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5 pays africains : l'Angola, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique et São Tomé et Principe, commémorent cette année les 50 ans de leur indépendance. Les guerres coloniales se sont arrêtées avec la chute du régime autoritaire de Salazar en 74, et la révolution démocratique du 25 avril. Les guerres civiles et les soubresauts politiques des anciennes colonies poussent toujours hommes et femmes vers l'ancien pays colonisateur. Certains sont arrivés dans les années 70, d'autres bien plus tard, et d'autres encore sont nés au Portugal. Ils y vivent entre indépendance, intégration, nostalgie et conviction. «Portugal : les déracinés des indépendances africaines», un Grand reportage de Marie-Line Darcy.
Sur tous les continents, les sélections nationales de football disputent en ce moment leurs matchs de qualification pour la Coupe du monde. En ce 4 septembre, les équipes africaines sont sur les terrains. La Coupe du monde, ce sera l'été prochain dans trois pays : le Mexique, le Canada et surtout les États-Unis, avec 11 des 16 villes retenues. Plus de 30 ans après l'expérience mitigée de 1994, le soccer, l'appellation américaine, repart donc à l'assaut d'une Amérique où le football, le sport le plus populaire de la planète, est encore étranger à toute une partie de la population. Et pourtant, dès la fin du XIXe siècle, le ballon rond débarque en banlieue de New York dans les valises des migrants britanniques. Il roule, il roule… depuis 150 ans, mais il reste encore du terrain à parcourir. « L'Amérique, un nouveau monde pour le ballon rond ? », un grand reportage de Thomas de Saint Leger, réalisé par Pauline Leduc.
Pour ce dernier épisode de notre série boycott, retour quelques mois en arrière, en mars 2025, avec des appels qui se multiplient sur les réseaux sociaux pour ne plus acheter de produits américains. Cette initiative qui prend sa source au Canada et en Europe du Nord fait partie dans un mouvement plus large de protestation envers la politique commerciale et anti-immigration de Donald Trump. Un appel au boycott du « made in USA » et qui va devenir viral sur internet. Nous sommes début 2025, un peu plus d'un mois après le retour de Donald Trump au pouvoir. Les médias se font l'écho de vidéos postées sur les réseaux sociaux mettant en scène des consommateurs dans des supermarchés ou chez eux incitant à ne plus acheter américain. « La guerre est officiellement déclarée et si vous êtes Canadien, c'est le moment ou jamais d'acheter exclusivement des produits canadiens », déclare une femme. « Montrons-leur avec notre porte-monnaie, qu'on ne peut pas faire n'importe quoi avec le Canada », dit une autre femme. C'est d'abord au Canada que le mouvement prend de l'ampleur dès le mois de février 2025 : le pays est alors sous le coup des droits de douanes américains, mais surtout des menaces de Donald trump, qui veut faire du Canada le 51ᵉ État américain. Les politiciens canadiens s'en mêlent, et notamment Doug Ford, le Premier ministre de l'Ontario, qui ordonne au plus grand revendeur d'alcool d'État d'arrêter de vendre des marques américaines. « À partir d'aujourd'hui, LCBO, le plus grand acheteur de vins et spiritueux au monde va commencer à enlever les produits américains de ses rayons. » À lire aussiAu Canada, un boycott des États-Unis à l'échelle individuelle « C'est un énorme coup dur pour les producteurs américains, Chaque année, la régie de la province vend pour près d'un milliard de dollars canadiens de vins, bières, cidres, pétillants et spiritueux en provenance des États-Unis. » Une décision qui ne sera pas sans conséquences, les ventes d'alcools américains s'effondrent de 80 % au Canada dans les semaines qui suivent. Quant au secteur du tourisme américain, il perd 12,5 milliards de dollars en dépenses de visiteurs. Tiktokeuse en français L'Europe n'est pas en reste. En France, des milliers de personnes appellent au boycott des produits de consommation « made in USA », tels que Nike, Coca-Cola, Starbucks ou encore le constructeur automobile Tesla qui voit ses ventes s'effondrer, avec notamment 86 % d'immatriculation en moins en Suède en juillet. Les pays scandinaves sont, eux aussi, fers de lance dans le boycott des produits américains. Au Danemark, un groupe Facebook intitulé « Boycottez les produits des États-Unis » dépasse les 94 000 membres. À lire aussiL'appel au boycott des produits américains Que reste-t-il aujourd'hui de ces appels au boycott et ont-ils été suivis d'effets ? L'influenceuse d'Urbania, Maria Kounkou tente une réponse : « Si les effets économiques pour certains secteurs ou entreprises sont bien réels, le boycott des produits américains reste surtout une arme politique ».
C'est la face cachée de la transition énergétique. Vous le savez... pour enrayer le réchauffement climatique, nous devons, n'en déplaise à Donald Trump, arrêter de brûler du charbon, du pétrole et du gaz. Actuellement, le secteur des transports est un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. (Rediffusion du 24 janvier 2025) Ces émissions pourraient atteindre un pic cette année, selon le Conseil international des transports propres, grâce aux règlementations carbone et à l'essor des véhicules électriques. Mais cet essor a un prix : une ruée d'une ampleur inédite vers de nombreux métaux, dont le cobalt. Nous vous emmenons à la découverte de cette face cachée en RDC qui abrite les deux tiers des réserves mondiales de cobalt. Reportage de Samuel Turpin et éclairage de Anaïs Tobalagba, chercheuse au RAID et autrice du rapport Dans les coulisses de la transition énergétique : Regard critique sur l'impact des mines industrielles de cobalt en RDC.
Fatou Diome, membre de l'Académie royale de Belgique, s'est fait connaître avec Le ventre de l'Atlantique en 2003, traduit en une vingtaine de langues, ce qui lui vaut une notoriété internationale. Ont suivi plusieurs romans dont Kétala, celles qui attendent, Les veilleurs de Sangomar, plusieurs essais politiques et un essai littéraire, Le verbe libre ou Le silence. Son nouveau livre est une déclaration de gratitude à son grand-père qui l'a élevée au Sénégal et qu'elle appelait « mon capitaine ». « Rien de ce qui tient dans une poche ou dans un grenier ne vaut la mémoire des aînés, disait-il. » Une rencontre avec celui à qui Fatou Diome dédicace tous ses livres, son grand-père, pécheur sur l'île de Niodior au Sénégal. Entre appel des souvenirs et invocations, force de l'émotion et saisissement de la langue, ce récit tendre et intime nous livre à mots couverts le secret d'une relation authentiquement forte et fondatrice. (Éditions Albin Michel)
C'est la face cachée de la transition énergétique. Vous le savez... pour enrayer le réchauffement climatique, nous devons, n'en déplaise à Donald Trump, arrêter de brûler du charbon, du pétrole et du gaz. Actuellement, le secteur des transports est un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. (Rediffusion du 24 janvier 2025) Ces émissions pourraient atteindre un pic cette année, selon le Conseil international des transports propres, grâce aux règlementations carbone et à l'essor des véhicules électriques. Mais cet essor a un prix : une ruée d'une ampleur inédite vers de nombreux métaux, dont le cobalt. Nous vous emmenons à la découverte de cette face cachée en RDC qui abrite les deux tiers des réserves mondiales de cobalt. Reportage de Samuel Turpin et éclairage de Anaïs Tobalagba, chercheuse au RAID et autrice du rapport Dans les coulisses de la transition énergétique : Regard critique sur l'impact des mines industrielles de cobalt en RDC.
RFI revient pendant l'été boréal sur les grands boycotts de l'Histoire, quand David fait trembler Goliath en usant de l'arme économique. De l'Irlande à Israël en passant par l'Afrique du Sud ou l'Inde, du lait en poudre au pétrole en passant par les bus de Montgomery, le boycott transforme le consommateur en citoyen, un mouvement d'expression et de colère qui fait pression sur les puissants. En 2019, l'acteur américain George Clooney fut à l'initiative d'un boycott qui fit reculer Bruneï sur la peine de mort en cas d'homosexualité ou d'adultère. C'est une voix que tout le monde ou presque connait : « What else ? » En 2019 George Clooney ne met pas sa notoriété qu'au service d'une célèbre marque de café. Sa voix, l'acteur américain l'utilise aussi pour défendre les droits humains. Le sultanat de Bruneï, petit État d'Asie du Sud-Est à majorité musulmane, est sur le point d'instaurer la charia. La loi islamique prévoit — entre autres — la peine de mort pour les homosexuels et les personnes coupables d'adultère. Le 28 mars, George Clooney appelle dans une tribune à boycotter les intérêts du sultan, en l'occurrence « neuf des hôtels les plus prestigieux du monde » détenus (via l'Agence d'investissement de Bruneï) en partie par le monarque. Il signe une tribune dans le magazine américain Deadline : « Cela fait des années que je pratique des régimes meurtriers, j'ai appris que vous ne pouvez pas leur faire honte. Mais vous pouvez faire honte aux banques, aux financiers et aux institutions qui font des affaires avec eux. Soyons clair, chaque fois que nous prenons une chambre ou que nous organisons une réunion que nous dînons dans l'un de ces neuf hôtels, nous mettons de l'argent directement dans la poche d'hommes qui choisissent de lapider et de fouetter à mort leurs concitoyens homosexuels ou accusés d'adultère. » À lire aussiBrunei punit l'homosexualité de lapidation, levée internationale de boucliers Ambiance La tribune est à la une des journaux télé. Du chanteur britannique Elton John à l'ex-championne de tennis Billie Jean King, les stars relaient l'appel au boycott. De la star de télé Ellen DeGeneres au patron de Virgin Richard Branson. Les États-Unis, l'Union européenne, l'Australie protestent, mais rien n'y fait : comme prévu, la loi entre vigueur le 3 avril 2019. Manifestations à Londres Dans les rues de Londres, quelques centaines de Britanniques se réunissent devant l'hôtel Dorchester lié au sultan. Aux cris de « honte à vous », ils appellent le gouvernement à rompre tout lien diplomatique avec Bruneï. Le tollé s'étend aux acteurs économiques. La Deustche Bank interdit à ses employés de séjourner dans les hôtels épinglés. Plusieurs entreprises annulent leurs événements dans les établissements liés au Sultan. Le 6 mai, l'appel est entendu du côté de Brunei À l'occasion du début du ramadan le sultan Hassanal Bolkiah s'adresse à son peuple : « Nous pratiquons depuis plus de vingt ans un moratoire de facto sur la peine de mort qui relève la loi héritée de l'empire britannique. (la common law). Ce moratoire s'appliquera également aux affaires qui relèvent de la charia ». En d'autres mots, le monarque recule sans pour autant vraiment céder puisque, si les châtiments prévus contre les homosexuels et les personnes reconnues coupables d'adultère ne seront pas appliqués, la loi islamique, elle, reste en vigueur. En juin dernier, l'un des plus fervents activistes du boycott, l'Américain Jake Duke Mason saluait ce moratoire comme « une victoire majeure ». Mais rappelait que le combat continue pour une « abrogation totale de la loi ».
Notre rendez-vous éco de l'été. Pendant quinze jours, RFI revient sur les grands boycotts de l'histoire. Quand David fait trembler Goliath en usant de l'arme économique. En 1974 éclate le scandale du lait en poudre Nestlé. L'entreprise basée en Suisse promeut dans les pays dits du « Tiers-monde » son lait infantile. Faute d'un accès suffisant à l'eau potable, et des conditions d'hygiène pour les biberons difficiles à remplir, le développement de sa consommation a pour conséquence de graves maladies pour les bébés. Il conduit même à des décès. La stratégie commerciale agressive de Nestlé pour inciter les femmes à utiliser le lait en poudre va conduire à un boycott dans le monde des produits Nestlé pendant plusieurs décennies. L'affaire du lait en poudre prend de l'ampleur avec les poursuites en justice intentées par la firme helvète pour diffamation contre le Groupe de travail « Tiers-monde ». Ce dernier a repris le rapport de l'ONG, War On Want, et l'a retitré : « Nestlé tue les bébés ». À l'époque, la RTS en fait le compte rendu : « Accusation encore de l'article : les firmes utilisent des moyens publicitaires contestables. Elles engagent des nurses qui sont en fait des vendeuses déguisées, elles font passer des messages à la radio qui dissuadent les mères à allaiter. » La justice tranche et le Groupe de Travail « Tiers-monde » est condamné à une amende symbolique. La bataille commence. Le 7 juillet 1977, le boycott des produits Nestlé est lancé aux États-Unis. Des brochures sont distribuées, des défilés avec des cercueils et des banderoles sont organisés et des listes de produits Nestlé à boycotter sont partagées. À la manœuvre, Infact, the Infant Feeding Action Coalition. Cette dernière rallie à sa cause Églises et syndicats. S'ouvrent alors plusieurs années de boycott économique, l'un des plus importants de l'histoire américaine. L'objectif : imposer le sujet dans le débat public et obtenir l'arrêt des campagnes de promotion de Nestlé dans les pays en développement. En 1978, le sénateur Edward Kennedy convoque une audience publique sur le sujet. Un responsable de Nestlé est alors entendu au Sénat américain. « Êtes-vous d'accord avec moi pour dire que votre produit ne doit pas être utilisé avec de l'eau non potable ? Oui ou non ? », interroge de manière pressante le sénateur Edward M. Kennedy. « Nous donnons toutes les instructions » pour en faire bon usage, tente de justifier le représentant de Nestlé. « Répondez simplement », lui oppose le sénateur. « Bien sûr que non. Mais nous ne pouvons pas gérer cela », se défend alors le représentant de l'entreprise. Un boycott qui gagne le monde entier Le boycott essaime un peu partout dans le monde. Une véritable bataille d'influence est lancée. En 1981, le Washington Post révèle une note interne de Nestlé sur la stratégie du groupe pour contrecarrer cette campagne. Nos confrères d'Antenne 2 font le point en 1986 : « C'est une des grandes batailles de la 2ᵉ moitié du 20ᵉ siècle, on pourrait même dire que c'est une guerre parce que ça a duré six ans une guerre acharnée entre la firme Nestlé d'une part, et d'autre part des organisations de défense des consommateurs soutenues par des églises qui ont boycotté pendant six ans dans différents pays du monde, notamment aux États-Unis et en Europe. Tous les produits de cette firme puisque c'est la première multinationale de l'alimentaire. Alors, selon Jean-Claude Buffle, ce boycottage qui s'est terminé en 1984, a été très dommageable. Nestlé y a laissé beaucoup de plumes. En fait quelque chose comme 3 milliards de dollars ». Un mouvement qui a poussé l'adoption par l'OMS d'un code international de commercialisation des substituts du lait maternel. Le mouvement de boycott contre le lait maternel Nestlé se poursuit. Des actions sont toujours ponctuellement menées, notamment au Royaume-Uni.
L'invitée Culture est l'artiste-chercheuse et enseignante Lila Neutre. Aux Rencontres photographiques d'Arles, et jusqu'au 5 octobre 2025, elle présente une exposition intitulée Danser sur les cendres (Faire feu), consacrée à la danse. La danse comme terrain de lutte esthétique et politique pour les communautés minorisées. Gros plan sur le voguing et le twerk. À lire aussiAux Rencontres d'Arles, l'éloge de la photographie anonyme
L'invitée Culture est l'artiste-chercheuse et enseignante Lila Neutre. Aux Rencontres photographiques d'Arles, et jusqu'au 5 octobre 2025, elle présente une exposition intitulée Danser sur les cendres (Faire feu), consacrée à la danse. La danse comme terrain de lutte esthétique et politique pour les communautés minorisées. Gros plan sur le voguing et le twerk. À lire aussiAux Rencontres d'Arles, l'éloge de la photographie anonyme
Au printemps 1995, l'ONG Greenpeace lance une campagne spectaculaire contre le projet de Shell de couler une plateforme pétrolière en mer du Nord. Boycotts, mobilisation citoyenne et pression médiatique contraignent le géant pétrolier à faire marche arrière. À 200 kilomètres des côtes écossaises, la plateforme Brent Spar, une structure d'acier de 14 500 tonnes perchée à 150 mètres de haut, n'est plus exploitée depuis 1991. Shell, propriétaire néerlando-britannique, prévoit alors de la saborder et de l'immerger dans l'Atlantique. Mais Greenpeace s'y oppose fermement, jugeant la solution dangereuse pour l'environnement. Des militants parviennent même à occuper la plateforme par hélitreuillage, une action spectaculaire largement relayée par les médias internationaux. Un boycott qui coûte cher à Shell Greenpeace transforme l'affaire en campagne européenne. Le mot d'ordre est clair, « Ne faites plus le plein chez Shell ! ». Le mouvement prend rapidement de l'ampleur. En Allemagne, les ventes de carburant chutent de 20%, et certaines stations-service se vident. La filiale locale de Shell enregistre des pertes dépassant 10 millions de Deutsche Mark (DM) par jour, soit environ 6 millions de dollars de l'époque. La direction de Shell reconnaîtra plus tard avoir sous-estimé la force du mouvement. Le consommateur comme contre-pouvoir Sous la pression croissante des autorités allemandes et britanniques, et face à un boycott ravageur, Shell finit par abandonner son projet de sabordage. L'opération de démantèlement coûtera finalement 46 millions de dollars, contre 12 millions initialement prévus. L'affaire Brent Spar devient un cas d'école : en modifiant ses habitudes d'achat, le consommateur peut contraindre un géant industriel à revoir ses plans et affirmer un véritable contre-pouvoir.
Dans IDÉES ce dimanche, Pierre-Edouard Deldique vous propose en quelque sorte une traversée du désert avec son invitée, Marie Gautheron, spécialiste d'histoire de l'art. Dans son livre Désert, déserts, du Moyen-Âge au XXIè siècle (Gallimard), elle propose d'analyser le regard occidental sur le désert avec force images. Marie Gautheron s'interroge dans son livre : « Pourquoi et depuis quand les vastes pays arides fascinent-ils l'Occident ? Ce livre raconte l'histoire sensible, esthétique et politique de nos images de déserts, entre créations et stéréotypes, fantasmes et savoirs positifs. Car l'image du désert n'a pas toujours été celle de ces sables à laquelle nous l'identifions souvent aujourd'hui. Née dans l'Orient judéo-chrétien, c'est d'abord celle, paradoxale, d'une expérience intérieure, et de tout espace abandonné de Dieu et des hommes. L'Occident médiéval la réinvente dans des clôtures ou des lieux d'ascèse et d'isolement, île ou forêt. Au fil des siècles, les déserts affreux de la verte Europe se muent en beaux déserts, tandis qu'un flux croissant d'Occidentaux parcourt les déserts d'Orient. Le vaste pays aride est alors promu paysage – sublime parfois, essentialisé souvent. Dans l'imaginaire hexagonal, la « pacification » du Sahara fait de l'empire du vide un champ de bataille, et une terre où rêver d'altérité. Espaces immersifs d'expériences extrêmes, les déserts sont l'objet d'enjeux géopolitiques majeurs au XXᵉ siècle, et le lieu de mutations radicales. Mondialisées, nos images de déserts s'ouvrent à de nouveaux lieux de mémoire. Figure de déréliction et d'exaltation, icône postmoderne de nos non-lieux, souvent déceptive et plus que jamais paradoxale, l'image du désert prête aux utopies, aux dystopies, et résonne encore d'antiques rémanences. » Elle en parle avec passion dans ce nouveau numéro d'IDÉES le magazine qui interroge ceux qui pensent le monde. Programmation musicale : Maurice Jarre - Ouverture du film Lawrence d'Arabie Ahman Pejman - Ecstasy ; Sunset Félicien David (musique), Auguste Colin (paroles) - Ode-Symphonie Le désert Yazz Ahmed - La Saboteuse Vladimir Spivakov, Sergej Bezrodny - Spiegel im Spiegel (Miroir dans le miroir)Compositeur : Arvö Part
La conquête de l'espace est désormais placée sur un axe qui paraît aujourd'hui irréversible. Et il se pourrait bien que nous ayons colonisé la Lune et Mars avant la fin de ce siècle, motivés par la curiosité scientifique et la volonté de sans cesse repousser les frontières. Bien sûr aussi et peut-être surtout les ambitions commerciales ne sont pas loin. Les ressources de la Lune et de Mars attirent des centaines de milliards de dollars d'investissements. États comme entreprises privées sont engagés dans une véritable course pour s'assurer une place. Ce qui n'est pas sans risques tant l'espace ressemble à un Far West. La rivalité pour les meilleurs emplacements et l'accès exclusif à de précieuses ressources est là, d'où la nécessité d'encadrer cette compétition. Les interrogations ne manquent pas. Les acteurs revendiqueront-ils la souveraineté sur certaines parties de la Lune et de Mars ? Y aura-t-il des frontières ? Les colonies futures échapperont-elles à tout contrôle ? Ressources naturelles, positionnement stratégique, prestige technologique ? Faut-il y voir une nouvelle forme de compétition mondiale ou un pas vers une coopération internationale renouvelée ? Invités : Emilie Desmonts, doctorante au Centre Alexandre-Koyré à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales. Son travail porte sur l'exploration et la logistique dans l'espace cis-lunaire. Emilie Desmonts a, par ailleurs, reçu le prix scientifique de l'IHEDN en 2021 Paul Wohrer, responsable du Programme espace de l'Institut Français des Relations Internationales Serge Sur, rédacteur en chef de la Revue Questions Internationales. Membre de l'Académie des sciences morales et politiques au sein de l'Institut. Édition en partenariat avec la revue Questions internationales « À la conquête de la Lune ».
Dans IDÉES ce dimanche, Pierre-Edouard Deldique vous propose en quelque sorte une traversée du désert avec son invitée, Marie Gautheron, spécialiste d'histoire de l'art. Dans son livre Désert, déserts, du Moyen-Âge au XXIè siècle (Gallimard), elle propose d'analyser le regard occidental sur le désert avec force images. Marie Gautheron s'interroge dans son livre : « Pourquoi et depuis quand les vastes pays arides fascinent-ils l'Occident ? Ce livre raconte l'histoire sensible, esthétique et politique de nos images de déserts, entre créations et stéréotypes, fantasmes et savoirs positifs. Car l'image du désert n'a pas toujours été celle de ces sables à laquelle nous l'identifions souvent aujourd'hui. Née dans l'Orient judéo-chrétien, c'est d'abord celle, paradoxale, d'une expérience intérieure, et de tout espace abandonné de Dieu et des hommes. L'Occident médiéval la réinvente dans des clôtures ou des lieux d'ascèse et d'isolement, île ou forêt. Au fil des siècles, les déserts affreux de la verte Europe se muent en beaux déserts, tandis qu'un flux croissant d'Occidentaux parcourt les déserts d'Orient. Le vaste pays aride est alors promu paysage – sublime parfois, essentialisé souvent. Dans l'imaginaire hexagonal, la « pacification » du Sahara fait de l'empire du vide un champ de bataille, et une terre où rêver d'altérité. Espaces immersifs d'expériences extrêmes, les déserts sont l'objet d'enjeux géopolitiques majeurs au XXᵉ siècle, et le lieu de mutations radicales. Mondialisées, nos images de déserts s'ouvrent à de nouveaux lieux de mémoire. Figure de déréliction et d'exaltation, icône postmoderne de nos non-lieux, souvent déceptive et plus que jamais paradoxale, l'image du désert prête aux utopies, aux dystopies, et résonne encore d'antiques rémanences. » Elle en parle avec passion dans ce nouveau numéro d'IDÉES le magazine qui interroge ceux qui pensent le monde. Programmation musicale : Maurice Jarre - Ouverture du film Lawrence d'Arabie Ahman Pejman - Ecstasy ; Sunset Félicien David (musique), Auguste Colin (paroles) - Ode-Symphonie Le désert Yazz Ahmed - La Saboteuse Vladimir Spivakov, Sergej Bezrodny - Spiegel im Spiegel (Miroir dans le miroir)Compositeur : Arvö Part
À l'occasion de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition organisée le samedi 23 août par l'Unesco, RFI revient sur la mémoire de la traite négrière aux États-Unis. Anne-Claire Faucquez, maîtresse de conférence en histoire et civilisation des États-Unis à l'université Paris VIII, spécialiste de l'esclavage et de la représentation contemporaine dans la culture, est l'invitée internationale de la mi-journée. À lire aussiÉtats-Unis: les procédures de destitution de Donald Trump de retour au musée Smithsonian
Le boycott transforme le consommateur en citoyen, un mouvement d'expression et de colère qui fait pression sur les gouvernements et les entreprises les plus puissantes. Notre nouvel épisode de notre série sur les boycotts ayant changé l'histoire s'arrête sur trois lettres : B.D.S. pour boycott, désinvestissements et sanctions. Un mouvement né il y a tout juste 20 ans, le 9 juillet 2005, pour inciter Israël à respecter les droits des Palestiniens et mettre fin à sa politique de colonisation. En 2005, c'est, à l'époque, du moins on l'espère, un moyen de parvenir à la paix. Cet été-là, Israël prépare son désengagement de la bande de Gaza : « Nous sommes là parce que ce retrait n'apportera aucune paix. Que ferez-vous le jour du retrait ? - Que ferons-nous ? Attendez, vous verrez ! ». L'opposition des colons comme ici dans ce reportage sur France 2 n'y change rien : après 38 ans d'occupation, l'État hébreu se retire de l'enclave palestinienne. Sauf que dans le même temps, les violences ne cessent pas et que la colonisation israélienne s'accélère sur un autre territoire palestinien : la Cisjordanie. Le mur construit depuis 2002 par l'État hébreu - dont le tracé est décrété illégal dans un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) le 9 juillet 2004 - déborde toujours un peu plus dans les territoires palestiniens. C'est dans ce contexte, le 9 juillet 2005, que 170 ONG et syndicats palestiniens lancent le mouvement « BDS ». Omar Barghouti, le fondateur du mouvement, énonce ses trois revendications : « Notre mouvement appelle Israël à mettre fin à l'occupation des territoires occupés depuis 1967, à se retirer des colonies et à détruire le mur de séparation. Notre deuxième exigence, c'est l'arrêt du système de discrimination racial contre les citoyens palestiniens à l'intérieur même d'Israël. Enfin, la troisième et la principale, c'est de reconnaître et de permettre le droit au retour des réfugiés palestiniens. » BDS, pour Boycott-Désinvestissements-Sanctions Le mouvement, qui se veut « non violent » et s'inspire des méthodes héritées de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, appelle à boycotter les produits fabriqués en Israël et dans les colonies. Ses partisans réclament des sanctions contre l'État hébreu. Ils mènent des campagnes pour inciter des entreprises comme Orange ou Microsoft, impliquées dans les territoires occupés, à désinvestir. Des États-Unis à la Belgique, de la France au Royaume-Uni, le mouvement gagne les universités, les syndicats et le monde de la culture. Des institutions, comme le puissant fonds de pension de Norvège, se retirent de certaines entreprises liées à l'occupation des territoires palestiniens. Mais au-delà de ces cas très médiatisés, les conséquences économiques pour Israël restent limitées, comme le raconte en 2015, le correspondant à Jérusalem de Radio France : « Certes, l'agriculture israélienne dans la vallée du Jourdain a connu une baisse de chiffre d'affaires de 14 % l'an dernier, mais l'agriculture ne représente qu'à peine 1 % du PIB de l'État hébreux. Et parallèlement, les échanges commerciaux entre l'Europe et Israël ont doublé ces dix dernières années. » D'autant que le même temps, Israël accuse les activistes de nourrir l'antisémitisme et qu'un peu partout, c'est une autre bataille se livre, cette fois-ci devant les tribunaux : en France, l'appel au boycott d'Israël est même un temps décrété illégal. La décision sera désavouée en 2020 par la Cour européenne des droits de l'Homme. Depuis les attaques du 7 octobre 2023 et la guerre dévastatrice menée par Israël dans la bande de Gaza, qui vaut à l'État hébreu des accusations de génocide, de crimes contre l'humanité et crimes de guerre, le BDS note « une croissance sans précédent » de ses campagnes. Mais dans les faits, jamais depuis le début du mouvement il y a 20 ans, Israël n'aura semblé céder aux pressions. Le pays a même, au contraire, accentué sa politique d'occupation et d'annexion des territoires palestiniens, en violation du droit international. À lire aussiLes grands boycotts de l'Histoire: Martin Luther King et les bus de Montgomery
D'origine malienne, cet expert au savoir-faire très recherché a travaillé pour de grands noms de la mode. Il s'appelle Moussa Baldé, mais on l'appelle Baldé, tout simplement. À 67 ans, ce bijoutier malien exerce ce métier depuis 37 ans. Autodidacte, il a fait toute sa carrière dans le milieu très fermé du luxe et de la mode. Un univers où derrière des grands noms se cachent des petites mains. Dans son atelier situé à Pantin, dans le nord de Paris, il revient sur son parcours. « Je suis un forgeron de naissance, et un bijoutier ensuite. Ce métier, je l'ai appris avec mon papa », c'est avec ces mots que Baldé s'exprime, heureux de revenir sur ses débuts. De la forge à la bijouterie, il n'y a qu'un pas Dans les années 1980, le voilà parti à la conquête de la Côte d'Ivoire. Dans ce pays où il se lance dans la création de bijoux, il découvre qu'il a un don : « C'est Dieu qui me l'a donné. Je le remercie beaucoup. » Et en effet, il lui suffit d'observer un modèle pour qu'il sache le reproduire. Sa première clientèle d'expatriés – des Français, des Américains, des Libanais, des Marocains – il les fidélise et lorsqu'il part en France, son savoir-faire va lui ouvrir des portes. Il va travailler pour de grands noms : Givenchy, Balenciaga, et surtout Christian Lacroix, avec qui il va collaborer neuf ans en tant que maquettiste. Maquettiste, bijoutier et joaillier… Baldé navigue entre différents métiers Baldé sait tout faire ou presque. Ses souvenirs se bousculent : « C'est Naomi Campbell qui a porté ces bracelets, ces broches... Ah oui, c'était magnifique ». Ses yeux pétillent lorsqu'il évoque les 40 ans de la Maison Dior. « Votre don, ce sont vos mains ? », l'interroge-t-on. « Écoutez, c'est aussi la tête, parce que ça ne suffit pas d'avoir uniquement les mains. Parfois la nuit, je ne dors pas, je réfléchis. Par exemple, lorsqu'on a un projet à construire, avec des maquettes à réaliser, je me dis parfois, mais comment je vais faire ? C'est un véritable casse-tête Alors, je cherche, je cherche même en marchant et finalement quand je trouve la solution, je suis soulagé et fier de moi. » Une fierté qui l'accompagne aux défilés : « Je me dis "tiens, voilà ce que j'ai fait". Je suis le seul à le savoir, mais ça fait vraiment plaisir. » Pas de regrets Un homme de l'ombre ? « Ah, vous savez, ça reste vraiment un monde à part. Même si les gens ne savent pas, nous, on ne doit rien dévoiler. Même si on voit des choses, tout doit rester confidentiel », précise-t-il, comparant la bijouterie au secret médical, puisqu'il y a des secrets qu'on ne divulgue pas. Baldé a tout de même un seul regret : « Je ne suis jamais allé à l'école, c'est un handicap. Je sais de quoi je parle, et aujourd'hui, je n'ai pas honte de le dire. Ce savoir-faire, Dieu me l'a donné, mais quand vous n'avez pas fait d'études, et que vous devez remplir un dossier, c'est compliqué, il faut chercher quelqu'un qui t'aide et c'est gênant. Moi, le seul regret que j'ai, c'est celui-là ». Dans son atelier à Pantin où il réalise ses créations, il se prépare à transmettre son savoir-faire à la nouvelle génération. À lire aussiDiasporas africaines en France: Chantal Pichon, chercheuse et pionnière dans l'ARN messager [4/5]
Cette scientifique d'origine malgache, reconnue mondialement pour son travail, veut développer de nouvelles thérapies pour le plus grand nombre. Chantal Pichon est née et a grandi à Madagascar. À 17 ans, cette bachelière brillante quitte le nid familial pour poursuivre ses études vers l'Hexagone, à Marseille. Ses parents sont tous les deux médecins, et elle devait suivre leurs traces, mais une autre voie s'ouvre à elle. « Au départ, je voulais être chirurgienne, raconte Chantal Pichon en souriant, C'était mon rêve. À vrai dire, celui de mon père. Et puis, après, je me suis dit que si je ne suis pas médecin, je peux devenir chercheur en biologie, comme ça je me rapproche de la médecine. Je ne soignerai pas, mais je développerai des nouvelles thérapies. » L'ARN messager n'a plus aucun secret pour elle Son nom et son visage sont associés depuis peu de temps à l'ARN messager, découvert par le grand public lors de la pandémie du Covid-19 et ensuite lors de la vaccination. Elle est en la matière une véritable pionnière : cela fait plus de 20 ans qu'elle travaille pour plusieurs laboratoires sur cette technologie. Titulaire d'une chaire d'innovation à l'Institut universitaire de France, cette chercheuse est reconnue mondialement. Pourtant, on ne sait presque rien d'elle. Dans le cadre de la stratégie d'accélération France 2030 mis en place par le président Emmanuel Macron, elle dirige un gros projet sur la mise au point de nouveaux vaccins. « J'ai des projets européens pour essayer de trouver des moyens pour réduire le coût des ARN messagers, explique-t-elle, comme je viens de Madagascar, un pays pauvre, ce qui me guide, c'est d'arriver à placer une petite brique à mon niveau pour justement développer de nouvelles thérapies pour le plus grand nombre. Car c'est très bien, de développer des nouvelles thérapies, mais si c'est juste pour des pays développés, et si c'est réservé à des personnes qui ont de l'argent, eh bien, je trouve cela un peu dommage ». Un parcours pas toujours simple Chantal Pichon a déjà été confrontée au racisme en France. « J'étais candidate pour piloter une école, le profil me correspondait. La directrice était présente, elle m'a regardée et m'a dit : « Êtes-vous sûr que vous pouvez vraiment représenter cette école comme vous êtes là ? Cette phrase m'a véritablement blessé. Je pense que si on ne réussit pas, tout le monde vous accepte et quelque part, vous êtes à votre place. Mais lorsqu'on commence à réussir, cela agace. Il y a de la jalousie, mais je pense que cela concerne tout le monde ». Pantalon fluide couleur kaki ou noir, agrémenté d'un pendentif. Chantal Pichon, élégante et souriante, déambule dans ce laboratoire flambant neuf implanté par l'Inserm, organisme de recherche public français. « Je suis excessivement fière et reconnaissante vis-à-vis de l'Inserm, je veux rendre à la société ce que j'ai eu. J'ai l'habitude de dire à mes étudiants que quand on veut réussir, on peut. En fait, quand les gens vous font confiance, ils vous proposent des moyens humains, des moyens financiers, des équipements. Et puis quand plusieurs collègues vous font confiance pour mener des projets avec eux, eh bien cela vous donne aussi énormément de responsabilités. J'ai beaucoup de pression, j'espère vraiment réussir. » À 60 ans, cette femme passionnée et impatiente a un rêve. Avec sa jeune équipe d'une quarantaine de personnes, qui regroupe plusieurs nationalités, elle met en place les vaccins et les thérapies innovantes à partir de l'ARN messager, une technologie qui pourrait être utilisée notamment dans le traitement de certains cancers. À lire aussiDiasporas africaines en France: Khalid Tamer, le nomade culturel [3/5]
Jeanne Cherhal est sur la route des festivals cet été : après les Nuits de Fourvière à Lyon et les Francofolies de la Rochelle, la chanteuse, autrice, compositrice sera en concert ce vendredi 22 août au festival « Un piano sous les arbres » à Lunel, dans le sud-est de la France. Elle y défendra son dernier album, Jeanne, produit en toute indépendance. Une liberté qu'elle savoure. RFI : C'est presque une nouvelle Jeanne Cherhal que le public découvre sur scène. Vous aviez l'habitude d'un corps à corps avec votre piano. Là, vous allez encore plus loin. À quoi ressemble ce drôle de piano siamois que la scénographe Laura Léonard a conçu pour vous ? Jeanne Cherhal : Laura Léonard a imaginé un piano d'un seul tenant, avec deux claviers à ses extrémités. C'est comme si c'était un piano en miroir. Elle y a ajouté un petit escalier en me disant : « Tu pourras monter sur l'escalier de temps en temps, si tu le sens. » Je monte carrément sur le piano. Cela me donne une telle liberté. Le piano est vraiment devenu ma piste de danse. Dans les festivals, il y a beaucoup d'artistes, le public ne vient pas forcément pour vous. C'est un challenge supplémentaire ? Je crois que c'est ce que je préfère. J'aime toutes les configurations, mais c'est vrai qu'attraper des gens qui ne me connaissent pas, c'est un challenge que j'adore. Cinq ans séparent votre nouvel album du précédent, L'An 40. Le covid vous avait privé de tournée. Une période que vous avez mal vécue. Qu'est-ce qui vous a redonné l'envie de composer et d'écrire des chansons ? C'est Benjamin Biolay qui m'a secouée en me disant que c'était le moment pour moi de refaire un disque et qu'il en avait tellement envie qu'il allait l'arranger et le réaliser. Quand il m'a proposé cela, je n'avais rien écrit, je n'avais pas une seule chanson. Sa confiance m'a donné des ailes. Cela m'a redonné le goût d'écrire. Je lui dois cet album. Dans cet album, il y a une chanson, « Sous les toits », qui évoque les violences conjugales. Vous l'avez écrite en pensant au drame de Vilnius, à Marie Trintignant battue à mort par Bertrand Cantat. C'est en pensant à Marie Trintignant que j'ai écrit cette chanson le 1er août 2023, le jour anniversaire des 20 ans de sa mort. C'est une histoire qui m'a hantée. Je me suis rendu compte à quel point j'étais encore marquée et en colère. Cela ne passe pas. C'est une horreur qui est devenue un symbole, mais qui reste inacceptable, 20 ans après. Jeanne Cherhal sera en concert ce vendredi 22 août au festival « Un piano sous les arbres » à Lunel, dans le sud-est de la France. Jeanne Jeanne Cherhal (Decibels production) 2025 Facebook / Instagram / YouTube À lire aussi«Jeanne»: le nouvel album flamboyant de Jeanne Cherhal
Jeanne Cherhal est sur la route des festivals cet été : après les Nuits de Fourvière à Lyon et les Francofolies de la Rochelle, la chanteuse, autrice, compositrice sera en concert ce vendredi 22 août au festival « Un piano sous les arbres » à Lunel, dans le sud-est de la France. Elle y défendra son dernier album, Jeanne, produit en toute indépendance. Une liberté qu'elle savoure. RFI : C'est presque une nouvelle Jeanne Cherhal que le public découvre sur scène. Vous aviez l'habitude d'un corps à corps avec votre piano. Là, vous allez encore plus loin. À quoi ressemble ce drôle de piano siamois que la scénographe Laura Léonard a conçu pour vous ? Jeanne Cherhal : Laura Léonard a imaginé un piano d'un seul tenant, avec deux claviers à ses extrémités. C'est comme si c'était un piano en miroir. Elle y a ajouté un petit escalier en me disant : « Tu pourras monter sur l'escalier de temps en temps, si tu le sens. » Je monte carrément sur le piano. Cela me donne une telle liberté. Le piano est vraiment devenu ma piste de danse. Dans les festivals, il y a beaucoup d'artistes, le public ne vient pas forcément pour vous. C'est un challenge supplémentaire ? Je crois que c'est ce que je préfère. J'aime toutes les configurations, mais c'est vrai qu'attraper des gens qui ne me connaissent pas, c'est un challenge que j'adore. Cinq ans séparent votre nouvel album du précédent, L'An 40. Le covid vous avait privé de tournée. Une période que vous avez mal vécue. Qu'est-ce qui vous a redonné l'envie de composer et d'écrire des chansons ? C'est Benjamin Biolay qui m'a secouée en me disant que c'était le moment pour moi de refaire un disque et qu'il en avait tellement envie qu'il allait l'arranger et le réaliser. Quand il m'a proposé cela, je n'avais rien écrit, je n'avais pas une seule chanson. Sa confiance m'a donné des ailes. Cela m'a redonné le goût d'écrire. Je lui dois cet album. Dans cet album, il y a une chanson, « Sous les toits », qui évoque les violences conjugales. Vous l'avez écrite en pensant au drame de Vilnius, à Marie Trintignant battue à mort par Bertrand Cantat. C'est en pensant à Marie Trintignant que j'ai écrit cette chanson le 1er août 2023, le jour anniversaire des 20 ans de sa mort. C'est une histoire qui m'a hantée. Je me suis rendu compte à quel point j'étais encore marquée et en colère. Cela ne passe pas. C'est une horreur qui est devenue un symbole, mais qui reste inacceptable, 20 ans après. Jeanne Cherhal sera en concert ce vendredi 22 août au festival « Un piano sous les arbres » à Lunel, dans le sud-est de la France. Jeanne Jeanne Cherhal (Decibels production) 2025 Facebook / Instagram / YouTube À lire aussi«Jeanne»: le nouvel album flamboyant de Jeanne Cherhal
Dernier volet de notre série à la découverte du phénomène vinyles au Kenya. Dans les années 1970 et 1980, Nairobi, la capitale, était une plaque tournante de la musique : les artistes de la région venaient pour enregistrer et faire presser leurs disques. Aujourd'hui, plus d'usine de pressage dans le pays, mais certains musiciens ont tout de même décidé de sortir leurs albums en vinyle. Séduits par le son malgré le coût et les difficultés logistiques. De notre correspondante à Nairobi, La musique s'échappe du tourne-disque et résonne dans le studio de Blinky Bill à Nairobi. De son vrai nom, Bill Selanga, il fait partie des artistes contemporains les plus renommés au Kenya. Et a choisi de faire presser ses deux albums en vinyle. « Le son est plus chaud. Et puis, quand je travaille sur l'ordinateur, j'ai parfois l'impression que mon album n'existe que dans le vide. Avoir une copie physique entre les mains, c'est différent. Je me dis : " Waouh, j'ai travaillé dur et j'ai réussi à produire ça". J'adore. Blinky Bill collectionne les vinyles, d'artistes africains surtout. Il dit se sentir plus proche d'eux en ayant leurs disques entre les mains. Un sentiment que semblent partager ses fans : « Dès leur sortie, mes vinyles sont rapidement en rupture de stock. Je pense que c'est en partie parce que peu d'artistes en produisent. Et puis, les gens qui aiment ma musique apprécient aussi, je crois, ce format, notamment l'aspect artistique de l'album. Je pense qu'ils reconnaissent le travail qui a été accompli. » Le Kenya n'a plus d'usine de pressage de vinyles. Pour obtenir ces disques, il faut donc se tourner vers l'étranger. Blinky Bill les a fait presser en France et Maia Lekow en Australie. Sentiment d'être dans un magasin Son groupe, Maia & the Big Sky, fait ce qu'elle appelle de l'afro-fusion. C'est lors d'une tournée en Australie qu'elle a décidé de faire presser ses albums sur place. Environ 3 000 exemplaires. Un processus, elle le reconnaît, coûteux, mais une expérience que Maia ne regrette pas. « Il n'existe aujourd'hui qu'un nombre limité de copies, et je trouve ça très chouette. Ce que j'aime aussi beaucoup avec l'idée de sortir de la musique sur vinyles, c'est que ça m'évoque ce sentiment d'être dans un magasin et de fouiller parmi les vieux disques. Mes vinyles sont éparpillés un peu partout dans le monde, alors j'espère qu'un jour, dans plusieurs années, quelqu'un tombera dessus et se dira : "Oh, je ne connais pas cette artiste, je ne connais rien du Kenya" et cette personne nous découvrira. » Aussi bien Blinky Bill que Maia Lekow remarquent un intérêt croissant pour les vinyles au Kenya. Il y a des fans qui veulent faire tourner les disques sur leurs platines. Et ceux qui les collectionnent comme des objets d'art. À lire aussiLe Kenya en vinyle: les pépites de la musique kényane [2/3]
Rien n'arrête Khalid Tamer, metteur en scène d'origine marocaine, premier président africain de la commission internationale du théâtre francophone et directeur du théâtre le Lavoir Moderne Parisien. Khalid Tamer est un homme du terroir : « J'ai grandi en Corrèze, puis je suis monté à l'âge de 18 ans à Paris pour faire du théâtre ». Une passion qui ne l'a plus quitté. Il crée au cœur du quartier multiculturel de la Goutte d'Or dans le 18e arrondissement parisien, un lieu unique, la compagnie Graines de Soleil - Lavoir Moderne Parisien. Un espace de création atypique : il s'agit tout simplement d'un ancien lavoir transformé en un lieu unique et expérimental où de jeunes troupes ont carte blanche. « On dit qu'Émile Zola en parle dans son roman l'Assommoir. Voyez, il y a encore là les traces qui sont présentes des bassines où les femmes lavaient leur linge. C'est un lieu qui a une belle histoire, ce sont des murs qui ont une âme. En 1986, cet espace est devenu un théâtre, où artistes, auteurs, et des militantes comme les Femen, un groupe de protestation féministe fondé en Ukraine en 2008, célèbre pour avoir organisé des manifestations seins nus, sont venues. Vous voyez le symbole ! Puis j'ai eu mon propre combat pendant six ans avec un des propriétaires qui voulait détruire ce lieu, donc on s'est battu pour le garder tel qu'il est avec tout son charme. » Et c'est toujours au Lavoir Moderne Parisien qu'il vient d'achever la 4ᵉ édition d'Africapitales, avec le Sénégal comme invité d'honneur. Faire venir l'Afrique et ses cultures à Paris, c'est l'un des défis de cet homme passionné de cultures. « Il y a quelque chose de très africain en moi, j'ai l'impression que je suis un nomade et partout où je suis, je porte ma maison », explique-t-il. Première rencontre Dans ce cocon artistique, Virginie Chevalier, Québécoise, l'a rejoint. Cette scénographe a travaillé sur de nombreux projets et pièces de théâtre montés par la compagnie Graines de Soleil aux côtés de Khalid, fascinée par cet homme qui partage sa vie. « Pour moi, Khalid est vraiment au service de la culture. On lui donne un billet d'avion, il te crée un festival dans le monde. Pour lui, l'art est au-dessus de tout. » Au Maroc où il est né, il a des projets. Et à Tanger, ses rêves deviennent réalité. Il vient d'acquérir l'emblématique librairie des Colonnes, c'est aussi dans cette ville, carrefour des cultures entre l'Europe et l'Afrique, qu'il a organisé la première édition des rencontres méditerranéennes de Tanger. Un événement culturel rendu possible avec Marc Bitton de la Fondation Founoun Al Boughaz - Arts du Détroit. Ensemble, ils ont imaginé ce projet. Au menu : des concerts, des expositions et des débats au cœur de la kasbah… où le Liban et sa littérature étaient aussi à l'honneur. Funambule artistique « J'avais très envie qu'on soit présent parce que je pense qu'on a ce défaut dans notre partie du monde de vouloir toujours dialoguer à travers la France » souligne l'écrivaine Georgia Makhlouf. « Je dirais que c'est en France qu'on rencontre les écrivains venus du Maroc, d'Algérie ou de Tunisie… Donc, moi, j'aime beaucoup l'idée d'avoir enfin des liens directs afin d'apprendre à se connaître, je pense qu'on a beaucoup à partager, qu'on a beaucoup à apprendre pour arriver à faire des choses ensemble ». Khalid Tamer tisse des liens : « J'aime rencontrer l'autre que je ne connais pas et j'aime prendre des risques, c'est ma manière de vivre, je suis comme un funambule. » Un véritable funambule artistique qui avance d'un pas délicat et sûr, sans jamais s'arrêter de créer. À lire aussiDiasporas africaines en France: Dieudonné Mbeleg, un «Africain» à la tête de la prison de Nantes [2/5]
Quand David fait trembler Goliath, RFI revient sur dix boycotts restés dans l'histoire. Théorisé en Irlande à la fin du XIXe siècle, ce mode d'expression de la colère continue de faire peur même aux plus puissants. Aujourd'hui, les origines du mot « boycott » en Irlande ravagée par une crise agraire. C'est en 1880, en Irlande ravagée par une grave crise économique, que les pauvres fermiers ont réussi à faire plier l'impitoyable gestionnaire de terres. L'affaire fait les gros titres de la presse de l'époque. Le mot « boycott » entre dans le dictionnaire. Un capitaine devenu gestionnaire de terres Charles Cunningham Boycott, le héros malgré lui de cette histoire, est né en 1832 à Norfolk en Angleterre. Après une brève carrière militaire, le capitaine Boycott s'installe sur l'île d'Achill au large de l'Irlande, sur un lopin de terre qu'il vient d'acheter. Mais la terre est pauvre et la solitude le ronge. Frustré par de mauvaises récoltes, l'homme retourne finalement s'établir en Irlande comme gestionnaire de terres chez un riche propriétaire terrien, dans le comté de Mayo. Sa mission : collecter les loyers des paysans et expulser les mauvais payeurs. L'autoritarisme du capitaine provoque la colère des villageois. Trop pauvres pour être propriétaires des terres qu'ils cultivent, ces métayers, comme on les appelle, ont souvent des traites en retard. La population exsangue C'est la panique dans le village. Les mères se jettent aux pieds du capitaine, les bébés pleurent, mais l'intendant reste de marbre. Le film intitulé Capitain Boycott, réalisé en 1947 par le Britannique, Frank Launder, dépeint cette dure réalité de la fin du XIXe siècle en Irlande. De mauvaises conditions météo ont provoqué de très basses récoltes et la famine s'en est suivie. Trois familles se retrouvent dans la rue. La révolte gronde. La résistance s'organise. La puissante Irish Land League est créée en 1879 Cela fait deux ans que les travailleurs agricoles irlandais protestent contre une législation qu'ils considèrent injuste. Ils ont le soutien de la puissante Irish Land League créée en 1879. Son leader, Charles Stewart Parnell, conseille aux villageois du comté de Mayo d'isoler leur intendant. Une action collective, terrible dans son efficacité est mise en place. Les commerçants refusent de vendre des biens à l'intendant, le facteur cesse de lui livrer son courrier et les métayers désertent les champs. Ostracisé, le capitaine Boycott doit faire venir des travailleurs des autres régions pour effectuer la récolte et engager des soldats pour les protéger. Le coût de l'opération, 10 000 livres sterling de l'époque, dépasse largement le prix de la récolte, 350 livres. Une action collective, solidaire et bien organisée Solidaires et bien organisés les paysans irlandais obtiennent des avancées. La loi votée en 1881 introduit la double propriété foncière entre propriétaires et locataires. Et une commission spéciale est créée pour fixer les loyers pour 15 ans. Ruiné, Charles Cunningham Boycott quitte l'Irlande et meurt en Angleterre seize ans plus tard, en 1897. Mais son nom est resté dans l'histoire pour décrire une contestation collective dans le but d'exercer une pression économique ou politique.
Suite de notre découverte du phénomène vinyles au Kenya. Lundi 18 août, nous étions dans le plus connu des magasins de disques de la capitale. Ce mardi 19 août, plongée dans le passé, à l'écoute des artistes kényans qui ont fait vibrer les platines. De notre correspondante à Nairobi, « La pire chose quand on cherche un vinyle en particulier, c'est qu'on ne le trouve jamais au moment où on le veut », déclare Sam. Chez lui, le salon est petit, mais les étagères, du sol au plafond, débordent de vinyles. Il les collectionne depuis plus de 20 ans. Sa passion a débuté par nostalgie des sons de son enfance. Aujourd'hui, il en a fait son métier. Il est DJ sur tourne-disques. Son surnom : Sam Tha Digga. Sa collection est diverse, et inclut bien sûr les classiques kényans. « Là, c'est une chanson qui s'appelle "Kothbiro". C'est du luo, ça veut dire "la pluie qui arrive". Ce groupe, Black Savage, expérimentait avec plein de choses. C'est l'époque où, pour moi, les musiciens étaient sérieux », ajoute-t-il. Au début des années 1950, une usine de pressage de vinyles s'est installée à Nairobi. Les trois décennies qui ont suivi ont vu un essor de la production musicale dans le pays. Les maisons de disques se sont multipliées, attirant des artistes des pays voisins. Puis, les cassettes sont arrivées, et l'usine a fermé. Aujourd'hui, les vinyles de musique kényane sont devenus précieux. Sam le reconnaît, les collectionner n'est pas le plus facile : « Dans un magasin de vinyles au Kenya, on trouve beaucoup de musique occidentale, notamment des années 1980, de la musique country aussi, et bien sûr de la musique africaine mais surtout congolaise, car c'était très populaire quand j'étais jeune. La musique kényane, en revanche, est plus rare. Je pense que c'est parce que beaucoup de vinyles ont été jetés ou abîmés. La plupart des collections kényanes n'ont pas été très bien conservées. » Les collectionneurs chérissent donc leurs vieux exemplaires. Grâce à sa double platine, Sam passe d'un disque à un autre : « Là, c'est un groupe de l'ethnie Kamba, près des Kikuyu, les Ndalani 77 Brothers. » Sam a un rêve : parcourir le Kenya pour enregistrer les musiques traditionnelles des plus de 40 ethnies kényanes. À lire aussiLe Kenya en vinyle: l'emblématique magasin Real Vinyl Guru [1/3]
Ce Franco-Camerounais de 56 ans dirige avec fermeté et humilité ce centre pénitentiaire de l'ouest de la France. Il s'appelle Dieudonné Mbeleg. Ce père de quatre enfants est né au Cameroun. À 56 ans, il pilote avec humanité et fermeté le centre pénitentiaire de Nantes (Loire-Atlantique) : quatre établissements répartis sur 11 hectares, 1 800 prisonniers et 600 personnels pénitentiaires. Une ville dans la ville. La maison d'arrêt, comme de nombreuses prisons en France, est surpeuplée. « Ils sont à quatre en cellules, les matelas à terre. Pour moi, c'est un véritable casse-tête, car avec 508 places pour près de 1 000 détenus, le taux d'occupation dépasse les 200%, et ça devient intenable », explique le directeur. Au cœur de la maison d'arrêt D'un pas décidé, il traverse la cour centrale. « Ils ne nous ont pas encore repéré, lance-t-il en levant les yeux en direction des bâtiments, sinon ils auraient commencé à crier. » Au loin dans les bâtiments, les cellules des détenus. Derrière les barreaux, leurs silhouettes se dessinent. « Il faut bien l'accepter parce que lorsqu'on enferme des personnes dans un endroit comme celui-ci, on sait qu'ils vont réagir », poursuit Dieudonné Mbeleg. « Le matin, lorsque vous venez au travail, vous ne savez pas trop ce qui vous attend, vous devez être joignable 24 heures sur 24 et être capable de décider dans l'urgence. Vous pouvez être conseillé, épaulé, soutenu… Mais c'est à vous de rassurer vos collaborateurs et de leur faire confiance », déclare le directeur. Issu d'une famille modeste « Mon parcours est à l'image de cette diaspora africaine : une fois arrivée en France, elle aspire tout simplement à réussir », explique-t-il dans un large sourire. Dieudonné Mbeleg va commencer son parcours universitaire au Cameroun. Ses études scientifiques l'amènent ensuite en France, où sa vie va connaître un nouveau départ. Après le concours à l'École nationale d'administration pénitentiaire, il va gravir progressivement tous les échelons : « J'ai pu accéder à de très hautes responsabilités sans jamais me dire : ''Est-ce que je pourrais y arriver ?''. Non, je ne me suis jamais posé ce type de question. J'ai eu des responsables qui m'ont fait confiance. Et moi, j'ai su saisir ces opportunités grâce au travail acharné, grâce aussi à la capacité de cette administration à pouvoir me donner ma chance. » Il démarre sa carrière au centre pénitentiaire de Borgo en Corse, puis à Avignon-Le Pontet, dans le Vaucluse, où il va diriger un établissement carcéral de très haute sécurité. « Je n'étais pas prédestiné à pouvoir diriger de tels établissements », affirme Dieudonné Mbeleg. Et pourtant, depuis un an, c'est le cas, avec le centre pénitentiaire de Nantes. Extrêmement complexe puisque éclaté, ce lieu nécessite en termes de pilotage « une véritable stratégie pour accomplir cette mission extrêmement noble », comme il aime à le dire. Et d'ajouter : « Je me sens aujourd'hui légitime. Comme je le dis toujours, je pense être à ma place, à ma juste place. » Toujours souriant, Dieudonné Mbeleg assume avec humilité et fierté le chemin qu'il a parcouru. À lire aussiDiasporas africaines en France: Mahi Traoré, Madame la proviseure [1/5]
Cette semaine, RFI vous emmène à la découverte du phénomène des vinyles au Kenya. Trois épisodes pour parler de ceux qui les vendent, des artistes kényans qui ont fait vibrer les tourne-disques ou de ceux qui les remettent à la mode. Ce 18 août, focus sur une boutique mythique de Nairobi, Real Vinyl Guru, véritable archive du vinyle africain cachée dans le dédale du Kenyatta Market. De notre correspondante à Nairobi, C'est une plongée dans l'histoire de la musique sur vinyles qui s'offre aux visiteurs de Real Vinyl Guru. Comme avec ce 45 tours d'un groupe kényan des années 1970, choisi avec soin par Gaturi Rugami. Surnommé Jimmi, il est le fondateur de la boutique : « La langue ici, c'est du kikemba. C'est une chanson des Kilimambogo Brothers, c'est de la bonne musique. » Les murs débordent de disques. Il y en a plus de 10 000, estime Jimmi. Aujourd'hui âgé de 64 ans, ce passionné a ouvert sa première boutique à Nairobi en 1989. Lorsque les cassettes sont arrivées et que les magasins se débarrassaient de leurs disques, il a tenu bon. Et a même fait des kilomètres pour les récupérer. « Avec ma Peugeot 404, je suis allé en Tanzanie, en Ouganda, presque jusqu'à Addis-Abeba. Si les distances étaient plus longues, je prenais le bus ou le train. Je m'arrêtais dans chaque petite ville. Quand je trouvais des vinyles, je les payais et je les laissais sur place, puis je poursuivais mon périple. Sur le chemin du retour, je les récupérais tous. C'était comme une chasse, parfois difficile, car il fallait aller dans des zones un peu dangereuses. Mais il fallait bien traquer les vinyles, parce qu'eux ne viendront pas vous trouver tout seuls ! », se souvient Jimmi. Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, la collecte est plus facile. Jimmi connaît bien les disques qui remplissent les rayons de sa boutique. Il extrait un autre artiste kényan, une légende de son époque, Musaimo wa Njeri : « Celui-là, la langue est du gikuyu, c'est de la musique un peu traditionnelle mais pas vraiment du benga. » Désormais, Jimmi se fait aider de ses enfants, qui ont repris le flambeau de la boutique. Son fils, Rufus, répare aussi des tourne-disques. Il a hérité de la passion paternelle : « Bouger le bras du tourne-disque, entendre le craquement puis la musique... C'est autre chose. Même la qualité du son est meilleure. Il suffit d'avoir une bonne platine avec des vinyles en bon état pour profiter de la plus belle musique possible. » Son père, Jimmi, dit écouter des vinyles chez lui tous les jours. Du jazz africain, du blues ou de la musique traditionnelle... À lire aussiPourquoi le vinyle refait tourner les têtes
Originaire du Mali, elle dirige depuis cinq ans un lycée professionnel où se perpétue un art séculaire : celui du verre et du vitrail. En septembre 2020, elle prend la direction du lycée Lucas de Nehou, une école professionnelle et publique du verre et du vitrail en Île-de-France. Elle, c'est Maïmouna N'Daw Traoré, une femme au caractère bien trempé qui sait d'où elle vient et où elle va. Cette Française née au Mali a fait ses études universitaires à la Sorbonne, et quelques années plus tard, c'est dans ce quartier latin qu'elle est de retour pour devenir proviseure. Un poste qu'elle occupe avec fierté. « J'ai toujours su que je serais un jour proviseure », affirme-t-elle. Maïmouna N'daw, ou Mahi Traoré, son nom d'écrivaine, a un rire franc. Je suis noire mais je ne me plains pas, j'aurais pu être une femme est son tout premier roman autobiographique. Et il en dit long aussi sur sa personnalité. « Si on veut savoir où on veut aller, il faut savoir d'où on vient, et c'est pour cela que j'ai toujours voulu être aux commandes. Je suis exactement à la place que je voulais avoir et je suis à la bonne place », avoue-t-elle sans complexe. Enracinée à Paris depuis les années 1990, Mahi Traoré est donc aux commandes du lycée Lucas de Néhou, un établissement professionnel très particulier. Dans ces murs où se perpétue un art séculaire, celui du verre et du vitrail, on ne s'attendrait pas à y voir une Française d'origine malienne : « Moi, je m'attendais à tout de toute façon, parce que j'ai toujours voulu être proviseure, et j'ai toujours travaillé durement, ardemment pour pouvoir le devenir, explique Mahi Traoré. J'ai passé le concours de chef d'établissement trois fois. Je l'ai raté deux fois, mais ça a été deux échecs constructifs. Mais oui, j'ai toujours su que je serais un jour proviseure et à Paris, parce que c'était mon souhait, mon envie. C'est une nomination, on est beaucoup à candidater, et il faut être en capacité d'administrer à la fois une institution scolaire, publique, et républicaine. » À lire aussiLe Journal d'une proviseure de Lycée atypique Rien ne l'arrête. Alors, une Française d'origine malienne proviseure, c'est donc possible ? Absolument. « Je suis noire, donc il y a certaines choses que je ne m'autorise pas, qui ne sont pas possibles. Eh bien moi, je suis la preuve vivante qu'on peut y arriver », lance Maïmouna N'daw Traoré. Et elle est prête à tout pour défendre cette école et ce patrimoine : « Je suis extrêmement opiniâtre. Je ne renonce jamais. Si on me dit non par la porte, je passe par la cave. Si on me dit non par la cave, je passe par la fenêtre. Si on me dit non par la fenêtre, je ferai un trou dans un mur. Je ne lâche jamais rien quand je suis convaincue de ce que je défends. Et moi, je me bats pour mon école, pour mes professeurs, pour mes parents d'élèves, mais encore une fois pour mes élèves, parce que c'est vraiment eux qui me donnent l'énergie. » Un état d'esprit qui a conquis les élèves prêts à s'engager comme elle. Rien n'arrête Madame la proviseure. Elle milite pour revaloriser l'enseignement professionnel en France. Au Mali, elle veut bâtir une école destinée aux jeunes filles – orphelines ou victimes de violences – pour les encourager à concrétiser leurs rêves. À lire aussiCrises multiples: quels impacts sur le bien être des filles et des femmes du Sahel?
« Dis-moi à quel jeu tu joues, je te dirai qui tu es », est une série spéciale de RFI à la découverte des jeux populaires à travers le monde. Ces jeux qui, à travers les joueurs, parlent de la culture et de l'identité de chaque pays. Aujourd'hui, direction la France et plus précisément Lyon, où l'association des Béninois du Rhône-Alpes organise une après-midi de jeu autour de l'awalé. Ce jeu de semailles est le jeu de société africain le plus répandu, de l'est à l'ouest du continent et jusqu'aux Antilles. Entre transmission et nostalgie, pour la diaspora africaine, l'awalé fait le lien entre l'enfance au pays et la vie en France. Reportage à Lyon de Welly Diallo. Assis face à son adversaire, Julio se concentre. D'une main, il saisit quelques graines qu'il dissémine le long du plateau : « J'ai grandi avec mes grands-parents au pays donc je connaissais déjà l'awalé. » Julio maîtrise le jeu, mais ça ne veut pas dire qu'il gagne chaque fois. « J'ai joué avec quelqu'un de beaucoup plus expérimenté que moi donc euh... Non ! », s'amuse-t-il. Le jeune Béninois n'avait presque aucune chance face à Bienvenue Kenke, le trésorier de l'association des Béninois de Rhône-Alpes, pour qui ces rencontres autour des jeux oscillent entre transmission et nostalgie. « Ça permet aussi à ceux qui sont à Lyon de rester dans le mood des anciens jeux malgré leur âge adulte pour transmettre à leur descendance, explique Bienvenue Kenke. Comme on s'est retrouvé ici, on s'est dit : sortons notre awalé pour que ceux qui sont venus il y a longtemps soient toujours dans le mood de l'ancien temps. » Sur la table d'à côté, Odette la doyenne, retrouve ce « mood de l'ancien temps », cette ambiance, cette excitation d'autrefois. Depuis son arrivée, elle enchaîne les victoires et explique les bases du jeu aux nouveaux-venus. Aujourd'hui, l'awalé se joue dans presque tous les pays d'Afrique subsaharienne. À l'origine, le jeu a émergé entre le XIIIe et le XIVe siècle au Ghana. Puis, la traite négrière va contribuer à son expansion aussi bien en Afrique qu'aux Antilles. L'historien Joseph Salumu Kamangu est le président de l'association africaine des jeux et sports traditionnels : « À l'époque, à chaque déportation par la traite négrière, ces gens-là emmenaient l'awalé avec eux. Aujourd'hui, le gouvernement ghanéen, en collaboration avec l'Unesco, a pu ramener ce jeu, le moderniser un peu en intégrant ce programme dans des écoles et des centres culturels, et aujourd'hui, ça a pris quand même une diffusion internationale. » À lire aussi«Dis-moi à quel jeu tu joues» à Madagascar: le fanorona D'où sa place centrale au sein des diasporas africaines. L'awalé, que l'on appelle aussi l'adji ou owaré, est présent dans les ateliers et séances de jeux, et même jusqu'au festival Yardland de hip-hop, dancehall et R'n'B, qui a eu lieu à Paris début juillet, à l'hippodrome de Vincennes. Dans son stand, Ngoufo Gangnimaze, président du Club Awalé, a proposé aux festivaliers de découvrir le jeu. « Il y a beaucoup d'enthousiasme parce que l'awalé, c'est le jeu le plus connu en France. Les gens viennent très naturellement parce qu'il y a un capital sympathie fort. Et nous, tout ce qu'on a à faire, c'est intervenir dans des festivals, des foires des fêtes de jeux pour faire connaître l'awalé et les jeux africains », raconte Ngoufo Gangnimaze. Faire découvrir le jeu, mais à condition qu'il reste africain, surtout dans sa fabrication : « C'est les Chinois qui ont pour l'instant le monopole de cette fabrication-là. Ils les vendent essentiellement dans les centres commerciaux, grandes surfaces et boutiques en ligne, commente Ngoufo Gangnimaze. Il faut s'investir dans cette industrie, les Africains doivent prendre l'espace, investir dans la fabrication du jeu, faire du lobbying en fait ! Moi, j'ai déjà rencontré des ergothérapeutes qui utilisaient l'awalé pour exercer leurs patients dans tout ce qui est la psychomotricité finee. » Outil pour soigner, pour éduquer, pour se souvenir d'où on vient... L'awalé est ce trait d'union avec le continent pour la diaspora africaine en France. À lire aussi«Dis-moi à quel jeu tu joues» en Argentine: le truco
Dans ce nouvel épisode de notre série d'été consacrée aux « délices du continent », nous partons pour Casablanca, à la découverte d'un sandwich populaire. Ce dernier convoque, pour des générations de Marocains, l'enfance, la plage, les vacances d'été… Vendu autour d'un euro, il est emblématique de la culture toujours très vivante de la street food à la marocaine. La suite vous est contée par Matthias Raynal. Il s'appelle le « thon o'lahrour », littéralement « le thon et le piment ». Ce sont les deux ingrédients phares de ce sandwich marocain. Mais il y en a d'autres… Sur son comptoir mobile, Imad, 36 ans, prépare des thon o'lahrour depuis treize ans : « Le plus important, c'est le pain ! Le croquant, le croustillant, c'est ça le secret ! ». Il poursuit : « Premièrement, le thon ne va jamais te rendre malade. Deuxièmement, c'est léger, c'est bien quand il fait chaud. Troisièmement, c'est le sandwich de toutes les générations, il convient à la fois aux petits et aux grands. » Voilà la recette du succès, qui ne s'est jamais démentie au fil des années. Kenzi vient de sortir du bureau. Elle prend sa pause déjeuner avec des copines : « Mmmmm, c'est très très bon, c'est mon enfance… Ce sandwich, tu le trouves à la plage, au stade, dans la rue, à côté des écoles… » Hicham, 43 ans, en est déjà à son deuxième thon o'lahrour ce midi : « On oubliera jamais ce sandwich, il fait partie de l'histoire. Le jour de l'Aïd, quand tout est fermé, il y a toujours un gars dans le quartier qui profite de ce moment pour se mettre à vendre des sandwichs, car le jour de la fête, les gosses reçoivent un peu d'argent de poche, quelques dirhams qui sont aussitôt dépensés ». À lire aussi« Cuisines d'Afrique du Nord » : recettes et récits intimes d'une identité retrouvée Parasol et sable fin, voilà le décor que préfère encore le thon o'lahrour. Imad reprend : « Il n'y a pas un Marocain qui est parti à la plage et qui n'a pas mangé ce sandwich. C'est un pan de la culture balnéaire au Maroc. » Ce monument de la street food marocaine a évolué à travers le temps : « Par exemple, il n'y avait pas de pommes de terre avant. Certains en ajoutent désormais, ils mettent aussi de la charcuterie halal, des sauces, du fromage… Son avantage, c'est qu'on n'a jamais marre d'en manger. Tous les jours, du lundi au vendredi, j'en mange deux au déjeuner. » Et si vous voulez goûter à ce fameux sandwich fait avec passion par Imad, sachez que son stand se trouve en centre-ville, sur la place Zellaqa. À lire aussiLes délices du continent en Côte d'Ivoire: l'alloco [9/10]
« Dis-moi à quel jeu tu joues, je te dirai qui tu es », c'est une série spéciale de RFI à la découverte des jeux populaires à travers le monde. Ces jeux qui, à travers les joueurs, parlent de la culture et de l'identité de chaque pays. Aujourd'hui, direction Madagascar avec le fanorona. Un jeu de stratégie ancestral créé sur la Grande Île, qui se joue en duel. Ses règles devaient être parfaitement maîtrisées par tous les héritiers de la royauté merina afin d'accroître leurs chances de remporter les batailles contre les autres royaumes. Le fanorona a depuis conquis tout le territoire, mais a perdu de son prestige au sein de la société, faute d'enseignement adéquat. Quelques irréductibles passionnés, convaincus de ses bienfaits sur la concentration et l'agilité cérébrale qu'il développe, s'efforcent aujourd'hui de le remettre au goût du jour. De notre correspondante à Antananarivo, Sur les tables en béton érigées au pied des immeubles de la cité Analamahitsy, les pions rouges et bleus semblent comme danser sous les doigts des joueurs de fanorona. Sous le regard des badauds, Fetra Andriamampianina, dit Karana, l'actuel président de la fédération de fanorona de la région Analamanga, affronte son élève Jean-Marie Andriatsarafara, dit Zamabe, triple champion de Madagascar. « Le fanorona est apparu pour la première fois au 16ᵉ siècle, sur les Hautes-Terres, dans la ville royale de Merimanjaka. Puis le jeu s'est répandu à l'extérieur du palais, et plus tard dans la rue et c'est comme ça que dans toute l'île, tout le monde s'est mis à jouer », explique Fetra Andriamampianina. Un jeu aux origines royales, donc, confirment les historiens. En témoignant d'ailleurs, les pierres à quadrillage que l'on retrouve encore aujourd'hui sur chacun des sites princiers répertoriés en Imerina. À l'époque, exceller au fanorona, c'était s'assurer d'être un bon stratège, y compris sur le champ de bataille. Le champion Zamabe, lui, n'est pas un descendant royal. Toutefois, confie-t-il, ce jeu a totalement façonné sa vie : « Les chrétiens, ils ont la Bible. Les musulmans, ils ont le Coran, et nous les malgaches, on a le fanorona. Le fanorona, c'est notre livre divin. Parce que ça nous permet d'anticiper le futur, et le futur du futur. Ce jeu nous permet de tirer des leçons de vie, parce que contrairement aux autres jeux, quand tu comprends qu'un coup te détruit au fanorona, tu essaies de ne plus le refaire et tu t'obliges à prendre un autre chemin à l'avenir ». À lire aussi«Dis-moi à quel jeu tu joues» en Argentine: le truco Contrairement aux échecs, le fanorona autorise plusieurs mouvements en un seul tour : « La plus belle chose que ça m'ait apportée, c'est de savoir analyser et prévoir. Être trop gourmand en voulant éliminer le plus vite possible les pions adverses, par exemple, ça peut te détruire. C'est comme dans la vraie vie. Et c'est pour ça que nous, joueurs de fanorona, on ne joue jamais aux jeux d'argent. On est capable de bien gérer notre salaire, notre nourriture, de penser au futur. C'est sûr que les principes de ce jeu pourraient être utilisés en politique parce que c'est beaucoup de stratégie. Mais je crois qu'aujourd'hui, non, personne ne s'en sert en ce moment... » Comme chaque dimanche midi, Sariaka Razanamparany, fondatrice de l'association Pi Lalao, propose aux clients d'un restaurant tananarivien de redécouvrir des jeux, malgaches ou non. À cette table, cette grande famille a choisi le fanorona : « Ce sont des jeux qui ont été oubliés quelque part. Et ce qui fait que moi, dans mon métier, je vais vers les gens et je leur propose de jouer aux jeux traditionnels comme le fanorona. En réintroduisant ce jeu aussi, ça réintroduit le lien social finalement et entre les générations comme c'est le cas aujourd'hui où c'est un papa et son fils qui jouent ensemble et il n'y a vraiment pas d'âge et c'est ça qui est très intéressant. C'est universel ». Bien plus qu'un simple jeu, le fanorona incarne une part de l'identité malgache. Héritage royal devenu outil d'éveil stratégique, il permet aujourd'hui à une nouvelle génération de se reconnecter à ses racines. Se réapproprier ce savoir, c'est renouer avec une mémoire collective, tout en s'aiguisant l'esprit, à la manière des ancêtres malagasy. À lire aussi«Dis-moi à quel jeu tu joues» en Chine: le xiangqi, «Ça fait partie de notre culture traditionnelle»
Neuvième épisode de notre série d'été sur les délices du continent… Avez-vous déjà goûté à l'alloco ? Ce snack est composé de banane plantain coupée en dés ou en rondelles et frite dans l'huile de palme, jaune ou rouge. En zone rurale, l'alloco se mange sur le pouce, tel quel ou avec de l'œuf, pour une somme modique. Mais en zone urbaine, à Abidjan en particulier, les « allocodromes » sont devenus des lieux de restauration assise, prisés des classes aisées. Reportage dans l'un des plus anciens, l'allocodrome de Cocody, une institution de l'alloco, avec notre correspondante Marine Jeannin. De notre correspondante à Abidjan, À l'extérieur, les chaises en plastique n'ont pas changé depuis les années soixante, et dans le marché couvert, où on prépare les fritures et les grillades, les mêmes recettes se transmettent entre les vendeuses de génération en génération. Démonstration avec Ruth, l'une de ces cuisinières : « On épluche la banane, on met dans l'assiette. On prend le couteau, on découpe la banane. Doucement, petit petit, voilà… Et quand tu as fini de découper petit petit, tu allumes la bouteille de gaz… ». On reconnaît un bon alloco à sa couleur, qui témoigne d'une cuisson maîtrisée. Et si la banane est choisie à maturité, il aura à la fois le goût sucré recherché et une bonne texture en bouche. L'alloco est particulièrement prisé des « jeunes chocos », le surnom donné aux jeunes des classes aisées, qui viennent à l'allocodrome après les cours, pour le goûter, explique Tantie Franceline, qui tient l'une de ces échoppes : « La majorité, c'est les étudiants qui viennent avec leurs copines… Ils viennent manger alloco à partir de 16h, souvent… Ce sont les chocos qui viennent manger [alloco]. C'est un peu ça ! ». À lire aussiUn goûter ivoirien, ça vous dit ? Parmi les clients, Emmanuelle Grâce Yao N'Guessan, étudiante en finances-comptabilité, venue partager un goûter avec son ami. Et qui cherche à retrouver dans l'alloco le goût de son enfance : « Hum ! On partait à la maison, et j'ai pensé que j'avais une folle envie de manger alloco. Donc, on est venus. Ah ! Alloco, c'est la vie hein. Et ça faisait longtemps que je n'avais pas mangé de l'alloco. Ma maman vendait alloco même, quand j'étais petite. Moi, j'aime tellement alloco ! C'est très bon, très, très bon. En tout cas, c'est doux. La banane plantain, c'est délicieux ». À l'origine, l'alloco était pourtant une recette de récupération, explique le manager de l'allocodrome de Cocody, Manheni Kouleon, inventée pour valoriser les fruits trop mûrs : « Nos mères, nos grand-mères ont créé ce mets à la base pour ne pas perdre le produit… À partir de ça est né l'alloco. Chaque 16h, le petit goûter, la petite grignote. Alloco 100 francs, alloco 50 francs…Ça, c'était à l'époque. Et aujourd'hui, on voit des allocodromes partout. Avec plusieurs grillades de poulet, de poisson : alloco-poulet braisé, alloco-poulet frit, alloco-poisson frit… L'alloco passe avec tout ce qui est grillade, c'est ce qui est intéressant dans ce mets-là ! ». La banane plantain frite n'est pas propre à la Côte d'Ivoire. Plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre en consomment aussi, et en revendiquent la paternité. Mais bien sûr, à Abidjan, on jure que l'alloco ivoirien est le meilleur du continent ! À lire aussiLes délices du continent au Sénégal: beignets et fatayas, les reines de la street food [8/10]
Le FEMUA célèbre les 30 ans de « Couleurs Tropicales ». Durant deux heures, entouré d'un grand nombre d'artistes (Nash, Didi B, Sindika, Josey, Smarty, Mako le King, entre autres) Claudy Siar et son équipe proposent une soirée exceptionnelle en direct de l'INJS Marcory, site du FEMUA. Un spectacle en public dont le final sera « La plus grande discothèque d'Afrique » avec, aux platines, Dj Mulukuku, l'un des Djs stars de Côte d'Ivoire. « Couleurs Tropicales » accompagne le FEMUA depuis le début. Deux parcours, deux histoires liées. (Rediffusion) Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons : Didi B -Batman Sindika x Didi B - Rodela Josey - Diplôme Josey - Rebelote Josey feat Fanny J - Faux pas Insê - La récolte Nash - Eux ils parlent Mako le King - Je ne suis pus célibataire Mulukuku Dj Mix Retrouvez notre playlist sur Deezer.
Le FEMUA célèbre les 30 ans de « Couleurs Tropicales ». Durant deux heures, entouré d'un grand nombre d'artistes (Nash, Didi B, Sindika, Josey, Smarty, Mako le King, entre autres) Claudy Siar et son équipe proposent une soirée exceptionnelle en direct de l'INJS Marcory, site du FEMUA. Un spectacle en public dont le final sera « La plus grande discothèque d'Afrique » avec, aux platines, Dj Mulukuku, l'un des Djs stars de Côte d'Ivoire. « Couleurs Tropicales » accompagne le FEMUA depuis le début. Deux parcours, deux histoires liées. (Rediffusion) Pour visionner les clips, cliquez sur les titres des chansons : Didi B -Batman Sindika x Didi B - Rodela Josey - Diplôme Josey - Rebelote Josey feat Fanny J - Faux pas Insê - La récolte Nash - Eux ils parlent Mako le King - Je ne suis pus célibataire Mulukuku Dj Mix Retrouvez notre playlist sur Deezer.
Le numéro d'été (juillet-août 2025) de la revue Esprit nous propose une plongée dans les ressorts idéologiques des mouvements autoritaires et d'extrême droite. Coordonné par Marc-Olivier Padis et Anne Dujin, la rédactrice en chef de la revue (notre invitée), le dossier intitulé «La convergence des haines» met en lumière une dynamique inquiétante : celle de la coalition des ressentiments. Anne Dujin et Marc-Olivier Padis en parlent au micro de Pierre-Edouard Deldique. ⇒ Revue Esprit : La convergence des haines. Ce dossier complet se fonde sur les travaux de Daniel Lindenberg (Le Rappel à l'ordre, enquête sur les nouveaux réactionnaires, 2002), les auteurs montrent que les discours réactionnaires ne reposent pas sur une cohérence intellectuelle, mais sur une capacité à agréger des colères disparates. Qu'il s'agisse de rejet de l'autre, de nostalgie identitaire ou de frustration sociale, ces haines convergent dans un projet politique qui séduit par sa simplicité et sa radicalité. Le dossier analyse le rôle de plusieurs penseurs et écrivains dans cette recomposition idéologique : Michel Onfray, présenté comme un vecteur de confusionnisme, mêle références de gauche et rhétorique conservatrice Michel Houellebecq, quant à lui, incarne une posture post-politique, où le désenchantement devient esthétique Charles Maurras, figure historique de la droite nationaliste, revient en force dans certains cercles intellectuels. Face à cette montée des discours illibéraux, les auteurs appellent à une réaction politique forte. Il ne suffit plus de dénoncer : il faut reconstruire un projet démocratique et émancipateur, capable de répondre aux peurs sans céder à la tentation autoritaire. La gauche en sera-t-elle capable ? Ce numéro du magazine Esprit dont la devise est « comprendre le monde qui vient » ne se contente pas d'un constat. Il propose une cartographie des pensées réactionnaires. Il invite à repenser les conditions d'un débat public éclairé. Dans un contexte où les passions l'emportent souvent sur la raison, cette enquête est une contribution précieuse à la défense de l'esprit critique. À écouter absolument. Site de la revue Esprit. Programmation musicale : Cinquième Saison - Cinquième Saison.
Le numéro d'été (juillet-août 2025) de la revue Esprit nous propose une plongée dans les ressorts idéologiques des mouvements autoritaires et d'extrême droite. Coordonné par Marc-Olivier Padis et Anne Dujin, la rédactrice en chef de la revue (notre invitée), le dossier intitulé «La convergence des haines» met en lumière une dynamique inquiétante : celle de la coalition des ressentiments. Anne Dujin et Marc-Olivier Padis en parlent au micro de Pierre-Edouard Deldique. ⇒ Revue Esprit : La convergence des haines. Ce dossier complet se fonde sur les travaux de Daniel Lindenberg (Le Rappel à l'ordre, enquête sur les nouveaux réactionnaires, 2002), les auteurs montrent que les discours réactionnaires ne reposent pas sur une cohérence intellectuelle, mais sur une capacité à agréger des colères disparates. Qu'il s'agisse de rejet de l'autre, de nostalgie identitaire ou de frustration sociale, ces haines convergent dans un projet politique qui séduit par sa simplicité et sa radicalité. Le dossier analyse le rôle de plusieurs penseurs et écrivains dans cette recomposition idéologique : Michel Onfray, présenté comme un vecteur de confusionnisme, mêle références de gauche et rhétorique conservatrice Michel Houellebecq, quant à lui, incarne une posture post-politique, où le désenchantement devient esthétique Charles Maurras, figure historique de la droite nationaliste, revient en force dans certains cercles intellectuels. Face à cette montée des discours illibéraux, les auteurs appellent à une réaction politique forte. Il ne suffit plus de dénoncer : il faut reconstruire un projet démocratique et émancipateur, capable de répondre aux peurs sans céder à la tentation autoritaire. La gauche en sera-t-elle capable ? Ce numéro du magazine Esprit dont la devise est « comprendre le monde qui vient » ne se contente pas d'un constat. Il propose une cartographie des pensées réactionnaires. Il invite à repenser les conditions d'un débat public éclairé. Dans un contexte où les passions l'emportent souvent sur la raison, cette enquête est une contribution précieuse à la défense de l'esprit critique. À écouter absolument. Site de la revue Esprit. Programmation musicale : Cinquième Saison - Cinquième Saison.
On appelle «médiation animale» ou «zoothérapie» le fait d'intégrer l'animal au parcours de soins du patient. Mise en place pour la première fois dans une unité psychiatrique à l'Université d'État d'Ohio en 1977, la zoothérapie peut permettre de réduire le stress, l'anxiété et la dépression, et de réduire l'isolement social. Dans quel cadre cet accompagnement peut-il être bénéfique pour le patient ? Quels sont les bienfaits de cette thérapie pour le patient et son traitement ? Isabelle Fromantin, infirmière et docteure en sciences. Responsable de l'unité « plaies et cicatrisation » de l'Institut Curie à Paris. Co-auteure de l'ouvrage Snoopy, un chien qui fait du bien, aux éditions Solar Ermelinda Hadey, infirmière-zoothérapeute de l'Unité fonctionnelle de zoothérapie de l'EPS de Ville-Évrard, en Seine-Saint-Denis, en région parisienne, et créatrice de l'association « les Z'amis de Nono » Elodie, patiente de l'EPS de Ville-Évrard et bénévole de l'association « les Z'amis de Nono ». Un reportage de Raphaëlle Constant. ► En fin d'émission, nous parlons de la plus importante épidémie de diphtérie qu'ait connue l'Europe occidentale depuis 70 ans, selon une étude parue dans le New England Journal of Medicine. Interview du Pr Sylvain Brisse, responsable du Centre national de la diphtérie et responsable de l'Unité biodiversité et épidémiologie des bactéries pathogènes à l'Institut Pasteur. Programmation musicale : ► Queen – Cool cat ► Daara J family – Cosaan.
Pour ce dernier numéro avant une interruption estivale, L'atelier des médias accueille la journaliste Matilde Meslin, qui est spécialisée dans l'écoute et la critique de podcasts. Avec Steven Jambot, elle a sélectionné des podcasts originaux en français sortis ces derniers mois. Certains sont indépendants, d'autres produits par des studios (comme Louie Media), ou par des médias plus établis, comme Arte Radio et la Radio Télévision Suisse (RTS). • Kashalal (Arte Radio), un documentaire de Mehdi Ahoudig et Thomas Pendzel. Réalisation Samuel Hirsch. • Zoom info (RTS), la série sur le Tibet produite par Michael Peuker, diffusée initialement dans l'émission Tout un monde • Passages : Une dernière chance de fuir (Louie Media), par Jeanne-Marie Desnos ; Louise Hemmerlé à la production. Réalisation Théo Boulenger. • Chefs, par David Ordono. • Adapte-moi si tu peux par Victoire Bocquillon, Pascale Charpenet, Marianne Hugo et Jeanne Liénard. • Systémique, par Roman Facerias-Lacoste. Production : Orson Production & La fabrique des parallèles. • Archives du crime (INA) sur Simone Weber, par Véronique Chalmet. • Amour jungle, L'été de Ben Mazué
Dans la cité italienne accrochée aux flancs des collines de Ligurie, entre mer et montagnes, les chansons des poètes disparus courent encore les rues, les carruggis. Dans les ruelles étroites et sinueuses du centre historique, il faut lever le nez pour entrapercevoir un morceau de ciel. Ouvrir grand ses oreilles aussi pour en saisir la mélodie si singulière, encore populaire et métissée, entre ses minuscules échoppes de tripes ou de foccacias, ses venelles qui dévalent vers la mer et le port ou ses demeures patriciennes qui rappellent le passé glorieux de la République maritime de Gênes. Jadis rivale de Venise, « la Dame de la mer », comme l'a surnommée le poète florentin Pétrarque, a vu bien des départs et des arrivées, des explorateurs à commencer par le Génois Christophe Colomb, des négociants, des marins, des travailleurs, des immigrés, des émigrés pour les Amériques, l'aristocratie du Grand Tour au XVIIIème siècle jusqu'aux touristes, en croisière aujourd'hui, sans parler des artistes... Façonnée au gré de ces mouvements, Gênes s'est alors beaucoup racontée en musique, celle des ailleurs débarquant plus tôt -dit-on- sur les ports ; Gênes serait ainsi la ville par laquelle le jazz est « arrivé » en Italie. Déjà, une solide tradition polyphonique venue des montagnes, le « trallalero », s'était enraciné à Gênes, parmi les dockers. Puis, dès les années 60, des auteurs interprètes génois, les « cantautori » ont fait école ici, portés notamment par le grand chanteur italien Fabrizio De André qui, comme personne, a chanté l'âme de ce port tourné vers la mer et le monde. Ainsi, la chanson, cette littérature du peuple, dit beaucoup de Gênes, qui elle est réellement mais aussi poétiquement ; car à Gênes, la chanson est au coin de la rue… Un voyage sonore d'Anne Girard Esposito. À découvrir / écouter : - Le Museo Via de Campo 29 Rosso, consacré à Fabrizio de André et l'École génoise des «cantautori » - Le site du musicien Max Manfredi, cantautore génois - Le disque Crêuza de mä, de Fabrizio De André, Ricordi. À lire (en italien) : - Genova. Canzoni in salita, Guida alla città e alle sue canzoni, Marzio Angiolani, Zona - Fabrizio De André. La storia dietro ogni canzone. Guido Michelone, Barbera Editore - Amorazzi, Max Manfredi, Zona.
Pierre-Édouard Deldique reçoit cette semaine la journaliste, romancière, essayiste, Judith Perrignon qui, dans son dernier livre « L'autre Amérique » (Grasset) nous propose une évocation historique fondée sur la figure de Franklin Delano Roosevelt, le 32è président des États-Unis. Au fil des pages, et dans l'émission, l'auteure explore les années de crise, les années 30, qui ont marqué l'Amérique — de la Grande Dépression à la Seconde Guerre mondiale — et la manière dont Roosevelt a tenté de redresser un pays à genoux grâce au New Deal, sa politique de réformes sociales et économiques. À des années-lumière des années Trump. Mais ce livre ne se contente pas de raconter l'histoire officielle. Il met surtout en lumière les tensions profondes qui traversent les États-Unis : la fracture raciale, les inégalités sociales, et les luttes de pouvoir entre les élites économiques et le gouvernement démocratique. Au micro d'IDÉES, Judith Perrignon tisse des parallèles édifiants entre Roosevelt et l'Amérique contemporaine, celle de Donald Trump, soulignant que les combats d'hier résonnent encore aujourd'hui. Penser le passé pour mieux appréhender le présent. Elle évoque aussi les figures qui ont accompagné Roosevelt : Eleanor Roosevelt, femme engagée et visionnaire, et Henry Morgenthau Jr, son bras droit et secrétaire au Trésor, dont l'amitié et les convictions ont influencé les décisions du président. Les échanges épistolaires entre les deux hommes sont au centre du travail de l'auteur. Ce livre est bien plus qu'une biographie : c'est un miroir tendu à notre époque, une invitation à réfléchir sur les fondements de la démocratie, les dérives du capitalisme et la force de conviction en politique.
Elles sont aides à domicile, assistantes maternelles ou éducatrices, elles s'occupent des personnes les plus vulnérables, les malades, les personnes en situation de handicap, nos ainés ou nos enfants. Les métiers du travail social sont en effet très féminisés, en France, En France, 90% des 1,3 million de travailleurs sociaux sont des femmes selon le Haut Conseil du travail social (HCTS). Alors qu'ils ont été jugés essentiels pendant la pandémie de Covid 19, ils sont retombés dans l'anonymat, une fois la crise sanitaire passée. Rémunération basse, manque de reconnaissance des compétences, ces métiers sont souvent mal valorisés. Ils sont également mal compris tant le champ d'intervention est large. Alors que la plupart des pays développés sont vieillissants, les besoins d'aides à domicile ou d'aides-soignantes, par exemple, seront grandissants. Pourquoi les métiers du lien et du soin sont-ils autant féminisés ? Comment les revaloriser ? Avec : • Véronique Bayer, sociologue, directrice générale de l'Institut de recherche et de formation de l'action sociale en Essonne (IRFASE). Autrice du livre Le travail social : toujours une affaire de femmes ? Focus sur l'encadrement (Nîmes : Champ social éditions, 2023) • Vincent Jarousseau, photojournaliste, documentariste et réalisateur. Auteur de l'ouvrage Les femmes du lien : la vraie vie des travailleuses essentielles (Les Arènes, 2022). En fin d'émission, retrouvez un nouvel épisode de Écoutez le monde de Monica Fantini. Programmation musicale : ► Vous - Moussa ► Afrotrip - Afrodream.
Elles sont aides à domicile, assistantes maternelles ou éducatrices, elles s'occupent des personnes les plus vulnérables, les malades, les personnes en situation de handicap, nos ainés ou nos enfants. Les métiers du travail social sont en effet très féminisés, en France, En France, 90% des 1,3 million de travailleurs sociaux sont des femmes selon le Haut Conseil du travail social (HCTS). Alors qu'ils ont été jugés essentiels pendant la pandémie de Covid 19, ils sont retombés dans l'anonymat, une fois la crise sanitaire passée. Rémunération basse, manque de reconnaissance des compétences, ces métiers sont souvent mal valorisés. Ils sont également mal compris tant le champ d'intervention est large. Alors que la plupart des pays développés sont vieillissants, les besoins d'aides à domicile ou d'aides-soignantes, par exemple, seront grandissants. Pourquoi les métiers du lien et du soin sont-ils autant féminisés ? Comment les revaloriser ? Avec : • Véronique Bayer, sociologue, directrice générale de l'Institut de recherche et de formation de l'action sociale en Essonne (IRFASE). Autrice du livre Le travail social : toujours une affaire de femmes ? Focus sur l'encadrement (Nîmes : Champ social éditions, 2023) • Vincent Jarousseau, photojournaliste, documentariste et réalisateur. Auteur de l'ouvrage Les femmes du lien : la vraie vie des travailleuses essentielles (Les Arènes, 2022). En fin d'émission, retrouvez un nouvel épisode de Écoutez le monde de Monica Fantini. Programmation musicale : ► Vous - Moussa ► Afrotrip - Afrodream.
En Ukraine, au Proche-Orient, en Afghanistan, en Irak, avant au Kosovo ou en Centrafrique, elles suivent les guerres et les conflits internationaux au plus près du terrain. Depuis le milieu du XIXème siècle, les femmes ont en effet rejoint les rangs des reporters de guerre pour raconter les combats et leurs conséquences au milieu des destructions, des morts et de la douleur des survivants. Alors qu'elles ont parfois dû vaincre les préjugés, elles ont aussi contribué à transformer une discipline au départ très masculine. Pourquoi ont-elles choisi cette vie hors du commun ? Entre le danger, la peur, la souffrance des autres, quel est l'envers d'un théâtre de guerre ? Et comment concilier le grand reportage avec son quotidien et sa vie de famille ? Avec : • Dorothée Ollieric, grand reporter à France télévision. Autrice de Maman s'en va-t-en guerre (Éditions Du Rocher, 2025) • Manon Loizeau, grand reporter indépendante et réalisatrice de documentaires, dont un avec la journaliste Ksenia Bolchakova, Ukraine, sur les traces des bourreaux diffusé sur Arte en 2024. Lauréate du Prix Albert Londres en 2006. La chronique Mondoblog chez les voisins avec Tanguy Lacroix. • Le blogueur béninois Mawutondji Gérard Godonou parle de l'instrumentalisation des médias par les terroristes. • Ali Abdelkader Foulaty, blogueur tchadien, est fier que son pays soit peuplé par 10 millions de chameaux, un record mondial. Puis Ecoutez le monde de Monica Fantini. Promenade sonore à Ziguinchor, de l'aube à la nuit. Programmation musicale : ► La route de Vénus – Emily Loizeau ► Vilin Manièr – Maya Kamati.
En Ukraine, au Proche-Orient, en Afghanistan, en Irak, avant au Kosovo ou en Centrafrique, elles suivent les guerres et les conflits internationaux au plus près du terrain. Depuis le milieu du XIXème siècle, les femmes ont en effet rejoint les rangs des reporters de guerre pour raconter les combats et leurs conséquences au milieu des destructions, des morts et de la douleur des survivants. Alors qu'elles ont parfois dû vaincre les préjugés, elles ont aussi contribué à transformer une discipline au départ très masculine. Pourquoi ont-elles choisi cette vie hors du commun ? Entre le danger, la peur, la souffrance des autres, quel est l'envers d'un théâtre de guerre ? Et comment concilier le grand reportage avec son quotidien et sa vie de famille ? Avec : • Dorothée Ollieric, grand reporter à France télévision. Autrice de Maman s'en va-t-en guerre (Éditions Du Rocher, 2025) • Manon Loizeau, grand reporter indépendante et réalisatrice de documentaires, dont un avec la journaliste Ksenia Bolchakova, Ukraine, sur les traces des bourreaux diffusé sur Arte en 2024. Lauréate du Prix Albert Londres en 2006. La chronique Mondoblog chez les voisins avec Tanguy Lacroix. • Le blogueur béninois Mawutondji Gérard Godonou parle de l'instrumentalisation des médias par les terroristes. • Ali Abdelkader Foulaty, blogueur tchadien, est fier que son pays soit peuplé par 10 millions de chameaux, un record mondial. Puis Ecoutez le monde de Monica Fantini. Promenade sonore à Ziguinchor, de l'aube à la nuit. Programmation musicale : ► La route de Vénus – Emily Loizeau ► Vilin Manièr – Maya Kamati.
50 ans après l'indépendance du Cap-Vert, La marche du monde est en reportage dans la ville de Praïa, à la recherche des lettres adressées par Amilcar Cabral, l'icône de la lutte de libération nationale, à Maria Helena Atalaide Vilhena Rodrigues, sa première compagne portugaise. Des lettres conservées avec amour par Iva, leur première fille, jusqu'à ce qu'elle décide de les publier puis de les confier à la Fondation Cabral. Une archive précieuse pour comprendre comment Amilcar, jeune Africain brillant venu poursuivre des études à Lisbonne dès 1945 est devenu Cabral, le co-fondateur du PAIGC, le parti Africain de l'Indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert. C'est dans le quartier de Terra Branca sur les hauteurs de Praïa que je retrouve Maria Benedita Basto, spécialiste des textes de Cabral. Ensemble nous avons souvent rêvé de venir rendre visite à Iva Cabral afin de comprendre pour quelles raisons elle a souhaité porter à la connaissance du grand public la correspondance de ses parents. « Ces lettres me tiennent à cœur, pas seulement parce que ce sont des lettres de mes parents où ils démontrent les sentiments mutuels, mais principalement parce que ça démontre qui ils étaient », nous confie Iva Cabral en français, « qui étaient ces jeunes gens dans une époque très difficile (N.D.L.R. L'empire coloniale portugais sous la dictature de Salazar). J'ai compris que c'était deux jeunes qui s'aimaient. J'ai vu que c'était des jeunes qui voulaient augmenter leur poids dans la société, voulaient changer quelque chose, oui, c'est ça que Cabral veut dire dès les premières lettres. À partir d'un certain moment, il commence à s'engager et il fait que ma mère s'engage aussi. Je parle de libérer leur patrie, la patrie de mon père qui était le Cap-Vert et la Guinée-Bissau, de finir avec le colonialisme, mais pas seulement dans sa terre, mais aussi dans l'Afrique. » Un documentaire signé Valérie Nivelon. Conseillère scientifique : Maria Benedita Basto Réalisation : Sophie Janin. Tous mes remerciements à Iva Cabral, au président Pedro Pires et à la Fondation Cabral, à Filinto Elisio et Marcia Souto des éditions Rosa de Porcelena et à Maria de Fatima Fernandes de l'Université du Cap-Vert. Pour découvrir les lettres adressées par Amilcar Cabral à Maria Hélèna, et traduites pour la première fois en français, RFI vous propose un long format inédit. Le webdocumentaire
Il y a trente ans, du 11 juillet au 17 juillet 1995, plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques musulmans étaient systématiquement assassinés autour de la petite ville de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie. Ce massacre a été l'un des points culminants des 3 ans et demi de guerre qui ont opposé les différents peuples de ce pays des Balkans. La justice internationale l'a qualifié de génocide, et elle a condamné à perpétuité ses principaux responsables bosno-serbes. Mais 3 décennies après, la mémoire douloureuse de la guerre et de ce massacre divise toujours Serbes et Bosniaques qui vivent dans la région, le long de la Drina… «À Srebrenica, à l'ombre du génocide, l'impossible réconciliation», un Grand reportage de Louis Seiller.
Les États-Unis à l'heure du football ou du soccer, comme on dit là-bas. Le pays accueille en ce moment le Mondial des clubs, avant la Coupe du monde, dans un an. Les finales des deux compétitions sont prévues tout près de New York, près aussi de Kearny. Avec 42 000 habitants, c'est une petite ville résidentielle, terre d'accueil de travailleurs venus du monde entier, où se serait joué en 1883 le premier vrai match de football d'une équipe américaine et où depuis longtemps le ballon rond est une religion. C'est un petit coin du reste du monde, à l'ombre des gratte-ciels. Au Scots American Club, on descend des bières brunes en kilt écossais et on regarde du football, version originale. Anderson, 60 ans environ : « C'est une tradition ici. On est la ville du soccer aux États-Unis. La ville du vrai football, pas le foot américain avec les mains. Le FOOT-BALL ». Ancien entraîneur, Bob Anderson est un enfant de la balle, comme beaucoup à Kearny, comme ces gamins du coin rentrés dans l'histoire du soccer américain : « Tu vois la photo là. C'est John Harkes, capitaine de l'équipe nationale. Une légende ». Sur la photo de l'équipe américaine au Mondial 94, John Harkes le fils d'Écossais, côtoie deux amis d'enfance : Tony Meola, italien d'origine, et Tab Ramos, né en Uruguay. Kearny et le soccer, c'est d'abord une histoire d'immigration. Michael Mara, directeur sportif du club local et mémoire de la ville : « Kearny est une terre industrielle de travailleurs Le foot est venu ici au 19ᵉ siècle avec les immigrants écossais, les Irlandais. Maintenant, on a les Portugais, les Brésiliens, les Équatoriens, les Péruviens… Et c'est toujours aussi important pour ces communautés que pour celles qui sont arrivées, il y a cent ans ». Le soccer, « une religion » Pour comprendre un peu mieux, il faut suivre Michael, passer la vieille usine, les rues pavillonnaires typiques et s'arrêter dans la ville jumelle d'Harrison. Devant nous, un petit terrain de quartier. « Ça s'appelle "le court", parce que c'était un terrain de tennis à l'origine, avant le sol était dur, il y avait un arbre au coin, des bancs. John, Tony, Tab, tout le monde est passé par là. Ici, tu apprends à être créatif. On a cette culture du foot de rue, comme en Europe ou en Argentine, ça n'est pas courant aux États-Unis. C'est ce qui fait que cette ville est différente ». Ici, le soccer est une religion. On envoie ses enfants au foot, comme au catéchisme, et avec Coach Glendon, c'est du sérieux : « C'est un honneur, un privilège d'entraîner ici. Beaucoup de nos joueurs ont un vrai, vrai potentiel, c'est à nous les coachs de les pousser, de les accompagner pour leur permettre, de donner le meilleur ». Jusqu'au très haut niveau, c'est l'ambition déclarée de certains, comme Paul, capitaine chez les moins de quatorze ans du club : « Je sais que beaucoup d'anciens de Kearny sont passés professionnels, donc je sens que j'ai quelque chose de spécial. Avec ça, il y a plus de pression, c'est sûr, mais surtout ce sentiment qu'on peut répondre aux attentes. Moi, je veux jouer dans l'équipe nationale d'Équateur. Je veux réussir et inspirer les enfants de mon âge dans le futur ». Et c'est ainsi que s'écrit depuis 150 ans la grande histoire, de ce petit bout d'Amérique, où le ballon a toujours été rond. À lire aussiAux États-Unis, le timide essor du « soccer » avant le Mondial de foot 2026
Selon le nouveau rapport conjoint de l'Organisation internationale du travail (OIT) et de l'UNICEF, 138 millions d'enfants travaillent illégalement dans le monde en 2024. Dont 54 millions dans des conditions dangereuses mettant en péril leur santé, leur sécurité et leur éducation. La majorité travaille dans le secteur agricole. Les autres sont victimes de formes d'exploitation extrêmes : esclavage, prostitution, ou enrôlement forcé dans des conflits armés. Malgré un recul de l'exploitation infantile depuis cinq ans, le monde n'a pas atteint son objectif d'éliminer le travail des enfants d'ici à 2025. Quels sont les leviers efficaces de lutte contre la violation des droits de l'enfant ? Émission à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants. Avec : • Cyril Cosme, directeur du Bureau de l'Organisation internationale du travail pour la France • Guillaume Mariau, directeur adjoint et de la communication d'Enfants du Mékong, une association qui œuvre pour la scolarisation des enfants. Cette organisation est à l'origine de l'exposition de photos Le cartable ou la rue, quand école et travail se disputent l'enfance. En ouverture d'émission, L'école autour du monde, avec Oumou Diakité, responsable adjointe du service Afrique subsaharienne et océan Indien de Campus France : mobilité étudiante, la France consolide son attractivité. En fin d'émission Un parent, une question et les conseils du psychologue Ibrahima Giroux, professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Il répond à la question de David à Baraka, Est-RDC. Programmation musicale : ► Higher - Angell Mutoni, Boukuru (24"-3'01) ► Ay Sasé - T2i.
Selon le nouveau rapport conjoint de l'Organisation internationale du travail (OIT) et de l'UNICEF, 138 millions d'enfants travaillent illégalement dans le monde en 2024. Dont 54 millions dans des conditions dangereuses mettant en péril leur santé, leur sécurité et leur éducation. La majorité travaille dans le secteur agricole. Les autres sont victimes de formes d'exploitation extrêmes : esclavage, prostitution, ou enrôlement forcé dans des conflits armés. Malgré un recul de l'exploitation infantile depuis cinq ans, le monde n'a pas atteint son objectif d'éliminer le travail des enfants d'ici à 2025. Quels sont les leviers efficaces de lutte contre la violation des droits de l'enfant ? Émission à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants. Avec : • Cyril Cosme, directeur du Bureau de l'Organisation internationale du travail pour la France • Guillaume Mariau, directeur adjoint et de la communication d'Enfants du Mékong, une association qui œuvre pour la scolarisation des enfants. Cette organisation est à l'origine de l'exposition de photos Le cartable ou la rue, quand école et travail se disputent l'enfance. En ouverture d'émission, L'école autour du monde, avec Oumou Diakité, responsable adjointe du service Afrique subsaharienne et océan Indien de Campus France : mobilité étudiante, la France consolide son attractivité. En fin d'émission Un parent, une question et les conseils du psychologue Ibrahima Giroux, professeur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Il répond à la question de David à Baraka, Est-RDC. Programmation musicale : ► Higher - Angell Mutoni, Boukuru (24"-3'01) ► Ay Sasé - T2i.
La forêt est notre meilleur allié, elle abrite 80% des espèces terrestres, elle stocke du carbone et fabrique l'oxygène que nous respirons grâce à la photosynthèse, elle filtre et stocke l'eau, elle nourrit et soigne plus d'1 humain sur 5 et c'est un formidable rempart contre les catastrophes naturelles comme l'érosion. Formidable, me direz-vous ! Oui, mais maintenant je vous propose de penser à la forêt près de chez vous ou à celle de votre enfance. Dans quel état est-elle ? Quelles sont les activités qui l'entourent ou qui sont pratiquées à l'intérieur ? Qui y vit ? Et c'est souvent là que ça se complique car si en théorie nous aimons tous la forêt, en pratique cela implique de concilier développement économique et préservation écologique dans un même endroit. Malheureusement, c'est souvent la forêt qui perd… à court terme car sur le temps long, elle gagne !!! Voilà pourquoi il faut raisonner localement pour agir efficacement…AvecChanee, fondateur de l'association Kalaweit. Installé en Indonésie, il consacre sa vie à la préservation des gibbons Jacques Tassin, chercheur en écologie végétale au Cirad pour son livre Vivre la forêt paru chez Odile Jacob Chloé Tankam, économiste des chaînes de valeur durable pour le CiradAlain Rival, agronome, correspondant pour la filière « Palmier à huile » au sein du CIRAD, directeur régional du Cirad pour l'Asie du Sud-Est Insulaire, basé à Jakarta depuis 2014.Musiques diffusées pendant l'émission- Carameloco - La Felicidad- Gabriel de Rosa - Pê Patu Pa.
Le vent tourne en Chine en termes de natalité. L'enfant unique fut longtemps une obligation. Aujourd'hui, l'inverse est presque de mise : l'État s'inquiète de voir les naissances chuter. En 2024, le pays n'a enregistré que 9 millions et demi de bébés, très peu à l'échelle du pays. Un des niveaux les plus bas depuis la fondation de la République populaire. Les autorités multiplient les incitations. Mais les jeunes, eux, y regardent à deux fois. Grandir, aimer et transmettre. Ils s'interrogent. «Naissances en Chine : quand l'intime défie la politique», un Grand reportage de Clea Broadhurst et Chi Xiangyuan.