Un mercredi sur deux, une personne raconte comment elle vit sa double culture, comment dans tout ce bazar elle s'est construite pour devenir elle-même !
3 ans déjà ! Votre podcast préféré a fêté son anniversaire cet été, l'occasion de revenir sur la genèse et l'évolution du projet
Comment gérer le silence des parents sur nos origines ? Comment construire son propre sentiment d'appartenance ? Comment fabriquer sa légitimité en venant d'un milieu différent ? Comment introduire de nouveaux codes en entreprise ? Cet épisode a été enregistré en public, ce qui lui donne une saveur et une énergie particulière : enfilez vos écouteurs ! Sa grand-mère se taisant pendant 70 ans, Leïla Grison s'est cherchée longtemps et intensément, notamment à l'adolescence, avant de transformer le silence familial en permission d'être qui elle voulait être, fluide entre les mondes. Leïla est aussi Directrice Diversités, Equité et Inclusion chez Publicis France. Fille de médecin dans un quartier populaire, elle a très vite vu l'impact des assignations et de la précarité économique, qui laissaient de côté des gens brillants. Son motto ? Changer le système de l'intérieur ! Un épisode rempli de rires, de punchlines, d'émotions et d'engagement chevillé au corps. Bonne écoute ! Cet enregistrement en public a été rendu possible grâce au soutien de L'Ascenseur, un collectif d'associations réunies sous un même toit pour oeuvrer à plus d'égalité des chances❤️.
Sylvie Khamphousone (qui publie sous le nom de Sylvie Li) a écrit le livre « La conception de Léo avec la PMA », pour expliquer la PMA à son fils et à tous les enfants. Sylvie est française et chinoise, et lesbienne – même si elle ne se limite pas à ces trois étiquettes ! Nous avons parlé de vrai et faux nom de famille, d'environnement plurilingue, de bachoter une langue pour pouvoir la transmettre… et d'intersectionnalité. Du rire aux larmes, nous avons parlé de ce que signifie grandir dans son identité et affirmer ses choix. « Mes parents, ils viennent de loin, ils n'ont pas fait beaucoup d'études, ils sont venus en France en comme passagers clandestins et je me dis waouh, ils ont quand même réussi à accepter finalement leur enfant qui est lesbienne d'origine chinoise » Sylvie est très active auprès de différentes associations pour sensibiliser les enfants à l'antiracisme et à l'homoparentalité notamment. Bonne écoute !
Elizabeth Tchoungui est une journaliste française et camerounaise, qui a animé de nombreux programmes culturels à la télévision française. Elle est aujourd'hui en charge des sujets RSE et Diversité au sein du comité exécutif du groupe Orange. Petite, elle a détesté être différente – pour les un-es, la Blanche qui ne parlait la langue ewondo, pour les autres, la Noire aux cheveux frisés. Diplômée de l'ESJ Lille, elle doit néanmoins se battre pour ne pas être l'archétype de la « fille du soleil » à la télé. Sa crédibilité sur des programmes "avec du fond" en fait un rôle modèle malgré elle. Nous avons aussi parlé de sujets qui ne sont frivoles qu'en apparence : après avoir longtemps laissé ses cheveux au naturel, Elizabeth Tchoungui décide à un moment de sa carrière de les lisser : les propositions pleuvent tout à coup de la part des producteurs TV ! Bonne écoute :)
Nabil Ouali est né en France de parents marocains. Dans cet épisode, il parle de « la honte d'être arabe ». Dès l'enfance, il se questionne sur son identité d' « enfant issu de l'immigration » qui, en toute situation, s'observe pour définir les contours de sa différence. Il cherche constamment, par son style vestimentaire, son éloquence et son comportement, à ne pas être perçu comme « l'arabe ». Aujourd'hui, Nabil a fait la paix avec la langue qu'il avait rejetée, avec la honte qu'il a pu éprouver, avec son déni (qui l'a aussi beaucoup protégé). Il accueille ce qu'il n'a pas accueilli avant et accepte d'être « culturellement difforme ». Cette conversation parle de racisme intériorisé, mais aussi de réinvention, d'amour de soi, de résilience. Bonne écoute !
Sylviane a des racines sénégalaises, françaises, antillaises, libanaises, au croisement entre aristocratie, royauté, bourgeoisie et esclaves. Mais elle découvre en maternelle qu'elle est noire, puisque les autres enfants refusent de jouer avec elle pour cette raison. Elle découvre aussi, en grandissant, l'étendue de ses origines et la possibilité de se construire sans forcément « choisir son camp ». Chez L'Oréal, Sylviane crée un pinceau de maquillage qui s'adapte à différentes teintes de peau – il sera en rupture de stock en quelques jours. Quelques années plus tard, Sylviane devient Responsable Diversité & Inclusion : Sylviane va occuper ce poste pendant 7 ans et fédérer d'autres grandes entreprises pour fonder l'Association française des managers de la diversité (AFMD). « J'ai moi-même manqué de modèles de femmes noires en France, à part Joséphine Baker avec laquelle on me comparait parfois, et qui est avant tout américaine ». Retrouvez sur notre site web toutes les références citées dans l'épisode : joyeuxbazarpodcast.com
Quand on est blanc-he et franco-britannique (deux nationalités plutôt valorisées, donc), comment ça se passe, la double culture ? Eh bien on a deux passeports privilégiés, certes, et on retrouve aussi les tribulations de toutes celles et tous ceux qui existent à l'intersection entre deux mondes : la difficulté à se positionner parfois, et le regard de l'autre qui tente et retente de nous mettre dans une case ! Avec William, né en France de deux parents anglais tombés amoureux de l'Hexagone, on parle bilinguisme, Brexit, passeports, étrangeté et bouteilles de vin avec un bouchon à vis (#shocking). On parle aussi d'identité en devenir, de « work in progress ». Nous avons parlé : du Lycée international de Sèvres de la marque typiquement britannique Topman de la ville de Leeds, en Angleterre du rapport à l'alcool des jeunes Anglais-es des bouteilles de vin au bouchon à vis, donc du Brexit et de l'instabilité politique qu'il provoque au Royaume-Uni du droit du sol en France de l'Etat du Qatar des Français-es musulman-es qui choisissent de quitter la France du racisme subtil qu'on ne voit pas quand on n'en est pas victime des contrôles de passeport aux frontières des discours sur l'immigration en France et en Europe de hubs économiques à créer dans les banlieues Bonne écoute ! Notes de l'épisode, plus d'infos sur notre média et nos interventions en entreprise : joyeuxbazarpodcast.com
Koussée est née à Moscou, d'un papa tchadien venu étudier en URSS et d'une maman originaire du Donbass en Ukraine. Elle grandit à N'djamena jusqu'au coup d'Etat de 1990, avant d'être exfiltrée vers Paris à bord d'un avion militaire avec sa mère et sa sœur. 30 ans plus tard, Koussée rend hommage aux Français-es qui l'ont accueillie et intégrée, notamment les parents de ses camarades. Elle questionne aussi le choix d'intégration radical qu'a fait sa mère, ainsi que la place du multiculturalisme en entreprise. Nous avons parlé : - d'arriver à Paris en hiver dans un centre de rétention ! - du rôle des ami-es et parents des ami-es dans l'apprentissage des codes - du choix de sa mère de ne pas fréquenter les communautés russe ou tchadienne à Paris - du choc entre la culture tchadienne (marcher lentement, ne pas interrompre les aîné-es) et les codes de l'entreprise occidentale (paraître pressé-e, avoir du mordant) - du décalage entre le discours et les faits en entreprise sur la question de la diversité culturelle (« les gens qui me ressemblaient, c'étaient la femme de ménage, puis au bout de dix ans le mec de l'informatique ») - de la difficulté d'être un porte-drapeau ( « on a le pouvoir d'influer, mais on est aussi très occupé-e à se défendre soi-même ») - du rôle essentiel de l'hospitalité pour que nous fassions corps ensemble en tant que société - de la force des œuvres culturelles pour garder un lien avec son histoire - de la transmission de la langue (« mon fils ne pourra pas communiquer avec ma famille ukrainienne, ce lien va s'arrêter avec moi ») Bonne écoute !
Marie Dasylva est coach et autrice. D'origine bissau-guinéenne, elle a longtemps travaillé dans la mode avant de créer son agence Nkaliworks pour accompagner les personnes victimes de discriminations au travail, grâce à des stratégies d'autodéfense sur mesure. Son livre Survivre au taf parle de réhabiliter le statut de victime (une idée qui m'a bouleversée, et j'en parle), de réécrire les scènes traumatisantes avec des fins différentes, de faire respecter son humanité, de la fuite comme déclaration d'amour à soi-même. Dans cet échange, nous parlons de colère, de renaissance, de combats et d'espoir ! Les notes et références de l'épisode sont sur notre site web joyeuxbazarpodcast.com. Bonne écoute !
Le thème de cette troisième saison était la rencontre. Rencontre avec soi, rencontre avec un autre pays qui nous ramène à nous-mêmes et à ce que nous sommes profondément. Rencontre entre deux parents, entre deux religions, entre deux fantasmes réciproques. Rencontre entre la grande et la petite histoire aussi... Marion, Myriam Levain, Fatemeh Jailani, Sofiane Boubahlouli, Tiphanie et Lila Carlier ont été nos invité-es pour cette troisième saison. Un immense merci à ces six personnes qui m'ont accordé leur confiance et permis à Joyeux Bazar de poursuivre sa mission : ouvrir la parole sur les questions de multiculture et de diversité culturelle. Merci aussi à vous auditrices et auditeurs, pour votre écoute assidue et enthousiaste ! Retrouvez toutes ces histoires sur joyeuxbazarpodcast.com et sur toutes les applis de podcast !
Danseuse, chorégraphe et mille autres choses, Lila Carlier tranche dans le milieu artistique et culturel très bouillonnant de Douala. Elle y détonne autant par sa différence visible que par son aisance : Blanche parmi les Noir.es, artiste fauchée parmi les artistes fauché.es. Etant de passage à Douala à l'été 2021, j'ai voulu savoir, de ses propres mots, comment elle vit réellement le Cameroun. Et j'ai appris que derrière la fille bravache qui n'a pas peur de prendre la moto-taxi la nuit, il y avait aussi une furieuse envie d'être acceptée et aimée. Jusqu'où est-on prêt.e à aller pour s'intégrer ? Dans cet épisode nous avons parlé : d'être perdu.e entre deux cultures et ne plus très bien savoir qui on est (0'51) de l'envie farouche de s'intégrer, de se fondre dans le moule, loin du cliché de l'expatrié.e surprotégé.e (4'30) de l'histoire coloniale qui teinte encore beaucoup les imaginaires collectifs et les relations entre Noir.es et Blanc.hes dans le pays (7'12) de la manière dont Lila tente désormais de revenir aux fondamentaux de qui elle est vraiment, notamment en s'éloignant du Cameroun pour mieux le retrouver (9'17) d'une certaine rage de vivre et d'une capacité à rêver et inventer sa propre voie, qu'elle a trouvées chez les Camerounais.es et qui l'a transformée positivement (11'16) de ce qui, au fil des aventures, a pu plier en elle mais ne rompt pas (15'20) de sa relation avec la France, pays qu'elle a fui et qu'elle est peut-être prête à retrouver maintenant(18'30) Le témoignage de Lila porte un regard inversé par rapport aux récits habituels, et en cela finalement très universel, sur les questions d'intégration, de différence, de lien entre la petite et la grande histoire... Les notes de l'épisode sont à retrouver sur notre site web !
Depuis bientôt 8 ans, Tiphanie, française, vit à Montréal (où elle est Tiffany
Marcher pour aller à la rencontre de soi. En 2017, Sofiane Boubahlouli a parcouru plus de 5600 kilomètres à pied pour relier la Moselle, où il a grandi, à l'Algérie de son père. Nous avons parlé : - de ses fantasmes d'enfant sur l'Algérie, nourris par le silence paternel (1'55), - de la triple ambition du projet, entre appropriation du pays natal, retour sur les traces de son père et découverte des chemins de Compostelle (5'34) - de ce qu'on pense et ce qu'on ressent quand on marche vers soi, suivant son propre chemin tout en s'inscrivant dans les traces d'une histoire plus grande que soi (6'47) - de la manière dont marcher, être dans l'instant présent, lui a permet d'écrire son propre destin et donc sa propre identité (10'14) - des complications administratives qui ont surgi à la fin de son voyage et ont bouleversé l'objectif initial (11'42) Restés en France, les parents de Sofiane ont néanmoins également cheminé avec lui à travers l'art. Ils ont créé ensemble une exposition qui mêle peinture, musique et images de voyage. Et bien évidemment, je lui ai demandé qui il est devenu !
Alors que les Américains ont quitté Kaboul avec pertes et fracas cet été, c'est le moment d'entendre Fatemeh, américaine d'origine afghane. Nous avons parlé bien sûr de la sidération au coeur de l'été et du sentiment, pour elle comme pour ses parents, de revivre des souvenirs enfouis : la famille qui appelle pour demander de l'aide, les cousin.e.s au destin stoppé net, le pays coupé du monde. Fatemeh raconte la fuite de ses parents aux Etats-Unis à la fin des années 70, le mythe du retour au pays, la pression pour être des Afghan.e.s parfaits dedans et des Américain.e.s parfaits dehors, l'incompréhension entre les générations. Elle dit comment on se perd à vouloir s'adapter à tous et à tout, mais aussi comment on se reconstruit. Comment on crée un endroit que l'on peut appeler chez soi, comment on découvre que sa voix compte, comment on jongle avec le fait de vivre ici alors qu'une part de soi se meurt ailleurs. Fatemeh a rejoint la direction de Singa, une association qui crée du lien entre personnes réfugiées et populations locales.
« La vérité si je mens », du couscous et de la bonne humeur à tous les étages, mais l'histoire séfarade est aussi faite d'exils – des aspects souvent tus ou enjolivés par les protagonistes. La Tunisie comptait près de 100 000 personnes juives à la fin des années 40, contre 1 500 aujourd'hui, les autres ayant émigré principalement en France et en Israël… Mon invitée Myriam Levain, cofondatrice de Cheek Magazine, a créé le projet @StayTunes qui collecte des témoignages autour des Juifs tunisiens et Juives tunisiennes. Avec Myriam, nous avons parlé : - de cette nouvelle génération qui traverse la Méditerranée pour retrouver les traces de l'histoire familiale (3'47), - des Séfarades qui taisent leur traumatisme du déracinement car mineur en comparaison avec la Shoah (12'09), - de ce qu'est aujourd'hui l'identité juive tunisienne, et du cliché des Séfarades joyeux.ses face aux Ashkénazes angoissé.e.s (16'03), - de ce que signifie être à la fois juif.ve et arabe, une réalité et des passerelles pas suffisamment représentées dans les médias (20'46), - de la visibilité et la fierté croissantes de cette histoire juive et séfarade au sein de l'histoire de France (28'35) Et pour finir, j'ai bien évidemment demandé à Myriam qui elle est devenue… Merci à elle pour sa confiance. Cet épisode en live et en public a été enregistré au Ground Control à Paris dans le cadre de l'événement Nouvelles Voix organisé par Le Medialab 93 avec La Ruche Paris. Merci à toutes les équipes qui ont rendu cela possible, au public qui a répondu présent et à toutes les personnes qui nous écoutent et nous soutiennent ! Toutes les notes de l'épisode sont disponibles sur le site web de Joyeux Bazar.
Marion est née d'une maman juive tunisienne et polonaise, et d'un papa catho issu d'une famille vieille France très à droite... Comment grandit-on entre deux mondes qui se vivent comme adversaires ? Comment évite-t-on de choisir un camp ? Comment "habiter la frontière" ? L'épisode 34 marque le début de la saison 3 de Joyeux Bazar, dont le thème est « la rencontre » ! Nous avons parlé de la rencontre entre ses parents, entre fétichisation, culpabilité, mais amour aussi (2'49), de cette impression de porter un costume trop grand pour soi quand on a une culture juive et un nom à particule (8'12), du fait d'exister (et se maintenir) "à l'intersection" plutôt que dans un seul monde (13'46), de la communauté comme cocon rassurant et/ou étouffant (20'26) . Un merci infini à Marion pour sa confiance, ses rires. On lui envoie plein d'amour. Toutes les notes de l'épisode sont à retrouver sur joyeuxbazarpodcast.com !
Nedir, Archcena, Maboula Soumahoro, Lucien, Inès, Nabil Wakim, Mahir Guven, Lyse, Marc-Alexandre Oho Bambe, Saadia, Myriam, Anne-Claire Meret, Mélie, Wilfrid Lauriano do Rego, Lusine, Cristina, Charline, Marie-Cécile Zinsou, Sabrina, Irène et Curtis ont été mes invité.e.s cette saison. Un merci infini à elles et eux, Joyeux Bazar n'existerait pas sans leur confiance. Ni sans votre écoute assidue et enthousiaste, auditrices et auditeurs. Retrouvez toutes leurs histoires sur joyeuxbazarpodcast.com !
Curtis Young est américain. Il a grandi à Chicago et a vécu mille vies avant d'arriver en France, il y a presque 25 ans, et se sentir enfin chez lui. Une évidence qui lui a donné l'énergie de reprendre des études de français et d'histoire pour venir vivre ici. C'est l'histoire d'un Noir Américain tombé amoureux de la France, et qui reste néanmoins très lucide sur notre pays, ses rigidités, son refus de voir les couleurs, sa fascination pour les Noir.e.s s'iels sont américain.e.s. Mais plutôt que de regretter la fétichisation dont il fait l'objet, il a pris le parti d'en profiter – pour entamer une brillante quatrième carrière, et plus généralement pour vivre « a wonderful life ». Nous avons parlé ce sentiment très fort qu'il a éprouvé en arrivant en France par l'Eurostar (2'02), du regard qu'il porte sur son pays natal – heureux de s'y être construit, heureux de ne plus y vivre (3'10), des trois ans qu'il a passés au Japon comme espion pour l'armée américaine et qui lui ont fait découvrir une autre humanité (7'28), du sentiment de ne pas être chez soi et l'envie de voir plus grand (9'44), du racisme profondément ancré dans l'histoire et le fonctionnement des Etats-Unis, mais que l'on accepte de voir (11'21), d'une société française engluée dans son illusion universaliste mais qui lui offre des opportunités inédites (14'23), de la différence de statut entre Noir.e.s africain.e.s et Noir.e.s américain.e.s en France (15'43), de la contribution des Noir.e.s à la formation et la richesse des Etats-Unis (17'20), de l'identité comme carte de visite (19'07) ! Rendez-vous sur joyeuxbazarpodcast.com pour retrouver toutes les notes de l'épisode !
Par le biais du droit du sol, Sabrina est née canadienne au milieu d'une famille argentine, mais a grandi en Europe et tente depuis quelques années de retrouver ses racines éparpillées à travers les continents. Elle est aussi une femme « latino blanche », qui oscille donc en permanence entre discrimination et privilèges. C'est ainsi qu'elle a créé le projet Ally Book Club qui explore, à travers le pouvoir des livres, le rôle et la posture de l'allié.e face au racisme structurel. Nous avons parlé des expatriations successives de sa famille grâce à la carrière de footballeur de son père (1'58), de sa conception de la position d'allié.e et notamment sa conviction que « il faut se taire et écouter celles et ceux qui ont l'expérience » (5'10), de son entre-deux identitaire entre charge raciale et privilège blanc (7'22), de la place de la culpabilité dans la posture d'allié.e (9'23), de son mémoire de recherche sur l'impact des livres sur l'imaginaire, mémoire qui préfigure le compte @allybookclub (11'07), de son statut de parente blanche d'enfants racisés (14'14), et bien sûr nous avons parlé d'ancrage, de retrouvailles espérées avec soi (15'48). Merci à Laura de Mome Podcast pour le montage et mixage. Rendez-vous sur joyeuxbazarpodcast.com pour retrouver toutes les notes de l'épisode !
Irène Olczak a créé Paulette Magazine pour montrer des femmes qui ressemblent à ses amies, des femmes « pas toute blanches, blondes, au ventre plat ». Mais aussi pour réconcilier Paris et la banlieue, tenter d'amadouer cette frontière sociale, économique, culturelle qu'est le boulevard périphérique. Ayant toujours vu sa mère turque très à l'aise dans tous les milieux alors qu'elle était arrivée en France sans parler la langue, elle s'est peu à peu forgé la conviction que « notre différence, c'est notre force ». Tout en reconnaissant que c'est plus facile à dire qu'on est blanc.he… Une déconstruction progressive et une posture d'alliée, qui ont contribué à la genèse du magazine Paulette. Irène partage avec nous l'histoire de sa maman arrivée en France par amour et de son propre rapport à la Turquie (2'47), sa culture de banlieue et la fascination qu'elle avait pour Paris telle que représentée dans la presse féminine (8'08), du privilège d'avoir une différence qui ne soit pas handicapante et de son frère qui a préféré changé de prénom (10'28), de son expérience d'alliée face aux discriminations (13'01). Je l'ai aussi questionnée sur la manière dont Paulette utilise l'art pour véhiculer des messages politiques et sociétaux forts (14'25), et sur la façon de conserver de la street credibility quand on est devenu un média de premier plan – l'éternel conflit de loyauté des multiculturel.le.s (16'36). Merci Irène pour la confiance, rendez-vous sur joyeuxbazarpodcast.com pour retrouver toutes les notes de l'épisode !
Lassée des silences sur les origines chinoises, malgaches, alsaciennes et russo-mongoles de sa famille, Charline s’est d’abord éloignée de ses racines, rejetant notamment tout ce qui la renvoyait à cette Chine dont on ne voulait rien lui dire. Puis, en explorant les questions de féminisme et de genre et en devenant maman, elle a commencé à s’intéresser à l’éducation non genrée, à l’intersectionnalité, aux pensées décoloniales… Autant de sujets qu’elle aborde avec un prisme politique et sur un ton pédagogue sur son blog « Mon fils en rose ». Nous avons parlé d’asioféminisme (2’01), de son histoire familiale (4’51), des secrets de famille (7’26) et de sa technique pour en apprendre plus (elle fait boire son oncle !), de termes qu’elle estime problématiques comme « jaune » ou « les yeux bridés » (12’22), du déclic qui l’a amenée à se réconcilier avec son identité asiatique (15’35), de ses engagements féministes qui ont donné naissance au blog « Mon fils en rose » (17’05) et à une éducation antisexiste et antiraciste pour son fils, de l’importance d’une juste représentation dans la littérature jeunesse (23’06) et, plus généralement, de la légitimité de celles et ceux qui écrivent nos histoires… Rendez-vous sur joyeuxbazarpodcast.com pour retrouver toutes les notes de l’épisode !
Cristina Filipe Araujo a créé le podcast ExpatHeroes pour raconter les histoires d’expatriation qu’on n’entend pas assez : les difficultés, les chemins de traverse, le poids de la distance, l’accélérateur de développement personnel. Après l’Espagne avec un bébé de 3 mois, puis retour en France, puis la Suède, puis encore la France, elle vit en Angleterre depuis 5 ans. Dans chaque pays d’accueil, sa propre identité franco-portugaise a évolué et, surtout, celle de ses deux enfants. Elle a peu à peu accepté le fait qu’ils seront avant tout des « citoyens du monde », mais il y a des éléments de transmission sur lesquels elle ne compte pas transiger ! Nous avons parlé de la victoire du Portugal face à la France en finale de l’Euro 2016 (2’21), des clichés sur l’expatriation (4’13), des « third culture kids » (TCK) ou « enfants de la troisième culture » qui ont une identité différente de celle(s) de leurs parents (7’15), des efforts de transmission de son mari et elle (9’43), des difficultés de la ‘serial expatriation’ pour les enfants (12’39), de l’anomalie que représente un.e Franco-Portugais.e dans certains pays (15’01 – mention spéciale au « mais vous êtes française ou vous êtes portugaise ? »), du sentiment d’être étranger.ère partout, tout le temps (16’33). Rendez-vous sur joyeuxbazarpodcast.com pour retrouver toutes les notes de l’épisode !
Anne-Claire Meret est « un quart marocaine », mais ce quart-là ne lui a jamais été transmis. Pas la moindre allusion aux origines de son père, pas la moindre réponse quand elle a questionné sa famille. Encombrée par une histoire dont elle ne savait pourtant rien, elle a dû entamer un long travail de libération des mémoires familiales pour « récupérer des bouts de soi » et être enfin en paix. Nous avons parlé de Berlin où elle s’est installée à la fois « par amour et par défaut » (1’19), des racines marocaines totalement absentes de son enfance (3’27), de ses premiers voyages au Maroc, seule (5’50), de la thérapie qui l’a aidée à se délester du silence (7’48), de son rapport à la question « tu viens d’où ? » (11’03), de comment créer sa tribu pour s’ancrer quand on se sent flottant.e (12’07), de ce qu’elle voudrait transmettre, elle, pour ne pas répéter le schéma (15’03). Un épisode très intéressant, pour quelqu’un qui pensait ne pas avoir grand-chose à partager ! Rendez-vous sur joyeuxbazarpodcast.com pour retrouver toutes les notes de l’épisode !
Marie-Cécile Zinsou a créé le premier lieu africain d’art contemporain sur le continent. Après une vingtaine d’années à fantasmer le Bénin de son père, où elle ne pouvait mettre les pieds pour des raisons politiques, elle a décidé que ça suffit, sa construction passe par ce pays, elle est donc partie. Comment s’installe-t-on dans un pays qui est chez soi mais dont on ne connaît pas les réalités ? Comment une famille décide-t-elle d’investir son énergie et son patrimoine dans un projet inédit ? Comment gagne-t-on sa légitimité d’Africaine en étant blanche, française, étrangère ? Avec Marie-Cécile Zinsou nous avons exploré le fameux mythe du retour au pays, un sujet cher à Joyeux Bazar… Vous nous entendrez parler de l’Angleterre où on lui a renvoyé tant de clichés sur les Français (1’07), de la place du Bénin dans son enfance parisienne et de l’importance des musées pour construire l’identité (3’44), du besoin impératif et non négociable qu’elle a eu soudain d’aller sur place (7’14), la genèse de la Fondation Zinsou (10’20), des difficultés pratiques pour mettre en place un tel projet (13’28), de la question de la légitimité pour implanter un lieu d’art en Afrique quand on est femme, blanche, jeune et « fille de » (15’39). Nous avons bien sûr évoqué la question de la restitution du patrimoine culturel africain dont elle est une fervente avocate (18’26), et Marie-Cécile a évoqué ses enfants, « les seuls petits Blancs qui s’appellent Ayodélé et Ola Bisi »…
Maboula Soumahoro, la spécialiste des identités africaines-américaines et de la diaspora noire, a publié en 2020 « Le Triangle et l’Hexagone ». Elle y raconte comment son identité s’est peu à peu déployée par-delà la France, pour embrasser cet océan qui relie l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Et pour réhabiliter la construction sociale, originellement dévalorisée, qu’est la couleur noire. Nous avons aussi parlé de la perte, celle de la langue maternelle et celle du continent originel notamment, et de la nécessité de constater cette perte pour pouvoir, tant bien que mal, poussé.e par la pulsion de vie, construire autre chose. De plus grand. Elle a ri de ses ambivalences, ses drames, sa résilience peut-être. Nous avons évoqué la chanson « Tonton du Bled », hymne de tant d’enfants d’immigré.e.s (3’36), le mythe du retour entretenu par les parents (8’01), la transmission ou non de la langue et le dialogue impossible avec sa mère (11’07), l’avance des universités américaines sur certains sujets (18’08), les joies et peines de l’identité diasporique (21’45), la blanchité (29’17), la France excluante mais omniprésente dans sa vie (31’24), le conflit de loyauté des Afropéen.ne.s qui bénéficient du rapport de force géopolitique Nord / Sud tandis que leurs plus proches, parfois, en paient le prix fort (36’05). De très nombreux sujets de diasporas abordés avec émotion et clarté...
Pour Lusine [lou-ci-né], la France a d’abord été une opportunité professionnelle avant d’incarner « une chambre à soi » : alors que ses amies n’ont quitté la maison familiale que pour se marier, elle se confronte à l’inconnu, gagne sa vie, s’émancipe. Lusine a découvert ici la joie de décider de sa propre trajectoire, mais elle est toujours très attachée à son pays, et cherche en permanence un équilibre. Nous avons parlé de la bénédiction paternelle pour son départ et de sa première nuit sans ses parents (3’20), de sa naturalisation après qu’on lui avait gentiment demandé de quitter le territoire (6’35), des mœurs en Arménie (9’10) et des tentatives désespérées de sa mère pour la marier (12’35), de la subtile ligne de démarcation entre Arménien.ne.s de la diaspora et « vrai.e.s » Arménien.ne.s (15’30), de ce sentiment de n’être chez soi nulle part (16’48), de la guerre qui a éclaté en Arménie fin 2020 dans l’indifférence générale (18’44) et du sentiment de culpabilité qu’il y a à rester en sécurité à l’étranger quand les siens risquent leur vie, de la fierté et tristesse mélangées qui habitent ses parents (22’15). Un épisode très Joyeux Bazar : toutes sortes d’émotions complexes se mêlent, et on rit beaucoup malgré tout. Pour écouter d'autres épisodes, retrouver les références et vous inscrire à la newsletter, rendez-vous sur joyeuxbazarpodcast.com !
Wilfrid Lauriano do Rego est le président du Conseil de surveillance de KPMG France, il est aussi le coordonnateur du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), créé par Emmanuel Macron dès le début de son mandat. Né à Cotonou, Wilfrid a grandi et étudié à Dakar avant de découvrir Helsinki, s’installer à Paris, s’éprendre de Londres. Aujourd’hui, il porte auprès du président français une parole à la fois française, africaine, diasporique… un numéro d’équilibriste qu’il parvient à réaliser grâce à sa certitude de contribuer à faire bouger les lignes. Nous avons parlé de son départ du Bénin, seul, à l’âge de 15 ans (3’55), de Dakar où il a passé les meilleurs moments de sa vie (5’19), du rôle de la diaspora dans sa carrière (9’13), de sa stratégie pour briser le plafond de verre (11’23), du CPA et sa marge de manœuvre au sein de cet organe (13’46), de boubous et de transmission (18’45)…
Mélie Nasr est française et libanaise, elle a grandi à Londres. Voilà pour le pedigree. Quant à savoir qui elle est, c’est autrement plus complexe, mais passionnant et instructif. Nous avons parlé : - de la littérature qui lui a permis de comprendre les « espaces de possibles » entre la culture de ses parents et le reste du monde (2’27), - de son physique qui lui permet de passer incognito tant qu’on n’a pas entendu son accent ni vu son nom de famille (3’39), - de son arrivée en France à 13 ans où elle découvre qu’elle est arabe (8’22), - de tous ces gens qui évaluent à quel point son type d’arabité est acceptable ou non (10’50), - de la « stratégie de passing » mise en place par ses parents (12’59) pour leur éviter le racisme, ses soeurs et elle, - du sentiment d’exil et de sa liste de pays « safe » au cas où il faudrait fuir (18’12), - de son excellent podcast Passé Recomposé dans lequel des personnes racontent l’histoire de leurs grands-parents (20’10), - de sa nouvelle réponse à l’inévitable et fatigante question « tu viens d’où ? » (22’10), - de son rapport à la langue française et son livre « Re : contes » qui vient d’être réédité et que vous pouvez commander ici !
Myriam – ou Anaëlle, car elle se débat encore avec son prénom de France et son prénom du Maroc, s’est installée avec sa sœur dans le pays de son père, comme une évidence, il y a deux ans. Elle s’est ainsi rapprochée de racines qu’elle trouvait méconnues et méprisées en France, pour autant le quotidien de « repat » et d’entrepreneure n’est pas simple. Et surtout, le retour ne règle pas forcément la question de l’identité et du sentiment d’appartenance. Comment enfin s’intégrer et ne plus être la « gwer » ? Une histoire complexe racontée tout en douceur.
Mahir Guven, Goncourt 2017 du premier roman, est né apatride avant de « devenir » turc, puis français. En fait, il est chez lui partout : si ce n’est par l’héritage culturel, alors c’est par le désir ! Nous avons parlé et ri autour de l’expression « français de souche » (5’51), des traditions familiales (7’08), de ce que signifie être apatride (8’06), des rapports entre Turcs et Kurdes (10’27), de la naturalisation (12’19), des mots, qui l’ont accompagné et guidé dans toutes les étapes clés de sa vie (14’02), de son roman Grand frère (16’41), de La Grenade – fruit doux mais ardu, bombe terrible, ville multiculturelle, et nom du label littéraire qu’il a créé en 2019 pour faire émerger de nouvelles voies (22’42). Bonne écoute !
Nabil Wakim a écrit L’arabe pour tous – pourquoi ma langue est taboue en France. Né à Beyrouth et arrivé en France à quatre ans, il s’est peu à peu éloigné de sa langue première et, finalement, a perdu l’arabe. Il raconte l’angoisse et la honte à chaque voyage au Liban (1’36), comment l’arabe est devenu une langue exclusivement domestique et le français, son outil de compréhension du monde (4’24), sa redécouverte de l’arabe à travers l’apprentissage de l’espagnol (9’07), la communication impossible avec le reste de la famille (10’35). Nous avons aussi parlé de cette autre facette de soi qu’on (s’)offre quand on change de langue (12’40), du long chemin vers l’acceptation de ses lacunes (14’15), de l’enseignement des langues vivantes en France (15'21), de l’impérieuse nécessité d’enseigner l’arabe de manière laïque (18’02), et du paradoxe de cette langue, méprisée quand elle est parlée par un.e immigré.e mais valorisée dans les milieux élitistes (21’40). Cet épisode, très riche, en fait résonner plusieurs autres, tant le sujet de la langue maternelle et de sa transmission ou non revient fréquemment chez les invité.e.s de Joyeux Bazar… ! Références : nous avons mentionné les auteurs.rices Emmanuel Carrère (Un roman russe), Cyril Pedrosa (Portugal) et Fatma Bouvet de la Maisonneuve (Une Arabe en France), les sociologues Kaoutar Harchi et Stéphane Beaud (La France des Belhoumi), la réalisatrice Houda Benyamina, mais aussi les Rougon-Macquart, la chanteuse Fairouz ou encore l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales).
Saadia est avocate en droit international. Elle a grandi à Chantilly, à 40 kilomètres de Paris. Ses parents pakistanais se sont rencontrés à Paris où ils étudiaient, et se sont mariés en faisant fi des conventions (2’39). Ourdou à la maison, anglais à télé (et chez les Scouts britanniques !), français à l’école (y compris au catéchisme !), Saadia a grandi en se nourrissant de personnes toujours plus différentes d’elle (3’47). A l’adolescence, elle a développé une fascination pour les Etats-Unis, mais aussi pour ses racines indo-pakistanaises, au moment même où ses parents, eux, se reconnaissaient de moins en moins dans leur pays (8’10)… Un peu plus tard, elle a eu l’outrecuidance d’épouser un homme qui n’est « pas pakistanais, même pas au moins musulman » (13’46) ! Après avoir étudié et travaillé aux Etats-Unis (où elle découvre avec effroi l’étiquette « diversité », 15’38), elle vit désormais au Royaume-Uni. On la suit à travers ses voyages, ses rencontres, son rapport à l’altérité et à l’en-commun, et son questionnement sur son identité propre (« je suis une éponge ! » 17’50).
Marc-Alexandre Oho Bambe, alias Capitaine Alexandre, est poète et slameur. Si Port-au-Prince est pour lui une ville-poème et Douala, le lieu de l’enfance éternelle, il ne se reconnaît aucune autre patrie que la poésie. La poésie de manière radicale, pour respirer, pour dire le monde, pour faire acte. Nous avons parlé de Douala bien sûr (3’30), de la France comme étape évidente de son rêve de devenir écrivain (5'28), de la découverte d’Aimé Césaire et René Char à 15 ans (8’20), de ces mots qui permettent d’emmener sa maison partout avec soi (10’08), de l’identité-rhizome « qui permet d’aller voir ailleurs si on est » par opposition à l’identité-racine souvent enfermante (11’56), de ce qui, tant de livres, de spectacles, d’ateliers et de reconnaissance plus tard, le jette encore et toujours sur la feuille (14’)… Un épisode qui rappelle que « la frontière est certes le lieu qui ferme, mais aussi celui qui ouvre » !
« Ah, là tu es vraiment française, hein », « là, ça se voit que tu es asiatique, toi… ». Lyse, française et cambodgienne, a été renvoyée toute son enfance à l’une ou l’autre de ses cultures, comme si elle n’était qu’un héritage génétique et culturel, et pas un être à part entière, unique. Elle n’a jamais pu parler de manière profonde de sa double culture, la conversation s’arrêtait toujours à « ce métissage, c’est génial ! ». Réaction positive mais qui fermait la porte à tout questionnement… Elle vit aujourd’hui en Thaïlande, où elle élève ses deux garçons en mettant l’accent à la fois sur leur héritage et sur leur unicité, ce qu’ils sont en tant qu’êtres vivants et ce qu’ils veulent devenir. Un épisode apaisant et inspirant.
Lucien est hongkongais par son père, français par sa mère. Après avoir entendu pendant toute son enfance en Chine "dis donc, tu parles super bien le cantonais !", il a fait la paix avec sa différence. Elle lui permet, paradoxalement, de se fondre partout - ce qui est utile quand on travaille aux quatre coins du globe ! Nous avons parlé des lycées français de l'étranger (1'54), de Paris (2'28), de l'utilité du métissage quand on est reporter (3'01), de l'étranger comme tiers-lieu où se libérer de ses origines (4'13), du décalage entre apparence et identité (6'05), de l'importance pour lui de connaître précisément ses racines et se sentir légitime dans les deux mondes (8'14), du quartier chinois de Belleville et de la joie d'y croiser d'autres Cantonais (10'17), du fait d'avoir son père racisé et non sa mère (13'56), de la situation politique actuelle à Hong Kong (14'51), de la manière emmêlée et douloureuse dont il vit cette situation en tant que journaliste / enfant du pays / Occidental / expatrié (17'06). Un beau parcours !
Archcena, alias The Curious Mango, est française de parents srilankais tamouls arrivés en France après une histoire tout à fait digne de Bollywood ! Elle a grandi en région parisienne, dans une ville où tout le monde était différent, avant de se sentir tiraillée à l’adolescence entre ses deux cultures. Mais voilà, la vie continue : une carrière en banque, l’expatriation à New York, un voyage autour du monde, une reconversion professionnelle… et c’est bien en se perdant qu’elle a trouvé son chemin. Nous avons parlé de New York, de l’Inde et du 9-3 (1’42), de l’incroyable histoire d’amour de ses parents (3’30), de son enfance à Villepinte (6’30), du dilemme entre traditions parentales et envies de liberté (7’28), de toutes ces situations dont on ne sait toujours pas, des années plus tard, si elles étaient racistes ou non (9’49), de la fameuse question « vous venez d’où ? » (11’11), des transfuges de classe et de confiance en soi (12’29), de voyage ici et là (13’18), de se reconvertir dans la cuisine quand tes parents voulaient que tu fasses de grandes études (14’52), d’ayurveda (18’22), de transmission à ses enfants (19’02). Un échange très riche et plein de bonne humeur !
Nedir est né algérien et hongrois (oui, oui !), le voici désormais français depuis quelques mois. Une naturalisation pour dire merci à la France, pays qui était pour lui à la fois un ailleurs familier, à travers les programmes télé notamment, mais aussi l’ailleurs de tous les possibles, celui qui lui a donné la possibilité de faire le métier artistique dont il rêvait. Nous avons évoqué ensemble son bar favori à Paris « Madame Gen » (2’01), la ville de Montpellier où il était censé passer 15 jours et il est resté 5 ans (3’15), sa demande de naturalisation (4’14), ces Français qui lui ont donné envie de faire partie de leur communauté (7’15), son enfance partagée entre l’Algérie et la Hongrie (7’59), les années noires du terrorisme en Algérie (10’30), sa définition de l’ "algérianité" (13’50), les questions des autres sur son prénom, son physique et son accent (15’24), la « mise à jour de lui-même » qu’il a faite en 2013 (16’28) et, bien évidemment… je lui ai demandé qui il est devenu après tout ce parcours. Un beau récit de vie, et un bon retour aux fondamentaux pour attaquer la rentrée !
Surprise de fin de saison ! Cet épisode hors-série est l’adaptation d’un texte que j’ai écrit pour le magazine Frictions. J’avais besoin d’écrire mes tourments de membre de diaspora, loin de sa famille en ces temps de virus planétaire et de frontières fermées. Sujet grave, mais qui ne doit pas vous empêcher de passer de belles vacances ! On se retrouve à la rentrée, j’ai hâte.
Valérie, Walid, Ryad, Alex du Kamer, Stéphanie, Tuong Vi, José, Calvin, Stéphane, Serge, Fanny ont été mes invité.e.s cette saison. Ensemble, nous avons tissé, à travers nos parcours de vie extrêmement différents, une histoire très universelle, faite de questionnements, de missions et de transmission, de rires et de la
Fanny Cohen Moreau est « un quart marocaine », mais ça ne se voit pas, elle est blanche. Comme elle dit, elle a un corps de Bretonne et un cœur de Marocaine. Un de ses deux noms est juif, par son grand-père marocain, mais elle est athée. Son « chez soi », c’est cette maison où elle a grandi, au Maroc, mais qui va bientôt être vendue. Entre les commentaires antisémites, sa marocanité souvent remise en question, le privilège blanc et le sentiment d’imposture, un père « marocain mais qui n’assume pas », le mystère de l’autre grand-père, disparu en mer… on se demande comment elle porte cette histoire complexe. Mais elle y est attachée ! Comme les fantômes soutiennent Harry Potter dans son combat contre Voldemort, toutes ces histoires entremêlées, toute cette lignée compliquée, veillent sur Fanny. Ce récit clôt la saison 1 de Joyeux Bazar. En attendant la saison 2 qui débutera en septembre, il y aura deux épisode hors-série au mois d’août. Restez à l’écoute !
Serge est né en Vendée, de parents yougoslaves ayant fui le régime de Tito à la fin des années 50. Français et serbe, il se revendique surtout comme vendéen ! Son parcours est un ascenseur émotionnel permanent, fait de dénivelés vertigineux (la guerre des Balkans et le bombardement de Belgrade par les troupes de l’OTAN, ce moment où la mairie lui demande de prouver qu’il est français), mais aussi de quelques plats ou faux-plats plutôt sympathiques (la découverte de l’étranger comme tiers-lieu qui permet de se vivre simplement comme… étranger, une carrière dans une multinationale où la multiculture est la norme). Attachant et violent, joyeux et désespéré, le récit d’un homme qui se considère comme « encore en construction » !
Stéphane est russe par sa mère, congolais par son père. Et français parce qu’il est né en Hexagone, un enfant de la République. Entre les plats de saka saka et le journal télévisé russe, entre le monde noir et le monde blanc, entre les quartiers populaires de son enfance et son poste de cadre, entre une France qui n’est pas tout à fait chez lui et les voyages qui lui révèlent sa francité, entre Guillaume Canet et Tony Parker, il ne cesse de naviguer. S’adapter. Se réinventer. Et bâtir des ponts. Parce que, comme dit Kery James, « dans nos différences nous sommes liés ». Et parce que Stéphane est convaincu que « nous sommes les pairs de ceux qui veulent bien se reconnaître en nous »…
Il s’appelle Calvin et nous nous sommes parlé bien avant l’affreuse actualité qui agite les Etats-Unis, la France et le monde entier en ce moment. Son père est franco-suisse, sa mère est camerounaise, il est officiellement français et suisse mais a quand même des papiers camerounais (chuuuut). Montrer patte blanche ici, patte noire là, mais réaliser – et, dans son cas, accepter – de ne jamais être admis à 100% dans un camp ou dans l’autre. Ce qui ne l’empêche d’estimer, sans tomber dans les clichés, que le métissage est quelque chose de puissant : « tu es un vecteur, un lien ». Puisse-t-il avoir raison. En tout cas, nous avons abordé pléthore de sujets ! Les amis imaginaires, découvrir un jour son prénom, par lequel on n’a jamais été appelé, avoir un passeport officiel et un autre officieux, naître au fin fond d’un village pygmée et se retrouver patriarche d’une famille presque blanche, une tripotée de métis qui ne parlent pas la langue africaine de leurs mères, avoir un pied dans chaque monde et montrer à chacun qu’on maîtrise ses codes, le cheveu comme ligne de démarcation identitaire, la superposition des préjugés raciaux et sociaux, les questions auxquelles il faut accepter qu’il n’y ait pas de réponse, les quarterons et le white passing, bref… un petit manuel de gestion du bazar !
Valérie, franco-allemande, était déjà mon invitée de l’épisode 2 (que vous courrez (ré)écouter après celui-ci !). Elle m’avait parlé du couple que forme ses parents, 40 ans de compétition et complicité culturelles, et de son propre parcours pour devenir elle-même. Dans cette deuxième partie de notre conversation, elle évoque l’entreprise qu’elle a créée pour que dans les projets collectifs, chacun trouve sa place sans renoncer à qui il est. Sauver l'importance de la relation, définir ce sur quoi on ne transige pas, choisir quelle part de soi on met au service du collectif, comprendre quand la diversité et l'intégration cessent de créer de la valeur... Des questions qui, pour moi, résonnent autant en entreprise que pour cette société bigarrée et bariolée que j'espère contribuer à construire ! Cet épisode est le cinquième et dernier d'une mini-série qui fait la part belle aux trajectoires professionnelles, et pour laquelle j’ai reçu Alex du Kamer (#4, artiste "camerounais d'origine française"), Stéphanie Prinet Morou (#5, franco-togolaise et experte en diversité et inclusion), Tuong Vi Nguyen Long (#6, réalisatrice de documentaires franco-vietnamienne), et José Michel Garcia (#7, avocat franco-espagnol inscrit aux barreaux de Paris et de Madrid). Bonne écoute !
Maître José Michel Garcia est né espagnol en France, puis il est devenu français et donc franco-espagnol, puis seulement français (ah, le service militaire…), et enfin à nouveau franco-espagnol. Inscrit au barreau de Paris depuis 1988, il n’a commencé à travailler avec l’Espagne qu’au début des années 2000 – jusque-là, ses origines n’étaient à ses yeux qu’un aspect de sa vie privée et il ne voyait pas comment s’en servir en tant qu’avocat. Il a ainsi vécu ses deux cultures pendant longtemps de manière « parallèle », l’une dans l’appartement familial et l’autre à l'extérieur, avant qu’elles se rapprochent enfin et qu’il devienne ce qu’il est ! Après Alex du Kamer (épisode #4, artiste "camerounais d'origine française"), Stéphanie Prinet Morou (#5, experte en diversité pour les secteurs de la mode et de la beauté) et Tuong Vi Nguyen Long (#6, réalisatrice de documentaires franco-vietnamienne), cet épisode est le quatrième d'une mini-série consacrée aux liens entre identité multiculturelle et trajectoire professionnelle.
Tuong Vi Nguyen Long a réalisé trois films documentaires autour du Vietnam, le pays de ses parents. Sa contribution au développement du pays consiste à interroger les représentations que l’on peut en avoir (tourisme, guerre, sous-traitance) et envisager une nouvelle relation, d'enrichissement mutuel, entre le Vietnam et l’Occident. « Je fais des films parce que je me pose des questions et je n’aime pas y répondre seule, alors je vais voir ce que les autres en pensent ».
Stéphanie Prinet Morou, française et togolaise, a fait de la diversité dans les secteurs de la mode, du luxe et de la beauté son métier et son cheval de bataille - à travers notamment un tour du monde des rituels de beauté. La double culture, c'est (entre mille autre choses) être ballotté.e entre des codes esthétiques différents, voire opposés. C'est aussi se confronter aux codes d'une industrie encore centrée sur l'Occident et très ignorante des Suds de la planète. Cet épisode est le deuxième d'une mini-série consacrée aux liens entre identité multiculturelle et trajectoire professionnelle.
Alex du Kamer est un artiste français "anti-Bounty" (blanc dehors et noir dedans), qui fait carrière dans l'afro-hip-hop ! Comment assumer sa place, convaincre public et médias africains, répondre aux accusations d'appropriation culturelle, s'éloigner des clichés du colon et de l'expat... tout en faisant de la (bonne) musique ?
Walid et Ryad sont deux frères, ils sont français et ils sont algériens, ils ont été élevés par la même mère. Pour autant, leurs expériences identitaires sont loin de se recouper : personnalités différentes, vécus différents, mais aussi époques différentes, car ils ont treize ans d'écart. Treize années pendants lesquelles le monde a changé...
Valérie a grandi à Strasbourg, au coeur de la construction européenne. Son père est allemand et prof de français, sa mère est française et prof d'allemand. Une accumulation de "je t'aime, moi non plus", dans l'Histoire de ces deux pays comme dans l'histoire familiale...
Je suis convaincue de ma francité, c’est ma camerounité qui pose problème. J’ai perdu les codes : je comprends ce que les Camerounais disent mais je n’arrive pas à capter ce qu’ils ne disent pas... Réalisation : Alexia Sena / Musique : Lowrider (by Joakim Karud)