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L'Union européenne décide d'imposer des droits provisoires sur le contreplaqué chinois. La décision a pris effet, en fin de semaine dernière. L'UE répond avec cette mesure à une plainte déposée par un regroupement de producteurs européens. Derrière le groupement baptisé Greenwood, on retrouve des industriels installés dans plusieurs pays européens et qui dénoncent une concurrence déloyale de la part de la Chine. Leur plainte déposée le 27 août dernier a été jugée suffisamment étayée aux yeux de la Commission européenne qui a ouvert une enquête anti-dumping le 11 octobre. Après s'être penchée sur le dossier pendant sept mois, la Commission vient décider de taxer à 62% toutes les entreprises chinoises qui exportent du contreplaqué de feuillus en Europe, à l'exception de l'une d'elle taxée seulement à 25%. Ces droits s'appliquent essentiellement sur les contreplaqués de peuplier, de hêtre et de bouleau. « Préjudice important » selon l'UE La Commission européenne dit avoir constaté qu'il y avait « un préjudice important », tant sur les prix que sur les volumes, entre le 1er juillet 2023 et le 30 juin 2024, la période étudiée. La Chine a de fait comblé en partie le vide laissé par les exportations russes après leur interdiction en Europe, mais en raison des prix cassés pratiqués par les entreprises chinoises, ces sanctions n'ont pas profité aux producteurs européens. À titre d'exemple, un contreplaqué de peuplier basique, produit en France, est vendu autour de 1 000 euros le m3, celui qui est proposé par la Chine est à 300, voire 350 euros, fret compris. La Commission européenne estime dans son enquête qu'à ce niveau de prix, la rentabilité de l'industrie du contreplaqué de l'Union n'est plus assurée Les fabricants européens veulent des droits plus élevés Les industriels regroupés au sein de Greenwood souhaitent que ces taxes provisoires soient prolongées et à un niveau plus élevé, seule condition pour égaliser véritablement les règles du jeu, disent-ils, rappelant qu'ils sont soumis à des normes environnementales et sociales beaucoup plus strictes que celles en vigueur en Chine et qu'ils ont des coûts de production aussi nettement plus élevés. Mais un autre lobby est très inquiet de voir l'UE se positionner sur le sujet : c'est celui des importateurs, et des vendeurs de bois regroupés au sein de la Plywood Trade Interest Alliance : ils craignent des augmentations de prix, voire une pénurie de contreplaqué. À ce stade, la Commission a tranché, l'incidence des taxes sera limitée pour les utilisateurs « au regard des effets positifs » attendus pour l'industrie européenne du contreplaqué. Dans tous les cas, les mesures européennes seront probablement vite confrontées à leur contournement, explique Emmanuel Groutel, spécialiste des flux internationaux de bois et co-auteur du rapport CyclOpe sur les matières premières. Il ne serait pas étonnant, explique-t-il, de voir la Chine fabriquer demain plus de contreplaqué de résineux à vendre en Europe, du contreplaqué qui n'a pas le même code douanier que celui de feuillus et qui peut échapper aux nouvelles taxes.
Malgré les attaques et les divisions, la Syrie vient de célébrer les six premiers mois depuis le départ de Bashar el-Assad. En décembre dernier, Ahmed al-Charaa a remplacé l'ancien dictateur. Les avis divergent sur ce gouvernement de transition. Mais l'une de ses priorités commence à se voir dans la capitale : le retour des touristes. Mais si les avions arrivent à Damas, ailleurs dans le pays, les ravages de la guerre empêchent encore de circuler. Les routes sont à reconstruire. Entretien avec Émile Bouvier, chercheur, auteur pour la revue Les Clés du Moyen-Orient. RFI : Ce retour du tourisme en Syrie est-il déjà visible ? Émile Bouvier : Ce n'est pas encore un phénomène de masse. Des voyageurs syriens ou étrangers arrivent à Damas, la capitale. Mais ailleurs dans le pays, les infrastructures, les routes sont en trop mauvais état pour permettre la circulation. Vous dites que le transport de marchandises et de personnes sera l'une des priorités du nouveau gouvernement de transition d'Ahmed al-Charaa ? La remise en état du pays passe par l'économie. Le transport permet l'arrivée des personnes, des marchandises et des matériaux pour reconstruire le pays. Les hôpitaux, les écoles, les administrations, tout est en ruine aujourd'hui. La volonté, en tout cas affichée, de ce gouvernement de transition est de reconstruire le pays et le développement de l'économie. Cela prendra du temps ? Beaucoup de temps, parce que les villes et les infrastructures sont détruites. Tout le pays est à reconstruire. D'ailleurs, l'ONU estime que la Syrie devrait mettre 50 ans pour arriver à tout reconstruire et vivre dans un pays disons standard, avec des connexions viables et des circulations possibles. Aéroports, chemins de fer, ports… Quelles sont les infrastructures les plus endommagées par la guerre en Syrie ? Toutes, absolument toutes. Toutefois, les ports ont été peu touchés parce qu'ils ont servi à l'armée russe qui a bombardé massivement la Syrie. L'autre raison qui explique la protection des ports est qu'ils étaient en zone alaouite, la communauté de l'ancien dictateur Bachar el-Assad. Les seuls aéroports qui ont déjà rouvert sont les aéroports de Damas et d'Alep au nord-ouest du pays. Mais en dehors de cela, il faut vraiment tout remettre sur pied. Pour des millions de dollars. Qui va payer ? C'est un prix et une charge exorbitante. C'est bien pour cela que les pays voisins comme le Qatar ou l'Arabie saoudite – qui voient dans ce nouveau gouvernement un gage de stabilité dans la région, même relative avec des conflits larvés – ont décidé de rembourser les dettes syriennes auprès de la Banque Mondiale et de payer une partie des salaires des fonctionnaires du pays pour alléger le poids de la tâche immense de cette nouvelle autorité syrienne. Mais l'axe majeur de connexion Alep-Damas passe par les villes principales comme Homs dans le centre de la Syrie. Quel rôle des États-Unis après l'entretien le mois dernier entre Donald Trump et Ahmed al-Charaa ? Les États-Unis, après l'entrevue entre les deux présidents, ont levé les sanctions et vont se positionner pour les échanges commerciaux et la participation à la reconstruction avec des entreprises américaines. Et l'Europe, qui a elle aussi levé les sanctions, va-t-elle faire travailler ses entreprises en Syrie ? Sans doute, puisque la Commission européenne a, elle aussi, levé les sanctions à l'encontre de la Syrie. L'Italie s'est déjà positionnée. De plus, l'Europe reste dans une position d'entre deux, partagée entre l'observation de cette nouvelle autorité syrienne qui devra donner des gages de stabilité politique et le désir de ne pas rater l'opportunité de la reconstruction économique en Syrie. Vous croyez plutôt à l'action rapide de la Turquie. C'est certain. La Turquie sera la première à investir et à s'investir en Syrie. La Turquie va jouer un rôle majeur en Syrie, le président Recep Tayyip Erdogan l'a annoncé officiellement en public, la Turquie sera un partenaire économique et politique majeur de la Syrie. On parle beaucoup des grandes villes comme Damas, Homs ou Alep. Qu'en est-il des villes et des villages ruraux, dans les déserts ou les campagnes ? Là-bas, les populations touchées par la guerre sont réduites et très fragilisées. Elles ne sont pas encore en mesure, mentalement et physiquement, de reprendre un train de vie régulier. Les impacts sont gigantesques et leurs routes éloignées de villes, souvent démolies. Ou si elles ne sont pas détruites, elles sont dans extrême mauvais état. L'ancien président Bachar el-Assad n'a jamais eu une politique volontariste dans les transports. Les routes n'étaient pas entretenues, pas remises à niveau ni reliées au reste du pays. L'est et le nord-est de la Syrie, des régions où les besoins de reconstruire seraient parmi les plus importants. Pourquoi ? Parce que ce sont les zones tenues par les Kurdes, les ennemis de Bachar el-Assad. C'est aussi dans le désert au centre du pays qu'ont eu lieu les attaques des terroristes de l'organisation État islamique. Le désert syrien central près de Palmyre où il reste encore des positions du groupe EI et le nord-est du pays ont été très touchés. Il y a beaucoup de bombes qui ont empêché les circulations avec les pays voisins comme l'Irak ou la Jordanie, qui pourraient faire du commerce si les routes étaient sécurisées et en bon état. Mais pour le moment, elles sont assez peu utilisées. À lire aussiSyrie: «Ahmed al-Charaa a reussi sa transformation, la levée des sanctions en est la preuve», analyse Ziad Majed
À quelques semaines du début de la récolte de blé dans l'hémisphère nord, c'est toujours la déprime pour les céréaliers européens. Les cours du blé tendre, celui utilisé pour fabriquer la farine et le pain, ont chuté pour atteindre le seuil symbolique dès 200 euros/tonne. La céréale souffre du recul du dollar par rapport à l'euro et de la fermeture, dans les faits, du marché algérien aux blés français. Le blé européen est pris dans une spirale baissière depuis plusieurs mois. La tonne de blé, pour une livraison en septembre qui s'échangeait en février à 240 euros, sur Euronext, est tombée à 200 euros. Le mouvement est général, car la demande internationale est timide. L'essoufflement des cours se manifeste aussi à la bourse de Chicago, mais en raison de la hausse de l'euro par rapport au dollar, le blé européen est moins compétitif par rapport aux blés russes et ukrainiens et donc plus difficile à vendre. L'Algérie préfère les blés russes Avec la hausse de l'euro par rapport au dollar, la fermeture de facto du marché algérien est le facteur qui alimente la baisse des prix : la demande pour les blés français s'est effondrée en Algérie et la France étant le premier producteur européen, l'impact est important. Depuis 2020, l'Algérie s'est ouverte aux blés russes, les exportations françaises vers cette destination ont donc chuté, mais elles se sont quand même maintenues à environ 1,8 million de tonnes par an, jusqu'à la campagne qui se termine pendant laquelle l'Algérie n'a acheté que 30 000 tonnes de blé français, autant dire quasiment rien. « Les perspectives d'une reprise sont maigres, pour ne pas dire nulles », constate un expert de la filière, et ce, en raison de la dégradation des relations entre les deux pays et en particulier du soutien affiché par Emmanuel Macron à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en octobre dernier. La solution pour les Européens, c'est de trouver des marchés ailleurs, mais là encore la hausse de l'euro par rapport au dollar complique la tâche des exportateurs. La production mondiale est rassurante Les cours du blé reflètent aussi « un bilan mondial relativement confortable », explique Arthur Portier, consultant chez Argus Media France. Il reste des volumes disponibles à commercialiser dans l'hémisphère sud, en Argentine et en Australie. Et les productions de l'hémisphère nord s'annoncent bonnes, que ce soit en mer Noire, en particulier en Russie, mais aussi en Europe, avec un record qui se profile en Roumanie et une récolte en France qui devrait être bien meilleure que celle catastrophique de l'année dernière. Les prévisions françaises oscillent entre 31 et 33 millions de tonnes, contre moins de 26 millions de tonnes sur la précédente campagne. Le blé subit aussi la pression du maïs : avec la perspective d'une récolte record, aux États-Unis notamment, les cours du grain jaune sont en baisse, et induisent, comme c'est généralement le cas, la même tendance pour le blé. Aux prix actuels, le blé n'est plus rentable pour les agriculteurs européens : « Il faudrait 35 à 40 euros de plus par tonne pour qu'un agriculteur français couvre ses coûts de production », en prenant un rendement moyen pour référence, explique Arthur Portier. À lire aussiChine: baisse de la production de blé
L'océan Indien abrite l'une des plus importantes routes du commerce mondial, reliant les producteurs de pétrole du Moyen-Orient aux marchés en Asie, en Europe, et au-delà. Un espace gigantesque de plus de 70 millions de m2 qui représente 25% du commerce mondial et où le passage des navires est étroitement surveillé. L'île française de La Réunion se situe à un endroit stratégique dans la région. Reportage au Centre régional opérationnel de surveillance et sauvetage (Cross) de la région Sud Océan Indien. Sur les écrans radars, une vaste étendue de mer à surveiller, celle des zones économiques exclusives de la France dans le sud de l'océan Indien, soit 5,6 millions de kilomètres carrés. À la passerelle, le centre opérationnel du Cross Sud Océan Indien, les équipes sont sur le pont 24h sur 24 pour tenter d'identifier les éventuelles avaries en mer. « Notre rôle, c'est de détecter des situations à risques qui concernent le trafic en général et plus spécifiquement le trafic commercial. Détecter pour éviter des scénarios d'échouement de collision entre deux navires. Concernant les pollutions, essayer de les détecter et d'identifier les navires responsables et de pouvoir les poursuivre. Détecter des navires qui seraient stoppés, qui ralentirait ou qui auraient des routes erratiques. L'idée, c'est d'interroger les navires, essayer de prendre contact avec eux par tout moyen pour savoir ce qui se passe à bord », explique Alice Gaillard, la directrice adjointe du Cross Sud Océan Indien, situé sur l'île de La Réunion. Chaque année, 20 000 navires passent par l'océan Indien, un trafic qui s'est accru ces dernières années. « Il faut savoir que le trafic s'intensifie depuis la crise des attaques de Houthis au Yémen. Aujourd'hui, les plus gros porte-conteneurs ne passent plus par le canal de Suez. Tous les équilibres géostratégiques impactent les routes maritimes. On a un report du trafic sur la route qui passe par le cap de Bonne-Espérance, avec une augmentation significative à environ 20 à 30% d'augmentation sur cette route. Cela veut dire plus de travail de surveillance et de vigilance de la part du Cross », explique-t-elle. Sur Maurice, l'Association des États riverains de l'océan Indien travaille sur la coopération entre les différents acteurs de la zone pour renforcer la surveillance des navires et protéger la biodiversité. « L'outre-mer français constitue la plus grande zone économique exclusive de la France, constitue plus de 90% de la biodiversité marine de la France. En termes de contestation, malheureusement, dans l'océan Indien, c'est constant. Étant donné qu'il y a autant d'États et autant d'îles, les limites des zones économiques exclusives, même si c'est fixé par le droit international de la mer, il y a toujours cette question de qui a la capacité d'intervenir. Dans le fond, cette population, c'est une population qui est liée historiquement et culturellement, c'est une population qui veut du vivre ensemble et qui veut pouvoir évoluer sur le long terme dans un environnement sain », estime Mélyne Tarer, experte technique internationale au sein de l'IORA. En plus du trafic maritime, l'Indianocéanie est l'un des 34 points chauds de la biodiversité mondiale et la troisième région du monde la plus à risque face aux effets du dérèglement climatique. À lire aussiCommerce mondial, hydrocarbures, pêche: pourquoi le canal du Mozambique est «une zone stratégique»
Alors que la conférence des Nations unies sur les océans bat son plein, le transport maritime, crucial pour le commerce mondial, fait l'objet d'une transformation sans précédent. À l'heure où ce secteur émet autant de CO2 qu'un pays comme l'Allemagne, la transition écologique devient incontournable. Décryptage. Chaque année, près de 90 % des marchandises échangées dans le monde transitent par les mers et les océans. Céréales, pétrole, voitures, vêtements, appareils électroniques, tout voyage par cargo, pétrolier ou porte-conteneurs. Actuellement, environ 90 000 navires commerciaux sillonnent la planète. Mais cette industrie titanesque pèse lourd sur l'environnement. Elle représente à elle seule 3 % des émissions mondiales de CO2. Avec l'augmentation continue du commerce mondial, ces émissions pourraient doubler d'ici 2050 si rien n'est fait. Consciente de cet enjeu, l'Organisation maritime internationale s'est fixée un objectif ambitieux : atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Une transition écologique coûteuse et complexe Cette transformation a un prix, jusqu'à 28 milliards de dollars par an, selon les estimations les plus élevées. Une question cruciale se pose alors : qui va financer cette mutation ? Les armateurs, en première ligne, sont incités à investir dans des technologies plus propres. Pour les trajets courts ou moyens, les navires hybrides – combinant fioul et électricité – représentent une piste. Pour les longues distances, les carburants alternatifs comme le bioéthanol ou l'hydrogène sont encore en phase d'expérimentation, freinés par leur coût élevé et leur disponibilité limitée. Mais toutes les solutions ne sont pas universelles. Ce qui fonctionne pour un ferry côtier ne peut pas forcément s'appliquer à un gigantesque porte-conteneurs. Moins vite, moins d'émissions ? Parmi les leviers d'action, la réduction de la vitesse des navires se révèle efficace. Un ralentissement de 10 % permettrait de diminuer les émissions de CO2 de 13 % et de diviser par deux les collisions avec les cétacés. Mais cette solution implique aussi des temps de trajet allongés et donc une hausse des coûts logistiques. L'Europe a d'ores et déjà intégré le transport maritime à son marché du carbone. Tout navire accostant dans un port européen est désormais taxé sur ses émissions, avec des recettes réinvesties dans la décarbonation du secteur. Preuve que la mutation est lancée… mais qu'elle nécessitera des moyens financiers massifs, publics comme privés, pour devenir réalité. À lire aussiTransport maritime: le grand plongeon après les tarifs douaniers américains
La guerre commerciale imposée au monde et à l'Europe par Donald Trump. Les revirements du principal intéressé, et les freins imposés aussi par la justice américaine, ont créé un climat d'instabilité mondiale... et un engouement pour les valeurs refuges comme l'or. La Suisse est une plaque tournante de ce marché. Les deux-tiers de ce métal précieux échangé dans le monde transite ici via quatre usines de transformation. Les exportations de lingots vers les États-Unis n'ont jamais été aussi florissantes... 20 fois plus que les précédentes années pour certains mois, alors que le cours de l'or atteint des sommets. Jérémie Lanche a pu visiter une de ces usines. À Prague, le ministre, les bitcoins et la drogue C'est une tempête qui n'a pas fini de secouer le monde de la politique tchèque à quelques mois des élections législatives... L'épicentre de l'affaire se trouve au ministère de la Justice. Une nouvelle garde des Sceaux Eva Decroix a été nommée à la hâte hier (10 juin 2025) pour prendre la place du démissionnaire Pavel Blazek, embourbé dans un scandale politico-financier mêlant cryptomonnaie et trafic de drogue. À Prague, Alexis Rosenzweig. Le macareux moine victime du réchauffement des océans C'est une des victimes collatérales du dérèglement climatique et du réchauffement des océans. En plein sommet de l'ONU sur les océans à Nice, les naturalistes irlandais tirent la sonnette d'alarme, pour un oiseau emblématique des côtes celtiques... le macareux moine. Un petit oiseau marin reconnaissable à son bec coloré, qui est désormais sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Il pourrait disparaitre d'ici moins de 100 ans. Clémence Pénard est allée en mer pour comprendre pourquoi. La chronique musique de Vincent Théval L'artiste suisse Lea Maria Fries.
La guerre commerciale imposée au monde et à l'Europe par Donald Trump. Les revirements du principal intéressé, et les freins imposés aussi par la justice américaine, ont créé un climat d'instabilité mondiale... et un engouement pour les valeurs refuges comme l'or. La Suisse est une plaque tournante de ce marché. Les deux-tiers de ce métal précieux échangé dans le monde transite ici via quatre usines de transformation. Les exportations de lingots vers les États-Unis n'ont jamais été aussi florissantes... 20 fois plus que les précédentes années pour certains mois, alors que le cours de l'or atteint des sommets. Jérémie Lanche a pu visiter une de ces usines. À Prague, le ministre, les bitcoins et la drogue C'est une tempête qui n'a pas fini de secouer le monde de la politique tchèque à quelques mois des élections législatives... L'épicentre de l'affaire se trouve au ministère de la Justice. Une nouvelle garde des Sceaux Eva Decroix a été nommée à la hâte hier (10 juin 2025) pour prendre la place du démissionnaire Pavel Blazek, embourbé dans un scandale politico-financier mêlant cryptomonnaie et trafic de drogue. À Prague, Alexis Rosenzweig. Le macareux moine victime du réchauffement des océans C'est une des victimes collatérales du dérèglement climatique et du réchauffement des océans. En plein sommet de l'ONU sur les océans à Nice, les naturalistes irlandais tirent la sonnette d'alarme, pour un oiseau emblématique des côtes celtiques... le macareux moine. Un petit oiseau marin reconnaissable à son bec coloré, qui est désormais sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Il pourrait disparaitre d'ici moins de 100 ans. Clémence Pénard est allée en mer pour comprendre pourquoi. La chronique musique de Vincent Théval L'artiste suisse Lea Maria Fries.
Le Zimbabwe avait déjà obligé l'année dernière les acteurs miniers à ne plus exporter de lithium brut. Le gouvernement leur demande d'aller un cran plus loin dans le traitement du minerai, avec une nouvelle date butoir. La transformation du lithium exigée depuis l'année dernière dans le pays permet de produire du concentré de lithium, mais cette étape reste sommaire, au regard de l'ensemble du processus de raffinage. En édictant ces règles, le Zimbabwe a voulu décourager les mineurs artisanaux qui n'ont pas les moyens de réaliser ce premier traitement. Harare veut maintenant créer de la valeur et produire du sulfate de lithium, un produit intermédiaire qui se vend environ trois fois plus cher que le spodumène exporté aujourd'hui. Le sulfate de lithium sera, comme c'était le cas avant, aussi en grande partie commercialisé en Chine, pays qui domine 80% de l'activité de raffinage de lithium. Il y sera transformé jusqu'à devenir un matériau de qualité batteries. Des entreprises chinoises au Zimbabwe Si des miniers australiens sont présents au Zimbabwe, les sociétés chinoises ont aussi jeté leur dévolu sur le pays pionnier en matière d'exploitation de lithium sur le continent africain et dans le top 5 des producteurs mondiaux (selon l'USGS, le service géologique américain). La raison de cet intérêt est simple, la Chine a besoin du minerai pour faire rouler ses voitures électriques. L'année dernière, le Zimbabwe a fourni près de 15% des besoins de la Chine en concentré de lithium. À partir de janvier 2027, si le calendrier est tenu, ce sera du sulfate que le géant asiatique achètera. Répondre aux nouvelles exigences d'Harare Les miniers présents au Zimbabwe n'ont pas contesté publiquement le calendrier donné par le gouvernement. Mais, en revanche, ils demandent un geste aux autorités, pour qu'elles reportent l'application de la taxe à l'exportation qu'ils paient aujourd'hui sur les cargaisons de concentré de lithium. Un report, le temps qu'ils construisent et mettent en service les nouvelles unités de raffinage. Le défi des miniers sera d'être demain capable de produire dans les conditions offertes par le Zimbabwe, « un vrai beau sulfate pur », fait remarquer Michel Jebrak, professeur émérite au département des Sciences de la Terre et de l'Atmosphère de l'Université du Québec et auteur du livre Des mines et des empires paru aux éditions Multimondes, la pureté étant un élément essentiel pour éviter que les batteries prennent feu. À lire aussiLes prix bas du lithium pèse toujours sur l'essor des projets miniers
Une entreprise automobile française s'apprête à produire des drones en Ukraine pour l'armée ukrainienne, mais aussi pour l'armée française. Un tournant symbolique qui illustre une tendance plus large : la reconversion partielle de l'industrie automobile vers la défense, dans un contexte de tensions géopolitiques et de mutation industrielle. Décryptage. L'annonce, ce week-end, du ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, marque une nouvelle étape dans la diversification industrielle européenne. Un constructeur français, dont le nom reste à confirmer – bien que Renault affirme avoir été approchée – va s'implanter en Ukraine pour produire des drones militaires. Une décision qui n'est pas isolée. Dès 2023, l'Allemagne a vu ses géants de l'auto, Volkswagen et BMW, s'allier à Rheinmetall pour fabriquer des systèmes électroniques embarqués. Ce glissement du civil vers le militaire évoque des précédents historiques, comme celui de Ford fabriquant des chars pendant la Seconde Guerre mondiale.À lire aussiL'Europe se réarme, le secteur de la défense se frotte les mainsDes atouts majeurs pour l'industrie automobileTrois raisons principales émergent pour expliquer ce rapprochement entre deux mondes que tout semble opposer. D'abord, le savoir-faire industriel : les constructeurs automobiles maîtrisent la production de masse, l'assemblage rapide et à bas coût. Ensuite, l'expertise technologique. Les ingénieurs spécialisés dans l'intelligence artificielle ou les systèmes embarqués peuvent transférer leurs compétences vers l'armement. Enfin, la pression économique. Confrontée à la baisse des commandes, à la flambée des coûts et à la concurrence étrangère, l'industrie européenne trouve dans la défense un nouveau relais de croissance.À lire aussiFrance : comment financer les dépenses militaires ?Vers un nouveau complexe industrialo-militaire européenTransformer une usine de voitures en site de production militaire ne va pourtant pas de soi. Les normes de défense imposent des ajustements majeurs, notamment pour l'assemblage des équipements sensibles. Cependant, de nombreuses compétences – notamment en métallurgie – sont transférables. Cette réorientation s'inscrit dans un effort plus large de souveraineté industrielle européenne, porté par un soutien massif des institutions. La Commission européenne prévoit jusqu'à 800 milliards d'euros d'investissements dans la défense. De quoi encourager la naissance d'un nouveau complexe industrialo-militaire, plus agile, interconnecté, et résolument européen.
Le fond des océans est pour l'instant vierge de toute exploitation minière, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'opérateurs miniers intéressés, bien au contraire. Les ambitions se manifestent également au niveau des États. On connaît celles des États-Unis qui tentent de contourner les conventions internationales pour accélérer l'exploitation des ressources sous-marines. La Chine fait moins parler d'elle, mais son intérêt ne date pas d'hier. Les ambitions chinoises ne datent pas d'hier, « le pays a même longtemps été un des plus favorables à l'exploitation minière des fonds marins sans pour autant pousser pour qu'une industrie minière voie le jour rapidement », explique Anne-Sophie Roux, activiste pour l'océan et conseillère en politiques maritimes. En 2001, l'Association chinoise dédiée aux ressources minérales océaniques (COMRA) a ainsi signé un contrat avec l'Agence internationale des fonds marins (AIFM) pour l'exploration de nodules polymétalliques. C'est-à-dire de gros galets de roches riches en métaux comme le manganèse, le fer, le cuivre, ou encore le cobalt.Aujourd'hui, la Chine détient 5 des 22 contrats d'explorations délivrés par l'AIFM. Des licences portées par plusieurs entreprises - China Minmetals, China Ocean Mineral Resources, Beijing Pioneer hi-Tech Development Corporation. Pékin a aussi signé un accord avec les îles Cook, en février 2025, pour plusieurs licences d'exploration dans les eaux territoriales de l'archipel et travaille également à un rapprochement avec les Kiribati.Le défi de la technologieDe l'avis des experts, il faudrait aux entreprises chinoises probablement encore quelques années pour être opérationnelles. Rien d'étonnant à cela : développer des technologies, et des matériaux capables de résister à la pression qui règne en profondeur et à l'hostilité du milieu, est un défi pour la plupart des sociétés, et « un vrai gouffre financier » précise Anne-Sophie Roux.Il y a un an, un prototype de robot chinois capable d'extraire des minerais (Pioneer II) a réussi un test à plus de 4 000 m de profondeur. Un autre test pour collecter des nodules polymétalliques à plus de 5 000 m de fond est annoncé pour les prochains mois.Enjeu géopolitique La Chine n'a pas l'urgence des États-Unis ou de l'Europe : elle a une longueur d'avance en terme d'approvisionnement en minerais et métaux, et pourrait craindre qu'une exploitation sous-marine à grande échelle fasse baisser les cours. Le pays a jusque-là préféré jouer la carte du droit et du multilatéralisme en soutenant l'élaboration d'un code minier international, par l'AIFM, pour l'exploitation dans les eaux internationales. Mais le décret signé par Donald Trump autorisant l'exploitation dans les eaux territoriales américaines et internationales pourrait changer la donne.La Chine a été le premier pays à protester contre ce décret, mais si l'exploitation des fonds marins devait finalement commencer, en violation du droit international, interdirait-elle aux entreprises chinoises d'y aller aussi ? « Tous les scénarios sont envisageables » selon Anne-Sophie Roux. Les fonds marins sont vus aujourd'hui comme une ligne de front dans la concurrence que se livrent Pékin et Washington. « Ils sont désormais au cœur de la compétition stratégique qui se joue dans le Pacifique », écrit l'Australian strategic policy Institute.À lire aussiAux îles Cook, un accord avec la Chine déclenche la colère de la Nouvelle-Zélande
La production de blé en Chine, premier producteur mondial, pourrait chuter de près de 5% cette année, pour atteindre 133 à 135 millions de tonnes, soit son plus bas niveau depuis 2018. Cette baisse, qui fait suite à un record de 140 millions de tonnes l'année dernière, est, dans le contexte géopolitique actuel, notable, même si elle n'est pas encore catastrophique. De notre correspondante à PékinSur le terrain, les dégâts sont bien visibles : des températures extrêmes et une sécheresse inédite, notamment dans les provinces agricoles clés du Henan et du Shaanxi. Des cultivateurs affirment qu'ils n'obtiendront que la moitié de leur rendement habituel. Le sol est craquelé, le blé parfois brûlé avant même d'avoir pu mûrir et dans certains villages, les moissonneuses soulèvent plus de poussière que de grains. Sécheresse inéditeCette sécheresse, la pire que certains paysans disent avoir connue en vingt ans, arrive deux ans seulement après des inondations dévastatrices qui avaient déjà affecté la production nationale. Un contraste brutal, symptôme des effets du changement climatique qui bouleversent la régularité des cycles agricoles.Officiellement, les prévisions de récolte restent optimistes — autour de 140 millions de tonnes — mais sur le terrain, les pertes sont réelles, notamment dans les zones mal irriguées. Dans certaines exploitations, les rendements ont chuté de 40 à 50%. Pour l'instant, les stocks sont jugés suffisants et la demande intérieure reste modérée, ce qui limite l'urgence d'augmenter les importations. Mais Pékin pourrait devoir revoir sa stratégie si la situation empire. Guerre commercialeLa Chine tente de protéger ses approvisionnements agricoles contre l'intensification des risques géopolitiques, en particulier les hostilités commerciales non résolues avec les États-Unis, l'un des principaux exportateurs mondiaux. Pékin a imposé en mars une taxe de 15% sur le blé américain, à un moment où la demande d'importation était faible. Au cours des quatre premiers mois de l'année, les achats à l'étranger ont atteint leur plus bas niveau en sept ans, avec un peu plus d'un million de tonnes.Face à cette nouvelle alerte climatique, la Chine est confrontée à une réalité implacable : pour garantir sa sécurité alimentaire, elle va devoir investir davantage dans des variétés plus résistantes à la chaleur, dans des infrastructures agricoles modernes, et surtout, soutenir ses petits agriculteurs, de plus en plus vulnérables.À lire aussiLa Chine limite drastiquement ses importations de blé et de gaz américain
D'ici à 2029, la totalité du manganèse gabonais devra subir au moins une première transformation localement, avant de quitter le pays. C'est ce qu'a décidé le gouvernement il y a quelques jours, afin de créer des emplois et faire un pas de plus vers le développement industriel du pays. Le Gabon est le deuxième producteur mondial de manganèse, un minerai extrait essentiellement par le groupe français Eramet, qui transforme une petite partie du minerai sur place. Eramet dispose d'unités de transformation aux États-Unis, en Norvège, en France, mais aussi, sur place, au Gabon. Cette transformation est chapeautée par sa filiale Comilog (détenue en partie par l'État gabonais), qui dispose de deux usines : le Complexe Métallurgique de Moanda et le Complexe Industriel de Moanda (CIM), capable de traiter environ 20 % du minerai, le reste est exporté brut. Mais ces unités ne tournent pas au maximum de leurs capacités : l'année dernière, le Gabon n'a exporté que 18 000 tonnes en 2024 de silico-manganèse, selon le cabinet Argus Media, c'est-à-dire moins d'un tiers de ce que peut transformer sur place l'usine d'Eramet.Exigence réaliste ? La demande des autorités peut-elle être satisfaite dans les délais impartis ? Cela s'annonce difficile, assure un expert de la filière qui évoque « une décision à l'emporte-pièce qui nécessite un certain nombre de préalables qui ne sont pas réunis ».La difficulté, comme toujours quand on parle de transformation, c'est d'avoir de l'énergie, à un coût qui n'est pas prohibitif et qui ne compromet pas la rentabilité du projet industriel. Or le Gabon fait face depuis une année à de nombreux délestages, faute de capacité énergétique suffisante. Les miniers tels qu'Eramet, qui sont présents au Gabon, ont-ils par ailleurs les reins assez solides pour débloquer les investissements nécessaires à la transformation de tout le minerai sur place ? Certains analystes en doutent.Eramet ne s'est pas prononcé sur le défi que représente l'annonce des autorités, mais a assuré rester « attentif à la mise en œuvre de cette orientation politique ».Les investissements nécessaires seront-ils à la portée des industriels présents au Gabon tels qu'Eramet, le chinois CICMHZ (Compagnie industrielle des mines de Hangzhou) ou encore l'entreprise NGM (Nouvelle Gabon Mining), filiale du groupe indien Coalsale Group, d'autres acteurs du manganèse ? Les analystes du bureau ODDO BHF, cités par l'agence Bloomberg, en doutent. Pas d'impact sur les prixSeul le cours de l'action d'Eramet a immédiatement réagi à la baisse. Le prix du manganèse lui n'a pas été ébranlé : 90 % est utilisé pour fabriquer des aciers, comme le rappelle MinéralInfo. Le minerai est donc suspendu aux éventuelles perturbations dans ce secteur-là, plus qu'à une annonce qui devrait être mise en œuvre en 2029, fait remarquer un analyste d'Argus Media.À long terme, en revanche, le marché pourrait être perturbé si le Gabon n'arrive pas à attirer les investissements nécessaires. Le pays produit environ 20 % du manganèse mondial, selon l'USGS, et toute tension dans la filière locale peut avoir des conséquences.À lire aussiGabon: le manganèse brut sera interdit à l'exportation dès 2029
Cela fait plus d'un mois qu'une grève contre la réforme des retraites paralyse la filière banane du Panama. Ce qui se passe dans ce petit État d'Amérique centrale a un impact au-delà des frontières, même si le pays est un « petit » fournisseur, au niveau mondial. Le Panama, c'est 4% des importations européennes seulement et moins de 1% des importations américaines. Mais l'effet reste important, car on parle de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de bananes. Ce que les importateurs ne trouvent plus au Panama, ils vont le chercher ailleurs, en Équateur. Résultat, le prix de la banane au départ de Guyaquil a atteint des sommets rédhibitoires. À l'arrivée en Europe, c'est la même chose, les prix sont au zénith : un importateur allemand ou français paye en ce moment 16 à 18 euros pour un carton de bananes de 18 kg, c'est deux à quatre euros de plus que les prix pratiqués dans les derniers contrats annuels d'approvisionnement signés.Ce surcoût ne devrait pas se répercuter en magasin, car l'essentiel des volumes commercialisés a fait l'objet de contrats à un prix fixe. Les prix du marché qui sont concernés par l'augmentation récente ne s'appliquent que pour les achats « spot » c'est-à-dire pour les commandes ponctuelles, et donc plus petites en volumes a priori.L'Équateur, seul pays de secoursEn schématisant, c'est grâce à l'Équateur que la moindre supérette est approvisionnée en banane en Europe. La production de banane est globalement dimensionnée à la demande des consommateurs : la récolte du Costa Rica, de la Colombie, du Cameroun ou de la Côte d'Ivoire est déjà vendue, par contrat (à un prix fixé à la signature). Il ne reste à ces pays quasiment rien à commercialiser. Seul l'Équateur à un peu de marge, c'est l'organisation même de la filière locale qui veut ça. Mais la limite aujourd'hui est le prix proposé par l'Équateur et le manque de bateau pour acheminer la banane équatorienne.« Ce qui arrive au Panama met en tension tout le secteur » explique Denis Loeillet, économiste de la filière banane au Cirad, qui rappelle que le secteur est déjà affecté par le changement climatique et par des perturbations logistiques multiples depuis 2020. La demande en banane n'a en revanche pas baissé, au contraire, elle est même plus forte en Europe. Aujourd'hui, pour résumer, « le problème n'est pas de trouver des mangeurs de banane, c'est de trouver des fruits à vendre », explique un importateur.Le Panama encore exportateur de bananes demain ?Les entreprises du secteur annoncent avoir perdu des dizaines de millions de dollars. Du côté des plantations, notamment celles qui étaient exploitées par le géant Chiquita, l'avenir est plus que sombre : les bananiers ont besoin d'entretien et sans personnel, puisque tous les employés ont été licenciés, cela devient compliqué.La question aujourd'hui est de savoir si le Panama va perdre sa place d'exportateur, de manière temporaire ou sur le plus long terme. Tout dépendra des investissements qui seront consentis pour redresser le secteur. À lire aussiLa banane africaine entre concurrence latino-américaine et exigences salariales
Au Maroc, l'élevage fait la une de l'actualité ces derniers mois : annulation du sacrifice de l'Aïd, explosion du prix de la viande rouge. En l'espace de neuf ans, sous l'effet notamment de la sécheresse, le cheptel s'est effondré, perdant un tiers de ses effectifs. Les Marocains s'interrogent sur l'origine de la crise qui frappe la filière et tentent de trouver des solutions. De notre correspondant à Rabat,Ces dernières années, les éleveurs marocains ont dû se rabattre sur les aliments pour bétail importés. Le royaume ne produisait plus suffisamment de fourrage, à cause du stress hydrique, mais aussi des choix de cultures. Ces dernières années, le Maroc s'est orienté vers l'olivier ou d'autres cultures arboricoles qui nécessitaient beaucoup d'eau, au détriment des céréales fourragères qui s'adaptaient aux conditions locales. « Cela pose un vrai problème quant à l'autonomie fourragère de l'élevage marocain », souligne Soufiane El Aayadi, enseignant chercheur au département des productions animales à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan-II.Variété de fourrages plus résistantsPaysans davantage dépendants des importations, explosion des prix due à l'instabilité géopolitique, le système de production a vacillé. « Il faut s'orienter vers des cultures qui s'adaptent à la sécheresse, conseille l'agronome. On ne peut pas abandonner l'élevage intensif, ce n'est pas possible, mais il faut quand même adapter les ressources qui sont essentielles au développement et à la productivité de ces élevages. »Des solutions existent, comme le sorgho, actuellement à l'étude au Maroc. Les solutions sont aussi cherchées dans les élevages eux-mêmes. « Il faut revenir aux races locales, très résistantes aux conditions du Maroc, à la sécheresse, à un contexte où l'impact du changement climatique est très fort », estime Soufiane El Aayadi.Race locale : « comme un accordéon »Pour produire plus, le Maroc est en effet passé à des races venues d'Europe. Il a perdu une partie de ses ressources génétiques locales. C'est particulièrement vrai pour les bovins, souligne le docteur Ahmed Aittaleb, directeur de la fédération marocaine des éleveurs de Oulmès-Zaer. « Malheureusement, [la race Oulmès-Zaer] est la seule race marocaine qui existe encore. Les autres races ont disparu. C'est pour ça que le ministère de l'Agriculture a mis en place un programme pour développer cette race en collaboration avec la fédération. »Objectif de ce programme : faire passer les effectifs de 5 000 à 10 000 têtes d'ici à 2030. « C'est une race très rustique, très résistante, observe l'éleveur. Pendant la sécheresse, elle rétrécit, comme un accordéon. Dès qu'il y a de la pluie, un peu d'herbe, elle gonfle et devient productive. »Le gouvernement vient d'annoncer un vaste programme pour reconstituer le cheptel marocain : près de 600 millions d'euros sur un peu moins de deux ans, principalement sous forme d'aides directes aux éleveurs.À lire aussiLa crise de l'élevage marocain fait monter les prix de la viande et menace l'Aïd
Que valent les statistiques publiées dans le secteur du cacao ? La question fait débat dans la filière, depuis plusieurs mois. Les prévisions peuvent avoir un impact sur les prix et, après deux ans durant lesquels les cours se sont envolés, le sujet est devenu particulièrement sensible. Le sujet est devenu si sensible qu'il a été mis à l'ordre du jour d'une réunion exceptionnelle du Conseil international du cacao qui s'est déroulée mi-mai. À l'issue de ce rendez-vous, pays producteurs et pays consommateurs se sont entendus sur le principe de nommer un groupe d'experts pour mettre au point « un modèle statistique consensuel » comme le mentionne l'ordre du jour. Ce qui est en cause, c'est le principe de voir l'Organisation internationale du cacao (ICCO) publier des prévisions pour les mois à venir. Celle des exportations, autrement dit de la production – puisque tout est exporté, et celle de la demande des industriels. Prévisions de février remises en causeCe sont précisément des statistiques publiées en février par l'ICCO qui ont ouvert la polémique. La perspective d'un excédent de production qui se dessinait dans ce bulletin a contrarié le premier producteur mondial de fèves, la Côte d'Ivoire : le Conseil Café Cacao l'organe qui régule la filière a estimé qu'ils étaient erronés et de nature à alimenter la baisse des cours mondiaux constatée à ce moment-là, assure un témoin de l'affaire.Du côté de l'Organisation internationale du cacao, on explique que ces chiffres sont élaborés par des statisticiens, qui restent tributaires de l'information partagée par les pays membres. À défaut, l'ICCO – dont le mandat est notamment de publier des statistiques – se base sur des estimations.En attendant, l'élaboration d'un modèle de calcul validé par tous, plusieurs pays producteurs ont demandé l'arrêt des statistiques trimestrielles en lien avec la production. Le dernier bulletin du 30 mai, a donc vu une colonne disparaître, celle des estimations pour la prochaine campagne. La crainte d'une influence sur les coursAucune prévision n'est anodine, car elles peuvent servir aux analystes et aux négociants pour acheter ou vendre par anticipation une production, selon qu'elle s'annonce plus ou moins bonne. Mais « c'est prêter une grande influence aux chiffres de l'ICCO », commente cependant un expert.Si cette année les chiffres ont été contestés, c'est peut-être que leur publication est arrivée pile au moment où le pays commençait à vendre sa prochaine récolte par anticipation. Une production plus importante indique forcément des contrats qui se négocient à la baisse.Des chiffres sensibles en période électoraleÀ l'approche de la présidentielle ivoirienne, l'intérêt de la filière n'est pas de voir les cours mondiaux baisser, mais au contraire qu'ils restent hauts afin de pouvoir continuer à offrir le meilleur prix aux cacaoculteurs qui sont aussi des électeurs.La préoccupation est la même au Cameroun, où des élections sont attendues en octobre aussi : le représentant du pays s'est d'ailleurs montré « particulièrement solidaire avec les Ivoiriens » lors de la dernière réunion du Conseil International du cacao, raconte un participant.L'enjeu derrière ce débat est celui de la transparence du secteur du cacao : « 100 ans après la première cotation du cacao en bourse, on ne sait toujours pas combien chaque pays produit réellement », rappelle un expert de la filière.À lire aussiGrand reportage: Sur les pistes du trafic de cacao
Le marché du cobalt est toujours secoué par la décision de la République démocratique du Congo, prise fin février, de ne plus exporter son minerai pendant quatre mois. Le pays produisant les deux tiers du cobalt mondial, l'annonce a donc fait l'effet d'un séisme dans le secteur. La filière est maintenant dans l'attente de ce que décidera la RDC d'ici à la fin du mois de juin. La décision de Kinshasa a permis de faire remonter les prix, c'était son but. Mais elle a aussi asséché le marché, dont les stocks de métal disponibles à l'extérieur du pays n'étaient que de quatre mois de consommation, début janvier 2025, selon l'Institut du Cobalt, qui regroupe les industriels de la filière. Les usines de raffinage, qui souffraient des prix bas, manquent maintenant d'approvisionnement en matière première. Le marché a été si bousculé, que l'Institut du cobalt, détaille, dans un rapport publié fin mai, quatre scénarios, en fonction de ce que Kinshasa pourrait décider.Quatre scénarios pour les marchésLes volumes qui sortiront de République démocratique du Congo (RDC), dans les prochains mois, seront déterminants pour savoir si le marché restera excédentaire. Selon les hypothèses, le trop-plein de cobalt pourrait durer jusqu'en 2030 au moins, ou au contraire laisser place à un déficit dès 2027. Qui dit déficit, dit, en général, remontée des cours. Le positionnement de la RDC aura aussi un impact sur la consommation : les difficultés d'approvisionnement sur le long terme pourraient « détruire la demande », comme on dit dans le jargon, et conforter les technologies qui se passent de cobalt comme celle des batteries LFP (lithium fer phosphate).Une demande record, en hausseSelon les derniers chiffres publiés par l'Institut du Cobalt, la demande n'a jamais été si forte qu'en 2024, avec une consommation de plus de 200 000 tonnes qui pourrait doubler d'ici à la fin de la décennie, selon les prévisions de Benchmark.Le secteur le plus gourmand est celui de l'automobile : à l'horizon 2030, près de 60% du cobalt pourrait être absorbé par la fabrication de batteries. Les prévisions restent difficiles et sont « plus pessimistes qu'auparavant », selon l'Institut du Cobalt, car elles sont mises à mal par la situation économique mondiale et par la politique de l'administration Trump moins favorable à la généralisation des véhicules électriques. Parmi les pays producteurs qui profiteront de demande, il y a la RDC au premier chef, mais aussi l'Indonésie dont la part de marché ne cesse d'augmenter. La RDC qui représentait jusqu'à ce qu'elle gèle ses exportations 76% de l'offre mondiale, devrait voir sa part baisser à 65% en 2030 pendant que l'Indonésie devrait, à cet horizon, voir la sienne grimper pour atteindre 22% du cobalt mondial.À lire aussiLa RDC suspend les exportations de cobalt pour voir remonter les prix
Réunis en Inde pour leur sommet annuel, les acteurs du transport aérien revoient leurs prévisions pour 2025. Entre tensions commerciales, pressions écologiques et hausse des coûts, les compagnies doivent composer avec un contexte économique nettement moins favorable, malgré une demande toujours soutenue. Décryptage. C'est dans un climat d'incertitudes que les compagnies aériennes mondiales participent, cette semaine à New Delhi, au sommet annuel de l'Association internationale du transport aérien (IATA). Première annonce majeure: les prévisions pour 2025 ont été revues à la baisse, en raison de ce que l'on qualifie de « vents contraires » pour l'économie mondiale. En première ligne, la guerre commerciale relancée par Donald Trump. Depuis avril, les États-Unis imposent une taxe de 10% sur les avions et composants aéronautiques produits hors de leurs frontières. Résultat, Airbus, le géant européen, fait face à des surcoûts lorsqu'il vend à des compagnies américaines. Et son concurrent Boeing n'est pas épargné non plus, en subissant des mesures de rétorsion similaires en Chine et en Europe. Ces tensions impactent directement les compagnies aériennes, qui absorbent ces hausses de coûts, parfois accompagnées de retards de livraison. Cela se traduit par une réduction des vols internationaux et une rentabilité mise à mal.Virage écologique contrariéAutre difficulté, la transition énergétique du secteur, essentielle pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, se trouve elle aussi freinée. Les compagnies misaient sur des subventions américaines pour les carburants d'aviation durables, un levier important pour investir dans une flotte plus écologique. Or, cette aide a été supprimée par Donald Trump. Une décision qui prive les transporteurs américains d'un avantage concurrentiel précieux, estimé à plusieurs milliards de dollars. À cela s'ajoute une forte baisse des déplacements en classe affaires, conséquence d'un climat économique peu propice aux échanges internationaux. Moins de voyages professionnels, c'est aussi moins de revenus pour les compagnies, qui voient leur modèle économique traditionnel remis en question.Une demande en croissance mais des marges sous pressionParadoxalement, la demande pour le transport aérien reste bien orientée. L'Inde, hôte du sommet, a doublé en dix ans son nombre de passagers et d'aéroports. En Afrique et au Moyen-Orient, la croissance du trafic dépasse les 14 %, là où l'Amérique du Nord plafonne à +1,6 %, malgré le fait qu'elle représente un quart du marché mondial. Même le fret aérien se porte bien, dopé par les anticipations liées aux hausses de droits de douane. Mais derrière cette dynamique, les compagnies doivent faire face à une pression accrue sur leurs revenus par siège. Résultat: des ajustements économiques nécessaires pour absorber les surcoûts. Si le chiffre d'affaires mondial du secteur devrait atteindre un nouveau record en 2025 — plus de 1000 milliards de dollars —, les marges restent stables. Illustration d'un changement d'époque pour une industrie autrefois focalisée sur la croissance des profits, désormais contrainte de maîtriser ses dépenses.À lire aussiInde: boom dans le secteur du transport aérien
Le Maroc est le premier producteur mondial de sardines et le premier producteur africain de produits de la mer. Un secteur qui connaît toutefois une crise d'ordre structurelle : les stocks de poissons dans les ports marocains diminuent, entre 20% et 30% de baisse côté Méditerranée. La hausse conséquente du prix des sardines a agité le débat public avant le Ramadan, tant le petit poisson argenté est un élément essentiel de la gastronomie marocaine. Près de 80% des captures de poissons sont effectuées dans les eaux du Sahara Occidental, où la raréfaction des ressources se fait ressentir également. De notre envoyé spécial à Boujdour et Laâyoune,Dans le port de Boujdour, au Sahara occidental, les pirogues colorées des pêcheurs artisanaux côtoient les chalutiers spécialisés dans la capture de la sardine et du maquereau. Tous les pêcheurs font le même constat : malgré l'augmentation du nombre d'unités de pêche, le poisson se fait rare.« Ce changement climatique a impacté le stock ou plutôt les conditions de pêcherie de ce type de poisson qui est le pélagique, explique Ismaïl Benazouz, chef division de développement à l'Agence nationale des ports. Le plan d'aménagement initié par le département de pêche, et l'institut de recherche halieutique, à travers les campagnes de repos, est destiné à préserver la ressource halieutique et de gérer cette rareté en espérant qu'elle soit temporaire. »Des stocks en diminution, et des facteurs de raréfaction multiplesPour Badr El Moussaoui, président de la commune d'el-Marsa Laâyoune et patron de l'une des 45 conserveries de poisson de la région, la question de la raréfaction des ressources se pose. Le volume du poisson pêché a diminué d'un tiers entre 2023 et 2024. « Cela fait deux ans maintenant que les chiffres sont en baisse, surtout dans le débarquement de la pêche, surtout dans le poisson pélagique, mais on trouve que c'est tout à fait normal, c'est à cause du changement climatique », constate-t-il.Selon les experts, le changement climatique n'est pas le seul facteur pour expliquer la raréfaction des ressources : la surpêche ou encore les effets des usines de dessalement pourraient participer à la diminution des stocks. Conserves, huile ou farine de poisson : au Maroc, 500 000 emplois directs ou indirects sont liés au secteur. Le maire de Dakhla, Erragheb Hormatollah, se veut toutefois rassurant : « Avec l'évolution de la population, avec l'évolution de la demande, c'est une question cruciale pour la pêche. Mais il y a tout un programme lancé par le ministère de l'Agriculture et de la Pêche concernant la préservation de cette ressource-là. »Dans un autre registre, la situation politique du territoire, considéré comme non-autonome par l'ONU, pèse aussi sur le secteur. La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a confirmé l'année dernière l'annulation des accords de pêche entre le Maroc et l'Union européenne, estimant qu'ils avaient été établis « sans le consentement du peuple du Sahara occidental ».À lire aussiL'accord sur la pêche UE-Maroc en eaux troubles
Le prix du pétrole stagne à son plus bas niveau depuis la pandémie. Le baril de Brent de la mer du Nord s'échange aux alentours des 65 dollars, alors qu'il dépassait les 100 dollars après l'invasion russe de l'Ukraine en 2022. Le résultat d'un changement de politique de la part des pays de l'Opep+. Alors qu'il y a deux ans, l'Opep+, qui regroupe les pays producteurs de pétrole et leurs alliés, avait réduit l'offre volontairement en espérant de faire monter les prix, elle a décidé en avril dernier de rouvrir les vannes. Il y a trois jours, il a été décidé d'augmenter encore les volumes d'or noir mis sur le marché.Selon les observateurs, c'est Riyad qui serait derrière ce changement de cap surprise. C'est l'Arabie saoudite qui avait fait comprendre début mai qu'elle pouvait supporter une baisse des prix pendant une période prolongée. L'Arabie saoudite semble se plier aux requêtes de Donald Trump. Peu après sa prise de fonction, le président américain avait demandé à son allié de produire davantage pour faire baisser les prix de l'or noir et par ricochet les prix à la pompe pour les consommateurs américains.La fin du boom de schiste aux États-UnisMais cette stratégie n'est pas sans conséquence sur le secteur du schiste aux États-Unis. Confrontés à une accumulation de pétrole sur les marchés, les foreurs de schiste américains ont dû arrêter plusieurs de leurs plateformes pour faire face à la chute des prix. On s'attend à une baisse de production américaine de 1,1% l'année prochaine, à 13,3 millions de barils par jour.Ces producteurs de pétrole de schiste, qui avaient fait des États-Unis le plus grand producteur mondial d'or noir, se retrouvent aujourd'hui devant la première crise majeure de leur secteur. Si les prix de brut devaient descendre à 50 dollars, la production américaine pourrait perdre jusqu'à 300 000 barils par jour. Soit davantage que la production totale de certains petits pays membres de l'Opep+. Les compagnies américaines ne pourront clairement pas suivre. Des suppressions d'emplois ont déjà commencé.À lire aussiLe cours du pétrole chute après les annonces de l'Opep+ accélérant sa production de brut
Quel avenir pour le karité africain ? Les acteurs publics et privés de la filière se sont réunis au Bénin, après une année difficile, marquée par des interdictions dans certains pays d'exporter les amandes brutes. L'ambition est de parvenir à un partenariat gagnant-gagnant sur les prix entre tous les opérateurs, de la collecte à la transformation du karité. De notre correspondant à Cotonou,Pour Antoinette Ouédraogo, secrétaire exécutif de l'ONG burkinabè BUA YA BA, un partenariat gagnant-gagnant va réparer une grosse injustice. « Comment comprendre qu'on nous achète le beurre de karité à moins de 500 francs CFA [soit 0,76 euro], et au mieux 1000 francs le kilo [soit 1,50 euro] pour se retrouver ailleurs à 10 ou 15 000 francs le kilo [environ 20 euros] ? Il y a une distribution qui n'est pas équitable. Comment comprendre que le cours mondial est fixé dans des pays qui n'ont même pas d'arbres de qualité chez eux ? Ce n'est pas facile, nous souhaitons qu'il y ait un changement par rapport à ça ».Collecte des amandes pas assez rémunéréeMême combat pour Gilles Adamon, président de l'interprofession Karité Bénin. Il plaide surtout la cause des milliers de femmes sous-payées qui travaillent dans la filière. « Entre les acteurs, il faut qu'on puisse avoir des séances de concertation pour arrêter des prix, pour que nul ne soit perdant, c'est cela le partenariat gagnant-gagnant. Il ne faut pas qu'un groupe soit beaucoup plus gagnant que les autres, surtout les femmes qui collectent les amandes ».Aurore Egounléty Biokou est experte en genre. Recrutée pour écouter et faire remonter les doléances de ces femmes, notamment au Togo et au Burkina Faso, elle déposera un rapport avec des solutions à court, moyen et long terme. « Ces femmes ne sont pas rémunérées à la hauteur de ce qu'elles font. Elles recherchent toujours des occasions pour se faire entendre pour qu'on arrive à les aider à trouver des solutions. »Prioriser l'achat par les entreprises localesAutre sujet évoqué, la suspension de l'exportation des amandes dans certains pays de la sous-région africaine, Mali et Burkina Faso. Les transformateurs des pays où il n'existe pas ce genre de mesures d'interdiction ont été pénalisés lors de la dernière campagne, alors Cotonou fait une recommandation. « Ce qui a été retenu principalement, souligne Gilles Adamon, c'est que les associations locales de chaque pays discutent avec l'État pour que les entreprises locales soient priorisées dans l'achat des amandes. »Les acteurs ont les yeux rivés sur la prochaine campagne, elle est imminente. Beaucoup prédisent qu'elle sera meilleure que la précédente.À lire aussiTransformation locale : le Bénin veut passer à la vitesse industrielle
L'Afrique du Sud tente de lutter contre la diminution de ses troupeaux de moutons. La finesse de la laine sud-africaine fait la fierté du pays, mais comme en Australie, autre grand pays d'élevage, la viande et la laine ne sont plus assez rémunérateurs. La situation n'est pas aussi alarmante qu'en Australie, mais en Afrique du Sud aussi, le déclin du cheptel et de la production de laine préoccupe les acteurs de la filière. « L'éleveur est sous forte pression financière » et le défi est de faire en sorte qu'ils n'abandonnent pas, explique James de Jager PDG de Segard Masurel South Africa. À cela s'ajoute l'expansion de l'industrie minière dans le nord du pays qui a réduit les terres disponibles, les vols de bétail et la tentation de faire aussi de l'agriculture ou d'élever des moutons uniquement pour leur viande. « Le nombre d'éleveurs n'a pas forcément chuté, mais les pratiques agricoles ont changé », explique le négociant, venu, ce mois de mai 2025, participer au 94e congrès de la Fédération lainière internationale (IWTO) à Lille, au nord de la France.En l'espace de 20 ans, la production nationale de laine a chuté de 60% : elle est passée d'un peu plus de 100 millions de kg de laine à 42 millions aujourd'hui. Les acteurs de la filière locale pensent avoir atteint un point bas « parce que la chute s'est stabilisée depuis à peu près cinq ans », relève James de Jager et aussi parce que « la spécificité de l'Afrique du Sud est de compter, en plus des grands élevages, de petits producteurs qui n'ont que deux, cinq ou vingt moutons », explique Isak Staats directeur de BKB et courtier en laine, « des éleveurs qui ont besoin du revenu lié à la laine et sur lesquels la filière compte s'appuyer ».Une demande textile trop faibleLa laine est un marché de niche et représente moins de 1% des fibres utilisées, mais la laine n'en est pas moins tributaire de la bonne santé du secteur de l'habillement. Un secteur en berne, la demande en textile n'est pas bonne en Europe, et pas meilleure en Chine. Or le pays achète 80% de la laine sud-africaine pour la laver, avant de réexporter ce qui n'est pas utilisé dans les usines chinoises.Pour réduire les risques, les producteurs sud-africains cherchent donc à s'ouvrir de plus en plus à d'autres marchés, comme la République tchèque, la Bulgarie et l'Uruguay. Augmenter les exportations vers l'Inde est aussi un objectif, mais l'Afrique du Sud paye pour l'instant des droits à l'importation de 2% qui rendent la laine difficilement compétitive.Se distinguer sur le marché internationalDepuis des années, le pays est engagé pour une laine durable, produite selon des pratiques dites « régénératives », qui réponde aussi aux normes de bien-être animal, mais également aux dernières exigences sociales et environnementales en vigueur.L'Afrique du Sud a mis l'accent sur la collecte de données, pour une traçabilité de la ferme, à la laine exportée. « On sait d'où vient la laine, qui l'a achetée aux enchères et où elle est exportée, notamment grâce au numéro d'identification donné à chaque producteur », explique Deon Saayman, PDG de Cape Wools, l'organisation qui chapeaute l'ensemble de la filière. Deux marques commerciales ont été créées par l'interprofession pour valoriser la laine sud-africaine sur le marché international et les entreprises développent individuellement leur propre standard.Cette mobilisation a payé : même si l'Afrique du Sud a vu fondre son cheptel, le pays reste le premier exportateur mondial de laine certifiée.À lire aussiAnglo American se sépare de ses mines de platine en Afrique du Sud
Un nouveau camouflet judiciaire pour Donald Trump. Un juge fédéral américain a bloqué les droits de douane dits « réciproques » imposés depuis début avril sur l'ensemble des produits entrant aux États-Unis. Les juges rappellent que le président américain n'a pas le droit de prendre cette décision seul et qu'il a ainsi outrepassé les pouvoirs dont il dispose. C'est au Congrès qu'il revient d'augmenter les droits de douane le cas échéant. L'analyse de Jean-Baptiste Velut, professeur des universités à la Sorbonne Nouvelle, spécialiste de politiques commerciales américaine. À lire aussiÉtats-Unis: camouflet judiciaire pour Trump sur les droits de douane réciproques
Petite révolution dans le secteur minier : le géant mondial Anglo American se sépare de ses mines de platine en Afrique du Sud. Anglo American Platinum devient une entité autonome et prend le nom de Valterra, dans un contexte très incertain pour l'avenir des platinoïdes. La branche sud-africaine d'Anglo American devient indépendante dans un contexte difficile pour le secteur des platinoïdes, un groupe de six métaux, qui comprennent le palladium et le rhodium que l'on retrouve dans les pots catalytiques des voitures. Leur prix s'est envolé après la pandémie et au début de l'invasion de l'Ukraine. Mais la bulle a éclaté en 2023 et depuis l'Afrique du Sud accuse le coup : le pays est le premier producteur mondial de platine d'où l'on peut extraire du palladium et du rhodium. Les grands groupes miniers présents dans le pays ont dû s'adapter, et pour certains se restructurer et licencier du personnel. Pour ne rien arranger, des inondations ont mis à l'arrêt, en début d'année, la production d'une importante mine dans la province du Limpopo, exploitée par l'ancienne filiale d'Anglo American. Un contexte difficile pour cette société devenue donc Valterra Platinum : selon une note de la banque UBS, citée par le site spécialisé Mining.com, la société pourrait afficher d'ici fin juin un déficit de plus de 8 milliards de rands (soit plus de 400 millions d'euros) en raison notamment du coût de la scission avec Anglo American.Demande en platinoïde très incertaineAu premier trimestre, la demande de bijoux en platine a augmenté de près d'un quart, en raison de la flambée des cours de l'or qui a fait reculer l'achat de bijoux en métal jaune. Mais les débouchés des platinoïdes restent essentiellement liés au secteur de l'automobile. Le décollage ou non de la demande pour les véhicules électrique et la fin des pots d'échappement qui va avec, sera donc déterminant pour l'avenir du platine, du rhodium ou encore du palladium.D'autres sous-métaux du groupe, tels que l'iridium, pourraient en revanche, eux, trouver un nouvel élan avec le développement de la filière hydrogène, une filière sur laquelle mise l'Afrique du Sud.Une troisième année de déficitLes disponibilités seront inférieures à la demande encore cette année, selon le World Platinum Investment Council (WPIC), en raison notamment d'une baisse de 4% de l'offre disponible.Ce nouveau déficit devrait entamer un peu plus les stocks et pourrait créer de la tension sur le marché : les prix ont d'ailleurs rebondi depuis la publication des prévisions 2025 du WPIC le 19 mai. Comme d'autres analystes, le PDG de Valterra Platinum table lui-même sur des perspectives de prix positives. À lire aussiLes groupes miniers producteurs de platinoïdes face à la crise en Afrique du Sud
Face à une nouvelle menace tarifaire de Donald Trump, l'Union européenne intensifie ses négociations commerciales avec Washington. Objectif: éviter une crise économique majeure. Depuis quelques jours, les tensions commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne reprennent de plus belle. En cause, la récente déclaration de Donald Trump qui menace d'imposer à partir du 1er juin des droits de douane pouvant atteindre 50% sur tous les produits européens entrant sur le territoire américain.Une décision motivée par l'agacement du président américain face à la lenteur des discussions commerciales en cours avec Bruxelles. Déjà soumise à des taxes américaines depuis mars – 25 % sur l'acier, l'aluminium et l'automobile, et 10 % sur d'autres produits – l'UE redoute une escalade aux conséquences économiques lourdes car les États-Unis demeurent le premier client de l'Union. En 2023, les exportations européennes vers le marché américain ont atteint 606 milliards de dollars, générant un excédent commercial qui dérange ouvertement Washington.À lire aussiComment l'UE peut relancer son économie face à la Chine et les États-UnisL'incertitude, une stratégie assuméeAu-delà des menaces concrètes, c'est l'incertitude qui pèse lourdement sur l'économie européenne. Un climat volontairement instable que Donald Trump semble cultiver, selon les analystes. Et cette instabilité a des effets immédiats. Les marchés réagissent, les industriels reportent ou réorientent leurs investissements, souvent au bénéfice des États-Unis.Des géants européens comme Sanofi, CMA CGM ou encore Stellantis ont déjà renforcé leur présence outre-Atlantique. Face à cette pression, Bruxelles n'a d'autres choix que d'accélérer ses négociations. Non par stratégie, mais par nécessité. Car une guerre commerciale franche pourrait fragiliser encore davantage une économie européenne déjà affaiblie.Négocier dans le flou : un équilibre précaireLe principal obstacle reste le manque de clarté côté américain. Si la volonté de réduire le déficit commercial est affichée, Washington ne précise pas ses attentes concrètes. Une ambiguïté qui place l'Europe dans une position inconfortable: négocier sans véritable visibilité. Et dans ce rapport de force, la stratégie américaine semble clairement orientée vers des concessions à sens unique.Pourtant, l'Europe se prépare. En cas d'échec des discussions, un plan de contre-attaque est prêt, avec des mesures de rétorsion ciblées sur certains produits américains. Mais pour l'heure, ni Bruxelles ni Washington ne ferment la porte à un compromis. L'enjeu : parvenir à un accord équilibré sans céder sur des points cruciaux. Un exercice délicat pour les Vingt-Sept, contraints de manœuvrer entre fermeté et diplomatie.À lire aussiFace à Donald Trump, l'Union européenne recherche de nouvelles alliances
Le monde ne manque pas d'acier, il croule même sous les excédents, c'est ce que pointe le rapport annuel de l'OCDE, une organisation économique qui regroupe essentiellement les pays occidentaux, rapport qui vient de sortir cette semaine. Ce qui explique la surproduction d'acier, ce sont essentiellement les subventions octroyées par certains États. Plusieurs gouvernements ont mis en place des politiques de soutien à leur industrie sidérurgique, c'est le cas dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et dans les pays d'Asie du Sud-Est, mais un pays fait plus que les autres : la Chine. Les subventions de Pékin sont dix fois supérieures à celles des pays de l'OCDE. Ce soutien se matérialise par des emprunts en dessous des taux du marché, des prix de l'énergie subventionnés ou encore un traitement fiscal préférentiel. Une pratique qui « fausse » le marché mondial, selon l'OCDE.Grâce à son acier subventionné, la Chine prend de plus en plus de part de marché : les exportations d'acier chinois ont plus que doublé depuis 2020, pour atteindre un record de 118 millions de tonnes en 2024. Ce tsunami d'acier a fait chuter les prix. Après leur pic en 2021, ils sont tombés au plus bas depuis près de dix ans. Des prix bas qui profitent naturellement aux utilisateurs d'acier du secteur de la construction ou de l'automobile, mais pas aux fabricants d'acier.Des fabricants d'acier qui ne sont plus rentablesLes industriels voient leur rentabilité se rapprocher de leurs plus bas niveaux historiques, selon l'OCDE : l'allemand ThyssenKrupp a annoncé la suppression de milliers emplois, le géant US Steel, désormais relégué aux 24e rang des aciéristes mondiaux, est contraint de se marier avec le japonais Nippon Steel, numéro 4 du secteur. Quant à ArcelorMittal, le géant mondial prévoit de licencier environ 600 personnes dans le nord de la France.Face aux difficultés et à la grogne des producteurs d'acier dont l'activité souffre de la concurrence asiatique, de plus en plus de pays ont lancé des enquêtes anti-dumping. Leur nombre a été multiplié par cinq en deux ans. Rien qu'en 2024, 81 ont été lancées – contre 16 précédentes –, un tiers visait des producteurs chinois.À écouter aussiLa surabondance d'acier chinois pèse sur les prix du minerai de ferLa consommation ne suit pasElle est variable selon les régions, stable, voire en déclin dans les pays occidentaux, mais elle diminue en Chine. Au niveau mondial, le solde est à peine positif, les besoins en acier n'augmentent même pas de 1 % par an. D'où les excédents d'acier, qui risquent de s'aggraver puisque de nouvelles usines vont entrer en service.Dans les deux années qui viennent, les capacités de production devraient bondir de plus de 6 %, selon les projections de l'OCDE, ce qui annonce des dizaines de millions de tonnes d'acier en plus sur le marché. Des nouveaux investissements situés majoritairement en Asie et surtout en Inde et en Chine.Impact sur la décarbonation du secteurLa fabrication d'acier est responsable de 8 % des émissions mondiales de CO2. Mais les investissements pour décarboner la filière sont difficilement tenables dans le contexte actuel de prix. Fin 2024, ArcelorMittal a suspendu son projet d'investissement dans la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque, en raison de la non-compétitivité de l'acier produit en Europe. En parallèle, 40 % des nouvelles capacités qui doivent entrer en production ne seront pas bas-carbone et même « à forte intensité d'émission », pointe l'OCDE.
Alors que Paris accueille la REuse Economy Expo, unique salon européen dédié à la réutilisation, la question du réemploi des objets du quotidien s'impose comme un enjeu crucial. Créateur d'emplois et levier économique, ce modèle reste pourtant en retrait face au recyclage. Décryptage. Le réemploi et la réutilisation des objets connaissent un coup de projecteur à Paris, à l'occasion de la REuse Economy Expo, le seul événement en Europe entièrement consacré à cette thématique. Redonner une seconde vie à nos objets est un impératif à la fois écologique et économique. Pourtant, cette pratique reste marginale: ni les producteurs, ni les vendeurs, ni même les consommateurs ne l'ont pleinement adoptée.Résultat, il est difficile d'évaluer précisément le poids de cette économie. Ce qui est certain en revanche, c'est son potentiel en matière d'emploi. Rien que dans le secteur de la remise en état des emballages, 8 000 personnes sont actuellement employées en France. Et selon plusieurs experts, ce chiffre pourrait grimper à 40 000 d'ici 2040. Le réemploi se présente donc comme une véritable opportunité de développement économique.Réutiliser plutôt que recycler : un changement de paradigmePendant des années, c'est le recyclage qui a été érigé en norme. On démonte, on détruit, puis on reconstruit. Mais le réemploi reste à la traîne, alors même qu'il présente des avantages considérables. Pour les consommateurs, il signifie des prix plus accessibles. Pour les entreprises, selon l'ADEME (Agence française de la transition écologique), il permet de réduire significativement les coûts de production.L'exemple du secteur verrier illustre parfaitement ce tournant. Au printemps 2022, confrontés à une pénurie de calcin après le début de la guerre en Ukraine, les producteurs français ont choisi de laver et réutiliser les bouteilles existantes, plutôt que de les recycler dans des fours énergivores. Une solution plus rapide, plus économique, et bien plus écologique.À lire aussiLes industriels européens du plastique prennent le virage du recyclableConstruire une culture du réemploiLe véritable défi réside dans la conception même des produits, qui sont majoritairement pensés pour un usage unique. Or, l'essor du réemploi dépend en grande partie d'une évolution dans cette logique de production. En France, la réglementation évolue. D'ici 2027, 10 % des emballages devront être réutilisés. À l'échelle européenne, une nouvelle directive encore plus ambitieuse entrera en vigueur dès l'année prochaine. Mais il faut aussi convaincre les consommateurs. Entre une machine à laver bon marché, mais irréparable, et une plus coûteuse aux pièces robustes et remplaçables, le choix immédiat est souvent dicté par le prix. Pourtant, sur le long terme, c'est souvent la solution réparable qui s'avère la plus rentable. Penser les produits pour qu'ils aient plusieurs vies, dès leur conception, devient une piste incontournable. Les enseignes de seconde main fleurissent à travers l'Europe, et ces produits investissent désormais les rayons des grands magasins. Comme le rappelait justement Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » L'économie circulaire n'a peut-être jamais été aussi actuelle.
Au nord de la ville de Dakhla, dans la région du Sahara occidental administrée par le Maroc, un projet titanesque est en cours de réalisation : un port en eau profonde capable d'accueillir des porte-conteneurs et des supertankers. Dans le cadre de l'« Initiative Royale Atlantique », le port, entièrement financé par le royaume, a pour objectif de proposer un nouvel accès à la mer pour les pays enclavés du Sahel et de renforcer les échanges Sud-Sud, notamment avec l'Amérique du Sud. De notre envoyé spécial de retour de Dakhla,Sur les hauteurs de ce chantier pharaonique lancé il y a trois ans, en pleine zone désertique, une femme observe aux jumelles le ballet de camions. Iouzzi Nisrine est la directrice de suivi et de supervision de la réalisation du nouveau port de Dakhla Atlantique. La côte a été terrassée sur plusieurs centaines de mètres pour le stockage, façon Tetris, de milliers de quadripodes, ces petits plots de béton à quatre bras capables de dissiper l'énergie des vagues et fortifier les digues portuaires.Dakhla Atlantique, c'est 1 500 employés, plus d'un milliard d'euros investis par l'État marocain, pour une infrastructure multifonctions. « On parle du conteneur, on parle du trafic TIR, on parle justement des hydrocarbures verts, de l'hydrogène vert, de l'industrie de la pêche, et de la réparation navale. Tout cela, ce sont des segments d'activités qui ont beaucoup de potentiels et qui existent et qu'on a identifié pour pouvoir les drainer à travers un port en eau profonde, et un grand port comme le port de Dakhla Atlantique », détaille Iouzzi Nisrine.« Une opportunité pour augmenter le commerce extérieur »Selon la vision étatique, ce port permettra le développement économique des « Provinces du Sud », vocable marocain dans un contexte de territoire disputé. Ses concepteurs le présentent comme une nouvelle option pour les États du Sahel enclavés, qui n'ont d'accès direct à la mer. « Désenclaver les pays du Sahel,c'est également une opportunité pour augmenter le commerce extérieur, et également créer des investissements et la création d'emploi, et le développement économique de façon générale », assure la directrice de suivi et de supervision de la réalisation du port.Instrument d'ancrage territorial et outil de développement de nouvelles routes commerciales maritimes, notamment avec l'Amérique du Sud, les enjeux stratégiques, géopolitiques, sont nombreux, tout autant que les défis d'ingénierie et environnementaux, dans une zone écologique sensible. Pour gagner en tirant d'eau, et accueillir les plus gros porte-conteneurs, un pont de 1,2 km de long a été construit perpendiculaire à la côte, et l'équivalent de 28 hectares de terrain en mer. Nisrine Iouzzi, casque sur la tête, a troqué sa veste noire pour un gilet jaune de chantier : « On a pensé aussi que c'était important de ne pas totalement fermer le courant littoral, et donc on a réfléchi d'abord à faire le pont pour avoir les plus hauts-fonds et également aussi pour une question environnementale faire une digue pour ne pas fermer le contact entre le trait de côte et la première profondeur. »Le projet a atteint un taux d'avancement de 45 %, et la livraison du port est attendu pour décembre 2028, avec une mise en exploitation en 2029. 35 millions de tonnes de marchandises pourraient y transiter chaque année.
Cela fait quatre ans que les prix du charbon n'ont pas été si bas, on parle du charbon thermique, celui qui est utilisé dans les centrales pour produire de l'électricité. Depuis leur sommet de 2022, les prix ont perdu un quart de leur valeur. Au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine, les prix du charbon se sont envolés, comme ceux de nombreuses matières premières. La perspective d'une crise gazière avec la Russie a provoqué un regain d'intérêt pour le charbon. Les prix sont restés à leur sommet jusqu'au début 2023 avant de dégringoler. Depuis, ils évoluent dans une fourchette basse et le charbon a même retrouvé un niveau plus bas que celui d'avant-guerre. Cette chute est due essentiellement à une mécanique bien connue : quand les prix étaient à la hausse, les investisseurs ont misé sur le charbon et ont fait grimper artificiellement la demande, et donc les prix. Le contexte a poussé en parallèle les grands producteurs, la Chine, l'Inde, et l'Indonésie, à produire plus et cela a été d'autant plus facile qu'ils ont mis en service de nouvelles mines ces dernières années, rappelle le Financial Times. Des stocks au plus hautLes volumes de charbon disponibles n'ont fait qu'augmenter. Cette surabondance a fait baisser les importations des gros acheteurs, ce qui a aussi alimenté la baisse des prix : au cours des quatre premiers mois de 2025, la Chine a importé 13% de moins par rapport à la même période un an plus tôt, selon les données de suivi maritime du cabinet franco-belge Kpler, cité par l'agence Reuters. En parallèle, la production chinoise a atteint un niveau record au premier trimestre, selon l'agence Bloomberg. Ce qui n'est pas consommé, ni exporté, s'accumule. Les stocks sont si élevés que même si les prix étaient plus bas, « personne n'achèterait du charbon », assure un analyste de Kpler. Ce n'est pas la demande actuelle qui peut bousculer les choses : on est dans une période creuse pour l'hémisphère Nord : l'hiver est terminé et la saison où la Chine et l'Inde allument leurs climatiseurs n'est pas encore arrivée. Un redressement des prix à partir de cet été ?Les stocks et la production sont tels qu'ils ne sont pas de nature à relever les prix dans l'immédiat. Il y a même eu des moments ces dernières semaines où les prix du charbon chinois ont atteint un niveau inférieur aux coûts de production. Face à la chute de leurs bénéfices, ceux qui le peuvent ralentissent la cadence : c'est le cas de deux sociétés en Colombie : Cerrejón filiale de Glencore et Drummond ont annoncé des coupes de production.Les cours pourraient repartir à la hausse cet été, avec la demande estivale, selon plusieurs experts, à moins que la part d'électricité produite par énergie renouvelable connaisse une nette augmentation. C'est une éventualité en Chine où la libéralisation du marché de l'électricité sera actée à partir du mois de juin et devrait rendre les énergies renouvelables moins chères, rappelle l'agence Bloomberg. « Comme c'est le cas depuis 25 ans, la Chine, qui consomme 30% de charbon de plus que le reste du monde réuni, continuera à définir les tendances mondiales » résumait fin décembre l'Agence internationale de l'énergie dans son rapport sur les perspectives du marché du charbon.
Alors que le sommet de l'Asean s'est ouvert, ce lundi 26 mai, à Kuala Lumpur, les dix pays membres du bloc régional doivent faire face à des défis de taille. Pris en étau entre les menaces tarifaires des États-Unis et l'offensive diplomatique de la Chine, les pays d'Asie du Sud-Est cherchent à préserver leur modèle économique et leur neutralité stratégique. Décryptage. La question brûlante au cœur du sommet de Kuala Lumpur : les mesures commerciales que Donald Trump menace d'appliquer contre certains pays de l'Asean. Pour l'heure, ces hausses de tarifs douaniers sont suspendues, mais les avertissements sont clairs. Le Cambodge et le Vietnam sont notamment dans la ligne de mire, avec des menaces de droits de douane respectivement de 49% et 46%. Ces pressions ne sont pas sans conséquences : les économies de la région reposent fortement sur les exportations. Les États-Unis représentent à eux seuls 30% des ventes à l'étranger du Vietnam. Si les tarifs entraient en vigueur, ce seraient des millions d'emplois en péril. Des entreprises comme Nike, qui y fabrique la moitié de ses chaussures avec 500 000 salariés, ou Apple, qui emploie 200 000 Vietnamiens via des sous-traitants, seraient directement touchées.L'Asean entre consensus régional et nécessité de dialogueFace à cette incertitude, les pays de l'Asean misent sur leur principale force, le consensus. Pour éviter les sanctions, plusieurs membres ont engagé des discussions avec les États-Unis, aussi bien collectivement qu'au cas par cas. Car pour ces États, couper les liens avec Washington est tout simplement impossible. L'objectif est clair, maintenir un équilibre dans leurs relations internationales. Le modèle de développement de la région, qui a profité du retrait de nombreuses entreprises américaines de Chine sous le premier mandat de Donald Trump, pourrait être profondément remis en cause. D'où l'importance stratégique de ce sommet pour définir une position commune.À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?La Chine avance ses pions et renforce ses liensPendant que Washington brandit la menace des sanctions, Pékin joue la carte de la séduction. Xi Jinping a récemment effectué des visites au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge. Il propose à l'Asean un partenariat renforcé, notamment par des investissements dans les infrastructures, avec l'idée de créer un grand bloc asiatique capable de faire contrepoids aux États-Unis. L'Indonésie et la Chine viennent d'ailleurs de réaffirmer leur volonté de renforcer leurs relations bilatérales. Et les chiffres le prouvent. En avril, les exportations chinoises vers les pays de l'Asean ont bondi de 21%, compensant la baisse des échanges avec les États-Unis. Mais un sujet cristallise les tensions : le transbordement. Il s'agit pour Pékin de faire passer des produits par l'Asie du Sud-Est pour éviter les taxes américaines, sans qu'ils soient identifiés comme « made in China ». Une stratégie que Washington entend surveiller de près. Dans ce contexte tendu, l'Asean doit une nouvelle fois faire preuve de diplomatie et d'agilité. Son histoire le montre, elle excelle dans l'art du compromis. Le sommet de Kuala Lumpur en est une nouvelle démonstration.À lire aussiPourquoi l'essor des exportations chinoises est une mauvaise nouvelle pour Pékin
Le Lesotho, petit royaume de 2 millions d'habitants enclavé dans l'Afrique du Sud, est menacé de 50% de taxes par l'administration Trump. C'est le pays le plus touché dans le monde après la Chine. Or, il dépend de l'industrie textile. Reportage dans des usines où ces taxes américaines font craindre le pire. De notre envoyé spécial de retour de Maseru,Nous sommes au sud de Maseru, dans une petite usine de textile en brique rouge. Et ici, quand on évoque Donald Trump, les réactions ne se font pas attendre. « Je trouve qu'il est égoïste, juge une employée, il ne pense pas à l'impact négatif de ses décisions sur notre population. »Malgré la suspension des taxes par le président américain, qui a décrété une pause pour trois mois début avril, l'avenir est particulièrement incertain, et la menace des 50% de droits de douane plane toujours sur le personnel de cette usine du Lesotho. « Ils sont stressés et inquiets, témoigne Malerai Mosotho, la manageuse. On fait de notre mieux pour les rassurer. On les réunit et on leur parle. Mais si, du jour au lendemain, on avait 50% de taxes, ce serait un vrai désastre ici. On devrait renvoyer des gens chez eux. »À écouter aussiLes habitants du Lesotho veulent rebondir sur le tacle de Trump et faire connaître leur pays« Soyez clément avec notre pays, notre usine, nos familles »Le stress est palpable et les visages sont fermés dans cette usine où résonne le bruit des machines à coudre et où la vapeur émane des stands de repassage. Car le marché américain représente 10% des exportations. « Le marché américain est un de nos principaux débouchés, en dollars, souligne Teboho Kobeli, le fondateur d'Afri-export-textile. On s'était particulièrement orienté vers les États-Unis depuis quelques années. Pour nous, c'est un marché d'un million de dollars par an ! »Mamohapi travaille ici depuis huit ans. « Là, je contrôle un jean qui sort du lavage. Je vérifie tout avant d'emballer », dit-elle. Mère de trois enfants, elle est inquiète : « Si je ne peux plus ramener d'argent dans mon foyer, ma famille va mourir. Tout le pays est affecté. Alors, je demande à Donald Trump : soyez clément avec notre pays, avec notre usine. Soyez clément avec nos familles ! »Un geste envers Musk pour apaiser la situationPas sûr que Donald Trump soit sensible à cette demande. Pour sauver les plus de 10 000 postes en danger, le gouvernement lésothien devra plutôt négocier. « Ces taxes, c'est une décision troublante de la part d'un grand pays que je considérais comme un symbole d'espoir, juge Mokethi Shelile, ministre du Commerce et de l'Industrie du royaume enclavé. Et ce n'est pas fondé sur la réciprocité. Nous exportons beaucoup par rapport à eux dans le cadre de l'Agoa (African Growth and Opportunity Act, le programme d'aide américain sur la croissance et les possibilités en Afrique, NDLR). Elles vendent peu chez nous. Mais nous ne sommes que deux millions d'habitants ! Les entreprises américaines ne sont peut-être tout simplement pas intéressées par notre marché. »Le Lesotho a récemment accordé une licence d'exploitation à Elon Musk pour son entreprise Starlink. En faisant un pas vers le milliardaire très proche du président Trump, le royaume enclavé espère éviter des taxes trop importantes.À lire aussiLes habitants du Lesotho veulent rebondir sur le tacle de Trump et faire connaître leur pays
À part leur passion commune pour le golf, il n'y a pas beaucoup d'atomes crochus entre l'États-Unien Donald Trump et le Sud-Africain Cyril Ramaphosa. Surtout depuis que le président américain a accusé l'Afrique du Sud de commettre un « génocide » contre les fermiers blancs afrikaners. Mais ce mercredi, les deux chefs d'Etat vont se rencontrer à la Maison Blanche. Donald Trump et Cyril Ramaphosa vont-ils être capables de trouver un terrain d'entente sur Gaza et sur les tarifs douaniers ? La chercheuse de l'International Crisis Group, par ailleurs Sud-Africaine, Liesl Louw, est notre invitée. RFI : Quelle est la vraie raison du raidissement des Américains contre l'Afrique du Sud ? Est-ce que c'est le sort des fermiers blancs afrikaners ou est-ce que c'est la plainte pour génocide que Pretoria a déposé contre Israël devant la Cour internationale de Justice ?Liesl Louw : Ce qui est sûr, c'est que la plainte contre Israël a beaucoup contribué à cette dégradation. Et puis aussi, depuis le début de 2022, le fait que l'Afrique du Sud ne voulait pas ouvertement condamner la Russie pour l'invasion de l'Ukraine et son insistance depuis aussi de vouloir être neutre dans ce conflit, l'Afrique du Sud étant membre des BRICS, etc. Donc il y a le conflit en Ukraine et puis sa ferme opposition à ce que fait Israël à Gaza.Et alors, sur cette question palestinienne que l'Afrique du Sud défend depuis la fin de l'apartheid, est-ce que vous pensez que Cyril Ramaphosa va lever le pied dans les prochaines semaines pour essayer de calmer le jeu avec Donald Trump?Moi, je pense que, politiquement, il ne va pas lever le pied. Il y a un large consensus en Afrique du Sud, même au sein de cette coalition du gouvernement d'unité nationale, pour condamner Israël. D'accord, il y a des nuances. L'Alliance démocratique, donc le parti de l'opposition qui fait partie du gouvernement aujourd'hui, n'a pas soutenu le procès à La Haye. Mais l'opposition de l'Afrique du Sud contre Israël a une popularité assez large. Je ne pense pas que c'est quelque chose que Cyril Ramaphosa va ouvertement changer dans cette position pro-palestinienne.À lire aussiAfrique du Sud: des diplomates aux États-Unis pour apaiser les tensions entre les deux paysDepuis le début de l'invasion de l'Ukraine il y a trois ans, l'Afrique du Sud a renforcé ses liens avec la Russie, notamment via les BRICS. Elle s'est aussi rapprochée de la Chine et de l'Iran. Est-ce que Cyril Ramaphosa n'a pas intérêt à rééquilibrer sa politique internationale s'il veut voir Donald Trump lors du sommet du G20 en novembre prochain en Afrique du Sud ?Oui, et je pense que ça, c'est vraiment l'enjeu diplomatique de cette rencontre. Parce que Ramaphosa, il faut se souvenir, à la fin du mois d'avril, il a invité Zelensky à Pretoria. Même si c'est très complexe, parce que l'Afrique du Sud, quand même, est un membre des BRICS. La Chine étant son plus grand partenaire économique. Et il y a encore très récemment des ministres du Congrès national africain (ANC) qui sont allés en Russie rencontrer Vladimir Poutine à Moscou. Donc, ce n'est pas facile de jouer les non-alignés.Sur le plan économique, les Américains sont le deuxième partenaire commercial de l'Afrique du Sud à qui ils achètent beaucoup de voitures et beaucoup de produits agricoles. Si demain Donald Trump augmente les taxes douanières de 30 %, comme il en a agité la menace le mois dernier, est-ce que cela ne risque pas de ruiner beaucoup d'agriculteurs et beaucoup d'ouvriers agricoles ?Oui, absolument. Ça, c'est vraiment la vraie raison pour cette visite et pour l'Afrique du Sud qui a un taux de chômage de 32 %. Et si encore, dans certaines zones où il y a des grandes fabriques d'automobiles, ces usines venaient à fermer, des dizaines de milliers de gens pourraient perdre leur travail et cela aggraverait le taux de chômage. Donc l'agriculture, le secteur automobile sont absolument clé pour l'Afrique du Sud.À lire aussiAfrique du Sud: les premiers «réfugiés» blancs afrikaners partis pour les États-UnisLe porte-parole de la présidence sud-africaine a évoqué il y a quelques jours un éventuel accord avec les États-Unis dans le domaine des terres rares et des métaux stratégiques comme le manganèse. Est-ce que ce serait une façon d'amadouer le président américain par un deal à la façon Volodymyr Zelensky ?Oui, absolument. Et depuis quelque temps, nous regardons de près où sont les terres rares. L'Afrique du Sud est un grand pays minier, bien sûr, et l'Afrique du Sud a des ressources stratégiques : manganèse, platine, chrome. Mais en ce qui concerne les terres rares, l'Afrique du Sud n'est pas un grand producteur de terres rares. Donc, depuis quelque temps, des économistes, des diplomates, tout le monde réfléchit, même dans les médias. Il y a énormément de débats autour de ce que l'Afrique du Sud peut offrir. Comment réparer cette relation qui est extrêmement importante, même s'il y a des choses où l'Afrique du Sud et les États-Unis ne sont pas d'accord ? La question d'Israël, par exemple. Mais pour réparer cette relation très importante, l'Afrique du Sud souhaite mettre sur la table ses atouts économiques.
En pleine incertitude liée à la guerre commerciale sino-américaine, Pékin tente de soutenir son économie par des mesures de relance monétaire. La Banque centrale chinoise a une nouvelle fois abaissé deux de ses taux d'intérêt, alors que l'activité industrielle affiche une croissance contrastée. Décryptage. La Chine donne un coup de pouce à son économie. Ce mardi, la Banque centrale a de nouveau abaissé deux de ses taux d'intérêt clés. Une décision qui intervient dans un contexte économique tendu, marqué par les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis. Pourtant, malgré cette conjoncture incertaine, l'économie chinoise montre une certaine résilience. En avril, la production industrielle a progressé de 6,1 % par rapport à l'année précédente. Un chiffre encourageant, mais qui masque un ralentissement: la croissance industrielle est moins vigoureuse que les mois précédents. Ce sont principalement les secteurs de haute technologie – robots industriels, véhicules électriques et équipements d'impression 3D – qui soutiennent cette dynamique.À lire aussiNégociations commerciales: la Chine et les États-Unis font état de «progrès» avant un communiqué communCommerce extérieur en repli, malgré une trêve fragileCette vigueur industrielle contraste cependant avec la mauvaise performance du commerce extérieur. Le mois dernier, les exportations vers les États-Unis ont chuté de 21 %. Une baisse qui a poussé les industriels chinois à se réorienter vers l'Asie du Sud-Est, pour contourner les droits de douane imposés par l'administration Trump. Mais récemment, un changement de cap s'est opéré : les deux pays ont convenu d'une trêve commerciale de 90 jours. Les droits de douane ont été réduits, bien qu'ils restent élevés : 40 % pour les produits chinois entrant aux États-Unis, et environ 25 % pour les exportations américaines vers la Chine. Une accalmie temporaire donc, qui a poussé les importateurs américains à stocker massivement des biens chinois, soutenant artificiellement la production au moins jusqu'en juin.Une consommation intérieure en berneMalgré ces signaux, des faiblesses structurelles persistent. Le principal point noir: la consommation des ménages chinois reste faible, alors qu'elle constitue un moteur essentiel de la croissance. Pour 2025, les autorités visent une croissance de 5 %, un objectif ambitieux dans un contexte incertain. C'est dans cette optique que la Banque centrale a décidé d'abaisser ses taux directeurs, espérant stimuler la demande intérieure. Ces mesures de relance pourraient soutenir l'économie à court terme. Mais la dynamique reste conditionnée à la résolution durable de la guerre commerciale entre Pékin et Washington.À lire aussiLes dernières mesures chinoises vont-elles suffire à relancer l'économie?
Myrtilles, framboises, fraises… les fruits rouges marocains se sont taillé une place de choix sur les étals à travers le monde et en particulier en Europe. Une vraie réussite pour cette filière qui a fait du Maroc ces dernières années l'un des leaders mondiaux dans la production et l'exportation de fruits rouges. De notre correspondant à Casablanca, C'est le résultat de plus de 40 ans d'expérience. Au départ, la production se limite à quelques hectares de fraises en plein champ. Les cultures se sont étendues depuis, diversifiées et les techniques modernisées. « Le grand développement de la fraise, c'est en 1980 avec les zones irriguées, rappelle Abdeslam Acharki, directeur de la Fédération interprofessionnelle des fruits rouges. Il faut savoir que les fruits rouges sont exportés à peu près dans une soixantaine de pays à travers le monde, mais c'est à 90 % pour le marché européen. »MultinationalesAbdeslam Acharki est le directeur de la Fédération interprofessionnelle des fruits rouges. Tout un écosystème s'est mis en place au Maroc avec la construction notamment d'infrastructures agro-industrielles. L'État soutient par ailleurs la filière à travers des subventions. « Le climat et la précocité donnent un avantage au Maroc », vante Younès El Amouri, producteur et conditionneur des fruits rouges. Au Maroc, les fruits rouges sont ainsi récoltés presque toute l'année ! Le royaume présente aussi d'autres atouts comme une main-d'œuvre qualifiée et à bas coût. « La plupart des multinationales sont installées au Maroc, observe Younes El Amouri, parce qu'il y a de la proximité avec l'Union européenne, qui est le client principal. »Extension des surfaces de myrtilleCela n'empêche pas la concurrence, avec l'Égypte, notamment pour la fraise. Dans ce contexte, le Maroc s'est lancé depuis quelques années dans une culture plus rentable : la myrtille. Au Maroc, l'une des principales zones de production de ce petit fruit bleu au goût acidulé se trouve dans le nord du pays, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. « La myrtille, avec plusieurs variétés, a pris ces dernières années beaucoup de surfaces par rapport aux autres cultures », constate Youssef Bensajjay, ingénieur agro-économiste.R&D insuffisante face à la sécheresseLes perspectives sont bonnes. La filière marocaine des fruits rouges lorgne désormais de nouveaux débouchés comme le Japon. Mais elle fait face à quelques handicaps. « Il y a la rareté de la main-d'œuvre, déplore Youssef Bensajjay. On doit aussi développer la recherche-développement. C'est le maillon faible pour tout ce qui est nouvelles variétés, surtout pour la fraise avec le déficit hydrique. C'est un enjeu majeur et un facteur très limitant. »Le secteur n'échappe pas à la sécheresse qui frappe le pays depuis sept ans. La filière des fruits rouges doit aussi faire face à une augmentation des coûts de production.À lire aussiMaroc/France : la hache de guerre de la tomate est enterrée pour le moment
Établi en 1935, le port fluvial de Garoua, situé dans la capitale du Nord Cameroun, permet le transport de marchandises sur la Benoue vers le Nigeria notamment. Il pourrait également être une plateforme de commerce pour les pays sans façade maritime de la région. Cependant, l'ancienneté des infrastructures empêche le développement du trafic. Un projet de réhabilitation a été lancé par le président Paul Biya en 2021, mais depuis le chantier peine à avancer. De notre envoyée spéciale de retour de Garoua,Sur le quai, des manutentionnaires déchargent d'énormes sacs de graines de coton de plus de 60 kg et les empilent sur une pirogue à moteur. « C'est plus avantageux. Par voie fluviale, je peux transporter de plus grosses quantités et en matière de sécurité c'est mieux. Par la route, il y a beaucoup de tracasseries et ce n'est pas aussi fluide », explique Al Hadji Issa, le commerçant qui gère cette cargaison. Mais cet exportateur fait figure d'exception en cette saison sèche. « Aujourd'hui, il y a un semblant d'activité, il y a deux camions qui déchargent les grains de coton à destination de Garoua pour le Nigeria. Ce n'est pas tous les jours, surtout en saison sèche, souligne Abbassi Ben, le régisseur du port fluvial de Garoua. Cela fait pratiquement trois semaines qu'il n'y avait pas d'activité. En saison sèche, le port n'est quasiment pas pour dire mort, mais au ralenti. »Les infrastructures du port sont vétustes, aucune grue ou équipement pour le déchargement. Le régisseur espère beaucoup des projets qui entourent la réhabilitation du port : « C'est notre espoir. Si et seulement si ce projet de réhabilitation a lieu vraiment, ce sera un bienfait non seulement pour la ville de Garoua mais aussi pour la sous-région. Cela doit d'abord rebooster les recettes de la ville et de l'État camerounais grâce aux droits de douane, aux droits de quai. Cela doit faire en sorte que les activités de nos businessmen soient pluies fluides. Pas seulement ceux du Cameroun, mais aussi du Nigeria, du Tchad et de la Centrafrique. »En saison des pluies, le Nord Cameroun est majoritairement approvisionné grâce au Nigeria voisin. « Ce qui vient du Nigeria, ce sont beaucoup les denrées alimentaires, c'est-à-dire les cartons de biscuits, de jus et consorts et les produits des constructions comme les carreaux, le ciment, détaille-t-il. Sans le Nigeria, à dire vrai, le Nord Cameroun n'existerait pas. »La réhabilitation du port est également vivement souhaitée par la communauté urbaine officiellement en charge de sa gestion. « Il y a trop de sable, il faut draguer le port. Les études de faisabilité ont été faites, elles sont déjà bouclées, affirme Noivouna Hakassou, deuxième adjoint au maire de la ville de Garoua. Mais on attend le financement. On a l'expertise du directeur du port de Douala qui est venu. On attend maintenant les financements. » Le coût des travaux a été évalué en 2022 à 16 milliards de FCFA, soit plus de 24 millions d'euros.À lire aussiÀ Garoua, le yaourt produit localement, le pari gagnant de «Botte Kossam»
Selon le baromètre EY 2025, la France reste le pays européen le plus attractif pour les investisseurs étrangers. Mais derrière ce leadership affiché se cachent des signaux d'alerte. Moins de projets, tensions sur les coûts, et attentes fortes des entreprises en matière de stabilité et de simplification. Décryptage. Pour bien comprendre la position française, il faut d'abord élargir la focale à l'échelle européenne. En 2024, l'Europe a connu son plus faible niveau d'investissements directs étrangers (IDE) depuis neuf ans. Une contraction nette, causée par la faible croissance de la zone euro, la montée des tensions géopolitiques et l'essor des barrières commerciales. Pendant ce temps, les États-Unis poursuivent leur ascension. Leurs IDE y ont bondi de 20 %, portés par une croissance dynamique et une politique industrielle ambitieuse. En comparaison, les pays de l'Union européenne apparaissent fragilisés. Une France toujours en tête, mais sous pression La France reste pourtant en haut du podium européen pour la sixième année consécutive. Elle conserve ainsi son statut de pays le plus attractif du continent. Mais ce classement cache une réalité plus nuancée. Le nombre de projets d'investissements étrangers y a chuté de 14 % en un an. Résultat : moins de créations d'emplois et un essoufflement qui inquiète. Les raisons de cette baisse sont bien identifiées par les investisseurs : coût du travail trop élevé, prix de l'énergie dissuasif, complexité administrative, accès limité au foncier industriel, et manque de robotisation dans certaines filières. Autant de défis à relever pour redonner de l'élan à la dynamique économique. À lire aussiComment expliquer les difficultés de l'industrie européenne?Des atouts solides… et des attentes tout aussi fortes Face à ces fragilités, la France peut heureusement compter sur de solides atouts. Elle possède un grand marché intérieur – 67 millions de consommateurs –, des pôles scientifiques reconnus, des universités de qualité, des infrastructures performantes, une main-d'œuvre qualifiée et une qualité de vie qui séduit. Certains secteurs restent particulièrement porteurs, comme l'intelligence artificielle, les énergies renouvelables ou encore l'agroalimentaire. À l'inverse, l'industrie – notamment la chimie et l'automobile – subit de plein fouet les pressions sur les coûts. Les investisseurs internationaux attendent aujourd'hui un rétablissement de la confiance, une stabilité politique et budgétaire renforcée, et un accompagnement plus clair des pouvoirs publics. La dissolution de l'Assemblée nationale il y a près d'un an a laissé des traces. Enfin, pour faire face à la concurrence américaine, les chefs d'entreprise appellent à une véritable stratégie industrielle européenne. Ils demandent davantage de coordination à l'échelle des 27, qu'il s'agisse de réglementation ou de soutien financier. L'objectif : éviter que l'Europe ne joue en ordre dispersé, et perde du terrain face aux géants mondiaux. À lire aussiBudget 2025: la France à la veille d'une crise d'ampleur?
La Chine organise un sommet diplomatique d'envergure à Pékin, réunissant plusieurs dirigeants d'Amérique latine, dont ceux du Brésil, de la Colombie, du Chili ou encore du Pérou. Objectif affiché : resserrer les liens avec la région dans un contexte de rivalité croissante avec les États-Unis. Décryptage. Dès l'ouverture du forum, le ton est donné : le président chinois Xi Jinping annonce un prêt de 9,2 milliards de dollars à destination de l'Amérique latine et des Caraïbes. Une initiative qui s'inscrit dans la continuité d'une stratégie chinoise déjà bien engagée. Pékin considère depuis plusieurs années cette région comme un pilier de son expansion internationale. Infrastructures, investissements, accords commerciaux, les projets se multiplient. À ce jour, deux tiers des pays latino-américains ont rejoint les « nouvelles routes de la soie », ce gigantesque programme de développement lancé par la Chine il y a 12 ans. Dernier exemple en date, un accord de coopération signé avec la Colombie ce mercredi. À lire aussiLe Brésil, un des gagnants de la guerre commerciale de Donald Trump?Une montée en puissance chinoise qui bouscule l'influence américaine À travers ces efforts, la Chine cherche à sécuriser ses approvisionnements tout en diversifiant ses débouchés économiques. Elle est déjà devenue le premier partenaire commercial de pays comme le Brésil, le Chili ou le Pérou, détrônant les États-Unis dans une région longtemps considérée comme leur zone d'influence. En 2023, le Brésil a exporté 94 milliards de dollars vers la Chine, principalement du soja et d'autres produits agricoles, tandis que Pékin y écoule des produits à forte valeur ajoutée : semi-conducteurs, smartphones, véhicules ou médicaments. Une relation stratégique mais asymétrique Si les pays latino-américains voient dans ce rapprochement une chance d'attirer des investissements et de diversifier leurs alliances, le partenariat n'est pas sans risques. En rompant avec la dépendance américaine, certains redoutent l'émergence d'une dépendance chinoise. Par ailleurs, en restant cantonnés à l'exportation de matières premières, ces pays pourraient manquer l'opportunité d'un réel essor industriel. Ce sommet à Pékin s'inscrit donc dans un mouvement plus large de recomposition des équilibres mondiaux. Des dirigeants comme Lula (Brésil) ou Gustavo Petro (Colombie) insistent sur la nécessité de faire entendre la voix latino-américaine dans le jeu international, en tirant parti des tensions sino-américaines pour mieux défendre leurs intérêts. À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?
Collées l'une à l'autre, traversées par une rivière, l'Oubangui, et séparées par une frontière, Zongo la congolaise est située en face de la capitale centrafricaine Bangui. Ces deux villes sont naturellement liées par l'histoire, la culture mais aussi très dépendantes économiquement l'une de l'autre. Bangui dépend de Zongo en produits agricoles et Zongo dépend de Bangui en produits manufacturés. Tous les jours, les commerçants des deux villes font des traversées en pirogue pour s'approvisionner dans une ambiance de fraternité. Et pour renforcer ce lien, un accord de jumelage a été signé entre les deux villes en 2021. De notre correspondant à Bangui,Un arc-en-ciel apparaît dans le ciel alors que la pluie se pointe à l'horizon. Quelques débrouillards qui occupent la berge, se précipitent pour décharger une pirogue en bois de couleur rouge qui vient d'accoster. Debout à l'extrémité de la pirogue, Gérard, un piroguier de 34 ans, donne quelques coups de pagaies pour stabiliser le canoë : « On fait la course tous les jours. Avec mon équipe, nous effectuons une dizaine de tours entre les deux villes. Là, je ramène des commerçants d'ici qui étaient de l'autre côté pour acheter des fruits et légumes. »Sur la berge, une dizaine de pirogues et baleinières sont accrochées à des chaînes. Devant chaque embarcation, piroguiers et passagers discutent. Les chargeurs font monter des casiers de boissons, des cartons de beurre, sucre, lait, huile ou encore des savons. Sourire aux lèvres, Adeline, propriétaire d'un magasin à Bangui, est sur le point d'aller vendre ses marchandises à Zongo : « Les produits que nous exportons manquent à Zongo. C'est notre devoir à nous les commerçants d'aller ravitailler cette ville jumelle. Les véhicules et les motos ne peuvent pas y aller donc nous utilisons la pirogue. »« Ce sont des sœurs siamoises »Aux heures de pointes, une embarcation débarque de Zongo. Debout sur le sable, les commerçantes discutent le prix avec les livreurs congolais. « Sur le plan d'huile de palme, c'est Zongo qui ravitaille l'usine du savon en Centrafrique, pointeRichard Apkiwé, président de la fédération des entreprises du Congo. Par jour, nous exportons plus de mille fûts d'huile de palme à Bangui. Chaque jour, nous envoyons des avocats, des cocos, des mangues, des arachides et des légumes à Bangui. »Dans son bureau, le maire de Zongo Arthur Nguma nous présente le contenu d'un accord de jumelage signé en 2021 entre les deux villes : « La capitale Bangui et la ville de Zongo, ce sont des sœurs siamoises que la rivière Oubangui a séparées. Cet accord consiste donc à favoriser la fraternité. Bientôt, nous allons construire un pont sur la rivière Oubangui, installer deux bacs pour la navette et construire un quai moderne. La construction de ces édifices permettra une large ouverture. Ce jumelage favorise l'intégration de nos deux peuples. »Les villes de Bangui et Zongo ont été respectivement créées en 1889 et 1971. Malgré cet accord de jumelage, certains habitants des deux villes subissent de temps en temps des tracasseries administratives et des raquettes policières de part et d'autre. Nombreux sont ceux qui demandent aujourd'hui le suivi et l'application des textes sur le terrain.À lire aussiÀ Zongo, on prend la pirogue pour aller à l'école [1/3]À lire aussiRCA/RDC: Bangui et Zongo, la culture en partage pour ces villes jumelles [2/3]
À la veille de l'ouverture du festival de Cannes, les professionnels du cinéma observent avec inquiétude les intentions de Donald Trump. Le président américain souhaite imposer des droits de douane de 100% sur les films produits en dehors des États-Unis. À l'image de l'automobile ou des puces électroniques, la culture semble être une marchandise comme les autres pour le locataire de la Maison Blanche. Quelles conséquences si Donald Trump joint les actes à la parole ? La diversité culturelle est-elle menacée ? Pour en débattre :- Juliette Prissard, déléguée générale d'Eurocinéma- Edouard Mauriat, producteur, ancien vice-président longs-métrages du Syndicat des Producteurs Indépendants (SPI) et membre de la Task force en charge des négociations des accords avec les plateformes américaines- Marianne Roméo productrice à Petit à Petit production, société de longs-métrages, documentaires et fictions et ancienne directrice de salles de cinéma.
À la veille de l'ouverture du festival de Cannes, les professionnels du cinéma observent avec inquiétude les intentions de Donald Trump. Le président américain souhaite imposer des droits de douane de 100% sur les films produits en dehors des États-Unis. À l'image de l'automobile ou des puces électroniques, la culture semble être une marchandise comme les autres pour le locataire de la Maison Blanche. Quelles conséquences si Donald Trump joint les actes à la parole ? La diversité culturelle est-elle menacée ? Pour en débattre :- Juliette Prissard, déléguée générale d'Eurocinéma- Edouard Mauriat, producteur, ancien vice-président longs-métrages du Syndicat des Producteurs Indépendants (SPI) et membre de la Task force en charge des négociations des accords avec les plateformes américaines- Marianne Roméo productrice à Petit à Petit production, société de longs-métrages, documentaires et fictions et ancienne directrice de salles de cinéma.
Réélu avec une majorité renforcée à la tête du gouvernement australien, Anthony Albanese entame un second mandat sous le signe de la stabilité et de l'ambition. Porté par des indicateurs économiques rassurants, il se prépare à affronter les grands enjeux qui pourraient redéfinir l'avenir du pays. Décryptage. Quand c'est bien, il faut le dire. Car les perspectives économiques de l'Australie sont plutôt encourageantes. La croissance devrait atteindre 1,75 % en 2025, tandis que l'inflation est redescendue à 2,4 %, après avoir connu un pic à plus de 7 % en 2022. Cette maîtrise de l'inflation constitue une base essentielle pour Anthony Albanese, qui veut s'appuyer sur ces bons résultats pour financer ses réformes sociales et écologiques. Parmi les priorités du Premier ministre : la crise du logement. Le gouvernement a déjà lancé un fonds de 10 milliards de dollars pour construire 30 000 logements abordables et a élargi le programme « Help to Buy » pour faciliter l'accès à la propriété des primo-accédants. Mais ces politiques sociales ont un coût, et la gestion rigoureuse des finances publiques reste cruciale, alors que le déficit oscille entre 33 et 35 % du PIB. À lire aussiLégislatives en Australie: Anthony Albanese savoure sa victoire et promet un gouvernement «discipliné»Une transition énergétique ambitieuse Grand exportateur de charbon et de gaz, mais aussi l'un des plus gros pollueurs par habitant au monde, l'Australie veut opérer un virage vers les énergies renouvelables. Albanese vise une réduction de 43 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit des investissements massifs, des subventions, la création de milliers d'emplois verts et un accompagnement des collectivités et des entreprises dans cette transformation. Un modèle économique à rééquilibrer L'économie australienne reste encore très dépendante de ses exportations de matières premières, notamment vers la Chine. Le secteur du fer, qui représente environ 40 % de l'offre mondiale, en est un pilier. Mais la demande chinoise est en baisse pour la deuxième année consécutive, en partie à cause des tensions commerciales héritées de la présidence Trump. Les droits de douane américains sur les produits chinois pourraient à terme pénaliser les exportations australiennes, utilisées en amont de la chaîne de production chinoise. À lire aussiLégislatives en Australie: l'ombre de Donald Trump plane sur le voteFace à ces incertitudes, le gouvernement veut diversifier ses partenaires commerciaux, tout en menant des réformes structurelles pour assurer la souveraineté économique du pays. Le succès de ce second mandat dépendra donc de la capacité d'Albanese à conjuguer transition écologique, justice sociale et prudence budgétaire, sans compromettre la stabilité économique du pays.
Tesla traverse une période difficile et le conseil d'administration s'inquiète. Selon des informations du Wall Street Journal, le groupe aurait commencé à chercher un possible successeur à Elon Musk. Mais peut-on vraiment imaginer Tesla sans son emblématique dirigeant ? Décryptage. Depuis le début de l'année, Tesla accumule les déconvenues. Les ventes mondiales ont chuté de 13% au premier trimestre, entraînant une baisse du chiffre d'affaires et plongeant l'entreprise à son niveau le plus bas depuis trois ans. Face à cette situation, le Conseil d'administration aurait, selon le Wall Street Journal, discrètement sollicité des cabinets de recrutement dès le mois de mars pour identifier un potentiel successeur à Elon Musk, fondateur et emblème du groupe. Si la présidente du Conseil d'administration a rapidement démenti toute recherche active de remplaçant, ce simple mouvement trahit un malaise interne et une inquiétude réelle quant à la direction prise par Tesla.Elon Musk, entre ambitions politiques et désamour des actionnaires La situation financière de Tesla n'est pas la seule source de tension. Elon Musk, qui incarne la marque depuis 2008, s'est récemment engagé sur le terrain politique, notamment au sein du Département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) sous l'administration Trump. Ce double engagement suscite la défiance de nombreux actionnaires, inquiets de voir leur dirigeant s'éloigner des priorités de l'entreprise. Pire, l'image de Tesla s'en trouve écornée : baisse des ventes, appels au boycott, actes de vandalisme et manifestations devant plusieurs concessions témoignent d'un désamour croissant envers la marque et son patron. Face à ces critiques, le Conseil d'administration aurait demandé à Elon Musk de se recentrer sur Tesla, un premier avertissement qui souligne leur dépendance mutuelle. À lire aussiPourquoi Donald Trump pourrait faire du mal à la voiture américaineUn avenir incertain sans successeur naturel Si la personnalité d'Elon Musk façonne Tesla, la question de sa succession reste entière. Les analystes estiment que la valorisation boursière du constructeur repose en grande partie sur les promesses technologiques portées par Musk - « robotaxis », véhicules autonomes, humanoïdes - dont aucune n'a encore abouti. Un départ du dirigeant représenterait donc un risque majeur pour l'entreprise, tant sur le plan financier que stratégique. Reste à savoir qui pourrait prendre la relève : à ce jour, aucun candidat naturel ne se dessine, renforçant l'idée qu'Elon Musk demeure, pour le moment, indispensable à Tesla. À lire aussiPourquoi Donald Trump fait involontairement le jeu de la voiture électrique chinoise
Les experts et journalistes de RFI répondent aussi à vos questions sur l'accès à la mer proposé par le Maroc aux pays de l'Alliance des États du Sahel et sur la reconnaissance par la Corée du Nord de l'envoi de soldats aux côtés des troupes russes sur le front ukrainien. Football : Antonio Rüdiger suspendu jusqu'à la fin de saison Le défenseur allemand du Real Madrid Antonio Rüdiger a été suspendu pour six matchs après avoir jeté des projectiles sur l'arbitre lors de la finale de la Coupe du Roi face au Barça. Pourquoi seul Rüdiger est-il sanctionné, alors que d'autres joueurs ont également agressé l'arbitre ? Sa suspension prend-elle effet immédiatement alors que, blessé, il ne peut déjà pas jouer ? Avec Antoine Grognet, journaliste au service des sports de RFI Maroc : un débouché maritime pour l'AES ? À l'occasion de la visite des ministres des Affaires étrangères du Mali, Niger et Burkina Faso à Rabat, le roi Mohamed VI a de nouveau proposé aux trois pays de l'AES de leur offrir un accès à l'océan Atlantique. Quels sont les intérêts du Maroc à impulser cette initiative ? Quelles infrastructures faudra-t-il développer pour concrétiser ce projet et qui pour les financer ? Avec Seidik Abba, essayiste, président du Centre international de réflexions et d'études sur le Sahel, auteur de Mali/Sahel : notre Afghanistan à nous ?Guerre en Ukraine : la Corée du Nord reconnait enfin l'envoi de soldats en Russie Alors que l'Ukraine affirme depuis des mois que des soldats nord-coréens combattent aux côtés des troupes russes, Pynongynag a fini par confirmer la présence de ses troupes dans la région de Koursk. Pourquoi ne pas avoir reconnu plus tôt sa participation à la guerre et pourquoi maintenant ? Avec Théo Clément, chercheur indépendant, spécialiste du développement économique de la Corée du Nord Et en fin d'émission, la chronique « Un œil sur les réseaux » de Jessica Taieb. Le sujet du jour : la campagne de soutien au capitaine Traoré.
À la veille des 100 jours du deuxième mandat de Donald Trump, focus sur une conséquence de sa guerre commerciale avec la Chine. Face aux droits de douane massifs imposés par Washington, Pékin organise la riposte pour soutenir ses entreprises, avec en première ligne ses champions du numérique. Décryptage. Depuis l'instauration de droits de douane de 145% par les États-Unis, les distributeurs chinois prennent des mesures pour soutenir leurs entreprises. La conséquence directe de cette guerre commerciale, ce sont des montagnes d'invendus qui s'accumulent dans les entrepôts chinois. Et pour cause : les États-Unis étaient, jusqu'à l'an passé, le premier acheteur de biens chinois, avec près de 500 milliards de dollars d'importations. Concrètement, près d'un produit sur cinq fabriqué en Chine était destiné au marché américain : vêtements, jouets, chaussures ou composants électroniques. Aujourd'hui, des milliers d'entreprises chinoises cherchent de nouveaux débouchés, notamment sur leur propre marché intérieur. Le ministère du Commerce chinois parle même de « choc », et appelle à transformer le marché intérieur en véritable bouée de sauvetage. À lire aussiLes petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald TrumpAlibaba et JD.COM en première ligne Pour mener cette stratégie, Pékin mise sur ses géants technologiques comme Alibaba et JD.COM. Ainsi, JD.COM a lancé un fonds de 200 milliards de yuans, soit environ 27 milliards de dollars, pour acheter directement les stocks des entreprises exportatrices. Le groupe identifie des fournisseurs stratégiques dont les produits sont ensuite mis en avant sur sa plate-forme pour séduire le marché local. Alibaba suit une stratégie similaire : le géant du e-commerce réserve une place de choix sur son site à 10 000 exportateurs et 100 000 produits, afin d'accroître leur visibilité. L'idée est claire : offrir aux entreprises touchées par la guerre commerciale américaine une meilleure exposition sur le marché chinois et favoriser ainsi l'absorption de leurs stocks. À lire aussiChine: le président Xi Jinping reçoit le gratin du secteur privé, dont Jack Ma, le fondateur d'AlibabaUne mobilisation qui dépasse le e-commerce Le soutien aux exportateurs ne se limite pas aux plates-formes en ligne. Les réseaux sociaux chinois comme WeChat, Douyin ou TikTok mettent également en place des programmes de promotion ciblée pour les aider. Même les supermarchés traditionnels s'adaptent : Walmart, filiale chinoise du géant américain, ouvre ses rayons aux entreprises locales frappées par les mesures américaines. Un objectif central guide cette mobilisation : éviter que toute l'économie chinoise ne soit plombée. La consommation intérieure reste fragile, affectée par la morosité économique et les incertitudes sur l'emploi. Si les entreprises venaient à fermer, cela entraînerait une vague de suppressions de postes. De plus, la concurrence féroce entre exportateurs pour séduire les mêmes clients pourrait déclencher une guerre des prix dévastatrice. Sans compter que les produits initialement destinés au marché américain ne sont pas toujours adaptés aux consommateurs chinois, ce qui entraîne des coûts logistiques supplémentaires et réduit les marges. Si l'aide des géants du numérique semble bienvenue, elle devra être soutenue sur la durée, car derrière cette crise, c'est toute la dépendance structurelle de la Chine aux exportations que Pékin tente, coûte que coûte, de corriger.À lire aussiLe reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché
La 137ᵉ édition de la foire de Canton qui a débuté le 15 avril et se termine le 5 mai, réunit 31 000 exposants, presque tous orientés vers le marché de l'exportation. La première semaine était consacrée aux produits et machineries industrielles, à l'électroménager, aux produits électroniques, aux véhicules, au BTP. Les taxes douanières sont devenues un sujet sensible pour tous ces exportateurs, qui cherchent déjà des alternatives au marché américain. De notre correspondante à Pékin, Parmi les milliers de stands de produits industriels qui offrent les promesses de nombreux échanges à venir, Wang Lian, qui exporte des onduleurs solaires, nous raconte avoir vu un changement d'attitude de la part de ses clients américains : « Cela a clairement un impact, y compris sur nos clients. Ils ne viennent même plus chercher leurs marchandises. Les produits sont prêts, mais ils refusent de les prendre. Et bien sûr, ils nous demandent de baisser nos prix. »Aujourd'hui, il s'agit d'avoir le regard tourné ailleurs, notamment vers l'Asie du Sud-Est, le Moyen-Orient et l'Europe, dit-elle : « Oui, nous devons absolument nous développer sur d'autres marchés. Nous ne pouvons pas nous accrocher uniquement aux États-Unis. Si les États-Unis ne sont pas favorables à notre entreprise, nous devons bien sûr envisager d'autres options, n'est-ce pas ? »Lily, qui exporte des câbles électriques, souhaite que les droits de douane soient simplement supprimés, car cela ne profite à personne. « Certains nouveaux clients américains nous ont dit qu'ils cherchaient des usines en dehors de la Chine. C'est ça la situation actuelle. Les États-Unis n'y gagnent rien. Ce que nous faisons en Chine n'est qu'une légitime défense : ils ont fait le premier pas, et nous ne faisons que riposter. Je soutiens sans réserve la décision de la Chine. »Tirer parti de cette situationLes acheteurs, eux aussi, s'interrogent, tentent de trouver leur compte. OJ, un jeune entrepreneur canadien, nous dit que s'il fallait choisir entre faire affaire avec les États-Unis ou la Chine, la question ne pose pas : « À l'heure actuelle, la Chine. En tant qu'homme d'affaires, je vais continuer à travailler avec la Chine, car c'est un endroit très, très diversifié, très beau. Il y a tellement de technologie. Ça se développe chaque jour. »Craig, un acheteur australien, explique que même s'il ne ressent pas directement le poids des taxes pour le moment, il a des inquiétudes quant à l'avenir. Mais il souligne aussi qu'il va tenter de tirer parti de cette situation. « C'est un sujet brûlant. Je vais franchement faire pression sur eux pour obtenir des prix plus bas. Ça reste vraiment notre travail. Nous allons donc chercher à obtenir des coûts de production moins élevés de la part de la Chine dès maintenant. »Faute d'accords trouvés le plus rapidement possible, tout le monde se prépare à mettre des alternatives en place, tout en gardant les yeux rivés sur les échanges entre les deux grandes puissances économiques.À lire aussiGuerre commerciale: inquiétudes, fierté et résilience des exportateurs chinois à la Foire de Canton
La saison du cacao, - la petite saison- a débuté en Côte d'Ivoire. L'or brun du premier producteur mondial fait l'objet d'exportations massives, mais aussi… de contrebande. RFI s'est rendu dans 2 départements de l'extrême-ouest ivoirien. Par sa proximité avec la Guinée et le Libéria, la zone est considérée comme l'un des carrefours de l'exportation illégale. Selon les chiffres de l'agence Reuters, 50 000 tonnes de cacao se sont volatilisées au dernier trimestre 2024, au plus haut du cours mondial... Douanes renforcées, saisies, fonctionnaires arrêtés pour corruption présumée, la contrebande est un crime en Côte d'Ivoire. Mais bien des chemins permettent aux pisteurs d'échapper aux contrôles. «Sur les pistes du trafic de cacao», un Grand reportage de Benoît Almeras.
Face aux mesures commerciales de Donald Trump, le Japon est en sursis. L'archipel était visé par 24% de droits de douane. Le pays négocie avec l'administration américaine et est pris en étau entre les États-Unis et l'ennemie jurée du président Trump, la Chine. Décryptage. Si la quatrième économie mondiale se retrouve dans une situation délicate, c'est parce qu'elle entretient des liens économiques très étroits, pour ne pas dire essentiels, avec d'un côté les États-Unis, de l'autre, la Chine. Pour ne citer que cette donnée, les investissements directs étrangers du Japon sur le sol américain sont de 600 milliards de dollars. Et les chaines d'approvisionnement japonaises dépendent de la Chine. C'est simple, ce sont tout simplement les deux premiers partenaires commerciaux du Japon. C'est un problème pour Tokyo car les autorités chinoises se sont agacées cette semaine des pays qui négociaient avec les États-Unis. C'est le cas du Japon. Et parce qu'à l'inverse, l'administration américaine ne semble pas vouloir entendre parler de la Chine et discute unilatéralement avec les pays qu'elle entend viser par ses mesures. Mais concernant le Japon, ce qu'il faut comprendre, c'est que son économie est ultra dépendante des deux pays. Pour être clair, les entreprises japonaises ont besoin de la Chine et de ses biens pour fabriquer des produits qu'elles vendront ensuite aux États-Unis. Un exemple, le secteur automobile. Il illustre parfaitement la dualité de ce modèle japonais. Des concessions, mais pas trop La marge de manœuvre des autorités nippones est très étroite. Le Premier ministre ne cache pas la vulnérabilité de l'archipel. Il a expliqué ces derniers jours que « si le Japon concédait tout, il serait impossible d'en garantir l'intérêt national ». Les Américains demandent surtout aux Japonais d'importer bien plus, avec un objectif, rééquilibrer la balance commerciale. Il s'agit là d'importer notamment plus de voitures et de produits agricoles. Le riz est une option. On en parle souvent, le Japon traverse une crise du riz. Ces derniers mois, le prix de ce bien de consommation a été multiplié par deux. La production japonaise ne suffit pas à la demande intérieure. Et c'est important, les États-Unis produisent du riz. L'idée est donc de répondre à cette demande par des importations de riz américain. Équilibre instable L'enjeu pour le gouvernement japonais, c'est de trouver une solution de court terme. Car sur le temps long, cela pourrait affecter les producteurs japonais eux-mêmes, notamment quand la récolte sera de nouveau au rendez-vous. Et puis le Japon a noué d'autres alliances commerciales. Le pays a diversifié ses dépendances commerciales, notamment avec les pays d'Asie du Sud-est ou la Corée du Sud en y investissant beaucoup. Le Premier ministre japonais ira d'ailleurs au Vietnam et aux Philippines la semaine prochaine, avec toujours l'ombre de la Chine qui, il faut le dire, est au cœur de l'économie asiatique, très intégrée dans la chaine régionale de production. Le Japon marche donc sur un fil, avec pour équilibre à trouver le maintien de sa croissance et la protection de ses industries clé !
Le vice-président américain JD Vance achève une visite en Inde où il y a rencontré le Premier ministre Narendra Modi, pendant laquelle les deux ont négocié au sujet des mesures tarifaires envisagées par Donald Trump. À l'ordre du jour notamment, les médicaments, car l'Inde est un géant de l'industrie pharmaceutique. C'est un euphémisme d'affirmer que les États-Unis sont extrêmement dépendants des médicaments produits en Inde : près d'un générique sur deux consommés y est fabriqué. On parle ici de traitements contre l'hypertension, les troubles de la santé mentale ou encore le diabète. Car il faut le rappeler, si l'Inde est le premier fournisseur de médicaments au monde, c'est aussi le premier fournisseur des États-Unis. L'an passé, ce sont près de 13 milliards de dollars de médicaments indiens qui ont été exportés sur le sol américain.Pourtant, avant la pause de Donald Trump et donc les négociations en cours, l'Inde était visée par les droits de douane américains, puisqu'il était question d'une surtaxe de 26%. Cela veut donc dire que tout produit fabriqué en Inde arrivant aux États-Unis pourrait être taxé à cette hauteur, y compris donc les médicaments.À lire aussiEn visite en Inde, J.D. Vance affiche son optimisme commercial et sa proximité idéologique avec Narendra ModiÉconomiquement avantageux, sanitairement dangereux Mais il ne s'agit pas de marchandises lambda : il est question de santé publique. La conséquence de l'application des mesures tarifaires de Donald Trump, c'est évidemment un risque sur la santé des Américains en raison d'une hausse des prix.Car les coûts de production en Inde sont trois à quatre fois moins élevés qu'aux États-Unis. Cela permet à Washington d'économiser des milliards de dollars en frais de santé. Rien qu'en 2022, d'après le cabinet de conseil IQVIA, les économies réalisées grâce aux génériques indiens se sont élevées à 219 milliards de dollars.Un pas vers Donald TrumpSi l'objectif de Donald Trump, c'est de relocaliser la production aux États-Unis, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Les Américains ne disposent pas forcément des principes actifs sur leur sol pour fabriquer les médicaments en tant que tels. D'autant que leur deuxième fournisseur, c'est la Chine, pays le plus touché par les mesures du président américain. Devant telle situation, plusieurs géants européens présents en Inde notamment ont annoncé des investissements massifs aux États-Unis, avec l'ambition d'anticiper les hausses des prix. Le laboratoire Roche prévoit 50 milliards de dollars pour renforcer ses capacités de production et de diagnostic sur le sol américain. Novartis de son côté parle de 23 milliards sur cinq ans. Donc pour le moment, si on ne s'en tient qu'aux annonces, le président américain obtient des résultats. Mais pour toutes les raisons que l'on vient de détailler, Washington et New Delhi n'ont pas d'autres choix que de discuter. Le bras de fer est diplomatique, mais aussi économique. On a pu le voir ces dernières heures avec la visite de JD Vance à New Delhi. Sauf que la particularité, c'est qu'à court terme, pour les Américains, il est impossible de remplacer l'approvisionnement indien. Ces produits sont vitaux, car l'Inde est un véritable pilier de la santé aux États-Unis. C'est en fait l'un des meilleurs exemples de produit à demande inélastique, à savoir des produits dont on ne peut pas se passer. La question maintenant, c'est jusqu'à quel prix ! À lire aussiComment l'Union européenne compte éviter les pénuries de médicaments?
Le marché intérieur est atone, les ventes reculent en Chine et l'entreprise a traversé, à l'automne dernier, une des plus graves crises de son histoire. Volkswagen, le géant automobile allemand, fort de ses dix marques, va réduire ses effectifs de 35 000 personnes d'ici à 2030. Autant dire que l'annonce par l'administration Trump de droits de douane de 25 % sur les voitures importées tombe au pire moment pour Volkswagen qui vend un million de véhicules aux États-Unis. RFI s'est rendu au siège du groupe à Wolfsburg pour savoir comment la population et les salariés perçoivent cette mauvaise nouvelle. De notre envoyé spécial à Wolfsburg,À l'arrivée à la gare de Wolfsburg, au centre de l'Allemagne, la vue est imprenable sur le gigantesque site de Volkswagen (VW), l'équivalent de 650 stades de foot. De l'autre côté, la ville avec son charme d'après-guerre très discret. En cette journée printanière, de nombreux retraités prennent le soleil sur des bancs de la zone piétonnière. Ils ne sont pas menacés par les droits de douane, mais concernés. Volkswagen fait partie de leur ADN, comme pour cet Italien d'origine, Nicola Motta, qui a fait toute sa carrière dans l'entreprise. « Volkswagen, c'est tout pour moi. Regardez le dos de mon téléphone. Là, c'est mon village en Calabre et en dessous l'usine de Wolfsburg », montre-t-il.Le retraité est fier de ses deux fils, tous les deux ingénieurs chez Volkswagen, à Wolfsburg même et en Chine. Mais aussi inquiet pour eux. « Si ça va mal pour Volkswagen, ça nous concerne aussi. On s'inquiète avec ce président américain. Nous n'avons pas confiance en lui. Le matin, il dit blanc, à midi noir et le soir autre chose », explique-t-il.L'ingénieur Torsten Bleibaum travaille depuis trente ans chez Volkswagen. Pour lui, la crise sociale de l'automne dernier était bien plus grave que les actuels droits de douane américains. « Je ne peux pas confirmer dans mon entourage le pessimisme ambiant dans les médias actuellement, même s'il est peut-être justifié, estime-t-il. Pour beaucoup, ces droits de douane, c'est beaucoup trop abstrait. Je ne crois pas que ça soit si dramatique. »Au café Pinocchio, Silvestro Gurrieri sirote un espresso. Ce Sicilien est arrivé dans les années 1970 à Wolfsburg où il a fait toute sa carrière. Membre du parti social-démocrate et du puissant syndicat IG Metall, Volkswagen est sa deuxième famille. « Ces droits de douane de Donald Trump sont une catastrophe totale. Ça nous frappe fortement et on s'inquiète. Volkswagen a surmonté la crise de l'an dernier et maintenant ces problèmes surgissent sur lesquels nous avons peu d'influence », regrette-t-il.Alexander Jordan est le nouveau député de la circonscription. Ce chrétien-démocrate a fait carrière chez un sous-traitant de l'industrie automobile et connaît bien le secteur. « Les inquiétudes sont palpables même si la situation reste calme. Il n'y a pas de conséquences directes pour l'instant après l'introduction de ces droits de douane, mais elles se profilent à l'horizon », redoute-t-il.Les droits de douane de 25 % en vigueur depuis le début du mois pour les voitures exportées aux États-Unis s'appliqueront en mai à 150 produits fabriqués par les sous-traitants du secteur automobile. VW a entamé des négociations directes avec les États-Unis pour obtenir des taxes douanières plus avantageuses en échange d'une production plus importante de l'entreprise sur le sol américain, notamment pour Audi. À lire aussiTransport maritime : le grand plongeon après les tarifs douaniers américains
Le Mexique est de loin le premier producteur mondial d'avocats. Chaque année, il envoie la moitié de ses fruits à l'étranger, tant la demande internationale est immense. Principalement les États-Unis, voisin à l'appétit insatiable qui en achète l'équivalent de 3 milliards de dollars. Il s'agit d'un commerce lucratif, mais ses conséquences sont dévastatrices. La culture intensive de l'avocat détruit les forêts et attire l'avarice des groupes criminels. (Rediffusion du 02/10/2024) L'État du Michoacan, situé à l'ouest du plateau central mexicain, concentre la majorité de la production. Là-bas, le secteur contrôle tout et impose ses lois et sème la terreur en toute impunité. « La face cachée de la culture d'avocats au Mexique », un Grand reportage de Gwendolina Duval.
Les experts et journalistes de RFI répondent à vos questions sur la présence de soldats chinois en Ukraine et la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. RDC : Joseph Kabila prêt à faire son grand retourInstallé à l'étranger depuis un an, l'ancien président congolais a déclaré avoir pris la décision de « rentrer sans délai » en RDC « compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire ». Il affirme vouloir revenir au pays par l'est. Pourquoi choisit-il de faire son retour par la partie orientale ? Cette annonce ne confirme-t-elle pas les accusations du président Tshisekedi d'un rapprochement entre Joseph Kabila et le groupe armé AFC/M23 ?Avec Patient Ligodi, journaliste au service Afrique de RFI. Guerre en Ukraine : des soldats chinois capturés en UkraineAprès avoir annoncé que l'armée ukrainienne avait capturé deux soldats chinois, le président Volodymyr Zelensky a affirmé disposer d'informations sur la présence de 155 ressortissants chinois combattant aux côtés des forces russes. Que sait-on de la présence chinoise en Ukraine ? Comment réagit Pékin à ces arrestations ? La Chine peut-elle encore prétendre jouer un rôle de médiateur dans le conflit ?Avec Clea Broadhurst, correspondante permanente de RFI à Pékin. Chine/États-Unis : la guerre commerciale est déclaréeAlors que Donald Trump a suspendu l'augmentation des droits de douane américains pendant 90 jours à tous les pays du monde, il a non seulement décidé de les maintenir pour les produits chinois mais il les a relevés à 125%. Pourquoi la Chine est-elle dans le collimateur de Donald Trump ? Droits de douane américains : quelle sera la riposte de la Chine ?En réponse aux surtaxes de rétorsion de 84% annoncées par Pékin sur les produits américains, Donald Trump a réagi à son tour en relevant les taxes sur les exportations chinoises à 125%. La Chine a-t-elle les capacités de résister face à ces mesures ? Se dirige-t-on vers une totale rupture commerciale entre les États-Unis et la Chine ?Droits de douane américains : pourquoi l'OMC reste silencieuse ?La « révolution économique » lancée par le président américain a provoqué une vive inquiétude à travers le monde. Pourquoi l'Organisation mondiale du commerce, censée être le gendarme du commerce international, ne réagit-elle pas ? Quelle est sa marge de manœuvre ?Avec Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste chez BDO (Cabinet de Conseil économique).