifier le phénomène des déchets marins. C'est une préoccupation environnementale pour laquelle on dépense beaucoup d'argent, il y a des politiques qui sont menées en ce sens, mais il reste beaucoup à faire. Car en vérité, le littoral ne peut pas supporter plus de résidus. Et la grande inquiétude est que cela impacte négativement les ressources marines pour la pêche. »Cette inquiétude, on la retrouve partout, tout au long de ce littoral déchiqueté, de La Corogne, au nord, à Vigo au sud, et au gré des quatre grands estuaires entre les deux, parmi les plus riches du monde en mollusques.« Sans la mer, je ne pourrai pas vivre »À une cinquantaine de kilomètres de là, il y a la commune de Rianxo, 11 000 habitants dans l'estuaire d'Arousa, connu pour ses moules. Nous sommes avec Dolores Gomez, 46 ans, alias « Loli » pour tout le monde. Dans son bateau de pêche : « C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. De tous les maux dont nous souffrons, les pellets sont un mal supplémentaire. Ce qu'il révèle est que nous n'étions pas préparés comme on le pensait face à un tel rejet en mer. Je me souviens de cet homme, au tout début du déversement des pellets, qui avait rempli des sacs entiers de ces plastiques ; il avait appelé partout mais personne ne l'a pris au sérieux. On n'a pas accordé au problème l'importance qu'il présente. Et ce problème s'ajoute à la contamination, au changement climatique, aux déchets, à la faible productivité. De mon côté, je vois que les gens peuvent de moins en moins vivre de la côte. Car tu ne pêches plus, tu ne gagnes pas. Avec ce que tu pêches, tu ne gagnes presque rien. Tout cela va avoir un grand effet sur ce que signifie le fait de vivre ici. »À ses côtés, dans le bar du port de Rianxo, O Taberneiro, Celia, 32 ans, aussi une force de la nature, parle d'un travail précarisé pour ces marisqueras, ces femmes qui ramassent les fruits de mer dans les estuaires, à pied ou en bateau, alors que, traditionnellement, les hommes partent plutôt en haute mer. Comme Loli, Celia Herbon milite dans le collectif « Mulheres salgadas », littéralement « Femmes salées », qui se bat contre le machisme régnant dans ce secteur : « Moi, je suis une passionnée de la pêche depuis que je suis née, je suppose. J'ai été élevée dans un bateau, sur les plateformes de moules, dans la pêche de fruits de mer à pied. À 6 ans déjà, je savais parfaitement ramasser les coques. Sur les bateaux, j'ai su très vite réparer les filets, tout… Moi, sans la mer, je ne pourrai pas vivre, je ne peux pas le dire mieux. Actuellement, ma spécialité, c'est la pêche à la moule. Ces dernières années, c'est vraiment difficile, juste, on est endetté, il faut jouer avec les prêts et les crédits à la banque ; ce sont de mauvaises années. Je vis très juste de mon entreprise. J'espère que les temps à venir seront meilleurs. »Cette crainte, cette peur de disparaître, elle existe un peu partout dans les bourgades de ces rias galiciennes, de ces estuaires, dans les ports, dans les hameaux, les moindres recoins. Il y a le sentiment que quelque chose de lointain et d'ancestral se délite, perd de sa force. Au final, marées blanches et perspectives noires, c'est ce que les pellets ont mis en lumière.Face à la crise, les jeunes diplômés pêchent aussi Revenons à Noia. Près de l'église principale, il y a un cimetière galicien typique, avec ses croix en granit, un peu comme en Irlande.Ce jour, Mercedes, bientôt 80 ans, est venu se recueillir et changer les plantes de la tombe de ses parents : « La vie de mes parents, c'était la pêche aux fruits de mer, celle de mes grands-parents aussi. Pour moi, cela n'a pas été complètement le cas. Mais bon, quand j'étais une fillette, j'allais pêcher ; j'y allais pieds nus, sans combinaison ni rien ! J'allais à Tesla, la plage de Noia, en pleine Ria ; là, il y a une étendue de sable très vaste, où les gens ont toujours ramassé des coques, avant de les amener à la halle, de les mettre aux enchères, de les vendre, pour être payé le lendemain. Moi, ensuite, j'avais travaillé pour une entreprise de bois ; j'y suis resté 17 ans. Ensuite je me suis séparée et j'ai dû revenir au marisco, mais cette fois-ci en tant que surveillante. Et la vie a continué comme ça. »Mercedes a vu passer une bonne partie du siècle dernier et de celui-ci. Elle a un fichu noir, une mantille, l'ensemble de ses vêtements et son aspect sont traditionnels, mais elle a bien observé l'évolution, les changements. Et, lorsqu'elle se souvient de sa jeunesse, lorsqu'elle allait pêcher avec son père, sa mère et ses frères, elle ne reconnait plus grand chose : « Avant, il y avait beaucoup plus de marcisco qu'aujourd'hui. Parce qu'on n'était pas si nombreux. On était des familles de 3 ou 4 frères avec des parents qui travaillent en mer. Désormais je vois des avocats au chômage qui, s'il faut aller aux fruits de mer, y vont car il faut bien manger. Je connais des jeunes bardés de diplômes qui vont ramasser des fruits de mer. Eh oui, car ils n'ont pas de travail non plus. C'est exactement comme un avocat devant émigrer en Suisse, en Angleterre, ou en Allemagne. Eh bien ceux-là, au lieu d'émigrer se rendent à une confrérie de pêche, obtiennent une licence et vont pêcher. Et on y gagne de l'argent. »« Pour Noia, c'est un désastre »Mercedes connait bien ce monde, elle connait bien aussi les mollusques, tous les fruits de mer. Elle sait aussi tout le mal que peuvent provoquer des inondations depuis les rivières qui se jettent dans les estuaires : « Les fruits de mer, s'il leur arrive trop d'eau douce, ça les tue. Et le mollusque qui vient de naître n'a pas eu le temps de se développer. Selon mon point de vue, je ne suis pas une experte, mais quand on y allait, on était nombreux, il y avait plein de fruits de mer, on y allait en bateau. 20 caisses, 30 caisses. Et maintenant non. 20, 25 kilos, pas plus, c'est toujours de l'argent. Mais il y a moins de fruits de mer. Et comme aujourd'hui ce sont 7 mois d'affilée, l'estuaire ne se régénère pas en fruits de mer. Moi, aujourd'hui, je suis curieuse de voir comment tout cela va évoluer, comment chacun parvient à se démener et trouver une solution, car l'avenir n'est pas rose. Les mollusques tout juste nés ne peuvent grandir et le banc de pêche ne donne plus grand chose… Pour l'instant, les mariscadores reçoivent des aides, certains pour une durée de 5 ans, d'autres de 10 ans. Mais c'est un désastre, pour Noia c'est un désastre, pour le commerce, pour tout... De quoi va-t-on vivre, si on a toujours vécu de cela ? »Les craintes pour l'avenir, que le déversement des « pellets » a ravivé et renforcé, elles ne sont pas seulement le fait de ceux qui pêchent dans les rias, dans les estuaires. Ceux qui lancent leurs filets un peu plus loin aussi sont inquiets.À Porto Do Son, il y a Rogelio Santos Queiroga, 46 ans, qui pêche tous les jours avec son frère à bord du Milena, un bateau qui a ses amarres dans ce port où il est né. Comme ses parents, ses grands-parents, ses arrière-grands-parents. Et la situation le désole : « Comment on a pu en arriver à ce qu'il y ait une telle quantité de plastique dans nos mers et nos océans ? Comment a-t-on pu en arriver là ? Partout j'entends, ce n'est pas grave, mais non. On arrive à un moment où on a extrait une bonne partie des ressources des océans ; il y a plein d'espèces au bord de l'extinction ou très limitées. On est à un point de bascule dans lequel, ou bien on est capable de repenser la pêche et notre façon de traiter la mer et les rivières, ou bien on va vraiment connaître une situation très difficile. Car on peut se passer de plein de choses, on peut se passer des voitures, des portables. Mais manger, cela on ne peut pas s'en passer. C'est la chose principale. »Des visions qui s'opposentRogelio porte une casquette, il porte un bouc bien taillé. Avec ses épaules très musclés, son regard déterminé et concentré, il donne l'impression d'être un roc. À l'entendre, on sent aussi que le sujet le touche au plus profond : « Alors, je suis inquiet. J'espère que cette crise aura servi à quelque chose ; j'espère qu'en retirant les pellets les gens se sont rendus compte qu'il y avait là plus de plastiques de tout type que de pellets. Et des plastiques, il y en a de tout type, des bouteilles, des emballages, etc. Et pas seulement ici, on en trouve sur toutes les plages d'Espagne et d'Europe, il y en a jusque dans les fossés de Madrid, de l'intérieur du pays, partout. Que fait-on ? C'est notre chez-nous, là où on mange, où on respire, où on joue, où on se baigne. Je ne parle pas seulement pour la pêche. Dans ma zone, plein de gens pratiquent la pêche sous-marine comme sport, font du surf. Chaque été, on reçoit des milliers de visiteurs qui viennent prendre des vacances et déguster nos produits de pêche. Qu'est-ce que nous sommes en train de faire ? Alors, cela me fait enrager quand j'entends des pêcheurs dire “Non, ce ne sont que quatre pellets ! Il y a en a toujours eu, il y a toujours eu des déchets marins !”. Comment ? Quel genre de pêcheur es-tu ? Comment peux-tu justifier cela ? »Rogelio Santos Queiroga fait partie de ces pêcheurs à la fois engagés et conscients de tout ce qui est en jeu. Il est fatigué de la mauvaise réputation des siens, ces pêcheurs qui agissent au détriment de la mer et de ses ressources. Lui affirme relâcher souvent en mer un homard qui aurait pu lui rapporter entre 150 et 200 euros, parce qu'il n'est pas encore de taille adulte. Il a créé une association de protection de la mer et, sur les réseaux sociaux, il publie des vidéos où il informe sur l'état de la mer, des espèces et sur l'évolution de la pêche. Une attitude pédagogique qui lui a valu le surnom d'« influencer de la mer » : « Des décennies d'installations d'un tout-à-l'égout dans toutes bourgades de pêche, qui ont assaini ces villages, les maisons, mais en échange cela a rempli la mer de merde. Il y a vingt ans c'était organique, c'était le water, la nourriture, etc. Mais ces dernières vingt années, il faut ajouter un record de produits chimiques de tout genre, les rejets de l'industrie, qui ne fait pas son travail et qui vont aussi vers la mer. Sans parler du boom des herbicides et pesticides de nouvelle génération pour les champs de maïs ou de pommes de terre. En Galice, vu la déclivité du littoral, quand il pleut tout se jette dans la mer. »Les fruits de mer, et pas seulement, aussi les poissons les plus divers que Rogelio recueille dans ses filets. Il voit bien qu'il y a en a de moins en moins. Et aussi pour une raison qu'en Galice on préfère taire la surexploitation.« Moi, la mer m'a donné à manger, elle m'a élevé, résume le pêcheur. Mon existence, ma maison, mon style de vie et celui de ma famille, mon sentiment d'appartenance à une communauté, tout cela a gagné en qualité au fil des années. Et tout cela grâce à ce que la mer nous a donné. »
C'est l'histoire d'une femme, devenue une héroïne, dans un pays d'hommes. Pays d'hommes parce que le Pakistan, dans le classement en matière d'égalité homme-femme, est à l'avant-dernière place mondiale. L'histoire mérite d'autant d'être contée que cette héroïne porte l'uniforme, elles ne sont pas si nombreuses, qu'elle a sauvé d'une mort probable une autre femme, victime de la vindicte masculine. Au Pakistan, seules 13% des fillettes vont au-delà du collège, alors quand une femme fait la différence et marque les esprits, elle est vite élevée au rang de modèle féministe. « Les policières héroïnes au Pakistan », un Grand Reportage de Sonia Ghezali, avec la collaboration de Shahzaib Wahlah.
Le 6 février 2023, deux tremblements de terre... 7,7 et 7,6 sur l'échelle de Richter dévaste le sud et l'est de la Turquie, ainsi que le nord de la Syrie. En un instant, plus de 9 millions de personnes ont vu leur vie bouleversée. Après, ceux qui ont pu sont partis, pour tenter de reconstruire leur vie dans d'autres villes ou à l'étranger. Les autres sont restés. Dans le Hatay, 70 % de la population a été déplacée. Un an après, plusieurs centaines de milliers de personnes sont encore logées dans des conteneurs, et la reconstruction plus lente qu'espérée. « Hatay : un an après le séisme, des ruines et des fantômes », un Grand Reportage de Céline Pierre-Magnani.
À l'heure de la transition énergétique, les terres rares sont le nouvel eldorado minier. Il faut dire que ces composants sont indispensables à la fabrication de batteries électriques et d'éoliennes, notamment. Alors, depuis que le géant minier suédois a annoncé (en janvier avoir découvert le plus grand gisement de terres rares à Kiruna, près du cercle arctique), l'Union Européenne nourrit l'espoir de s'émanciper (un peu) de la Chine, dont elle dépend totalement. Aubaine ou malédiction... Sur place, la question divise et inquiète particulièrement les Samis, le peuple autochtone du Grand Nord, dont l'activité ancestrale - l'élevage de rennes - est directement menacée. « Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines », un Grand Reportage de Carlotta Morteo.Rediffusion du 10 avril 2023.
La police française a mené, mardi 28 novembre 2023, une large descente contre une secte internationale de yoga tantrique, la fédération Atman, et arrêté des dizaines de ses cadres pour traite de personnes, endoctrinement et séquestration. Parmi eux, se trouve son gourou, Gregorian Bivolaru, un Roumain qui poussait les adeptes féminines à coucher avec lui pour une prétendue élévation spirituelle. Notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis, a enquêté pendant deux mois et parlé avec plusieurs victimes. Il révèle comment cette secte procède. De notre correspondant en Inde, La musique est douce et planante. La lumière du coucher de soleil irradie la salle, située en haut d'un hôtel de Rishikesh, une ville sainte du nord de l'Inde. Au centre de la pièce, une cinquantaine de jeunes en habits décontractés avancent les yeux fermés, les uns après les autres, dans une allée formée par leurs compagnons. D'un pas hésitant, chacun se laisse alors caresser par les mains des autres pratiquants. « Connectez-vous à vos sensations, déconnectez votre esprit et ressentez les énergies d'amour des autres », encourage la professeure, Purusha Ananda, vêtue d'une tunique rouge. Cette « marche de l'ange » représente le premier exercice d'un cours de yoga tantrique, offert par l'école Mahasiddha. Une séance d'introduction pour inciter ces jeunes à suivre un stage de trois jours, qui commence le lendemain matin : « l'énergie érotique est la source de notre puissance intérieure, explique la professeure d'une voix suave. Et je vais vous enseigner comment contrôler cette énergie pour mieux faire l'amour, et pour purifier vos émotions jusqu'à la transcendance et la communion avec Dieu ». La gratification sexuelle du maîtreCette proposition semble alléchante. Mais elle cache un visage plus obscur : celui d'une secte du tantrisme, la fédération Atman, qui pousse des centaines de jeunes femmes vers des relations sexuelles débridées. Avec un but ultime : la gratification sexuelle de son maître, Gregorian Bivolaru. Comme l'a révélé RFI, ce gourou roumain de 71 ans a été arrêté ce mardi 28 novembre dans la région parisienne, avec 40 autres membres de son réseau. Il est poursuivi pour traite de personnes, séquestration en bande organisée, abus de faiblesse en bande organisée par les membres d'une secte, et viol. Il encourt jusqu'à trente ans de prison. Plusieurs victimes ont accepté de révéler à RFI, sous couvert d'anonymat, leur parcours traumatisant dans cette galaxie du tantrisme. Des orgies forcées entre adeptesPour Silke, tout commence en octobre 2019, à Rishikesh, justement, par ce cours d'introduction de Mahasiddha, l'une des dizaines d'associations affiliées à la fédération Atman. Cette Allemande, âgée alors de 21 ans, est happée par le discours « sans tabou » sur la sexualité, agrémenté d'une forte dose de spiritualité mêlant les dieux hindous et les anges chrétiens. « Je viens d'un milieu athéiste, et tout cela était excitant et intriguant pour moi, explique Silke. J'étais aussi vulnérable, car je sortais de l'université et je cherchais un but à ma vie ». Elle rejoint cette nouvelle famille, pendant trois ans en Allemagne, puis en Roumanie, où elle est invitée pour le camp estival le plus important de la fédération, organisé par MISA, une association fondée par Gregorian Bivolaru en 1990. « Dès que vous arrivez, ils prennent des photos et vidéos de vous nue, relate Silke. Puis on vous demande quand vous voulez rencontrer Grieg », surnom donné à Gregorian Bivolaru dans la fédération. « Et c'est impossible de dire non à tout cela, car si vous le faites, on vous exclut du camp ».Pendant les deux semaines de ce stage mené à Costinesti, au bord de la mer Noire, les enseignements sont de plus en plus sexuellement explicites : les femmes doivent écouter des récits enflammés d'accouplements, et à la fin, elles sont poussées à pratiquer une orgie entre elles. « Tout cela est fait pour éroder vos limites ou votre honte à parler et entendre parler de sexe, explique Silke. Il doit aussi être normal de penser à Grieg comme votre amoureux, pour vous préparer à accepter de coucher avec lui. » MISA dément la prise de clichés nus, et reconnaît seulement demander des images en maillot de bain, « pour montrer les transformations physiques et de l'harmonie du corps attendues par la pratique du Hatha Yoga ». L'organisation qualifie du reste la tenue d'orgie de « mythe ». Une séquestration à Paris pour rencontrer Gregorian BivolaruCe camp de yoga de MISA sert, en tout cas, selon ces anciennes adeptes interrogées par RFI, de centre de recrutement de jeunes femmes pour Gregorian Bivolaru. Peu après y avoir participé, Stella, une Anglaise, a été emmenée à Paris pour rencontrer ce maître du mouvement de tantra, pour une « initiation sexuelle ». Un voyage qui prend rapidement des formes de traite de personnes : Stella a d'abord rendez-vous dans une station essence parisienne. Là, deux Roumains la placent dans une camionnette et lui mettent des lunettes opaques et un chapeau sur la tête, qui lui empêchent de voir où elle va. Elle arrive alors dans une grande maison de la banlieue de Paris. « Ils fouillent mon sac et prennent mon passeport, mes cartes de crédit ainsi que mon téléphone, qu'ils enroulent dans du papier aluminium », raconte Stella, d'une voix encore nerveuse. « Je dois aussi signer de nombreux documents assurant que je n'ai pas été violée ni fait l'objet de traite ». Pourtant, pendant les deux semaines qu'elle attendra sur place, Stella n'aura le droit de sortir qu'une fois seule de cette maison, et ne pourra appeler qu'une fois ses proches, lors d'une conversation contrôlée par les Roumains, depuis un téléphone qu'ils lui prêtent, et pendant laquelle elle ne pourra révéler où elle se trouve ni avec qui. La déification du maître de la « secte »Elle est enfin appelée par Gregorian Bivolaru. « Quand je le vois, je me dis tout de suite qu'il est frêle et vieux, et que je ne veux pas coucher avec cet homme, se souvient Stella. Et en même temps, j'entends cette voix d'endoctrinement dans ma tête, qui me dit que je suis superficielle, que je dois le voir comme l'être divin qu'il est, et que c'est une grande opportunité pour moi. » La déification de ce maître, ainsi que la culture accrue du secret, sont deux des éléments qui font dire aujourd'hui à ces anciennes adeptes que le mouvement Atman est une « secte ». « Pendant la pénétration, il a gardé les yeux fermés, et je me suis dit qu'il méditait, raconte Stella. Mais dans cet acte, le plus important pour lui, c'est de boire l'urine. Il m'a donc fait boire son urine, et il a bu la mienne. Et ensuite, il s'est allongé, et s'est endormi. En ronflant. » Silke a également rencontré Gregorian Bivolaru dans ce lugubre appartement parisien. Mais ce qui l'a plus choqué, c'est d'y voir une mineure. « C'était une Hongroise de 16 ans, et elle était venue avec sa mère, qui vivait dans l'école depuis des décennies, affirme Silke. Et Gregorian Bivolaru lui a crié dessus, car la fille ne voulait pas le sucer assez longtemps. C'est là que je me suis dit que ce n'était vraiment pas normal ». La fédération Atman n'a pas répondu à nos multiples demandes de réponses à ces accusations.Pour Silke comme pour Stella, cette relation contrainte avec Gregorian Bivolaru a brisé l'endoctrinement, et entamé le long processus de sortie de cette secte. Pour retrouver l'intégralité des témoignages et l'enquête, écoutez la version audio de ce Grand Reportage.Réalisation : Victor Uhl
Marine Le Pen est-elle aux portes du pouvoir en France ? Alors que le parti fait sa rentrée ce week-end à Beaucaire, dans le Gard, Grand reportage vous invite à une immersion dans la machine du Rassemblement national, au service de Marine Le Pen. Trois fois, elle s'est présentée à la présidentielle. Deux fois, elle est arrivée au second tour, en 2017 et 2022. Alors, l'élection de 2027, dans quatre ans, sera-t-elle la bonne ? C'est tout un parti, des dizaines d'élus, des milliers de militants qui sont tournés vers ce seul et unique objectif. « Le Rassemblement national, en ordre de marche vers 2027 », un Grand Reportage de Pierrick Bonno.
Grand Reportage, direction la République démocratique du Congo où la demande mondiale en véhicules électriques a fait exploser le marché du cobalt… ce minerai indispensable dans la fabrication de batteries électriques. Une aubaine pour la République Démocratique du Congo qui, selon l'institut du Cobalt, possède plus de 70% des réserves mondiales de ce minerai. Mais si la majorité de ce cobalt congolais est extraite de mines industrielles géantes, 10 à 20% de la production provient de mines artisanales souvent associées à la corruption, au travail d'enfant et à toutes sortes d'abus. «En RDC, la quête d'un cobalt éthique», un reportage d'Alexandra Brangeon, dans la province du Lualaba, dans l'est de la République Démocratique du Congo.
À un an tout juste de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris, le compte à rebours s'accélère pour les athlètes qui rêvent d'être présents, l'été prochain, dans la capitale française… Ceux qui visent une finale, une médaille, un titre ou même une simple participation à l'évènement le plus prestigieux qui soit pour un sportif… « Grand Reportage » est allé à la rencontre de certains de ses champions qui ont fait des JO une obsession. « Paris 2024 : leur rêve olympique », un Grand reportage de Cédric de Oliveira et Martin Guez.
En ce 60è anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. C'était le 5 juillet 1962, la fin de plus de 130 années de colonisation par la France. Cette politique, marquée notamment par la ségrégation des personnes dites indigènes, ne s'est pas appliquée que sur le territoire algérien. C'est une histoire peu connue que nous vous racontons aujourd'hui dans Grand Reportage, celle d'une enclave coloniale sur le territoire métropolitain, à l'échelle d'un hôpital. Dans les années 30, à Bobigny dans la banlieue nord de Paris, est créé l'hôpital franco-musulman, aujourd'hui nommé Hôpital Avicenne. Son fonctionnement est un condensé de l'idéologie, en cours jusqu'en 1962 en Algérie. «L'Hôpital Avicenne de Bobigny, un héritage colonial», le récit de Marie Casadebaig. (Rediffusion)
Dernier épisode de notre série consacrée aux influences russes en Afrique. Ce vendredi, nous nous intéressons aux influenceurs, comme Nathalie Yamb, Franklin Niamsy ou Kémi Seba. Des millions d'abonnés sur les réseaux sociaux où ils partagent leur haine contre l'Occident. Depuis quelques années, ces personnalités encensent aussi Moscou et sa politique de conquête menée en Afrique. Kemi Seba aurait même noué un partenariat avec le patron du groupe paramilitaire Wagner. Kemi Seba aurait touché plus de 400 000 € de Prigojine pour renforcer son influence en Afrique. En avril 2023, sur Youtube, l'intéressé confirme un partenariat avec les Russes. « "Kemi Seba a travaillé avec Prigojine"… Je suis obligé de rigoler. Je l'ai dit devant des millions de gens en Afrique francophone en 2019 ou en 2020, je ne sais plus. Sans aucun tabou, il veut nous soutenir parce qu'ils savent qu'on a les mêmes adversaires. Pousser, faire reculer l'Occident. Si on veut parler avec Wagner, on parle avec Wagner si on veut parler avec la Russie, on parle avec la Russie. Il y a quoi ? »En Afrique, ces dernières années, au fil des guerres et des coups d'État, des gouvernements pro-russes ont pris le pouvoir. En République centrafricaine, au Mali, les mercenaires de Wagner occupent aujourd'hui le terrain, demain peut-être au Burkina Faso. À Bobigny, ce jour-là, Kemi Seba assure même y avoir joué un rôle : « Vous avez vu qu'au Mali ça a bougé, on y a grandement contribué. »Et menace directement les autres alliés de la France, comme le président ivoirien : « Bientôt Alassane Ouattara… » Ou encore celui du Sénégal : « bientôt Macky Sall. Je vais dans quelques jours en Russie. »Ce lien que Moscou a noué avec Kemi Seba comme avec d'autres influenceurs, n'est pas le fruit du hasard. En Afrique, la stratégie de la conquête russe repose sur deux piliers portés par Evgueni Prigojine, la sécurité avec la milice armée Wagner et l'information, ou plutôt la désinformation. C'est là qu'interviennent ces influenceurs. En une dizaine d'années, ils ont réussi à convertir une partie de l'opinion africaine au bien-fondé de l'arrivée de Moscou dans le pré carré français.« En Afrique de l'Ouest, les gens avaient cette image extrêmement péjorative de la Russie comme un pays où lorsqu'on a la peau noire, on risque sa vie. Et en l'espace de quelques années, l'image de la Russie a complètement changé », explique Kevin Limonier, spécialiste du cyberespace russophone.« Les Russes sont venus se fixer sur un certain nombre de malaises de mal-être des sociétés africaines qu'ils ont réussi de manière strictement opportuniste à amplifier. Et c'est à partir de ce moment-là que l'on va avoir un certain nombre de personnes, des gens comme Kemi Seba qui vont surfer sur cette image positive que la Russie avait réussi à se construire sur les réseaux sociaux pour y rajouter du récit géopolitique, c'est-à-dire l'idée de dire que la Russie est la dernière grande puissance anticoloniale. C'est ça le récit tel qu'il a été construit. »Extrait du Grand Reportage consacré à ce sujet, diffusé ce vendredi 21 juillet 2023 sur notre antenne à 13h10 et 21h40 heure de Paris et sur l'application Pure radio à partir de 13h30. Notre dossierInfluences russes en Afrique► Sur France 24 Du KGB de Khrouchtchev à Poutine, les profondes racines de l'influence russe en Afrique KGB en Afrique : éclairage sur le modus operandi d'une URSS en quête d'influence
À l'heure de la transition énergétique, les terres rares sont le nouvel eldorado minier. Il faut dire que ces composants sont indispensables à la fabrication de batteries électriques et d'éoliennes, notamment. Alors, depuis que le géant minier suédois a annoncé (en janvier avoir découvert le plus grand gisement de terres rares à Kiruna, près du cercle arctique), l'Union européenne nourrit l'espoir de s'émanciper (un peu) de la Chine, dont elle dépend totalement. Aubaine ou malédiction... Sur place, la question divise et inquiète particulièrement les Samis, le peuple autochtone du Grand Nord, dont l'activité ancestrale - l'élevage de rennes - est directement menacée. (Rediffusion)« Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines », un Grand Reportage de Carlotta Morteo.
Mohammed ben Salman en visite en France pour rencontrer ce vendredi le président Emmanuel Macron. Mais au cours de sa visite, il va également chercher des investisseurs français pour ses grands projets. Le dirigeant de facto d'Arabie saoudite a lancé un programme visant à ouvrir l'économie de son pays à de nouveaux secteurs. Des changements accompagnés de réformes sociales également. Des évolutions qui correspondent aux attentes de la jeunesse saoudienne, la moitié de la population ayant moins de trente ans… En tout cas pour le moment. Oasis du nord-ouest de l'Arabie saoudite, Al Ula est le théâtre de l'un des grands projets de développement en cours. Avec les débuts du tourisme, cette petite bourgade, autrefois endormie, change de visage. Elle accueille des travailleurs de tout le pays. Des travailleurs… et des travailleuses qui bénéficient d'un assouplissement des règles imposées aux femmes. Des réformes saluées par Aroub Arab, une jeune femme venue vivre sans sa famille à Al Ula. « On vit ! On vit comme on le veut ! Mais ce n'était pas triste, avant : on avait une vie, on travaillait. Mais maintenant, nous avons beaucoup plus d'opportunités. Nous pouvons conduire, nous pouvons voyager à l'étranger sans le consentement d'un homme. Avant, ce n'était pas une tragédie, c'était notre normalité. Mais maintenant, c'est mieux », dit-elle.Riyad aussi connaît un développement rapide. La capitale saoudienne ambitionne de devenir une place forte financière, s'ouvre aux entreprises étrangères… Et au secteur du divertissement. Cafés, restaurants, cinémas longtemps interdits… Et centres commerciaux s'y multiplient. « On vient faire des courses et boire un café. Comme d'habitude. Chaque week-end, on va dans un endroit différent. On a beaucoup de nouveaux centres commerciaux à Riyad. Celui-là est très connu et nous l'aimons bien », dit Mohamed.>> À lire aussi : Grand Reportage - La «nouvelle Arabie Saoudite» dont rêve Mohammed ben SalmanMohamed Al Shamer est accompagné d'un ami. Les deux jeunes hommes ont 21 ans… et ne tarissent pas d'éloges sur ces évolutions. « Grâce à Dieu, il y a tout ici. Nous n'avons besoin de rien de l'extérieur. Nous pouvons rester ici, sans avoir besoin de voyager, de partir en vacances. Et il y a la future ville, Neom. Ce sera la meilleure ville au monde », ajoute son ami.Avec ces réformes, Mohammed ben Salman, le prince héritier saoudien, a gagné une forte popularité. Mais, il a aussi créé des attentes. En quelques années, cette modernité a été tellement intégrée qu'elle ne paraît plus exceptionnelle. Et ces jeunes issus d'un milieu plutôt favorisé boudent certains plaisirs désormais accessibles en Arabie saoudite, comme le cinéma. « Pour moi, ce n'est pas nouveau. J'ai voyagé aux Émirats, j'ai été au cinéma là-bas. Peut-être que c'est pour ça que ça ne m'intéresse pas ici. J'en ai déjà vu plein », poursuit son ami.« La prochaine étape devrait être de s'attaquer à la mentalité de nos aînés »Les jeunes Saoudiens ont l'impression d'avoir rejoint le train de la modernité, déjà passé par Abou Dhabi, Dubai ou Doha. Et ils entendent y rester. Pour ce jeune informaticien, il faut veiller à consolider ces changements. « La prochaine étape devrait être de s'attaquer à la mentalité de nos aînés. Ils doivent être convaincus que cette nouvelle aventure est formidable pour l'Arabie saoudite. Si ce n'est pas le cas, je ne sais pas ce qu'il se passera ».L'enthousiasme à l'égard de ces changements est assez largement partagé. Mais hors micro, un jeune - au chômage - reconnait avoir du mal, lui, à trouver sa place dans cette nouvelle Arabie… Et l'une des raisons évoquées est la concurrence avec les femmes sur le marché du travail : elle rend sa quête d'emploi plus compliquée.>> À lire aussi : Arabie saoudite: le prince héritier Mohammed ben Salman entame une longue visite d'État en France
En Grèce, les élections législatives se tiennent le 21 mai 2023. Un scrutin symbolisé par la lutte des deux principaux chefs de partis – Kyriakos Mitsotakis d'un côté, Alexis Tsipras de l'autre – qui sont également les deux derniers Premiers ministres grecs. Dans un pays encore très marqué par les conséquences, à partir de 2008, d'une crise de la dette publique, suivie par l'imposition de politiques d'austérité, les questions économiques sont au cœur de la campagne électorale. Une campagne également contaminée par un scandale d'écoutes dit le « Watergate grec » et un accident de trains meurtriers, début mars 2023, qui a bouleversé le pays. « Élections en Grèce : continuer à réparer après la crise », un Grand Reportage de Joël Bronner.
Kounsitel. Vous connaissez peut-être le nom de ce village ou plutôt de cette petite ville du nord de la Guinée. Il y a deux ans, Kounsitel comptait quelques milliers d'habitants seulement, et puis, il y eut cette rumeur qui se répandit sur Internet et à travers toute l'Afrique de l'Ouest : la terre rouge qui entoure Kounsitel contiendrait d'importantes quantités d'or ! Du jour au lendemain, des aventuriers de tous horizons débarquèrent avec l'espoir de faire fortune. Aujourd'hui le calme revient, un peu. « Kounsitel en Guinée, l'avenir plombé d'une cité d'or » un Grand Reportage de Matthias Raynal.
À l'heure de la transition énergétique, les terres rares sont le nouvel eldorado minier. Il faut dire que ces composants sont indispensables à la fabrication de batteries électriques et d'éoliennes, notamment. Alors, depuis que le géant minier suédois a annoncé (en janvier avoir découvert le plus grand gisement de terres rares à Kiruna, près du cercle arctique), l'Union Européenne nourrit l'espoir de s'émanciper (un peu) de la Chine, dont elle dépend totalement. Aubaine ou malédiction... Sur place, la question divise et inquiète particulièrement les Samis, le peuple autochtone du Grand Nord, dont l'activité ancestrale - l'élevage de rennes - est directement menacée. « Terres rares en Laponie, les Samis face aux mines », un Grand Reportage de Carlotta Morteo.
Ils viennent d'Odessa, de Kherson ou de Mykolaïv. Ils ont fui la guerre en Ukraine pour se réfugier en Moldavie, un petit pays d'Europe oriental enclavé entre la Roumanie à l'ouest et l'Ukraine à l'est. Sur les 8 millions de personnes qui ont fui le conflit, 600 000 ont transité par la Moldavie et 102 000 se sont installées dans cette république qui partage plus de 1000 Km de frontières avec le voisin ukrainien. La Moldavie est donc l‘un des pays qui accueillent le plus grand nombre de victimes du conflit entre la Russie et l'Ukraine, si l'on s'en rapporte à sa population générale estimée à 2,6 millions d'habitants. Un an après le début de l'offensive russe, le 24 février dernier, notre reporter, Igor Strauss s'est rendu en Moldavie pour voir les conditions d'accueil de ces réfugiés, leurs besoins, leurs doutes et leurs espoirs. Alors que le conflit s'éternise et que tout retour au pays devient utopique dans un futur proche, comment vivent-ils cette situation ? Comment se projeter dans l'avenir quand cet avenir est incertain et qu'il s'écrit en pointillé ? Nous avons suivi le travail de l'ONG Médecins du monde qui offre un suivi psychologique aux réfugiés Ukrainiens mais aussi aux moldaves et aux humanitaires qui travaillent sur le terrain et qui sont, eux aussi, affectés par les récits glaçants en provenance du front ukrainien. Et côté moldave, comment gérer sur le long terme, cet afflux de réfugiés ? Comment les loger, les soigner, les rassurer, leur offrir un avenir dans un pays qui fait face à de grosses difficultés structurelles, d'accès à l'emploi et aux soins ? L'accueil des réfugiés ukrainiens en Moldavie, un reportage long format signé Igor Strauss réalisé par Didier Bleu. Traduction Igor Tarus.
Trois ans après l'entrée en vigueur du Brexit, le quotidien des pêcheurs irlandais est devenu infernal. Ils se disent sacrifiés par la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne et asphyxiés par des quotas de pêche de plus en plus restrictifs. L'accord prévoit que 25% des droits de pêche de l'UE dans les eaux britanniques soient progressivement transférés au Royaume-Uni d'ici 2026. Les Britanniques semblent donc être les grands gagnants du Brexit face à leurs voisins celtiques qui perdent un pilier de leur économie. Faute de quotas, jusqu'à un tiers des chalutiers irlandais cherchent à quitter l'industrie. « La lente agonie des pêcheurs irlandais », un Grand Reportage de Laura Taouchanov.
La France renforce sa présence sur le flan Est de l'Europe, non loin de l'Ukraine… Depuis quelques semaines, elle engage des moyens lourds, une vingtaine de véhicules blindés d'infanterie, et un escadron de 13 chars Leclerc en Roumanie. Le conflit en Ukraine a placé Bucarest aux avant-postes des missions de réassurance de l'Alliance Atlantique… «Mission Aigle : les chars Leclerc en 1ere ligne», un Grand Reportage de Franck Alexandre.
Ils sont les «petites mains» de l'hôpital, des hommes et des femmes que les patients ne croisent pas. Et pourtant, c'est aussi grâce à eux que l'hôpital tourne chaque jour. Cuisiniers, employés chargés de préparer les plateaux repas ou de changer les draps des patients, électriciens, plombiers, logisticiens... Ils ne sont pas soignants, mais eux aussi sont venus travailler pendant la crise sanitaire, même quand les risques étaient inconnus, en tout début de pandémie. Nous les avons suivis pendant une journée. Quel est leur rôle, au quotidien, au sein de l'hôpital ? Comment voient-ils leur métier, eux qui se sentent parfois «oubliés» ? Et comment sont-ils perçus par leurs collègues en blouse blanche ? ► Portraits réalisés par Charlie Dupiot, au cœur de l'Hôpital Lariboisière AP-HP à Paris (Xᵉ arrondissement).
Karim Benzema a remporté le Ballon d'Or hier (17 octobre 2022) qui récompense le meilleur joueur de la planète lors de la saison écoulée… À bientôt 35 ans, l'attaquant français a été irrésistible la saison passée avec le Real Madrid et entre un peu plus au panthéon de son sport… Lui, le phénomène de précocité qui a tout gagné avec le club espagnol, mais a aussi vécu une histoire contrastée avec l'Équipe de France… «Karim Benzema, itinéraire d'un Ballon d'Or», un Grand Reportage de Cédric de Oliveira et Antoine Grognet.
Grand Reportage nous emmène aujourd'hui en Autriche, où une randonnée retrace l'exode des Juifs vers la Palestine après la Seconde Guerre mondiale. À l'été 1947, entre 5000 et 8000 survivants de la Shoah, en majorité originaires d'Europe de l'Est, quittent clandestinement l'Autriche pour rallier l'Italie et gagner ensuite la Palestine. Ils durent, pour cela, marcher plus de 8 heures et traverser le col du Krimmler Tauern, haut de 2600 mètres. Un trajet éprouvant que des centaines de volontaires refont chaque été, sous la houlette de l'association « Alpine Peace Crossing », afin de rendre hommage à ces rescapés. Isaure Hiace était aux côtés des marcheurs, en juillet dernier. « En Autriche, une randonnée pour se souvenir de l'exode des Juifs après la Seconde Guerre mondiale », un grand Reportage d'Isaure Hiace.