Reportage Afrique

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Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent chaque jour en deux minutes une photographie sonore d'un événement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jo…

Rfi - Yves-Laurent Goma


    • May 19, 2025 LATEST EPISODE
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    Fistule obstétricale: prévention et prise en charge dans la région de Kolda, en Casamance

    Play Episode Listen Later May 19, 2025 2:15


    La fistule obstétricale est une lésion provoquée par un accouchement prolongé et aggravée par l'excision ou lorsque la maman est très jeune. Un fléau qui concerne 500 000 femmes dans le monde, dont 250 000 se trouvent en Afrique subsaharienne. Direction la région de Kolda, en Casamance, dans le sud du Sénégal, où une ONG fait de la prévention et accompagne jusqu'à la guérison les femmes qui en souffrent. De notre envoyé spécial à Kolda,À peine arrivées dans le village de Sare Kanta, les équipes de l'ONG Tostan distribuent des brochures sur la fistule obstétricale aux habitantes. Parmi elles, Hothia Mballo, qui connaît déjà le sujet. Pendant près de cinq ans, après un accouchement difficile, cette femme de 41 ans a souffert des conséquences physiques et sociales de la fistule : « Je vivais isolée des membres de ma famille, j'avais honte de ne pas pouvoir retenir mes urines et de sentir mauvais. Mais mon mari ne m'a jamais haïe à cause de la maladie et contrairement à d'autres femmes, il m'a toujours soutenue. Aujourd'hui, je peux dire que le tabou est brisé, parce que tout le monde m'a vue guérir. »Une évolution dans le comportement au sein des communautés qu'a observées Penda Damso, une agente de mobilisation sociale qui intervient dans toute la région : « Au départ, il y a de la honte. Voilà, les femmes, des fois, quand la sensibilisation se termine, vous allez dans d'autres villages, c'est après qu'on vous interpelle pour vous dire que dans le village que vous avez quitté, il y a une femme porteuse de fistule. »À écouter aussiFistules obstétricales : les prévenir grâce aux consultations prénatalesFinté Boiro est le coordinateur de Tostan dans la zone sud du Sénégal. Lui aussi souligne l'importance de la prévention et l'accompagnement dans les soins : « Les capacités des femmes ont été renforcées, c'est pourquoi on a eu aussi à prendre en charge ces femmes victimes de la fistule obstétricale à travers le traitement, la réparation de ces femmes-là. »Une réparation qui prend du temps et sur laquelle le Dr Emmanuel Kazubwenge est spécialisé depuis plus de dix ans. Le chef du service de chirurgie de l'hôpital régional de Kolda évoque sa prise en charge : « Elle est complexée, elle est multidisciplinée, elle est sociale, elle est médicale, elle est économique. On nous les amène, on les consulte. S'il faut opérer, on les opère. C'est une chirurgie délicate et une chirurgie, peut-être pas urgente, mais une chirurgie parfois avec des échecs, ce n'est pas étonnant d'avoir une femme multi opérée. »Le médecin se réjouit tout de même de voir de moins en moins de femmes venir consulter pour une fistule obstétricale. Grâce, selon lui, à la multiplication des structures sanitaires de proximité qui offrent aux femmes un suivi tout au long de la grossesse et après l'accouchement.

    Afrique du Sud: le pittoresque quartier de Bo-Kaap menacé par le sur-tourisme et la gentrification

    Play Episode Listen Later May 18, 2025 2:15


    Le tourisme et la gentrification permettent souvent de revitaliser des quartiers, mais ils sont aussi parfois une menace pour leur identité, et pour le confort de leurs habitants. En Afrique du Sud, dans la ville du Cap, le quartier de Bo-kaap en fait les frais. Ses petites maisons colorées à flanc de colline ravissent les usagers d'Instagram et autres visiteurs. Une situation de plus en plus difficile à tenir pour les habitants. Après plusieurs années de lutte, ils viennent d'obtenir que les bus touristiques ne soient plus autorisés à entrer dans le quartier. De notre envoyée spéciale au Cap,Ruelles pavées à flanc de colline, le quartier de Bo-Kaap, « au-dessus du Cap » en afrikaans, a des allures de village, en plein cœur de la métropole d'Afrique du Sud. Un village aux mille couleurs, avec ses petites maisons roses, vertes, bleues qui font la joie des touristes comme Nadira. « Qui ne voudrait pas venir ici ? C'est vraiment joli pour faire des photos. C'est une attraction touristique, donc il fallait vraiment qu'on passe par ici », s'enthousiasme-t-elle.Chaque jour, une foule de visiteurs envahit les ruelles étroites du petit quartier. Un succès difficile à gérer pour les habitants. « C'est très beau ici et on comprend tout à fait que les gens veulent venir et prendre des photos. Le problème, c'est le manque de respect qui vient avec. Certains touristes pensent qu'en venant ici, ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent. Qu'il s'agisse d'ouvrir le portail de quelqu'un et de monter le perron pour prendre une photo. Ou de demander à un habitant : "est-ce que vous pouvez rentrer dedans parce que je veux une photo de votre maison ?" », s'indigne Jacky Poking, résidente et activiste.Les résidents viennent d'obtenir l'interdiction pour les bus touristiques de circuler dans les ruelles, après des années à le réclamer. Descendante des esclaves malais, cette communauté à majorité musulmane est installée ici depuis des générations et y a fondé la première mosquée du pays. Elle a développé de nombreuses traditions, menacées aujourd'hui par la gentrification. « Nos tarifs, comme l'eau et l'électricité, augmentent d'année en année. Il devient donc très difficile pour les habitants de rester dans le quartier, même s'ils le souhaitent. Surtout les personnes âgées. Souvent, ceux qui ont vendu ces dernières années l'ont fait parce qu'ils n'arrivaient plus à payer », se désole Jacky Poking.De plus en plus de maisons sont rachetées par des investisseurs, constate Zaki Harris, habitant et guide touristique. « Dans ces rues principales, une maison sur deux est habitée par un Sud-Africain. Entre les deux, on trouve des Airbnb et d'autres locations à court terme. Des maisons qui restent vides la moitié de l'année », regrette-t-il. Zaki milite pour un tourisme plus soucieux des traditions, et qui profite davantage à la communauté, qui pour l'instant en perçoit peu les retombées. « Si nous ne promouvons pas un meilleur tourisme, il sera beaucoup plus difficile pour nos enfants de pouvoir garder le lien avec leur patrimoine culturel », estime-t-il. Difficile pour la petite communauté de résister aux assauts de la ville. Elle n'a pas réussi à empêcher la construction d'un immeuble de six étages en bordure du quartier.À lire aussiAfrique du Sud: le télévangéliste Timothy Omotoso à nouveau arrêté dans une affaire d'immigration

    Soudan du Sud: l'inquiétude des habitants d'un camp de déplacés de Juba face au retour de la guerre

    Play Episode Listen Later May 17, 2025 2:25


    Au Soudan du Sud, les affrontements continuent dans plusieurs régions du pays entre l'armée gouvernementale, loyale au président Salva Kiir, et les forces de l'opposition du vice-président Riek Machar. Celui-ci est en résidence surveillée à Juba depuis fin mars et une douzaine d'autres figures de l'opposition sont, elles aussi, toujours détenues. Les autorités assurent pourtant vouloir poursuivre la mise en œuvre de l'accord de paix de 2018 et de fait, aucun combat n'a eu lieu dans la capitale depuis le début de cette crise. Mais les résidents d'un camp de déplacés d'ethnie Nuer, la communauté de Riek Machar, disent vivre dans la peur. Ce camp situé en proche banlieue de Juba abrite plus de 30 000 personnes. Voici le récit d'un déplacé qui dit avoir été pris pour cible en tant que Nuer par les soldats gouvernementaux. Pour sa sécurité, nous ne révélons pas son identité. Des motos trimballent toutes sortes de marchandises, dans cette rue qui file à travers les abris aux toits couverts de bâches en mauvais état. Nous retrouvons John derrière une palissade en bambou. À 55 ans, il compte à l'aide de ses doigts les années qu'il a passées dans ce camp de déplacés situé près de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud, la Minuss, à Juba. Comme des dizaines de milliers de Nuer de la capitale, il a fui les violences en décembre 2013, quand la guerre civile a commencé. « Je suis venu ici quand le conflit est devenu ethnique, quand des personnes innocentes, sans lien avec la politique, qui ne sont ni soldats ni combattants, ont été ciblées parce qu'elles étaient Nuer. Alors que c'était un problème entre les politiciens à la base », explique-t-il.L'accord de paix de 2018 puis le retour de Riek Machar en 2020 au poste de vice-président n'a pas vraiment amélioré la situation dans le camp. Les casques bleus se sont retirés et la plupart des services humanitaires se sont arrêtés. En octobre 2024, John a décidé d'aller s'installer à l'extérieur du camp pour cultiver et chercher de l'or jusqu'à ce que des combats éclatent autour de Juba, la semaine du 24 mars. « C'est le gouvernement qui est allé provoquer des combats de partout. Ils ont attaqué les bases militaires où se trouvaient les soldats d'opposition. Ils les ont chassés. Puis, ils s'en sont pris à nous. Ils sont venus délibérément pour prendre nos abris. Et pour nous tuer, car nous sommes des Nuer. Ils sont venus la nuit. Nous étions à l'intérieur en train de discuter », se souvient-il.Les soldats commencent à tirer et John s'en sort en faisant semblant d'être mort. Quand les soldats passent à une autre habitation, il parvient à s'enfuir avec un jeune, blessé, laissant l'homme dont il partageait l'abri, gisant par terre, mort sous les balles de l'armée gouvernementale. « Voilà, c'est ce qui s'est passé. Ils ont tué ce gars et en ont blessé un autre. Moi, je me suis blessé sur des pierres en courant pieds nus, de nuit, je ne pouvais pas les voir », se remémore-t-il.Il est revenu vivre dans ce camp surpeuplé où les gens manquent de tout et ont peur. Cinq jeunes ont été tués depuis début mars aux abords du camp. Et d'autres résidents ont disparu. « Il y a le cas d'une femme qui est partie ramasser du bois de chauffe et qui n'est jamais revenue. Nous n'avons jamais trouvé son corps. Mais si vous demandez aux femmes du camp, elles vous diront qu'elles ont trouvé du sang sous les arbres », raconte-t-il. John cite aussi le cas d'un homme qui est allé là où il fabrique du charbon et n'est jamais revenu. Pour lui, tant que l'accord de paix ne sera pas appliqué entièrement, les casques bleus devraient revenir assurer la sécurité du camp.À lire aussiSoudan du Sud: Amnesty International dénonce la violation de l'embargo sur les armes

    Sénégal: le roman «Terre ceinte» de Mohamed Mbougar Sarr adapté en podcast par RFI

    Play Episode Listen Later May 16, 2025 2:16


    Le premier roman de Mohamed Mbougar Sarr, Terre ceinte, sera bientôt diffusé sur les ondes de RFI. Adapté en podcast, il est actuellement en tournage à Dakar, avec des acteurs en situation et une prise de son technique pour restituer au mieux les émotions et les ambiances. Le roman raconte l'histoire toujours actuelle de Kalep, une ville du Sahel assiégé par des milices islamistes, étouffée par la terreur, et de ses populations qui essayent de faire face. De notre correspondante à Dakar,Dans les couloirs de la maison des cultures urbaines de Dakar, au Sénégal, des comédiens jouent une scène tirée de Terre ceinte : la mère d'une enfant blessée cherche à parler au médecin de l'hôpital. Pas de caméras sur ce tournage, juste des micros qui suivent les acteurs.Le réalisateur Tidiane Thiam donne des conseils aux comédiens. Il travaille depuis quatre ans sur ce projet d'adaptation et a dû raccourcir le roman très dense de Mohamed Mbougar Sarr. « On a gardé l'essentiel, surtout sur les aspects qui sont assez importants, à savoir quel est le rôle de ces populations. Parce que, quand on parle de tout ce qui se passe dans le Sahel, souvent, on ne regarde pas du point de vue des populations. Il y a beaucoup d'aspects politiques, il y a beaucoup d'aspects économiques », détaille-t-il.Roger Salah interprète Malamine, le médecin de l'hôpital de la ville qui doit faire face à l'augmentation des violences et croule sous les blessés. Il a découvert le texte pour ce projet de podcast et s'est attaché à son personnage. « Il a ce sentiment de devoir, de service. Il se sent obligé de faire face. C'est quelque chose qui résonne beaucoup en moi parce que je suis quelqu'un qui ne lâche rien. Quand je m'engage dans un truc, j'y vais à fond », explique le comédien.C'est une première fiction radiophonique pour lui et la plupart des comédiens qui doivent malgré tout utiliser leurs techniques de scène. « On est vraiment en situation. On n'est pas seulement avec un micro dans lequel on parle, mais on revit les mêmes situations. Si dans la séquence, tu dois être couché sur un lit avec les émotions qu'il faut, on retranscrit cela pour que cela fasse écho », raconte-t-il. La troupe est accompagnée d'une équipe technique rodée à ces formats, avec une prise de son en 3D pour entendre tous les bruits ambiants pendant une scène.Justine Debling est attachée de production pour l'association Making waves qui pilote le projet. Elle doit faire attention à tous les détails. « Parfois, il faut attendre. On entend ailleurs qu'il y a des travaux, donc il faut attendre que la scie se taise. Les animaux aussi, on a une prise dans laquelle on entend un coq alors qu'on est censé être la nuit. Quand cela ne va pas, on coupe », développe-t-elle. Le podcast sera diffusé en dix épisodes de 15 minutes et en trois langues : une version en français, une en hassanya et une en wolof avec la traduction de l'écrivain Boubacar Boris Diop.À lire aussiÀ la recherche de l'écrivain disparu, avec Mohamed Mbougar Sarr (2/2)

    La bibliothèque nationale de Guinée: «C'est son ancienneté qui fait la qualité de ses fonds»

    Play Episode Listen Later May 15, 2025 2:19


    La bibliothèque nationale de Guinée connaît une nouvelle vie après des années de difficultés. Située à proximité du lycée de Donka, à Conakry, elle reste cependant méconnue, malgré l'intérêt des fonds qu'elle héberge. Elle dispose notamment d'une riche documentation concernant la période coloniale et la Première République de Sékou Touré. Visite guidée de la BNG, la plus ancienne institution de recherche et de documentation De notre correspondant à Conakry, Les escaliers de la bibliothèque montés, Syra Cissé, responsable de la documentation, ouvre la porte d'une grande pièce : « Nous sommes dans la deuxième salle de lecture, située au deuxième étage de la bibliothèque. Ici sont disposés les anciens journaux de l'indépendance. »Parmi les journaux rangés sur les étagères, ceux de la Première République : Horoya, le grand quotidien national du parti-État. Mais aussi des titres moins connus comme la Gine Ginè, qui signifie « femme guinéenne », « Giné » voulant dire « femme » en langue soussou : « La Gine Ginè, c'est le journal féminin de l'époque, qui paraissait quotidienne, qui parlait des femmes, des premières dames, des femmes de Guinée et d'ailleurs. »Parmi les archives de presse figurent également des titres plus anciens, datant des années 1950, comme Le Réveil, le journal du Rassemblement démocratique africain, le RDA, le grand parti de la décolonisation. Daouda Tamsir Niane, le directeur de la BNG, feuillète un numéro contenant un article de Sékou Touré, alors chef de la branche guinéenne du RDA.C'est l'ancienneté de la bibliothèque qui fait la qualité de ses fonds, explique le directeur : « La bibliothèque nationale est la plus ancienne institution de recherche et de documentation en République de Guinée. Elle existe depuis 1944, elle a été créée sous la colonisation. C'était l'antenne de l'Ifan, l'Institut français d'Afrique noire, devenu Institut fondamental d'Afrique Noire, basé à l'université de Dakar. »Numériser les documents de la BNGAprès une série de réformes, elle est devenue l'actuelle BNGDaouda Tamsir Niane veut en valoriser les fonds anciens : « À notre avis, aujourd'hui, les bibliothèques évoluent vers les médiathèques. De plus en plus de dématérialisation et de numérisation se font. Notre grand projet aujourd'hui, c'est de numériser les documents de la bibliothèque nationale. »Parmi les documents à numériser, l'important fonds de mémoires de fin d'études. Ils portent sur des sujets aussi divers que l'exploitation minière ou la grammaire de la langue maninka. Syra Cissé tire un volume d'une étagère : « Vous avez là un mémoire de fin d'études de la faculté des sciences sociales, qui a pour thème : "Amilcar Cabral, théoricien et praticien de lutte de libération nationale". » Ce mémoire a été soutenu en 1978, cinq ans après l'assassinat en plein Conakry du héros de l'indépendance de la Guinée-Bissau.Un autre grand combat mené par le directeur est de faire respecter le dépôt légal par les maisons d'édition guinéennes pour valoriser, aussi, le patrimoine contemporain.À lire aussiConakry, capitale mondiale du livre: quel avenir pour le numérique en Guinée?

    Madagascar: des athlètes et leur coach en plein «parkour» du combattant

    Play Episode Listen Later May 14, 2025 2:21


    Quatre athlètes malgaches et leur coach se battent pour voir leur équipe s'envoler au complet vers la Coupe du monde de parkour prévu à Montpellier, en France, le 28 mai prochain. Mais comme pour l'ensemble des sportifs de l'île, une participation aux compétitions internationales relève d'un parcours du combattant. De notre correspondante à Antananarivo,Sur les hauteurs d'Antananarivo, les athlètes bondissent, s'agrippent et semblent voler au-dessus du mobilier urbain. Le parkour, né au contact des blocs de granit de la capitale malgache, s'est professionnalisé depuis son arrivée dans le pays il y a 20 ans. Et c'est dans ce jardin public, berceau de la discipline sur l'île, que les sportifs s'entraînent chaque semaine. Mais la délégation malgache veut se mesurer à un autre terrain de jeu : la Coupe du monde en France dans deux semaines.Problème, après un imprévu de financement, l'un des quatre sportifs sélectionnés n'a plus de billet d'avion garanti. Derrière l'absence de Serge Ranaivomanana, l'une des pointures du parkour malagasy, c'est tout l'équilibre de l'équipe qui se joue : « On s'est entraînés ensemble pendant plusieurs mois. Donc partir à cinq, ça joue beaucoup sur le moral, on s'entraide. C'est pour ça qu'on lance des cagnottes en ligne, et qu'on espère trouver d'autres financements de la part de sponsors. S'il y a une possibilité de partir, je me sens prêt. »Les sportifs répètent les figures à maîtriser le jour J, sous les mots et le regard rassurant de Faliniaina Antonio, leur entraîneur : « On tient à ce que l'équipe parte au complet parce que ça joue beaucoup sur la performance de l'équipe. Ce sont des athlètes très fusionnels. Et surtout, on veut montrer que Madagascar existe et a du talent. »On sait enseigner le parkourCet autodidacte, « éduqué » par le parkour, dit-il, a cofondé en 2017 Traceur Gasy, la première association qui promeut la discipline sur l'île. Il a largement participé ces dernières années à professionnaliser le parkour malgache. « Pendant longtemps, je m'entraînais avec des chaussures pas adaptées à ce sport et qui faisaient super mal, se souvient-il. À nos débuts dans le parkour, on n'avait pas de technique, maintenant, on a beaucoup travaillé sur la pédagogie et la méthodologie. On sait enseigner le parkour de manière sécurisée. Et depuis, j'ai changé de chaussures, celles-ci adaptées au parkour. »Mais le soutien de l'État et des fédérations n'a pas suivi la transformation de la discipline. Voir des sportifs livrés à eux-mêmes n'a rien d'étonnant pour Nzaka Tsirofo Rasoloarison, ancien athlète de haut niveau et sociologue du sport : « Quand j'ai participé au marathon de Paris en 2006, j'étais mon coach, mon agent, j'étais mon préparateur physique, mon nutritionniste… Ça fait presque 20 ans et ça n'a pas changé. » Les Jeux olympiques de Paris ont eux aussi entraîné leur lot de déception et de promesses : le gouvernement entend doubler le nombre d'athlètes malgaches aux Jeux de Los Angeles en 2028.À lire aussiDes Malgaches en route pour la Coupe du monde de parkour en France

    RCA/RDC: Bangui et Zongo et les échanges commerciaux de ces villes jumelles [3/3]

    Play Episode Listen Later May 13, 2025 2:26


    Collées l'une à l'autre, traversées par une rivière, l'Oubangui, et séparées par une frontière, Zongo la congolaise est située en face de la capitale centrafricaine Bangui. Ces deux villes sont naturellement liées par l'histoire, la culture mais aussi très dépendantes économiquement l'une de l'autre. Bangui dépend de Zongo en produits agricoles et Zongo dépend de Bangui en produits manufacturés. Tous les jours, les commerçants des deux villes font des traversées en pirogue pour s'approvisionner dans une ambiance de fraternité. Et pour renforcer ce lien, un accord de jumelage a été signé entre les deux villes en 2021. De notre correspondant à Bangui,Un arc-en-ciel apparaît dans le ciel alors que la pluie se pointe à l'horizon. Quelques débrouillards qui occupent la berge, se précipitent pour décharger une pirogue en bois de couleur rouge qui vient d'accoster. Debout à l'extrémité de la pirogue, Gérard, un piroguier de 34 ans, donne quelques coups de pagaies pour stabiliser le canoë : « On fait la course tous les jours. Avec mon équipe, nous effectuons une dizaine de tours entre les deux villes. Là, je ramène des commerçants d'ici qui étaient de l'autre côté pour acheter des fruits et légumes. »Sur la berge, une dizaine de pirogues et baleinières sont accrochées à des chaînes. Devant chaque embarcation, piroguiers et passagers discutent. Les chargeurs font monter des casiers de boissons, des cartons de beurre, sucre, lait, huile ou encore des savons. Sourire aux lèvres, Adeline, propriétaire d'un magasin à Bangui, est sur le point d'aller vendre ses marchandises à Zongo : « Les produits que nous exportons manquent à Zongo. C'est notre devoir à nous les commerçants d'aller ravitailler cette ville jumelle. Les véhicules et les motos ne peuvent pas y aller donc nous utilisons la pirogue. »« Ce sont des sœurs siamoises »Aux heures de pointes, une embarcation débarque de Zongo. Debout sur le sable, les commerçantes discutent le prix avec les livreurs congolais. « Sur le plan d'huile de palme, c'est Zongo qui ravitaille l'usine du savon en Centrafrique, pointeRichard Apkiwé, président de la fédération des entreprises du Congo. Par jour, nous exportons plus de mille fûts d'huile de palme à Bangui. Chaque jour, nous envoyons des avocats, des cocos, des mangues, des arachides et des légumes à Bangui. »Dans son bureau, le maire de Zongo Arthur Nguma nous présente le contenu d'un accord de jumelage signé en 2021 entre les deux villes : « La capitale Bangui et la ville de Zongo, ce sont des sœurs siamoises que la rivière Oubangui a séparées. Cet accord consiste donc à favoriser la fraternité. Bientôt, nous allons construire un pont sur la rivière Oubangui, installer deux bacs pour la navette et construire un quai moderne. La construction de ces édifices permettra une large ouverture. Ce jumelage favorise l'intégration de nos deux peuples. »Les villes de Bangui et Zongo ont été respectivement créées en 1889 et 1971. Malgré cet accord de jumelage, certains habitants des deux villes subissent de temps en temps des tracasseries administratives et des raquettes policières de part et d'autre. Nombreux sont ceux qui demandent aujourd'hui le suivi et l'application des textes sur le terrain.À lire aussiÀ Zongo, on prend la pirogue pour aller à l'école [1/3]À lire aussiRCA/RDC: Bangui et Zongo, la culture en partage pour ces villes jumelles [2/3]

    RCA/RDC: Bangui et Zongo, la culture en partage pour ces villes jumelles [2/3]

    Play Episode Listen Later May 12, 2025 2:29


    RFI vous parle de deux villes collées l'une à l'autre, traversées par une rivière, l'Oubangui et séparées par une frontière. Ces villes sont Zongo la congolaise, située en face de la capitale centrafricaine Bangui. Créée 1971 à l'époque du Maréchal Mobutu, la ville de Zongo compte plus de 130.000 habitants avec une superficie d'environ 450 km². Située dans le Sud-Ubangui, elle se trouve en face de Bangui, capitale de la République centrafricaine, une ville cosmopolite d'environ 1 500 000 habitants. Même si les deux villes sont naturellement séparées par la rivière Oubangui, elles sont très liées sur le plan culturel. Les habitants des deux territoires partagent les mêmes langues et les mêmes modes de vie.  De notre correspondant à Bangui,Des pas de danse rythmés par des balafons et tam-tams pour le bonheur de la foule. Ce matin à l'espace culturel Bon Coin du Pêcheur installé à Zongo, le groupe de danse MAÏMA livre un spectacle hors du commun.Pieds nus, habillements traditionnels, les jeunes danseurs portent des couronnes de plumes, des perles, des coquillages et même des peaux de bêtes. Michel Lobota est le responsable de ce centre culturel. « Chez nous, au Bon Coin du Pêcheur, nous donnons l'opportunité aux deux peuples de partager les activités culturelles telles que des concerts musicaux, des activités, des contes et des théâtres. Et il nous arrive des week-ends, des fois, d'organiser des karaokés, des musiciens qui viennent de Bangui qui viennent jouer au Bon Coin du Pêcheur. Nous donnons aussi nos instruments au groupe folklorique pour faire des productions pour le bien-être de la population de Zongo et de Bangui. »À lire aussiÀ Zongo, on prend la pirogue pour aller à l'école [1/3]« Quand je viens ici, je me sens comme à la maison »Le public regarde avec admiration un joueur de balafon qui se distingue avec sa sonorité traditionnelle. Assis sur un banc localement appelé Balambo, il frappe l'instrument au moyen de deux baguettes recouvertes de caoutchouc. Paulette Belinda qui vient de la République centrafricaine reconnaît la culture des Ngbaka, son groupe ethnique. « Quand je viens ici, je me sens comme à la maison. Nous avons la même culture, les mêmes types de nourritures, de boissons, de religions et on s'habille de la même manière. C'est impressionnant. »Non loin de là, Ismaël Samba, un Centrafricain de trente ans, discute avec ses amis en montrant son doigt avec un large sourire. « Je me suis marié à une habitante d'ici, voici la bague. Tantôt, on est ici, tantôt là-bas. Les riverains qui vivent ici, on les retrouve également de l'autre côté. »Un jumelage culturel et socio-économiqueL'une des particularités qui renforcent les liens entre les deux villes, c'est la langue. De part et d'autre, on parle le français, le lingala et le sango. Blaise Mundemba est chargé de communication à la mairie de Zongo. « Les langues font souvent les forces d'un peuple. Sango, lingala, ça fait la fierté des deux villes. C'est facile pour l'intégration. Parce que le peuple qui quitte Bangui pour Zongo parle Lingala. Le peuple qui quitte Zongo pour Bangui parle sango. »Un accord de jumelage a été signé entre la mairie de Bangui et celle de Zongo en 2021. Cet accord permet aujourd'hui d'encadrer la bonne marche des activités socio-économiques et culturelles.

    À Zongo, on prend la pirogue pour aller à l'école [1/3]

    Play Episode Listen Later May 11, 2025 2:23


    RFI vous parle de deux villes collées l'une à l'autre, traversées par une rivière (l'Oubangui) et séparées par une frontière. Ces villes sont Zongo, la Congolaise, située en face de la capitale centrafricaine, Bangui. Cette situation crée beaucoup de mouvement à travers le fleuve, notamment pour les scolaires… Créée en 1971, Zongo possède quelques établissements scolaires et universitaires, mais ne dispose pas de toutes les facultés et filières. De nombreux élèves et étudiants traversent donc chaque jour en pirogue pour étudier à Bangui. C'est un parcours du combattant, avec d'interminables allers-retours durant les neuf mois de l'année scolaire. Le soleil se lève sur un fond doré au bord de la rivière Oubangui. Les premières pirogues convergent déjà vers le quai. Une dizaine de personnes se bousculent pour monter dans l'une des embarcations. Sac au dos, Zacharie Bodiko, un étudiant congolais, traverse pour aller étudier dans une université à Bangui.« Nous nous réveillons tous les jours à 5 h pour nous organiser. Mais la frontière s'ouvre officiellement à 7 h 30. Parfois, nous leur demandons une autorisation spéciale pour traverser à 6 h ou 6 h 30 afin d'arriver à l'heure aux cours. En termes de transport, nous payons 5 000 francs CFA chaque jour pour un aller-retour ».À lire aussiCentrafrique: un programme pour offrir une seconde chance scolaire aux jeunes de Berberati [1/3]Traverser pour apprendre, malgré les obstaclesL'un des deux piroguiers met le moteur en marche et le canoë avance à son rythme… La rivière Oubangui, tel un immense tapis scintillant, s'étend devant eux. Cette étudiante navigue chaque jour sur les eaux froides de l'Oubangui pour rejoindre sa classe : « Je m'appelle Milka Soubaye Kamoya, Congolaise. Avec la pirogue à moteur, la traversée dure 5 à 7 minutes. C'est un exercice difficile. Il y a des jours où l'on manque d'argent pour aller en cours, et d'autres où ça va ».Le mauvais temps entraîne régulièrement le naufrage des pirogues dans cette zone. Cet instant de frayeur, Milka le vit depuis trois ans. « S'il pleut, c'est difficile de traverser. Parfois, il arrive qu'il pleuve alors que nous sommes censés avoir cours le matin. Nous sommes bloqués, car les pirogues ne peuvent pas traverser. Nous sommes alors obligés d'être absents. Et parfois, après les cours du soir, s'il pleut, il n'y a pas moyen de rentrer ».On rit, on murmure, mais la peur est bien présenteMalgré les risques, Zacharie est déterminé à terminer ses études. « On nous signale régulièrement des noyades dans la rivière, mais nous sommes obligés de braver la peur. Nous ne nous contentons pas de tous ces risques. Nous nous engageons à 100 % chaque jour. On est déterminés. S'il faut finir le master dans ces conditions, on le fera ».Une fois à la berge, les élèves se précipitent pour descendre, puis chacun utilise un autre moyen de transport pour rejoindre son école. Plusieurs étudiants ayant suivi ce parcours étudient ou travaillent aujourd'hui dans des organismes à Bangui ou en RDC.À lire aussiAfrique: les 16 pays les plus avancés sur l'accès à l'éducation

    En Côte d'Ivoire, une exposition rend hommage à Ahmadou Kourouma

    Play Episode Listen Later May 10, 2025 2:30


    À Abidjan, « Inspirations Kourouma » rend hommage au grand écrivain Ahmadou Kourouma (1927-2003), pour célébrer son héritage littéraire à travers les créations d'artistes contemporains. L'exposition collective, qui mêle tableaux, sculptures et même bandes dessinées, est à voir au centre d'art historique du Plateau, La Rotonde. Avec notre correspondante à Abidjan,Les visiteurs sont accueillis dans La Rotonde par les yeux pénétrants d'Ahmadou Kourouma : un grand portrait en noir et blanc réalisé par Jems Koko Bi, représentant l'écrivain, la tête posée sur sa main, fixant le spectateur du regard.« Dans le creux de la main… Je crois qu'il disait : “Dans le creux de la main, on se repose et on apprend beaucoup”, explique Jems Koko Bi. Et ce regard perçant qu'il avait… C'est un grand personnage pour moi. Kourouma fait partie du patrimoine culturel de la Côte d'Ivoire. Quand vous approchez du portrait, vous voyez qu'il n'y a pas de peinture. C'est juste gratté, sur du papier noir, au couteau. C'est un travail archéologique que j'ai fait ».En plus des photos d'archives, des coupures de journaux et d'extraits de ses textes, l'exposition met en scène une quinzaine d'œuvres présentées par un casting prestigieux, où figurent notamment les peintres Aboudia et Yéanzi, le sculpteur Salif Diabagaté… Les participants ont reçu des extraits de livres de Kourouma et ont été invités à s'en inspirer pour créer leurs propres œuvres. Pascal Konan, artiste plasticien, signe ainsi la toile Les Couleurs des Indépendances, en référence au premier roman de Kourouma, Les Soleils des Indépendances.« Moi, j'ai dû illustrer une partie de ce livre, qui propose une lecture, ou une relecture des temps coloniaux. Donc, dans la Toile, il y a une grande répartition du bleu, du blanc et du rouge, pour montrer la domination du pays colonisateur. Et puis, ensuite, le jaune, qui symbolise le soleil d'Afrique, vient pour dire qu'en Afrique, il y a eu des gens qui se sont battus. Pour moi, c'est une œuvre assez symbolique. On a essayé de résumer tout ça en image, parce qu'on estime qu'une image vaut mille mots ».À écouter aussiYambo Ouologuem et Ahmadou Kourouma, les jumeaux de 1968Quand les arts visuels ravivent la mémoire littéraireIl peut sembler paradoxal de rendre hommage à un écrivain avec une exposition d'arts plastiques… Mais le directeur de La Rotonde, Yacouba Konaté, dit croire « qu'aucune discipline ne peut vivre en autarcie ».« Je pense qu'une discipline vit, survit, se développe, par la connexion, par la collaboration avec les autres disciplines, explique-t-il. Ahmadou Kourouma, c'était un ami. J'ai vu l'immense travail qu'il faisait pour construire ses textes, les produire, les peaufiner. Vraiment, c'est un orfèvre, c'est un bijoutier. Donc, je me suis promis de faire un événement sur lui, puisque je suis, moi, un universitaire qui considère que les arts visuels ont un impact, une efficacité de communication plus forte que la littérature au sens ordinaire du terme ».Yacouba Konaté dit même avoir guéri la panne d'inspiration de l'un des sculpteurs avec lesquels il collaborait en 2001, Yacouba Touré, en lui faisant lire Allah n'est pas obligé d'Ahmadou Kourouma.« Cette lecture a produit une étincelle créative chez ce sculpteur, qui était l'un des meilleurs de sa génération. Et j'ai voulu reprendre ce procédé avec des artistes contemporains ».Une initiative saluée par la veuve de l'écrivain, Christiane Kourouma, qui se réjouit de voir son œuvre toujours célébrée, 22 ans après sa mort. « Je vis encore avec lui jour et nuit. Je lis encore ses livres, je lis tout ce qu'on a pu écrire sur lui… Tout ce que je vois ici, toutes ses photos, je les connais par cœur ».L'exposition Inspirations Kourouma restera visible à la Rotonde jusqu'au 21 mai.À lire aussiDe l'apprentissage brutal du français au Prix Renaudot: le parcours d'Ahmadou Kourouma

    La Nollywood Week à Paris: les femmes très présentes

    Play Episode Listen Later May 9, 2025 2:14


    La Nollywood Week, festival de cinéma consacré aux films nigérians, se poursuit à Paris jusqu'à sa journée de clôture, ce dimanche 11 mai. L'industrie prolifique du cinéma au Nigeria donne lieu à plusieurs festivals à travers le monde, et le public de ce cinéma populaire ne cesse de croître. La production nigériane compte de nombreuses femmes parmi ses productrices et réalisatrices, et ce n'est pas un hasard si la réalisatrice et actrice Aïssa Maïga a été choisie comme marraine de cette édition. Elle place en effet au cœur de ses engagements la condition des femmes ainsi que la lutte contre la corruption. Un signal fort, que la Nollywood Week met en avant pour cette édition.   « Le travail de la police, ce n'est pas ça. Mais il y a de la mauvaise graine dans toutes les professions », répond un chef policier à son subordonné dans La nuit du 7 juin, un film du réalisateur Toka McBaror qui aborde la corruption au sein de la police nigériane, en s'inspirant d'une histoire vraie. Au cœur de la programmation : retour au matriarcatOutre la corruption, la révolte contre le pouvoir masculin et les traditions, ainsi que le retour au matriarcat, sont au cœur de la programmation de cette nouvelle édition de la Nollywood Week à Paris. On y trouve des rôles particulièrement intéressants pour les femmes, ainsi qu'une parité totale entre réalisateurs et réalisatrices.Bikiya Graham Douglas, productrice et actrice principale du film Pour Amina, explique : « "Pour Amina" parle de responsabilité. On y voit une mère lutter contre un système corrompu pour permettre à sa fille d'accéder à une éducation digne de ce nom. C'est une femme presque illettrée, sans pouvoir, mais qui utilise les médias pour interpeller le gouvernement. Ce récit montre comment responsabiliser les autorités afin de construire une société meilleure. Tout cela à travers la relation mère-fille, avec pour objectif que cette enfant reçoive une bonne éducation ».À lire aussiLe cinéma africain en fête avec la Nollywood Week 2025La Nollywood Week aborde également des sujets plus complexes, comme dans le film Out in the Darkness, réalisé et scénarisé par Sara Kwaji : « Au Nigeria, comme ailleurs dans le monde, la santé mentale des femmes, en particulier la dépression post-partum, est souvent négligée et incomprise. J'ai donc voulu mettre ce sujet en lumière pour combler un vide narratif qui nécessite urgemment davantage de sensibilité et de compassion ».Avec la nouvelle génération, le cinéma de Nollywood connaît de profondes transformations, comme l'explique Thierno Ibrahima Dia, critique de cinéma : « Ce cinéma, autrefois dominé par les genres fantastique et horrifique, tend aujourd'hui à proposer une analyse plus fine de la société nigériane. Le Nigeria est désormais la première économie du continent, devant l'Afrique du Sud, et le cinéma interroge les rapports sociaux dans ce contexte. Nollywood revient ainsi vers un ancrage plus réaliste, loin des stéréotypes de ses débuts ».Industrie encore jeune, née dans les années 2000, Nollywood est aujourd'hui touchée par la crise économique qui frappe le Nigeria.Retrouvez toute la programmation de la Nollywood Week ici. 

    Souleymane Cissokho, l'Afrique dans le cœur et sur le ring

    Play Episode Listen Later May 8, 2025 2:26


    C'est le combat le plus dur de sa carrière. Souleymane Cissokho, 33 ans, dispute ce samedi 10 mai 2025 une demi-finale mondiale face au Lituanien Egidijus Kavaliauskas, dans la catégorie des poids welters. Une chance unique de réaliser son rêve de décrocher la ceinture de champion du monde. Et pour mettre toutes les chances de son côté, le natif de Dakar a choisi son continent de naissance pour organiser cet affrontement. Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, sera l'épicentre d'un gala de boxe qui signe le retour du noble art en Afrique. Quelques jours avant son départ pour Malabo, Souleymane Cissokho souhaite peaufiner sa préparation en vue du combat le plus important depuis son passage chez les professionnels en 2017. Direction une salle privée en plein cœur de Paris pour deux heures d'entraînement intensif, avec plusieurs membres de l'équipe de France. Habillé en noir de haut en bas, le boxeur prend d'abord le temps de saluer toutes les personnes présentes avant de passer aux vestiaires pour se changer.« Faire un remake d'Ali-Foreman »« J'ai gardé en tête les images du combat Ali-Foreman à Kinshasa, dès que j'ai eu la possibilité de boxer en Afrique, j'ai sauté sur l'occasion », explique Souleymane Cissokho, assis sur un canapé à l'étage. Dernier grand événement de boxe sur le continent, le « Rumble In The Jungle » de 1974, n'a pas ouvert la brèche escomptée. Très peu d'événements internationaux depuis, conjugués à un manque de moyens et d'infrastructures. Alors quand la ville de Malabo s'est présentée aux enchères pour le combat de Cissokho, le choix était vite fait : « Ce sont eux qui nous ont contactés. On a un partenaire sur place qui a mis les moyens et a remporté les enchères. Malabo souhaitait faire une sorte de remake d'Ali-Foreman sur le continent », confie le médaillé de bronze lors des Jeux de Rio en 2016. Né à Dakar, révélé en France, Cissokho jouit d'une double culture dont il est très fier. Le continent africain occupe d'ailleurs une place importante dans sa vie : « Je suis heureux de boxer là-bas. L'Afrique fait partie de moi, j'y suis beaucoup attaché et je m'investis énormément d'un point de vue associatif. Je puise énormément de force là-bas », confie-t-il avec un sourire plus que communicatif.À lire aussiBoxe: George Foreman-Mohamed Ali, retour sur un combat de légendeAvant de commencer son échauffement, Souleymane Cissokho est arrêté par l'arrivée de l'autre star de la journée. Lui aussi est né en Afrique et représente la France sur le circuit international. Kévin Lélé Sadjo, référence chez les poids super-moyens, sera présent sur la carte de Malabo, pour le plus grand bonheur des organisateurs. Lumineux, Kévin Lélé Sadjo se montre très bavard lorsqu'il s'agit de présenter son grand ami : « J'admire Souleymane sur et en dehors du ring. Je le dis souvent, c'est quelqu'un d'intelligent, humble. Je suis impressionné et je veux suivre sa trace, mais il est bien devant moi », précise le boxeur né au Cameroun. Si cet événement comme celui-là peut relancer la boxe en Afrique pour les jeunes qui souffrent et qui ont besoin d'un moteur comme Souleymane Cissokho, alors il faut l'aider du mieux que l'on peut ». Kévin Lélé Sadjo devait lui aussi combattre pour une demi-finale mondiale, face à son compatriote Christian M'Billi. Dès l'annulation officialisée, la possibilité d'épauler Souleymane Cissokho est apparue comme une évidence : « Je lui ai dit que j'avais besoin de boxer et que je voulais le suivre. Je serai tout proche du Cameroun, j'ai un gros public derrière moi. C'est un honneur d'accompagner Souleymane à la conquête du monde ».À lire aussiSouleymane Cissokho, boxeur et médaillé olympique: «Ces jeux vont être exceptionnels»L'horloge tourne et les boxeurs de l'équipe de France finalisent leur échauffement, Souleymane Cissokho enfile gants puis casque et commence sa session de sparring intense, sous les yeux de Karim El Hayani, entraîneur principal de Kévin Lélé Sadjo et proche du pugiliste franco-sénégalais. Additionner les noms prestigieux sur la carte principale peut être bénéfique pour l'Afrique et pour Souleymane Cissokho : « Ce sont deux boxeurs très proches, ils ont un passé commun. Souleymane voulait voir Kévin boxer avec lui. Rien qu'au niveau psychologique, c'est un plus de voir les deux boxeurs dans la même soirée », admet l'entraîneur et ancien boxeur professionnel, avant de compléter son analyse : « Il y a toujours un esprit d'équipe dans la boxe, bien que ce soit un sport individuel. Et voir les gens qu'on apprécie être à ses côtés, à ce moment-là, ça fait toujours plaisir », conclut sereinement Karim El Hayani avant de rejoindre ses poulains.« C'est le combat le plus important de ma carrière, mais je dois faire abstraction de tout ce qu'il y a autour »Même si la date du combat approche, la séance d'entraînement n'est pas de tout repos. Les sessions dans le ring ressemblent à de vrais combats et les coups résonnent à travers toute la salle de sport. Alors qu'un petit public s'entasse près des cordes pour observer la bataille, Souleymane Cissokho reste sérieux et profite des pauses pour prendre conseil auprès de son entraîneur de toujours, Virgil Hunter. « J'ai un très bon adversaire, il a plus d'expérience que moi et a déjà combattu pour le titre. Il a plus de combats que moi et est très complet » avoue Souleymane Cissokho, un brin fatigué après l'entraînement. « On commence à voir le bout du tunnel, c'est le combat le plus important de ma carrière, mais je dois faire abstraction de tout ce qu'il y a autour », avoue-t-il. Il est vrai que l'ambiance à Malabo promet d'être électrique, car l'Afrique est un continent passionné par la boxe, explique Souleymane Cissokho : « Il y a un vivier de talents là-bas, c'est exceptionnel. La ferveur qu'ils ont pour la boxe, c'est fou. Il manque un peu de moyens et d'infrastructures, mais ça progresse grâce aux carrières de combattants issues du continent ». Remettre l'Afrique au centre du jeu et surtout pérenniser ce genre d'événements, voilà le but recherché par les organisateurs : « C'est un test, la Guinée équatoriale » souffle le boxeur de 33 ans. « Ils ont à cœur d'organiser d'autres événements, la boxe est aimée partout en Afrique. Ça reste le noble art, ça attire du public. Il faut juste pouvoir avoir les moyens de poursuivre cette initiative ».À la fin de l'entraînement, chaque participant se congratule avant de quitter la salle parisienne, au compte-gouttes. Souleymane Cissokho en a, lui aussi, terminé avec son stage de préparation. Ne reste plus qu'à goûter au climat de Malabo après son court séjour en France. En cas de succès, le boxeur franco-sénégalais pourrait affronter prochainement le champion de la fédération WBC, Marco Barrios. Et défendre sa ceinture de champion de monde en France et en Afrique : « Combattre à Dakar, c'est une option pour le futur. Je veux boxer là-bas au moins une fois dans ma vie ».À lire aussiSouleymane Cissokho, invité exceptionnel !

    Massacres du 8 mai 1945 en Algérie: «Cette histoire demeure très peu enseignée»

    Play Episode Listen Later May 7, 2025 2:17


    Il y a 80 ans, le 8 mai 1945, le jour même où la France fêtait la victoire sur les nazis, des manifestations indépendantistes éclataient en Algérie. Elles furent massivement et violemment réprimées par l'armée française. Plusieurs massacres ont eu lieu à Sétif, Guelma et Kherrata, faisant des dizaines de milliers de morts. À l'occasion de la commémoration de cette répression sanglante, un collectif de chercheurs et d'historiens a lancé un appel à la reconnaissance de ces crimes. Selon les historiens de ce collectif, la France reste très en retard par rapport à la reconnaissance officielle des massacres commis en Algérie, comparativement aux autres puissances coloniales. La Grande-Bretagne a reconnu ses crimes au Kenya au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne l'a fait pour la Namibie, tout comme la Belgique, la Hollande, les États-Unis sous différentes formes, ainsi que le Canada. Il y a eu certes des reconnaissances partielles, avancent les historiens, comme pour l'assassinat des indépendantistes Ali Boumendjel, Larbi Ben M'hidi ou Maurice Audin, mais il n'y pas eu de reconnaissance « pleine, entière et circonstanciée » des crimes commis pendant cette période en Algérie.Pour l'historien Nils Andersson, le peuple français n'est pas prêt : « Je crois qu'aujourd'hui, la situation plus difficile qu'elle ne l'était en 1962 au moment de l'indépendance, affirme l'expert. L'indépendance de l'Algérie reste un traumatisme dans l'opinion publique française. On constate qu'il y a des ressentiments anti-algérien en France, pays colonisateur. Je pense que le rôle des responsables politiques est non pas de faire de la politique politicienne en exacerbant les sentiments identitaires et religieux, mais d'avoir le courage de reconnaître le fait colonial. Et cela, ce n'est nullement un acte de contrition ou de repentance, c'est simplement un acte moral de vérité. Mais il faut que les politiques aient le courage de le réaliser. » « Une discrimination mémorielle pour les héritiers de l'immigration coloniale »Selon les universitaires, la bataille pour la reconnaissance des massacres en Algérie demeure cependant nécessaire, pour des relations paisibles franco-algériennes, mais surtout pour une réconciliation des mémoires. « Assurément, une reconnaissance par les plus hautes autorités de l'État des massacres commis le 8 mai 1945 contribuerait à améliorer les relations diplomatiques entre la France et l'Algérie, estime l'historien de la colonisation Olivier La Cour Grandmaison. Mais il y a un autre volet : il y a en France un nombre très important d'héritiers de l'immigration coloniale et postcoloniale qui sont français, mais qui ont des origines particulières, qui ont une histoire familiale parfois particulière, en raison des conséquences de ces massacres. Ils sont depuis maintenant très longtemps confrontés à ce refus d'une reconnaissance pleine et entière. Cette histoire demeure très peu enseignée dans les collèges, les lycées et les universités. Encore une fois, c'est perçu comme une discrimination mémorielle et commémorielle pour les héritiers de l'immigration coloniale et postcoloniale. »Cet autre 8 mai et la répression massive des indépendantistes ont longtemps été occultés en France. Les massacres ont profondément marqué le peuple algérien et ont, selon les historiens, amorcé la guerre d'indépendance en Algérie.À lire aussiFrance: le Premier ministre élargit l'indemnisation des harkis à 6000 personnes supplémentaires

    Soudan: l'école Al Shourta à Port-Soudan, un refuge pour les artistes déplacés [3/3]

    Play Episode Listen Later May 6, 2025 3:10


    Pourtant épargnée depuis le début du conflit, Port-Soudan, capitale provisoire depuis la destruction de Khartoum, est la cible d'attaques de drones quotidiennes depuis ce dimanche (4 mai). La ville portuaire accueille des centaines de milliers de déplacés internes, qui vivent chez des proches ou dans des camps de fortune. Parmi eux, des musiciens, qui ont décidé de faire l'école Al Shourta un lieu de refuge et de création.   De notre correspondante à Nairobi de retour de Khartoum,Dans la cour de l'école Al Shourta, à côté du marché central de Port-Soudan, on trouve quelques tentes, des chevalets, des instruments de musique et un amplificateur. « Cet endroit est un refuge pour les artistes : musiciens, comédiens, réalisateurs, etc., explique Mohammed Hassan, le coordinateur du lieu. Nous avons quatre pièces. La première est dédiée aux arts plastiques, et celle à côté, c'est le studio de musique. La troisième pièce est consacrée aux arts dramatiques. Et la dernière, tout au fond, c'est là que vivent les familles. Ici, on vit en harmonie. On vient d'endroits très différents et on a vécu beaucoup de choses. Mais les artistes créent l'harmonie. C'est ça la musique. »Amin organise des ateliers avec des enfants déplacés : « J'essaie, avec la musique et ma guitare, d'apporter quelque chose de bénéfique aux miens. » Avant la guerre, il était professeur de musique et concertiste dans le grand hôtel Corinthia à Khartoum. « Grâce à la musique et à l'art, j'apprends aux enfants à développer leurs capacités, à vivre avec les autres, leur communauté, leur famille, eux-mêmes, expose le musicien. Parce que maintenant tout est ravagé. Dès le début de la guerre, beaucoup de familles sont restées coincées et la vie est devenue compliquée. C'est toujours difficile, mais je peux utiliser mon talent pour m'aider et aider les autres… La vie doit continuer. »À lire aussiGuerre au Soudan: troisième jour de bombardements sur Port-Soudan« Je pense que la musique est bénéfique pour guérir et permettre de rêver à demain »Cette communauté d'artistes s'est constituée par le bouche-à-oreille. Hassin Abdulaziz Sahan vient du nord de Kordofan et a fait de la musique sa thérapie : « Je pense que la musique est bénéfique pour guérir, permettre de rêver à demain et de regagner espoir, confie le compositeur et interprète. C'est pour cela que j'ai besoin de mes amis, d'artistes comme moi, à mes côtés... J'ai déjà composé plusieurs morceaux sur la guerre, ils parlent de nos maisons abandonnées. L'art fait une énorme différence. On est tous plongés dans cette situation pénible, dans l'obscurité. On a tous besoin de voir la lumière. »Mais ce sont des nuages de fumée noire que les habitants de Port-Soudan ont vu ces derniers jours. Les drones des Forces de soutien rapide (FSR) ont frappé l'aéroport, une base militaire et une station électrique. À lire aussiSoudan: l'enfer pour les habitants de l'île de Tuti [1/3]À lire aussiSoudan: le pillage de la Maison du Khalifa [2/3] 

    Soudan: le pillage de la Maison du Khalifa [2/3]

    Play Episode Listen Later May 5, 2025 2:23


    Fin mars, l'armée a annoncé avoir « libéré » Khartoum des Forces de soutien rapide, les paramilitaires qui les affrontent depuis deux ans. Les déplacés commencent à rentrer chez eux et découvrent une capitale dévastée, leurs maisons pillées par les FSR. Les paramilitaires qui s'en sont également pris aux monuments historiques de la ville. C'est le cas du musée de la Maison du Khalifa, à Omdurman, dans la banlieue ouest de Khartoum. De notre correspondante à Nairobi de retour de Khartoum,Au milieu des décombres, Jamal Mohammed Zein Alabdeen, directeur de la Maison du Khalifa, ouvre les portes du musée. À l'intérieur, des vitrines brisées et quelques instruments de musique anciens : « Dans cette vitrine, il y avait les épées des combattants d'Al Khalifa. Il y en avait trois ici… et là. Et puis dans cette vitrine-là, il y avait tous les artefacts religieux. Tout a été volé. Cette partie de la ville était aux mains des Forces de soutien rapide et ils ont tout pillé. Quand l'armée a récupéré Khartoum, je suis revenu et j'ai découvert l'ampleur du désastre, ça m'a anéanti. Une tristesse infinie. J'étais responsable de ces objets qui représentent le Soudan. C'est comme si j'avais perdu un enfant. »Abdullah Ibn Mohammed Al Khalifa a régné sur le Soudan avant la colonisation britannique. Il est le chef de l'État mahdiste, dont les frontières s'étendent jusqu'en Éthiopie. Al Khalifa meurt en 1899, dans une bataille contre les troupes anglo-égyptiennes. Sa maison est un trésor du passé. « Ce sont des antiquités, des souvenirs de notre passé et cela nous a demandé beaucoup d'efforts de les retrouver et les collecter, explique le directeur de la Maison du Khalifa. C'est important pour le pays. On ne peut pas donner une valeur financière à ces objets. Chacun d'entre eux est inestimable. Les FSR ont voulu attaquer l'identité soudanaise. Ces objets pourront sans doute se revendre, mais leur valeur, c'est surtout ce qu'ils représentaient dans le cœur des Soudanais. Maintenant, nous allons créer un comité, évaluer les dégâts et reconstruire la maison du Mahdi. »Husham Kidir Ahmed Karar est le directeur des antiquités de la ville de Chendi, au nord de Khartoum. Il prête main forte pour l'inventaire des dégâts : « Il est difficile d'évaluer combien on a perdu. Pour le moment, on collecte ce qu'il nous reste et l'on comparera avec ce que nous avions inventorié. Une fois qu'on aura identifié avec précision nos objets perdus, nous prendrons contact avec toutes les organisations à travers le monde ainsi que les pays avec qui nous entretenons des relations, pour qu'ils nous aident à récupérer nos antiquités. Personne ne pourra nous empêcher de parler de notre identité. Maintenant, on a appris de nos erreurs. La prochaine fois, on se battra. »Le musée national de Khartoum a également été pillé. Les autorités soudanaises entendent solliciter l'Unesco et Interpol pour empêcher le trafic d'antiquités.À lire aussiSoudan: l'enfer pour les habitants de l'île de Tuti [1/3]

    Soudan: l'enfer pour les habitants de l'île de Tuti [1/3]

    Play Episode Listen Later May 4, 2025 1:56


    Au Soudan, les combats continuent dans Khartoum. La semaine passée, l'artillerie des Forces de soutien rapide a frappé le palais présidentiel, en centre-ville. Fin mars, l'armée avait pourtant annoncé avoir « libéré » la capitale. L'île de Tuti, en plein cœur de Khartoum, fait partie des quartiers récupérés par les forces armées soudanaises. Sous l'emprise des FSR, cette péninsule au milieu du Nil a vécu dans l'isolement le plus total, soumis à la violence des paramilitaires. De notre correspondante à Nairobi de retour de Khartoum,Tuti est aujourd'hui un quartier fantôme. Dans les rues, des gravats, des meubles, des vêtements, vestiges des derniers pillages des FSR. « Au début, les FSR ont nommé un maire. Si vous vouliez sortir de l'île, il fallait le payer 50 000 livres soudanaises, environ 70 euros, pour un passager ; 90 000 pour un commerçant et sa cargaison, raconte Walid Omar Alamin, du comité des résidents de Tuti. Après Tuti était complètement fermée. Les FSR ont commencé à arrêter beaucoup de monde. Ils accusaient les gens d'appartenir à l'ancien régime ou à l'armée. Ils arrêtaient surtout des hommes, mais quelques femmes aussi. »Pris au piège, les habitants de Tuti n'ont d'autre choix que de se soumettre à la loi des FSR. Khalid Ahmed Abdu, l'imam de l'île, tente un temps de jouer les médiateurs : « Au début, les FSR se comportaient normalement. Mais rapidement, ils ont réquisitionné nos biens, notre nourriture, notre eau… tout ce que l'on possédait. D'abord ils passaient par moi et j'essayais de coordonner les choses, mais après, ils prenaient ce qu'ils voulaient comme ils voulaient. Puis ils ont commencé à maltraiter nos femmes. Un soir de l'Aïd el-Fitrn ils ont violé une jeune fille à minuit et sont venus me le dire. »Entre 100 et 200 dans une celluleCe viol provoque un mouvement de colère des hommes de Tuti. En réponse, les FSR tuent huit habitants et en arrêtent d'autres. Zualfajar Mutwakil Sadiig, a passé onze mois dans une cellule souterraine : « On était entre 100 et 200 dans la cellule. Quand on était à court d'eau, on devait attendre longtemps que les FSR nous en ramènent, explique l'homme de 28 ans. On mangeait du riz ou du porridge, dans une seule gamelle, deux fois par jour. On ne sortait jamais, sauf pour jeter nos déchets de temps en temps. Des prisonniers discutaient entre eux pour passer le temps. D'autres récitaient le Coran. Mais certains devenaient fous. »Aujourd'hui, seules 70 familles sont encore présentes à Tuti. L'île hébergeait avant 30 000 habitants. À lire aussiSoudan: suite aux revers des FSR, le centre du pays passe aux mains de l'armée

    Tunisie: avec le drame de Mezzouna, «c'est l'occasion d'appeler à l'aide»

    Play Episode Listen Later May 3, 2025 2:24


    En Tunisie, le 14 avril dernier, trois adolescents ont trouvé la mort après l'effondrement d'un mur dans l'enceinte de leur lycée à Mezzouna, au centre-est du pays, à quelques kilomètres du berceau de la révolution, Sidi Bouzid. Cet accident a provoqué l'indignation de l'opinion publique en Tunisie, car il révèle des problèmes structurels de développement dans les régions marginalisées. De notre correspondante à Tunis,À Mezzouna, après des jours de tensions, le calme est revenu. Mabrouka Nouri, la mère d'Abdelkader Dhibi, l'un des lycéens tués dans l'accident, reçoit encore les condoléances du voisinage. Elle attend une enquête sur les circonstances du drame : « Ce mur ne s'est pas effondré à cause du président de la République ou du directeur de l'école, il était ancien et ici, le budget réservé aux rénovations publiques, on ne sait jamais où il va. Pour moi, c'est la faute des lobbies qui accaparent l'argent du pays depuis des années. »Un discours qui résonne avec celui du président Kaïs Saïed qui est venu la voir ainsi que les autres familles en deuil, dans la nuit du 18 avril. Dans cette ville de 8 000 habitants, la visite a été perçue positivement après des décennies sans contact avec le pouvoir central. « Il est venu nous voir, il nous a salués, il nous a écoutés, nous, les pauvres que personne ne voit », approuve Mabrouka Nouri.Après la visite du président, Hanen, 43 ans qui s'occupe seule de sa mère, a entendu les promesses de relance de l'usine de plastique fermée depuis 2008 et des aides pour l'infrastructure sanitaire. Néanmoins, elle reste vigilante : « Je n'ai aucune confiance dans les autorités locales, ni le gouverneur ni le délégué régional. On n'arrive pas à vivre dans la dignité. »« Rien n'est rénové depuis des décennies »Ville autrefois prospère grâce à l'une des plus grandes usines de plastique du pays, les défaillances se voient partout. L'usine est laissée à l'abandon, l'état des routes laisse à désirer, et de nombreuses constructions souffrent de problèmes d'infrastructure. Beaucoup d'habitants comme Hanen se sentent abandonnés. « Ici, c'est simple, vous avez des connexions ou des contacts, vous aurez du travail, sinon vous n'êtes rien. Moi, je vis avec ma mère grâce à sa pension de retraitée de 150 euros par mois. Le moindre médicament pour son traitement coûte entre 15 et 20 euros, que nous reste-t-il à la fin du mois ? »Ce défaitisme, Mohamed Sboui, enseignant de 58 ans, l'explique par l'ancienneté de l'état d'abandon des infrastructures publiques : « Si l'effondrement du mur a autant bouleversé les gens, c'est parce que tout le monde est conscient que rien n'a été réellement entretenu ou rénové depuis des décennies. On a un poste de police et une mairie et puis pas grand-chose d'autre. L'effondrement de ce mur, c'est pour nous l'occasion d'appeler à l'aide. »Le drame de Mezzouna a provoqué une onde de choc dans le pays. De nombreuses municipalités ont ainsi détruit des murs où édifices fragiles par peur que le scénario ne se répète.

    En Côte d'Ivoire, les excellents résultats des centres de soins Mère Kangourou contre la mortalité néonatale

    Play Episode Listen Later May 2, 2025 2:22


    En Côte d'Ivoire, près de 34 000 naissances prématurées sont enregistrées chaque année. En complément de la prise en charge en couveuse dans les hôpitaux, l'Unicef et le Fonds Muskoka ont développé depuis six ans, avec le gouvernement ivoirien, le programme Centres de Soins Mère Kangourou (SMK). Une méthode de contact peau à peau entre la mère et son bébé prématuré, pour réduire la mortalité néonatale, qui donne déjà de très bons résultats. Avec notre correspondante à Abidjan, Marine JeanninMalgré les pleurs des bébés et les discussions à voix basse des jeunes mères, l'atmosphère est feutrée dans le service « Mère Kangourou » du CHU de Treichville, une commune d'Abidjan en Côte d'Ivoire. Seize femmes et leurs bébés sont actuellement logées, encadrées et soignées dans cette unité d'une vingtaine de places. Parmi elles, Fatim Wandao, 23 ans, porte entre les seins un bébé d'un mois, son premier enfant. L'hôpital a dû déclencher son accouchement avant terme, raconte-t-elle, à cause d'une complication survenue à six mois de grossesse.« Ils l'ont envoyé en couveuse, parce que le bébé était trop petit, se souvient-elle, encore émue. Je tremblais. Je me suis dit “Est-ce que mon bébé va s'en sortir ? Est-ce que je vais m'en sortir ?” Quand je le voyais dans la couveuse, je ne me sentais pas bien, parce qu'elle était trop petite. Mais quand le bébé est revenu, je me suis sentie très heureuse. La première fois que j'ai pris mon bébé dans les bras, je me suis sentie fière d'être maman. Quand on est venues ici, au fur et à mesure, j'ai commencé à prendre soin d'elle, et les mamans qui sont ici avec moi m'ont aidée. »La méthode est simple, explique l'infirmière Nicole Howo. Garder en permanence les bébés au contact de leur mère, grâce à un foulard étroitement noué, comme pour prolonger la grossesse hors du ventre maternel. « On porte les bébés peau à peau, à la poitrine des mamans, et c'est cette chaleur-là qui permet à l'enfant de se développer. Ça marche, on a des bébés qui viennent à 600 grammes, et on les voit aujourd'hui, ils sont normaux, comme les autres bébés. »Le porter « kangourou » aide l'enfant à se développer, mais aussi la mère à garder un bon état psychologique, car les risques de dépression post-partum sont accentués après un accouchement prématuré. De peur de perdre leur bébé peu après la naissance, beaucoup de parturientes refusent même de leur donner un nom. « Ça permet à la maman de regagner en confiance, parce que quand on [donne naissance à un enfant] prématuré, on se culpabilise, on est traumatisée. Donc la mère elle-même voit l'enfant grandir progressivement. Chaque jour, on fait les pesées. Cinq grammes aujourd'hui, 10 grammes aujourd'hui, 20 grammes demain. Elles sentent l'enfant grandir. Quand on atteint le kilogramme, on célèbre ! », se réjouit le Dr Chantière Somé-Meazieu, qui dirige l'unité Mère-Kangourou.Quinze centres de soin Mère-Kangourou sont déjà fonctionnels, avec l'objectif de doubler ce nombre d'ici à 2030. Le gouvernement aimerait appliquer ce programme à l'échelle nationale, encouragé par les bons résultats que souligne Mariana Stirbu, représentante par intérim de l'Unicef dans le pays. « Dans ce centre, pour l'année dernière, on a eu un taux de survie de 99 %. C'est un pourcentage très important. Beaucoup de ces enfants auraient pu décéder, c'est une question de vie ou de mort », détaille-t-elle. La prématurité reste l'une des principales causes de mortalité infantile en Côte d'Ivoire, puisqu'elle représente près de 30 % des décès néonatals. À lire aussi«Carnet de santé», le podcast – Dr Somé-Meazieu, grand-mère des prématurés en Côte d'Ivoire

    Grâce aux jeux vidéo, Teddy Kossoko raconte l'Afrique autrement et ambitionne de créer des emplois

    Play Episode Listen Later May 1, 2025 2:16


    Il a grandi en Centrafrique, traversé les guerres, et choisi de répondre par la créativité. Teddy Kossoko, 30 ans, utilise les jeux vidéo pour raconter l'Afrique autrement. Mais créer ne suffit plus. L'entrepreneur installé à Toulouse poursuit désormais un objectif plus vaste : bâtir un marché du jeu vidéo africain. Pour lui, il faut aussi pouvoir vendre, localement. Portrait d'un entrepreneur engagé. La mission de Teddy Kossoko : reconnecter les Africains à leur histoire et casser les clichés. Une ambition qui le pousse à créer Masseka Game Studio en 2018. « "Masseka" dans ma langue natale, Sango, veut dire "jeune, jeunesse". Pour moi Masseka, c'est un moyen de raconter l'Afrique. D'abord aux Africains, car la plupart des Africains ne connaissent pas le continent africain. Ensuite raconter l'Afrique au reste du monde, pour que les gens puissent connaître l'Afrique au-delà de la colonisation et de l'esclavage. Qui colle aujourd'hui à la peau des Africains, on n'est pas que cela », raconte-t-il.Ses jeux s'inspirent des cultures africaines. Kissoro, par exemple, revisite l'awalé, ce jeu de stratégie traditionnel, pour en faire un outil de paix. « C'est un jeu avec des pions et des cases. À l'époque, je voulais promouvoir la paix entre deux royaumes », se souvient-il. La Centrafrique à l'époque est en guerre, et Teddy Kossoko choisit la créativité comme arme politique. Le succès est au rendez-vous : plus de 50 000 téléchargements. Puis vient La Légende de Mulu, un jeu d'aventure pédagogique, mais un problème persiste. Ses jeux se vendent partout sauf en Afrique.Les grandes plateformes comme Google imposent des cartes bancaires et empêchent les créateurs africains de vendre localement. Pour contourner ces blocages, Teddy Kossoko lance Gara, une boutique en ligne pensée pour l'Afrique. Elle centralise les contenus et utilise le mobile money pour simplifier l'achat. « L'idée, c'est : j'arrive, j'ai 100 francs CFA, je paie avec mon mobile money et j'accède aux contenus. Ça aide les créateurs à générer des revenus », explique-t-il.Mais pour lui, l'enjeu dépasse l'économie. « J'ai vécu deux guerres. La première guerre que j'ai vécue, j'ai vu d'enfants soldats venir chez nous et tout casser. Je me suis posé la question : pourquoi sont-ils devenus des enfants soldats ?, s'interroge-t-il. Quand tu travailles et que tu as un emploi, tu ne vas pas prendre les armes. Il faut qu'on arrive à avoir suffisamment des chaînes de valeur pour que les jeunes eux-mêmes génèrent des revenus et vivent de ça. »Derrière ses jeux, Teddy Kossoko défend un combat : bâtir une industrie capable de créer des emplois. Car stabiliser les sociétés passe aussi par là.À écouter aussiGabino Guerengomba pour «IST» et Teddy Kossoko pour «Masseka Game Studio»

    À Johannesburg, la réouverture attendue de la bibliothèque, motif d'espoir pour les habitants

    Play Episode Listen Later Apr 30, 2025 1:49


    C'est une fermeture qui aurait dû durer quelques mois et qui a duré cinq ans. En Afrique du Sud, la principale bibliothèque municipale de Johannesburg avait fermé ses portes en 2020 en raison des restrictions Covid. Elle est désormais – et ce depuis quelques semaines seulement – à nouveau réouverte au public. Une réouverture rendue possible par la mobilisation d'associations, attachées à ce lieu de savoir essentiel pour les Sud-Africains, qui ont fait pression sur la ville.  Un groupe d'étudiants patientent devant la bibliothèque de Johannesburg, en Afrique du Sud. Les grandes portes en bois vont bientôt ouvrir. « Le fait d'être devant la bibliothèque me fait vraiment chaud au cœur, car là d'où je viens, il n'y a pas de bibliothèque du tout. La plus proche est littéralement celle-ci. Tout ce temps, quand elle était fermée, ce fut dévastateur. Parce que Johannesburg est un centre social, tous les étudiants peuvent venir ici, et c'est un endroit qui nourrira les rêves de beaucoup de jeunes » explique Mpilo, aux premières loges, qui porte l'uniforme de son lycée.Cinq ans de fermeture, c'est trop long, selon les associations, qui ont fait pression sur la ville pour accélérer la réouverture. « Nous avons donc organisé cette grande manifestation l'année dernière et tout d'un coup, nous avons été invités aux réunions avec les parties prenantes. Nous avions accès aux informations. Et à chaque réunion, on demandait : "Alors, c'est pour quand ?" », raconte Flo Bird, la fondatrice de Johannesburg Héritage. Sur son t-shirt bleu, il est écrit : « Les bibliothèques offrent des services essentiels. »Un peu à l'écart du groupe, nous rencontrons Yunus Chamda, membre d'un collectif qui s'est aussi battu pour la réouverture. Il prend le temps de contempler le lieu. « Si vous regardez les grandes fenêtres ici, avec la lumière qui entre, vous ressentez cette tranquillité, cette sérénité. Il y a maintenant tellement d'opportunités, notamment pour les jeunes. Parce que vous avez votre maison ; votre lieu de travail ; et ensuite, il y a un troisième endroit, où l'on est en sécurité, où l'on est en paix. Et c'est la bibliothèque. Une bibliothèque que moi-même, d'ailleurs, je fréquentais quand j'étais jeune », se souvient-il. Alors que beaucoup d'immeubles voisins du centre-ville sont abandonnés ou contrôlés par les gangs, cette réouverture signe le retour du savoir et de l'éducation au cœur de Johannesburg.À lire aussiL'Afrique du Sud dans le viseur de l'administration Trump

    100 jours de Trump: les Centrafricains divisés face à la gouvernance du président américain

    Play Episode Listen Later Apr 29, 2025 2:24


    Cela fait exactement 100 jours que Donald Trump a signé son retour à la Maison Blanche. Entre déclarations chocs, annonces fracassantes et décrets... de nombreux Centrafricains suivent avec beaucoup d'intérêt la gouvernance du 47e président américain. À Bangui, la capitale, les avis sont contradictoires. Si les uns pensent que Donald Trump représente l'espoir d'un monde nouveau, d'autres y voient des signes du bouleversement de l'ordre mondial.   Reportage de notre correspondant à Bangui L'ambiance est à la fois décontractée et studieuse dans la bibliothèque de l'Alliance française de Bangui. Élèves, étudiants et fonctionnaires sont confortablement installés. Parmi eux, Maurice Guimendego. Ce professeur d'histoire géographie est concentré sur un livre intitulé Donald Trump : faiseur de paix ou apôtre du désordre mondial ? : « Donald Trump passe pour une espèce de météorite qui vient s'abattre sur un monde qui déjà marchait claudicant. Au plan intérieur, c'est une véritable désillusion. Pour être protectionniste, il n'y a peut-être pas besoin d'augmenter les taxes d'une manière vertigineuse. Jusqu'à près de 150% pour certains pays, je crois que c'est la Chine. » Au rez-de-chaussée du bâtiment, un groupe de jeunes discutent dans le hall. Chacun donne son avis, mais la centaine de décrets pris par Donald Trump a marqué l'esprit de Moustapha Bouba : « Il a fait un temps record en signant 79 décrets en 40 jours. Il a changé la vision du monde, là où on peut dire le protectionnisme exacerbé de Donald Trump. Ce qui m'a beaucoup touché, c'est par rapport à sa remise en cause de l'engagement des États-Unis envers l'Otan. Il a débuté d'une manière radicale. Espérons peut-être s'il y aura un changement, peut-être... » Le gel de l'aide américaine par Donald Trump a suscité choc et émoi dans le pays. Alors que le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) a révélé qu'environ 37% des Centrafricains sont extrêmement vulnérables en 2025, la suspension de cette aide a un impact direct sur la RCA selon Jefferson, un autre jeune Centrafricain : « La République centrafricaine est un pays qui n'est pas développé comme les États-Unis. Avec le blocage de ces aides, ça rend certaines organisations inefficaces. Il y a certaines personnes qui sont maintenant au chômage, et certains ménages en souffrent aussi en République centrafricaine. Les populations vulnérables bénéficient souvent de ces aides-là. » Pour l'historien Maurice Guimendego, la gouvernance actuelle de Donald Trump met du plomb dans l'aile des Occidentaux et donnera la latitude nécessaire aux Brics, un groupe de dix pays dont le Brésil, la Russie, l'Inde ou la Chine pour conquérir le monde : « Si vous prenez la population de l'ensemble des pays qui constituent les Brics, ça constitue quand même près de 60 à 65% de la population mondiale. Les Brics se sont constitués pour contrebalancer les effets trop importants, envahissant, des États-Unis et des autres. » Aujourd'hui, de nombreux Centrafricains demandent l'implication sans failles des États-Unis dans la gestion des crises sécuritaires dans le monde, notamment en République centrafricaine. 

    Madagascar: à la recherche d'une souche 100% malgache pour booster la culture de l'algue

    Play Episode Listen Later Apr 28, 2025 2:24


    Toute la semaine du 5 au 9 mai 2025, se tiendra à Victoria, au Canada, l'International Seeweed Symposium, le rendez-vous mondial des acteurs de l'algue, qu'ils soient chercheurs, industriels ou producteurs. Un événement auquel Madagascar participe également. C'est d'ailleurs sur la Grande Île, qu'une recherche unique au monde est menée depuis deux ans pour redynamiser la culture de l'algue dans le laboratoire de recherche situé à Tuléar dans le grand sud de Madagascar. De notre correspondante de retour de Tuléar, La Kappaphycus, c'est le nom de cette algue, est très appréciée pour son carraghénane, un biopolymère utilisé dans l'agro-industrie, la pharmaceutique et la cosmétique. «  Est-ce qu'il y a déjà des bactéries sur les algues ? », demande Thomas à son collègue Borello : « Oui, il y en a déjà »… « Où ça… je peux voir ? »Dans leur écloserie de Tuléar, Thomas et Borello inspectent la trentaine d'aquariums, dans lesquels se développent des algues aux différences de patrimoines génétiques saisissantes. Et c'est le bac numéro 22 qui retient soudain l'attention des deux hommes. L'algue qui s'y développe montre des critères morphologiques intéressants. « Borello ces boutures-là, ce sont les bébés des algues qui ont été récoltées à Tsiandamba en 2023. Elles poussent hyper bien, non ? » constate Thomas.  « Oui, c'est un succès. Elles semblent en bonne santé. Et elles sont vraiment grosses. » acquiesce Borello. « Je trouve qu'elles ont aussi une texture très lisse. »  Ces « bébés algues », dont parle Thomas Picart, directeur adjoint d'Ocean Farmers, pionnier de l'algoculture dans l'île, ont déjà un an de vie dans leur aquarium. « Aujourd'hui, on constate que cette algue-là présente tous les critères que l'on recherche : elle a un très bon taux de croissance, elle est saine, elle a beaucoup de mucus, elle développe énormément de branches. Donc c'est un enfant avec lequel on va pouvoir être ambitieux, où on pense qu'il y a vraiment un potentiel pour pouvoir en faire une variété qui sera intéressante pour la mise en culture avec les fermiers. »À lire aussiMadagascar: sur l'île Sainte-Marie, la culture des algues est en plein essor« Beaucoup tester pour trouver "la perle" rare »L'algue est déjà testée en pleine mer. Les chercheurs ont bon espoir que d'ici fin 2025, ils auront suffisamment de recul pour pouvoir commencer à travailler avec les souches sélectionnées. Si la science s'intéresse à cet organisme vivant, c'est parce qu'au fil des ans, la reproduction végétative de l'algue, sorte de clonage à l'infini, a entraîné l'épuisement du patrimoine génétique de sa souche, baissant nettement sa productivité.« Donc une des solutions aujourd'hui sur laquelle on a réfléchi, explique Thomas Picart, c'est d'aller chercher des souches locales sauvages et également de réintroduire de la diversité génétique. Cela va permettre de renforcer la résilience de l'algue de manière générale, face aux maladies, face aux conditions de culture, face aux effets du changement climatique. Donc, très naturellement, comme dans n'importe quelle population animale ou végétale, plus vous avez de la diversité génétique, plus vous allez avoir la chance d'avoir de meilleurs résultats et de la résilience », détaille le directeur du laboratoire. « Maintenant que les tests en mer ont démarré, on va opérer une sélection un peu "massale". On a besoin de reproduire énormément d'individus et de tester beaucoup d'individus avant de trouver la perle rare qui va être l'individu performant. Nous, aujourd'hui, on pense que ça prendra environ encore deux-trois ans. »Un projet scientifique financé par Global Seeweed Coalition. Les résultats seront partagés à tous les acteurs de la filière pour renforcer la production d'algues à l'échelle nationale et développer une souche d'algue 100% malgache qui puisse être produite dans les fermes algocoles du pays et supplanter ainsi la souche importée de Tanzanie. Objectif : peser sur le marché mondial de l'algue et multiplier par 10 la production du végétal d'ici à 2030.À lire aussiMadagascar: à Belo-sur-Mer la culture des algues, une activité lucrative pour ses habitants [2/3]

    Ghana: avec la saison des pluies, Accra se prépare aux inondations

    Play Episode Listen Later Apr 28, 2025 2:28


    Direction Accra, la capitale du Ghana. Alors que la saison des pluies approche, ce sont cinq millions d'habitants qui se mettent à craindre une montée incontrôlée des eaux. Les inondations peuvent causer des dégâts se chiffrant à plusieurs milliards de dollars. Face à ces débordements, dus notamment à un urbanisme inadapté et une mauvaise gestion des déchets, le gouvernement a mis en place des plans d'action, mais il n'est pas sûr que cela suffise.  En cette fin de mois d'avril, la saison des pluies commence à se faire sentir au Ghana. Avec l'arrivée des premières averses, ce sont également de mauvais souvenirs qui émergent. « La situation devient très mauvaise ici quand il y a beaucoup de pluie, tout est plein de boue et de saleté ». Gilbert Opoku, 40 ans, vit depuis une dizaine d'années à Adabraka, l'une des quartiers de la capitale les plus exposés aux inondations. « Ce n'est pas une situation normale, les gens doivent quitter leur maison pour aller dans la rue, ils n'ont même plus de vêtements, ça ramène des moustiques et plein d'autres maladies… Le gouvernement ne fait pas assez pour nous aider », dit-il. Gilbert Opoku, comme l'ensemble des habitants d'Adabraka, gardent tous en tête les inondations de 2015, où plus d'une centaine de personnes ont perdu la vie.Pour éviter qu'un tel drame ne se reproduise, le gouvernement ghanéen lance en 2020 le Projet de développement intégré et résilient du Grand Accra, ou Garid. Un chantier titanesque, financé par la Banque mondiale à hauteur de 350 millions de dollars…Kwadwo Ohene Sarfoh, coordinateur du projet, explique l'ampleur de la tâche. « Nous intervenons sur environ 13 ou 14 projets… Il s'agit de réorienter certains canaux, de doubler leur volume, d'augmenter leur débit et leur profondeur… L'un des points les plus importants est de s'assurer d'avoir un programme cohérent de dragage ».La gestion des déchets, un défi crucial mais complexeLe projet Garid prévoit également de s'attaquer à la gestion de déchets, essentielle pour éviter tout engorgement des canaux d'évacuation. Les travaux souffrent cependant d'importants retard. En cause, des habitations illégales qu'il faudrait détruire. Une situation délicate selon le coordinateur du projet. « Ces gens vivent à la marge car ils n'ont pas moyen de posséder une terre. Il y a donc un risque qu'ils reviennent. Il faut donc trouver des endroits alternatifs où ces personnes puissent aller ».Mais ce retard pris dans la lutte contre les inondations revêt également des causes plus politiques : c'est ce qu'a démontré Stephen Appiah Takyi, chercheur spécialisé dans la planification urbaine et environnementale. « Si vous voulez construire en zone humide, vous devez normalement obtenir une permission du parlement. Vous n'êtes pas non plus censé construire à moins de 30 m d'une zone humide…  Tout cela n'est pas respecté. Nous avons donc de bonnes lois, qui répondent aux critères internationaux, mais la vérité est qu'elles ne sont pas appliquées, et c'est pour ça que nous nous retrouvons dans cette situation aujourd'hui ».La conséquence selon le chercheur de litiges de propriétés et d'institutions souffrant d'un grave manque de moyens. Autant de problèmes à résoudre pour que la capitale du Ghana cesse, un jour, de se faire submerger.À lire aussiGhana: des inondations font 27 000 déplacés dans le sud-est du pays

    Visite d'une grotte de Ngongourouma: sur les traces des Gabonais de la préhistoire [3/3]

    Play Episode Listen Later Apr 26, 2025 2:19


    Dans la région de Lastourville, dans l'est du Gabon, on compte une quarantaine de grottes sur plus de 9 000 hectares. Des cavités habitées durant des milliers d'années, et ce, jusqu'au XXe siècle. Neuf d'entre elles font l'objet d'une demande de classement par les autorités gabonaises auprès de l'Unesco et leur histoire est encore peu exploitée. Visite de l'une d'entre elles, à Ngongourouma.   De notre correspondant de retour de Lastourville,Accéder aux grottes de la région de Lastourville se mérite. Il faut braver la forêt équatoriale qui engloutit chaque année les pistes utilisées par les communautés locales. C'est donc tronçonneuse à la main que nous quittons Kissidougou avec quelques hommes du village pour débiter les arbres qui entravent l'avancée de notre véhicule. Après une demi-heure d'une marche difficile à travers une dense végétation, nous voilà devant la haute cascade qui cache l'entrée de la grotte de Ngongourouma. « Il faut bien que je vous présente la grotte », lance Ulrich Schultz Bavekoumbou, notre guide du jour.Une fois présenté aux esprits de la grotte et des ancêtres, nous nous glissons à l'intérieur. Ulrich nous montre un point de relevé scientifique : « Les études ont montré qu'il y a de cela plusieurs milliers d'années, les gens y habitaient. Parce qu'on a retrouvé du charbon, donc de la matière cuite : les os des animaux que les gens consommaient. »Au sol, l'eau est partout, les parois ruissellent sous les hautes voûtes. C'est le ballet de milliers de chauves-souris. La grotte est le royaume de la faune locale. « Quatre espèces de chauves-souris y habitent. Sans oublier le monde aquatique : on retrouve les poissons-chats, des petites crevettes, des petits crabes. Les reptiles... La grotte a aussi accueilli la mise-bas de félins comme les panthères. L'une des particularités, c'est qu'au-dessus de Ngongourouma, nous retrouvons des colonies de primates. Les chimpanzés, qui sont les animaux totem des Awandjis, sont pratiquement au paradis. Ils ne sont pas chassés par le peuple Awandji. » Et la grotte s'étale sur « près d'un kilomètre de long. C'est pratiquement l'une des plus grandes grottes de l'Afrique centrale, avec des largeurs qui vont au-delà de 40 mètres et des hauteurs qui vont pratiquement près de 60 mètres. »Toutes les galeries n'ont pas encore été explorées par des scientifiques à Ngongourouma, ni dans les grottes de Lastourville en général. Dans certaines, des gravures, des dessins ont résisté au temps et à l'humidité. Des restes de poterie, de pierre de taille, ou de torches ont été retrouvés. Les communautés locales espèrent le classement par l'Unesco, mais elles veulent surtout préserver ces sites rituels et ancestraux.À lire aussiSur les traces des premiers Gabonais de la préhistoire [1/3]À lire aussiVisite de l'éco-musée à Lopé: sur la trace des Gabonais de la préhistoire [2/3]

    Visite de l'éco-musée à Lopé: sur la trace des Gabonais de la préhistoire [2/3]

    Play Episode Listen Later Apr 25, 2025 2:21


    Le parc national de Lopé-Okanda, le plus ancien du Gabon, abrite des preuves de fréquentation humaine vieille de plus de 400 000 ans, dans ce qui semblait être une voie de passage importante à la préhistoire. De l'âge de pierre aux peuples bantous, l'éco-musée de la Lopé, permet de suivre l'évolution des traditions et des modes de vie dans cette partie du pays. De notre envoyé spécial de retour du parc Lopé-Okanda,Le bâtiment est modeste, mais les fresques colorées des façades attirent l'œil, au départ du chemin pour le mont Brazza qui surplombe la vallée de l'Ogooué. Chargé de l'éco-musée, Wilfried Madidango détaille les objets et l'évolution du travail de la pierre dans la région depuis 400 000 ans. « Quand vous regardez les formes, elles sont un peu pâteuses. Vous avez besoin d'une partie pour trancher, découper et peut-être dépecer. » Des silex coupés assez grossièrement. « À la pierre moyenne. Les formes commencent à changer. On a quand même des semblants de tranchant. »Au fil des millénaires, les tranches s'effilent, les outils prennent différentes formes. « Les formes sont un peu plus affinées. On a les pierres à rayures. Vous voyez que cette tête de hache, elle est bien polie. Ici aussi, on utilise déjà les baguettes en ivoire. Les ossements », décrit Wilfried Madidango. Pointes de flèches, affutoir, lames de hache, l'ère de la spécialisation débute. « Nous tendons vers la miniaturisation parce que ce sont des chasseurs-cueilleurs », observe Prosper Prost Ntoutoume Mba, conservateur adjoint du parc, en charge du patrimoine. « Dans leurs déplacements, ils laissent du macro, en se disant qu'au prochain site, ils pourront fabriquer d'autres outils. »Au néolithique, les poteries apparaissent pour la conservation de l'eau, et de meilleures cuissons des aliments. « Les fabricants laissent une signature sur leurs réalisations. Ce ne sont pas des œuvres anonymes. Donc cette façon de décorer, a été vue pour la première fois au Gabon sur le site qu'on appelait Épona et qui laisse donc une sorte de signature », indique encore Prosper Prost Ntoutoume Mba. L'âge du fer débute dans la région vers 400 avant Jésus-Christ. Les forgerons occupent une place sociale centrale. C'est aussi le début de pratiques mystiques.L'éco-musée propose enfin de découvrir les traditions plus récentes des peuples okandais. Gourdins, sagaies, gibecières, pièges à poissons et instruments de musique ou encore les attributs du juge coutumier. « C'est la queue du buffle qui est symbole de pouvoir, parce que le buffle, c'est un animal fort, explique Wilfried Madidango. Ici, on a le okendo. Il y en a 400. Donc chacun peut représenter une situation ici. Celui-là annonce la chasse, le mariage, les naissances, ça peut être la mort, la pêche, la cueillette. »Les équipes des parcs nationaux aimeraient un agrandissement de l'éco-musée, construit en 1996. Pour attirer davantage de visiteurs que les 700 de l'an dernier et relancer les programmes éducatifs et les visites des écoliers de la région.À lire aussiSur les traces des premiers Gabonais de la préhistoire [1/3]

    Sur les traces des premiers Gabonais de la préhistoire [1/3]

    Play Episode Listen Later Apr 24, 2025 2:21


    Au cœur du Gabon, le parc national de Lopé-Okanda, le plus ancien du pays, est célèbre pour sa faune et pour sa flore, mais c'est son patrimoine humain qui lui a permis d'être inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 2007. En effet, le parc abrite des preuves de fréquentation humaine vieille de plus de 400 000 ans, dans ce qui semblait être une voie de passage importante pour les Gabonais de la préhistoire. Visite en compagnie des agents de l'Agence nationale des parcs naturels. De notre envoyé spécial de retour du parc Lopé-Okanda,« Nous sommes sur le site de Lopé qui date de 9 000 à 3 000 ans avant Jésus-Christ. », Entre savane et forêt, Prosper-Prost Ntoutoume Mba est comme chez lui sur le plateau qu'il nous fait visiter. Aux pieds du conservateur adjoint en charge du patrimoine et du tourisme, de multiples pierres, dont certaines ont des formes caractéristiques.« Il s'agit d'un atelier de taille. C'était une usine préhistorique pour fabriquer des outils en pierre. Nous supposons que dans le bosquet derrière nous, là-bas aurait dû être le village. Il n'habite pas là, mais il s'installe là juste pour fabriquer ses outils et les ramener au village. Parfois, on peut trouver des préformes, des nucléus qu'il a commencé à tailler. Et vous voyez un peu comment, en regardant au sol par hasard, nous avons pris un pic. Cet enlèvement pointu sert à la chasse. C'est surtout pour désarticuler les animaux qui ont été pris en chasse. Il garde ce bout pointu et il va viser les parties des articulations qui sont fragiles pour séparer les membres. »L'étude en cours d'une fosse dépotoir, récemment découverte sur le site, permettra de mieux comprendre le régime alimentaire et les méthodes de cuisine de ces chasseurs-cueilleurs. Plus loin, surplombant l'Ogooué, le superbe site de Kongo-Mboumba 7, sur les roches, des cercles frappés au burin comme une carte datée de l'âge du fer, il y a 2 000 ans. « Ces cercles se détachent des chaînes. Tout ce côté gauche semble être antérieur et le côté droit a été ajouté par d'autres populations qui sont arrivées beaucoup plus tard. Les métallurgistes fabriquaient leur matériel, transformaient le minerai ici sur place. Alors ce trajet migratoire semble montrer un chemin, un chemin où le premier groupe arrive, il laisse un signe pour dire  "Nous sommes passés par là et nous avons occupé ce lieu". Peut-être que le nombre de cercles va donner la taille de la population qui a été là. Ou bien que ce sont des étapes franchies. Mais en considérant cet endroit comme une étape majeure. »Ces gravures rupestres n'ont pas livré tous leurs secrets, mais sont menacées par l'érosion et l'activité humaine. Le parc national de Lopé-Okanda compte au moins 150 sites d'intérêt archéologique : « C'est pour cela qu'on appelle Lopé un musée à ciel ouvert. Parce que partout, on trouve des pierres taillées. On trouve des restes de poteries. Les gens ont habité, ont habité partout ici. »Un potentiel qu'aimeraient explorer les équipes de conservation avec davantage de moyens humains et techniques pour approfondir les connaissances sur le Gabon préhistorique.À lire aussiGabon: Wongo, le guerrier anti-colonial magnifié par général Oligui Nguema

    Centrafrique: dix ans après sa destruction, la mosquée de Lakouanga est un symbole de vivre ensemble

    Play Episode Listen Later Apr 23, 2025 2:25


    En Centrafrique, la mosquée de Lakouanga est un exemple de cohésion sociale entre les communautés. Située dans le deuxième arrondissement de Bangui, ce lieu de culte avait été complètement détruit en 2014, au temps fort de la crise qui a secoué le pays. Réhabilitée, elle a de nouveau été pillée l'année d'après, en 2015. À l'époque, la capitale centrafricaine était déchirée par des violences interreligieuses entre miliciens Seleka majoritairement musulmans et anti-balaka en majorité chrétiens. En avril 2015, et malgré les tensions, les habitants de ce quartier, des chrétiens pour la plupart, ont décidé de lancer les travaux de réhabilitation de la mosquée. Dix ans après, elle est devenue l'emblème de la réconciliation. Sur le toit de la mosquée de Lakouanga de Bangui, en Centrafrique, le muezzin est confortablement installé dans une pièce décorée de versets coraniques. À ses côtés, une horloge affiche les heures des cinq prières, qui rythment la journée des fidèles. Aimé-Christian Ndotah est l'initiateur de la réhabilitation. Ce journaliste et artisan de paix habitait non loin de la mosquée. Aujourd'hui, il regarde fièrement les fidèles qui arrivent dans ce lieu sacré où les musulmans étaient indésirables entre 2014 et 2015. « En 2014, on a vu une foule converger vers la rue de la mosquée et on était là, impuissants. On a entendu les bruits de la destruction. Après, on a vu des gens répartir avec des tapis de prière, certains avec des tôles et des chaises. D'autres ont pris des appareils de sonorisation. En plus de la destruction, il y a eu le vol et le vandalisme », raconte-t-il.À quelques mètres de la mosquée, Mario, un jeune de confession chrétienne, enlève ses lunettes noires pour bien regarder le bâtiment réhabilité. Il fait partie de ceux qui avaient protégé la mosquée. « Le jour où ils avaient détruit la mosquée de Lakouanga, j'avais écrit sur internet. J'envoyais également des textos pour annoncer la nouvelle et sensibiliser les gens. On faisait des réunions. On mobilisait les jeunes pour leur dire qu'on est tous natifs de Lakouanga. On a vécu ensemble avec tous les musulmans, ce n'est pas à nous de détruire la mosquée, ce n'est pas à nous de venir les chasser de leur quartier. Respectons la religion de tout un chacun », affirme-t-il.Détruite en mai 2014, la mosquée de Lakouanga avait pourtant été réhabilitée avant d'être à nouveau détruite en 2015. Grâce à la mobilisation des habitants du secteur et de quelques bienfaiteurs, les travaux de réhabilitation ont été relancés le 24 avril 2015. « Dix ans après, cette mosquée est comme un symbole. Il faudrait que cela soit gravé dans la tête des Centrafricains. En bâtissant cette mosquée, c'est une manière de montrer à ceux qui n'aiment pas la paix que c'est véritablement un symbole de paix pour que la Centrafrique demeure définitivement dans le vivre ensemble et la réconciliation », estime Aimé-Christian Ndotah.À l'intérieur de la mosquée, plusieurs centaines de fidèles sont assis sur des nattes ou des tapis dans le respect de la tradition. Dans sa prédication, l'imam Salehou Ndiaye insiste sur le mot « pardon ». « La mosquée de Lakouanga est un lieu sacré. Lorsque tu détruis un lieu sacré, c'est comme si tu attisais la colère de Dieu sur toi. Il ne faut pas que les manipulations politiques nous poussent à diviser le peuple en faisant la guerre de religions », selon lui. Chaque semaine depuis dix ans, un comité de paix sensible les habitants de Lakouanga et des autres quartiers de la capitale sur la préservation des lieux sacrés et des édifices publics lors des mouvements de colère.À lire aussiCentrafrique: à Bangui, les musulmans prêts pour le début du mois de ramadan

    Maroc: le royaume ouvre son premier musée consacré au football marocain

    Play Episode Listen Later Apr 22, 2025 2:29


    Alors que le royaume s'apprête à organiser la CAN et que les Lions de l'Atlas sont toujours auréolés de leur demi-finale en Coupe du Monde, un nouveau musée dédié au ballon rond porte le sceau des nouvelles ambitions du foot marocain. Au Maroc, un musée d'un genre particulier a ouvert ses portes début février. Il retrace l'histoire de ce qui constitue sans aucun doute la plus grande passion du pays, le football. Un projet porté par la Fédération royale marocaine, installé au rez-de-chaussée de son siège à Salé. « C'est un projet qui a commencé en 2021. Fouzi Lekjaa, président de la Fédération, a fait appel à un comité scientifique, qui se compose d'éminents journalistes de la scène nationale. Mais aussi des experts, des spécialistes de l'histoire du football marocain », détaille Zayd Ouakrim, conservateur du Musée du Football marocain.Le résultat : 2 100 mètres carrés d'exposition qui raconte plus de 100 ans de football au Maroc. Du premier match disputé dans le pays, à la fin du 19e siècle, à l'épopée qatarienne de 2022.  « Le deuxième espace est intitulé terre des pionniers. C'est un hommage aux joueurs pionniers, aux premiers joueurs qui sont devenus professionnels, mais aussi aux clubs pionniers. Je pense à Larbi Benbarek, notamment », raconte le conservateur. Celui-ci a voyagé un peu partout au Maroc, pendant deux ans, pour réunir tous les objets exposés ici. « On a eu de la chance de récupérer des maillots des équipes adverses que nos joueurs ont pu échanger après chaque match », explique-t-il. Parmi les reliques du musée, le maillot de Romelu Lukaku, porté par l'attaquant belge lors de la victoire du Maroc 2 à 0, au premier tour de la coupe du Monde 2022.Avec ce musée, le Maroc met en scène son soft power. « Depuis toujours, le football au Maroc aura été une sorte de discussion avec les non-Marocains. C'est un musée qui joue un rôle important dans la diplomatie marocaine, on reçoit des personnalités importantes. Avec la Coupe d'Afrique qui débute bientôt au Maroc, en décembre, les gens s'intéressent plus au Maroc », estime Zayd Ouakrim.Dans quelques mois, le Maroc aura une nouvelle occasion de briller et d'ajouter une ligne à l'histoire du football continental, en organisant la CAN à la maison. À lire aussiCAN U17: le Maroc sacré champion d'Afrique pour la première fois après sa victoire face au Mali

    Tunisie: le désarroi des migrants subsahariens après le démantèlement des camps par les autorités

    Play Episode Listen Later Apr 21, 2025 2:27


    En Tunisie, après le démantèlement de camps de migrants à Sfax, à l'est du pays, début avril, par les autorités, de nombreux Subsahariens ont fui dans les champs d'oliviers avoisinants où ils se sont réinstallés. Passant de campement en campement, beaucoup disent avoir tout perdu, mais ne pas vouloir partir tant qu'ils n'ont pas tenté une traversée vers l'Europe. Les autorités misent sur les démantèlements pour les dissuader de rester et pour éviter les problèmes avec la population locale, mais cette stratégie semble trouver ses limites. Dans le campement du kilomètre 22, dans l'est de la Tunisie, à El Hamra, plusieurs centaines de migrants sont installés dans des tentes de fortune. Quelques-unes sont un peu plus solides avec des structures en bois ou des bâches. Mais Nadine, 32 ans, Camerounaise, doit dormir à la belle étoile à même le sol. Début avril, elle a dû fuir le campement dans lequel elle vivait, démantelé par les autorités.« Parce que là où j'étais d'abord, le camp a été détruit. Je n'ai pas d'abri. Je dors sous les zitouns, ce n'est pas facile pour nous. J'ai vu qu'il y avait des Noirs comme ici et je suis venue, je sais qu'ils ne peuvent pas me jeter. Je me suis déjà déplacée comme ça plus de quatre fois. Plus de quatre fois. On vient, on casse, on nous renvoie, on nous jette, on nous tabasse. Ce n'est pas facile, dernièrement, je suis tombée, j'ai vraiment eu mal », confie-t-elle.Pendant que certains jouent au foot, d'autres construisent leurs tentes, quelques-uns prient dans un espace qui sert de mosquée. Un petit terrain à ciel ouvert dont les bases ont été délimitées avec des bouteilles plastiques remplies de sable. Doukouré Souleymane a 23 ans et vient de Côte d'Ivoire. Il prépare un thé avec ses amis en écoutant le chanteur français Maître Gims. Il a fui le campement du kilomètre 24, détruit par les autorités.« Un matin, on était là, ils sont venus, ils ont donné des avertissements. Ils ont dit que nous devons quitter les lieux, mais on ne savait pas où aller, donc on a demandé, ils disent que si on ne part pas dans les soixante-douze heures, ils vont venir. Après, ils sont venus, ils ont commencé à nous chasser et à brûler nos trucs. Nous étions dehors pendant trois jours. Après, nous sommes venus nous réfugier ici. Comme cela ne va pas, nos familles essayent de nous envoyer de quoi construire un abri », explique-t-il.Souleymane dort avec quinze autres personnes sous une structure faite de bric et de broc. Mais toutes ces épreuves, ne le font pas renoncer pour autant. « Moi, je suis venu pour l'Italie. Personne n'a payé mon transport pour arriver ici et ma famille a souffert pour que j'arrive ici. Donc, ce n'est pas ça qui va faire que je vais retourner, non », clame-t-il. Plus loin dans les oliveraies, d'autres campements sont visibles à l'œil nu. Selon les estimations du gouvernement tunisien, ils seraient près de 20 000 migrants en situation irrégulière à vivre de la sorte.À lire aussiTunisie: les autorités procèdent à une vaste opération de démantèlement de camps de migrants

    À Marseille, les diasporas africaines bâtissent des ponts entre la France et le continent

    Play Episode Listen Later Apr 20, 2025 2:22


    Un nouveau départ dans les relations entre l'Hexagone et le continent africain ? À travers des initiatives comme le Forum Ancrages à Marseille, Paris dit vouloir retisser des liens avec l'Afrique, en misant sur les diasporas. Mais ces diasporas africaines n'attendent pas le discours officiel pour agir. Elles construisent déjà, à leur manière, des ponts entre ici et là-bas. De notre envoyée spéciale à Marseille,Elles vivent en France, mais gardent les yeux tournés vers l'Afrique. Au Forum Ancrages à Marseille, des membres de la diaspora racontent comment elles agissent des deux côtés. Née en France, Nadjati Soidiki a choisi de repartir aux Comores. Une décision qu'elle décrit comme un retour à l'essentiel, au sens. « Je dirige une structure qui s'appelle l'agence nationale pour la promotion des investissements aux Comores, explique-t-elle. C'est la terre mère et quand on arrive là-bas, on se dit que tout ce qu'on fait peut avoir beaucoup plus d'impact que ce qu'on ferait ici. » Mais elle reste attachée à Marseille, point d'ancrage historique de sa communauté : « Les Comoriens sont venus en France via la Marine marchande… Marseille, c'est la Méditerranée, c'est le premier endroit où on accoste quand on arrive d'Afrique. »À Marseille, d'autres choisissent d'agir ici, en France. Moussa Camara accompagne des jeunes entrepreneurs issus des quartiers, et défend l'idée d'un engagement ancré dans une double culture. « Je suis Français d'origine malienne. J'ai de la famille là-bas. Je suis attaché à la France, mais aussi à mon pays d'origine. Ce n'est pas possible de ne pas créer des ponts », explique le fondateur de l'association Les Déterminés. Ancrage culturel, ancrage territorial, ancré dans nos richesses, nos origines. C'est ça, le mot ancrage. »Même quand les États rompent le dialogue, les échanges humains, eux, continuent. Malbila Yero est Burkinabè, volontaire de Solidarité internationale en mission à Marseille. Dans un contexte de désaccord entre son pays et la France, il croit encore aux rencontres et au vivre-ensemble. « Ce forum permet de voir autrement. C'est une ouverture à d'autres horizons, sans distinction. C'est important pour renforcer les liens », estime-t-il. Des liens entre peuples, et non plus seulement entre États. À Marseille, carrefour symbolique, ces diasporas ne parlent pas de rupture, mais d'avenir partagé.À lire aussiFrance: Marseille veut devenir une terre d'asile scientifique pour les chercheurs américains censurés par Trump

    Éthiopie: les chrétiens orthodoxes célèbrent Pâques, fête populaire aux nombreuses traditions spirituelles

    Play Episode Listen Later Apr 19, 2025 2:14


    Dimanche 20 avril, les festivités de Pâques battent leur plein en Éthiopie. Mais celles-ci ont en fait commencé il y a quelques jours déjà. La veille du Vendredi Saint en effet, tous les chrétiens orthodoxes préparent le Gulban, un plat traditionnel qui ne se mange que pendant les fêtes pascales. Période durant laquelle la prière a aussi une très grande place. RFI a suivi les préparatifs dans la cuisine de Daba, à Addis-Abeba. De notre correspondante à Addis-Abeba, Marlène PanaraDans sa cuisine, Daba, grand foulard blanc sur la tête, mélange à la main les grains de blés et les pois qui ont séché au soleil depuis plusieurs jours. D'un geste, elle les plonge dans l'eau bouillante. Le Gulban est en préparation. « On met juste de l'eau, du blé et des pois. On ne rajoute aucune épice. Ma grand-mère et mon arrière-grand-mère le préparaient déjà comme ça. On le mange ensuite l'après-midi, quand c'est froid », explique-t-elle.Comme des millions d'Éthiopiens, tous les ans, à la veille du Vendredi Saint, cette vieille dame de 75 ans prépare cette spécialité des fêtes de Pâques. C'est un plat volontairement simple, symbole du dénuement de Jésus-Christ. « Je me lève tôt pour cuisiner, cette recette me prend une heure. Cela fait partie de nos traditions », raconte-t-elle.Le jeûne végétarien qui précède Pâques, et la prière font aussi partie des coutumes de cette fête, l'une des plus importantes de l'année pour les chrétiens orthodoxes d'Éthiopie. Daba, elle, prie chaque matin. « On se prosterne au moins 200 ou 300 fois. Je prie pour moi d'abord, pour mes enfants ensuite, puis pour toute ma famille. Et enfin pour tous les Éthiopiens. Pour ceux qui sont pauvres, pour ceux qui sont malades, qu'ils puissent retrouver la santé. Je prie pour qu'ils vivent en paix », espère-t-elle.Malgré la fin de la guerre au Tigré en novembre 2022, la région connaît un regain de tension. La lutte politique qui oppose deux factions du parti de ce territoire du Nord, le TPLF, fait craindre la reprise d'un conflit. Des violences frappent aussi la région Amhara, au nord d'Addis-Abeba. Dans ce contexte, les fêtes de Pâques offrent un répit bienvenu. « Toutes les personnes qui vivent en Éthiopie veulent vivre en paix. Nous devons être bons, et de bons amis. On essaye d'appliquer les 10 commandements, mais parfois, c'est difficile, car nous ne sommes que des êtres humains », estime-t-elle.En Éthiopie, environ 40 % de la population, soit 46 millions de personnes, est orthodoxe. L'islam est la seconde religion du pays, et regroupe 33 % des habitants. À lire aussiÉthiopie: l'entrée au gouvernement de Getachew Reda risque d'accentuer les divisions dans le Tigré À lire aussiÉthiopie: au Tigré, une Pâque orthodoxe entre fête, tristesse et deuil

    Rwanda: des vestiges de la Grande Guerre sur la colline de Nengo

    Play Episode Listen Later Apr 18, 2025 2:16


    Des restes de la Première Guerre mondiale au Rwanda. À l'ouest du pays, aux alentours de la ville de Gisenyi au bord du lac Kivu, un guide tente de mettre en avant un site historique vieux de plus d'une centaine d'années. À l'époque, le Rwanda est sous administration allemande. Les militaires installent une base avancée à Nengo pour défendre la frontière avec la République démocratique du Congo, à l'époque colonie belge. De notre correspondante régionale,Sur les pans de la colline de Nengo, Susanne Mukankusi désherbe autour de jeunes pousses d'eucalyptus. De l'histoire ancienne de cette montagne sur les hauteurs de Gisenyi, où elle habite depuis presque 50 ans, elle ne connaît que les rumeurs : « Les gens plus âgés que moi, qui habitaient ici, disent qu'il y a une tranchée en haut de la colline. J'ai entendu dire qu'ils [les Allemands, NDLR] ont fait la guerre et qu'ils ont laissé du matériel et une tranchée. »Une histoire méconnue de la Première Guerre mondiale, que Karim Gisagara tente de mettre en lumière. C'est en travaillant sur un nouveau sentier de randonnée que tout en haut de la colline, le guide tombe sur le site historique : « Tu vois, là où tu marches, ce n'est pas de la roche, C'est du béton. Ils ont construit ce site avec du béton pour stabiliser les armes. »Une tranchée encore visible 110 ans plus tard. Du haut de la colline de Nengo, les militaires allemands avaient une vue imprenable sur le lac Kivu et la ville de Goma. « Ils avaient leur campement juste derrière. Pour la population, ce n'était pas leur guerre, c'était la guerre des Blancs. Ils se sont battus en ville avant que les Belges débordent de l'autre côté de la montagne. Ils ont tiré quelques coups de fusils à Goma et Gisenyi, mais quand ils se sont retrouvés contournés, ils ont décidé d'abandonner leurs positions », raconte Karim GisagaraRestaurer le lieuEn mai 1916, les troupes allemandes se replient rapidement, d'abord dans le sud, à Nyanza, puis quittent le pays. « On va restaurer le site, on va restaurer aussi le campement. On va essayer de faire des recherches, en faisant appel des historiens pour nous aider à comprendre ce qui s'est passé, explique le guide. Après ça, on va commencer la restauration. »Une guerre européenne exportée sur un autre continent avec de lourdes conséquences pour le pays. « La fin de la guerre mondiale a marqué la fin d'une époque allemande, mais c'était la prolongation d'une époque coloniale qui allait mal tourner. Les Belges vont investir un autre système d'occupation, vont beaucoup se mêler dans les affaires internes, ils vont bouleverser la politique du Rwanda, ils vont institutionnaliser les races et les ethnies. »D'autres sites de la Première Guerre mondiale restent visibles au Rwanda. L'année dernière, une équipe de chercheurs a même retrouvé, au fond du lac Kivu, les restes d'un bateau allemand de l'époque.

    Afrique du Sud: Lebo M fête ses 40 ans de carrière avec son premier concert

    Play Episode Listen Later Apr 18, 2025 2:31


    En Afrique du Sud, un concert événement se tient ce vendredi 18 avril au soir au Cap. Le compositeur et producteur sud-africain Lebo M, fête 40 ans de carrière et organise à l'occasion son propre concert pour la toute première fois. Invité spécial, Hans Zimmer. Ensemble ils ont composé de nombreuses bandes originales de films, notamment La Puissance de l'ange, et surtout Le Roi Lion, qui leur a valu un Grammy Award. Un concert qui permet aussi à Lebo M de promouvoir son continent et ses artistes. Cette voix qui a bercé l'enfance de plusieurs générations, celle de Lebohang Morake, alias Lebo M. Père avec Hans Zimmer des musiques du Roi Lion, qui ont propulsé sa carrière en 1994. Mais il aura fallu attendre 30 ans pour que le sud-africain organise son propre concert. « Je me suis magnifiquement caché derrière le fait d'être un producteur et un compositeur, mais en réalité j'aspirais à cela depuis si longtemps », dit Lebo M.Un concert pour célébrer l'Afrique et ses talentsUne première qui se devait d'être dans sa terre natale, d'autant que Lebo M est un fervent promoteur des talents du continent. Aux répétitions, et à l'affiche, de multiples artistes locaux. Une évidence pour le producteur. « J'ai toujours su que ça ne pouvait pas être juste un concert. Tout au long de mon parcours, j'ai eu la chance de recevoir l'aide de tant de personnes, j'ai moi aussi le privilège de pouvoir aider les autres. Je veux également contribuer à briser le mythe qui prétend que quelque chose qui vient d'Afrique est moins bien », explique-t-il.Un concert pour la nouvelle génération d'artistes africainsUn éventail de talents, chorales, artistes méconnus et d'autres déjà célèbres… « Lebo M est une grande fierté de l'Afrique musicalement ». Le congolais Trésor, star internationale qu'aucun mélange de genre musical n'effraie, a bénéficié des conseils de Lebo M, et aide à son tour la nouvelle génération. « Il a joué un rôle essentiel dans l'exportation des sons africains dans le monde entier. Pour moi, il a posé des fondations. Nous avons maintenant ici des artistes qui voyagent à travers le monde et qui ont des genres musicaux variés, que ce soit de la house, de l'amapiano… Et je pense que c'est grâce à ces fondations qui ont été posées il y a des années par des icônes comme Lebo M », explique Trésor.Et c'est aux fondations de son succès que Lebo M rend aussi hommage. Avec en invité d'honneur Hans Zimmer, son comparse de toujours, avec qui il a tant composé. « Imaginez, un allemand et un habitant de Soweto ! ». Le concert, que Lebo M qualifie davantage d'expérience, est amené à se répéter chaque année, une plateforme pour les artistes africains.

    Côte d'Ivoire: le festival des RICA se délocalise pour porter ses messages engagés

    Play Episode Listen Later Apr 16, 2025 2:39


    C'est devenu l'un des rendez-vous incontournables du cirque en Afrique de l'Ouest. Ce jeudi 17 avril, c'est le lancement de la septième édition du Festival des Rencontres interculturelles du cirque d'Abidjan (RICA), à l'Institut français. Un festival en salle, mais qui se délocalise aussi. C'est ainsi que la troupe Ivoire Cirque Décalé est allée jouer à Bafrétou, au nord-ouest de la Côte d'Ivoire, pour un spectacle sur l'orpaillage clandestin, là où doit naître le plus gros projet de mine d'or industrielle du pays, le projet Koné.  De notre envoyé spécial à Bafrétou,En cette matinée, tous les villageois de Bafrétou en Côte d'Ivoire sont réunis devant l'école primaire sur la grande place. Face aux cinq acrobates qui jouent leur numéro intitulé « Les Assoiffés du Métal Jaune », il y a aussi le préfet de Kani. Un préfet qui met en garde contre les dangers de l'orpaillage clandestin et notamment de la pollution au mercure : « Vous savez, avec l'orpaillage clandestin, il y a des produits qui sont utilisés. Et ces produits sont dangereux. »La pièce conçue par Herman Nikoko Yao est faite de numéros de haute voltige et d'une bande sonore où l'on entend les témoignages d'orpailleurs clandestins évoquant leur calvaire.À lire aussiCôte d'Ivoire: comment une troupe se prépare aux Rencontres interculturelles du cirque d'AbidjanLe spectacle vivant pour éduquer et s'évaderPierre Nguessan est le directeur pays de la société Montage Gold, qui a permis cette délocalisation du festival de cirque pour sensibiliser enfants et parents de la région, là où doit naitre le plus grand projet industriel aurifère du pays, le projet Koné :« Le plus gros problème qu'on a avec les enfants, c'est qu'ils se déscolarisent très vite, à partir du CM2. Quand ils ont 11 ans, 12 ans, ils quittent l'école. Et ils viennent à l'orpaillage pour commencer à creuser. Donc nous voulons, avec le cirque, les amener à voir qu'il y a autre chose, les détacher de l'activité pour que, dès maintenant, ils se préparent à embrasser d'autres activités que l'orpaillage. » Un spectacle de sensibilisation qui parle à l'oreille d'Adama Koné, chef du village de Bafrétou : « Oui, c'est très utile. Ça montre que le travail qu'on faisait avant ici, ce n'était pas normal. C'est une manière de montrer aux gens qu'il est possible de collaborer. »Valérie Bony, chargé de la communication du festival des RICA, poursuit : « C'est là aussi qu'on voit que le cirque est adaptable. Là par exemple, cette année aussi, on va à l'hôpital Mère-Enfant pour jouer pour les enfants qui sont malades. Donc c'est vraiment dans l'ADN des RICA de délocaliser hors des salles pour faire connaître le cirque et le spectacle vivant. »À lire aussiAux Rencontres du cirque d'Abidjan, une troupe guinéenne affiche sa tradition et son utilité sociale

    Soudan du Sud: les témoignages de femmes réfugiées dans le camp de Gorom [3/3]

    Play Episode Listen Later Apr 15, 2025 2:29


    Plus de 10 000 réfugiés soudanais sont arrivés au camp de Gorom, près de Juba, la capitale du Soudan du Sud, depuis le début de la guerre au Soudan le 15 avril 2023. Un conflit qui semble loin de se terminer, notamment dans la région du Darfour, où les Forces de soutien rapides du général Hemedti sont accusées de commettre un génocide. Des femmes du Darfour réfugiées à Gorom se sont livrées à RFI sur leurs inquiétudes suite aux violences qui ont éclaté contre les Soudanais mi-janvier, après que des Sud-Soudanais ont été massacrés par l'armée soudanaise à Wad Madani. De notre correspondante à Juba, Coiffée d'un foulard rose pâle, Amira Adam Bashar, 20 ans, a fui l'enfer d'El Fasher, cette ville située au Darfour nord, assiégée par les paramilitaires FSR. Elle est arrivée à Juba une semaine seulement avant qu'éclatent les violences visant les Soudanais mi-janvier : « La police nous a protégés, puis nous avons été amenés ici à Gorom. Nous sommes enregistrés comme réfugiés urbains, donc nous ne recevons aucune aide. Nous n'avons presque rien à manger ni à boire, et mon frère qui vendait du charbon pour nous soutenir a été blessé dans les violences, maintenant, il ne peut plus travailler. Nous avons besoin d'aide. »L'histoire de Nuha Abdallah Mohammed, 34 ans, est tout aussi terrible. La mère de deux enfants a fui les attaques des FSR à El Geneina, au Darfour ouest, et rejoint son mari établi à Juba comme commerçant. Mais leur magasin a été complètement pillé lors des émeutes contre les Soudanais. La famille s'est réfugiée à Gorom, et a été à nouveau terrifiée par les combats entre forces sud-soudanaises qui ont eu lieu près du camp récemment : « J'aimerais pouvoir quitter le Soudan du Sud, mais je n'en ai pas la capacité. Car c'est insupportable de fuir une guerre, de venir à pied d'un pays à l'autre, pour ensuite se retrouver à vivre encore la même chose. À entendre à nouveau les mêmes sons de tirs et de bombes. Nous ressentons beaucoup de peur et d'insécurité. »À écouter aussiGuerre au Soudan: «L'urgence humanitaire est au nord Darfour»« Nous voulons vivre en sécurité, c'est tout. »Originaire de Nyala, dans le Darfour sud, Azza Haroun Nurein, 40 ans, a la lourde charge de s'occuper de sa fille Ikram, 16 ans, qui a perdu une jambe dans le conflit soudanais : « Avant le début de la guerre, nous vivions bien à Nyala. Quand le conflit a débuté, nous sommes restés enfermés chez nous. Mais un jour, une bombe est tombée sur la maison, tuant ma fille et mon neveu. Et Ikram a quant à elle été grièvement blessée. »La famille a fui en août 2023 et c'est à Juba qu'Ikram a été amputée de sa jambe gauche. L'adolescente garde de lourdes séquelles et a des cicatrices et des éclats d'obus un peu partout sous la peau. Elle ne peut être scolarisée : « Je ne peux pas aller à l'école parce que je ne peux pas marcher, même avec des béquilles. Donc, je reste tout le temps dans notre abri. Ce que je veux dire, c'est qu'il faut que la guerre s'arrête au Soudan et au Soudan du Sud. Et il faut penser à ceux qui ne peuvent pas fuir quand il y a du danger, comme moi qui ai perdu ma jambe, je ne peux aller nulle part. Nous voulons vivre en sécurité, c'est tout. »Cette semaine, Ikram a rendez-vous au centre de réhabilitation physique du Comité international de la Croix-Rouge à Juba, où elle espère apprendre à marcher à nouveau à l'aide d'une prothèse.À lire aussiGuerre au Soudan: après deux ans de chaos, le désastre humanitaire

    Au Kenya, les réfugiés soudanais réinventent leur vie loin du conflit et en communauté [2/3]

    Play Episode Listen Later Apr 14, 2025 2:27


    Cela fait deux ans, mardi 15 avril, que la guerre au Soudan a démarré. Elle est aujourd'hui la plus importante crise de personnes déplacées au monde, selon l'ONU, 13 millions de Soudanais ayant fui leur foyer. Quatre millions se sont réfugiés dans les pays voisins comme l'Égypte, le Tchad ou le Soudan du Sud. Certains ont réussi à pousser jusqu'au Kenya, loin des camps de réfugiés. À Nairobi, la capitale, ils essaient de se réinventer une vie. De notre correspondante à Nairobi,À Nairobi, la capitale du Kenya, dans le quartier de Kilimani, le Jayta est devenu le rendez-vous de la jeunesse soudanaise. Dans ce petit restaurant, pas de manières, on y mange comme à la maison. « Nos clients sont des Soudanais, des Somaliens et des Éthiopiens. Mais on n'aime pas les appeler des "réfugiés". Bien sûr, notre vie est finie au Soudan, avec cette guerre. Il faut tout recommencer, pour survivre. Pendant la révolution, on disait : "À chaque fois, nous referons la révolution, si le gouvernement n'est pas bon pour nous" », se souvient Ahmed Albadawi.Les généraux Abdel Fattah Al Burhan, à la tête de l'armée soudanaise, et Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemedti », chef des Forces de soutien rapide (FSR), se mènent une guerre sans pitié depuis deux ans. Mabio Swale, 24 ans, a fui Khartoum dès les premiers bombardements : « J'ai laissé derrière moi, mon père, mes petits frères, même mère. Je ne sais pas comment ils vont, s'ils sont en sécurité. La vie au Soudan est très dure : il n'y a pas de travail, pas de sécurité. On entend les armes et les balles partout. J'aimerais bien refaire ma vie au Kenya. Là, je travaille comme serveur. Avant, je rêvais d'être footballer. Aujourd'hui, je veux juste continuer à travailler pour envoyer de l'argent à ma famille. »Ousmane aussi a quitté Khartoum en 2023. Il y suivait alors des études en génie civil. Diplômé ici à Nairobi, c'est vers le Soudan que ses projets se tournent. « Je ne peux pas imaginer mon futur sans le Soudan. Maintenant que l'armée a récupéré Khartoum, mes amis et des membres de ma famille, y retournent. Ils essaient de reconstruire. J'y retournerai, c'est sûr. Les deux généraux viennent du même gouvernement. Mais vous pouvez vivre avec l'armée. Avec les FSR, c'est impossible. Je le sais, je les ai vus, ils ont essayé de me tuer, ils m'ont jeté à terre. D'abord la paix. Après, on cherchera la démocratie », affirme-t-il. En 2024, les Nations unies recensaient plus de 11 500 réfugiés soudanais au Kenya. À lire aussiSoudan: les FSR revendiquent la prise du camp de Zamzam au Darfour, «tuant de nombreux civils»

    Tchad: au poste frontière d'Adré, les destins brisés et les vies oubliées des réfugiés soudanais [1/3]

    Play Episode Listen Later Apr 13, 2025 2:16


    Au Soudan, la guerre civile qui ravage le pays depuis avril 2023 a provoqué l'exode de 9 millions de personnes, selon le HCR. Plus de 600 000 d'entre elles ont fui au Tchad voisin, qui a également enregistré le retour de plus de 180 000 rapatriés tchadiens. Ces réfugiés rejoignent un contingent de plus d'un demi-million de Soudanais qui avaient fui lors du précédent conflit au Darfour en 2003-2004. Alors comment se passent la fuite du Soudan et l'accueil des réfugiés au Tchad ? Comment faire face à un tel afflux ? Reportage au poste frontière d'Adré, dont partent des marchandises de premières nécessités et où arrivent des réfugiés. De notre envoyé spécial à Adré,Ce matin, comme tous autres matins à Adré, des centaines de réfugiés exténués, traumatisés, font la queue pour être enregistré au CNARR, la Commission nationale d'accueil et de réinsertion des réfugiés. Mahamat travaille pour cet organisme tchadien dans ce poste frontière qui sépare le Tchad et le Soudan. « Ce matin, j'ai vu des femmes avec des enfants mineurs. Ils disent que là-bas, il a l'insécurité totale, il n'y a pas de paix. Quand tu vois quelqu'un en face de toi, qui est en train de pleurer, qui a été agressé par des hommes, qui est victime de viol… C'est inhumain », soupire-t-il.Les femmes et les enfants représentent près de 90 % des réfugiés soudanais. C'est pourtant un jeune homme que nous présente Mahamat. « Voilà, ce matin, on a reçu ce monsieur. Il a reçu un éclat pendant un bombardement au Soudan », explique-t-il. « L'attaque a eu lieu le soir, c'est-à-dire après la prière. Il y a eu des morts, il y a eu des blessés, il y a eu des gens qui sont fracturés, il y a eu des gens qui ont perdu leurs jambes. C'était un pillage », témoigne le jeune homme blessé.Des hommes blessés, des femmes violées, des destins brisés. Difficile, dans ce contexte, d'organiser la cohabitation. « Le conflit au Soudan, c'est un conflit politique, mais cela s'est transformé en conflit ethnique. Un conflit entre les arabes et les masalits. Et pour éviter que le conflit se prolonge ici, dans le camp, on les sépare », explique Ali Djimé, manager d'un camp d'Adré. Les Arabes sont donc envoyés dans les camps situés près d'Abéché. Les autres vers Farchana, situé à 50 km à l'ouest d'Adré. On retrouve Mahamat en compagnie de quatre femmes soudanaises : « Ils disent qu'elles sont Soudanaises. Elles sont arrivées au Tchad, mais elles retournent encore là-bas parce que leurs familles se trouvent derrière, là-bas. Elles ne peuvent pas rester », traduit-il.Bravant la peur et le danger, certains retournent au Soudan pour des raisons familiales. Les autres restent au Tchad dans des conditions très précaires. Le retrait de l'aide américaine a eu des conséquences dramatiques. Des projets d'irrigation ont été stoppés net, tout comme le soutien psychologique aux réfugiés. « On lance un appel à tous les bailleurs pour pouvoir prendre en charge ces réfugiés qui sont vraiment dans la détresse », rappelle Ali Djimé. Un SOS pour les victimes d'un conflit oublié. À lire aussiSoudan: situation humanitaire catastrophique à El-Fasher après un an de siège des FSR

    Au Rwanda, des drones distribuent les soins et produits vétérinaires aux éleveurs éloignés

    Play Episode Listen Later Apr 12, 2025 2:20


    Au Rwanda, comment les nouvelles technologies permettent-elles de faciliter le travail des vétérinaires et des éleveurs ? L'entreprise Zipline, connue pour son service de livraison par drones de poches de sang et de médicaments dans les centres de santé du pays, a lancé un nouveau programme depuis 2022, cette fois-ci dans le secteur animal. Les drones sont utilisés pour distribuer aux vétérinaires les vaccins et inséminations pour les élevages bovins et porcins. De notre envoyée spéciale à Muhanga,Dans la pharmacie de Zipline, les commandes de vétérinaires et éleveurs arrivent presque en continu. « C'est quelqu'un qui demande l'insémination artificielle pour une race sud-africaine », explique Pierre Kayitana, le directeur de l'entreprise au Rwanda.En quelques instants, tout le matériel est placé dans un carton doté d'un parachute. Les préparateurs sonnent une cloche. À l'extérieur, le pilote récupère le colis. « Il va scanner le code QR sur le paquet, comme cela le drone sait où aller. Nos drones sont autonomes, c'est beaucoup d'intelligence artificielle aussi parce que quand le drone quitte Muhanga, il doit arriver le plus tôt possible. Au retour, il doit faire des manœuvres pour se retrouver à la maison », selon lui.Des drones, aux allures d'avions miniatures, sont lancés quasiment chaque minute. Avec une vitesse de plus de 100km/h, ils atteignent les centres les plus reculés du pays bien plus rapidement que n'importe quel convoi. « Le point le plus éloigné de notre Zipline c'est Mibirizi. Par exemple, quitter Kigali et aller à Mibirizi, cela prend de 7h à 8h de route. Mais nous, on quitte ici Muhanga et on leur fournit des produits en moins de 40 minutes », détaille le directeur.À quelques kilomètres, dans son élevage porcin, Ernestine Muhawenimana marche le long des enclos vers sa dernière portée née il y a quelques semaines. « Quand on voit qu'une femelle est en chaleur, on passe une commande pour que les produits arrivent avec Zipline. On peut même choisir la race », s'enthousiasme-t-elle.Les drones lâchent désormais leurs colis à proximité, permettant d'éviter les retards ou les trajets posant le risque de dégradation des produits par la rupture de la chaîne du froid. « On inséminait parfois une femelle après sa période de fertilité à cause des retards. Cela ne marchait pas ou on avait des morts nés. Maintenant, on est livré à temps, les truies sont inséminées au bon moment, et nous n'avons ces problèmes comme avant », raconte-t-elle.Au Rwanda, près de 40 % des activités de Zipline concerne les services vétérinaires. Depuis 2022, l'entreprise estime avoir contribué à la naissance de près 70 000 porcelets.À lire aussiRwanda: les agriculteurs s'inquiètent de l'accès aux terres agricoles [3/3]

    À Madagascar, des communautés paysannes menacées par le chantier de la première autoroute du pays

    Play Episode Listen Later Apr 11, 2025 2:28


    À Madagascar, c'est un projet emblématique et controversé. Voulue par le président Andry Rajoelina, la première autoroute du pays reliant la capitale Antananarivo au principal port, Tamatave, est présentée par les autorités comme un levier essentiel au développement de la Grande Île. Mais les travaux de construction plongent des milliers de familles expropriées dans « une situation dramatique », ont alerté 110 organisations de la société civile début mars. Sur place, des paysans témoignent des conséquences de ce projet sur leurs vies. De notre correspondant à Antananarivo,Depuis son jardin, Madeleine Razafindramiadana observe inquiète le ballet des bulldozers en train de remblayer les rizières en face de chez elle. Dans sa commune d'Ambohimanga Rova, à une quinzaine de kilomètres au nord de la capitale de Madagascar, personne n'est venu l'informer du tracé de l'autoroute. Mais la malgache de 74 ans en est convaincue, ses parcelles vont être détruites, car elles se trouvent à proximité immédiate du chantier. « Jusque-là, les terres nous permettaient de vivre dignement, la scolarisation des enfants en dépendait. Maintenant, nous allons être démunis comme les sans-abris qui sont en ville. Nous ne profiterons pas de cette autoroute parce que nous n'avons même pas les moyens d'aller à Tamatave. Ce projet ne profitera pas au monde rural », regrette-t-elle.À quelques kilomètres de là, d'autres paysans ont déjà perdu leurs champs et leurs rizières il y a deux ans. Ils affirment avoir déposé des demandes de compensation, mais l'État n'est pas encore revenu vers eux. « Beaucoup de choses ont changé ici depuis qu'on a remblayé nos terres. Nous devons à présent cultiver sur les plaines, mais elles sont beaucoup moins fertiles. Avant, nous pouvions gagner 200 000 ariarys par semaine. Mais aujourd'hui, ce revenu a été divisé par 10 », déplore Andrianaivo Randimbison, père de quatre enfants. Ce projet d'autoroute a un impact sur notre santé physique et mentale. Nos enfants font face à une insécurité alimentaire grandissante. Avant, quand le commerce marchait bien, on pouvait se permettre d'acheter de la viande une à deux fois par semaine, maintenant, c'est un luxe hors de portée. »Au marché local, le riz et les légumes sont devenus plus rares, entraînant une hausse des prix. Après avoir été exproprié, Andrianaivo Randimbison a décidé de participer lui-même au chantier pour subvenir aux besoins de sa famille. Contre 10 000 ariarys par jour, le constructeur égyptien Samcrete l'emploie ponctuellement pour planter du gazon le long des talus de la future autoroute. Cette infrastructure, symbole de modernité, va stimuler le secteur industriel et créer des milliers d'emplois, promettent les autorités. Les paysans affectés seront indemnisés et accompagnés pour développer de nouvelles activités, assure le maire d'Ambohimanga Rova, Sedera Günther Rajaonarivo, membre du parti présidentiel. « J'ai expliqué à la population que si votre terrain est concerné par l'autoroute, on peut demander au ministère de l'élevage de promouvoir l'élevage de poulets de chair, par exemple, faire de l'aquaculture, diversifier leurs revenus. On cherche d'autres moyens pour essayer de compenser leurs pertes », affirme-t-il. Début mars, 110 organisations de la société civile ont demandé au Président de suspendre les travaux le temps de consulter les communautés paysannes concernées.À lire aussiMadagascar: des ONG demandent l'arrêt des travaux de l'autoroute Antananarivo-Tamatave

    Gabon: le douloureux souvenir des morts du 31 août 2016 se heurte à la passivité des autorités

    Play Episode Listen Later Apr 10, 2025 2:27


    Au Gabon, le scrutin présidentiel de ce samedi 12 avril s'annonce dans le calme, au contraire des élections précédentes, marquées par des crises. En 2016 en particulier, une vague de répression avait suivi l'annonce de la réélection contestée du président déchu Ali Bongo. Aucun bilan clair n'a jamais été établi, mais elle avait fait au moins plusieurs dizaines de morts. À la chute du régime, le 30 août 2023, les familles des victimes avaient exulté et espéré la fin de l'omerta sur le sujet. Jusque-là, le dossier n'a pas été rouvert, et le collectif fondé après le coup d'État s'est mué en association en début d'année pour obtenir des avancées de la part du prochain président. De notre envoyé spécial à Libreville,Chacun a mis un peu de sa poche pour louer un modeste bureau dans le quartier Dragon de Libreville, capitale du Gabon. Sur la bâche de l'association Réconciliation, la trésorière Hortense Mengue Messa montre le corps inerte d'Axel, son petit frère, recouvert d'un drapeau gabonais. « Il a voulu voir ce qui se passait dehors. Il a reçu deux balles. C'était devant la porte. Ils ont eu le temps de retirer le corps et de le cacher dans la maison. Aujourd'hui, je peux vous dire que, pour tous les enfants décédés cette nuit-là, les parents n'ont pas retrouvé le corps », affirme-t-elle avec gravité.Le fils de César Mavioga, Freddy, a reçu deux balles alors qu'il était au portail du domicile familial. Malgré un rapport d'autopsie, la justice a refusé sa plainte. Aucune enquête n'a été menée. Il déplore une situation qui n'évolue pas. « Les militaires ont tiré délibérément sur mon fils qui était chez nous. Il est mort dans la voiture. C'était difficile de l'emmener à l'hôpital, il y avait des barrages partout, se souvient-il avec émotion. Aujourd'hui, il y a l'omerta. Ce sont les militaires qui ont tué. Celui qui détient l'armée, qui est militaire, ne nous a pas reçus. Il sait ce qui s'est passé, il est le chef, donc il a toutes les archives. »Même frustration chez Claudine Aïcha Tsoumbou, qui avait soigné des blessés et témoigné de morts au QG du candidat Jean Ping. Après des années d'exil, elle préside aujourd'hui l'association qui demande la mise en place d'une commission Vérité, justice, réparation et réconciliation. « Du moment où nous avons respecté nos autorités, en allant adresser des courriers aux instances, à la Cour constitutionnelle, au Sénat, à l'Assemblée, à la primature, à la présidence, au Conseil économique et social et même à l'archevêque, et que, jusqu'aujourd'hui, nous avons des compatriotes qui vivent difficilement. On se sent vraiment délaissés. On se sent vraiment abandonnés et c'est frustrant », regrette-t-elle.Brice Clotaire Oligui Nguema a promis que la justice s'occuperait de l'affaire une fois la transition terminée. « Ceux qui attendent la vérité sur les parents disparus doivent l'avoir. Ceux qui la détiennent doivent pouvoir la partager », assure Laurence Ndong, ministre de la Communication et porte-parole du candidat à la présidentielle Brice Clotaire Oligui Nguema. Son principal adversaire, Alain-Claude Bilie-By-Nze, a repris l'idée d'une commission, mais les victimes s'interrogent sur la sincérité de celui qui était alors le porte-parole du gouvernement.À lire aussiPrésidentielle au Gabon: Oligui Nguema clôture sa campagne dans le nord, les observateurs internationaux se préparent à Libreville

    Madagascar: première exposition de l'artiste Yinka Shonibare sur le continent africain

    Play Episode Listen Later Apr 9, 2025 2:24


    À Madagascar, c'est une explosion de couleurs et de questionnements que nous propose la Fondation H, fondation d'art contemporain située au plein cœur de la capitale. Sa nouvelle exposition, inaugurée jeudi 10 avril 2025, est une magnifique carte blanche offerte à Yinka Shonibare, artiste plasticien britannico-nigérian universellement reconnu mais qui, à 62 ans, n'avait encore jamais exposé seul sur son continent d'origine. L'exposition Safiotra [Hybridités/Hybridities] célèbre le métissage et la puissance de nos diversités et nous interroge sur ce que nous tous, collectivement, avons accepté comme étant l'Histoire, avec un grand H. Reportage réalisé à quelques heures du vernissage dont RFI est le seul média à avoir accédé à la Fondation avant l'événement. De notre correspondante à Antananarivo, « Peut-on regarder la sculpture de votre ''Astronaute réfugié'' (''Refugee Astronaut'') ? Que vous nous disiez si la manière dont on l'a installée vous convient ? », est-il demandé à Yinka Shonibare. « Oui. Whaou ! C'est super, ça rend hyper bien ! », répond celui qui vient tout juste d'atterrir à Madagascar.À quelques heures de son vernissage, Yinka Shonibare déambule devant ses œuvres d'une vie, mises en valeur dans les salles lumineuses de la Fondation H. Du sol au plafond, ses créations ludiques éblouissent tant par leurs couleurs vives que par leur ironie. « C'est fantastique d'être ici, et incroyable de faire une exposition en solo, en Afrique », commente-t-il.À lire aussiYinka Shonibare, orfèvre du waxL'exposition, intitulée Safiotra [Hybridités/Hybridities], raconte des histoires métissées, des identités mélangées, et offre une autre lecture du monde, post-colonial surtout, que celles communément admises : « Mon travail consiste principalement à essayer de reconnaître la contribution des Africains. Quand j'ai étudié l'histoire, il était surtout question des réalisations européennes et pas tellement de celles des Africains. Donc, dans mes œuvres, j'essaie vraiment de célébrer les réalisations africaines, pas seulement en Afrique d'ailleurs, mais aussi dans la culture mondiale en général. Certains pourraient appeler cela de la ''déconstruction". Mais je pense qu'il est important que toutes nos voix puissent être entendues et enregistrées. Je pense que c'est également sain pour le monde, car lorsque vous créez une sorte d'opposition binaire, c'est en fait la raison pour laquelle les gens se font la guerre. Parce qu'ils ne comprennent pas l'autre personne. »Dominique Tiana Rarafindratsimba, professeure en sciences humaines à l'université d'Antananarivo et directrice du Centre de recherche et d'études sur les constructions identitaires, a été chargée par la Fondation H de réfléchir à la perception du Safiotra, de l'hybridité dans la culture malgache : « Quelque chose qui est ''safiotra'' pour les Malgaches, puisque c'est ''mélangé'', puisque c'est ''croisé'', c'est plutôt vu négativement, comme le contraire de pureté, d'authenticité. Les œuvres de Yinka Shonibare pourront permettre de nous remettre un peu en question et d'accepter ce croisement comme partie prenante de notre histoire, et que le métissage, c'est le fondement même de l'identité de l'être humain et du Malgache surtout. »Avec son African Library fascinante ou son Refugee Astronaut déroutant, l'artiste nigérian bouscule notre perception du monde et nous convie à le repenser différemment.À lire aussiL'artiste Yinka Shonibare expose à la Fondation Blachère

    Centrafrique: la nostalgie des conducteurs de taxis et de bus, remplacés par les moto-taxis [3/3]

    Play Episode Listen Later Apr 8, 2025 2:24


    Direction la Centrafrique pour parler de la nostalgie des conducteurs des taxis et bus. Après l'indépendance en 1960, le secteur du transport en commun était dominé par ces véhicules qui circulaient dans toute la capitale à moindre coût, facilitant le déplacement des biens et des personnes. Mais après les crises sécuritaires qui ont secoué le pays, ce secteur est fragilisé en raison de la dégradation avancée des routes, du pillage des terminaux et des lieux de stationnement, du vol des véhicules et de la montée de l'insécurité qui empêchent taxis et bus de couvrir toute la capitale. Aujourd'hui, de nombreux propriétaires préfèrent remplacer leur taxi et bus par des moto-taxis, entraînant progressivement la disparition du noble métier de chauffeur. De notre correspondant à Bangui,Assis dans un fauteuil, Nathan se désaltère avec un sachet d'eau glacée. À cause de la chaleur, il a mis une serviette sur son épaule pour éponger de temps en temps sa sueur. À ses côtés, une dizaine d'autres conducteurs de taxis et bus sont installés sur des bancs, en forme de U. Nathan est devenu conducteur à la fin des années 1980.« L'activité des chauffeurs de taxis et de bus était au top. Il y avait plus de 5 000 bus qui desservaient une dizaine de lignes dans la capitale. Maintenant, on ne compte qu'une cinquantaine de bus qui desservent cinq lignes. À l'époque, dans la cabine, je gagnais 18 000 francs CFA par jour (27,45€) et mon receveur lui gagnait 20 000 francs CFA (30 euros). Maintenant, la recette des bus varie entre 6 000 francs CFA (9 euros) et 7 000 francs CFA (10,67 euros). »Ici, au terminal nord, seulement quatre bus des dix places desservent cette partie de la capitale. L'endroit est presque désert. À l'intérieur d'un bus de couleur verte stationné, quelques usagers patientent. Charlemagne regrette le bon vieux temps : « Il y avait un problème de transport. On se bousculait pour avoir une place dans un taxi ou un bus. Aujourd'hui, il nous faut patienter plusieurs minutes, le temps de remplir le véhicule. Je préfère les bus à cause de la sécurité, mais c'est désolant de constater leur disparition progressive. »À lire aussiCentrafrique: Igwé Motor, un service de motos-taxi plus sécuriséEn regardant cette scène de désolation, Nathan, nostalgique, affalé dans son fauteuil, secoue la tête : « Mon patron a vendu son bus pour acheter une dizaine de moto-taxis. Il a dit que les motos sont très rentables et ne paient aucune taxe. Maintenant, je me retrouve sans boulot. Je passe des journées entières ici, au terminal nord. Parfois, je remplace des collègues à l'heure de pause pour quelques minutes. Mais avec ce rythme, je n'arrive plus à joindre les deux bouts avec ma famille. »Non loin de là, Marius, un conducteur de taxi, se gare au bord de la route pour acheter des noix de colas chez un vendeur ambulant. Il n'a pas envie de continuer la course : « Devenir conducteur de taxi a toujours été mon ambition. Contrairement aux décennies précédentes, le prix du carburant à la pompe a augmenté de 80%. Le terrain est devenu difficile et je n'ai plus envie de travailler, parce que les usagers ne s'intéressent plus aux taxis. »Selon le syndicat des taxis et bus, environ 5 000 conducteurs sont aujourd'hui au chômage. Quelques centaines se sont reconvertis et travaillent dans des organisations non gouvernementales.À lire aussiCentrafrique: dix conducteurs de moto taxis tués dans une embuscade vers Bria

    Congo-B: à Nkayi, le succès des tuk-tuks est loin de faire l'unanimité chez les passants [2/3]

    Play Episode Listen Later Apr 7, 2025 2:16


    Nkayi, dans le sud du Congo-Brazzaville, quatrième ville du pays, est connue pour sa production sucrière. Mais depuis quelques années, elle est aussi devenue un fief des tuk-tuks. Leur nombre a explosé, ce qui est loin de faire l'unanimité. De notre correspondant à Brazzaville,Cela fait quatre années que les motos-taxis de couleur jaune ont envahi les rues de Nkayi. Sibel Ndamba est très vite devenu chauffeur de ce nouveau mode de transport au Congo-Brazzaville. Il témoigne de son succès : « Cette moto, son vrai nom de confection, c'est le tuk-tuk. Mais, vulgairement, ici à Nkayi, on appelle cela "Wehua". Quand cela a commencé en 2021, cela a aidé la population qui a commencé à se sentir mieux parce qu'il n'y avait pas de système de bus. Dès que cela a commencé, les gens se sont sentis à l'aise puisqu'il fallait donner 150 francs CFA [0,23 euro, NDLR] pour se déplacer », raconte-t-il.Il faut cependant travailler dur pour payer le propriétaire du tuk-tuk, démarrer tôt le matin et finir tard dans la soirée. « Les patrons (propriétaires des motos) ont tendance à demander 10 000 francs CFA [15 euros] de recettes par jour. Comme nous sommes dans un pays où le taux de chômage est très élevé, nous sommes obligés de faire avec les moyens de bord », ajoute-t-il.Ces tuk-tuks importés d'Asie sont l'unique moyen emprunté par Carmel Loubakalafoua, agent du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), entre son domicile et son lieu de travail. « Quand je suis à l'intérieur de ce moyen, je libère mon esprit pour que je puisse arriver là où je vais. Cela me permet de venir au boulot et surtout d'arriver à temps », affirme le jeune travailleur.Mais ils sont loin de plaire à Jean-Claude Mpaka, qui déplore surtout des cas d'accidents. « Ce qui embête les gens qui circulent dans les rues parfois, c'est que ces gens ne conduisent pas correctement. C'est de la pagaille, d'après moi. Ils ne veulent pas respecter les piétons, il y a parfois des accidents », témoigne ce passant.Quant à Luc Mbetani, chauffeur de taxi-voiture, il estime que ces tuk-tuks représentent une vraie concurrence. « Les Wehua nous embêtent beaucoup. Ce n'est plus facile pour avoir de l'argent. Ils font le taxi, le cent-cent et ils prennent tout ​​​​​​​: du bois, du ciment. Nous, pour avoir des recettes, c'est difficile maintenant », affirme ce chauffeur. Selon différents observateurs, Nkayi dispose de près de 700 tuk-tuks pour une population estimée à 80 000 habitants.À lire aussiGuinée: le bombona, tricycle en vogue, exclu des grandes artères en raison d'accidents fréquents [1/3]

    Guinée: le bombona, tricycle en vogue, exclu des grandes artères en raison d'accidents fréquents [1/3]

    Play Episode Listen Later Apr 6, 2025 2:15


    C'est une lutte impitoyable qui oppose moto-taxis, tuk-tuk, taxi-voitures et bus dans les villes du continent. En Guinée, cela fait bien longtemps que les éternels taxis jaunes ont perdu le monopole du transport à Conakry. Ils ont d'abord été concurrencés par les motos-taxis et le sont depuis quelques années par un nouveau type de véhicule : les tricycles, couramment appelés « bombonas », importés d'Inde. Leur avantage ? Ils échappent aux embouteillages permanents de la ville et sont plus abordables que les motos-taxis. Ils sont plébiscités par les Conakriens, mais leur dangerosité a forcé l'État à prendre des mesures de restriction. De notre correspondant à Conakry, Il est 8 heures au marché de Taouyah. C'est l'heure de pointe et la route est complètement embouteillée. Mais les bombonas jaunes et verts, toit rétractable, se faufilent entre les voitures grâce à leur petite taille, en empruntant la « troisième position », explique Ibrahima, un chauffeur : « Troisième position, c'est-à-dire quand les voitures sont en ligne, nous, on prend le milieu pour les dévier. » Aïssata apprécie : « C'est plus rapide que les taxis. »Avec les bonbonas, le prix du tronçon est un peu plus élevé que pour les taxi-voitures ordinaires. « Pour un trajet en bombona, c'est 2 500 francs guinéens (26 centimes d'euros) et pour le taxi, 2 000 francs (21 centimes d'euros) », explique Hawa, une autre usagère, qui se dit plus à l'aise dans ces tricycles : « Avant, je prenais le taxi voiture, mais ce n'était pas trop confortable à l'intérieur parce que derrière, c'est quatre places (quatre personnes serrées à l'arrière, NDLR). Par contre, le bombona c'est trois places derrière. »Avec quatre personnes serrées sur trois places, les taxis deviennent rapidement des étuves, comme le confirme Sékou Kaba, responsable d'un syndicat des bombonas : « Le passager assis dans le tricycle, il est en contact direct avec l'air. Le Guinéen aime ça. Se coincer à quatre derrière les taxis, il n'aime pas ça. »Malgré ce succès, le développement des bombonas a connu un grand coup de frein quand les autorités leur ont interdit de circuler sur les principales artères de la capitale, l'autoroute Fidel Castro et la route Le Prince. Ils provoquaient trop d'accidents, explique le responsable syndicaliste : « Les premiers chauffeurs de tricycles ont été formés, ils travaillaient dans de bonnes conditions. Après, il y a eu une deuxième vague. Quand la troisième vague est arrivée, ça a débordé. Ils ne respectaient pas le Code de la route et ainsi de suite. »Aujourd'hui, c'est donc à chacun sa route : les taxi-voitures gardent leur monopole sur les grandes voies, les bombonas sont relégués sur la route littorale reliant Sonfonia à Dixinn, en passant par Lambanyi et Kipé. Pour autant, leur popularité est telle que les chanteurs Pushka et Gwada Maga leur ont dédié une chanson.À écouter aussiLes défis des transports urbains en Afrique

    Madagascar: avant le sommet de la Commission de l'océan Indien, le cœur de la capitale fait peau neuve

    Play Episode Listen Later Apr 5, 2025 2:26


    Les projecteurs se braquent sur la capitale malgache, qui se prépare à accueillir le Vᵉ sommet de la Commission de l'océan Indien, le 24 avril 2025. Plusieurs chefs d'État sont attendus, dont Emmanuel Macron, qui représentera la France au titre de La Réunion. Réfection des routes, trottoirs libérés de ses nombreux marchands ambulants, priés de quitter les lieux... En seulement trois semaines, de nombreux chantiers ont été lancés pour réorganiser l'avenue de l'Indépendance, la vitrine du pays située en plein centre d'Antananarivo. De notre correspondante à Antananarivo,Ce soir-là, l'avenue de l'Indépendance n'est plus le cœur de ville bondé et désordonné qu'elle a toujours été à la tombée de la nuit. Les trottoirs sont dégagés, la route lissée après des travaux démarrés dans l'urgence. Même si Christian applaudit et profite de cette transformation, ce riverain ne peut cacher un certain sentiment de malaise :« C'est un très bel effort. Maintenant, on se sent plus aéré et moins claustrophobe quand on passe dans la ville. Mais j'avoue que le contexte dans lequel a eu lieu ce changement m'attriste un peu… Je pense que cela aurait eu plus de valeur pour nous, Malgaches, si ces travaux avaient été réalisés sans une raison internationale derrière. »Le ton est naturellement plus virulent du côté des centaines de marchands ambulants. Sur décision de la municipalité, ils ont dû abandonner les trottoirs de l'avenue principale, il y a deux semaines. Leur présence massive reflétait l'ampleur de la crise de l'emploi et la place du secteur informel dans le pays. Une réalité que les dirigeants veulent édulcorer, croit savoir Onja, vendeuse d'accessoires :« C'est hypocrite. On veut nous cacher, mais on aurait aimé que les chefs d'État étrangers voient la réalité, qu'ils voient qu'on galère ici. Si je fais honte à mon président, j'ai honte de moi-même aussi. Il devrait plutôt nous aider à trouver une solution. »Une rénovation retardée par manque de moyensLe bureau de Harilala Ramanantsoa donne directement sur l'avenue de l'Indépendance, transformée sous ses yeux en quelques semaines. La maire d'Antananarivo, élue sous les couleurs du parti présidentiel il y a deux mois, nous accueille. Elle défend une transformation nécessaire prévue de longue date : « Pourquoi ça n'a jamais été fait ? La commune urbaine n'a pas assuré comme il faut la gestion des recettes financières de la commune. Donc, on n'a pas eu les moyens jusqu'alors de faire tous ces travaux. »La première responsable de la ville reconnaît une transformation accélérée par l'accueil d'un événement international, mais promet de l'inscrire dans la durée. « Ce qui se passe aujourd'hui, c'est une impulsion vers ce que l'on souhaite montrer à nos habitants,. Si on s'y met tous – payer nos impôts, participer à l'effort de la commune... –, voilà ce que ça donne. »  Cette semaine, des agents issus de différents ministères ont eux-mêmes participé au nettoyage intensif des rues de la capitale. Une mobilisation remarquée, à quelques jours de l'accueil de délégations étrangères.  À lire aussiLes enjeux de la visite d'Emmanuel Macron à Madagascar

    En Tunisie, la criminalisation du travail des ONG aggrave la précarité des migrants subsahariens

    Play Episode Listen Later Apr 4, 2025 2:17


    En Tunisie, la situation des migrants subsahariens se précarise de plus en plus depuis les campagnes sécuritaires qui ont commencé en 2023. Le contrôle sur le travail non régulé s'est accentué et beaucoup de migrants présents dans la capitale travaillent au noir ou ont recours à la mendicité, une situation qui alerte les ONG des droits humains. À Tunis, dans un quartier de la banlieue nord, plusieurs migrants subsahariens attendent sur le trottoir au bord de la route. Selon les besoins en petits boulots, les clients viennent à ce rond-point et embauchent à la journée les premiers à se présenter, comme l'explique Sami, un migrant malien de 16 ans. « On attend du travail ici. Travail de chantier, travail de jardin, etc », énumère-t-il.Ce phénomène est visible dans plusieurs endroits de la capitale de la Tunisie, les migrants n'étant plus embauchés dans des emplois stables à cause des contrôles à répétition des autorités. Une situation de plus en plus difficile pour Abdallah, 25 ans et Ivoirien. « Il y a beaucoup de problèmes, même pour aller travailler, ça fait peur, parce qu'on n'a pas de papiers. Il y a la police qui peut nous arrêter pour aller en prison », redoute-t-il.Sami, 27 ans, migrant camerounais, est venu il y a sept mois à Tunis, pensant trouver du travail, dans son domaine, la réparation d'objets électroniques. Il se retrouve à faire le « berbecha », le collecteur de plastique. Il fouille dans les poubelles pour trouver des bouteilles à vendre ensuite à des dépôts de recyclage « Quand je suis arrivé et que je suis allé dans des magasins d'électronique pour du travail, on m'a dit que ce n'était pas possible de m'embaucher. Du coup, je ne pouvais rien faire et rester à la maison, je devais payer le loyer, ma nourriture, donc je suis allé dans la rue et j'ai commencé ce travail », explique le jeune homme.Pour le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une organisation non gouvernementale (ONG) tunisienne, la précarité des migrants est de plus en plus visible dans l'espace public. « Maintenant, c'est remarquable le nombre de mamans accompagnées de leurs enfants dans l'espace public parce que ces mamans-là n'ont pas la possibilité de travailler et sont obligées de sortir dans l'espace public pour chercher quelques moyens à vivre ou d'aide de la part des gens », alerte Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG, pour qui la précarité a atteint un niveau alarmant.Il attribue cette mendicité de plus en plus visible à la criminalisation actuelle, par les autorités, des organisations de la société civile qui viennent en aide aux migrants. En Tunisie, très peu d'ONG peuvent encore travailler sur le terrain.À lire aussiPlus de 600 migrants subsahariens secourus par la Tunisie en Méditerranée, au moins 18 décès

    Côte d'Ivoire: à Duékoué, ville martyr de la crise de 2011, les jeunes générations souhaitent tourner la page [4/4]

    Play Episode Listen Later Apr 3, 2025 2:16


    Comment briser le cycle de la violence ? À Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, la question reste sensible, 14 ans après la crise post-électorale. Une période marquée par les tensions entre les communautés guérées et malinkées. Selon le CICR, les violences intercommunautaires avaient fait près de 800 morts, peu après la prise de la ville par les forces loyales à Alassane Ouattara, fin mars 2011. Pour panser les plaies, les autorités et les ONG ont mené plusieurs programmes en faveur de la réconciliation et la cohésion sociale. Mais pour les jeunes générations, celles qui n'ont pas vécu la guerre, la page est-elle tournée ? Au marché de Kokoman de la ville de Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, Awa vend des oignons. Âgée de 23 ans, cette femme musulmane est arrivée ici quelques années après la crise. « J'ai entendu parler de ces problèmes, mais maintenant ça va. Après la guerre, on peut l'oublier, on peut faire tout ensemble », affirme-t-elle.Kokoman est le quartier des Malinkés, mais il a servi de point de retour aux déplacés qui avaient fui les violences. Nicodème, 19 ans, y habite avec sa famille. Dans son lycée, il l'assure, il n'y a pas de dispute. « Entre Guérés et Malinkés, il s'est passé les choses, mais c'est de la mésentente. Après les problèmes, il faut les laisser passer et puis vivre ensemble. Comme on le dit dans nos jargons, “y a pas moment”. Il n'y a pas de Guérés, il n'y a pas de Dioula. Il faut s'entendre, c'est tout. Laissez le passé, c'est le passé. Et on vivra ensemble », espère-t-il.Ce discours pacifique se retrouve chez la quasi-totalité des jeunes. Depuis plusieurs années, les associations s'engagent avec des conciliations de litiges fonciers, des actions de sensibilisation ou l'organisation de matches de foot. Pour Aissata, les efforts sont visibles, mais cela n'efface pas le passé.« À l'école, les enfants Dioula et les filles Guérés ne s'entendent jamais, parce que ce n'est pas oublié totalement. Les adultes discutent entre eux pour mieux s'entendre, mais les enfants… La rancune est toujours là. Ça doit disparaître, c'est du passé. Même si on sait qu'on ne peut pas tout oublier », raconte la jeune fille de 16 ans.La question préoccupe les autorités de la ville. « Combien de temps faudra-t-il attendre pour que cette crise-là soit complètement derrière nous ? Peut-être deux ou trois générations. Il faut continuer nos efforts pour que cette génération naissante comprenne qu'elle est obligée de pardonner », estime Vacaba Touré, qui dirige la radio municipale. Ce septuagénaire a toujours vécu à Duékoué.Au quartier Carrefour, très majoritairement guéré, une stèle est érigée en mémoire des victimes des massacres de 2011. Près du monument, Latro, 14 ans, porte le maillot orange de l'équipe nationale de foot. Pour cet apprenti mécano, les habitants de Duékoué sont avant tout Ivoiriens. « On considère que nous sommes des frères. C'est comme une famille, il n'y a aucune différence », explique-t-il. La preuve pour lui : la victoire à la dernière coupe d'Afrique des Nations, célébrée dans toute la ville, sans distinction.À lire aussiÀ la Une: Gbagbo à Duékoué, ville martyre

    Côte d'Ivoire: l'histoire de Lama Niankoï, 94 ans, ex-combattant guinéen de l'armée française [3/4]

    Play Episode Listen Later Apr 2, 2025 2:20


    Comment perpétuer la mémoire des soldats africains qui ont combattu pour la France ? La question agite la communauté ivoiro-guinéenne de Danané, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire – les familles craignent d'être oubliées à la mort du dernier vétéran de l'armée coloniale. RFI a retrouvé la trace de cet ancien combattant, l'un des derniers témoins des tensions de l'époque entre la France du général de Gaulle, la Côte d'Ivoire d'Houphouet-Boigny et la Guinée de Sékou Touré. De notre envoyé spécial à Danané,Appuyé sur sa canne devant une maison modeste, le caporal Lama Niankoï a l'esprit toujours vif. À 94 ans, entouré de proches, le patriarche raconte son parcours militaire. Engagé à 19 ans à Nzerekoré, le soldat originaire de Guinée sert à Madagascar ou encore en Algérie. « À Oran et à Constantine, c'est là que j'ai combattu », se souvient-il. Mais en 1958, le caporal doit choisir son camp – la Guinée de Sékou Touré prend son indépendance de la France avec fracas.Lama Niankoï sert encore sept ans sous les drapeaux bleus-blancs-rouges, comme l'explique Félix, son fils : « Quand la Guinée a pris sa libération, l'armée s'est retirée, mais mon père devait faire 15 ans pour toucher sa pension. » Un choix et des conséquences – À sa démobilisation en 1965, les Guinéens de l'armée française sont vus comme des traîtres dans leur pays natal.Parmi eux, 37 vétérans échouent à Danané, en Côte d'Ivoire – autre pays hostile aux yeux du régime de Sékou Touré. Un nom que Lama Niankoï ne veut plus entendre. « Enlevez le nom de Sékou Touré, pas de gros mots avec moi, demande-t-il. On a beaucoup souffert. »« Au moment où Sekou Touré était au pouvoir, mon papa ne pouvait pas rentrer. Pourquoi ? Parce que ceux qui avaient choisi la France, lui considérait que c'étaient des ennemis », raconte Francine Damey qui préside l'association des enfants des anciens combattants de Danané, dont son père était le chef.Et ce passé ne passe toujours pas pour Francine, surtout quand elle se rend en Guinée. « Même en Guinée, on nous appelle les “anti-Guinéens”. Même si on dit que nous sommes guinéens, on nous appelle les Ivoiriens… eux-mêmes, ils disent “au moment où on souffrait, où étiez-vous ?” Ce n'est pas facile », regrette-t-il. Aujourd'hui, ces descendants redoutent d'être oubliés par la France, le pays que Lama Niankoï avait choisi de servir.À lire aussiLa marche du monde: Les soldats oubliés de Guinée

    Côte d'Ivoire: sauver les ponts de liane, patrimoine culturel et touristique de la région du Tonkpi [2/4]

    Play Episode Listen Later Apr 1, 2025 2:19


    Dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, ils sont des symboles parmi les plus connus de la tradition yacouba. Quatre ponts de liane suspendus au-dessus du fleuve Cavally et qui attirent les visiteurs de toute la région. Mais ces structures réputées « magiques » sont menacées par la déforestation. Pour préserver cet héritage, la direction régionale du tourisme veut lancer des pépinières d'arbres à liane. RFI s'est rendu dans le village de Lieupleu pour tenter la traversée. À trois mètres au-dessus du fleuve, les aventuriers n'en mènent pas larges, sur l'enchevêtrement de branches qui grincent. Florence est institutrice, elle est venue avec sa famille jouer les Indiana Jones. « Ça fait peur, mais il y a beaucoup d'émotions. C'est émouvant de voir ce pont qui existe on ne sait pas comment », s'émerveille-t-elle.Lieupleu fait partie des quatre ponts de liane historiques de la région de Tonkpi, en Côte d'Ivoire. Les villageois les traversaient pour aller aux champs. Aujourd'hui, les touristes visitent chaque jour ces passerelles éphémères. « Quand le pont est emporté, les initiés appellent le griot qui nous dit d'aller chercher les lianes. », raconte Valère Gbah, l'un des guides locaux. Une puissance magique construirait ensuite les ponts en une nuit. Il est interdit de marcher dessus avec ses chaussures ou de mâcher un chewing-gum quand on traverse. Problème : les lianes sont de moins en moins disponibles, selon Valère Gbah. « Pas facile de chercher les lianes aujourd'hui. On a planté du café et du cacao », selon lui.Pour trouver les arbres à lianes, il faut faire 100 km jusque dans les pays voisins. « La déforestation est réelle. Elle est liée à la déforestation générale que connaît la Côte d'Ivoire. S'il n'y a pas de plante, il n'y a pas de pont, même avec de la bonne volonté », estime le docteur Doudjo Ouattara, biologiste forestier. Ce chercheur à l'université Nangui Abrogoua d'Abidjan veut sauvegarder les arbres à liane. « Il faut déjà faire l'inventaire des arbres utilisés par ces communautés, puis les introduire dans la nature et installer des pépinières », détaille-t-il. Un projet soutenu par la direction du tourisme de la région du Tonkpi.À lire aussiCôte d'Ivoire: la langue sokya sauvée par des missionnaires traducteurs [1/4]

    Côte d'Ivoire: la langue sokya sauvée par des missionnaires traducteurs [1/4]

    Play Episode Listen Later Mar 31, 2025 2:39


    C'est l'une des langues les plus rares de Côte d'Ivoire : le sokya ne compte que 20 000 locuteurs. Cette communauté originaire de Vavoua, dans le centre du pays, redoute de voir son identité s'effacer à la faveur de l'exode rural. Pourtant, la langue n'est pas tombée dans l'oubli, en partie grâce à des missionnaires chrétiens qui ont contribué à le faire passer de l'oral à l'écrit. De notre correspondant à Vavoua,Stéphane, planteur de cacao, vit à Dédiafla, l'un des 13 villages de sa communauté. Les Sokyas y sont aujourd'hui minoritaires, car les jeunes partent, selon lui : « Ils vont s'installer en ville, parce qu'au niveau du village, il n'y a plus de forêt pour travailler. » L'exode rural fait craindre la disparition de la langue, jugée trop difficile, au profit du gouro et du français.Une Bible pour sauver la languePourtant, le sokya (également orthographié « sokuya ») perdure en partie grâce à un petit livre bleu : une traduction du Nouveau Testament. À l'origine de ce projet, il y a Philip Saunders, un missionnaire écossais arrivé en pays sokya dans les années 1970. « Il a commencé à interroger les anciens : "Est-ce que vous avez l'assurance que, dans dix ans, cette langue va continuer à être parlée ?" », confie le pasteur Ambroise Kalou.Ce dernier a fait partie de la douzaine de traducteurs qui ont assisté Philip Saunders : « Il a proposé de traduire et d'écrire afin que la langue soit préservée sur un support écrit. Nous nous sommes alors dits que si le Nouveau Testament était traduit en sokya, nous serions vraiment heureux d'avoir, nous aussi, notre propre version. »Un travail de fourmi Trente années ont été nécessaires pour transcrire plus de 2 000 mots de l'oral à l'écrit, à l'aide d'un alphabet spécial. La langue s'est même enrichie, selon Didier Bita, l'un des traducteurs.Les habitants sokyas de Dédiafla espèrent que leur langue survivra, à l'image d'Angéline : « Si la Bible est en sokya, alors les gens peuvent parler sokya. Le sokya existe. »À écouter aussiCôte d'Ivoire: quelles solutions face au déclin de la maîtrise des langues locales?

    Gabon: Wongo, le guerrier anti-colonial magnifié par général Oligui Nguema

    Play Episode Listen Later Mar 29, 2025 2:19


    Considéré comme une icône de la lutte contre les colons, à la fin des années 1920, le guerrier Wongo mena une révolte du peuple Awandji dans la région de Lastourville, dans le centre du Gabon. Une figure patriotique aujourd'hui honorée par les militaires au pouvoir et les autorités de la transition. De notre envoyé spécial de retour de Lastourville,Actuellement emballée dans l'attente de sa réhabilitation, voilà 20 ans que la statue du guerrier Wongo, armé de son fusil, trône sur le rond-point de la mairie de Lastourville, au Gabon. Il y a près d'un siècle, c'est sur les collines, à une trentaine de kilomètres, que ce notable fédérait les Awandji contre l'administration coloniale qui exigeait, en plus des taxes, des livraisons obligatoires au marché de la ville. Enseignant originaire de la région, comme la présidente du Sénat Paulette Missambo dont il est le collaborateur, Jean-Paul Tiri a travaillé sur l'histoire de Wongo :« Il a été taxé d'indiscipliné et c'est comme ça que l'administration coloniale avait ordonné son arrestation. Et c'est comme ça qu'il s'est organisé précipitamment avec les gens qui étaient autour de lui. Il a conçu une armée et a résisté contre l'administration coloniale. Il a été inventif. Il était presque quelqu'un d'invisible, en fait. »Pendant un an et demi, les rebelles tiennent la dragée haute aux troupes coloniales. Ils creusent des tranchées dans les collines, emploient des méthodes de guérillas, utilisent les grottes de la région comme caches, rappelle Ulrich Shultz Bavekoumbou, originaire du même village et qui nous mène à celle de Ngongourouma, dans une zone inexpugnable : « C'est d'abord un lieu très caché. C'est un bunker naturel qui servait d'abri à la famille et à la descendance. Et lors de la guerre de Wongo, les familles se sont réfugiées dans ces grottes parce qu'on trouvait l'alimentation pour se nourrir. »Symbole d'une régionLa répression est brutale. Wongo finit par se rendre en août 1929. Il meurt lors de sa déportation vers Bangui. En mai 2024, le général Oligui Nguema vient à Lastourville lui rendre hommage et promettre la rénovation de la statue. Un motif de fierté pour Jean-Paul Tiri : « Parce qu'il symbolise toute une région, tout un pays et que nous sommes fiers d'avoir pu l'immortaliser par cette stèle. Il y a eu effectivement des ouvrages là-dessus, et l'histoire de Wongo a été contée pour les plus jeunes. Ce que l'on souhaite à travers cette statuette, c'est perpétuer cette figure emblématique. »Mais la mise en avant du guerrier Wongo n'est pas neutre. Le sociologue Joseph Tonda y voit un moyen, pour le chef de la transition, de revendiquer une filiation : « Cet épisode est très intéressant parce qu'il renvoie aux schèmes de pensée selon lequel nous ne sommes pas des nuls. On a lutté pour sauvegarder notre identité, défendre notre culture. La deuxième dimension, c'est l'identification au héros. Donc, c'est lui. »Plusieurs organisations gabonaises appellent à une réappropriation de l'histoire et à la mise en valeur de figures nationales comme Wongo ou Emane Ntole en pays Fang.À lire aussiGabon: le général Oligui Nguema mène une campagne entre rupture et continuité

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