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L'Égypte, premier importateur de blé au monde, vise à s'approvisionner toujours plus sur le marché local. Les autorités ont annoncé vouloir acquérir cinq millions de tonnes l'année prochaine pour leur programme de pain subventionné, soit un million de plus que cette année. Les ambitions des autorités égyptiennes sont-elles réalistes ? Répondre à la question, c'est s'interroger sur la capacité de production du pays. L'Égypte a récolté cette année autour de neuf millions de tonnes, ce qui a permis au gouvernement d'en acheter quatre millions pour produire du pain subventionné. Acheter sur le marché local 25% de plus de blé, en un an, ce serait un bond énorme, relève un expert de la filière, et une véritable prouesse. Le ministère égyptien de l'Approvisionnement s'appuie sur un programme d'expansion des terres agricoles en zone désertique, projet lancé en 2021, et mise aussi sur la sélection de blé plus productif. D'où son ambition d'atteindre l'auto-suffisance pour ses achats publics, mais on en est pour l'instant encore loin : les besoins nécessaires à la production de pain subventionné sont évalués à environ 9 millions de tonnes. Forte dépendance aux importations Malgré sa volonté d'importer moins pour économiser des devises, l'Égypte reste un importateur majeur, rappelle Damien Vercambre, du cabinet Inter-courtage. Le pays importe en moyenne treize millions de tonnes de blé. Comme la production locale, une partie de ces achats reviennent au secteur privé égyptien, pour alimenter le marché libre du pain, et l'autre est contractée par l'Agence publique qui permet la commercialisation d'un pain dix fois moins cher dont profitent 71 millions de personnes. La consommation est à peu près stable et a peu de chance de baisser : le pays compte chaque année deux millions d'habitants supplémentaires par an. Les besoins en blé du pays ne peuvent être que croissants, estime François Luguenot, expert en marchés céréaliers, même si les importations semblent avoir atteint un plateau. Achats perturbés à l'international Cette année, les importations n'ont pas été à la hauteur des besoins du pays. Le premier acheteur de blé au monde a totalement changé sa façon de procéder : les achats de blé ont été confiés à une agence liée à l'armée, en fin d'année dernière - Mostakbal Misr -, qui procède désormais par marché de gré à gré et non plus via des appels d'offre transparents. Cette transition a provoqué la frilosité de plusieurs multinationales du négoce, ainsi que des retards de paiement, et des ruptures de contrats, selon l'agence Reuters. Au premier semestre, les importations ont baissé d'un quart par rapport à l'année dernière. Ce bouleversement commercial a entraîné une baisse des stocks publics à un niveau beaucoup plus bas que l'objectif fixé par le gouvernement. Une baisse qui prouve l'importance pour l'Égypte d'importer et de le faire à un rythme soutenu. 500 000 tonnes de blé de la mer Noire, sont attendues entre décembre et janvier, selon l'agence Bloomberg et attestent, dit-on dans le secteur, d'une certaine normalisation, et d'un retour à plus de fluidité dans les achats.
Après des mois de morosité, les consommateurs chinois se tournent à nouveau vers le luxe. Mais si le rebond est net, ce n'est pas encore une reprise complète tant attendue. Pourquoi cela ? Les tensions sur le marché immobilier et la baisse de la confiance des ménages ont pesé sur ces dépenses non essentielles ces dernières années. Et ce notamment chez les consommateurs à revenus moyens. Aujourd'hui, un vent nouveau souffle pour le secteur du luxe en Chine. On est certes encore loin de la période pré-Covid où la Chine était sur le point de devenir le premier marché mondial du luxe. Mais les résultats des grandes marques sont encourageants. Les ventes de Burberry ont progressé de 3% au dernier trimestre. Le géant suisse Richemont, propriétaire notamment de la marque Cartier, a vu ses ventes se stabiliser. LVMH, de son côté, renoue avec une légère croissance, mais croissance tout de même. Mais les grandes marques occidentales font face à un nouveau défi, l'émergence du luxe made in China. Celles-ci, en effet, observent la concurrence accrue de la part des marques chinoises. Les marques haut de gamme à des prix abordables Leurs noms ne vous disent probablement rien, mais leurs ventes explosent. Citons Laopu Gold, un joaillier chinois surnommé « le Hermès de l'or ». Fondé en 2009, par un ancien fonctionnaire, aujourd'hui installé dans de gigantesques centres commerciaux, le groupe a fait il y a un an son entrée en Bourse à Hong Kong et vient d'ouvrir sa première boutique à Singapour. Parmi d'autres marques on retrouve Songmont, un pionnier des sacs innovants présentés comme d'authentiques compagnons de vie. La marque a déjà défilé deux fois à la Fashion Week de Paris. Ou encore le magnat des cosmétiques haut de gamme Mao Geping. Récemment, cette maison a levé 280 millions de dollars. Le marché du luxe chinois pèse pour près de 50 milliards de dollars. C'est 15% du marché mondial du luxe. Ce dernier devrait peser pour 328 milliards de dollars en 2025. Certaines sociétés chinoises font le double du chiffre d'affaires des marques tricentenaires installées Place Vendôme à Paris. Alors qu'elles n'ont pas vingt ans d'âge. Les points forts du made in China Leurs ventes ont explosé grâce aux plateformes. Leurs chiffres d'affaires ont été multipliés par deux, par trois, voire par quatre ces derniers trimestres. Alors que les grands noms du luxe internationaux ont vu leurs ventes chuter de moitié pendant la même période. Ce qui compte pour les consommateurs et les consommatrices chinoises c'est l'esthétique orientale traditionnelle, l'approche responsable, les circuits durables ainsi que l'innovation. Une image haut de gamme à des prix abordables, cela compte aussi. Quelle sera la prochaine étape ? Sans doute l'expansion de ces acteurs à l'international. Mais pour y parvenir, ces entreprises devront assurer leur croissance. Notamment en renforçant leur gouvernance. Et en s'inscrivant dans une vision à long terme qui leur permettra de durer. À lire aussiLVMH, Gucci, Prada: le luxe touché par le ralentissement des achats touristiques
Plus de 150 entreprises françaises sont attendues à la Maison de la Chimie, à Paris, ce lundi 17 novembre, pour le sommet Choose France. Une édition rassemblant - cette fois - uniquement des groupes tricolores ; elle intervient alors que l'industrie française traverse une période difficile. C'est un rendez-vous devenu incontournable depuis 2018. Chaque année, Emmanuel Macron convie au château de Versailles des investisseurs étrangers qui font le choix de la France, l'occasion d'annoncer des projets qui se chiffrent à plusieurs milliards d'euros. Cette fois, seules les entreprises tricolores sont invitées pour cette « édition France » du sommet. À l'Élysée, on veut « célébrer la France qui réussit », montrer « qu'en dehors des débats politico-médiatiques, il y a des entreprises qui continuent d'investir ». Ce sommet s'inscrit d'ailleurs dans une séquence politique : il y a dix jours, le salon du Made in France se tenait à la porte de Versailles, et ce week-end, Emmanuel Macron a inauguré l'exposition du Fabriqué en France. Cette fois, d'après Bercy, l'idée est de « montrer qu'il y a une réalité qui dépasse le contexte budgétaire et l'instabilité internationale ». Une « nouvelle phase de désindustrialisation » Pourtant, pour les entreprises tricolores, la réalité est plutôt sombre. Au premier semestre 2025, il y a eu 44 ouvertures de sites industriels, contre 82 fermetures. Le solde est positif si on inclut dans les chiffres les extensions de sites, mais le constat de la Direction générale des entreprises est clair : il y a un « ralentissement de la réindustrialisation ». Pour Anaïs Voy-Gillis, chercheuse associée à l'université de Poitiers, cela va même plus loin. D'après elle, « on est dans une phase de destruction de valeur industrielle, une nouvelle phase de désindustrialisation ». Parmi les secteurs en crise, on note l'automobile. Avec, par exemple, l'annonce, il y a quelques jours, par l'équipementier allemand Mahle de la fermeture de son site de Moselle. L'agroalimentaire souffre également, à l'image de Danone qui va fermer son usine historique de Blédina, à Villefranche-sur-Saône. Discussions « à bâtons rompus » Alors qu'est-ce qui bloque ? Il y a l'instabilité politique en France, qui « retarde les investissements des entreprises », pour Anaïs Voy-Gillis. La féroce concurrence internationale est également l'un des facteurs qui explique ce ralentissement, venue notamment de Chine, qui inonde le marché européen de ses excédents de production. La semaine dernière, un collectif d'entrepreneurs français publiait, dans le Journal du dimanche, une tribune dénonçant la surtaxation et l'empilement des normes. Pour les entreprises françaises, ce sommet sera donc l'occasion d'évoquer toutes ces difficultés. À Bercy et Matignon, on promet des discussions « à bâtons rompus » avec les industriels. À lire aussiAu salon Made in France, les circuits courts s'opposent à la «fast fashion»
Le concentré de tomate chinois est toujours le plus exporté de la planète, mais les indicateurs commerciaux ne sont plus aussi bons qu'avant : les ventes chinoises progressent de plus en plus lentement. Le tassement des exportations chinoises est principalement dû à la volonté de plusieurs pays de se démarquer et de moins consommer de concentré de tomates chinois, pour des raisons liées à sa qualité, mais aussi pour des questions plus idéologiques : les trois-quarts de la production viennent de la province du Xinjiang, à l'ouest de la Chine, région souvent pointée du doigt pour sa répression des populations ouïghoures. « Plus personne ne veut de ce concentré-là », résume un observateur de la filière. Au troisième trimestre, les exportations ont baissé de 13% par rapport au deuxième trimestre, et de 9% par rapport à l'année dernière, selon Tomato News, le site d'information de l'Association internationale méditerranéenne de la tomate transformée (AMITOM) et du Conseil mondial de la tomate d'industrie (CMITI). Chute des ventes en Europe de l'Ouest La situation est très contrastée avec des importations en hausse en Amérique centrale, en Extrême-Orient, dans les pays de l'Est de l'Europe tels que la Croatie, la République tchèque et la Pologne, et en parallèle, des régions du monde qui ont mis un coup de frein à leurs importations chinoises. C'est en Europe de l'Ouest que la baisse est la plus notable selon Tomato News, avec une chute de 67% entre le troisième trimestre 2025 et celui de 2024, soit 26 000 tonnes en moins. La tendance à la baisse est portée par l'Italie, mais aussi le Portugal, l'Irlande, la Suède et les Pays-Bas. Les pays d'Europe de l'Ouest n'ont pas moins consommé, mais ils essaient de se fournir plus en Europe, et peuvent aussi acheter davantage aux États-Unis grâce aux bons rendements obtenus en Californie cette année, explique un de nos interlocuteurs. Baisse en Afrique de l'Ouest Les exportations de concentré chinois ont baissé dans plusieurs pays d'Afrique également. Si on compare le troisième trimestre 2025 à celui de 2024, on constate une baisse des achats de près de 9 000 tonnes. Plusieurs pays ont réduit leurs importations : le Nigeria, le Ghana, la RDC et le Niger. Une baisse atténuée, mais pas totalement, par les importations du Togo, du Bénin et de la Sierra Leone, selon Tomato News. Les exportateurs chinois dominent cependant toujours le continent africain. « Très peu d'autres pays parviennent aujourd'hui à exporter vers l'Afrique, un marché qui continue de croître », a rappelé Martin Stilwell, le président de Tomato News, lors des journées de la Tomate (ANUGA) qui se sont tenues le mois dernier à Cologne en Allemagne. Chute des prix du concentré chinois La Chine exporte moins en Europe et a vu ses recettes liées aux exportations mondiales de concentré chuter de 30% sur un an, pour atteindre le niveau bas d'avant Covid-19. Cette chute est liée à la surproduction chinoise d'il y a un an qui avait été suscitée par l'envolée des prix du concentré. La Chine a grosso modo produit cinq millions de tonnes de trop, explique un expert de la filière. Un volume impossible à absorber sur un marché globalement stable où la consommation de tomates d'industrie est plus ou moins de 38 à 40 millions de tonnes chaque année. Les stocks chinois ont grossi et les usines chinoises qui s'étaient lancées ou relancées dans la transformation l'année dernière ont dû réduire, voire geler, leur activité en 2025 en attendant de liquider leurs réserves de concentré. Des réserves vendues à des prix cassés : environ 600 dollars la tonne, soit presque la moitié des prix pratiqués par les exportateurs chinois un an plus tôt. Les prix aux États-Unis ont suivi la même tendance, tout en restant plus élevés. En Italie, l'autre acteur qui compte sur le marché, ils se sont maintenus grâce à un positionnement sur le secteur premium, qui permet aux transformateurs de mieux valoriser leurs produits. À lire aussiConcentré de tomates: boom historique des exportations, hausse des stocks et baisse des prix
Des tankers devenus porte-drones ! Depuis un mois, les Européens sont tour à tour touchés par des vols de drones militaires au-dessus de leur territoire. Par mesure de sécurité, plusieurs aéroports, notamment en Allemagne, en Suède ou en Belgique, ont dû retarder ou annuler des vols. Les enquêtes révèlent que ces drones décollent en pleine mer sur des navires de marchandises appelés navires fantômes. Commandés par la Russie, ils transportent du pétrole acheté à prix coûtant en détournant les plafonds de prix fixés par l'Union européenne. Une sanction commerciale imposée en 2022 à cause des attaques en Ukraine. Des bateaux invisibles pour un transport adapté à déjouer les règles. À lire aussiComment un petit assureur néo-zélandais a aidé la flotte fantôme russe
Journée historique en Guinée. Ce mardi 11 novembre marquera le lancement de la mine de Simandou, cette immense réserve de deux milliards de tonnes de fer à haute teneur. Une mine dont les Guinéens attendaient l'exploitation depuis trente ans. Bientôt, les deux principaux opérateurs, Winning Consortium Simandou (WCS), un consortium d'entreprises chinoises, et Simfer, une filiale de l'anglo-australienne Rio Tinto associée à la chinoise Chinalco, exporteront 120 millions de tonnes de fer par an, générant des milliards de dollars de revenus pour l'État guinéen. Ce projet lèguera aussi un chemin de fer de plus de 600 km entre le port de Morebaya et la mine dans l'est du pays. Et prévoit la construction, dans un deuxième temps, d'un port en eau profonde et d'une usine de transformation du minerai. Le ministre des Mines Bouna Sylla répond aux questions de RFI. RFI : Ce mardi 11 novembre marque le lancement du projet Simandou. Cela fait presque trente ans que l'on parle de ce projet, qui se concrétise enfin. C'est un jour historique pour la Guinée. Est-ce une satisfaction pour vous ? Bouna Sylla: C'est plus qu'une satisfaction. C'est plutôt le passage du rêve à la réalité pour des millions de Guinéens. Depuis nos pères fondateurs, tous les dirigeants qui se sont succédé ont eu pour objectif de réaliser ce projet. Finalement, c'est grâce au leadership du président de la République, Mamadi Doumbouya, que ce projet voit le jour de manière concrète, avec les infrastructures que vous voyez devant vous. Ce gigantesque projet est le plus gros projet mine-infrastructures dans le monde, avec 20 milliards de dollars d'investissements. Comme vous le dites, ce sera un des plus grands projets miniers du monde. Les entreprises doivent produire et exporter à terme 120 millions de tonnes de fer par an. Cela va générer des revenus considérables pour l'État guinéen à travers des taxes et des impôts. À combien chiffrez-vous ces revenus ? Quand on atteindra les 120 millions de tonnes, ce sera environ deux milliards de dollars de revenus qui seront générés par le projet, sans compter les revenus indirects. Le projet ne sera pas uniquement pour l'exportation du minerai brut, comme on l'a connu par le passé, mais ce minerai sera également transformé sur place pour plus de valeur ajoutée. Les premières années, les entreprises bénéficieront d'exonérations d'impôts relativement importantes. Les dix premières années, Winning Consortium Simandou (WCS) ne payera pas d'impôts sur les sociétés et Simfer bénéficiera d'une exonération de 50 % les huit premières années. Pourquoi ces exonérations aux entreprises ? Dans l'industrie minière, les revenus les plus sûrs sont les royalties, c'est-à-dire les taxes minières. Il n'y a pas d'exonération sur les taxes minières. Dans le cas de Simfer, les impôts sur les sociétés sont remplacés par le pilier deux de l'OCDE pour que, dès les premières années de profits, il y a 15 % de profits qui sont partagés avec l'État. À la fin de la période de l'impôt minimum forfaitaire de l'OCDE, on passera au droit commun qui est de 30 %. Dans combien de temps atteindra-t-on la production de 120 millions de tonnes de fer ? Dans les accords, c'est trois ans. Mais avec l'avance qui a été prise par les partenaires industriels dans la réalisation du projet, nous atteindrons ces 120 millions de tonnes au bout de deux ans. Simandou en phase d'exploitation représente environ combien d'emplois directs et indirects ? En phase de construction, c'est plus de 50 000 emplois. En phase d'exploitation, c'est entre 10 000 et 15 000 emplois directs, sans compter tous les emplois indirects. Quand vous mettez tout ça ensemble, cela sera au moins plus de 20 000 emplois. On est en train de passer de la phase de construction de la mine à la phase d'exploitation. Ces prochains mois, on va vers une perte de 30 000 emplois à peu près. Justement, dans le cadre du comité stratégique du projet Simandou, on a une task force qui s'appelle la « Task force de mobilisation » afin d'éviter que les 50 000 personnes qui travaillent sur ce projet ne se retrouvent pas au chômage. C'est pour cela que nous travaillons pour créer de nouveaux projets dans le cadre du programme Simandou 2040. Dans le secteur minier, on a un projet de raffinerie qu'on a lancé au mois de mars dernier, qui va absorber une partie de ces employés. D'ici à la fin de l'année, on va lancer un nouveau projet de raffinerie de transformation de bauxite en alumine. Tous ces projets que nous allons lancer permettront d'absorber, dans le cadre de la remobilisation des démobilisés du projet, ces 50 000 personnes et leur trouver des perspectives. Ce qui va permettre de réduire la pauvreté dans le pays. Les conventions ont été renégociées en 2022 et 2023 sous le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Qu'est-ce qui a changé à la suite de ces renégociations ? Au niveau fiscal, on a amélioré substantiellement les revenus attendus par l'État dans le projet de plus de 20 % par rapport aux conventions initiales. Mais aussi, chose extrêmement importante, les infrastructures telles que renégociées vont faire du transport marchandises, passagers et minerais. Il y aura un train de passagers par jour dans chaque direction et trois trains marchandises par semaine, ce qui permettra d'augmenter encore plus l'impact économique du projet pour l'ensemble du pays. Les conventions ont été renégociées en 2022 et 2023. Une partie des résultats de ces négociations ont été publiés, mais pas tout. Notamment, la convention de codéveloppement, qui crée la Compagnie du Transguinéen (CTG) et qui encadre la gestion des infrastructures du projet, n'a pas été publiée. Certains observateurs estiment que c'est un manque de transparence. Quand est-ce que cette convention sera publiée ? Il faut se rendre compte que c'est un projet complexe. Il entre en production aujourd'hui, mais il y avait quelques documents qui étaient en cours d'ajustement. Après la construction des infrastructures, il faut six mois de mise en service pour s'assurer que l'ensemble de l'infrastructure est robuste. C'est après tout cela que l'on peut entrer dans les questions de publication des documents. On ne va pas publier quelque chose alors qu'on a six mois de mise en service. À la fin de la mise en service, c'est validé par les certificateurs indépendants internationaux qui sont recrutés, qui disent : « Tout est ok. Voici le coût des investissements. Le chemin de fer fonctionne bien, la signalisation fonctionne bien. Les boucles ferroviaires, etc. » C'est à la fin de tout cela que l'on pourra publier. Mais une fois que la mise en service du projet est finalisée, c'est-à-dire pas avant six mois, vers juin 2026. Puisque cette convention, pour l'heure, n'est pas publiée, on a peu de précisions encore sur la CTG qui sera l'opérateur des infrastructures. Quel est le statut de cette entreprise ? Les entreprises minières vont-elles, par exemple, devoir payer une redevance pour utiliser les infrastructures ? Qu'est-ce que va rapporter à l'État guinéen ? C'est une société anonyme, privée, de droit guinéen, qui est propriétaire des infrastructures et qui est opérateur de ces infrastructures pour les 35 prochaines années. Le modèle économique du projet, c'est que les principaux clients de la CTG, ce sont les mines. Les mines vont faire transporter leurs minerais sur le chemin de fer et l'exporter via le port. Ce n'est pas gratuit, ils vont payer des redevances d'utilisation de l'infrastructure. Ce sont ces redevances qui permettent à la CTG de fonctionner, mais également de rembourser les dettes contractées pour le financement de la réalisation de l'infrastructure. Certains responsables guinéens ont affirmé à plusieurs reprises que les entreprises minières construisaient un port en eau profonde pour accueillir les minéraliers, qui sont les bateaux servant à exporter le fer. Pourtant, sur les sites Internet de Simfer et de Winning Consortium Simandou, il est indiqué qu'ils construisent des ports de barges qui, elles, iront en haute mer pour déposer le fer sur des minéraliers. Finalement, quel type de ports aura-t-on pour ce projet ? À la fin de l'atteinte des 120 millions de tonnes, au bout de deux ou trois ans, on va engager les études de faisabilité pour l'extension de la capacité du port, pour passer à un port en eau profonde. Il faut d'abord faire les études de faisabilité qui nous diront combien de temps prendra la construction de l'infrastructure. Les conventions prévoient que les entreprises fassent une étude de faisabilité dans les deux ans, soit pour une aciérie d'une capacité de 500 000 tonnes par an, soit d'une usine de pellets - un produit intermédiaire entre le fer et l'acier - d'une capacité de deux millions de tonnes par an. En Guinée, l'un des problèmes majeurs pour l'industrialisation, c'est le manque d'énergie. Avec quelles solutions énergétiques peut-on construire de telles usines en Guinée ? Déjà, il y a une capacité aujourd'hui hydroélectrique qui permet de fournir de l'énergie à ce projet d'aciérie ou d'usines de pellets de 2 millions de tonnes. Il y a un barrage en construction de 300 mégawatts, qui est à plus de 45 % terminé. Il y a d'autres projets thermiques qui sont également en construction. Il y a une planification énergétique aujourd'hui du pays pour aligner les besoins énergétiques et industriels du pays avec le développement de nouveaux projets. Ce projet Simandou, avec les flux de revenus que cela va générer pour l'État, permettra également d'avoir plus de capacités de financement pour de nouvelles capacités énergétiques. En Guinée, il y a un autre grand gisement de fer, c'est la mine de fer du mont Nimba, qui n'est pas très loin de Simandou d'ailleurs. Ce projet reste bloqué parce que jusque là, les entreprises privilégiaient de faire sortir le minerai par le Liberia qui est plus proche, alors que l'État guinéen privilégiait une sortie par un port guinéen. Aujourd'hui, l'option que vous privilégiez, c'est de faire un raccordement entre le chemin de fer de Simandou et le mont Nimba ? La volonté du gouvernement, c'est de faire une boucle ferroviaire sur l'ensemble du pays. Le gisement du mont Nimba est à 130 kilomètres du chemin de fer de Simandou, ce n'est pas très loin. La question de capacité ne se pose pas, car il y a une capacité disponible sur l'infrastructure ferroviaire. Cela augmente aussi la viabilité du projet de Nimba, du fait de la disponibilité de l'infrastructure du Simandou. Il y a d'autres projets miniers de moindre envergure qui sont aussi en souffrance depuis un moment. Notamment la bauxite à Dabola-Tougué et le fer à Kalia, dans la région de Faranah. Envisagez-vous aussi de faire des raccordement de chemin de fer pour relancer ces projets miniers ? Tout le mérite de ce projet Simandou tel qu'il est pensé, conçu et réalisé, c'est d'être une infrastructure multi utilisateurs. Cela veut dire qu'il y a un droit d'accès des tiers qui sont le long du corridor. Vous avez parlé du projet de bauxite de Dabola-Tougué, du projet de minerai de fer de Kalia, et on vient de parler du mont Nimba. Tous ces projets négocieront des accords d'accès ferroviaire pour pouvoir transporter leurs minerais vers les ports qui se trouvent sur la côte. L'avantage du co-développement, c'est que ça permet d'avoir une infrastructure qui est économiquement viable parce que ça réduit les dépenses d'investissement de capital (Capex) pour tous les investisseurs. Cela permet aussi aux mines de pouvoir transporter leurs minerais à des prix compétitifs et devenir beaucoup plus viables. Le minerai de Kalia, s'il n'y avait pas la disponibilité de cette infrastructure, est difficile à sortir, car il est piégé dans l'arrière-pays. Mais du fait de la disponibilité de cette infrastructure et du droit d'accès qu'elle offre, avec des principes tarifaires extrêmement transparents pour tous les utilisateurs, c'est une chance pour tous les projets qui se trouvent le long du corridor d'être sur le marché. Une chance aussi pour la Guinée d'avoir à réaliser ces infrastructures conformément à cette vision. Sinon, on allait se retrouver avec une infrastructure dédiée uniquement au minerai de fer de Simandou, ce qui n'avait aucun sens. Malheureusement, sur les chantiers, il y a eu un certain nombre d'accidents et de morts. Winning Consortium a déclaré en octobre qu'il y avait eu deux morts chez eux. Nos confrères de Reuters ont publié en mars une enquête dévoilant qu'il y avait eu une dizaine de morts chez Winning Consortium. Au mois d'août, il y a eu un mort chez Rio Tinto. Quel est votre bilan du nombre de morts sur les chantiers ? Je ne commente pas les chiffres, mais ce que je peux vous dire que pour tous ces accidents, on a recruté des firmes indépendantes pour des enquêtes. Les résultats de ces enquêtes vont être révélés. Mais votre bilan, combien y a-t-il eu de morts sur la phase de construction en tout ? Comme je vous ai dit, il y a des enquêtes qui sont en cours. Quelqu'un peut aller au travail et il rentre le soir, il a la malaria, il meurt. On va déterminer si c'est à cause de son travail ou non. C'est pour cela que l'on met en place des enquêtes indépendantes. Il y a des firmes internationales qui ont été recrutées, qui font ces enquêtes dont les résultats seront communiquées ultérieurement. Les questions d'accident et de santé-sécurité pour les travailleurs du secteur minier sont un sujet extrêmement important pour nous. Nous travaillons avec tous les partenaires internationaux afin de prendre des mesures afin que ce type d'accident ne puisse se reproduire. Dans les conventions, il est prévu que 5 % des revenus induits par le projet Simandou aillent dans l'éducation. Pourriez-vous préciser ce projet ? 5 % des revenus de chacune des mines, en termes d'impôts et taxes, que l'État guinéen va percevoir, vont être affectés au financement du système éducatif à l'intérieur du pays. Construire des écoles, des bibliothèques, des enseignants pour augmenter le niveau de l'éducation, le niveau d'alphabétisation. Ensuite 20 % des impôts et taxes que l'État va percevoir provenant de la CTG pour amener aux meilleurs lycéens guinéens, des 33 préfectures du pays pendant les 35 prochaines années, des bourses d'études en France, aux États-Unis, en Chine, au Japon, dans le monde entier pour former les générations futures. L'argent pour les générations futures, c'est l'investissement sur le capital humain. Avec les 5 % de revenus induits par Simandou et les 20 % de la CTG, combien tablez-vous pour le budget de ce programme ? Pas moins de 200 à 300 millions de dollars par an. Il faut préciser que toutes ces bourses seront pour les filières scientifiques et techniques, parce que il faut former plus de gens pour la production que pour la gestion. Ce qui ferait à peu près combien de bourses d'études par an ? Je ne peux pas vous dire aujourd'hui avec certitude combien de personnes on pourrait envoyer, mais c'est des milliers de jeunes qui vont en profiter. À lire aussiGuinée: les autorités inaugurent le mégaprojet minier de Simandou
Le contexte géopolitique et économique n'est pas favorable au coton africain. Les pressions sur les prix rendent l'or blanc peu compétitif face à d'autres origines. La filière se retrouve au pied du mur et n'a plus d'autre choix que de travailler pour sa survie. Le coton africain n'échappe pas au tumulte mondial. Comme d'autres matières premières, il est aussi affecté par les droits de douane instaurés par Washington Kassoum Koné, le président de l'Association cotonnière africaine : « On dit que les pays n'ont pas d'amitié, mais plutôt des intérêts. Si c'est l'intérêt des pays asiatiques de se tourner vers le coton américain pour avoir la paix, parce qu'ils ont la peur du grand Trump, ils le feront et ce sera dommage pour notre coton ». Suivre l'exemple béninois L'autre crainte, c'est qu'avec la guerre commerciale, la consommation textile ralentisse aux États-Unis, ce qui affecterait l'activité des usines de confection et en amont celle des filatures asiatiques. Indirectement, le coton africain pourrait en pâtir. Le discours n'est pas nouveau, mais Kassoum Kone le répète, l'Afrique doit chercher d'autres débouchés, et promouvoir la transformation locale du coton à l'image de ce que fait le Bénin : « Il faut qu'on arrête avec les grands discours, on l'a compris, on doit penser à la filature locale, qui va être une alternative au problème de commercialisation que nous connaissons maintenant. » Les projets déjà sortis de terre, ne pourront transformer à court terme qu'un tout petit pourcentage du coton produit. La filière n'a pas d'autre choix que de continuer à lutter contre le coton brésilien : sa production a explosé ces dernières années, et a contribué à la baisse des cours mondiaux. Au niveau actuel, les prix sont encore supportables pour le Brésil, mais compromettent l'équilibre financier des sociétés cotonnières africaines. L'Afrique doit faire beaucoup mieux pour se démarquer, a insisté Kassoum Kone lors de la dernière réunion de l'Afcot (Association française cotonnière), à Deauville, le 30 septembre : « À un moment donné, il faut qu'on mette en avant ce que l'on a de mieux, c'est-à-dire travailler sur la qualité de notre coton et surtout sur notre rendement. C'est vraiment sur nos propres forces qu'il faut compter sinon ces difficultés ponctuelles finiront par être désavantageuses pour le coton africain ». Sauver le coton africain La prise de conscience est-elle suffisante, la capacité de réaction à la hauteur du défi ? Pour Mambo Commodities, il y a urgence à réagir pour sauver le coton africain du désastre annoncé. « L'Europe ne peut se soustraire à son obligation, ne serait-ce que morale, d'intervenir sans tarder. Il est inimaginable que l'un des cotons les plus vertueux pour l'environnement (culture pluviale, cueillette manuelle et apport en intrants chimiques limité) disparaisse au profit d'autres plus néfastes pour la planète », écrit le négociant en coton, dans sa lettre de marché du 13 octobre 2025.
À quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle chilienne, un mégaprojet minier vient de franchir une étape cruciale. La Chine a approuvé la création d'une co-entreprise entre Codelco, grand groupe public chilien, et SQM, une société privée. À terme, cette joint-venture exploitera du lithium dans le désert de l'Atacama. En 2023, Codelco, grand groupe public chilien d'exploitation minière, annonçait un accord avec une société privée, la SQM, afin de créer une co-entreprise. L'objectif était clair : extraire ensemble du lithium dans le désert de l'Atacama. Le Chili est le deuxième producteur au monde de ce métal, utilisé entre autre dans la production de batteries. À l'époque, le président Gabriel Boric présentait ce projet comme stratégique pour extraire encore plus de lithium et surtout pour que l'État contrôle mieux cette industrie. Mais il s'est heurté à de nombreux obstacles, venus principalement de la Chine. Tianqi, géant chinois du lithium et propriétaire de 22% de SQM avait intenté plusieurs actions en justice. Il y a deux jours et après un an d'attente, le régulateur chinois a finalement donné son feu vert avec quelques conditions, la principale étant que cette coentreprise doit garantir un approvisionnement stable à la Chine en carbonate de lithium. « Tous les feux verts ont été obtenus au niveau international », s'est réjoui Codelco dans un communiqué. Craintes environnementales Désormais, il ne manque plus qu'une dernière validation côté chilien pour que le projet voie le jour. Mais il fait toujours face à un certain nombre de critiques. Et parmi elles, celles des candidats à l'élection présidentielle, dont le premier tour se déroulera le 16 novembre prochain. Jeannette Jara, à la tête de la coalition de gauche, a déclaré que si elle était élue, elle chercherait une autre solution. « Je pense qu'il est bon d'essayer de promouvoir une entreprise nationale de lithium », a-t-elle déclaré, ajoutant tout de même qu'elle se conformerait à l'accord, s'il était conclu avant sa prise de fonction. Son rival d'extrême-droite, José Antonio Kast a lui mis en doute la « fiabilité » de l'accord. Le gouvernement, par la voix de son ministre de l'Économie, a déjà assuré que la coentreprise sera finalisée avant l'arrivée du ou de la prochaine présidente. L'autre inquiétude qui accompagne ce projet est d'ordre environnemental, bien que Codelco assure appliquer « des standards très stricts en matière de durabilité ». L'extraction de lithium est très gourmande en eau et le désert d'Atacama en manque cruellement. Il y a quelques mois, des scientifiques ont également montré que l'exploitation des gisements de lithium provoquent l'affaissement du sol.
La fin des restrictions indiennes sur les exportations de riz, il y a un an, n'en finit pas de faire chuter les prix mondiaux : ils ont dégringolé de 35% et ont atteint leur plus bas niveau de la décennie. Les prix du riz continuent de baisser car l'offre est toujours importante, et même excédentaire. Elle répond largement à la demande, surtout que celle-ci n'est globalement pas très dynamique en dehors de l'Afrique, qui reste le premier pôle d'importation mondial, et qui pourrait augmenter ses achats de 15% en 2025, selon la note de conjoncture Osiriz, éditée par Patricio Mendez del Villar, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). La production est bonne car la météo a été favorable aux riziculteurs asiatiques pour la troisième année consécutive. Les pays du Mercosur, également, ont augmenté cette année leurs volumes de 16% par rapport à 2024. Concurrence féroce entre exportateurs Il y a du riz chez les exportateurs, mais aussi chez plusieurs importateurs : on peut citer l'Indonésie et les Philippines, des pays qui ont par conséquent réduit leurs achats sur le marché mondial. La réduction est même drastique aux Philippines, où des restrictions à l'importation imposées depuis début septembre ont été prolongées jusqu'à la fin de l'année. Cette abondance de riz entraine une concurrence féroce entre pays fournisseurs, comme le confirme le dernier rapport sur les prix du riz publié par la FAO, daté de novembre. Et elle tire les prix à la baisse. Forte baisse des prix pakistanais La baisse des prix n'est pas partout la même. Elle s'est faite à des rythmes différents selon les pays. Les prix du Pakistan figurent parmi les plus compétitifs du marché. En octobre, le riz brisé pakistanais a été 5 à 10% moins cher que ses concurrents asiatiques. Malgré cela, les exportations du pays pourraient être plus faibles que l'année dernière, en raison de la baisse de la demande mondiale. Les pays du Mercosur, ont aussi vu leurs prix s'effondrer cette année de 40%. En cause notamment, des stocks disponibles à l'exportation très élevés. Aucun indice de hausse des prix « À court terme, il n'y a aucun indice qui laisse penser que les prix pourraient augmenter », selon l'expert du Cirad. La chute devrait donc continuer au moins jusqu'au début de l'année 2026, jusqu'à l'arrivée des prochaines récoltes asiatiques sur le marché. Ce qui pèse, c'est la production, mais aussi les stocks mondiaux qui pourraient être de 215 millions de tonnes en 2026 selon les premières projections de la FAO, ce qui serait un record. Les stocks indiens sont particulièrement pléthoriques : ils pourraient augmenter de 12% fin 2025 et seront libérés sur le marché dans les mois qui viennent. La question qui se posait déjà avant l'été, et qui reste d'actualité, c'est de savoir jusqu'où les prix pourront baisser, sachant qu'à un certain stade, ils cesseront d'être rémunérateurs pour les producteurs. À lire aussiLes prix du riz continuent à chuter sous l'impulsion des volumes indiens
Les stocks de café arabica sont au plus bas depuis un an et demi. On parle des grains de café vert qui sont détenus dans des entrepôts certifiés. Cette baisse des stocks ne veut pas dire que la production a chuté, mais elle se traduit sur les cours du marché. Quand le café est récolté, une partie des grains, qui répond à des normes bien spécifiques de qualité, transite par des entrepôts, adossés à l'Intercontinental Exchange (ICE), basés à New York, Miami, Hambourg, Barcelone ou encore Anvers, des villes proches des zones de consommation. Ces stocks certifiés ne représentent qu'une partie de la production mondiale et ne sont que la partie visible de l'ensemble des stocks mondiaux, mais ils constituent le seul indicateur vraiment fiable et actualisé et sont donc importants à ce titre. Aujourd'hui, ces réserves d'arabica ne sont plus très loin des niveaux bas d'il y a 20 ans : elles sont d'environ 430 000 sacs de 60 kilos. « Pour avoir un bon niveau de stock, il faudrait deux millions de sacs », explique un négociant en café. À lire aussiPourquoi l'arabica est le café le plus bu (et pourquoi ça ne durera peut-être pas) Stocks sous pression des taxes douanières Même si ces stocks ne représentent par essence qu'une fraction des volumes commercialisés, leur niveau en dit beaucoup : il peut signifier que le café est « retenu » dans les pays d'origine, que son acheminement est retardé, explique Ennio Cantergiani, directeur de l'Académie du café à Genève, ou encore que la demande de café certifiée est forte. La baisse actuelle est en partie liée à la politique tarifaire de Donald Trump, qui « a forcé l'industrie à puiser dans les stocks de cafés certifiés pour remplacer les cafés brésiliens devenus hors de prix avec des taxes de 50% » explique notre interlocuteur. Envolée des prix L'état de ces réserves donne un indicateur indirect de la demande des pays consommateurs et a donc une influence sur les prix. La corrélation n'est pas totale ni immédiate, mais elle existe bel et bien. Elle s'illustre aujourd'hui : les cours se sont à nouveau envolés et ont presque retrouvé leur niveau du début d'année. Les prix sont aussi guidés par des inquiétudes météo. Les pluies ont été irrégulières et insuffisantes en octobre, au Brésil, ce qui pourrait avoir un impact sur la floraison de la prochaine récolte 2026. La décote sur le café brésilien relance le stockage Cette situation est en passe d'évoluer, selon une enquête de l'agence Bloomberg. Plusieurs maisons de négoce auraient confirmé être en train d'acheminer 150 000 sacs de 60 kg vers des entrepôts ICE situés en Europe. Elles auraient saisi l'opportunité d'une baisse des prix du café brésilien qui se vend avec une décote, faute d'être exporté aux États-Unis. Il est de nouveau intéressant commercialement pour les négociants d'acheter et de confier du café à la bourse, « qui reste un client de choix quand la demande de l'industrie n'est pas très forte, et un client qui paye sans rechigner », explique notre expert, qui précise qu'il faudrait 500 000 sacs de plus pour faire remonter les stocks de manière significative et changer la donne sur le marché de l'arabica. À lire aussiLe café se doit d'être vertueux ou disparaître
En 2024, se tenait l'élection présidentielle américaine. Un an plus tard, la Cour suprême se penche ce mercredi 5 novembre sur la légalité des droits de douane, levier majeur de la politique économique et diplomatique de Donald Trump. Des mesures tous azimuts qui bouleversent l'ordre issu de la Seconde Guerre mondiale. Du libre-échange à l'ultra-protectionnisme : sommes-nous face à un tournant ? Ce mouvement peut-il être pérenne ? Quelles conséquences à l'échelle planétaire ? Pour en débattre Pierre Gervais, professeur de Civilisation américaine à l'Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 Rémi Bourgeot, ingénieur, économiste, chercheur associé à l'Iris Benjamin Coriat, économiste, professeur émérite de Sciences économiques à l'Université Paris XIII et membre du collectif des Économistes Atterrés.
En 2024, se tenait l'élection présidentielle américaine. Un an plus tard, la Cour suprême se penche ce mercredi 5 novembre sur la légalité des droits de douane, levier majeur de la politique économique et diplomatique de Donald Trump. Des mesures tous azimuts qui bouleversent l'ordre issu de la Seconde Guerre mondiale. Du libre-échange à l'ultra-protectionnisme : sommes-nous face à un tournant ? Ce mouvement peut-il être pérenne ? Quelles conséquences à l'échelle planétaire ? Pour en débattre Pierre Gervais, professeur de Civilisation américaine à l'Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 Rémi Bourgeot, ingénieur, économiste, chercheur associé à l'Iris Benjamin Coriat, économiste, professeur émérite de Sciences économiques à l'Université Paris XIII et membre du collectif des Économistes Atterrés.
Un an après sa réélection, Donald Trump revendique une Amérique plus forte grâce à ses taxes douanières massives. Le président promettait que la Chine, l'Europe et les autres pays « paieraient » pour redresser l'économie américaine. Mais les chiffres montrent une tout autre réalité : ce sont bien les entreprises et les consommateurs américains qui supportent la facture. Lors de sa campagne, Donald Trump assurait vouloir « faire payer la Chine, l'Europe et tous ceux qui profitent de l'Amérique ». Selon lui, ces droits de douane ne coûteraient rien aux Américains. Le principe était simple : taxer les produits importés pour protéger les entreprises nationales, réduire le déficit commercial et financer des baisses d'impôts. Mais la réalité économique, elle, s'est montrée bien différente. En pratique, les exportateurs étrangers ne paient pas ces droits de douane. Ce sont les importateurs américains – distributeurs, industriels, commerçants – qui s'en acquittent auprès du Trésor. Et quand la facture devient trop lourde, elle finit par se répercuter sur les consommateurs. À lire aussiSur la piste d'une machine à café pour comprendre les effets des taxes douanières de Trump Les entreprises américaines en première ligne Les données du Peterson Institute for International Economics sont claires : jusqu'à l'été 2025, ce sont les entreprises américaines qui ont absorbé la plus grande part du coût de ces surtaxes, notamment dans la distribution, l'automobile et l'électronique. Les recettes douanières ont, elles, explosé, avec plus de 100 milliards de dollars encaissés par le gouvernement entre janvier et juillet 2025, contre seulement 70 milliards sur toute l'année 2024. Mais cet argent vient… des entreprises américaines elles-mêmes. Des géants comme Apple ou Nike ont tenté de maintenir leurs prix de vente stables, en réduisant leurs marges. Mais cet équilibre n'a pas tenu. Les coûts additionnels ont fini par être transférés aux consommateurs. Résultat : les prix à la consommation augmentent et le pouvoir d'achat recule. À lire aussiDroits de douane: Donald Trump gagne-t-il vraiment la guerre commerciale? Un impôt déguisé pour les ménages américains Les économistes de l'université de Yale estiment que ces taxes coûtent en moyenne 3 800 dollars par an à chaque ménage américain. Autrement dit, une nouvelle forme d'impôt indirect, qui pèse d'autant plus lourd sur les foyers modestes. Et le phénomène touche bien au-delà des produits importés. De nombreux biens estampillés made in USA sont, eux aussi, concernés, car leurs composants ou leurs pièces détachées proviennent de l'étranger. Presque tout ce qui est consommé sur le territoire est donc indirectement surtaxé. Donald Trump, lui, reste triomphant. Il affirme que sa politique « rapporte des milliards à l'Amérique ». Et c'est vrai que les recettes douanières devraient dépasser 300 milliards de dollars d'ici à la fin de l'année. Mais ces milliards proviennent avant tout du portefeuille des entreprises et des ménages américains. À lire aussiDroits de douane de Trump: pourquoi il est quasi impossible de les abandonner Une Amérique qui taxe le monde… mais se taxe elle-même En définitive, les taxes de Donald Trump frappent bien les importations du monde entier, mais ce sont les Américains qui passent à la caisse. Les droits de douane gonflent les recettes fédérales, tout en alimentant l'inflation et en grignotant le pouvoir d'achat. Le paradoxe est total : le président voulait faire payer les autres, mais un an après son retour au pouvoir, c'est l'Amérique elle-même qui paie la note.
L'annonce a été faite à Casablanca cette semaine, à l'occasion de la cinquième édition de l'Africa Financial Industry Summit (AFIS). Le Tchad entre dans un dispositif qui permettra d'assurer le financement des importations de première nécessité vers le pays sahélien. Une garantie offerte par Proparco aux opérations commerciales, financées par Ecobank Tchad. Avec en ligne de mire le développement des PME tchadiennes. L'enveloppe de Proparco, 10 millions d'euros renouvelables à chaque opération sur trois ans, servira à garantir le financement des importations indispensables aux entreprises tchadiennes. « Le Tchad a besoin d'importer énormément de produits, que ce soient des machines, des matières premières agricoles, de l'engrais, etc., souligne Djalal Khimdjee, directeur général délégué de cette filiale de l'Agence française de développement dédiée au secteur privé. L'objectif de ce type de financement, c'est de concentrer notre garantie sur les produits de première nécessité et les machines, pour que les PME se développent. » Aider les PME Partenaire de Proparco dans le dispositif, Ecobank sera l'interlocuteur des entreprises tchadiennes sur place. « La plupart du temps, elles doivent payer les importations en cash ou ne peuvent tout simplement pas se le permettre, explique le PDG de la banque panafricaine, Jeremy Awori. Avec cette facilité, on va regarder chaque demande, certaines dans l'agriculture, la santé, l'éducation, probablement dans les industries de la tech, et regarder comment l'entreprise s'en sort. » Rassurer les fournisseurs Cette garantie, créée en 2018, a déjà permis une centaine d'opérations dans quatre autres pays africains, dont la Guinée. Dans ce dernier pays, le dispositif a soutenu une PME de produits agricoles guinéenne qui voulait importer de l'emballage depuis l'Europe pour faciliter ses propres exportations. « Le fournisseur européen réclamait l'assurance d'un paiement avant d'expédier cet emballage, se rappelle le patron de la banque. Ecobank a émis la lettre de crédit au client guinéen, Proparco l'a soutenue avec une garantie de "trade finance". Cette combinaison a rassuré le fournisseur qui a expédié le produit. Et la PME l'a reçu sans avoir besoin de décaisser l'argent à l'avance. » Produits de première nécessité La garantie, 125 millions d'euros renouvelables au total, a contribué à réduire le risque et donc le coût du financement des importations de riz au Liberia, mais aussi de rendre plus abordables les achats d'engrais et de médicaments pour le Malawi. D'autres pays d'Afrique devraient y être intégrés prochainement.
La prochaine saison d'exportation des oranges égyptiennes se prépare, elle débutera d'ici à quelques semaines, mais elle inquiète déjà certains acteurs de la filière. L'Égypte est le premier exportateur mondial d'oranges fraîches, mais fait face à des défis de plus en plus nombreux. Parmi les défis qui se posent depuis longtemps et qui restent d'actualité, il y a la production d'oranges de meilleure qualité. La majorité des fruits égyptiens sont encore trop petits et ont tendance à reverdir en fin de saison quand la chaleur devient trop forte dans les vergers. Le climat est une des limitations pour la production égyptienne. D'autres défis sont plus récents, comme la reconquête du marché asiatique, qui a périclité suite à la baisse du trafic maritime sur le canal de Suez, ou encore le développement de l'industrie du jus dans le pays. Le marché mondial a offert des prix très rémunérateurs ces deux dernières années, qui ont grimpé à partir de fin 2022 jusqu'à 7 000 dollars la tonne à l'automne 2024. Les entrepreneurs égyptiens ont saisi l'opportunité et doublé les capacités de transformation du pays, pour atteindre 600 000 tonnes en 2024/2025. De nouvelles usines devraient encore ouvrir en 2026. Il y a désormais une véritable compétition interne, entre le secteur du frais et celui du jus qui est à la recherche de volumes à traiter et qui continue à payer un prix intéressant même s'il a été divisé par deux par rapport à son pic. Cette compétition va obliger le pays, historiquement numéro 1 mondial de l'orange fraîche, à réguler son marché. « L'Égypte est aujourd'hui à la croisée des chemins » résume Éric Imbert chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Concurrence sud-africaine très limitée L'Afrique du Sud qui a vu ses exportations aux États-Unis baisser en raison des droits de douane, pourrait-elle faire de l'ombre à l'Égypte ? C'est ce qu'estiment des exportateurs égyptiens. Mais les ventes sud-africaines vers les États-Unis ont simplement baissé, et surtout, elles ne représentent en moyenne que 50 000 tonnes, un volume relativement marginal. L'autre élément essentiel, c'est que la production d'Égypte arrive entre janvier et mai, alors que les oranges sud-africaines sont disponibles, en Europe, entre juillet et octobre. « L'Afrique du Sud n'a pas gêné et ne devrait pas gêner la commercialisation future des oranges d'Égypte » estime l'expert du Cirad. Si les Égyptiens ont moins exporté cette année vers l'Europe - 425 000 tonnes contre 573 000 tonnes en 2023/2024 - c'est avant tout qu'ils ont moins produit par rapport à l'année d'avant, qui était une année exceptionnelle, que leurs fruits manquent toujours de compétitivité et que l'attractivité du jus reste toujours très forte. Une année record pour l'Afrique du Sud Si les Égyptiens ont peur de voir le marché se rétrécir, c'est qu'il y a eu, dans les faits, beaucoup d'oranges sud-africaines sur le marché. L'Afrique du Sud a fait en 2025 ses meilleurs chiffres. Le pays a exporté, entre juin et octobre, 95 millions de colis de 15 kilos d'oranges fraîches, un record rendu possible grâce à la production des nouveaux vergers qui ont vu le jour ces dernières années sur 5 000 ha. Une partie de ces volumes sont arrivés en Europe : l'Afrique du Sud a profité de la moindre production espagnole pour prendre des parts de marché, sans pour autant prendre la place de l'Égypte. La saison qui va démarrer offre même des opportunités. La récolte espagnole s'annonce toute petite, et ne pourra pas être comblée par le Maroc, « le marché européen s'annonce donc très ouvert pour l'Égypte » selon Éric Imbert. À lire aussiCrise en mer Rouge: l'orange égyptienne privée de ses débouchés asiatiques
Les neuf juges de la Cour suprême des États-Unis se penchent ce mercredi 5 novembre sur la question de la légalité des droits de douane instaurés par la Maison Blanche. Une affaire qui pourrait entraîner des répercussions sur l'économie mondiale et qui constitue un test important pour le pouvoir du président républicain, élu pour un second mandat, il y a un an jour pour jour. Des États démocrates et des entreprises ont contesté, il y a quelques mois devant la justice internationale, le texte sur lequel s'est appuyé Donald Trump pour mener sa guerre commerciale à l'encontre des pays. La décision de la Cour suprême n'est pas attendue avant le début de l'année prochaine. Entretien avec Anne Deysine, professeure émérite à l'université Paris-Nanterre et auteure de : Les juges contre l'Amérique, paru aux Presses Universitaires de Paris-Nanterre. À lire aussiLes États-Unis imposent de nouveaux droits de douane aux camions et aux bus, visant le Canada et le Mexique
« Indignation à Paris », s'exclame le Guardian à Londres. « La France menace d'interdire Shein pour la vente de poupées sexuelles “à l'allure enfantine“ », titre le New York Times qui constate que « cette polémique vient s'ajouter à la grogne croissante en France contre le géant chinois du commerce en ligne, qui s'apprête à ouvrir demain mercredi son premier magasin physique à Paris. » « C'est comme si un obscur monde souterrain aux implications morales, économiques et environnementales problématiques jaillissait en pleine Ville-Lumière, souffle Le Temps à Genève. Ce début de semaine est marqué en France par la conjonction de deux polémiques qui se nourrissent l'une l'autre : celle de l'ouverture à Paris du premier magasin Shein au monde, au sein du mythique BHV, le Bazar de l'Hôtel de Ville, et celle des poupées pédopornographiques en vente sur la plateforme en ligne du même Shein. » Certains consommateurs s'y retrouvent, certes, mais, relève le quotidien suisse, « face à la jungle de l'e-commerce low cost, les politiques, eux, désemparés, ne peuvent qu'agiter les bras ». Pourtant, « quelles que soient les raisons du succès de Shein, il y a des trous dans les filets législatifs qu'il faut à tout prix colmater rapidement pour empêcher l'essor d'un commerce dont les aspects contraires aux lois et aux valeurs européennes sont évidents », estime encore Le Temps. Énième provocation Libération à Paris fulmine : « Un mois de vive polémique, de grèves, de pétitions, de fuite des marques et des investisseurs… Mais rien n'a arrêté le patron du BHV, Frédéric Merlin, soupire le journal. Demain mercredi, le géant chinois de la mode ultra-éphémère Shein ouvrira son tout premier magasin physique au BHV. Une “première mondiale“ s'enthousiasme son gérant qui s'affiche avec le président exécutif de Shein en façade du bâtiment. Une énième provocation, s'indigne Libération, alors que, le même week-end, la découverte de poupées sexuelles à caractère pédopornographique sur le site d'e-commerce a fait bondir jusqu'au plus haut sommet de l'État. Le ministre de l'Économie a assuré qu'en cas de récidive, il demanderait "à ce qu'on interdise l'accès à la plateforme Shein en France". Les faits sont graves, pointe encore Libération, et pourtant insuffisants à bannir le site d'e-commerce du territoire ou même des moteurs de recherche comme Google. La France semble incapable de stopper le rouleau compresseur chinois. La finalisation de la proposition de loi visant à réduire l'impact environnemental de l'industrie textile attend toujours. Et sans l'aide de l'Europe, le bras de fer paraît perdu d'avance. » La Croix fustige également la marque chinoise : « S'il est compréhensible, dans un contexte économique très difficile, l'attrait pour cette profusion d'objets et de vêtements à bas coûts n'en est pas moins désolant. Le modèle que promeuvent ces entreprises qui poussent à une consommation sans limites au mépris de l'environnement, des normes et de la loi, est néfaste en tout point. Il faut y résister collectivement. » Interdire Shein ? Une procédure « longue et fastidieuse » Ou, mais comment ? D'après Le Figaro, « une seule solution existe aujourd'hui pour bannir Shein du territoire français : elle consisterait, une fois toutes les sanctions possibles épuisées - et si le danger persiste malgré tout -, à ce que la Commission européenne somme le gendarme du numérique de l'État où est hébergée la plateforme de demander à la justice d'ordonner le blocage d'accès à Shein. Étant donné que le siège européen de Shein se trouve à Dublin, pointe Le Figaro, cette charge reviendrait alors au régulateur irlandais. Une procédure “longue et fastidieuse“, précise Bercy, et qui n'a en outre “jamais été employée“. » En tout cas, le ton monte un peu partout en Europe contre la mode jetable… « Bientôt, il sera trop tard, prévient La Repubblica à Rome. La société high-tech est passée, en un clin d'œil, du prêt-à-porter traditionnel à la “fast fashion“, puis à “l'ultra-fast fashion“. Une tendance alimentée par des sites web venus de Chine et de Hong Kong. D'immenses plateformes en ligne qui comptent au moins 45 millions d'utilisateurs actifs mensuels au sein de l'Union européenne. » Alors, constate La Repubblica, « de l'Allemagne à l'Italie, en passant par la France, les gouvernements et les autorités de la concurrence étudient des contre-mesures. » Notamment pour lutter contre les contrefaçons. Mais pour l'instant, donc, sans grands résultats…
Du 4 au 6 novembre, le nucléaire est à l'honneur de la World Nuclear Exhibition 2025 qui se tient au nord de Paris. Parmi les exposants de ce salon mondial du nucléaire civil, des entreprises et organisations du Canada, deuxième plus grand producteur et exportateur d'uranium. Le Canada, un pays qui a relancé ces dernières années sa production qui avait chuté. La production canadienne avait dégringolé après l'effondrement du marché suite à l'accident de Fukushima de 2011. Le redressement des prix de l'uranium depuis 2021 a redonné de l'élan au secteur et a permis de relancer des mines en sommeil : Cameco a ainsi rouvert en 2022 la mine de McArthur fermée cinq ans plus tôt. Une autre mine, celle de McClean, a repris son activité cette année, comme l'a annoncé Orano qui exploite la mine en co-entreprise avec le canadien Denison. Le nouveau projet Rook1 soutenu par l'entreprise canadienne NexGen, ambitionne d'ouvrir « la plus grande mine mondiale à faible coût de production ». Le projet est toujours dans l'attente de validation de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, la prochaine audience est prévue le 19 novembre. Cette mine se trouve, elle aussi, dans le bassin de l'Athabasca, une région où les teneurs en uranium sont parmi les plus élevées au monde. Nouvelle politique du gouvernement fédéral Une des illustrations de la dynamique actuelle est la mise en place, par le gouvernement fédéral, d'une politique de soutien actif au secteur. L'uranium a été intégré à la nouvelle « Stratégie canadienne sur les minéraux critiques » afin notamment d'encourager l'ouverture de nouveaux gisements grâce à un crédit d'impôt de 30% sur les dépenses d'exploration. Le Canada est vu aujourd'hui comme le pays capable de répondre à court terme à l'augmentation de la demande mondiale en uranium, tirée par la transition énergétique. Mais la relance observée est confrontée à plusieurs obstacles rappellent les auteurs du rapport sur les enjeux de la relance nucléaire publié en janvier 2025, par l'Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques (OSFME) et coordonné par l'Institut des relations internationales et stratégiques. Cameco a ainsi par exemple revu ses objectifs de production pour 2025 à la baisse, pour des raisons techniques et par manque de main d'œuvre. Nouvelle centrale nucléaire en Ontario Le Canada extrait de l'uranium, mais construit aussi des réacteurs. Son projet phare du moment est la sortie de terre d'une nouvelle centrale nucléaire, à Clarington, en Ontario, sur le site existant de Darlington. Dans le contexte de guerre commerciale avec les États-Unis, le pays mise sur le développement de grands projets d'intérêt national et cette nouvelle centrale en est un. Le Premier ministre a d'ailleurs annoncé il y a quelques jours un financement de 2 milliards de dollars, pour ce projet qui prendra la forme de quatre petits réacteurs modulaires. Un projet présenté comme une illustration de la nouvelle approche économique du pays. Le Canada se targue d'être le premier pays du G7 à faire usage de cette technologie.
L'or attire toujours les acheteurs. Les achats de métal jaune n'ont jamais été aussi élevés qu'au troisième trimestre 2025, selon un rapport du Conseil mondial de l'or, soit 1 313 tonnes, pour 146 milliards de dollars en valeur. Les investisseurs sont les moteurs de cette nouvelle hausse trimestrielle. Les investisseurs ont représenté plus de la moitié de la demande au troisième trimestre. Cela s'est traduit par l'achat de produits financiers adossés à l'or - ETF – de la part d'institutions et de particuliers, et par l'achat de plus de 300 tonnes de lingots et de pièces. Ces derniers achats sont tirés par l'Inde et la Chine, selon le Conseil mondial de l'or. Les banques centrales ont encore montré ce troisième trimestre leur volonté de réduire leur dépendance au dollar : malgré la hausse des cours du métal jaune, elles ont augmenté leurs achats de 28% ce troisième trimestre, soit 220 tonnes. En tête des achats, on trouve la Banque centrale du Kazakhstan. On note aussi le retour de la Banque du Brésil qui a acheté de l'or pour la première fois depuis quatre ans. Une grande partie des acquisitions des banques n'étant pas encore déclarée, selon le Conseil Mondial de l'or, leur demande a potentiellement été encore plus forte que ce que dévoilent les derniers chiffres. Demande fragile du secteur de la joaillerie Chaque semaine ou presque, l'or bat de nouveaux records, et cela a encore été le cas au troisième trimestre. Aux niveaux actuels, cela finit par peser sur certains secteurs, comme celui de joaillerie. Les acheteurs indiens et chinois qui sont les plus grands consommateurs d'or sous forme de bijoux montrent que le prix finit par être un frein. Les achats de bijoux ont augmenté au troisième trimestre par rapport au deuxième, mais sur un an, ils ont baissé de près de 19 % en volume. En valeur par contre, les dépenses ont augmenté de plus de 10% sur un an, conséquence directe de la hausse des prix. Quel potentiel de hausse ? L'or est une valeur refuge et l'appétit des acheteurs est clairement l'illustration des tensions géopolitiques et des incertitudes économiques mondiales. « La faiblesse persistante du dollar américain, les anticipations de taux d'intérêt à la baisse et la menace de stagflation pourraient stimuler davantage encore la demande » selon Louise Street, analyste principale des marchés au Conseil Mondial de l'or. La demande du troisième trimestre a montré que le marché de l'or n'était pas encore saturé, et qu'il était toujours vu comme un investissement rassurant, voire comme une opportunité financière à ne pas rater. À lire aussiLe prix de l'or franchit les 4 000 dollars l'once, un nouveau record
« Le match diplomatique de l'année » : c'est ainsi que Le Monde à Paris, qualifie la rencontre entre le président américain et son homologue chinois qui a eu lieu il y a quelques heures à Busan en Corée du Sud. Comme à son habitude, pointe Le Figaro, « à peine atterri, Trump a affiché son optimisme, prédisant un deal avec l'espoir de rassurer les marchés redoutant une escalade entre les deux premières puissances mondiales. Et d'augurer d'un prolongement de la fragile trêve commerciale mise à mal ces dernières semaines, sur fond de rivalité géopolitique au long cours, avec en arrière-plan la question brûlante de Taïwan ». Alors, relève La Repubblica à Rome, « la rencontre entre Trump et Xi en Corée du Sud a duré moins de deux heures. Le président américain l'a qualifiée de “franc succès“ et annoncé qu'il se rendrait en Chine en avril prochain. Les deux dirigeants se séparés en souriant et en se serrant la main, apparemment sans tension ». On n'en sait pas plus. Il n'y a pas eu de conférence de presse. Le bras-de-fer va se poursuivre… Quels résultats après cette rencontre au sommet ? « Entre Washington et Pékin, une trêve est possible, rien de plus », estime Le Soir à Bruxelles. Même en cas d'accord commercial, « ce ne serait pas la fin de l'histoire. Le bras de fer se poursuivra. », affirme le quotidien belge. En effet, « désormais capitaliste, la Chine n'accepte plus la place subordonnée qu'on lui avait conférée dans le cadre de la mondialisation. Surtout : elle a les moyens de résister – par exemple, via le contrôle à l'exportation des terres rares. Autrement dit, précise Le Soir : de contester les anciennes “règles du jeu“ – tout en assurant défendre le multilatéralisme face à un président étasunien imposant sa volonté par la force brute. Les États-Unis et l'Europe peuvent bien accuser Pékin d'avoir “triché“, la Chine, comme de nombreux États dudit “Sud global“, estime que ces règles étaient “biaisées“, conçues par l'Occident au profit de l'Occident – et d'abord par l'Amérique au profit de l'Amérique ». Trump perdant ? Le New York Times ne se fait aucune illusion… D'ores et déjà, « Trump a perdu la guerre commerciale face à la Chine », commente le quotidien américain. « Donald Trump peut bien se vanter de ses talents de négociateur. Ses conseillers pourraient même suggérer qu'il mérite un prix Nobel de la négociation. Broutilles… La relation bilatérale la plus importante au monde aujourd'hui, c'est celle entre les États-Unis et la Chine, et Trump l'a mal gérée. Il a déclenché une guerre commerciale que Washington est en train de perdre, et si une trêve est officialisée cette semaine, il est probable qu'elle permettra à la Chine de dominer l'Amérique et réduira considérablement notre influence ». Xi l'irréductible En fait, constate Le Temps à Genève, « Xi Jinping, est le seul dirigeant qui résiste vraiment à Donald Trump. (…) Tandis que les dirigeants européens, asiatiques ou arabes s'alignent ou cèdent aux injonctions du président américain, Xi incarne auprès des Chinois, et plus récemment auprès du monde, cette figure du contrepoids : celui qui résiste et ne plie pas ». Et « cette résistance face à l'intimidation trumpienne se traduit naturellement par une résistance économique, pointe Le Temps : avec le déploiement récent d'un levier irrésistible que sont les restrictions à l'exportation de terres rares, ce matériau essentiel aux industries modernes des pays développés dont la Chine détient le monopole du raffinage. Par ricochet, la résistance technologique de la Chine saute (également) aux yeux, relève encore le quotidien suisse. En ouvrant les vannes des aides publiques ciblées et au risque de fragiliser son économie en provoquant des surcapacités industrielles, Xi Jinping aura fait de son pays un champion des panneaux solaires, des voitures électriques, de la robotique industrielle comme humanoïde et bien sûr de l'intelligence artificielle en général ». Enfin, autre avantage pour le leader chinois, conclut Le Temps : « si Donald Trump sait qu'il n'est pas autorisé à se présenter à nouveau pour un troisième mandat de président, Xi Jinping semble bien parti pour prétendre à un quatrième en 2027 ».
C'est un des effets de la paralysie de l'administration américaine : la publication de statistiques publiques sur les marchés agricoles américains et mondiaux s'est arrêtée. Ces statistiques mensuelles et hebdomadaires font référence dans le monde entier et leur disparition temporaire plonge les acteurs du secteur agricole dans le brouillard. Ces statistiques sont généralement attendues avec fébrilité à l'approche de leur publication. Même si elles comportent leur lot d'erreurs et sont parfois contestées, elles restent une boussole pour tous ceux qui font de la veille. Ces chiffres donnent des informations sur les grandes cultures américaines telles que le soja et le maïs (récolte, importation, exportation, stock) mais aussi sur les productions hors des États-Unis. En résumé, il est difficile de trouver un autre organisme qui rende accessible une telle somme de données actualisées. Mais le shutdown est passé par là : le site web de l'USDA ne sera plus mis à jour, jusqu'à nouvel ordre, c'est écrit en rouge sur la page d'accueil du ministère. Le rapport mensuel d'octobre sur les cultures n'est donc pas sorti et rien ne dit que celui de novembre sera disponible. Le blocage touche aussi la publication des chiffres hebdomadaires des ventes agricoles. Le seul indicateur qui permet d'avoir une idée des exportations américaines aujourd'hui est le chiffre communiqué chaque semaine par les services de l'inspection, au moment de l'embarquement des récoltes. Un chiffre qui reflète donc uniquement les volumes vendus qui sont chargés dans les ports, mais pas les contrats signés pour une vente ultérieure. Manque de visibilité Ceux qui suivent les marchés agricoles sont désormais plongés dans le « brouillard », confie Damien Vercambre, du cabinet Inter-courtage. L'USDA n'est évidemment pas le seul canal d'information des cabinets d'analyse ou des traders, ils ont généralement un réseau d'informateurs de terrain, mais cela ne suffit pas toujours. Sans ces données publiques américaines, les opérateurs, « doivent se débrouiller avec des analyses privées ou se fier aux bruits du marché », explique Gautier Le Molgat, président d'Argus Media France. Quel impact sur les cours ? Cette absence de transparence comporte un risque : celui d'un marché faussé, où les prévisions sont moins étayées. Lorsque la publication des rapports hebdomadaires et mensuels reprendra, une correction des prix n'est pas à exclure, à la baisse ou brutalement à la hausse « si par exemple les données de production sur le maïs annoncées records s'avéraient plus basses », explique l'expert d'Argus Media France. Un porte-parole de l'USDA assurait il y a quelques jours à l'agence Reuters que les réductions d'effectifs qui ont eu lieu avant le shutdown, n'avaient pas eu d'impact « sur la capacité du ministère à fournir des données actualisées, précises et utiles au service de l'agriculture américaine ». L'avenir dira si l'USDA, amputé de 10 % de ses effectifs, soit 15 000 employés, restera le pourvoyeur de données mondiales de référence qu'il était jusque-là.
Donald Trump poursuit sa tournée asiatique, se rendant désormais au Japon, après avoir assisté au sommet de l'Association des États d'Asie du Sud-Est (Asean), organisé ce week-end en Malaisie. Le président américain veut imposer son influence dans une région devenue stratégique, alors que la rivalité économique avec la Chine s'intensifie. Depuis son retour à la Maison Blanche, l'Asie du Sud-Est est devenue un terrain clé de la stratégie mondiale de Donald Trump, non sans arrière-pensées. Le président américain fait prouver qu'il en reste le maître du jeu. Depuis plusieurs mois, il a imposé des droits de douane renforcés sur la plupart des produits asiatiques et beaucoup plus encore lorsque Washington soupçonne qu'ils viennent en réalité de Chine. Son objectif est clair : pousser les pays d'Asie du Sud-Est à choisir son camp, le camp américain. Les enjeux sont concrets. La Malaisie, qui a accueilli le sommet de l'Asean, a signé un accord commercial ce week-end. Dans les grandes lignes, on y trouve les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle ou encore l'énergie, autrement dit tous les secteurs. Car Washington veut renforcer son influence industrielle dans la région. Qu'il s'agisse du Vietnam, de l'Indonésie ou du Japon, Donald Trump propose des baisses ciblées de droits de douane, mais en échange, il exige des investissements massifs aux États-Unis ou l'achat de produits américains. C'est la diplomatie du deal, façon Trump. Mais face à cette offensive, la Chine n'est pas en reste. Pendant que Washington brandit la menace des surtaxes, Pékin joue la carte des investissements. Xi Jinping multiplie les visites officielles dans la région — Vietnam, Malaisie, Cambodge, entre autre. Les effets sont d'ores et déjà visible puisque cette année, les exportations chinoises vers l'Asean ont bondi de plus de 20 %. La Chine est désormais le premier partenaire commercial de la région, devant l'Europe et les États-Unis. À lire aussiLes pays d'Asie du Sud-Est en quête d'équilibre entre Donald Trump et la Chine Entre Washington et Pékin, l'Asie du Sud-Est cherche l'équilibre Donald Trump veut avant tout afficher sa fermeté face à la Chine et prouver à ses électeurs qu'il défend les travailleurs américains. Mais dans ce bras de fer entre Washington et Pékin, l'Asie du Sud-Est tente avant tout de préserver son équilibre. Des usines quittent la Chine, des chaînes d'assemblage se déplacent vers le Vietnam, l'Indonésie ou la Malaisie. Cette position, enviable sur le papier, fait aussi de l'Asean un champ de bataille économique. Il y a donc un double enjeu à cette visite du président américain dans la région. Le premier, que Washington y renforce sa place. Le second, que les pays de l'Asean — comme de tout l'Indo-Pacifique — profitent de la rivalité États-Unis-Chine, sans jamais devenir leur champ de bataille.
Pour les soudures des panneaux solaires, des téléphones portables ou des ordinateurs, il faut de l'étain. Mais les tensions sur le marché, qui durent depuis deux ans, ont fait grimper les prix. Les espoirs d'un retour à une situation normale cette année ne se sont pour l'instant pas concrétisé. Les prix oscillent depuis un mois autour de 35 000 dollars la tonne. Depuis avril 2024, les prix sont globalement au-dessus de 30 000 dollars la tonne, et oscillent depuis un mois autour des 35 000 dollars la tonne. En moyenne, cette année, les prix sont 10% plus élevés que l'année dernière. Ils s'expliquent par une offre toujours restreinte, qui stimule les spéculateurs. Le gros point de blocage est toujours la Birmanie, troisième plus grand pays producteur : depuis août 2023, les autorités militaires de l'État Wa, région semi-autonome, ont bloqué la production. C'est environ 10% de la production mondiale qui ne sort plus du pays. Le principe d'une reprise a été acté en début d'année, mais le secteur n'est pas reparti. En cause des problèmes d'assèchement de la grande mine de la région, selon Luke Adriaans, en charge du marché de l'étain au sein du cabinet de recherche et d'analyse Project Blue. Le prix des nouveaux permis d'exploitation a par ailleurs découragé les plus petits acteurs. « Avec moins d'opérateurs sur la mine de Man Maw, la production a peu de chances de retrouver ses niveaux historiques », pointe l'expert. Réorganisation du secteur indonésien L'Indonésie, deuxième exportateur, contribue aussi à maintenir des prix élevés. Le pays a lancé une vaste opération de lutte contre l'exploitation minière illégale, qui devrait s'inscrire dans la durée, selon Luke Adriaans. Selon l'agence Reuters, 1 000 mines d'étain ont été sommées de fermer, dans les îles riches en étain de Bangaka et Belitung. De nombreux actifs – fonderies, stock d'étain et excavatrices – ont été également confisqués. Ce n'est pas une mine géante qui est bloquée comme en Birmanie, l'effet sur le marché mondial n'est pas comparable avec celui de la Birmanie, mais la reprise en main du secteur indonésien ajoute une dose de stress à un marché déjà tendu. D'autres productions insuffisantes D'autres producteurs ont réussi à augmenter leurs volumes d'étain. La production qui avait été interrompue dans la mine de Bisié à l'est de la République démocratique du Congo en mars-avril a repris et a réussi à se redresser au troisième trimestre : 5 190 tonnes de concentré d'étain ont été produites selon les données d'Alphamin Resources qui table sur une production annuelle supérieure à 18 000 tonnes. L'Australie, le Nigeria, le Pérou et le Rwanda ont, eux aussi, mis plus de volumes sur le marché, selon Project Blue, mais pas assez pour combler le manque d'étain de Birmanie dans un contexte de demande mondiale qui ne va pas faiblir, en raison notamment de l'essor de l'intelligence artificielle, grande consommatrice de puces électroniques et donc de soudures à base d'étain. Fonderies chinoises au ralenti La Chine est le pays le plus touché par les restrictions, car c'est le premier client de l'étain de Birmanie qu'elle raffine ensuite dans ses usines. En 2024, les importations chinoises de Birmanie ont diminué de près de 60%, par rapport à 2023, selon Project Blue. Depuis janvier, la Chine a importé autant que ce qu'elle importait mensuellement de Birmanie, avant l'application des restrictions. L'Empire du Milieu a cependant réussi à maintenir et même à augmenter sa production d'étain raffiné grâce à ses stocks domestiques l'année dernière. Selon les données de Shanghaï Metal Market, plusieurs fonderies chinoises tournaient, le mois dernier, à moins de 70% de leur capacité. Cette limitation de la production des fonderies devrait cependant être compensée par un léger rebond cette année de la production d'étain raffiné en Indonésie, qui devrait permettre à la production mondiale d'étain raffiné de rester encore stable en 2025, selon la Tin Association, l'association qui regroupe les industriels du secteur. À lire aussiL'étain de Birmanie et de RDC manque sur le marché et maintient des prix élevés
Europe, Russie, Proche-Orient, Amérique latine, Asie : Autant de champs de bataille pour Donald Trump. Des luttes d'influence géopolitique à la recherche du deal commercial le plus avantageux. La presse internationale s'intéresse d'abord à la tournée asiatique du président américain. « Y a-t-il des avancées entre les États-Unis et la Chine sur le plan commercial ?, s'interroge le Washington Post. Un compromis apparemment gagnant-gagnant a émergé ce week-end à l'issue de négociations tendues à Kuala Lumpur, en Malaisie, mais il ne faut pas encore sabrer le champagne, tempère le quotidien américain. Un accord final ne pourra intervenir que lors de la rencontre entre les présidents Xi Jinping et Donald Trump en Corée du Sud. Ce sera jeudi. Le “cadre“ annoncé pour un accord ressemble davantage à une trêve temporaire qu'à une réconciliation totale, et encore moins à quelque chose qui se rapproche d'un grand compromis qui redéfinirait la relation entre les deux plus grandes économies du monde. » Optimisme prudent « Guerre commerciale : les États-Unis et la Chine sur la voie d'un accord ? », s'interroge également Libération à Paris. « “Je pense que nous allons trouver un bon accord avec la Chine“ : Donald Trump a conclu sur une note d'optimisme la première journée de sa tournée asiatique, entamée hier à Kuala Lumpur. Des partenariats commerciaux ont été signés avec la Malaisie, la Thaïlande et le Cambodge. Mais tous les regards sont tournés vers la bataille suprême entre Washington et son rival systémique chinois. Les signaux envoyés depuis Kuala Lumpur, où les délégations américaine et chinoise ont bouclé ce dimanche deux jours de discussions préparatoires intensives, leur cinquième round de négociations depuis le printemps, alimentent un climat d'optimisme prudent. De part et d'autre, on salue un dialogue “constructif“ et “prometteur“, alors que le monde retient son souffle face à une guerre commerciale entre les deux plus grandes puissances de la planète, dont les secousses ébranlent depuis des mois l'économie mondiale. » Et, attention, prévient Libération, « chacun sait que rien n'est jamais acquis avec Donald Trump, imprévisible et souvent prompt à torpiller ses propres engagements. » Nouvel ordre international C'est d'ailleurs le thème de l'éditorial d'El Pais : « les revirements de Trump sont spectaculaires et inextricables », pointe le quotidien espagnol. « Ses actions erratiques (…) sont autant de variables qui façonnent le nouvel ordre international sans règles qui est en passe de remplacer l'ancien, né de la Seconde Guerre mondiale. (…) Le monde assiste à une montée en puissance de la Chine et doit faire face aux aspirations impériales de Poutine, relève El Pais. La Russie pourrait tirer bénéfice d'une division du monde en sphères d'influence, les États-Unis se repliant sur leur continent et abandonnant l'Europe à son sort. Une fois une paix minimale instaurée, le Moyen-Orient serait sous la tutelle partagée d'Israël et de ses voisins arabes, alliés de type Otan de Washington et, surtout, partenaires commerciaux. La Chine, par conséquent, pourrait miser sur un désengagement trumpien de Taïwan, un mouvement dont la tournée présidentielle actuelle en Asie va offrir un premier aperçu. » Pression sur l'Amérique du Sud Le Figaro à Paris, s'attarde lui sur les visées de Trump en Amérique latine, avec une apparente contradiction : « l'intense activité diplomatique et à présent militaire de l'administration Trump en Amérique latine contraste avec sa volonté affichée de prendre de la distance avec les engagements américains en Europe ou en Asie. Le déploiement de forces dans la mer des Caraïbes pour lutter contre le trafic de drogue et déstabiliser le régime de Nicolás Maduro va aussi à l'encontre des positions précédentes de Trump, qui a lancé sa carrière politique en critiquant l'aventurisme militaire de ses prédécesseurs. » En fait, pointe encore Le Figaro, « Trump renoue avec une politique étrangère où le recours à la force devient le principal levier d'influence. Les pressions exercées contre le Venezuela rappellent aussi les politiques de changements de régime menées avec plus ou moins de succès en Amérique latine au cours du XXème siècle. » Le Figaro qui cite le chercheur américain Henry Ziemer, spécialiste de l'Amérique latine. Lui aussi pointe l'imprévisibilité de Donald Trump : « l'administration américaine essaie de faire pression sur Maduro et de déclencher des troubles internes qui le pousseraient à quitter le pouvoir. Mais des mesures autres qu'une invasion (militaire) en règle sont envisageables, affirme-t-il, comme des frappes aériennes, l'interception navale de navires, peut-être des incursions dans l'espace aérien vénézuélien, tout ce qui, il y a encore un mois, aurait été très improbable semble désormais envisageable. »
Alors que le gouvernement australien prévoit l'interdiction des exportations par bateau de moutons vivants et que le Soudan s'enfonce dans la guerre, la Somalie profite du vide pour augmenter encore ses exportations de bétail, en direction des pays du Golfe. Les exportations de moutons et, dans une moindre mesure, de chèvres ont toujours été au cœur de l'économie somalienne. Un poids qui ne cesse de se renforcer : d'après le Bureau national des statistiques du gouvernement de la République fédérale de Somalie, les exportations de bétail du pays représentaient un peu plus de 310 millions de dollars en 2018, 520 millions en 2021 et 970 millions de dollars en 2024. Autrement dit, les exportations de bétail ont plus que triplé en six ans, à tel point qu'en valeur, elles représentent aujourd'hui plus du quart des exportations de la Somalie. Une demande venue du Golfe toujours plus forte Une situation qui s'explique en partie par la fragile stabilisation du pays après des décennies de conflit, mais pas seulement. D'abord, la demande venue notamment des pays du Golfe est toujours plus forte. En 2023, à elle seule, l'Arabie saoudite a importé près de 10 millions de moutons vivants. Si on y ajoute le bétail importé par la Jordanie et les autres monarchies du golfe Persique, on arrive à plus de 14 millions de têtes importées chaque année. Ensuite, les moutons somaliens ont moins de concurrents. Même si les exportations de moutons venues du Soudan ne se sont pas effondrées autant qu'on pouvait le craindre malgré deux ans de guerre civile, le pays a perdu des parts de marché. L'état des infrastructures et de la flotte soudanaise joue aussi en sa défaveur. En 2022, un bateau a coulé en mer Rouge, entraînant la perte de plus de 15 000 moutons, une cargaison d'une valeur de 4 millions de dollars. La Nouvelle-Zélande et l'Australie mettent fin au transport d'animaux en mer La concurrence plus lointaine se fait aussi plus rare. Emboîtant le pas à la Nouvelle-Zélande, l'Australie a récemment décidé au nom du bien-être animal de mettre fin au transport maritime d'animaux vivants à compter de 2028, entraînant dès aujourd'hui une forte diminution des exportations de moutons. Comme le souligne Bloomberg, les exportations de bétail somalien pourraient donc dépasser pour la première fois cette année le milliard de dollars.
Il y a tout juste une semaine, le 16 octobre, la République démocratique du Congo levait l'interdiction d'exporter du cobalt issu de ses mines. Une interdiction désormais remplacée par un système de quotas, lequel a d'ores et déjà un effet sur les marchés. Tout a commencé en février 2025, lorsque Kinshasa a suspendu les exportations de cobalt. Pour le marché mondial, c'était un coup de tonnerre, car la RDC représente les trois quarts de la production mondiale de ce métal, utilisé dans l'aéronautique, mais surtout dans les batteries. Cette interdiction a été levée il y a une semaine, le 16 octobre, mais remplacée par un système de quotas. Un peu plus de 18 000 tonnes exportées cette année, 96 000 par an pour 2026 et 2027 ; c'est moitié moins qu'en 2024. « On est à la limite du tolérable » Avec cette mesure, Kinshasa entendait, entre autres, faire remonter les prix. Pour le moment, c'est chose faite : en début d'année, le cobalt était tombé à 21 000 dollars la tonne, au plus bas depuis dix ans. Le prix a depuis doublé à près de 44 000 dollars la tonne. Et cela pourrait aller plus loin. « Je m'attends à ce que les prix atteignent un pic à la fin de l'année, ou au début de l'année prochaine », estime Thomas Matthews, analyste chez CRU. Pour lui, cette politique des quotas va « soutenir les prix au moins jusqu'en 2027 ». Ces quotas sont donc en train de réorganiser le marché. Mais pas forcément à l'avantage de Kinshasa. « On est à la limite du tolérable », a déclaré il y a quelques jours le directeur commercial de CMOC, géant chinois de l'extraction minière, qui prévient : les entreprises risquent d'être forcées de trouver des alternatives au cobalt si les prix ne retombent pas. Risque de contrebande La Chine, premier client du cobalt congolais, émet donc un avertissement. Mais un avertissement à relativiser pour Raphaël Danino-Perraud, chercheur associé à l'IFRI : « Il y a quatre ans, les prix étaient plus hauts, et ils ne disaient pas que c'était inacceptable. » Cela fait plusieurs années que ce métal est peu à peu remplacé dans les batteries. Pour Thomas Matthews, il est « probable » que les mesures prises par la RDC ne parviennent pas à ralentir ce phénomène. Autre risque : celui de la contrebande. Des prix élevés et une politique stricte de quotas pourraient favoriser le commerce informel. « Ça n'est pas impossible », estime Raphaël Danino-Perraud. Alors, comment l'éviter ? Pour lui, favoriser la transformation locale « encouragera la formalisation de l'activité informelle ». Côté congolais, l'Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales et stratégiques du pays (ARECOMS) a mis en garde. Elle se réserve le droit d'exclure du système de quotas « toute entreprise ne respectant pas les lois et règlements en vigueur ». À lire aussiRDC: les exportations de cobalt reprennent après cinq mois d'interruption
Les Têtes d'affiche de Denise Epoté de TV5MONDE, comme chaque dimanche sur RFI, avec Nicolas Brousse. Sur la première marche du podium cette semaine, un ingénieur en génie civil originaire du Cameroun. Après des études en Algérie, Brice Mba a rejoint HEC, avec un échange académique à la Singapore Management University. En 2023, il a cofondé Reasy, une plateforme intégrée de financement et de facilitation de commerce afin de rendre le commerce international rapide et facile pour les petits et les moyens importateurs africains. La seconde tête d'affiche est originaire de la République démocratique du Congo. Diplômé en ingénierie minière de l'université Copperstone de Zambie, Christian Mwamb Rubemb a conçu Makala Vert, une solution durable visant à produire une énergie propre à base de déchets biodégradables, une alternative au charbon de bois.
Les contrôles chinois sur les exportations de tungstène depuis février ont fait grimper les prix. Or ce métal est utilisé pour sa dureté, sa résistance à l'abrasion qui sont des qualités précieuses pour l'industrie. Parmi les secteurs touchés par cette flambée des prix, il y a celui du pétrole aux États-Unis, et plus précisément les entreprises de forage pétrolier, celles qui mettent en œuvre indirectement la doctrine de Donald Trump « Drill baby drill ». Les exportations de Chine ne sont pas interdites, mais elles se font au ralenti. Résultat, le prix du tungstène a presque doublé entre le 4 février, date des restrictions imposées par Pékin et aujourd'hui. Cette hausse se répercute directement sur le coût de production des outils de forage de haute qualité, et notamment ceux en carbure de tungstène. Selon la taille des forêts utilisées, il faut compter entre 3 000 et 25 000 dollars de plus, selon l'agence Reuters. Les entreprises qui produisent ces outils ont de quoi s'inquiéter pour leur clientèle. Certaines comme R.S.Rock Drilling Tools, se sont d'ailleurs lancées dans des opérations de communication pour convaincre que la qualité, même plus chère, restait un bon investissement. Cette hausse réduit un peu plus les marges d'un secteur soumis aussi à l'augmentation des prix de l'acier et pourrait compliquer un peu plus les ambitions pétrolières de la Maison Blanche. L'industrie mondiale du forage n'est pas la seule à être affectée : les produits semi-finis de tungstène alimentent tous les procédés industriels, précise l'Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi). La demande en tungstène pour les secteurs de l'énergie et de la défense va être exponentielle d'ici à 7 ans (75% et plus) selon l'organisme qui précise que l'augmentation concerne aussi le secteur de la construction, des produits de grande consommation et le secteur médical. Quelle alternative pour les États-Unis ? Les États-Unis n'ont pas vraiment d'alternative pour s'approvisionner, car la Chine contrôle près de 80% de la production minière de tungstène et plus de 80 % des opérations de raffinage. En 2024, plus d'un quart de l'approvisionnement américain provenait de Chine, selon les services géologiques américains (USGS). Troisième importateur mondial de tungstène, les États-Unis ne produisent pas de minerai de tungstène sur leur sol. Ils misent sur le recyclage, et la transformation locale, comme l'illustre la subvention accordée à une société texane, Melt Technologies, pour soutenir l'installation pilote de production de matériaux en carbure de tungstène. Suite au renforcement des liens commerciaux entre Washington et Kigali, les États-Unis viennent aussi de recevoir ce mois d'octobre leur première cargaison de concentré de tungstène rwandais issu de la mine de Nyakabingo exploitée par Trinity Metals. Le Rwanda produit moins de 2% du tungstène mondial, mais dans la crise actuelle, chaque tonne commercialisée, hors du circuit chinois, devient précieuse. L'Europe mieux lotie ? À la différence des États-Unis, l'Europe produit du minerai en Autriche, au Portugal et en Espagne, mais elle ne maîtrise pas suffisamment les étapes de raffinage et de traitement, ce qui l'oblige à importer 80% du tungstène raffiné dont elle a besoin. Les restrictions à l'exportation imposées par la Chine ont eu un impact sur les importations nettes européennes : elles ont baissé de 60% sur les oxydes sur le premier semestre 2025 par rapport à 2024, de 45% sur les carbures de tungstène et de 20% sur le ferrotungstène, selon des données d'Eurostat. Tout l'enjeu pour l'Europe est de recycler plus. Sa marge de progrès est encore grande, relève l'Ofremi, à condition qu'elle arrive à freiner l'appétit de la Chine qui a intensifié ses importations de concentrés et de déchets métalliques pour faire tourner son industrie manufacturière et pour capter des parts de marché de la fabrication des produits semi-finis. 70% des produits en fin de vie ne sont pas recyclés – par exemple, les pièces d'usure et de coupe intégrés aux outils industriels –, « pourtant le tungstène se recycle très bien et l'Europe détient des capacités performantes » relève l'Ofremi.
La folle ascension des cours du cacao est-elle terminée ? La baisse, constatée cette année, s'est accélérée depuis la mi-août. Les cours ont atteint ces derniers jours leur plus bas depuis février 2024, soit depuis vingt mois. Le cacao new-yorkais se négociait en début de semaine à moins de 6 000 dollars la tonne contre un pic en décembre 2024 à 12 000 dollars la tonne. La baisse des prix s'explique par les nouvelles rassurantes venues d'Afrique de l'Ouest. Les pluies du mois dernier ont été bonnes, et le risque que la nouvelle récolte soit mauvaise s'éloigne. Les cours s'expliquent aussi par un recul de la demande. Les prix records, qualifiés d'intenables à long terme par certains analystes, ont fini par devenir un frein pour les industriels qui ont imaginé d'autres recettes, et pour les consommateurs qui ont appris à manger moins de chocolat. Les fonds spéculatifs participent également à alimenter cette tendance : sentant la baisse se profiler, ils ont liquidé leur position, c'est-à-dire revendu leurs contrats, ce qui donne l'impression que l'offre est plus abondante sur le marché, même si c'est artificiel. Fin de la hausse des prix ? La baisse des cours qui dure depuis plusieurs mois acte un renversement de tendance, au moins à court terme. Elle ne se traduira, en effet, pas immédiatement sur les prix, il y a toujours dans le secteur du cacao un décalage d'au moins six mois, voire plus, ce qui veut dire que la consommation pourrait encore rester tiède. L'hypothèse d'une nouvelle année excédentaire n'est pas exclue : la production mondiale pourrait dépasser la consommation d'environ 186 000 tonnes au cours de la saison 2025-26, soit plus du double de l'excédent de l'année précédente, selon une enquête de l'agence Bloomberg réalisée auprès de plus d'une dizaine de traders et d'analystes en septembre. Ce décalage entre l'offre et la demande, s'il se confirme, ne devrait pas pour autant faire baisser les prix jusqu'aux niveaux d'avant 2023, époque où le cacao s'échangeait entre 2 000 et 3 000 dollars la tonne, relève le Financial Times. Structurellement, la production d'Afrique de l'Ouest reste sous pression, en raison du vieillissement des plantations, de la prévalence de la maladie du swollen shoot et du changement climatique. Baisse structurelle de la production Le relèvement des prix payés aux planteurs en Côte d'Ivoire et au Ghana, pour la campagne cacaoyère 2025-26, ne semble pas en mesure d'enrayer la baisse structurelle de la production. Si selon Rabobank, ces prix encourageront les agriculteurs à livrer plus de fèves aux transformateurs, pour François Ruf, économiste de la filière, cela ne permettra probablement que de ralentir la baisse de la production, pas à inverser la tendance. C'est en particulier vrai au Ghana où la concurrence de l'orpaillage a déjà fait perdre du terrain à la filière. Le pays pourrait d'ailleurs perdre à court terme sa place de deuxième producteur mondial, au profit de l'Équateur. À lire aussiHausse des prix du cacao en Côte d'Ivoire: «Ces prix jamais-vus ne tiennent pas compte de l'inflation»
L'inondation du marché du diamant par les pierres synthétiques est une source de préoccupation pour la filière. À tel point qu'en juin dernier, l'industrie du diamant naturel s'est engagée à alimenter un fonds pour une vaste opération marketing. Quatre mois plus tard, les promesses de financement n'ont pas été suivies d'actes. Les signataires se sont engagés à verser 1% de leurs revenus d'exportation de pierres brutes à un fonds collectif. Cette structure, le National Diamond Council, existe depuis longtemps, mais a vu ses moyens chuter avec l'arrêt des financements russes d'Alrosa. L'objectif est de le doter à nouveau de 100 millions de dollars pour mener une vaste campagne de promotion mondiale du diamant naturel. Quatre mois plus tard, les montants promis n'ont pas été débloqués, selon le Centre pour le diamant d'Anvers (AWDC) qui a bataillé pour réunir tous ces acteurs à la même table, et qui demande aujourd'hui à chacun de respecter son engagement, dans une lettre ouverte. « Chaque retard affaiblit la crédibilité de l'engagement que nous avions pris ensemble », écrivent les responsables de l'AWDC. La bataille du marketing Du point de vue des diamantaires, il y a urgence à agir, car les pierres de laboratoire ont provoqué une crise dans le secteur ces dernières années, crise qui s'est traduite par une baisse des ventes et une chute des prix. Pour livrer la bataille, le terrain de la communication est incontournable. « Pendant que nous hésitons, les diamants synthétiques inondent le marché de milliards de dollars de publicité et les influenceurs redéfinissent le discours d'une manière qui sape tout ce que notre secteur représente », relève l'AWDC. Le marketing est d'autant plus important à l'approche de Noël et ensuite du Nouvel An chinois, des périodes cruciales pour la vente de diamants. L'Angola intéressé par De Beers Parmi les contributeurs signataires au mois de juin et rappelés à l'ordre figure l'Angola, où l'industrie s'est réunie en juin. Le pays offre aujourd'hui le plus gros potentiel minier du continent et est devenu, depuis l'année dernière, le premier producteur africain en valeur. Une stature qui s'accompagne d'une ambition : Luanda assure avoir les financements pour acquérir une part du géant De Beers, dont la maison mère Anglo American veut se séparer. Proposition presque concomitante avec celle du Botswana, déjà actionnaire à 15% du groupe et qui souhaite devenir majoritaire. « Des offres, qui, à ce stade, illustrent une volonté panafricaine croissante de gérer les ressources du continent, et qui, si elles se concrétisent, pourraient avoir un impact important sur le marché du diamant », commente un industriel du secteur. À lire aussiLe secteur du diamant s'unit pour redorer l'image des pierres naturelles
En Russie, c'est l'une des conséquences des sanctions prises au lendemain de l'invasion de l'Ukraine : les ventes de véhicules chinois ont explosé. Elles ont été multipliées par sept depuis 2022 ! Et malgré un marché de l'automobile morose, une nouvelle domination est en train de s'installer. Depuis le début de l'année, plus d'une voiture neuve sur deux vendues en Russie est de marque chinoise. Sur un parking d'un centre commercial, Mikhail recharge à une borne électrique sa berline, une Hongqi achetée il y a trois ans. « C'est sûr que conduire une voiture allemande, c'est bien plus agréable, mais ça va, en termes de confort, de stabilité et de tenue de route, cette voiture fait bien l'affaire. Après, c'est vrai qu'en hiver la batterie se décharge très vite. Ça, c'est un problème. Mais en été ou à ce moment de l'année, tout est parfait », dit-il. Pour se rendre compte du phénomène, il suffit de se connecter sur l'application de VTC, Yandex. Aux côtés des marques coréennes ou japonaises, de plus en plus de courses sont proposées à bord de véhicules chinois. Taalay est originaire du Kirghizistan et s'il a opté pour une voiture de la marque Geely, c'est avant tout pour son prix. Pour un véhicule chinois moyenne gamme, il faut compter en Russie 2 millions de roubles en moyenne, soit à peu près 20 000 euros. « Aujourd'hui, sur le marché, les voitures chinoises sont bien plus accessibles… Donc moi, c'est le rapport qualité/prix qui m'a décidé. Et puis avec les sanctions, ça ne sert plus à rien d'avoir une voiture européenne, parce que c'est très dur de trouver des pièces détachées. Au moins, avec les voitures chinoises, vous n'avez aucun problème ! », explique-t-il. Un marché conquis après le départ des marques européennes Malgré un contexte économique difficile pour l'automobile en Russie, les constructeurs chinois continuent à gagner des parts de marché. Depuis le début de l'année, 500 000 véhicules chinois ont été vendus en Russie, ce qui représente plus de la moitié des ventes de voitures neuves. Nicolaï Nazaikinskii est journaliste, expert en automobile. « L'une des principales raisons, c'est l'introduction des sanctions occidentales. Quand les Européens ont quitté la Russie, ils ont aussi abandonné leurs concessions. Et les Chinois n'ont eu qu'à les remplacer... Ils ont juste repris leurs concessions et mis leurs logos à la place », indique-t-il. Pour écouler leurs voitures en Russie, les marques chinoises peuvent compter sur des taxes moins élevées qu'en Europe et aux États-Unis, des délais de livraisons plus courts. Mais ils assemblent aussi désormais plus de voitures sur le sol russe. « Nous avons plusieurs usines de voitures chinoises en Russie. La marque Haval avait ici deux usines avant les sanctions, mais vous avez désormais Chery qui assemble ses voitures, et d'autres marques prévoient de faire pareil. En fait, tout est devenu beaucoup plus simple pour ces marques, parce que les infrastructures sont déjà là. Il leur suffit de venir assembler leurs voitures là où les Européens le faisaient auparavant. » Mais cet afflux de voitures chinoises n'est pas sans inquiéter le Kremlin. En janvier, Moscou a décidé de relever les « frais de recyclage », c'est-à-dire des droits de douane pour limiter l'entrée des véhicules étrangers et ainsi protéger les constructeurs russes.
En visite à partir de ce jeudi en Asie centrale, Vladimir Poutine participe à un sommet avec les cinq dirigeants de cette région riche en ressources naturelles. Un déplacement à forte portée économique pour une Russie sous sanctions, qui cherche à préserver son influence face à la montée en puissance de la Chine et d'autres partenaires. Le président russe est au Tadjikistan à l'occasion d'un sommet réunissant les cinq pays d'Asie centrale: le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan. Longtemps considérée comme le cœur de l'influence soviétique, puis russe, cette région stratégique tente depuis la chute de l'URSS de diversifier ses partenariats. Désormais, ces États multiplient les liens économiques avec la Chine, la Turquie et plusieurs pays occidentaux, notamment la France. Une évolution que Moscou observe avec attention. Sous le coup de lourdes sanctions depuis l'invasion de l'Ukraine, la Russie cherche dans cette région un moyen de compenser ses pertes économiques et d'affirmer qu'elle reste un acteur incontournable. L'énergie, au cœur de la stratégie économique russe Le principal levier de cette visite est énergétique. Le sous-sol de ces pays regorge de ressources naturelles — pétrole, gaz et uranium — qui attirent les convoitises. Le Kazakhstan, par exemple, est l'un des plus grands producteurs d'hydrocarbures de la région, mais son pétrole transite à 80 % par les oléoducs russes. L'uranium, essentiel au fonctionnement des centrales nucléaires, constitue un autre enjeu majeur. Plusieurs puissances se positionnent sur ce marché, dont la France. Emmanuel Macron s'est rendu en Ouzbékistan au printemps dernier pour signer de nouveaux partenariats. Moscou, de son côté, veut consolider sa place en proposant sa technologie nucléaire et en négociant de nouveaux contrats énergétiques. Mais Vladimir Poutine avance désormais sur un terrain où la Chine a pris une longueur d'avance. Pékin, Paris, Ankara… la Russie n'est plus seule à la table Derrière ce déplacement, c'est aussi une bataille d'influence qui se joue. Avec son vaste projet des « Nouvelles routes de la soie », Pékin a transformé l'Asie centrale en un couloir commercial entre la Chine et l'Europe, y investissant massivement dans les infrastructures et les technologies. Cette présence chinoise offre aux États centrasiatiques une alternative crédible à Moscou, qui voit son influence se réduire. Dans ce contexte, la visite de Vladimir Poutine apparaît comme une tentative de démontrer que la Russie peut encore peser économiquement malgré la guerre et l'isolement international. Mais le centre de gravité économique de la région s'est déplacé. Les capitaux viennent désormais de Pékin, d'Ankara, parfois même de Paris. Si Moscou demeure un acteur historique et symbolique, elle doit désormais composer avec d'autres puissances bien installées. L'Asie centrale, forte de cette rivalité, tient un rôle d'arbitre, profitant de cette compétition pour renforcer sa souveraineté sans sacrifier son autonomie.
Adopté il y a 25 ans, l'Agoa permet à 32 pays africains d'exporter des milliers de produits vers les États-Unis sans droits de douane. Mais il expire ce 30 septembre à minuit, sauf prolongation de dernière minute. Un bilan contrasté pour un accord crucial à la fois économique et géopolitique. En 2000, sous Bill Clinton, l'Agoa (African Growth and Opportunity Act) voit le jour avec un objectif clair : renforcer les relations commerciales entre les États-Unis et l'Afrique subsaharienne. Aujourd'hui, cet accord permet à 32 pays africains d'exporter plus de 6 000 produits sans droits de douane : biens manufacturés, textile, voitures sud-africaines, produits agricoles ou encore ressources minières. En contrepartie, ces pays doivent respecter certains critères : économie de marché, progrès en matière de gouvernance, de démocratie et de droits humains. C'est pourquoi la liste des membres évolue régulièrement. En 2023, les exportations africaines vers les États-Unis dans ce cadre ont atteint 10 milliards de dollars. Des résultats visibles, mais concentrés dans quelques pays Depuis son entrée en vigueur, l'Agoa a permis aux exportations africaines vers les États-Unis de progresser de 37% entre 2001 et 2021. Mais les bénéfices sont très inégalement répartis. L'Afrique du Sud en tire le plus grand profit avec ses voitures, ses agrumes et son vin. Viennent ensuite le Kenya et le Lesotho grâce au textile, ainsi que Madagascar dans une moindre mesure. Pour la majorité des autres pays, l'impact reste marginal. Pourtant, une fin brutale de l'Agoa aurait des conséquences lourdes, comme une perte de compétitivité, un recul des investissements et menaces sur des centaines de milliers d'emplois. Un avenir incertain face au retour du protectionnisme américain Au Kenya, 300 000 emplois du secteur textile sont menacés. Au Lesotho, l'Agoa a permis de bâtir la première industrie du pays, le vêtement, où se fournissent encore de grandes marques américaines. En Afrique du Sud, déjà frappée par un chômage supérieur à 30%, des dizaines de milliers d'emplois pourraient disparaître. Pour ces pays, l'Agoa est indéniablement une réussite, mais ses bénéfices restent concentrés. De leur côté, les investisseurs américains ont aussi profité de cette dynamique. Reste que Washington, à l'heure du protectionnisme et des droits de douane, revoit sa politique commerciale. Et si les États-Unis se retiraient un peu plus du terrain africain, un vide se créerait. Un vide que ne manquerait pas de combler la Chine, devenue paradoxalement l'ennemi numéro 1 de Donald Trump et le premier partenaire commercial de la majorité des pays du continent.
En RDC, à la frontière avec la Zambie, environ 700 femmes de Kasumbalesa assurent le transport manuel des marchandises des petits commerçants. On les appelle les femmes « wowo ». Si leur travail est vital pour l'économie locale, il se fait dans la précarité et sous la menace permanente de violences. De notre correspondante de retour de Kasumbalesa, Dès le matin, les femmes « wowo », chargées de sacs de farine, de packs de biscuits, de lots de boissons sucrées pesant parfois de plus de 30 kilos, sont dans le couloir piétonnier de Kasumbalesa et dans la zone neutre. Un sac sur sa tête, Anto vient de braver les différentes barrières du couloir : « Il y a trois barrières. À la sortie de la Zambie, je paye 500 francs congolais. Au couloir, je donne 1 000 francs congolais et un peu plus loin, je débourse encore 1 000 francs congolais. Une fois en dehors du couloir, d'autres agents des services publics nous attendent. Des fois, je négocie avec eux et ils me laissent passer. » Des attouchements et des humiliations Au-delà de ces tracasseries, certaines femmes subissent des violences verbales de la part des agents publics. Jacquie, jeune femme veuve, rencontrée à la sortie du couloir piétonnier, témoigne : « On m'insulte souvent. Ces agents me disent. Pourquoi es-tu ici ? Où est ton mari ? Est-il incapable de te nourrir ? Bon, je n'en ai rien à faire, on supporte parce qu'ils ne connaissent pas ma situation. » D'autres subissent même des agressions sexuelles, déclare Régine Mbuyi, une autre femme « wowo » : « Lorsqu'un agent m'interpelle parfois, il me demande des faveurs sexuelles pour laisser passer la marchandise. Il arrive également que pendant la fouille, ces agents se permettent des attouchements jusque sur les parties intimes. C'est humiliant… » Les femmes « wowo » de Kasumbalesa n'ont aucune protection sociale ni de recours légal. L'Association des femmes actives dans le commerce transfrontalier (AFACT) dénonce une situation alarmante. Solange Masengo est la présidente : « Dans la zone de la Comesa, le Marché commun de l'Afrique orientale et australe, nous voyons les femmes assurer le transport transfrontalier sans problème. Mais ici, chez nous, ces femmes discriminées, elles sont chassées. Il y a des filles qui ont été humiliées et déshabillées, et nous avons des preuves. On a aussi des femmes qui ont été fouettées publiquement. Lorsque l'association veut intervenir, on nous demande de laisser la situation comme ça. Pourquoi la femme ne peut pas faire un travail de son choix ? » Pour l'heure, nous n'avons pas réussi à avoir la réaction du maire de Kasumbalesa et même du sous-directeur de la douane. Les femmes « wowo » quant à elles, continuent de porter le commerce frontalier sur leurs épaules malgré la fatigue et les humiliations. À lire aussiFemmes «wowo», ces forces invisibles du commerce transfrontalier entre la RDC et la Zambie [1/2]
Sept maroquiniers éthiopiens étaient récemment à Paris pour présenter leur travail. Objectif : se faire connaître, convaincre des acheteurs et franchir les obstacles qui freinent leur entrée sur le marché européen. « Je fabrique des sacs, des carnets, des ceintures et d'autres accessoires. Comme vous pouvez le voir, je crée aussi bien des articles féminins que masculins, ainsi que des produits mixtes et unisexes », raconte Milki Aberra, cofondateur de la marque Tibeb Leather Works. Il a un atelier de maroquinerie et deux boutiques à Addis-Abeba. Et, tout sourire, le voilà à Paris dans un salon de mode pour tenter de trouver des débouchés à sa production et valoriser enfin le cuir éthiopien. « Il est un peu difficile de trouver une clientèle régulière. Nous avons bien un client à l'export sur le marché américain, mais pas encore en Europe. C'est un peu compliqué, car il y a trop de normes et de spécifications à respecter avant de pouvoir exporter vers l'Europe. Donc oui, c'est assez difficile de pénétrer le marché européen », reconnait Milki Aberra. Une « marque-pays » nommée Éthiopie Impossible pour l'instant de trouver ses créations en Europe : elles ne sont pas distribuées. Pour que cela devienne une réalité, Milki Aberra et six autres maroquiniers éthiopiens sont appuyés par le Centre de promotion des importations des Pays-Bas. Une organisation gouvernementale où travaille Jan Willem Richelmann : « On retravaille le dessin pour réaliser le goût européen. Les collections se sont améliorées chaque année. Et aussi, quand ils viennent à Paris, le marché les reconnaît. Donc chaque fois, vendre "la marque-pays", ça marche mieux. Et ça se traduit en business. » Mais encore faut-il pouvoir venir. Le visa court séjour permettant l'entrée dans l'espace Schengen regroupant 29 États européens est très difficile à obtenir. Un frein supplémentaire à l'exportation pour les entrepreneurs africains. Sans visa, très peu d'achats « Pour les affaires en particulier, c'est très difficile, témoigne Milki Aberra, par exemple, moi, on m'a refusé deux fois, en 2023 et en 2024, je n'ai pas pu venir à ce salon. C'est la première fois que je viens. C'est important pour nous d'avoir des échanges en face à face pour trouver plus de clients ». Résultat de ce séjour parisien pour Milki Aberra : quelques contacts pris, mais, à ce jour, aucun client n'a confirmé de commande ferme. Si le cuir éthiopien reste très prisé par les grandes marques occidentales et chinoises, l'artisanat et la création locale peinent à percer en Europe. Reste les États-Unis, et malgré de nouveaux droits de douane de 10 % supplémentaires, les experts estiment que l'Éthiopie s'en sort plutôt bien face à ses concurrents, comme le Bangladesh ou le Vietnam. À lire aussiMode : comment développer le potentiel du secteur du cuir sur le continent ?
À Kasumbalesa, à la frontière entre la Zambie et la RDC, se vit un trafic parallèle, loin des grands camions et des formalités douanières. Chaque jour, plusieurs centaines de femmes congolaises transportent sur leur tête, ou leur dos, des marchandises pour traverser la frontière Zambienne. On appelle ces femmes « wowo », en référence aux camions chinois de la même marque. Notre correspondante a suivi quelques-unes de ces femmes. De notre correspondante de retour de Kasumbalesa, À Kasumbalesa, deuxième poste frontalier plus important de la RDC, elles sont là, à quelques mètres des files interminables de camions : des femmes portant de lourdes charges sur la tête et le dos, qui franchissent le couloir piétonnier. Ce sont les femmes « wowo » raconte avec sourire Alphonsine, l'une d'elles : « Je suis en mesure de faire passer la charge de tout un camion. Nous sommes les mamans "wowo", c'est l'image des camions qui transportent des charges importantes. Nous travaillons en équipe. S'il faut décharger le camion, nous le faisons et puis nous transportons la cargaison jusqu'à la destination au Congo, selon les instructions du propriétaire. » Selon l'association des femmes actives dans le commerce transfrontalier, elles sont près de sept cents, tous âges confondus, qui exercent ce métier. Les petits commerçants, eux, ne s'affichent pas dès qu'ils confient la marchandise aux femmes « wowo ». Témoignage de Régine Mbuyi, une autre transporteuse : « Le petit commerçant vient acheter toute sorte d'articles, du jus, de la farine de froment, de l'huile végétale… Il me sollicite pour faire traverser ces produits. S'il est de bonne foi, il me donne aussi l'argent pour payer la douane et d'autres services publics. Mais s'il n'a rien, je dois me débrouiller. » À la sortie de la frontière côté congolais, quatre femmes arrivent chacune avec cinq packs de boisson sucrée d'environ 30 kg sur sa tête. Coût de transport, 1 500 francs congolais par course, soit moins d'un dollar. La recette journalière de chacune est de près de 5 dollars. Ces femmes doivent transporter environ une tonne. Pour y arriver, c'est la course contre-la-montre, explique Keren pendant qu'elle range les packs : « Chacune de nous a une quantité qu'elle doit transporter. Moi, j'ai 25 packs. Le commerçant a acheté 100, ce n'est pas beaucoup. Bon, on y va pour la dernière course. » Les services de douanes, quant à eux, ne voient pas d'un bon œil cette activité des femmes, car elle favoriserait un manque à gagner quotidien de près de 3 000 dollars. Pour Malaxe Luhanga, président des petits transporteurs transfrontaliers, il faut formaliser cette activité : « On peut appliquer le système de groupage selon la catégorie des marchandises et qu'elles soient taxées officiellement. On peut adopter ce système qui est admis par les pays membres du Comesa pour faciliter les transactions et la taxation par les services publics. » En attendant, des centaines des femmes « wowo » de Kasumbalesa poursuivent leur activité de manière informelle. À lire aussiLa frontière entre la Zambie et la RDC rouvre après plusieurs jours de fermetures
Sous l'effet de la guerre commerciale menée par Donald Trump, Pékin réoriente ses exportations. Si les flux vers les États-Unis s'effondrent, l'Europe, l'Asie et même l'Afrique deviennent des débouchés privilégiés. Les chiffres d'août 2025 confirment un tournant pour la deuxième économie mondiale. Si les exportations chinoises progressent encore par rapport à l'été 2024, leur croissance ralentit fortement. Surtout, les ventes vers les États-Unis se contractent brutalement : -12% en un mois, soit environ 5 milliards de dollars en moins. En cause, les surtaxes de 30% imposées par Washington sur l'ensemble des produits chinois. Mais Pékin ne se contente pas d'encaisser le choc. La Chine redéploie sa production vers d'autres marchés. L'Europe en première ligne du redéploiement Le continent européen s'impose comme la principale alternative pour les exportateurs chinois. Au premier semestre 2025, il a absorbé 16% des exportations chinoises, une proportion en hausse constante. Tous les secteurs sont concernés : électronique, chimie, textile, jouets, pharmaceutique, acier et surtout automobile électrique. Si certains y voient une opportunité — prix plus compétitifs et accès à des innovations technologiques — d'autres redoutent un « nouveau choc chinois » entraînant une désindustrialisation accélérée. L'Asie et l'Afrique, nouveaux relais de croissance La stratégie dite du « China+1 » illustre cette diversification. Pékin maintient sa base industrielle tout en s'appuyant sur ses voisins de l'Asean (+22% d'exportations vers la région) pour la production et la réexportation, du Vietnam à la Thaïlande. L'Asie centrale bénéficie également des Nouvelles Routes de la Soie, tandis que l'Inde et l'Afrique voient affluer des produits chinois. Pour accompagner ce basculement, la Chine a ouvert 117 nouvelles lignes de fret aérien au premier semestre. Derrière cette intensification logistique, une stratégie claire : compenser le recul du marché américain, renforcer son influence régionale et rappeler qu'elle reste un acteur incontournable du commerce mondial.
Shein, Temu, AliExpress, depuis quelques années, des géants de l'ultra fast fashion et du commerce low cost déferlent sur les marchés mondiaux. Ces plateformes proposent du prêt-à-porter ou des petits articles de bazar à prix cassés, dont il est difficile de passer à côté, tant les publicités sont matraquées sur les réseaux sociaux. Une stratégie qui agace de plus en plus alors que la planète est déjà submergée par les déchets textiles. Accusés de vendre des contrefaçons, des produits dangereux ou encore de proposer de fausses promotions ou de communiquer des informations trompeuses, ces mastodontes du low cost attisent régulièrement les critiques. Le 9 septembre 2025, le Parlement européen a définitivement adopté une directive obligeant les fabricants de vêtements à prendre en charge les coûts de collecte, de tri et de recyclage de leurs produits. Une obligation financière qui vise explicitement les acteurs de la fast fashion. Côté français, on milite pour l'adoption d'un outil européen qui vise à déréférencer les sites de vente en ligne en infraction avec les droits européens. Face au développement de ces plateformes, ces mesures sont-elles suffisantes ? Faut-il davantage responsabiliser le consommateur qui cherche en premier lieu à faire des économies ? Ou plutôt augmenter la pression sur les sites de e-commerce ? Avec : • Audrey Millet, historienne, chercheuse à l'OsloMET et au Laboratoire d'anthropologie du travail à l'Université de Bologne. Elle étudie les liens entre le «made in Italy» et le crime organisé. Autrice de L'Odyssée d'Abdoul - Enquête sur le crime organisé (Les Pérégrines, 2024) • Mathilde Pousseo, déléguée générale du collectif Ethique sur l'étiquette. Un entretien avec Najet Benrabaa, correspondante de RFI à Medellin, en Colombie, où Temu est la deuxième application la plus utilisée en Colombie. En fin d'émission, la chronique Voisins connectés d'Estelle Ndjandjo, sur l'évolution des sociétés africaines mondialisées à travers les écrans, les réseaux sociaux et la technologie. Aujourd'hui, on regarde dans le rétroviseur de la révolution capillaire du cheveu afro. Comment prendre soin de ses cheveux texturés ? Une question qui a traversé plusieurs générations de blogueuses et de créatrices de contenu. Une révolution possible grâce à la révolution capillaire. Programmation musicale : ► Baise Le Monde – Orelsan ► Wicked (Remix) – SuperJazzClub feat. Cruel Santino.
Les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine se sont « très bien passées » lundi 15 septembre estime le président américain Donald Trump, après de nouvelles discussions tenues à Madrid, en Espagne. Mais avant un éventuel apaisement, la hausse des droits de douane entre les États-Unis et la Chine a des conséquences négatives pour d'autres régions, y compris l'Afrique. Les droits de douane américains (fixés pour l'instant à 30 % sur les produits chinois entrant aux États-Unis), tendent à ralentir l'activité en Chine. La production industrielle y a baissé le mois dernier. Si la guerre commerciale persiste, Pékin pourrait moins acheter que prévu en Afrique, estime Julien Marcilly, économiste en chef du cabinet Global Sovereign Advisory (GSA). « Si la Chine exporte moins vers les États-Unis, il est probable qu'elle importe moins de matières premières et de biens intermédiaires depuis le reste du monde, et donc en particulier de l'Afrique, explique-t-il. Un certain nombre d'économies africaines devraient ainsi être touchées négativement. » Les pays les plus exposés à cela sont plutôt des pays à faible revenu exportant des matières premières, comme le Niger, la République Démocratique du Congo, la Guinée ou la Sierra Leone. Ces perspectives négatives se présentent alors que l'Afrique est aussi déjà confrontée directement au protectionnisme de Donald Trump. Expiration de l'Agoa Avec le retour de Donald Trump à la Maison blanche, les pays africains font face à une hausse des droits de douane américains et l'expiration à la fin du mois de l'Agoa. Cet accord permettait depuis près de 25 ans à des pays africains d'être exemptés de droits de douane pour leurs exportations vers les États-Unis, sous certaines conditions. Commerce Chine-Afrique : qui gagne ? De nombreux pays pâtissent du protectionnisme états-unien et la Chine cherche à saisir cette opportunité pour approfondir ses liens avec le continent, dans le cadre d'une stratégie de diversification de ses partenariats. En juin, Pékin a ainsi annoncé supprimer les droits de douane pour vingt pays africains supplémentaires contre seulement une trentaine auparavant. La date d'entrée en vigueur de la mesure n'a pas été confirmée. D'après Julien Marcilly, qui vient de co-signer une étude sur le sujet, « le Zimbabwe, la Côte d'Ivoire, la Namibie, et dans une moindre mesure l'Afrique du Sud » pourraient en profiter plus que d'autres. « Cela peut atténuer les effets négatifs de la nouvelle politique commerciale américaine, mais ça ne les compense pas », nuance-t-il. À lire aussiLa suspension des droits de douane par la Chine peut-elle profiter aux pays africains? Éviter une nouvelle dépendance L'un des risques est aussi de faire naitre ou d'approfondir de nouvelles dépendances. Si le volume des échanges vers l'Afrique est minime pour la Chine, par rapport à d'autres régions du monde, le commerce avec Pékin peut être localement très important pour certains pays du continent. Beaucoup en ont conscience et cherchent de nouveaux partenaires, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine. Le Maroc, lui, s'est lancé depuis près de 20 ans et a investi par exemple pour développer son industrie locale. Le pays fabrique ainsi des voitures du groupe Renault, pour son marché national et principalement pour l'Europe. Se diversifier prend donc du temps. Pour l'instant, la situation profite plutôt à la Chine, devenue première partenaire commerciale de tous les pays du continent sauf le Lesotho et l'Eswatini. La balance est favorable à Pékin. Les exportations chinoises vers l'Afrique ont encore augmenté cette année.
Dans une récente étude, l'OCDE apporte de nouvelles perspectives sur le commerce alimentaire en Afrique de l'Ouest. Alors que les chiffres officiels l'estiment à 1,7 milliard de dollars par an, la compilation de plusieurs bases de données sur le commerce non enregistré - tels que les études nationales et le travail réalisé par le Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel - montre qu'il s'élève au moins à 10 milliards. Un niveau qui vient bousculer les idées reçues sur les échanges de denrées dans la région. Le suivi des denrées et des prix, c'est le métier de Mouhamadou Ndiaye, le coordinateur du Réseau des systèmes d'information des marchés en Afrique de l'Ouest, dont l'un des défis au quotidien est d'apprécier les marchandises non enregistrées. « Nous qui sommes dans les marchés, nous savons qu'effectivement, il y a ces produits. Dans les marchés, vous pouvez juste connaître le niveau d'approvisionnement, connaître les prix, décrit cet expert. Mais savoir exactement les tonnages, c'est très difficile. Bien sûr, cela a un impact sur la sécurité alimentaire parce que très souvent, certains pays, y compris aujourd'hui, interdisent à certaines denrées de quitter leur territoire. » Ce travail de compilation inédit dresse un portrait différent de celui communément admis du commerce alimentaire dans la région. Il montre notamment une diversité de marchandises alimentaires plus importante et un commerce largement répandu entre l'ensemble des États de la zone, et pas seulement entre les États frontaliers, bilan qui change la donne lorsque vient le temps de faire des choix. « Les décideurs politiques, et même les acteurs privés, ont une relative méconnaissance d'où se situent les opportunités de marché régional, parce qu'on n'a pas de données comme on peut en avoir dans d'autres régions du monde sur la taille réelle des importations alimentaires et d'où elles proviennent, autrement dit combien rapporte le Nigeria ou le Bénin par produit. Donc c'est aussi ça l'enjeu : pouvoir avoir de meilleures informations pour guider les politiques de soutien de promotion des exportations, par exemple, que des pays mettent en œuvre », détaille Alban Mas Aparisi, économiste en charge du travail sur la transformation des systèmes au Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest de l'OCDE et auteur du rapport. Prenant l'exemple du Nigéria, il montre que celui-ci passe du rang de huitième à premier pays importateur régional, selon que l'on prend en compte les données officielles ou les données retravaillées par son étude. « Cela donne une idée decombien les données sont faussées », souligne-t-il. À lire aussiEurope-Nigeria, l'axe du blé se renforce mais jusqu'à quand? Le commerce intrarégional en Afrique de l'Ouest se révèle donc beaucoup plus important que ce qu'en disent les statistiques officielles - c'est par exemple le cas des tubercules ou des céréales locales, qui en sont quasi absentes - avec des conséquences sur l'appréciation de la résilience alimentaire dans la Cédéao. « La question des interdictions aux exportations qui continuent de se produire dans la région est extrêmement contre-productives parce que cela nuit à la fois à la production locale et à la sécurité alimentaire de la région, en coupant les producteurs des marchés régionaux », alerte l'économiste du Club du Sahel. « Parce que s'il y a des interdictions mutuelles, les produits circulent moins, il y a moins de diversité, moins de disponibilité et aussi des prix plus élevés », poursuit-il. Près des deux tiers de la production alimentaire régionale - en excluant le cacao et la noix de cajou, cultures de rente et majoritairement destinées à l'exportation - seraient ainsi en réalité déjà destinées aux pays de la Cédéao. Pour consulter le rapport : Le commerce alimentaire intrarégional en Afrique de l'Ouest : Nouvelles données, nouvelles perspectives. À lire aussiLe fonio en Guinée: une culture qui a la peau dure
L'Afrique du Sud n'a toujours pas obtenu d'accord avec Washington, et ses exportateurs subissent les 30% de droits de douane américains. Pour limiter l'impact, le gouvernement mise sur la diversification des marchés et propose d'assouplir les règles de concurrence afin de permettre aux entreprises de collaborer à l'export. Les 30 % de droits de douane américains poussent l'Afrique du Sud à diversifier ses exportations. Le département du commerce a mis en place un bureau d'assistance pour aider les entreprises à regarder vers de nouveaux marchés, en Asie ou au Moyen-Orient, explique Willem Van Der Spuy, directeur général des exportations. « Il y a un dicton qui dit : "Ne laissez jamais une bonne crise se perdre". Le gouvernement sud-africain travaille déjà depuis un certain temps à la diversification. Notre préoccupation aujourd'hui, c'est de l'accélérer. Cela veut dire se pencher sur des solutions qui, jusque-là, étaient en arrière-plan. Prendre des décisions que nous aurions peut-être dû prendre plus tôt… » À la conquête de nouveaux marchés Parmi ces décisions, le département du Commerce propose une exemption sur les exportations – un amendement qui permettrait aux entreprises sud-africaines de collaborer sans enfreindre les lois sur la concurrence. « Nous avons des règles très strictes en matière de coopération entre entreprises, détaille Willem Van Der Spuy. Nous avons donc décidé que, pour aider réellement les entreprises à pénétrer les marchés internationaux – en particulier si elles doivent pénétrer de nouveaux marchés, il serait plus facile de les laisser collaborer. Pour partager les informations, réfléchir à des infrastructures communes pour les exportations, expédier certains produits ensemble. Cela nous permettra d'être plus compétitifs. De réaliser des économies d'échelle aussi, parce qu'il pourrait y avoir une commande importante qui ne pourrait être honorée par une seule entreprise, mais plutôt par deux ou trois. » À lire aussiDroits de douane américains : les pays et les producteurs d'Afrique craignent les conséquences Pour comprendre l'impact de cette exemption, direction la fédération des entreprises de la sidérurgie. Un secteur qui emploie des centaines de milliers de personnes, moteur de l'économie sud-africaine, particulièrement touché par ces nouvelles taxes. « Sur les 1 300 entreprises que l'on représente, la moitié a répondu à notre enquête. Voici le résultat : 50 % de ces entreprises sont affectées par les droits de douanes, directement ou indirectement », explique Tafadzwa Chibanguza est le président de la fédération SEIFSA. Alléger les règles pour renforcer la compétitivité Ce projet d'exemption est une bonne initiative, selon elle, même si « ça aurait déjà dû être la norme – notre façon de faire du commerce. Le problème de l'Afrique du Sud, c'est que nous sommes toujours guidés par des événements, on réagit à des urgences. Et on voit que notre droit de la concurrence a tendance à trop privilégier la législation, plutôt que de s'intéresser vraiment à notre compétitivité. Je sais que la frontière est très floue. Parce que pour créer de la concurrence dans l'économie, oui, il faut sûrement empêcher les monopoles, avec des lois. Mais l'accent devrait être mis sur notre compétitivité réelle plus que sur une législation stricte. Donc oui, il faut laisser les concurrents collaborer ! » Mais le processus législatif risque d'être long. En attendant, le gouvernement travaille à un paquet d'aides économiques pour les petites entreprises. Et espère toujours conclure un accord avec Washington.
Aux États-Unis, la production pétrolière bat des records, dépassant les 13 millions de barils par jour en 2024. Pourtant, les grandes compagnies annoncent des suppressions massives d'emplois et un recentrage stratégique. Un paradoxe qui illustre les tensions économiques, sociales et politiques du secteur. ConocoPhillips a récemment annoncé la suppression d'environ 3 000 postes, soit un quart de ses effectifs. Une décision qui n'est pas isolée. Chevron prévoit également de réduire de 15 à 20 % ses emplois d'ici 2026. Du côté des services parapétroliers, le leader SLB est lui aussi engagé dans une vaste réorganisation. Ces annonces interviennent alors même que les États-Unis confortent leur position de premier producteur mondial, devant l'Arabie saoudite et la Russie. À lire aussiPétrole: Chevron rachète Hess, un méga deal qui change la donne mondiale Produire plus, mais gagner moins Ce paradoxe s'explique d'abord par la baisse continue du prix du baril. Les volumes produits augmentent, mais si le prix unitaire chute, les marges s'effondrent mécaniquement. Dans ce contexte, les majors revoient leurs investissements à la baisse, d'autant que les coûts d'exploitation grimpent. Autre facteur: la vague de fusions-acquisitions qui a marqué le secteur. ExxonMobil a absorbé Pioneer, Chevron a repris Hess et ConocoPhillips a racheté Marathon. Ces opérations entraînent des synergies mais aussi des doublons, synonymes de suppressions d'emplois. Un secteur sous pression et à haut risque La stratégie de rigueur n'est pas sans conséquences. Sur le plan opérationnel, les coupes dans les effectifs pourraient faire perdre des compétences clés aux entreprises. Sur le plan social, certaines régions comme Houston, très dépendantes du pétrole, redoutent des tensions liées aux licenciements. Le secteur doit aussi composer avec les enjeux politiques et climatiques: produire plus tout en réduisant les émissions, un équilibre complexe et dépendant du pouvoir en place. Enfin, le risque financier reste majeur. L'OPEP+, qui régule l'offre mondiale, demeure l'arbitre du marché. Si l'organisation décide d'augmenter sa production, les marges américaines pourraient être encore plus fragilisées. À lire aussiPourquoi les géants pétroliers pourraient nuire aux ambitions de Donald Trump
Confrontée à des droits de douane punitifs de 50% imposés par les États-Unis sous l'impulsion de Donald Trump, l'Inde a choisi de ne pas riposter frontalement. Le gouvernement de Narendra Modi déploie une stratégie intérieure : alléger la fiscalité pour soutenir la consommation et amortir le choc sur la croissance. Les nouvelles taxes américaines résonnent comme une onde de choc pour les industriels indiens. 50% sur chaque produit importé d'Inde. Ces surtaxes douanières menacent les exportations, avec à la clé des risques de baisse de la production, de suppressions d'emplois et, en bout de chaîne, d'un ralentissement de la croissance. Déjà en repli par rapport à 6,5% l'an dernier, celle-ci pourrait s'affaiblir encore. Face à cette pression, New Delhi cherche à rassurer à la fois les entreprises et les consommateurs. Une réforme fiscale pour redonner du pouvoir d'achat La réponse de Narendra Modi passe par une refonte de la taxe sur les biens et services (GST). Actuellement structurée en quatre tranches – 5%, 12%, 18% et 28% – et jugée lourde administrativement, elle serait simplifiée en deux paliers : 5% pour les biens essentiels et 18% pour la majorité des autres produits. Avec moins de paperasse pour les entreprises et des prix allégés pour les ménages, le gouvernement espère un effet de relance rapide. Les économistes estiment que cette réforme pourrait ajouter 0,6% au PIB, soit plusieurs dizaines de milliards de dollars. Mais elle priverait l'État d'au moins 16 milliards de dollars de recettes fiscales annuelles, selon HSBC. Un pari fiscal et diplomatique risqué Ce manque à gagner inquiète particulièrement les États indiens, qui en supporteraient plus de 70% et réclament des compensations. Pour équilibrer la réforme, le gouvernement prévoit un taux de 40% sur les produits de luxe et de « péché » tels que le tabac ou les voitures haut de gamme. Au-delà de la relance interne, cette politique vise aussi à attirer des investissements étrangers indispensables au développement du pays. Reste que ce pari fiscal est risqué : il engage l'équilibre budgétaire, institutionnel et diplomatique de l'Inde, et pourrait influencer sa place sur la scène mondiale dans les années à venir. À lire aussiDroits de douane: les produits indiens désormais taxés à 50% à leur entrée aux États-Unis
« Dans mon Chinatown », c'est le nom de notre série d'été sur RFI. On vous emmène explorer les quartiers chinois des grandes villes du monde. Aujourd'hui, direction Lagos au Nigeria où la présence de ressortissants chinois remonte à 1930. Plus de 40 000 Chinois y vivent aujourd'hui : employés des grandes entreprises publiques chinoises hyperactives dans les secteurs du pétrole, du gaz et de la construction, entrepreneurs privés qui exportent, voire fabriquent au Nigeria des produits manufacturiers... Quel est l'impact économique, social et culturel de cette présence chinoise ? De notre correspondant au Nigeria, Le téléphone collé à l'oreille, Eric Ni est un brin agacé. Autour de lui, les membres de la troupe de danse Huaxing s'activent pour placer les dernières chaises en plastique. Dans quelques instants, une opération caritative qu'Eric co-organise avec le consulat général de Chine démarre dans cette école, à l'extrême ouest de Lagos. Eric donne ses dernières instructions en pidgin nigérian : « Cette façon de parler, je l'ai apprise en vivant ici avec mes amis nigérians. Oui, moi, je vis et je côtoie les gens d'ici. Le Nigeria, c'est ma seconde patrie. Cela fait vingt-trois ans que je suis ici. Et je suis venu pour faire des affaires. Je suis dans le secteur de la chaussure. On a désormais ouvert une usine de fabrication de chaussures. Mais vous savez, l'économie en ce moment n'est pas bonne. Mais on continue d'y croire. » Comme Eric Ni, un peu plus de 40 000 Chinois seraient enregistrés auprès de leurs autorités consulaires. Investisseurs, ingénieurs, techniciens, commerciaux, ou bien manœuvres... Les profils des Chinois de Lagos sont très diversifiés. Et surtout, la majorité d'entre eux ne se concentre pas dans une zone particulière de la mégapole. Adetoro Bnawo, directeur de l'unité langue chinoise au département linguistique de l'université de Lagos, explique : « La plupart des Chinois qui s'installent dans les quartiers de Lagos essaient, d'une manière ou d'une autre, d'avoir un impact sur les écoles publiques. Ils vont voir les rois locaux. Ils leur rendent hommage. Certains membres de leur communauté de Festac vont jusqu'à se rendre dans les hôpitaux. Et ainsi, ils proposent la technologie chinoise afin d'aider certains patients, par exemple ceux qui souffrent de cataracte. » Loi Eng Koon dirige une imprimerie. En juin 1990, cette ancienne distributrice de produits électroniques quitte Singapour pour fabriquer des CD et DVD à Lagos. Et même si cette mégapole est considérée comme l'une des pires du monde en termes de confort de vie, Loi s'y sent à l'aise : « Il se peut que de nombreux médias parlent des aspects négatifs de Lagos. Voir, c'est croire. Si vous respectez la personne en face de vous, vous serez respecté. » Avant de s'enraciner à Lagos, Loi Eng Koon a tenté de faire des affaires dans au moins 35 pays africains, sans succès. En 2014, elle revend ses parts dans son entreprise originelle de Singapour. Loi se lance alors dans l'imprimerie, notamment numérique. Et aujourd'hui, de son bureau, cette femme d'affaires chinoise pilote elle-même son équipe de 25 salariés à 100% nigérians : « Même lorsque je voyage, je surveille leur travail à chaque seconde. Et parfois, ils sont très négligents. Ils commettent des erreurs qui m'obligent à les punir en leur retirant une partie de leur salaire. Lorsqu'ils font du bon travail, ils sont récompensés. » Et malgré une balance commerciale très favorable à leur pays natal, et donc source potentielle d'envies et de frustrations, les Chinois de Lagos, à l'instar de Loi Eng Koon, s'adaptent avec méthode, mêlant extrême rigueur, sobriété et humanisme dans un Nigeria toujours secoué par des crises multiples. À lire aussiEn 2025, la Chine a investi 39 milliards de dollars en Afrique, dont 21 au Nigeria
L'entrée en vigueur de la plupart des nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis à leurs partenaires commerciaux, c'est aujourd'hui, jeudi 7 août 2025. Quel est l'impact de ces surtaxes pour le continent africain ? Y a-t-il des pays qui risquent d'entrer en récession ? « Oui », répond l'économiste Lionel Zinsou, qui a été Premier ministre du Bénin. Aujourd'hui, avec le grand banquier rwandais Donald Kaberuka, Lionel Zinsou est le patron de « South Bridge », en français, « Le Pont du Sud », une société de conseil financier. Il livre son expertise au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Est-ce que ces surtaxes américaines risquent de ralentir la croissance du continent africain ? Lionel Zinsou : Très faiblement, en fait. En revanche, ça va impacter quelques pays et spectaculairement l'Afrique du Sud. Mais ça ne concerne pas tout le continent. 25 pays africains devraient être touchés par ces augmentations de taxes. Quelles sont à vos yeux les pays qui vont être le plus impactés ? L'Afrique du Sud d'abord, c'est ça ? Oui, L'Afrique du Sud… Certains pays qui avaient vraiment orienté leur commerce extérieur avec une grande confiance vers les États-Unis, comme le petit Lesotho. Au fond, tous ceux qui sont un peu plus industrialisés que les autres et qui avaient à exporter des produits d'une grande valeur, par exemple les exportations automobiles de l'Afrique du Sud, ça, ce sont des exportations à très forte valeur ajoutée, et c'est ça qui va être le plus impacté. Plus vous êtes industrialisé, plus vous allez en souffrir. On se souvient de la rencontre glaciale à la Maison Blanche entre Donald Trump et Cyril Ramaphosa. Est-ce que les mesures douanières contre l'Afrique du Sud n'ont pas un caractère politique ? Si, certainement. Derrière la sanction de 30 % de droits de douane, alors que pour les autres pays, c'est ou 10% ou 15%, il y a eu une fixation politique à l'évidence sur l'Afrique du Sud, très probablement liée à des sujets non-africains. Par exemple, le fait que l'Afrique du Sud ait traîné Israël devant la Cour pénale internationale avec un assez grand succès diplomatique. C'est probablement une rétorsion, un petit peu dans la même logique que pour le Brésil. Mais en Afrique du Sud, cela va avoir un impact. C'est un des pays qui ont malheureusement une croissance faible. Donc, ça risque effectivement de les mettre en récession. Cela étant, il y a des remèdes quand même à cette situation, parce que vous avez sans doute vu la réaction de la Chine. La Chine, aujourd'hui, elle importe surtout de l'Afrique, non pas des biens à forte valeur ajoutée et manufacturés, mais vraiment des matières premières. Et les Chinois ont une opportunité de commencer à acquérir des produits à valeur ajoutée venant d'Afrique. L'autre remède, c'est la zone de libre-échange continentale. On est en train de négocier, de faire tomber toutes les barrières douanières à l'intérieur du continent. Et donc les Africains commerçant avec les Africains, ça, ça va être à la fois un facteur de croissance significative et un remplacement pour les pays les plus industrialisés. Donc l'Afrique du Sud, qui est déjà un grand fournisseur du reste de l'Afrique, va l'être encore un peu plus. Parmi les pays les plus touchés par les mesures de Washington, il y a les producteurs d'acier et d'aluminium. Est-ce que l'Algérie et l'Égypte ne risquent pas d'être très impactées ? Alors, comme vous l'avez souligné, c'est quand même essentiellement un mouvement politique et vous savez que l'Égypte est un peu exonérée. Donc, avec l'Égypte, pour des raisons géopolitiques, c'est probablement plus confortable qu'avec l'Algérie. Mais si vous prenez un pays comme le mien qui va être taxé à 10 %... Le Bénin… Oui. Sur le textile. Alors c'est important parce que, après tout ce qui est produit de matières premières brutes, le textile, en fait, c'est ce qui avait fait le plus de progrès dans les échanges entre l'Afrique et les États-Unis. À raison de l'Éthiopie, mais aussi aujourd'hui de pays comme le Togo, le Bénin, qui ont de plus en plus de valeur ajoutée sur le textile. Mais vous voyez, quand vous achetez un polo de luxe à 100 € ou 100 $, il est sorti d'usine et monté sur un bateau à Cotonou à 10 $. Quand on va mettre 10 %, ça veut dire que ça va augmenter d'un dollar sur votre facture à vous, client, de 100 $. Parce que, en réalité, une très grande partie de la valeur ajoutée est faite dans le pays d'accueil. Et donc c'est aux États-Unis, les frais de marketing, les taxes américaines. Il y a aussi tous les intermédiaires, les transports, etc. Donc, il faut faire un tout petit peu attention. Ça ne va pas complètement désorganiser les marchés. Mais si vous exportez une voiture haut de gamme, japonaise ou allemande, qui vient des usines d'Afrique du Sud, c'est une tout autre affaire. Parce que là, pour le coup, la valeur ajoutée, elle vient d'Afrique. Ce ne sont pas les intermédiaires qui en prennent la plus grande partie. Et là, vous allez avoir un arrêt de la production, du chômage, etc. Mais il y a bien pire, évidemment. Le fait que les Américains, qu'ils aient supprimé l'aide alimentaire et sanitaire, ça, c'est encore plus grave. Parce que la fermeture de l'aide publique de l'USAID, notamment humanitaire, là, il y a mort d'homme. Ce qui est un peu différent des droits de douane. Et donc, politiquement, on voit bien qu'il va y avoir un coût politique pour les États-Unis.
Entrés en vigueur ce jeudi 7 août à minuit, les droits de douane voulus par Donald Trump marquent une nouvelle phase de son agenda protectionniste. Mais, alors qu'ils étaient initialement pensés comme temporaires, leur efficacité fiscale les rend de plus en plus incontournables. À tel point qu'il pourrait devenir politiquement et budgétairement impossible de les supprimer. Présentées comme un moyen de rééquilibrer les échanges commerciaux et de protéger les industries américaines, les mesures tarifaires américaines marquent une nouvelle étape du virage protectionniste des États-Unis. Mais contrairement aux promesses de campagne du président, revenir en arrière s'annonce désormais très compliqué. En cause : les recettes générées. En 2024, avant le retour de Trump à la Maison Blanche, les recettes douanières s'élevaient à 78 milliards de dollars. En seulement sept mois, elles ont déjà atteint 152 milliards. Une dynamique qui, selon les analystes, pourrait rapporter plus de 2 000 milliards de dollars en dix ans. Dans un contexte de déficit budgétaire chronique, cette rentrée d'argent est vitale. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent rappelle d'ailleurs que ces taxes représentent désormais 4,5% du budget fédéral. Avec une dette nationale colossale et des réductions d'impôts récemment votées par le Congrès, Washington a besoin de trouver des financements – et les droits de douane répondent parfaitement à cette nécessité. À lire aussiDroits de douane: Donald Trump gagne-t-il vraiment la guerre commerciale? Une dépendance budgétaire qui s'installe Cette nouvelle donne budgétaire complique la donne pour Donald Trump et ses successeurs. Car en renforçant leur poids dans le budget fédéral, les droits de douane deviennent presque incontournables. Difficile de les supprimer sans creuser davantage le déficit, ou sans devoir envisager des coupes budgétaires et des hausses d'impôts, politiquement explosives. Le cercle est vicieux : les futurs dirigeants, qu'ils soient démocrates ou républicains, auront peu de marge de manœuvre. D'autant plus que ces mesures sont devenues un pilier pour certains secteurs industriels américains, qui comptent désormais sur ce bouclier tarifaire pour maintenir leur compétitivité. Supprimer ces droits de douane, ce serait aussi bouleverser des chaînes d'approvisionnement entières, avec un coût économique non négligeable. Mais tout cela a un prix, et ce sont souvent les ménages les plus modestes qui le paient. Car des produits importés plus chers signifient des prix de vente plus élevés dans les rayons. Or, ce sont précisément ces foyers qui consacrent la plus grande part de leurs revenus aux biens de consommation concernés par les surtaxes. La question qui se pose désormais aux autorités américaines est claire : jusqu'à quand maintenir ces taxes ? Sont-elles viables à long terme ? Et surtout, sont-elles réellement aussi efficaces que le prétend Donald Trump ? Une chose est sûre, si elles rapportent gros au Trésor, leur coût social pourrait, lui aussi, s'alourdir dans les années à venir. À lire aussi«Les droits de douane ne permettent pas à eux seuls de réindustrialiser les États-Unis»
Avant la guerre, le textile syrien était reconnu à travers le monde pour sa qualité, en particulier pour son coton. Le secteur, pilier de l'économie, pesait 12% du PIB. À Alep, la capitale économique, le textile représente 75% de la production et emploie 300 000 personnes. Mais les entreprises ont été, elles aussi, touchées par la guerre et le racket organisé par le régime Assad. Aujourd'hui, la levée annoncée des sanctions internationales redonne espoir aux acteurs de la filière qui rêvent de redevenir la locomotive du développement de la Syrie. De notre envoyée spéciale à Alep, À Cheikh Najjar, la zone industrielle d'Alep, des entrepôts calcinés côtoient des manufactures reconstruites. Pendant la guerre, la région a été au cœur des combats entre les rebelles et le régime Assad soutenu par son allié russe. À la tête de l'entreprise de textile Al Faisal, Bassam Dawalibi a dû rebâtir son usine en 2017. Celle-ci emploie aujourd'hui 150 personnes et produit 10 tonnes de fil par jour à partir de matières synthétiques importées de Chine, qui ont remplacé le coton syrien. « La matière première que nous utilisons, c'est du polyester qui est fabriqué à partir de pétrole. Malheureusement, la production locale de coton s'est effondrée avec la guerre et on ne pouvait pas s'en procurer facilement. Nous espérons qu'à l'avenir, nous pourrons revenir au coton », explique Bassam Dawalibi, directeur financier de l'entreprise Al Faisal. Avant la guerre, la Syrie était pourtant le troisième producteur de coton au monde. Depuis la chute du régime, les nouvelles autorités libéralisent l'économie à tout va. Les droits de douane ont été réduits et les textiles turcs et chinois inondent le marché, au grand dam de Bassam Dawalibi. Sans de telles mesures, le directeur s'inquiète de devoir plier bagage : « La production nationale fait face à une concurrence injuste et désavantageuse des importations et cela n'a pas été réfléchi. Je souhaite que le gouvernement augmente les droits de douane sur les produits étrangers pour protéger l'industrie locale. » À Alep, les souks pluri-centenaires ont été endommagés ou détruits à 60% d'après l'Unesco. Dans les rues épargnées, la vie reprend, mais les affaires tournent au ralenti. « Actuellement, la situation est en dessous de la moyenne financièrement. Sauf pendant les fêtes ou les saisons où les proches vivant à l'étranger envoient de l'aide. Sinon, il n'y a rien », se désole Ahmad Sawwas, vendeur de vêtements au souk d'Alep. Sur les étals, quelques produits chinois, mais principalement des vêtements assemblés en Syrie à partir de fibres ou de tissus importés. Ici, beaucoup espèrent que la levée des sanctions permettra de relancer la culture du coton syrien et de faire revenir les entrepreneurs en exil. À lire aussiSyrie: «Ils ont déplacé tous les Bédouins» de Soueïda, même ceux qui n'étaient pas impliqués dans les combats
Repoussés, renégociés... Les nouveaux droits de douane américains portant sur des produits brésiliens exportés entrent en vigueur ce mercredi 6 août 2025. Ils illustrent les tensions croissantes entre les États-Unis et le Brésil autour du sort judiciaire de l'ancien président Jair Bolsonaro. Et leurs conséquences sont déjà visibles dans le pays. Alors qu'ils entrent ce mercredi 6 août 2025 en vigueur, la presse brésilienne fait le point sur les conséquences que vont avoir les 50% de surtaxes imposés par Donald Trump sur les produits brésiliens. Le média en ligne G1 s'inquiète. Le café n'est toujours pas exempté de ces droits de douane, alors qu'il s'agit du principal produit agricole brésilien vendu aux États-Unis. Selon le média, les pertes, seulement pour le café, pourraient dépasser les 481 millions de dollars. De son côté, le média local NSC Total, basé à Florianópolis, fait le point sur les conséquences déjà visibles dans l'État de Santa Catarina. De nombreuses entreprises locales, de meubles et de produits en bois, destinaient près de 100% de leur production au marché américain. Selon NSC Total, certaines d'entre elles ont déjà commencé à licencier des travailleurs. Face à ces conséquences en chaîne, le quotidien conservateur de l'État du Paraná, Gazeta do Povo, critique le manque de réponse concrète de Lula. Et tente la comparaison : «Les taux appliqués aux produits brésiliens sont plus du double de ceux appliqués aux dictatures de gauche et ouvertement anti-américaines comme le Venezuela et le Nicaragua.» La pression s'accroît sur les Haïtiens qui tentent de fuir la guerre Dans son édition du jour, le média dominicain El Diario Libre évoque «la tragédie haïtienne qui se poursuit dans l'indifférence internationale». Mardi (5 août 2025), le gouvernement dominicain a annoncé avoir expulsé 31 462 Haïtiens au mois de juillet 2025. C'est le résultat du combat du président Luis Abinader contre l'entrée illégale des Haïtiens dans son pays. Le quotidien liste les «rafles, expulsions, suspension de la délivrance de visas et renforcement de la présence militaire à la frontière entre les deux pays, où il a fait ériger un mur». Selon El Diario Libre, cela porte à plus de 215 000 le nombre total d'Haïtiens renvoyés dans leur pays par les autorités dominicaines en 2025. Et le quotidien illustre cette politique avec une photo, celle d'un convoi de camions de la Direction générale de la migration dominicaine : 3 camions qui se suivent, pareils à des prisons sur roues. À l'intérieur, on perçoit des Haïtiens menés à la frontière. Les violences sexuelles comme arme de guerre en Haïti En Haïti, plusieurs ONG et institutions internationales ont tiré la sonnette d'alarme sur les conditions de vie des jeunes filles et des femmes dans le pays. Depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, une grande partie du pays est sous l'emprise de gangs armés qui utilisent le viol et les violences sexuelles comme arme de guerre. Nemo Lecoq-Jammes s'est entretenue avec Diana Manilla Arroyo, cheffe de mission de l'ONG Médecins sans Frontières à Haïti. Elle supervise la clinique Pramem à Port-au-Prince, une clinique gynécologique spécialisée dans l'accueil des filles et des femmes victimes de violences sexuelles. Le feuilleton du redécoupage électoral au Texas se poursuit En fin de semaine dernière, des élus démocrates de la Chambre des représentants texane avaient quitté l'État. Ils voulaient empêcher le vote d'un redécoupage de la carte électorale qui pourrait faire basculer cinq circonscriptions démocrates en faveur des républicains. Et le feuilleton s'accentue, puisque les démocrates commencent à évoquer un redécoupage de leurs propres États. Pour Ken Martin, président du Comité national démocrate, le parti doit changer de stratégie. «Ce n'est plus le Parti démocrate de votre grand-père qui apportait un stylo pour se battre face à un couteau. C'est un nouveau parti démocrate, couteau contre couteau. Et nous allons combattre le feu par le feu», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Selon la chaîne de télé NBC, le gouverneur californien Gavin Newsom envisage un référendum cet automne. Sa proposition de redécoupage lui permettrait de récupérer 5 sièges républicains. Pour Politico, Gavin Newsom surfe sur la volonté des militants de voir les démocrates s'opposer sérieusement aux Républicains. Le média politique américain voit aussi dans cette prise de position de Newsom une tribune qui pourrait être favorable, avant sa probable candidature à la présidentielle américaine de 2028. Tensions diplomatiques entre la Colombie et le Pérou Les tensions resurgissent autour de l'occupation des îles de Santa Rosa, situées au milieu du fleuve Amazone. Elles sont disputées depuis des années, et avaient même entraîné un conflit armé entre les deux pays dans les années 1930. La souveraineté du territoire est revendiquée par le Pérou, qui a récemment intégré ces îles dans son district fédéral. Mais pour le président colombien, Gustavo Petro, le gouvernement péruvien s'est emparé de territoires appartenant à la Colombie. Une déclaration qui n'a pas plu aux Péruviens. Pour le quotidien El Comercio, Gustavo Petro a créé un conflit diplomatique «pour cacher la crise qui touche son gouvernement». De son côté, le quotidien colombien El Tiempo évoque des changements du cours de l'Amazone. De nouvelles îles sont apparues au gré des mouvements du fleuve. Et selon le quotidien, cela devrait ouvrir des discussions diplomatiques sur la question de l'occupation. Mais, pour El Tiempo, ces discussions doivent se tenir loin des micros et des réseaux sociaux. Les Argentins se passionnent pour leurs fonds marins Depuis la semaine dernière, des centaines de milliers d'Argentins sont suspendus à la retransmission, en direct, des images d'un robot sous-marin. Une équipe de scientifiques explore pour la première fois le canyon sous-marin de Mar del Plata. Précisions de Théo Conscience, le correspondant de RFI à Buenos Aires. Journal de la 1ʳᵉ En Guadeloupe, l'enseignement agricole est menacé. Le sénateur Victorin Lurel lance l'alerte.
En Corée du Sud, les touristes américains achètent en masse des produits de beauté coréens avant que leurs prix n'explosent aux États-Unis à cause des tarifs douaniers souhaités par le président Donald Trump. À partir du 1er août, tous les produits coréens sont imposés de 25% de droits de douane à leur arrivée aux États-Unis. De notre correspondant à Séoul, Panique à l'approche de la mise en place des tarifs douaniers américains le 1er août. Si l'industrie coréenne va en pâtir – notamment les secteurs de l'automobile et de la sidérurgie, tous deux frappé de 50% de droits de douane –, du côté des consommateurs américains, on s'inquiète de la montée des prix de la K-beauty, les produits de beauté coréens, imposé à 25% de droits de douanes. Liah Yoo est une influenceuse beauté américaine. Dans une vidéo à ses followers, elle explique les conséquences de la politique commerciale américaine sur les produits cosmétiques en provenance de Corée du Sud : « À partir de maintenant, vous verrez beaucoup de marques augmenter leur prix. Ce n'est pas par cupidité, mais c'est inévitable. La nouvelle politique commerciale annoncée par le président Donald Trump va changer beaucoup de choses. Beaucoup d'Américains aiment la K-beauty, car elle n'est pas chère, mais je ne sais pas combien de temps elle pourra le rester avec la mise en place de cette politique commerciale très prochainement. » Taylor Bosman, autre influenceuse beauté américaine, a trouvé la parade. Acheter en gros avant que les prix n'explosent : « Je ne sais pas ce qui se passe avec ces tarifs, personne n'y comprend rien. J'ai entendu des rumeurs sur la manière dont cela allait affecter le prix des produits de beauté coréens aux États-Unis. L'avenir est incertain, mais ce dont je suis sûre, c'est que je ne veux pas passer à côté de mes produits préférés. Alors, j'ai commandé à l'avance tout ce dont j'ai besoin pour ma routine quotidienne. » Dans le quartier commercial animé de Myeongdong à Séoul, les voyageurs du monde entier viennent chaque jour dans les boutiques de cosmétiques faire leurs emplettes avant de retourner chez eux. « Je voulais faire un stock avant de repartir, explique ainsi une touriste, les bras chargés de sacs. Je veux acheter en gros pour ne pas avoir à revenir. Les Coréennes ont vraiment une peau incroyable que tout le monde veut imiter, je pense. » Plusieurs centaines de dollars d'achats, une valise pleine de crèmes, masques et fonds de teint : de quoi tenir quelques mois et économiser avant la mise en place des droits de douanes américains le 1er août. À lire aussiLes Nord-Coréens de la génération Z connaissent les codes
Dans le supplément de ce samedi, direction l'Inde pour suivre la Kumbh Mela, pèlerinage qui pourrait être le plus grand rassemblement religieux de l'humanité, entre démesure et défi organisationnel pour son plus fervent promoteur, Narendra Modi. Puis, en deuxième partie, nous allons au Brésil voguer avec les derniers transporteurs de marchandises en voiliers traditionnels, moyen de transport qui tend à disparaître... (Rediffusion) La Kumbh Mela, grand-messe mystique, grands jeux politiques C'est un festival attendu depuis 144 ans. Ce sont les astres qui définissent le calendrier. Nous sommes en Inde et, depuis le 13 janvier, la Maha Kumbh Mela se poursuit sur les berges du Gange. Pour les fidèles hindous, durant 45 jours, se baigner dans le fleuve sacré, c'est l'assurance de sortir du cycle maudit des réincarnations. Il s'agirait du plus grand rassemblement de l'humanité. En tout cas, si on en croit Narendra Modi qui, depuis 2014, se pose en grand promoteur de l'hindouisme. Le Premier ministre indien a voulu en faire le plus démesuré, mais également le plus propre et le plus technologique des pèlerinages. Il y a la foi… mais cette Kumbh Mela, c'est aussi une gigantesque vitrine idéologique. ► « La Kumbh Mela, grand-messe mystique, grands jeux politiques », un Grand Reportage de Côme Bastin. Brésil : le transport de marchandises en voilier traditionnel, à bout de souffle Ils sont les derniers survivants d'une époque révolue. Dans la baie de Salvador de Bahia au Brésil, les Saveiros voguent toujours. Mais ils sont les derniers voiliers traditionnels en bois, à acheminer des matériaux de construction vers des rives difficilement accessibles. Ils ne sont plus qu'une dizaine à convoyer pierres, graviers et sable, à la force du vent. Ils étaient plus d'une centaine, il y a environ 60 ans, approvisionnant Salvador, la capitale régionale en produits agricoles. Routes et ponts ont eu raison de ce trafic. Et, au désintérêt général, s'ajoute l'impossibilité pour les charpentiers de marine de trouver les arbres nécessaires à l'entretien des bateaux. ► « Brésil : le transport de marchandises en voilier traditionnel, à bout de souffle », un Grand Reportage de Quentin Bleuzen.