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« Dans mon Chinatown », c'est le nom de notre série d'été sur RFI. On vous emmène explorer les quartiers chinois des grandes villes du monde. Aujourd'hui, direction Lagos au Nigeria où la présence de ressortissants chinois remonte à 1930. Plus de 40 000 Chinois y vivent aujourd'hui : employés des grandes entreprises publiques chinoises hyperactives dans les secteurs du pétrole, du gaz et de la construction, entrepreneurs privés qui exportent, voire fabriquent au Nigeria des produits manufacturiers... Quel est l'impact économique, social et culturel de cette présence chinoise ? De notre correspondant au Nigeria, Le téléphone collé à l'oreille, Eric Ni est un brin agacé. Autour de lui, les membres de la troupe de danse Huaxing s'activent pour placer les dernières chaises en plastique. Dans quelques instants, une opération caritative qu'Eric co-organise avec le consulat général de Chine démarre dans cette école, à l'extrême ouest de Lagos. Eric donne ses dernières instructions en pidgin nigérian : « Cette façon de parler, je l'ai apprise en vivant ici avec mes amis nigérians. Oui, moi, je vis et je côtoie les gens d'ici. Le Nigeria, c'est ma seconde patrie. Cela fait vingt-trois ans que je suis ici. Et je suis venu pour faire des affaires. Je suis dans le secteur de la chaussure. On a désormais ouvert une usine de fabrication de chaussures. Mais vous savez, l'économie en ce moment n'est pas bonne. Mais on continue d'y croire. » Comme Eric Ni, un peu plus de 40 000 Chinois seraient enregistrés auprès de leurs autorités consulaires. Investisseurs, ingénieurs, techniciens, commerciaux, ou bien manœuvres... Les profils des Chinois de Lagos sont très diversifiés. Et surtout, la majorité d'entre eux ne se concentre pas dans une zone particulière de la mégapole. Adetoro Bnawo, directeur de l'unité langue chinoise au département linguistique de l'université de Lagos, explique : « La plupart des Chinois qui s'installent dans les quartiers de Lagos essaient, d'une manière ou d'une autre, d'avoir un impact sur les écoles publiques. Ils vont voir les rois locaux. Ils leur rendent hommage. Certains membres de leur communauté de Festac vont jusqu'à se rendre dans les hôpitaux. Et ainsi, ils proposent la technologie chinoise afin d'aider certains patients, par exemple ceux qui souffrent de cataracte. » Loi Eng Koon dirige une imprimerie. En juin 1990, cette ancienne distributrice de produits électroniques quitte Singapour pour fabriquer des CD et DVD à Lagos. Et même si cette mégapole est considérée comme l'une des pires du monde en termes de confort de vie, Loi s'y sent à l'aise : « Il se peut que de nombreux médias parlent des aspects négatifs de Lagos. Voir, c'est croire. Si vous respectez la personne en face de vous, vous serez respecté. » Avant de s'enraciner à Lagos, Loi Eng Koon a tenté de faire des affaires dans au moins 35 pays africains, sans succès. En 2014, elle revend ses parts dans son entreprise originelle de Singapour. Loi se lance alors dans l'imprimerie, notamment numérique. Et aujourd'hui, de son bureau, cette femme d'affaires chinoise pilote elle-même son équipe de 25 salariés à 100% nigérians : « Même lorsque je voyage, je surveille leur travail à chaque seconde. Et parfois, ils sont très négligents. Ils commettent des erreurs qui m'obligent à les punir en leur retirant une partie de leur salaire. Lorsqu'ils font du bon travail, ils sont récompensés. » Et malgré une balance commerciale très favorable à leur pays natal, et donc source potentielle d'envies et de frustrations, les Chinois de Lagos, à l'instar de Loi Eng Koon, s'adaptent avec méthode, mêlant extrême rigueur, sobriété et humanisme dans un Nigeria toujours secoué par des crises multiples. À lire aussiEn 2025, la Chine a investi 39 milliards de dollars en Afrique, dont 21 au Nigeria
L'entrée en vigueur de la plupart des nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis à leurs partenaires commerciaux, c'est aujourd'hui, jeudi 7 août 2025. Quel est l'impact de ces surtaxes pour le continent africain ? Y a-t-il des pays qui risquent d'entrer en récession ? « Oui », répond l'économiste Lionel Zinsou, qui a été Premier ministre du Bénin. Aujourd'hui, avec le grand banquier rwandais Donald Kaberuka, Lionel Zinsou est le patron de « South Bridge », en français, « Le Pont du Sud », une société de conseil financier. Il livre son expertise au micro de Christophe Boisbouvier. RFI : Est-ce que ces surtaxes américaines risquent de ralentir la croissance du continent africain ? Lionel Zinsou : Très faiblement, en fait. En revanche, ça va impacter quelques pays et spectaculairement l'Afrique du Sud. Mais ça ne concerne pas tout le continent. 25 pays africains devraient être touchés par ces augmentations de taxes. Quelles sont à vos yeux les pays qui vont être le plus impactés ? L'Afrique du Sud d'abord, c'est ça ? Oui, L'Afrique du Sud… Certains pays qui avaient vraiment orienté leur commerce extérieur avec une grande confiance vers les États-Unis, comme le petit Lesotho. Au fond, tous ceux qui sont un peu plus industrialisés que les autres et qui avaient à exporter des produits d'une grande valeur, par exemple les exportations automobiles de l'Afrique du Sud, ça, ce sont des exportations à très forte valeur ajoutée, et c'est ça qui va être le plus impacté. Plus vous êtes industrialisé, plus vous allez en souffrir. On se souvient de la rencontre glaciale à la Maison Blanche entre Donald Trump et Cyril Ramaphosa. Est-ce que les mesures douanières contre l'Afrique du Sud n'ont pas un caractère politique ? Si, certainement. Derrière la sanction de 30 % de droits de douane, alors que pour les autres pays, c'est ou 10% ou 15%, il y a eu une fixation politique à l'évidence sur l'Afrique du Sud, très probablement liée à des sujets non-africains. Par exemple, le fait que l'Afrique du Sud ait traîné Israël devant la Cour pénale internationale avec un assez grand succès diplomatique. C'est probablement une rétorsion, un petit peu dans la même logique que pour le Brésil. Mais en Afrique du Sud, cela va avoir un impact. C'est un des pays qui ont malheureusement une croissance faible. Donc, ça risque effectivement de les mettre en récession. Cela étant, il y a des remèdes quand même à cette situation, parce que vous avez sans doute vu la réaction de la Chine. La Chine, aujourd'hui, elle importe surtout de l'Afrique, non pas des biens à forte valeur ajoutée et manufacturés, mais vraiment des matières premières. Et les Chinois ont une opportunité de commencer à acquérir des produits à valeur ajoutée venant d'Afrique. L'autre remède, c'est la zone de libre-échange continentale. On est en train de négocier, de faire tomber toutes les barrières douanières à l'intérieur du continent. Et donc les Africains commerçant avec les Africains, ça, ça va être à la fois un facteur de croissance significative et un remplacement pour les pays les plus industrialisés. Donc l'Afrique du Sud, qui est déjà un grand fournisseur du reste de l'Afrique, va l'être encore un peu plus. Parmi les pays les plus touchés par les mesures de Washington, il y a les producteurs d'acier et d'aluminium. Est-ce que l'Algérie et l'Égypte ne risquent pas d'être très impactées ? Alors, comme vous l'avez souligné, c'est quand même essentiellement un mouvement politique et vous savez que l'Égypte est un peu exonérée. Donc, avec l'Égypte, pour des raisons géopolitiques, c'est probablement plus confortable qu'avec l'Algérie. Mais si vous prenez un pays comme le mien qui va être taxé à 10 %... Le Bénin… Oui. Sur le textile. Alors c'est important parce que, après tout ce qui est produit de matières premières brutes, le textile, en fait, c'est ce qui avait fait le plus de progrès dans les échanges entre l'Afrique et les États-Unis. À raison de l'Éthiopie, mais aussi aujourd'hui de pays comme le Togo, le Bénin, qui ont de plus en plus de valeur ajoutée sur le textile. Mais vous voyez, quand vous achetez un polo de luxe à 100 € ou 100 $, il est sorti d'usine et monté sur un bateau à Cotonou à 10 $. Quand on va mettre 10 %, ça veut dire que ça va augmenter d'un dollar sur votre facture à vous, client, de 100 $. Parce que, en réalité, une très grande partie de la valeur ajoutée est faite dans le pays d'accueil. Et donc c'est aux États-Unis, les frais de marketing, les taxes américaines. Il y a aussi tous les intermédiaires, les transports, etc. Donc, il faut faire un tout petit peu attention. Ça ne va pas complètement désorganiser les marchés. Mais si vous exportez une voiture haut de gamme, japonaise ou allemande, qui vient des usines d'Afrique du Sud, c'est une tout autre affaire. Parce que là, pour le coup, la valeur ajoutée, elle vient d'Afrique. Ce ne sont pas les intermédiaires qui en prennent la plus grande partie. Et là, vous allez avoir un arrêt de la production, du chômage, etc. Mais il y a bien pire, évidemment. Le fait que les Américains, qu'ils aient supprimé l'aide alimentaire et sanitaire, ça, c'est encore plus grave. Parce que la fermeture de l'aide publique de l'USAID, notamment humanitaire, là, il y a mort d'homme. Ce qui est un peu différent des droits de douane. Et donc, politiquement, on voit bien qu'il va y avoir un coût politique pour les États-Unis.
Entrés en vigueur ce jeudi 7 août à minuit, les droits de douane voulus par Donald Trump marquent une nouvelle phase de son agenda protectionniste. Mais, alors qu'ils étaient initialement pensés comme temporaires, leur efficacité fiscale les rend de plus en plus incontournables. À tel point qu'il pourrait devenir politiquement et budgétairement impossible de les supprimer. Présentées comme un moyen de rééquilibrer les échanges commerciaux et de protéger les industries américaines, les mesures tarifaires américaines marquent une nouvelle étape du virage protectionniste des États-Unis. Mais contrairement aux promesses de campagne du président, revenir en arrière s'annonce désormais très compliqué. En cause : les recettes générées. En 2024, avant le retour de Trump à la Maison Blanche, les recettes douanières s'élevaient à 78 milliards de dollars. En seulement sept mois, elles ont déjà atteint 152 milliards. Une dynamique qui, selon les analystes, pourrait rapporter plus de 2 000 milliards de dollars en dix ans. Dans un contexte de déficit budgétaire chronique, cette rentrée d'argent est vitale. Le secrétaire au Trésor Scott Bessent rappelle d'ailleurs que ces taxes représentent désormais 4,5% du budget fédéral. Avec une dette nationale colossale et des réductions d'impôts récemment votées par le Congrès, Washington a besoin de trouver des financements – et les droits de douane répondent parfaitement à cette nécessité. À lire aussiDroits de douane: Donald Trump gagne-t-il vraiment la guerre commerciale? Une dépendance budgétaire qui s'installe Cette nouvelle donne budgétaire complique la donne pour Donald Trump et ses successeurs. Car en renforçant leur poids dans le budget fédéral, les droits de douane deviennent presque incontournables. Difficile de les supprimer sans creuser davantage le déficit, ou sans devoir envisager des coupes budgétaires et des hausses d'impôts, politiquement explosives. Le cercle est vicieux : les futurs dirigeants, qu'ils soient démocrates ou républicains, auront peu de marge de manœuvre. D'autant plus que ces mesures sont devenues un pilier pour certains secteurs industriels américains, qui comptent désormais sur ce bouclier tarifaire pour maintenir leur compétitivité. Supprimer ces droits de douane, ce serait aussi bouleverser des chaînes d'approvisionnement entières, avec un coût économique non négligeable. Mais tout cela a un prix, et ce sont souvent les ménages les plus modestes qui le paient. Car des produits importés plus chers signifient des prix de vente plus élevés dans les rayons. Or, ce sont précisément ces foyers qui consacrent la plus grande part de leurs revenus aux biens de consommation concernés par les surtaxes. La question qui se pose désormais aux autorités américaines est claire : jusqu'à quand maintenir ces taxes ? Sont-elles viables à long terme ? Et surtout, sont-elles réellement aussi efficaces que le prétend Donald Trump ? Une chose est sûre, si elles rapportent gros au Trésor, leur coût social pourrait, lui aussi, s'alourdir dans les années à venir. À lire aussi«Les droits de douane ne permettent pas à eux seuls de réindustrialiser les États-Unis»
Le Maroc est le plus important producteur de cannabis au monde. Problème : une grande partie de cette filière échappe aujourd'hui à tout contrôle. En 2021, une loi a permis la légalisation de la production à des fins industrielles et médicales. Agriculteurs, coopératives de transformation, exportateurs... Un nouveau secteur se déploie autour du cannabis licite. Avec notre envoyé spécial dans les montagnes du Rif, À flanc de montagnes, dans le nord du Maroc, dans le Rif, les champs de marijuana s'étendent à perte de vue. « La plante que vous voyez ici, elle va servir à fabriquer des médicaments. On ne va plus la vendre aux trafiquants. Elle sera vendue à une coopérative, de manière officielle, sous la supervision de l'État », se réjouit Najib, 38 ans. Il cultive du cannabis légal depuis 2022. « Tu sais ce que tu vas gagner désormais. C'est un travail officiel, sûr. Ce n'est pas comme avant. On avait affaire à des gens qu'on ne connaissait pas, explique-t-il. On était à leur merci, ils pouvaient nous voler la récolte, le fruit d'une année de travail, et à qui pouvait-on se plaindre ? » La filière légale profite d'un réel engouement. En 2024, plus de 3 000 autorisations ont été délivrées par l'Anrac aux agriculteurs marocains, contre seulement 430 l'année précédente. L'Anrac, pour Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis, est le garde-fou du secteur. « Les prix sont fixés par contrat au départ. Donc l'agriculteur sait très bien ce qu'il va toucher. Il y a des avantages économiques, des subventions, des aides, un accompagnement de l'État. Être un agriculteur avec des documents, avec une carte, avec la possibilité d'aller chez le médecin... Tout change ! L'agriculteur, il existe. Alors qu'avant, il n'existait pas », détaille Jaber El Hababi, cofondateur de la coopérative de transformation Biocannat. Selon le ministère de l'Intérieur, le cannabis illégal fait vivre 400 000 personnes au Maroc. Les cultivateurs sont loin d'être tous passés au légal : « Il y a ce qu'il y a depuis des décennies. On ne peut pas non plus venir et changer tout d'un seul coup. Cela ne changera jamais d'un seul coup. Il faut du temps. Ce qui est difficile dans ce secteur, c'est la logistique. Comment pénétrer un marché ? Comment arriver à un marché ? Mais le Maroc a un avantage indéniable, c'est le produit roi dans le monde. » Quatre ans après la légalisation de la culture du cannabis au Maroc, le secteur en est encore à ses débuts. Les autorités voient en lui la base d'un nouveau modèle de développement pour cette région marquée par un sentiment persistant de marginalisation. À lire aussiMaroc: des températures qui dépassent les 40 degrés, le pays frappé par une vague de chaleur
Avant la guerre, le textile syrien était reconnu à travers le monde pour sa qualité, en particulier pour son coton. Le secteur, pilier de l'économie, pesait 12% du PIB. À Alep, la capitale économique, le textile représente 75% de la production et emploie 300 000 personnes. Mais les entreprises ont été, elles aussi, touchées par la guerre et le racket organisé par le régime Assad. Aujourd'hui, la levée annoncée des sanctions internationales redonne espoir aux acteurs de la filière qui rêvent de redevenir la locomotive du développement de la Syrie. De notre envoyée spéciale à Alep, À Cheikh Najjar, la zone industrielle d'Alep, des entrepôts calcinés côtoient des manufactures reconstruites. Pendant la guerre, la région a été au cœur des combats entre les rebelles et le régime Assad soutenu par son allié russe. À la tête de l'entreprise de textile Al Faisal, Bassam Dawalibi a dû rebâtir son usine en 2017. Celle-ci emploie aujourd'hui 150 personnes et produit 10 tonnes de fil par jour à partir de matières synthétiques importées de Chine, qui ont remplacé le coton syrien. « La matière première que nous utilisons, c'est du polyester qui est fabriqué à partir de pétrole. Malheureusement, la production locale de coton s'est effondrée avec la guerre et on ne pouvait pas s'en procurer facilement. Nous espérons qu'à l'avenir, nous pourrons revenir au coton », explique Bassam Dawalibi, directeur financier de l'entreprise Al Faisal. Avant la guerre, la Syrie était pourtant le troisième producteur de coton au monde. Depuis la chute du régime, les nouvelles autorités libéralisent l'économie à tout va. Les droits de douane ont été réduits et les textiles turcs et chinois inondent le marché, au grand dam de Bassam Dawalibi. Sans de telles mesures, le directeur s'inquiète de devoir plier bagage : « La production nationale fait face à une concurrence injuste et désavantageuse des importations et cela n'a pas été réfléchi. Je souhaite que le gouvernement augmente les droits de douane sur les produits étrangers pour protéger l'industrie locale. » À Alep, les souks pluri-centenaires ont été endommagés ou détruits à 60% d'après l'Unesco. Dans les rues épargnées, la vie reprend, mais les affaires tournent au ralenti. « Actuellement, la situation est en dessous de la moyenne financièrement. Sauf pendant les fêtes ou les saisons où les proches vivant à l'étranger envoient de l'aide. Sinon, il n'y a rien », se désole Ahmad Sawwas, vendeur de vêtements au souk d'Alep. Sur les étals, quelques produits chinois, mais principalement des vêtements assemblés en Syrie à partir de fibres ou de tissus importés. Ici, beaucoup espèrent que la levée des sanctions permettra de relancer la culture du coton syrien et de faire revenir les entrepreneurs en exil. À lire aussiSyrie: «Ils ont déplacé tous les Bédouins» de Soueïda, même ceux qui n'étaient pas impliqués dans les combats
Repoussés, renégociés... Les nouveaux droits de douane américains portant sur des produits brésiliens exportés entrent en vigueur ce mercredi 6 août 2025. Ils illustrent les tensions croissantes entre les États-Unis et le Brésil autour du sort judiciaire de l'ancien président Jair Bolsonaro. Et leurs conséquences sont déjà visibles dans le pays. Alors qu'ils entrent ce mercredi 6 août 2025 en vigueur, la presse brésilienne fait le point sur les conséquences que vont avoir les 50% de surtaxes imposés par Donald Trump sur les produits brésiliens. Le média en ligne G1 s'inquiète. Le café n'est toujours pas exempté de ces droits de douane, alors qu'il s'agit du principal produit agricole brésilien vendu aux États-Unis. Selon le média, les pertes, seulement pour le café, pourraient dépasser les 481 millions de dollars. De son côté, le média local NSC Total, basé à Florianópolis, fait le point sur les conséquences déjà visibles dans l'État de Santa Catarina. De nombreuses entreprises locales, de meubles et de produits en bois, destinaient près de 100% de leur production au marché américain. Selon NSC Total, certaines d'entre elles ont déjà commencé à licencier des travailleurs. Face à ces conséquences en chaîne, le quotidien conservateur de l'État du Paraná, Gazeta do Povo, critique le manque de réponse concrète de Lula. Et tente la comparaison : «Les taux appliqués aux produits brésiliens sont plus du double de ceux appliqués aux dictatures de gauche et ouvertement anti-américaines comme le Venezuela et le Nicaragua.» La pression s'accroît sur les Haïtiens qui tentent de fuir la guerre Dans son édition du jour, le média dominicain El Diario Libre évoque «la tragédie haïtienne qui se poursuit dans l'indifférence internationale». Mardi (5 août 2025), le gouvernement dominicain a annoncé avoir expulsé 31 462 Haïtiens au mois de juillet 2025. C'est le résultat du combat du président Luis Abinader contre l'entrée illégale des Haïtiens dans son pays. Le quotidien liste les «rafles, expulsions, suspension de la délivrance de visas et renforcement de la présence militaire à la frontière entre les deux pays, où il a fait ériger un mur». Selon El Diario Libre, cela porte à plus de 215 000 le nombre total d'Haïtiens renvoyés dans leur pays par les autorités dominicaines en 2025. Et le quotidien illustre cette politique avec une photo, celle d'un convoi de camions de la Direction générale de la migration dominicaine : 3 camions qui se suivent, pareils à des prisons sur roues. À l'intérieur, on perçoit des Haïtiens menés à la frontière. Les violences sexuelles comme arme de guerre en Haïti En Haïti, plusieurs ONG et institutions internationales ont tiré la sonnette d'alarme sur les conditions de vie des jeunes filles et des femmes dans le pays. Depuis l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, une grande partie du pays est sous l'emprise de gangs armés qui utilisent le viol et les violences sexuelles comme arme de guerre. Nemo Lecoq-Jammes s'est entretenue avec Diana Manilla Arroyo, cheffe de mission de l'ONG Médecins sans Frontières à Haïti. Elle supervise la clinique Pramem à Port-au-Prince, une clinique gynécologique spécialisée dans l'accueil des filles et des femmes victimes de violences sexuelles. Le feuilleton du redécoupage électoral au Texas se poursuit En fin de semaine dernière, des élus démocrates de la Chambre des représentants texane avaient quitté l'État. Ils voulaient empêcher le vote d'un redécoupage de la carte électorale qui pourrait faire basculer cinq circonscriptions démocrates en faveur des républicains. Et le feuilleton s'accentue, puisque les démocrates commencent à évoquer un redécoupage de leurs propres États. Pour Ken Martin, président du Comité national démocrate, le parti doit changer de stratégie. «Ce n'est plus le Parti démocrate de votre grand-père qui apportait un stylo pour se battre face à un couteau. C'est un nouveau parti démocrate, couteau contre couteau. Et nous allons combattre le feu par le feu», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Selon la chaîne de télé NBC, le gouverneur californien Gavin Newsom envisage un référendum cet automne. Sa proposition de redécoupage lui permettrait de récupérer 5 sièges républicains. Pour Politico, Gavin Newsom surfe sur la volonté des militants de voir les démocrates s'opposer sérieusement aux Républicains. Le média politique américain voit aussi dans cette prise de position de Newsom une tribune qui pourrait être favorable, avant sa probable candidature à la présidentielle américaine de 2028. Tensions diplomatiques entre la Colombie et le Pérou Les tensions resurgissent autour de l'occupation des îles de Santa Rosa, situées au milieu du fleuve Amazone. Elles sont disputées depuis des années, et avaient même entraîné un conflit armé entre les deux pays dans les années 1930. La souveraineté du territoire est revendiquée par le Pérou, qui a récemment intégré ces îles dans son district fédéral. Mais pour le président colombien, Gustavo Petro, le gouvernement péruvien s'est emparé de territoires appartenant à la Colombie. Une déclaration qui n'a pas plu aux Péruviens. Pour le quotidien El Comercio, Gustavo Petro a créé un conflit diplomatique «pour cacher la crise qui touche son gouvernement». De son côté, le quotidien colombien El Tiempo évoque des changements du cours de l'Amazone. De nouvelles îles sont apparues au gré des mouvements du fleuve. Et selon le quotidien, cela devrait ouvrir des discussions diplomatiques sur la question de l'occupation. Mais, pour El Tiempo, ces discussions doivent se tenir loin des micros et des réseaux sociaux. Les Argentins se passionnent pour leurs fonds marins Depuis la semaine dernière, des centaines de milliers d'Argentins sont suspendus à la retransmission, en direct, des images d'un robot sous-marin. Une équipe de scientifiques explore pour la première fois le canyon sous-marin de Mar del Plata. Précisions de Théo Conscience, le correspondant de RFI à Buenos Aires. Journal de la 1ʳᵉ En Guadeloupe, l'enseignement agricole est menacé. Le sénateur Victorin Lurel lance l'alerte.
« Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. Au Tchad, l'extraction d'or est une activité encore artisanale et souvent informelle. Mais les autorités de Ndjamena souhaitent que le secteur se professionnalise. L'objectif est de multiplier par cinq la contribution du secteur minier à la richesse nationale d'ici quelques années. Et si le Tchad devenait le nouvel Eldorado ? Si pour l'instant, la production d'or du Tchad reste largement informelle, les autorités s'autorisent à rêver en grand. L'extraction d'or est en effet considérée par ce pays du Sahel comme l'un des vecteurs majeurs de croissance dans son nouveau Plan national de développement. Actuellement, le Tchad exporte déjà « dix tonnes au moins par an » d'or, et ce uniquement par le biais de l'orpaillage artisanal, rappelle le ministre tchadien des Finances, Tahir Hamid Nguilin. Mais pour passer à la vitesse supérieure, le pays devra attirer les investisseurs. « En donnant des permis, en suivant les règles de l'art, à des multinationales et à des sociétés qui répondent à un certain nombre de critères et de standards, nous pensons que nous pouvons au moins faire passer le poids du secteur minier dans notre PIB de 1% – ce qui est encore très bas aujourd'hui – à 5% à horizon 2030 », explique Tahir Hamid Nguilin. Les revenus de l'or sont en hausse au Tchad, confirme Charles Bouessel, analyste Afrique centrale pour International Crisis Group (ICG), même s'ils restent compliqués à estimer. « La plupart de l'or est exporté vers les Émirats », affirme l'expert, qui note néanmoins « un delta important entre ce qui est déclaré à la sortie du Tchad et ce qui est déclaré à l'entrée des Émirats ». Faire contribuer l'or aux finances publiques Le secteur de l'or au Tchad « gagnerait à être formalisé pour qu'il apparaisse davantage – et de manière plus fidèle – dans les finances publiques », poursuit Charles Bouessel. De son côté, la Société financière internationale, partenaire de la Chambre de commerce et du patronat tchadiens, souligne l'importance de formaliser toutes les activités économiques, y compris les activités minières. « L'inclusion des orpailleurs pour leur accès au financement » est centrale pour y parvenir. Selon cette antenne de la Banque mondiale chargée des entreprises privées, il est crucial de « préparer les PME et PMI tchadiennes à explorer les possibilités d'affaires » dans le secteur aurifère, de sorte que les entreprises locales puissent « participer à cette chaîne de valeur », souligne Sylvain Kakou, représentant au Sahel de l'organisation. Pour plus de clarté et mieux accompagner le secteur privé, la Société financière internationale encourage notamment les autorités tchadiennes à rendre effective la loi sur le Code minier. À lire aussiTchad: un séminaire national sur la décentralisation pour réfléchir à un nouveau projet de société
Avant la guerre, le textile syrien était reconnu à travers le monde pour sa qualité, en particulier pour son coton. Le secteur, pilier de l'économie, pesait 12% du PIB. À Alep, la capitale économique, le textile représente 75% de la production et emploie 300 000 personnes. Mais les entreprises ont été, elles aussi, touchées par la guerre et le racket organisé par le régime Assad. Aujourd'hui, la levée annoncée des sanctions internationales redonne espoir aux acteurs de la filière qui rêvent de redevenir la locomotive du développement de la Syrie. De notre envoyée spéciale à Alep, À Cheikh Najjar, la zone industrielle d'Alep, des entrepôts calcinés côtoient des manufactures reconstruites. Pendant la guerre, la région a été au cœur des combats entre les rebelles et le régime Assad soutenu par son allié russe. À la tête de l'entreprise de textile Al Faisal, Bassam Dawalibi a dû rebâtir son usine en 2017. Celle-ci emploie aujourd'hui 150 personnes et produit 10 tonnes de fil par jour à partir de matières synthétiques importées de Chine, qui ont remplacé le coton syrien. « La matière première que nous utilisons, c'est du polyester qui est fabriqué à partir de pétrole. Malheureusement, la production locale de coton s'est effondrée avec la guerre et on ne pouvait pas s'en procurer facilement. Nous espérons qu'à l'avenir, nous pourrons revenir au coton », explique Bassam Dawalibi, directeur financier de l'entreprise Al Faisal. Avant la guerre, la Syrie était pourtant le troisième producteur de coton au monde. Depuis la chute du régime, les nouvelles autorités libéralisent l'économie à tout va. Les droits de douane ont été réduits et les textiles turcs et chinois inondent le marché, au grand dam de Bassam Dawalibi. Sans de telles mesures, le directeur s'inquiète de devoir plier bagage : « La production nationale fait face à une concurrence injuste et désavantageuse des importations et cela n'a pas été réfléchi. Je souhaite que le gouvernement augmente les droits de douane sur les produits étrangers pour protéger l'industrie locale. » À Alep, les souks pluri-centenaires ont été endommagés ou détruits à 60% d'après l'Unesco. Dans les rues épargnées, la vie reprend, mais les affaires tournent au ralenti. « Actuellement, la situation est en dessous de la moyenne financièrement. Sauf pendant les fêtes ou les saisons où les proches vivant à l'étranger envoient de l'aide. Sinon, il n'y a rien », se désole Ahmad Sawwas, vendeur de vêtements au souk d'Alep. Sur les étals, quelques produits chinois, mais principalement des vêtements assemblés en Syrie à partir de fibres ou de tissus importés. Ici, beaucoup espèrent que la levée des sanctions permettra de relancer la culture du coton syrien et de faire revenir les entrepreneurs en exil. À lire aussiSyrie: «Ils ont déplacé tous les Bédouins» de Soueïda, même ceux qui n'étaient pas impliqués dans les combats
Le secteur du luxe traverse une période délicate. Ralentissement des ventes, chute des bénéfices, recul des achats touristiques : les géants comme Kering ou Prada sont touchés de plein fouet. Analyse d'un été difficile pour une industrie longtemps considérée comme à l'abri des crises. C'est un fait bien connu : le tourisme est vital pour le secteur du luxe. L'été représente une période stratégique, car les touristes étrangers, notamment les plus aisés, réalisent une grande partie de leurs achats à l'étranger. Que ce soit à Paris, Milan ou Tokyo, ils y recherchent à la fois une expérience authentique et un effet de change favorable pour éviter les taxes locales. En 2024, les ventes de produits de luxe avaient bondi grâce à un dollar fort – les Américains se ruant sur les boutiques européennes – tandis que les Chinois profitaient d'un yen historiquement faible pour faire leurs emplettes au Japon. Mais cette dynamique s'est inversée : le yen se redresse, le dollar faiblit. Résultat, le pouvoir d'achat touristique s'effondre, entraînant un net recul des ventes. À lire aussiL'industrie du luxe à un tournant de son histoire Les chiffres sont sans appel pour les grandes marques Le groupe Kering est l'exemple le plus marquant de cette tendance. Son bénéfice a plongé au premier semestre 2025, et ses ventes ont fortement reculé. Même constat chez Prada, dont les ventes ont chuté de 2 % sur la même période. Gucci, marque phare du groupe Kering, enregistre quant à elle une baisse de 26 % sur un an. Ce repli s'explique également par des causes plus structurelles. En dix ans, les prix ont considérablement augmenté, poussant même les consommateurs fortunés à se montrer plus regardants. Car oui, le client du luxe cherche aussi un bon rapport qualité-prix. Et sans avantage tarifaire à l'étranger, il n'y voit plus l'intérêt d'y faire ses achats. À lire aussiLe secteur du luxe, victime de la guerre commerciale de Donald Trump Des réponses face à une crise durable La conjoncture mondiale n'arrange rien. Instabilité économique, tensions géopolitiques, droits de douane américains sur les produits européens désormais portés à 15 %. Tout cela pèse lourdement sur les perspectives du secteur. L'imbroglio des négociations entre Bruxelles et Washington n'a fait que renforcer l'incertitude. Face à ces défis, les groupes réagissent. Chez Kering, un plan de relance est en cours avec notamment l'arrivée d'un nouveau directeur général – Luca de Meo, ancien patron de Renault – et un nouveau directeur artistique chez Gucci. Plus globalement, les maisons de luxe ont compris qu'elles ne pouvaient plus se reposer uniquement sur la puissance de leur logo ou les hausses de prix. L'heure est au renouveau : retravailler l'expérience client, réenchanter l'image de marque et surtout, recréer le désir d'achat afin que les clients sortent leurs cartes bancaires !
« Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le Fonds monétaire international. S'il contribue de 25 à 65 % du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. Dans les townships, zones déshéritées d'Afrique du Sud, les habitants se transforment en entrepreneurs de rue pour survivre au chômage. Les « spaza shops », petites boutiques de quartiers, sont devenues le symbole de l'économie informelle. On estime qu'il en existe au moins 150 000 dans le pays. De notre correspondante à Johannesburg, À Soweto, comme dans la plupart des townships d'Afrique du Sud, il y a trois choses qui ne manquent pas : les tavernes appelées « shebeens », les stands qui vendent des frites et des kotas, les sandwichs locaux, et les incontournables « spaza shops ». Ces mini-boutiques, que l'on retrouve presque dans chaque rue, sont souvent construites dans l'arrière-cour des maisons, avec une ouverture qui donne sur le trottoir. « Ce spaza shop nous aide beaucoup. Quand on a juste un peu de monnaie, on ne peut pas aller faire ses courses au mall, ou ailleurs parce qu'il faut payer pour le transport. Mais ici, c'est facile, on peut juste marcher depuis chez nous pour venir », sourit Lesedi, rencontré devant l'un de ces magasins informels. Une grille le sépare du vendeur. « On peut acheter juste une cigarette par jour, ou un pain à l'unité, c'est parfait », se satisfait l'habitant de cet immense township en périphérie de Johannesburg. De l'achat de gros à la vente à l'unité Ces magasins ont commencé à voir le jour sous l'apartheid, pour vendre des produits en secret aux habitants du township. Aujourd'hui, la plupart des « spaza shops » sont tenus par des étrangers, venus pour la plupart d'Éthiopie, du Bangladesh ou du Pakistan. Kadir, lui, est originaire de Somalie. Debout derrière son comptoir, le commerçant « propose des produits d'hygiène, des légumes et d'autres produits alimentaires divers ». Même s'ils sont informels, ces magasins contribuent à l'économie sud-africaine. Les vendeurs versent notamment des loyers à leurs propriétaires grâce à l'argent gagné avec leur « spaza shop ». Mais pour maintenir ce cercle vertueux, il leur faut rester compétitifs face aux grandes surfaces. « Les propriétaires des spaza shops font preuve de beaucoup d'innovation, sur la façon dont ils choisissent leur emplacement, comment ils échangent leurs produits avec les habitants sur un modèle basé sur l'argent liquide », décrit Peter Baur, professeur à l'université de Johannesburg (UJ). Beaucoup font preuve d'ingéniosité pour survivre, dans un pays où un tiers de la population est touché par le chômage. « Souvent, un groupe de petits magasins va mettre son argent en commun, pour faire des achats auprès d'un commerce de gros, afin d'avoir des prix réduits en se procurant de larges volumes, pour après revendre cette marchandise », illustre le chercheur. Des « spaza shops » aimés, mais aussi ciblés Mais les « spaza shops » sont une cible de choix lors de poussées de violences xénophobes. Une tendance qui s'est renforcée l'année dernière, lorsqu'une série d'intoxications alimentaires a tué une vingtaine d'enfants. Tous auraient consommé des produits achetés dans ces boutiques. Alors, pour faire face, Kadir s'est allié à un Sud-Africain. « C'est une bonne solution, car faire du commerce avec des étrangers permet de les voir apporter leur savoir-faire. Et nous, en Afrique du Sud, il faut leur laisser l'opportunité de mener leurs affaires », défend Tshepo, l'associé de Kadir. Malgré cela, les étrangers redoutent la nouvelle règle du gouvernement qui impose désormais à tous ces « spazas shops » de se déclarer auprès des autorités. Beaucoup d'entre eux critiquent une administration très lente à traiter les dossiers et craignent d'être discriminés. À lire aussiL'Afrique du Sud commémore la marche des femmes de 1956 contre l'apartheid
« Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. En Centrafrique, le commerce informel bat son plein entre la capitale Bangui et sa jumelle, la ville congolaise de Zongo, de l'autre côté de la rivière Oubangui. Tous les jours, de nombreux commerçants centrafricains du secteur informel font des traversées en pirogue pour s'approvisionner, car Bangui dépend de Zongo en produits agricoles et Zongo dépend de Bangui en produits manufacturés. De notre correspondant à Bangui, 5 h du matin. Une vingtaine de piroguiers s'affairent à mettre à l'eau leurs embarcations en bois à Port Beach, côté centrafricain. La frontière entre la capitale centrafricaine, Bangui, et Zongo, en RDC, ouvre à 7 h. En attendant, les passagers – pour la plupart des commerçants – remplissent des formalités. Debout à côté d'un canoë, Flora, une vendeuse de légumes, se prépare pour traverser : les allers-retours Bangui-Zongo, elle fait ça « depuis une vingtaine d'années ». « Tout le monde sait que notre capitale n'est pas une zone agricole. L'agriculture se pratique dans les localités environnantes ou dans l'arrière-pays. Mais la distance, les tracasseries routières et l'insécurité compliquent parfois l'acheminement des produits », décrit-elle. Si Flora s'approvisionne à Zongo, c'est parce que la ville congolaise « se trouve à 10 minutes juste en face » et parce que « c'est une ville très développée en matière d'agriculture », explique-t-elle. Ces commerçants du secteur informel, comme Flora, ne sont enregistrés dans aucun des deux pays et ne paient donc pas d'impôt. Toutefois, ils paient des taxes de 500 FCFA (environ 0,75 euro) aux services de l'immigration dans les deux villes, à chaque fois qu'ils traversent la rivière Oubangui. « Chaque matin, je traverse pour acheter des articles. Je m'approvisionne de manière informelle de l'autre côté de la rive parce que notre pays est enclavé. La plupart de nos produits sont importés de très loin », détaille Jacob, commerçant centrafricain. Lui vend des boissons, des panneaux solaires et des appareils électroniques. Des produits difficiles à trouver en Centrafrique qui « coûtent cher parce qu'ils sont importés de très loin », dit Jacob. « Comme c'est facile de traverser de l'autre côté de la rive, j'ai pris mon temps pour évaluer les articles qui sont rares ici ». « C'est de ça que je vis », souffle le commerçant, qui affirme qu'il n'a pas les moyens pour créer une entreprise formelle. Des produits disponibles et moins chers Entre Bangui et Zongo, le secteur informel domine largement l'activité économique. Il représente environ 60% des emplois et a une importance socio-économique considérable, selon la Fédération des entreprises du Congo. Même les petites entreprises centrafricaines s'appuient régulièrement sur les matières premières congolaises, importées de manière informelles par la rivière. Les usines de savon à Bangui notamment travaillent « en commun accord » avec les agriculteurs de Zongo, explique Charles Yannick, un commerçant congolais. « Ces savons sont fabriqués à base d'huile de palme, mais il n'y a pas de plantations de palmiers à Bangui. Le plus grand village de palmier se trouve à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest. Ce qui pousse ces entreprises à traverser rapidement de l'autre côté de la rive pour acheter les fruits de palmier dans des sacs, ici dans notre ville », témoigne le commerçant. Les vendeurs, pour la plupart des jeunes, subissent de temps en temps des tracasseries administratives et un racket policier. Selon le ministère des Petites et Moyennes Entreprises, le gouvernement travaille à la formalisation de ces commerces pour faire entrer de l'argent dans les caisses de l'État. À lire aussiRCA/RDC: Bangui et Zongo et les échanges commerciaux de ces villes jumelles [3/3]
« Le secteur informel est une composante essentielle de la plupart des économies subsahariennes », décrit le FMI. S'il contribue de 25 à 65% du PIB des pays, une partie des bénéfices de ces activités économiques échappent cependant aux caisses des États. Afrique économie vous emmène cette semaine dans une plongée de l'informel sur le continent. Au Cameroun, le secteur de l'informel représente plus de 85 % des emplois, selon les chiffres du ministère des Petites et Moyennes Entreprises. Dans le Septentrion, le chômage y est important, les commerçants profitent de leur proximité avec le Nigeria pour s'approvisionner en carburant, denrées alimentaires ou encore médicaments de l'autre côté de la frontière. On les surnomme les « zoua-zoua ». Les vendeurs de carburant à la sauvette bordent les routes du centre-ville de Garoua, une ville située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière nigériane. Dans la région septentrionale du Cameroun, zone enclavée et touchée par le chômage, le commerce informel joue un rôle très important. Derrière les bouteilles en plastique et les panneaux en carton qui annoncent les prix, Paul (le prénom a été modifié) organise son petit commerce. Pour se ravitailler, il « loue une voiture 5 000 francs [environ 7,5 euros, NDLR] » et traverse la frontière nigériane. Là-bas, chaque litre lui coûte « 600 ou 650 francs [environ 1 euro, NDLR] ». Paul le revend 800 francs CFA (1,2 euro) dans les rues de Garoua, quand d'autres montent jusqu'à 850 francs (1,3 euro). « Il n'y a pas de prix fixe », reconnaît le vendeur. Pour passer la douane, un billet permet d'éviter les contrôles de marchandises. « La police ne nous dérange pas », raconte Paul, « quand on passe, parfois, on paye 10 000, parfois 5 000 francs [de 7,5 à 15 euros environ, NDLR] ». Comme beaucoup de Camerounais, le commerce de rue permet à Paul de gagner « un peu » sa vie. « C'est mieux que pas de travail », met-il en avant. « Nous, les gens du quartier, c'est avec ça, avec le carburant, qu'on se débrouille. » Grâce à la revente informelle, Paul a construit sa petite maison. Son commerce fait également travailler régulièrement deux à cinq jeunes du voisinage. À lire aussiCameroun: les autorités interdisent l'accès aux vendeurs ambulants dans 15 lieux de Yaoundé « On n'a pas le choix. On n'a que ça à faire. Il n'y a pas de travail » Un peu plus loin, au marché, deux jeunes hommes sont affalés sur leurs étals. Eux vendent des médicaments, également importés sans déclaration du Nigeria. « Il y a tous genres de médicaments : mal de tête, mal d'estomac… Même pour le palu, il y en a », présentent fièrement les deux commerçants d'une vingtaine d'années. « Je viens avec la voiture et je traverse comme ça. On est habitués », raconte l'un d'eux. « Parfois, la police dérange (…) ils prennent la marchandise », ajoute-t-il. « Plusieurs fois », les jeunes ont été visés par des saisies des forces de l'ordre. Des opérations qui les « ruinent », se plaignent-ils. Mais pas de quoi décourager les deux vendeurs ambulants. « On n'a pas le choix. On n'a que ça à faire. Il n'y a pas de travail », regrettent-ils, car le Cameroun est un pays où il est « très dur » de trouver un emploi salarié. Accoudé à son stand de médicaments, l'un des jeunes renchérit : « Les gens ont fait l'école. Il y a les diplômes, les diplômes professionnels comme académiques, mais on ne trouve pas de travail. Le gouvernement n'est pas bon. On souffre. Les gens souffrent au Cameroun, surtout les jeunes », dit-il. Matériaux de construction ou encore produits alimentaires sont également importés du Nigeria pour être revendus à Garoua. À lire aussiHausse du prix du carburant au Cameroun: les transporteurs se disent «asphyxiés»
Grâce à la signature d'un décret imposant des surtaxes à plusieurs dizaines de pays, Donald Trump s'affiche en vainqueur d'une guerre commerciale qu'il a lui-même déclenchée. Mais derrière cette démonstration de force, les effets réels restent à nuancer, notamment pour les Américains eux-mêmes. Donald Trump a de nouveau frappé fort. Le président américain a signé, le 1er août, un décret imposant de nouveaux droits de douane sur les exportations de dizaines de pays vers les États-Unis. Parmi les plus touchés : l'Union européenne et le Japon, avec une surtaxe de 15%, le Canada avec 35% et même jusqu'à 39% pour la Suisse. Cette victoire a été préparée depuis janvier dernier, lorsque Trump évoquait des hausses de droits allant jusqu'à 60%. Une stratégie de rapport de force assumée : menacer fort pour mieux obtenir un accord – et surtout, à l'avantage des États-Unis. Résultat : les principaux partenaires commerciaux ont cédé, signant des engagements économiques massifs, comme 750 milliards de dollars d'achats d'hydrocarbures par l'Union européenne ou des commandes militaires japonaises. À lire aussiQuels pays ont trouvé un accord avec Donald Trump sur les droits de douane? Des marchés rassurés, des alliés résignés Malgré la brutalité apparente de cette annonce, les marchés ont bien réagi. À Tokyo, la Bourse est restée stable. Signe que ces nouveaux droits de douane ont été accueillis comme un moindre mal, un compromis acceptable au regard de ce qui aurait pu être une guerre commerciale ouverte. Et c'est aussi ce que revendique la Maison Blanche : « Restructurer le commerce mondial au bénéfice des salariés américains ». Mais au-delà de la communication politique, cette nouvelle donne fragilise durablement les équilibres commerciaux internationaux, et consacre un virage vers un protectionnisme assumé par Washington. À lire aussiDroits de douane, barrières non tarifaires, mesures de rétorsion: les mots du protectionnisme Une victoire économique en trompe-l'œil ? À court terme, ces taxes douanières représentent une manne fiscale importante pour les États-Unis. Elles remplissent les caisses de l'État et renforcent l'image d'un président défenseur des intérêts nationaux. Mais sur le moyen et long terme, le tableau s'assombrit. Des études montrent que les consommateurs américains paieront l'addition : les produits importés deviendront mécaniquement plus chers, alimentant une inflation déjà tendue. Contrairement aux affirmations de Trump, ce ne sont pas les exportateurs étrangers qui paient, mais bien les ménages américains, qui verront leurs dépenses augmenter. Les économistes évoquent déjà un effet boomerang possible, tant sur l'inflation que sur la croissance. La victoire affichée aujourd'hui pourrait bien se transformer, dans quelques mois, en revers économique. À lire aussiDroits de douane: Donald Trump annonce 25% sur les produits indiens à compter du 1er août
Donald Trump a annoncé que les États-Unis imposeront 50% de droits de douane sur une grande partie des produits importés du Brésil, à partir du 6 août 2025. Un coup dur pour la plus grande économie sud-américaine. «Un grand sentiment de frustration». Voici la réaction à chaud du président de l'Association brésilienne des producteurs de sucre, rapportés par la Folha de Sao Paolo. Renato Cunha a accompagné la délégation parlementaire aux États-Unis cette semaine pour essayer d'obtenir un accord, mais impossible : «il y avait un mépris total, personne ne nous a vraiment accueillis, commente l'entrepreneur. Car il ne s'agit pas d'une décision commerciale, mais politique, venant du président». Ces droits de douane sont les plus sévères imposées au Brésil en 200 ans de relations diplomatiques, pointe le journal O Globo, et le secteur agricole est le plus durement touché - le secteur bovin a déjà perdu 1 milliard de dollars dans les six derniers mois de tarifs douaniers et demande déjà le soutien du gouvernement fédéral. Mais le journal de Rio voit aussi la bouteille à moitié pleine : «700 produits ont été exclus de tarifs, soit 43% du total des exportations», dont une grande partie du secteur manufacturier. Le cours en bourse du constructeur brésilien d'avions Embraer a ainsi grimpé de 10% hier (30 juillet 2025) après avoir été exclu de la hausse des droits de douane, gagnant plus de 600 millions d'euros. Le gouvernement brésilien n'a toutefois pas dit son dernier mot «L'attaque contre le Brésil aura une réponse judiciaire», assure une éditorialiste du quotidien O Globo. Le décret qui impose des droits de douane ainsi que les sanctions contre le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes se basent sur de prétendues atteintes aux droits humains contre l'ancien président Bolsonaro, «ce qui n'est pas justifié», assure la chroniqueuse. Le Brésil pourrait ainsi saisir la justice américaine, ou faire recours devant la justice internationale. Ce qui est sûr, conclut-elle, c'est que «l'extrême droite brésilienne, cachée derrière cette mesure, reste en mode coup d'État et n'a pas honte de se battre pour la soumission du pays». Le Chili est soulagé Les produits à base de cuivre doivent en effet être taxés de 50% à partir du 1er août 2025, mais pas la matière première. Énorme soulagement pour le Chili, qui est le premier producteur et exportateur de ce métal au monde. Le quotidien El Mercurio estime que le répit ne pourrait toutefois n'être que temporaire, car 15% de taxes pourraient encore être imposés dès 2027. L'incertitude et l'imposition des tarifs sur les tuyaux et autres produits en cuivre a quand même entraîné une chute de 21% du cours du métal à la bourse de New York, rapporte le journal Tercera. Le coût de ces droits de douane se fait sentir aux États-Unis Cela a été annoncé mercredi par l'énorme groupe Procter et Gamble, une référence pour les produits de première nécessité comme le liquide vaisselle, le dentifrice et le détergent - la multinationale augmentera ses prix de 2.5% en moyenne, sur un quart de ses produits dès le mois d'août, rapporte le Washington Post... Ceci en partie à cause des droits de douane d'un milliard de dollars qu'il prévoit chaque année. La chaîne de grande distribution Walmart, elle, prévoit des augmentations pour les produits fabriqués en Chine, comme les articles pour bébés, les ustensiles de cuisine et les jouets. Les droits de douane de 50% sur l'acier et l'aluminium entraîneront aussi une hausse des coûts des emballages alimentaires et des boissons, comme les boîtes de café et les canettes de bière. Tout devrait y passer, donc. Les consommateurs américains comprennent qu'ils vont payer, rapporte le quotidien de Washington, et ils constituent des stocks de détresse avant la rentrée scolaire. Panique et incertitude s'installent dans les rayons de supermarchés. Il est donc de plus en plus difficile de savoir qui va bénéficier de cette guerre commerciale lancée par Donald Trump. En Argentine, la recherche scientifique subit les coupes budgétaires du président ultra-libéral Javier Milei Déjà affaiblie par des coupes budgétaires massives et une chute des salaires, la recherche est à nouveau visée par un décret limitant les compétences de sa principale agence de financement. Face à une fuite inédite des cerveaux, la communauté scientifique alerte sur les conséquences d'un véritable « scientificide ». Reportage de Lucas Lazo dans le laboratoire de neuroscience de l'Université de Buenos Aires. En Haïti, l'organisation des États d'Amérique présente une nouvelle feuille de route pour la sécurisation de Haïti. Le rédacteur en chef du quotidien Le Nouvelliste, Franz Duval, offre une analyse critique et dénonce le peu de moyens proposés pour la sécurisation de l'île, qui est le problème principal pour les habitants ? Aux États-Unis, un redécoupage électoral controversé. Les républicains sont lancés dans une grande opération de redécoupage électoral entre le Texas et la Californie, dans le but d'essayer de gagner jusqu'à cinq sièges lors des prochaines élections de mi-mandat, l'année prochaine (2026). Une opération qui fait débat, nous raconte notre correspondante Loubna Anaki.
En Tunisie, la hausse des tarifs douaniers imposée par les États-Unis va entrer en vigueur jeudi 7 août. Ce serrage de vis tarifaire s'inscrit dans le cadre d'une vague de surtaxes douanières qui touchent près d'une soixantaine de pays. Une augmentation de 25 % qui va surtout affecter l'artisanat tunisien dont les États-Unis sont les premiers importateurs. Avec notre correspondante à Tunis, À l'Office national de l'artisanat, dans le quartier de La Manouba à Tunis, Karim Bairam supervise la découpe des pierres pour ses mosaïques. 80% de la production de cet artiste mosaïste et sculpteur part à l'export, une grande partie vers les États-Unis. « Je travaille avec des particuliers, des clients qui ont des maisons et qui veulent acheter une pièce souvenir d'ici comme une grande table ou un tableau », détaille-t-il. Il prend l'exemple de sa dernière pièce d'une valeur d'environ 3 000 dinars. Les taxes et les frais d'envois appliqués s'élèvent actuellement à environ 1 200 dinars, peut-être 1 600 environ après l'application des nouvelles taxes, explique l'artisan. Des coûts de douane et de livraison qui sont aux frais du client. Pour l'instant, la différence n'est pas trop importante pour les commandes à l'unité des particuliers, mais Karim redoute les conséquences sur le long terme : « Avec une grande commande, ils vont calculer tout ça, tu vois, c'est sûr. » Mesures pour une baisse des coûts d'envoi, diversification des marchés Karim explore déjà de nouveaux marchés comme la Chine. Aux États-Unis, Kenza Fourati co-fondatrice de la marque Osay the Label, qui vend des babouches traditionnelles en cuir importées de Tunisie, craint de devoir augmenter ses prix pour ne pas diminuer sa marge déjà petite. « L'impact sur les artisans avec lesquels on travaille sera forcément qu'il y aura moins de production, le volume de production va forcément diminuer un peu si les prix changent », anticipe-t-elle. « C'est ça qui nous inquiète un peu, car notre travail est à échelle très humaine. Il y a des compagnies plus grandes qui peuvent absorber ces coûts et sont donc moins impactées. Mais des compagnies à petite taille comme les nôtres, ce sont elles qui en souffrent le plus. Les gens vont souffrir sur toute la ligne de production de ces tarifs », poursuit l'entrepreneuse. À Tunis, à l'office de l'artisanat, Leila Maslati, la directrice, veut rassurer les 350 000 artisans qui travaillent dans le pays. Elle prévoit la relance d'un projet avec le ministère du Commerce pour faire baisser le coup d'envoi et de livraison vers les États-Unis, mais aussi une diversification des marchés. « L'Afrique, c'est important pour nous, cette année, on a eu deux participations qui étaient bénéfiques pour le secteur de l'artisanat, au Cameroun et aussi au Nigeria. Et on aura en 2026 une participation importante en Côte d'Ivoire », précise-t-elle. En 2024, le volume des exportations de l'artisanat représentait 160 millions de dinars tunisiens – environ 55 millions de dollars – plus d'un tiers destiné au marché américain.
En Corée du Sud, les touristes américains achètent en masse des produits de beauté coréens avant que leurs prix n'explosent aux États-Unis à cause des tarifs douaniers souhaités par le président Donald Trump. À partir du 1er août, tous les produits coréens sont imposés de 25% de droits de douane à leur arrivée aux États-Unis. De notre correspondant à Séoul, Panique à l'approche de la mise en place des tarifs douaniers américains le 1er août. Si l'industrie coréenne va en pâtir – notamment les secteurs de l'automobile et de la sidérurgie, tous deux frappé de 50% de droits de douane –, du côté des consommateurs américains, on s'inquiète de la montée des prix de la K-beauty, les produits de beauté coréens, imposé à 25% de droits de douanes. Liah Yoo est une influenceuse beauté américaine. Dans une vidéo à ses followers, elle explique les conséquences de la politique commerciale américaine sur les produits cosmétiques en provenance de Corée du Sud : « À partir de maintenant, vous verrez beaucoup de marques augmenter leur prix. Ce n'est pas par cupidité, mais c'est inévitable. La nouvelle politique commerciale annoncée par le président Donald Trump va changer beaucoup de choses. Beaucoup d'Américains aiment la K-beauty, car elle n'est pas chère, mais je ne sais pas combien de temps elle pourra le rester avec la mise en place de cette politique commerciale très prochainement. » Taylor Bosman, autre influenceuse beauté américaine, a trouvé la parade. Acheter en gros avant que les prix n'explosent : « Je ne sais pas ce qui se passe avec ces tarifs, personne n'y comprend rien. J'ai entendu des rumeurs sur la manière dont cela allait affecter le prix des produits de beauté coréens aux États-Unis. L'avenir est incertain, mais ce dont je suis sûre, c'est que je ne veux pas passer à côté de mes produits préférés. Alors, j'ai commandé à l'avance tout ce dont j'ai besoin pour ma routine quotidienne. » Dans le quartier commercial animé de Myeongdong à Séoul, les voyageurs du monde entier viennent chaque jour dans les boutiques de cosmétiques faire leurs emplettes avant de retourner chez eux. « Je voulais faire un stock avant de repartir, explique ainsi une touriste, les bras chargés de sacs. Je veux acheter en gros pour ne pas avoir à revenir. Les Coréennes ont vraiment une peau incroyable que tout le monde veut imiter, je pense. » Plusieurs centaines de dollars d'achats, une valise pleine de crèmes, masques et fonds de teint : de quoi tenir quelques mois et économiser avant la mise en place des droits de douanes américains le 1er août. À lire aussiLes Nord-Coréens de la génération Z connaissent les codes
Dans sa stratégie nationale de développement pour la décennie 2020-2030, le Cameroun se donne pour ambition de devenir « le nourricier de l'Afrique centrale et du Nigéria ». Parmi sept plans présentés comme prioritaires dans l'agro-industrie : le sucre. Avec un objectif de production de 500 000 tonnes annuelles pour répondre à la demande intérieure et exporter du sucre camerounais. Aujourd'hui, pourtant, les Camerounais consomment principalement du sucre brésilien ou chinois. L'objectif que s'est fixé le Cameroun est loin d'être atteint. Selon ses propres chiffres, la Sosucam, en 2024, n'a produit que 86 000 tonnes de sucre. La Société sucrière du Cameroun exploite 25 000 hectares de plantations à Mbandjock, Nkoteng et Lembe-Yezoum dans le département de la Haute-Sanaga. Elle est en situation de quasi-monopole sur le marché intérieur, mais ses objectifs affichés ne sont pas les mêmes que ceux de l'État camerounais. L'entreprise sexagénaire créée en 1965 est détenue majoritairement par le groupe français Somdia, groupe de la famille Vilgrain appartenant lui-même à la multinationale Castel. En 2023, Somdia annonçait un plan de restructuration « intégral » destiné à atteindre une capacité de production de 130 000 tonnes de sucre à l'horizon 2027. Soit seulement un quart du volume annoncé par l'État camerounais dans sa stratégie nationale Pour produire plus, selon les experts, il faudrait investir : moderniser l'outil de production, exploiter plus de terres et, pourquoi pas, faire entrer des capitaux étrangers. Ce ne sont ni la disponibilité des terres ni le coût de la main d'œuvre, très faible, qui posent problème. Mais rien n'incite à l'heure actuelle la Sosucam à prendre plus de risques en injectant davantage de ressources. Sa position de quasi-monopole, notamment, ne l'y encourage pas. Aujourd'hui, la demande nationale tourne autour de 300 000 tonnes annuelles, englobant la consommation des ménages, celles des petites structures alimentaires et celle de l'industrie brassicole. Sans réponse locale suffisante, le Cameroun importe, comme pour tous les autres produits de consommation que le pays pourrait produire sur son territoire et sa balance commerciale est déficitaire. Selon l'Institut national de la statistique, en 2023, ce déficit a franchi le seuil symbolique et historique des 2000 milliards de FCFA. En plus de ses difficultés structurelles, la Sosucam – au chiffre d'affaires 2024 de 54 milliards de francs CFA – a été confrontée au moins de février à un mouvement de protestation de quelque 5 000 travailleurs saisonniers, dénonçant leurs conditions de travail et de rémunération. À lire aussiAu Cameroun, une raffinerie pour limiter la dépendance aux importations
Les discussions se poursuivent entre la Chine et les États-Unis à Stockholm pour conclure un accord commercial. Les deux parties ont discuté de la possibilité de prolonger la trêve tarifaire au-delà de la date limite du 12 août, mais aucune décision n'a été prise. Les deux pays semblent vouloir éviter une nouvelle escalade. Une rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump pourrait même avoir lieu dans les prochains mois. Entretien avec Pierre-Antoine Donnet, essayiste et rédacteur en chef de la revue trimestrielle Asia Magazine et du site d'informations gratuit Asialyst.com.
En Corée du Sud, les touristes américains achètent en masse des produits de beauté coréens avant que leurs prix n'explosent aux États-Unis à cause des tarifs douaniers souhaités par le président Donald Trump. À partir du 1er août, tous les produits coréens sont imposés de 25% de droits de douane à leur arrivée aux États-Unis. De notre correspondant à Séoul, Panique à l'approche de la mise en place des tarifs douaniers américains le 1er août. Si l'industrie coréenne va en pâtir – notamment les secteurs de l'automobile et de la sidérurgie, tous deux frappé de 50% de droits de douane –, du côté des consommateurs américains, on s'inquiète de la montée des prix de la K-beauty, les produits de beauté coréens, imposé à 25% de droits de douanes. Liah Yoo est une influenceuse beauté américaine. Dans une vidéo à ses followers, elle explique les conséquences de la politique commerciale américaine sur les produits cosmétiques en provenance de Corée du Sud : « À partir de maintenant, vous verrez beaucoup de marques augmenter leur prix. Ce n'est pas par cupidité, mais c'est inévitable. La nouvelle politique commerciale annoncée par le président Donald Trump va changer beaucoup de choses. Beaucoup d'Américains aiment la K-beauty, car elle n'est pas chère, mais je ne sais pas combien de temps elle pourra le rester avec la mise en place de cette politique commerciale très prochainement. » Taylor Bosman, autre influenceuse beauté américaine, a trouvé la parade. Acheter en gros avant que les prix n'explosent : « Je ne sais pas ce qui se passe avec ces tarifs, personne n'y comprend rien. J'ai entendu des rumeurs sur la manière dont cela allait affecter le prix des produits de beauté coréens aux États-Unis. L'avenir est incertain, mais ce dont je suis sûre, c'est que je ne veux pas passer à côté de mes produits préférés. Alors, j'ai commandé à l'avance tout ce dont j'ai besoin pour ma routine quotidienne. » Dans le quartier commercial animé de Myeongdong à Séoul, les voyageurs du monde entier viennent chaque jour dans les boutiques de cosmétiques faire leurs emplettes avant de retourner chez eux. « Je voulais faire un stock avant de repartir, explique ainsi une touriste, les bras chargés de sacs. Je veux acheter en gros pour ne pas avoir à revenir. Les Coréennes ont vraiment une peau incroyable que tout le monde veut imiter, je pense. » Plusieurs centaines de dollars d'achats, une valise pleine de crèmes, masques et fonds de teint : de quoi tenir quelques mois et économiser avant la mise en place des droits de douanes américains le 1er août. À lire aussiLes Nord-Coréens de la génération Z connaissent les codes
Les taux d'intérêt vont-ils baisser aux États-Unis ? Le comité de politique monétaire de la réserve fédérale américaine (la banque centrale du pays), se réunit mardi et mercredi à Washington pour actualiser (ou pas) ses taux directeurs. N'en déplaise au président Donald Trump, les économistes ne s'attendent pas à ce que ces taux baissent. Généralement, la Réserve fédérale laisse entendre en amont si elle prévoit de modifier ses taux. Elle n'a pas donné d'indices en ce sens lors de la dernière réunion de son comité de politique monétaire en juin. Les investisseurs ne s'attendent donc pas à une baisse des taux directeurs ce mercredi. Ces derniers sont d'actuellement entre 4,25 et 4,5%, environ deux fois plus que dans l'Union européenne par exemple. Inflation L'une des principales missions de la Réserve fédérale, en plus de la maîtrise du chômage, est de garder des prix stables. Or la politique protectionniste de Donald Trump et ses hausses de droits de douane tirent les prix vers le haut : l'inflation aux États-Unis reste ces derniers mois au-dessus de la barre des 2% fixée par la Fed. Diminuer les taux maintenant pourrait encourager la hausse des prix. C'est pourquoi la Fed s'est refusée à le faire pour l'instant, au grand regret du président américain Donald Trump. Le milliardaire, de retour à la Maison Blanche depuis janvier, estime que des taux directeurs plus faibles permettraient aux États-Unis de payer moins d'intérêts sur le remboursement de leur colossale dette publique. Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump se plaignait déjà des taux directeurs de la Réserve fédérale, mais ces derniers mois, il a intensifié ses critiques, jusqu'à se rendre en personne au siège de la Fed jeudi 24 juillet, pour faire pression sur le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell. « J'adorerais qu'il baisse les taux d'intérêt », lui a-t-il dit devant la presse, en lui assénant une grande tape dans le dos. Incertitudes des droits de douane Donald Trump a même menacé de le limoger, après l'avoir lui-même nommé à ce poste (en 2017). Ces menaces répétées ne plaisent pas beaucoup aux marchés financiers, qui voient dans l'indépendance de la Fed une garantie de stabilité de l'économie. Mais la procédure pour évincer Jerome Powell serait longue et difficile, et risquerait de fragiliser la confiance dans l'économie américaine, alors Donald Trump a renoncé. « Ce n'est pas nécessaire » de l'évincer, estimait-il jeudi 24 juillet aux côtés de l'intéressé. « Car je pense qu'il va prendre la bonne décision. Peut-être un peu tard, mais il va prendre la bonne décision », a déclaré le président des États-Unis. La « bonne décision », selon lui, serait de ramener à seulement 1,5% seulement les taux directeurs dès maintenant. Une telle baisse a peu de chances d'intervenir dans l'immédiat. Les décisions de la Réserve fédérale dépendront en partie des droits de douane décidés par Donald Trump. Un accord de principe a été conclu dimanche entre Donald Trump et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, visant à taxer à hauteur de 15% les produits européens entrant sur le marché états-unien. Les négociations se poursuivent par ailleurs avec la Chine ce mercredi, pour prolonger l'accord trouvé précédemment. Elles patinent avec des dizaines d'autres pays, pour qui l'ultimatum a été fixé à vendredi 1er août, avec la menace de surtaxes allant jusqu'à 50%. Si la Maison Blanche mettait cette menace à exécution, cela risquerait, là-encore, d'alimenter l'inflation et ne plaiderait donc pas en faveur d'une baisse des taux. À moins d'un retournement du marché de l'emploi aux États-Unis, qui ne s'est pas produit pour l'instant.
Le quartier de Laleli, à Istanbul, centre névralgique du commerce à la valise vers l'Afrique, traverse une crise. Inflation, contrôles policiers et concurrence étrangère freinent les échanges. De notre correspondante à Istanbul, Dans les rues pentues de Laleli, à Istanbul, les allées et venues des transporteurs rythment la vie du quartier. Sur leurs diables métalliques, ils déplacent des colis d'un magasin à une entreprise de logistique, appelées « kargo », spécialisées dans l'envoi de marchandises vers l'étranger, notamment vers l'Afrique. Parmi les figures de ce commerce, Serigne Seck. Ce Sénégalais installé en Turquie depuis une quinzaine d'années dirige un « kargo » qui expédie vers le continent africain des textiles, des meubles ou encore des matériaux de construction, en grande majorité fabriqués localement. Il explique les atouts de ce marché turc : « La majeure partie des personnes qui viennent faire des achats sont satisfaites. Par rapport à la qualité, c'est vraiment une bonne qualité. Les sociétés avec qui on travaille, les fournisseurs qui nous fournissent les bagages, etc. Il y a une confiance entre nous et eux qui nous permet d'assurer les clients qui sont de l'autre côté. » Ce système a notamment prospéré après le Covid, quand la Chine s'est partiellement retirée du marché. Mais l'activité de Serigne ralentit nettement. Une chute des volumes, des coûts qui explosent Un étage plus bas, Mehmet Eren observe la même tendance. Ce responsable d'un autre « kargo » voit chaque année son volume d'envois divisé par deux. Il décrit l'ampleur du recul : « En 2023, j'envoyais 10 tonnes par semaine. Un an plus tard, c'est passé à six tonnes. Encore un an plus tard, c'était 3,5 tonnes. Cette année, c'est presque deux tonnes. Pendant que nos revenus diminuent de moitié, nos coûts doublent. C'est à cause de l'inflation, des taux d'intérêt, de la bureaucratie, de la Chine, des guerres. Ce n'est pas un seul problème. » Les difficultés s'étendent à tout le quartier. Les commerçants peinent à rester compétitifs. Giyasettin Eyyüpkoca, président de Lasiad – une association d'entrepreneurs de Laleli dans le textile – explique les causes multiples : « À cause de toutes ces raisons, l'inflation, le salaire minimum, les coûts de l'énergie à l'intérieur du pays, vous vous retrouvez inévitablement un cran ou deux au-dessus, en termes de prix, par rapport aux pays que vous considérez comme concurrents. Dans ces conditions, alors que les habitudes de consommation des gens ont déjà changé, qu'ils sont déjà touchés par la crise économique, si en plus vos prix leur paraissent élevés, vous reculez inévitablement encore plus. » Enfin, un autre facteur vient fragiliser les liens commerciaux avec l'Afrique. Hors micro, une Tchadienne responsable d'un « kargo » confie subir une intensification des contrôles policiers et des arrestations. La Turquie a durci sa politique migratoire, une évolution qui, selon elle, contribue aussi au recul des échanges. À lire aussiVolkan Isiksi (Turquie): «On veut subvenir aux besoins de nos amis africains qui nous font la demande»
En Côte d'Ivoire, le secteur avicole emploie plusieurs milliers de personnes. Le ministère des Ressources animales et halieutiques estime que 95% des besoins sont couverts, même si des efforts doivent encore être fournis afin d'éviter la dépendance avec l'importation d'œufs à couver. De notre correspondante en Côte d'Ivoire, Entre 2010 et 2024, la production de viande de volaille est passée de 23 000 à 114 000 tonnes, selon l'Ipravi, l'interprofession avicole de Côte d'Ivoire. « Au plan économique et social, la filière avicole représente un chiffre d'affaires de 450 milliards de francs CFA en 2024 contre 80 milliards en 2010 », affirme Sylvain Gotta, le président de l'Ipravi. Cette filière génère près de 300 000 emplois directs et indirects en 2024, d'après les données de cette organisation. « Ce secteur couvre les besoins des Ivoiriens, qui consomment 5 kg de viande de volaille par habitant et par an », soutient le président de l'Ipravi. Soutien de l'État à la filière On part pourtant de loin, puisque les producteurs se sont longtemps heurtés à des problèmes de formation. Ou encore à des difficultés d'accès au marché, car il était auparavant dominé par les poulets importés d'Europe. Mais depuis 2000, le gouvernement a mis en place une politique de compensation pour réduire la concurrence avec les produits importés. « Cette politique se matérialise notamment par une taxe. Les ressources tirées de cette manne sont réinjectées dans l'accompagnement des producteurs locaux », explique Gouebini Dougnon, le directeur de cabinet adjoint au ministère des Ressources animales et Halieutiques. « Cela a créé de la place pour les producteurs locaux, qui ont pu accéder au marché », poursuit cette source. De son côté, le secteur privé s'est engagé à investir également dans la filière. Pour autant, certains aspects peuvent encore être améliorés. « La filière est devancée par la viande de brousse et la viande bovine : il faudrait encore encourager la consommation de volaille par habitant », reconnait un acteur du secteur. Autre interrogation : le recours encore élevé aux OAC, les œufs à couver, issus de l'importation. Près de 60% des acteurs de la filière sont concernés, indique l'Interprofession avicole. « Le prix des poussins a augmenté : il est passé de 480 à 650 francs CFA par tête », explique Pétré Fabiola, responsable technique de la ferme Kloklo Premium. « Il n'y a pas assez de poussins et souvent, on se retrouve avec des poussins de moindre qualité », regrette cette responsable. « Pour être autosuffisant, préconise cette entrepreneure, il faut former les jeunes à la génétique afin de travailler sur des races de volailles purement locales ». D'après le ministère des Ressources animales, plusieurs projets sont en cours pour développer des fermes d'élevage de reproducteurs d'ici à 2030. Un projet dans lequel le secteur privé promet d'augmenter ses investissements, indique Sylvain Gotta, le président de l'Interprofession avicole. À lire aussiÀ Abidjan, une grande exposition de friperie illustre cette tendance vestimentaire grandissante en Côte d'Ivoire
Le Maroc a infléchi sa politique d'importation et d'exportation pour favoriser la consommation de produits locaux. Une réforme déjà engagée en 2019 et renforcée après la crise du Covid. Mais pour l'heure, la dépendance vis-à-vis de l'extérieur demeure en produits manufacturés, y compris pour une partie des matières premières agricoles. Le Maroc a souhaité freiner les importations pour réduire son déficit commercial en mettant en place, comme d'autres pays, des conditions sur les importations et des droits de douane protectionnistes. Ce qu'il fait traditionnellement, par exemple, sur les céréales, en fermant son marché à l'importation pour protéger l'offre locale. Cependant, les épisodes de sécheresses ont fait chuter de 40 % la production de blé tendre, de blé dur et d'orge. Et le pays s'est retrouvé contraint d'importer massivement, et même de subventionner les importations de blé tendre. Pendant de cette stratégie, le contrôle de l'exportation comme dans la filière olive. Utilisées pour la cuisine ou pour embellir la peau et les cheveux, l'huile d'olive et les olives de tables sont très prisées localement, mais également à l'étranger. Le Maroc est classé dans le top 10 des producteurs d'huile d'olive. Cependant, il est nécessaire pour Rabat de maintenir sa disponibilité et à un prix correct sur son marché. Il y a deux ans par exemple, les autorités, anticipant une mauvaise récolte, ont décidé de limiter les exportations en les soumettant à des licences. Une mesure renouvelée l'année dernière à la demande de l'interprofession. L'objectif, explique son président : servir le marché national en priorité et réguler les prix. Avec plus ou moins de réussite, convient-il. Des restrictions qui devraient être levée cette année, les prévisions de récolte sont au vert. Dans le même esprit, en février, les ventes de tomates, oignons et pommes de terre vers l'Afrique de l'Ouest ont été temporairement stoppées pour contrer la flambée des prix. Mais ce qui démarque le plus le Royaume chérifien dans ce domaine, c'est la création en 2020 d'une banque dédiée aux projets de substitution aux importations. Une « war room » a même été mise en place pour accompagner les porteurs de projets. Plus de 1 900 projets industriels ont été identifiés dans le cadre de ce programme, dont près de 500 dans l'alimentaire qui peuvent influencer les matières premières locales. Par exemple, le Maroc est l'un des leaders mondiaux de l'agrume. Des records de production et d'exportation ont été atteints lors de la dernière saison. Pourtant, pour sa consommation locale, le Maroc importe massivement des concentrés de l'étranger. Les raisons : une production locale peu adaptée pour les jus, et un coût à l'importation moins élevé que la production locale. À lire aussiMaroc: la pluie, don du ciel pour l'agriculture et le pouvoir d'achat
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président américain Donald Trump ont conclu un accord imposant 15% de taxes sur la plupart des produits européens importés aux États-Unis. Bien en deçà des 30% prévus jusqu'ici. L'accord a été arraché à cinq jours de la date butoir du 1er août, préalablement fixée par M. Trump. Ce deal qui a été conclu en Écosse, sur les terrains de golf du président américain, a suscité une vague de réactions politiques à l'échelle européenne. L'analyse de Jérémy Ghez, professeur d'économie et d'affaires internationales à HEC Paris Business School. Auteur de La dernière des Américaines. Chroniques d'un monde parallèle, Éditions L'Harmattan.
« On a montré notre faiblesse face à la force brute » : commentaire désabusé d'un diplomate européen cité ce matin par Libération à Paris, après l'accord commercial conclu dimanche entre l'Union européenne et les États-Unis. « Politiquement, ce n'est pas glorieux, poursuit-il. On peut légitimement se demander à quoi sert une Union européenne incapable d'obtenir mieux que le Japon ou le Royaume-Uni, ce qui donnera des armes aux partis eurosceptiques », comme le souhaite Trump. Et à l'instar de ce diplomate, la presse européenne fait grise mine ce matin. « Droits de douane : l'Europe limite la casse à 15 %, mais la loi du plus fort l'a emporté », soupire Le Soir à Bruxelles. « Donald Trump menaçait depuis le 11 juillet d'infliger aux Européens une taxe douanière mortifère de 30 %, d'ici vendredi prochain, le 1er août. Et plus encore, si l'Europe devait avoir l'outrecuidance de riposter. Les exportateurs européens s'en sortent avec la moitié : 15 %, sauf exceptions. Mais le deal est inégal, souligne le quotidien belge : l'Union européenne ouvre grand ses marchés (aux exportations américaines), avec 0 % de droits de douane ». Coup dur pour les exportations européennes « Il n'y a guère lieu de se réjouir de l'accord conclu hier en Écosse entre l'Union européenne et les États-Unis, renchérit La Repubblica à Rome. Les droits de douane sont certes inférieurs aux 30 % que Trump avait menacé d'instaurer, mais le coup porté à l'économie européenne se fera sentir. (…) En fin de compte, les 530 milliards de dollars de biens européens (dont 65 milliards italiens) exportés chaque année vers les États-Unis seront soumis à une surtaxe sans précédent de 15 %. Ce sera un coup dur pour nos exportations, et il est inutile de le minimiser ». Die Welt à Berlin grimace également : « compte tenu du niveau des droits de douane américains sur les produits européens avant la seconde présidence de Trump, l'accord paraît peu encourageant : depuis l'an 2000, le taux moyen était d'environ 2 %. 15 % représentent donc une augmentation spectaculaire. Cela devrait couter à l'Allemagne 0,13 point de croissance annuelle ». Trop de divergences au sein de l'UE Finalement, relève Le Monde à Paris, « entre deux maux, les Vingt-Sept ont choisi celui qui leur semblait le moindre : un compromis déséquilibré au profit des États-Unis plutôt que le risque d'une guerre commerciale de grande ampleur dont nul ne pouvait prédire l'issue ». En fait, poursuit le quotidien français, « face aux bravades de Trump, les Vingt-Sept ont divergé sur la réponse à apporter. Quelques pays, dont la France, estimaient qu'il fallait engager le rapport de force. Mais de nombreux autres voulaient éviter l'affrontement. Certains pour des raisons économiques. (…) D'autres, notamment les plus proches géographiquement de la Russie, redoutaient qu'une dégradation des relations commerciales ne s'accompagne d'une accélération du désengagement sécuritaire des États-Unis ». Alors, « la suite ?, s'interroge Le Monde. “Si nous concluons un accord aujourd'hui, ce sera la fin, a promis Donald Trump hier. Il faudra attendre des années avant d'en rediscuter“. Mais les Européens restent sur leurs gardes. Car s'il y a un trait de caractère qu'ils croient avoir discerné chez le successeur de Joe Biden, c'est son imprévisibilité ». À l'Europe de s'adapter En tout cas, tempère Le Figaro, « les règles sont posées. Les entreprises vont donc s'organiser et avancer dans un paysage économique et commercial mondial qui s'éclaircit. D'un côté, une Amérique qui érige des barricades. De l'autre, une Chine qui pratique un dumping massif pour écouler ses excédents. Dans ce contexte, à l'Europe de s'adapter, de rebondir. Si elle veut rester fidèle au libre-échange, elle doit apprendre à se défendre. (…) Et, surtout, l'UE doit se libérer de ses propres blocages, s'exclame encore Le Figaro. Car, tant que ses entreprises seront freinées par une bureaucratie excessive, des normes absurdes et des lenteurs qui découragent l'initiative, elles ne pourront rivaliser. Dans un monde où les rapports de force s'assument, l'Europe n'a plus le luxe de palabrer, de promettre et de tergiverser, conclut Le Figaro. Pour ne pas s'effacer et s'appauvrir, les vieux pays d'un vieux continent doivent réapprendre les règles de la puissance pour résister aux États-Unis et à la Chine ».
La tomate devient un luxe sur les marchés de Lubumbashi et dans les autres grandes villes du sud de la RDC. Son prix a presque doublé en quelques semaines. Il est passé de 45 000 francs congolais, soit 15 dollars pour une caisse de 30 kg à 90 000 francs congolais, équivalant à 30 dollars. Principalement importées de Zambie, en moyenne, 750 camions de tomate en provenance de ce pays frontalier ravitaillent la ville de Lubumbashi chaque mois. Avec notre correspondante à Lubumbashi, Madame Lydie vend des tomates depuis 10 ans au marché de la commune de Kenya, en RDC. Elle, comme des centaines d'autres commerçantes, dépend des cargaisons venues chaque semaine de la Zambie. Mais ces derniers mois, tout a changé. « Avant, j'achetais une caisse de tomates à 25 000 francs congolais. Aujourd'hui, le prix a augmenté, c'est 90 000 ! C'est devenu très compliqué. Si je ne fais pas attention en vendant, je risque de perdre même du capital », témoigne-t-elle. À côté d'elle, Christine pose les tomates sur son étalage, mais les clients se font rares à cause de la flambée des prix : « Le prix varie chaque jour et les clients se plaignent. Ils n'achètent pas. Or la tomate est périssable. Si je n'arrive pas à l'écouler dans le courant de la journée, c'est perdu. » La commune de Kenya est le principal lieu de négoce de la tomate à Lubumbashi. Selon le service de l'agriculture, la région du Sud-Katanga importe de la Zambie environ 22 500 tonnes de tomate par mois. Mais depuis le mois de juin, ce fruit se fait rare pour des raisons climatiques, déclare Jean-Marie Mwamb, l'inspecteur de l'agriculture à la commune de Kenya : « C'est juste la saison qui n'est pas favorable à la culture de la tomate puisqu'elle ne supporte pas le froid. Au cours des années précédentes, il y avait aussi la rareté de la tomate et les causes étaient notamment des tracasseries à la frontière. » Dépréciation du kwacha et tracasseries En plus de ce problème saisonnier, la dépréciation de la monnaie zambienne, le kwacha, les frais douaniers et les tracasseries à la frontière aggravent la situation. David Mpolo est un importateur rencontré devant son camion de tomates : « Aujourd'hui, 100 dollars valent 2,3 millions de kwacha. Au mois d'avril, on changeait 100 dollars à 1,5 million de kwacha. Cela a un impact sur le prix. Avant, le prix d'une caisse de tomates variait entre 35 000 et 45 000 francs congolais. Aujourd'hui, nous vendons à 90 000, voire 100 000 francs congolais. » Pour faire face à cette crise, la solution est dans la production locale, assure de son côté l'Association des agriculteurs sans frontières. « Il faut doter les agriculteurs de serres, car elles coûtent cher. Une serre se vend à 5 000 dollars. Donc, il faut un appui financier et une formation accélérée aux agriculteurs », réclame Alexis Mbumb, son président. La flambée du prix de la tomate remet sur la table la question de la politique agricole de la RDC afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des pays voisins. À lire aussiRDC: colère des transporteurs à la frontière zambienne
« L'autosuffisance en riz est à la portée du Sénégal », a affirmé le président Bassirou Diomaye Faye mi-juin, lors d'une visite dans la région rizicole du nord du pays. Mais si la production a augmenté au Sénégal, le pays est toujours loin de son objectif d'autosuffisance, malgré un programme national lancé dès 2008. De notre correspondante à Dakar, Un sénégalais consomme en moyenne 100 kg de riz par an. Aliment de base de tous les plats, la pression est donc particulièrement forte sur cette céréale. Si la production a augmenté dans les principales zones de culture ces dernières années : le long du fleuve Sénégal, au nord du pays, au sud, en Casamance et au Sine Saloum, la production a triplé en 10 ans, passant de 469 000 tonnes en 2012 à 1,5 million de tonnes, selon les chiffres officiels. Cela reste néanmoins largement en deçà des besoins du Sénégal. Le pays importe toujours 60 % de son riz d'Asie, 40 % seulement étant produit localement. Des coûts de production élevés Le manque de matériel de récolte, un accès inégal aux intrants et une production de riz encore insuffisamment mécanisée avec beaucoup de petites exploitations favorisent des coûts de production élevés au Sénégal. Un déficit d'aménagements pour l'irrigation fluviale aussi et des crédits bancaires qui arrivent tardivement, ajouté à une faible structuration des circuits de transformation et de commercialisation. Tout cela impacte les rendements et la compétitivité du riz sénégalais, face à la céréale importée d'Asie. Enfin, ces dernières années, le changement climatique a ajouté des contraintes supplémentaires à la filière du riz, avec des pluies précoces qui noient les champs. En 2023, dans la vallée du fleuve, les cultivateurs ont dû faire venir des moissonneuses-batteuses à chenille de Mauritanie pour récolter leurs parcelles inondées. Le potentiel du Sénégal encore sous-exploité Cette année, le gouvernement a promis d'aménager 10 000 hectares supplémentaires pour l'exploitation du riz. Car les terres sont là. Pour le coordonnateur du programme national d'autosuffisance en riz, Wally Diouf, la clef ce sont les ressources allouées au secteur et la constance : « Systématiser l'aménagement de nouvelles terres, mais aussi la distribution de tracteurs, de matériel agricole et de semences », détaille-t-il. Fixé pour 2017, puis 2019 et enfin 2030 : le coordonnateur de ce programme national appelle à faire « beaucoup plus et plus vite pour tenir l'objectif du doublement de la production » et de la souveraineté alimentaire dans cinq ans. À lire aussiKayar, petit village de pêcheurs devenu grand
Dans le supplément de ce samedi, direction l'Inde pour suivre la Kumbh Mela, pèlerinage qui pourrait être le plus grand rassemblement religieux de l'humanité, entre démesure et défi organisationnel pour son plus fervent promoteur, Narendra Modi. Puis, en deuxième partie, nous allons au Brésil voguer avec les derniers transporteurs de marchandises en voiliers traditionnels, moyen de transport qui tend à disparaître... (Rediffusion) La Kumbh Mela, grand-messe mystique, grands jeux politiques C'est un festival attendu depuis 144 ans. Ce sont les astres qui définissent le calendrier. Nous sommes en Inde et, depuis le 13 janvier, la Maha Kumbh Mela se poursuit sur les berges du Gange. Pour les fidèles hindous, durant 45 jours, se baigner dans le fleuve sacré, c'est l'assurance de sortir du cycle maudit des réincarnations. Il s'agirait du plus grand rassemblement de l'humanité. En tout cas, si on en croit Narendra Modi qui, depuis 2014, se pose en grand promoteur de l'hindouisme. Le Premier ministre indien a voulu en faire le plus démesuré, mais également le plus propre et le plus technologique des pèlerinages. Il y a la foi… mais cette Kumbh Mela, c'est aussi une gigantesque vitrine idéologique. ► « La Kumbh Mela, grand-messe mystique, grands jeux politiques », un Grand Reportage de Côme Bastin. Brésil : le transport de marchandises en voilier traditionnel, à bout de souffle Ils sont les derniers survivants d'une époque révolue. Dans la baie de Salvador de Bahia au Brésil, les Saveiros voguent toujours. Mais ils sont les derniers voiliers traditionnels en bois, à acheminer des matériaux de construction vers des rives difficilement accessibles. Ils ne sont plus qu'une dizaine à convoyer pierres, graviers et sable, à la force du vent. Ils étaient plus d'une centaine, il y a environ 60 ans, approvisionnant Salvador, la capitale régionale en produits agricoles. Routes et ponts ont eu raison de ce trafic. Et, au désintérêt général, s'ajoute l'impossibilité pour les charpentiers de marine de trouver les arbres nécessaires à l'entretien des bateaux. ► « Brésil : le transport de marchandises en voilier traditionnel, à bout de souffle », un Grand Reportage de Quentin Bleuzen.
Washington et Tokyo ont scellé, mardi 22 juillet, un nouvel accord commercial qui réduit les taxes douanières sur certains produits japonais, notamment les automobiles. Si les marchés saluent cette avancée, des tensions persistent sur l'acier, l'aluminium et le riz. L'annonce a été faite dans la nuit : les États-Unis et le Japon ont signé un accord commercial qualifié d'« énorme » par Donald Trump. En jeu : la réduction des droits de douane imposés aux produits japonais, notamment automobiles, qui passent de 25% à 15%. Une bouffée d'oxygène pour le Japon, quatrième économie mondiale, très dépendant de ses exportations vers les États-Unis. Washington, de son côté, consolide un partenariat avec un allié clé en Asie. Ce compromis était crucial pour les deux parties, tant les échanges commerciaux entre les deux pays sont fondamentaux à leur équilibre économique respectif. Pour Washington, il s'agit aussi de corriger une balance commerciale déficitaire. À lire aussiLe Japon pris en étau entre les États-Unis et la Chine L'automobile japonaise en tête des bénéficiaires Au cœur de l'accord : l'industrie automobile. Un tiers des exportations japonaises vers les États-Unis concerne ce secteur. La baisse de 10 points de taxe douanière est une excellente nouvelle pour les constructeurs nippons. Les marchés ne s'y sont pas trompés : la Bourse de Tokyo a bondi à l'ouverture, et les actions de Toyota, Honda ou Nissan sont toutes orientées à la hausse. Toyota enregistre même une progression de 15% depuis l'annonce. Cette décision permet aux constructeurs japonais de conserver leur compétitivité sur le marché américain, où chaque point de taxe représente plusieurs milliers de dollars par véhicule. Un soulagement important dans un contexte mondial incertain. Riz américain et tensions persistantes À lire aussiDroits de douane: entre le Japon et les États-Unis, des «progrès» mais pas encore d'accord Mais tout n'est pas réglé. Si le riz américain pourrait désormais pénétrer le marché japonais pour pallier une production nationale insuffisante, ce sujet reste sensible. Le riz est un symbole culturel et économique fort au Japon, et l'idée d'importer des produits étrangers inquiète les producteurs locaux. Autre sujet d'achoppement : l'acier et l'aluminium. Ces deux matières premières restent taxées à hauteur de 50%, preuve que l'accord commercial n'est que partiel. Enfin, ce compromis survient à un moment politiquement délicat au Japon : affaibli par des pertes électorales, le Premier ministre aurait utilisé la conclusion de l'accord comme ultime carte avant d'annoncer sa démission. Cet accord, fruit de la méthode musclée de Donald Trump, marque une nouvelle étape dans sa stratégie commerciale. Après le Japon, Washington poursuit ses négociations avec l'Union européenne et la Chine.
À neuf jours de l'entrée en vigueur des droits de douanes, Donald Trump a annoncé la conclusion d'un accord « énorme » avec le Japon qui a accepté de nouvelles taxes sur l'automobile, en échange d'un accès élargi au marché américain. Alors que le président américain multiplie les offensives douanières, l'UE est menacée de droits de douane de 30% faute d'accord avant le 1er août et réfléchit à une batterie de contre-mesures. La Chine appelle à une résolution des différends commerciaux par un « dialogue équitable », avec les États-Unis, alors que les deux pays doivent négocier à nouveau dans les prochains jours. L'analyse de Lionel Fontagné, directeur de l'Institut des politiques macroéconomiques et internationales (l'i-Mip), associé à l'École d'Économie de Paris.
Le groupe pétrolier américain Chevron a finalisé l'acquisition de la compagnie Hess pour près de 60 milliards de dollars. Un rachat qui dépasse largement le cadre financier. Il redéfinit les équilibres énergétiques, renforce la position des États-Unis et propulse le Guyana, en Amérique du Sud, au rang de futur géant pétrolier, grâce à ses gisements offshores. C'est l'un des plus gros rachats du secteur énergétique de ces dix dernières années. Chevron, numéro deux du pétrole américain, a racheté la société Hess pour environ 60 milliards de dollars. Derrière cette opération titanesque, il ne s'agit pas simplement d'une fusion parmi d'autres, mais bien d'une manœuvre stratégique vitale pour Chevron, dont les réserves déclinaient dangereusement. En rachetant Hess, bien plus petite, Chevron met la main sur un tiers du gisement offshore géant de Stabroek, au large du Guyana. Un champ pétrolier qualifié de nouvel eldorado, avec plus de 11 milliards de barils enfouis sous les eaux. À titre de comparaison, cela représente l'équivalent de la consommation annuelle de pétrole de la France pendant vingt ans. La production actuelle est déjà de 650 000 barils par jour, et devrait atteindre 1,2 million d'ici à 2027, soit 1 % de l'offre mondiale. À lire aussiLe Guyana, nouvel eldorado du pétrole Le Guyana, nouvel acteur-clé du pétrole mondial Grâce à ce gisement, Chevron retrouve une visibilité de production au-delà de 2030. Mais l'impact dépasse le cadre de l'entreprise. Pour les États-Unis, l'accès à un pétrole proche, hors des quotas de l'OPEP+, représente un atout stratégique majeur. Pour le Guyana, petit pays coincé entre le Venezuela et l'Atlantique, l'enjeu est colossal : il devient l'un des nouveaux poids lourds du pétrole mondial. Si l'on rapporte les réserves à sa population, elles sont comparables à celles de l'Arabie saoudite. Le pays est désormais au cœur d'un dispositif énergétique mondial, qui pourrait transformer durablement son économie, à condition de bien gérer cette manne. Pétrole contre climat : un équilibre fragile Mais ce rachat massif n'est pas sans controverse. Alors que les appels à la transition écologique s'intensifient face à l'urgence climatique, Chevron investit dans le fossile pour extraire davantage de pétrole. Un signal jugé contradictoire par certains observateurs. Les majors pétrolières, elles, avancent un argument : le pétrole extrait au Guyana serait moins polluant grâce aux techniques modernes et permettrait de financer des investissements dans le renouvelable. Reste que dans cette course au pétrole du futur, entre logiques industrielles, géopolitiques et contraintes climatiques, c'est un nouvel équilibre énergétique mondial qui se redessine sous nos yeux. À lire aussiInvestir dans le renouvelable ou pas, le dilemme des compagnies pétrolières
Le 24 juillet 2025 est prévu, à Pékin, un sommet entre la Chine et l'Union européenne, initialement planifié pour célébrer le 50è anniversaire des relations diplomatiques entre les deux blocs. Le climat est tendu. Alors que l'agressivité commerciale de Donald Trump aurait pu encourager un rapprochement prudent entre Pékin et Bruxelles, c'est le contraire qui se passe. Les points de convergence sont quasi-inexistants, mais les litiges foisonnent. Sur le plan commercial d'abord avec une relation économique gravement déséquilibrée en faveur de Pékin et un environnement des affaires en Chine qui s'est largement politisé au fil des ans. Récemment et tandis que l'UE fait face à un déficit commercial énorme de 357 milliards de dollars avec la Chine, la présidente de la Commission européenne a accusé Pékin d'inonder le marché mondial avec une surcapacité subventionnée et d'utiliser sa position dominante sur les terres rares comme une arme. Il y a aussi les tensions géopolitiques mondiales : l'alignement de Pékin sur les vues de la Russie en Ukraine, son soutien à l'Iran au Moyen-Orient, ses claires intentions à l'égard de Taiwan, ses prédations économiques en Europe et en Afrique, son expansion maritime en mer de Chine. Que peut-on attendre de ce sommet ? Jusqu'où peut aller l'escalade commerciale ? L'Europe est-elle en mesure d'imposer une ligne commune vis-à-vis de la Chine ? Et quelles sont les marges de manœuvre dans un monde de plus en plus polarisé ? Regard avec nos invités : Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman Laurent Malvezin, chercheur associé à l'Institut Thomas More en charge de la Chine Marc Julienne, directeur du Centre Asie de l'IFRI, l'Institut Français des Relations Internationales.
Droits de douane, politiques sociales des entreprises, réseaux sociaux des étudiants… l'administration des États-Unis cherche à exercer un contrôle multiforme sur les pays de l'UE. En Allemagne, comme dans le reste de l'UE, les entreprises qui ne répondent pas aux exigences politiques de Donald Trump sont dans le viseur - par exemple celles qui favorisent la diversité sociale, ou encore défendent les droits LGBT. À Berlin, la communauté organise le 26 juillet une des plus grandes gay pride d'Europe, comme tous les ans. Mais cette année, ses organisateurs ont du mal à boucler le budget car de nombreux sponsors ont fait faux bond. Sur cette bataille culturelle, le reportage de Salomé Hénon-Cohin. En Irlande, des étudiants s'interrogent : aux États-Unis, la liberté d'expression - qui est un fondement de la démocratie américaine - est-elle encore garantie ? Les jeunes Irlandais qui souhaitent traverser l'Atlantique pour un job d'été ou pour s'inscrire à l'université sont désormais soumis à un contrôle approfondi de leurs activités sur les réseaux sociaux. De ce contrôle, dépend leur droit à entrer sur le territoire. Et même si Washington a repris l'examen des demandes de visas étudiants, après la suspension de fin juin, ces jeunes sont de plus en plus nombreux à renoncer à leur voyage. À Dublin, les explications de Clémence Pénard. La recrudescence des IST inquiète. En Europe, elles sont devenues une préoccupation de santé publique : début 2025, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies alertait sur leur rapide augmentation avec dans certains cas des hausses de 30 à 45% sur un an. À Vienne, la capitale autrichienne, une exposition se propose de sensibiliser la population à la question. Cela se passe au musée d'Histoire naturelle qui profite de ses anciennes collections médicales, âmes sensibles s'abstenir... Le reportage de Céline Béal. L'écrivain russe Boris Akounine condamné par contumace lundi à 14 ans de prison par un tribunal militaire. Critique du pouvoir, opposé à l'invasion de l'Ukraine, le romancier qui vit en exil depuis plus de 10 ans, est notamment accusé de justifier le terrorisme. Les explications de Denis Strelkov de la rédaction russe de RFI.
Droits de douane, politiques sociales des entreprises, réseaux sociaux des étudiants… l'administration des États-Unis cherche à exercer un contrôle multiforme sur les pays de l'UE. En Allemagne, comme dans le reste de l'UE, les entreprises qui ne répondent pas aux exigences politiques de Donald Trump sont dans le viseur - par exemple celles qui favorisent la diversité sociale, ou encore défendent les droits LGBT. À Berlin, la communauté organise le 26 juillet une des plus grandes gay pride d'Europe, comme tous les ans. Mais cette année, ses organisateurs ont du mal à boucler le budget car de nombreux sponsors ont fait faux bond. Sur cette bataille culturelle, le reportage de Salomé Hénon-Cohin. En Irlande, des étudiants s'interrogent : aux États-Unis, la liberté d'expression - qui est un fondement de la démocratie américaine - est-elle encore garantie ? Les jeunes Irlandais qui souhaitent traverser l'Atlantique pour un job d'été ou pour s'inscrire à l'université sont désormais soumis à un contrôle approfondi de leurs activités sur les réseaux sociaux. De ce contrôle, dépend leur droit à entrer sur le territoire. Et même si Washington a repris l'examen des demandes de visas étudiants, après la suspension de fin juin, ces jeunes sont de plus en plus nombreux à renoncer à leur voyage. À Dublin, les explications de Clémence Pénard. La recrudescence des IST inquiète. En Europe, elles sont devenues une préoccupation de santé publique : début 2025, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies alertait sur leur rapide augmentation avec dans certains cas des hausses de 30 à 45% sur un an. À Vienne, la capitale autrichienne, une exposition se propose de sensibiliser la population à la question. Cela se passe au musée d'Histoire naturelle qui profite de ses anciennes collections médicales, âmes sensibles s'abstenir... Le reportage de Céline Béal. L'écrivain russe Boris Akounine condamné par contumace lundi à 14 ans de prison par un tribunal militaire. Critique du pouvoir, opposé à l'invasion de l'Ukraine, le romancier qui vit en exil depuis plus de 10 ans, est notamment accusé de justifier le terrorisme. Les explications de Denis Strelkov de la rédaction russe de RFI.
Le Processus de Kimberley (PK), adossé à l'ONU, a été créé en mai 2000 du constat de conflits importants sur le continent africain liés ou alimentés par la production du diamant. À l'époque, particulièrement en Angola et en Sierra Leone. Près de 25 ans plus tard, le dernier embargo sur la vente de diamants qui était imposé à la Centrafrique est levé. Dans un récent rapport, the International Peace Information Service (IPIS) s'interroge sur l'avenir de ce Processus. L'IPIS est très critique quant aux résultats obtenus par l'embargo en Centrafrique. Pour le chercheur Hans Merket rédacteur du rapport, sa levée pose en plus la question de son avenir. « On peut se demander aujourd'hui quelle est encore la responsabilité du Processus de Kimberley, s'il n'a pas été capable d'avoir un impact positif dans le seul pays où elle reconnaît encore des diamants de conflit ? Qu'est-ce qu'on peut encore attendre du PK dans d'autres circonstances ? », se questionne le chercheur. « Pour le PK, la levée de l'embargo veut aussi dire que, aujourd'hui, il ne reconnaît pas de diamants de conflits ailleurs au monde. Et donc ça reste un système assez coûteux, assez intensif. On a des réunions deux fois par an pour une semaine, avec deux cents représentants des différents pays. Mais pour discuter quoi encore ? Donc, je pense que ça, c'est vraiment une question qu'on doit se poser, quelle est encore la pertinence et le futur de ce système et de ce Processus de Kimberley ? », s'interroge Hans Merket. Le Processus de Kimberley réunit les représentants des États, de l'industrie du diamant et de la société civile. Jimmy Hamuli est le point focal Afrique centrale de la Coalition de la société civile du Processus de Kimberley : « Aujourd'hui, on peut dire que le PK a contribué à réduire les financements des groupes armés par les diamants. Mais on ne peut pas dire complètement que le PK a éradiqué tous les conflits dans le secteur du diamant ». À lire aussiCentrafrique: malgré la levée de l'embargo, le diamant peine à briller Élargir la définition du PK ? Pour la société civile, le processus de Kimberley a encore toute sa raison d'être si les définitions et critères du PK sont élargis. La coalition a d'ailleurs fait des propositions en ce sens. « Nous voulons que la définition ne se limite pas seulement aux diamants de conflit, mais qu'elle aille plus loin, qu'elle considère toutes les questions liées aux acteurs et aux actes qui sont posés par ces acteurs dans le secteur du diamant. Nous avons tous les types d'acteurs armés et non armés, étatiques et non étatiques. Cela ne permet pas d'être sûr que les diamants issus des zones où ces acteurs sont présents ne sont pas entachés par des conflits », détaille Jimmy Hamuli. « Le Processus de Kimberley, je pense, devrait jouer ce rôle de prévention. En dehors des guerres, il y a toutes formes de violations des droits humains, des tueries, des violations des droits environnementaux des communautés qui doivent être en tout cas prises en compte dans la nouvelle définition », estime le représentant de la coalition. À Rio, les Brics ont réaffirmé leur soutien au Processus de Kimberley. Ils affirment vouloir poursuivre leur examen de mécanismes pour promouvoir le développement durable du commerce de diamants, mais également de « métaux précieux ». À lire aussiLe secteur du diamant s'unit pour redorer l'image des pierres naturelles
Le Processus de Kimberley a levé son dernier embargo sur le diamant en Centrafrique en novembre 2024 (après une levée partielle en 2016). Une victoire politique pour les autorités de Bangui qui dénonçaient une restriction injuste sur des ressources importantes pour le pays. Si la levée de l'embargo devrait permettre cette année de dépasser les 112 000 carats produits l'an passé, affirment les autorités. Cependant, un récent rapport de l'International Peace Information Service (IPIS) souligne que la levée des restrictions ne signifie pas nécessairement une reprise massive du secteur. Difficile dans le secteur de trouver des interlocuteurs qui acceptent de parler au micro. Ce revendeur de diamants a accepté de témoigner de manière anonyme. Il explique comment l'embargo a affecté ses activités. « Nous nous étions tout réorganisés dans le travail de l'or. La levée de l'embargo a permis la reprise de nos activités de diamant dans toutes les zones, sauf que le prix actuel du marché et le manque de financement direct auprès des artisans par les bureaux d'achat de diamants démotive les artisans. Il faut aussi reconnaître que la présence des troupes de Wagner donne peur aux financiers de nous accompagner. Aujourd'hui, il est nécessaire de relancer le secteur par l'entremise des bureaux d'achat qui doivent accompagner les collecteurs et les artisans miniers », partage-t-il avec nous. Avec l'embargo, les artisans miniers ont été contraints de travailler avec les groupes armés ou les réseaux illicites, soit de se tourner vers d'autres activités comme la production de l'or. Faute de mesures incitatives et des prix sur le marché au plus bas, le diamant aujourd'hui peine à retrouver de son brillant. « On a vu que les acteurs formels dans le commerce de diamants ont eu beaucoup de difficultés à entrer en compétition avec ces réseaux illicites qui ont beaucoup d'avantages comparés à eux. Ils ne doivent pas payer de taxes, ils ont aussi des connexions, des réseaux logistiques qui ont été très bien établis », explique Hans Merket chercheur à l'IPIS et auteur de ce rapport. « Et donc on voit encore aujourd'hui que même avec la levée de l'embargo, cela reste encore très compliqué et difficile pour les acteurs licites dans le commerce de rattraper et de trouver des opportunités sur le marché », affirme-t-il encore. À lire aussiCentrafrique: la levée totale de l'embargo sur les diamants décidée par le Processus de Kimberley « L'État travaille pour pouvoir soutenir ce secteur » Les autorités se disent conscientes de cette problématique et cherchent à relancer le secteur. « Pour ramener les gens dans le diamant, c'est un peu plus difficile. Nous avons prévu d'ici le mois d'août, si tout se passe bien, d'organiser une semaine de l'artisanat minier. Nous comptons, au niveau de l'État, mobiliser des ressources, mais aussi intéresser le secteur privé. Non seulement nous travaillons à l'industrialisation du secteur, mais vous savez que l'artisanat minier fait vivre 500 à 800 000 personnes. Et donc l'État travaille pour pouvoir soutenir ce secteur-là. Donc, cette activité permettra à l'État de mettre quelques moyens matériels, quelques équipements à la disposition de ces artisans miniers-là, ce qui permettrait, à n'en point douter, de relancer la production », assure le ministre centrafricain des Mines, Rufin Benam Beltoungou. Les autorités disent également étudier l'attribution de permis d'exploitation semi-industriels. Mais l'IPIS souligne des opérations de contrebande « profondément enracinées, soutenues par la collusion des élites de l'État ». Il faudra donc une bonne dose de volonté politique, note l'institut de recherche, pour que les carats du diamant bénéficient de nouveau à l'économie du pays. À lire aussiCentrafrique: Bangui présente l'un des plus gros diamants jamais découverts dans le pays
On va parler ce soir du Grand méchant loup du commerce mondial, le président américain Donald Trump qui bat le chaud et le froid sur ses fameux nouveaux droits de douane annoncés en avril 2025. Cette semaine, il annonce un délai pour certains jusqu'au 1er août 2025, mais pour d'autres, le couperet tombe déjà. C'est le cas du Brésil et la note est salée, hausse de 50% des taxes sur ses exportations aux États-Unis. Et ce qui choque le plus, ce sont les raisons ouvertement politiques de cette hausse des taxes. Avec nos confrères de RFI : Lucia Muzell de la rédaction brésilienne Nasser Etemadi Alagha de la rédaction en persan Asbel Lopez de la rédaction Amérique latine.
C'est l'épée de Damoclès qui continue de peser sur les têtes des partenaires commerciaux des États-Unis. Les droits de douane au cœur du second mandat de Donald Trump, qui peine à les faire entrer en vigueur. Le 7 juillet, le président américain a une nouvelle fois repoussé leur mise en place au 1er août. Objectif : donner le temps aux négociations d'aboutir. Peut-on croire à des accords entre Washington et ses partenaires ? Quelles réussites et échecs de la guerre commerciale lancée au printemps par la Maison Blanche ? Avec : - Rémi Bourgeot, ingénieur, économiste, chercheur associé à l'IRIS - Benjamin Bürbaumer, maître de conférences en Sciences économiques au Centre Emile Durkheim/Sciences Po Bordeaux, auteur du livre Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation (La Découverte).
Donald Trump reçoit depuis ce mercredi 9 juillet cinq chefs d'États africains à Washington. L'occasion d'ouvrir les discussions sur les liens entre les États-Unis et l'Afrique, malmenés depuis le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche. L'Agoa favorise depuis 2000 les exportations africaines vers les États-Unis. Un sujet sur lequel l'Éthiopie fait figure d' « étalon ». Elle a été suspendue de cet accord en janvier 2022, à cause de la guerre au Tigré, avec de lourdes conséquences pour le pays. De notre correspondante à Addis-Abeba, L'Éthiopie pourra-t-elle un jour réintégrer l'Agoa ? La question est cruciale pour le pays, tant les conséquences de sa suspension se font aujourd'hui ressentir. Ahmed Soliman, chercheur au sein du think tank britannique Chatham House, revient sur l'impact de cette décision. « Les secteurs comme le textile, l'industrie du cuir, l'habillement étaient intégrés à l'Agoa via l'export, détaille-t-il. Ils ont été très touchés par une baisse de leur activité, alors que l'Éthiopie avait largement investi ces dix dernières années dans des parcs industriels. Ces parcs industriels ont subi des baisses d'investissement, et environ 18 entreprises étrangères ont cessé leurs activités en Éthiopie. C'est le cas de sociétés importantes comme PVH, qui détient la marque Calvin Klein ». D'après un rapport de la Banque africaine de développement, la suspension de l'Agoa a causé la suppression de près de 10 000 emplois. Durant de nombreuses années pourtant, l'accord commercial avait boosté l'économie éthiopienne, explique Biruk Haregu, chercheur en économie à l'université George Mason. « L'Agoa a été très bénéfique. L'Éthiopie s'en est servie dès 2012 pour développer les produits manufacturés, comme le textile, le prêt-à-porter, les chaussures, les produits en cuir, etc. Elle produisait ces biens et les envoyait sur le marché américain sans payer de droits de douane », rappelle le chercheur. À lire aussiLes États-Unis excluent Éthiopie, Mali et Guinée de l'accord commercial Agoa L'opportunité de chercher d'autres partenaires ? D'après Biruk Haregu, l'Agoa a également permis à 200 000 personnes d'accéder à l'emploi salarié. La suspension en 2022 a donc été un véritable choc. Mais pour Ahmed Soliman, cette situation et l'inquiétude autour du renouvellement de l'Agoa qui arrive à expiration en septembre prochain, pourraient aussi ouvrir de nouvelles perspectives en Afrique. « C'est aussi pour l'Éthiopie et d'autres pays africains, l'occasion d'explorer des alternatives, de diversifier leurs partenariats, et de montrer leurs capacités à négocier en tant que bloc », assure-t-il. Il rappelle également l'élément stratégique que représente par exemple la zone africaine de libre-échange. En 2023, 9,26 milliards de dollars de marchandises ont été exportées dans le cadre de l'Agoa, selon la Commission américaine du commerce international. À lire aussiDroits de douane américains : quelles conséquences pour l'Afrique ?
Alors que la Commission européenne vient de présenter ses objectifs pour le climat, une étude de l'Institut Montaigne met en lumière la forte dépendance de l'Union européenne à la Chine pour les technologies vertes. Un enjeu stratégique alors que l'UE ambitionne la neutralité carbone d'ici 2050. Pour réussir sa transition énergétique, l'Europe doit s'appuyer sur des technologies propres comme les panneaux solaires, les éoliennes ou les batteries. Mais ce n'est pas si simple, puisque la quasi-totalité de ces équipements est importée, en majorité de Chine. Ainsi, 97 % des panneaux solaires, 53 % des éoliennes et 44 % des batteries pour véhicules électriques proviennent de l'Empire du Milieu. Un déséquilibre structurel qui s'explique notamment par la délocalisation passée des productions industrielles européennes vers l'Asie, mais aussi par la compétitivité des prix chinois. Cette dépendance interroge sur la souveraineté industrielle de l'UE, en particulier dans un contexte géopolitique incertain. Une vulnérabilité stratégique Car dépendre d'un seul pays pour des ressources aussi stratégiques, c'est s'exposer à de potentielles pressions. La Chine n'hésite d'ailleurs pas à ajuster ses exportations en fonction de ses intérêts politiques ou économiques. Cette vulnérabilité pousse les autorités européennes à réagir. Face à ce constat, la Commission européenne a lancé plusieurs initiatives législatives pour renforcer l'autonomie industrielle du continent, à commencer par le Net Zero Industry Act et le Critical Raw Materials Act, deux textes entrés en vigueur l'an dernier. Leur objectif : couvrir 40 % des besoins européens en technologies vertes d'ici 2030. Des pistes inspirées d'ailleurs, mais pas sans limites Certains pays comme le Japon ou la Corée du Sud ont amorcé leur sortie de dépendance à la Chine. Ils ont diversifié leurs sources d'approvisionnement et restructuré leurs chaînes de production. Ces stratégies sont citées en exemple dans l'étude de l'Institut Montaigne. Mais elles ne sont pas sans contraintes. La dépendance à certains minerais critiques reste une réalité. Pour l'Europe, il s'agit donc de trouver un équilibre, celui de réduire la dépendance sans se couper totalement de la Chine, tout en assumant le coût d'un retour à une plus grande souveraineté industrielle.
Une étude du cabinet McKinsey révèle les profondes répercussions des mesures douanières américaines sur les échanges internationaux. Alors que la Chine perd du terrain, l'Europe s'impose comme un acteur central dans la nouvelle cartographie commerciale mondiale Depuis le 2 avril, les droits de douane imposés par Donald Trump restent en vigueur. Même s'ils font moins la une de l'actualité, leurs effets sont toujours bien réels. Le cabinet McKinsey vient de publier une étude qui confirme l'impact majeur de ces mesures sur le marché mondial. Initiée par les États-Unis, cette guerre douanière cible en priorité la Chine. Tous les produits fabriqués dans ce pays et importés sur le sol américain sont désormais taxés à hauteur de 30 %. Pour les autres pays, la taxe est fixée à 10 %. Ces règles modifient en profondeur les dynamiques commerciales. Selon McKinsey, une tendance forte se dégage: le « friendshoring ». Cette stratégie consiste à privilégier les échanges avec les alliés géopolitiques. La conséquence, c'est celle-ci, les importations américaines en provenance de Chine ont chuté de 34,5 % depuis le mois d'avril. Face à cette baisse, l'Organisation mondiale du commerce a dû revoir ses prévisions. Au lieu d'une hausse attendue de 2,7 %, le commerce mondial devrait reculer de 0,2 % cette année. Le monde entre ainsi dans une phase de fragmentation économique. À lire aussiPourquoi l'Union européenne veut accélérer les négociations avec Trump? L'Europe, pivot d'un nouvel équilibre mondial Face à la baisse des exportations vers les États-Unis, la Chine redirige sa production vers l'Europe. Paradoxalement, cette guerre commerciale profite donc au Vieux Continent. D'après McKinsey, les pays européens pourraient fournir jusqu'à 55 % du marché mondial d'exportation destiné à remplacer les produits chinois aux États-Unis. En d'autres termes, l'Europe serait en mesure de couvrir un besoin sur deux en produits substituts. Cependant, certains secteurs restent hors de portée. Dans le manufacturier et l'électronique, ce sont les pays d'Asie du Sud-Est qui prennent l'avantage. De leur côté, les consommateurs américains risquent de subir un déficit d'approvisionnement estimé à plus de 100 milliards de dollars. Cela pourrait entraîner des pénuries sur des produits essentiels comme les ordinateurs portables, les smartphones ou les écrans, mais aussi une hausse généralisée des prix. À lire aussiLe reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché Vers une bipolarisation économique ? Cette recomposition des flux commerciaux pourrait dessiner un monde économique à deux vitesses : d'un côté, les pays qui maintiennent des liens avec la Chine ; de l'autre, ceux qui s'en détachent. L'enjeu devient alors de trouver de nouveaux partenaires ou de renforcer ceux déjà établis. Pour l'Europe, cela représente une opportunité majeure : ses exportations vers les États-Unis pourraient augmenter de 200 milliards de dollars. Mais cette dynamique reste à double tranchant. Car la Chine, en se tournant vers l'Europe, y intensifie également sa présence commerciale. Un défi pour les industriels européens, qui doivent jongler entre nouvelle demande américaine et concurrence asiatique accrue.
Retour sur ce vote historique aux États-Unis. Le Sénat a adopté cette semaine, et pour la première fois, un texte régulant les stablecoins. Les stablecoins, ce sont des cryptomonnaies adossées à une devise ordinaire. Ce vote est considéré comme une étape importante pour le développement de cet actif. Avant tout, un petit point de vocabulaire. Alors une stablecoin c'est quoi ? C'est une cryptomonnaie dont la valeur ne varie presque pas, elle reste stable, d'où cette appellation « stablecoin », « une pièce de monnaie stable » si l'on traduit en français. Mais la particularité de cette monnaie virtuelle, d'où sa stabilité, c'est qu'elle est adossée à une devise traditionnelle, le plus souvent le dollar américain. Concrètement, si vous détenez un jeton de stablecoin, vous détenez un dollar. Chaque jeton étant censé être couvert par un vrai dollar ou un actif très sûr. Quel intérêt d'avoir un stablecoin ? En fait cette cryptomonnaie facilite les échanges. Elle permet d'acheter, de vendre, d'envoyer de l'argent à l'autre bout du monde en quelques secondes, 24h/24h, et c'est important, sans passer par une banque. C'est donc rapide, gratuit, car il n'y a pas de taux de change ni de frais bancaires étant donné qu'on paie et qu'on achète en cryptomonnaie. C'est une valeur sûre, donc pour les entreprises, c'est un outil pour réduire leurs coûts de paiement à l'international. D'ailleurs, Amazon ou Walmart envisagent de lancer leurs propres stablecoins. Et pour les particuliers, c'est plus anecdotique mais c'est une façon de protéger leurs économies contre l'inflation ou les crises bancaires. Un marché stratégique désormais encadré aux États-Unis Aujourd'hui, les stablecoins constituent un marché colossal de 250 milliards de dollars. Et la croissance de ces stablecoins est fulgurante. Il y a à peine cinq ans, cela représentait seulement 20 milliards de dollars. Huit transactions sur dix en cryptomonnaies passent par elles. Et plus impressionnant encore, d'après la Deutsche Bank, leur volume de transaction a dépassé l'année dernière ceux de Visa et de Mastercard réunis. Un intérêt croissant des banques, géants de la tech et États Notamment avec cette régulation aux États-Unis. Puisqu'il faut voir un peu plus loin que la simple transaction. Comme les stablecoins sont généralement basés sur le dollars, et bien ça renforce la domination américaine dans le commerce mondial, domination du dollar même. Et à l'heure où différentes économies entendent s'éloigner du billet vert, cette étape revêt une importance stratégique pour les États-Unis. Mais attention, ce n'est pas sans risque. Les stablecoins sont aussi utilisées pour des activités illégales comme le blanchiment d'argent ou le financement du crime organisé. Et si tout le monde se met à utiliser ces stablecoins au lieu des banques, ça pourrait fragiliser le système financier actuel. C'est précisément pour ces raisons que le Sénat américain a voté cette loi qui impose un cadre clair à cette cryptomonnaie. Avec un double objectif : protéger les consommateurs, et renforcer la place du dollar dans l'économie numérique mondiale. À lire aussiPourquoi les cryptomonnaies attirent-elles la convoitise des criminels?
Alors que la conférence des Nations unies sur les océans bat son plein, le transport maritime, crucial pour le commerce mondial, fait l'objet d'une transformation sans précédent. À l'heure où ce secteur émet autant de CO2 qu'un pays comme l'Allemagne, la transition écologique devient incontournable. Décryptage. Chaque année, près de 90 % des marchandises échangées dans le monde transitent par les mers et les océans. Céréales, pétrole, voitures, vêtements, appareils électroniques, tout voyage par cargo, pétrolier ou porte-conteneurs. Actuellement, environ 90 000 navires commerciaux sillonnent la planète. Mais cette industrie titanesque pèse lourd sur l'environnement. Elle représente à elle seule 3 % des émissions mondiales de CO2. Avec l'augmentation continue du commerce mondial, ces émissions pourraient doubler d'ici 2050 si rien n'est fait. Consciente de cet enjeu, l'Organisation maritime internationale s'est fixée un objectif ambitieux : atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050. Une transition écologique coûteuse et complexe Cette transformation a un prix, jusqu'à 28 milliards de dollars par an, selon les estimations les plus élevées. Une question cruciale se pose alors : qui va financer cette mutation ? Les armateurs, en première ligne, sont incités à investir dans des technologies plus propres. Pour les trajets courts ou moyens, les navires hybrides – combinant fioul et électricité – représentent une piste. Pour les longues distances, les carburants alternatifs comme le bioéthanol ou l'hydrogène sont encore en phase d'expérimentation, freinés par leur coût élevé et leur disponibilité limitée. Mais toutes les solutions ne sont pas universelles. Ce qui fonctionne pour un ferry côtier ne peut pas forcément s'appliquer à un gigantesque porte-conteneurs. Moins vite, moins d'émissions ? Parmi les leviers d'action, la réduction de la vitesse des navires se révèle efficace. Un ralentissement de 10 % permettrait de diminuer les émissions de CO2 de 13 % et de diviser par deux les collisions avec les cétacés. Mais cette solution implique aussi des temps de trajet allongés et donc une hausse des coûts logistiques. L'Europe a d'ores et déjà intégré le transport maritime à son marché du carbone. Tout navire accostant dans un port européen est désormais taxé sur ses émissions, avec des recettes réinvesties dans la décarbonation du secteur. Preuve que la mutation est lancée… mais qu'elle nécessitera des moyens financiers massifs, publics comme privés, pour devenir réalité. À lire aussiTransport maritime: le grand plongeon après les tarifs douaniers américains
La guerre commerciale imposée au monde et à l'Europe par Donald Trump. Les revirements du principal intéressé, et les freins imposés aussi par la justice américaine, ont créé un climat d'instabilité mondiale... et un engouement pour les valeurs refuges comme l'or. La Suisse est une plaque tournante de ce marché. Les deux-tiers de ce métal précieux échangé dans le monde transite ici via quatre usines de transformation. Les exportations de lingots vers les États-Unis n'ont jamais été aussi florissantes... 20 fois plus que les précédentes années pour certains mois, alors que le cours de l'or atteint des sommets. Jérémie Lanche a pu visiter une de ces usines. À Prague, le ministre, les bitcoins et la drogue C'est une tempête qui n'a pas fini de secouer le monde de la politique tchèque à quelques mois des élections législatives... L'épicentre de l'affaire se trouve au ministère de la Justice. Une nouvelle garde des Sceaux Eva Decroix a été nommée à la hâte hier (10 juin 2025) pour prendre la place du démissionnaire Pavel Blazek, embourbé dans un scandale politico-financier mêlant cryptomonnaie et trafic de drogue. À Prague, Alexis Rosenzweig. Le macareux moine victime du réchauffement des océans C'est une des victimes collatérales du dérèglement climatique et du réchauffement des océans. En plein sommet de l'ONU sur les océans à Nice, les naturalistes irlandais tirent la sonnette d'alarme, pour un oiseau emblématique des côtes celtiques... le macareux moine. Un petit oiseau marin reconnaissable à son bec coloré, qui est désormais sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Il pourrait disparaitre d'ici moins de 100 ans. Clémence Pénard est allée en mer pour comprendre pourquoi. La chronique musique de Vincent Théval L'artiste suisse Lea Maria Fries.
La guerre commerciale imposée au monde et à l'Europe par Donald Trump. Les revirements du principal intéressé, et les freins imposés aussi par la justice américaine, ont créé un climat d'instabilité mondiale... et un engouement pour les valeurs refuges comme l'or. La Suisse est une plaque tournante de ce marché. Les deux-tiers de ce métal précieux échangé dans le monde transite ici via quatre usines de transformation. Les exportations de lingots vers les États-Unis n'ont jamais été aussi florissantes... 20 fois plus que les précédentes années pour certains mois, alors que le cours de l'or atteint des sommets. Jérémie Lanche a pu visiter une de ces usines. À Prague, le ministre, les bitcoins et la drogue C'est une tempête qui n'a pas fini de secouer le monde de la politique tchèque à quelques mois des élections législatives... L'épicentre de l'affaire se trouve au ministère de la Justice. Une nouvelle garde des Sceaux Eva Decroix a été nommée à la hâte hier (10 juin 2025) pour prendre la place du démissionnaire Pavel Blazek, embourbé dans un scandale politico-financier mêlant cryptomonnaie et trafic de drogue. À Prague, Alexis Rosenzweig. Le macareux moine victime du réchauffement des océans C'est une des victimes collatérales du dérèglement climatique et du réchauffement des océans. En plein sommet de l'ONU sur les océans à Nice, les naturalistes irlandais tirent la sonnette d'alarme, pour un oiseau emblématique des côtes celtiques... le macareux moine. Un petit oiseau marin reconnaissable à son bec coloré, qui est désormais sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Il pourrait disparaitre d'ici moins de 100 ans. Clémence Pénard est allée en mer pour comprendre pourquoi. La chronique musique de Vincent Théval L'artiste suisse Lea Maria Fries.
Une entreprise automobile française s'apprête à produire des drones en Ukraine pour l'armée ukrainienne, mais aussi pour l'armée française. Un tournant symbolique qui illustre une tendance plus large : la reconversion partielle de l'industrie automobile vers la défense, dans un contexte de tensions géopolitiques et de mutation industrielle. Décryptage. L'annonce, ce week-end, du ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, marque une nouvelle étape dans la diversification industrielle européenne. Un constructeur français, dont le nom reste à confirmer – bien que Renault affirme avoir été approchée – va s'implanter en Ukraine pour produire des drones militaires. Une décision qui n'est pas isolée. Dès 2023, l'Allemagne a vu ses géants de l'auto, Volkswagen et BMW, s'allier à Rheinmetall pour fabriquer des systèmes électroniques embarqués. Ce glissement du civil vers le militaire évoque des précédents historiques, comme celui de Ford fabriquant des chars pendant la Seconde Guerre mondiale.À lire aussiL'Europe se réarme, le secteur de la défense se frotte les mainsDes atouts majeurs pour l'industrie automobileTrois raisons principales émergent pour expliquer ce rapprochement entre deux mondes que tout semble opposer. D'abord, le savoir-faire industriel : les constructeurs automobiles maîtrisent la production de masse, l'assemblage rapide et à bas coût. Ensuite, l'expertise technologique. Les ingénieurs spécialisés dans l'intelligence artificielle ou les systèmes embarqués peuvent transférer leurs compétences vers l'armement. Enfin, la pression économique. Confrontée à la baisse des commandes, à la flambée des coûts et à la concurrence étrangère, l'industrie européenne trouve dans la défense un nouveau relais de croissance.À lire aussiFrance : comment financer les dépenses militaires ?Vers un nouveau complexe industrialo-militaire européenTransformer une usine de voitures en site de production militaire ne va pourtant pas de soi. Les normes de défense imposent des ajustements majeurs, notamment pour l'assemblage des équipements sensibles. Cependant, de nombreuses compétences – notamment en métallurgie – sont transférables. Cette réorientation s'inscrit dans un effort plus large de souveraineté industrielle européenne, porté par un soutien massif des institutions. La Commission européenne prévoit jusqu'à 800 milliards d'euros d'investissements dans la défense. De quoi encourager la naissance d'un nouveau complexe industrialo-militaire, plus agile, interconnecté, et résolument européen.
Réunis en Inde pour leur sommet annuel, les acteurs du transport aérien revoient leurs prévisions pour 2025. Entre tensions commerciales, pressions écologiques et hausse des coûts, les compagnies doivent composer avec un contexte économique nettement moins favorable, malgré une demande toujours soutenue. Décryptage. C'est dans un climat d'incertitudes que les compagnies aériennes mondiales participent, cette semaine à New Delhi, au sommet annuel de l'Association internationale du transport aérien (IATA). Première annonce majeure: les prévisions pour 2025 ont été revues à la baisse, en raison de ce que l'on qualifie de « vents contraires » pour l'économie mondiale. En première ligne, la guerre commerciale relancée par Donald Trump. Depuis avril, les États-Unis imposent une taxe de 10% sur les avions et composants aéronautiques produits hors de leurs frontières. Résultat, Airbus, le géant européen, fait face à des surcoûts lorsqu'il vend à des compagnies américaines. Et son concurrent Boeing n'est pas épargné non plus, en subissant des mesures de rétorsion similaires en Chine et en Europe. Ces tensions impactent directement les compagnies aériennes, qui absorbent ces hausses de coûts, parfois accompagnées de retards de livraison. Cela se traduit par une réduction des vols internationaux et une rentabilité mise à mal.Virage écologique contrariéAutre difficulté, la transition énergétique du secteur, essentielle pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, se trouve elle aussi freinée. Les compagnies misaient sur des subventions américaines pour les carburants d'aviation durables, un levier important pour investir dans une flotte plus écologique. Or, cette aide a été supprimée par Donald Trump. Une décision qui prive les transporteurs américains d'un avantage concurrentiel précieux, estimé à plusieurs milliards de dollars. À cela s'ajoute une forte baisse des déplacements en classe affaires, conséquence d'un climat économique peu propice aux échanges internationaux. Moins de voyages professionnels, c'est aussi moins de revenus pour les compagnies, qui voient leur modèle économique traditionnel remis en question.Une demande en croissance mais des marges sous pressionParadoxalement, la demande pour le transport aérien reste bien orientée. L'Inde, hôte du sommet, a doublé en dix ans son nombre de passagers et d'aéroports. En Afrique et au Moyen-Orient, la croissance du trafic dépasse les 14 %, là où l'Amérique du Nord plafonne à +1,6 %, malgré le fait qu'elle représente un quart du marché mondial. Même le fret aérien se porte bien, dopé par les anticipations liées aux hausses de droits de douane. Mais derrière cette dynamique, les compagnies doivent faire face à une pression accrue sur leurs revenus par siège. Résultat: des ajustements économiques nécessaires pour absorber les surcoûts. Si le chiffre d'affaires mondial du secteur devrait atteindre un nouveau record en 2025 — plus de 1000 milliards de dollars —, les marges restent stables. Illustration d'un changement d'époque pour une industrie autrefois focalisée sur la croissance des profits, désormais contrainte de maîtriser ses dépenses.À lire aussiInde: boom dans le secteur du transport aérien
Face à une nouvelle menace tarifaire de Donald Trump, l'Union européenne intensifie ses négociations commerciales avec Washington. Objectif: éviter une crise économique majeure. Depuis quelques jours, les tensions commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne reprennent de plus belle. En cause, la récente déclaration de Donald Trump qui menace d'imposer à partir du 1er juin des droits de douane pouvant atteindre 50% sur tous les produits européens entrant sur le territoire américain.Une décision motivée par l'agacement du président américain face à la lenteur des discussions commerciales en cours avec Bruxelles. Déjà soumise à des taxes américaines depuis mars – 25 % sur l'acier, l'aluminium et l'automobile, et 10 % sur d'autres produits – l'UE redoute une escalade aux conséquences économiques lourdes car les États-Unis demeurent le premier client de l'Union. En 2023, les exportations européennes vers le marché américain ont atteint 606 milliards de dollars, générant un excédent commercial qui dérange ouvertement Washington.À lire aussiComment l'UE peut relancer son économie face à la Chine et les États-UnisL'incertitude, une stratégie assuméeAu-delà des menaces concrètes, c'est l'incertitude qui pèse lourdement sur l'économie européenne. Un climat volontairement instable que Donald Trump semble cultiver, selon les analystes. Et cette instabilité a des effets immédiats. Les marchés réagissent, les industriels reportent ou réorientent leurs investissements, souvent au bénéfice des États-Unis.Des géants européens comme Sanofi, CMA CGM ou encore Stellantis ont déjà renforcé leur présence outre-Atlantique. Face à cette pression, Bruxelles n'a d'autres choix que d'accélérer ses négociations. Non par stratégie, mais par nécessité. Car une guerre commerciale franche pourrait fragiliser encore davantage une économie européenne déjà affaiblie.Négocier dans le flou : un équilibre précaireLe principal obstacle reste le manque de clarté côté américain. Si la volonté de réduire le déficit commercial est affichée, Washington ne précise pas ses attentes concrètes. Une ambiguïté qui place l'Europe dans une position inconfortable: négocier sans véritable visibilité. Et dans ce rapport de force, la stratégie américaine semble clairement orientée vers des concessions à sens unique.Pourtant, l'Europe se prépare. En cas d'échec des discussions, un plan de contre-attaque est prêt, avec des mesures de rétorsion ciblées sur certains produits américains. Mais pour l'heure, ni Bruxelles ni Washington ne ferment la porte à un compromis. L'enjeu : parvenir à un accord équilibré sans céder sur des points cruciaux. Un exercice délicat pour les Vingt-Sept, contraints de manœuvrer entre fermeté et diplomatie.À lire aussiFace à Donald Trump, l'Union européenne recherche de nouvelles alliances
Alors que Paris accueille la REuse Economy Expo, unique salon européen dédié à la réutilisation, la question du réemploi des objets du quotidien s'impose comme un enjeu crucial. Créateur d'emplois et levier économique, ce modèle reste pourtant en retrait face au recyclage. Décryptage. Le réemploi et la réutilisation des objets connaissent un coup de projecteur à Paris, à l'occasion de la REuse Economy Expo, le seul événement en Europe entièrement consacré à cette thématique. Redonner une seconde vie à nos objets est un impératif à la fois écologique et économique. Pourtant, cette pratique reste marginale: ni les producteurs, ni les vendeurs, ni même les consommateurs ne l'ont pleinement adoptée.Résultat, il est difficile d'évaluer précisément le poids de cette économie. Ce qui est certain en revanche, c'est son potentiel en matière d'emploi. Rien que dans le secteur de la remise en état des emballages, 8 000 personnes sont actuellement employées en France. Et selon plusieurs experts, ce chiffre pourrait grimper à 40 000 d'ici 2040. Le réemploi se présente donc comme une véritable opportunité de développement économique.Réutiliser plutôt que recycler : un changement de paradigmePendant des années, c'est le recyclage qui a été érigé en norme. On démonte, on détruit, puis on reconstruit. Mais le réemploi reste à la traîne, alors même qu'il présente des avantages considérables. Pour les consommateurs, il signifie des prix plus accessibles. Pour les entreprises, selon l'ADEME (Agence française de la transition écologique), il permet de réduire significativement les coûts de production.L'exemple du secteur verrier illustre parfaitement ce tournant. Au printemps 2022, confrontés à une pénurie de calcin après le début de la guerre en Ukraine, les producteurs français ont choisi de laver et réutiliser les bouteilles existantes, plutôt que de les recycler dans des fours énergivores. Une solution plus rapide, plus économique, et bien plus écologique.À lire aussiLes industriels européens du plastique prennent le virage du recyclableConstruire une culture du réemploiLe véritable défi réside dans la conception même des produits, qui sont majoritairement pensés pour un usage unique. Or, l'essor du réemploi dépend en grande partie d'une évolution dans cette logique de production. En France, la réglementation évolue. D'ici 2027, 10 % des emballages devront être réutilisés. À l'échelle européenne, une nouvelle directive encore plus ambitieuse entrera en vigueur dès l'année prochaine. Mais il faut aussi convaincre les consommateurs. Entre une machine à laver bon marché, mais irréparable, et une plus coûteuse aux pièces robustes et remplaçables, le choix immédiat est souvent dicté par le prix. Pourtant, sur le long terme, c'est souvent la solution réparable qui s'avère la plus rentable. Penser les produits pour qu'ils aient plusieurs vies, dès leur conception, devient une piste incontournable. Les enseignes de seconde main fleurissent à travers l'Europe, et ces produits investissent désormais les rayons des grands magasins. Comme le rappelait justement Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » L'économie circulaire n'a peut-être jamais été aussi actuelle.
À part leur passion commune pour le golf, il n'y a pas beaucoup d'atomes crochus entre l'États-Unien Donald Trump et le Sud-Africain Cyril Ramaphosa. Surtout depuis que le président américain a accusé l'Afrique du Sud de commettre un « génocide » contre les fermiers blancs afrikaners. Mais ce mercredi, les deux chefs d'Etat vont se rencontrer à la Maison Blanche. Donald Trump et Cyril Ramaphosa vont-ils être capables de trouver un terrain d'entente sur Gaza et sur les tarifs douaniers ? La chercheuse de l'International Crisis Group, par ailleurs Sud-Africaine, Liesl Louw, est notre invitée. RFI : Quelle est la vraie raison du raidissement des Américains contre l'Afrique du Sud ? Est-ce que c'est le sort des fermiers blancs afrikaners ou est-ce que c'est la plainte pour génocide que Pretoria a déposé contre Israël devant la Cour internationale de Justice ?Liesl Louw : Ce qui est sûr, c'est que la plainte contre Israël a beaucoup contribué à cette dégradation. Et puis aussi, depuis le début de 2022, le fait que l'Afrique du Sud ne voulait pas ouvertement condamner la Russie pour l'invasion de l'Ukraine et son insistance depuis aussi de vouloir être neutre dans ce conflit, l'Afrique du Sud étant membre des BRICS, etc. Donc il y a le conflit en Ukraine et puis sa ferme opposition à ce que fait Israël à Gaza.Et alors, sur cette question palestinienne que l'Afrique du Sud défend depuis la fin de l'apartheid, est-ce que vous pensez que Cyril Ramaphosa va lever le pied dans les prochaines semaines pour essayer de calmer le jeu avec Donald Trump?Moi, je pense que, politiquement, il ne va pas lever le pied. Il y a un large consensus en Afrique du Sud, même au sein de cette coalition du gouvernement d'unité nationale, pour condamner Israël. D'accord, il y a des nuances. L'Alliance démocratique, donc le parti de l'opposition qui fait partie du gouvernement aujourd'hui, n'a pas soutenu le procès à La Haye. Mais l'opposition de l'Afrique du Sud contre Israël a une popularité assez large. Je ne pense pas que c'est quelque chose que Cyril Ramaphosa va ouvertement changer dans cette position pro-palestinienne.À lire aussiAfrique du Sud: des diplomates aux États-Unis pour apaiser les tensions entre les deux paysDepuis le début de l'invasion de l'Ukraine il y a trois ans, l'Afrique du Sud a renforcé ses liens avec la Russie, notamment via les BRICS. Elle s'est aussi rapprochée de la Chine et de l'Iran. Est-ce que Cyril Ramaphosa n'a pas intérêt à rééquilibrer sa politique internationale s'il veut voir Donald Trump lors du sommet du G20 en novembre prochain en Afrique du Sud ?Oui, et je pense que ça, c'est vraiment l'enjeu diplomatique de cette rencontre. Parce que Ramaphosa, il faut se souvenir, à la fin du mois d'avril, il a invité Zelensky à Pretoria. Même si c'est très complexe, parce que l'Afrique du Sud, quand même, est un membre des BRICS. La Chine étant son plus grand partenaire économique. Et il y a encore très récemment des ministres du Congrès national africain (ANC) qui sont allés en Russie rencontrer Vladimir Poutine à Moscou. Donc, ce n'est pas facile de jouer les non-alignés.Sur le plan économique, les Américains sont le deuxième partenaire commercial de l'Afrique du Sud à qui ils achètent beaucoup de voitures et beaucoup de produits agricoles. Si demain Donald Trump augmente les taxes douanières de 30 %, comme il en a agité la menace le mois dernier, est-ce que cela ne risque pas de ruiner beaucoup d'agriculteurs et beaucoup d'ouvriers agricoles ?Oui, absolument. Ça, c'est vraiment la vraie raison pour cette visite et pour l'Afrique du Sud qui a un taux de chômage de 32 %. Et si encore, dans certaines zones où il y a des grandes fabriques d'automobiles, ces usines venaient à fermer, des dizaines de milliers de gens pourraient perdre leur travail et cela aggraverait le taux de chômage. Donc l'agriculture, le secteur automobile sont absolument clé pour l'Afrique du Sud.À lire aussiAfrique du Sud: les premiers «réfugiés» blancs afrikaners partis pour les États-UnisLe porte-parole de la présidence sud-africaine a évoqué il y a quelques jours un éventuel accord avec les États-Unis dans le domaine des terres rares et des métaux stratégiques comme le manganèse. Est-ce que ce serait une façon d'amadouer le président américain par un deal à la façon Volodymyr Zelensky ?Oui, absolument. Et depuis quelque temps, nous regardons de près où sont les terres rares. L'Afrique du Sud est un grand pays minier, bien sûr, et l'Afrique du Sud a des ressources stratégiques : manganèse, platine, chrome. Mais en ce qui concerne les terres rares, l'Afrique du Sud n'est pas un grand producteur de terres rares. Donc, depuis quelque temps, des économistes, des diplomates, tout le monde réfléchit, même dans les médias. Il y a énormément de débats autour de ce que l'Afrique du Sud peut offrir. Comment réparer cette relation qui est extrêmement importante, même s'il y a des choses où l'Afrique du Sud et les États-Unis ne sont pas d'accord ? La question d'Israël, par exemple. Mais pour réparer cette relation très importante, l'Afrique du Sud souhaite mettre sur la table ses atouts économiques.